PROMESSES

Hicham  Adapté du site www.larebellution.com

Bon nombre de chrétiens désirent témoigner de leur foi à leurs amis et voisins musulmans, mais ils ont peur.

1. La peur des terroristes

Admettons-le, beaucoup d’entre nous pensent « terroriste potentiel » dès que nous sommes en face d’un musulman. Les images d’hommes barbus et enturbannés, de milices encagoulées brandissant des armes automatiques qui défilent quotidiennement sous nos yeux nous remplissent de suspicion et de crainte : et si nous parlions à un vrai terroriste et si nous nous retrouvions comme première cible sur sa liste de frappe ? Cette peur nous aveugle, nous concentre sur notre désir éperdu de sécurité et nous empêche de voir que toute personne a besoin du Sauveur. Le combat du chrétien contre la terreur se gagne en propageant l’Évangile à tous.

2. La peur de l’érudition des musulmans

Nous présumons que tous les musulmans maîtrisent bien le Coran. Et nous craignons que la discussion ne tourne en notre défaveur face à leur érudition et à notre piètre connaissance de la Bible. La vérité est tout autre. La majorité d’entre eux ignorent ce qu’enseigne le Coran ; ils dépendent en grande partie des interprétations fournies par les imams et les traditions, et ignorent encore plus ce qu’enseigne la Bible. Mettons en pratique l’exhortation « à nous présenter comme des hommes qui n’ont point à rougir dispensant droitement la Parole de vérité » (2 Tim 2.15) et ayons confiance que la Parole de Dieu ne retournera pas à lui sans effet, mais accomplira parfaitement ses desseins.

3. La peur que les musulmans ne se convertissent pas

Une troisième idée fausse répandue est que les musulmans ne se convertissent pas de l’islam au christianisme. C’est une absurdité ! D’innombrables musulmans ont tourné dos à l’islam et ont placé leur foi en Jésus comme leur Sauveur personnel. Prenez le temps de lire et d’écouter leur témoignage et vous saurez que la main du Seigneur n’est pas trop courte pour sauver !

4. La peur d’offenser l’autre

Enfin, il y a la peur de vexer nos amis et voisins musulmans. Nous en faisons trop sur ce point ! L’expérience montre que les musulmans ne se privent pas du tout de dire ce qu’ils croient vrai ou faux. Les chrétiens ont besoin de plus de courage pour annoncer la vérité de l’Évangile de Jésus sans craindre les hommes, et avec la passion et la certitude que la destinée finale est en danger, quand il s’agit de croire en Christ. Nous avons besoin d’une sainte témérité qui fait tomber nos excès de prudence et de civilité pour proclamer le salut par Jésus-Christ


« Jésus et Mahomet »
de Mark A. Gabriel

Quelles différences et quels points communs entre les hommes les plus influents de tous les temps : Jésus, le fondateur du christianisme, et Mahomet, le fondateur de l’islam ? Élevé dans la religion musulmane, ancien professeur à l’université Al-Azhar (au Caire, en Égypte), Mark Gabriel nous invite en connaisseur à le suivre dans sa propre démarche et à comparer leur vie et leur enseignement.

« Abordons les musulmans »
de Georges Houssney

Ouvrage qui encourage à aller à la rencontre des musulmans, à abaisser les barrières entre le chrétien et le musulman et à partager avec eux l’amour de Dieu.

« Le Peuple du Coran »
d’Anne Cooper

Ce livre aide à connaître et à mieux comprendre le développement historique et politique de l’islam à travers la pratique du Coran.

« Annoncer Christ aux musulmans »
de Paul Gesche, MENA

Cet ouvrage nous invite à mieux comprendre les musulmans et nous aide à répondre à leurs objections et à leurs réactions.

« Islam, un regard chrétien »
de Jamil Chabouh et et Karim Arezki

Ce livre commence par faire connaissance avec l’islam, dénonce les amalgames pour pouvoir mieux aborder les vrais points de désaccord. Les deux auteurs, tous deux chrétiens, imprégnés de leur culture nord-africaine et grands connaisseurs de l’islam, ouvrent des horizons insoupçonnés.

« La Bible a-t-elle été falsifiée ? »
de E.M. Hicham

Beaucoup de musulmans convaincus croient que les écrits sacrés des chrétiens ont été falsifiés, contrefaits. Ce livret répond à plusieurs questions sur ce sujet à l’aide de nombreuses références bibliques

« Jésus dans le Coran et dans la Bible »
de Karim Arezki

Jésus a aussi une place importante dans le Coran et pour les musulmans. Mais c’est aussi le sujet qui, « paradoxalement sépare le plus ces deux théologies ». Pour lever les incompréhensions et favoriser les discussions, Karim Arezki explore les textes du Coran et de la Bible pour montrer quelle est la place de Jésus dans le christianisme et dans l’islam, quels sont les points communs et les divergences.

« Je croyais en ‘Issa, j’ai rencontré Jésus »
de Jamel Attar

Jamel, jeune Marocain très engagé dans l’islam, vient en France et est confronté à l’Occident et au christianisme. Comment va-t-il gérer la découverte d’une foi différente de la sienne et d’un Jésus autre que celui qu’il connaissait ?

« Puis-je connaître Dieu ? »
de E.M. Hicham

L’homme, par ses propres efforts, n’a pas pu et ne parviendra jamais à connaître Dieu – à moins que Dieu ne vienne à son secours pour se révéler à lui. La question qui se pose alors plutôt de savoir si Dieu désire vraiment se faire connaître ? Est-ce qu’il voudrait que les hommes le connaissent en vérité ?

« Pourquoi Dieu a-t-il demandé d’offrir des sacrifices ? »
de Abu Yusuf

Pour les musulmans et beaucoup d’autres, les sacrifices ont une grande importance. Pourquoi Dieu a-t-il demandé d’offrir ces sacrifices ? L’auteur répond à cette question à travers une série de lettres qu’il écrit pour son ami musulman.

« Comment Dieu peut-il avoir un Fils ? »
de E.M. Hicham

Beaucoup de musulmans croient que Jésus aurait été conçu à la suite d’une relation physique entre Dieu et Marie. Pour les chrétiens, une telle pensée est obscène et blasphématoire. Que veut réellement dire cette expression « Fils de Dieu » ?

« Muhammad est-il mentionné dans la Bible ? »
de E.M. Hicham

Ce livre se penche sur cinq des passages bibliques les plus cités comme prétendues prédictions de la venue de Muhammad (Mahomet). Ce livret répond aussi à la question : « Pourquoi les chrétiens refusent-ils d’accepter un livre autre que la Bible comme étant un livre de Dieu ? »

« Cher Abdullah », Douze questions que les musulmans posent aux chrétiens »
de E.M. Hicham

Le but de ce petit livre est de présenter objectivement ce que croient les chrétiens, de dissiper les malentendus et d’éclairer les musulmans sur les bases de la foi chrétienne.

« Guide pratique du musulman, Pour comprendre le christianisme »
de Malcolm Steer

Malcolm Steer, un chrétien qui a vécu de nombreuses années parmi les musulmans, nous présente ici une introduction accessible, directe et instructive à la foi chrétienne. À partir des origines du christianisme, il en présente les doctrines fondamentales et les enseignements pratiques. Cet ouvrage est idéal pour tout musulman qui désire en savoir plus sur le christianisme. Il permet de faire le tri entre les faits et les mythes et de se forger une opinion objective sur le sujet.


Extrait du livre : « Nés dans une famille chrétienne, mais… Des jeunes témoignent » de David Niederseer & Günter Neumayer, parus le 1er décembre 2014 aux Éditions Ourania, distribuées par La Maison de la Bible.

David Niederseer & Günter Neumayer

La crédibilité de la Bible

Des preuves irréfutables

Depuis sa parution et, surtout, son adaptation cinématographique, le livre Da Vinci Code a fait fureur. À nouveau, des hommes ont essayé de démolir la forteresse Bible. Puis, le gros de la tempête est passé et, cette fois encore, la Bible demeure, aussi inébranlable que depuis toujours. Elle a fait, à travers les siècles, l’objet de bien des attaques.

Peu après la rédaction et la publication des écrits du Nouveau Testament, des partisans du gnosticisme[note]Partisans d’une idéologie ésotérique de l’Antiquité.[/note] ont tenté, sous un faux nom (par ex. Thomas, Pierre ou Jude), d’introduire parmi les chrétiens des écrits prétendument revêtus d’une autorité apostolique. Bien entendu, dans un premier temps, cela a semé la confusion. Heureusement, les destinataires de ces lettres avaient été avertis par les apôtres Jean, Pierre ou Paul qu’il y aurait ce genre de séductions ! Mais ensuite, cette attaque du mensonge contre la vérité a finalement poussé l’Église à arrêter le canon[note]On comprend sous ce terme l’ensemble des livres dont l’inspiration divine a été reconnue et acceptée par les chrétiens. Il n’est pas possible de développer le sujet en détail ici, mais il existe d’excellents ouvrages qui l’abordent de manière plus approfondie.[/note] du Nouveau Testament. C’était lors des Conciles d’Hippone (393 apr. J.-C.) et de Carthage II (397 apr. J.-C.), même s’il existait déjà des listes de livres canoniques auparavant, notamment celle de Muratori qui, selon les datations, peut remonter à 170 apr. J.-C.

L’attaque qui a suivi a été beaucoup plus subtile ! L’Église est devenue une institution humaine, administrée par un clergé, gardien officiel de la vérité. Durant des siècles, on a refusé au peuple l’accès à la Parole de Dieu. Seuls les théologiens avaient le droit de l’étudier et de l’enseigner. Cela va clairement à l’opposé de la manière de faire de Jésus, dont le message s’adressait dès le départ à tous: aux théologiens comme Nicodème (cf. Jean 3.1-21), mais aussi aux gens simples comme la Samaritaine rencontrée au puits (cf. Jean 4.4-42). L’Évangile n’est pas compliqué ! La Bible est un livre qui s’adresse bien plus à notre cœur qu’à notre tête. Mark Twain disait : « La plupart des gens ont des difficultés avec les passages de la Bible qu’ils ne comprennent pas. Pour ma part, je dois avouer que ce sont justement les passages que je comprends qui me troublent. »

Retournons à l’époque obscure du Moyen Âge. Des hommes comme Wycliffe, Tyndale, Luther et quelques autres encore, ont éclairé cette longue période sombre en rendant la Bible accessible au peuple. Ils ont traduit la Parole de Dieu dans leur langue respective et, accessoirement, ont ainsi largement contribué à la standardisation de l’allemand et de l’anglais actuels. Le moment était venu. Le désir des gens de posséder l’Écriture dans leur propre langue était grand, et seule l’invention de l’imprimerie par Gutenberg a permis d’y répondre. Ni la terrible persécution qui a rapidement suivi, ni les événements extrêmement sanglants de la Contre-réforme n’ont pu empêcher cette lecture démocratisée de la Bible. Une nouvelle ère avait commencé.

Si, ensuite, la période des Lumières et sa mise en avant de la raison ont permis d’ouvrir les yeux des gens sur la superstition, sur l’assujettissement de la pensée et sur les idées fausses du Moyen Âge, elle a finalement conduit à tout vouloir expliquer par la raison humaine et par elle seule. On a « jeté le bébé avec l’eau du bain », écarté tout ce qui n’était pas explicable de manière rationnelle. L’intervention surnaturelle de Dieu a ainsi été mise de côté pour des raisons idéologiques, notamment en ce qui concerne la création du monde, la prophétie biblique, les miracles, l’inspiration des Écritures et, surtout, l’incarnation de Dieu en la personne de Jésus-Christ.

Pour toutes ces choses, la théologie moderne, libérale, a trouvé des explications rationnelles : le récit de la création est devenu un mythe réactionnel parmi les nombreux autres qui existent de par le monde. Jésus-Christ, Fils de Dieu, est devenu simplement un Jésus historique, qui n’a jamais vraiment accompli lui-même les guérisons et miracles rapportés dans le Nouveau Testament. On prétend même que les miracles et, surtout, le fait que Jésus confirmait être le Fils de Dieu, avec tout ce que cela implique, ont été ajoutés plus tard dans les Évangiles par des disciples de bonne volonté.

Au XiXe siècle circulait la théorie suivante : ce ne sont pas les disciples de Jésus, ceux qui ont été directement témoins des événements, qui nous ont laissé le Nouveau Testament, mais les récits et enseignements du Seigneur nous ont été transmis par des chrétiens des IIet IIIsiècles, qui en ont falsifié le sens en les développant à leur guise et en les teintant de leur propre idéologie.

Cependant, toutes les théories libérales de ce genre (datant essentiellement du XiXxe siècle) ont été clairement réfutées par les nombreuses découvertes de manuscrits anciens et les travaux de la critique textuelle[note]Science qui étudie la rédaction et les circonstances de rédaction de textes anciens et leur transmission jusqu’à nous. (NdE)[/note] réalisés au xxe siècle. Des milliers de manuscrits et de fragments retrouvés permettent aujourd’hui une reconstitution extrêmement exacte du texte original du Nouveau Testament ! Aucun des passages (peu nombreux du reste) pour lesquels on ne peut se prononcer à 100 % pour l’une ou l’autre variante ne remet en question un enseignement biblique fondamental.

Puis, au milieu du xxe siècle, la découverte des manuscrits de la mer Morte dans les grottes de Qumran a confirmé que l’Ancien Testament nous avait été transmis tout à fait fidèlement. Cette découverte archéologique a permis de remonter à plus de 1000 ans en arrière dans l’histoire de la transmission de l’Ancien Testament, donnant à tous une preuve impressionnante de l’exactitude des textes dont nous disposons aujourd’hui.

Les thèses obscures d’ouvrages tels que le Da Vinci Code, L’énigme de Jésus, La Bible : le code secret et de tant d’autres livres à sensation, qui prétendent « percer des mystères » ne trouveraient pas preneur, si les lecteurs étaient mieux informés quant à l’origine de la Bible et à sa transmission jusqu’à nous.

Les textes bibliques comportent une multitude d’éléments historiques qui ont toujours été confirmés par les découvertes archéologiques. C’est essentiel, car s’il s’avérait par exemple avec certitude que le peuple d’Israël n’a jamais vécu en Égypte ou qu’il n’y a jamais eu de déportation à Babylone, la Bible serait considérée comme menteuse ! C’est pour cela que l’archéologie biblique est si importante et si intéressante, et que, ces dernières années, elle suscite de plus en plus l’intérêt d’archéologues pourtant opposés à la Parole de Dieu.

Mais l’argument le plus clair en faveur de la crédibilité des Écritures nous vient de Dieu lui-même. C’est pour ainsi dire son argument par définition. Il s’agit de la prophétie accomplie. Et Dieu met en avant cet argument à plusieurs reprises dans sa Parole.[note]Cf. Deutéronome 18.18-22; Ésaïe 41.21-24; 42.8-9; 43.9-13; 44.6-8,24-28.[/note] De nombreux textes de la Bible annonçaient, à l’époque où ils ont été écrits, des événements à venir. Depuis, des centaines de ces prophéties se sont accomplies à la lettre, notamment celles concernant Jésus-Christ ou le peuple d’Israël. Nous conseillons à ceux que cela intéresse de se pencher sur le livre de Daniel.

Finalement, pour faire l’expérience de la véracité de l’Écriture dans notre propre vie, il n’y a qu’une solution : la lire personnellement. D’ailleurs, et c’est intéressant, Jésus parle lui-même de cette preuve subjective dans l’Évangile de Jean : « Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il saura si mon enseignement vient de Dieu ou si je parle de ma propre initiative. » (Jean 7.17) C’est donc en commençant à mettre en pratique ses paroles que nous verrons par nous-mêmes si elles viennent de Dieu ou non. C’est simple !

Voici une petite illustration pour mieux comprendre. Deux enfants se promènent au bord d’un lac gelé. L’un dit à l’autre :

– Viens, on va s’amuser sur la glace !

Et il s’élance sur la surface blanche et lisse. L’autre hésite, sceptique, et répond :

– Mais elle n’est peut-être pas assez solide.

– Viens, tu verras bien qu’elle supporte ton poids ! réplique son copain.

Comment le garçon sceptique saura-t-il, si la glace est assez solide pour supporter son poids ? En osant faire le pas et en testant par lui-même.

Il y a des choses qu’on peut saisir et comprendre avec notre raison, puis considérer comme justes, mais il y en a d’autres qu’on doit « tester » personnellement pour savoir qu’elles sont vraies, qu’elles sont dignes de confiance pour notre propre vie.


Avant ma conversion

Je suis né dans une famille musulmane pratiquante à ***[note]Des noms de lieux et de personnes ont été modifiés par raison de sécurité (NDLR).[/note]. Cette ville est considérée selon la tradition comme un des hauts lieux saints de l’islam après la Mecque. Elle est gardée et nourrie selon la tradition musulmane par 333 saints enterrés dans la ville et tout autour d’elle.

Ces saints sont vénérés et consultés tous les vendredis dans les cimetières, afin de recevoir d’eux bénédiction, protection et guérison. Tout cela plonge ses habitants dans une perpétuelle crainte des esprits et dans un fanatisme sans égal pour l’islam.

Ayant été élevé dans une telle ambiance religieuse, devenir chrétien ne m’effleurait pas l’esprit. Je voyais le christianisme comme la religion des Blancs et l’islam comme la religion des Noirs, ignorant par là même, que l’islam et le christianisme sont originaires du Moyen-Orient. Chaque fois que je me trouvais en face d’un chrétien, j’éprouvais de la haine mêlée de pitié envers ce dernier, le voyant comme un « cafre », un blasphémateur, quelqu’un qui ne connaît pas Dieu et déjà voué à l’enfer. Je pensais ainsi parce que c’est ce que nous disaient nos marabouts dans leurs prédications. Certains nous disaient même qu’il ne fallait pas nous laisser toucher par un chrétien, sinon les parties de notre corps en cause seraient coupées au jugement dernier et jetées en enfer. Toutes ces choses racontées par nos marabouts ont contribué à me vacciner contre les chrétiens et leurs ouvrages.

Ma conversion

Le Coran appelle les chrétiens: le peuple du Livre.

En 1978, un de mes cousins germains, en fin de cycle pastoral, vint dans ma ville pour s’y installer. Malgré ma méfiance, je décidai de m’approcher de lui dans l’espoir de le ramener à l’islam. Dès mes premières visites, j’ai été surpris de voir qu’il connaissait Dieu, la plupart de ses conversations tournant autour de Dieu et du Messie Jésus-Christ. De plus, il ne mangeait jamais sans avoir auparavant loué et remercié Dieu pour sa bonté et son amour envers ses créatures. Il faisait cela dans ma langue maternelle, le tamasheq. Cela m’a beaucoup touché et ébranlé au point que je suis parti voir mon marabout pour lui demander des explications à ce sujet.

II m’a répondu : « Les chrétiens, selon le Coran, ne doivent jamais être traités de « cafres » par les musulmans car ils connaissent Dieu et le craignent. Ils ont avec eux les Écritures Saintes descendues bien avant le Coran et sont appelés le peuple du Livre. Ils sont honnêtes dans les affaires et ne jettent jamais de mauvais sorts à leur prochain. »[note]Coran 29/46 : « Ne disputez que de la belle façon avec les gens du livre. Sauf avec ceux d’entre eux qui prévariquent. Et dites, nous croyons à ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même et c’est à lui que nous nous soumettons. »[/note]

II a ajouté que c’est tout à fait normal pour un musulman, en cas de confusion, de demander des éclaircissements auprès des gens du Livre, c’est-à-dire des chrétiens.[note]Coran 10/94 : « Et si tu es en doute sur ce que nous avons fait descendre vers toi, interroge ceux qui dès avant toi lisent le livre. Certes, la vérité t’est venue de ton Seigneur : ne sois donc point de ceux qui doutent. »[/note]

Il m’a dit encore que ce sont les musulmans non avertis qui qualifient les chrétiens de cafres et qu’il est possible de manger avec des chrétiens et même de se marier avec eux.[note]Coran 5/5 : « Vous sont permis, aujourd’hui, les choses excellentes ; et permise la nourriture de ceux à qui le livre a été donné et votre propre nourriture leur est permise ; et les dames d’entre les croyantes et les dames d’entre les gens à qui le livre a été donné avant vous, quand vous leur aurez donné leur salaire d’honneur, en mariage… »[/note]

Il a terminé en disant que la seule chose qu’il reprochait aux chrétiens était d’avoir falsifié la Bible en refusant de croire au Coran.

Après analyse de tout ce que mon marabout venait de me dire, mon attitude à l’égard de la Bible changea et je commençai à m’y intéresser tout en retenant qu’elle pouvait comporter des falsifications, selon les dires de mon marabout. À l’insu du pasteur, je commençai à faire des recherches : chaque fois qu’il sortait, je partais à sa bibliothèque pour faire des lectures dans la Bible, en commençant par la Genèse, l’Exode et aussi dans les Évangiles. Je n’ai pas rencontré durant mes lectures, un seul passage qui insulte Dieu comme le disent certains de nos marabouts, mais, au contraire, des textes qui exaltent le nom de Dieu.

Jésus est fort, fort…

Néanmoins, malgré ces découvertes, je gardais un cœur endurci ne voulant pas abandonner ma position de défenseur de l’islam, la religion de mes parents. J’ai défié le pasteur, en lui disant que, grâce à mon pouvoir de marabout, j’allais devenir invisible et prendrais sous ses yeux certains objets de sa maison, ainsi que des livres comme preuve de supériorité de ma puissance sur le nom de Jésus. Le pasteur m’a dit de ne pas même essayer, car le nom de Jésus est le nom qui est au-dessus de tous les noms et en qui réside toute la puissance de Dieu. J’ai insisté pour faire pourtant cette expérience, ayant une confiance totale en ma formule et je me suis retiré pour me préparer en conséquence.

J’ai alors récité ma formule et je me suis mis en marche vers la chambre du pasteur que j’ai trouvé assis. J’ai tendu ma main, pour lui enlever les livres et objets comme prévu trois fois de suite, il m’a vu et m’a dit de laisser ces objets à leur place. Je me suis mis à trembler comme une feuille et je n’ai pu prononcer que ces mots : « Jésus est fort, fort, il est fort ! » Le pasteur m’a alors expliqué que Jésus est vivant, contrairement à tous les prophètes qui sont morts, et que pour cette raison, il accomplit encore aujourd’hui des miracles dans la vie des êtres humains. Le pasteur m’a lu un passage de la Bible dans Marc 16.15-20. Cela m’a beaucoup parlé et intéressé. En tant que musulman, je n’avais pas de certitude quant à mon salut et je ne pouvais dire, que « peut-être, si Dieu le veut, je serai sauvé ». Or, ce passage affirmait: « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ». J’ai donc demandé au pasteur : « Es-tu sûr de ton salut ? » Sans hésitation, il m’a assuré que s’il venait à mourir, il avait l’assurance d’aller au paradis et il m’a cité encore deux passages de la Bible dans Éphésiens2.8-9 et 1 Jean 5.12-13. Son assurance m’a rempli de confusion.

Le lendemain, je me suis rendu chez mon marabout pour lui parler de mes découvertes. Lorsque je lui ai parlé de la puissance du nom de Jésus, il m’a cité un texte du Coran (5/110) où il est dit que Dieu a donné à Jésus la puissance d’opérer des miracles et il m’a affirmé: « II est indiscutable que les chrétiens ont reçu de Dieu toute la puissance dont ils ont besoin grâce au livre que Dieu leur a donné dans lequel il y a : la Thora de Moïse (le Pentateuque), le Zabure de David (les Psaumes) et l’Injil de Jésus (les Évangiles). » Lorsque je lui ai parlé au sujet de l’assurance du salut, il m’a dit que même Mahomet a dit dans le Coran qu’il ne savait pas ce que Dieu ferait de lui et ce qu’il fera de ceux qui le suivront.[note]Coran 46/9 : « Dis : en fait de messagers, je ne suis pas une innovation ; et je ne sais pas ce que l’on me fera, ni à vous… »[/note]

Il a ajouté que, même avec les bonnes œuvres, il y a toujours le problème du destin qui fixe dès la naissance notre destination future :enfer ou paradis. Ainsi, m’a-t-il dit, on peut être un bon pratiquant de la foi et se retrouver en enfer car tout dépend de la décision de Dieu.

J’avais besoin de lumière !

À partir de ce jour, j’ai été troublé en ce qui concerne mon éternité et j’ai commencé à me poser toutes sortes de questions, le cœur rempli de doutes et de soucis, me demandant où était la vérité dans tout cela. C’est ainsi qu’à chacune de mes prières musulmanes, j’invoquais Dieu afin qu’il se révèle à moi : « Oh Dieu, dirige-moi ! C’est de tout mon cœur que je te demande de m’éclairer. Si c’est l’islam qui est le chemin qui mène à toi, permets que je reste musulman toute ma vie. Si c’est le Christ, fais-en sorte que je devienne chrétien. » Cette prière est conforme au texte du Coran 1/5 : « Guide-nous sur le chemin droit. »

C’est alors que Dieu m’a parlé par une formule que chaque fidèle musulman doit réciter, au début comme en fin de prière : « Que la paix de Dieu et sa miséricorde soient sur Mahomet et sur sa famille. » Dieu m’a interpellé par cette formule: Comment moi qui cherche la paix avec Dieu au nom de Mahomet, dois-je demander cette paix en faveur de Mahomet et sa famille ? Je suis donc allé poser cette question à mon marabout qui m’a répondu ceci : « Cette formule de bénédiction et d’intercession n’est pas seulement citée par Mahomet mais doit être aussi adressée pour tous les prophètes de Dieu qui sont des hommes comme nous avec leurs fautes et leurs faiblesses. » Je lui ai demandé, si Jésus faisait exception et il m’a répondu que non. J’ai été surpris de sa réponse et lui ai dit : « Jésus a-t-il péché comme les autres pour qu’il ait besoin de prière ? » « Non, m’a-t-il répondu, car, comme le Coran le dit, Jésus est saint dès le sein maternel et n’a jamais cédé à Satan. »[note]Coran 19/19 : « Il ne dit rien d’autre : je suis un messager de ton Seigneur pour te faire don d’un garçon pur… »[/note]

 

En lisant le Coran, j’ai découvert Jésus.

Compte tenu de tout ceci, j’ai dit à mon marabout que j’allais devenir chrétien en acceptant Jésus comme mon Sauveur. Il a aussitôt essayé de m’en dissuader en me disant que le temps de Jésus et de la Bible était révolu et qu’aujourd’hui, c’était le temps de l’islam. Mais je lui dis : « Comment pouvez-vous dire cela alors que, selon le Coran, même Jésus est vivant au ciel tandis que les prophètes sont couchés dans leurs tombeaux ? » Mon marabout est alors resté perplexe et a convenu que selon le Coran, Jésus est le détenteur de l’Évangile et qu’il est un signe de la miséricorde de Dieu pour tous les peuples.[note]Coran 5/46 : « Et nous avons lancé sur leurs traces Jésus fils de Marie, en tant que confirmateur de ce qu’il avait devant lui du fait de la Thora. Et nous lui avons donné l’Évangile… » Coran 19/21 : « II dit comme cela ! ça m’est facile, dit ton Seigneur ! Et nous ferons de lui un signe pour les gens et une miséricorde de notre part. C’est affaire faite. »[/note]

Ces passages cités par mon marabout m’ont conforté dans ma conviction que le seul espoir de salut pour les musulmans comme pour les chrétiens était en Jésus-Christ. D’autres contacts avec d’autres marabouts m’ont permis d’entendre les mêmes réponses au sujet de Jésus et certains ont même avoué que s’ils disaient aux gens tout ce que le Coran dit de Jésus, beaucoup finiraient par suivre Jésus.

J’ai donc continué mes recherches dans la Bible et dans le Coran jusqu’au moment où j’ai lu ceci dans le Coran 19/3334 : « Et paix sur moi le jour où je naquis et le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité comme vivant. Voilà Jésus, fils de Marie, Parole de Vérité, dont ils doutent encore. » Je demandai alors à mon marabout : « À qui ce passage s’adresse-t-il ? Quels sont ceux qui doutent de Jésus, de sa mort, de sa résurrection et du fait qu’il est la Parole de la Vérité ? » Cette fois-ci encore, mon marabout a eu beaucoup de mal à me répondre.

Persécution et secours de Dieu.

C’est ainsi que le 10 janvier 1978, je me suis confié en Dieu au nom du Seigneur Jésus-Christ. J’ai accepté le Christ au soir de ce jour en brûlant toutes mes amulettes et livres de marabout où je puisais puissance et formules pour la magie blanche. Suite à cette décision, je dus faire face à la persécution de mes parents, le soir même. Mon père et ma mère sont venus à mon chevet vers minuit pour me forcer à renoncer à ma foi en Jésus-Christ avec pleurs et chantages : ma maman a juré de me maudire en soulevant son sein droit si je ne renonçais pas immédiatement à Christ (dans notre milieu, le sein droit de la maman est plus sacré que le nom même de Dieu. C’est pourquoi, si quelqu’un jure au nom de Dieu, il y a 50% de chances qu’il vous mente, mais s’il jure sur le sein droit de sa maman, il dit la vérité).

Je suis resté ferme malgré tout ce chantage. Mon père s’est alors mis en colère. II a dit, qu’il ne me reconnaissait plus comme son fils et qu’il me chassait de la famille, en me retirant tout ce qu’il m’avait donné: chambre, meubles, et même les vêtements. II s’est tourné vers moi et m’a dit : « Va-t’en loin d’ici ! » Après lui avoir remis ma valise avec les habits, je m’apprêtais à sortir lorsqu’il m’arrêta et me demanda d’enlever les habits que je portais. J’ai dû alors lui donner ma chemise et mon pantalon, mais il a crié : « Enlève aussi ton slip ! » À ce moment-là, maman l’a supplié, afin qu’il me laisse sortir au moins avec mon slip et il a cédé.

Je suis sorti de la famille, chassé par mes parents. Heureusement que cela s’est passé en pleine nuit. Je me suis rendu à la Mission des Assemblées de Dieu et après avoir escaladé le mur, je me suis réfugié dans la chapelle.

Le lendemain, des frères et sœurs chrétiens m’ont remis quelques habits. Ils m’ont soutenu dans la prière et j’ai moi-même prié pour mes parents et tous les amis, qui me persécutaient à cause de ma foi en Jésus, voyant derrière cela la colère du diable se déchaînant contre moi pour me faire abandonner Jésus, le seul chemin qui mène à Dieu. Dieu a exaucé mes prières et un jour, mon père m’a fait chercher pour que je revienne m’installer en famille en me faisant dire : « Mon fils, je demeure toujours ton père et je ne peux pas t’abandonner! » C’est ainsi que je suis revenu à la maison. Dieu a touché le cœur de mes parents et les a disposés à écouter mon témoignage et mes messages. Dieu soit loué pour son don ineffable, Jésus-Christ, par lequel chaque être humain peut recevoir le salut ! (Actes 4.12).

Ce que je suis devenu après ma conversion

Dieu a accompli beaucoup de choses dans ma vie. Des changements remarquables sont intervenus selon ce que dit la Bible dans 2 Corinthiens 5.17 : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature, les choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont devenues nouvelles. » Ma conception des choses spirituelles avait changé : Désormais, je voyais Dieu comme un Père plein d’amour et de compassion. J’ai été délivré de la crainte de la mort et j’ai reçu l’assurance de la vie éternelle. Jésus m’a donné la paix du cœur et a mis dans mon cœur un amour nouveau pour lui et les chrétiens tout en me détachant de l’attrait des plaisirs du monde.

Jésus m’a aussi libéré de la superstition et de la crainte des sorciers qui me conduisaient autrefois à offrir des sacrifices pour me protéger contre les malédictions et les actes de sorcellerie. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de ces choses car le sang de Jésus est suffisant pour mon pardon et ma protection.

J’aimerais exhorter mes frères chrétiens qui passent par des épreuves ou des doutes, et leur dire : « Persévérez, mes frères, car Jésus-Christ est vraiment le seul chemin, la vérité et la vie et nul ne peut aller au Père que par lui. » (Jean 14.6)

Pour tous mes amis musulmans, qui n’ont pas encore découvert qui est Jésus-Christ, je prie afin que Dieu leur accorde par ce témoignage et par d’autres recherches de rencontrer Jésus-Christ, le Messie promis dans les Saintes Écritures et de l’accepter comme leur Sauveur. Ce que Jésus a fait dans ma vie, il peut le faire aussi dans votre vie. En lui réside toute la puissance de Dieu pour vous sauver, vous transformer et vous apporter la guérison dont vous avez besoin. Il est vivant, confiez-vous en lui et il agira. Cherchez-le de tout votre cœur et il se révélera à vous.

Que le Seigneur vous bénisse et vous aide à trouver le chemin.


Cet article est traduit du site : https://www.thepeopleofthebook.org/about/strategy/c1-c6-spectrum/

Cet article est la traduction française d’un article publié en anglais sur le site « The People of the Book » (le peuple du Livre).

Le spectre C1-C6 compare les types de « communautés centrées sur le Christ » (groupes de croyants en Christ) trouvés dans le monde musulman. Les six types du spectre sont différenciés par la langue, la culture, les formes de culte, la liberté de rendre culte avec d’autres et l’identité religieuse. Tous adorent Jésus comme Seigneur et les éléments essentiels de l’évangile sont les mêmes d’un groupe à l’autre. Le spectre tente d’aborder la grande diversité, qui existe dans le monde musulman en termes d’origine ethnique, d’histoire, de traditions, de langue, de culture et, dans certains cas, de théologie. Cette diversité signifie qu’une multitude d’approches sont nécessaires pour réussir à partager l’évangile et à implanter des communautés centrées sur le Christ parmi le milliard de fidèles de l’islam dans le monde. Le but du spectre est d’aider les implanteurs d’églises et les croyants d’origine musulmane à déterminer quel type de communautés centrées sur le Christ peut attirer le plus grand nombre de personnes du groupe cible à Christ et est le mieux adapté dans un contexte donné. Chacun de ces six types se trouve représenté actuellement dans une partie du monde musulman.[note]John Travis, Trimestriel Missions évangéliques, octobre 1998, p. 407 à 408.[/note]

Voici un bref résumé de chaque communauté centrée sur le Christ décrite dans le spectre :

C1

Les missionnaires établissent une église qui est fondamentalement identique à celle de leur pays d’origine. Les services sont menés dans la langue des missionnaires. Ils se disent « chrétiens » et ont très peu de liens culturels avec la région où ils implantent l’église.

C2

La même chose que C1, sauf que les services sont menés dans la langue locale.

C3

Ils ont introduit de nombreuses formes culturelles non religieuses de la région dans leur communauté telles que l’habillement, l’art, etc. Ils rejettent toujours les éléments religieux purement islamiques. Ils peuvent se réunir dans un bâtiment d’église traditionnel ou dans un endroit plus neutre sur le plan religieux. Ils se disent « chrétiens », mais essaient d’avoir une présence plus contextualisée dans la région.

C4

Ils sont semblables à C3, mais ils introduisent certains éléments religieux islamiques dans leur communauté – comme éviter le porc, prier dans un style plus islamique, porter des vêtements islamiques et employer la terminologie islamique. Ils se nomment eux-mêmes « ceux qui suivent Isa » ou une appellation synonyme. Leurs réunions ne se déroulent généralement pas dans des bâtiments d’églises traditionnels. Ils ne sont pas considérés comme musulmans par la communauté musulmane.

C5

Ils conservent leur identité légale et sociale au sein de leur communauté musulmane. Ils rejettent ou réinterprètent toutes les pratiques et doctrines islamiques qui contredisent la Bible. Ils peuvent ou non fréquenter la mosquée régulièrement, et ils partagent activement leur foi en Jésus avec d’autres musulmans. Ils peuvent se nommer eux-mêmes des musulmans qui suivent Isa al-Masih, ou simplement des musulmans. Ils peuvent être considérés par leur communauté comme des musulmans peu orthodoxes.

C6

Ils gardent leur foi secrète en raison d’une menace extrême de persécution, de souffrance ou de représailles légales. Ils peuvent adorer secrètement en petits groupes. Ils ne partagent généralement pas leur foi ouvertement et ont une identité 100 % musulmane.


Le propos de cet exposé

De nos jours, de nombreuses personnes sont convaincues que les grandes religions sont foncièrement toutes les mêmes. Elles enseigneraient toutes l’amour, la compassion et la manière d’être vertueux.

L’islam et le christianisme ne font pas exception à cette règle. Elles se ressemblent encore davantage que la plupart des autres religions. Toutes deux monothéistes, elles considèrent que Dieu est totalement souverain et tout-puissant. Il a créé les cieux et la terre et jugera chaque âme de façon juste et équitable.

Alors pourquoi, tout en leur reconnaissant quelques importantes similitudes, les savants et les véritables fidèles de chaque religion déclarent-ils sans équivoque qu’en réalité, contrairement à la croyance populaire, l’islam et le christianisme sont fondamentalement différents ? La raison principale est que les musulmans orthodoxes prétendent que leur livre sacré, le Coran, est l’exacte révélation de Dieu, que Mahomet est le plus grand et le dernier des prophètes (également appelé le « sceau des prophètes ») et que sa vie et ses enseignements étaient irréprochables.

Les chrétiens orthodoxes réfutent ces affirmations. Une des multiples raisons pour lesquelles les chrétiens rejettent l’islam est sa perception et sa façon de considérer les femmes.

  1. Les femmes selon Mahomet

Le mariage infantile

Les intellectuels islamiques affirment que leur prophète était d’une moralité éminente (Coran 68.4). Mais quand on examine les mœurs de Mahomet et sa conduite envers les femmes, il est particulièrement difficile de parvenir à une telle conclusion. En effet, après le décès de son épouse Khadija, qui a profondément affecté Mahomet, celui-ci épouse plusieurs femmes sur l’affirmation d’une révélation reçue de la part d’Allah. Il a été marié à onze femmes en même temps mais il en eut seize, si l’on considère deux esclaves (Marie et Rayhana) et quatre compagnes offertes à Mahomet pour satisfaire ses désirs sexuels.

Remarquons d’emblée qu’une de ses épouses, Aïsha, n’avait que 7 ans lorsqu’il l’épousa ; le mariage a été consommé alors qu’elle n’était âgée que de 9 ans. Il avait la cinquantaine à ce moment-là[note]Bukhari, La traduction des Significations de Sahih Al-Bukhari, trad. M. Muhsin Khan, Al-Medina, Université Islamique, vol. 5, livre 63, n° 3896 : cf. Bukkhari, vol. 7, livre 67, n° 5158.[/note]. En réponse à l’accusation que Mahomet était un pédophile, un grand nombre de musulmans soutiennent que Aïsha était en fait plus âgée et avait demeuré chez ses parents jusqu’à la puberté. Cette allégation n’a aucune légitimité lorsqu’on lit un commentaire fait par Aïcha elle-même dans un des livres du hadith : « Le Messager de Dieu m’a épousée quand j’avais 7 ans : mon mariage a été consommé quand j’en avais 9. »[note]Tabari, Abu Ja’far Muhammad bin Jarir, L’Histoire de al-Tabari, La victoire de l’islam, New York, State University of New York Press, 1997, p.7.[/note]

Un autre contre-argument couramment utilisé par les musulmans est que le concept de pédophilie n’existait pas au septième siècle en Arabie, les mariages infantiles étaient chose commune.[note]Hassaballa, Hesham A. & Helminski, Kabir. Islam, New York, Doubleday, 2006, p.160.[/note] Bien que l’idée de Mahomet, à la cinquantaine, ayant des relations sexuelles avec une enfant soit répugnante pour un esprit occidental actuel, Mahomet n’a rien fait d’illégal ou de contraire à la morale aux yeux des musulmans. Néanmoins, Mahomet symbolise pour les musulmans l’exemple suprême du comportement humain (cf. Coran 33.21) et qu’il était d’une « moralité éminente » (68.4). En conséquence et en vue d’imiter leur prophète, beaucoup de musulmans à travers le monde ont pris des jeunes filles pour épouses. Dans certains pays, cette pratique est bénie par la loi.[note]Comme par exemple dans l’article 1041 du Code civil iranien. Il est stipulé que les filles peuvent se fiancer avant l’âge de 9 ans et se marier à 9 ans. L’Ayatollah Khomeini a lui-même épousé une fille âgée de 10 ans alors qu’il en avait 28. VoirSarvnaz Chitsaz et Soona Samsami, « Les Femmes et les Filles iraniennes : Victimes de l’Exploitation et de la Violence » dans Rendre le Mal Invisible : Exploitation Sexuelle Globale des Femmes et des Filles, Donna M. Hughes et Claire M. Roche, éditeurs, La Coalition Contre le Trafic des Femmes, 1999. http://www.uri.edu.artsci/wms/hughes/mhviran.htm ; Amir Taheri, L’Esprit d’Allah: Khomeini et la Révolution Islamique. (Adler ad Adler, 1986), p. 90-91.[/note].

Les femmes – un traitement d’égal à égal ?

Une autre thèse avancée par les musulmans est le respect de Mahomet envers les femmes. Ils disent que bien qu’il eut de nombreuses épouses, ses relations n’étaient pas basées sur la luxure, mais sur l’amour et un profond respect. Le journaliste Haroon Siddiqui explique que Mahomet « ne montrait quasiment aucune pudeur concernant le sexe. « J’adore me faire beau pour la femme, autant que j’adore qu’elle se fasse belle pour moi. » « Je suis intéressé par trois choses : le parfum, la femme et la prière. » « Le mariage est la moitié de la religion. » »[note]Siddiqui Haroon, Être musulman, Berkeley, Groundwood Books, 2006, p. 115.[/note]

Prétendre que les mariages de Mahomet étaient basés sur l’amour et sur un profond respect pour les femmes, c’est ignorer de nombreux textes qui le décrivent comme un surhomme sexuel : « Gabriel apporta une bouilloire dont j’ai avalé le contenu, » dit-il, « et j’ai acquis une puissance pour les rapports sexuels, égale à celle de quarante hommes. »[note]Ibn Ishaq, Sirat Rasul Allah, [La Vie de Mahomet],New York: Oxford University Press, 1980, p. 439.[/note]

Les intellectuels musulmans déclarent également que le statut des femmes n’est pas aussi mauvais que ce que les médias occidentaux aimeraient nous faire croire. Alors qu’aux États-Unis et dans la plupart des pays d’Europe et d’Afrique, les responsables politiques sont des hommes, Haroon Siddiqui écrit : « Les musulmans ont volontiers confié leurs affaires à des femmes. L’Indonésie, la plus grande nation musulmane, a eu une femme dirigeante ; tout comme la seconde plus grande nation, le Pakistan ; ainsi que la troisième plus grande, le Bangladesh ; et la quatrième plus grande, la Turquie. ».[note]Siddiqui Harron, p. 97.[/note]  Au regard de ces statistiques, nous pourrions penser que le Coran fait davantage confiance aux femmes pour les fonctions politiques. Toutefois, lorsque nous examinons les paroles de Mahomet, ses préceptes contredisent de telles affirmations. Par exemple : « Un peuple qui remet sa direction entre les mains d’une femme ne réussira pas », ou « Je ne laisse derrière moi aucune cause de crainte, sauf pour les hommes, celle des femmes».[note]Siddiqui Haroon, p. 118.[/note] Certains musulmans érudits voient ces deux citations comme des déclarations d’ordre général, autorisant des exceptions dans le premier cas et comme une mise en garde contre les rapports sexuels illicites dans le second. À la lumière d’autres extraits du Coran et des hadiths, concilier ces affirmations est impossible. Le Coran admet clairement que les hommes sont supérieurs aux femmes. La Sourate 2.228 déclare : « Les hommes ont cependant une prédominance sur elles [les femmes]. »

Il existe bien trop de passages qui rabaissent les femmes, pour arriver à la conclusion que les textes du Coran et des hadiths honorent les femmes (Sourates 2.223, 4.3, 4.11, Haddith Bukhari, vol. 4, livre 59, no.3237, Haddith al-Mawardi,  Umdat al-Salik, al-Akham as-Sultaniyyah, m10.4 et m10.3). Sans aucun doute, les statuts de l’homme et de la femme dans le Coran sont différents.

Battre sa femme

Certains passages du Coran sont très offensants, dégradants et insultants envers les femmes. Allah permet par exemple aux hommes de battre leurs femmes : « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci […] Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les ». (4.34). De nombreux théologiens ont soutenu que cette doctrine est davantage symbolique que littérale et qu’elle n’approuve pas la violence envers les femmes. De plus, ils disent que Mahomet n’a jamais battu ses épouses et qu’il combattait ce dogme. Nous devons donc nous demander, quelle partie du châtiment est symbolique plutôt que littérale. La seule interprétation possible est littérale et elle est corroborée par d’autres versets. Mahomet a dit : « Les femmes se sont enhardies envers leur mari » après quoi « il les autorisa à les battre. »[note]Spencer, Robert. Religion de Paix? Pourquoi le christianisme l’est et non l’islam, Washington Regnery Publishing, 2007, p. 189.[/note] Mahomet ajouta : « On ne demandera pas à un homme pour quelle raison il bat sa femme. »[note]Dawoud, Usan Abu, livre 11, n° 2141.[/note] L’affirmation qu’il n’a jamais battu aucune de ses épouses est également fausse. Un soir, alors que Mahomet était sorti, croyant que son épouse préférée, Aïsha, dormait, elle a décidé de le suivre à l’extérieur. Quand il découvrit ce qu’elle avait fait, il la frappa. Et Aïsha de conclure : « Il me frappa à la poitrine, ce qui me fit souffrir et ensuite il dit : Pensais-tu que Allah et son Apôtre te traiteraient injustement ? »[note]Muslim, Imam, Sahih Muslim : Les traditions dans les faits et gestes du Prophète Mahomet (1971), livre 4, n° 2127.[/note]

De nombreux musulmans reconnaissent l’existence du commandement. Le Dr Muzammil H. Siddiqi, ancien Président de l’Islamic Society of North America (Société Islamique d’Amérique du Nord) a dit : « Dans certains cas un mari peut prendre de légères mesures disciplinaires afin de corriger l’infraction morale de son épouse […] Le Coran est très clair à ce sujet. »[note]Steve Stalinsky et Y. Yehoshua, Les ecclésiastiques musulmans, sur les préceptes religieux à propos de battre sa femme, Middle East Media Research, Institute Special Report N° 2, 22 Mars 2004.[/note] D’autres apologistes islamiques soulignent qu’un mari ne doit battre sa femme que légèrement, de façon à ne pas lui causer de douleur ou laisser des marques[note]Spencer, p.190.[/note]. En mai 2007, le président de la grande et prestigieuse université musulmane Al-Azhar au Caire, ainsi que l’ancien Mufti d’Égypte, Ahmad al-Tayyeb, ont défendu cette pratique, en expliquant que « ce n’est pas vraiment la battre, c’est plus comme lui donner des coups de poing […] C’est comme la heurter ou la cogner. »[note]Spencer, p. 190.[/note]

Les femmes en enfer ?

Dans l’un des hadiths, le Prophète est prétendument allé au paradis et en enfer, et il a rendu compte de ce qu’il a vu : « J’ai observé le paradis et j’ai découvert que la plupart de ses habitants étaient les pauvres gens, et j’ai observé le feu [de l’enfer] et découvert que la majeure partie de ses habitants étaient des femmes. »[note]Bukkhari, vol. 8, livre, p. 76, n° 456.[/note]

Les académiciens islamiques affirment, que les révélations d’Allah s’adressaient spécifiquement aux épouses de Mahomet et que ces avertissements étaient plutôt adaptés aux sociétés arabes du VIIe siècle. Par conséquent, beaucoup de réformateurs islamiques ont soutenu, que les versets coraniques nécessitaient une réinterprétation à la lumière des nouvelles réalités sociales, culturelles et économiques du XXIe siècle. Une nouvelle interrogation nous presse : les femmes ne sont-elles pas toutes censées suivre le comportement des épouses du Prophète, puisqu’il représente le modèle idéal pour tous les musulmans pratiquants ? En outre, selon les musulmans orthodoxes, ce que le Coran prescrit, s’applique à chaque instant et en chaque lieu comme l’ordre révélé d’Allah.

Des épouses provisoires

Une des traditions de Mahomet, stipule qu’un mariage provisoire est autorisé pour les hommes. Elle mentionne qu’il « doit durer trois nuits, puis, s’ils ont envie de le poursuivre ils le peuvent mais s’ils veulent se séparer, ils le peuvent, aussi ».[note]Ibid. vol. 7, livre 67, n° 5119.[/note] Ce mariage provisoire, appelé Mut’a, est une disposition permettant aux hommes d’obtenir la compagnie d’une femme sur un court délai. L’autorisation de cette pratique est tirée de la Sourate 4.24 et du hadith : « Tu as été autorisé à faire le Mut’a [mariage], alors fais-le. »[note]Ibid. vol.7, livre 67, n° 5117-5118.[/note] La plupart des musulmans affirment que Mahomet abrogea cette clause ultérieurement. Or on ne trouve pas de preuve de cette allégation dans les écrits. Même s’il l’avait fait, ce précepte coranique, humiliant et désobligeant, continue d’être pratiqué dans certains pays musulmans sous forme de la prostitution dissimulée. En effet, une minorité de musulmans appelés les chi’ites, ont maintenu cette tradition, comme en Iran où les épouses provisoires sont permises. Robert Spencer a écrit : « les épouses provisoires ont tendance à se rassembler dans les villes sacrées chi’ites, où elles peuvent offrir de la compagnie à des séminaristes solitaires. »[note]Spencer, Robert. Le Guide Non Politiquement Correct de l’islam, Washington, Regnery Publishing, 2005, 74.[/note]

Le traitement spécial de Mahomet

De nombreux académiciens musulmans indiquent que Mahomet, puisqu’il était le Prophète d’Allah et qu’il a vécu à cette période précise de l’histoire, avait des privilèges qui ne s’appliquent pas aux autres croyants. Il a donc spécialement été autorisé à avoir le nombre de femmes qu’il désirait (cf. 33.50).

De la même manière, Mahomet a eu onze femmes en même temps, tandis que les musulmans ne peuvent en avoir que quatre. Mais alors, dans les écritures, quelles règles étaient destinées à Mahomet et quelles sont celles réservées aux croyants ?

III. Conclusion

Les musulmans considèrent Mahomet avec le plus grand respect et le voient comme le modèle parfait à suivre. Cependant, ses enseignements et sa façon de traiter les femmes n’ont pas toujours été des plus flatteurs. De plus, à deux reprises, le Coran dit qu’il était un pécheur (40.55 et 47.19).[note]Geisler, p. 178.[/note]

Par ailleurs, les écrits du Coran et des hadiths octroient indubitablement aux hommes un statut plus élevé qu’aux femmes. Malgré les arguments avancés par les musulmans libéraux, le Coran et les hadiths n’ont fait qu’engendrer de la douleur et de la détresse auprès des femmes à travers le monde. Voilà le prix que paient les femmes dans les pays islamiques au nom du statut de Mahomet, le modèle par excellence à suivre.


Allah : simplement le mot arabe pour « Dieu ».

Calife: successeurs spirituels choisis par les croyants de Mahomet.

Chahada : formule sacrée de l’islam : « J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Mahomet est son prophète ».

Charia : ensemble de toutes les lois islamiques qui gouvernent d’une manière absolue chaque secteur de la vie.

Chi’ites : litt. « partisans fidèles » ; ceux qui reconnaissent Ali, gendre et fils spirituel de Mahomet, comme son seul vrai successeur, au nom des liens du sang. Ils représentent environ 15 % des musulmans, et sont localisés surtout en Iran, Irak, Azerbaïdjan et Bahreïn, avec d’importantes minorités au Pakistan, en Inde, au Yémen, en Afghanistan, en Arabie saoudite et au Liban. Les dirigeants chi’ites considèrent les sunnites, comme corrompus et vendus au « grand satan » américain, d’où une des raisons du conflit entre les deux tendances majeures.

Coran :litt. « récitation » ; par dérivation mots que Muhammad aurait reçus d’Allah ; le livre sacré de l’islam.

Hadith : une vaste collection supplémentaire des « dires personnels » de Mahomet ou de ceux rapportés par ses compagnons après sa mort.

Hajj : pèlerinage obligatoire à la Mecque que chaque musulman doit faire au moins une fois dans sa vie.

Imam : chef musulman qui est capable de diriger la prière et d’interpréter le Coran dans une mosquée.

Injil : l’Évangile.

Issa : Jésus

Islam : mot d’origine arabe qui signifie « soumission » à Allah. Il désigne une religion, une culture, une philosophie communautaire, une pratique identitaire.

Musulman : « celui qui est soumis » à Allah.

Salafiste : celui qui veut retourner aux pratiques religieuses et guerrières de Mahomet à Médine.

Soufisme : mouvance mystique et ésotérique où l’on cherche à être « absorbé en Dieu » par un état d’« ivresse » spirituelle, une sorte d’extase,  considérée comme une sorte d’« extinction » de soi-même.

Sourate : chapitre du Coran. Les 114 sourates sont arrangées, après le prologue, de la plus longue à la plus courte.

Sunnites : litt. « le bon chemin », ceux qui croient que le vrai successeur compagnon du « Prophète » fut Abou Bakr, au nom du retour aux traditions tribales. Ils représentent environ 85% des musulmans.

Umma ou Oumma : ensemble de tous les musulmans du monde, sans limites géographiques ou ethniques.

 


À la suite du peuple juif, les chrétiens ont toujours confessé leur foi en un seul et unique Dieu. Mais ils ont ajouté que ce Dieu unique se révélait en trois personnes distinctes : Père, Fils et Saint-Esprit ! Ils ont désigné par le mot « trinité » cette vérité de foi, qu’ils n’ont cessé de méditer pour en avoir une intelligence précise. Saint Augustin, qui a vécu au Ve siècle et qui est considéré comme le représentant de la foi orthodoxe, écrivait : « Tous les interprètes de nos livres sacrés, tant de l’Ancien Testament que du Nouveau que j’ai lus, et qui ont écrit sur la Trinité, le Dieu unique et véritable, se sont accordés à prouver par l’enseignement des Écritures que le Père, le Fils et l’Esprit-Saint sont un en unité de nature, ou de substance, et parfaitement égaux entre eux. Ainsi ce ne sont pas trois dieux, mais un seul et même Dieu. »[note]Saint Augustin, De la Trinité, Livre I, ch. IV, 7, texte établi par Raulx, L. Guérin & Cie, 1868.[/note]

L’accusation de trithéisme

Mais l’on est surpris, lorsqu’on lit le Coran, rédigé au VIIe siècle, de découvrir une présentation de la trinité bien différente de ce qu’affirmaient les chrétiens. Il paraît alors évident que l’auteur du Coran n’avait qu’une idée très confuse de ce que les chrétiens croyaient. S’adressant à eux, Mahomet les interpelle : « Croyez donc en Allah et en ses messagers. Et ne dites pas : « Trois ». Cessez ! Ce sera meilleur pour vous. Allah n’est qu’un dieu unique » (Coran 4.171)[note]Les citations du Coran sont issues de la traduction réalisée sous la responsabilité du Roi Fahd, le Noble Coran et la traduction en langue française de ses sens, Complexe Roi Fahd pour la traduction du Noble Coran, sans date.[/note] Par l’emploi de ce « trois », l’auteur du Coran montre qu’il a compris de manière grossière la trinité comme un trithéisme. Voilà pourquoi, il finit le verset en appuyant sur l’unicité de Dieu. Cette erreur lui est venue du fait que les chrétiens parlent de trois personnes. Jamais aucun groupe de chrétiens n’a affirmé croire en trois dieux, mais tous ont confessé un seul Dieu en trois personnes.

Le même reproche se trouve dans la sourate La Table : « Ce sont certes des mécréants, ceux qui disent : « En vérité, Allah est le troisième de trois.» Alors qu’il n’y a de dieu qu’un Dieu unique ! » (Coran 5.73)L’auteur accuse donc les chrétiens de faire d’Allah un dieu parmi trois. Et toute reconnaissance d’un égal à Allah est une incrédulité et un acte impardonnable comme l’affirme ce verset : « Certes Allah ne pardonne pas qu’on lui donne quelque associé. À part cela, il pardonne à qui il veut. Mais quiconque donne à Allah quelque associé commet un énorme péché » (Coran 4.48). La trinité est interprétée alors comme un ajout à Allah de deux autres prétendus dieux.

La confusion sur la composition de la trinité

Si l’on interroge maintenant le Coran sur l’identité des trois dieux qui composent, selon les chrétiens, la trinité, voici sa réponse : Allah, Marie, Jésus ! L’auteur leur reproche en effet maintes fois de faire de Jésus et Marie deux divinités égales à Allah. Dans la sourate La Table, Dieu prend Jésus à témoin pour condamner cette grave erreur attribuée aux chrétiens : « Dieu dit : « Ô Jésus, fils de Marie ! Est-ce toi qui as dit aux hommes : Prenez, moi et ma mère, pour deux divinités en-dessous de Dieu ? » Jésus dit : « Gloire à toi ! Il ne m’appartient pas de déclarer ce que je n’ai pas le droit de dire. » (Coran 5.116) Jamais le Coran ne dit que les chrétiens croient en la trinité composée du Père, Fils et Saint-Esprit !

Cette confusion subsiste jusqu’à aujourd’hui, transmise par des commentateurs musulmans parmi les plus grands. Ignorants totalement de la foi chrétienne, et dédaignant ce que les chrétiens disent à propos de la trinité, ils ont constamment recours au Coran pour présenter cette doctrine chrétienne. À titre d’exemple, Ibn Kathir, l’un des plus grands commentateurs, qui a vécu au XIVe siècle, commente ainsi ce verset : « Il s’agit des chrétiens en général selon les dires d’un bon nombre des ulémas[note]Un uléma est un théologien de l’islam.[/note], puis ils ont précisé que ceci concerne ceux qui déclarent qu’il existe trois hypostases: celle du Père, celle du Fils et celle du verbe […] Ce sont les Melchites, les Jacobins et les Nestoriens qui adoptent cette croyance. »  Ces quelques lignes, contenant nombre d’erreurs tant historiques que théologiques, révèlent une totale ignorance de l’enseignement des chrétiens.

L’erreur sur la divinité de Jésus

Le Coran va plus loin encore. En effet, entendant les chrétiens parler de Jésus comme le Fils de Dieu, l‘auteur en a déduit que les chrétiens prétendent qu’Allah a conçu avec Marie un enfant. Il n’a jamais réussi à percevoir le sens tout spirituel de cette expression. Le Coran avance plusieurs arguments pour réfuter la divinité de Jésus.

  1. Marie n’est qu’une créature

Pour lui, les chrétiens croient qu’Allah a eu des relations physiques avec Marie, engendrant d’elle Jésus. Et le Coran de corriger ce qu’il croit être la foi des chrétiens : « Le Messie, fils de Marie, n’était qu’un Messager. Des messagers sont passés avant lui. Et sa mère était une véridique. Et tous deux consommaient de la nourriture. Vois comme nous leur expliquons les preuves et puis vois comme ils se détournent » (Coran 5.75). L’auteur du Coran pensait que Marie était considérée comme une divinité par les chrétiens. C’est pour cette raison qu’il affirme qu’elle « consommait de la nourriture », car l’absorption des aliments implique l’humanité et donc est l’argument ultime pour rejeter la divinité de Marie.

  1. Dieu ne peut avoir de relation charnelle

Selon le Coran, Dieu ne peut pas avoir d’enfant, car son honneur serait atteint, puisque cet enfant ne peut être que le fruit d’une relation charnelle : « Il est trop glorieux pour avoir un enfant » (Coran 4.171). Et surtout, Dieu ne peut avoir d’enfant parce qu’il n’a pas de compagne : « Comment aurait-il [Allah] un enfant, quand il n’a pas de compagne ? C’est lui qui a tout créé, et il est omniscient. » (Coran 6.101) Ailleurs, il affirme : « Si nous avions voulu prendre une distraction, nous l’aurions prise de nous-mêmes, si vraiment nous avions voulu le faire » (Coran 21.17). Que signifie cette « distraction » ou ce « divertissement » ? Pour certains, ce mot signifie soit « la compagne », selon la langue du Yémen, soit des houris[note]Créatures féminines vivant au paradis, selon le Coran.[/note]  aux grands yeux. Pour d’autres interprètes, c’est l’enfant. Allah proteste contre les chrétiens qui lui attribuent une épouse et un enfant tout terrestres, en déclarant que s’il avait voulu un enfant ou une femme, ce n’est pas parmi les humains qu’il les aurait choisis, mais bien parmi les créatures célestes qui sont en sa présence. Si Allah avait voulu un enfant, il ne l’aurait pas conçu avec Marie, mais avec une femme de son monde. « Si Allah avait voulu s’attribuer un enfant, il aurait certes choisi ce qu’Il eût voulu parmi ce qu’Il crée » (Coran 39.4).

Les chrétiens, eux, affirment que Jésus est le Fils de Dieu éternellement préexistant dans le sein du Père ; il a pris sur lui la nature humaine, devenant pleinement un être humain. Mais le Coran les accuse plutôt de déclarer que Dieu a pris un enfant ou s’est donné un enfant en approchant Marie. « Les Juifs disent : “‘Uzayr est fils d’Allah” et les chrétiens disent : ”Le Christ est fils d’Allah”. Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent les dires des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse ! » (Coran 9.30) « Ils ont dit : “Allah s’est donné un fils !” Gloire à Lui ! Non ! mais c’est à lui qu’appartient ce qui est dans les cieux et la terre et c’est à lui que tous obéissent » (Coran 2.116). La violence de l’auteur vient de sa compréhension de l’expression chrétienne : « Jésus est le Fils de Dieu » dans un sens purement sexuel.

  1. Jésus est une créature d’Allah

Dans la sourate Myriam, qui raconte plusieurs épisodes concernant Marie et Jésus, la conclusion dénonce encore cette « erreur » prêtée aux chrétiens : « Tel est Issa [Jésus], fils de Marie : parole de vérité, dont ils doutent. Il ne convient pas à Allah de s’attribuer un fils. Gloire et Pureté à lui ! Quand il a décidé d’une chose, Il dit seulement : “Sois” et elle est » (Coran 19.35). Jésus ne peut être le Fils de Dieu car il est une création d’Allah. Il suffirait de lire les trois Cappadociens, qui ont vécu trois siècles avant la rédaction du Coran, pour trouver l’affirmation fondamentale formulée contre Arius : il n’y eut jamais un temps où Dieu n’était pas Père. La filiation n’a pas eu lieu au moment de la naissance de Jésus ; elle est en dehors du temps et de l’espace.

  1. Dieu n’a pas besoin de fils

Dieu ne peut avoir de fils donc pour la simple raison qu’il n’a pas de compagne, mais aussi parce qu’il est riche et donc au-dessus de ce besoin. « Ils disent : “Allah s’est donné un enfant.” Gloire à lui ! Il est le Riche par excellence. À lui appartient tout ce qui est aux cieux et sur la terre. » (Coran 10.68) L’enfant est considéré comme la plus grande des richesses. Mais Allah n’en a pas besoin, car il possède tout.

  1. Dieu n’est pas Jésus

Entendant les chrétiens affirmer que le Messie est Fils de Dieu et Dieu, l’auteur a conclu que, pour les chrétiens, Allah est le Messie Jésus. « Certes sont mécréants ceux qui disent : “Allah, c’est le Messie, fils de Marie.” » (Coran 5.17) Un peu plus loin, dans la même sourate, il ajoute : « Ce sont, certes, des mécréants ceux qui disent : “En vérité, Allah c’est le Messie, fils de Marie.” Alors que le Messie a dit : “Ô enfants d’Israël, adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur.” » (Coran 5.72) Le Coran comprend donc que les chrétiens affirment que Dieu dans sa nature est un corps humain !

L’auteur ne voit pas la différence entre dire : « Allah c’est le Messie », et : « le Messie est Dieu ». La première affirmation réduit Dieu à l’humanité de Jésus et fait de la nature de Dieu une nature matérielle ; Dieu aurait alors réellement des mains, des jambes, des yeux… Or, les chrétiens affirment que Dieu est Esprit ! Par contre déclarer que « le Messie (Christ) est Dieu », c’est confesser l’incarnation : le Fils éternel de l’éternel Dieu s’est uni à la nature humaine en devenant homme parmi les hommes. Dieu ne s’est pas transformé en humain, mais il a pris sur lui la nature humaine tout en restant pleinement Dieu. Là où le Coran ne voit qu’un homme, les chrétiens voient celui en qui demeure la plénitude de la divinité corporellement (Col 2.9).

* * *

Le Coran reproche donc aux chrétiens plusieurs erreurs : trithéisme, trinité composée d’Allah, Marie et Jésus, adoption ou procréation d’un fils par relation sexuelle avec Marie…Il vient pour corriger les prétendues erreurs de ses prédécesseurs. Or le Coran imagine discuter avec les chrétiens, mais il leur attribue ou les accuse de croire des choses qu’ils n’ont jamais crues ou confessées… Bien sûr, les chrétiens ne se reconnaissent absolument pas dans ces accusations, pour la simple raison qu’ils n’ont jamais professé ce que l’auteur leur reproche[note]Rappelons que de nombreuses hérésies se sont répandues dans les premiers siècles sur la doctrine de la trinité. Elles ont été condamnées par les conciles des IVe et Ve siècles. Mais l’auteur du Coran a pu être induit en erreur et attribuer aux chrétiens des vues sur la trinité et sur Jésus qui sont précisément celles que les chrétiens ont combattues et dénoncées.[/note] !

D’ailleurs, comme pour prévenir ces accusations, des chrétiens avaient déjà écrit par avance leur défense dans de nombreux livres, avant même l’apparition de l’islam. Citons à titre d’exemple ce beau texte poétique de Grégoire de Nazianze, le théologien de la trinité, écrit vers 390 :

« Il y a un seul Dieu, sans principe, sans cause ; il n’est circonscrit par aucune chose qui a été, ou qui sera ; embrassant les siècles et infini ; de l’excellent et majestueux Fils Unique Père majestueux, n’ayant subi en engendrant le Fils, rien de ce qui se rapporte à la chair, puisqu’il est Esprit. Il y a un seul Dieu autre, mais non pas autre par la divinité, le Verbe de Dieu : de son Père il est le sceau vivant, le seul Fils de Celui qui est sans principe, de l’Unique l’Absolument-Unique, égal au Père…

Il y a un seul Esprit, Dieu issu du Dieu bon. Éloignez-vous, vous tous que l’Esprit n’a pas marqués de son sceau pour révéler sa divinité, mais dont le fond du cœur est méchant ou dont la langue est impure. »[note]Grégoire de Nazianze, PoemataArcana, I, I, v. 25-37 (traduction personnelle). J’ai choisi un texte poétique comme défi au Coran qui se veut un beau poème ![/note]


Cet article est tiré du site : www.info-sectes.org

L’énoncé du problème

On entend parfois dire que chrétiens et musulmans ont le même Dieu, ou que les différences qui existent entre eux ne sont pas essentielles et ne doivent pas masquer le fait qu’ils affirment les uns comme les autres l’existence d’un Dieu unique. Allah et Dieu seraient donc en quelque sorte des synonymes. Il arrive de même que l’on entende affirmer que christianisme et islam « partagent » Jésus, qu’il appartient aux deux religions. Ce souci de rapprochement, cette recherche de points communs sont très louables : ils procèdent d’une volonté de dialogue, de fraternité, et dénotent généralement chez ceux qui les expriment le vœu de se montrer ouvert et tolérant. Mais sont-ils fondés sur une connaissance des textes et de l’histoire ? Ces vœux ne sont-ils pas des vœux pieux ? Comment l’islam envisage-t-il ses rapports avec le christianisme ? Plus particulièrement, comment le Coran, texte sacré des musulmans, considère-t-il les chrétiens et leurs écritures saintes ?

Jacques Ellul disait que face à l’expansion de l’islam, « il ne faut pas réagir par un racisme, ni par une fermeture orthodoxe, ni par des persécutions ou la guerre. Il doit y avoir une réaction d’ordre spirituel et d’ordre psychologique (ne pas se laisser emporter par la mauvaise conscience) et une réaction d’ordre scientifique. Qu’en est-il au juste ? Qu’est-ce qui est exact ? La cruauté de la conquête musulmane ou bien la douceur, la bénignité du Coran ? Qu’est-ce qui est exact sur le plan de la doctrine et sur le plan de l’application, de la vie courante dans le monde musulman ? »[note]Jacques Ellul, Islam et judéo-christianisme, PUF, 2004.[/note]

Les textes sacrés

Remarquons d’abord que les chrétiens et les musulmans n’envisagent pas du tout leurs textes sacrés de la même manière. Pour les premiers, il s’agit de textes révélés, pour les seconds d’un texte éternel, incréé, intouchable. Il y a là différence non négligeable. Les musulmans aussi tiennent qu’ils ont reçu une révélation. Elle est conçue comme la transmission d’un texte préexistant. Dans cette transmission, le prophète ne joue aucun rôle actif. Il ne fait que recevoir des textes […] qu’il répète comme sous une dictée.

Outre son caractère sacré, une des particularités du Coran est qu’il s’approprie et islamise toute une série de personnages bibliques : Abraham, Isaac, Jacob, Noé, David, Salomon, Job, Joseph, Moïse, Aaron, Zacharie, Jean-Baptiste, Jésus, Elie, Ismaël, Elisée, Jonas et Loth y sont mentionnés (voir par exemple la sourate 6, versets 83 à 86), mais en tant que musulmans. La sourate 3, 67, quant à elle, dit explicitement : « Abraham n’était ni juif ni chrétien. Il était entièrement soumis à Allah (musulman). » Comme le signalent notamment Anne-Marie Delcambre et Daniel Sibony[note]Selon Daniel Sibony, « il n’y a pas de verset majeur du Coran dont on ne trouve le contenu dans la Bible ou le Talmud (hormis ceux qui parlent de Mahomet, puisqu’il est venu après ces textes) ». Il ajoute que « le Dieu du Coran, Allah, c’est le Dieu des Juifs une fois qu’il a décidé de les rejeter pour toujours » et fait l’hypothèse que « la haine du Coran contre les Juifs est l’exacte contrepartie de ceci qu’il a pris chez eux tout son contenu et qu’il ne le supporte pas ».[/note], le texte joue sur le double sens du mot arabe muslim, qui signifie « soumis » et aussi « musulman ». Cette particularité de la langue arabe permet au Coran d’islamiser toutes les grandes figures de la Bible et d’opérer un véritable renversement de la chronologie traditionnelle des religions. Le Coran « accueille » Jésus, Moïse et les prophètes hébreux d’une façon particulière : il les accueille, après en avoir fait des musulmans.

Ainsi l’islam « avale » ou englobe tout ce qui le précède et transforme a posteriori toute une série de personnages bibliques en musulmans. Déposséder les juifs et les chrétiens de leur mémoire est une curieuse façon de leur témoigner du respect. Pour un familier de la Bible, les figures bibliques citées dans le Coran nous paraissent à la fois identifiables et déformées. Abraham n’est pas Ibrahim, ni Moïse, Moussa.[note]Alain Besançon, préface au livre de Jacques Ellul,Islam et judéo-christianisme.[/note]Quand Mohammed lia le nom d’Allah aux récits pieux du judaïsme et du christianisme, ce fut pour l’islam une manière de les revendiquer comme siens. À la lumière des événements qui suivirent, l’allégation selon laquelle l’islam est la religion originelle et tous les prophètes précédents déjà des musulmans peut être considérée comme une tentative de s’approprier les récits des autres religions. L’effet produit est de dépouiller le christianisme et le judaïsme de leur mémoire.[note]Mark Durie, Issa, le Jésus musulman.[/note]

Autre trait caractéristique du Coran : tout en reprenant de nombreux récits bibliques (qu’il transforme ou simplifie parfois), il affirme que les juifs et les chrétiens ont falsifié leurs textes. Comme ils ont refusé de reconnaître la prophétie de Mahomet, ils sont accusés d’avoir été infidèles à ce que Dieu leur avait transmis et d’avoir falsifié le « message » que Dieu avait déjà fait « descendre » pour eux. Cette accusation de falsification à l’encontre des « gens du Livre » est répétée à de nombreuses reprises dans le Coran (sourates 2, 59 ; 2, 75 ; 2, 79 ; 3, 70-71 ; 4, 46 ; 5, 13 ; 5, 41). La falsification (tahrîf) des Écritures est considérée par l’islam comme une forme extrêmement grave de « corruption » ou de « forfaiture » (fasâd), qui peut être sanctionnée par la peine de mort. Le Coran considère donc les deux Testaments comme faux et falsifiés ; il prétend restituer les vraies Écritures, les textes authentiques, les textes tels qu’ils existaient avant leur falsification par les juifs et les chrétiens.

Un autre Jésus

Le Jésus du Coran n’a pas grand-chose à voir avec celui des chrétiens. Son message était l’islam pur, la soumission à Allah (sourate 3, 84); il a reçu sa révélation de l’islam sous la forme d’un livre, l’ Injil ou « Évangile » (sourate 5, 46) ; sa mère, Maryam, était la sœur d’Aaron et de Moïse (sourate 19, 28) ; il a annoncé la venue de Mahomet (sourate 61, 6) ; il n’a pas été tué ni crucifié, et ceux qui affirment le contraire mentent (sourate 4, 157) ; le jour de la résurrection, Issa lui-même témoignera contre les juifs et les chrétiens qui croient en sa mort (sourate 4, 159).

Les chrétiens sont parfois impressionnés par la place que tient Jésus dans le Coran. Mais ce n’est pas celui auquel ils ont donné leur foi. Le Jésus du Coran répète ce qu’avaient annoncé les prophètes antérieurs, Adam, Abraham, Lot, etc. : en effet, tous les prophètes ont le même savoir et proclament le même message, qui est l’islam. Tous sont musulmans. Jésus est envoyé pour prêcher l’unicité de Dieu. Il proteste qu’il n’est pas un « associateur ». « Ne dites pas Trois ». Il n’est pas le fils de Dieu, mais une simple créature. […]

Comme il est pour l’islam inconcevable qu’un envoyé de Dieu soit vaincu, Jésus n’est pas mort sur la croix. Un sosie lui a été substitué. Cette christologie, du point de vue chrétien, présente des marques mélangées de nestorianisme et de docétisme.[note]Alain Besançon, op. cit.[/note]  Le Jésus du Coran est un musulman qui appelle ses propres adeptes à rejeter leur idolâtrie et accuse les chrétiens d’avoir manipulé les Écritures. Il est […] faux de dire que le Issa (Jésus) du Coran ne fait qu’un avec le Jésus des Évangiles. Ce Jésus, réduit dans le Coran à un prophète purement humain, ne peut que choquer un chrétien, puisque ce statut est en discordance totale avec ce que relatent les Évangiles. […]

Dans le Coran, Jésus est le seul prophète qui soit présenté comme n’étant pas d’accord avec les doctrines de sa communauté. La sourate 5, au verset 116, est une véritable gifle pour les chrétiens, dont les croyances sont rejetées sans même être formulées correctement : Rappelez-vous quand Allah demanda : « Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui a dit aux hommes : prenez-nous moi, et ma mère, comme divinités en-dessous d’Allah ? » Jésus répondit : « Gloire à Toi, il n’est point de moi de dire ce qui n’est pas pour moi une vérité. » En d’autres termes, le Jésus-Isâ du Coran répudie ses adeptes, les chrétiens, en les accusant d’avoir faussé les Écritures. […] Il entend se séparer des croyances perverties de ses partisans ! En fait, ce qui est un comble, c’est que, dans le Coran, Jésus accuse lui-même ses adeptes – les chrétiens – de lui prêter des paroles qu’il n’aurait jamais prononcées. On croit rêver ! Le Coran refuse un Christ crucifié, comme il refuse un Christ ressuscité : pour lui, Jésus n’est qu’un prophète, ni plus ni moins honoré que les autres.[note]A.-M. Delcambre, op. cit.[/note]  Le Jésus des Évangiles est la base sur laquelle le christianisme s’est développé. En l’islamisant et en en faisant un prophète musulman qui aurait prêché le Coran, l’islam détruit le christianisme et s’approprie son histoire. Il agit de même envers le judaïsme.[note]Mark Durie, Issa, le Jésus musulman.[/note]

Fausse accusation

Dans le Coran, les chrétiens sont appelés « associateurs ». Pour l’islam en effet, le christianisme n’est pas un monothéisme à cause de la Trinité, laquelle consisterait à « associer » Dieu, Jésus et… Marie. Inutile de préciser que le christianisme n’a jamais envisagé la Trinité de cette manière, et qu’il s’agit là d’une déformation saugrenue d’un de ses dogmes majeurs. Quoiqu’il en soit, les « associateurs » se rendent coupables d’un péché irrémissible, le seul qui soit impardonnable. Sourate 4, 116 : « Allah ne pardonne pas qu’Il lui soit donné des Associés, alors qu’il pardonne, à qui Il veut, les péchés autres que ceux-là ». Les chrétiens sont des mushrikûn, c’est-à-dire coupables de shirk (« associationisme. »)

À l’accusation de falsification des Écritures (tahrîf), le Coran ajoute donc celle, plus grave encore aux yeux de l’islam, de « l’association à Dieu » (shirk). La doctrine de la Trinité est de la mécréance, du polythéisme, et un sort douloureux attend ceux qui y croient (sourate 5, 73). Les « associateurs » sont (avec les juifs) « les ennemis les plus acharnés des croyants » (sourate 5, 82). Cette corruption ne concerne pas ce que les hommes ont fait des Écritures données par Dieu, mais ce qu’ils disent de Dieu lui-même. Dans l’ordre de la corruption, le tahrîf est élevé, mais avec le shirk, on touche à l’inexpiable : cette faute est la plus grave qui se puisse imaginer selon le Coran.[note]Joseph Bosshard, Le Coran face au commandement « Tu ne tueras point », Enquête sur l’islam, Desclée de Brouwer 2004.[/note]

Conclusion

Il faut avoir l’humilité et le courage de dire qu’entre le christianisme et l’islam, il n’y a pas, sur le plan théologique, de points communs de dialogue. Comment dialoguer avec l’islam qui refuse énergiquement la Trinité, l’incarnation, la rédemption, tout ce qui constitue l’essence même du christianisme ? On ne pourra dialoguer que si les partenaires du dialogue ont du respect l’un pour l’autre, si chacun connaît sa propre histoire et reconnaît celle de l’autre, si chacun est animé du souci de la vérité historique. Les chrétiens, de leur côté, ont intérêt à s’instruire davantage sur leur religion que très souvent ils connaissent mal, mais également sur l’islam qu’ils connaissent encore plus mal.

En France […], dit Alain Besançon[note]Alain Besançon, op. cit [/note].

, l’installation de la religion du Coran s’est effectuée à petits pas et silencieusement. C’est tout récemment que les Français ont compris brusquement qu’elle posait un problème fort grave, puisqu’il s’agit, à terme, de la naissance sur leur territoire d’un autre pays, d’une autre civilisation. Surpris, ils réagissent de façon désordonnée, comme on l’a vu lors des discussions sur l’acceptation ou l’interdiction du voile musulman dans les écoles publiques. Ils ont l’excuse d’avoir été peu ou mal informés. Ils ont eu peur de tomber sous l’accusation d’intolérance religieuse, voire de racisme, bien qu’il ne s’agisse pas du tout de race mais de religion…

Il faudrait veiller à expurger du discours chrétien contemporain des expressions aussi dangereuses que « les trois religions abrahamiques », « les trois religions révélées » et même « les trois religions monothéistes » (parce qu’il y en a bien d’autres). La plus fausse de ces expressions est « les trois religions du Livre ». Elle ne signifie pas que l’islam se réfère à la Bible, mais qu’il a prévu pour les chrétiens, les juifs, les sabéens et les zoroastriens une catégorie juridique, « les gens du Livre », telle qu’ils peuvent postuler au statut de dhimmi, c’est-à-dire, moyennant discrimination, garder leur vie et leurs biens au lieu de la mort ou de l’esclavage auxquels sont promis les kafirs, ou païens. Qu’on emploie si facilement de telles expressions est un signe que le monde chrétien n’est plus capable de faire claire


Cet article reprend un chapitre du livre publié par Jamil Chabouh et Karim Arezki, L’islam, un regard chrétien, Croire et Lire, 2014.

Le premier fondement de la foi musulmane porte sur Dieu : il faut croire en lui avant toute autre chose. Tout comme la Bible, le Coran ne s’attarde pas sur la démonstration de l’existence de Dieu, il reprend d’elle la majorité des noms et attributs qu’elle lui attribue.

Le nom d’Allah

La théologie musulmane parle de « quatre-vingt-dix-neuf » ou de « cent moins un » noms de Dieu. Ces noms ne se trouvent pas tous dans le Coran mais la Tradition en indique un grand nombre dans deux listes différentes rapportées par al-Bukhari et Muslim[note]Pour aller plus loin, voir Daniel GIMARET, Les noms divins en Islam, Coll. « Patrimoines », Paris, Cerf, 1988, p. 85-94.[/note]. On trouve parmi eux : l’Unique, l’Éternel, le Souverain, le Parfait, le Juste, le Pur, le Premier, le Dernier, etc.[note]Pour aller plus loin, voir Daniel GIMARET, Les noms divins en Islam, Coll. « Patrimoines », Paris, Cerf, 1988, p. 85-94.[/note]

Le nom de Dieu qui revient le plus souvent dans le Coran est Allah. Ce nom a suscité parfois des réactions bien étranges. Considérant que ce nom est musulman, des autorités religieuses indonésiennes interdisent parfois aux chrétiens de l’utiliser dans leurs prières [note]. Voir la presse du début du mois de janvier 2010.[/note] alors que certains chrétiens évangéliques soutiennent que le nom d’Allah n’est pas biblique et ne devrait donc pas être utilisé pour désigner Dieu.

Selon les linguistes arabes, Allah vient d’une « contraction de l’article défini al et du mot ilah qui est le mot arabe pour “dieu”. Autrement dit, le nom Allah signifie « le Dieu”, l’unique Dieu. » [note]Moucarry CHAWKAT, La foi à l’épreuve, l’islam et le christianisme vus par un arabe chrétien, Québec, la Clairière, 2000, p. 74.[/note] D’autres spécialistes proposent de comprendre le nom d’Allah comme un nom propre. Nous rencontrons un peu le même phénomène avec Élohim, le nom hébreu utilisé pour Dieu dans l’Ancien Testament. Il est utilisé pour nommer le Dieu révélé, mais aussi pour désigner n’importe quel « dieu », comme le fait du reste notre mot en français ou encore « god » en anglais. Sur le plan purement linguistique « allah » ne nous donne pas plus de renseignement sur le Dieu auquel il fait référence. Dans la bouche des chrétiens et Juifs de langue arabe avant l’arrivée de l’islam, « Allah » était utilisé pour désigner le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Il n’est donc pas venu avec la religion musulmane mais a été employé par les monothéistes arabes bien avant.

En somme le nom « allah » ne permet pas d’établir à lui tout seul une différence objective entre la conception de Dieu dans l’islam et dans le christianisme.

Il est bien plus important d’examiner la vision de Dieu dans ces deux religions pour pouvoir établir les convergences et les divergences.

L’unicité divine

Le thème de l’unicité divine traverse tout le Coran et la tradition musulmane. Il est tellement important que pour Mohamed, tous les péchés peuvent être pardonnés par Allah, excepté celui de l’association* (al-Ichtirak) (Q 4.48, 116). La première partie de la confession de foi (chahada) qui doit être prononcée pour devenir musulman lui est consacrée : « Je confesse qu’il n’y a pas d’autre divinité que Dieu. »

À l’époque de Mohamed, les Arabes, polythéistes, adoraient trois déesses (Lat, Uzza et Manat : Q 53.19-20), considérées comme « filles d’Allah » : al-Lat, veut dire « la Déesse », est adorée à Ta‘if (près de La Mecque), al-‘Uzza, qui veut dire « la Toute-Puissante », est célébrée à Nakhla (près de Riyad) par les Qorayshites, et le culte de Manat, qui est une divinité du « destin et de la mort », est rendu à Yathrib qui deviendra la Ville du Prophète (Médine).

Le prophète de la nouvelle religion s’érige contre cette mentalité polythéiste, prêchant l’unicité divine : Dieu est Un. Cette doctrine (tawhid) deviendra la plus importante dans l’enseignement de Mohamed. On peut noter ici l’influence de la secte des hanifa [note]Georges PEYRONNET, L’islam et la civilisation islamique, VIIe – XIIIe siècle, Paris, Armand Colin, 1992, p. 20.[/note]  (qui veut dire : séparatistes) sur Mohamed qui l’a fréquentée avant de devenir prophète. Cette secte était constituée d’ermites ascétiques qui professaient un monothéisme pur. Ils enseignaient aussi que les Arabes sont descendants d’Abraham par Ismaël. Ces deux points seront repris par Mohamed.

La Bible et l’islam professent clairement un Dieu unique. Toutefois, alors que la Bible témoigne d’un Dieu UN et de trois personnes divines (Père, Fils et Saint-Esprit), l’islam ne fait aucune place à la diversité au sein de la divinité.

Le Coran présente Dieu comme n’ayant pas d’enfant (Q 17.111) ni de femme (Q 6.101).

C’est un Dieu Unique (Q 37.4 ; 41.6) : il est Unique dans sa divinité (wahid) et Un dans sa nature divine (ahad).

La sourate 112 résume à elle seule cette doctrine (tawhid) :

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

  1. Dis : Il est Allah Un (ahad).
  2. Allah, l’indivisible (samad)
  3. Il n’a pas engendré, n’a pas été engendré.
  4. Et personne n’est égal à lui.

Chaque verset évoque, positivement ou négativement, l’unicité de Dieu.

Samad est ici traduit par « indivisible ». Il faut alors comprendre qu’en Dieu il n’est point de « creux ». Il est « sans mélange d’aucune sorte, sans aucune possibilité de divisions en parties ».[note]Louis GARDET, L’islam, Religion et communauté, Paris, Desclée De Brouwer, 1970, p. 56.[/note]

Le troisième verset proclamant que « Dieu n’a pas engendré, n’a pas été engendré » peut porter soit sur la nature divine soit sur les personnes divines :

Nature divine : Si on considère que ce verset se réfère aux termes ahad du verset 1 et samad du verset 2, c’est la nature divine qui est en cause. Dans ce cas-là, on se retrouverait en face d’une déclaration semblable à celle de la Bible en Deutéronome 6.4 : « Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est UN. » D’ailleurs le terme ahad (UN) de la sourate est quasiment identique à celui (hébreu) du Deutéronome. Jésus a cité ce texte du Deutéronome (Marc 12.28-31) [note]Ibid. p.57 : Le concile de Latran définit la nature divine comme « suprême Réalité incompréhensible et ineffable… et qui seule est principe de toute chose, sans qui, rien d’autre ne pourrait être ; et cette Réalité n’engendre pas et n’est pas engendrée ».[/note]. Les premiers ciblés étaient les polythéistes mecquois qui adoraient plusieurs divinités mais par la suite ils ont été utilisés contre les Juifs et les chrétiens à cause de leur refus de reconnaître la valeur scripturaire des révélations que Mohamed a reçues. La déception de Mohamed face à ce refus est telle qu’il délivre la fameuse sourate at-Tawba (sourate du Repentir), assez violente, dans laquelle il accuse les chrétiens et les Juifs de l’associationnisme : « Les Juifs disent : « Uzayr (Esdras) est fils d’Allah » et les chrétiens disent : « Le Christ est fils d’Allah ». Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse ! Comment s’écartent-ils (de la vérité) ? » (Q 9.30).

Nature et personne divines : À partir de là, l’affirmation que Allah est un (ahad) ne porte pas uniquement sur la nature divine mais aussi sur les personnes divines, ainsi la doctrine de la Trinité se retrouve mise en cause. De nombreux autres textes coraniques professent de toute manière que Dieu n’a pas de lien « familial » avec les humains (Q 19.88-92 ; etc.).

Si la sourate 1 ouvre la prière musulmane, la 112 est souvent utilisée comme la sourate complémentaire pour deux raisons : (1) parce que c’est la plus courte, et lorsque vous répétez ces textes quatre ou parfois sept fois dans la même prière cela peut jouer sur le plan psychologique ; (2) pour le message central qu’elle véhicule.

A-t-on affaire au même Dieu dans la Bible et le Coran ? Kenneth Cragg[note]Kenneth CRAGG, The Call of the Minaret (New-York : Oxford University Press, 1964 Galaxy ed.), p. 35.[/note] propose de distinguer entre le sujet et le prédicat dans la comparaison entre le Dieu de la Bible et l’Allah du Coran : nous avons bien affaire au même Dieu-Sujet mais pas au même « contenu », puisque le Dieu du Coran n’est pas « Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ ».

Henri Blocher propose de faire comme l’apôtre Paul face aux dieux des Athéniens (Actes 17) : préciser que le Dieu de la Bible se fait connaître uniquement en Jésus-Christ. Ainsi, « nous pouvons dire ‘Allah, nous pouvons dire “il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah”, si nous marquons assez qu’il n’est connu que par Jésus, son Apôtre, son Verbe, son expression personnelle et éternelle au sein de l’être divin, qui s’est fait homme pour nous les hommes et notre salut, qui a fait l’expiation des péchés par son sang, une fois pour toutes. La vie éternelle, c’est ceci : connaître Dieu, et le connaître Lui ! »[note]Henri BLOCHER, « L’Évangile et l’islam : relever le défi théologique », Fac Réflexion, n° 28, septembre 1994, p.17.[/note] Une fois que ces précisions sont apportées, les chrétiens s’exprimant en arabe dans leur prière peuvent appeler librement Dieu Allah sans motif de conscience. Cela rend justice aussi bien à l’histoire qu’à la théologie.