PROMESSES

On raconte que Luther aurait dit, en réponse à une question : « Si l’on m’apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier. »

Par cette saillie, le réformateur indiquait que, loin de laisser le chrétien inactif, les yeux dans le vague tournés vers le ciel, l’espérance l’incite à travailler aujourd’hui « de mieux en mieux » à l’œuvre du Seigneur (1 Cor 15.58).

Plus encore, l’action du chrétien aujourd’hui s’inscrit dans une triple perspective :

– Une visée immédiate, à l’écoute du besoin et de la nécessité du moment : « Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le » (Ecc 9.10 ; cf. Pr 3.27).

– Une visée plus lointaine, dans un avenir lié à la durée de sa vie sur la terre — qu’il soit long ou court, Dieu seul le sait et le mesure dans sa sagesse — où chaque croyant inscrit « en son temps » sa contribution, grande ou modeste, au plan de Dieu (Act 13.36).

– Une visée éternelle, enfin, où Dieu récompensera avec joie l’activité diligente, humble et désintéressée des serviteurs, en donnant à chacun « la louange qui lui sera due » (1 Cor 4.5).

Comme Luther, nous ne verrons peut-être pas le pommier porter les fruits pour lesquels nous l’avons planté. Mais soyons assurés que, si nous l’avons planté « comme pour le Seigneur », d’une manière ou d’une autre, nous avons « préparé notre avenir ».

 


« Les Églises évangéliques de professants[1], qui se réclament à la fois des Réformateurs et des anabaptistes[2], se sentent parfois les enfants de parents divorcés. »[3]Nos pères ont partagé les doctrines fondamentales de la révélation biblique, mais leurs divergences ont été irréconciliables. Faut-il « réformer » ou « restituer » l’Église pour la gloire de Dieu ?

Notre héritage spirituel est complexe, parsemé d’épisodes douloureux. Aujourd’hui encore, les croyants oscillent entre des projets d’union et les tendances séparatistes. Comment éviter les pièges inhérents à chacune de ces orientations ?

Comme le souligne très justement le professeur Marc Lienhard[4], les débats à l’intérieur des mouvements anabaptistes rejoignent les tensions actuelles de nos Églises : « C’est aussi bien la question des rapports, entre vie communautaire et liberté individuelle que celle de l’herméneutique : comment lire et vivre les exigences du Sermon sur la montagne sans tomber dans un littéralisme qui pourrait être le contraire de l’amour ? »

Une Réforme inaboutie sur le plan ecclésiastique

Les aspirations profondes de la Réforme

Captif des seules paroles de Dieu et confronté à l’intransigeance de l’institution catholique, Luther formule une ecclésiologie alternative qui triomphe de l’excommunication romaine. Le fondement de l’Église ne consiste pas en la continuité d’un appareil hiérarchique, mais en la fidélité à l’Écriture. L’Église ne juge pas la Bible, elle est seconde par rapport au message transmis.

À l’instar du jeune Luther, les Réformateurs veulent recréer le modèle de l’Église primitive, sans égard pour le passé catholique, puisque Rome s’est manifestement éloignée de l’enseignement des Écritures. C’est par la Bible seule qu’il faut combattre les erreurs de doctrine. La Réforme est le retour au caractère normatif de la Bible. Va-t-elle réussir à changer l’Église ?

Les Églises magistérielles[5] et leurs limites

Au XVIe siècle, l’Église catholique est une institution fortement liée à la société et à l’État ; les Réformateurs, malgré leurs aspirations, n’ont pas réussi à rompre définitivement avec les formes religieuses et sociologiques de l’Église romaine. Sous la pression des événements et l’oppression des autorités, les Réformateurs ont abandonné leur plan initial. Au lieu de fonder une communauté évangélique, la Réforme a dégénéré en un mouvement politico-religieux, le lien entre les deux étant si fortement ancré dans les mentalités. La collaboration entre le pouvoir temporel et l’autorité ecclésiastique s’est faite au détriment du message révélé (cf. Marc 7.9).

Partout s’impose le principe de la nation-Église ; puisque tous sont baptisés, tous donc font partie de l’Église qui devient multitudiniste. Il faut saluer les constats lucides et douloureux de Luther: « Parmi mille (paroissiens) on trouve à peine un vrai chrétien. » « Nous ne sommes presque que des païens portant le nom de chrétiens. »  « Je préférerais que les paysans, les bourgeois et la noblesse qui, à présent, abusent de l’Évangile, soient encore sous la papauté, ils ne sont pour l’Évangile qu’obstacle, honte et dommage. » Selon Emil Brunner, « la prétention de Calvin d’avoir reconstitué l’Ekklesia du Nouveau Testament n’est pas fondée. Très vite on assiste à une purification de l’Église et non à son recommencement ».[6]

La « restitution » ou comment retrouver l’Église du Nouveau Testament

Le siècle est ouvert aux innovations bibliques. Oui, il faut réformer l’Église, mais à quel rythme, jusqu’où peut-on aller ?

Plusieurs collaborateurs de Luther et de Zwingli désirent aller plus loin et rejettent la symbiose entre l’Église et l’État. Pour eux, l’Église n’est pas l’ensemble de la nation. L’Église de multitude est déchue et ils s’en détournent par crainte d’être contaminés par le « monde » et la tradition humaine. Ils rompent avec le corpus christianum pour revenir au modèle biblique, le corpus Christi qui a existé jusqu’au IVe siècle. On peut opposer la reformatio des uns à la restitutio des autres.

L’une des caractéristiques de certains mouvements est leur insistance sur la conversion personnelle et réelle. Dans ces assemblées de rachetés, la nouvelle naissance de chaque chrétien par le Saint-Esprit se traduit extérieurement par le baptême conscient et par les fruits d’une vie régénérée au quotidien. Ils veulent transplanter les caractéristiques du christianisme primitif directement dans la réalité contemporaine. C’est la naissance au XVIe siècle de l’Église de professants.

Les débordements de l’anabaptisme révolutionnaire et messianique

Le mouvement de « restitution » de l’Église primitive a émergé quasi simultanément du nord de l’Europe jusqu’au sud des Alpes, et de l’Alsace jusqu’en Moravie.

Cette réalité bigarrée ne forme pas, loin s’en faut, un ensemble homogène : il n’y a pas d’unité profonde car les divergences ont plus de poids que les convergences. Il se répartit en de nombreuses tendances : on y trouve certes des « rebaptiseurs » mais aussi des spiritualistes, des illuminés, des révolutionnaires ou encore des antitrinitaires[7]. Et les frontières sont poreuses.

Beaucoup s’abreuvent aux courants mystiques catholiques des siècles précédents[8]. L’idéal pour restituer l’Église pure se fonde sur plusieurs modèles bibliques : la restauration de l’Israël des patriarches (A.T.), le retour à l’Église primitive (Les Actes des Apôtres, les Épîtres) ou l’instauration du millénium (Apocalypse). Luther les exècre tous et Calvin n’a que profond mépris pour cette « vermine ».

Les troubles de Wittenberg : les prophètes de Zwickau, Karlstadt et les Enthousiastes

En Saxe, Nicholas Storch joue un rôle dévastateur. Il prétend que Dieu lui parle par des visions et des rêves. Survient l’apparition de l’archange Gabriel qui lui demande de prendre la tête de l’« Église des Élus ». Il nomme douze apôtres et soixante-douze disciples pour lutter contre l’Église catholique corrompue. Tous, y compris les Réformateurs, sont alors persuadés de vivre les temps de la fin, mais ces visionnaires annoncent que le retour du Christ est imminent.

À Wittenberg, là où la Réforme a commencé, alors que Luther est retenu à la Wartbourg, leurs prophéties et leurs connaissances bibliques impressionnent vivement les principaux collaborateurs du Réformateur.

Andreas Bodenstein, dit Karlstadt, collègue et ami de Luther, se propulse hardiment à la pointe du mouvement de réforme radicale à Wittenberg. Le mariage des prêtres est rendu obligatoire. Il faut supprimer tout ce qui est contraire à la foi (la messe comprise comme un sacrifice, etc.) avant que la Parole n’ait convaincu les fidèles. Il conteste le baptême des nourrissons, doute de la présence réelle du Christ dans la cène et se lance dans une série d’épisodes iconoclastes. Il attribue à l’Écriture une importance secondaire et insiste sur le rôle de l’Esprit qui transforme et « déifie » graduellement et intérieurement le croyant.

En mars 1522, Luther quitte précipitamment la Wartbourg pour expulser ces Schwärmer (Enthousiastes) qui préfèrent les mouvements intérieurs de l’Esprit à l’autorité de l’Écriture et qui veulent établir des communautés de laïcs libres. L’illuminisme piétiste de Karlstadt nuira énormément aux innovations bibliques et à la formation d’Églises de professants. Luther sera dorénavant très réactif face à toute évolution qui lui rappellera Karlstadt et les prophètes de Zwickau.

Thomas Müntzer ou la théocratie révolutionnaire

En 1520, pour pallier la pénurie en ministres, Luther nomme Müntzer pasteur de Zwickau. L’ancien prêtre rallié à la Réforme est un homme exalté et violent. À son tour, il se proclame prophète de Dieu et s’applique le verset de Luc 4.18 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi. » Selon lui, tous les croyants peuvent entendre la voix de Dieu, par des songes ou des visions, sans lire ou écouter la Bible.

Il veut séparer les élus des impies (le bon grain de l’ivraie) pour établir une théocratie radicale et égalitaire. Il pille les couvents et détruit les châteaux, au bénéfice du « petit peuple si misérable ». Il faut user du glaive contre les ennemis de l’Évangile. Son lien avec l’anabaptisme semble bien ténu : il a critiqué le baptême des enfants mais n’a jamais pratiqué le baptême des adultes.

À partir de 1524, une grande insurrection rurale, conduite par ces prophètes, pousse les revendications beaucoup plus loin. On espère rénover la vie sociale et politique selon un modèle biblique. Toute l’Allemagne est sillonnée par des bandes de paysans en furie, partout le sang coule. La répression des princes est terrible. Les hordes paysannes sont taillées en pièces, Müntzer est cruellement torturé et finit décapité. C’est l’échec du mouvement communal et révolutionnaire de la guerre des paysans (1525).

Melchior Hoffmann : visions et prophéties apocalyptiques

Toujours en manque de pasteurs, Luther recommande Melchior Hoffmann comme prédicateur laïc. Fourreur-pelletier, ayant de solides connaissances bibliques et lecteur des mystiques, Hoffmann voyage beaucoup pour des raisons professionnelles. Partout il répand la Réforme par ses sermons enflammés poussant à la destruction des images, des statues et des reliques. Il établit des Églises dans les pays baltes et scandinaves, en Rhénanie et aux Pays-Bas.

À la suite de visions, il se prend bientôt pour le « Nouvel Élie ». Il est à l’origine de l’anabaptisme spiritualiste dans le nord de l’Europe qui exalte la « parole intérieure », le messianisme, les prophéties. Il prédit la fin du monde pour 1533 et désigne Strasbourg comme la « Nouvelle Jérusalem » où il sera à la tête des 144 000 élus, marqués par l’Esprit.

Les spéculations du « mauvais génie » de l’anabaptisme serviront de support idéologique à divers groupes apocalyptiques, les Melchiorites. Hoffmann est un pacifiste convaincu, mais ses disciples n’hésiteront pas à recourir à l’épée pour conquérir le Royaume.

Le « Royaume de Dieu à Münster »

En 1533, Bernard Rothmann introduit la Réforme à Münster, en Allemagne. Puis il se convertit à l’anabaptisme hoffmannien, refusant dès lors le baptême des enfants. En 1534, la ville passe sous le contrôle des émigrés anabaptistes illuminés, chassés des Pays-Bas ou d’autres régions en Allemagne.

Jan Matthijs est l’un des ardents partisans de Hoffmann. Jeune boulanger d’Harlem, il réussit, par son charisme et ses visions sur l’imminence de la parousie, à entraîner des convertis en Westphalie. Certes, Hoffmann s’est trompé de date et de lieu (Strasbourg), mais le Christ reviendra pour régner à Münster, la future « Jérusalem céleste » ! En attendant, ils forment la sainte armée qui l’aidera à détruire les impies. La propriété et l’argent sont supprimés au profit d’une totale communauté des biens.

Après sa mort lors d’un combat sous les murs de la cité en 1534, c’est son successeur Jean de Leyde qui se proclame « Roi de justice de la nouvelle Sion ». Tyrannique, il instaure une théocratie fondée sur une lecture de l’A.T. et inspirée également par le millénarisme de Thomas Müntzer. Il veut anéantir le monde pécheur par les armes et institue la polygamie. Le scandale est retentissant. Le long siège de Münster par les troupes du prince-évêque et des princes protestants se termine dans un affreux bain de sang.

Fruits amers

Les anabaptistes sont détestés des catholiques et des protestants. La cause anabaptiste sera discréditée durant des siècles, la mémoire collective européenne retiendra l’effondrement du « Royaume anabaptiste de Münster ». Bien sûr, les catholiques imputent cette évolution dramatique à Luther.

Après ces événements, Luther, consterné, juge nécessaire l’intervention de l’autorité civile. Les princes territoriaux réforment leurs États et gouvernent l’Église de multitude comme des « évêques suprêmes ». Menacé par le catholicisme et débordé par l’illuminisme, Luther en est venu à rétablir la plupart des erreurs qu’il avait lui-même combattues. Les Réformateurs ont été empêchés de constituer la « vraie » Église avec de « vrais » chrétiens. C’est sans doute le grand drame de la Réforme.

Dans cette actualité chahutée et confuse, les Réformateurs se désolidarisent avec vigueur des anabaptistes séditieux et novateurs et attaquent maintes fois des arguments théologiques présumés. Refuser le baptême des enfants sous le prétexte qu’on ne naît pas chrétien mais qu’on le devient par la conversion à Jésus-Christ est un credo jugé révolutionnaire. Le « rebaptême » est un délit puni de mort. Désormais le refus de la Confession de foi dans une ville est assimilé à un geste de désobéissance civile. À partir de 1530, Luther approuve la mise à mort de tous ceux qui contredisent sa doctrine, conducteurs et fidèles anabaptistes.

Les protestants sont ainsi responsables (avec les catholiques) du martyre d’innombrables enfants de Dieu, abusivement amalgamés avec les illuminés violents et les extrémistes de tout poil.

III. L’émergence de l’anabaptisme pacifique

Un anabaptisme pacifique perce dans les années 1520-1530, avant et parallèlement à ces courants violents. Ses ennemis insinuent qu’il n’est qu’un repli stratégique imposé par les échecs et les scandales de l’anabaptisme guerrier. Selon eux, ces fanatiques « assagis » resteraient redoutables. D’où la poursuite des persécutions.

Le baptême des enfants symbolise la mainmise des États et des Églises sur la vie privée et publique du peuple. Le baptême des adultes a un caractère singulièrement « moderne » au XVIe siècle. S’y rattache cette quête radicale : Comment vivre sa foi hors du monde et libre du pouvoir temporel ?

Malgré un fond doctrinal biblique commun, les divisions internes de l’anabaptisme pacifique sont nombreuses. Pour faire simple, on peut distinguer trois grands mouvements : les « Frères suisses », les houttériens et les mennonites.

Les « Frères suisses » et les Allemands du sud

À Zurich, les autorités civiles maintiennent l’Église d’État, réformée par Zwingli, dans la rigoureuse dépendance du magistrat.

Trois amis de Zwingli (Grebel, Mantz et Blaurock) pressent le Réformateur de s’engager dans la voie d’une réforme plus radicale. Mais Zwingli a peur que le Conseil de Zürich réprime les innovations et redoute aussi qu’enseigner la nullité du baptême des enfants vide en fait l’Église dans laquelle il a commencé d’accomplir son œuvre de Réforme. La pensée du Réformateur évolue vers une Église plus proche des institutions de l’A.T. que du N.T.

Alors que Zwingli et ses collègues célèbrent encore la messe jusqu’au jour de Pâques1525, les Frères se réunissent en maints endroits pour l’étude de la Bible, la prière et la célébration de la cène entre eux. Le « serviteur » est choisi dans l’assemblée et prêche en langue vulgaire. Les dissidents officialisent la naissance de la première Église indépendante de l’État et le pluralisme religieux. Le conflit avec le Conseil de Zürich devient inévitable car la base même de la civilisation chrétienne est remise en cause.

Dans le choc frontal entre le protestantisme de choix (sans l’aide de l’autorité) et le protestantisme de masse, à Zurich, la violence est du côté des Réformateurs. Mantz meurt martyr, noyé, supplice réservé à tous les anabaptistes obstinés : « Par l’eau il a péché, par l’eau il doit être puni. »

Les Frères doivent fuir les poursuites et la persécution. Peu à peu tous les chefs anabaptistes de la première heure vont disparaître, torturés, brûlés ou noyés. Cette vague déferlante de persécutions sanglantes renforce aux yeux des victimes la nécessité de la séparation entre un monde puissant, agressif et violent et l’Église persécutée, humble et pacifique. Au prix d’un durcissement doctrinal.

Michaël Sattler contribue à organiser les communautés de confessants. En participant activement à la première définition systématique de la doctrine anabaptiste (la Confession de Schleitheim de 1527). L’Église y est décrite comme une communauté volontaire, unie pour suivre le Christ, strictement séparée de la société et du monde déchu. Pour certains Réformateurs, ce repli radical au sein d’une communauté locale s’apparente à un retour au monachisme. L’intransigeance des anabaptistes fait vite polémique. Leur désintérêt pour le maintien de l’ordre politique et social passe aux yeux des autorités pour de l’anarchie et rappelle fâcheusement certaines aspirations de la guerre des paysans. Il faut sévir. En 1527, Sattler est torturé et brûlé et sa femme noyée.

Les Frères mettent l’accent sur le baptême et la discipline au sein de l’Église. Les baptisés doivent se soumettre à des règles strictes pour conserver une éthique rigoureuse. La pureté des croyances et des pratiques est nécessaire pour pouvoir rompre et manger le même pain et boire de la même coupe. Les Frères prônent la séparation complète du monde, y compris des institutions politiques et des Églises magistérielles protestantes qui « sont des vaines abominations devant Dieu ». Leurs interdits incluent le refus de prendre les armes (réaction à la révolte des paysans), la non-violence et le refus de tout serment. Un chrétien ne saurait être magistrat ni occuper un emploi civil.

La ferme volonté d’être conforme en tous points au Christ, l’obéissance littérale à la Bible et la discipline sans amour favorisent le légalisme. Le rigorisme conduit à l’oppression. On a tendance à juger les actes extérieurs par rapport au code imposé. Le moralisme risque de prendre le pas sur la foi vivante.

Le sectarisme des Frères ne doit pas être détaché du contexte de diabolisation générale et de persécution inouïe qui les frappent alors. Mais le poids des événements dramatiques n’explique pas tout. Les convictions extrêmes des anabaptistes suisses et alémaniques reposent aussi sur l’attente imminente du jugement de Dieu et de la fin des temps. Le salut est dans une vie communautaire exclusive. Cet aspect radical va enfermer les anabaptistes dans un repli social jusqu’au ghetto.

Le communautarisme rédempteur

Les houttériens (ou houttérites) ont beaucoup de points communs avec les « Frères suisses », mais les circonstances et la forte personnalité de leurs chefs vont produire une lecture nouvelle des textes fondateurs. Hans Hut est un proche ami de Thomas Müntzer. À la suite de la fin désastreuse de l’insurrection paysanne, il renonce à la violence et rejoint l’enseignement des Suisses mais il garde sa tournure mystique et apocalyptique. Pour échapper aux persécutions religieuses, plusieurs centaines d’anabaptistes germanophones et non-violents trouvent refuge en Moravie (actuelle République tchèque), où ils sont tolérés par certains nobles.

Leur dénuement est tel qu’ils en viennent à partager leurs maigres biens, suivant l’exemple des premiers chrétiens (Act 2.42-47 ; 4.34-35). Les houttériens évoluent vers une mise en commun de la propriété et de la production constante et obligatoire. Leur « communauté des biens » implique une vie quotidienne commune (y compris repas et éducation des enfants) dans des fermes collectives ou phalanstères. Ils pensent rétablir un état paradisiaque utopique en détruisant chez chaque fidèle le désir égoïste de posséder.

Dévier les règles de la colonie revient à pécher contre Dieu lui-même et mène à la damnation. La parole des Anciens est assimilée à celle de Dieu, elle ne souffre aucune désobéissance. Cette pratique constitue en fait un nouveau cléricalisme, les croyants ne pouvant plus lire ni comprendre la Bible tout seuls. La vie communautaire prend une vertu rédemptrice et remplace l’œuvre unique du Christ.

Ce mode de vie particulier, leur prosélytisme et leur prospérité économique suscitent inévitablement la jalousie et d’autres persécutions. Ils doivent émigrer en Hongrie, en Roumanie, en Russie tzariste, aux États-Unis puis au Canada.

De la réorganisation de l’anabaptisme aux mennonites

Les autorités policières et religieuses font partout la chasse aux chefs anabaptistes. Des faux-frères et des erreurs doctrinales s’introduisent dans les assemblées, semant la confusion et les disputes. Le zèle se refroidit et l’on fréquente moins les réunions… À ce malaise s’ajoute très souvent une vive opposition entre Anciens et les rivalités entre les divers groupes.

Plusieurs hommes remarquables se lèvent alors : Scharnschlageret Marpeck protègent leurs Assemblées de la contagion du spiritualisme d’Hoffmann. Ils se heurtent également au littéralisme rigide et à la tendance légaliste des Suisses où le « faire » l’emporte sur l’acte de foi. Selon les deux amis, la discipline est nécessaire, mais elle doit être pratiquée dans un esprit de miséricorde pour l’amélioration et non pour la destruction. Marpeck avertit les houttériens que la foi est une décision personnelle et que la charité ne peut être imposée.

Après 1530, la plupart des dirigeants instruits de la première génération anabaptiste ont été exécutés, les communautés sont épuisées, les prédicateurs rares et souvent sans formation. Une sérieuse réorganisation du mouvement s’impose. Menno Simons en sera l’artisan.

Ancien prêtre d’Utrecht, converti en 1535, Menno, en plein scandale de Münster, écrit un traité contre les visions et les violences de Jean de Leyde, exhortant les Münstérites à revenir à l’enseignement du Christ. Ses livres sont largement distribués et lus ; partout ils contribuent à rétablir la cohésion des groupes anabaptistes en leur redonnant des bases dogmatiques exemptes de tout enthousiasme mystique, millénariste ou révolutionnaire. Son enseignement s’inscrit dans l’orthodoxie biblique.

Il regroupe les communautés locales sous la direction d’Anciens régionaux qu’il essaie de former avec clairvoyance. Leur influence s’étend sur les Pays-Bas, l’Allemagne du nord et la vallée du Rhin, et même en Suisse. Les Anciens les mieux formés, sorte de surintendants, se réunissent régulièrement pour traiter ensemble des difficultés. Mais l’importance accordée aux Anciens, réglant les problèmes entre eux par-dessus la tête de leurs communautés et imposant leurs vues par le moyen de l’excommunication stricte, ouvre hélas la voie à la cléricalisation.

Menno Simons veut éviter à l’anabaptisme de devenir semblable aux grandes Églises si tolérantes au péché. Il rejoint l’intransigeance du premier anabaptisme pacifique en mettant sur pied une discipline sévère : il défend une stricte séparation du pécheur d’avec l’assemblée et la famille. Celle-ci doit cesser toute relation avec l’excommunié et ne plus partager les repas avec lui ; les rapports entre époux sont interdits. Et les Frères ne peuvent plus avoir de contacts professionnels ou économiques avec le fautif… La discipline et l’organisation risquent de remplacer l’œuvre de l’Esprit.

Des divergences de vue sur l’application trop stricte de l’excommunication  provoquent une scission au sein des assemblées en 1557. Peu avant sa mort en 1561, Menno Simons revient à des positions plus modérées et se reproche son intransigeance.

Peu à peu, l’ensemble de l’anabaptisme pacifique prend le nom de mennonisme (à l’exception des amish et des houttériens), par reconnaissance pour les qualités et l’œuvre de leur fondateur.

[1] On distingue les églises de « professants » (pour en faire partie, il est nécessaire de faire une confession de foi personnelle) des églises de « multitude » (pour en faire partie, il suffit d’être né dans une famille qui s’y rattache, voire d’être né dans un territoire dont c’est l’église nationale). (NDLR)

[2] Le terme d’ « anabaptiste » est formé à partir du grec ana signifiant « de nouveau » : les personnes ayant été baptisées bébé doivent se faire baptiser à nouveau une fois converties. L’appellation « anabaptiste » centre l’attention sur le seul baptême, en négligeant le reste de l’enseignement et de la doctrine de ces groupes.

[3]Cette constatation est empruntée à Jacques Blandenier,Martin Luther et Jean Calvin. Contrastes et ressemblances, Dossier Vivre 2, Éditions Je Sème et Excelsis. 2008, p. 9.

[4]Dans sa préface de l’ouvrage de Neal Blough,Christologie anabaptiste. Pilgram Marpeck et l’humanité du Christ, p. 14.

[5]George Williams est à l’origine du terme de « Réforme magistérielle » qu’il oppose à celui de « Réforme radicale ». Les Églises magistérielles sont les courants protestants restés volontairement dépendants des pouvoirs politiques (les « magistrats »).

[6] Emil Brunner,Le malentendu de l’Église, Éditions H. Messeiller, Neuchâtel, 1956, p. 128.

[7] Personnes qui nient le dogme de la Trinité.

[8]Maître Eckart (1260-1328), Suso (1295-1366), Tauler (v. 1300-1361), mouvement des Frères de la vie commune aux Pays-Bas, etc.


Peux-tu rapidement te présenter et présenter ton travail ?

Après avoir démarré ma carrière professionnelle à la Direction des Ressources humaines de grands groupes nationaux et internationaux, je me suis lancée dans la formidable aventure de l’accompagnement des jeunes dans leurs démarches d’orientation. Depuis 2010, j’exerce en tant que consultante spécialisée, mettant un point d’honneur à accompagner l’étudiant de A à Z dans ses réflexions et ses démarches. Je vais donc autant aider un jeune à déterminer son parcours d’études, l’orienter sur les choix de cursus les plus adaptés à son profil et ses souhaits, que le coacher pour ses entretiens d’admission ou encore l’aider à rédiger ses lettres de motivation.

À quel public t’adresses-tu particulièrement ?

Je démarre dès 11-15 ans, notamment lorsqu’il s’agit de choix de filières professionnelles et j’accompagne les étudiants jusqu’à leur premier emploi. Il n’est pas rare que des étudiants me sollicitent en cours d’études pour un choix de spécialisation par exemple, voire parfois pour une réorientation. Mais 60% de mon activité repose sur les 15-18 ans et leurs choix de filières ou bien leurs choix d’orientation dans les études supérieures.

Pourquoi viennent-ils te consulter ?

La plupart des jeunes que je rencontre sont totalement perdus, ne sachant que faire ni où aller. Je rencontre principalement deux cas de figure : l’étudiant qui n’a aucune idée de ce qu’il pourrait entreprendre comme études ou alors l’étudiant qui a un projet précis mais qui ne sait comment procéder au meilleur choix de parcours d’études.

Comment arrives-tu à percevoir leurs besoins au-delà de la première demande qu’ils formulent ?

Mon travail consiste à aider l’étudiant à se poser les bonnes questions dans le bon ordre et lui apporter la connaissance nécessaire pour procéder à un choix éclairé. J’attache une très grande importance à l’écoute et à l’échange. C’est de cet échange que je tire toutes les informations pour rebondir et préciser petit à petit le projet. C’est également la raison pour laquelle je rencontre l’étudiant plusieurs fois, afin de l’accompagner dans la maturation du projet, le laissant seul décisionnaire à partir d’éléments d’information objectifs. Ces entretiens sont toujours des moments privilégiés que les étudiants apprécient car ils ont en face d’eux une personne qui les écoute et ne les juge pas. Pour moi, c’est le meilleur moyen de construire une relation de confiance, de parvenir à dépasser les apparences pour creuser en profondeur la personnalité et le profil et conseiller ainsi le plus justement.

Peux-tu nous parler des aspirations de ces jeunes ?

La plupart des jeunes que je rencontre ont une connaissance très limitée, voire erronée, du monde professionnel. Il y a donc très souvent un décalage important entre ce qu’ils se représentent et la réalité du terrain. Pour schématiser, je dirais qu’il y a 3 catégories de jeunes :

  • Les déconnectés — largement majoritaires — qui veulent gagner beaucoup d’argent en travaillant le moins possible !
  • Ceux qui vivent au travers des séries télé ou de l’actualité : l’avocat et ses plaidoiries spectaculaires, le médecin super héros, le policier des forces spéciales, le cuisinier qui gagne Top Chef, etc.
  • Les idéalistes : ceux qui pensent pouvoir révolutionner le monde en travaillant dans l’humanitaire, la protection des animaux, le développement durable, etc.

Sans casser les projets et les idéaux mais, au contraire, en valorisant les initiatives, ce n’est pas toujours simple de ramener l’étudiant à une réflexion plus en phase avec la réalité objective du monde du travail tel qu’il est configuré aujourd’hui. Mais c’est toujours aussi passionnant !

Quelles sont leurs principales craintes par rapport à leur avenir ?

Les deux principaux obstacles qui reviennent en boucle sont d’une part la crainte de ne pas être à la hauteur des attentes et par conséquent de ne pas réussir et d’autre part la peur de se lasser d’un métier qui serait trop routinier.

Quelles clefs leur donnes-tu pour les aider à être plus sereins ?

Tout d’abord j’aide l’étudiant à prendre conscience de ses atouts, de ses forces et de tout ce qui dans son profil constitue un élément qu’il pourra valoriser dans le futur. Globalement, le système éducatif français n’est pas des plus encourageants et encore c’est un euphémisme ! Prendre le contre-pied est déjà mettre l’étudiant dans une dynamique sur laquelle il pourra s’appuyer pour considérer positivement son avenir.

Ensuite, j’insiste sur le fait qu’aujourd’hui, une carrière n’est plus nécessairement aussi linéaire qu’elle l’a été pour les parents des étudiants que j’accompagne. Par conséquent réfléchir à son orientation ne rime plus nécessairement avec l’idée de s’enfermer pour 40 ans dans une seule et unique profession. Réfléchir à son orientation, c’est avant tout se demander par quelle porte je souhaite rentrer dans la vie professionnelle et quelles compétences je peux développer durant mes études pour ensuite pouvoir évoluer, changer d’environnement, voire me reconvertir.

Enfin, se décider pour telle ou telle filière ne se fait ni sur un coup de tête ni dans la précipitation. Le meilleur moyen pour envisager sereinement les hypothèses d’études est d’une part d’anticiper la réflexion au maximum mais également de pouvoir le plus largement possible échanger avec des professionnels du ou des secteurs envisagés. Rien ne vaut le partage d’expérience, rien n’est plus précieux que le fait de croiser divers témoignages pour se faire une idée plus précise de l’univers qui nous attend !

Comment différencies-tu tes réponses selon que le jeune est chrétien ou non ?

A priori je ne sais pas si le jeune avec qui je travaille est chrétien ou non. Je ne fais donc aucune différence dans ma manière de présenter les choses. En revanche, c’est toujours une immense joie de pouvoir accompagner un jeune chrétien car indiscutablement, la dimension spirituelle est la plus belle de toutes les réponses aux craintes qui habitent parfois les étudiants. Quand précisément un jeune anticipe, quand il se donne les moyens d’une réflexion sérieuse sur son avenir, quand il centralise tous ses atouts pour nourrir son projet et qu’au bout du compte il peut dire :« Seigneur, je t’ai proposé, maintenant, tu peux disposer », c’est magique ! Je partage souvent avec mes étudiants ma propre expérience d’étudiante où j’ai senti dans chaque étape significative la main de Dieu qui ouvrait juste la bonne porte au bon moment. C’est tellement bon à vivre que j’encourage mes étudiants à se laisser ainsi paisiblement guider. Et puis il y a la force de la prière. Pouvoir encourager un étudiant en lui disant que je prie pour lui lorsqu’il passe un examen, un concours, un entretien et recevoir quelques semaines plus tard un sms qui me fait part d’une bonne nouvelle, cela me donne des ailes pour continuer ce métier passionnant ! Parfois, les portes ne s’ouvrent pas immédiatement et il y a des obstacles à franchir. Et même si l’étudiant n’est pas croyant, j’essaye de partager avec lui ma sérénité, l’aider à être patient et à ne rien lâcher.

 

 


Les recruteurs et les DRH sont actuellement confrontés à une nouvelle difficulté : comment fidéliser dans l’entreprise les employés des générations Y et Z[1]. Les raisons sont multiples : changement des formes du travail, traumatismes après avoir vu leurs parents maltraités dans l’entreprise, individualisme, perte de l’esprit de sacrifice, vision à court terme en lien avec celle de la finance actuelle et de l’évolution générale de la société (ère du jetable)…

Pour beaucoup, le zapping est devenu la référence de fonctionnement : fini la fidélité à vie à une marque de voiture, à un jeu radiophonique tous les midis, au journal télévisé de tel présentateur. L’offre est pléthorique, les opportunités à saisir immenses. La vie est trop courte pour s’ennuyer, la souffrance est à bannir.

On comprend bien alors que cette vision puisse créer un problème quant à la considération des principes du mariage selon Dieu.

Heureusement, beaucoup de jeunes chrétiens n’adhèrent pas à cette vision du monde, et reconnaissent les bien-fondés des enseignements divins. Cependant, le pessimisme ambiant, les mauvais exemples ou les échecs autour d’eux ne sont pas sans effet sur leur approche du mariage.

Les formations ou préparations au mariage, bien que très utiles, voire indispensables, ne suffisent pas non plus à les rassurer. À une époque où le « tout intuitif » est la règle, ces formations ne semblent que démontrer que le mariage est un vieux système où l’apprentissage nécessaire est laborieux.

Alors quel message pouvons-nous transmettre, nous qui sommes convaincus que le mariage chrétien est toujours d’actualité ?

  • D’abord, être honnête : il serait ridicule de vouloir cacher les évidences : les relations humaines sont difficiles, et plus on est proche, plus les blessures risquent d’être douloureuses. Si le mariage est source de très grandes bénédictions, il peut être aussi lieu d’affliction (1 Cor 7.28).
  • Reconnaître que, dans nos couples, la bonne volonté, les bonnes intentions, les promesses mutuelles ne suffisent pas, et que seule la grâce souveraine de Dieu peut nous garder et nous soutenir.
  • Rappeler que le mariage est projet créationnel de Dieu (avant la chute), et qu’ainsi il dépasse toutes les époques, modes ou habitudes.
  • Nous rappeler que Dieu a caché dans le mariage humain, la révélation du mystère de la relation de Christ et l’Église.

Pour bâtir un mariage solide et source de bénédictions, faisons par la foi confiance à Dieu et à son plan d’amour pour chacun de nous, ayons la volonté de lui obéir dans nos comportements mutuels, comptons sur la certitude de sa promesse : « Je suis avec vous tous les jours » (Mat 28.20).

Restent les modalités d’application : à l’heure de l’obsolescence programmée, du tout jetable, de l’intuitif, de la dictature du ressenti et des émotions, soyons « vintage » :

  • Le mariage est prévu par le Créateur pour durer toute la vie !
  • Les sentiments ne se commandent pas, mais ils sont issus de nos pensées qui, elles, nous appartiennent. Dirigeons nos pensées, nos sentiments suivront.
  • Une relation, ça se brise, mais ça se répare — quelques fois tout seul, d’autres fois avec l’aide de spécialistes (nous allons bien chez le médecin, le dentiste, l’opticien, le mécano, le plombier…). N’hésitons pas à chercher de l’aide si le besoin s’en fait sentir auprès de personnes qualifiées.
  • Un métier s’apprend, parfois sur toute une vie, une passion s’entretient par des stages ou des rencontres, la pratique d’un sport ou d’un hobby peut nécessiter des formations ou des exercices… La vie conjugale n’échappe pas à la règle : lectures, échanges, rencontres, partages, enseignements sont indispensables à une pratique optimisée ! Si nous croyons que c’est un don de Dieu, ne doutons pas qu’il soit bon et complet et ne nous contentons pas du minimum vital.

Le mariage ne sera durable qu’avec le plein accord et l’entière volonté des deux d’aller dans le même sens (importance du projet commun), et le sûr appui de notre Père céleste.

[1] La génération Y désigne en Occident les personnes nées entre 1980 et 2000 et la génération Z celle née après l’an 2000.


En Suisse, le nombre de ménages d’une seule personne était de 8,5 % en 1930. En 2013, cette proportion atteignait 36 % et l’Office fédéral de la statistique prévoit qu’en 2030 la barre des 40 % sera dépassée ! Le célibat concerne donc un nombre croissant de personnes et ce, pour différentes raisons. Dans cet article, nous traiterons plus particulièrement du célibat des jeunes.

  1. Qu’est-ce que le bonheur selon la Bible ?

Avant de s’arrêter sur le célibat, j’aimerais que nous nous arrêtions sur la question du bonheur. En effet, nous devons avoir une vision biblique du bonheur et non une vision influencée par la société. Hier, de nombreux livres contenaient cette phrase : « Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. » Le bonheur semblait ainsi dépendre de la possibilité de se marier et d’avoir des enfants. Aujourd’hui, la société renvoie une image similaire du bonheur : « Sois libre mais en couple ! Aie une belle voiture, une belle maison, de belles vacances… Et ne fais pas trop d’enfants, c’est encombrant et ça coûte cher… » Être en couple, sans trop d’enfants, semble être l’image actuelle du bonheur que nous renvoie la société occidentale.

Asaph nous dit : « Et sur la terre je ne prends plaisir qu’en toi » et :« Pour moi, m’approcher de Dieu c’est mon bien » (Ps 73.25,28). Le catéchisme de Westminster rappelle que : « Le but principal de la vie de l’homme est de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel. » Célibataire ou non, n’oublions jamais où se trouve la source du vrai bonheur : en Dieu, et en Dieu seul et pas dans notre état marital !

  1. Le célibat : un don ?

Le célibat comme le mariage est un don. « Horreur, aurais-je reçu ce don ? » me suis-je souvent demandé comme célibataire. Laissons répondre John Stott[1] : « Le don du célibat est davantage une vocation qu’un revêtement d’une force surnaturelle pour accepter cette condition, même si évidemment Dieu est fidèle pour soutenir ceux qu’il appelle. Si Dieu nous appelle au célibat, cette condition devient un don que nous recevons de sa main. » En 1 Corinthiens 7.6-11, Paul déclare aux célibataires et aux personnes mariées qu’ils doivent reconnaître les deux états comme des dons de Dieu, qu’il faut estimer et aimer de la même manière. Citons à nouveau John Stott : « Que nous soyons seuls ou mariés, acceptons cette situation comme un don spécial de la grâce de Dieu pour nous. » Le but est que le célibataire réussisse sa vie de célibataire et que les personnes mariées réussissent leur mariage. Dans chacun des deux états, le contentement est très important, car l’un et l’autre peuvent être éphémères.

Laissons conclure Elisabeth Elliot[2] qui a vécu le célibat, trois mariages et s’est retrouvée veuve deux fois : « Après avoir vécu seule pendant plus de quarante et un ans, j’ai appris que cette situation est un véritable don. Non pas un don que j’aurais choisi… Mais rappelle-toi ceci : nous ne choisissons pas les dons ! Ils nous sont accordés par un donateur divin… C’est au sein des circonstances qu’il choisit pour nous, célibat, mariage, veuvage, que nous le recevons. C’est là et nulle part ailleurs qu’il se fait connaître à nous. C’est là qu’il permet de le servir. »

  1. Les avantages du célibat

Incontestablement, le célibat comporte divers avantages : la liberté, la disponibilité et la consécration notamment. Les célibataires ne sont pas tentés de se considérer d’abord comme maris, épouses ou parents ; ils se définissent avant tout comme disciples de Jésus-Christ. Cette liberté, bien utilisée, permet de se former à la fois professionnellement et pour un ministère, et de participer à divers services.

Le célibat permet également de faire le point pas à pas sur les difficultés du passé sous le patronage du grand Berger et de prendre le temps de résoudre des problèmes passés.

De plus, le célibat offre beaucoup de disponibilité pour Dieu, pour soi et pour les autres. Le célibat m’a permis de consacrer beaucoup de temps à servir Dieu : « Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur » (1 Cor 7.32).

  1. Les défis du célibat

La vie de célibataire comporte de nombreux défis ; j’en propose huit.

  • Le premier est de réaliser la valeur de sa propre personne et de se considérer comme une personne complète. Je dois rejeter la pensée : personne ne s’intéresse à moi.
  • Le deuxième défi est de refuser l’égocentrisme : tout ne doit pas tourner autour de ma petite personne.
  • Le troisième défi : ne pas rester dans une attente perpétuelle en vivant avec la pensée que le célibat est une phase transitoire, et que la vie ne commencera qu’au moment du mariage.
  • Le quatrième défi est de ne pas se morfondre dans la solitude : qu’est-ce qui empêche un/e célibataire d’inviter du monde à la maison ou de proposer une sortie à des amis ?
  • Le cinquième défi est de faire face aux pressions sociales ; la société renvoie une image tellement romantique du couple et fait de facto des célibataires des gens à part. Il peut également y avoir des pressions familiales à propos des qualités d’un conjoint, sans compter celles de l’église.
  • Le sixième défi est de vivre dans le contentement : il n’y a rien de mal à vouloir se marier et considérer le mariage comme une possibilité future, mais il n’est pas sain de construire une vie sur des événements hypothétiques. Préparons l’avenir tout en vivant pleinement le moment présent !
  • Le septième défi est de vivre la pureté sexuelle. Pour John Stott, « le désir sexuel peut être très fort et il est même exacerbé par les pressions d’une société occidentale obnubilée par le sexe. Pourtant en tant que chrétien, nous affirmons que la maîtrise de soi est possible ! Soyons impitoyables vis-à-vis de nous-mêmes dès qu’il s’agit de péché. C’est ce que le N.T. appelle la mortification. »
  • Enfin, le huitième et dernier défi est de vivre sans engagement excessif. Sachons garder de petites plages de respiration pour faire une activité que nous apprécions ou pour être en communion avec Dieu, sans être dérangés !
  1. Vivre le célibat

De nombreux personnages bibliques célibataires ont eu une influence importante dans l’histoire de la foi, à commencer par le plus grand de tous, celui que nous adorons car il est le parfait Fils de Dieu : Jésus-Christ ! Sans conteste, le célibat est une occasion unique pour grandir dans la communion avec Dieu et le servir, participer intensément à la vie de l’église et profiter des avantages du célibat, en particulier la liberté et la disponibilité.

Laissons Albert Hsu[3] conclure : « Si au lieu de présenter le célibat comme un engagement à vie, nous le présentons comme une préférence momentanée, nous verrons des effets positifs sur la société. Les gens qui se marient seront plus matures, se correspondront mieux, seront plus expérimentés, mieux formés, moins pressés de se marier, mieux préparés à leur rôle

[1]John Stott (1921-2011), théologien, évangéliste, essayiste, auteur évangélique prolifique et célibataire. Les citations de John Stott tout au long de cet article viennent d’une interview réalisée par Albert Hsu que l’on retrouve dans son livre, Hors-norme ?, Éditions Farel,Marne-la-Vallée, 2001.

[2]Elisabeth Elliot, Je suis femme… et heureuse de l’être !, Éditions Vida, Nîmes, 2000.

[3]Albert Hsu,Hors-norme ?, Éditions Farel, Marne-la-Vallée, 2001.


On entend souvent : « Quand on veut, on peut ! » Mais est-ce toujours vrai ? Notre volonté nous suffit-elle pour agir, et particulièrement quand on veut agir pour la gloire de Dieu ?
Quel rôle notre volonté joue-t-elle pour être sauvé ? Et dans notre vie chrétienne ?
Notre volonté naturelle est-elle toujours en phase avec la volonté de Dieu ?
Et que faire si nous manquons de volonté ?
Autant de questions que nous pouvons nous poser à juste titre, et auxquelles nous allons tenter d’apporter un début de réponse.[1]

Le salut et notre volonté

Personne ne peut être sauvé par les efforts de sa volonté. « Car personne ne sera justifié devant [Dieu] par les œuvres de la loi. » (Rom 3.20) C’est Dieu qui a pris l’initiative de nous sauver. « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. » (Rom 3.23-24) C’est Dieu aussi qui « veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tim 2.4).

Et pourtant, pour être sauvé, notre volonté doit intervenir positivement. Le salut nous est offert gratuitement, mais à nous de l’accepter. Au malade de Bethesda qui attendait depuis si longtemps sa guérison, Jésus demande : « Veux-tu être guéri ? » (Jean 5.6) Cette parole est en quelque sorte adressée à tous les hommes, qui tous sont atteints par la maladie du péché. En réponse, Dieu nous demande d’exprimer le désir, c’est-à-dire la volonté, d’être guéri de cette maladie qui est synonyme de mort spirituelle.

A contrario, Dieu laisse les hommes libres de refuser cette offre de salut en Jésus-Christ ; chacun a la liberté de dire : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous. » (Luc 19.14)

La volonté et notre sanctification

Après avoir faits de nous ses enfants, à quoi nous appelle Dieu ? À devenir toujours plus saints (1 Pi 1.16) ! C’est ce qu’on appelle le processus de sanctification. On pourrait imaginer que cette évolution positive de notre être intérieur se fasse sans effort, sous l’effet de l’action du Saint-Esprit en nous.

Mais il suffit de lire les Épîtres, qui regorgent d’impératifs, pour nous persuader du contraire. Si Paul ou Pierre, en écrivant aux chrétiens du 1er siècle, leur disaient : « Renoncez à la colère », « Ne vous mentez pas l’un à l’autre », « Poursuivez l’amour », « Persévérez dans la prière », etc., c’est bien qu’ils leur demandaient (et donc à nous à leur suite), d’être actifs.

Car, tout au long de la révélation biblique, nous trouvons ces deux aspects (dans cet ordre : justification puis sanctification) :

– ce que Dieu nous donne gratuitement, par grâce — que nous pouvons relier à notre position en Christ (par exemple, « nous sommes saints »),

– ce que Dieu attend de nous (« soyez saints ! »).

Ce passage de la 2e Épître de Pierre illustre bien ce paradoxe :

– « Sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété » (2 Pi 1.3).

– « Faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, etc. » (v.5-7)

Cela nous montre bien que Dieu fait appel à notre volonté pour faire fructifier ce qu’il nous a donné. Il nous demande de « joindre à notre foi », avec « tous nos efforts » :
– la vertu,
– la connaissance,
– la maîtrise de soi,
– la patience,
– la piété,
– l’amitié fraternelle,
– l’amour.

C’est donc avec effort — c’est-à-dire avec notre volonté — que nous posséderons et manifesterons ces sept qualités[2].Et dans quel but ? De toujours mieux connaître notre Seigneur Jésus-Christ ! (v.8)

Dieu valorise donc notre volonté ; il y fait appel pour notre salut comme pour notre sanctification.

Des volontés qui s’opposent ?

Lorsque nous sommes sauvés, notre désir est ­— ou devrait être — de faire la volonté de Dieu. Mais alors, quelle place va tenir notre volonté naturelle, humaine, dans notre vie ? Notre volonté propre va-t-elle toujours s’opposer à la volonté de Dieu ?

Tout d’abord, rappelons qu’en tant qu’enfants de Dieu, nous devons soumettre notre volonté à la sienne. Plus nous apprendrons à découvrir Dieu, notamment à travers la lecture de sa Parole, mieux nous connaîtrons sa volonté — et donc plus notre volonté naturelle se mettra en phase avec celle de Dieu, puisque notre désir sera de « lui plaire à tous égards » (Col 1.10, Darby).

Il semble que tous les humains ne soient pas « égaux en volonté ». On dit de certaines personnes qu’elles sont très volontaires ; d’autres qu’elles sont velléitaires, c’est-à-dire qu’elles ont bien des projets mais pas toujours la volonté pour les mettre en action. D’autres connaissent souvent le doute devant les décisions qu’elles doivent prendre.

Ainsi, si nous sommes dotés d’une forte volonté naturelle, Dieu pourra tout à fait s’en servir pour mettre cette volonté à son service, de même qu’il utilise nos capacités naturelles.

Mais malheureusement cette volonté « humaine » peut parfois être un obstacle à notre vie avec Dieu quand elle reste « charnelle » et nous pousse à agir sans nous laisser conduire par l’Esprit saint.

Alors laissons l’Esprit agir en nous pour savoir :
– parfois prendre des décisions rapides et efficaces,
– parfois réfréner nos envies d’actions pour être sûrs de rester dans la volonté de Dieu.

Parfois, un excès d’assurance peut nous faire compter sur notre volonté naturelle qui, finalement, nous fera défaut. Pensons à Pierre qui, d’un ton péremptoire, dit au Seigneur : « Seigneur, je suis prêt à aller avec toi et en prison et à la mort » (Luc 22.33)… pour le renier quelques heures plus tard et pleurer amèrement (cf. v. 55-62).

Progresser en volonté ?

Mais si Dieu nous demande d’avoir de la volonté dans notre vie chrétienne et que nous en manquons naturellement, nous demande-t-il l’impossible ? Jamais ! Car « c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Phil 2.13) ; c’est-à-dire qu’il agit lui-même, par son Esprit, sur notre volonté, pour nous transformer — et ainsi, de velléitaires que nous étions, nous devenons des « actifs » pour lui. Gloire lui en soit rendue !

C’est le même processus, miraculeux, que lorsque nous reconnaissons notre faiblesse naturelle et que Dieu nous rend forts (cf.2 Cor 12.9).

L’exemple de Timothée nous encourage à ce sujet. Connaissant son caractère un peu « faible », timide (comme semblent le décrire les Actes des Apôtres et les Épîtres qui lui sont adressées), Paul doit l’ « exhorter à ranimer la flamme du don de Dieu qu’il a reçu » (2 Tim 1.6), en lui expliquant que« ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné » mais qu’ « au contraire, son Esprit nous remplit de force, d’amour et de sagesse. » (v.7), et effectivement, son caractère n’a pas empêché Timothée d’avoir de l’assurance pour servir Dieu.

Par ailleurs, il nous est possible de fortifier notre volonté, en nous adonnant à de petits exercices dans la vie quotidienne, que ce soit des renoncements ou des actions positives. Nous pouvons aussi entraîner nos facultés intellectuelles, comme nos facultés physiques, qui sinon s’étioleront. Enfin, les rapports sociaux sont également l’occasion d’exercer notre volonté, en ne suivant pas automatiquement toutes les modes du moment.

Conclusion

Dieu valorise notre volonté : nous en avons besoin dans les différents domaines de nos vies — même dans l’exercice de nos dons spirituels, que nous sommes appelés à « désirer avec ardeur » (1 Cor 14.1)

Si nous estimons être dotés d’une forte volonté naturelle, apprenons à nous en méfier parfois… pour être sûrs qu’elle s’accorde avec celle de Dieu.

Et si nous pensons en manquer, ne nous décourageons surtout pas car nous pouvons la développer et Dieu peut aussi la stimuler !

Et n’oublions pas : « Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Cor 10.31, NBS)

[1] Cet article s’inspire en partie d’un article d’Alfred Kuen, « Volonté et sanctification », consultable sur le site www.larebellution.com.

[2]Au passage, notons que ces qualités sont tellement « normales » pour un chrétien que Pierre est très sévère envers ceux qui ne les possèdent pas (cf. v.9).


L’automne dernier, c’est arrivé. Toutes mes peurs, mes prières, mes espoirs et mes recherches se sont achevés. J’ai eu mon premier travail. C’était un moment mémorable. Un premier emploi l’est toujours. Demande à n’importe quel adulte comment il a eu son premier travail et il te sourira avant de te raconter des douzaines d’anecdotes à ce propos. Quand j’y repense, il y a douze choses que j’ai apprises à propos de la recherche d’un travail (que ce soit le premier ou un suivant) en tant que jeune.

  1. Ne le fais pas pour de l’argent

Bien sûr, tu as besoin de cet emploi pour l’argent et c’est normal. Mais ne laisse pas l’argent être ton objectif ou tu passeras à côté d’expériences qui seront potentiellement enrichissantes et inespérées.

Au lieu de te demander où tu vas gagner le plus d’argent, demande-toi : « Est-ce ici que Dieu m’appelle à travailler avec diligence et à le servir ? »

  1. Reste ferme sur tes convictions

Il y a beaucoup d’entreprises que j’ai ignorées parce que je n’étais pas d’accord avec les produits qu’elles proposaient. Par exemple, elles promouvaient des organisations ou des objets qui heurtaient mes convictions. Ne compromets pas tes valeurs ou principes.

Aucun salaire ne vaut la peine de sacrifier tes convictions.

  1. Parle avec tes parents

Si c’est ton premier emploi et que tu vis encore chez tes parents, communique avec eux. Ma mère m’a conduit à mon premier entretien d’embauche. Elle m’a aidé à faire mon CV. Nous avons prié avec mon père. Ils savaient exactement où j’en étais dans mes recherches d’emploi, ce que je ressentais et comment me conseiller.

  1. Sors des sentiers battus

Regarde les petites annonces et les offres d’emploi mais n’aie pas peur d’envoyer aussi un CV à ceux qui ne cherchent pas explicitement à engager du personnel. C’est ce que j’ai fait, et mon initiative m’a permis de décrocher un entretien d’embauche et plus tard l’emploi en question. L’assistante de direction était très surprise : « Comment as-tu su que nous cherchions quelqu’un ? », m’a-t-elle demandé. Je lui ai répondu de façon très innocente : « Je ne le savais pas. » Je savais seulement que je voulais travailler avec eux.

  1. Poursuis l’impossible

N’aie pas peur d’aller chercher l’emploi que tu désires, même si tu sembles ne pas être qualifié pour celui-ci. Même si cet emploi te semble inaccessible. Même si l’on se moque de toi. Même si au final tu ne l’obtiens pas. Les jeunes peuvent faire des choses incroyables et inexpliquées. Nous pouvons prendre des responsabilités, exercer des emplois difficiles, excitants et importants. Toi comme moi, nous le savons. Donc postule à l’emploi que tu désires.

  1. Sois créatif à propos de tes expériences

J’avais le sentiment que mon CV était un peu nul. Je n’avais aucune expérience professionnelle mais j’avais beaucoup d’expérience en tant que bénévole. J’avais aidé à l’école du dimanche de mon église, j’avais fait du tutorat à la bibliothèque et j’avais été bénévole dans une troupe de théâtre.

Tu n’as peut-être pas d’expérience dans le monde du travail mais tu en as par ailleurs. Mets cette expérience en avant dans ton CV, tout en étant honnête. L’intégrité est très importante au moment de chercher un emploi.

  1. Informe-toi

J’ai eu le privilège d’avoir un conseiller d’orientation dans mon église. Dès que j’ai commencé mes recherches, je l’ai invité à prendre un thé pour discuter du sujet. Avec la richesse de son expérience, elle m’a donné des conseils pour mon CV, m’a dit comment me comporter lors de l’entretien et m’a donné des astuces en général à propos du monde du travail.

Il se peut que tu n’aies pas accès à un conseiller d’orientation mais tu peux parler à des gens qui travaillent. Demande à ces personnes si tu peux voir leurs CV. Demande-leur des conseils pour les entretiens. Tu peux également chercher sur internet. Il est vrai qu’on y trouve des conseils totalement à côté de la plaque mais il y a aussi de bonnes informations et des astuces pour les entretiens d’embauche.

Informe-toi sur ta recherche d’emploi.

  1. N’idolâtre pas ta recherche

Ne laisse pas cette recherche d’emploi devenir une fin en soi. Ne la laisse pas te dévorer. La tentation est de prendre quelque chose de bien et d’en faire quelque chose qui devienne un péché.

Rappelle-toi que ta priorité dans ces recherches est de glorifier Dieu. L’une des citations les plus souvent utilisées par Paul prend ici tout son sens : « Ainsi, que vous mangiez, que vous buviez, quoi que ce soit que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10.31).

  1. Refuse un emploi qui va t’éloigner de l’église

Depuis que j’ai un emploi avec des horaires qui changent chaque semaine, je dois être très flexible par rapport à mes disponibilités — et je le suis, mais pas quand il s’agit du dimanche. Quand j’ai été recrutée, j’ai été très honnête avec mon manager : je ne peux pas travailler les dimanches et les mercredis soirs (je ne voulais pas non plus abandonner le groupe d’étude de la Bible). Même si je voulais cet emploi, l’église passait d’abord.

L’église est l’élément vital du chrétien. Nous avons besoin d’être en relation avec notre communauté. J’ai vu les effets sur les relations de certains jeunes de mon église lorsqu’ils ont trouvé un emploi le dimanche. Ils sont dévastateurs. Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’exceptions, mais, si tu as le choix, ne prends pas un emploi qui va t’éloigner de l’église.

  1. Exerce ta patience

Sauf cas exceptionnel, la plupart des recherches d’emploi sont longues. J’ai eu mon premier emploi quelques semaines après avoir commencé mes recherches : ç’a été rapide. Je connais une personne de mon âge qui cherche un emploi depuis plus d’un an.

Cultive la patience pendant ta recherche. L’impatience engendrera imprudence et précipitation. Tu ne veux pas prendre n’importe quel emploi où tu pourrais être embauché. Être patient te permet de comparer les différentes options et considérer celle qui sera la meilleure pour toi, même si tu dois attendre.

  1. Pense à ton avenir spirituel

Je te promets que cette vision utopique que tu as de ton futur travail va s’estomper. L’euphorie que tu ressens quand tu commences un nouveau travail disparaît avec le temps. Pour cela, il est très important que tu te projettes dans l’avenir.

Pose-toi ces questions : L’environnement de ce travail favorise-t-il la sainteté ? Mes collègues seront-ils une occasion de chute pour moi ? S’agit-il d’un milieu où les gens sont unis ou en discorde ? Ce travail sera-t-il bénéfique pour moi ou me détruira-t-il ?

  1. Fais confiance à Dieu

Tu peux penser que ce dernier point est de trop mais il s’agit de la pensée la plus importante qui doit diriger ta recherche. Dieu contrôle tout. Ses pensées sont au-dessus des nôtres. Il a déjà planifié notre avenir. Aie confiance en lui pour ta recherche d’emploi. Fais-lui confiance s’il te donne un travail. Fais-lui confiance s’il ne t’en donne pas. Fais-lui confiance car il vaut tellement mieux que n’importe quel travail.

Fais-lui confiance car il est en train d’augmenter ta confiance en lui, qu’il s’agisse de te donner un emploi ou de te tenir à l’écart d’un travail qui ne serait pas pour toi.


Abraham occupe dans la Bible une place de choix : dépositaire de promesses inconditionnelles de Dieu, chef de la lignée à l’origine du peuple d’Israël, héros de la foi. Dans la liste des hommes et femmes de foi en Hébreux 11, l’expression « par la foi » introduit quatre rappels que Dieu se plaît à faire de la vie d’Abraham et de Sara. En mettant en parallèle les textes historiques de la Genèse et les réminiscences de l’Épître aux Hébreux, nous verrons que, dans ces quatre occasions, Abraham a compris, par la foi, qu’il devait laisser quelque chose pour son Dieu et que cet abandon était paradoxalement la meilleure façon de préparer son avenir. Et sa foi va même plus loin, jusqu’à entrevoir son avenir éternel.

  1. Par la foi, Abraham… laisse son pays et sa parenté

« C’est par la foi qu’Abraham, lors de sa vocation, obéit et partit pour un lieu qu’il devait recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait. » (Hébreux 11.8)

Dieu avait appelé Abraham alors qu’il vivait à Ur, en Chaldée, au milieu d’une civilisation brillante et évoluée : « Quitte ton pays et ta famille, et va dans le pays que je te montrerai. » (Act 7.3) Abraham obéit… mais en partie seulement. C’est son père qui prend l’initiative du voyage et qui part avec Abraham, sa femme et Lot, l’un de ses petits-fils (Gen 11.31). Abraham laisse bien son pays, mais pas sa parenté.

Le point de départ de notre vie de foi est toujours le même : quitter notre « pays », c’est-à-dire laisser moralement derrière nous le monde dans lequel nous avons vécu jusque-là pour aller vers l’inconnu, en suivant l’appel de Dieu. Pour certains, cet abandon peut coûter cher : les avantages matériels et intellectuels d’Ur étaient incomparablement plus grands que la vie précaire d’un nomade. Se décider pour Dieu, c’est donc faire le choix de partir pour un pays inconnu ; mais parce que c’est Dieu, le « Dieu de gloire », qui nous y appelle, nous y allons.

La famille d’Abraham ne va pas jusqu’au pays promis, mais elle s’arrête à Charan, à mi-chemin entre Ur et Canaan, jusqu’à la mort du père. Alors Dieu dit à Abraham, non plus : « Viens », mais : « Va-t’en » (Gen 12.1) ! Pour pouvoir progresser sur le chemin de la foi, Abraham doit aussi laisser sa parenté.

Pour ceux d’entre nous qui ont eu des parents chrétiens, et donc une enfance protégée, il est souvent moins difficile de laisser notre « pays » ; mais nous avons aussi à apprendre un jour à ne plus compter sur nos parents pour avancer sur le chemin de la foi. Il nous faut devenir autonomes et avoir désormais une relation directe avec Dieu. Par exemple, notre lecture de la Bible devient personnelle et ne se limite plus à la lecture en famille ou aux réunions. Nous laissons le confort d’appuis familiaux qui nous ont été très utiles pendant un moment, pour aller seuls vers l’inconnu. Mais comme pour Abraham, une riche bénédiction nous attend.

  1. Par la foi, Abraham… laisse les richesses

«C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes […]. Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. » (Hébreux 11.9-10)

Abraham est parti d’une des plus riches cités de l’époque pour devenir nomade. Après une fâcheuse expérience en Égypte, voilà Abraham devenu très riche. Comme souvent lorsque vient l’abondance, les difficultés arrivent : ses bergers et ceux de son neveu Lot se disputent. Abraham a une sage réaction et propose à Lot qu’ils se séparent. Contrairement à l’ordre normal, c’est lui, l’aîné, qui laisse le plus jeune choisir. Notons bien qu’Abraham n’a pas choisi la montagne ; il laisse Dieu choisir pour lui, sans craindre de se retrouver dans la plaine. Il est libre face au choix de son neveu (Gen 13.9). Le drame pour Lot n’est pas de choisir la plaine mais vient du motif de son choix : il regarde à l’apparence matérielle (la plaine est bien arrosée) plutôt qu’à la portée spirituelle de son acte (il va aller vivre à proximité de « grands pécheurs contre l’Éternel »).

Plus tard, alors que le patriarche demeure toujours dans des tentes, Lot habite à Sodome, où il est pris dans les agitations politiques du moment (Gen 14.12). Abraham le délivre et se voit offrir à nouveau des richesses par le roi de Sodome. Va-t-il, lui aussi, succomber, cette fois-ci ? Non, il reste à la fois ferme (il refuse tout butin) et juste (il réclame une part pour ses compagnons de bataille). Derrière les questions matérielles, il discerne un enjeu spirituel. C’est alors que Dieu se présente devant lui comme sa richesse suprême : « Je suis ta très grande récompense. » (Gen 15.1, Darby)

Lorsque nos biens matériels sont en jeu, que ce soit par rapport à d’autres frères dans la foi (Gen 13), ou à des incrédules (Gen 14), savons-nous montrer le même désintéressement, la même fermeté, la même liberté qu’Abraham pour laisser le choix à Dieu ? Ou bien notre vision spirituelle est-elle appesantie par notre attachement excessif aux choses matérielles ou par la peur de manquer dans le futur ? Ne nous leurrons pas : si notre échelle des valeurs personnelle ne nous fait pas d’abord considérer Dieu et les « insondables richesses » qu’il nous donne en Christ comme nos seuls biens « meilleurs et qui durent toujours » (Héb 10.34), nous risquons de manquer de foi au moment de prendre une décision. Abraham attendait la cité céleste ; c’est pourquoi il pouvait facilement laisser les richesses terrestres. Est-ce notre cas ?

  1. Par la foi, Abraham… laisse sa femme libre

«C’est par la foi que Sara elle-même, malgré son âge avancé, fut rendue capable d’avoir une postérité, parce qu’elle crut à la fidélité de celui qui avait fait la promesse. » (Hébreux 11.11)

Une nouvelle étape s’ouvre dans la vie du patriarche : Dieu scelle avec lui son alliance par le signe de la circoncision. De plus, il change son nom : Abram (père élevé) devient Abraham (père d’une multitude). Il ajoute ensuite : «Tu ne donneras plus à Saraï, ta femme, le nom de Saraï; mais son nom sera Sara. » (Gen 17.15) Certains traducteurs font remarquer que l’infime différence d’orthographe entre ces deux noms est riche de sens : Saraï (ma princesse) devient Sara (princesse).

Jusque-là, Abraham considérait sa femme comme sa possession. Certes, il l’estimait et la trouvait très belle (Gen 12.11), mais au même moment il n’hésitait pas à la prostituer auprès du Pharaon pour assurer sa propre sécurité (Gen 12.19) ! Aussi n’est-ce pas directement à Sara, mais à son mari que Dieu annonce ce second changement de nom. C’est Abraham qui a besoin de voir sa femme sous un nouveau jour : non, elle n’est pas qu’à lui ; elle a une valeur personnelle pour Dieu et une autonomie quant à sa vie de foi, elle aussi.

Le Nouveau Testament se fait l’écho de ce changement et cite deux traits remarquables de cette femme : sa foi (le verset cité en en-tête) et sa soumission (1 Pi 3.6). En comparant le récit de la Genèse avec ce témoignage de l’Épître aux Hébreux, on est peut-être un peu surpris, car Sara semble avoir montré davantage d’incrédulité que de foi (Gen 18.12-15). Mais Dieu a œuvré dans son cœur et lui a donné la force, à près de cent ans, de mener à terme une grossesse : quelle prouesse ! Son rire d’incrédulité s’est changé en un rire de joie qu’elle veut faire partager (Gen 21.6). Illuminée par sa maternité, c’est elle qui y verra clair pour chasser Ismaël (Gen 21.12).

Ces récits nous parlent, maris chrétiens : comment considérons-nous notre femme ? comme notre possession ? comme quelqu’un dont la vie spirituelle dépend nécessairement de la nôtre ? Ou bien lui laissons-nous son autonomie de chrétienne à part entière, dont le discernement est parfois bien meilleur que le nôtre ? Abraham a dû attendre des décennies de vie commune avant de recevoir cette leçon ; essayons de la comprendre à notre tour et préparons-nous ainsi une suite de vie de couple enrichie.

  1. Par la foi, Abraham… laisse son fils

« C’est par la foi qu’Abraham offrit Isaac, lorsqu’il fut mis à l’épreuve, et qu’il offrit son fils unique, lui qui avait reçu les promesses, et à qui il avait été dit : En Isaac, tu auras une postérité appelée de ton nom. Il pensait que Dieu est puissant, même pour ressusciter les morts ; aussi, il retrouva son fils, ce qui est une préfiguration. » (Hébreux 11.17-19)

Un jour, la voix divine, familière, se fait entendre à Abraham avec un message surprenant : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste. » (Gen 22.2) Nous laisserons de côté la portée symbolique de ce récit, qui préfigure de façon si saisissante le sacrifice du Fils de Dieu, pour nous intéresser aux relations entre Abraham et Isaac. On peut s’étonner que Dieu ne désigne pas d’abord Isaac par son nom ; au contraire, il met en avant la relation d’Abraham avec lui : « ton », « ton », « tu » : Dieu lui demande d’offrir ce qu’il a de plus précieux. Quant au « va-t’en », ne lui en rappelle-t-il pas un autre, environ 40 ans avant (Gen 12.1) ? De la même manière qu’Abraham, au début, avait dû laisser sa parenté, il doit maintenant laisser son fils.

La foi d’Abraham atteint ici son point culminant : sans hésiter, il obéit. Nous connaissons bien sûr l’issue de cet épisode, mais Abraham, lui, ne la connaissait pas ! Il est persuadé que Dieu le conduira jusqu’au bout, et c’est la perspective de la résurrection possible de ce fils de la promesse qui le soutient dans cette épreuve. Et c’est seul qu’il revient vers ses serviteurs (Gen 22.19). Son fils est devenu autonome.

Notre foi est-elle assez forte pour, le moment venu, laisser nos enfants devenir autonomes ? Comptons-nous sur la puissance de Dieu qui peut les garder dans le futur bien mieux que nous le ferions et tout autant qu’il nous a gardés nous-mêmes ? Ne cherchons pas à faire dépendre leur avenir de nous, mais laissons-les aller vers l’autonomie, même si cette séparation nous coûte forcément.

  1. Par la foi, Abraham a entrevu son avenir éternel

Les promesses de Dieu à Abraham tournaient autour 1° d’un pays promis à sa descendance, la terre de Canaan qui deviendra le pays d’Israël et 2° d’un héritier promis, son fils Isaac. Mais la foi d’Abraham lui a permis d’entrevoir un avenir qui allait bien au-delà d’un territoire physique et d’une descendance immédiate.

Loin de se limiter à la perspective de voir ses descendants posséder la terre où il avait planté sa tente (Gen 13.15), il attendait une patrie céleste, « la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur » (Héb 11.10,14,16). Il se considérait comme « étranger et voyageur sur la terre », un pèlerin dont la destinée allait bien au-delà du tangible, vers l’invisible, vers la cité préparée, vers Dieu lui-même. Ses descendants physiques, qui se disputent tant le territoire où Abraham a vécu, devraient reconsidérer la perspective qui fut celle de leur ancêtre.

De même, la promesse d’un fils tant attendu s’élargissait pour Abraham à une seule descendance, en qui se réaliseraient les promesses de bénédiction universelle que Dieu lui avait faites : Christ (Gal 3.16). Jésus a affirmé à des Juifs, si fiers d’être des enfants d’Abraham : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour : il l’a vu, et il s’est réjoui. » (Jean 8.56) Même si les modalités de cette perception anticipée de la venue de l’Héritier des promesses nous échappent, le témoignage même du Seigneur nous montre que le patriarche avait une foi qui pointait vers un avenir bien plus vaste que celui que les textes de la Genèse suggèrent.

C’est en cela qu’Abraham est le « père des croyants », « l’ami de Dieu » et que « Dieu n’a pas honte d’être appelé » le « Dieu d’Abraham » (Héb 11.16).

Privilégiés par la plénitude de la révélation de Dieu et par la présence intérieure de l’Esprit, nous pouvons, encore mieux qu’Abraham, envisager notre avenir éternel : non pas un endroit où habiter, si beau soit-il, non pas des enfants, si bénie que soit leur présence — mais une cité céleste irradiée de la présence de Dieu et de l’Agneau (Apoc 21). Notre avenir ne pourra jamais se limiter à une vie personnelle riche, à une vie de couple heureuse, à l’éducation réussie de nos enfants ; il va au-delà, jusque dans une éternité où nous attend une joie incomparable. Et cette espérance sera l’aliment de notre vie de foi d’aujourd’hui.


« Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l’un, deux à l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit.
Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans la terre, et cacha l’argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte.
Celui qui avait reçu les cinq talents s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit : Seigneur, tu m’as remis cinq talents ; voici, j’en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.
Celui qui avait reçu les deux talents s’approcha aussi, et il dit : Seigneur, tu m’as remis deux talents; voici, j’en ai gagné deux autres. Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.
Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha ensuite, et il dit : Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné ; j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi. Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné ; il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu 25.14-30)

Ce que Dieu nous confie

Nous en sommes gestionnaires (25.14-15)

Les personnages de la parabole sont assez faciles à identifier :

  • L’homme qui part en voyage, c’est Jésus. Le verset 19 précise qu’il ne revient que « longtemps après », ce qui est effectivement le cas, comme nous le constatons 2’000 ans plus tard !
  • Les serviteurs sont les disciples.
  • Jésus confie des « talents », un mot qui désigne au sens propre un poids, une valeur, et au sens figuré une responsabilité, une capacité. Ici, Jésus parle en termes généraux, sans différencier, comme on le fait souvent, talent naturel et talent spirituel. Nous avons tous reçu de façon différente : certains ont des capacités intellectuelles inhabituelles ; d’autres ont une capacité à l’hospitalité ou à la compassion bien supérieure aux autres ; d’autres encore une communication efficace, etc.
  • Chacun reçoit des poids différents, « selon sa capacité » : il n’y a donc pas de place pour la jalousie. Dieu, dans sa sagesse, confie des « poids » à chacun. Que ce soit un talent naturel, ou qu’il soit complété à la conversion par un talent surnaturel, Dieu ne donnera jamais plus que ce que nous sommes capables d’avoir ! Et nous en sommes gestionnaires : il nous appartient de prendre ce que Dieu nous donne, et de bien l’utiliser.

Nous en sommes responsables (25.16-18)

Face à ce que Dieu nous confie, il n’y a en fait que deux réactions possibles :
– soit je multiplie les talents que j’ai reçus,
– soit je ne veux même pas toucher ce qu’il me donne.

Dieu est favorable à la multiplication des ressources !

  • Avec un cerveau d’enseignant, je peux former 100 personnes, dont 10 deviendront des enseignants eux-mêmes — j’ai multiplié ce que Dieu m’a donné !
  • Avec un cœur gros comme le monde, je peux aider une dizaine de personnes dont deux prendront le virus de la compassion et aideront d’autres à leur tour — j’ai multiplié ce que Dieu m’a donné !

Dieu nous a donné des ressources : du temps, une personnalité, un intellect, des aptitudes. À nous de les faire fructifier. La vie avec Jésus ne doit pas nous laisser sans fruit.

Nous en serons récompensés (25.19-23)

Ceux qui ont mis à profit leur talent pour le Seigneur reçoivent une récompense :

  • D’abord l’approbation de Dieu en personne ! « Bien, bon et fidèle serviteur ». Combien un mot d’encouragement par quelqu’un qui compte pour nous est fort… Imaginez dès lors ce que peuvent représenter les paroles du Créateur de l’univers : « Bien, bon et fidèle serviteur » !
  • Ensuite l’honneur d’un service particulier dans l’éternité : « Tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup. » Remarquez que les deux premiers serviteurs reçoivent la même promesse. Ce qui compte, ce n’est pas le résultat dans l’absolu, mais la fidélité par rapport à ce qui a été confié.
  • Enfin une participation particulière à la joie de Dieu. « Entre dans la joie de ton maître. » Dieu éprouvera éternellement une joie qui sera la source de la nôtre (Hab 3.18-19 ; Soph 3.17 ; Zach 10.7).

Mais pour ceux qui n’en font rien ? (25.24-30)

Jésus complète cette perspective avec la description du sort de l’homme ou de la femme qui ne met pas le service de Jésus en avant…

Le troisième serviteur n’est pas un croyant dans le sens biblique du terme. Sa connaissance de Dieu est totalement faussée. Il le décrit comme un homme dur et un patron injuste et distant. Il se dit motivé par la peur, non par la bonté et l’amour de Dieu. Il enfouit ce qu’il a reçu de Dieu : il considère qu’il n’y a aucun lien entre sa vie et ce que Dieu lui a donné.

Le jugement de Christ est clair :

  • D’abord, il dévoile l’incohérence de sa perspective : si tu avais vraiment une telle vision de moi, tu aurais dû confier ton argent à un banquier. C’est de ton problème que tu m’accuses !
  • Ensuite, il dévoile ce qui se cache derrière son excuse : Tu es « méchant et paresseux ». Il ne s’intéresse pas à Dieu, et son cœur est centré sur lui-même.

Quand on n’a qu’un talent, qu’on est timide et réservé, qu’on ne sait pas trop quoi faire, il suffit de le placer ! McDowell écrit : « Les personnes timides, inaptes à un service intrépide pour le royaume, peuvent faire en sorte que leur incapacité et leurs faiblesses servent malgré tout la cause du Maître et de son Église ; il leur suffit de confier leurs dons et leurs biens à ceux qui ont les aptitudes et la sagacité nécessaires. Tel administrateur peut avoir beaucoup d’argent, ou d’autres dons, qui pourraient servir la cause du royaume, mais il manque de foi, de discernement, d’énergie physique ou de sagesse. Les « changeurs » du Seigneur pourront lui montrer comment en faire profiter le Maître. […] L’Église existe en partie aussi pour qu’un membre fort puisse aider un membre faible, de telle sorte que par la collaboration de tous, les derniers et les plus faibles puissent voir leurs forces croître. »

La sentence de Jésus est sans appel. Le serviteur inutile est jeté dehors, exclu du royaume. Il partagera le sort tragique des méchants. Il n’est pas condamné pour avoir négligé de faire fructifier son talent, mais pour n’avoir pas eu la foi qui sauve, comme le prouve l’absence de bonnes œuvres.

Il ne faut pas seulement avoir Jésus sur les lèvres pour être sauvé. Une foi authentique se manifeste entre autres par une vie de service, c’est la caractéristique de celui qui aime Dieu : êtes-vous caractérisé par cela ? Si tel est le cas, Dieu vous a préparé un avenir dans la joie de sa maison.


Réfléchir à son avenir, c’est comme rechercher une direction cohérente à sa vie. Or, rien n’est plus cohérent que la pensée et l’action de Dieu. C’est donc tout naturellement que le chrétien se tourne vers lui pour trouver un sens à tout ce qu’il est et fait. Mais comment s’y prendre ? Une certaine vision de Dieu en mission pourrait être la clé. Ce qui demande d’opérer un changement de paradigme, pas toujours évident.

Nelly, une jeune femme de notre église locale s’est approchée de nous, mon épouse et moi, après un culte, et nous a dit : « Je voudrais être missionnaire, mais je ne sais pas trop. Il faudrait que je quitte mon travail. Qu’en pensez-vous ? » Dans une atmosphère ecclésiale souvent centrée sur elle-même et ses problématiques internes, quelle bouffée d’air frais que d’entendre un jeune considérer cette voie ! Puisse chaque chrétien, quelque soit son âge et sa santé, se la poser au moins une fois dans sa vie !

Comment savoir si l’on a « l’appel » ? Faut-il vraiment entendre une voix du ciel (ou intérieure) pour se lancer ? Ne sommes-nous pas tous appelés à obéir au mandat missionnaire de notre Seigneur (Mat 28.18-20) ? Mais comment ? Et par où commencer ? Explorons quelques pistes de conversation possibles, tirées de notre expérience.

  1. Quelles sont mes motivations ?

La question fondamentale préalable est : mes motivations personnelles pour la mission rejoignent-elles et servent-elles la motivation de Dieu ?

Voyager

Certes, cela fait partie de l’aventure, mais que mettre derrière ce mot ? Dans notre Occident assoiffé de loisirs, nous l’associons positivement au tourisme. Mais les plaisirs d’un court séjour ne présagent pas de la vie quotidienne au long terme.

De plus, dans le reste du monde (la majorité de la population mondiale !), « voyager » peut signifier quitter ses racines pour une vie prétendue meilleure.

Devenir meilleur

Certaines personnes s’imaginent qu’elles s’amélioreront une fois sur le champ ou pourront « repartir de zéro ». La réalité du terrain montre que nous emmenons toujours « là-bas » ce que nous sommes déjà « ici ». Et puis, nous voulons souvent bien changer… mais à nos conditions. En revanche, l’expérience missionnaire changera souvent ce que nous ignorions de nous-mêmes. Ou ce que nous gardions bien enfoui, de peur que cela ne se voie. Nous ne sommes jamais prêts à être brisés et remodelés en perdant le contrôle de notre vie. Mais cela est une grâce de Dieu.

Servir et aider

Aïe ! c’est peut-être l’un des préjugés les plus subtils à travailler. Les bonnes intentions ne sont pas forcément nos alliées dans le combat. Les autochtones seraient les victimes démunies et moi, je viendrais apporter la solution. Pensée secrète, mais tenace, qu’il nous faut apporter à la croix. La croix est le lieu qui rappelle notre faiblesse et notre impuissance à nous sauver nous-mêmes, encore plus à « sauver » les autres. La mission à long terme, à notre grande déconvenue, fait souvent ressortir tout ce qu’il y a de pire en nous. Mais servir Dieu, en particulier loin de chez soi, fournit une occasion effrayante et formidable : celle de permettre à l’Esprit de Jésus de mettre à découvert, pour l’éliminer, ce que le confort d’un environnement familier permet de gommer en surface. Et cela aussi est une grâce.

* * *

Le travail sur les motivations est riche en découvertes. Certains imaginent déjà leur vie sur place. Or, s’il y a bien un lieu où l’on perd — heureusement — le contrôle de sa barque, c’est bien le champ missionnaire ! Le soutien financier est incertain et rarement à 100 %. L’ennemi attaque, parfois visiblement, devant vos yeux. Vous prenez un temps fou à former des amitiés aussitôt chamboulées parce que les gens partent (de gré ou par nécessité) ou vous-mêmes devez déménager (pour la troisième fois de l’année), etc.

  1. Quelle est ma vision de la mission ?

Est-ce que je connais le grand fil directeur de la Bible ?

Notre vision de la mission est étroitement liée à notre vision de Dieu, car la mission est la mission de Dieu. Or, dans une civilisation de plus en plus égocentrée et avide de retours rapides sur investissements, nous tendons à parler de la « bénédiction » de Dieu en termes de « bénéfices » pour moi. Nous avons alors du mal à nous laisser interpeller par la vision de Dieu pour lui. Le dessein de Dieu est pourtant là, devant nos yeux : Dieu recherche passionnément et sans relâche sa gloire en rachetant, pour lui, des adorateurs et adoratrices issus de toutes les nations (« nations » au sens de groupes ethniques).

Contrairement à une idée répandue, il n’est pas exact de croire que seuls quelques versets bien choisis, dans le N.T., nous en parlent. Toutes les histoires de la Bible, mises bout à bout, dessinent la vue d’ensemble. Un portrait qui raconte, avant tout, la gloire du Créateur désirant être connu et aimé par des gens issus de tous les peuples.

Notre Dieu est un Dieu missionnaire[1]. Du jardin d’Éden à la nouvelle terre, de la promesse faite à Abraham que « toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Gen 12.3) jusqu’à la vision de Jean d’une foule innombrable « de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue » (Apoc 7.9), en passant par le mandat missionnaire de Jésus (Mat 28.18-20), tout, dans la Bible, retrace la volonté infatigable de Dieu en action vers un dessein à visée universelle.

Qui se laisse capturer par cette vision glorieuse et par cette dynamique victorieuse saura entrer en mission pour de bonnes raisons.

Où puiserai-je la force dans mes moments de découragements ?

La grande vision du dessein mondial de Dieu et de sa détermination, dans l’histoire, à la mener à bien est la motivation qui nous « sauve » de bien des difficultés : incompréhension culturelle (de part et d’autre), sentiment d’impuissance face aux statistiques accablantes[2], hostilité ou indifférence, fausses accusations — tant dans le groupe ethnique récepteur que dans notre propre pays (« Pourquoi imposer ta religion ? » ; « Impérialiste, tu veux détruire leur culture ! »), etc.

Celui qui s’appuie même sur ses meilleures intentions finit par flancher. En revanche, qui regarde à Dieu, à travers 1° la croix et 2° la résurrection du Fils, trouve 1° un sens à ses propres souffrances et 2° des forces renouvelées pour consacrer sa vie à honorer Dieu : « Que ton nom soit sanctifié. »

Considérer le sort des perdus est une bonne chose : ce peuple ne connaît pas Dieu et quelqu’un doit leur communiquer l’Évangile. Mais la motivation suprême considère l’état du monde sous l’angle de la gloire de Dieu : Dieu compte-t-il des adorateurs au sein de tel ou tel groupe ethnique ?

Que notre motivation soit aussi ambitieuse que celle de Dieu ! Voilà ce qui enflamme la passion des William Carey, Jim Elliot et de bien d’autres : « Le but suprême de l’Église n’est pas la mission : c’est l’adoration. Si la mission existe, c’est parce que l’adoration n’existe pas ».[3] Comme l’homme naturel s’indigne de tant de pauvreté et d’injustice dans le monde, le chrétien s’indigne aussi de ce que le nom de Dieu n’est pas encore sanctifié parmi toutes les familles de la terre, deux mille ans après.

Une vision qui clarifie notre perspective de la mission

Cette vision d’un Dieu agissant pour sa gloire dans toutes les nations corrige l’idée que la mission serait un programme d’église parmi d’autres. Jésus n’est pas seulement mort pour « mon » péché, il est mort pour que le nom de son Père soit sanctifié, honoré, connu et chéri par toutes les nations. Un enfant de Dieu — voire toute une assemblée — ainsi saisi par Christ fera converger tout ce qu’il est et fait vers ce but.

Cette vision des choses corrige aussi l’idée que la mission serait réservée à une certaine élite appelée à quitter sa zone de confort… pendant que d’autres chrétiens pourraient continuer à vivre comme ils l’entendent et à louer Dieu pour sa bonté envers leur individualité.

En réalité, cette vision rectifie bien d’autres idées reçues sur la mission et clarifie notre rôle et notre apport potentiel. Il ne s’agit plus d’obéir à un devoir, mais de vivre pleinement un privilège. Le privilège de nous joindre au plus grand mouvement qui ait jamais uni des hommes et des femmes, à travers le monde et depuis des générations. Le privilège de participer à l’action de Dieu, avec sa puissance, le Saint-Esprit, pour que son nom soit connu et aimé et que des adorateurs et des adoratrices soient représentés dans tous les peuples. Le privilège de vivre pour qu’un jour, la terre soit « remplie de la connaissance de la gloire de l’Éternel, tout comme le fond de la mer est recouvert par l’eau » (Hab 2.14, Segond 21).

Conclusion : vivre pour quelque chose de plus grand que soi

Alors, chère Nelly, si ta motivation est conforme à celle de Dieu (Ps 37.4), si ton désir s’est transformé en la saine ambition (Rom 15.20) de « raconter sa gloire parmi les nations » (Ps 96.3), si tu as été « saisi(e) par Christ » (Phil 3.12) et par sa passion dévorante pour que le nom de son Père soit sanctifié (Mat 6.9) par toutes les nations, alors, « adopte cette vision… et fais ce que tu veux » (pour paraphraser Augustin).

Que tu partes ou que tu restes, tu seras un danger pour l’ennemi, car tu feras en sorte que tout, dans ta vie, serve le dessein mondial de Dieu. Il y a tant de choses à faire, que ce soit « là-bas » ou « ici » ! Soutenir ceux qui partent par la prière. Donner régulièrement. Entourer de ta communion fraternelle à distance ces frères et sœurs qui ont quitté leur environnement familier et se retrouvent dans une autre culture.

Il existe, aujourd’hui, d’autres manières « d’aller » sans parcourir des milliers de kilomètres. En accueillant des étudiants étrangers. En s’occupant d’une tranche de la population oubliée par les églises (les grandes villes en regorgent). En soutenant des ministères auprès des réfugiés (des ethnies parfois non-atteintes, parfois venant de pays hostiles à l’Évangile, et que Dieu amène devant notre porte). En créant des groupes de prières pour les peuples non-atteints. En organisant des journées ou des week-ends de mobilisation pour réveiller notre famille spirituelle au grand fil directeur de la Bible, à l’action miraculeuse de Dieu et à la mission pionnière.

Parcours à nouveau les histoires bibliques en les reliant à la grande histoire du Dieu qui révèle progressivement la promesse de sa gloire parmi toutes les nations. Et comment il parvient à ses fins. Puis apprends l’histoire passionnante des missions. Rien n’a changé depuis le livre des Actes. Cette histoire, nous la vivons encore aujourd’hui. Nous pouvons la vivre de manière intentionnelle.

De nombreuses agences missionnaires ou associations organisent des courts séjours. Même si le long séjour est une expérience foncièrement différente, cela peut fournir un aperçu… à condition de bien préparer ce voyage et son retour.

Ne te satisfais jamais de recevoir l’amour de Dieu pour toi, mais donne-toi corps et âme à son plan glorieux pour lui. Rien ne donne un meilleur sens à notre vie que de vivre pour quelque chose de plus grand que nous. Et nous nous émerveillerons d’observer, presque spectateurs, à quel point Dieu saura utiliser notre faible et impuissante vie pour agir avec force et puissance ! Car il a décidé que, dans toutes les nations, des hommes et des femmes le connaîtraient et l’aimeraient… et il mènera son plan à bien : « celui qui a fait la promesse est fidèle » (Héb 10.23).

[1]Cf. John Stott,dans un discours prononcé lors d’un congrès Urbana en 1979, cité dans : James E. Berney, « You can tell the world » (Vous pouvez le dire au monde), IVP, 1979.

[2]Les chiffres diffèrent selon les études, mais l’on peut estimer que 2,6 milliards de gens, issus de près de 7 000 groupes ethniques n’ont jamais ou très peu entendu parler de Christ. C’est presque la moitié du globe. Nous savons aussi qu’un mouvement vers Christ n’est durable que si ce peuple possède la Bible dans sa propre langue ; or, la Bible entière attend encore d’être traduite en 2 500 langues (cf. www.joshuaproject.com). Seule 10 % de la force missionnaire se trouvent là où 90 % des gens n’ont pas entendu parler de Christ. Moins de 1 % des budgets des Églises est destiné aux non-atteints. Mais plus stupéfiante encore est la réalité suivante : si les églises locales du monde entier s’investissaient adéquatement dans le plan de Dieu pour sa gloire, la tâche de la mission pionnière serait achevée en une génération.

[3]John Piper, « Que les nations se réjouissent ! », BLF Éditions, 2015.