PROMESSES

selon la prière de Jésus (Jean 17.21)

L’unité : tentation humaine ou soumission à Dieu ?

En France, il n’existe pas moins de 50 dénominations évangéliques. Parmi 33 000 dénominations chrétiennes dans le monde ! On a beau jeu de dire que cette fragmentationrenvoie une image négative du christianisme et ternit la crédibilité des chrétiens. D’autant que certains passages bibliques condamnent tout esprit de schisme (1 Cor 1.10 ; Gal 5.20 ; Tite 3.10). On comprendra donc que la tentation soit grande de vouloir effacer toute différence par quelques bons sentiments tout humains et par un organisme mondial comme le COE (Conseil œcuménique des Églises, fondé en 1948). Devons-nous suivre ce chemin ? Les divisions sont-elles nécessairement scandaleuses ?

L’unité est un thème majeur de l’Évangile selon Jean. La prière de Jésus, notamment : « Que tous soient un » (Jean 17.21), a fourni le slogan de toutes sortes d’unifications étranges. Pour qui veut y voir clair, un seul réflexe : « Mais que dit l’Écriture ? » (Gal 4.30). Une première analyse grammaticale du verset laisse apparaître trois objectifs :

« Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, [1] afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, [2] afin qu’eux aussi soient un en nous, [3] pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (v.20-21). Cet article en fera son plan :

1. L’unité : le modèle de la Trinité

2. L’unité : à quelles conditions ?

3. L’unité : dans quel but ?

Laissons la Parole démêler la confusion concernant la nature, les conditions de possibilité et les diverses expressions de la véritable unité des croyants.

1. L’unité : le modèle de la Trinité

Caractéristiques de l’unité au sein de la Trinité

La première impression qui ressort d’une lecture lente et attentive du chapitre 17 est la profonde unité qui lie le Fils au Père. C’est au nom de cette communion parfaite que Jésus intercède pour ses disciples présents et à venir. Sa communion avec le Père célestesert de modèle à son projet terrestre d’unité au sein de l’Église (17.11, 21, 22, 23).

Des chrétiens désireux de connaître l’unité en trouveront doncle fondement dans la communion qui existe entre le Père et le Fils. Comment la Bible décrit-elle cette communion ? « [Elle] repose sur une identité de nature (1.1), de sainteté (8.46), de volonté et de but (5.19, 30 ; 10.30), sur un amour réciproque parfait (17.24 ; 14.31 ; 15.101). » D’autres passages montrent que le Saint-Esprit fait partie intégrante de cette communion2.

L’unité se vit donc quand des chrétiens possèdent « cette identité de nature : s’ils ont en eux la nature et la vie divines (2 Pi 1.4 ; Gal 2.20 ; 1 Cor 12.12-27), une recherche sincère de sainteté3, la volonté d’obéir à Dieu (Rom 12.1-2 ; 1 Jean 1.5-7) et cet amour pour Dieu et pour des frères qui ne peut être versé dans nos cœurs que par le Saint-Esprit (Rom 5.5) » (Kuen, p. 24-25).

Qui sont les bénéficiaires de la prière de Jésus ?

Reprenons les éléments de la prière sacerdotale pour décrire de manière plus pratique ces croyants que Jésus cite 45 fois.

– Ils ont reconnu l’autorité divine de Jésus et répondu à son appel à le suivre (v. 8) ;

– Ils appartiennent à Christ, car donnés par le Père (v. 2, 6, 9, 11, 12, 24) ;

– Ils croient en la Parole de Dieu comme étant la vérité (v. 17, nous parlerions aujourd’hui de défenseurs de l’inerrance des Écritures) ;

– Comme le Père et le Fils sont saints et séparés du monde (v. 11, 25), ils n’appartiennent plus au monde, bien qu’y vivant encore (v. 9, 14) ;

– Ils bénéficient d’une relation personnelle avec le Père (v. 6, 26) et de la joie du Fils (v. 13) ;

– Ils se séparent chaque jour du monde et se revêtent de la sainteté de Dieu sur les seules bases de sa Parole et de l’action de Christ en eux (v. 17, 19) ;

– Ils ont l’assurance d’un salut éternel, garanti par Dieu lui-même (v. 11).

Ils partagent ainsi « la même origine [que le Christ] (v.14, 16), […] la même mission dans le monde (v. 18 ; cf. Jean 5.30), […] le même avenir glorieux (v. 22, 24), […] le même amour du Père (v. 23), […] la même joie intérieure (v. 13), […] la même unité avec le Père (v. 23, 26) et sont en butte a` la même haine de la part du monde (v. 14) » (A. Kuen, p. 16).

Jésus a en tête et dans le cœur des personnes bien précises, lorsqu’il intercède ici. Il ne peut s’agir de tout le monde (v. 9) ni même de personnes religieuses fréquentant sporadiquement des cercles « vaguement christianisés ». Ces caractéristiques décrivent des personnes nées de nouveau qui ont professé la divinité et le mandat rédempteur de Jésus, qui ont reçu la Parole comme seule vérité et guide unique, qui renoncent chaque jour aux plaisirs de ce monde, trouvant en leur Seigneur une joie et une vie plus excellentes, avec l’espérance d’une patrie meilleure (Col 1.29 ; Héb 11.16).

Bref, ce sont des croyants régénérés et professants. Le COE se vante, au contraire, d’admettre en son sein toutes les Églises sans distinction, y compris les Églises multitudinistes, à savoir celles qui n’imposent pas de professer le nom de Jésus comme Sauveur personnel et Seigneur exclusif, ni de maintenir une relation vivante avec lui. Est-ce encore l’unité selon Christ ?

2. L’unité : à quelles conditions ?

L’unité, vue par Jésus lui-même dans sa prière

L’unité a été mal interprétée, car le mot a été isolé pour lui donner des connotations au gré des idéologies. Or, notre théologiene doit pas s’appuyer sur des opinions personnelles, mais sur le discours de Dieu, révélé dans la Bible. La prière elle-même indique la nature, les conditions de possibilité… et les limites de cette unité. Cette requête de Jésus accompagne en effet trois autres requêtes qui éclairent ce que Jésus entend par « unité ».

1. « Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous » (v. 11) ;

2. « Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du malin » (v. 15) ;

3. « Sanctifie-les par ta vérité: ta parole est la vérité » (v. 17).

C’est d’abord en vertu dela sainteté du Père (notez le titre employé par Jésus) que les chrétiens sont préservés, et non en raison deleurs initiatives ou de leurs « bonnes œuvres » (v. 11). La foi en un Dieu saintles conduit à une sanctification qui opère un double mouvement : un détachement du monde, domaine du malin (v. 15), et un attachement à la vérité, par le moyen de la Parole de Dieu (v. 17). En se séparant des valeurs malignes du monde, les croyants se fortifient en Dieu (cf. 1 Jean 2.14). Enrespectantprofondément la Bible, unique Parole de Dieu et seul guide vers la vérité, ils rendent untémoignage clair. L’unité découle donc de la sainteté du Père et de la sanctification offerte aux croyants en réponse à la prière du Fils.

Autrement dit, un croyant qui recherche la sanctification par ses propres moyens, ou qui aime le monde plus que Dieu, ou qui ne puise pas dans la Bible pour cheminer dans la vérité ne peut espérer vivre l’unité avec d’autres chrétiens. Ses initiatives, même les plus élevées, échoueront. C’est Dieu qui sanctifie, c’est Dieu qui unit.

Ne fabriquons pas notre unité, elle existe déjà !

Une autre raison de se confier en Dieu qui sanctifie, afin de vivre l’unité, se trouve dans cette prière. Jésus ne prie pas les croyants, mais le Père. Requête déjà exaucée, nous en sommes persuadés, puisque le Père exauce « toujours » son Fils (Jean 11.42). L’unité est donc une réalité. Une réalité qu’il s’agit, non de créer (comme si nous étions Dieu), mais de nous efforcer de conserver (Éph 4.3).

Quels que soient les efforts humains, seul l’Esprit crée l’unité. Ceux qui conservent l’unité de l’Esprit sont ceux qui marchent par l’Esprit. Jésus ne pense pas un instant à l’union entre des organisations, mais entre des chrétiens régénérés, spirituels : « Le Seigneur ne demande pas à son Père que ces croyants soient unis mais qu’ils soient un. Le mot que les écrivains sacrés ont employé correspond à notre adjectif numéral : un. La différence est grande, entre une nation et des nations unies, entre une plante et des plantes réunies en un lieu, entre une union d’individus et un corps. » (Kuen, p. 21).

Une unité de principe, organisationnelle, ne saurait remplacer l’unité spirituelle. La pression est forte de le croire, à cause de l’image négative renvoyée par nos divisions (1 Cor. 1.10-13 ;12.25 ; Gal. 5.20). La solution n’est cependant pas organisationnelle, mais spirituelle. Les hommes essaient de se rencontrer entre eux au nom de leur Christ au lieu de se rencontrer en Christ. L’unité existe déjà en lui.

Ce sera l’argument de Paul : comment Juifs et païens se sont-ils unis ? En venant l’un vers l’autre à coups de bons sentiments et d’actions humanistes ? Cela se saurait si ça marchait. Non, ils ont vécu l’unité en venant à Christ ; c’est là que Juifs et païens se sont « rencontrés »et ont formé « l’homme nouveau » (Éph 2.15). Ce principe vautaussipournos querelles internes : c’est lorsque deux frères, deux conjoints ou deux camps se réconcilient devant Dieu et retrouvent la communion avec Christ (mort pour leur péché et ressuscité pour leur justification en vue de la joie éternelle) qu’ils pourront rétablir l’unité entre eux (Mat 5.23,24 ; 18.15). L’unité est spirituelle : elle est en Christ, non dans les déclarations de principe des organisations, fussent-elles philanthropiques, catholiques ou œcuméniques.

3. L’unité : dans quel but ?

Attirer à l’Évangile de Jésus-Christ

Notre conception de l’unité est souvent statique : des croyants de différentes confessions se réunissent pour louer leurs belles intentions et organiser quelques activités « entre eux » ou en direction de croyants qu’ils veulent convaincre de les rejoindre. L’ordre de notre Seigneur est centré sur les non-chrétiens : « …pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (cf. v. 23).

Le monde a besoin de reconnaître que le mandat divin de Jésus, c’est desauver des âmesdu naufrage éternel. Pour prendre conscience de cette réalité, il a besoin de découvrir quelque chose qu’il ne connaît pas (v. 25), quelque chose d’attirant : l’unité chrétienne. Non pas le rassemblement d’une pluralité de groupes ou de confessions. Ça, le monde sait le fabriquer (Nations Unies,Parlement européen ou Confédération helvétique, par exemple). Mais une unité de personnes ne formant plus qu’un seul corps ou un même plante, ce qui est fort différent !

Si Dieu a conçu le projet de l’Église, c’est pour faire de nous les croyants « […] un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que [nous annoncions] les vertus de celui qui [nous] a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 Pi 2.9). C’est pourquoi nous ne pouvons éviter de nous heurter aux ambitions des systèmes politiques « laïques » qui tentent progressivement de convaincre leurs citoyens que la religion doit rester une affaire privée4. Cette tactique de l’ennemi vise à empêcher le monde de voir etde croire. Aussi prenons conscience que notre unité en action constitue un enjeu vital et éternel pour ceux qui nous entourent.

L’amour accomplit l’unité

Cet amour témoignant de l’unité fait indéniablement écho au commandement nouveau du Maître : « Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (13.33-34) L’amour doit caractériser les disciples de Jésus, cartrois choses sont évidentes : le Père aime le Fils (17.23), le Fils aime les siens (17.26)et le monde ne peut pas ne pas remarquer l’amour des croyants entre eux (11.36). En faisant leur demeure en nous par l’Esprit, le Père et le Fils nous chargent de manifester l’amour divin en leur nom.

L’amour est (devrait être ?) la caractéristique principale de l’Église. Quel est notre projet d’église locale ? Se résume-t-il à ses activités ? Le projet de Christ pour son Église, c’est de fonder une communauté d’amour en son nom dans un monde en perdition. Sacrifier son temps, son argent, son énergie pour porter les fardeaux de son frère : « ces choses sont conçues pour que le monde voie dans cette communauté de chrétiens quelque chose de nouveau, d’attirant et d’irrésistible5 ». L’unité n’est donc pas à rechercher, elle sera le fruit de cet amour, « lien par excellence » (Col 3.15).

Unis pour Dieu ou pour le monde ?

Derrière la volonté d’unité, se cache souvent une vision humaniste du monde, et l’idéal qu’un jour tous les hommes se tiennent par la main — soudés par une religion mondiale exaltant l’homme. La prétention chrétienne à l’exclusivité rebute (Jean 14.6 ; Actes 4.12; 1 Tim 2.5)mais le dialogue inter-religieux attire6. Or, cette prière de Jésus pour l’unité établit une opposition franche entre deux camps : les enfants de Dieu et le monde (v. 9, 11). Le monde maintient son rejet de Christ (v. 25), le monde hait les chrétiens convaincus et pratiquants (v. 14), mais Dieu demande à ces derniers de proclamer qu’il y a une réconciliation possible et un salut de grâce (v. 21, 23). N’entrons pas dans le jeu d’une fausse unité : le monde peut parfois sembler très religieux, il peut avoir le nom de Christ ou de Dieu à la bouche, se prévaloir de la forme la plus éclairée de christianisme, et néanmoins persécuter les chrétiens, haïr le vrai Dieu et rejeter l’Évangile (2 Tim 3.4-5). Il a besoin de comprendre la tragédie éternelle qui le guette s’il ne répond pas à l’appel pressant de Christ. C’est par ses enfants que Dieu a décidé de faire entendreson appel. Comment ceux-ci pourraient-ils participer à des activités sous-tendues par une vision universelle humaniste, voire syncrétiste, du monde ?

Conclusion

Oui, oui, oui à l’unité voulue et créée par Dieu ! Alors que des organisations tentent de la fabriquer en signant des accords de principes, lui l’a réalisée par le sacrifice de Christ, en se rachetant un peuple d’entre toutes les nations.

Cette unité spirituelle peut se vivre entre des croyants en communion avec le Père, unis avec Christ et marchant par le Saint-Esprit : « …afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous ; or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1 Jean 1.3).

Lorsque cette communion avec le Père n’est pas honorée, lorsque sa Parole est mise en doute, des divisions sont inévitables. D’ailleurs, la Bible préconise la séparation lorsque l’unité n’est que de surface (c.-à-d. non fondée sur la communion avec Dieu, mais sur des sentiments ou des concepts humains) : « Si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres […] » (1 Jean 1.7).

Nous avons un devoir de rigueur et de fermeté dans la compréhension bibliqued’une unité qui correspondeau modèle divin, mais nous avons aussi besoin d’une conscience permanente de la finalité missionnairede notre unité. Pour autant que nous remplissions notre part, nous jouirons entre frères et sœurs en Christ de la liberté véritable, car l’Esprit du Seigneur exaucera lui-même sa prière (cf.2 Cor 3.17).

Quelquesréférences

– Gabriel Mützenberg, L’œcuménisme, une nouvelle religion ?(Éd. Farel, Paris, 1987). Recension par Jean-Jacques Dubois dans Promesses, n° 85, sept.1988.

– Alfred Kuen, Vivre l’unité de l’Église. Réédition de Que tous soient un, BLF Éditions, Marpent, 2010.

– Des numéros de Promesses sur le sujet : 25 (1973), 59 (1981), 85 (1988), et 119 (1997).

1 Alfred Kuen, Vivre l’unité de l’Église, p. 24.
2 Sur le sujet, nous vous renvoyons aux numéros de Promesses suivants : n° 162, déc. 2007, p. 10-12, n° 126, déc. 1998, p. 1-4, n° 180, avril 2012, p. 2, etc.
3 Cf. Rom 1.7 ; 6.19 ; Éph 4.24 ; 1 Thes 4.4 ; 1 Pi 1.15.
4 Cf. la collection du CNEF « Libre de le dire », et notamment le tout récent livret Libre de le dire dans l’espace public (BLF, 2015).
5 David Platt conversant avec Francis Chan, au sujet du livre de ce dernier sur le discipulat : Multipliez-vous, Marpent : BLF Éditions, 2015 [vidéo en ligne]. Source : .
6 Il y a bien une ambition syncrétiste au sein du COE ou d’autres mouvements qui s’y apparentent. Des extraits de déclarations étonnantes se trouvent dans le ch. 6 du livre d’A. Kuen déjà cité.


Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

Jean 3.16

On raconte qu’au XIXe siècle un prédicateur avait été invité pour une série de 7 soirées d’évangélisation. Le premier soir, il choisit pour texte Jean 3.16. Le deuxième soir, il reprit le même passage. À la surprise des organisateurs, il revint sur ce seul verset pendant les 7 soirées, sans pour autant répéter le même message !

Ce verset est un des plus connus (le plus connu ?) de toute la Bible. Peut-être même est-il celui qui a été à l’origine du plus grand nombre de conversions. Mais c’est aussi l’un des plus riches de l’Écriture. En quelques mots, il balaye les principaux thèmes bibliques, en donnant des éléments essentiels sur Dieu, l’homme, Christ, le salut et l’avenir.

Ce verset est parfois cité ou chanté sans omettre le « car » du début. En effet, il vient au milieu d’un échange entre Jésus et Nicodème1. À ce docteur de la loi, Jésus annonce les rudiments de la foi, avec la nécessité de la nouvelle naissance. Si avancées que puissent être nos connaissances bibliques, nous avons toujours besoin de revenir à la base, puiser aux profondeurs insondables de ce texte unique.

Théologie : ce que Jean 3.16 dit sur Dieu

Dans la Bible, Dieu ne commence pas parse présenterou par se décrire, mais il impose d’emblée sa réalité et sa présence. « Au commencement, Dieu… »,affirme la première page du texte sacré. Quoi qu’en disent les athées, l’idée de Dieu est innée au cœur de tout homme.

L’action de Dieu en création dévoile à qui veut bien le reconnaître sa puissance et sa sagesse (Rom 1.19-20). Mais son être profond, amour et lumière, n’est connu que par ceux à qui il se révèle.

Car qui est ce Dieu dont l’être humain pressent l’existence ? Quelle est sa vraie nature ? Adolphe Monod imagina qu’un jour, onavait découvert à Pompéi un fragment de manuscrit sur lequel était inscrit un extrait de 1 Jean 4. On arriva avec peine à déchiffrer d’abord : « Dieu est… » Quelle attente pour savoir la suite ! Enfin le mot crucial se découvre : « amour ». « Dieu est amour. » Monod s’exclame : « Oh ! Révélation bienheureuse qui met fin à toutes nos anxiétés 2 ! »

Mais pour autant on ne peut pas dire que l’amour est Dieu — contrairement à ce que prétend notre civilisation post-moderne qui idéalise et idolâtre « l’amour » (ce qui est fait « par amour » serait forcément bon, justifiable et inattaquable). Or Dieu est tout autant lumière qu’amour. Cependant on a pu dire avec justesse que l’amour est « premier » en Dieu, car il est à l’origine de son plan éternel (Éph 1.5) 3.

L’amour divin recouvre des facettes très diverses4. Notre verset en met une en exergue : l’amour selon Dieu est action, et Dieu « donne ». L’homme se représente volontiers la divinité comme exigeante — demandant de la part de la créature des offrandes, des prières, une conduite spécifique — alors que le Dieu vivant et vrai commence toujours par donner, librement, gracieusement, généreusement !

Quand nos filles étaient petites, nous avions un livre pour enfants intitulé « Dieu donne » ; sur chaque page, une simple phrase : « Dieu donne le soleil », « Dieu me donne des parents », etc., pour finir par « Dieu me donne son Fils ». Apprendre à des enfants, dès leur jeune âge, à concevoir Dieu d’abord comme le Donateur, quel privilège et quelle richesse pour eux.Cette pensée les accompagnera leur vie durant.

Anthropologie : ce que Jean 3.16 dit sur l’homme

Dieu a tant aimé « le monde ». Ce mot revêt plusieurs sens dans les écrits de Jean :

– 1° Il peut désigner le « cosmos », l’ensemble de l’univers créé ; c’est le sens qu’il prend quand le Fils parle à son Père de la gloire qu’il avait « avant que le monde soit » (Jean 17.5).

– 2° Il peut indiquer l’ensemble des êtres humains, quels qu’ils soient — et c’est sans doute la connotation la plus présente dans notre verset : Dieu aime tous les hommes et les femmes de la terre, sans exception.

– 3° Le plus souvent chez Jean, il qualifie le système opposé à Dieu, marqué par le péché, dont le diable est le prince (Jean 14.30) et qu’il ne faut pas aimer (1 Jean 2.15).

S’il est utile de distinguer ces trois sens, il convient également de les rassembler : le « système monde » opère par le moyen d’êtres humains et l’action pécheresse du monde a entaché la création qui soupire après sa délivrance.

Dieu aime globalement toute l’humanité ; Dieu aime également chaque individu : c’est ce qu’indique le « quiconque » qui suit. Le côté individuel de son amour s’allie parfaitement avec son aspect collectif.

Et pourtant les personnes que Dieu aime ne sont pas aimables en elles-mêmes ! Contrairement à la forme la plus commune de l’amour humain, l’amour de Dieu ne trouve pas sa source dans les qualités réelles ou supposées de ses objets. Dieu aime des gens « dignes d’être haïs » (Tite 3.3) et entêtés dans le péché, comme Jésus l’indique dans les versets qui suivent : « Les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. » (3.19) C’est ainsi que je dois me voir.

Aussi notre verset établit-il clairement le sort de cette humanité pécheresse : elle est destinée à périr, à mourir, à subir le juste jugement éternel d’un Dieu saint.

Christologie : ce que Jean 3.16 dit sur Jésus

Dieu a donné « son Fils unique » par amour. L’existence de plusieurs « personnes » en Dieu est en pleine cohérence avec la nature d’amour du Dieu trinitaire. L’amour, pour exister, a besoin d’un objet en dehors de lui-même. En un sens, on peut dire qu’un Fils est nécessaire pour que Dieu soit vraiment et éternellement amour. La relation d’amour entre le Père et le Fils est la base et le modèle de toute autre relation d’amour5.

Ce Fils est qualifié ici de « Fils unique ». La filiation de Jésus préexiste à son incarnation (1.18) et se distingue de la filiation dérivée qui est désormais la nôtre, à nous chrétiens, qui recevons le témoignage du Ressuscité : « Je monte vers mon Père et votre Père. » (20.17) Dans notre relation avec Dieu, subsiste, en même temps qu’une proximité réelle (« afin qu’eux aussi soient un en nous », 17.21), une distance liée à l’unité bien plus grande qui existe entre le Père et le Fils, éternellement et ontologiquement « un » (10.30).

Le Fils est celui qui « fait connaître » le Dieu que personne n’a jamais vu (1.18). Tout, dans sa vie terrestre et son ministère — paroles, actes, sentiments — est empreint de l’amour de Dieu.

Jésus, don d’amour de Dieu personnifié, va « mettre le comble » (cf. 13.1) à cette démonstration d’amour par l’offrande de sa vie sur la croix. L’Évangile ne détaille pas la signification théologique de la croix ; ce sera le rôle des Épîtres. Mais le simple rappel que fait le Sauveur d’un épisode de l’A.T. suffit à faire entrevoir les profondeurs de la croix : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert… » (3.14) Jésus a été « fait serpent », l’animal sous la forme duquel le péché est entré dans le monde. Il s’est identifié au péché même : « Celui qui n’a point connu le péché, [Dieu] l’a fait devenir péché pour nous. » (2 Cor 5.21)

C’était le seul moyen pour réconcilier la théologie et l’anthropologie de notre verset : comment un Dieu qui est amour peut-il montrer son amour envers une humanité pécheresse ? Uniquement par le don de lui-même dans la personne de son Fils.

Sotériologie : ce que Jean 3.16 dit sur le salut

Le don du Fils à la croix procure le salut pour le monde. Jean 3.16 est un modèle de condensé magnifiquement équilibré de la doctrine du salut :

• Le salut est une initiative divine : C’est Dieu qui est acteur, qui a aimé et qui a donné son Fils. Le « il faut » du verset 14 indique cette nécessité morale impérative, seul moyen de concilier l’amour et la sainteté divines dans un acte unique.

• Le salut est offert à tous les hommes : Dieu a aimé « le monde » et nul n’est exclu du « quiconque ». L’universalité de l’offre ne saurait être exprimée plus clairement. Aussi ne pensons pas non plus que l’offre se limite seulement à ceux qui croiront un jour. Etne pensons jamais que quelqu’un puisse être déchu a priori de la grâce de Dieu.

• Le salut réclame une réponse personnelle : Il est nécessaire que l’individu à qui est proposé ce salut « croie »6 . Le salut est offert par le don de Dieu — encore faut-il accepter ce don. Mais cette démarche de foi n’est pas plus méritoire que le regard que l’Israélite malade jetait au serpent d’airain. Elle est la réponse obéissante à l’offre généreuse et toute suffisante de Dieu. Plus encore, celui qui a répondu positivement à ce cadeau réalise ensuite que c’est le Père qui l’a attiré (Jean 6.44).

• Le salut est une volonté de Dieu : La tournure négative (« ne périsse pas ») l’indique. Le verset qui suit le précise : « Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (3.17) Il ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il vive (Éz 18.23 ; 33.11).

Ce verset étaye donc clairement ce que les théologiens ont appelé « l’expiation universelle hypothétique » : l’expiation de Christ à la croix est suffisante pour tous et efficace pour ceux qui croient (cf. Luc 7.29-30).

• Le salut est éternel : Le temps du dernier verbe, le présent, ne laisse planer aucun doute : celui qui croit « a » la vie éternelle (3.36). Aucune restriction n’est rajoutée : la vie que nous recevons n’est pas conditionnée à notre ressenti, à notre fidélité, à des sacrements ; elle est liée à Dieu lui-même, Père et Fils (10.28-29) et il est impossible qu’elle nous soit ôtée. Paul énumérera beaucoup de « choses » menaçantes, mais il conclura glorieusement qu’aucune d’elles ne peut « nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rom 8.37-39).

Eschatologie : ce que Jean 3.16 dit sur l’avenir

Sous la plume de Jean, la « vie éternelle » est avant tout qualitative : elle est la connaissance du seul vrai Dieu et de son Fils, selon la “définition” de Jésus lui-même (17.3). Et cette relation est déjà actuelle (1 Jean 1.2-3).

Mais, même si cette note est moins présente, la vie éternelle a aussi un aspect quantitatif : une vie sans fin, pour l’éternité, dans la présence bienheureuse de Dieu. C’est pourquoi Jésus la relie souvent à la « résurrection au dernier jour ». Nous attendons le jour où, dans des corps parfaits, la réalisation de notre relation avec les personnes divines sera enfin parfaite, complète, ininterrompue.

Conclusion : ce que Jean 3.16 me dit personnellement

Nous venons d’effleurer quelques-unes des profondeurs théologiques de ce verset. Nous avons pu voir plusieurs facettes de sa richesse. Mais avant tout, ce verset doit rester un appel extraordinaire à notre cœur. J’invite donc chaque lecteur à méditer ce verseten remplaçant le « monde » et « quiconque » par son propre nom. Oui, Dieu m’a tant aimé, moi, le pécheur, qu’il a donné son Fils unique pour moi afin je ne périsse pas mais que j’aie la vie éternelle. J’en bénis Dieu éternellement et dès aujourd’hui !

1 Certains commentateurs estiment que les v. 16 à 21 sont un ajout de l’évangéliste qui ne faisait pas partie de l’échange initial avec Nicodème. Toutefois l’unité de thèmes des v. 1 à 21 incline à penser à une continuité de situation.
2 Adolphe Monod, « Dieu est amour », Pages choisies, G.M., 1982, p. 32.
3 Il est présomptueux de vouloir classer ou peser les attributs divins. Notons cependant qu’il est dit deux fois « Dieu est amour » pour une fois « Dieu est lumière ». Si Dieu avait montré d’abord toute sa lumière, nous aurions été consumés !
4 Voir Donald Carson, « La doctrine difficile de l’amour de Dieu », Promesses 184, p. 1 à 5. Dans cet article, qui résume un de ses livres paru en anglais, l’auteur détaille 5 aspects différents et complémentaires de l’amour de Dieu, tels que la Bible les présente.
5 Voir sur ce sujet l’article du même auteur, « Le carré de l’amour », Promesses n° 164, p. 29 à 31.
6Jean n’emploie jamais le substantif « foi » mais toujours le verbe correspondant « croire ». Le français ne permet malheureusement pas de relier spontanément ces deux mots ; aussi certaines versions traduisent-elle « croire » par « mettre sa foi ».

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L’Évangile selon Jean est construit sur le principe de la dualité. L’apôtre débute son récit par un prologue (Jean 1.1-28) et le termine par un épilogue (Jean 21) situé après la conclusion de l’Évangile (Jean 20.30-31). Le prologue souligne l’œuvre du Logos (le Christ) dès le début, c’est-à-dire lors de la création du monde (Jean 1.1-2), et l’épilogue annonce l’œuvre du Christ ressuscité, au travers de l’Église, jusqu’à la fin du monde. En effet, la pêche miraculeuse illustre l’évangélisation du monde (cf.Luc 5.10) et le ministère pastoral dans l’Église.

Le corps de l’Évangile comporte deux parties. La première couvre les trois années du ministère de Jésus (Jean 1.19-10.42), et la seconde est centrée sur la passion de Jésus1 et s’étend sur quelques semaines (Jean 11-20).

La première partie est séparée elle-même en deux sections : d’abord les faits relatifs à la première année du ministère de Jésus, événements se situant avant l’arrestation de Jean-Baptiste (Jean 1.19-4.54). Ces informations ne sont pas rapportées dans les trois autres Évangiles puisque ceux-ci ne présentent le ministère de Jésus qu’après l’arrestation de Jean-Baptiste (Mat 4.12 ; Marc 1.14). Dans une seconde section, Jean décrit les deux dernières années du ministère de Jésus (Jean 5-10).

Sur le plan géographique, il y a alternance entre les événements situés à Jérusalem et en dehors de Jérusalem. Dans la première partie, trois sections concernent le ministère en dehors de la capitale, et trois sections se déroulent dans la ville sainte. Pour commencer, le récit passe du Jourdain à Cana (Jean 1.19-2.12), puis il s’arrête à Jérusalem (2.13-3.21) ; ensuite le lecteur repart avec Jésus au Jourdain, puis aboutit à Cana où Jésus a effectué son premier miracle (Jean 3.22-4.54). Le chapitre 5 décrit les événements à Jérusalem, le chapitre 6, les événements en Galilée, et finalement les chapitres 7 à 10 se déroulent à Jérusalem.

La seconde et dernière partie de l’Évangile concerne la passion de Jésus. Cette partie est divisée en cinq sections organisées en chiasme. La résurrection de Lazare (Jean 11) annonce et anticipe la résurrection de Jésus (Jean 20). Lazare revient à la vie le septième jour (Jean 11.6, 39), et Jésus ressuscite le premier jour de la semaine (20.1). En deuxième lieu, Jean décrit les événements publics de l’entrée triomphale à Jérusalem (Jean 12) et en avant dernier lieu, il décrit les événements publics de la passion de Jésus : arrestation, procès et crucifixion (Jean 18-19). Au centre de la seconde et dernière partie du livre, Jean s’arrête longuement sur les instructions privées de Jésus à ses disciples (Jean 13-17).

Remarques :

-Jean 6 est structurellement au cœur de l’ouvrage. Contrairement à son habitude, l’apôtre reprend ici des événements déjà décrits dans les Synoptiques (la multiplication des pains et la marche sur la mer). Il permet ainsi « d’intégrer » dans son récit la narration des trois premiers Évangiles. Mais Jean ne se contente pas de répéter les Synoptiques puisqu’il présente le commentaire de Jésus sur la multiplication des pains (Jean 6.22-71). Le chapitre suit un arrangement chiasmatique : miracle des pains, marche sur la mer, discours sur le pain de vie.

-La résurrection de Lazare (Jean 11) se déroule avant la passion, mais Jean 12.1 permet de raccrocher le chapitre 11 au récit de la passion :« Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare qu’il avait ressuscité d’entre les morts. »

 Plan du livre2

Le prologue :Jean 1.1-18
Le ministère de Jésus avant la passion :Jean 1.19-10.42

   La première année. Le développement de la foi (ou la foi naissante) :Jean 1.19-4.54
     
A.1 Du Jourdain à Cana :Jean 1.19-2.12
      B Ministère à Jérusalem :Jean 2.13-3.21
      A.2 Du Jourdain à Cana :Jean 3.22-4.54
   Les deux dernières années. Le développement de l’incrédulité (ou l’opposition grandissante) :Jean 5-10
     
A.1 Ministère à Jérusalem :Jean 5
      B Ministère en Galilée :Jean 6
      A.2 Ministère à Jérusalem :Jean 7-10
   La passion de Jésus :Jean 11-20
     
A.1 Lazare ressuscité le septième jour :Jean 11
      B.1 Témoignage public de Jésus à Jérusalem :Jean 12
      C Instruction privée aux disciples :Jean 13-17
      B.2 Passion de Jésus à Jérusalem :Jean 18-19
      A.2 La première semaine de la résurrection de Jésus :Jean 20
L’épilogue : Jean 21

1C’est-à-dire l’ensemble des souffrances endurées par Jésus-Christ avant et pendant sa crucifixion. (NDLR)
2 Information à nos lecteurs : un plan de l’Évangile selon Jean, proposé par Joël Prohin, a déjà été publié dans le n° 141 de Promesses (juillet-septembre 2002). http://promesses.local/arts/141p17-22f.html

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Lorsque le quatrième Évangile futrédigé,plus d’un demi-siècle après les faits, les trois autres étaient déjà largement répandus et reconnus. Pourquoi ce « supplément » ? Laissons un des Pères de l’Église, Eusèbe de Césarée1, nous apporter quelques éléments de réponse :

« Enfin, [Jean] en vint à écrire; voici pour quel motif. On raconte que l’apôtre reçut les trois Évangiles composés précédemment ; tous les avaient déjà et il les accepta, leur rendant le témoignage qu’ils contenaient la vérité. Seulement il manquait à leur récit l’exposé de ce qu’avait fait le Christ tout d’abord au commencement de sa prédication. Et cette parole est vraie. On peut voir en effet que ces trois évangélistes ont raconté seulement les faits postérieurs à l’emprisonnement de Jean-Baptiste et accomplis par le Sauveur dans l’espace d’une année. Ils le disent du reste au début de leur narration2.[…] Ainsi donc l’apôtre Jean dans son Évangile rapporte ce que fit le Christ quand le Baptiste n’était pas encore incarcéré ; les trois autres évangélistes au contraire racontent ce qui suivit son emprisonnement. Quiconque remarque ces choses ne peut plus penser que les évangélistes soient en désaccord les uns avec les autres. Car l’Évangile selon Jean comprend l’histoire des premières œuvres du Christ, les autres évangélistes nous donnent le récit de ce qu’il a fait à la fin de sa vie3. Vraisemblablement Jean a passé sous silence la conception de notre Sauveur selon la chair, parce qu’elle avait été écrite auparavant par Matthieu et Luc ; il a commencé par sa divinité. Cet honneur lui avait, pour ainsi dire, été réservé par l’Esprit divin comme au plus digne. »

Ne doutons donc pas de l’utilité du quatrième récit des œuvres et des paroles de notre Seigneur. Ce témoignage occupe dans nos Bibles la place du majestueux finale qui couronne une symphonie. Écoutons-le !


Papyrus 66 (P66) des Papyri Bodmer (Genève), provenant d’Égypte et daté d’environ 200 après Jésus-Christ : extrait de l’Évangile selon Jean(Jean 7.52-8.16).

« Document exceptionnel, le Papyrus Bodmer II (P66) transcrit la plus ancienne version complète conservée de l’Évangile selon saint Jean. Le manuscrit daté de la fin du IIe siècle permet de connaître l’état du texte chrétien moins d’une centaine d’années à peine après sa composition. Écrit sur des feuillets de papyrus réunis en cahiers, il est aussi un des premiers « codices », ces précurseurs du livre moderne qui remplaceront progressivement les traditionnels rouleaux. »

(Selon le texte du site internet de la Fondation Martin Bodmer)

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L’Évangile du Fils de Dieu

1. Nature divine de Jésus-Christ

Sans donner aucune indication au sujet de l’auteur, l’Évangile selon Jean commence d’emblée par annoncer la nature divine de Jésus-Christ. Rien n’est dit de sa naissance, rien non plus de son ascendance. Il est Dieu, Parole éternelle, Verbe incréé, le Logos, c’est-à-dire l’expression complète de la Personne et de la pensée divines1.

Les cinq premiers versets de l’Évangile donnent la note dominante de tout le livre. C’est l’Évangile du Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair (cf. 1 Tim 3.16). De puissants arguments sont fournis pour démontrer que Jésus-Christ est le Fils de Dieu de toute éternité, existant avant le commencement de toutes choses. Envoyé par Dieu dans ce monde, il est la seule source de la vie éternelle. Jésus-Christ n’est pas un homme qui s’est divinisé ou un dieu qui s’est humanisé : il est Dieu lui-même, fait homme pour le salut du monde. Parfaitement Dieu, il est aussi parfait dans son humanité.

Les quelques miracles mentionnés dans cet Évangile démontrent tous la divinité de Jésus. De même, chaque fois que Jésus se présente en disant :« Moi je suis … », il utilise un terme qui correspond au nom de l’Éternel révélé à Moïse : « Je suis celui qui suis. » (Ex 3.14) L’intention de l’Esprit saint, en conduisant l’auteur dans sa narration, est clairement affirmée : « Ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom. » (20.31)

 

2. Style particulier de l’Évangile selon Jean

Dans sa forme comme dans son contenu, l’Évangile selon Jean diffère grandement des trois autres, mais il les complète et les prolonge : ceux-là commencent leur récit avec la venue de Jésus Christ dans le monde, ou son entrée dans le ministère, celui-ci remonte au-delà du temps pour présenter le Fils de Dieu dans son existence éternelle. Cela ne provient pas de la nature ou du caractère de l’auteur, mais bien plutôt de la nature de la Personne adorable qu’il nous décrit. Matthieu, Marc et Luc présentent Jésus sous trois angles différents, mais cependant proches les uns des autres2. L’Esprit de Dieu conduit Jean de façon différente pour faire connaître le Fils de Dieu, l’Être divin qui se présente lui-même à travers le texte de cet Évangile. Des miracles accomplis durant le ministère de Jésus, Jean n’en mentionne que sept, et ils ont tous valeur de signe. Par contre, il rapporte les paroles de Jésus plus que tous les autres évangélistes. Lorsque les Juifs demandent au Seigneur : « Toi, qui es-tu ? », Jésus leur dit : « Absolument ce qu’aussi je vous dis. » (8.25, Darby) Il n’avait nul besoin d’être accrédité par qui que ce soit, car il reste lui-même en toute circonstance.

L’Esprit saint a utilisé différentes personnalités pour écrire les divers livres de la Bible. Chacune d’elles a eu son propre style selon son propre tempérament. Quand il a fallu décrire le service de Jésus, Dieu a choisi Marc, un jeune serviteur qui avait fait l’expérience de sa propre défaillance, mais qui avait été relevé. Mais pour parler du Fils de Dieu, le Fils de l’amour du Père, nul n’était mieux placé que Jean, « le disciple que Jésus aimait ». En effet, dépeindre le Fils de Dieu, c’est parler de l’amour divin, car « Dieu est amour » (cf. 1 Jean 4.8,16), c’est parler aussi de la vie, de la lumière et de la vérité. Ces thèmes remplissent l’Évangile selon Jean comme chacune des Épîtres de cet apôtre.

Le style de l’Évangile selon Jean est d’une limpide simplicité, ce qui met cet écrit inspiré à la portée de chacun. Malgré un vocabulaire limité à environ 700 mots grecs différents, l’Évangile selon Jean est d’une très grande profondeur et d’une très grande beauté. Jean, comme un miroir, reçoit la lumière divine et la reflète. Il rend inépuisables les merveilles révélées au sujet de la personne de Jésus-Christ.

 

3. Contexte historique et date de cet écrit

Quand Jean a rédigé son Évangile, peut-être vers la fin du premier siècle, le christianisme s’était déjà propagé dans tout le bassin méditerranéen. Malgré la persécution, les assemblées étaient nombreuses. Cependant, les diverses erreurs qui s’infiltraient parmi les croyants étaient plus dangereuses pour l’Église que les persécutions violentes. Les trois Épîtres de Jean font allusion aux adversaires de Christ — les antichrists, comme il les appelle — dont les uns niaient la divinité (1 Jean 2.22,23) et les autres l’humanité (1 Jean 4.2,3). Dans le but d’amener les incrédules à la foi, de ramener ceux qui s’en sont écartés et d’affermir les croyants, l’Esprit Saint conduit l’apôtre Jean à écrire cet évangile. Aujourd’hui comme alors, le meilleur moyen de combattre les fausses doctrines est de :
– mettre en évidence la divinité de Jésus-Christ,
– présenter l’amour du Père donnant son Fils unique,
– parler de l’excellence de Jésus et de son œuvre en évitant les débats théologiques et philosophiques.

La date tardive de l’Évangile selon Jean peut nous surprendre.3 Le fait même que cet Évangile rapporte surtout les paroles de Jésus nous permet de mieux comprendre que seul l’Esprit de Dieu a inspiré son auteur. D’ailleurs, il en est de même pour tous les écrivains de la Parole de Dieu. Le Seigneur avait dit à ses disciples, avant de les quitter, qu’il leur enverrait le Saint-Esprit pour leur rappeler les choses qu’il leur avait dites (14.26).

 

4. Caractère particulier de l’auteur

Le disciple Jean ne se nomme jamais dans son Évangile, sinon par les expressions « l’autre disciple » ou « le disciple que Jésus aimait ». Est-ce à dire qu’il était le disciple préféré ou qu’il se croyait aimé plus que les autres ? Certes pas, mais ce qui importait le plus pour Jean, ce n’était pas son propre amour pour Jésus, mais bien celui du Seigneur pour lui.

Jean et Jacques (son frère) devaient avoir un caractère naturel violent puisque le Seigneur les avaient surnommés « fils du tonnerre » (Marc 3.17). Ils l’avaient démontré quand ils avaient demandé à Jésus de faire descendre le feu du ciel sur le village des Samaritains qui leur avaient refusé le logis (Luc 9.54). Mais dans la proximité du Seigneur, au fur et à mesure que leur chemin s’approchait de Jérusalem, le « fils du tonnerre » est transformé à l’image de son Maître. Lui-même, d’ailleurs, ne se nomme « le disciple que Jésus aimait » qu’à partir du dernier souper (13.23).

Le ministère paisible exercé par l’apôtre Jean ne l’a pas empêché d’être l’objet de persécutions. Il a été exilé dans l’île de Patmos d’où il a écrit l’Apocalypse (Apoc 1.9). Selon la tradition, Jean a terminé sa vie à Éphèse où il est mort très âgé, vers la fin du premier siècle. Il a été probablement le dernier apôtre vivant à cette époque et a pu communiquer directement la Parole de Dieu à une deuxième génération.

 

5. Considérations générales

Le livre de la Genèse commence par la création des cieux et de la terre. Cette première création, ayant été corrompue par le péché, devra être détruite un jour (2 Pi 3.10). L’Évangile selon Jean s’ouvre sur ce qui précède toute création et introduit le croyant dans le domaine de la nouvelle création qui ne prendra pas fin, celui de la vie éternelle.

Cet Évangile montre Dieu dans la proximité de l’homme et place l’homme croyant dans la présence de Dieu. On a comparé sa structure à celle du tabernacle construit par Moïse :

Ch. 1-12 : la cour où Jésus se présente à son peuple.

Ch. 13-16 : le lieu saint dans l’intimité duquel Jésus s’entretient avec ses disciples.

Ch. 17 : le lieu très saint où nous assistons à la sainte communion entre le Père et le Fils.

Dès le chapitre 18, c’est la réalisation desfonctions du culte lévitique :

Ch. 18 : le Seigneur, en parfait holocauste, s’avance lui-même.

Ch. 19 : Jésus s’offre lui-même sur l’autel.

Ch. 20 : l’œuvre est achevée, Jésus se présente pour bénir les siens.

Ch. 21 : préfiguration de la manifestation de Christ à son peuple terrestre pour la bénédiction milléniale.

 

 

  1. La Parole (Logos), dans le passage de Jean l, a une signification plus profonde qu’ailleurs. Ce n’est pas seulement ce que Dieu dit, mais c’est l’expression totale de ce qu’il est. C’est une Parole active, vivante et dynamique, c’est la révélation de la divinité dans la personne de Jésus-Christ : « Personne n’a jamais vu Dieu ; Dieu le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître. » (1.18)
  2. C’est pour cela que ces 3 Évangiles sont nommés les Synoptiques
  3. Dans les années 90-100 après J-C. , selon la plupart des commentateurs évangéliques et beaucoup de théologiens non évangéliques. (NDLR)

dans l’Évangile selon Jean et dans quelquespassages complémentaires du Nouveau Testament

I.L’œuvre de conviction produite par l’Esprit

[…] Que doit accomplir avant toute autre chose le Saint-Esprit dans un cœur encore inconverti ?

1.L’Esprit convainc de péché( Jean 16.8-9)

[…] Si un homme ne reconnaît pas son état de péché et de perdition, jamais il ne sera prêt à renoncer à tout pour accepter le Sauveur.
Remarquez que le mot « péché » est ici non pas au pluriel, mais au singulier. Il y a en effet un péché qui dépasse tous les autres, et dont le Saint-Esprit convaincra les hommes. Quel est-il ? Celui de ne pas croire en Jésus (16.9). Les hommes subiront-ils les peines éternelles parce qu’étant venus au monde avec une nature pécheresse, ils se sont livrés au mal ?Non, certes, bien qu’ils l’aient tous mérité. Mais leur crime aux yeux de Dieu est que, étant pécheurs, ils n’ont pas voulu accepter le pardon qui leur était offert en la personne du Sauveur (cf. 3.18). Pour ceux qui refusent la grâce, Dieu ne peut rien faire de plus, car il ne peut contraindre des êtres qu’il a créés libres.

2.L’Esprit convainc ensuite de justice (Jean 16.8,10)

Qu’est-ce que cela veut dire ?Le Saint-Esprit ne fait pas seulement une œuvre négative, en nous révélant notre perdition. Il nous présente ensuite le Christ, dont la justice et la sainteté (ainsi que la mission divine) sont démontrées par sa résurrection et son retour au Père dans la gloire. L’Esprit produit dans le cœur sincère et repentant la conviction que Jésus est bien le Sauveur qui, juste lui-même, rend justes ceux dont la foi repose en lui (Rom 4.5 ; 5.19, etc.).

3.Il convainc enfin de jugement (Jean 16.8,11)

Lorsque l’homme résiste à cette double démonstration, négative et positive, que se passe-t-il ?L’Esprit convainc de jugement. Que veut dire le v. 11 ? Ceci : le diable est condamné par la Croix, qui le juge de façon définitive et irrévocable (Héb 2.14), et triomphe publiquement de lui (Col 2.15). Le Saint-Esprit convainc ceux qui, délibérément, veulent demeurer des enfants du diable (Jean 8.44) du jugement prochain qui les atteindra aussi bien que leur père.

Que fait l’Esprit dans le cœur qui cède à la conviction de péché et de justice, et qui accepte le Sauveur pour échapper au jugement ? Il le régénère.

II. La régénération, œuvre de l’Esprit

1. Que veut dire le mot « régénérer»?

Engendrer à nouveau, communiquer une seconde fois la vie, ressusciter spirituellement. Notre âme, morte dans ses péchés et privée de la vie de Dieu, a besoin de cette résurrection.

2. Qui est-ce qui produit en nous la régénération ?Le Saint-Esprit :

– 3.5 :« Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer … »

–  3.6 :« Ce qui est né de l’Esprit, est esprit. »

3.8 :« Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. »

 Voici quelques passages parallèles qui parlent de cette même opération de l’Esprit :Tite 3.5 ;Éph2.5-6 ; Col. 2. 15 ; Jean 5.24. Sommes-nous certains que Dieu a déjà pu faire en nous ce miracle, sans lequel nous ne pouvons être ses enfants ?

3. Y a-t-il une différence entre le baptême du Saint-Esprit (Jean 1.33) et la régénération ?

Non, car ces deux expressions désignent, d’après les textes bibliques, une seule et même expérience. En effet, le baptême du Saint-Esprit a pour résultat :

–  1 Cor 12. 13 : de faire de nous des membres du Corps de Christ,

Rom 6. 3-4 : de nous faire mourir et ressusciter avec Christ,

Tite 3. 5 : de nous sauver et de faire de nous des héritiers de la vie éternelle.

 Il équivaut donc à la régénération1.

Après nous avoir régénérés, le Saint-Esprit nous quitte-t-il ? – Non, au contraire…

III. Le Saint-Esprit habite dans le cœur du croyant

1. Où et en quels termes Jésus annonce-t-il la présence de l’Esprit en nous ?

– Jean 16. 7 :« II viendra vers vous […] je vous l’enverrai. »

– Jean 14.17 :« Il demeure avec vous », « Il sera en vous. »

Voir à ce propos 1 Cor 3.16 ; 6.19 :« Vous êtes le temple de Dieu […] votre corps est le temple du Saint-Esprit » ; Rom 8.9,11 :« L’Esprit de Dieu habite en vous. »

2.L’Esprit vient-il seul en nous ?

Non, parce que les trois personnes divines sont une. Il met en nous en même temps :

a)la présence de Jésus

Jésus déclare :

–  Jean 6.56 :« Celui qui mange ma chair […] je demeure en lui »,

Jean 14.20,23 ; 17.26 :« Je suis en vous (ou en eux) »,

Jean15.4,5 :« Celui en qui je demeure ».

 Comment le Sauveur peut-il habiter en nous ?Uniquement par son Esprit.

b)la présence du Père

Jean 14.23 :« Mon Père […] et moi, nous ferons notre demeure chez lui. »

Ce sont donc les trois personnes de la Trinité qui viennent habiter en nous. Quelle grâce et quel privilège ; quelles possibilités aussi pour notre vie et notre service !

3. Combien de temps l’Esprit demeure-t-il en nous ?

Jean 14.16 : Éternellement !

Pourtant, beaucoup de chrétiens pensent qu’après certaines chutes, le Saint-Esprit leur a été retiré. Ils se trompent ;le Saint-Esprit est contristé (Éph 4.30), mais il est encore là. C’est dans l’Ancienne Alliance que David pouvait dire: « Ne meretire pas ton Esprit saint ! »(Ps 51.13). Maintenant le Saint-Esprit demeure en nous pour toujours.

Qu’arriverait-il si l’Esprit nous quittait, ne fût-ce qu’un instant ?Notre âme mourrait aussitôt. La vie éternelle, c’est de connaître Dieu et Jésus-Christ (Jean 17.3), c’est-à-dire de les avoir en soi par l’Esprit. D’après 1 Jean 5.12, celui qui a le Fils a la vie ; or nous n’avons le Fils en nous que par l’Esprit. D’autre part, selon Rom 8.9, celui qui n’a pas l’Esprit de Christ ne lui appartient pas. Nous pouvons donc affirmer que si un croyant était privé un seul instant de la présence de l’Esprit, il perdrait aussitôt la vie spirituelle.

4. Le Saint-Esprit habite-t-il dans le cœur de tous les croyants ?

On pense, souvent, que l’Esprit n’est donné qu’à certains chrétiens, à la suite d’expériences déterminées, et que les convertis ne le reçoivent pas tous. Or, que dit l’Écriture ?

–  Rom 8.9 :« Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. » Donc, l’Esprit est donné à tous ceux qui lui appartiennent ; voyez Jean 7.39.

Rom 8.14 :« Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. » Sinon, ils ne sont pas fils de Dieu.

Rom 8.16 :« L’Esprit rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » Celui qui n’a pas reçu l’Esprit ne peut avoir l’assurance du salut et n’est pas sauvé.

Gal 4.6 :« Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils. » Au moment où nous devenons ses enfants, Dieu met son Esprit en nous.

 D’ailleurs, dans Jean 14.17,23, Jésus parle de tous les croyants sans faire aucune exception, lorsqu’il dit :« Le Saint-Esprit […] sera en vous […] Nous ferons notre demeure chez lui.»

5. Quelles conditions devons-nous remplir pour que l’Esprit vienne habiter en nous ?

a) Celui qui croit reçoit le Saint-Esprit

–  Jean 7.39 :« Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. »

Gal 3. 14 :« Vous avez reçu le Saint-Esprit […] par la foi. »

 b) L’Esprit est un don que nous devons simplement accepter :Jean 14. 16 :« Le Père vous donnera un autre Consolateur. »Voyez Act 2.38; 8.20 ; 10.45 : le don du Saint-Esprit.

c) Celui qui aime Christ et garde ses commandements voit l’Esprit faire sa demeure dans son cœur : Jean 14.15-17, 23. Voyez 1 Jean 3.24 ; 4.13 :« Celui qui garde ses commandements,[…] Dieu demeure en lui » (par l’Esprit).

d) « Celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui » :1 Jean 4.15.

e) « Celui qui s’attache au Seigneur devient avec lui un seul esprit » : 1 Cor 6.17.

f) « Si quelqu’un ouvre la porte, […] j’entrerai chez lui » (par mon Esprit) : Apoc 3.20.

Toutes ces conditions se résument à celle-ci : si nous croyons de tout notre cœur au Seigneur Jésus, le Saint-Esprit vient habiter en nous. Avons-nous la certitude qu’il l’a fait ? Ou bien doutons-nous encore de la Parole de Dieu ?

6. Un croyant peut-il savoir si le Saint-Esprit est en lui ?

Certes, puisque les versets étudiés au paragraphe 5 sont si formels. D’autre part, Jésus dit :

–  Jean 14. 17 :« Vous, vous le connaissez. »

Jean 14.20 :« Vous connaîtrez […] que je suis en vous. »

Rom 8.16 dit aussi :« L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. »

 Cependant, tous les croyants sont-ils conscients de la présence de l’Esprit ? Non, hélas ; trop souvent, par ignorance ou par incrédulité, ils négligent de réaliser cette grande vérité. C’est à eux que s’adresse la parole de 1 Cor 6.19 : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ? »Souvent aussi, c’est le péché qui a contristé l’Esprit et l’empêche de manifester sa présence d’une manière sensible.

IV. Conclusion

Avons-nous jusqu’ici prêté l’attention qui convenait à la personne auguste et à l’œuvre du Saint-Esprit ? Nous sommes-nous laissés convaincre par lui, et notre certitude repose-t-elle sur lui plus que sur les discours des hommes qui nous ont parlé ? Sommes-nous sûrs qu’il nous ait régénérés et qu’il habite en nous ? Toutes ces questions sont absolument essentielles pour notre vie chrétienne.

Comprenons-nous mieux maintenant pourquoi, selon Jean 16.7, il nous est plus avantageux d’avoir le Saint-Esprit que Jésus dans son humiliation ?Cet avantage est double :

1) Jésus, le premier Consolateur, n’est resté dans la chair que trois ans avec ses disciples, tandis que l’autre Consolateur demeure avec eux éternellement ;

2) Pour les disciples, Jésus était « Dieu avec les hommes », Emmanuel, tandis que l’Esprit pour nous c’est Dieu, c’est Jésus-Christ en nous. Jamais de telles choses ne seraient montées au cœur de l’homme. Glorifions Dieu qui les a préparées pour ceux qui l’aiment2 !

Prenons garde toutefois, en reconnaissant le rôle et l’importance duSaint-Esprit, d’oublier que jamais l’Esprit ne vient, si l’on ose dire, pour supplanter Jésus-Christ et le mettre de côté. Au contraire, […] l’Esprit tend uniquement à glorifier Christ, sans jamais parler de lui-même. Quant à nous, si nous étudions les textes qui parlent du Saint-Esprit, c’est pour apprendre à mieux réaliser par lui la vie de Christ en nous, et à mieux le glorifier à notre tour. 3

1 Cet important sujet est traité plus en détail dans l’ouvrage de René Pache : La Personne et l’Œuvre du Saint-Esprit, pp. 63-72 (Éd. Emmaüs, St Légier, 1989).
2 Cf. 1 Cor 2.9,10 et ss.
3 Dans le chapitre suivant de son opuscule, R. Pache développe la question des œuvres diverses du Saint-Esprit en se servant de nombreuses citations de l’Évangile selon Jean, notamment des chapitres 1, 4, 6, 7, 8, 10, 14, 15, 16.

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Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pasécrits dans ce livre. Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. 

(Jean 20.30-31)

Place et sens des miracles de Jésus dans l’évangile selon Jean

Jean a premièrement rédigé son Évangile pour rappeler que Jésus, homme parmi les hommes, a publiquement démontré sa puissance divine par un grand nombre de miracles confirmés. Une quarantaine de ces signes sont mentionnés dans les Évangiles, et neuf sont rapportés par Jean. Deuxièmement, ce dernier souhaite amener ses lecteurs à placer leur confiance en Jésus et à croire qu’il est vraiment le Messie et le Fils de Dieu, la deuxième Personne de la Trinité divine. Il est celui que les écrits de l’AT ont annoncé (cf.És 4.2 ;52.13-53.12). Troisièmement, l’auteur veut nous convaincre que de cette foi en Jésus dépendent notre salut, notre vie éternelle.

Qu’est-ce qu’un miracle ? Ce terme vient du latinmiraculum e tsignifie « prodige », du verbe mirare :« s’étonner ». Le Petit Robert le décrit comme un« fait extraordinaire où l’on croit reconnaître une intervention divine bienveillante, auquel on confère une signification spirituelle. »En général, un miracle implique une intervention divine dans la nature ou dans les événements touchant les hommes. Cette intervention manifeste la grâce de Dieu. Dans le cas de Jésus, il s’agit de surcroît d’une authentification de sa nature divine. Toutefois, ne voyons pas automatiquement dans les miracles Jésus des« violations » des lois naturelles. Augustin (IVes.) affirma qu’un miracle de Jésus peut aller « à l’encontre de ce que nous savons de la nature ». Parce que la science ne saura jamais tout des lois naturelles, un prodige inexplicable de Jésus devrait plutôt être considéré comme une intervention de Dieu destinée à nous rappeler qu’il est maître des phénomènes mystérieux dont la source se trouve au delà de nos« terres »familières. En ce qui concerne les miracles de Jésus, ils constituent une manifestation de sa gloire.

L’apôtre Jean désigne les« miracles »de Jésus en utilisant le terme grec correspondant au français « signes » (sèmeia). Dans le contexte, un « signe » est un acte perçu visuellement permettant d’établir l’authenticité de Jésus comme unique représentant de Dieu sur terre — et Dieu incarné. Une telle démonstration est nécessaire pour deux raisons. Il faut que le pécheur appelé à croire en Christ :

– puisse fonder sa foi sur des preuves désignant celui-ci comme le Messie annoncé dans l’Écriture (cf. Mat 11.2-5) ; 

– sache que la promesse de la vie éternelle repose sur une vérité d’expérience (cf. Jean 10.37,38).Les doctrines fondamentales du christianisme s’appuient en partie sur les miracles du Seigneur, celui de sa résurrection étant le plus grand (cf. 1 Cor 15.3-4).

L’exposéd’un miracle est souvent précédé d’un discours et/ou d’événements en rapport avec ce miracle. Il en est de même pour ce qui suit cet exposé. Chaque miracle est ainsicomme un tremplin pour l’enseignement suivant en vue d’aider le lecteur à s’approcher davantage,pour son salut personnel et éternel, de la réalité exprimée dans nos versets d’introduction.

Les miracles rapportés par Jean sont en nombre limité, mais suffisant pour démontrer l’autorité du Seigneur dans six domaines où l’être humain ne peut proposer que des agencements précaires ou tout bonnement illusoires :la réussite de l’existence terrestre, la santé, la sécurité face aux menaces naturelles, la subsistance alimentaire, le pardon des péchés,la réalité de la mort. 1

Les miracles de Jésus

1. Jean 2.1-12 :L’eau changée en vin. Le mariage et la nourriture étaient honorés en Israël parce que nécessaires à la perpétuation de l’existence familiale, nationale et spirituelle. Ainsi Jésus sanctifie-t-il le mariage et démontre-t-il son contrôle de la nature en changeant l’eau en vin. Par implication, il souligne que le but de sa venue dans le monde est de pourvoir au bonheur de ses créatures, et non de les asservir. De plus, Jésus commence à révéler sa gloire divine et fortifie la foi de ses disciples (2.11). Notons aussi l’humble discrétion du Seigneur qui ne cherche pas une attention exclusive de la part des autres à la suite du miracle : il quitte immédiatement Cana pour se rendre à Capernaüm (2.12). Ceux qui aujourd’hui se disent capables de faire des miracles devraient s’inspirer de l’exemple du Maître… Ce miracle, expressément signalé comme le premier du ministère de Jésus, prépare le terrain des interventions spectaculaires en public (2.13-25) et en privé (3.1-21) qui suivent immédiatement dans le texte.

2. Jean 4.43-54 : La guérison du fils de l’officier d’Hérode Antipas, roi de Galilée et de Pérée. Ce miracle a lieu en Galilée, une région dépréciée, où Jésus est prêt à venir en aide « médicale » à une famille importante dont le fils gravement malade est à l’agonie. Géographiquement, nous nous retrouvons dans les deux lieux précédemment mentionnés : Capernaüm et Cana. Les habitants d’Israël sont alors affligés de toutes sortes de maladies, souvent incurables (cf. Marc 5.25-26 !) Jésus exerce sa puissance et sa compassion par-dessus les clivages raciaux et religieux. Ainsi est-il prêt à venir en aide à n’importe qui et n’importe quand en réponse à la foi authentique. Il faut que le nécessiteux croie simplement et humblement en Jésus, en l’acceptant pour ce qu’il est : le Fils de Dieu (1.29-34). Jésus-Christ est le seul qui règne souverainement sur la maladie, car il est la Vie même (14.6). L’officier a compris cela, aussi s’adresse-t-il à Jésus avec instance, respect, humilité et foi, convaincu que Jésus peut même guérir à distance. La bonne foi en la bonne personne produit de bons effets.De nouveau, le miracle fortifie la foi de plusieurs (4.53) ; Jésus semble même concéder à ses contemporains le droit de voir un certain nombre de « miracles et de prodiges » (4.48) en préalable à leur foi. Avons-nous les mêmes droits que ces hommes-là ? Selon les textes mis entête de cet article, c’est le texte même de la Bible qui nous fournit, aujourd’hui, le faisceau suffisant de ces preuves surnaturelles.

3. Jean 5.1-16 : La guérison du paralytique de la piscine de Béthesda. Un miracle étonnant mettant en avant la démarche réussie de Jésus pour faire du bien à un individu que tous ont délaissé (5.7). Jésus agit directement, sans demander aucune autre expression de foi que l’obéissance à sa parole. Il accorde gratuitement l’énergie pour marcher et une nouvelle qualité de vie à celui qui obéit à son instruction. Ce miracle, comme bien d’autres, souligne le prix d’un seul être humain aux yeux de Jésus et la capacité de ce dernier à lui faire du bien, en toute connaissance de ses antécédents (5.6) et au moment qu’il choisit …le paralytique est malade depuis 38 ans !(5.5). Mais l’intervention bienfaisante de Jésus constitue aussi, pour ce paralytique, un appel ferme à mettre sa vie en règle avec Dieu, car, lorsque Jésus le retrouve, il lui dit :« Voici : tu as recouvré la santé, ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire. » (5.14b)Jésus démontre qu’il est maître de toute pratique religieuse(ici du sabbat, puisque la guérison a lieu lors d’un sabbat, au grand scandale des Juifs)comme de la maladie, et qu’il a autorité pour pardonner le péché. Accessoirement, la discrétion de Jésus, qui disparaît sans même révéler son nom à son « patient » guéri (5.13),est une fois encore un exemple pour ceux qui pensent posséder des capacités surnaturelles. Mais l’« anonymat » de Jésus va prendre fin abruptement. Les Juifs le pourchassent ; l’ayant trouvé et l’entendant se faire égal à Dieu (5.17,18b), ils réagissent très violemment (5.18a). Quant à Jésus, il ne craint pas de réitérer plus explicitement son identité avec le Père, ainsi que la vraie finalité de sa mission (5.17 – 47).

4. Jean 6.5-15 : La multiplication des pains pour les cinq mille. Jésus démontre sa compréhension du besoin le plus élémentaire : se nourrir. La recherche de nourriture a toujours mobilisé les forces vives de l’homme ; depuis la Chute, la famine, les catastrophes naturelles, la haine, les rivalités et les guerres ont été, et sont toujours, des causes majeures de disette partout dans le monde et dans toutes les civilisations. Le miracle de la multiplication des pains montre le Messie à l’œuvre dans ce domaine sensible. Quelle aisance déconcertante, quelle largesse, quelle équité dans la répartition du repas !Mais cet épisode n’est pas unique : toute l’histoire chrétienne est remplie d’expériences concrètes de l’intervention de Dieu en faveur des siens pour répondre à un besoin de nourriture. La singularité de ce miracle réside en ce qu’il sert de signe et de préparation à l’enseignement spirituel du lendemain : Jésus est le pain de vie (6.16-71). Dieu nous demande de travailler pour subvenir à nos besoins (cf. 2 Thess 3.10-12), mais la priorité absolue, c’est de « travailler » en vue d’obtenir la vie éternelle que le Fils de l’homme veut nous donner (6.27) et de « manger le pain » du ciel, c’est-à-dire de recevoir le Seigneur au plus profond de nous-mêmes (6.51,53-58) et de garder sa Parole (6.68).

5. Jean 6.16-21 : Jésus marchant sur l’eau. Ce miracle reçoit un traitement plus détaillé enMat 14.24-33 et Marc 6.47-52.Pourquoi est-il si résumé dans Jean ? Et pourquoi Jésus l’accomplit-il après la multiplication des pains ?

a.  Le miracle précédent avait causé une réponse inadéquate de la part de la foule, car elle n’attendait en Jésus qu’un chef politique (6.15), un libérateur de la tutelle de Rome. On peut supposer que les disciples s’adonnaient aussi à cette espérance (cf. Luc 24.21). La mer démontée, contre laquelle les disciples rament très difficilement, fournit à Jésus l’occasion de se révéler comme le Souverain d’un empire infiniment plus vaste que celui des Romains.

b.  La clé de ce court passage se cache dans l’original grec. Le texte précise qu’en constatant la peur des disciples à le voir marcher sur l’eau, Jésus proclame :Ego eimi :litt. « Moi, je suis », tout simplement(dans Jean 8.24,28,58 ; 13.19,il recourt à la même expression).Le rapport avec le nom que l’Éternel se donne à lui-même dans l’AT, ainsi que l’allusion à ses pouvoirs illimités sur les flots menaçants sont évidents (cf.Ex 3.14 ;Ex 14-15 ; Job 9.8 ; 38.16, et al.). Ce miracle a sûrement éclairé et consolidé la foi de ses disciples lorsqu’un peu plus tard le Seigneurs’est mis à discourir sur lui-même comme« pain de vie »(6.22-71).

 6.Jean 9.1–41 :La guérison d’un aveugle-né. Ce chapitre est un des plus longs sur une guérison. Le récit,en plus du thèmede la maladie,aborde ceux du péché (deux fois), de l’identité de Jésus, du but du sabbat, de la couardise des parents, du témoignage, de la foi au Messie, et de l’hypocrisie. C’est aussi l’occasion pour Jésus de dénoncer l’aveuglement des chefs spirituels, leurs préjugés contre ce qui n’est pas conforme à leur vision des choses (9.16-17), contre ce qui leur est incompréhensible (9.19,40-41) et contre lui-même (9.28-29). Quant à l’aveugle guéri, il parviendra finalement à une claire compréhension et acceptation de son Seigneur, le Fils de l’homme (9.35-38).

L’apôtre Jean, en plaçant ce signe-miracle avant le chapitre 10 sur l’enseignement du « bon Berger », fait ressortir que les responsables religieux de la nation, aveugles spirituels, n’avaient pas de réel pouvoir pour venir en aide aux gens physiquement malades ni pour résoudre la question du péché (9.39 – 41). Ainsi, le lecteur est préparé intellectuellement et spirituellement au chapitre 10 qui dépeint Jésus comme le responsable spirituel dont Israël a besoin, le vrai Berger capable de soigner, guider et garder tous ceux qui se laissent sauverpar lui.

À cet endroit de l’Évangile, nous réalisons queles six premiers miracles rapportés par Jean lui ont permis d’affirmer sans équivoque que Jésus, Fils de Dieu, est le Christ attendu par Israël.Mais nous comprenons aussi que l’auteur a commencé à développer le terrible verdict du prologue : la Parole « est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçue » (1.11). Le texte dévoile ce que vaut et pense vraiment l’homme rebelle. Nous voyons l’opposition que ce dernier a toujours manifestée contre Dieu se concentrer sur Jésus. Elle surgit de sa famille (7.1-9) ou des « Juifs » et de leurs chefs (7.11-8.59).Elle vise sa personne, son autorité divine, sa justice, sa mission, son statut de Lumière du monde, et deviendra de plus en plus farouche.

7. Jean 11.1 – 46 :La résurrection de Lazare. Le chapitre10 présente Jésus comme le bon Berger ; le chapitre 11 illustre magistralement cette fonction. Le Berger sait s’occuper des affligés endeuillés par la mort d’un proche. Plus que cela, en ressuscitant Lazare, ce Berger prouve qu’il est le Maître insurpassable de la mort et de la vie. Un miracle unique, une prouesse impossible à un autre qu’au Dieu Créateur, qui est la Vie. Le Berger dévoile sa souveraineté sur le déroulement de la vie, sa tendresse si humaine, ses émotions intenses, sa puissance sur la mort. Quelle introduction à cette période de la Pâque (à partir du ch. 12) qui conduit à sa propre mort, puis à sa résurrection !

* * * * * * *

Un intervalle est ménagé entre les7e et8e miracles (la résurrection de Jésus, annoncée prophétiquement dès Jean 2.18-22). Cette section est d’abord justifiée par la décision du sanhédrin de mettre fin au ministère et à la vie du Seigneur :« Qu’allons-nous faire ? Car cet homme a fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui… […] Dès ce jour, ils résolurent de le faire mourir. » (11.47b-48a,53).

Ensuite, et malgré un bref moment de liesse populaire lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem (12.12-18) — enthousiasme consécutif au miracle de la résurrection de Lazare (12.17-18) — c’est l’incrédulité des mêmes foules qui va l’emporter :« Malgré tant de miracles qu’il avait fait devant eux, ils ne croyaient pas en lui. » (12.37 et ss.)

Enfin, Jésus a maintenant une autre priorité : il se préoccupe de préparer les siens à son départ. Il va leur préciser le plan que le Père a conçu concernant la venue du Saint-Esprit et la formation de l’Église, car ses disciples ont encore beaucoup à découvrir à propos d’une vie communautaire faite de service (13.12-17), d’amour (14.15-21), de communion spirituelle authentique avec Christ (15.4-17) etde l’expérience de la persécution (15.18-16.4). Ils doivent savoir que l’Esprit sera agissant en eux pour les consoler, les instruire par la Parole et pour les diriger (14.25-26 ; 15.26-27 ; 16.7-15) ; ils devront se souvenir que le Fils prie pour eux et qu’il les protégera (ch. 17). Quant aux chapitres 18-19, ils rappellent jusqu’à quel degré inimaginable de douleur le Fils est descendu en vue de la rédemption des pécheurs et« afin que l’Écriture soit accomplie » (cf. 19.24,28,36,37).

Puis vient l’inhumation de Jésus, et le récit semble devoir se conclure sur la page la plus noire de l’histoire humaine.

8. Jean 20.1-29 : La résurrection de Jésus. C’est le plus formidable des miracles, l’expression la plus stupéfiante de la victoire du Fils (cf. 2.18-22), celle qui authentifie tout le témoignage antérieur du Sauveur, sa vérité, son intégrité, sa souveraineté éternelles. Voilà le couronnement absolu du ministère miraculeux de Jésus de Nazareth. Le tombeau vaincu et ses retrouvailles avec les siens proclament qu’il est le Christ, le Fils de Dieu, le seul détenteur de l’autorité sur la vie et la mort, le seul habilité à accorder la vie éternelle à quiconque le reconnaît comme Sauveur et Seigneur personnel (nous retrouvons Jean 20.30-31).

9. Jean 21.1-14 :La pêche miraculeuse. Oui, il y a encore un miracle, même après la déclaration de Jean 20.30-31 ! C’est comme un supplément !À la fois dans la continuité du ministère passé (les évangélistes ont rapporté d’autres pêches miraculeuses) et dans la perspective des temps à venir. Un couronnement pratique, en somme. Car s’il est bon d’être persuadé de la résurrection du Seigneur, il est tout aussi bon de le savoir agissant pour ses enfants.Jésus vivant subvient à nos besoins :

– Il est attentif à notre bien-être (21.5,13),

– Il pourvoit, souvent au travers même de notre travail(21.6-9),

– Il entraîne nos cœurs à l’aimer et à chercher le bien de nos semblables (21.15-19),

– Il nous encourage à veiller sur notre marche personnelle avec lui avant de vouloir nous occuper de celle des autres (21.20-23). Chacun rendra compte pour lui-même !

* * * * * * *

Ces textes nous encouragent à aller de l’avant avec confiance. Notre Dieu fait tout ce qu’il veut : nous le savons par les miracles du Fils et par l’effusion du Saint-Esprit, qui rendent possible le plus grand miracle concevable à notre niveau personnel :Dieu nous transformant à son image et nous associant à son Être, à sa Vie éternelle (1.12 ; 3.8).

Il ne nous cache pas que notre parcours terrestre ne sera pas fait que de miracles : on ne peut esquiver l’âpreté du combat spirituel, le péché et la repentance, l’étude attentive de la Parole, la prière, les joies et les épreuves de tous les jours, les travaux, les actes de foi, la persévérance, la patience, le témoignage, et parfois la persécution. Mais ce qui fait notre assurance, c’est qu’en demeurant en lui (15.1-16), il nous est toujours avantageux et possible de le suivre (21.19,23).

1 C’était déjà le rôle de l’Ecclésiaste de nous convaincre de tout cela.

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« Tout ce que fait le Père, le Fils le fait également. » (Jean 5.19)

Par le moyen de la recommandation faite au « guéri » de Béthesda (l’homme à la natte), Jésus met laquestion du sabbat sur le tapis ! Elle suscite une réaction immédiate des autorités religieuses. Seulement, Jésus n’a pas amené la discussion sur ce terrain pour « pinailler » avec les pharisiens au sujet des règles. Ilne participera pas au débat, qui faisait les délices de certains rabbins, au sujet de ce qui était autorisé le jourdu sabbat et ce qui ne l’était pas. On passe très rapidement à autre chose, à une révélation qui a dû être« époustouflante » pour ceux qui l’ont reçue. On dépasse très vite le problème de la natte et même celui de la guérison opérée pendant le sabbat1pour aborder le domaine infiniment plus mystérieux et, pour les autorités,détonant, de la relation unique qui unit Jésus au Père.

« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. »

« Au commencement était celui qui est la Parole de Dieu. […] Tout a été créé par lui ;rien de ce qui aété créé n’a été créé sans lui. »

« Et Dieu dit alors : Que la lumière soit !Et la lumière fut. »

À l’heure même où Jésus a dit au fonctionnaire :« Ton fils est bien portant », la fièvre a quitté celui-ci. 2

« Mon Père n’a jamais cessé de travailler jusqu’aujourd’hui et je suis moi-même constamment au travail. » (Jean 5.17) 3

[…] Jean répond à la question la plus importante qu’un homme ou unefemme puisse se poser : Qui est Jésus de Nazareth ? Il apporte une série de témoignages : le témoignageprophétique de Jean-Baptiste, le témoignage émerveillé des premiers disciples (André, Philippe, Nathanaël),le témoignage hésitant de Nicodème, le témoignage prudent de la Samaritaine et le témoignage affirmédes villageois samaritains. Maintenant, il est temps d’écouter ce que Jésus dit de lui-même. Si ce texteest le résumé d’un dialogue, ce qui est fort possible, Jean ne retient que les paroles de Jésus. Vous pouvezéventuellement vous amuser à deviner à quels moments ses interlocuteurs sont intervenus — ou ont faitmine d’intervenir… Jésus n’avait pas besoin que leurs objections soient exprimées à haute voix, « il connaissaitle fond de leur cœur. » 4

Dans le v.18 qui rapporte la transition de la question du sabbat à celle de la « filiation », Jean jouepeut-être sur les mots. Le verbe traduit ici par violer5a plusieurs nuances. À la base, il veut dire délier et,par extension, libérer, relâcher, annuler ou abolir. Quand le Seigneur dit, en parlant de son corps :« Démolissez ce Temple », c’est le même mot. On le retrouve également pour exprimer l’ordre de Jésus au sujet de Lazareressuscité :« Déliez-le ! » Pour les pharisiens, Jésus démolit le règlement, c’est sûr. Mais nous pouvonsaussi comprendre leur plainte dans le sens où Jésus libérait le sabbat du carcan où les scribes l’avaient enfermé.Pour Jean et les premiers chrétiens, c’est sans doute cette vision des choses qui primait. Car au départla loi du sabbat était une bonne nouvelle !« Vous n’avez pas besoin de travailler sept jours sur sept.Vous pouvez, vous devez, faire relâche un jour par semaine. Et, ce jour-là, vous pouvez prendre du tempspour vous réjouir de la bonté de Dieu. » Mais maintenant les pharisiens disaient :« Si tu lèves le petit doigtle jour du sabbat, tu pèches ! » Ils avaient changé la bonne nouvelle du repos de Dieu en mauvaise nouvelle.Dans ce domaine aussi, « la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. » Le Fils vient rétablir la vérité etrévéler la grâce.

Les Juifs ne contesteront pas le fait que Dieu ne cesse de travailler. Leurs propres rabbins enseignaientque si Dieu s’est reposé le septième jour de son œuvre de création, il n’a jamais cessé de s’occuperdu monde et de ses habitants. On passe donc très vite à une nouvelle accusation : Jésus se faisait ainsil’égal de Dieu. Le Seigneur saisit la perche tendue et en profite pour lever un coin du voile, pour révélercertains aspects de la relation entre le Père et le Fils.

La parabole du fils apprenti

À l’époque où Jean écrivait, on n’utilisait pas de lettres minuscules. Puisque tout était écrit en majuscules,ce n’est que bien plus tard qu’on a distingué entre Père et père, entre Fils et fils. De plus, il n’y aqu’ici dans tout le livre qu’on trouve le verbe « avoir de l’affection pour »appliqué à la relation entre Père et Fils.6 Cela suggère qu’il faut plutôt lire : le père aime bien le fils… Il est donc possible de comprendreles versets 19 et 20, sans les majuscules, comme une image ou une parabole. Si nous avons là effectivementune illustration tirée de la vie courante, elle a un côté émouvant par le fait que Jésus puiserait dansson expérience humaine et temporelle auprès de Joseph pour éclairer le fonctionnement de sa relation divineet éternelle avec le Père. Dans l’Évangile selon Jean, la vie — toute la vie — de Jésus est une « histoire illustrée ».7

Cette petite illustration sert à décrire non une relation maître-esclave, ni une relation employeur-employémais une relation maître-apprenti. Marc nous raconte qu’on a pu dire de Jésus :« N’est-ce pas le charpentier …? » (Marc 6.3) Nous avons donc de bonnes raisons de croire que Jésus a appris le métier de Joseph. À l’époqueet pendant bien des siècles, le premier apprenti du père artisan était tout naturellement son fils aîné. La parabolede l’apprenti nous fait comprendre tout d’abord que le père et le fils sont de même nature. Elle souligneaussi que le maître et l’apprenti ont les mêmes objectifs. S’il y a effectivement ce qu’on appelle un« lien de subordination », celui-ci est librement et joyeusement accepté pour le bien de l’entreprise commune— et familiale ! Comme toute illustration, celle-ci a ses limites. Appliquée à Jésus, nous ne pouvons paslui faire dire que l’apprenti se prépare à remplacer le maître-artisan ! Le rôle du Fils est de travailler éternellementmain dans la main avec le Père. Mais l’image de l’apprentissage souligne le fait que les œuvres de Jésus, ses signes, suivent un programme. Il y une sorte de gradation, mais celle-ci ne correspond pas àune « montée en puissance » progressive de Jésus. Elle est plutôt au service d’une révélation progressivedu Fils. Ses œuvres iront crescendo, de l’eau changée en vin jusqu’à la résurrection de Lazare — et au-delàjusqu’à la croix, à la propre résurrection de Jésus et au jugement dernier. Sous la conduite experte du père,le fils produira son chef-d’œuvre. Et dans la vie de Jésus, ce chef-d’œuvre, c’est notre salut !

Déjà vers la fin du v.20, nous glissons de l’illustration à l’application quand Jésus dit :« Vous en serezstupéfaits ». Ensuite, le Seigneur souligne deux aspects de sa « collaboration »avec le Père. D’abord l’imitation, au v.21 : le Fils fait comme le Père. Puis la délégation, au v.22 : le Fils fait quelque chose que le Pèrene fera pas, mais il le fait « comme le Père le lui indique » (5.30). Dans les deux cas, la collaboration est harmonieuseet étroite. Père et Fils font vivre, mais c’est le Fils qui fait le tri. Nous reviendrons dans un instant àce jugement et à ses aspects présent et futur. D’abord, nous devons nous poser la question de commentl’exemple de Jésus éclaire notre expérience de « fils de Dieu ».

On ne peut qu’être frappé par le rapprochement entre ce texte de Jean où Jésus explique sa vie et sonaction en termes de ce que le Père lui montre et l’enseignement de Paul dans l’Épître aux Éphésiens :« Ceque nous sommes, nous le devons à Dieu ; car par notre union avec le Christ, Jésus, Dieu nous a crééspour une vie riche d’œuvres bonnes qu’il a préparées à l’avance afin que nous les accomplissions. » 8Certains chrétiens sont agacés par cet enseignement qui, à leurs yeux, porte atteinte à leur liberté. Mais pouvons-nous raisonnablement revendiquer une « liberté » différente de celle du Fils de l’homme qui appliquait joyeusement la volonté du Père ? Ce que nous sommes, nous le devons à Dieu.Recréés pour vivreunis à Jésus, nous devons nous réjouir tous les jours du fait que notre petite vie est prise en compte dans legrand dessein de Dieu, que dans sa grâce notre Père nous donne une place et un rôle dans la réalisation desa volonté. En contrepartie, nous sommes incités à vivre, comme Jésus, à l’écoute du Père.

Jamais sans mon Fils

La déclaration de Jésus selon laquelle il est le chemin, la vérité et la vie, et que personne ne va auPère sans passer par lui, a fait couler beaucoup d’encre. D’aucuns sont offusqués par ces paroles qu’ils accusentde faire le lit de l’intolérance. Nous trouvons dans Jean 5 une autre affirmation de la même eau :« Nepas honorer le Fils, c’est ne pas honorer le Père qui l’a envoyé ». Voilà qui n’arrange rien ! Mais c’est icique Jésus commence à faire le tri. « Je crois en Dieu, mais je ne crois pas en Jésus » disent certains. La réponsedu Fils : Vous croyez en un « dieu » qui n’existe pas ! Vous ne pouvez pas avoir l’un sans l’autre, lePère sans le Fils ou le Fils sans le Père. Si vous n’honorez pas le Fils comme l’envoyé du Père, vous déshonorezle Père lui-même.La foi telle qu’elle est définie dans l’Évangile selon Jean n’est pas le simple fait de croire… n’importequoi, n’importe qui. Jean ne dirait pas que le plus important, c’est d’être sincère ! Tous les chemins ne mènentpas à Dieu. Aucune religion ne peut se substituer au Fils pour nous faire connaître le Père. C’est surce point précis que les religieux de l’époque ont achoppé. Le chemin est étroit. Pour s’y engager il faut passerpar la porte dont les deux montants pourraient s’appeler :« écouter ce que dit le Fils » et « placer saconfiance dans le Père qui l’a envoyé ». Si quelqu’un croit en un Dieu qui n’a pas parlé en envoyant sonFils dans le monde, sa « foi » est vaine. Chaque être humain se trouve jugé par sa propre attitude à l’égardde Jésus-Christ.

La grande traversée

« …Celui qui écoute ce que je dis et qui place sa confiance dans le Père qui m’a envoyé, possède, dès àprésent, la vie éternelle et il ne sera pas condamné ; il est déjà passé de la mort à la vie. » (5.24)Pour celui quivient au Père par le Fils, la mort physique prend des allures de petite transition à côté de la grande traverséequi est déjà accomplie. Laforme verbale « est… passé »est au passé composé ; elle indique que la traversée est achevée et définitive. On a changé de bord, de destinée, de destination finale. Le même verbe revient au ch. 7 quand les frèresde Jésus lui disent :« Tu devrais quitter cette région… » Celui qui croit est « parti », il est sorti de la mortpour entrer dans la vie, il est passé de la zone du jugement à la zone de la vie — pour toujours ! Nous trouvonsencore le même mot dans Jean 13.1 :« …l’heure était venue pour lui de quitter ce monde pour s’en allerauprès de son Père. » Celui qui croit vit un changement aussi radical que le passage de ce monde à la présencedu Père. Le parallélisme entre les versets 24 et 25 de notre texte indique même que cette traverséepeut être comprise comme une première « résurrection ». 9

Le jugement confié au Fils de l’homme s’exerce dès maintenant. Ceux qui entendent (dans le sensd’accueillir, de prêter attention à) la parole de Jésus et qui croient au Père « envoyeur » entrent déjà dans lavie, ils possèdent, dès à présent, la vie éternelle et échappent au jugement. La deuxième phase du jugementest encore future. Le jour viendra où tous, sans exception, entendront la voix du Fils. Mais à ce moment-là, il sera trop tard pour traverser. Les uns se relèveront pour la suite et la plénitude de la vie déjà reçue.Les autres se réactiveront pour être condamnés, pour la confirmation de leur mort10, de leur préférencepour les ténèbres, de l’abîme qui les sépare du Dieu qui est, et qui est la vie.

Qui est Jésus-Christ ? Voici une question qui nous donne du mal. Nous sommes toujours sur le fil durasoir, cherchant à concilier Jésus, pleinement homme, et le Fils, pleinement Dieu. Nous penchons tantôtd’un côté, tantôt de l’autre, et nous sommes parfois secrètement ennuyés de nous trouver là en présenced’un mystère qui nous échappera toujours. Il n’y a pourtant rien d’étonnant dans le fait que nous ne comprenons pas la nature profonde de Dieu !

Jean rapporte des paroles de Jésus qui nous aident, qui nous informent, qui nous éclairent… mais quin’expliquent pas tout. En l’espace de trois versets (26, 27, 28), Jésus se dit Fils de Dieu, équipé pour donnerla vie, et Fils de l’homme, qualifié pour faire le tri. L’esprit religieux ne reçoit pas cette réalité et se faitdes nœuds. Il y a en effet un nouveau quiproquo dans l’accusation selon laquelle Jésus se fait lui-mêmel’égal de Dieu. Dans le jargon des rabbins, cette expression veut dire « revendiquer l’indépendance àl’égard de Dieu » (comme Adam dans le jardin d’Éden). Jésus ne réfute pas l’accusation mais redéfinit laformule. Si Jésus se fait l’égal de Dieu, c’est pour revendiquer une identité de nature et de projet avec le

Père et une soumission exemplaire au Père dans la réalisation de ce projet.

Réjouissons-nous de ce que le Père et le Fils ont fait équipe pour nous offrir la vie. Et vivons,comme le Fils, à l’écoute du Père, cherchant chaque jour sa volonté qui donne un sens à ce qui nous arriveet à ces « œuvres » que nous arrivons parfois à accomplir.

1 Jésus y reviendra plus tard : voir Jean 7.21-25.
2 Voir aussi Jean 5 .8-9. (NDLR)
3 La version Second 1978 traduit : « Mon Père travaille jusqu’à présent. Moi aussi, je travaille. » Le verbe grec ergazomai, rendu ici par « travailler », signifie aussi « être actif, agir, faire ou accomplir (quelque chose) ». (NDLR)
4 Jean 2.25
5 luô
6 phileô et non agapaô.
7 Même les périodes de cette vie que Jean passe sous silence par ailleurs. (Voir 1 Jean 1.1-4 ; NDLR)
8 Éph 2.10
9 Ces termes sont à prendre au sens spirituel, dans la ligne des paroles de Paul en Col 1.12-14. La résurrection de nos corps n’a pas encore eu lieu (cf. 2 Tim 2.18) et la Bible emploie l’expression « première résurrection » pour parler de la résurrection des corps des croyants décédés, avant le début du règne millénaire (Apoc 20.5). (NDLR)
10 Comparez avec Jean 3.18-19.

Écrit par


SELON JEAN L’ÉVANGÉLISTE

Claude-Alain Pfenniger

Notre vie et notre salut éternels dépendent de Jésus-Christ et de notre foi en lui : voilà ce qui motive Jean à écrire son Évangile (3.16,36 ; 17.3 ; 21.31) 1.

Son projet, explicite dès la première page, (1.12) réapparaît dans d’autres textes de sa main (cf. 1 Jean 1.1-4 ; 5.13). Il précise par ailleurs que de cette relation avec Christ découlent la joie véritable et la réussite de la course chrétienne (15.1-17 ; 1 Jean 5.3-6). Quant à son Apocalypse, elle dévoile à ceux qui croientle triomphe de leur Seigneur lorsqu’il reviendra … et à ceux qui ne veulent pas de lui la perte infiniment tragique qu’ils subiront.

Mais la foi en Christ n’est pas le fruit d’une opinion subjective : elle implique une décision majeure précédée d’une révélation. Il faut en effet, très personnellement, faire connaissance avec Jésus de Nazareth, se laisser éclairer par lui (1.9).« Connaître » de manière à parvenir au salut n’est pas du ressort de notre intuition, ni de nos capacités humaines :« Personne n’a jamais vu Dieu ; Dieu le Fils unique2, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître.3  » (1.18)

Le projet de Jean est donc immense :l’évangéliste entend nous guider vers la seule source de vie, de grâce et de vérité : Jésus-Christ. Et par implication, nous préserver des voies sans issue. Voici pour commencer quatre dangers dont il faut se garder avec soin sur ce chemin.

Alertes sur le sentier !

1. Croire en Dieu sans honorer Christ 

À l’époque de Jésus, des foules de gens croyaient au Dieu de la Bible. Pharisiens, scribes, sadducéens, simples croyants par tradition familiale ou nationale… Or, Jean, comme les autres évangélistes, a appris qu’il y a un abîme entre croyance et vraie foi. Il se souvient que Jésus a désavoué certains Juifs qui, parce que descendants ethniques d’Abraham, étaient convaincus d’avoir Dieu pour Père :« Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens […] Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. […] Vous n’écoutez pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu. » (8.42a,44a,47b) Plus tard, ces « croyants »singuliers réclameront la crucifixion du Nazaréen.

Lorsque le persécuteur des chrétiens (et de Christ), Saul de Tarse, fut devenu l’apôtre Paul, il comprit qu’il existe un zèle pour Dieu qui est « sans intelligence » (Rom 10.2). Le frère du Seigneur, Jacques, confirmera ce paradoxe dans son Épître. Il avertit un « croyant » inconséquent :« Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi et ils tremblent. » (Jac 2.19)

2. Apprécier les miracles sans accueillir Christ

L’Évangile selon Jean accorde une place stratégique aux signes surnaturels et aux miracles en lien avec le ministère de Jésus. En soi, la présence parmi les hommes de la « Parole faite chair » est déjà un miracle à la gloire de Dieu (1.14). La nature divine du Messie est même perçue par quelques-uns dès avant sa naissance4. Lors de son baptême, Jésus reçoit sous forme miraculeuse, visible et audible, le témoignage de sa divinité : l’Esprit descendant sur lui comme une colombe5. Jean-Baptiste et Jean l’évangéliste s’en laissent convaincre (1.32,34). Si l’on ajoute à ces premiers phénomènes surnaturels tous les autres miracles rapportés par Jean6, il y a matière à instruire tout lecteur honnête :« Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceci est écrit7 afin que vous croyiez que Jésus est le Christ (c.-à-d. le Messie), le Fils de Dieu … » (20.30,31a).

À la vue des miracles, certains crurent, pour un temps au moins, que Jésus venait de Dieu (2.11 ; 4.28,29 ; 4.53 ; 6.14 ; 7.31, etc.). Mais ceux qui ne suivent Jésus qu’à cause des miracles peuvent très vite tourner leur veste : les Juifs témoins de la résurrection de Lazare semblent croire en Jésus (11.45 ; 12.11,17,18) et se joignent au cortège triomphal des « rameaux », mais quelques jours plus tard, plus aucun ne s’interpose entre les bourreaux et le Seigneur abandonné.

Plus que cela :Jean établit que même les miracles les plus insignes (y compris la résurrection du Seigneur) ne peuvent forcer à croire ceux qui ne veulent pas de Christ. Car il faut aussi compter avec l’infinie mauvaise foi qui nous est naturelle : dans le récit, beaucoup redoutent d’« accueillir la lumière » (1.11) et aiment « les ténèbres plus que la lumière, parce que leurs œuvres [sont] mauvaises » (3.19). Pour se blanchir, ils vont jusqu’à refuser l’évidence en accusant Christ de blasphème (« il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu », 19.7b ; 10.33), de prodiges opérés par le truchement de pouvoirs démoniaques ou encore de folie (7.20 ; 8.48,52 ; 10.20). 8

3. Lire la Bible sans discerner Christ

L’accueil réservé au Fils de Dieu est-il plus facile pour ceux qui ont étudié les Écritures et vivent dans l’attente de la réalisation des prophéties messianiques ?Une connaissance au moins élémentaire de l’Ancien Testament a bien préparé certains individus à identifier le Fils de Dieu. Ce fut le cas de Jean, puis d’autres disciples au début du ministère de Jésus ; puis de Philippe qui dit à Nathanaël :« Nous avons trouvé celui dont il est parlé dans la loi de Moïse et dans les prophètes, Jésus de Nazareth, fils de Joseph. » (1.45b) Sur cette base biblique et après sa rencontre avec Jésus, Nathanaël confesse à son tour :« Rabbi, toi tu es le Fils de Dieu, toi tu es le roi d’Israël. » (1.49)

Mais quelle surprise lorsque nous assistons à l’entretien du théologien Nicodème avec Jésus ! Cet homme hautement instruit dans les Écritures est bien disposé à l’égard de Jésus :« Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de la part de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui. » (3.2) Or, Jésus fait remarquer à son visiteur nocturne que celui-ci ne connaît pas même les rudiments de la sagesse divine (3.10). Le docteur de la loi, qui se prend pour un pair de Jésus, ne comprend ni l’identité du Fils de l’homme, ni le sens de sa mission, ni le chemin du salut. Nicodème doit découvrir que l’érudition biblique n’ouvre pas automatiquement la porte du Ciel.

Au reste, tous les personnages du récit évangélique qui, à tort et à travers, citeront les Écritures pour s’opposer au Seigneur ne feront que souligner leur méconnaissance et des Écritures, et de Christ (cf. 5.10,16,18 ; 5.39,40 ; 12.34 ; 19.7). Celui-ci livre la raison de leurs égarements : ses auditeurs ne veulent pas sincèrement venir à lui (5.40) ; ils n’ont pas l’amour du Père en eux (5.42) et ne croient pas même en Moïse (5.46,47) ; ils ne connaissent pas vraiment le Père, et par conséquent sont incapables de reconnaître le Fils (5.38), ni d’apprécier ses œuvres (10.25,26).

4. Voir Christ sans discerner Dieu

Parvenus à ce point de notre enquête, nous pourrions nous figurer qu’il est très ardu, voire exceptionnel, de parvenir à la foi qui sauve. Ne faut-il pas envier les quelques disciples qui eurent le privilège de vivre aux côtés du Maître pendant des années — le voyant à l’œuvre et agissant sous ses directives ? Voilà, dirait-on, la vraie initiation qui me convaincrait et m’amènerait à une foi efficace. Du reste, n’est-ce pas de sa longue fréquentation du Seigneur que Jean lui-même a puisé ses convictions ? Même anonymement, c’est lui ce disciple si proche de Christ« qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites.9 » (21.24a ;cf. 1 Jean 1.1-3) N’éprouvait-il pas un réconfort particulier à se voir comme « le disciple que Jésus aimait » (21.20a) ?

Ceux qui se sentent défavorisés parce qu’ils n’ont pas vécu dans une telle proximité du Seigneur éprouvent une nostalgie qui n’est pas sans fondement. Mais réfléchissons à ce que les disciples ont expérimenté. Vivre en compagnie du Messie n’a pas toujours entraîné la foi authentique. Rappelons :

–  Les proches parents de Jésus qui ne le comprennent pas(2.4 ; 7.3-5).

Certains disciples déserteurs. Le Seigneur les a pourtant expressément invités à croire en lui :« Voici […] la volonté de mon Père : que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour. […] Moi, je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement […] » (6.40 ; 51a) Mais ne recevant pas ce discours, ces disciples, qui rechignent à croire (6.64), s’insurgent :« Cette parole est dure, qui peut l’écouter ? » … et finissent par abandonner Jésus (6.66).

Les onze disciples qui deviendront plus tard les apôtres. 10 Ils croient certes en Christ dès le moment de leur vocation, mais leur foi est incomplète, vacillante, intermittente. Philippe, après des années auprès du Maître, demande à « voir le Père ». Sur quoi le Seigneur reprend son disciple :« Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe ? Celui qui m’a vu, a vu le Père. » (14.9a) Et Jésus d’expliquer plus en détail, avec amour, ce qu’il avait déjà exposé, en particulier au travers de la parabole du « bon berger » (10.1-18).À savoir :la nécessité de sa mort à la croix, de sa résurrection, de son ascension, de sa glorification et de la venue du Saint-Esprit. Ces instructions ne laissent pas les disciples indifférents, puisqu’ils s’exclament :« Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, […] c’est pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. » (16.30a,c) Quant à Jésus, reprenant de manière dubitative la déclaration de ses disciples (« Vous croyez maintenant ?… »), il sait que ceux-ci ne sont pas capables de le suivre là où il va. Mais sans leur tenir rigueur de leur inconscience, il plaide pour eux avec miséricorde dans sa touchante prière (dite « sacerdotale », chapitre 17).

Les disciples (les onze et d’autres) qui, après la résurrection, ont de la peine à s’ajuster à cette nouvelle réalité. L’exemple de l’incrédulité de Thomas, qui exige de voir et toucher le Seigneur pour croire, est le plus célèbre (20.27).

 À l’intention des sceptiques qui seraient tentés d’envier ceux qui ont côtoyé Jésus de près, ou de s’embarquer dans une quête de révélations surnaturelles et directes pour asseoir leur foi, le Seigneur déclare :« Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » (20.29b ;cf. Luc 11.27,28). Du reste, certains personnages de l’Évangile, sans avoir longuement fréquenté le Seigneur, semblent parvenir assez rapidement à saisir l’essentiel et à croire en Christ : la Samaritaine et ses concitoyens (4.1-42), l’officier d’Hérode Antipas (4.46-53), l’aveugle-né (9.1-38), Marthe (11.21-27).

* * *

Résumons-nous. Les quatre dangers évoqués ci-dessus indiquent que la foi authentique en Christ n’est pas automatiquement engendrée et conduite à maturité par une simple acceptation de l’existence de Dieu ou de l’historicité de Jésus, ni par le spectacle de miracles, ni par des connaissances bibliques, ni par une révélation directe et matérielle du Seigneur.

De la connaissance de Christ à la Vie

Indépendamment des risques qu’ils peuvent comporter, les moyens d’approche de la « réalité spirituelle »décrits jusqu’ici ne sont pas dénués d’utilité. La raison en est qu’avant de croire en Christ exclusivement, il n’est pas indifférent que non seulement nous admettions la possibilité de l’existence de Dieu, mais aussi que nous soyons persuadés qu’il peut nous faire grâce et nous conduire à la vie éternelle (cf. Héb 11.6). Il n’est pas superflu d’assister à des œuvres qui portent la marque du Dieu tout-puissant (9.3 ; 10.38 ; 14.11). Il n’est pas inutile de connaître le message biblique, car c’est le support de l’Évangile et le canal du Saint-Esprit (cf. Rom 10.13-17 ; 1 Thes 2.13). Enfin, ce n’est pas peu de chose que de connaître le Christ historique à travers le prisme des Évangiles, car si Jésus n’avait eu ni corps, ni sentiments, ni voix, Jean n’aurait pas jugé bon de nous le représenter, homme parmi les hommes et Dieu venu du Père.

Que souhaiter de plus pour atteindre le but ?Voici encore cinq enseignements de l’Évangile qui devraient nous aider à parvenir à une connaissance adéquate de Christ.

1) Dans son magistral prologue, Jean annonce son sujet central :la Parole éternelle, Christ, le Fils de Dieu. Il enchaîne immédiatement sur ce que cette Parole peut opérer dans la vie de celui qui la reçoit sans arrière-pensée :« … à tous ceux qui l’ont reçue, elle a donné le pouvoir (ou : le droit) de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom et qui sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » (1.12,13)

Premier constat : le « sang » des ancêtres les plus prestigieux, la bonne volonté, les bons sentiments, les plus fermes résolutions, ne peuvent aucunement engendrer la foi, et encore moins transformer un pécheur en « enfant de Dieu ». Notre accession au statut d’enfants de Dieu est du ressort de Dieu, de son initiative, de sa volonté et de sa puissance à lui (15.16 ;cf. 1 Jean 4.9,10). Comprendre cela est plus important que n’importe quelle bonne œuvre, que n’importe quelle science.

2) Un peu plus loin dans l’Évangile, Jésus parle à Nicodème d’une expérience incontournable pour tout homme qui aspire au salut de Dieu :« Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. » (3.3b et ss.) La connaissance (scientifique, philosophique, ésotérique, religieuse, etc.) ne nous amènera jamais à franchir le seuil du royaume de Dieu. La connaissance purement humaine est cécité devant les réalités divines. Seul l’Esprit (3.5-8) peut faire de nous des créatures nouvelles, habitées par l’Esprit de Dieu et capables de comprendre les choses de Dieu (cf. 1 Cor 2).

Deuxième constat : on n’entre pas dans la famille de Dieu par évolution personnelle, par progrès moral ou par expérience. Il faut être prêt à se laisser régénérer par l’Esprit, à être ré-engendré au point de devenir « participant de la nature divine » (cf. 2 Pi 1.4). Une réalité à laquelle Nicodème n’avait jamais pensé !

3)La foule et en particulier les disciples ont souvent entendu Jésus discourir sur sa mort prochaine, mais avant la résurrection, ils n’en ont pas vraiment capté la nécessité, ni toute la portée. Apparemment, il ne nous est pas naturel d’admettre que Dieu consente à un tel sacrifice pour nous sauver, car la Croix met en évidence que nos œuvres sont foncièrement mauvaises ; d’où l’incompréhension, voire l’hostilité des contemporains de Jésus lorsqu’il aborde ce thème (7.7 ; 8.28-61). Pourtant, le but de la Croix n’est pas de nous condamner :« Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (3.17)

Troisième constat :Jésus est le moyen de salut choisi par Dieu pour nous tirer de la fosse du péché et de la mort :« …il faut […] que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. » (3.14b,15) Pas de salut sans l’œuvre expiatoire et libératrice de l’Agneau de Dieu à la croix(1.29,36). Notre intérêt pour les choses de Dieu ou pour le monde invisible n’est d’aucune valeur si nos regards de foi ne se fixent pas sur cette œuvre unique, en toute priorité.

4) On peut assister en spectateur aux œuvres les plus sublimes, aux miracles les plus éclatants, on n’en restera pas moins soi-même à la fin du spectacle, libre d’aller et de penser comme avant. C’est ainsi qu’ont agi beaucoup de contemporains du Seigneur. Les vrais disciples sont ceux qui entendent la voix du berger et le suivent (10.4 ; 21.23a), parce que le berger a donné sa vie pour eux et qu’ils l’aiment en retour, sachant que leur chef les nourrit et les protège (10.9-11).

Quatrième constat :la vraie connaissance et la vraie foi se fixent sur le Berger parce qu’elles sont instruites de son amour, de sa personne, de ses intentions, de ses moyens de grâce, des désirs de son cœur. En cela, on a bien dit que le christianisme était une Personne, et non une religion ou un idéal.

5)« Au commencement était la Parole… » ;« Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. » (1.1a,3) Ainsi en est-il de la vie chrétienne et de son commencement. Le « souffle » de Dieu prépare le cœur du pécheur à la repentance, à la soumission sans condition ; le pécheur capitule devant son Sauveur, il croit en la grâce et dans le pardon de Dieu ; sa foi entièrement engagée sur Christ, il va naître de nouveau en Christ.11 À ce moment-là, le pécheur mort dans ses péchés devient enfant de Dieu. Jésus vient habiter en lui par l’Esprit (14.16-21 ;cf. Éph 1.13,14), il l’incorpore à l’Église universelle, rendant sa marche et sa communion avec Dieu possibles et fructueuses, le préparant à entrer dans le royaume éternel. 

Cinquième constat :connaître Christ, dans le sens plein du terme, commence donc à la conversion et s’approfondit éternellement. Dès ses premiers pas de foi, le nouveau-né en Christ est à l’école de Christ, partageant épreuves et victoires avec lui, ainsi qu’avec ses frères et sœurs dans la foi. C’est à ce programme que les derniers grands entretiens de Jésus avec ses disciples sont consacrés (chapitres 13-17) ; Jean en développera les aspects pratiques dans ses épîtres… comme dans les « lettres aux sept Églises » d’Apocalypse 2 et 3. Les autres auteurs des épîtres du Nouveau Testament nous encourageront à appliquer ces principes divins à notre vie de couple et de famille, à nos rapports dans l’église locale, à nos liens avec le monde, etc.

* * *

Qu’il nous suffise pour terminer de rappeler les recommandations de l’apôtre Paul en vue de notre progression dynamique dans la connaissance de Christ :« Marchez d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous points de vue ; portez des fruits en toute sorte d’œuvres bonnes et croissez dans la connaissance de Dieu… » (Col 1.10 ;cf. Phil 3.10-14 ; Col 1.28-2.3 ; 2 Pi 1.3-9). Le Seigneur lui-même veut nous amener au but. Il est notre ambassadeur auprès du Père :« La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (17.3)

1 Dans cet article, toutes les références données sans indication de livre biblique proviennent de l’Évangile selon Jean.
2 Littéralement : « le Dieu seul engendré ».
3 Littéralement : « qui l’a dévoilé, révélé ».
4 Cf. Luc 1.31-33, ;40-44.
5 Les trois autres évangélistes nous rapportent que la voix de Dieu lui-même se fait entendre à ce moment, déclarant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. » La voix céleste retentit de manière analogue à la fin du ministère de Jésus (12.28), mais le résultat est contrasté : certains disent que « c’était le tonnerre », d’autres qu’un ange a parlé à Jésus (20.28). Le bilan général est franchement négatif : « Malgré tant de miracles qu’il avait faits devant eux, ils ne croyaient pas en lui. » (12.37) Mais nuançons : « Cependant, même parmi les chefs, plusieurs crurent en lui ; mais à cause des Pharisiens, ils ne le confessaient pas, pour ne pas être exclus de la synagogue. » (12.42)
6 Voir l’article de Scott McCarty dans ce numéro.
7 « Ceci », c’est-à-dire tout l’Évangile, un texte qui ne sert pas seulement à comptabiliser des miracles, mais surtout à fournir tout ce qui peut nourrir notre connaissance de Christ et à nous ouvrir les yeux sur notre état face à Dieu.
8 Sans aller aussi loin dans la haine, Pilate se réfugie dans une question hypocrite par laquelle il cherche à tenir à distance les affirmations de Christ : « Qu’est-ce que la vérité ? » (18.38a). Il ressemble aux agnostiques d’aujourd’hui.
9 « Et nous savons que son témoignage est vrai », ajoute le texte. À cause du « nous savons », certains voient dans cette partie de l’Évangile un ajout de la main d’un compagnon de Jean. Cette éventualité ne change rien au message de fond.
10 Nous laissons intentionnellement de côté le cas de Judas Iscariot.
11 Pour plus de détails, voir l’article de R. Pache dans ce numéro.