PROMESSES

Repas de mariage — tout le monde s’installe à table et chacun essaye de faire un peu connaissance :
« Vous faites quoi dans la vie ?
– Ben, rien, enfin, si, je m’occupe de mes enfants.
– Ah bon, vous n’avez pas fait d’études ?
– Oui, oui, des études de médecine. »
Suit un « ah » de dépit (sous-entendu : « Vraiment, c’est un peu du gâchis ! »).
À la table d’à côté, la soirée commence par le même type de question :
« Vous travaillez ?
– Oui, je travaille dans une société d’assurance.
– Ah bon, vous n’avez pas d’enfants ?
– Oui, j’en ai trois.
– Mais qui s’en occupe ?
– Il y a une nounou qui vient le soir après l’école. »
Suit un « ah » réprobateur (sous-entendu : « Vraiment, est-elle bien à sa place, cette mère ? »).

Quelle mère de famille ne s’est jamais trouvée dans ce type de situation, se sentant jugée sur son choix de travailler au dehors ou de rester à la maison pour s’occuper de ses enfants ?

Et avant de connaître cette situation, laquelle n’a jamais eu quelques difficultés à faire ce choix ? Et auprès de qui a-t-elle pu trouver de l’aide ? Les idées reçues sont parfois tellement ancrées qu’il est difficile d’aborder ce sujet sereinement. Pour certain(e)s, la place de toute femme chrétienne qui se respecte est à la maison, auprès de ses enfants. Pour d’autres, ne pas mettre à profit plusieurs années d’études est vraiment dommage : une femme instruite devrait travailler en dehors de la maison.

Or le choix (si choix il y a) est souvent loin d’être simple. La Parole de Dieu nous encourage toujours dans notre rôle de femme chrétienne, auprès de notre mari et de nos enfants ; elle nous incite aussi à pratiquer les bonnes œuvres. Toutefois, bien qu’étant notre guide dans toutes nos décisions, la Bible ne nous donne pas de réponse toute faite sur le sujet du travail.

Je voudrais partager avec vous quelques réflexions sur ce sujet, sans avoir la prétention de trancher cette question et sans chercher à être exhaustive, mais plutôt pour donner quelques pistes à celles qui se trouvent devant ce choix.

Avant tout, évacuons un problème de vocabulaire : une femme qui reste à la maison travaille ! Quand quelqu’un qui ne me connaît pas me demande : « Et toi, tu travailles ? » (sous-entendu, en dehors de la maison), je réponds : « Oui, beaucoup, mais je ne suis pas payée ! » C’est vrai que, bien que restant à la maison, j’ai quand même l’impression de travailler !

Vivre, c’est choisir !

Toute notre vie nous sommes amenées à faire des choix. Celui-là est spécialement important. Mais, comme tous les autres, faisons-le :
• dans la prière,
• avec notre mari,
• avec sagesse, en pesant le pour et le contre,
• avec bon sens,
• en prenant conseil, sans oublier que personne ne doit nous imposer un choix.

Quelques questions à se poser avant de faire son choix

Parfois le choix n’est pas simple… Voici quelques questions qu’on peut se poser :

• Avons-nous, mon mari et moi, le même avis sur ce sujet ? Ce peut être l’occasion de parler (ou de reparler) à cœur ouvert de la place du mari et de la femme dans notre couple, de nos priorités, de la répartition des tâches ménagères, de notre rôle en tant que père et mère.

• Avons-nous besoin d’un deuxième salaire ? Ce sujet des finances est très délicat. Par exemple, vivre en région parisienne est très coûteux. Pour certains couples, la question ne se pose même pas : le mari et la femme doivent travailler pour faire face à toutes les dépenses. D’autres fois, la réponse n’est pas évidente : se priver d’un deuxième salaire revient en fait à diminuer son train de vie. Et il faut être honnête dans son choix. Là encore, il est indispensable que ce soit un choix fait à deux.

• Ai-je l’énergie pour faire face à la reprise d’un travail ? Chaque être humain a des capacités différentes, des dons différents, une santé différente. Travailler à la maison n’est pas de tout repos ; mais mener de front travail au dehors et travail à la maison peut sembler insurmontable. Chacune doit faire en fonction de ses capacités ; Dieu ne nous demande pas d’aller au-delà.

• Est-ce que je me vois « entre quatre murs » ? Bien sûr, élever des enfants donne des occasions de sortir de chez soi (!), mais quand on a un seul bébé, on reste quand même de longues heures enfermée pendant ses siestes. Faisons en fonction de notre caractère. Il peut être bien plus bénéfique pour tout le monde que la mère travaille, pourquoi pas à temps partiel, plutôt que de rester chez elle et d’être déprimée. Et si nous avons choisi de rester à la maison et que cela nous est un peu difficile, soyons bien persuadées que Dieu nous aidera dans cette situation.

Quand le choix paraît simple

Vous devez avoir un travail salarié pour une raison évidente : par exemple, votre mari n’est plus là ou il ne peut pas subvenir aux besoins de votre famille pour diverses raisons (maladie, handicap, chômage). Au contraire, vous restez à la maison pour une raison qui vous est propre : par exemple, vous aviez décidé en vous mariant que vous arrêteriez de travailler dès qu’un enfant arriverait, et vous assumez pleinement ce choix.

Assumer son choix

Quand le choix est fait, assumons-le ! Rien n’est pire que de vivre une situation en imaginant sans cesse ce que serait notre vie si on avait fait un autre choix. Dieu nous demande de vivre ici et maintenant, dans la joie et dans la paix. C’est Satan qui nous souffle : « Ce serait certainement mieux si tu étais dans une autre situation… tu pourrais faire ceci ou cela. »

C’est facile, me direz-vous, mais moi, je me retrouve à la maison parce que je n’ai pas le choix : mon mari voyage tout le temps, mon travail m’amenait à voyager aussi, nous n’avons pas de famille sur place ; l’organisation serait impossible, il nous faudrait deux nounous, et même une la nuit !

Ou bien, moi je suis obligée de travailler pour une raison financière, alors que je rêverais de rester à la maison…

Je ne vois qu’une solution : apporter votre situation à Dieu ; il la connaît déjà, il vous aidera à la supporter, ou, mieux encore, à vous y épanouir (?), et peut-être, plus tard, à en sortir…

Quelques avantages et quelques « risques » à rester à la maison

Pour le vivre depuis quelques années, et aussi pour en avoir beaucoup parlé avec des amies, je peux affirmer que travailler à la maison procure beaucoup de joies et peut nous apporter un plein épanouissement en tant que femme, quelles que soient les idées véhiculées dans la société. Par ailleurs, ce travail sollicite des compétences dans des domaines très variés. De plus, nous sommes plus flexibles dans la gestion de notre temps et plus disponibles pour notre famille, pour l’église, pour notre prochain. Il est vrai que notre disponibilité varie en fonction de l’âge des enfants. Et il ne serait pas sage de s’engager dans trop d’activités, au risque de ne plus avoir assez de temps pour sa famille…

On pourrait allonger la liste des privilèges à rester à la maison. Mais on oublie parfois de parler des difficultés que l’on peut y rencontrer. En voici quelques unes :

Perte d’estime de soi

Il faudrait plus que quelques lignes, et surtout quelqu’un de plus qualifié que moi, pour aborder ce sujet. Mais on peut constater que les mères au foyer ont parfois une fâcheuse tendance à se dévaloriser. Alors, si un mari lit cet article, n’oubliez pas de remercier régulièrement votre femme de tout le travail qu’elle accomplit, et dont vous n’avez pas toujours conscience. Et vous pouvez aussi essayer l’expérience suivante. Vous prenez une journée de congé et vous proposez à votre femme de « prendre sa journée » elle aussi, en vous laissant maison et enfants. Vous êtes plein d’entrain pour accompagner les enfants à l’école, leur préparer un bon repas à midi, faire tourner un lave-linge (c’est un peu plus long que prévu car depuis la naissance du petit dernier, vous ne l’avez plus utilisé…), aider aux devoirs en rentrant de l’école, tout en occupant la petite sœur qui n’aime pas trop être délaissée… Bref, le soir, quand votre femme rentre de son escapade, vous êtes content d’avoir bien profité de vos enfants, mais vous n’avez fait « que ça » et vous lui dites : « Je n’imaginais pas que c’était aussi fatigant de rester à la maison ! ». Maintenant, vous êtes en mesure de la comprendre encore mieux…

Difficulté à organiser ses journées

Quand les enfants sont tout-petits, la question ne se pose pas vraiment. Mais quand tous les enfants sont scolarisés, arrive une impression de liberté… relative. Liberté, car, après tout, on est seules « maîtres à bord de la maison », après Dieu. Et donc c’est à nous de décider si on va faire ses courses dès qu’on a amené les enfants à l’école, si on met tous les jours les petits plats dans les grands en passant la matinée à cuisiner, si on prend le temps d’un moment avec Dieu alors qu’il y aurait mille choses à faire, si on va voir une voisine malade, si on va faire une balade en forêt, etc.

Bien sûr, on peut s’organiser militairement, mais on risque alors de passer à côté de choses imprévues que Dieu avait peut-être préparées pour nous.

Ne pas assez autonomiser ses enfants

Là aussi, il est difficile de généraliser. Mais, en étant à la maison, une femme a sûrement davantage tendance à prévenir tous les besoins de ses enfants. C’est plus que normal pour un bébé : la maman est là pour ça ! Mais quand un enfant grandit, il me semble tout aussi normal de lui apprendre à participer à quelques tâches dans la maison — même s’il est parfois moins fatigant (car moins sujet à conflit !) de les faire à sa place ! Un ado (garçon ou fille) qui ne prend même pas la peine de porter son linge à laver dans le coffre à linge va peut-être avoir plus de mal quand il devra voler de ses propres ailes… Et aider sa mère est un bon moyen de lui montrer qu’on reconnaît son travail et qu’on la respecte.

Bien sûr, ce ne sont là que quelques aspects de la vie d’une femme au foyer, et ils ne sont pas du tout normatifs. Chacune a son propre vécu et rencontre des difficultés sur des points différents. Et certaines vivent cette situation dans une totale sérénité.

Changer ?

N’ayons pas peur du changement. Sans tout remettre en cause en permanence, n’hésitons pas à nous poser de temps en temps la question de notre situation professionnelle. Ce n’est pas parce qu’on a arrêté de travailler quand nos enfants sont nés, que cette situation doit durer jusqu’à la fin de notre vie. Là encore, chaque couple doit évaluer et gérer ses priorités, qui diffèrent d’un foyer à l’autre et évoluent aussi dans le temps.

Encourager

Nous sommes mère, belle-mère, sœur un peu plus âgée dans l’église. Nous avons parfois une idée bien arrêtée sur le sujet, idée forcément influencée par notre vécu. Alors essayons de ne pas penser que notre choix personnel (ou notre conviction sur ce sujet — les deux peuvent différer si nous ne nous sommes pas épanouies dans ce choix) est la meilleure solution pour toutes les femmes qui nous entourent, dans notre famille et dans notre église… Réalisons que chaque femme est différente, que chaque situation est différente et essayons de comprendre, d’avoir du discernement, surtout si on vient nous questionner. Bannissons les jugements à l’emporte-pièce ou les petites réflexions acides et culpabilisantes. Et encourageons-nous mutuellement à toujours chercher la place où Dieu nous veut !

Conclusion

Un choix difficile, d’autant que de lui va dépendre votre épanouissement, et donc forcément celui de votre famille… Alors beaucoup d’inquiétude ? Non, si nous sommes persuadées que notre Dieu est bon, qu’il veut notre bien, et si, quoi que nous décidions, nous faisons tout « comme pour le Seigneur » !

Écrit par


L’avortement, qui est l’interruption volontaire d’une grossesse, n’est pas le sujet de société qui, en France, suscite le plus de passion actuellement, alors qu’il concerne des milliers de vies humaines chaque année. Le Créateur de la vie nous permet-t-il de connaître sa pensée sur cette question ? La Bible nous servira de norme morale ; bien qu’elle ne parle pas directement de l’avortement, son enseignement peut, indirectement, nous donner des jalons essentiels.

Afin de traiter cette question, je vais d’abord envisager la valeur de la vie humaine pour Dieu, puis la valeur de l’enfant à naître et, enfin, considérer le droit de la mère au regard de celui du fœtus.

I. La valeur de la vie humaine

La valeur de la vie humaine est un sujet essentiel dans la Bible. Nous allons observer comment la Bible aborde ce sujet, d’abord en envisageant l’enseignement de la dignité humaine, puis celui de la protection de la vie et enfin celui de la protection des faibles par les forts.

1. La dignité humaine

L’être humain a une valeur particulière aux yeux de Dieu. Il a été créé à son image (Gen 1.17) et Dieu l’aime de façon extraordinaire, c’est un des thèmes majeurs des Écritures. Cette place accordée par Dieu à l’homme est bien supérieure à celle que l’homme s’attribue souvent lui-même (ou du moins qu’il attribue à ses semblables) et Jésus, lors de son incarnation, par sa sollicitude envers les hommes, nous fait toucher cette réalité très sensiblement.

2. La protection de la vie

Dieu accorde une grande valeur à sa création, à la vie, et au respect de celle-ci. Dieu a condamné le meurtre dans des passages comme : « Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé, car Dieu a fait l’homme à son image » (Gen 9.6) ou : « Tu ne commettras point de meurtre. » (Ex 20.13)

Le commandement de ne pas assassiner, souvent pris comme un absolu, n’est peut-être pas un texte légiférant sur la peine de mort, la guerre ou l’euthanasie, mais plutôt une protection de la vie voulue par Dieu. Comme le souligne Philippe Malidor 1, citant Le Décalogue d’Alphonse Maillot : « [Tu ne tueras pas] signifie entre autre que toi-même tu ne pourras pas te poser en dieu de ton frère, tout particulièrement en prétendant disposer toi-même de sa vie. » C’est une pensée qui peut nous guider dans la réflexion sur l’avortement et le droit dont dispose l’homme de choisir de priver de la vie un être humain.

3. La protection des faibles par les forts

Dieu a institué aussi une protection des forts envers les faibles, comme nous le trouvons dans la loi pour les étrangers, les veuves et les orphelins (par exemple Deut 10.17-18 et 24.17) rappelée dans les prophètes (És 1.17 ou Mal 3.5) et que Jésus a illustrée dans l’Évangile par le fameux : « Laissez venir à moi les petits enfants. » (Mat 19.14) Quel être est plus faible qu’un fœtus et plus dépendant des forts ?

Ces trois éléments que sont la dignité de l’humain devant Dieu, l’impérative protection de la vie et la protection due aux faibles par les forts, sont des enseignements à garder à l’esprit pour réfléchir à la question de l’avortement. En effet, si la Bible ne condamne pas directement l’avortement, elle donne des enseignements moraux précis et exigeants.

II. La nature et la valeur de l’enfant à naître

Plusieurs questions sensibles sont soulevées par l’avortement : l’embryon ou le fœtus est-il une personne humaine dès sa conception, à sa naissance ou entre les deux ? Quels sont les éléments que la Bible nous fournit sur l’enfant avant sa naissance ? Les futurs enfants ont-ils forcément tous le même intérêt à naître ?

1. Quand devient-on une personne ?

Un embryon est-il un enfant ? Sinon quand devient-il une personne ? Cette question est bien synthétisée dans la Revue de métaphysique 2 qui note deux positions : « Selon les uns il suffit pour être une personne de posséder le génome humain. Selon les autres, il faut pour une personne posséder assez de conscience et de raison pour entrer dans la communauté des sujets libres. »

Dans la suite de cet article, l’embryon est seulement considéré comme une personne « potentielle ». Ce concept amène à la conclusion que « ce qui fait la dignité humaine, c’est l’autonomie du vouloir… On devient une personne humaine progressivement, au cours de son enfance, à mesure qu’on accède à la responsabilité. » C’est le « compromis » que trouve la Commission d’éthique de la Fédération Protestante de France 3 : « L’idée que l’embryon est une “personne humaine potentielle” est un intéressant compromis entre les deux affirmations qu’il faudrait pouvoir dire en même temps :

1) dès la conception, un enfant à naître est complètement une personne fragile qui a des droits ;

2) la naissance reste la discontinuité principale, celle par laquelle commence la personne, indissolublement liée aux conditions concrètes, sociales et familiales dans lesquelles l’enfant apparaît. »

Cette position a, bien entendu, des implications très concrètes sur l’avortement : si l’enfant à naître est une personne seulement « potentielle », l’avortement n’est pas un meurtre. Il peut donc être pris comme un acte grave mais envisageable suivant les situations, notamment sociales.

À l’opposé de cette conception, l’embryon peut être vu (dans les termes de cet article de la Revue métaphysique) « dès sa conception et jusqu’à son dernier souffle, [comme] une personne à part entière. […] La biologie, en montrant que le développement se fait sur la base d’un patrimoine génétique individuel définitivement fixé au moment de la fécondation de l’œuf par le spermatozoïde, donne une caution pour étendre le concept ontologique de sujet personnel au niveau embryonnaire, et légitime en quelque sorte la thèse de l’animation immédiate. »

Cette position est défendue par John Wyatt 4 : « À aucune étape du développement fœtal on ne note de discontinuité biologique qui pourrait être le signe d’un passage d’une forme animale à une forme humaine » et, citant Oliver O’Donovan : « Nous devons appréhender les nouveaux êtres humains, y compris ceux dont l’humanité nous paraît problématique ou incertaine, avec l’espoir que nous découvrirons comment Dieu les a appelés du néant à l’état de personne. »

Cette compréhension, qui est celle de l’Église Catholique et d’une partie importante des Évangéliques, revient à dire que tout avortement est un meurtre, quel que soit le moment auquel il est pratiqué.

C’est cette conception qui me paraît en accord avec la pensée du Créateur. Cependant pouvons-nous aller jusqu’à affirmer qu’utiliser un stérilet, pratiquer un avortement à 6 mois ou commettre un infanticide sont des actes strictement de même nature ? Peut-être n’avons-nous pas à nous prononcer, mais il nous incombe toujours de protéger la vie humaine. C’est ainsi que s’exprime John Wyatt 5 : « Selon un principe de base de l’éthique médicale, à chaque fois qu’il existe un doute sérieux sur une question de vie ou de mort, il convient de “jouer la sécurité”. Nous votons pour la vie et contre la mort. » Affirmer que l’embryon, dès sa conception, est un être humain me paraît donc légitime et nécessaire.

2. La place de l’embryon ou du fœtus dans la Bible.

À défaut de donner un enseignement sur l’avortement, la Bible nous laisse des textes parlant des enfants à naître et ces textes contiennent des instructions sur la façon dont Dieu les voit.

Pour Dieu, la vie humaine a de la valeur — celle du fœtus aussi, comme nous pouvons le lire dans la loi mosaïque : « Si des hommes se querellent, et qu’ils heurtent une femme enceinte, et la fasse accoucher, sans autre accident, ils seront punis d’une amende imposée par le mari de la femme, et qu’ils paieront devant les juges. Mais s’il y a un accident, tu donneras vie pour vie. » (Ex 21.22-23)

La belle poésie du Psaume 139 nous montre que, pour le psalmiste, Dieu s’intéresse au développement de l’embryon : « C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère. […] Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient… » (Ps 139.13-15)

Dieu, qui est omniscient, voit par avance la destinée d’un embryon. Citons deux exemples : – parlant de Jacob et d’Ésaü : « L’Éternel dit [à Rebecca] : Deux nations sont dans ton ventre » (Gen 25.23) ; – et de Jérémie : « Avant que je t’aie formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu sois sorti de son sein, je t’avais consacré. » (Jér 1.5)

Dans tous ces textes, celui de Luc 1 revêt un intérêt particulier : il est annoncé que Jean serait « rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère » puis, alors qu’il n’est pas encore né, « il tressaille » en entendant Marie qui portait Jésus dans son ventre (Luc 1.15,44). Il ne s’agit pas d’un enseignement indiquant que, dès sa conception, tout enfant peut avoir une relation avec Dieu, mais ce fut le cas de Jean, avant sa naissance.

Il est remarquable que Dieu se soit incarné, en Jésus, au stade de la conception (voir Mat 1.20) et non pas directement dans le bébé qui est célébré à Noël.

3. Toutes les vies se valent-elles ?

La pratique du diagnostic prénatal permettant de détecter des anomalies chez un fœtus amène, en lien avec la possibilité d’avorter, la question de savoir si toute vie vaut la peine d’être vécue. Un enfant qui naîtra handicapé a-t-il intérêt à naître ?

Pour Dieu, la valeur d’un homme ne se mesure pas à sa capacité. C’est ce que soulignent D. Rivaud et A. Lukasic6 : « Des malformations ne changent rien au statut de la personne, statut invariable, d’une valeur éternelle aux yeux de Dieu. Karl Barth, célèbre théologien calviniste suisse, écrit dans sa Dogmatique : “Une société qui considère et traite ses membres faibles comme des parasites et vise à les exterminer est déjà en pleine désagrégation.” »

Cependant, en va-t-il différemment d’un être qui ne pourra jamais se développer parce qu’affligé d’une malformation cérébrale irréversible qui rend impossible tout développement de conscience de soi et toute capacité de communiquer avec les autres ?

L’embryon dès sa conception est un être humain et il a incontestablement de la valeur pour Dieu, qui ne juge pas de la valeur des êtres avec notre mesure, car il se glorifie autant dans les faibles que dans les forts.

III. Le droit de la mère au regard de celui du fœtus

On ne peut parler de l’avortement et du caractère sacré de la vie sans parler de la vie des mères. Les mères sont intimement touchées dans leur corps et dans leur esprit par la vie qui est en elle, alors même que parfois leurs vies sont menacées par la vie qui se développe en elles.

1. Y a-t-il un droit absolu des femmes à disposer de leur corps ?

Le nouveau Ministère du droit des femmes mettait en avant, en première page de son site, le 01/10/2012, un lien on ne peut plus direct entre le droit des femmes et l’avortement : « Remboursement à 100 % de l’IVG et revalorisation de l’acte : le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps est enfin reconnu. » Dans notre société occidentale, ce lien nous est maintenant très familier.

Les évêques du Togo affirment fort justement7 : « À ceux qui disent que la femme est libre de disposer de son corps comme elle le veut, l’Église répond que l’enfant à naître est ontologiquement différent de la maman. […] Le fœtus n’est pas non plus une excroissance — tel un abcès ou un cancer — dont le père ou la mère peuvent légitimement décider de se “débarrasser”, sous prétexte qu’il dérange leur propre bonheur à eux. L’Enfant à naître a droit à la vie et ce droit à la vie l’emporte sur tout autre droit, et plus particulièrement sur le droit au bonheur. »

Nous reconnaissons que la femme a une dignité indépendante de son rôle de mère. Mais à partir du moment où un enfant est en jeu, il n’est pas question, uniquement, du droit de la femme, mais également du droit de l’enfant.

2. Des implications psychologiques importantes

Dans la vie de la mère, liée à celle du fœtus, ce n’est pas seulement le corps de la mère qui est concerné mais également son esprit.

Le débat sur la question de l’avortement pose souvent la question en lien avec les cas de viol ou d’inceste. Si une femme est enceinte suite à un viol, n’est-ce pas injuste et insupportable qu’elle ne puisse pas avorter ? Même dans le cas où la conception fait suite à un viol, il n’en reste pas moins vrai que l’embryon est distinct du corps de sa mère, il est un autre être. Ainsi Austin Ruse peut écrire8 : « Un viol est souvent la plus dévastatrice épreuve physique et émotionnelle qui puisse survenir dans la vie de sa victime. […] Nul n’a le droit de minimiser ces crimes affreux. [Cependant] la mise à mort d’un innocent ne se justifie jamais, même si sa vie est issue d’un viol. […] Un enfant à naître est un être humain unique. » Cette question peut se poser pour de très jeunes filles, dans des situations tout à fait insupportables où elles ne pourraient pas élever un enfant. Je ne suis pas sûr que quiconque puisse juger une personne réduite à l’extrémité et se faisant avorter.

Mais qu’est-ce qui fait le plus de mal : devenir mère sans le vouloir ou se faire avorter ? Ici se pose avec acuité la question de l’accompagnement des personnes.

Le CPDH synthétise ce problème, aussi bien pour les mères que pour les enfants9 : « Les séquelles psychologiques de l’avortement commencent à être connues et reconnues. Les psychologues parlent aujourd’hui du syndrome post-abortif des femmes qui ont subi un avortement et du syndrome du survivant des jeunes qui s’interrogent : “En vertu de quelle roulette russe suis-je venu au monde alors que mon frère ou ma sœur n’y a pas eu droit ?” […] C’est toute la société qui est ébranlée par la dévalorisation dans le regard porté sur la vie humaine. »

3. Choisir entre vie et vie

Bien différente est la situation où la vie de la mère est en danger et où l’avortement est la seule solution pour la sauver. Il me paraît assez logique, dans ce cas, de tout faire pour sauver la vie de la mère et, éventuellement, d’aller jusqu’à un avortement. Si cette mesure n’est pas prise, le décès de la mère entraînera probablement celle du fœtus ou compromettra son développement.

Conclusion

Parler du caractère sacré de la vie amène à se placer en simple humain devant le Créateur. Dans cette position, les humains « adultes » ne peuvent pas s’ériger en « dieux » des embryons et fœtus. Nous sommes responsables devant Dieu des vies humaines qu’il nous confie pour leur préservation dans les meilleures conditions possibles.

L’avortement ne doit jamais devenir le droit de supprimer la vie : il peut être, en de très rares occasions, le dernier espoir d’en sauver au moins une.

1Philippe Malidor, 10 paroles pour tous, éditions Farel, 2008, p. 74.
2 Anne Fagot-Largeault et Geneviève Delaisi de Parseval, « Les droits de l’embryon (fœtus) hu-main et la notion de personne humaine potentielle », Revue de métaphysique et de morale, 1987, n° 3.
3 « Bilan et réflexion sur l’interruption volontaire de grossesse », février 1994, www.protestants.org.
4 John Wyatt, « Questions de vie et de mort, la foi et l’éthique médicale », La Foi en Dialogue, éditions Excelsis, 2009, p. 200. 5 Ibid., p. 203.
6 Daniel Rivaud et Alexandre Lukasik, L’avortement – la tragédie cachée d’une société qui s’effondre, éditions Nouvelle Alliance – www.cpdh.info
7 « Il est déjà homme, celui qui va le devenir », message des évêques du Togo au peuple chrétien, 2007.
8 Austin Ruse, Viol et avortement : quelques réflexions, août 2012, www.france-catholique.fr.
9 CPDH, Lettre n° 61 de janvier 2005, L’avortement, trente ans après… une société ébranlée, Réflexion apportée par le Comité Protestant pour la Dignité Humaine, www.lafef.com, 2006.

 

 

Écrit par


Cet  article,  «  L’homosexualité  et  l’Église  »,  est  tiré  des  Cahiers  de  l’école  pastorale, «Homosexuel  mon  prochain,  une  approche  pastorale  évangélique»  sous  dir.  Evert Van de Poll. (Hors Série n°15 – Paris – Croire Publications – 4 e   trimestre 2013 – p. 87-100). Publié avec autorisation.

I. La situation actuelle

La question de l’homosexualité et plus précisément de l’attitude des Églises à l’égard des personnes homosexuelles est certainement une des questions les plus brûlantes qui peuvent se poser aujourd’hui dans les Églises des pays occidentaux… Il y a de nombreuses raisons à cela. La principale est certainement le changement radical de l’image que notre société peut se faire de l’homosexualité et des homosexuels.

Une société en évolution

Pendant très longtemps, les personnes concernées se sont retrouvées en marge de la société et, il y a encore peu de temps, leur comportement était susceptible de tomber sous le coup de la loi. Depuis quelques décennies, l’évolution dans ce domaine est extrêmement rapide. Les homosexuels, gays et lesbiennes, sont entrés dans une sorte de lutte pour la reconnaissance de leur état et de leurs droits. L’impact de ce mouvement sur les milieux artistiques et médiatiques a changé profondément le regard de la majorité des gens qui est passé de la condamnation et du mépris à une sympathie évidente. Des films comme Philadelphia ont certainement joué un rôle important, de même que la manière dont la communauté homosexuelle a subi les attaques du SIDA et a su se mobiliser pour y répondre.

Ce combat des homosexuels — ou du moins de la partie la plus militante d’entre eux — a obtenu un certain nombre de résultats dans la législation elle-même1.

Le discours de l’Église

Pendant longtemps, on peut dire que l’enseignement des Églises a été relativement en phase avec la pensée commune. L’accent spécifiquement chrétien accentuant la dimension d’accueil et de compassion et pouvant même se trouver en contradiction avec l’homophobie ambiante. Mais la réflexion sur la nature même de l’homosexualité et sa critique étaient globalement semblables dans l’Église et dans la société. C’est cela qui est devenu radicalement différent. Ce que pense l’Église, dans la mesure où elle prend au sérieux les données bibliques sur la question, est aujourd’hui pratiquement sans rapport avec ce que pense et ce que tend à instituer la société actuelle, en particulier en France. Elle se trouve dans une situation où, contrairement à bien d’autres questions éthiques — y compris en ce qui concerne la sexualité — son discours n’est non seulement plus entendu, mais a pour ainsi dire cessé d’être audible. La question de l’attitude à avoir vis-à-vis des personnes homosexuelles est donc devenue beaucoup plus délicate que par le passé, le simple exposé préalable des données bibliques étant reçu comme une forme de discrimination, voire de rejet des personnes.

II. Les données du problème

La nature de l’homosexualité

Un des grands débats, que l’on a presque tendance aujourd’hui à passer sous silence, porte sur la nature de l’homosexualité. Nous pouvons reconnaître que, dans la pratique, nous rencontrons plusieurs sortes de personnes concernées par cette question. Certains se sont toujours considérés exclusivement comme homosexuels et, aussi loin que remonte leur mémoire, n’ont jamais éprouvé de désirs pour des personnes de l’autre sexe. Mais il serait certainement abusif de réduire à cela la situation de toutes les personnes qui se présentent comme homosexuelles. D’autres ont une sorte de « double pratique » et se considèrent facilement comme « bisexuels ». D’autres enfin, ont été amenées à des pratiques homosexuelles sans que leur identité fondamentale en soit en cause. L’image positive de l’homosexualité, sa revendication identitaire peuvent jouer un rôle important auprès de personnes dont l’identité sexuelle est à ce moment-là fragile. Le contexte joue alors un rôle plus important et certains, qui auraient évolué autrement si l’image de l’homosexualité était purement négative, peuvent aujourd’hui être tentés de s’orienter dans ce sens. Cette distinction, naturellement souvent non reconnue par les personnes concernées, peut avoir des conséquences essentielles sur la manière d’aborder et d’accueillir ces personnes dans l’Église. De fait, des hommes et des femmes qui se sentent et se pensent homosexuels entendent l’Évangile et frappent à la porte des communautés.

Les affirmations bibliques

Face à cette situation, plus fréquente aujourd’hui que par le passé, l’Église a traditionnellement fondé son enseignement à la fois sur les textes bibliques qui traitent de cette question et sur la conception générale de la sexualité que donne la Révélation. Les textes qui abordent directement cette question sont peu nombreux, mais extrêmement clairs. Ceux de l’Ancien Testament expriment une condamnation sans équivoque de toute pratique homosexuelle (Lév 18.22 ; 20.13). D’autres, qui peuvent également concerner ces pratiques présentent des actes abominables qui ne le seraient pas moins dans un contexte hétérosexuel (Gen 19.1-13 ; Jug 19). Il n’est pas question de ces problèmes dans les Évangiles ou les Actes des Apôtres, mais on retrouve dans les Épîtres un certain nombre de passages qui se font l’écho d’un regard semblable à celui de l’Ancien Testament (Rom 1.18-32 ; 1 Cor 6.9-10 ; 1 Tim 1.8-11).

Devant la clarté de ces textes, il ne reste que deux attitudes possibles :

– Soit, et c’est le choix de bon nombre de théologiens, on les considère comme étant le reflet des préjugés de l’époque, Paul n’ayant pas pris en compte la révolution éthique instaurée par Jésus.

– Soit on reconnaît, malgré les difficultés que cela peut susciter, l’autorité de la parole apostolique et on accepte que ces textes, qui appartiennent à la révélation, nous donnent, d’une certaine façon, le « regard de Dieu » sur cette question. C’est la position traditionnelle des Églises et celle qui est aujourd’hui largement défendue dans les Églises évangéliques.

Les textes que nous avons cités sont compris à la lumière de la conception positive de la sexualité et du mariage que nous trouvons dans les Écritures, de la relation homme – femme qui est une union dans la différence et qui souligne l’altérité du partenaire. Mais tels quels, ils sont en effet une condamnation très claire de l’acte homosexuel non seulement comme ne correspondant pas à la volonté de Dieu et étant un résultat du péché, mais comme étant lui-même péché. Il ne faudrait surtout pas croire qu’une telle position résout le problème et clôt le débat ; elle l’ouvre au contraire. Car s’il faut parler de péché, il ne s’agit d’abord pas « du » péché absolu et on voit bien que Paul le situe dans des listes qui nous parlent également de bien d’autres choses qui sont moins remarquées dans notre contexte culturel (adultère, idolâtrie, avarice, vol, trafic d’esclaves, etc.). Il ne s’agit que d’un péché parmi d’autres et il faut surtout souligner que nous sommes tous pécheurs et que c’est à nous que l’Évangile s’adresse. Se borner à condamner reviendrait à tomber soi-même sous le jugement de Dieu, si nous ne faisons pas la distinction entre la nécessaire lucidité à l’égard du péché que nous apporte la Parole de Dieu et l’amour, la miséricorde et la compassion pour le pécheur dont Dieu lui-même témoigne.

III. La vérité et l’amour

Il est un principe qui vaut pour bien des questions éthiques mais qui s’applique tout particulièrement ici, c’est celui du maintien en tension permanente de la vérité et de l’amour. L’exemple le plus frappant est sans doute celui du comportement de Jésus à l’égard de la « femme adultère » (Jean 8.1-11). Deux attitudes nous seraient au fond assez naturelles.

La première est celle de ces hommes qui traînent cette femme devant Jésus. Au nom de la vérité, ils se font accusateurs. La tentation a été et demeure grande d’avoir à l’égard des homosexuels, une attitude semblable et point n’est besoin d’être chrétien pour cela. Il s’agit alors d’une attitude de rejet pur et simple. L’homophobie peut être facilement placée de ce côté. Ce comportement sexuel qui fait horreur ne peut être condamné qu’en rejetant les personnes concernées et nous nous sentons alors du bon côté, libres et fiers de pouvoir être les juges. Nous nous sentons alors protégés et justifiés dans nos propres péchés puisque nous sommes « du côté de Dieu ». C’est pour cette raison que Jésus va renvoyer ces hommes à leur propre conscience : « Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier la pierre. »

La seconde attitude, qui serait plus moderne sans doute, est celle de la compréhension. C’est ce que nous entendons souvent sur l’homosexualité : il n’y a là rien de grave ; cela ne fait d’ailleurs de mal à personne (à la différence de l’adultère) ; qui sommes-nous pour nous poser en juges… ? Reconnaissons que cette pente est aujourd’hui forte dans l’Église et que nous pouvons comprendre facilement ceux qui la suivent. Non seulement cette tolérance, cette compréhension des situations et des personnes est bienvenue, mais elle est tellement dans l’air du temps que, ne serait-ce la Parole biblique, il serait bien difficile de ne pas la suivre.

L’attitude de Jésus est pourtant autre. Il dira à la femme, à la fin de ce passage : « Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, et désormais, ne pèche plus. » Sa miséricorde à l’égard de la personne va de pair avec la lucidité de sa dénonciation du péché. Nous n’avons entre les mains aucune possibilité de condamnation (Dieu seul est et sera juge), mais, précisément par notre capacité de dire le juste, de ne pas nous laisser engluer dans l’ambiguïté, celle d’ouvrir une espérance, la possibilité de permettre à quelqu’un de sortir de la situation de péché dans laquelle il est enfermé. Lucidité sur l’acte et miséricorde et compassion pour la personne. C’est là tout le chemin à suivre et toute sa difficulté également quand il s’agit de l’homosexualité.

IV. L’attention aux personnes

Rappelons, pour commencer, qu’une personne ne se définit pas, au regard de Dieu, par son orientation sexuelle. Le point de départ évident, c’est que la personne homosexuelle doit être accueillie dans l’Église. L’homosexuel est un pécheur comme nous le sommes tous ; il a besoin de la grâce et de la délivrance de Dieu comme nous en avons tous besoin, et l’Évangile, la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu est pour lui comme il est pour tous. La Parole de Dieu sera, pour lui comme pour tous, à la fois lumière sur la vérité de sa situation et promesse. Si la prise de conscience de son péché est — comme pour chacun — nécessaire, la question de son homosexualité ne sera pas la seule, ni peut-être la première question à être portée à la lumière. Malgré cela, il faudra sans doute beaucoup de tact, d’amour et de sagesse pour que le simple refus de voir dans l’homosexualité quelque chose de neutre et de naturel ne repousse pas immédiatement la personne. C’est là la difficulté essentielle de notre situation actuelle.

Certains, plus nombreux qu’on le croit souvent, vivent douloureusement leur situation et sont à la recherche de quelque chose. Ils sont alors capables d’entendre la parole qui dira et le diagnostic et le remède, mais beaucoup d’autres seront à ce point choqués par la non-acceptation de ce qu’ils considèrent comme leur identité la plus profonde qu’ils n’écouteront pas et se retireront blessés et indignés. Il n’existe sans doute pas de moyen pour échapper à cette situation. Nous devons tout faire pour limiter ce danger, pour ne pas donner à l’interlocuteur cette fausse impression qu’il est rejeté, mais nous n’y réussirons sans doute pas toujours.

Guérison ou accompagnement ?

Il existe, dans les milieux évangéliques, un débat entre deux approches qui toutes deux espèrent rendre compte de la Bonne Nouvelle adressée aux homosexuels. Les uns mettent l’accent sur la promesse, toujours présente, de la délivrance et de la guérison. Tout homosexuel aurait donc la possibilité, une fois qu’il a pris conscience de sa situation et qu’il s’en est repenti, de sortir de son état et de retrouver une sexualité « normale ». Il lui sera donc possible de se marier et d’être ainsi libéré de toute tentation homosexuelle. Seule la grâce et la puissance de Dieu peuvent accomplir ce miracle qui n’est, somme toute, pas différent de la libération que tout pécheur peut expérimenter par l’Évangile. Des mouvements de qualité proposent un accompagnement qui va dans ce sens et nombreux sont ceux qui, pour l’avoir vécue, peuvent témoigner de cette libération.

D’autres, en revanche, sans nier la vérité de l’attitude précédente, sont moins persuadés qu’elle puisse s’appliquer à tous les homosexuels. Plus l’homosexualité est en quelque sorte constitutive de leur identité sexuelle et moins il est facile d’imaginer un renversement radical de cette identité. Si certains pourront ainsi passer de manière durable de l’homosexualité à l’hétérosexualité, d’autres seront plutôt appelés à accepter leur situation et à vivre la chasteté. L’accompagnement, dans ce cas, est alors différent. Il ne s’agit en aucune manière de nier la capacité de Dieu de changer les choses et de guérir des conséquences du péché, mais de remarquer que cette guérison, qui, dans certaines situations relève du miracle, n’est pas systématique. Bien des malades et des handicapés sont appelés à vivre avec leur maladie. Le miracle est alors intérieur et l’œuvre de l’Esprit permet d’assumer dans la paix et la joie une situation qui n’est pas pour autant radicalement modifiée.

La chasteté

Cette perspective choque parfois à la fois des chrétiens et des non-chrétiens. Ils oublient peut-être — et en cela, ils sont peut-être aussi les fils de leur époque — que la chasteté n’est pas une malédiction inacceptable qui enfermerait ainsi les seuls homosexuels dans une situation insupportable.

La chasteté est une partie de l’enseignement chrétien qui concerne toute personne. Il existe d’innombrables personnes qui ne se marient pas. Certaines restent seules par vocation, mais d’autres par nécessité. Elles sont aussi appelées à la chasteté. Et, dans le cadre du mariage même, la chasteté a sa place. Tout désir ne peut être satisfait et on peut vivre, et particulièrement avec l’aide de Dieu, une certaine dose de frustrations qui deviennent peu à peu maîtrisées, voire constructives. Encore une fois, c’est le cas de chacun et bien des personnes, mariées ou non, n’ont pas la possibilité de satisfaire tous les désirs qui peuvent être les leurs sur le plan affectif ou sexuel. L’Église peut d’ailleurs être un lieu de fraternité qui ouvre à des relations qui, sans être sexuelles, peuvent néanmoins répondre à des besoins affectifs naturellement et douloureusement ressentis. Ce qui est ici en jeu, c’est la capacité des communautés chrétiennes à être accueillantes, en l’occurrence à l’égard des homosexuels, mais également de bien d’autres.

V. L’accueil des personnes dans l’Église

Des personnes homosexuelles peuvent-elles, dans le contexte d’Églises de professants, être membres d’Église ou, dans le cas d’un baptême de croyants, être baptisées ? La réponse ne peut être, bien évidemment, que oui. L’Église est une communauté de pécheurs repentis qui cherchent à suivre leur Seigneur. C’est là justement qu’est toute la question.

Une personne qui découvre la foi et veut entrer dans l’Église ne devient pas par là-même un saint ou une sainte. Mais on est en droit d’attendre qu’elle accueille l’enseignement de l’Évangile et qu’elle cherche, quelles que soient les difficultés, à y conformer sa vie. L’homosexuel « pratiquant » est un pécheur dont le péché n’est pas plus grand que les autres. Son état, qu’il n’a, la plupart du temps, pas choisi, n’a rien de disqualifiant, rien qui puisse l’empêcher d’être disciple de Jésus. Encore faut-il qu’il accepte cet éclairage que la Révélation de Dieu apporte sur sa situation. Qu’il éprouve souffrances et difficultés pour conformer sa vie à la volonté de Dieu, cela est naturel et n’a rien d’extraordinaire. L’Église doit savoir faire preuve de patience et chaque chrétien peut, en fonction des problèmes particuliers qui sont les siens, se regarder dans une glace pour comprendre que cette patience est une nécessité. Mais si la personne cherchait à justifier un comportement à l’évidence contraire au chemin que le chrétien s’engage, par son baptême, à suivre, les choses deviendraient différentes. Cela signifie qu’une personne d’orientation homophile a tout à fait sa place dans la communauté. Elle doit même pouvoir être accompagnée et entourée afin de mieux vivre une situation qui pourra être parfois douloureuse. Mais la volonté de se justifier et de continuer de vivre comme auparavant rend manifeste le rejet de la parole qui dérange et empêche de trouver sa place dans la communauté des disciples.

Aimer ne veut pas dire accepter comme bon n’importe quel sentiment de l’autre. En refusant la pratique homosexuelle, l’Église passera probablement pour intolérante, pour un repaire de réactionnaires qui n’ont rien compris à l’amour des autres. Tant pis ! Encore une fois, il est de notre responsabilité de ne rien faire pour mériter cette critique, mais il est également des situations et des fidélités qui la rendront presque inévitable.

VI. Quelques pistes pour les Églises

1. Lutter d’abord contre l’homophobie

Aimer son prochain comme soi-même, se comporter à l’égard des autres comme nous souhaiterions qu’ils le fassent au nôtre, cela concerne aussi notre attitude à l’égard des homosexuels. Cela va sans dire, mais il est bon de le rappeler car la tentation est grande, dans une période de polémique dans ces domaines, de se laisser emporter par les mots et les arguments. La société voit parfois s’affronter un lobby homosexuel et un front homophobe qui ne dit pas son nom. Le risque existe de se laisser aller à des alliances perverses en croyant défendre la vérité et dénoncer l’erreur. La vieille haine rassurante envers celui qui est différent de moi reste toujours tapie quelque part au fond de chaque être humain. Il est tentant alors de lutter par le mépris, d’exprimer ce qui n’est rien d’autre que des réactions viscérales, de stigmatiser telle personnalité du fait de son homosexualité. L’Écriture et l’Église peuvent alors devenir des arguments supplémentaires dans une lutte qui n’a rien de chrétien et qui n’est que la manifestation actuelle de vieux démons.

Les chrétiens ont donc à revenir sans cesse à l’exemple de leur Maître qui disait la vérité dans l’amour et qui ne confondait jamais la sainteté avec le rejet de l’autre. Pourquoi faut-il commencer par là ? Simplement parce que c’est le seul moyen d’avoir une chance d’être entendus lorsque nous voudrons dire à nos interlocuteurs que l’Évangile est aussi pour eux, comme il est pour nous. Il y a sans doute en chacun de nous un travail à faire dans ce domaine, simplement pour aimer, simplement pour être effectivement chrétiens.

2. Travailler à l’accueil des homosexuels

Reconnaissons que dans ce domaine, il y a encore beaucoup à faire. Sommes-nous disposés, sans juger les personnes, mais en disant la vérité, à les accueillir avec tout ce que cela peut comporter de bienveillance, de patience et de temps ? Plus simplement encore, sommes-nous capables de trouver les mots et de ne pas, par des attitudes involontaires, faire fuir ceux qui sont venus dans l’Église à la recherche, peut-être encore mal formulée, de quelque chose ? Il existe des associations chrétiennes qui cherchent à accompagner les homosexuels, qui les connaissent bien et qui sont en partie composées d’hommes et de femmes qui ont connu ces problèmes. Elles peuvent apporter une aide précieuse. Non seulement il est possible d’orienter certains vers elles, mais également de recevoir une information et une formation sur les comportements justes qui permettent d’aider. Des Églises qui souhaitent consciemment annoncer l’Évangile peuvent, sans le vouloir, laisser à la porte des personnes considérées souvent inconsciemment comme indésirables, par une sorte de ségrégation confortable qu’elles ne perçoivent pas.

3. Concilier lucidité et miséricorde

Si la tentation de l’homophobie est, comme nous l’avons souligné, une réalité, celle de la conformité à l’air du temps en est une autre. Nous sommes parfois confrontés à un dilemme : l’autorité à laquelle nous nous référons est-elle la Parole de Dieu ou l’un des airs du temps (sur les questions controversées, il y en a généralement deux qui s’affrontent) ? Il y a là comme une ligne de crête qui nous fait progresser dans la lucidité à l’égard des actes et la miséricorde pour les personnes, entre deux abîmes, celui du légalisme qui rejette les personnes pour garder les principes et celui du laxisme qui brade la vérité par conformité à l’opinion à la mode. Cette ligne de crête est difficile pour tout le monde et on la quitte souvent en se croyant justifié par l’abandon de ceux d’en face.

Il faut toujours nous rappeler que « l’homosexualité » n’existe pas, mais qu’il n’existe que des personnes homosexuelles. Derrière les grands principes indispensables, il y a toujours des êtres humains avec leurs craintes et leurs souffrances. Ce sont eux qui intéressent l’Église, car c’est à eux aussi que l’Évangile s’adresse. S’il faut que l’Église tienne compte de ce que l’Écriture dit sur l’homosexualité, c’est avant tout parce qu’elle croit que la lucidité à l’égard d’un mal est le préalable nécessaire à sa guérison. Si le Dieu d’amour souligne si fermement ce qui relève du péché, c’est parce qu’il a à cœur de sauver et de donner la vie. Voilà l’unique raison de la fermeté des Églises sur cette question. Toute autre serait ambiguë et nous n’avons sans doute pas fini de traquer en nous-mêmes les mauvaises raisons qui nous poussent à dire parfois des choses justes. Notre vocation est de dire à tous — et donc aux personnes homosexuelles — l’Évangile de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ et sa capacité de faire toutes choses nouvelles.

1En France, après le PACS et malgré de fortes oppositions, le mariage dit « pour tous » a été intro-duit dans la loi en 2013, ouvrant la porte à l’adoption par des couples homosexuels.


Chacun de nous est confronté, chaque jour, au fait de vivre et vivre ensemble en tant qu’hommes et femmes. Comme mari et épouse, au quotidien d’une relation faite d’apprentissage mutuel et d’étonnantes différences ; comme citoyen, au moment de s’exprimer sur une loi légitimant le mariage pour tous ; comme responsable d’entreprise, face à l’inégalité persistante des salaires entre hommes et femmes ; comme parents, au moment de savoir si habiller leur fille en rose s’apparente ou non à du « terrorisme culturel ».

Sur cette question difficile de l’identité sexuelle et des relations entre homme et femmes, source de grands débats idéologiques mais aussi de grandes souffrances intimes, la Bible nous aide à y voir clair. Elle trace, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, une vision cohérente de ce que Dieu a voulu pour l’homme et pour la femme.

Nous en tirerons ensuite trois principes fondateurs : – une égalité de substance et de dignité devant Dieu, – la présence d’une différenciation des genres et des rôles, et d’une autorité masculine, – l’importance de vivre pour Dieu et avec Dieu cette différence et cette complémentarité.

I. À l’écoute des textes : que nous dit la Bible ?

1. L’enseignement de la Genèse (ch. 1 à 4)

Le début de la Genèse nous décrit le monde et la situation de l’homme tels que Dieu les a pensés et voulus, puis la chute qui éloigne l’homme de cet idéal.

a. Homme et femme à la création

Le premier tableau de la création en Genèse 1 met l’accent sur l’essence commune de l’homme et de la femme. Au sein de l’enchaînement d’actes créateurs de Dieu, homme et femme sont associés dans la création singulière d’une créature « à l’image » de son créateur. Parce qu’être à l’image de Dieu est le fondement de la dignité de l’être humain et le trait fondamental de son identité, il est capital qu’homme et femme partagent cette caractéristique.

Communauté de substance ne signifie pas indifférenciation. Dieu crée l’homme à son image (au singulier, comme signe de la communauté parfaite), et il les crée mâle et femelle (au pluriel, comme signe de la présence distincte de deux genres). Cette affirmation conjointe de l’égalité de substance mais d’une distinction de personnes ne doit pas étonner, de la part d’un Dieu qui se révèle comme trinitaire, composé de trois personnes distinctes mais égales en essence.

Hommes et femmes sont également associés dans une mission commune pour Dieu : administrer et remplir la terre, en l’occurrence le jardin d’Éden. L’égalité se prolonge donc dans une même finalité pour leur vie : servir Dieu en tant que son représentant sur la terre, ayant autorité sur les animaux et étant responsable de l’administration de la création dont l’homme est le sommet.

Le second tableau de la création en Genèse 2 met lui l’accent sur le rapport interpersonnel entre homme et femme et sur l’existence d’un ordre créationnel. Il appuie d’abord le principe de différentiation. La création de l’homme et de la femme, présentée plus en détail dans le chapitre 2, n’est pas simultanée et les modalités de création diffèrent.

Parallèlement à cette différenciation, le texte révèle que Dieu a institué une organisation hiérarchisée au sein du couple. Le texte fournit en effet plusieurs indices d’un rôle d’autorité de l’homme vis-à-vis de la femme :

– L’homme est créé le premier ;

La femme est appelée à être une aide, qui renvoie à un rôle d’appui et non d’autorité, étant entendu que ce rôle n’a rien de dégradant, et ne suppose aucunement l’infériorité de celui qui l’assume ;

Adam nomme Ève. Le fait de donner un nom revêt un sens particulier dans la Bible, et est signe d’autorité, comme le montre les exemples de Dieu qui renomme certains des grands hommes de foi ;

Dans l’institution du mariage décrite en Genèse 2, l’homme a la responsabilité première de quitter ses parents pour fonder la nouvelle cellule ;

Enfin, c’est à l’homme que Dieu donne les commandements précis quant au jardin, lui conférant ainsi une responsabilité particulière.

 Mais cette autorité dessinée en Genèse 2 n’entre pas en tension avec le principe de l’égalité devant Dieu. L’homme ne joue aucun rôle personnel dans la création de la femme. C’est Dieu qui discerne le besoin d’une présence qui corresponde à l’homme, c’est Dieu qui crée la femme alors que l’homme est endormi et passif, et la femme est faite de la même substance que l’homme — sa côte.

Le texte met aussi en avant le principe de complémentarité entre homme et femme, que Dieu a voulu « vis-à-vis » pour dépasser la solitude. La joie tient aussi une place importante : les premiers mots de l’homme qui sont rapportés dans la Bible sont un poème d’amour à la femme, dans lequel transparaît la joie d’avoir trouvé son vis-à-vis (« Cette fois » !). La conséquence de cette complémentarité est la fécondité de cette union, sur le plan biologique comme sur le plan social.

b. Homme et femme face à la chute

Les partisans d’une approche « chrétienne » de l’abolition de tout ordre entre homme et femme interprètent la chute comme le moment fondateur de l’autorité masculine. Celle-ci serait une conséquence punitive de la chute initiée par la femme ; l’autorité masculine cesserait donc d’avoir une raison d’être à partir du moment où homme et femme sont au bénéfice du salut en Christ, qui abolit les conséquences de la chute. Une telle approche n’est pas confirmée par le texte.

Il semble clair que la faute elle-même est commune à l’homme et à la femme. Dieu accuse tour à tour l’homme (Gen 3.9) et la femme (Gen 3.13) de ce qu’ils ont fait. Tous les deux vont avoir à subir les conséquences de la chute. Les conséquences les plus terribles sont d’ailleurs communes : homme et femme sont ensemble chassés du jardin et soumis à la mort (Gen 3.22-24), même s’ils continuent à porter — de manière dégradée — l’image de Dieu. La chute ne crée donc pas, en tant que telle, d’ordre nouveau, ou de différence entre homme et femme. Au contraire, l’ordre préexistant à la chute est confirmé en creux dans le prononcé de la responsabilité de la chute.

D’une part, la responsabilité première est imputée à Adam : c’est à lui que Dieu demande d’abord des explications sur ce qui vient de se passer. Adam, qui avait reçu les consignes de la part de Dieu, et portait un rôle de responsabilité première dans la conduite du premier couple, est rappelé par Dieu à sa charge. D’autre part, Dieu reproche à Adam non seulement d’avoir mangé du fruit (comme à Ève), mais également d’avoir écouté et d’avoir été séduit. En ce sens, on peut voir aussi dans la faillite de la chute (parmi d’autres dimensions) une faillite de l’autorité masculine au sein du couple. La femme est ici première dans la (mauvaise) direction prise, et Dieu reproche à Adam de n’avoir pas tenu son rôle.

Le fait que la chute conforte l’existence d’un ordre créationnel ne veut pas dire que rien ne change. La chute va profondément corrompre le vécu de la relation. Dieu prévient que les relations entre homme et femme vont désormais être plus dures, plus complexes, moins heureuses. L’homme tendra désormais à vouloir dominer plutôt qu’à exercer une autorité bienveillante, la femme aura le désir de prendre la place de l’homme, et tous les deux ne pourront plus vivre leur différentiation dans l’innocence du début, lorsqu’ils allaient nus sans honte.

2. L’enseignement des Épîtres : confirmation et restauration de l’ordre créationnel

Les Épîtres confirment les principes d’égalité devant Dieu, de la différenciation, et de l’autorité masculine dans la relation interpersonnelle en prenant souvent appui sur l’ordre créationnel.

L’égalité devant Dieu de l’homme et de la femme est plusieurs fois rappelée. Le passage le plus net est celui d’1 Cor 7, dans lequel Paul rappelle à la fois l’interdépendance de l’homme et de la femme et la dépendance commune à un même Dieu créateur (cf. en particulier 1 Cor 7.3-4). Cette communauté de substance et de rapport à Dieu est également évidente dans le salut : homme et femme sont unis dans un même salut comme ils avaient été unis dans la chute, Dieu ne faisant aucune différence de race, de genre ou de nation au moment d’offrir à chacun le salut en Jésus-Christ (Gal 3.22).

Les Épîtres rappellent aussi l’importance de la différenciation sexuelle. Le premier chapitre de l’Épître aux Romains condamne sans ambiguïté l’homosexualité qui revient à aller contre l’altérité sexuelle voulue à la création. Dans son développement relatif au port du voile à Corinthe, Paul pose comme principe l’importance de la différenciation homme-femme, en appelant à considérer les différences naturelles entre hommes et femmes comme signe d’une différenciation des genres et des rôles (1 Cor 11.6,14).

Le rôle d’autorité de l’homme dans la relation interpersonnelle est développé à plusieurs reprises. C’est le cas dans le cadre de l’Église (en 1 Cor 11 et 1 Tim 2) comme au sein du couple (Éph 5). Le rôle d’autorité est attesté par le terme de « tête » assigné à l’homme (1 Cor 11.5), qui signifie une position d’autorité.

Cet enseignement s’appuie à la fois sur le rappel d’arguments déjà présents dans la Genèse et sur des révélations nouvelles. C’est ainsi que Paul inscrit explicitement le rôle d’autorité de l’homme dans la chaîne d’autorité qui relie le Père au Fils, puis le Fils aux hommes (1 Cor 11.3 ; Éph 5.23). Ce parallèle est capital : il prouve d’une part que l’autorité n’est pas un état de fait regrettable dû à la chute, puisqu’il est mis sur le même plan que la relation d‘autorité au sein de la trinité. Il empêche d’autre part d’interpréter l’autorité comme provenant d’un différentiel de nature ou de compétence, puisque Jésus a toujours conservé sa nature divine et partagé tous les attributs divins.

En plus de conforter le cadre créationnel, les Épîtres évoquent souvent l’importance de restaurer l’harmonie entre homme et femme détruite par la chute. Plusieurs passages constituent des exhortations à vaincre les conséquences du péché, en vivant une relation homme-femme (et plus généralement humain-humain) sous l’angle du service mutuel et de l’amour. Paul exhorte ainsi les maris à aimer leur femme à trois reprises au sein du même chapitre (Éph 5.25,28,33), rappelle qu’homme et femme ont chacun autorité sur le corps de l’autre (1 Cor 7.4), ou encore appelle à la fidélité réciproque. Surtout, les relations entre hommes et femmes s’inscrivent dans le champ plus large des relations fraternelles, dans lesquelles nous sommes appelés par l’Esprit à cultiver l’humilité (Phil 2.5), le pardon, la bienveillance, ou encore le fait de ne pas faire prévaloir ses droits (voir par exemple 1 Cor 13 ; Col 3.12-13).

II. Une tentative de synthèse : trois grands principes bibliques du rapport entre homme et femme

1. Hommes et femmes sont distincts mais égaux en dignité et en substance

Aucun esprit de supériorité lié au genre n’est acceptable : nous sommes chacun dépendants de Dieu, et à son image. Il nous faut veiller à éviter notamment toute sous-estimation et sous-utilisation des compétences du genre féminin. C’est une mission commune que Dieu nous a confiée, et l’homme était démuni pour la remplir avant que Dieu ne lui donne l’aide qui lui corresponde.

Aucune compromission ne doit être faite avec des discours dégradant l’image de la femme, qui portent indirectement atteinte à l’image de Dieu.

Le principe de différenciation doit nous amener à refuser toute vision qui tendrait à nier la réalité d’une distinction homme-femme, ou le bienfait de leur complémentarité. La Bible va ainsi clairement contre les théories considérant que l’identité masculine ou féminine n’est qu’une construction, chacun déterminant son genre comme il l’entend, par son libre arbitre, et sans être contraint par son sexe biologique. Le message biblique de la différenciation explique aussi le fait que l’homosexualité est clairement un péché contraire à la vision de Dieu pour l’homme et la femme (et ce sans oublier que tous les péchés doivent nous être en horreur, et qu’aucun pécheur ne cesse d’avoir notre amour). Le message biblique est également en décalage avec une conception dans laquelle la différence homme-femme est reconnue, mais qui nierait la nécessité et l’intérêt de la complémentarité et de la vie ensemble. La Bible, elle, rappelle qu’homme et femme ne sont pas faits pour vivre seuls, en autonomie. Dieu a prévu comme modèle général la vie de l’homme et de la femme en couple, en vue notamment de l’enfantement, au sein d’une cellule familiale où chacun cherche prioritairement le bien de l’autre et pas uniquement son épanouissement personnel.

2. L’autorité masculine est voulue par Dieu pour organiser les relations mutuelles et contribuer à la réussite de l’ensemble

L’homme est appelé à diriger pour Dieu, la femme à aider pour Dieu. Dieu a voulu la présence d’une autorité masculine au sein d’un partenariat d’êtres égaux en dignité et chargés d’une mission commune. Pour vivre sereinement ce principe, il est essentiel de définir correctement l’autorité.

L’autorité selon la Bible est une charge, synonyme de service et de responsabilité. Concrètement, l’autorité semble renvoyer notamment à la responsabilité de trancher les débats importants, de veiller particulièrement à l’orientation du couple ou de l’église vers les objectifs fixés par Dieu (la vision), et de protéger la cellule des attaques de l’extérieur. Ces rôles sont à assumer prioritairement par l’homme, en vue du bien de l’ensemble, et ne peuvent l’être que si chacun, homme et femme, demeure dans la dépendance de Dieu.

L’autorité selon la Bible n’est pas la conséquence d’une supériorité de compétence, comme c’est souvent le cas dans les rapports humains sans Dieu. La meilleure preuve est la position de Jésus qui accepte une position d’obéissance à nature égale avec le Père. L’autorité n’est pas non plus la domination, qui est une perversion de la notion d’autorité, et qui infeste les rapports entre homme et femme depuis la chute. L’autorité n’est pas non plus la privation d’autonomie de la femme. D’une part, l’autorité masculine n’est pas mentionnée comme étant nécessaire dans tous les cercles. La Bible en parle dans le couple et dans l’église, mais ne dit rien des rapports entre hommes et femmes dans d’autres cercles. D’autre part, dans les contextes où l’homme a un rôle d’autorité, le partage et la délégation de l’autorité sont évidemment possibles et souhaitables sur un grand nombre de point.

3. Les relations entre hommes et femmes sont à vivre pour Dieu et avec Dieu

Un troisième principe, transversal aux deux premiers, est que les relations entre hommes et femmes sont à vivre pour Dieu et avec Dieu.

Pour Dieu, parce que tout doit être pensé avec cette conviction qu’homme et femme ont une mission commune, qui est d’honorer Dieu sur la terre. La femme n’est pas l’objet de l’homme, mais son aide : l’homme doit donc regarder cette aide dans la perspective du service commun que le couple doit fournir pour Dieu. Cela devrait prévenir toute volonté d’utilisation capricieuse et égoïste de la femme par l’homme au nom de son autorité. Cela donne aussi au couple un horizon et une raison d’être, qui renforcent la relation mutuelle et fournissent l’occasion de moments de partage et de progrès mutuels.

Avec Dieu, parce que tenir ce cap implique de le vivre avec Dieu. Cette exigence a d’abord une motivation positive, offensive. Dieu sait ce qui est bon pour nous. Dieu a pensé cette relation homme-femme, a voulu la complémentarité et l’autorité, pour notre bien. Lorsque nous nous conformons à ce modèle divin, Dieu peut le plus « naturellement » bénir et aider à travers les structures qu’il a instituées. En vivant nos couples avec Dieu, nous tendons à le renforcer et à « l’optimiser ».

Mais vivre ces relations homme-femme avec Dieu a aussi une motivation que l’on pourrait qualifier de « défensive ». Depuis la chute, et malgré notre restauration partielle par notre nouvelle naissance, nous ne savons pas naturellement vivre notre couple dans l’harmonie et l’amour auxquels Dieu nous appelle. Le péché continue à corrompre le vécu de l’ordre voulu par Dieu, à travers l’égoïsme, la rancune, la tentation, l’incompréhension… Dieu peut concrètement nous aider à chaque étape importante, à chaque crise, à chaque progrès que nous avons à réaliser, pour mieux comprendre et mieux aimer notre conjoint, mieux s’aimer et se respecter entre frères et sœurs.

Ainsi, en couple comme en église et entre frères et sœurs, il est capital de penser que nos relations entre hommes et femmes doivent toujours être inscrites dans le projet que Dieu a pour nous, hommes et femmes, unis dans les partenariats que sont le couple et l’église, en vue de l’honorer, tout en profitant des bénédictions qui y sont associées. « Et par-dessus tout, aimez-vous. L’amour est le lien de la perfection. » (Col 3.14)

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I. Introduction

Dans les Évangiles, nous lisons que Jésus avait un père terrestre, Joseph, dont la présence n’est pas mentionnée après la petite adolescence. Ce silence ne prouve rien, mais beaucoup supposent que Joseph est décédé alors que ses enfants étaient encore jeunes. Malgré cela, ses enfants sont devenus des gens extraordinaires : sans parler de Jésus, Jude et Jacques ont écrit des parties du Nouveau Testament.

Une situation fréquente

En France, « en 2005, 17,7 % des enfants de moins de 25 ans vivent dans une famille monoparentale, contre 7,7 % en 1968. » 1 Cette situation a longtemps été considérée comme embarrassante : parler d’une mère seule impliquait beaucoup de sous-entendus ; aujourd’hui elle est considérée comme normale.

De telles familles sont dans cette situation suite à un décès, un divorce, ou par l’abandon fréquent d’un parent.

Comment vivre cette situation

La Genèse nous présente l’histoire de la famille d’Abraham (dont le nom est Abram avant que Dieu ne le change).

En Genèse 15.1-6, Dieu promet à cet homme une grande récompense, un grand héritage. Mais Abram se dit : À quoi cela peut-il servir, puisque je n’ai pas d’héritier, ma femme Saraï ne pouvant pas enfanter ? Alors Dieu lui promet un héritier « issu de ses entrailles », bien qu’Abram ait presque 80 ans, et sa femme presque 70 ans.

Le temps passe, et Dieu n’accomplit toujours pas sa promesse. Abraham arrive à presque 90 ans et Saraï, qui en a presque 80, se dit : « Peut-être faut-il que l’on accomplisse cette promesse autrement. » Ils avaient une servante, et Saraï donne un mauvais conseil à son mari : elle lui propose de coucher avec cette servante pour obtenir d’elle la descendance promise. Abram suit ce conseil et va auprès d’Agar qui devient enceinte, mais aussi très fière de sa maternité.

Un conflit éclate avec sa maîtresse. Excédée, Saraï la renvoie. Agar part seule au désert. Dieu intervient une première fois en disant : « Reviens auprès de Saraï ; j’ai un plan pour toi. » Elle nomme l’endroit où Dieu lui a parlé « le puits du Vivant qui me voit » (Gen 16.4-16).

Il est encourageant de remarquer que Dieu voit, quelle que soit la profondeur de la détresse. Agar, qui se sépare une première fois du foyer, n’est pas abandonnée de Dieu ; lorsque Dieu vient vers elle, elle reconnaît que celui qui voit a vu ! Agar accouche d’un enfant, Ismaël, qui concurrencera l’enfant de la promesse, Isaac.

La promesse s’accomplit enfin ! À 100 ans, Abraham donne un fils à Saraï, âgée de 90 ans. Elle se dit qu’elle va être « la risée de tout le monde » ! Ce fils est appelé Isaac, un nom qui signifie « il rit ».

II. Un monde brisé (Genèse 21.8-11)

« L’enfant [Isaac] grandit, et fut sevré ; et Abraham fit un grand festin le jour où Isaac fut sevré. Sara vit rire le fils qu’Agar, l’Égyptienne, avait enfanté à Abraham ; et elle dit à Abraham : Chasse cette servante et son fils, car le fils de cette servante n’héritera pas avec mon fils, avec Isaac. Cette parole déplut fort aux yeux d’Abraham, à cause de son fils. » (Gen 21.8-11)

On constate que le monde d’Agar était brisé, comme dans beaucoup de situations de vie aujourd’hui. Cette situation aurait pu être évitée s’il y avait eu plus de pitié, plus de confiance en Dieu de la part d’Abraham.

Nous voyons à travers cette histoire que les familles monoparentales sont parfois victimes de ces situations. Ceci est vrai même en cas de décès d’un des parents, car la mort ne fait pas partie de l’ordre créationnel. La Bible dit que  « le salaire du péché, c’est la mort » (Rom 6.23). Cela ne signifie pas qu’une personne qui meurt paie directement son propre péché, mais que le monde entier est soumis à la loi du péché qui conduit inexorablement à la mort, et à de telles souffrances.

Lorsque ce n’est pas un jugement général, cela peut parfois être une situation liée au péché d’égoïsme. L’abandon du foyer par un père ou une mère a des conséquences tragiques.

Mais Dieu est rempli de grâce : Dieu change l’égoïsme de Sara pour apporter une bénédiction à ce foyer.

Mieux vaut construire sur un fondement solide qui ne change pas avec les circonstances : Jésus-Christ. Lui est capable de nous garder, même dans les circonstances difficiles.

Bâtir sagement, c’est bien sûr réaliser la part d’ombre et d’égoïsme qui nous habite et refuser de la laisser s’exprimer. Abraham n’aurait pas dû écouter Sara, il aurait dû avoir confiance en Dieu. Assumer ses responsabilités de père. Prenons garde à la manière dont nous bâtissons. Nos erreurs et nos fautes peuvent avoir des conséquences qui nous poursuivent toute notre vie, et même au-delà.

III. Un Dieu constructeur (Gen 21.12-21)

À partir du verset 12, nous voyons combien Dieu souhaite changer cette situation pour y amener une bénédiction. Dieu est le seul capable d’utiliser les « ordures » du monde pour en faire des trésors, d’utiliser nos erreurs pour en tirer des grâces.

Dieu s’occupe d’Agar (21.12-19)

« Mais Dieu dit à Abraham : Que cela ne déplaise pas à tes yeux, à cause de l’enfant et de ta servante. Accorde à Sara tout ce qu’elle te demandera ; car c’est d’Isaac que sortira une postérité qui te sera propre. Je ferai aussi une nation du fils de ta servante; car il est ta postérité. Abraham se leva de bon matin ; il prit du pain et une outre d’eau, qu’il donna à Agar et plaça sur son épaule ; il lui remit aussi l’enfant, et la renvoya. Elle s’en alla, et s’égara dans le désert de Beer-Schéba. Quand l’eau de l’outre fut épuisée, elle laissa l’enfant sous un des arbrisseaux, et alla s’asseoir vis-à-vis, à une portée d’arc ; car elle disait : Que je ne voie pas mourir mon enfant ! Elle s’assit donc vis-à-vis de lui, éleva la voix et pleura. Dieu entendit la voix de l’enfant ; et l’ange de Dieu appela du ciel Agar, et lui dit : Qu’as-tu, Agar ? Ne crains point, car Dieu a entendu la voix de l’enfant dans le lieu où il est. Lève-toi, prends l’enfant, saisis-le de ta main; car je ferai de lui une grande nation. Et Dieu lui ouvrit les yeux, et elle vit un puits d’eau ; elle alla remplir d’eau l’outre, et donna à boire à l’enfant. »

Agar est seule, comme veuve, et Ismaël devient presque orphelin. C’est un jeune homme sans père. La Parole de Dieu se soucie de la veuve et de l’orphelin :

– « L’Éternel, votre Dieu, est le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, fort et terrible, qui ne fait point de favoritisme et qui ne reçoit point de présent, qui fait droit à l’orphelin et à la veuve, qui aime l’étranger et lui donne de la nourriture et des vêtements. » (Deut 10.17-18)

– « Lorsque tu auras achevé de lever toute la dîme de tes produits, la troisième année, l’année de la dîme, tu la donneras au Lévite, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve ; et ils mangeront et se rassasieront, dans tes portes. » (Deut 26.12)

– Dieu promet qu’il sera un père pour les orphelins (Ps 10.14-18 ; 68.5-6). Dieu est capable de compléter les absences d’un père ou d’une mère.

Êtes-vous parent seul ? Connaissez-vous des parents seuls qui sont dans le désespoir ? Avez-vous un sentiment d’isolement, l’impression qu’il n’y a plus rien à faire ? C’est exactement ce qu’Agar ressentait : elle était seule, désespérée, son enfant était en train de mourir de soif. Ne voulant pas voir le décès de son fils, elle s’en va, pensant qu’il n’y a plus rien à faire.

Pourtant, le « Dieu-qui-voit » exhorte cette jeune femme : « Lève-toi, prends l’enfant, saisis-le de la main… »

Il y a un moment où il faut pleurer pour ce que l’on a perdu. Mais il y a un autre moment où il faut choisir de se lever, de regagner la réalité de la vie et de cheminer vers des solutions.

Dieu s’occupe de l’enfant (21.20-21)

« Dieu fut avec l’enfant, qui grandit, habita dans le désert, et devint tireur d’arc. Il habita dans le désert de Paran, et sa mère lui prit une femme du pays d’Égypte. »

Dieu a su bénir et garder l’enfant d’Agar. Le reste des Écritures nous apprend qu’il devint le père de douze princes. Dieu a su prendre soin et écouter les prières de cette femme.

Même dans le cas d’une famille monoparentale, Dieu est capable de soutenir et de faire d’un enfant abandonné par un père ou par une mère une personne pleinement épanouie.

IV. Quelques applications

Voici quelques éléments utiles pour des familles qui se trouvent dans cette situation :

Pour le papa et la maman :

?  Veillez à ne pas vous laisser envahir par l’amertume, car elle ronge les os et ne donne aucune solution (cf. Prov 14.30).

 On peut vivre des années dans l’amertume et connaître la même tristesse. Il faut la rompre par le pardon que l’on offre à celui ou celle qui nous a offensé(e). Il faut accepter que Dieu ait un plan qui dépasse notre compréhension.

Agar n’avait aucun moyen de savoir que Dieu allait la bénir, et dans ce moment-là, elle était effondrée. Pourtant, elle pouvait placer sa confiance en Dieu en disant : « Je ne comprends pas, mais je veux te faire confiance », et Dieu est intervenu.

De plus, l’amertume se communique aux enfants, et les marquera toute leur vie.

?  Être pris de remords, non plus, n’arrange rien. Là encore, il faut demander pardon pour ses propres fautes. En Christ, Dieu donne sa grâce en abondance à celui dont le cœur est brisé, et qui reconnaît ses erreurs (Col 2.13-14 ; 1 Jean 1.9).

Un autre danger est la crainte de discipliner : les enfants ont tellement souffert que l’on ne veut plus les éduquer, on veut avoir un enfant pour le plaisir et plus pour l’éducation. Pourtant, un parent seul a les mêmes devoirs qu’un autre !

 Jim Elliot, missionnaire en Équateur, a été accueilli par les flèches des Indiens et il en est mort. La première réaction de sa femme qui avait des enfants a été de dire : « Seigneur, donne-moi la force d’être père et mère à la fois. » Dieu peut donner cette force, à la fois dans la discipline et la tendresse.

Pour les enfants

?  Il est nécessaire de développer la communication, car un enfant développe vite une fausse culpabilité, il se sent responsable de ce qui s’est passé. Il a besoin d’être sécurisé, plus particulièrement dans ce domaine-là.

Il peut également vivre un sentiment de rejet, peut-être même a-t-il entendu dire qu’il était un enfant illégitime. La Bible dit qu’il n’y a pas d’enfant illégitime. Le Psaume 139 nous montre que notre Dieu a voulu chaque naissance. Chaque enfant a fait l’objet d’une pensée éternelle et aimante de Dieu. « Éternel ! tu me sondes et tu me connais, tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu pénètres de loin ma pensée ; tu sais quand je marche et quand je me couche. […] C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. » (Ps 139.1-3,13-14)

 

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Cet article est un extrait du chapitre 5 du livre d’André Adoul, « Nos enfants », épuisé ; il est publié avec l’aimable autorisation de la Ligue pour la Lecture de la Bible.

« … afin que tous ensemble, d’une seule bouche, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ. » (Romains 15.6)

Deux hommes encordés viennent de s’attaquer à une paroi abrupte en haute montagne. En tête, le plus habile examine sans hâte le relief, tâte la roche pour en éprouver la solidité, creuse des « prises » avec son piolet et parvient à se hisser sur une plate-forme où il s’installe et attend.

De là, il va pouvoir aider son compagnon moins expérimenté à le rejoindre. En guide responsable, il suit, sans le lâcher du regard, la lente progression de son ami et lui indique la saillie où s’agripper, l’anfractuosité où poser le pied. Il se garde bien de le rudoyer quand il paraît faiblir. Ici, la vitesse importe peu ; l’essentiel est d’avancer et d’aboutir. S’encorder, c’est se rendre solidaire, s’est s’engager vis-à-vis de l’autre. Lorsque les deux grimpeurs seront côte à côte sur la plate-forme, le premier reprendra l’ascension et la scène se renouvellera jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur objectif : le sommet de la montagne. Certes la montée est plus lente lorsqu’il faut attendre celui qui peine et hésite, toutefois il est exaltant d’entraîner un compagnon sur les hauteurs en partageant ses joies et ses progrès. La tendance de l’homme — fût-il croyant — est d’avancer sans se soucier de l’autre. Le « chacun pour soi », même dans le domaine spirituel, guette les époux. Chercher à gravir les sommets est fort louable pourvu que le plus pieux ne soit pas tenté d’oublier son conjoint. La famille tout entière devrait être « encordée », le plus avancé dans la foi ouvrant la marche, soucieux d’amener tous les siens à la maturité spirituelle, imitant Jacob qui disait à son frère : « Et moi je marcherai lentement … au pas des enfants jusqu’à ce que j’arrive (avec eux) chez mon seigneur. » (Gen 33.14) La première paroisse d’un père et d’une mère, leur champ d’action prioritaire, c’est le foyer ; aussi l’un comme l’autre s’appliqueront-ils à faire de leur maison une église, un sanctuaire où Dieu est adoré.

Si d’aventure l’un des époux se montre réticent ou manifeste peu de besoins, le plus zélé se gardera d’imposer, à coup d’arguments bibliques, un culte de famille non souhaité. Il serait dommage que les enfants voient maman, par exemple, subir, en soupirant ou en branlant la tête avec humeur, la lecture et la méditation des Écritures autour de la table.

C’est pourquoi, des questions se posent aux parents chrétiens : sont-ils répréhensibles de ne pas célébrer le culte de famille ? Doivent-ils l’instituer ? Le maintenir régulièrement ou ne l’avoir que sporadiquement, lorsque le besoin s’en fait sentir ? Après tout, aucune loi du Nouveau Testament ne les oblige à le pratiquer régulièrement bien que les enfants de Dieu soient invités à « s’exhorter les uns les autres chaque jour aussi longtemps qu’on peut dire : aujourd’hui » (Héb 3.13).

Nous sommes sous le régime de la grâce, donc parfaitement libres de célébrer ce culte plusieurs fois par semaine et libres également de ne pas l’observer du tout. Autrement dit, je refuserai de me laisser culpabiliser si, à cause d’événements imprévisibles, de la fatigue ou de la nervosité des enfants, cette rencontre doit être écourtée ou simplement supprimée. L’important est que règne dans la maison une atmosphère sereine, baignée de joie et de louanges. Toutefois, il serait dommage d’évacuer cet office, d’être retenu par la crainte de lasser de jeunes oreilles ou de tomber dans l’inévitable routine. N’est-il pas bienfaisant de lire ensemble l’Écriture et de chanter la gloire du Créateur dans le cercle familial ?

Je le sais, la vie moderne est si fébrile, nos programmes si chargés, qu’il est parfois difficile de trouver du temps à consacrer au Seigneur. Mais puisque les premiers convertis « persévéraient dans la communion fraternelle et dans l’enseignement des apôtres » (contenus dans l’Écriture tout entière), pourquoi n’en serait-il pas ainsi dans votre foyer ?

 

* * *

 

Des parents s’abstiennent de célébrer le culte de famille pour diverses raisons. Nous en signalons au moins six :

1. – L’ignorance

Peut-on demander à des époux issus de milieux athées d’instituer un culte de famille dont ils n’ont aucune idée, n’ayant jamais participé à de telles rencontres ? Pour ce motif, il serait souhaitable qu’il y ait un échange de vues sur ce sujet important dans le cadre de l’église locale.

2. – La routine

Certains parents hésitent à rétablir « l’autel » dans la maison parce qu’ils gardent le souvenir pénible de longues lectures bibliques accompagnées de commentaires insipides débités par un père insensible aux réactions des siens. Alors pour ne pas infliger pareille punition à ses enfants, papa a cru bon de supprimer purement et simplement cette rencontre. Ne serait-il pas plus bénéfique de remplacer le mauvais par du bon et non … par rien du tout ?

Les souvenirs négatifs devraient plutôt nous inciter à faire de ces réunions de famille des moments attendus de joyeuse communion.

3. – Les programmes trop chargés

Dans les communautés naissantes, pasteurs et anciens disposent d’un nombre réduit de bonnes volontés ; ils sont tentés de les employer au maximum, au préjudice de la famille elle-même. Le père débordé (tenu d’assister aux multiples réunions de la paroisse, de véhiculer les personnes dites intéressées, de visiter les malades et les vieillards, etc.) doit renvoyer aux calendes grecques ce qui serait un bien pour les siens.

4. – La passivité

Certains parents « attendent d’être poussés » pour réunir la famille « autour du Seigneur ». Il fut un temps où je faisais équipe avec un cher collègue qui me déclara, au premier jour de notre collaboration : « N’instituons pas un moment de prière au début de chaque journée, nous risquerions de tourner en rond, dans le blablabla. Nous prierons quand nous en sentirons le besoin. Ce sera plus authentique ». Excellent motif … aux piètres résultats. Nous avons fort peu plié les genoux ensemble et c’est dommage !

5. – Le mauvais exemple

Un père au caractère exécrable se sent-il libre d’enseigner ses enfants ? Comment pourrait-il être pris au sérieux par ceux qui le voient vivre de près ?

D’où l’importance, pour un chef de famille, de veiller sur son comportement, de s’humilier chaque fois qu’il a pu décevoir les siens afin que soit célébré un culte bien accueilli par tous.

6. – Une vie intérieure relâchée

La plupart des pères qui n’ont jamais institué ce culte n’en éprouvent pas le besoin parce qu’ils négligent de cultiver leur communion avec le Seigneur. Le culte personnel doit précéder le culte de famille. Celui-là prépare celui-ci. Il ne peut y avoir de zèle et de ferveur là où fait défaut la vie intérieure. Qui néglige son Maître n’aura nul désir de communiquer sa foi à son entourage.

 

* * *

 

Avez-vous la pensée d’instituer le culte de famille ? Alors retenez ces deux conseils :

a) Ayez du bon sens. Que cette réunion soit brève si les vôtres sont nerveux ou fatigués ; ou supprimée à l’occasion.

Nous sommes libres et le restons. Vos enfants sont-ils agités, survoltés ? Alors ne les obligez pas à vous écouter longtemps, figés sur une chaise. S’ils se plaignent, prenez au sérieux leurs murmures, examinez-en la valeur et, s’ils sont justifiés, acceptez de réviser votre façon de faire.

b) Ayez de l’imagination pour faire de cette rencontre un instant béni et souhaité par tous. N’allez pas vous imaginer qu’un culte de famille doive se dérouler chaque fois de la même manière, selon un ordre définitivement établi et croire, par exemple, qu’il faille : débuter par une prière et un cantique, lire un chapitre de l’Ancien et du Nouveau Testament suivi d’un commentaire plus ou moins long et clôturer par le « Notre Père » récité en chœur et à haute voix. Non, ce serait courir à un échec.

N’improvisez pas ce « service ». Variez-en le programme et montrez à tous votre enthousiasme, vous attendant à l’action de l’Esprit-Saint. Alors ce culte sera vivant et sujet de joie pour tous les participants.

 

* * *

 

Voici une série de suggestions qui pourront vous inspirer et vous aider à préparer vos soirées.

A. Lire chaque soir, et durant plusieurs semaines un chapitre d’un livre pour les jeunes ou une biographie chrétienne de valeur.

B. Thème : la mission. Lire un extrait de journal missionnaire. Énumérer les besoins du champ (en utilisant une carte de géographie pour bien fixer les idées). Si un appel est fait pour l’achat d’un véhicule ou la construction d’une chapelle, suggérez que soit rassemblée une petite somme destinée à cet effet.

C– Thème : les problèmes de la vie. Répondre par des textes bibliques à des questions soulevées par un incident de la journée, une nouvelle entendue à la radio, une difficulté rencontrée par l’un des vôtres (travail, procès, divorce, conflits de générations …).

D. Thème : l’évangélisation. Rappeler tel effort qui se prépare dans la cité et chercher à discerner le rôle que pourrait y jouer la famille. Penser à des personnes susceptibles d’être invitées (camarades de classe, voisins, collègues de travail, parents …). Citez deux ou trois promesses propres à stimuler l’intercession en leur faveur.

E. Thème : la cité, le monde. Mentionner certains événements du moment (cataclysme, famine, persécution, guerre, inondation …) afin de présenter à Dieu ceux qui souffrent. Ne pas manquer d’intercéder pour les autorités.

F. Thème : l’Église. Si c’est un samedi soir, penser au culte du lendemain et lire un texte relatif à la Cène, l’offrande, l’amour fraternel… Signaler les personnes de la communauté qui traversent un temps difficile (maladie, chômage, deuil …) afin de les présenter au Seigneur et, éventuellement, leur porter secours. Prier pour les responsables de l’église locale (pasteur, anciens, diacres, moniteurs …). Il serait souhaitable de posséder la liste des membres de l’assemblée pour citer leur nom devant Dieu.

G. Le dimanche surtout. Groupés autour du piano ou de la guitare, chanter des refrains entraînants et quelques cantiques. Lire un Psaume et réciter ensemble le « Notre Père »

Que Dieu vous accorde le bonheur de le célébrer en famille « d’une seule bouche ».

 

* * *

 

Quelques questions pour se remettre en question :

1. – Célébrez-vous le culte de famille ? Sinon, quels sont les motifs qui vous ont conduits à le supprimer ? Sont-ils réellement valables ? Aujourd’hui, ne pourriez-vous pas réunir les vôtres pour un instant de louange ?

2. – Si vous pratiquez ce culte, avez-vous le sentiment que tous vos enfants s’y associent avec joie et intérêt ? Que pourriez-vous faire pour donner plus de vie à cette rencontre ?

3. – Avez-vous réellement le souci de leur âme ? Vivent-ils heureux dans une atmosphère sereine et spirituelle ?

Bénissez Celui qui vous inspirera pour faire de ce culte un instant de joyeuse communion.

 

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« L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils ne feront qu’un. » (Gen 2.24)

« Honore ton père et ta mère afin que tu vives longtemps sur la terre. » (Ex 20.12)

Le débat sur le mariage des couples homosexuels et la dégradation régulière des liens familiaux, y compris dans les milieux chrétiens, nous interpellent aujourd’hui. Ce constat nourrit une tentation de repli sur la défense de la famille vue alors comme une institution traditionnelle en péril et une valeur morale menacée.

Une réflexion biblique nous invite plutôt à considérer la famille comme un projet à vivre. Un projet d’ordre créationnel et anthropologique certes, mais dont l’idéal demeure accessible avec le secours de la grâce de Dieu, la prière et une écoute confiante de la Parole.

Le texte fondateur de Genèse 2 est repris trois fois dans le N.T. à propos du divorce, de la prostitution ou de la fornication. Pour nous permettre d’échapper à ces pièges, l’Écriture nous ramène au projet divin, nous transmettant un message d’espérance et de possible guérison dans les réalités familiales.

Les versets en exergue invitent l’homme et la femme à s’attacher l’un à l’autre comme mari et femme, puis à s’engager comme père et mère dans l’aventure de l’éducation, avec le double sens de educare (« nourrir, instruire, avoir soin de ») et ex-ducere (« conduire dehors »). L’enfant devenu homme empruntera à son tour un chemin de rupture respectueuse et de liberté, signe de maturité et quittera ses parents pour fonder sa propre famille, héritier avec son conjoint de la grâce de la vie (1 Pi 3.7).

L’éducation et la transmission sont au cœur de cette double démarche apparemment contradictoire et une raison d’être pour la famille selon Dieu.

I. La famille, trois caractères qui favorisent la transmission

Trois caractères de la famille en font un espace privilégié pour la transmission : elle est un groupe humain de relations et d’attachement, une maison espace protecteur et elle s’inscrit dans la durée.

1. Un groupe humain en relation : liens et attachement

a. La famille est le lieu des premières relations, des liens essentiels.

Le livre de la Genèse les met en évidence entre réalisation et déchirements :

–  le lien conjugal : l’émerveillement d’Adam lorsque Dieu lui présente Ève dit le besoin et la valeur de ce lien d’alliance entre l’homme et la femme (Gen 2.23) ;

– le lien parental où se réalise la promesse divine : une postérité et la transmission possible de la bénédiction (Gen 12.2-3 ; 15.3-6) ; le récit biblique évoque aussi la souffrance des situations de stérilité et la puissance de Dieu en guérison ; il dit ainsi l’importance de l’enfant, pour les couples et pour Dieu ;

– le lien filial conduit Ismaël et Isaac (Gen 25.9) puis Jacob et Esaü (Gen 35.29), à surmonter leur antagonisme devant le tombeau de leur père ; il efface toute autre considération pour Joseph (Gen 45.3) ;

– le lien fraternel : l’insistance des questions que Dieu pose à Caïn au sujet d’Abel son frère et les pleurs de Joseph montrent le prix de ce lien (Gen 4 ; 49).

Ces liens tissent un réseau de relations variées, d’échanges et de solidarités. Ils rompent la solitude car « il n’est pas bon que l’homme soit seul. » (Gen 2.18)

b. La famille est l’espace de l’affection, de l’attachement, des soins indispensables à la croissance et à la vie.

Soulignons ici l’importance de l’amour maternel dans la construction de la personnalité et l’équilibre futur de l’enfant. La mère est la première personne perçue : les regards, le creux des bras et l’allaitement sécurisent le petit enfant ; regardé et aimé, il peut apprendre à aimer.

Dieu prend lui-même les caractères d’une mère et décrit très précisément la tendresse et la force de ce lien pour parler de son amour (És 66.10-14).

Dieu donne aussi l’exemple de l’amour paternel en Osée 11.1-4 : il aime son fils, lui enseigne à marcher, lui donne doucement à manger. Dans ce même passage, il le prend dans ses bras pour le guérir, le libère du joug, montrant par là son attention active pour conduire dehors, libérer, ceux qui ont manqué de tels soins ou ont souffert de maltraitance dans leur tendre enfance.

c. Ces relations ne peuvent pas se vivre sans respecter l’autre, le prochain, sans découvrir l’amour qui révèle Dieu lui-même.

La présence d’un autre à côté de moi me fait découvrir la double exigence de respect et d’amour du prochain. La famille peut reconnaître et transmettre ces valeurs.

 

Cet aspect de la famille comme groupe relationnel interroge notre manière de vivre ou de rencontrer les détresses affectives et le délitement des liens sociaux, en un temps où le développement extraordinaire des relations virtuelles via les réseaux sociaux se conjugue avec un individualisme et une solitude croissants.
En France, 12 % de la population vit seule et près de 40 % n’a pas de relations familiales soutenues : les plus jeunes, les plus âgés, les femmes, les plus pauvres sont les plus touchés. 1

2. La famille, ou la stabilité d’une maison

Dans la Bible, la famille est souvent vue comme une maison, un espace de stabilité :

– un abri, un refuge contre les périls, un espace protecteur, visible et connu ;

– une habitation où l’on trouve le plaisir d’un chez soi, l’accueil et l’hospitalité ;

– un lieu de repos et d’intimité, qui permet le ressourcement personnel.

Le Psaume 132 donne ces caractères à l’habitation de Dieu. Il fait partager cette bénédiction à ceux qui le craignent. Ce lieu protégé est propice à la pensée et facilite la transmission.

 

Cet aspect de la famille nous confronte au défi de la précarisation croissante de la société et aux détresses qu’entraînent les problèmes de logement.
Ceux qui peuvent profiter d’une maison bienfaisante doivent garder à l’esprit la souffrance de ceux qui sont sans domicile fixe, caractérisés par un sigle : SDF. La souffrance aussi des enfants pour qui la maison est synonyme de vide affectif, d’instabilité, de misère, de maltraitance. Nous ne pouvons peut-être pas apporter toutes les solidarités nécessaires, mais nous pouvons être attentifs à écouter, avec amour et humilité, sans juger ou stigmatiser.
Jésus entre en sympathie avec ceux-là : « Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli. » (Jean 1.11) Quand il s’écrie : « Les renards ont des tanières mais le fils de l’homme n’a pas un endroit où reposer sa tête » (Mat 8.20), il montre comment le manque d’un lieu peut atteindre à la dignité de la personne.

 

3. La famille est inscrite dans la durée

La maison est une demeure, une habitation dans la durée et la stabilité.

Une transmission véritable vise à construire l’être par la connaissance et la sagesse, la réflexion et l’intelligence (Prov 2.1-12). Apprendre, s’instruire, est différent de communiquer ou récolter des informations.

L’éducation dans la famille ne vise pas à modeler des comportements de conformité, mais à guider l’enfant vers la maturité qui est connaissance de Dieu, liberté confiante de l’amour, connaissance et respect de soi et de l’autre (Marc 12.28-34).

Tout cela n’est possible que dans le temps long que peut offrir une famille. Nous devons reconnaître et accepter pour nous et nos enfants la lenteur de ce processus, une génération, analogue à la croissance d’un arbre.

Il faudra du temps à ma petite fille pour comprendre que l’amitié vraie ne se gagne pas par l’imitation des codes vestimentaires tyranniques à la mode. Il faudra du temps, des années peut-être, à mon petit-fils pour apprendre à gérer sa colère et des émotions qui pourraient blesser.

Or la famille permet de s’inscrire dans la durée parce que :

–  Deux liens d’appartenance contribuent à sa continuité : – le lien du sang, – le lien d’alliance conclue avec l’autre, différent (autre sexe, autre famille) : ce lien apporte la richesse de la diversité, mais il est fragile car il repose sur un libre choix des conjoints ; il a besoin d’être renforcé par le mariage qui réunit l’engagement des époux et l’engagement de la société envers eux.

– La famille se vit dans une chronologie longue marquée par des événements forts. Naissance, croissance, union, procréation, mort, inscrivent l’enfant à la rencontre de deux lignées parentales, père et mère, qui l’aident à se repérer en intégrant la différence des sexes et la différence des générations.

– Les générations successives, parents, grands-parents, arrières grands-parents jalonnent le temps. Ils aident l’enfant à acquérir des repères, à compter ses jours et ainsi grandir dans la sagesse (Ps 90.12).

Le Psaume 78.1-8 rassemble jusqu’à cinq générations liées par la transmission de la grandeur de Dieu et de ses œuvres, plutôt que par la nostalgie d’un passé prétendument meilleur (Ecc 7.10).

 

Cet aspect de la famille lié à la durée ne doit pas nous conduire, comme les pharisiens, à nous enorgueillir d’un nom, d’une lignée ancestrale connue (Jean 8.33,41) ou d’une descendance nombreuse. Notre vie est comme une vapeur et ne dépend que de la grâce et de la souveraineté de Dieu (Ps 39 ; 90).
Il ne doit pas nous empêcher de respecter les familles dites recomposées où les lignées familiales ne sont pas toujours longues, linéaires et faciles à retracer.
Il nous interroge aussi sur notre rapport au temps dans une civilisation de l’immédiateté, de la rapidité, de l’accélération et de l’obsolescence des objets, mais aussi des informations, des idées et des personnes.

 

II. Transmettre la connaissance de Dieu et l’amour du prochain

En Israël, le culte domestique associait toute la famille et suscitait les questions des enfants : « Ton fils t’interrogera… » Celles-ci orientent vers les deux axes fondamentaux de la foi et de la piété : la connaissance de Dieu et l’amour du prochain.

1. La connaissance de Dieu et de l’œuvre du salut

–  Des rites observés (la Pâque, Ex 12.25-27 ou la fête des pains sans levain, Ex 13) amènent la question : « Que signifie pour vous ce rite ? » La réponse donne le sens : « Dieu a sauvé nos familles », occasion de raconter la délivrance de l’Éternel.

– Les paroles du Seigneur « seront dans ton cœur » (Deut 6.6) : le sommaire de la loi doit faire l’objet d’un enseignement convaincu au fils et au petit-fils.

– Des signes de mémoire : les pierres dressées au Jourdain (Jos 4) invitent à toujours témoigner de la gloire de Dieu dans l’œuvre de salut.

Les rites de la foi chrétienne (baptême, cène, culte familial), la Parole de Dieu, la mémoire de sa grâce invitent de même à une pédagogie de la transmission dans la durée ; celle-ci passe par :

–  la conviction du cœur : pour ne pas transmettre seulement des règles formelles,

– l’exemplarité qui donne crédit à l’enseignement, surtout quand on a montré ses limites et que l’on sait reconnaître ses erreurs,

– l’illustration de la foi et la prière dans la vie quotidienne,

– la participation des enfants à la piété familiale,

– la répétition régulière.

 2. L’attention à autrui et le respect de l’autre : l’amour du prochain

Dès le début de la Genèse, l’histoire d’Abel et de Caïn nous enseigne : « Où est ton frère ? Qu’as-tu fait de ton frère ? Suis-je le gardien de mon frère ? La voix du sang de ton frère crie vers moi… » Les questions sont brèves mais fortes et riches de sens. Dieu attend que je me préoccupe de mon frère, que je sache où il est, que je sois prêt à faire quelque chose de bon pour lui.

Cela s’apprend dans la fratrie pour s’élargir au prochain, la famille humaine.

Le cinquième commandement place le respect du père et de la mère au cœur du décalogue et de la loi (Ex 20.12 ; Lév 19.3), au carrefour des relations avec Dieu et des relations avec autrui. Ainsi l’apprentissage de l’amour, du vivre ensemble, l’appropriation de la règle d’or (Mat 7.12), la découverte des limites (en premier lieu le respect de l’autre), commencent dans la famille. Le souci d’autrui me vient du souci que quelqu’un a eu de moi : comme je suis aimé, j’aimerai et j’estimerai.

Cette transmission est d’ordre spirituel. Elle ne concerne pas essentiellement les usages sociaux, les habitudes culturelles ou matérielles. La connaissance transformatrice de Dieu et l’amour du prochain s’adressent à l’être intérieur et à la foi : c’est « tout ton cœur, toute ton âme, toute ta force ».

III. La famille, école de la dépendance, école vers la liberté

En s’attachant l’un à l’autre, l’homme et la femme fondent le groupe familial. Pour l’enfant à naître c’est le lieu de la tendresse, des soins. C’est aussi une école pour l’apprentissage des limites, l’acceptation et la découverte de l’autre ; pour l’enseignement de la crainte, de l’amour et de la connaissance de Dieu.

Pour quitter son père et sa mère l’enfant devenu adulte aura eu besoin de sa famille comme d’une école de la liberté pour être peu à peu guidé vers la maturité, l’autonomie et la responsabilité.

1. Le groupe que l’on fonde, une école de la dépendance

La famille, comme groupe que l’on fonde, constitue pour l’enfant qu’elle accueille l’école des limites et de la dépendance.

Le nouveau-né a besoin des soins attentifs et permanents de sa mère puis de son père. Il est complètement dépendant et acquiert très lentement l’autonomie. Après quelques mois, il apprend à se distinguer de sa mère même s’il reste auprès d’elle. Il faut pour cela le moment douloureux mais indispensable du sevrage.

Le court Psaume 131 décrit admirablement cette étape fondamentale : « N’ai-je pas soumis et fait taire mon âme, comme un enfant sevré auprès de sa mère ? » (v. 2, Darby) Le sevrage est la première limite imposée à l’enfant ; il coïncide avec la première conscience de son identité propre. Il permet de mettre en place une alimentation de croissance. Il installe la sérénité et la paix, fruits de l’acceptation, l’humilité et la dépendance.

Le but de l’éducation apparaît ici clairement : protégé et entouré d’affection, l’enfant apprend peu à peu l’existence des frustrations liées au fait qu’il est un être créé et limité. Même profondément aimé, il ne peut obtenir tout ce qu’il désire. Il n’est ni le premier, ni le seul, ni le centre du monde.

L’apprentissage de la frustration et celui de l’obéissance ne sont pas un but en soi, mais une discipline aimante vers la maturité et le bonheur. Dès ce moment les parents apprennent que l’enfant ne leur appartient pas, il est un être humain à part entière et son éducation n’a pas pour but la satisfaction personnelle de ses géniteurs.

Ce temps est aussi celui de fixer le cadre, les règles qui appellent l’obéissance.

« Les parents doivent être des parapets de protection pour l’enfant en posant à bon escient les interdits nécessaires à sa sécurité et à celle d’autrui ; cela lui permet de vivre sa vie d’enfant en sachant que quelqu’un veille sur lui, saura le protéger contre lui-même ou contre un danger extérieur. » (M. de Hadjetlaché)2

Le père et la mère ensemble enseignent dans la famille (Prov 1.8). Il semble toutefois que l’énoncé de la règle ou de la norme relève davantage de la responsabilité du père (Éph 6.4 ; Col 3.21). La règle ainsi énoncée n’est pas une prescription à sens unique mais un échange à trois : le père ne parle pas pour lui mais se préoccupe de deux autres : du fils qui doit des comptes et le respect au père et à la mère ; du frère ou du prochain que l’enfant apprend à servir.

Les mêmes textes (équilibre divin !) invitent ainsi le père à ne pas s’affirmer lui-même. Il s’agit ici d’éviter que cette école de la soumission ne devienne un espace de domination et de manipulation qui entraverait la maturation psychique.

2. Le groupe que l’on quitte, une école de la liberté

Ayant prit conscience de ses limites, l’enfant va pouvoir peu à peu être encouragé à l’autonomie. Comme Dieu le fait pour le croyant, l’instruction devient conseil et regard bienveillant mais distancié ; il faut lâcher la bride et ne plus guider le jeune pas à pas, puisqu’il n’est plus sans intelligence (Ps 32.8,9).

Pour reprendre la métaphore de l’arbre, c’est en détachant progressivement la jeune pousse de son tuteur que l’adulte se déploie librement.

Le père reconnaît en son fils un être humain à part entière, un sujet libre et non un rival potentiel à qui se mesurer.

Il s’agit de construire peu à peu un juste rapport entre l’autorité et la liberté. Les parents apprennent ici, parfois douloureusement, que l’essentiel de la vie de leur enfant commence quand il quitte la maison. Toute leur tâche était tournée vers la réussite de cet envol hors du nid.

Galates 4.1-11 nous apprend la richesse de ce temps de rupture. Comme un deuil, il permet à leur enfant d’entrer en possession de l’héritage. Il peut reconnaître alors plus facilement la valeur de ce que ses parents voulaient lui transmettre et que peut-être il refusait jusque là. Comme le croyant avec Dieu son Père, il peut entrer dans une relation de fils dans la conscience de l’amour et dans la certitude de son identité propre.

Ce n’est plus élever un enfant mais aider à faire advenir le futur père, la future mère. Pour qu’il soit capable d’être libre, d’aimer, de s’attacher, de quitter, de fonder pour vivre, témoigner et transmettre à son tour.

En guise de conclusion

Nous pourrions aujourd’hui être tentés de nous replier sur la défense de la famille comme une valeur traditionnelle menacée et en voie de disparition.

Peut-être est-il plus opportun de nous appliquer à mieux connaître, vivre et témoigner humblement de la richesse du projet divin : la famille est le lieu privilégié, avec l’Église, la famille de Dieu le Père, pour transmettre la connaissance de Dieu et l’alliance de vie et d’amour qu’il a établie avec l’homme.

Quel témoignage aujourd’hui pour une famille chrétienne, sinon un témoignage pour Dieu avec la saveur du sel et la douceur de sa grâce ? Il nous faut souhaiter ce projet pour nos familles et nous y engager. Mais cela ne suffit pas, nous avons besoin de faire confiance à Dieu et de le prier. Lui seul peut nous faire vivre la famille comme il l’a voulu.

Nous terminons avec les propos de France Quéré : « La question n’est pas de soupirer après une tradition à la fois suspecte et insaisissable, faire de la famille un instrument moralisateur de la société. La question est de savoir si la famille est toujours capable, en son cercle intime, d’enseigner chacun de ses membres à se faire le prochain de ses proches et de le préparer à de plus amples fraternités. Au fils, la Parole dit : “Tu honoreras ton père et ta mère.” Au frère, “Qu’as-tu fait de ton frère ?” Aux époux, “L’homme s’attachera à sa femme et ils ne feront qu’une chair.” Au père, “Va dire à tes fils que…” Chaque fois le message est celui de l’amour. »3

1Rapport sur les solitudes, Fondation de France.
2 Les citations de Monique de Hadjetlaché et de France Quéré (voir note 3) n’impliquent pas que la rédaction de Promesses avalise toutes les approches ou les positions de ces auteures. Certaines idées de France Quéré en 1991 (www.protestants.org/?id=2401) préparent les prises de position pro-avortement de la Fédération Protestante de France, notamment : l’embryon n’est qu’une « personne humaine potentielle ». Ce concept est évoqué de manière critique dans l’article de ce numéro sur l’avortement. (NDLR)
3France Quéré, La famille, La Table Ronde, 2007.

 

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Au moment où la famille est attaquée de toutes parts, il nous a semblé utile de nous tourner vers la Bible pour revenir à ce que Dieu nous en dit.

Si, d’un côté, les directives divines sont aujourd’hui publiquement et officiellement désavouées, n’oublions pas que notre ennemi a toujours été actif pour nous faire douter et pécher (« Dieu a-t-il réellement dit ? », Gen 3.1). L’Ecclésiaste écrivait justement : « Ne dis pas : D’où vient que les jours passés étaient meilleurs que ceux-ci ? Car ce n’est point par sagesse que tu demandes cela. » (Ecc 7.10)

Mais dès les origines, seul notre Créateur sait ce qui est bon pour nous et dans son amour il nous le communique.

Il nous faut personnellement résister à la décadence ambiante, comme ces poissons capables de remonter le courant.

Il nous faut enseigner nos enfants et les jeunes de nos églises. L’apôtre Paul écrivait aux Philippiens : « Je ne me lasse point de vous écrire les mêmes choses, et pour vous cela est salutaire. » (Phil 3.1)

Et si on a dévié de la bonne direction et qu’on a échoué dans une triste situation, il y a toujours un chemin, celui de la repentance : voyons la situation avec le regard de Dieu et comptons sur sa grâce. Que nos églises sachent accueillir les blessés du voyage de la vie, ceux qui ont eu une vie de famille chaotique. Que nous sachions les aider à se tourner vers Dieu, ce Dieu qui nous sauve.

Nous avons tous besoin de la grâce de Dieu, aussi pour notre vie de famille — et la bonne nouvelle, c’est que Dieu est prêt à nous l’accorder avec abondance !

Écrit par


Sur la terre où l’on passe
Existe pour chacun de nous
Un art difficile entre tous :
Celui de vieillir avec grâce.

Degré par degré s’affaiblir
En sentant dans un corps débile
Une âme encor jeune et virile
Et sans en rien montrer, souffrir…

Quand on pourrait parler, se taire
Quand on voudrait agir, s’asseoir ;
Chaque jour un peu mieux voir
Hélas ! qu’on n’est plus nécessaire !

Laisser aux autres leur fardeau
Sans pouvoir un peu le leur prendre
Et ne porter sans rien attendre
Que le poids des ans sur son dos !

Et puis, quand le soleil pâlit,
Prendre les choses sans se plaindre
Comme Pierre se laisser ceindre
Garder la chambre ou bien le lit !

Ah ! seule notre foi chrétienne
Peut aider à porter le faix,
À répandre partout la paix,
La seule qui toujours soutienne.

Comme le diamant précieux
Est taillé par le lapidaire,
Ainsi le Seigneur sur la terre
Taille notre âme pour les cieux !

Et cette école peut paraitre
Parfois bien longue à notre cœur ;
Oh ! laissons faire ; le Seigneur
Veut en cela former notre être.

Auteur inconnu — le dernier vers a été modifié

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Ce témoignage est un résumé de l’émission Ze Mag du 7 octobre 2012 que vous pouvez retrouver sur le site www.zebuzztv.com . Il ne vise pas à proposer un choix normatif, mais à donner un éclairage sur une option originale d’éducation. Nelly-France et Thierry Eldin rendent compte de leurs expériences familiales.

Ils sont chrétiens évangéliques et parents de huit enfants à qui ils ont fait l’école à la maison.

Ce couple n’a pas rêvé depuis toujours d’une grande famille mais le mari et la femme ont accueilli leurs enfants les uns après les autres, avec joie. Leur choix d’enseignement non plus n’était pas initialement prévu. Leurs premiers enfants ont été scolarisés à l’école publique, puis en école privée catholique. Mais ce système éducatif ne leur a pas convenu. L’environnement bagarreur et l’enseignement ne correspondaient pas aux valeurs que les parents souhaitaient transmettre à leurs enfants. Or, selon eux, l’éducation doit être cohérente dans son ensemble pour éviter que les enfants ne sachent plus qui ils sont. Ils ont donc décidé d’assurer eux-mêmes l’éducation et l’enseignement de leurs enfants.

S’ils n’ont jamais regretté ce choix, ils admettent cependant que cela représente un grand investissement en temps et en argent. En effet, il convient d’apporter un enseignement complet et adapté à l’âge de chacun des enfants et les parents doivent fournir eux-mêmes les moyens nécessaires généralement fournis par l’éducation nationale, tant au niveau matériel que par rapport aux connaissances.

Il faut ajouter que dans cette famille, l’école à la maison ne se résumait pas à l’enseignement des matières classiques. Les enfants pratiquaient d’autres activités de découverte et de participation à la vie de famille : faire la cuisine, le ménage, couper du bois, etc. Ainsi, ces enfants ont reçu une formation de vie complète, ils sont devenus polyvalents, autonomes et se sont très bien adaptés dans la société par la suite.

Quand des parents font un tel choix d’éducation, ils doivent s’attendre à beaucoup de critiques. Ce couple n’y a pas échappé et leurs détracteurs leur ont souvent fait le reproche que leurs enfants étaient surprotégés et qu’un enfant doit faire ses armes à l’école pour affronter la vie. Ils ne partagent pas cet avis. D’après leur expérience, c’est l’inverse qui se produit : des enfants bien protégés à la base sont ensuite à l’aise dans la société et avec les personnes qu’ils côtoient. Mais c’est aussi une formation de caractère qui implique que les parents montrent l’exemple.

Par la suite, tous les enfants n’ont pas suivi le même parcours. L’une a suivi des cours par correspondance, en restant à la maison, jusqu’à la licence de droit ; l’un a passé le baccalauréat en candidat libre puis a continué en autodidacte ; certains ont intégré un lycée technique en seconde ou en troisième… Ils ont tous apprécié le système éducatif choisi par leurs parents, et l’aînée a même choisi d’ouvrir une école chrétienne avec son mari.

En définitive, le choix de l’école à la maison est une expérience que ces parents recommandent. Tout n’est pas merveilleux, facile et tout rose, mais ce qui compte, c’est les fruits de ce travail, et le couple est heureux d’avoir fait ce choix et de voir que leurs enfants sont bien dans leur vie et dans leur peau.

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