PROMESSES
Le chrétien n’a qu’un seul manuel qui traite le sujet de la possession et de l’exorcisme avec autorité, clarté, honnêteté, vérité : les Saintes Écritures, la Bible. Ce ne sont pas des expériences personnelles, aussi spectaculaires et efficaces qu’elles semblent être, qui comptent. Les jalons sont placés par la Parole de Dieu. Gardons-nous donc de suivre quiconque ne se conforme pas à ce Guide.
L’exorcisme n’est pas un ministère que l’on recherche, ni duquel on se glorifie (cf. 1 Cor 10.12). Le Seigneur va utiliser celui qu’il appelle, qu’il qualifie par son expérience de la vie et par sa piété, qui est reconnu par des hommes de saine doctrine avec la recommandation d’une assemblée bien établie dans les principes bibliques.
Tout chrétien doit acquérir une instruction biblique pour éviter les pièges spirituels si subtils qui attendent le converti naïf. On ne maîtrise pas un tel sujet, on s’en informe humblement et avec une crainte salutaire.
Un regard sur l’Ancien Testament
A. Satan
Son nom signifie « adversaire » et le verbe correspondant signifie « accuser, résister ». Mais il a d’autres noms et d’autres facettes : par exemple, dans l’A.T., le serpent, Lucifer, et dans le N.T., le diable, Apollyon, le dragon, Bélial, Béelzébul, le Mal.
Notons que l’A.T. (4/5e de la Bible) révèle vraiment peu de choses sur cet être invisible, mais très actif pour le mal. Le nom « Satan » n’apparaît que dans 4 chapitres (Job 1 et 2 ; 1 Chr 21 et Zach 3)1.
Pourquoi est-il fait si peu mention de ce personnage mauvais dans l’A.T. ? Seul le Créateur le sait clairement. Peut-être que Dieu n’a pas permis que les croyants de l’ancienne alliance soient consciemment et directement opposés au diable parce que la victoire de Christ sur celui-ci n’avait pas encore été ouvertement remportée et que le Saint-Esprit n’avait pas encore été répandu.
Ce qui est révélé dans l’A.T. suffit pour nous convaincre que Satan existe, qu’il est puissant, rusé et accusateur. Après Dieu, il est l’être le plus puissant de l’A.T. Et pour cette raison, le chrétien ne devrait jamais penser que l’Adversaire est un être méprisable, car son intelligence et sa puissance dépassent largement tout ce qui est naturellement humain. Seul Dieu le surpasse en intelligence et en force.
B. Les démons
Leur description est moins individualisée que celle de Satan. Les mauvais esprits (et l’évocation des esprits des morts, c’est-à-dire le spiritisme) sont associés aux pratiques occultes (Lév 20.6,27 ; Deut 18.10-11 ;1 Sam 28.7-19 ;És 8.19 ; Osée 4.12 ; 5.4 ;Zach 13.2). Beaucoup de mises en garde sévères révèlent que les esprits qui poussent à l’idolâtrie, diversement caractérisés, sont réellement de nature maléfique (cf. Ps 78.49 ; 96.5 où le mot « idoles » est traduit « démons » dans la LXX).
Toutefois, même dans les périodes de complet déclin spirituel, Dieu n’a jamais permis que Satan et ses démons anéantissent la nation d’Israël (cf. Zach. 3.2).
À ma connaissance, il n’y a pas un seul cas d’exorcisme dans l’A.T.
La relative sobriété de l’A.T. à propos de l’activité satanique nous enseigne déjà que le croyant ne doit pas se laisser obnubiler par l’étude du Mal, car cela serait une façon de glorifier des créatures (Satan et les démons) opposées à Dieu.
Un regard sur la période intertestamentaire
La littérature juive non-canonique, qui couvre à peu près 400 ans, entre Malachie et Jésus-Christ, traite beaucoup plus la question des forces du Mal que l’A.T. Pourquoi ? Il est probable que, dans cette période, le peuple juif, successivement sous les occupants médo-perses, grecs et romains, paganisés et marqués par l’occultisme à outrance, s’est laissé pénétrer profondément par des influences maléfiques.
Les érudits juifs se sont penchés sur Genèse 3.1-6 et Job 1-2, et ils sont parvenus à trois conclusions :
1. Pour le moment, Dieu règne au-dessus de Satan, à qui une certaine liberté d’action limitée est permise.
2. Le pouvoir de Satan n’est pas complet sur tout ce qui se passe dans le monde, car Dieu vient en aide aux siens en temps voulu.
3. Le jour viendra où Dieu exercera son règne sur ce monde, et probablement dans celui d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre d’où Satan et ses démons seront bannis et envoyés, avec tous les êtres humains perdus, dans un enfer éternel !
Toute cette réflexion forme l’arrière-plan de l’intérêt des Juifs au sujet de Satan et des démons que nous découvrons dans le N.T. Toutefois, toutes les idées juives de la période intertestamentaire ne se retrouvent pas totalement dans la période du N.T.
Un regard sur le ministère de Jésus-Christ
Jésus, notre modèle
L’attitude de Jésus-Christ face au monde des ténèbres est le modèle de notre action sur le sujet.
Les exorcismes sont limités aux trois premiers Évangiles. Pourquoi ? Ces Évangiles présentent essentiellement Christ sous son aspect humain, incarné. La vie de l’homme Jésus sert de champ de bataille entre son humanité et le monde maléfique invisible. Et ce monde essaie de s’installer, de vaincre et de dominer l’humanité, individu par individu. Le Saint-Esprit, à travers Jésus et son histoire, voulait révéler aux hommes, bons et mauvais, que le monde ténébreux existe réellement (mais pas selon les légendes et les mythes de l’Antiquité).
L’Évangile selon Jean ne contient aucun exorcisme. Cet Évangile présente le Christ en tant que Dieu incarné sur la terre. L’opposition de Satan est dévoilée au travers de l’incrédulité des hommes (cf. Jean chap. 8et 9 en particulier). La supériorité du Fils de Dieu sur les agents humains de l’Ennemi finit par s’imposer de manière éclatante.
Sept exorcismes accomplis par Jésus dans les Évangiles
L’exorcisme peut être défini comme l’acte de libérer des individus affectés — et même parfois contrôlés — par l’influence malveillante des forces démoniaques invisibles, mais parfois audibles. Cet acte de guérison divine de cas psycho-spirituels diaboliques est totalement différent de toute autre forme de guérison (physique et/ou « normalement » psychologique) par une intervention de la part de Dieu ou par un traitement médical (cf. Marc 7.31-35 ; 8.22-25 ; 5.25-34, etc.). La méthode employée par Jésus pour la guérison médicale d’un individu qui n’a subi aucune domination démoniaque a été le toucher. Toutefois, dans les cas d’exorcismes des esprits maléfiques, Jésus n’a jamais touché un seul individu. Il se contente de parler au démon, en lui donnant des ordres courts et autoritaires.
Jésus n’a jamais considéré son ministère d’exorcisme comme une fin en soi ou seulement comme un exercice de compassion. Ces délivrances indiquaient la présence du règne de Dieu, actualisé à ce moment-là sur la terre en sa personne (Luc 11.20). Ainsi Jésus démontrait sa victoire sur la terre (Luc 10.18 ; Jean 12.31), même avant celle gagnée à la croix (cf. Héb 2.14-15).
Voici les 7 cas d’exorcismes racontés en détail dans les trois premiers Évangiles :
1. L’homme de la synagogue de Capernaüm (Marc 1.23-28 ; Luc 4.33-37)
Un homme est possédé par un « esprit impur ». Le mot « esprit » est ici un sémitisme désignant un démon. Le démon reconnaît Jésus comme Dieu incarné. Le « nous » qu’il emploie pourrait signifier qu’il se voit comme le représentant de toutes les forces du Mal (cf. Marc 3.11) et la réponse de Jésus démontre qu’il l’accepte comme tel.
Jésus commande avec autorité2 au démon de sortir (cf. Marc 5.8 ; 9.25). Mais ce démon, pour exprimer sa haine d’être obligé de partir, fait souffrir physiquement le pauvre homme en le quittant ! Les démons semblent avoir la capacité de prendre une revanche momentanée, mais limitée.
La victoire de Jésus est la preuve physique que l’autorité de Dieu s’exprime dorénavant parmi les hommes.
2. Le possédé gadarénien (Marc 5.1-20 ; Mat 8.24-34 ; Luc 8.26-39)
Cette histoire extraordinaire se déroule en quatre temps :
• La rencontre (Marc 5.1-9) : Jésus trouve en face de lui un homme contrôlé par le même type d’esprit que dans l’épisode précédent. Cet esprit a rendu l’homme physiquement très fort et psychiquement bouleversé, avec des comportements autodestructeurs.
Un démon, représentant la multitude de ceux qui accablent ce pauvre homme, emploie trois tactiques pour rejeter le pouvoir et l’autorité de Jésus :
– il rend une sorte d’hommage à Jésus (essaie-t-il de l’amadouer ?) ;
– il identifie correctement Jésus comme Dieu le Plus Haut (cherche-t-il la clémence en le flattant ?) ;
– il supplie fortement « au nom de Dieu » de ne pas être envoyé immédiatement vers son destin de punition éternelle (cherche-t-il désespérément une sorte de miséricorde de la part du Créateur ?).
Jésus commande très simplement au démon de sortir.
• La délivrance (Marc 5.10-13) : Le chef démon et tous les autres demandent à Jésus de ne pas les envoyer là où ils existeraient comme des esprits désincarnés, c’est-à-dire incapables de tourmenter les hommes. Ils se disent même prêts à vivre dans des pourceaux. Ils croient ainsi pouvoir gagner la confrontation avec Jésus, mais lui sait quelle sera la réaction des pourceaux. Alors il les y envoie, et les démons en sont aussitôt délogés – pour attendre leur jugement final : il ne faut pas essayer de marchander avec Jésus !
• La réaction des Gadaréniens (Marc 5.14-17) : Ces païens manquent la rencontre la plus importante de leur vie en préférant le paganisme et l’appât du gain futur.
• La mission du délivré (Marc 5.18-20) : L’homme guéri soumet à Jésus une requête légitime : il voudrait le suivre. Mais Jésus a une meilleure mission pour lui : être son représentant auprès de tous dans la région en racontant ce que Jésus lui a fait. Avec vigueur, cet homme part immédiatement accomplir la volonté de son nouveau Maître, et son témoignage est retentissant.
3. La fille syro-phénicienne (Marc 7.24-30 ; Mat 15.21-28)
Jésus fait une excursion en terre païenne, et il est rencontré par une mère qui lui demande de chasser le démon de sa fille. Surprise ! Jésus ignore d’abord sa requête, puis il déclare assez froidement (mais pédagogiquement !) qu’il ne serait pas convenable de faire un miracle parmi ce peuple païen à ce moment-là. La mère a une réponse étonnamment humble, mais sublime, basée sur sa compréhension de l’identité réelle de Jésus (Mat 15.21). Cette réponse touche profondément le cœur de Jésus. Il intervient à distance, affirmant que la fille est déjà libérée de la présence néfaste du démon.
Notez bien que Jésus ne s’adresse jamais au démon, ni ne donne d’ordre à son égard ! Sa présence auprès de la fille n’est pas nécessaire. Jésus agit sur la déclaration de foi de la mère — pas même celle de la victime (la fille) ! Essayez d’imaginer les émotions de cette mère qui court à sa maison, puis sa joie en voyant sa fille guérie. Il faut avoir été un parent accablé pour comprendre profondément cette expérience, me semble-t-il.
4. Le fils possédé (Marc 9.14-29 ; Mat 17.14-21 ; Luc 9.37-43)
Un père est accablé par le triste état de son fils : autiste, sourd, épileptique, impur aussi (Marc 9.25), il exige une surveillance permanente. Quelle fatigue physique, quelle angoisse psychologique !
Son intervention auprès des disciples a été sans succès — bien que Jésus leur ait accordé auparavant le « pouvoir sur les esprits impurs » (Marc 6.7).
Jésus critique très sévèrement ses disciples pour leur échec, puis, après une petite enquête préliminaire, il intervient rapidement, simplement et victorieusement — sans spectacle public (Marc 9.25a).
Il est à noter que Jésus exige que le démon ne revienne plus jamais (Marc 9.25) ! Cela semble signifier que le garçon était la victime (avant sa guérison) d’un « va et vient » du démon. Jésus n’admet nullement que le démon expulsé revienne un jour habiter le jeune homme guéri. Cela veut dire clairement que lorsqu’un individu a été délivré, le démon ne peut jamais revenir en lui (mais voir point 6 ci-après pour compléter cette affirmation).
Deux remarques pour clore cette intervention spéciale :
– Le but des démons en possédant des individus est leur destruction, jusqu’à la mort si possible (cf. Marc 9.18,21-22,26).
– Le « succès » de l’exorcisme dépend de la prière de foi, celle qui exprime une réelle dépendance de Dieu pour qu’il accomplisse l’impossible (Marc 9.28-29). Dans ce domaine, la foi en un don particulier pourrait devenir un piège subtil. Un succès passé n’est pas une garantie perpétuelle de réussite.
5. Le démoniaque muet (Mat 9.32-34)
Peu de détails sont donnés sur les antécédents de ce muet. Serait-ce sage de suggérer à ceux qui croient avoir le don d’exorcisme de ne pas être trop curieux d’une manière morbide, en fouillant trop longuement dans le passé de la victime. Jésus agit, sans qu’aucun détail soit donné. Ainsi l’attention reste fixée sur sa personne.
6. Le démoniaque aveugle et muet (Mat 12.22 ; Luc 11.14)
Cet exorcisme est tout aussi rapide, simple, net et sans effort que le précédent. La parabole de la maison ornée et balayée (Mat 12.43-45) ajoute un enseignement nécessaire : le pécheur délivré par l’exorcisme est vide à l’intérieur ; si ce vide n’est pas rempli par le Saint-Esprit, l’état du « vidé » s’aggrave pour devenir pire que sa première condition ! Il est possible qu’une personne soit délivrée d’une possession sans pour autant qu’elle se convertisse au même moment, d’où le risque de rechute.
7. La femme courbée (Luc 13.10-17)
Contrairement aux apparences, ce cas n’est pas une exception. Jésus voit cette femme âgée. Immédiatement, il va vers elle et lui annonce simplement qu’elle est dès ce moment délivrée de son « asthénie ». La cause de son problème est réglée par la parole du Maître ; par son toucher, ce dernier l’aide ensuite à redresser ce corps rigide depuis 18 ans (une session de « kiné céleste » !).
Quelques applications
Voici quelques principes à retenir de ces 7 cas :
– Chaque cas est différent et il convient de prendre en compte les circonstances et la personne, selon le discernement accordé par le Saint-Esprit.
– Un exorcisme se passe dans le calme, sans aucune lutte longue et laborieuse, sans ostentation publique, sans cris ni transes de la part de l’exorciste.
– Comme pour les disciples (cas 4), il serait présomptueux pour quelqu’un qui croit avoir le « don de chasser les démons » de penser que ses interventions seront toujours couronnées de succès.
– L’humilité conduit à ne pas faire publicité de ses « exploits » ; la gloire doit être laissée au Seigneur, le vrai « guérisseur ». Le but de l’exorcisme est de faire voir Jésus, et non pas d’attirer le regard sur le « chasseur », car il n’est qu’un instrument.
– Il ne convient pas de toucher la personne possédée, car cela pourrait être compris comme un acte d’identification positive.
– Chaque victoire de Jésus est permanente. Il n’est donc pas nécessaire de revenir encore et encore pour être délivré. Le « délivré » ne doit jamais vivre dans la peur que l’hôte maléfique d’autrefois puisse revenir en lui (cf. cas 4). Lors de sa conversion, il a été délivré « de la puissance des ténèbres » (Col 1.13a) et son corps est devenu le temple du Saint-Esprit (1 Cor 6.19). Satan ou un démon ne peuvent jamais cohabiter avec l’Esprit saint ! En dépit de cette promesse, le diable est toujours à la recherche de celui qu’il pourrait « avaler » (1 Pi 5.8) — c’est-à-dire attaquer de l’extérieur, pourchasser, éventuellement jusqu’au martyre.
– La personne délivrée peut avoir besoin d’un accompagnement spirituel pratique pendant un certain temps pour l’aider à « se redresser » (cf. cas 7).
– Le N.T. ne mentionne qu’une seule fois que Satan est entré dans un homme : Judas (Luc 22.3 ; Jean 13.27). Satan est une créature ; il ne peut donc pas être partout en même temps. Ce sont ses acolytes, les démons, qui œuvrent sous sa direction. Leur nombre est inconnu, mais il n’est pas infini.
Notons aussi qu’il faut faire la différence entre d’une part la possession et d’autre part une maladie mentale, un accident entraînant des troubles cérébraux3, des conditions psychologiques spécifiques dues à l’hérédité, la déficience d’une hormone cérébrale, etc. Tout comportement dit « anormal » ne doit pas être catalogué comme « démoniaque ».
Avant de poser un diagnostic, il est capital de faire preuve de discernement. Et j’ajouterai qu’il est même préférable que toute situation soit traitée par au moins deux hommes expérimentés, fondés dans la doctrine et ayant une vie équilibrée.
Par ailleurs, chez nous qui sommes convertis, la chair s’exprime trop souvent et d’une très mauvaise manière parce que nous ne marchons pas dans la puissance de l’Esprit saint, mais cela n’est pas assimilable à la possession démoniaque. Le chrétien qui pèche (et qui ne pèche pas ?) est totalement responsable de son acte. Blâmer un démon pour un péché peut être une fausse excuse.
Exorciser ou ne pas exorciser ?
Une étude plus approfondie de notre thème serait nécessaire pour établir ce que le livre des Actes et les Épîtres enseignent à ce sujet. Les conclusions provisoires auxquelles nous sommes parvenus ne sont pas démenties par les textes subséquents du N.T. et nos lecteurs peuvent s’en assurer par eux-mêmes. Nous maintenons donc notre affirmation initiale : la Bible (surtout le N.T.) doit constituer notre seul manuel authentique d’exorcisme.
Rappelons également que cette activité très spéciale n’est confiée qu’à peu de personnes. Celles-ci doivent être hautement qualifiées spirituellement. Leur ministère, si peu fréquemment mentionné dans le N.T., ne doit jamais devenir central ou prestigieux, car il est spirituellement dangereux et conduit facilement à l’orgueil.
1 Certains ajoutent Ps 109.6, où « adversaire » se lit litt. « Satan ».
2 Plutôt que « menace ».
3Mon frère aîné eut le crâne écrasé à sa naissance ; cela entraîna pendant toute sa vie de l’épilepsie, parfois jusqu’à 22 crises par jour.
1. Le plan divin
1.1. La possibilité de choix
Dieu n’a pas créé des marionnettes uniquement animées par une force extérieure ; il a créé des êtres capables d’assumer une responsabilité, ayant la possibilité de choisir :
? Lucifer a eu la possibilité de convoiter la domination universelle : « Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu. […] Je serai semblable au Très-Haut. » (És 14.13-14)
Ève a eu la possibilité, en désobéissant, de prendre du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et elle aurait pu avoir accès au fruit de l’arbre de vie (Gen 3.6,22).
1.2. La non-destruction de Satan après sa révolte
Dieu n’a pas détruit Satan immédiatement, il ne l’a pas lié, il lui a même laissé la possibilité d’aller en Éden tenter sa toute dernière création : la femme formée de ses propres mains à partir de la côte d’Adam !
Nous pouvons néanmoins affirmer que la chute de Satan, suivie de la chute de l’homme, n’a pas pris Dieu au dépourvu, lui qui annonce déjà sa défaite et limite son action.
L’obéissance de Christ et l’accomplissement de son œuvre ont plus honoré Dieu que la chute ne l’avait déshonoré. D’autre part, les résultats de l’œuvre de Jésus-Christ permettent d’introduire l’homme racheté dans une proximité plus grande que celle que connaissait Adam en Éden. Ainsi le pécheur racheté connaît non seulement la puissance, la sagesse, la justice de Dieu, mais aussi son amour et sa grâce. Le chrétien peut dire par l’Esprit : « Abba, Père », manifestant une intimité et une relation qu’Adam innocent ne possédait pas.
Nous sommes là en présence d’un plan grandiose dont nous ne pourrons apprécier la sublime beauté et l’infinie perfection qu’au jour où nous connaîtrons à fond comme nous avons été connus (1 Cor 13.12).
1.3. La non-destruction de Satan après la croix
Comment comprendre que le Seigneur ait choisi et supporté Judas pendant trois ans auprès de lui ? « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les douze ? Et l’un de vous est un démon ! » (Jean 6.70)
Comment comprendre que, Jésus ayant vaincu Satan à la croix (Col 2.15), ce dernier se trouve encore en liberté dans les lieux célestes, capable de séduire, de tuer, de se faire adorer ? Mystère. Nous devons nous incliner devant le plan divin qui est sans aucun doute parfait.
Voici néanmoins quelques éléments de réponse :
• Selon le propos de Dieu, l’Église doit être bâtie dans un contexte d’opposition : « Je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » (Mat 16.18)
Les chrétiens sont, au milieu d’un monde ennemi, la démonstration publique de la victoire de Jésus-Christ ; ils montrent la puissance de l’amour divin agissant dans des hommes :
– par la prédication de l’Évangile,
– par l’amour qu’ils ont entre eux,
– par la patience dans les persécutions.
• C’est la réalisation des prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament. Par exemple, le Seigneur annonce qu’il y aura encore des séducteurs, des guerres, des famines, des maladies, des persécutions (Mat 24).
1.4. Un test d’obéissance
Il fallait 11 jours pour aller d’Égypte en Palestine (Deut 1.2), mais le peuple mit 40 ans pour achever ce court voyage. Pourquoi ?
Deutéronome 8 donne les raisons :
– pour l’humilier,
– pour l’éprouver,
– pour connaître les dispositions de son cœur,
– pour savoir s’il garderait ou non ses commandements,
– afin de lui faire connaître que l’homme ne vit pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu,
– afin de le châtier (instruire) comme un fils,
– pour lui faire ensuite du bien.
Nous pouvons penser que Dieu se sert de Satan comme d’un « test » pour éprouver l’obéissance des hommes, et spécialement de ceux qui lui appartiennent. Serons-nous fidèles ? Sommes-nous prêts, comme Moïse, à renoncer aux « délices du péché » parce qu’estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte (Héb 11.25-26, Darby) ?
2. Un conflit planétaire
2.1. Satan contre l’homme
Si Satan n’a pas une pleine liberté d’action, il peut néanmoins agir librement dans les limites fixées par Dieu (cf. Job 1 et 2).
Satan connaît la grandeur et la puissance de Dieu, mais il ne connaît pas son amour ; il est totalement ignorant des ressources de sa grâce. Ainsi, pas après pas, nous découvrons la victoire de l’amour sur la haine, la victoire de Dieu sur Satan.
En Éden, Satan a entendu que la semence de la femme lui briserait la tête (Gen 3.15) ; aussi, il essayera de détruire cette semence pour anéantir le plan divin. C’était lui qui inspira Athalie : « Et elle se leva et fit périr toute la race royale de la maison de Juda » (2 Chr 22.10), mais Dieu protégea Joas, un petit garçon d’un an, afin que la lignée royale ne s’éteignît pas.
Connaissant la sainteté divine, Satan essaie de mettre l’homme dans une position qui appelle le jugement de Dieu. Il en fut ainsi en Éden, il en est de même dans toute l’histoire de l’homme, y compris dans l’histoire du peuple d’Israël. C’est lui qui inspire la violence, l’immoralité, l’idolâtrie.
Plus que cela, il désire dérober l’adoration des créatures et n’y parvient que trop bien : les idoles sont nombreuses et nous savons que derrière les idoles, il y a les démons. Et que dire des cultes ouverts à Satan…
2.2. Satan contre Jésus
Lorsque le Fils de Dieu vint sur la terre, Satan voulut se débarrasser de lui. Il incita Hérode à tuer tous les enfants de Bethléem, puis il s’approcha lui-même de Jésus en essayant de le faire désobéir au début de son ministère. Il essaya plusieurs fois de le tuer par l’intermédiaire des pharisiens et des Juifs fanatiques. Il entra finalement en Judas pour que celui-ci le livrât aux principaux sacrificateurs et aux capitaines (Luc 22.3). Il était derrière les chefs religieux et derrière la foule pour qu’on préférât Barabbas le meurtrier à Jésus l’innocent.
Enfin la partie semble gagnée : Jésus est en croix. Satan touche presque au but, il n’y a plus qu’une chose qui rendrait sa victoire complète, la désobéissance de Jésus-Christ : à son instigation les foules demandent à Jésus de descendre de la croix pour qu’il prouve sa filiation divine. Pour la troisième fois, le serpent siffle : « Si tu es le Fils de Dieu… » (Mat 4.3,6 ; 27.40). Jésus ne répond pas, Jésus ne descend pas. Le corps saint et pur de Jésus-Christ peut être offert à Dieu sans tache : Dieu est glorifié, un homme a accompli pleinement sa volonté, un homme a marché sur la terre sans commettre le péché, se qualifiant ainsi pour être la victime de substitution indispensable pour satisfaire la justice de Dieu.
C’est alors que se passe ce que jamais Satan n’aurait pu imaginer : Jésus accepte de porter les péchés de sa créature, il accepte d’être fait péché, devant le Dieu saint qui n’épargne pas son propre Fils mais le livre pour nous tous. Ce sont les terribles heures d’abandon, ce sont les heures de l’expiation. Ayant enfin épuisé la colère de Dieu contre le péché, Jésus dit : « C’est accompli. » Il pousse un grand cri et entre en vainqueur dans le domaine de la mort, rendant impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, le diable, et délivrant tous ceux qui étaient sous son esclavage (Héb 2.14). Dieu montre l’acceptation de cette œuvre en le ressuscitant le troisième jour et en le faisant asseoir à sa droite en attendant qu’il mette tous ses ennemis, y compris Satan, comme son marchepied (Héb 1.13).
2.3. Satan contre le croyant
Satan est jugé (Jean 16.11), vaincu (Héb 2.14), mais sa condamnation n’est pas encore exécutée : il n’est ni précipité du ciel (Apoc 12.9), ni lié (Apoc 20.2), ni jeté dans l’étang de feu (Apoc 20.10). Il sait qu’il a un temps limité et aucun moyen n’est trop « coûteux » pour établir son semblant de règne provisoire. Au fond, spirituellement, il n’y a qu’une guerre : la guerre de Satan contre Dieu ; et il n’y a que deux camps : les enfants de Dieu et les enfants du diable. Chaque camp a ses armes et ses ressources, le croyant est du côté du vainqueur, mais il ne peut triompher que dans l’obéissance et la dépendance de son chef : Jésus-Christ.
2.4. L’arsenal satanique
Les buts de Satan sont simples dans le sens qu’ils sont entièrement opposés à ceux de Dieu : contrecarrer les desseins divins,
– en entraînant le plus d’hommes possible à la perdition,
– en faisant chuter les croyants.
Quant aux moyens employés, nous pouvons bien dire que tous les moyens sont bons, mais soulignons le mélange subtil de la vérité et de l’erreur, du bon et du mauvais. Connaissant la sainteté inflexible de Dieu, Satan incite les hommes à pécher pour qu’ils déshonorent Dieu et attirent sur eux son juste jugement.
L’opposition systématique de Satan à Dieu l’amène à mettre en place une échelle de valeurs dites « inversées ». Ainsi, dans le royaume des ténèbres, tout ce qui est interdit par Dieu est proclamé bon et louable.
Son royaume a pour fondement le mal, qui se traduit sous forme de :
– violence,
– corruption,
– faux cultes.
« Le monde entier est sous la puissance du malin. » (1 Jean 5.19) C’est dire combien nous devons être prudents ; nous sommes en terrain ennemi où tout est miné : nous devons marcher soigneusement, avec circonspection.
La première erreur consiste à voir l’ennemi là où il n’est pas : Satan est heureux de nous voir discuter et perdre notre temps pour savoir si les découvertes techniques peuvent être employées dans l’œuvre du Seigneur ou uniquement pour nos besoins personnels. Un couteau n’est ni bon ni mauvais, mais il peut servir au mal ou au bien, il en est de même d’une voiture ou d’un ordinateur, il en est de même de nos membres employés jadis comme des « esclaves de l’impureté », mais utilisés maintenant comme des « esclaves de la justice » (Rom 6).
La seconde erreur est de ne pas le voir là où il se cache réellement. Or l’ennemi se dissimule derrière des façades souvent anodines, voire de bonne renommée.
Prenons quelques exemples :
– La télévision : Au niveau technique, la télévision est remarquable. Mais manifestement, Satan influence les écrans de TV. Même les gens du monde ayant gardé un peu de moralité, s’insurgent devant ces spectacles répétés de violence, d’immoralité et de magie. Par exemple, les programmes du mercredi spécialement préparés pour les enfants font très souvent appel à la magie ; ces dessins animés sont ainsi, de façon lente mais sûre, une initiation aux pratiques occultes. Les représentations d’êtres fantastiques correspondent, hélas, à la réalité du monde démoniaque, d’ex-satanistes en rendent témoignage. Soit vous maîtrisez la télévision, soit elle vous maîtrise : ne devenez pas un esclave, ne vous souillez pas, pensez à protéger vos enfants.
– L’ordinateur, les tablettes, les smartphones : Nous sommes tous convaincus qu’ils présentent plus d’avantages que d’inconvénients ; et pourtant, en moins d’une seconde, n’importe qui peut se trouver en direct avec « les profondeurs de Satan » (Apoc 2.24) — que ce soit dans le domaine de la magie, de l’immoralité ou de la violence.
– La musique rock : Attention à ce qu’on écoute ! Plusieurs chanteurs de rock de renom sont des satanistes : ils ont vendu leur âme à Satan pour avoir la réussite. Les paroles des chants sont des louanges au diable, des prières sataniques. Sans parler des messages subliminaux qui amènent ceux qui écoutent ces chants à des comportements soit agressifs, soit immoraux. D’un autre côté, toute musique rythmée n’est pas satanique !
– Le yoga1 : La plupart des religions orientales pratiquent le yoga, considéré comme le plus sûr chemin du salut. C’est une grossière erreur de penser qu’il s’agit d’une simple gymnastique. Le but suprême est de se fondre dans la divinité, de devenir dieu, la méditation amenant à la passivité, les postures et les mantras mettant en relation avec les puissances des ténèbres. Pratiquement, c’est du spiritisme, dans le sens d’une mise en contact avec les esprits démoniaques.
– La superstition : Elle est le premier pas vers l’occultisme. Elle est une contrefaçon de la foi. Le chrétien ne doit pas être superstitieux, il doit ôter de sa vie et de son vocabulaire ces expressions qui peuvent sembler anodines2 mais qui sous-entendent l’activité d’une puissance qui ne saurait être divine.
– Les horoscopes : L’astrologie se voudrait science mais n’est que divination. L’astronome Paul Couderc de l’observatoire de Paris écrit : « Il n’existe pas de nos jours, sur toute la terre, un seul astronome, grand ou petit, qui croit à l’astrologie. Oui, le soleil chauffe la terre et y entretient la vie ; mais il ne s’ensuit pas qu’il s’intéresse à vos affaires de cœur. Oui, la lune participe aux marées, mais elle ne vous conseille pas dans le choix d’un billet gagnant… Oui, Jupiter est une belle planète, mais sa présence au milieu de notre ciel de nativité ne garantit en rien votre succès au baccalauréat… » Nous pouvons faire remarquer que les signes du zodiaque, fixés du temps de Ptolémée, ne correspondent plus aux constellations dont ils portent le nom ; car l’axe de rotation de la Terre ne conserve pas une direction immuable dans l’espace. Ainsi à cause du léger recul annuel de la Terre et qui s’élève au cours des siècles, les constellations antiques ne se trouvent plus dans les cases qui portent leur nom ! De plus, l’astrologie travaille imperturbablement avec la notion du soleil tournant autour de la Terre. Non, l’astrologie n’est pas sérieuse ; d’ailleurs les astrologues ne font pas fortune en prédisant pour eux-mêmes le numéro gagnant de la loterie mais en vous faisant croire qu’ils peuvent annoncer votre avenir et vos chances de gagner. Si ça ne marche pas, ils ont tout de même gagné le prix de la consultation ! L’astrologie envahit tout. Après la superstition, elle devient souvent le second échelon vers les pratiques occultes.
2.5. La panoplie divine
Face à cette puissance du mal, le racheté du Seigneur n’est pas sans ressources. Il lui est même accordé la faveur de contrecarrer les desseins du malin ; tout croyant est engagé dans un combat spirituel contre les puissances spirituelles qui sont dans les lieux célestes (Éph 6).
Un tel combat ne peut être victorieux sans :
– la protection du sang rédempteur (Apoc 12.11),
– l’obéissance à la Parole de Dieu (Jean 5.18),
– l’armure complète de Dieu (Éph 6.10-20),
– les dons spirituels (1 Cor 12),
– la prière (Mat 17.21 ; Éph 6.18),
– l’humiliation (2 Chr 7.14),
– un engagement déterminé (Ps 106.19-23).
Bientôt le Dieu de paix brisera Satan sous nos pieds. En attendant, n’ignorons pas les desseins de Satan (2 Cor 2.11), revêtons-nous en pratique de l’armure de Dieu, et emparons-nous des ressources dont nous avons besoin pour être vainqueurs face au déchaînement de la puissance du mal en notre début de xxie siècle.
À Celui qui a donné sa vie pour nous sauver et pour nous libérer de la puissance de l’ennemi, à lui seul soit la gloire pour l’éternité !
1 Pour un développement plus complet, voir l’article de Florent Varak, « Le yoga : une religion ? », Promesses, n° 173, p. 4 à 7. (NDLR)
2 Voici quelques exemples :
• Les chats noirs portent malheur.
• Le chiffre 13 porte bonheur (ou malheur).
• Ne jamais passer sous une échelle.
• Faire un vœu si on voit une étoile filante.
• Ne jamais ouvrir un parapluie dans la maison. Etc.
Qu’est-ce que l’occultisme ?
Le terme « occultisme » désigne selon moi tout ce qui implique une mise en relation avec le monde des esprits ou les forces paranormales, en dehors de ce qui est orienté vers Jésus tel qu’il est révélé dans la Bible. Par cette définition, je présuppose la réalité d’un monde des esprits et l’existence de forces mystérieuses, paranormales. Je pense que l’Église commet une grave erreur quand elle dit que les phénomènes paranormaux appartiennent à une époque révolue ou que seules les personnes pieuses peuvent opérer des miracles. Une telle erreur laisse la porte ouverte à la puissance du mal, précisément parce que l’Église refuse de reconnaître la présence d’une telle puissance.
Cette définition est aussi volontairement très large. J’y inclus tout, depuis les cultes les plus clairement sataniques jusqu’à l’usage si communément admis des horoscopes. Par exemple, mentionnons les séances spirites, la nécromancie, toute forme de communication avec les morts, la parapsychologie et toute forme de phénomène psychique paranormal, la magie véritable (en contraste avec les tours de passe-passe, autrement dit la prestidigitation), les diseuses de bonne aventure, les jetés de sorts, le port d’amulettes, l’utilisation des tablettes de Ouija1, l’astrologie, etc.
Mon propos est de montrer : 1° que l’Écriture défend au peuple de Dieu d’être impliqué dans de telles pratiques ; 2° pourquoi il en est ainsi ; 3° quelle peut être l’alternative positive pour nous.
1. L’Écriture condamne l’occultisme
1.1. Deutéronome 18
Tout d’abord, laissez-moi vous présenter dans la Parole de Dieu ce qui bannit clairement l’occultisme de la vie de son peuple. Deutéronome 18.9-12 est un passage qui rassemble plus de termes concernant l’occultisme que tout autre texte biblique. Moïse s’adresse au peuple juste avant qu’il traverse le Jourdain pour entrer dans le pays promis et en chasser les nations païennes :
« Lorsque tu seras entré dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne, tu n’apprendras point à imiter les abominations de ces nations-là. Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, d’enchanteur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel ; et c’est à cause de ces abominations que l’Éternel, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi. »
Moïse mentionne huit « promoteurs » de la cause occulte : le devin, l’astrologue, l’augure, le magicien, l’enchanteur, l’évocateur d’esprits, le diseur de bonne aventure, le nécromancien. Leurs domaines d’activité ne sont pas clairement distincts : ils se recouvrent et sont parfois interchangeables. Ce qu’ils ont en commun, c’est qu’ils impliquent tous des efforts pour acquérir de la connaissance sur ce qui est ordinairement caché, à travers des relations avec le monde des esprits ou avec de mystérieuses forces paranormales.
Leurs huit activités ont aussi autre chose en commun. La connaissance qui est recherchée n’est pas de la pure curiosité, mais vient d’un désir d’exercer un certain pouvoir sur des gens ou sur des événements. C’est très clair à travers le terme « enchanteur » au v. 11 ; ce mot signifie « celui qui lie un charme » et correspond à l’utilisation de forces psychiques ou spirituelles pour contrôler une autre personne ou le cours des événements. C’est également le but, plus ou moins, de toutes les autres activités.
Par exemple, quand le roi de Moab envoya à Balaam de l’argent pour qu’il use de divination, comme cela est rapporté en Nom 22.7, son objectif n’était pas simplement de savoir si Israël allait conquérir son territoire, mais plutôt que Balaam prononce une malédiction sur Israël par ses enchantements. Mais Balaam doit dire, finalement : « L’enchantement ne peut rien contre Jacob, ni la divination contre Israël. » (Nom 23.23) La divination a pour but de prendre pouvoir sur le destin et d’orienter gens et événements vers votre désir. Mais Dieu déjoue cela quand c’est dirigé contre son peuple.
Que dit Moïse à propos de ces huit pratiques ?
– 1. Il les appelle des « abominations » (v. 9). Cela signifie que Dieu les regarde comme détestables, odieuses, exécrables. C’est un mot très fort. Nous ferions bien de nous demander s’il n’y a pas quelque innocente activité dans laquelle nous pourrions être engagés qui pourrait être une abomination aux yeux de Dieu.
– 2. Selon le v. 12, les personnes qui pratiquent de telles choses sont en abomination au Seigneur. Pas seulement l’activité mais aussi les personnes deviennent abominables aux yeux de Dieu. Mû par un sentiment sans fondement biblique, on dit : « Dieu hait seulement le péché, jamais le pécheur. » Quand une personne s’adonne volontairement, prend son plaisir et suit ces pratiques abominables, elle se rend elle-même abominable aux yeux de Dieu. Bien sûr, cela ne place pas pour autant cette personne hors d’atteinte de l’amour de Dieu. La gloire de l’amour divin est qu’il atteint précisément ceux que Dieu abomine à cause de leur péché, pour les justifier et les sanctifier.
– 3. Selon le v. 10, les activités occultes sont aussi graves que l’infanticide, la crémation de ses enfants. Ce péché particulier est probablement mentionné dans ce contexte parce que nous ressentons tous instinctivement que cet acte est exécrable. La question est alors : considérons-nous l’horoscope, la bonne aventure, la magie, etc. tout aussi exécrables ?
– 4. Selon le v. 12, le Seigneur dépossède et détruit ceux qui pratiquent de telles choses. C’est-à-dire qu’ils tomberont finalement sous son jugement, comme les nations qui furent dépossédées par Israël à cause de ces abominations.
– 5. Selon le v. 9, il s’ensuit que Dieu ordonne : « Tu n’apprendras point à imiter ces abominations. » C’est très fort. Non seulement : « ne le fais pas », mais aussi « n’apprends même pas à le faire ». Ne t’outille pas, ne te prépare d’aucune façon pour y participer, n’en fais pas la moindre expérience. Quand l’action est mauvaise, toute inclination vers cette action est mauvaise.
– 6. Selon le v. 10, aucune personne qui pratique ces activités n’est autorisée à rester parmi le peuple de Dieu. Tant pour le peuple de Dieu dans l’A.T. que pour l’Église dans le N.T., des dispositions sont prévues pour exclure de la communion les personnes qui continuent volontairement dans ces pratiques abominables.
1.2. D’autres textes de l’A.T.
Il est donc clair, d’après Deutéronome 18, qu’il est contraire à la volonté de Dieu que son peuple s’engage dans une quelconque activité occulte. Mais nous pourrons renforcer cette recommandation si nous démontrons que cet enseignement a une base scripturaire qui va au-delà de Deutéronome 18. Le mot « Deutéronome » signifie « deuxième loi ». C’est une réitération et un développement de ce qui a été déjà posé par Dieu au Mont Sinaï. Aussi n’est-il pas surprenant de trouver dans le Lévitique des commandements comme celui-ci : « Vous n’observerez ni les serpents ni les nuages pour en tirer des pronostics. » (19.26) « Ne vous tournez point vers ceux qui évoquent les esprits, ni vers les devins ; ne les recherchez point, de peur de vous souiller avec eux. Je suis l’Éternel, votre Dieu. » (19.31) « Si quelqu’un s’adresse aux morts et aux esprits, pour se prostituer à eux, je tournerai ma face contre cet homme, je le retrancherai du milieu de son peuple. » (20.6)
Plus tard dans l’histoire d’Israël, parmi les péchés qui ont conduit au jugement de Dieu se trouve l’occultisme. Par exemple, 2 Rois 17.16-17 dit que Juda et Israël « abandonnèrent tous les commandements de l’Éternel, leur Dieu. Ils firent passer par le feu leurs fils et leurs filles, ils se livrèrent à la divination et aux enchantements. » Les mauvaises actions de Juda atteignirent probablement leur point culminant sous le roi Manassé. 2 Rois 21.6 rapporte : « Il fit passer son fils par le feu ; il observait les nuages et les serpents pour en tirer des pronostics, et il établit des gens qui invoquaient les esprits et qui prédisaient l’avenir. Il fit de plus en plus ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, afin de l’irriter. »
Ésaïe fut un des prophètes que Dieu envoya vers Juda pour avertir la nation du jugement qui l’atteindrait s’il ne se détournait pas de son péché. « Ainsi parle l’Éternel, ton rédempteur, celui qui t’a formé dès ta naissance : moi, l’Éternel, j’ai fait toutes choses, seul j’ai déployé les cieux, seul j’ai étendu la terre. Je brise les signes des prophètes de mensonge, et je proclame insensés les devins. […] Je confirme la parole de mon serviteur, et j’accomplis ce que prédisent mes envoyés. » (És 44.24-26) Ésaïe use aussi d’une ironie cinglante pour mettre en évidence qu’il est insensé de rechercher de l’aide dans l’occultisme : « Reste donc au milieu de tes enchantements et de la multitude de tes sortilèges, auxquels tu as consacré ton travail dès ta jeunesse ; peut-être pourras-tu en tirer profit, peut-être deviendras-tu redoutable. Tu t’es fatiguée à force de consulter : Qu’ils se lèvent donc et qu’ils te sauvent, ceux qui connaissent le ciel, qui observent les astres, qui annoncent, d’après les nouvelles lunes, ce qui doit t’arriver ! » (És 47.12-13) Malheur donc à ceux qui bricolent avec l’astrologie, qui cherchent la direction dans leur horoscope et s’efforcent de savoir ce que demain va amener. Le jugement de Dieu va tomber sur de telles personnes (cf. És 2.6).
1.3. Des textes du N.T.
Si nous nous tournons vers le N.T., nous ne trouvons rien qui modifie ce rejet divin de l’occultisme. Au contraire, ce rejet est confirmé. Par exemple, en Actes 19.18-20, les résultats des efforts d’évangélisation de Paul sont décrits ainsi : « Plusieurs de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer ce qu’ils avaient fait. Et un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde : on en estima la valeur à cinquante mille pièces d’argent. C’est ainsi que la parole du Seigneur croissait en puissance et en force. » Quand la parole du Seigneur s’empare de l’esprit et du cœur d’une personne, toute implication dans la magie s’en va. Il y a opposition, et donc incompatibilité, entre Jésus et l’occultisme ; vous ne pouvez avoir les deux.
Au-delà de cette illustration des Actes, Galates 5.20 répertorie la « magie » comme une des œuvres de la chair et Apocalypse 21.8 liste, parmi ceux qui seront condamnés, les « magiciens » au même titre que les meurtriers (tout comme Deut 18.10), les débauchés et les idolâtres.
Ainsi il me semble que l’enseignement de l’Écriture est clair : le peuple de Dieu ne devrait pas être impliqué dans quelque pratique occulte que ce soit.
2. Rabaisser Dieu et exalter l’homme
Pourquoi Dieu est-il si hostile à toute participation dans l’occultisme ? Parce que cela rabaisse Dieu et exalte l’homme. Ou, pour le dire différemment, l’occultisme est simplement la suite de l’antique tromperie satanique de Genèse 3.5 : « Allez au-delà de ce que Dieu a fixé, et vous serez comme Dieu. » Toutes les formes d’occultisme se présentent avec une tentation similaire : agirons-nous comme d’humbles enfants du Père céleste et nous soumettrons-nous à la sagesse de Dieu en limitant notre savoir et notre pouvoir, ou bien, comme Adam et Ève, convoiterons-nous le fruit qui peut nous rendre « sage » et le pouvoir qui appartient à Dieu ? Rabaisserons-nous Dieu et nous exalterons-nous, ou bien nous humilierons-nous et exalterons-nous Dieu en étant satisfaits par sa révélation et l’action de son pouvoir en notre faveur ?
Revenons à notre texte de Deutéronome 18. Dans les versets qui suivent (15 à 19), Dieu promet de susciter un prophète comme Moïse parmi le peuple. Les apôtres ont vu l’accomplissement final et décisif de cette prophétie en Jésus-Christ (Act 3.22-23). Il était le grand prophète ultime annoncé par Moïse. Le point de cette prophétie en Deutéronome 18 est que Dieu a établi un « Révélateur » de sa volonté et aucun autre médium de révélation ne doit être recherché. Au v. 14, Moïse dit : « Ces nations que tu chasseras écoutent les astrologues et les devins. » Puis, au v. 15, il donne l’alternative divine : « L’Éternel, ton Dieu, te suscitera du milieu de toi, d’entre tes frères, un prophète comme moi : vous l’écouterez ! » Puis il ajoute au v. 19 : « Si quelqu’un n’écoute pas mes paroles qu’il dira en mon nom, c’est moi qui lui en demanderai compte. » Dieu a établi pour lui-même un « Révélateur » de ce qu’il désire faire connaître et quand nous nous détournons de lui ou allons au-delà de ce « Révélateur » et consultons d’autres médiums, nous rabaissons Dieu et nous nous exaltons. Nous dévalorisons la révélation de Jésus-Christ et nous nous arrogeons les prérogatives de la divinité. Aucune personne qui aime Jésus-Christ et qui oriente toute sa vie en fonction de sa révélation ne peut se tourner vers l’occultisme pour recevoir connaissance ou pouvoir.
Ésaïe nous montre à quel point il est incongru, pour un peuple qui se targue de compter sur Dieu, de rechercher la sagesse dans l’occultisme. « Si l’on vous dit : Consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l’avenir, qui poussent des sifflements et des soupirs, répondez : Un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu ? S’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants ? » (És 8.19) Il est impensable pour le prophète Ésaïe que quelqu’un qui connaît Dieu et possède sa loi et son témoignage (v. 20) dans l’Écriture puisse consulter des médiums.
Mais quelqu’un dira : « Dieu n’en a pas dit assez. Dieu est silencieux là où j’ai besoin de savoir. » Ainsi en fut-il du roi Saül en 1 Samuel 28. L’Éternel ne disait plus rien à Saül et ne lui répondait pas à propos de l’attaque des Philistins. Alors, au lieu de s’humilier pour ses désobéissances précédentes et d’attendre patiemment le Seigneur, Saül est allé vers la sorcière d’Endor et lui a demandé ce qu’il savait être illicite — invoquer l’esprit de Samuel d’entre les morts pour lui dire ce qu’il devait faire. Quand la mort de Saül est relatée plus tard en 1 Chroniques 10.13-14, c’est ce péché qui est mentionné : « Saül mourut, parce qu’il se rendit coupable d’infidélité envers l’Éternel, dont il n’observa point la parole, et parce qu’il interrogea et consulta ceux qui évoquent les morts. Il ne consulta point l’Éternel ; alors l’Éternel le fit mourir, et transféra la royauté à David, fils d’Isaï. »
La consultation des médiums, l’observation du marc de café et des gâteaux de la chance, la lecture des horoscopes et des boules de cristal, ou la recherche d’oracles indépendants de la Parole de Dieu sont des œuvres mauvaises parce qu’elles rabaissent Dieu comme un « révélateur » inadéquat de mystères. Cela revient à dire que Dieu soit est incapable, soit ne veut pas me dire ce qui est bon à connaître pour moi. Donc il manque de pouvoir ou de bonté pour m’aider et c’est pourquoi je dois me prendre en mains. En contraste, les gens qui aiment vraiment Dieu, croient en sa bonté et dépendent de son pouvoir souverain évitent toutes les pratiques occultes.
Plus tôt dans sa vie, Saül avait désobéi au commandement de Dieu dans une autre situation. Dieu lui avait commandé de détruire les Amalékites et leur butin. Mais Saül avait pris les meilleurs animaux pour les offrir en sacrifice à l’Éternel. Samuel s’approcha de Saül avec un reproche de la part de Dieu et lui dit : « L’Éternel trouve-t-il du plaisir dans les holocaustes et les sacrifices, comme dans l’obéissance à la voix de l’Éternel ? Voici, l’obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l’observation de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers. Car la désobéissance est aussi coupable que la divination. » (1 Sam 15.22-23) La rébellion est comme le péché de divination. Ce n’est pas une comparaison anodine. La divination implique de se mettre en relation avec des esprits paranormaux ou des forces pour recevoir connaissance et puissance. Et Samuel dit que c’est comme se rebeller contre Dieu. L’homme impliqué dans l’occultisme est un homme en rébellion. Qu’il s’en rende compte clairement ou non, il est impliqué dans un effort séditieux pour rejeter l’absolu du joug de la souveraineté de Dieu et pour se placer lui-même à un plus haut degré dans le gouvernement de l’univers.
Tout le domaine de l’occultisme est le berceau satanique de l’orgueil. Chaque activité occulte semble offrir à l’homme la possibilité de rejeter sa finitude et de s’attribuer la sagesse et le pouvoir qui appartiennent à Dieu. « Mange ce fruit et tu deviendras comme Dieu. » Peu importe que les pratiques occultes paraissent innocentes de prime abord ; elles portent toutes la marque de la rébellion originelle qui se perpétue depuis le jardin d’Éden : l’objectif est d’éviter à tout prix d’être soumis aux limites et aux ressources d’un Dieu souverain et d’acquérir à la place une puissance digne d’être appelée « grande » (cf. Act 8.10). L’homme dans l’occultisme est un homme en rébellion.
3. Prostitution spirituelle ou fidélité à Jésus-Christ
Un autre moyen de révéler le mal lié à toute implication dans l’occultisme est de dire que l’homme qui pratique l’occultisme est un homme qui se prostitue. Lévitique 20.6 dit : « Si quelqu’un s’adresse aux morts et aux esprits, pour se prostituer à eux, je tournerai ma face contre cet homme, je le retrancherai du milieu de son peuple. » Consulter les médiums est comme commettre un adultère contre Dieu. Jésus-Christ est le mari de l’Église. Il est la pleine révélation de Dieu. Tout ce que nous avons besoin de connaître et toute la puissance qu’il est bon pour nous de posséder vient de lui et de sa Parole. Quand nous allons après d’autres oracles secrets et d’autres puissances psychiques, nous disons en fait que notre mari est insatisfaisant et que nous devons chercher des amants ailleurs. Quand un chrétien jette un coup d’œil à son horoscope, il est en train de traiter Jésus de la même manière qu’un mari traite sa femme quand il surfe sur un site pornographique pour se procurer l’excitation qu’il n’éprouve plus avec elle. S’impliquer dans l’occultisme est mauvais parce que c’est un adultère spirituel, c’est une rébellion contre la souveraineté de Dieu et c’est rabaisser sa révélation en exaltant l’orgueil humain.
En conclusion, quelle est l’alternative chrétienne positive à l’occultisme ? La réponse est toujours la même partout dans le N.T. : « La victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi. » (1 Jean 5.4) Face à toutes les séductions de l’occultisme se tient Jésus-Christ, l’incarnation de la révélation de Dieu. La foi tient ferme en faveur de la pleine suffisance de cette révélation et ne cherche aucune autre connaissance secrète. La foi reste ouverte à la puissance de Dieu à travers Jésus-Christ seul et ne cherche aucune autre puissance psychique ou spirituelle. La foi s’attache à Jésus, aime Jésus, adore Jésus, croit Jésus, exalte la toute-suffisance de Jésus et évite, sous tous ses nombreux atours, la séductrice occulte.
1 NDLR : Supports divinatoires sur lesquels figurent les mots « oui » et « non ».
« La gloire de Dieu, c’est de cacher les choses (Pr 25.2). » Parfaitement sage, Dieu ne nous cache pourtant rien par simple caprice. Il ne nous révèle rien, si ce n’est par pure grâce et par souci de notre suprême bonheur, qui consiste à le reconnaître comme seul Sauveur et Seigneur, et à le servir éternellement.
Or, notre race n’entre pas de bon gré dans ce plan divin. Il y a tant d’autres voix prêtes à étouffer la Parole de Christ. Subjuguée en Éden par le discours du diable, notre humanité continue de s’enflammer pour les mystères qu’elle croit pouvoir dérober (Pr 9.13,17), pour l’indépendance et les bienfaits qu’elle espère acquérir au contact des puissances occultes. Mais Dieu a barré ce chemin. L’arbre de la vie (Gen 3.24) ne sera accessible qu’aux rachetés de Christ (Apoc 22.2), non aux tricheurs.
Quant à nous, les chrétiens, reconnaissons qu’il nous est parfois difficile de marcher par la foi, de nous satisfaire des choses que Dieu veut bien nous révéler et de ne pas chercher à « monter dans la bergerie » par un autre côté que par la seule porte, Jésus-Christ (Jean 10.1). Le danger nous guette d’accoupler la foi en Dieu à toutes sortes de fabulations, de raisonnements humains et charnels, ou à des expériences religieuses purement subjectives. Mais c’est alors que nous risquons d’ouvrir l’Église à l’infiltration de très obscurs « passagers clandestins (1 Cor 10.20)».
Pour nous en dissuader et surtout pour nous rappeler les moyens de combattre ces égarements (dans le monde ou dans l’Église), les articles de ce dossier nous ramènent à l’Écriture. Cet incommensurable « coffre » est, après tout, bien assez profond pour nous contenter : il recèle en effet le « mystère de Dieu, Christ, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance (Col 2.2b,3) ». Ne cherchons pas ailleurs la bonne part.
Revue de livres
Médiums, astrologues, guérisseurs… Ce qu’ils ne vous disent pas
Emmanuel Maennlein
Emmanuel Maennlein, pasteur qui exerce un ministère de prédicateur itinérant, aborde avec clarté les conséquences des pratiques occultes dans certaines vies. Son livre, publié à prix modique aux éditions BLF-Europe, est bien documenté, illustré de nombreux exemples, écrit dans un style alerte et direct. Il répondra à beaucoup de questions.
La guérison du guérisseur
Walter Vappiani
Les éditions BLF-Europe ont également publié la biographie de Walter Vappiani, La guérison du guérisseur. Ce témoignage saisissant permet de prendre conscience de la puissance de l’occultisme et de son introduction jusque dans l’Église. Ce livre comprend à la suite le texte intégral de l’Évangile selon Marc. Il peut facilement être donné à une personne influencée par l’occultisme ou en danger de l’être, dans un but d’évangélisation.
Une prière dite de manière répétitive, accompagnée ou non d’une action physique, peut devenir un rituel magique. C’est le principe de l’invocation utilisée dans de nombreuses formes d’occultisme permettant l’instrumentalisation d’une « formule magique » pour mettre en mouvement le monde spirituel. Le fait de mélanger une prière chrétienne à l’invocation de puissances occultes n’amène pas Dieu à bénir cette pratique. Le diable est appelé le père du mensonge car, depuis le commencement, il utilise la même technique qui consiste à proposer une bouteille d’eau minérale contenant 99,9 % d’eau pure et 0,1 % de cyanure. En buvant de cette eau, vous étancherez votre soif, mais le cyanure vous mènera à la mort !
Actes 16.16-23 nous parle d’une femme habitée par un esprit de divination qui suivait Paul et Silas en proclamant : « Ces hommes sont les serviteurs du Dieu très haut qui vous annoncent la voie du salut ! » Après l’avoir subie durant plusieurs jours, l’apôtre Paul a chassé l’esprit de divination de cette femme.
Qu’est-ce qui pouvait pousser cet esprit à faire de la publicité pour le message des apôtres ? Pourquoi Paul le chasse-t-il hors de cette femme alors qu’il dit la vérité à leur propos ? Il s’agit là d’une ruse du diable visant à donner une certaine crédibilité au message des apôtres pour, finalement, renforcer la réputation de cette femme loin à la ronde. Pensez-vous qu’après avoir entendu les apôtres, les habitants de cette région auraient cessé de la consulter, alors qu’apparemment elle disait la vérité ?
De la même manière, de nombreux guérisseurs peuvent avoir une Bible dans leur cabinet, utiliser certains versets et même prétendre que leur don vient de Dieu, mais le fait est que la source de leur pouvoir est démoniaque dès le moment où autre chose que l’œuvre et le nom de Jésus-Christ seuls sont invoqués.
Sincères, mais sincèrement dans l’erreur
Bien souvent, ceux qui pratiquent, ainsi que ceux qui consultent, ne sont pas conscients du but ultime de Satan qui est de pourvoir à certains désirs humains comme ceux de la guérison ou de la connaissance de l’avenir, afin d’obtenir un accès à l’âme de l’homme pour mieux l’influencer. Il espère ainsi l’empêcher de trouver en Jésus-Christ la guérison du corps, la paix du cœur et, le plus important de tout, le salut de l’âme.
« Nous rejetons les choses honteuses qui se font en secret, nous n’avons point une conduite astucieuse (ruse), et nous ne déformons pas la parole de Dieu. […] Si notre Évangile est encore voilé, il est voilé pour ceux qui périssent ; pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Évangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu. » (2 Cor 4.2-4)
Pas touche ! Souvenez-vous de la bouteille d’eau minérale au cyanure ; ce n’est pas l’eau de la vérité qui vous tuera, mais le poison du mensonge qui y est ajouté !
Claude, marié, trois enfants et quatre petits-enfants, gère une ferme du Brassus (en Suisse, dans le canton de Vaud) en communauté d’exploitation avec l’un de ses fils. Si l’homme est aujourd’hui solide et épanoui dans sa foi, cela n’a de loin pas toujours été le cas. Les propos qui suivent ont été recueillis par Sébastien Goetschmann, pour le mensuel Espoir de l’Armée du Salut. |
Enfance
Depuis tout petit, j’avais deux vocations : devenir agriculteur, car j’aime la nature et les animaux ; et rechercher la vérité de Dieu. Ma mère était une protestante pudique dans l’expression de sa foi, mais mon père était totalement réfractaire à l’Évangile, ce qui m’a freiné dans ma quête de la vérité. J’ai dû me débrouiller tout seul, en lisant et en cherchant un peu partout. Et dans ce cheminement pour trouver la vérité, j’ai été rejoint par un lourd héritage occulte que traînait notre famille. C’est ainsi qu’à l’âge de 12 ans, je me suis placé sous l’emprise du diable, sans connaître sa véritable identité. Je me suis mis à pratiquer toutes sortes d’expériences occultes, comme la table « Ouija », où on demande à un esprit de répondre à nos questions. Cela semble sympa et inoffensif, mais en fait, on entre en contact avec des esprits démoniaques et on ne se rend pas compte des effets que cela produit. J’ai aussi fait le rebouteur1 et exercé la divination. Quand on pratique l’occultisme, on a comme un voile devant les yeux, on ne se rend pas compte que les tuiles qui nous tombent dessus sont liées à ces pratiques.
Quête de la perfection
Durant huit ans, j’ai vécu intensément la fin de mon enfance, mon adolescence, mon apprentissage d’agriculteur et ma recherche de la vérité. En parallèle aux pratiques occultes, j’ai étudié un peu toutes les religions : l’animisme, le bouddhisme, l’hindouisme, le confucianisme, etc. — toujours en quête de cette vérité. Et dans chacune de ces disciplines, j’allais jusqu’au bout dans la mise en pratique, mais j’ai à chaque fois eu le sentiment d’aboutir à une impasse. Lorsqu’on se lie à des esprits démoniaques, on a l’impression de devenir puissant et mes capacités occultes augmentaient effectivement, mais en fait, on devient esclave et soumis à ces puissances. Et celles-ci ont commencé à me jouer des tours en m’insufflant un esprit de destruction, des envies de suicide. Jusqu’au jour où ma vie a basculé.
Le voile se lève
À l’âge de 20 ans, j’étais en alpage avec un ami. Un matin, nos deux réveils n’ont pas sonné et nous avions 15 minutes de retard pour livrer le lait. Durant ce laps de temps, l’homme qui venait chercher le lait se promenait et a vu un autocollant sur ma voiture. Il y était écrit : « Dieu n’est pas loin, Jésus est le chemin. » Même si je pratiquais des choses sombres, cela ne me dérangeait pas d’avoir un tel autocollant, puisque dans le fond, je recherchais Dieu. L’homme m’a alors dit : « Je ne savais pas que tu étais chrétien » (je ne le savais pas non plus) et il m’a invité dans sa communauté où un évangéliste passait le soir même. J’ai accepté.
Ce soir-là, j’ai été littéralement saisi par le Saint-Esprit et il a levé le voile sur ma situation. La première chose que j’ai vue, après la gloire de Christ, c’était ma propre misère. Je me suis rendu compte que je profitais des autres, que je cherchais une position de dominant ; même lorsque je guérissais quelqu’un par de la magie blanche, j’attendais quelque chose en retour. J’ai compris la vanité de mes recherches dans les différentes religions. En fait, en cherchant la vie, je m’étais plongé dans le monde de la mort, sans même le voir. J’ai alors ressenti toute la noirceur de la séparation d’avec Dieu. Depuis, ma vie a changé du tout au tout. Ce jour-là, Dieu m’a dit : « Tu mérites la mort, vu tes actes et tes souillures. Mais si tu reconnais tes fautes, je peux te pardonner. »
« Non à la nuit ! »
Je n’avais pas trop le choix, je savais maintenant tout le mal dont je m’étais chargé. Mais la grâce de Dieu est plus grande que la rébellion. Durant une année, j’ai vécu un processus de guérison où Dieu m’a consolé par son Esprit. Puis j’ai senti que Dieu m’appelait à me former pour pouvoir le servir. Dieu a alors ouvert les portes pour que je puisse suivre une école biblique. Et aujourd’hui, j’exerce un ministère pastoral en recevant des gens chez nous.
Durant ma vie, j’ai passé d’un extrême à l’autre. De l’obscurité à la lumière. Et je peux affirmer qu’il y a toujours moyen de dire non à la nuit. Car Dieu est fidèle et il désire que nous le rencontrions. Malgré nos mauvais choix, il ne renonce pas et programme des rendez-vous, il nous interpelle. C’est une stratégie du diable de nous faire croire que notre péché nous empêche de revenir à Dieu. Car Dieu, lui, continue de nous tendre la main, mais il faut faire l’effort de la saisir.
note
1L’activité du rebouteur est traditionnellement une forme primitive de chiropractie qui mêle les manipulations, les massages et autres gestes thérapeutiques à des pratiques de nature magique.
Jacqueline F., d’origine alsacienne, est née en France en 1945 à Cornimont, dans les Vosges. Elle vit dans le canton du Jura en Suisse. Elle est mariée, mère et grand-mère. Elle a pratiqué le « secret » 1 durant douze ans. |
Qu’est-ce qui motivait votre pratique du secret?
J’étais heureuse de pouvoir aider les gens et j’avais l’impression de me rendre utile en faisant le bien.
Aviez-vous reçu plusieurs secrets?
Oui, trois : pour l’arthrose, les verrues et les brûlures, chaque secret étant spécifique à une maladie. Mon mari, qui avait des sciatiques, devait régulièrement contacter une personne qui avait celui correspondant à son problème.
Par qui vous ont-ils été transmis ?
Le premier, celui de l’arthrose, m’a été donné par un monsieur âgé, célibataire, que j’ai rencontré dans un hôpital alors que j’y travaillais. Cet homme n’avait pas de famille. En principe, le secret se transmet dans le cadre familial, de génération en génération. Il faut toujours le donner à un plus jeune que soi.
Vous a-t-on demandé de vous engager à garder le secret?
Oui, et l’homme qui m’a donné celui pour l’arthrose m’avait ordonné de n’accepter ni merci ni argent, ce que j’ai toujours respecté pour les secrets que j’utilisais.
Les gens étaient-ils systématiquement et définitivement guéris ?
Non. Par exemple, pour le secret de l’arthrose, j’étais la seule dans le Jura à l’exercer et c’est celui que je pratiquais le plus ; les personnes allaient mieux durant trois mois seulement, puis devaient revenir.
L’un de mes neveux se brûlait fréquemment. Le secret des brûlures fonctionnait, mais, quelque temps après, il se brûlait de nouveau ; c’était une sorte de cercle vicieux. Depuis que j’ai arrêté, il ne s’est plus jamais brûlé.
À qui fait-on appel dans l’invocation du secret ?
Pour le secret de l’arthrose, j’invoquais un archange. Je n’en avais pas le droit, car seul Dieu peut leur donner des ordres. Pour le secret des verrues, je priais une sainte décédée. Qui donc répondait à mes prières ? Pour le secret des brûlures, je parlais au feu de l’enfer et j’évoquais la trahison de Judas au jardin des Oliviers.
Vous étiez croyante, mais pratiquiez le secret… Est-ce compatible?
J’avais une forme de croyance en Dieu. J’étais vraiment sincère, pieuse et persuadée d’être un canal par lequel Dieu guérissait les malades. De plus, dans l’une de mes prières, après avoir invoqué une sainte, je devais réciter le « Notre Père », ce qui me confortait dans ma religion.
Pour quelle raison avez-vous renoncé à cette pratique ?
En 1989, j’ai eu la révélation que Jésus-Christ est vivant. Je me suis convertie et j’ai été baptisée. À la suite de cela, j’ai commencé à lire la Bible. J’ai été particulièrement interpellée par le verset de Marc 16.17, où Jésus dit : « En mon nom, ils chasseront les démons, ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris. » J’ai alors réalisé que, dans le secret, le nom et l’œuvre de Jésus ne sont jamais invoqués !
Quelle différence y a-t-il entre la prière d’un chrétien et celle d’un faiseur de secret ?
Le chrétien prie Dieu, le Père, dans le nom de Jésus en raison du sacrifice qui a été accompli à la croix. Dans le secret, on s’adresse au feu de l’enfer ou à des morts, mais jamais à Jésus-Christ2.
Ceux qui pratiquent le secret sont-ils au bénéfice d’un épanouissement particulier ?
Dans les familles qui pratiquent le secret, que ce soit dans mes Vosges natales, en Alsace ou dans certains villages jurassiens, je constate de nombreux décès dans des circonstances terribles, tels que suicides, assassinats, accidents, ainsi que des dépressions et des maladies héréditaires et mystérieuses sur plusieurs générations.
Qu’est-ce qui a changé dans votre vie après avoir renoncé à ces pratiques?
J’ai enfin la paix, elle est dans tout mon être, elle est là de jour comme de nuit. Elle dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Plus de dépression, plus de présences démoniaques dans ma chambre… Jésus a tout changé.
Avez-vous déjà été guérie physiquement par Dieu ?
Oui. Un soir, j’ai fait six crises d’asthme. J’étais seule et j’ai essayé d’appeler les urgences, mais j’étais à terre, sans voix. J’ai alors appelé Jésus et je me suis endormie. Le lendemain, alors que j’avais frôlé la mort, j’ai fait le choix de pardonner à mon père terrestre tout ce qu’il m’avait fait subir. J’ai aussi demandé pardon à Dieu de tout ce que j’avais fait de mauvais dans ma vie. Le jour même, des chrétiens ont proposé de prier pour moi. Je ne croyais pas que je pouvais être guérie, car j’avais déjà cherché ma guérison dans l’occultisme, sans succès. Sur le moment, rien ne s’est passé visiblement. Toutefois, une semaine plus tard, j’ai cru que Jésus pouvait m’accorder la guérison. Les chrétiens d’une église évangélique de La Chaux-de-Fonds ont prié pour moi en me faisant l’onction d’huile. Instantanément, j’ai été guérie de cet asthme qui me faisait souffrir depuis l’enfance !
Que faut-il faire si quelqu’un appelle un faiseur de secret à notre insu ?
Si vous êtes un chrétien né de nouveau et pas seulement un chrétien de nom, vous n’avez rien à craindre, ni à faire. Si vous ne l’êtes pas, votre corps sera peut-être guéri, mais votre âme sera liée à Satan pour le « service » qu’il vous a rendu, car il ne fait rien gratuitement !
Interview réalisé par D. L.
- Le « secret » est une méthode de guérison basée sur des formules occultes. Dans la pratique, il s’agit de guérir bon nombre de maladies, et même les troubles psychologiques, par le moyen de formules occultes. Il s’apparente au chamanisme et à la pratique des guérisseurs africains.
- Certains secrets peuvent inclure des invocations aux trois personnes de la Trinité, mais on ne peut assimiler la récitation de telles formules à la prière du vrai croyant qui s’adresse à Dieu qu’il reconnaît comme son Père céleste, son Seigneur et Sauveur personnel. Quant à la manière de comprendre le passage de marc 16.17, voir l’article de F. Varak dans ce numéro (NDLR)
Quand il était jeune, Karl Marx était chrétien. La première de ses œuvres écrites s’intitule Union du fidèle au Christ. On y trouve ces belles phrases : « Par l’amour dont nous aimons le Christ, nous orientons en même temps nos cœurs vers nos frères qui nous sont intimement liés et pour lesquels il s’est donné lui-même en sacrifice. »1 Marx connaissait donc un moyen pour les hommes de devenir frères entre eux : c’est le christianisme. Il poursuit : « L’union au Christ est capable de procurer l’exaltation intérieure, le réconfort dans la douleur, une confiance paisible et un cœur susceptible d’aimer humainement tout ce qui est noble et grand, non par désir d’ambition ou de gloire, mais à cause de Christ. »
Marx était donc un chrétien convaincu. Mais, peu de temps après, au cours de ses études supérieures, un autre Marx surgit. Dans un poème, il écrit : « Je veux me venger de Celui qui règne au-dessus de nous. » Marx est donc persuadé que « là-haut Quelqu’un règne » et il a un grief contre lui.
Désormais, tous les poèmes de Marx portent une nouvelle marque. Il écrit, parodiant Ésaïe 14.13 : « Je veux me bâtir un trône dans les hauteurs, son sommet sera glacial et gigantesque, il aura pour rempart la terreur de la superstition, pour maréchal, la plus sombre agonie. »
Il semble se mettre sous l’influence directe du diable :
« Les vapeurs infernales me montent au cerveau
Et le remplissent jusqu’à ce que je devienne fou
Et que mon cœur soit complètement changé.
Regarde cette épée : le Prince des ténèbres me l’a vendue. »
« Ainsi j’ai perdu le ciel,
Je le sais très bien.
Mon âme naguère fidèle à Dieu
A été marquée pour l’enfer. »2
Non seulement Karl Marx n’est plus chrétien, mais il fait l’apologie de Satan, l’ennemi de Dieu. Il n’a désormais qu’un seul but : détrôner Dieu et perdre l’homme. L’humaniste, qui deviendra le père du communisme et du socialisme, a été à l’origine d’un courant de pensée destructeur pour l’humanité. La suite de de l’histoire ne le prouvera hélas que trop
1 Marx and Engels, Collected works, vol. 1, International Publishers, N. Y. 1974.
2 Robert Payne, The Unknown Karl Marx, University Press, 1971.
En 550 av. J-C., à Babylone, il y a plus de 2500 ans, des Juifs sont en exil depuis 35 ans. Ils ont le mal du pays, mais le pays n’existe plus, leur capitale, Jérusalem, est détruite. Chaque sabbat, ces hommes et ces femmes se rendent à la maison de prière pour se réunir avec leurs frères et sœurs d’exil. Et ce jour-là, ils entendent le maître de maison lire le deuxième chant du Serviteur, Ésaïe 49.1-13.
Ce texte se trouve dans la deuxième partie du livre du prophète Ésaïe, destinée au peuple en exil. Dans cette partie, on trouve quatre poèmes qui parlent tous du même personnage : le Serviteur de l’Éternel. On a pris l’habitude d’appeler ces quatre poèmes, les « chants du Serviteur » (És 42 ; 49 ; 50 et 52-53).
Plus on avance dans ces chants, mieux on comprend :
– qui est le Serviteur : c’est le Messie, le libérateur promis par Dieu ;
– quelle est sa mission : libérer le peuple de Dieu et donner la lumière.
L’identité du Serviteur
Dans ce deuxième chant, le Serviteur s’exprime à la première personne du singulier : il nous raconte son autobiographie.
Sa bouche : une arme réservée pour le combat
Si le Serviteur du ch. 42 est doux, attentif aux faibles, celui du ch. 49 est un guerrier, une arme fatale : « Il a rendu ma bouche semblable à un glaive tranchant, il m’a couvert de l’ombre de sa main ; il a fait de moi une flèche aiguë, il m’a caché dans son carquois. » (49.2) Quel contraste !
Mais deux détails frappent :
1. L’épée, c’est sa bouche : Le combat ne va donc pas être premièrement physique, mais verbal. Le Serviteur va proclamer un message qui sera aussi acéré qu’une épée, aussi puissant qu’une flèche aiguisée.
La teneur du message du Serviteur est indiquée plus loin : « Je t’établirai […] pour dire aux captifs : Sortez ! et à ceux qui sont dans les ténèbres : Paraissez ! » (49.9). L’épée qui sort de la bouche du Serviteur sert ainsi à couper les liens, à faire tomber les chaînes, à casser les verrous des prisons. C’est une parole qui proclame la libération avec efficacité : c’est une parole qui libère !
2. Cette « arme fatale » est cachée : Cela peut sembler bizarre que ce Serviteur demeure caché. En fait, ce texte nous explique qu’il est bien là, prêt à être utilisé, à entrer dans le combat, mais n’a pas encore été manifesté. Il y a donc un temps pour que le Serviteur entre en scène. Et ce temps n’est pas encore arrivé pour les lecteurs d’Ésaïe en exil.
Son nom : Israël
Autre nouveauté de ce deuxième chant, Dieu nous révèle pour la première fois le nom de son Serviteur-Messie : « [L’Éternel] m’a dit : Tu es mon serviteur, Israël en qui je me glorifierai. » (49.3) Comment comprendre ce nom ?
1. Une personnification du peuple ?
Plusieurs se basent sur ce nom pour dire que le Serviteur est une personnification du peuple d’Israël, un peu comme Marianne pour la France. Il est vrai que Dieu parle plusieurs fois du peuple d’Israël en l’appelant « mon Serviteur ». Mais dans ce passage, la personnification n’est pas possible : la mission du Serviteur est justement de ramener vers Dieu… Jacob et Israël (49.5-6). Le Serviteur ne peut pas être une personnification ni d’Israël, ni même du reste fidèle, puisqu’il doit ramener vers Dieu le reste, « ceux que j’ai préservés du peuple d’Israël » (49.6b).
2. Il est le véritable Israël
Mais alors pourquoi est-ce que Dieu appelle son serviteur « Israël » ? Simplement parce que le Serviteur est le véritable Israël, Israël selon le cœur de Dieu.
On peut illustrer cette identification par un schéma en forme de pyramide : avec l’avancement de l’histoire du salut, le nombre de personnes choisies par Dieu semble se réduire : – Au début, Dieu crée les humains et ils se détournent de lui. Mais Dieu décide de les sauver. – Puis il choisit Noé et ses descendants. – Puis Abraham et ses descendants. La pyramide se resserre. – Puis seulement Isaac et ses descendants, puis Jacob-Israël et ses descendants. – Après, par les prophètes, il annonce que seulement un « reste » d’Israël est le véritable Israël.
Mais où est ce reste ? Où est ce véritable Israël ? Qui reste complètement fidèle à Dieu ? Finalement, ce reste se résume à une seule personne : le Serviteur de l’Éternel, le Messie, Jésus ! C’est lui, et lui seul, qui est resté parfaitement fidèle à Dieu.
Jésus lui-même va d’ailleurs revendiquer ce titre de véritable Israël en utilisant une image. Plusieurs prophètes1 ont utilisé le symbole de la vigne pour parler d’Israël. Et Jésus dira à ses disciples : « Je suis la vraie vigne. » (Jean 15.1) Jésus se présente donc comme le véritable Israël, l’Israël fidèle, selon le cœur de Dieu.
La mission du Serviteur
Ramener Israël
Lors du repas traditionnel de la Pâque, les Juifs répètent chaque année la même phrase depuis bientôt 2000 ans : « L’an prochain à Jérusalem, l’an prochain, fils de la liberté ! » Depuis qu’ils ont été chassés de leur pays par les Romains, les Juifs pensent à leur pays et désirent y retourner.
C’est justement la mission du Serviteur : ramener son peuple exilé (49.5-6). Il est un nouveau Moïse qui va conduire la nation dans un nouvel exode. Les v. 9 à 12 nous montrent ce peuple revenir au pays, des quatre coins de l’horizon, traverser les déserts, les montagnes, les steppes, pour revenir au pays de leurs ancêtres.
Mais en regardant le texte de plus près, le vrai but de ce nouvel exode n’est pas d’abord le pays au sens littéral : « L’Éternel, […] m’a formé […] pour ramener Jacob à lui et pour rassembler Israël auprès de lui. » (49.5) La destination de ce nouvel exode : c’est l’Éternel ! Bien plus qu’une terre, le vrai pays promis, c’est Dieu lui-même.
L’exil que vivent les Israélites est physique, mais plus encore spirituel : ils se sont détournés de Dieu, ils ont suivi les idoles, les faux dieux. L’exil spirituel n’est autre que le péché, tout ce qui nous éloigne du seul vrai Dieu ! Le nouvel exode, que Dieu propose à son peuple est donc avant tout un exode spirituel : un retour vers lui, l’Éternel.
Dieu va libérer son peuple pour qu’il revienne vers lui. Et pour cela, il va utiliser son Serviteur. Par la parole de sa bouche, le Serviteur va proclamer la libération et va conduire son peuple vers la terre promise : Dieu, l’Éternel.
Les difficultés de la mission
Mais cette mission ne va pas être facile : pour la première fois, il est question des souffrances du Serviteur. Dans le troisième chant, cet aspect de la souffrance va être encore plus développé, pour culminer au quatrième chant (52.15-53.12).
Dès ce deuxième chant, le serviteur est présenté comme un homme de souffrance : « celui qu’on méprise, qui est en horreur au peuple, l’esclave des puissants » (49.7).
Le Serviteur est rejeté par son peuple : il vient avec un message de libération, mais ceux qu’il vient libérer n’en veulent pas ! Il est alors tenté de se décourager. Il nous montre ses sentiments intérieurs sans fausse pudeur : « Et moi j’ai dit : C’est en vain que j’ai travaillé, c’est pour le vide et le néant que j’ai consumé ma force. » (49.4a)
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le Serviteur est tenté de se décourager, mais au plus profond de sa détresse il dit : « Mon droit est auprès de l’Éternel et ma récompense auprès de mon Dieu. » (49.4b) Il se confie en Dieu pour être reconnu dans sa mission. Les siens le rejettent, le méprisent, mais il attend sa reconnaissance et sa récompense de la part de Dieu. Et quelle récompense ! « Des rois le verront, et ils se lèveront, des princes, et ils se prosterneront, à cause de l’Éternel, qui est fidèle, du Saint d’Israël, qui t’a choisi » (49.7). Les siens le rejettent, mais ce seront des rois, des princes qui s’inclineront devant lui ! Il vivra l’humiliation, mais il sera rétabli par Dieu bien plus haut que tout ce que les hommes de son peuple auraient pu lui offrir. Jésus a été rejeté par les siens, mais des grands rois, des empereurs, etc., l’ont reconnu comme Seigneur, se sont inclinés devant lui. Quel rétablissement spectaculaire !
Notre exil, notre exode
Le cœur de la mission du Serviteur est donc d’être le nouveau Moïse qui va conduire le peuple d’Israël dans un nouvel exode. Mais, 25 siècles plus tard, en quoi cela nous concerne-t-il, nous qui ne sommes pas juifs ?
Les nations
Les destinataires du chant ne sont pas seulement les membres du peuple d’Israël, mais également… nous, les nations ! Le poème commence par : « Îles, écoutez-moi ! Peuples lointains, soyez attentifs ! » (49.1). Plus loin, Dieu dit au Serviteur : « Je t’établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre. » (49.6)
Cette lumière, c’est celle qui indique le chemin, qui montre la route à suivre. La lumière, dans le livre d’Ésaïe, est le symbole de la libération, du salut. Ainsi les nations sont aussi invitées à vivre la libération et le nouvel exode promis à Israël.
Pour comprendre, reprenons la pyramide : elle ne s’arrête pas à une personne : Jésus, le véritable Israël. À partir de Jésus, elle s’élargit à nouveau en sens inverse pour inclure tous les hommes qui se réfugient en Jésus, qui se confient en lui pour être sauvés, libérés ! Jésus est le véritable Israël et tous ceux qui se confient en lui font partie de ce véritable Israël, de ce nouveau peuple ! En Jésus, que nous soyons juif de naissance ou non-juif, nous faisons tous partie du véritable Israël, l’Israël de la foi !
Exil et exode
Depuis la désobéissance d’Adam, tous les hommes sont en exil, loin de Dieu, prisonniers du péché. Mais, au temps voulu, le Serviteur apparaît. Par la puissance de sa parole, il nous délivre et il nous conduit dans un nouvel exode, hors du péché.
Maintenant, nous, les croyants, les membres du nouvel Israël, nous marchons à la suite de Jésus. Nous devons aussi traverser des déserts, des épreuves, des moments pénibles. Mais quelles sont les promesses de Dieu pour nous, durant notre voyage vers la terre promise, vers notre patrie céleste ?
« Ils paîtront sur les chemins, et ils trouveront des pâturages sur tous les coteaux. Ils n’auront pas faim et ils n’auront pas soif ; le mirage et le soleil ne les feront point souffrir ; car celui qui a pitié d’eux sera leur guide, et il les conduira vers des sources d’eaux. » (49.9b-11)
Voilà les promesses de Dieu :
– à manger partout en chemin — comme la manne, Jésus, le pain du ciel,
– à boire en tout temps — auprès de Jésus, la source d’eau vive,
– la protection dans les circonstances contraires — le désert et le soleil,
– les obstacles — les montagnes et les vallées –– transformés en routes praticables.
Et le plus beau de tout, c’est que celui qui nous guide n’est pas simplement un employé qui fait son travail… celui qui nous conduit, c’est celui qui nous aime !
Regrettons-nous notre esclavage ? Ou faisons-nous confiance à notre guide pour nous mener au bon endroit, au bon moment, et par le bon chemin ?
1Ésaïe 5 ; 27 ; Jérémie 12 ; Ézéchiel 17 ; Osée 10.
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