PROMESSES
Je suis issu d’une famille musulmane polygame de treize enfants. Dans mon enfance, j’étais envoyé à l’école coranique pendant les vacances, mais j’y ai peu persévéré. J’ai grandi en subissant les conséquences néfastes de la polygamie, loin de l’amour de ma mère, divorcée dès mon plus jeune âge. J’ai donc grandi au milieu des multiples divorces et remariages de mon père. Dans cette atmosphère, j’ai poursuivi mes études tant bien que mal. C’est au lycée, en classe de première, que j’ai fait la rencontre du Seigneur Jésus-Christ. Voici la manière dont ma conversion s’est passée.
C’était un dimanche matin de février 2002. Tandis que je me lavais, j’entendis une voix dans la cour : c’était celle d’un ami de la famille. Il parlait avec l’un des nôtres. Je l’entendis déclarer qu’il se rendait à l’église. Brusquement, j’ai eu envie de l’accompagner pour observer les chrétiens. De ma douche, je lui ai crié de m’attendre, ce qu’il fit. À l’église, nous fûmes accueillis par le pasteur qui nous demanda de rester après le culte pour un court entretien. À la fin du service, le pasteur nous présenta Jésus-Christ et nous fit comprendre que l’église est comme un hôpital, où les malades spirituels viennent et reçoivent la guérison au travers de l’écoute de la Parole de Dieu. Avant notre départ, il nous lança un défi : celui d’ « essayer » Jésus pendant six mois. Si ce temps ne suffisait pas à transformer nos vies, nous serions libres de revenir chez le pasteur pour le traiter de menteur et suivre notre propre chemin. Nous prîmes congé de notre hôte et rentrâmes à la maison. J’avais la conviction que les chrétiens jouissaient d’une sorte de complicité, d’intimité, avec leur Dieu. Ils étaient fidèles dans leur adoration. C’était une expérience que j’ignorais dans ma pratique de l’islam. J’étais musulman, mais cette fidélité me faisait défaut. Du fond de mon cœur, j’avais la certitude que si j’arrivais à percer le secret de cette fidélité, alors je compterais parmi les meilleurs musulmans de ma nation (ndlr : le Niger).
De retour chez moi, je ressentis le besoin de partir à la conquête de ce secret. Mais n’étais-je pas comme un voleur cherchant à dépouiller l’homme appelé Jésus (que je reconnaissais du reste comme prophète) ?
Quoi qu’il en fût, c’est dans ces dispositions que je commençai à fréquenter des chrétiens. Pendant les prédications auxquelles j’assistais, le pasteur proclamait avec arrogance que « Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie ». Quand j’entendais ces paroles, j’étais troublé dans ma foi car ce qu’il affirmait était incompatible avec ma conviction musulmane. Ces propos étaient comme des flèches qui me perçaient l’âme. Ils finirent par m’ôter toute paix.
Comme les jours avançaient, un samedi soir, je me tenais seul dans ma chambre et je commençai à lever les yeux vers le ciel parce que ces paroles me tourmentaient. J’essayai d’imaginer la sphère divine. Je dis : « Dieu, je sais et je crois qu’il y a un Dieu au-delà de ce ciel. Je crois qu’il y a un Être qui a créé tout ce que je vois. Tu me connais et tu sais que j’ai peur d’aller en enfer. Ces paroles du pasteur me tourmentent. Alors Dieu, qui que tu sois, où que tu sois, je veux que tu te fasses connaître à moi. Je t’en supplie, si tu te tiens du côté des chrétiens, je veux le savoir. » Sur ces mots, je m’endormis. Le lendemain matin, je me levai et comme d’habitude, je partis à la recherche de mon secret chez les chrétiens. Ce jour-là, une missionnaire norvégienne était en visite dans cette église. À un moment donné, celui qui la traduisait dit : « Je te voyais dans la nuit, lorsque tu étais seul dans ta chambre. Tu te demandais si c’est réellement moi le chemin ; tu disais que tu avais peur de l’enfer ». Je sentis alors que Dieu était en train de me parler. En effet, personne ne m’avait vu ni entendu formuler ces pensées la veille. C’était la première fois de ma vie que j’avais l’assurance que Dieu me parlait. Je sentais une paix mêlée de joie et d’assurance m’envahir. Je me dis : « Voilà le secret que je cherchais. » J’entendis encore ces paroles : « Crois en moi et crois en Jésus-Christ. » À ces mots, j’eus l’impression de recevoir un coup de marteau sur la tête. Je me dis en sursautant : « Nous avons donc bien raison d’appeler les chrétiens des kaffres (c’est-à-dire des païens) ! » Comment cet homme blanc pouvait-il exiger que je croie en lui ? N’est-ce pas en Dieu seul qu’il faut croire ? Ses paroles le désignaient comme un incroyant. Alors toute ma paix disparut. Je quittai le culte profondément troublé.
Toute la journée, je bataillais. Une voix me disait : « Cette personne t’a vraiment parlé de la part de Dieu », mais une autre rétorquait : « Ces gens sont des païens, il ne faut plus les fréquenter ». La première voix me poussait à aller voir le pasteur et à lui raconter ce que j’avais vécu ce matin-là ; la seconde voix m’assurait : « C’est parce que tu les côtoies que tu te mets à croire ces bêtises ». Vers 20 h, je me résolus à rendre visite au pasteur et à lui raconter ce qui m’était arrivé. « Djibril, me dit-il, Dieu t’aime vraiment. » Et il m’expliqua qu’aujourd’hui, Dieu ne descend pas en personne pour s’entretenir de vive voix avec les hommes, mais qu’il se sert des chrétiens pour témoigner de lui. L’invitation à croire en Christ lancée par le prédicateur est aussi, à maintes reprises, adressée à tout lecteur de l’Écriture sainte. Pendant les explications du pasteur, la joie que j’avais ressentie le matin revenait en moi et je fus satisfait : j’avais découvert le secret tant cherché ! Je demandai alors à Dieu de me pardonner mon péché et de me purifier de beaucoup d’habitudes néfastes, telles le mensonge, la cigarette, l’immoralité sexuelle, etc. Après quelques mois, je me rendis compte que Dieu avait pris ma vie en mains et que j’abandonnais ces habitudes sans aucun effort. Je reconnus que Jésus-Christ était réellement devenu mon Sauveur et Seigneur personnel.
Une étude du texte de 1 Corinthiens 15.1-19
Différentes conceptions de l’Évangile
Plusieurs ont fait observer que dans le monde occidental, l’Église passe par une phase de fragmentation notoire. Cette division touche jusqu’à notre compréhension de l’Évangile.
a. Certains chrétiens estiment que l’Évangile est un ensemble étriqué d’enseignements concernant Jésus, sa mort et sa résurrection ; ceux qui y croient entrent dans le royaume. Ensuite, débutent pour eux la formation du disciple et le processus de transformation personnelle. Mais, pour les adeptes de cette conception de l’Évangile, ces deux œuvres n’en font pas intégralement partie. Une telle compréhension de l’Évangile est très éloignée de celle du N.T. : l’Évangile, en réalité, couvre un champ très large ; il prend le chrétien dans son passé de perdition et de séparation de Dieu, le conduit par le chemin de la conversion et de la vie de disciple jusqu’à la consommation finale, le corps de résurrection, les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Plus généralement, l’Évangile est la bonne nouvelle à propos de ce que Dieu a fait, d’abord en Christ, et avant tout dans la mort, la résurrection, l’ascension et la session de Christ et tout ce qui découle de ce sacrifice et de cette glorification. C’est pourquoi nous le prêchons et le proclamons : c’est ce qu’il faut faire avec une bonne nouvelle !
b. Pour d’autres, l’Évangile se résume aux deux premiers commandements : aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même. Ces commandements sont tellement centraux que, pour Jésus lui-même, la loi et les prophètes en dépendent (Mat 22.34-40). Mais, nous affirmons avec force, que l’Évangile ne saurait se réduire à ces deux commandements.
c. Un troisième courant de pensée assimile l’Évangile à l’enseignement éthique de Jésus contenu dans les Évangiles, en le séparant des récits de la mort et de la résurrection de Jésus. Cette approche se fonde sur deux erreurs. Premièrement, on ne peut correctement comprendre l’enseignement de Jésus, si on ne discerne pas comment il converge vers sa mort et sa résurrection. C’est l’ensemble (enseignements, mort et résurrection) qui forme l’Évangile unique de Jésus-Christ auquel les Évangiles canoniques rendent témoignage. La seconde erreur de ce courant de pensée éthique est de diriger l’attention vers l’enseignement de Jésus tout en repoussant la croix à la périphérie, réduisant la glorieuse Bonne Nouvelle à une simple religion, la joie du pardon à un simple conformisme éthique, les motivations les plus nobles d’obéissance à un simple devoir. Le résultat de cette conception est désastreux.
d. Mais la tendance la plus courante de nos jours est peut-être d’accepter l’Évangile, tout en déployant beaucoup d’énergie et de passion créatives pour développer d’autres thèmes : le mariage, le bonheur, la prospérité, l’évangélisation, les pauvres, la lutte contre l’islam, la lutte contre la sécularisation galopante, la bioéthique, les dangers à gauche, les dangers à droite… – la liste est infinie. C’est ignorer que nos auditeurs sont inévitablement attirés par ce qui nous passionne le plus. Il est peu probable que mes étudiants apprennent tout ce que je leur enseigne ; ils sont naturellement plus enclins à apprendre ce qui m’enthousiasme le plus. Si nous acceptons l’Évangile sans conviction, alors que des sujets périphériques enflamment notre passion, nous formerons une génération qui minimisera l’Évangile et manifestera du zèle pour ce qui est périphérique. Il est facile de sembler prophétique en se positionnant en marge ; la nécessité urgente est d’être prophétique à partir du point central, l’Évangile. Et, si on réfléchit sérieusement à l’Évangile et si celui-ci reste au centre de notre préoccupation et de notre vie, nous constatons qu’il aborde aussi de façon pertinente toutes les autres questions.
L’Évangile condensé en huit mots
À partir de 1 Corinthiens 15.1-19, je vais m’efforcer de résumer l’Évangile par huit mots. Paul, dans ces versets, veut s’entretenir de « l’Évangile » : « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé […] par lequel [l’Évangile] aussi vous êtes sauvés, si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé » (v. 2). Ce que Paul avait annoncé passait « avant tout » ou était « de première importance » (v. 3, Semeur). C’est une façon efficace d’attirer l’attention de ses lecteurs, car ce qu’il va dire au sujet de l’Évangile en occupe la partie centrale.
1. L’Évangile est christologique
Le premier mot du résumé de Paul est « Christ » : « Je vous ai transmis, avant tout, ce que j’avais aussi reçu : Christ est mort pour nos péchés. » L’Évangile n’est pas du théisme insipide, et encore moins du panthéisme impersonnel ; il est irrémédiablement centré sur Christ. L’ensemble du N.T. et particulièrement les livres les plus importants, soulignent cette vérité : il est Christ, Emmanuel, Dieu avec nous, le roi davidique qui instaure le royaume de Dieu (Matthieu). Lui seul est le chemin, la vérité et la vie (Jean). Il n’existe aucun autre nom que Jésus pour être sauvés (Actes). Jésus est celui qui, selon le bon vouloir de Dieu, apaise la colère divine et réconcilie Juifs et non-Juifs avec son Père céleste, et, par la même occasion, les uns avec les autres (Romains, Galates, Éphésiens). Il est à la fois l’agneau et le lion, seul habilité à faire ainsi aboutir les desseins divins de jugement et de bénédiction (Apocalypse). John Stott a raison : « L’Évangile n’est pas prêché si Christ ne l’est pas. »
Cette position christologique ne se focalise pas seulement sur la personne de Christ ; elle englobe avec le même élan sa mort et sa résurrection. Dans ce que Paul considère comme de première importance, il y a le fait que « Christ est mort pour nos péchés » (15.3). Un peu plus tôt dans cette même lettre, Paul ne dit pas à ses lecteurs : « Je n’ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon Jésus-Christ », mais : « Je n’ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Cor 2.2). De plus, au chapitre 15, Paul lie la mort de Jésus à sa résurrection.
En d’autres termes, il ne suffit pas de monter en épingle la fête de Noël et d’atténuer Vendredi Saint et Pâques. En déclarant que l’Évangile est christologique comme un fait d’importance primordiale, il est clair que nous ne considérons pas Christ comme un homme quelconque, ni même comme le Dieu-homme qui vient nous aider, une sorte d’agent d’assurance – un « très brave Dieu-homme » qui, quand on fait des erreurs, vient réparer. L’Évangile est christologique dans un sens beaucoup plus fort : Jésus est le Messie promis qui est mort et ressuscité.
2. L’Évangile est théologique
C’est une façon raccourcie d’affirmer deux choses :
a. Comme 1 Corinthiens 15 le répète constamment, Dieu a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts (v. 15). D’une façon plus générale, le N.T. insiste sur le fait que Dieu a envoyé son Fils dans le monde, et que le Fils a obéi en allant jusqu’à la croix, parce que c’était la volonté de son Père. Il est vain de vouloir opposer la mission du Fils au dessein souverain du Père. Si l’Évangile est foncièrement christologique, il n’en est pas moins foncièrement théologique.
b. Le texte ne dit pas simplement que Christ est mort et qu’il est ressuscité ; il précise que c’est « pour nos péchés ». La croix et la résurrection sont des événements et historiques et théologiques.
Nous ne pouvons saisir la force de cette affirmation que si nous nous rappelons comment le péché et la mort sont liés à Dieu dans l’Écriture. Ces derniers temps, il est courant de résumer l’histoire biblique ainsi : « Depuis la chute, Dieu s’efforce d’inverser les effets du péché. Il prend des mesures pour en limiter les dégâts ; il appelle une nouvelle nation, les Israélites, pour communiquer son enseignement et sa grâce aux autres peuples ; il promet d’envoyer un jour le roi davidique annoncé pour triompher du péché et de la mort et de leurs misérables effets. C’est ce que Jésus accomplit : il vainc la mort, inaugure un royaume de justice et appelle ses disciples à vivre selon cette justice dans la perspective de l’aboutissement futur. » Une grande partie de cette présentation historique linéaire du salut est évidemment vraie. Mais elle est tellement réductrice qu’elle introduit une distorsion majeure. Elle fusionne la rébellion humaine, la colère de Dieu et tous les désastres qui leur sont liés en un seul bloc, celui de la dégradation de la vie humaine, mais en dépersonnalisant le courroux divin. Elle omet de dire que depuis le commencement, le péché est une offense contre Dieu. C’est le Seigneur qui, dès le début, prononce la sentence de mort (Gen 2–3). Ce n’est pas à proprement parler une surprise puisque Dieu est la source de toute vie ; si donc ceux qui portent son image lui crachent au visage, tiennent absolument à suivre leurs propres voies et devenir leurs propres idoles, ils se coupent de leur Créateur, de celui qui donne la vie. Que reste-t-il alors, sinon la mort ?
Par ailleurs, lorsque nous péchons sous quelque forme que ce soit, c’est invariablement Dieu que nous offensons le plus. L’expérience de David le prouve clairement : après avoir péché en séduisant Bath-Chéba et en faisant mourir son mari, le roi, profondément contrit, s’adresse à Dieu : « J’ai péché contre toi, contre toi seul, et j’ai fait le mal à tes yeux. » (Ps 51.6) D’un certain point de vue, c’est faux. Après tout, David a également péché contre Bath-Chéba. Il a terriblement fauté contre son mari. Il a péché contre l’officier en le corrompant, il a péché contre sa propre famille, contre le bébé dans le sein de Bath-Chéba, contre la nation dans son ensemble qui attendait que son roi agisse avec intégrité. En fait, il est difficile d’imaginer une seule personne contre laquelle David n’aurait pas péché ! Or le roi déclare : « J’ai péché contre toi seul. » Dans le sens le plus profond, c’est parfaitement vrai. Ce qui fait que le péché est péché, ce qui le rend si abject, ce qui lui confère son caractère si horriblement abominable, c’est qu’il est dirigé contre Dieu. Chaque fois que nous péchons, c’est Dieu qui est le plus offensé. C’est pourquoi nous devons implorer son pardon, sinon que nous reste-t-il ?
Le Dieu que la Bible décrit comme décidé à intervenir et à sauver est aussi le Dieu présenté comme rempli de colère à cause de notre idolâtrie persistante. Il intervient autant en tant que Sauveur qu’en tant que Juge au-dessus de nous, un Juge offensé animé d’une terrible jalousie. Seule la grâce de Dieu nous sauve à la fois des péchés et de leur conséquence autrement inévitable, à savoir la colère à venir (Mat 7.23 ; Act 17.31 ; 24.25 ; Rom 1.18 ; 1 Thes 1.10).
Le lien entre les thèmes – Dieu, péché, colère, mort, jugement – est ce qui rend les paroles simples de 1 Corinthiens 15.3 si profondément théologiques : c’est un thème « de première importance » que « Jésus est mort pour nos péchés » (cf. Rom 4.25 ; Gal 1.4 ; 1 Pi 3.18).
Comme le dit Paul ici, par cet Évangile « vous êtes sauvés » (v. 2). Être sauvé des péchés, ce n’est pas seulement être délivré de leur pouvoir asservissant, mais également de leurs conséquences, lesquelles sont intimement liées à la sentence solennelle de Dieu, à sa sainte colère.
3. L’Évangile est biblique
« Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures. » (1 Cor 15.3-4) Paul ne dit pas à quels textes précis de l’Écriture il fait référence. Peut-être pensait-il à des textes comme le Psaume 16 et Ésaïe 53, que Pierre a utilisés le jour de la Pentecôte, ou au Psaume 2 que lui-même cite à Antioche de Pisidie. Plus haut, Paul dit que « Christ, notre Pâque, a été immolé » (1 Cor 5.7). L’auteur de la lettre aux Hébreux soulignera élégamment comment certains éléments des Écritures de l’A.T., passés au crible de l’histoire du salut, annoncent l’obsolescence de l’Ancienne Alliance et son remplacement par la nouvelle avec son meilleur tabernacle, son meilleur sacerdoce et son meilleur sacrifice.
L’apôtre ancre ainsi l’Évangile dans les Écritures, ce que, bien entendu, nous appelons l’A.T., et dans le témoignage des apôtres, notre N.T.
4. L’Évangile est apostolique
Certes, Paul insiste avec bonheur sur le fait qu’il y avait plus de cinq cents témoins oculaires de la résurrection du Seigneur Jésus. Néanmoins, il attire plusieurs fois l’attention sur les autres apôtres : Jésus « a été vu par Céphas, puis par les douze » (v. 5) ; « ensuite, il a été vu par Jacques, puis par tous les apôtres… il s’est fait voir à moi… le moindre des apôtres » (v. 7-9). Notez bien ensuite la séquence des pronoms personnels au verset 11 : « Ainsi donc, que ce soit moi, que ce soient eux, voilà ce que nous prêchons, et c’est ce que vous avez cru. » La succession des pronoms (moi, eux, nous, vous) devient un puissant moyen de relier le témoignage et l’enseignement des apôtres à la foi de tous les chrétiens des siècles suivants.
5. L’Évangile est historique
a. 1 Corinthiens 15 mentionne l’ensevelissement et la résurrection de Jésus. L’ensevelissement atteste la mort de Jésus puisque (normalement !) nous n’enterrons que les morts ; et les apparitions témoignent de sa résurrection. Sa mort et sa résurrection sont liées historiquement. Celui qui a été crucifié est aussi celui qui est ressuscité ; son corps qui sortit du tombeau possédait les marques des plaies du corps qui y avait été déposé, comme Thomas voulut s’en assurer. La résurrection eut lieu le troisième jour, elle est datée par rapport au décès.
Toute approche, que ce soit en théologie ou dans l’évangélisation, qui tente d’opposer la mort de Jésus à sa résurrection est insensée. Il se peut qu’on ait occasionnellement besoin de souligner davantage l’une que l’autre pour combattre certaines idées fausses ou répondre à certains besoins particuliers, mais il est impossible de sacrifier l’une à l’autre, de séparer l’une de l’autre.
b. Notre accès aux événements de la mort, de l’ensevelissement et de la résurrection de Jésus est le même que pour tout autre événement historique : par le témoignage et les écrits de tous ceux qui étaient présents. C’est pourquoi Paul énumère ces témoins, et indique que beaucoup d’entre eux étaient encore en vie au moment où il écrivait sa lettre ; on pouvait les consulter et s’assurer de la véracité et de la fiabilité des propos de l’apôtre. Par la grâce de Dieu, la Bible est, entre autres choses, un compte-rendu écrit de ces premiers témoins.
c. Contrairement aux autres religions, les affirmations chrétiennes centrales sont irréductiblement historiques, contrairement au bouddhisme, à l’hindouisme et même à l’islam.
Jésus est la seule révélation possible de Dieu, entrée dans l’Histoire par l’incarnation (1 Jean 1.1-2). Pour l’apôtre Paul, nier la résurrection historique de Christ aurait des conséquences tragiques : « Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine » (1 Cor 15.17). En d’autres termes, ce qui valide la foi est la véracité de son objet ; dans ce cas, c’est la résurrection de Jésus. Si Jésus n’est pas ressuscité, vous pouvez croire, mais votre foi n’en est pas moins vaine et vous êtes parmi « les plus malheureux de tous les hommes » (v. 19).
d. Dans la pensée moderne, le mot « historique » ne s’applique souvent qu’aux événements ayant des causes et des effets entièrement situés dans une séquence d’événements ordinaire, « naturelle ». La résurrection de Jésus n’est donc pas « historique », car cette définition du mot « historique » exclut le miraculeux, l’intervention spectaculaire de la puissance divine. Il vaut infiniment mieux considérer comme historique tout événement qui se produit dans le continuum espace-temps – qu’il résulte de causes ordinaires ou surnaturelles.
Dans ce sens, la résurrection est historique : elle se situe dans l’Histoire, même si elle a pour cause le pouvoir spectaculaire de Dieu qui a ressuscité l’homme Christ Jésus d’entre les morts et lui a donné un corps de résurrection qui présentait une authentique continuité avec celui qui fut déposé dans le tombeau. On pouvait voir, toucher, manipuler ce corps de résurrection ; Jésus, dans ce corps pouvait manger de la nourriture ordinaire. Toutefois, il pouvait également apparaître soudainement dans une pièce verrouillée, un corps que Paul a du mal à décrire, l’appelant finalement corps spirituel ou corps céleste (v. 35-44).
6. L’Évangile est personnel
La mort et la résurrection de Jésus ne sont pas seulement des événements historiques ; l’Évangile n’est pas simplement théologique au sens où il touche à un certain nombre de concepts théologiques. Il indique la voie du salut individuel et personnel. « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes, et par lequel aussi vous êtes sauvés » (1 Cor 15.1-2). Un Évangile historique qui ne serait ni personnel ni puissant serait une antiquité ; un Évangile théologique qui n’est pas reçu par la foi et ne transforme pas la vie est pure abstraction.
7. L’Évangile est universel
Dans la suite de 1 Corinthiens 15, Paul démontre que Christ est le nouvel Adam (v. 22, 47-50). La nouvelle humanité en lui comprend des gens de toute langue, de toute tribu, de tout peuple et de toute nation. Dans ce sens, l’Évangile est universel. Il ne l’est pas au sens où il transformerait et sauverait tout le monde sans exception, car ceux dont l’existence se rattache exclusivement au premier Adam ne sont pas inclus dans le second Adam. Mais, cet Évangile est merveilleusement universel dans l’étendue de son appel. Il ne comporte aucune trace de racisme.
8. L’Évangile est eschatologique
Certains des bienfaits que les chrétiens reçoivent aujourd’hui sont des bénédictions essentiellement eschatologiques, qui appartiennent à la fin, même si elles anticipent ce temps et sont déjà nôtres. Dieu déclare déjà maintenant justifié le peuple qu’il a acquis par le sang de son Fils et régénéré par son Esprit : le verdict final de la fin des temps a déjà été prononcé sur le peuple de Christ en raison de ce que Jésus a accompli.
L’Évangile est aussi eschatologique dans un autre sens. Il ne suffit pas de se contenter des bénédictions dont les chrétiens bénéficient dans le temps présent : il y en a bien davantage à venir ! Paul l’évoque à la fin du chapitre (v. 50-54) : l’Évangile nous prépare pour les nouveaux cieux et la nouvelle terre dans un corps de résurrection.
Cinq propositions simples
1. Cet Évangile est normalement diffusé par la proclamation
Cet Évangile, répète Paul, je vous l’ai « annoncé » (15.1,2), « prêché » (15.11). Examinez chaque référence au mot « Évangile » et vous verrez combien de fois cette bonne nouvelle de Jésus-Christ a été répandue par la proclamation, par la prédication (cf. 1.21). La bonne nouvelle doit être annoncée, proclamée, expliquée ; Dieu lui-même visite et revisite les êtres humains par sa Parole.
2. Cet Évangile se reçoit efficacement par une foi authentique et persévérante
Paul écrit : « Voilà ce que nous prêchons, et c’est ce que vous avez cru » (15.11). Au début de ce chapitre, il dit aux Corinthiens : « Je vous rappelle, frères, l’Évangile… par lequel aussi vous êtes sauvés, si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain » (v. 1-2). Autrement dit, il fallait que leur foi dans la parole que Paul prêchait soit de nature persévérante (voir aussi Col 1.22-23).
3. Cet Évangile se dévoile à celui qui s’humilie
Lorsqu’il est bien compris et reçu dans une foi persévérante, les gens y répondent comme l’apôtre l’a fait. Le Christ ressuscité lui est apparu à lui en dernier (15.8). Mais loin d’être une source d’orgueil, la dernière apparition du ressuscité fait naître chez Paul le sentiment de son indignité : « Car je suis, moi, le moindre des apôtres, je ne mérite pas d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu. Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis » (15.9-10). Même si, à la suite de sa conversion, Paul peut affirmer avoir travaillé plus dur que les autres apôtres, il ajoute que cela ne fut possible que parce que la grâce de Dieu agissait avec lui.
Humilité, gratitude, dépendance de Christ, contrition, telles sont les attitudes caractéristiques de celui qui s’est vraiment converti, la matrice dans laquelle les chrétiens font l’expérience de la joie et de l’amour. Lorsque l’Évangile fait son œuvre, l’expression « chrétien orgueilleux » est une contradiction dans les termes ; elle est impensable car l’Évangile ne se fait vraiment connaître qu’à celui qui s’humilie personnellement.
4. Cet Évangile se présente comme la confession centrale de toute l’Église
Paul rappelle plusieurs fois à ses destinataires que l’église de Corinthe n’est pas la seule église ; bien d’autres églises partagent les mêmes doctrines et les mêmes pratiques si bien que l’indépendance des Corinthiens, loin d’être une vertu, prouve tout simplement qu’ils sont sur une mauvaise voie (cf. 4.17 ; 7.17 ; 11.16 ; 14.34). Même si l’on ne trouve pas de formule explicite semblable en 1 Corinthiens 15, l’apôtre fait fréquemment allusion à ce qu’il prêche partout, et non seulement à Corinthe. Les tournures neutres, « si l’on prêche » (v. 12), donnent l’impression qu’il s’agit du contenu habituel, non d’une prédication propre à l’église de Corinthe.
Certes, ce que « toute l’Église » ou « toutes les églises » font n’est pas forcément juste. Interrogez Athanase ou Luther. Il faut tout passer au crible de l’Écriture. De plus, il faut malheureusement reconnaître qu’une sorte de traditionalisme se perpétue dans l’Église ; elle préserve la forme au détriment de l’authenticité et de la puissance. Il ne semble cependant pas que ce fut le cas à Corinthe. Corinthe se pose en église qui prône des innovations continuelles qui, parfois, vont à l’encontre des pratiques et des doctrines d’autres églises en mettant tranquillement de côté les instructions de l’apôtre. Méfions-nous des églises qui se vantent d’être différentes de celles qui les ont précédées.
5. Cet Évangile progresse hardiment sous le règne contesté et la victoire inévitable de Jésus le roi
De ce côté-ci de la mort et de la résurrection de Jésus, celui-ci est l’agent exclusif de la souveraineté de Dieu : tout pouvoir lui a été donné (Mat 28.20) ; il a reçu « le nom qui est au-dessus de tout nom » (Phil 2. 9-11). Ici, Christ doit régner « jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds » (15.25). Cela présuppose que son règne est contesté, mais qu’il progresse, au fur et à mesure que Jésus bâtit son Église par l’Évangile (Mat 16.18). Un jour, le dernier ennemi, la mort, sera anéanti, et le règne provisoire de Christ prendra fin. Dieu sera tout en tous (15.28).
Il est temps de faire le point…
Ce résumé de l’Évangile – huit mots pour le définir et cinq propositions pour le clarifier, tous pris dans un seul chapitre du N.T. – débouche sur un résultat surprenant : la nature cognitive de l’Évangile qu’il faut comprendre, croire et à quoi il faut obéir.
Mais cet Évangile ne reste jamais une simple question de connaissances et de savoir, comme le démontre toute cette Épître. Un christianisme qui ne produit pas des croyants patients et bons, mais des gens particulièrement jaloux, fiers et vantards, impitoyables, qui se mettent facilement en colère et gardent le souvenir des torts subis, n’est pas un christianisme du tout. Paul a jugé nécessaire de souligner les effets de l’Évangile dans tous les domaines de la vie des Corinthiens (cf. le reste de cette Épître). Faisons de même aujourd’hui.
Où est l’épanouissement humain qui jaillit de l’Évangile de la grâce ? Où sont ces porteurs de l’image divine, heureux d’être justifiés devant Dieu sur la base de ce que Christ a accompli, puissamment régénérés pour répondre par la foi, l’obéissance, la joie et la gratitude ? Les conventions et les attentes du monde sont subtiles et asservissantes. Il faut que l’Évangile se traduise dans la vie des croyants et soit mis en évidence dans la vie de l’Église pour entraîner leur affranchissement des chaînes de l’idolâtrie, trop subtile pour être nommée et trop enivrante pour s’en défaire, en dehors du message puissant de la croix. Prêchons, enseignons et traduisons dans nos églises le glorieux Évangile de notre précieux Rédempteur.
« Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, progressez toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur. » (15.58)
LA MISSION DE L’ÉGLISE
Au cours des dernières décennies, au sein de la chrétienté, certains ont beaucoup insisté sur la mission de l’Église, au point de dire : « l’Église, c’est la mission », ou « l’être-même de l’Église consiste en sa mission ». Cette thèse, bien que sympathique au premier abord comme elle met l’accent sur l’ordre missionnaire, est cependant fortement critiquée en raison de cette façon de confondre l’Église et la mission. L’Église a une mission, et c’est un point d’importance primordiale, mais on ne peut pas dire que l’Église est la mission.
Le piège est que, si « l’Église est la mission », nous mettons l’accent sur la tâche que nous avons à accomplir. Nous oublions alors que c’est l’œuvre de Dieu en notre faveur qui compte premièrement. L’Église est le fruit de ce que nous n’avons pas fait, mais que Dieu a accompli en Jésus-Christ.
Il faut donc considérer l’Église comme le résultat de l’œuvre de Dieu, c’est-à-dire son peuple racheté. Et dire ensuite que ce « résultat » de l’œuvre de Dieu, que nous sommes, reçoit de lui un mandat, un ordre ou une mission à accomplir. Cette mission de l’Église est d’ailleurs une grâce supplémentaire, car, ainsi, Dieu nous associe à son œuvre. La première mission a été celle de Dieu : Dieu le Fils, puis Dieu le Saint-Esprit a été envoyé, et c’est ainsi que nous sommes devenus le peuple de Dieu. La mission de l’Église est seconde, lorsque Dieu nous accorde d’œuvrer à notre tour avec l’aide de son Esprit pour réaliser ses plans.
Lorsque nous parlons de « mission », nous entendons toute la tâche qui nous est confiée, sans forcément impliquer un déplacement local ou lointain, qui conduirait à traverser les mers. Chacun est « envoyé » là où il vit : au bureau, dans l’école qu’il fréquente.
On peut distinguer deux volets principaux de la mission de l’Église dans le monde. Ils sont bien résumés par les deux images que le Seigneur utilise dans les paroles du Sermon sur la Montagne (Mat 5.13-16) : « Vous êtes le sel de la terre » ; « Vous êtes la lumière du monde. »
1. Vous êtes le sel de la terre
Comment comprendre cette image ? Pour nous, le sel évoque sans doute essentiellement le condiment ajouté aux aliments et qui donne soif. Mais ce n’est sans doute pas ce rôle du sel qui est en cause dans la parole de Jésus. Que le sel donne soif n’est indiqué nulle part dans la Bible, et le rôle d’assaisonnement n’est en cause qu’une ou deux fois seulement. Le sel avait pour rôle principal la conservation des aliments pour éviter leur pourrissement.
« Vous êtes le sel de la terre » veut dire : « Vous êtes mêlés à la pâte de ce monde humain pour en freiner le processus de corruption. Vous êtes là pour que le monde ne grouille pas trop vite de tous les vers démoniaques qui corrompent la masse humaine, pour qu’il subsiste encore un reste de vie à peu près saine pendant le temps où le plan de Dieu se déroule. C’est vous qui, sur la terre, devez empêcher la progression du mal, et devez promouvoir le bien. »
Les chrétiens sont dans la cité terrestre, dans la société qui elle-même n’est pas chrétienne, en mission en faveur du bien, comme continuant la guerre de Dieu contre le mal. En Jérémie 29, le prophète parle au nom de Dieu aux exilés de son peuple qui sont en Babylonie et dit au verset 7 : « Recherchez la paix de la ville où je vous ai exilés et intercédez pour elle auprès du Seigneur, car votre paix dépendra de la sienne. » Ce mot paix (shalom) suggère aussi la prospérité, la bonne santé. La situation des chrétiens, dans le monde aujourd’hui, est assez semblable. En effet, ce verset ne s’adresse pas à Israël dans son pays, avec un état spécialement construit par le Seigneur. Il est donné aux Judéens, membres du peuple de Dieu, au cœur d’une société païenne. Or, nous sommes le peuple de Dieu dans une société païenne, et le Seigneur nous dit : « Recherchez la paix, la prospérité de cette société même. » C’est le rôle de « sel de la terre ».
Une dualité avec ses deux pôles affecte cette mission quant à la cité où nous nous trouvons. Car nous sommes en relation avec nos prochains de deux façons : les relations courtes et les relations longues.
Nous sommes engagés dans des relations interpersonnelles, de prochain à prochain (relations courtes). C’est par exemple, le Samaritain qui, voyant l’homme qui gît au bord de la route, s’arrête, le prend en charge, panse ses plaies et le conduit à l’auberge. L’amour du prochain s’exprime là de manière immédiate. Cette relation courte au prochain, pour laquelle nous sommes appelés à faire les œuvres qui glorifieront notre Seigneur et être ainsi sel de la terre, se prolonge dans les œuvres caritatives qui expriment la charité pour le prochain.
Mais notre relation avec ce prochain se réalise aussi dans la vie de la société entière, dans le cadre de toutes les structures qui déterminent notre façon de vivre : ce sont les relations longues, indirectes à bien des égards. Elle s’exprimera, par exemple, en favorisant une politique anti-chômage, en votant une loi en faveur des exclus.
2. Vous êtes la lumière du monde
Jésus l’a d’abord dit de lui-même : « Je suis la lumière du monde » (Jean 8.12). Recevoir cette affirmation première est, pour nous, à la fois « sainement humiliant » et soulageant. Car entendre : « Vous êtes la lumière du monde » pourrait nous enorgueillir ou à l’inverse nous écraser. Jésus est la lumière du monde et nous le sommes en lui, par lui et dans la mesure où nous le présentons.
Il s’agit là du rôle de l’évangélisation qui échoit aux chrétiens dans le monde : « Faites de toutes les nations des disciples ». C’est la mission de l’Église, des chrétiens, de communiquer la Bonne Nouvelle : Jésus a porté nos péchés qui peuvent être maintenant effacés si nous nous tournons vers lui ; il a triomphé du péché et de la mort, il est vivant aux siècles des siècles, il nous communique sa vie. Communiquer cette nouvelle avec un effort de persuasion, et l’espoir que ceux qui l’entendront mettront en Jésus leur confiance pour être sauvés pour l’éternité : voilà ce qui fait la mission de « lumière du monde ».
Cette mission de l’Église est remplie, sous divers aspects et de manière plus ou moins explicite, lors de réunions ou de simples conversations de un à un. Bien que le ministère spécial d’évangéliste (avec ses dons spéciaux) ne soit pas donné à tous (attention au « matraquage » !), elle est la mission de tous les chrétiens. Nous devons tous être « comme des flambeaux dans le monde au milieu d’une génération perverse, portant la Parole de vie » (Phil 2.15s). Comment le serons-nous, dans les ténèbres de tous les mensonges de publicité et autres propagandes ? C’est en portant la Parole de Vie. Nous sommes les témoins du Seigneur, nous qui l’avons rencontré. Nous avons reçu la Bonne Nouvelle, nous pouvons donc en faire état auprès de ceux que Dieu met sur notre route.
3. Les rapports entre « sel » et « lumière »
Il y a une distinction irréductible entre la responsabilité comme « sel » dans la cité terrestre et celle d’évangéliser comme « lumière du monde ». Cette distinction ne doit pas être effacée, ni les deux missions confondues.
La mission d’être « sel » correspond à l’œuvre de création de Dieu et à son maintien. Dieu a construit le grand bâtiment du monde et le maintient. Il assure que ses lois continuent d’opérer en dépit des souillures et des dégâts causés par le péché des hommes. Il fait en sorte que ce monde subsiste encore. La fonction de « sel de la terre » qu’il nous attribue s’insère dans cette œuvre. Le monde est certainement soumis à l’influence du Malin, mais il reste malgré tout la création de Dieu. La fonction de sel se rapporte donc à l’œuvre de création et à son prolongement.
La fonction de « lumière du monde », quant à elle, se rapporte à la rédemption. Elle concerne l’œuvre du salut, la nouvelle création. C’est une œuvre nouvelle que Dieu accomplit par rapport à la première création et à son maintien, et le témoignage que nous donnons est rendu à cette nouveauté que Dieu opère.
Nous réduisons la mission au seul « sel de la terre » lorsque ce qui nous importe est uniquement l’expression de l’amour du prochain, par un zèle actif, direct ou indirect. C’est la tendance du christianisme social. Réciproquement, nous ne pouvons pas nous contenter de vouloir être uniquement « lumière du monde », en disant que seul compte le salut éternel, et sans nous sentir responsables d’une cité livrée à Satan. La Parole de Dieu est claire : « Recherchez la paix, la prospérité de cette cité païenne. »
L’amour du prochain nous conduit à remplir la mission sur ces deux plans. Si nous réduisons notre service du prochain au soin de ses besoins physiques et temporels, nous le frustrons de ce qui compte suprêmement. Nous lui refusons la chance de l’éternité : ce n’est pas de l’amour ! Mais il n’est pas question non plus de tout réduire à l’évangélisation : à l’exemple du bon Samaritain, si l’on aime véritablement son prochain, si l’on n’est pas simplement en train de se déculpabiliser soi-même en se disant : « Il faut que je témoigne », on va aussi prendre soin de lui dans ses besoins immédiats, selon sa souffrance. On s’intéressera alors aussi aux questions indirectes.
Nous avons ainsi le modèle de la double citoyenneté. En tant que chrétiens nous sommes d’abord citoyens de la Jérusalem céleste, et comme une « colonie » de la Jérusalem céleste sur la terre (Gal 4). Mais nous restons aussi citoyens de la cité terrestre. L’apôtre Paul a bien montré que le fait d’être citoyen du ciel n’avait pas aboli sa citoyenneté romaine, avec ses droits et ses devoirs.
Les deux volets de la mission sont donc liés l’un à l’autre. Il ne faut pas séparer le rôle de « sel » du rôle de « lumière ». Lorsque nous jouons notre rôle de sel de la terre, nous accréditons le message du témoignage à Jésus-Christ. Nous contenter de parler, ne pas prendre nos responsabilités, ou afficher une indifférence totale à la vie de ceux qui nous entourent, c’est décrédibiliser le message que nous portons et donner une image de fanatique aux idées bizarres. C’est lorsque les œuvres des chrétiens attirent l’attention par leur qualité que ceux qui nous entourent peuvent s’intéresser au témoignage qui est rendu. Les deux volets sont inéluctablement liés.
Réciproquement, cette activité dans la cité terrestre qui nous est confiée n’a de sens que par rapport au projet rédempteur de Dieu. Dieu maintient encore le vieux monde parce qu’il est le théâtre et l’objet du travail de reconstruction salutaire qu’il accomplit. Notre action de sel de la terre serait complètement dilapidée si ce n’était pas dans la perspective de la rédemption, et du salut par Jésus-Christ du plus grand nombre possible.
Y a-t-il une prééminence entre ces deux volets ? Le sujet a été assez vivement débattu. Il a même abouti à des querelles. Le débat a particulièrement animé les évangéliques qui avaient mis l’accent sur la responsabilité du chrétien dans la cité, tout en maintenant la mission de témoignage et d’évangélisation. Nous pouvons considérer que la prééminence demeure à la mission d’évangéliser. L’éternité l’emporte sur le temps. C’est le sens de la mission même de Jésus-Christ sur la terre. La mission de l’Église dans le monde est de porter la parole de la vie éternelle, et qu’un grand nombre la reçoive. Il ne faut pas que cela conduise à éliminer les autres responsabilités, mais il y a quand même une hiérarchie.
4. De quelle manière accomplir cette double mission ?
Pour notre action en faveur du prochain et dans la cité terrestre, quel modèle suivre, quelles orientations choisir, qu’essayer d’obtenir ?
Dans les relations directes personnelles : ce sont l’honnêteté, la véracité, la compassion, l’assistance. C’est facile à comprendre, mais bien plus difficile à mettre en pratique, car cela contrarie notre égoïsme spontané !
Dans les relations indirectes, c’est plus difficile, car elles mettent en jeu les structures d’un monde perverti par le péché. Il s’agira donc, souvent, de moindre mal.
La bonne volonté et les bons sentiments ne suffisent pas. Nous ne pouvons nous contenter des apparences. Le Seigneur veut nous faire grandir en sagesse et en discernement. Nous devons donc les exercer : il faudrait, par exemple, des équipes de chrétiens évangéliques avec des compétences professionnelles, scientifiques sérieuses, qui dans une optique conforme à la Bible, traitent des questions délicates et difficiles comme la fiscalité, le chômage, etc.
Il y a un modèle très intéressant pour nous guider, mais qu’il faut malheureusement transposer : c’est le modèle de l’A.T. Lorsqu’il a donné sa loi à Moïse, notre Seigneur a donné une législation, des structures, des institutions à un peuple pécheur. L’A.T. le souligne très fortement : c’est un peuple « au cou raide », rétif, dont le cœur se détournait sans cesse vers le mal. Dieu lui a donné une constitution et une législation qui certainement étaient les meilleures dans sa situation de peuple pécheur et non de peuple idéal. Cela implique des compromis : Dieu a baissé la barre. Jésus l’a clairement affirmé à propos de la question du mariage et du divorce : l’idéal de Dieu, sa volonté pour l’homme, est la monogamie jusqu’à la mort. Au commencement, Dieu a défini le mariage par la formule : « Ils seront une seule chair », une seule entité qui ne doit pas être disjointe. Mais dans la loi de Moïse, à cause de la dureté du cœur des hommes dont Dieu tient compte lorsqu’il fait une loi, Dieu a permis le divorce. Le mal pouvait être pire à refuser tout divorce (ce qui serait idéal), à cause de la dureté du cœur. Cet exemple nous montre comment comprendre la législation de l’A.T. : elle n’est pas l’idéal de Dieu, mais un modèle pour une nation faite de pécheurs. Nous pouvons en tirer des leçons pour ce qui est souhaitable au plan de la législation, de la constitution, des institutions pour notre société pécheresse. La transposition est aussi nécessaire dans cet exemple, car cette nation terrestre avait été choisie comme le peuple de Dieu. Il y avait un régime spécial pour préparer la venue de Jésus-Christ, qui a ensuite été aboli. Actuellement, ce n’est plus une nation particulière qui est le peuple de Dieu, mais le peuple de Dieu est dispersé à travers toutes les nations.
5) Distinction entre les rôles individuels et le rôle de l’Église
Selon que les chrétiens soient dispersés dans les lieux de vie les plus divers, dans leurs professions, dans les institutions d’enseignement, ils ont une mission de sel de la terre. Il s’agit toujours de la mission de l’Église, mais l’Église comme disséminée dans le monde. Les chrétiens ont chacun leur mission propre, et il y a des vocations particulières. Certains sont appelés plus spécialement à un rôle très actif dans la cité.
Cependant, il ne faudrait pas séparer radicalement la mission des chrétiens dans le monde. Elle doit être portée et instruite par l’Église qui a la responsabilité de développer dans la communauté les perspectives bibliques qui aideront ensuite chaque chrétien, là où il doit vivre, là où il est envoyé, à discerner le rôle que le Seigneur lui confie et l’action qu’il peut entreprendre.
Il peut même arriver que dans des cas extrêmes, vraiment très rares, l’Église elle-même comme corps rassemblé doive prendre position : il y a des iniquités extrêmes pour lesquelles il est juste et bon que les Églises protestent (pour certaines formes de racisme évident, face au problème de l’avortement, etc.)
6. Les signes et prodiges
La question de l’accompagnement éventuel par les « signes et prodiges » mérite l’examen, à propos de la mission de « lumière du monde ». Certains chrétiens évangéliques estiment indispensable pour l’évangélisation qu’elle soit accompagnée de miracles, comme l’était la prédication des apôtres dans le livre des Actes ou le ministère de notre Seigneur Jésus lui-même, qui guérissait un très grand nombre de malades tout en prêchant la parole.
D’autres chrétiens évangéliques sont « cessationnistes » : les miracles ont cessé, car réservés au temps des apôtres pour prouver qu’ils étaient mandatés par le Seigneur. Cette thèse n’est pas convaincante. Le Seigneur a d’ailleurs accordé à notre Église, au fil de son histoire, un certain nombre de guérisons miraculeuses !
Cependant, l’Écriture suggère une liberté du Seigneur et une adaptation aux circonstances du nombre des signes et prodiges qu’il donne. Il est donc faux de dire que l’évangélisation doit être accompagnée de signes et de prodiges, et que ce serait une exigence biblique. C’est généralement dans les temps de « fondation » que Dieu permet qu’il s’en produise un grand nombre (on le voit dans l’A.T., mais aussi à certaines époques de l’histoire de l’Église : très souvent, au moment où l’Évangile s’implante dans une région nouvelle, Dieu accorde un grand nombre de signes et de miracles). Dans les moments de fondation, les signes et prodiges « accréditent » et « montrent » la Parole de Dieu ; ensuite, c’est à l’Église d’être le signe, en accréditant à son tour le message qu’elle apporte par la qualité de sa vie et de son activité.
Il ne faut donc pas se laisser fasciner par les signes et miracles. Jésus lui-même en a souffert : il a accompli des signes et des miracles pour montrer qu’il accomplissait les prophéties, mais en même temps, il frémissait en lui-même, affligé de ce que les gens voulaient des miracles. L’apôtre Paul, dans la 1re Épître aux Corinthiens, souligne que c’est le penchant des Juifs de chercher des miracles, et il oppose à ce penchant la puissance de la Parole.
7) La pluralité religieuse
De quelle manière affronter et rencontrer ce qui est devenu la situation courante autour de nous : la pluralité religieuse ? L’islam, le bouddhisme sont très présents en France. Beaucoup de nos contemporains réclament la tolérance, affirment que plusieurs chemins mènent à Dieu et que tous doivent être accueillis, que chacun voit Dieu comme il le pense : « Il n’y a pas de vérité absolue qui soit d’un côté ou de l’autre puisque toutes les religions sont bonnes et conduisent au Seigneur. » Que faire face à cette situation que nous rencontrons aujourd’hui ?
Ne pas lâcher ce qui est clair dans le N.T. : Jésus est le chemin. Il n’y a aucun autre nom par lequel les humains puissent être sauvés. « Nul ne vient au Père que par lui. » Nous sommes sensibles à la pression de l’opinion autour de nous, alors tenons bon et résistons en nous attachant à celui qui est la vérité !
Sachons que des nuances doivent être maintenues, et ne simplifions pas à l’excès. Rappelons-nous qu’il n’est pas nécessaire d’en savoir beaucoup sur Jésus pour pouvoir être sauvé par lui ; que les croyants de l’A.T. ont été sauvés par avance, par le moyen de Jésus-Christ, sans connaître beaucoup de lui. Dieu a sa manière de faire passer sa lumière par ses œuvres, par les expressions de sa grâce dans l’histoire humaine, mais aussi par des visions et révélations particulières qu’il peut donner. Ainsi, nous ne pouvons pas affirmer que les populations reculées qui n’ont pas été atteintes par des missionnaires sont perdues pour l’éternité, car Dieu a pu user de lumières pour les sauver par Jésus-Christ, sans qu’elles en sachent beaucoup.
Il nous faut prendre les gens là où ils sont pour cheminer avec eux : cela fait partie de la dimension d’amour du prochain qui doit demeurer première dans l’évangélisation. Il ne s’agit pas de leur asséner la vérité alors qu’ils ne sont pas encore prêts à l’entendre toute, ni de leur dire d’emblée qu’ils errent complètement et sont perdus. Mieux vaut mettre en lumière ce qui est unique dans le christianisme et que l’on ne trouve nulle part ailleurs : un salut qui est accompli, avant que nous fassions quoi que ce soit, qu’il faut simplement recevoir par le oui de la foi, dans la confiance.
8. Si le sel perd sa saveur…
Que signifie l’éventualité que le sel perde sa saveur et devienne fade ? C’est une manière de souligner la différence chrétienne. Il s’agit pour nous d’être mêlés à la pâte humaine, mais différents. Nous n’avons pas à nous retirer ou à nous retrancher dans notre « ghetto évangélique », ni dans un monastère quelconque. Il ne s’agit pas, avec de bons sentiments, de faire comme ceux qui paraissent (ou sont !) généreux. Il nous faut réfléchir en fonction de la pensée biblique pour agir avec efficacité. La tendance du christianisme-social a souvent correspondu à une perte de saveur du sel, mais la séparation qui ôte les chrétiens du monde (contrairement à la prière de Jésus en Jean 17) est aussi une démission, dé-mission.
Sachons, entre les pièges de gauche et de droite, que l’accomplissement de l’ensemble de la mission de l’Église dépend, non de nos efforts, qui sont à déployer, mais de la grâce de Dieu qui nous est promise et qui œuvrera avec nous.
Le Seigneur nous a laissé une merveilleuse parabole qui, selon sa propre explication, compare la Parole de Dieu à une semence (Mat 13.3-8, 18-23). Cette parabole raconte l’histoire d’un semeur qui sortit pour semer. Il jeta sa semence, une partie tomba le long du chemin et les oiseaux la mangèrent. Une autre partie tomba dans des endroits pierreux et sécha parce qu’il n’y avait pas assez de terre. Une autre partie encore tomba dans les épines qui l’étouffèrent. Une dernière partie de la semence tomba dans la bonne terre et donna du fruit. Mettons-nous à la place de ce semeur : puisque tant de semence est tombée sur de mauvais terrains, devait-il tout de même semer ?
En tant que semeur de la Parole de Dieu, on peut être soit un semeur optimiste, soit un semeur pessimiste. Parlons d’abord d’un semeur optimiste. Je vous propose quatre caractéristiques pour le décrire.
Le semeur optimiste
Il sème généreusement. Imaginez un instant que vous êtes assis sur une colline en train de regarder cet homme de la parabole qui sort pour semer. Ne trouvez-vous pas qu’il y a quelque chose d’un peu curieux dans sa façon de faire ? Il lance sa semence un peu partout, sans s’inquiéter, semble-t-il, d’en gaspiller une certaine quantité ! Une partie tombe sur le chemin, une autre dans des endroits pierreux, une autre encore dans les épines et finalement dans la bonne terre. Le semeur ne semble pas tellement se préoccuper de ce qui tombe en dehors du champ. Ce qui importe pour lui, c’est de semer, et de semer généreusement. Il sait que, même si un certain pourcentage de sa semence est gaspillé, ce qui va pousser lui donnera infiniment plus, si bien qu’il ne fait pas très attention à ce qui se perd. Le semeur optimiste qui sème la Parole de Dieu se concentrera lui aussi sur ce qui poussera plutôt que sur la quantité qui se perdra. Il a pleinement confiance que Dieu bénira la semence de la Parole. « Comme la pluie et la neige descendent des cieux, et n’y retournent pas sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche : elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins. » (És 55.10-11) Dieu nous appelle tous à être des semeurs de sa Parole. Nous devons nous aussi semer aussi généreusement que possible. En 2008, nous avons distribué 20 000 évangiles de Jean dans l’arrondissement de notre assemblée. Suite à cette distribution, trois personnes ont été sauvées. Certains pourraient dire que nous avons gaspillé 19 997 évangiles, mais c’est faux : le Seigneur peut encore très bien bénir sa Parole, qui a été semée un peu partout. Ce qu’il faut retenir, c’est que si on veut du fruit, il faut semer aussi généreusement que possible !
La deuxième caractéristique du semeur optimiste, c’est qu’il reste réaliste malgré tout. Pour éviter le découragement, le semeur optimiste doit aussi faire preuve d’un certain réalisme. Un semeur réaliste sait très bien que toutes les graines ne porteront pas de fruit, d’où l’idée de semer aussi généreusement que possible. Salomon avait bien saisi cette réalité : « Dès le matin sème ta semence, et le soir ne laisse pas reposer ta main ; car tu ne sais point ce qui réussira, ceci ou cela, ou si l’un et l’autre sont également bons. » (Ecc 11.6) On doit savoir qu’on va parfois travailler pour rien, mais il ne faut pas se laisser décourager, ni cesser de semer pour autant. Quand j’ai été sauvé, il y a 40 ans, je croyais que beaucoup de gens autour de moi se convertiraient. L’Évangile est un message tellement formidable que je pensais que tous ceux qui l’entendraient l’accepteraient avec joie. Quelle déception ce fut pour moi ! Mon grand optimisme manquait vraiment de réalisme ! D’ailleurs, les différents terrains de cette parabole donnent un portrait réaliste : ce ne sont pas toutes les graines qui produiront du fruit, mais seulement celles qui tomberont dans la bonne terre. Il est impossible de connaître la qualité du terrain de ceux à qui on annonce l’Évangile. Jésus a aussi parlé du chemin large dans lequel beaucoup entrent et d’un chemin étroit que peu trouvent. Malheureusement, il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus (Mat 22.14). Alors, pour éviter le découragement, il nous faut une certaine dose de réalisme !
Ensuite, le semeur optimiste va au-delà de son entourage. Le Seigneur nous a dit : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mat 28.19). Le mot « allez » nous incite à nous mettre en route, à ne pas rester là où nous sommes ; il nous faut aller plus loin que notre entourage immédiat. Il nous faut faire un pas en avant, ne pas nous contenter de faire du sur place pour semer !
Si l’apôtre Paul s’était contenté de ne parler qu’aux gens qui l’entouraient, l’Évangile ne se serait pas répandu rapidement. En allant au-delà de notre entourage immédiat, nous allons semer aussi généreusement que possible. Si je dis cela, c’est parce que je constate que la plupart des chrétiens qui désirent rendre témoignage le font autour d’eux ou aux extrémités de la terre. En agissant ainsi, nous négligeons tous ceux qui ne sont ni près ni loin de nous, mais ce sont eux que nous atteindrons si nous allons au-delà de notre entourage immédiat. Ceux qui sont au loin et ceux qui sont tout près ne sont pas les seuls à avoir besoin de l’Évangile !
Finalement, le semeur optimiste ne s’attend pas à ce que ce soit facile. Un semeur sait très bien que ce qu’il sème ne portera pas de fruit instantanément. « Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison» (Jac 5.7). L’évangélisation est une guerre spirituelle. Il y a un ennemi qui prend un malin plaisir à ôter la semence. C’est ce que Marc 4.15 nous dit : « Les uns sont le long du chemin, où la parole est semée ; quand ils l’ont entendue, aussitôt Satan vient et enlève la parole qui a été semée en eux ». Le Seigneur a dit aux disciples : « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups » (Mat 10.16). Avec de telles affirmations, on ne devrait pas s’attendre à une expérience très reposante. Ceux qui s’impliquent dans l’évangélisation sont comme ceux qui vont au front dans un conflit armé. Le confort ne fait certainement pas partie du mandat. Le Seigneur ne nous a fait aucune promesse quant au « confort » dans l’évangélisation. Au contraire, Paul fait une liste éloquente dans la deuxième épître aux Corinthiens, au chapitre 11, des épreuves qu’il a dû subir lorsqu’il évangélisait. Il parle des travaux, des coups, des emprisonnements, du danger de mort, du fait qu’il a été battu de coups de bâton à plusieurs reprises, qu’il a été lapidé et qu’il a même fait trois fois naufrage. Ce qui m’étonne, c’est que nous, de notre côté, nous voudrions annoncer l’Évangile sans contrainte, sans difficulté et sans opposition. Quand nous regardons l’expérience de Paul, nous arrivons à la conclusion qu’il y a sûrement quelque chose que nous n’avons pas compris ! Même si ce n’est pas facile, aucune excuse n’est valable : nous devons semer aussi généreusement que possible.
Le semeur pessimiste
Relevons maintenant brièvement deux caractéristiques du semeur pessimiste. Il trouve des excuses. Dans le livre des Proverbes, il est dit : « Il y a un lion dehors! Je serai tué dans les rues! » (22.13) En réalité, le semeur pessimiste n’a pas très envie de semer. Il trouve des excuses, de très mauvaises excuses, tandis qu’il devrait plutôt chercher des moyens. Je suis trop âgé, je n’ai pas le temps, je suis trop timide, trop occupé, etc. Quelle excuse serait acceptable pour justifier le refus d’obéir au premier mandat donné à l’Église ?
Deuxièmement, le semeur pessimiste attend en vain le moment idéal. « Celui qui observe le vent ne sèmera pas », nous dit l’Ecclésiaste (11.4). Il s’inquiète à outrance concernant les opportunités de semer. On ne peut pas toujours s’attendre à expérimenter ce que Paul a vécu quand le geôlier de la prison de Philippes lui a demandé : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » (Act 16.30). Pour Paul, l’occasion de présenter le salut à cet homme fut fameuse. C’est la question rêvée pour toute personne rendant témoignage. Tant mieux si de telles occasions se présentent, mais il faut bien comprendre que c’est l’exception, non la règle. N’attendons pas de telles occasions, elles sont bien trop rares ! Un semeur qui regarderait les nuages ne serait en réalité pas vraiment un semeur, car il n’a que l’intention et le désir de semer, mais il ne le fait pas ! Bien entendu, il ne récoltera pas ! « Celui qui regarde les nuages ne moissonne pas » (Ecc 11.4b). Comment pouvons-nous espérer voir l’Évangile se répandre si les semeurs ne sortent pas pour semer ?
Un choix
Pour conclure, nous devons être encouragés à semer généreusement la Bonne Nouvelle, même si c’est souvent difficile et que cela peut nous sembler parfois inutile. N’oublions pas qu’un semeur optimiste sème généreusement, il reste réaliste pour ne pas se décourager, il va au-delà de son entourage immédiat et il ne s’attend pas à ce que ce soit facile.
À nous maintenant de choisir. Voulons-nous être des semeurs pessimistes qui trouvent des excuses et qui attendent le moment idéal, ou des semeurs optimistes que rien n’arrête et qui sèment aussi généreusement que possible ?
J’aimerais, par ces quelques lignes, attirer votre attention sur deux points importants pour la transmission efficace du message de l’Évangile dans le contact personnel. Est-il nécessaire de préciser que, si d’un côté il n y a ni « recette », ni guide pratique du « parfait évangéliste », d’un autre côté l’inexpérience et le manque élémentaire de connaissance peuvent être des facteurs paralysants pour ceux qui sont appelés à être « témoins de Jésus-Christ ».
Mieux connaître son interlocuteur
Le simple respect du prochain nous amènera toujours à nous intéresser à lui plutôt qu à lui asséner quantité de versets bibliques qui auront probablement pour effet de le faire se recroqueviller comme un escargot dans sa coquille. C est donc après un temps d’approche que l’on peut s’orienter sur les choses plus importantes : il convient souvent de parler de l’eau avant de parler de l’eau vive (cf. Jean 4). Notre but étant de témoigner de notre Sauveur et d’apporter l’Évangile, chacun comprendra qu’il est utile, pour ne pas dire indispensable, de connaître l’état spirituel de la personne à qui l’on s adresse. Celle-ci peut le dévoiler elle-même par des paroles ou des questions, mais ce n est pas le cas général. Il faudra donc que nous prenions l’initiative et le contrôle de l’échange. Chacun saura trouver pour lui-même ce qu il pense être « la meilleure façon » ; nous nous contentons de partager la nôtre : la mort est une réalité redoutable pour tout homme. Malgré les fanfaronnades de certains, la Bible affirme qu elle est le roi des terreurs et que « le vivant prend cela à cœur » (Ecc 7.2). La question suivante permet de savoir rapidement l’état moral et spirituel d’une personne : « Si vous mouriez maintenant, où passeriez-vous l’éternité ? »
Cette question est facilement introduite suite à la mention des catastrophes naturelles, des maladies, des deuils, des accidents ou, au contraire, suite à la mention de circonstances en rapport avec la vie : manger, boire, se reposer, partir en vacances, partir en retraite, etc. Tout nous amène, en effet, à constater la fuite rapide du temps et notre cheminement vers le terme de notre existence ici-bas : la mort.
Lui apporter une réponse appropriée
Établir un diagnostic est une chose, trouver le remède approprié en est une autre. En fait, le remède est toujours le même : Christ. Christ crucifié pour nos péchés, Christ enseveli, Christ ressuscité. Du côté de Dieu tout est fait, tout est prêt. Du côté de l’homme, il y a la repentance et la foi : « Repentez-vous et croyez à l’Évangile » disait notre Seigneur au début de son ministère (Marc 1.15). Comment donc « faire passer » le message ? Comment communiquer avec amour le plus grand et le plus beau des messages à savoir que Dieu a donné son Fils pour que vous soyez sauvé ?
On ne peut pas lire l’Évangile sans être fortement impressionné tout à la fois par l’enseignement de notre Seigneur et par sa manière d’enseigner. Au moyen de récits imagés ou d’exemples pris dans la vie de tous les jours, il communiquait son message aux gens simples. Tandis que les chefs religieux et politiques cherchaient à le faire mourir, le peuple était « suspendu à ses lèvres » (Luc 19.48). Est-ce que notre discours, notre témoignage, suscitent l’intérêt de notre interlocuteur ? Savons-nous communiquer l’Évangile « au peuple » ? Savons-nous nous faire comprendre ?
Au temps de l’Évangile, la majorité de la population était rurale, aussi, dans son enseignement, le Seigneur prend constamment des exemples de leur vie quotidienne pour illustrer le message qu’il voulait communiquer. Le travail dans la vigne ou aux champs revient souvent, il est question de la pêche et des filets, du berger et des moutons, des ânes et des bœufs, etc. Savons-nous trouver, dans la vie de tous les jours, les exemples tout simples qui étayeront ou illustreront le message que nous voulons communiquer ? Dans la conversation courante, savons-nous dire « si vous aviez une crevaison sur l’autoroute un dimanche… » plutôt que « si votre bœuf vient à tomber dans un puits le jour du sabbat… » (Luc 14.5) ? Le message ne sera pas pour autant altéré et les conséquences pour votre interlocuteur seront importantes :
– Il comprendra ce que vous lui dites
– Il se sentira concerné
– Il réalisera que le message est actuel
Ainsi, gardons toujours à l’esprit la double pensée de répondre aux besoins et d’y répondre d’une façon accessible pour notre interlocuteur.
Dans l’Évangile selon Jean, au chapitre quatre, nous trouvons un exemple merveilleux de la manière dont agissait notre Seigneur Jésus. Nous pourrions l’intituler : « Sept étapes pour gagner les âmes ».
1) Jésus établit le contact (v. 8)
Il fait ceci si humblement, avec tant de grâce et de tact ! Notre Seigneur se rend redevable vis-à-vis de la femme avant de lui offrir un cadeau. Il s’abaisse pour boire à notre cruche afin de nous encourager à boire à sa source.
2) Jésus éveille l’intérêt (v. 10)
« Si tu connaissais ». Il laisse entendre qu’il connaissait quelque chose qu’elle ne connaissait pas. La curiosité s’éveille ! C’est ainsi que l’on peut changer une rencontre de passage en une occasion qui aura une signification spirituelle des plus importantes, où des hommes et des femmes seront placés face à face avec Christ.
3) Jésus crée un désir (v. 14)
Après avoir obtenu sa confiance et éveillé sa curiosité, Jésus lui révèle son vrai message : le don de l’eau vive.
4) Jésus dirige l’attention vers les besoins spirituels (v. 16)
Il fait ceci afin qu’elle réalise ses propres besoins et qu’elle soit consciente de sa position de pécheresse.
5) Jésus oblige à faire face à la réalité (v. 17-18)
Il la place devant le problème de son propre péché : « Va, appelle ton mari ». Elle répond « Je n’ai pas de mari », et continue à être évasive. Elle donne l’impression qu’elle pourrait être veuve, ou célibataire, ou divorcée. Donc, Jésus doit exposer son péché.
6) Jésus dévoile la dure réalité (v. 17-18)
Il ne peut pas lui permettre de se cacher plus longtemps.
7) Jésus se révèle comme étant le Sauveur (v. 25-26)
« Je le suis, moi qui te parle… » Jésus déclare ouvertement à cette femme qu’il est le Messie parce qu’elle était prête à recevoir et désirait ce qu’il offrait.
Souvenez-vous des paroles de notre Seigneur Jésus dans Jean 13.15-16 : « Je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez. En vérité, en vérité, je vous dis : l’esclave n’est pas plus grand que son Seigneur, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé. »
« Papa ! Maman ! Hier soir j’ai accepté Jésus-Christ comme mon Sauveur. Il a pardonné tous mes péchés et m’a donné la vie éternelle. J’irai au ciel et je veux que nous allions tous au ciel. Si vous n’acceptez pas Jésus comme votre Sauveur, vous irez en enfer ! » Cette lettre à mes parents est ma première expérience d’évangélisation personnelle, pleine de fougue et bien peu diplomatique ! Mon père s’est converti une semaine après, et ma mère est revenue au Seigneur (je ne savais pas qu’elle était chrétienne ; le savait-elle elle-même ?). J’avais 16 ans et depuis le virus de l’évangélisation personnelle ne m’a pas quitté.
L’évangélisation personnelle
Je vous propose une définition populaire : « L’évangélisation n’est autre qu’un pauvre disant à un autre pauvre où il peut trouver du pain ! » L’évangélisation est donc une activité joyeuse et sérieuse d’un pécheur repenti qui a rencontré authentiquement et personnellement le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur, et qui a envie de partager la Bonne Nouvelle avec d’autres (1 Cor 15.3-4 ; Tite 2.13-14 ; Gal 1.3-4). Les premiers disciples avaient des cœurs remplis et pressés par l’amour de Christ (2 Cor 5.14-15). Êtes-vous aussi motivé par l’amour de Christ ?
Historiquement, l’évangélisation a commencé en Actes 2. En lisant le livre des Actes en entier, nous comprenons ce qu’ont été le contenu, les méthodes, la manière de faire, les résultats et l’opposition à Jésus et à ses témoins.
La première méthode d’évangélisation était de personne à personne (cf. Act 11.19-21). Parfois, les apôtres avaient également l’occasion de partager la vérité en public devant des foules. J’étais encore un jeune converti avec un bagage de 5 ans et demi de vie chrétienne, dans le port de Barbade, lorsque l’Esprit m’a interpellé : « Va prêcher la nouvelle naissance selon Jean 3 ! » Je suis monté sur une voiture et, de là, je prêchais Jésus du mieux que je le pouvais. J’entendais ici et là des « amen ». Depuis, le Seigneur m’a donné régulièrement des occasions de prêcher dans la rue. Remarquez que le plus souvent dans l’histoire de l’Église, les grandes réunions n’étaient pas possibles : l’Évangile ne progressait que par des individus convaincus (cf. Mat 28.18-20 ; Act 1.8). Témoigner pour Jésus n’est pas une option. C’est un choix joyeusement assumé sous l’animation de l’Esprit qui veut nous employer pour parler de Jésus-Christ. Celui qui a été arraché à Satan, qui ne veut pas que les perdus aillent en enfer et qui vit pleinement la vie de Jésus est porté vers les perdus !
Durant de nombreuses années en Occident, les églises ont laissé le travail aux grands évangélistes itinérants prêchant dans les grandes réunions ! Le témoignage personnel n’était plus guère encouragé. Aujourd’hui, nous avons besoin de vivre un réveil personnel et redonner à l’évangélisation personnelle toute son importance.
Persévérer dans le témoignage
Cher lecteur, je ne cherche rien d’autre que de vous encourager à partager Jésus-Christ avec les autres. Voici comment Dieu m’a amené à témoigner avec l’aide du Saint-Esprit depuis 60 ans de différentes manières et dans des endroits très divers. Oui ! Si l’Esprit a pu utiliser un jeune ignorant de toute bonne doctrine qui vivait sans Dieu, il peut aussi vous utiliser pour attirer l’attention de ceux qui vous entourent vers Jésus-Christ (1 Cor 1.17 ; Act 26.17-18). Il le fait en remplissant votre cœur d’amour pour les autres sous la direction de l’Esprit, car c’est lui qui sait témoigner.
J’ai été profondément captivé par le Seigneur Jésus qui m’a sauvé et qui a immédiatement révolutionné mon quotidien : « En effet, si je suis hors de sens, c’est pour Dieu ; si je suis de bon sens, c’est pour vous. Car l’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que si un seul est mort pour tous, tous sont donc morts ; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (2 Cor 5.13-15) Avec force, il opérait en moi et à travers moi pour ceux qui se trouvaient autour de moi. Je me rendais compte que tous les hommes marchant dans le monde étaient perdus, je souhaitais qu’ils entendent parler de Jésus-Christ !
Pour témoigner de Jésus-Christ, voici deux éléments nécessaires :
1) La prière, constamment la prière, pour rester dépendant du Saint-Esprit qui va créer des occasions pour que nous puissions partager le Seigneur au travers de l’Évangile.
2) La connaissance de passages clés répondant à quatre questions :
a) Pourquoi Jésus est-il venu ? (1 Tim 1.15 ; Luc 19.10 ; Marc 2.17 ; Rom 5.6, 8)
b) Qu’a fait Jésus pour pardonner et sauver les pécheurs ? (1 Cor 15.3 ; 1 Pi 2.24 ; 3.18 ; Héb 9.26)
c) Comment le pécheur peut-il être sauvé ? (Act 3.19 ; 16.31 ; Jean 3.16 ; 20.31 ; Éph 2.8-9)
d) Quelle assurance peut-on avoir d’être sauvé ? (Jean 1.12-13 ; 5.24 ; 10.27-29 ; Rom 10.9-11 ; Éph 2.4-9 (dont une preuve concrète au verset 9) ; Col 1.12-14).
Quand faut-il témoigner ?
Où que l’on soit, dans un esprit d’attente et avec le désir de parler du Seigneur, l’Esprit ouvrira la porte. En avion, en train, en voiture, en marchant, dans la rue, dans une maison, etc. C’est mon expérience. La plus grande difficulté est de construire un « pont » avec l’autre pour lancer la conversation. Par exemple, un jour, je me suis trouvé aux urgences à l’hôpital à 2 heures du matin dans la salle d’attente avec un jeune, crâne rasé, longue barbe noire, visage basané : je savais que j’avais à faire à un musulman ! J’ai beaucoup prié et cherché quelle question poser pour briser cordialement le silence. Banalement, j’ai lancé la question : « Pourquoi êtes-vous ici ce matin ? » Ça démarrait… Serais-je capable d’utiliser ses réponses pour lui poser d’autres questions ou lui adresser un propos personnel ? D’un seul coup, je lui demande : « Êtes-vous pratiquant » ? Le reste a été facile, il m’a fallu construire mes questions sur ses réponses. Lui, curieux, commençait à me poser des questions. J’ai pu lui donner un Nouveau Testament de poche à un moment propice et surtout parler de Jésus et de ce qu’il avait fait en moi. Ainsi, notre tâche est d’amener intelligemment et humblement le pécheur de là où il est spirituellement vers Jésus-Christ. Sème avec vérité et avec amour, l’Esprit s’occupe de la suite.
Selon le contact et le temps déjà engagé dans la conversation en attendant une ouverture naturelle, on peut poser des questions comme : « Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes sur cette terre ? », « Où irez-vous après cette vie ? » ou « Avez-vous l’espérance de vivre avec Dieu après votre mort ? » En restant en prière, l’Esprit sera capable de vous diriger pour savoir que dire. Beaucoup de nos questions et réponses sont apprises en tâtonnant au cours du temps. Ne vous laissez pas décourager ! J’aime donner soit un Évangile, soit un Nouveau Testament de poche après une rencontre, même de quelques minutes, « J’aimerais vous remercier pour votre aide, veuillez accepter ce cadeau comme un souvenir de notre rencontre. » Je sème pour l’éternité. Même après 60 années de témoignage personnel, je suis constamment dans une attitude de prière en vue de laisser l’Esprit mettre les mots dans ma bouche, souvent soudainement sans les avoir cherchés.
Qu’il soit clair pour chacun qu’il n’existe pas qu’une seule, ni plusieurs méthodes sûres pour garantir des fruits ! Le Saint-Esprit nous formera petit à petit avec sa méthode, celle qui colle avec notre personnalité, notre arrière-plan et notre expérience. Ce qui est important, c’est notre désir d’être utilisé parce que nous aimons le Seigneur et que nous voulons que notre interlocuteur puisse rencontrer le Seigneur. Les méthodes varient selon la situation : dois-je parler, offrir un Nouveau Testament de poche, donner un traité, etc ? Restez éveillé à ce que votre interlocuteur fait ou dit à tel moment. Cherchez à comprendre à quel type de personne vous avez à faire.
Pièges à éviter
Il existe des pièges qui nous empêchent de témoigner, tous viennent en dernière analyse de l’Ennemi qui craint de perdre les siens par leur conversion à Christ :
? On n’est pas en communion étroite avec le Maître.
On n’est pas quotidiennement dans la Parole pour rester tout près de son cœur.
On est dans un état de péché non confessé.
On n’aime pas les perdus (ayant comme fausses pensées : « Qu’ils se débrouillent par leurs propres efforts pour trouver le Seigneur », ou « S’ils sont des élus, ils seront sauvés sans mon effort ! »)
On est pris par tellement de soucis qu’on a oublié l’amour pour les âmes (1 Cor 5.13-15) et la mission donnée par le Seigneur (Act 1.8).
On suit une tradition où l’évangélisation personnelle n’est ni une priorité ni une nécessité.
On n’a ni vision ni conviction que le Seigneur pourrait nous utiliser.
On a peur de ce que vont penser ou dire les autres, « fanatique, retardé, égoïste, sectaire, intolérant, ignorant, etc. »
Rappelez-vous alors de l’exemple de Paul : « Et c’est à cause de cela que je souffre ces choses; mais je n’en ai point honte, car je sais en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là. » (2 Tim 1.12)
Aider à prendre une décision
Quant à demander à celui à qui on a présenté Jésus-Christ de prendre une décision, je crois qu’il faut être très sensible à l’Esprit. A-t-il bien compris la vérité (le péché, sa condamnation, l’œuvre de Jésus sur la croix, la nécessité de la repentance, etc) ? Possède-t-il un vrai esprit de repentance ? Veut-il « accepter le Seigneur » pour nous plaire ? Un jour, un étudiant universitaire est venu à moi pour « accepter Jésus », mais en parlant avec lui, j’ai compris qu’il ne se sentait pas pécheur. Je lui ai dit de revenir vers moi quand il se sentirait vraiment pécheur, puis nous discuterions à nouveau ! Quelques semaines après, il s’est humilié dans sa chambre se reconnaissant comme un pécheur. Il a accepté Jésus comme Sauveur, et sa vie fut changée.
Enfin, comment aider une personne sincère et qui comprend l’essentiel de l’Évangile à rencontrer Jésus-Christ par la foi ? Je propose quatre étapes essentielles d’une prière authentique. Notez que répéter la confession suivante comme un rituel ne fera pas l’affaire ! Cette prière comporte les éléments importants d’une confession sincère, mais il est important que la personne que vous accompagnez la dise avec ses propres mots.
1) « Dieu, je te reconnais comme saint, juste, droit, amour, Créateur. »
2) « Dieu, je reconnais que je suis pécheur, que j’ai péché contre toi et que je suis justement condamné devant toi. »
3) « Dieu, j’ai compris que Jésus a souffert et est mort à la Croix, puni à ma place pour tous mes péchés »
4) « Dieu, Jésus avait dit après sa résurrection que si je lui ouvre mon cœur pour qu’il vienne, il y entrera, pardonnera tous mes péchés, et me donnera la vie éternelle. Maintenant Seigneur Jésus-Christ par la foi, je t’invite dans mon cœur comme mon Sauveur. Merci pour le pardon de mes péchés, le cadeau de la vie éternelle et pour la capacité que tu me donnes de vivre pour toi. Amen. »
C’est important ensuite de prendre le temps de partager des références bibliques traitant de l’assurance du salut1. Vous êtes devenu son père ou sa mère spirituel(le) et avez donc une responsabilité spéciale. Je vous encourage à voir régulièrement cette personne pour l’aider à grandir en Christ. Cela ensemble par la prière, la lecture, l’explication des principes de la vie chrétienne, l’amour de la communion fraternelle, mais aussi pour partager la nécessité de trouver une bonne église en vue de vivre Actes 2.42.
L’évangélisation est un style de vie, plus qu’une activité ponctuelle. Elle est caractérisée par un amour évident, une force de conduite, une vision du bien-être éternel des autres. Si tout cela n’est pas incorporé profondément dans votre âme et votre esprit, confessez-le au Seigneur en lui demandant de révolutionner votre style de vie, pour sa gloire.
1 Jean 3.16 ; 10.27-29 ; Col 2.12-14, entre autres
J’ai beaucoup de souvenirs de livres, de films ou d’histoires relatant le récit d’une personne sans grandes qualités apparentes et dont toute l’action va permettre à une communauté entière d’être sauvée d’une destruction, d’un personnage maléfique (etc.) au terme d’une mission qui semble impossible !
Cet anti-héros, c’est un peu chacun d’entre nous. Si certains ont le don d’évangéliste, beaucoup ne l’ont pas reçu. Faut-il pour autant se taire et ne pas partager ce qui a transformé notre vie et l’anime désormais, l’Évangile ? Dieu nous appelle tous à « faire l’œuvre d’un évangéliste » (2 Tim 4.5). Par des actes concrets et des paroles claires, nous pouvons faire briller l’Évangile là où Dieu nous place.
Avec Philip Nunn et François Fréchette, ce numéro de Promesses vous encouragera à « annoncer l’Évangile » et à « semer généreusement ». Avec Scott McCarty, vous redécouvrirez ce qu’est « l’évangélisation personnelle » et Cornélius Bruins vous donnera le meilleur exemple à imiter avec « l’exemple de Jésus ». Avec Pierre Oddon nous nous interrogerons sur « comment témoigner ? » tandis que Donald Carson répondra à la question du contenu de notre message avec « comment définir l’Évangile ? ». Enfin, Benjamin traitera du « choc des cultures » quand l’Évangile est partagé avec des personnes d’un autre arrière-plan culturel et religieux.
Certains voudraient nous faire croire que partager l’Évangile est réservé à une élite. La Bible nous rappelle que c’est la responsabilité de tous (2 Tim 4.5). Pour faire connaître son message, Dieu a besoin de personnes disponibles et obéissantes ! C’est sûr, il utilisera des personnes ordinaires, des anti-héros comme vous et moi, pour faire connaître son message extraordinaire ! Êtes-vous prêt à relever le défi ?
Il est toujours puissant et il est toujours la Bonne Nouvelle !
Les rédacteurs du N.T. utilisent souvent ce mot « Évangile » en se référant à des informations encourageantes (1 Thes 3.6), mais ce mot est habituellement utilisé en relation avec les faits historiques et la signification du message chrétien. Le mot « Évangile » est utilisé environ 100 fois dans le N.T., principalement par l’apôtre Paul. Matthieu, Marc et Luc s’en servent à l’occasion. De manière surprenante, Jean ne l’utilise pas dans son Évangile ni dans aucune de ses trois Épîtres.
Pierre expliquait que c’est la volonté de Dieu que les gens « entendent la parole de l’Évangile et […] croient » (Act 15.7), ou, autrement dit, après avoir entendu, compris et accepté l’Évangile, il s’attendait à ce qu’ils « obéissent […] à l’Évangile de Dieu » (1 Pi 4.17). Pour que cela arrive, Pierre savait que le message de l’Évangile devait être donné par la puissance du « Saint-Esprit envoyé du ciel » (1 Pi 1.12).
L’apôtre Paul était un éminent professeur et fondateur d’églises, et l’Évangile était le centre de tout ce qu’il faisait. Il se voyait lui-même comme « mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu » (Ro 1.1) et décrivait le travail de sa vie comme « annoncer la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu » (Act 20.24). Paul expliquait ainsi que « notre Sauveur Jésus-Christ a réduit la mort à l’impuissance et a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile » (2 Tim 1.10). Cet apôtre plein d’énergie croyait de tout son cœur que l’Évangile de Dieu était véritablement « la Bonne Nouvelle ». Il écrit avec passion : « Je n’ai pas honte de l’Évangile, c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. » (Rom 1.16)
Paul décrit avec joie et émerveillement ce qu’il voit : « Cet Évangile, qui est parvenu jusqu’à vous comme aussi dans le monde entier, porte du fruit et s’accroît, comme aussi parmi vous, depuis le jour où vous avez entendu et connu la grâce de Dieu en vérité. » (Col 1.6) Il considérait comme un honneur et un privilège d’être un porteur et un promoteur de l’Évangile.
L’Évangile de Dieu n’a pas changé, il est toujours la Bonne Nouvelle. Dieu continue à apporter une vie nouvelle et l’immortalité par le moyen de son Évangile, qui travaille toujours dans les cœurs avec puissance lorsqu’ils entendent son message. Dieu utilise encore des chrétiens ordinaires, disponibles, comme vous et moi, pour transmettre cet Évangile. Vous sentez-vous également privilégié et honoré d’être appelé à participer à cette noble tâche ? Avez-vous eu récemment l’opportunité d’annoncer l’Évangile de Dieu à quelqu’un ? Des outils comme la radio, la télévision, les vidéos, les sites web et tout ce qui est imprimé peuvent nous aider dans notre travail, mais rien ne peut remplacer les relations personnelles. Notre vie parlera aux autres si nous nous conduisons « d’une manière digne de l’Évangile du Christ » (Phil 1.27). Le Saint-Esprit désire travailler en nous utilisant, en vous utilisant. Rendons-nous disponibles. Notre manière de vivre et nos paroles sont toujours les principaux outils de communication les plus efficaces pour montrer et annoncer la Bonne Nouvelle.
Cet article1 traite du choc entre les chrétiens et les musulmans dans le cadre de l’évangélisation. Son auteur a travaillé plusieurs années dans un pays du Sahel. Il est aujourd’hui responsable d’une organisation chrétienne internationale ayant son siège en France. Dans cet article, il développe l’importance d’une communication adaptée de l’Évangile à des personnes d’arrière-plan musulman. Il met l’importance sur les considérations d’ordre culturel.
Le défi de la communication avec les musulmans n’est pas seulement d’ordre théologique, mais aussi d’ordre culturel. Si les différences théologiques sont aisément identifiables et font appel à l’intellect et à la connaissance, les questions culturelles touchent des notions profondément ancrées dans notre personne.
Musulman comme chrétien, chacun pense que sa manière de vivre est la norme. Dans notre communication de l’Évangile, quelles sont les limites à ne pas dépasser entre transmission du message du Christ et envahissement culturel ?
Il est facile de comprendre que des efforts culturels soient nécessaires pour travailler dans des pays musulmans. Cependant, oser dire que les chrétiens en Europe devraient faire un effort culturel pour toucher leurs compatriotes d’arrière-plan musulman, c’est s’attendre à ce que les sourcils froncent et que la discussion se fige. Il est plus facile de se cacher derrière des termes très à la mode comme « conflit de civilisation », ceci pour simplement dire que nous ne pourrons rien changer à nos retranchements et qu’ils sont la norme.
1) Avoir un regard anthropologique2
Notre tendance première est d’éviter de nous retrouver dans des situations inconnues ou sur des terrains où nous n’avons plus de repères.
Suite à de mauvaises expériences, vous avez peut-être décidé de ne plus faire d’effort de communication avec ces gens. En effet, vous trouvez qu’ils sont trop compliqués, et qu’il est impossible de s’entendre avec eux !
La connaissance de leur environnement culturel est indispensable. La communication sera facilitée quand nous saurons pourquoi les gens que nous voulons atteindre pensent et agissent d’une manière différente de la nôtre.
« Allez ! Le commandement de Jésus à ses disciples n’est pas seulement ni surtout un ordre de marche, mais aussi et d’abord un ordre de sortir de sa culture. C’est prendre conscience qu’il y a autant de manières de penser, de s’exprimer, d’organiser nos relations humaines et de nous définir une identité qu’il y a de langues. » Ch. D. Maire
2) Qu’est-ce que la culture ?
Rapidement dit : « C’est la manière dont on fait les choses, ici ! » C’est la façon de faire d’un groupe, d’organiser une société. En voici quelques traits directeurs : la vie familiale, l’alimentation, l’habillement, la langue, l’éducation, les valeurs, les croyances, les coutumes, les lois, etc. C’est la manière de penser, de dire, de faire – le savoir appris d’un groupe qui est transmis de génération en génération.
Comme nous venons de le voir, l’ordre de faire de toutes les nations des disciples inclut un mandat culturel. Le processus de former des disciples ne peut se faire en dehors des aspects culturels de la vie du disciple.
Aucun messager de l’Évangile ne peut s’occuper uniquement des « âmes perdues ». Avant de parler de doctrine et de foi, il rencontre le musulman d’une manière culturelle. Cela est inévitable, la religion en fait partie intégrante, elle est comme immergée en elle.
3) Bonne ou mauvaise culture ?
Dieu est au-dessus de toutes les cultures. Le péché entrant sur la terre a fait son travail de corruption, de destruction jusque dans les structures de nos sociétés. Plus une culture est éloignée de Dieu, de ses valeurs et de ses principes, plus la confrontation est grande quand l’Évangile la pénètre.
Les cultures ne sont ni divines ni sataniques en elles-mêmes. Elles sont un produit humain qui est la scène permanente d’influences divines et sataniques. En voici un exemple : l’Occident est judéo-chrétien, pourtant, l’individualisme qui nous caractérise ne reflète en rien les valeurs du Royaume de Dieu.
4) Trois réactions face à une nouvelle culture
Face à une nouvelle culture, nous pouvons avoir trois réactions : le rejet, l’acceptation sans réserve ou l’examen critique à savoir le chemin du milieu. Les deux solutions extrêmes amènent le messager dans une impasse : s’il rejette toutes les traditions et toutes les coutumes, lui et le message de l’Évangile ne seront jamais intégrés. S’il les accepte toutes, il entre dans le syncrétisme3.
Notre communication de l’Évangile ne doit pas nous amener à dénigrer les traits de la société islamique. Apprendre à connaître une culture, c’est s’en approcher sans jugement préconçu, chercher à comprendre ou admettre une logique différente, sans se croire obligé d’approuver ou de condamner.
5) Vivre l’essentiel
Certains fondements bibliques amènent inévitablement à des confrontations avec le message coranique. Toutefois, faisons le maximum pour ne pas dresser des obstacles qui ne se justifient pas.
Chaque culture a en elle des aspects :
– en accord avec les valeurs bibliques
– en désaccord avec les valeurs bibliques
– neutres
Jésus a su communiquer les éléments essentiels du Royaume de Dieu. En aucun cas, ses propos se sont basés sur la transmission de principes culturels ou sur des manières de faire propres au peuple juif.
Le Royaume de Dieu est clairement défini par Christ comme un royaume céleste. Trop souvent, nous sommes tentés de défendre et d’enseigner des valeurs qui nous sont propres et finalement secondaires. Elles n’ont rien à voir avec le cœur du message biblique. En voici des exemples : est-il vraiment nécessaire d’être assis sur des chaises pour prier ? Notre manière de vivre un culte est-elle la référence ? Est-il vraiment essentiel de manger dans des assiettes et d’être outillé de fourchettes et couteaux pour être dans la norme biblique ?
6) Confrontations
Comme le développe Hesselgrave, il peut y avoir confrontation à trois niveaux :
– entre le message de la Bible et la culture de la communauté chrétienne,
– entre le message de la Bible et la communauté islamique,
– entre la culture de la communauté chrétienne et la culture de la communauté islamique.
Del Tarr est prêt à dire que la culture dans laquelle baigne le chrétien n’est pas, à priori, plus biblique que celle du musulman. Pour étayer cette pensée, rappelons-nous Jésus qui prend comme exemple un Samaritain pour donner aux Juifs une leçon de bonté. En ce qui nous concerne, nous pouvons en tirer deux enseignements :
– Tous les hommes sont pécheurs, quelle que soit leur religion ou leur culture,
– D’autres sociétés ou ethnies peuvent avoir des valeurs en accord avec la Bible que les nôtres.
7) Processus de compréhension culturelle
Voici trois principes dont la pratique a pour avantage une meilleure compréhension de l’autre et le bénéfice d’une communication authentique.
Confronter sa propre culture au message biblique
Avant de parler de la confrontation de notre société avec celle du musulman, il est important de commencer par prendre de la distance face à notre propre culture. C’est notre première responsabilité : interpréter le message biblique sans l’influence de notre culture de référence.
Pour nous y aider, nous pouvons nous poser ces trois questions. Quels traits de ma culture sont :
– en accord avec le message biblique ?
– en désaccord avec le message biblique ?
– neutres, c’est-à-dire ni bibliques, ni anti-bibliques ?
Connaître la culture étrangère
Découvrir l’autre culture, c’est commencer par vivre et développer des amitiés. L’objectif ici n’est pas d’entrer dans le témoignage verbal, cela peut arriver, mais ce n’est pourtant pas le but immédiat. Avant cela, commençons par :
– passer du temps avec notre interlocuteur,
– lui poser des questions sur ses croyances et sa religion,
– faire et recevoir des visites,
– en toute amitié, participer aux fêtes religieuses et familiales (fête de fin du ramadan, mariage, naissance, etc.).
Traduire le message de manière convaincante et significative dans la nouvelle culture
Non seulement nous faisons une démarche pour mieux comprendre les musulmans, mais aussi des efforts pour qu’ils nous comprennent. Nous entrons alors dans la communication verbale, celle-ci vient étayer le témoignage non verbal du point précédent (l’amour, la compréhension, l’entraide, etc.).
Certaines de mes actions peuvent être neutres dans ma société, mais avoir une connotation fortement négative dans la communauté musulmane. Prenons quelques exemples classiques : porter la Bible de la main gauche, la poser par terre ou souligner des versets au stylo, refuser systématiquement le thé offert, etc.
Réalisant que dans l’islam il y a certaines des valeurs en accord avec celles de la Bible, il m’est possible de construire ma communication sur les vérités que Christ a mises sur leur cœur (respect des anciens, de la famille, importance de la piété, de la dévotion, de la justice).
Certains mots utilisés par les chrétiens n’ont pas le même sens pour les musulmans. Par exemple, le paradis (le Coran le définit comme un lieu de plaisir), la prière (la prière musulmane est ritualisée, elle se fait cinq fois par jour), le péché (le Coran dit que l’homme est bon à sa naissance, c’est son entourage qui le corrompt).
Les musulmans sont souvent issus de cultures orales. Nos développements logiques basés sur la raison sont souvent en porte-à-faux avec leur perception et leur mode de communication. Il est plus approprié de développer un sujet sur la base d’une histoire ou d’un témoignage personnel.
8) Après la conversion
Notre but n’est pas seulement de gagner quelques âmes à Christ, mais de faire grandir une église dans un milieu où trop souvent il n’y a aucun témoignage de chrétiens fidèles. Pour atteindre ce but, les nouveaux convertis ne devraient pas être enlevés de leur contexte social et culturel.
Si nous réalisons que la société islamique dans ses aspects socioculturels n’est pas mauvaise en soi, nous ne verrons aucun avantage à déraciner le nouveau croyant. Il est vrai que, dans une grande partie des cas, le converti est exclu de sa communauté, et les conséquences de son choix peuvent être graves voire dramatiques. Il est pourtant nécessaire de comprendre qu’un déracinement culturel pourrait être la cause d’une chute à plus long terme. Si cela est possible, il faut encourager le nouveau converti à persévérer malgré les outrages. Il sera un exemple extraordinaire de témoignage vivant de Christ dans sa communauté.
Dès lors, comprenons qu’il pourrait être difficile à une personne issue de l’islam de s’intégrer à l’église de culture occidentale. Le pasteur, que vous êtes peut-être, ne pourra que mieux l’accompagner s’il connaît son arrière-plan culturel. Une réflexion est à mener, un accompagnement et un enseignement personnalisé semblent indispensables.
- Concernant le choc des cultures,voir aussi : Jost Beat, « Une approche globale de l’apologétique », éditions Frontiers, Bienne, 2003Rothenberger Hans, « Initiation à l’anthropologie culturelle », dossier, cours EMF, 2003
- L’anthropologie est la branche des sciences humaines qui étudie l’être humain sous tous ses as-pects, à la fois physiques et culturels.
- Système philosophique ou religieux, dont la doctrine ou les pratiques sont un mélange d’éléments pris dans différentes croyances.
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