PROMESSES
J’aimerais, par ces quelques lignes, attirer votre attention sur deux points importants pour la transmission efficace du message de l’Évangile dans le contact personnel. Est-il nécessaire de préciser que, si d’un côté il n y a ni « recette », ni guide pratique du « parfait évangéliste », d’un autre côté l’inexpérience et le manque élémentaire de connaissance peuvent être des facteurs paralysants pour ceux qui sont appelés à être « témoins de Jésus-Christ ».
Mieux connaître son interlocuteur
Le simple respect du prochain nous amènera toujours à nous intéresser à lui plutôt qu à lui asséner quantité de versets bibliques qui auront probablement pour effet de le faire se recroqueviller comme un escargot dans sa coquille. C est donc après un temps d’approche que l’on peut s’orienter sur les choses plus importantes : il convient souvent de parler de l’eau avant de parler de l’eau vive (cf. Jean 4). Notre but étant de témoigner de notre Sauveur et d’apporter l’Évangile, chacun comprendra qu’il est utile, pour ne pas dire indispensable, de connaître l’état spirituel de la personne à qui l’on s adresse. Celle-ci peut le dévoiler elle-même par des paroles ou des questions, mais ce n est pas le cas général. Il faudra donc que nous prenions l’initiative et le contrôle de l’échange. Chacun saura trouver pour lui-même ce qu il pense être « la meilleure façon » ; nous nous contentons de partager la nôtre : la mort est une réalité redoutable pour tout homme. Malgré les fanfaronnades de certains, la Bible affirme qu elle est le roi des terreurs et que « le vivant prend cela à cœur » (Ecc 7.2). La question suivante permet de savoir rapidement l’état moral et spirituel d’une personne : « Si vous mouriez maintenant, où passeriez-vous l’éternité ? »
Cette question est facilement introduite suite à la mention des catastrophes naturelles, des maladies, des deuils, des accidents ou, au contraire, suite à la mention de circonstances en rapport avec la vie : manger, boire, se reposer, partir en vacances, partir en retraite, etc. Tout nous amène, en effet, à constater la fuite rapide du temps et notre cheminement vers le terme de notre existence ici-bas : la mort.
Lui apporter une réponse appropriée
Établir un diagnostic est une chose, trouver le remède approprié en est une autre. En fait, le remède est toujours le même : Christ. Christ crucifié pour nos péchés, Christ enseveli, Christ ressuscité. Du côté de Dieu tout est fait, tout est prêt. Du côté de l’homme, il y a la repentance et la foi : « Repentez-vous et croyez à l’Évangile » disait notre Seigneur au début de son ministère (Marc 1.15). Comment donc « faire passer » le message ? Comment communiquer avec amour le plus grand et le plus beau des messages à savoir que Dieu a donné son Fils pour que vous soyez sauvé ?
On ne peut pas lire l’Évangile sans être fortement impressionné tout à la fois par l’enseignement de notre Seigneur et par sa manière d’enseigner. Au moyen de récits imagés ou d’exemples pris dans la vie de tous les jours, il communiquait son message aux gens simples. Tandis que les chefs religieux et politiques cherchaient à le faire mourir, le peuple était « suspendu à ses lèvres » (Luc 19.48). Est-ce que notre discours, notre témoignage, suscitent l’intérêt de notre interlocuteur ? Savons-nous communiquer l’Évangile « au peuple » ? Savons-nous nous faire comprendre ?
Au temps de l’Évangile, la majorité de la population était rurale, aussi, dans son enseignement, le Seigneur prend constamment des exemples de leur vie quotidienne pour illustrer le message qu’il voulait communiquer. Le travail dans la vigne ou aux champs revient souvent, il est question de la pêche et des filets, du berger et des moutons, des ânes et des bœufs, etc. Savons-nous trouver, dans la vie de tous les jours, les exemples tout simples qui étayeront ou illustreront le message que nous voulons communiquer ? Dans la conversation courante, savons-nous dire « si vous aviez une crevaison sur l’autoroute un dimanche… » plutôt que « si votre bœuf vient à tomber dans un puits le jour du sabbat… » (Luc 14.5) ? Le message ne sera pas pour autant altéré et les conséquences pour votre interlocuteur seront importantes :
– Il comprendra ce que vous lui dites
– Il se sentira concerné
– Il réalisera que le message est actuel
Ainsi, gardons toujours à l’esprit la double pensée de répondre aux besoins et d’y répondre d’une façon accessible pour notre interlocuteur.
Dans l’Évangile selon Jean, au chapitre quatre, nous trouvons un exemple merveilleux de la manière dont agissait notre Seigneur Jésus. Nous pourrions l’intituler : « Sept étapes pour gagner les âmes ».
1) Jésus établit le contact (v. 8)
Il fait ceci si humblement, avec tant de grâce et de tact ! Notre Seigneur se rend redevable vis-à-vis de la femme avant de lui offrir un cadeau. Il s’abaisse pour boire à notre cruche afin de nous encourager à boire à sa source.
2) Jésus éveille l’intérêt (v. 10)
« Si tu connaissais ». Il laisse entendre qu’il connaissait quelque chose qu’elle ne connaissait pas. La curiosité s’éveille ! C’est ainsi que l’on peut changer une rencontre de passage en une occasion qui aura une signification spirituelle des plus importantes, où des hommes et des femmes seront placés face à face avec Christ.
3) Jésus crée un désir (v. 14)
Après avoir obtenu sa confiance et éveillé sa curiosité, Jésus lui révèle son vrai message : le don de l’eau vive.
4) Jésus dirige l’attention vers les besoins spirituels (v. 16)
Il fait ceci afin qu’elle réalise ses propres besoins et qu’elle soit consciente de sa position de pécheresse.
5) Jésus oblige à faire face à la réalité (v. 17-18)
Il la place devant le problème de son propre péché : « Va, appelle ton mari ». Elle répond « Je n’ai pas de mari », et continue à être évasive. Elle donne l’impression qu’elle pourrait être veuve, ou célibataire, ou divorcée. Donc, Jésus doit exposer son péché.
6) Jésus dévoile la dure réalité (v. 17-18)
Il ne peut pas lui permettre de se cacher plus longtemps.
7) Jésus se révèle comme étant le Sauveur (v. 25-26)
« Je le suis, moi qui te parle… » Jésus déclare ouvertement à cette femme qu’il est le Messie parce qu’elle était prête à recevoir et désirait ce qu’il offrait.
Souvenez-vous des paroles de notre Seigneur Jésus dans Jean 13.15-16 : « Je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez. En vérité, en vérité, je vous dis : l’esclave n’est pas plus grand que son Seigneur, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé. »
« Papa ! Maman ! Hier soir j’ai accepté Jésus-Christ comme mon Sauveur. Il a pardonné tous mes péchés et m’a donné la vie éternelle. J’irai au ciel et je veux que nous allions tous au ciel. Si vous n’acceptez pas Jésus comme votre Sauveur, vous irez en enfer ! » Cette lettre à mes parents est ma première expérience d’évangélisation personnelle, pleine de fougue et bien peu diplomatique ! Mon père s’est converti une semaine après, et ma mère est revenue au Seigneur (je ne savais pas qu’elle était chrétienne ; le savait-elle elle-même ?). J’avais 16 ans et depuis le virus de l’évangélisation personnelle ne m’a pas quitté.
L’évangélisation personnelle
Je vous propose une définition populaire : « L’évangélisation n’est autre qu’un pauvre disant à un autre pauvre où il peut trouver du pain ! » L’évangélisation est donc une activité joyeuse et sérieuse d’un pécheur repenti qui a rencontré authentiquement et personnellement le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur, et qui a envie de partager la Bonne Nouvelle avec d’autres (1 Cor 15.3-4 ; Tite 2.13-14 ; Gal 1.3-4). Les premiers disciples avaient des cœurs remplis et pressés par l’amour de Christ (2 Cor 5.14-15). Êtes-vous aussi motivé par l’amour de Christ ?
Historiquement, l’évangélisation a commencé en Actes 2. En lisant le livre des Actes en entier, nous comprenons ce qu’ont été le contenu, les méthodes, la manière de faire, les résultats et l’opposition à Jésus et à ses témoins.
La première méthode d’évangélisation était de personne à personne (cf. Act 11.19-21). Parfois, les apôtres avaient également l’occasion de partager la vérité en public devant des foules. J’étais encore un jeune converti avec un bagage de 5 ans et demi de vie chrétienne, dans le port de Barbade, lorsque l’Esprit m’a interpellé : « Va prêcher la nouvelle naissance selon Jean 3 ! » Je suis monté sur une voiture et, de là, je prêchais Jésus du mieux que je le pouvais. J’entendais ici et là des « amen ». Depuis, le Seigneur m’a donné régulièrement des occasions de prêcher dans la rue. Remarquez que le plus souvent dans l’histoire de l’Église, les grandes réunions n’étaient pas possibles : l’Évangile ne progressait que par des individus convaincus (cf. Mat 28.18-20 ; Act 1.8). Témoigner pour Jésus n’est pas une option. C’est un choix joyeusement assumé sous l’animation de l’Esprit qui veut nous employer pour parler de Jésus-Christ. Celui qui a été arraché à Satan, qui ne veut pas que les perdus aillent en enfer et qui vit pleinement la vie de Jésus est porté vers les perdus !
Durant de nombreuses années en Occident, les églises ont laissé le travail aux grands évangélistes itinérants prêchant dans les grandes réunions ! Le témoignage personnel n’était plus guère encouragé. Aujourd’hui, nous avons besoin de vivre un réveil personnel et redonner à l’évangélisation personnelle toute son importance.
Persévérer dans le témoignage
Cher lecteur, je ne cherche rien d’autre que de vous encourager à partager Jésus-Christ avec les autres. Voici comment Dieu m’a amené à témoigner avec l’aide du Saint-Esprit depuis 60 ans de différentes manières et dans des endroits très divers. Oui ! Si l’Esprit a pu utiliser un jeune ignorant de toute bonne doctrine qui vivait sans Dieu, il peut aussi vous utiliser pour attirer l’attention de ceux qui vous entourent vers Jésus-Christ (1 Cor 1.17 ; Act 26.17-18). Il le fait en remplissant votre cœur d’amour pour les autres sous la direction de l’Esprit, car c’est lui qui sait témoigner.
J’ai été profondément captivé par le Seigneur Jésus qui m’a sauvé et qui a immédiatement révolutionné mon quotidien : « En effet, si je suis hors de sens, c’est pour Dieu ; si je suis de bon sens, c’est pour vous. Car l’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que si un seul est mort pour tous, tous sont donc morts ; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (2 Cor 5.13-15) Avec force, il opérait en moi et à travers moi pour ceux qui se trouvaient autour de moi. Je me rendais compte que tous les hommes marchant dans le monde étaient perdus, je souhaitais qu’ils entendent parler de Jésus-Christ !
Pour témoigner de Jésus-Christ, voici deux éléments nécessaires :
1) La prière, constamment la prière, pour rester dépendant du Saint-Esprit qui va créer des occasions pour que nous puissions partager le Seigneur au travers de l’Évangile.
2) La connaissance de passages clés répondant à quatre questions :
a) Pourquoi Jésus est-il venu ? (1 Tim 1.15 ; Luc 19.10 ; Marc 2.17 ; Rom 5.6, 8)
b) Qu’a fait Jésus pour pardonner et sauver les pécheurs ? (1 Cor 15.3 ; 1 Pi 2.24 ; 3.18 ; Héb 9.26)
c) Comment le pécheur peut-il être sauvé ? (Act 3.19 ; 16.31 ; Jean 3.16 ; 20.31 ; Éph 2.8-9)
d) Quelle assurance peut-on avoir d’être sauvé ? (Jean 1.12-13 ; 5.24 ; 10.27-29 ; Rom 10.9-11 ; Éph 2.4-9 (dont une preuve concrète au verset 9) ; Col 1.12-14).
Quand faut-il témoigner ?
Où que l’on soit, dans un esprit d’attente et avec le désir de parler du Seigneur, l’Esprit ouvrira la porte. En avion, en train, en voiture, en marchant, dans la rue, dans une maison, etc. C’est mon expérience. La plus grande difficulté est de construire un « pont » avec l’autre pour lancer la conversation. Par exemple, un jour, je me suis trouvé aux urgences à l’hôpital à 2 heures du matin dans la salle d’attente avec un jeune, crâne rasé, longue barbe noire, visage basané : je savais que j’avais à faire à un musulman ! J’ai beaucoup prié et cherché quelle question poser pour briser cordialement le silence. Banalement, j’ai lancé la question : « Pourquoi êtes-vous ici ce matin ? » Ça démarrait… Serais-je capable d’utiliser ses réponses pour lui poser d’autres questions ou lui adresser un propos personnel ? D’un seul coup, je lui demande : « Êtes-vous pratiquant » ? Le reste a été facile, il m’a fallu construire mes questions sur ses réponses. Lui, curieux, commençait à me poser des questions. J’ai pu lui donner un Nouveau Testament de poche à un moment propice et surtout parler de Jésus et de ce qu’il avait fait en moi. Ainsi, notre tâche est d’amener intelligemment et humblement le pécheur de là où il est spirituellement vers Jésus-Christ. Sème avec vérité et avec amour, l’Esprit s’occupe de la suite.
Selon le contact et le temps déjà engagé dans la conversation en attendant une ouverture naturelle, on peut poser des questions comme : « Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes sur cette terre ? », « Où irez-vous après cette vie ? » ou « Avez-vous l’espérance de vivre avec Dieu après votre mort ? » En restant en prière, l’Esprit sera capable de vous diriger pour savoir que dire. Beaucoup de nos questions et réponses sont apprises en tâtonnant au cours du temps. Ne vous laissez pas décourager ! J’aime donner soit un Évangile, soit un Nouveau Testament de poche après une rencontre, même de quelques minutes, « J’aimerais vous remercier pour votre aide, veuillez accepter ce cadeau comme un souvenir de notre rencontre. » Je sème pour l’éternité. Même après 60 années de témoignage personnel, je suis constamment dans une attitude de prière en vue de laisser l’Esprit mettre les mots dans ma bouche, souvent soudainement sans les avoir cherchés.
Qu’il soit clair pour chacun qu’il n’existe pas qu’une seule, ni plusieurs méthodes sûres pour garantir des fruits ! Le Saint-Esprit nous formera petit à petit avec sa méthode, celle qui colle avec notre personnalité, notre arrière-plan et notre expérience. Ce qui est important, c’est notre désir d’être utilisé parce que nous aimons le Seigneur et que nous voulons que notre interlocuteur puisse rencontrer le Seigneur. Les méthodes varient selon la situation : dois-je parler, offrir un Nouveau Testament de poche, donner un traité, etc ? Restez éveillé à ce que votre interlocuteur fait ou dit à tel moment. Cherchez à comprendre à quel type de personne vous avez à faire.
Pièges à éviter
Il existe des pièges qui nous empêchent de témoigner, tous viennent en dernière analyse de l’Ennemi qui craint de perdre les siens par leur conversion à Christ :
? On n’est pas en communion étroite avec le Maître.
On n’est pas quotidiennement dans la Parole pour rester tout près de son cœur.
On est dans un état de péché non confessé.
On n’aime pas les perdus (ayant comme fausses pensées : « Qu’ils se débrouillent par leurs propres efforts pour trouver le Seigneur », ou « S’ils sont des élus, ils seront sauvés sans mon effort ! »)
On est pris par tellement de soucis qu’on a oublié l’amour pour les âmes (1 Cor 5.13-15) et la mission donnée par le Seigneur (Act 1.8).
On suit une tradition où l’évangélisation personnelle n’est ni une priorité ni une nécessité.
On n’a ni vision ni conviction que le Seigneur pourrait nous utiliser.
On a peur de ce que vont penser ou dire les autres, « fanatique, retardé, égoïste, sectaire, intolérant, ignorant, etc. »
Rappelez-vous alors de l’exemple de Paul : « Et c’est à cause de cela que je souffre ces choses; mais je n’en ai point honte, car je sais en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là. » (2 Tim 1.12)
Aider à prendre une décision
Quant à demander à celui à qui on a présenté Jésus-Christ de prendre une décision, je crois qu’il faut être très sensible à l’Esprit. A-t-il bien compris la vérité (le péché, sa condamnation, l’œuvre de Jésus sur la croix, la nécessité de la repentance, etc) ? Possède-t-il un vrai esprit de repentance ? Veut-il « accepter le Seigneur » pour nous plaire ? Un jour, un étudiant universitaire est venu à moi pour « accepter Jésus », mais en parlant avec lui, j’ai compris qu’il ne se sentait pas pécheur. Je lui ai dit de revenir vers moi quand il se sentirait vraiment pécheur, puis nous discuterions à nouveau ! Quelques semaines après, il s’est humilié dans sa chambre se reconnaissant comme un pécheur. Il a accepté Jésus comme Sauveur, et sa vie fut changée.
Enfin, comment aider une personne sincère et qui comprend l’essentiel de l’Évangile à rencontrer Jésus-Christ par la foi ? Je propose quatre étapes essentielles d’une prière authentique. Notez que répéter la confession suivante comme un rituel ne fera pas l’affaire ! Cette prière comporte les éléments importants d’une confession sincère, mais il est important que la personne que vous accompagnez la dise avec ses propres mots.
1) « Dieu, je te reconnais comme saint, juste, droit, amour, Créateur. »
2) « Dieu, je reconnais que je suis pécheur, que j’ai péché contre toi et que je suis justement condamné devant toi. »
3) « Dieu, j’ai compris que Jésus a souffert et est mort à la Croix, puni à ma place pour tous mes péchés »
4) « Dieu, Jésus avait dit après sa résurrection que si je lui ouvre mon cœur pour qu’il vienne, il y entrera, pardonnera tous mes péchés, et me donnera la vie éternelle. Maintenant Seigneur Jésus-Christ par la foi, je t’invite dans mon cœur comme mon Sauveur. Merci pour le pardon de mes péchés, le cadeau de la vie éternelle et pour la capacité que tu me donnes de vivre pour toi. Amen. »
C’est important ensuite de prendre le temps de partager des références bibliques traitant de l’assurance du salut1. Vous êtes devenu son père ou sa mère spirituel(le) et avez donc une responsabilité spéciale. Je vous encourage à voir régulièrement cette personne pour l’aider à grandir en Christ. Cela ensemble par la prière, la lecture, l’explication des principes de la vie chrétienne, l’amour de la communion fraternelle, mais aussi pour partager la nécessité de trouver une bonne église en vue de vivre Actes 2.42.
L’évangélisation est un style de vie, plus qu’une activité ponctuelle. Elle est caractérisée par un amour évident, une force de conduite, une vision du bien-être éternel des autres. Si tout cela n’est pas incorporé profondément dans votre âme et votre esprit, confessez-le au Seigneur en lui demandant de révolutionner votre style de vie, pour sa gloire.
1 Jean 3.16 ; 10.27-29 ; Col 2.12-14, entre autres
J’ai beaucoup de souvenirs de livres, de films ou d’histoires relatant le récit d’une personne sans grandes qualités apparentes et dont toute l’action va permettre à une communauté entière d’être sauvée d’une destruction, d’un personnage maléfique (etc.) au terme d’une mission qui semble impossible !
Cet anti-héros, c’est un peu chacun d’entre nous. Si certains ont le don d’évangéliste, beaucoup ne l’ont pas reçu. Faut-il pour autant se taire et ne pas partager ce qui a transformé notre vie et l’anime désormais, l’Évangile ? Dieu nous appelle tous à « faire l’œuvre d’un évangéliste » (2 Tim 4.5). Par des actes concrets et des paroles claires, nous pouvons faire briller l’Évangile là où Dieu nous place.
Avec Philip Nunn et François Fréchette, ce numéro de Promesses vous encouragera à « annoncer l’Évangile » et à « semer généreusement ». Avec Scott McCarty, vous redécouvrirez ce qu’est « l’évangélisation personnelle » et Cornélius Bruins vous donnera le meilleur exemple à imiter avec « l’exemple de Jésus ». Avec Pierre Oddon nous nous interrogerons sur « comment témoigner ? » tandis que Donald Carson répondra à la question du contenu de notre message avec « comment définir l’Évangile ? ». Enfin, Benjamin traitera du « choc des cultures » quand l’Évangile est partagé avec des personnes d’un autre arrière-plan culturel et religieux.
Certains voudraient nous faire croire que partager l’Évangile est réservé à une élite. La Bible nous rappelle que c’est la responsabilité de tous (2 Tim 4.5). Pour faire connaître son message, Dieu a besoin de personnes disponibles et obéissantes ! C’est sûr, il utilisera des personnes ordinaires, des anti-héros comme vous et moi, pour faire connaître son message extraordinaire ! Êtes-vous prêt à relever le défi ?
Il est toujours puissant et il est toujours la Bonne Nouvelle !
Les rédacteurs du N.T. utilisent souvent ce mot « Évangile » en se référant à des informations encourageantes (1 Thes 3.6), mais ce mot est habituellement utilisé en relation avec les faits historiques et la signification du message chrétien. Le mot « Évangile » est utilisé environ 100 fois dans le N.T., principalement par l’apôtre Paul. Matthieu, Marc et Luc s’en servent à l’occasion. De manière surprenante, Jean ne l’utilise pas dans son Évangile ni dans aucune de ses trois Épîtres.
Pierre expliquait que c’est la volonté de Dieu que les gens « entendent la parole de l’Évangile et […] croient » (Act 15.7), ou, autrement dit, après avoir entendu, compris et accepté l’Évangile, il s’attendait à ce qu’ils « obéissent […] à l’Évangile de Dieu » (1 Pi 4.17). Pour que cela arrive, Pierre savait que le message de l’Évangile devait être donné par la puissance du « Saint-Esprit envoyé du ciel » (1 Pi 1.12).
L’apôtre Paul était un éminent professeur et fondateur d’églises, et l’Évangile était le centre de tout ce qu’il faisait. Il se voyait lui-même comme « mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu » (Ro 1.1) et décrivait le travail de sa vie comme « annoncer la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu » (Act 20.24). Paul expliquait ainsi que « notre Sauveur Jésus-Christ a réduit la mort à l’impuissance et a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile » (2 Tim 1.10). Cet apôtre plein d’énergie croyait de tout son cœur que l’Évangile de Dieu était véritablement « la Bonne Nouvelle ». Il écrit avec passion : « Je n’ai pas honte de l’Évangile, c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. » (Rom 1.16)
Paul décrit avec joie et émerveillement ce qu’il voit : « Cet Évangile, qui est parvenu jusqu’à vous comme aussi dans le monde entier, porte du fruit et s’accroît, comme aussi parmi vous, depuis le jour où vous avez entendu et connu la grâce de Dieu en vérité. » (Col 1.6) Il considérait comme un honneur et un privilège d’être un porteur et un promoteur de l’Évangile.
L’Évangile de Dieu n’a pas changé, il est toujours la Bonne Nouvelle. Dieu continue à apporter une vie nouvelle et l’immortalité par le moyen de son Évangile, qui travaille toujours dans les cœurs avec puissance lorsqu’ils entendent son message. Dieu utilise encore des chrétiens ordinaires, disponibles, comme vous et moi, pour transmettre cet Évangile. Vous sentez-vous également privilégié et honoré d’être appelé à participer à cette noble tâche ? Avez-vous eu récemment l’opportunité d’annoncer l’Évangile de Dieu à quelqu’un ? Des outils comme la radio, la télévision, les vidéos, les sites web et tout ce qui est imprimé peuvent nous aider dans notre travail, mais rien ne peut remplacer les relations personnelles. Notre vie parlera aux autres si nous nous conduisons « d’une manière digne de l’Évangile du Christ » (Phil 1.27). Le Saint-Esprit désire travailler en nous utilisant, en vous utilisant. Rendons-nous disponibles. Notre manière de vivre et nos paroles sont toujours les principaux outils de communication les plus efficaces pour montrer et annoncer la Bonne Nouvelle.
Cet article1 traite du choc entre les chrétiens et les musulmans dans le cadre de l’évangélisation. Son auteur a travaillé plusieurs années dans un pays du Sahel. Il est aujourd’hui responsable d’une organisation chrétienne internationale ayant son siège en France. Dans cet article, il développe l’importance d’une communication adaptée de l’Évangile à des personnes d’arrière-plan musulman. Il met l’importance sur les considérations d’ordre culturel.
Le défi de la communication avec les musulmans n’est pas seulement d’ordre théologique, mais aussi d’ordre culturel. Si les différences théologiques sont aisément identifiables et font appel à l’intellect et à la connaissance, les questions culturelles touchent des notions profondément ancrées dans notre personne.
Musulman comme chrétien, chacun pense que sa manière de vivre est la norme. Dans notre communication de l’Évangile, quelles sont les limites à ne pas dépasser entre transmission du message du Christ et envahissement culturel ?
Il est facile de comprendre que des efforts culturels soient nécessaires pour travailler dans des pays musulmans. Cependant, oser dire que les chrétiens en Europe devraient faire un effort culturel pour toucher leurs compatriotes d’arrière-plan musulman, c’est s’attendre à ce que les sourcils froncent et que la discussion se fige. Il est plus facile de se cacher derrière des termes très à la mode comme « conflit de civilisation », ceci pour simplement dire que nous ne pourrons rien changer à nos retranchements et qu’ils sont la norme.
1) Avoir un regard anthropologique2
Notre tendance première est d’éviter de nous retrouver dans des situations inconnues ou sur des terrains où nous n’avons plus de repères.
Suite à de mauvaises expériences, vous avez peut-être décidé de ne plus faire d’effort de communication avec ces gens. En effet, vous trouvez qu’ils sont trop compliqués, et qu’il est impossible de s’entendre avec eux !
La connaissance de leur environnement culturel est indispensable. La communication sera facilitée quand nous saurons pourquoi les gens que nous voulons atteindre pensent et agissent d’une manière différente de la nôtre.
« Allez ! Le commandement de Jésus à ses disciples n’est pas seulement ni surtout un ordre de marche, mais aussi et d’abord un ordre de sortir de sa culture. C’est prendre conscience qu’il y a autant de manières de penser, de s’exprimer, d’organiser nos relations humaines et de nous définir une identité qu’il y a de langues. » Ch. D. Maire
2) Qu’est-ce que la culture ?
Rapidement dit : « C’est la manière dont on fait les choses, ici ! » C’est la façon de faire d’un groupe, d’organiser une société. En voici quelques traits directeurs : la vie familiale, l’alimentation, l’habillement, la langue, l’éducation, les valeurs, les croyances, les coutumes, les lois, etc. C’est la manière de penser, de dire, de faire – le savoir appris d’un groupe qui est transmis de génération en génération.
Comme nous venons de le voir, l’ordre de faire de toutes les nations des disciples inclut un mandat culturel. Le processus de former des disciples ne peut se faire en dehors des aspects culturels de la vie du disciple.
Aucun messager de l’Évangile ne peut s’occuper uniquement des « âmes perdues ». Avant de parler de doctrine et de foi, il rencontre le musulman d’une manière culturelle. Cela est inévitable, la religion en fait partie intégrante, elle est comme immergée en elle.
3) Bonne ou mauvaise culture ?
Dieu est au-dessus de toutes les cultures. Le péché entrant sur la terre a fait son travail de corruption, de destruction jusque dans les structures de nos sociétés. Plus une culture est éloignée de Dieu, de ses valeurs et de ses principes, plus la confrontation est grande quand l’Évangile la pénètre.
Les cultures ne sont ni divines ni sataniques en elles-mêmes. Elles sont un produit humain qui est la scène permanente d’influences divines et sataniques. En voici un exemple : l’Occident est judéo-chrétien, pourtant, l’individualisme qui nous caractérise ne reflète en rien les valeurs du Royaume de Dieu.
4) Trois réactions face à une nouvelle culture
Face à une nouvelle culture, nous pouvons avoir trois réactions : le rejet, l’acceptation sans réserve ou l’examen critique à savoir le chemin du milieu. Les deux solutions extrêmes amènent le messager dans une impasse : s’il rejette toutes les traditions et toutes les coutumes, lui et le message de l’Évangile ne seront jamais intégrés. S’il les accepte toutes, il entre dans le syncrétisme3.
Notre communication de l’Évangile ne doit pas nous amener à dénigrer les traits de la société islamique. Apprendre à connaître une culture, c’est s’en approcher sans jugement préconçu, chercher à comprendre ou admettre une logique différente, sans se croire obligé d’approuver ou de condamner.
5) Vivre l’essentiel
Certains fondements bibliques amènent inévitablement à des confrontations avec le message coranique. Toutefois, faisons le maximum pour ne pas dresser des obstacles qui ne se justifient pas.
Chaque culture a en elle des aspects :
– en accord avec les valeurs bibliques
– en désaccord avec les valeurs bibliques
– neutres
Jésus a su communiquer les éléments essentiels du Royaume de Dieu. En aucun cas, ses propos se sont basés sur la transmission de principes culturels ou sur des manières de faire propres au peuple juif.
Le Royaume de Dieu est clairement défini par Christ comme un royaume céleste. Trop souvent, nous sommes tentés de défendre et d’enseigner des valeurs qui nous sont propres et finalement secondaires. Elles n’ont rien à voir avec le cœur du message biblique. En voici des exemples : est-il vraiment nécessaire d’être assis sur des chaises pour prier ? Notre manière de vivre un culte est-elle la référence ? Est-il vraiment essentiel de manger dans des assiettes et d’être outillé de fourchettes et couteaux pour être dans la norme biblique ?
6) Confrontations
Comme le développe Hesselgrave, il peut y avoir confrontation à trois niveaux :
– entre le message de la Bible et la culture de la communauté chrétienne,
– entre le message de la Bible et la communauté islamique,
– entre la culture de la communauté chrétienne et la culture de la communauté islamique.
Del Tarr est prêt à dire que la culture dans laquelle baigne le chrétien n’est pas, à priori, plus biblique que celle du musulman. Pour étayer cette pensée, rappelons-nous Jésus qui prend comme exemple un Samaritain pour donner aux Juifs une leçon de bonté. En ce qui nous concerne, nous pouvons en tirer deux enseignements :
– Tous les hommes sont pécheurs, quelle que soit leur religion ou leur culture,
– D’autres sociétés ou ethnies peuvent avoir des valeurs en accord avec la Bible que les nôtres.
7) Processus de compréhension culturelle
Voici trois principes dont la pratique a pour avantage une meilleure compréhension de l’autre et le bénéfice d’une communication authentique.
Confronter sa propre culture au message biblique
Avant de parler de la confrontation de notre société avec celle du musulman, il est important de commencer par prendre de la distance face à notre propre culture. C’est notre première responsabilité : interpréter le message biblique sans l’influence de notre culture de référence.
Pour nous y aider, nous pouvons nous poser ces trois questions. Quels traits de ma culture sont :
– en accord avec le message biblique ?
– en désaccord avec le message biblique ?
– neutres, c’est-à-dire ni bibliques, ni anti-bibliques ?
Connaître la culture étrangère
Découvrir l’autre culture, c’est commencer par vivre et développer des amitiés. L’objectif ici n’est pas d’entrer dans le témoignage verbal, cela peut arriver, mais ce n’est pourtant pas le but immédiat. Avant cela, commençons par :
– passer du temps avec notre interlocuteur,
– lui poser des questions sur ses croyances et sa religion,
– faire et recevoir des visites,
– en toute amitié, participer aux fêtes religieuses et familiales (fête de fin du ramadan, mariage, naissance, etc.).
Traduire le message de manière convaincante et significative dans la nouvelle culture
Non seulement nous faisons une démarche pour mieux comprendre les musulmans, mais aussi des efforts pour qu’ils nous comprennent. Nous entrons alors dans la communication verbale, celle-ci vient étayer le témoignage non verbal du point précédent (l’amour, la compréhension, l’entraide, etc.).
Certaines de mes actions peuvent être neutres dans ma société, mais avoir une connotation fortement négative dans la communauté musulmane. Prenons quelques exemples classiques : porter la Bible de la main gauche, la poser par terre ou souligner des versets au stylo, refuser systématiquement le thé offert, etc.
Réalisant que dans l’islam il y a certaines des valeurs en accord avec celles de la Bible, il m’est possible de construire ma communication sur les vérités que Christ a mises sur leur cœur (respect des anciens, de la famille, importance de la piété, de la dévotion, de la justice).
Certains mots utilisés par les chrétiens n’ont pas le même sens pour les musulmans. Par exemple, le paradis (le Coran le définit comme un lieu de plaisir), la prière (la prière musulmane est ritualisée, elle se fait cinq fois par jour), le péché (le Coran dit que l’homme est bon à sa naissance, c’est son entourage qui le corrompt).
Les musulmans sont souvent issus de cultures orales. Nos développements logiques basés sur la raison sont souvent en porte-à-faux avec leur perception et leur mode de communication. Il est plus approprié de développer un sujet sur la base d’une histoire ou d’un témoignage personnel.
8) Après la conversion
Notre but n’est pas seulement de gagner quelques âmes à Christ, mais de faire grandir une église dans un milieu où trop souvent il n’y a aucun témoignage de chrétiens fidèles. Pour atteindre ce but, les nouveaux convertis ne devraient pas être enlevés de leur contexte social et culturel.
Si nous réalisons que la société islamique dans ses aspects socioculturels n’est pas mauvaise en soi, nous ne verrons aucun avantage à déraciner le nouveau croyant. Il est vrai que, dans une grande partie des cas, le converti est exclu de sa communauté, et les conséquences de son choix peuvent être graves voire dramatiques. Il est pourtant nécessaire de comprendre qu’un déracinement culturel pourrait être la cause d’une chute à plus long terme. Si cela est possible, il faut encourager le nouveau converti à persévérer malgré les outrages. Il sera un exemple extraordinaire de témoignage vivant de Christ dans sa communauté.
Dès lors, comprenons qu’il pourrait être difficile à une personne issue de l’islam de s’intégrer à l’église de culture occidentale. Le pasteur, que vous êtes peut-être, ne pourra que mieux l’accompagner s’il connaît son arrière-plan culturel. Une réflexion est à mener, un accompagnement et un enseignement personnalisé semblent indispensables.
- Concernant le choc des cultures,voir aussi : Jost Beat, « Une approche globale de l’apologétique », éditions Frontiers, Bienne, 2003Rothenberger Hans, « Initiation à l’anthropologie culturelle », dossier, cours EMF, 2003
- L’anthropologie est la branche des sciences humaines qui étudie l’être humain sous tous ses as-pects, à la fois physiques et culturels.
- Système philosophique ou religieux, dont la doctrine ou les pratiques sont un mélange d’éléments pris dans différentes croyances.
DERNIÈRE PAGE
Beaucoup d’entre nous connaissent les faits de l’Évangile, mais ceci n’est pas suffisant, nous devons aussi savoir comment les présenter afin de pouvoir gagner des âmes pour Christ. Un coiffeur chrétien qui avait assisté un soir à une réunion en sortit profondément convaincu de son manque de zèle pour gagner des âmes pour le Seigneur Jésus. Il décida de changer cela et de parler de lui à son premier client le lendemain matin. Il venait de finir de savonner ce client quand il se tourna vers l’homme installé dans son fauteuil et, en agitant son rasoir aiguisé, lui demanda : « Voyons Monsieur, êtes-vous prêt à mourir et à passer dans l’éternité ? » Nous pouvons bien rire de cette histoire, mais elle est un exemple significatif d’un manque de tact complet pour présenter Christ à ceux qui ne sont pas sauvés.
Il y a bien des personnes que nous rencontrons et pour lesquelles le Seigneur ne nous donne pas nécessairement de message au moment même. D’autre part, ce n’est pas la pensée de Dieu que nous nous sentions obligés de parler à chaque personne rencontrée. Autrement, gagner des âmes pourrait devenir une véritable servitude. Mais Dieu nous demande d’être toujours disponibles pour parler à quelqu’un. Un jour quelqu’un donna ces conseils intéressants à ceux qui désirent gagner des âmes pour Christ :
• Ne vous laissez jamais entraîner dans une discussion vaine.
• Apprenez à écouter, donnez à l’autre une occasion de dire quelque chose.
• En règle générale, parlez à ceux de votre propre sexe.
• Il vaut mieux ne pas conseiller une personne beaucoup plus âgée que vous.
• N’ayez pas confiance dans votre propre capacité.
• Ne débitez pas de longues citations de textes et de passages des Écritures : trois ou quatre références bibliques sont largement suffisantes.
• Ne vous impatientez pas.
• Ne vous découragez pas si vous n’obtenez pas un succès immédiat.
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Bonjour Éric. Pourriez-vous en quelques mots nous résumer votre parcours, spirituel et professionnel ?
J’ai grandi dans le nord de la France, dans une famille ouvrière non chrétienne. Ma mère, protestante, a souhaité que ses enfants reçoivent une instruction religieuse. Cependant, personne n’allait au culte chez nous. Le pasteur qui nous instruisait à « l’école du jeudi » (oups que cela semble loin !) et qui était un conteur remarquable, m’a impressionné à vie. J’ai eu envie de l’entendre plus et je suis allé seul au culte dès que j’ai osé chercher des gens pour m’y conduire. Proche du fils du pasteur, nous nous sommes engagés ensemble dans le scoutisme unioniste, mais sans que les valeurs chrétiennes y soient rappelées (nous n’étions pas loin de mai 68).
Lorsque mes parents ont divorcé, je me suis retrouvé soutien de famille à 19 ans, obligé de quitter mes études pour entrer dans la vie professionnelle. Sans diplôme, j’ai travaillé dans une menuiserie d’aluminium. Lors d’un déplacement sur un chantier à Mulhouse, j’ai découvert de la publicité pour des réunions d’évangélisation. De culture réformée, je ne savais pas ce que cela voulait dire et j’ai décidé d’aller écouter ce qui se disait dans ce type de rencontres. L’évangéliste, Yves Perrier, m’a semblé être un extra-terrestre et, au moment de l’appel, je me suis demandé comment on pouvait embrigader les gens ainsi. Mais curieux, je suis revenu le lendemain, et le surlendemain, jusqu’au dernier soir où c’est moi qui me suis avancé dès l’appel !
Deux ans plus tard, après une nouvelle expérience forte dans un camp de jeunes, j’ai quitté mon travail, passant le relais à mon frère cadet pour subvenir au besoin de la famille, et, sans un sou, j’ai repris des études en région parisienne. À chaque période de vacances scolaires, je retournais en Alsace, dans l’atelier de menuiserie d’aluminium où le contremaître, comprenant ma démarche, me réengageait à chaque fois. C’est ainsi que j’ai pu payer une partie de mes études. Diplômé en théologie, j’ai fait mes premières armes dans la programmation de Radio-Évangile à Monaco (RMC) avant de changer totalement d’horizon pour travailler dans une œuvre sociale chrétienne auprès des SDF à Dunkerque. En studio, je manquais de contacts humains, à Dunkerque, j’ai été servi ! J’ai ensuite exercé un ministère pastoral dans les Cévennes puis dans le Pas-de-Calais avant d’être appelé par l’Alliance Évangélique Française pour développer sa communication. J’y ai peaufiné ma fibre journalistique quelques années, notamment en m’occupant des contacts médias au moment de la campagne d’évangélisation avec Billy Graham à Bercy, puis je suis devenu rédacteur en chef de l’hebdomadaire protestant « Le Christianisme au xxe siècle ».
Dix ans plus tard, on m’a proposé la responsabilité des Éditions LLB à Valence. J’y suis resté une nouvelle décennie. J’ai alors décidé de reprendre un ministère pastoral à la demande de la commission synodale des Églises Évangéliques Libres pour venir au secours d’une église en crise. Mission accomplie au bout de 7 ans, je suis revenu vivre à Valence pour me consacrer à l’écriture, me mettant aussi à la disposition des églises pour des conférences, séminaires et autres. J’aime à dire que, depuis ma conversion, j’ai souvent changé de métier, mais jamais de patron !
Vous êtes l’auteur d’un best-seller : le livre La Bible pour les nuls, paru aux éditions First dans la fameuse collection « Pour les nuls ». Comment se fait-il que ce soit un auteur évangélique qui ait été retenu ?
Peut-être parce que c’est moi qui ai eu l’idée de proposer ce projet à la maison d’édition ! De fait, j’avais depuis longtemps la conviction qu’un livre d’initiation à la Bible pour le grand public manquait cruellement, et que nous ne pourrions jamais atteindre ce public sans un vrai livre d’introduction à la Bible publié par une grande maison d’édition qui se spécialise dans l’ouvrage pédagogique et pratique.
C’est ainsi que j’ai contacté les Éditions First avec ce projet. J’ai été invité à aller expliquer mon « rêve » et après plusieurs rencontres et une proposition de synopsis de tout ce que je pensais utile dans un tel ouvrage, je suis parvenu à convaincre l’éditeur. Ce qui a été déterminant pour que le projet me soit définitivement confié, c’est que j’avais à la fois une formation théologique et une expérience journalistique. Pouvoir apporter des éléments précis et sérieux dans un langage populaire, tel était le défi. Le contrat était clair : ne pas faire de prosélytisme, mais présenter la Bible telle une œuvre littéraire remarquable.
Toujours dans ce livre, comment avez-vous choisi de faire passer le message de l’Évangile ?
En tant que chrétien, je sais et je connais la puissance de la Parole. Je n’avais donc pas grand-chose à y ajouter… J’ai décidé de lui faire confiance. Certes, je ne pouvais pas dire que la Bible était la Parole de Dieu, mais je pouvais la citer et ainsi montrer ce qu’elle contient et les vérités qu’elle développe. Par exemple, en présentant chacun des livres bibliques, j’ai décidé de proposer une citation afin que le lecteur puisse découvrir la richesse des styles et la profondeur des textes. Mes choix de citations ont aussi été conduits par la volonté de présenter, simplement, le projet de Dieu pour l’homme. Jamais je ne devais proposer une interprétation biblique puisqu’il n’était pas question de faire de la théologie, même pour les nuls, mais j’ai maintenu, tout au long de ma rédaction, le fait que la Bible était un livre fiable. Ce qui était déjà une prise de position que certains réformés ont d’ailleurs critiquée.
Ce que j’ai souhaité, de page en page, c’est donner au lecteur l’envie d’en savoir toujours plus et de susciter assez sa curiosité pour qu’il aille, par lui-même, découvrir ce que le texte biblique disait. Or, j’ai reçu plusieurs témoignages de personnes qui ont commencé leurs découvertes avec La Bible pour les Nuls pour ensuite acquérir une Bible. J’ai même rencontré, dans une église évangélique où j’étais invité pour des conférences, un couple qui avait lu mon livre, puis la Bible et s’était approché d’une église pour apprendre à la mieux lire. Ce couple était depuis peu devenu membre de cette église. De faire leur connaissance, j’étais très ému ; certes, en écrivant La Bible pour les Nuls, c’est ce que je visais, mais de rencontrer pareilles personnes demeure une merveilleuse surprise.
On parle souvent de Jésus dans les médias, mais en en faisant une présentation biaisée. Vous avez écrit récemment Le Christ selon Jésus. Quel était votre but et comment avez-vous cherché à présenter Jésus à notre génération qui le reconnaît, au mieux, comme un sage ?
Lorsqu’en 2005 je me suis retrouvé pasteur d’une église locale qui venait de traverser une crise grave et que mon mandat était de restaurer cette communauté, j’ai pensé qu’il était indispensable de revenir à l’essentiel, à ce qui devait cimenter les chrétiens et l’église locale, Jésus. L’apôtre Paul avait dit avec force : « Je ne veux savoir autre chose que Jésus-Christ. » (1 Cor 2.2) J’ai alors décidé de prêcher plusieurs dimanches sur la personne et les propos de notre Seigneur, en n’utilisant que l’Évangile selon Marc. Le travail en amont des prédications m’a passionné et bouleversé. Je pensais pourtant connaître assez l’Évangile pour ne pas avoir à trop labourer ce terrain-là, et finalement, j’ai fait des découvertes extraordinaires qui ont changé même ma vision du Christ. Et cela m’a conduit à plus de 50 messages. Ébloui par ce que j’avais discerné et découvert, j’en ai parlé à un ami éditeur qui m’a donné carte blanche pour retravailler tout ce matériau et en faire un livre pour le grand public. Nouvelle gageure parce qu’il faut alors raconter, expliquer, et mettre en scène.
Étrangement, la personne de Jésus suscite toujours beaucoup d’intérêt de la part de nos contemporains et, chaque année, plusieurs livres paraissent sur lui dans l’édition profane. Il y a des choses bonnes, mais surtout beaucoup de choses très mauvaises. J’ai cherché à montrer, pour ma part, à quel point Jésus impose un Messie qui est à la fois totalement celui que les prophètes ont annoncé, et, en même temps, je voulais montrer à quel point Jésus bouscule les idées reçues et construites à partir des prophéties et des fantasmes nés d’interprétations parfois fantaisistes. C’est ainsi que je suis arrivé à découvrir le Christ selon Jésus lui-même. J’ai notamment compris, de façon nouvelle, pourquoi, dès le début de l’Évangile selon Marc, Jésus était l’homme que les religieux voulaient abattre. J’ai alors écrit mon livre comme un thriller.
Vous avez également écrit Dire Dieu. Quels conseils pourriez-vous donner à un chrétien qui voudrait témoigner de manière « naturelle » au quotidien ?
La réponse est dans votre question. Témoigner de façon naturelle au quotidien. Mais je suppose que vous voudriez que j’en dise plus ! La première des choses à rappeler, c’est que le témoignage, autrement dit l’évangélisation personnelle, n’est pas une option. C’est un ordre, un devoir, une responsabilité. Dieu, en qui nous devons avoir foi, a assez de foi en nous pour nous confier sa représentativité. Vu sous cet angle, les perspectives changent beaucoup.
Une autre chose me semble importante : nous devons parler de Dieu, dire Dieu, avec nos mots, même s’ils sont maladroits ou imprécis. Au delà des mots que nous utilisons, et même avant les mots, notre interlocuteur entend notre accent. L’authenticité de ce que nous disons est dans la façon de dire, et l’accent de vérité se perçoit mieux que les meilleures définitions théologiques. Si je dis comment je perçois Dieu, comment il intervient simplement ou extraordinairement dans ma vie, j’évoque mon vécu, lequel est moins contestable qu’un article académique sur la foi.
Si ma mission est de présenter Dieu aussi bien que possible, elle n’est pas de convaincre. J’ai appris, par expérience, que celui qui cherche à convaincre est plus souvent un mini-gourou qu’un frère en la foi. Je me souviens aussi que c’est le Saint-Esprit qui convainc. J’ai suffisamment à faire pour ne pas me charger du travail du Saint-Esprit, qui, toujours, est nettement meilleur que moi. Pour ma part, je préfère raconter Dieu que le prêcher.
Enfin, même fortement attaché à Dieu, il me reste des interrogations, des questions, des révoltes, des peurs même. Plutôt que prétendre avoir tout résolu en me tournant vers Dieu, j’ose dire mes questions, des angoisses, mes perplexités, et du coup, je reste au niveau de mon prochain qui, lui aussi, se débat avec ses inquiétudes. Certes, nous pouvons être frères en église, mais hors de l’église, nous sommes, avec tous, frères en humanité. C’est un rôle que nous avons à remplir, forts de nos convictions et fragiles dans nos certitudes.
En quoi l’église locale peut-elle également jouer un rôle dans l’évangélisation ? Avez-vous quelques expériences en ce domaine à nous rapporter ?
L’Église a un rôle à jouer dans la société, et lorsqu’elle joue ce rôle, elle fait, indirectement mais efficacement, de l’évangélisation. Si l’Église est crédible, tout son message sera reçu et apprécié. Bien sûr, nous pouvons faire de l’évangélisation en organisant des rencontres spéciales, avec un orateur pertinent et explicite (je n’ose dire convaincant), et j’aime remplir cette mission. Mais je crois aussi que dans un monde où la parole n’a plus de sens, où les promesses sont caduques dans le quart d’heure après qu’elles ont été faites, où la désespérance est aliénante, où les lois deviennent iniques, il est important d’entrer dans une espèce de résistance pour dire où est le sens, le bon sens et l’essentiel.
Dans l’histoire, les chrétiens ont été des témoins efficaces lorsqu’ils ont osé entreprendre des actions dans la société, avec l’objectif de la changer, d’améliorer la condition humaine, de protéger les individus et de dénoncer les machinations politiques qui broient les dignités. Ce sont des combats titanesques, mais lorsque nous nous levons ainsi, au nom du Christ, nous sommes de vrais évangélistes. La faillite des paroles humaines d’aujourd’hui vient de ce que le discours n’est pas cohérent avec l’action, que les porte-paroles ont perdu toute crédibilité à cause de leur propre comportement. Il ne faut pas que la parole des chrétiens soit mise dans le même lot, parce qu’elles sont en écho de la Parole de Dieu.
Je suis issu d’une famille musulmane polygame de treize enfants. Dans mon enfance, j’étais envoyé à l’école coranique pendant les vacances, mais j’y ai peu persévéré. J’ai grandi en subissant les conséquences néfastes de la polygamie, loin de l’amour de ma mère, divorcée dès mon plus jeune âge. J’ai donc grandi au milieu des multiples divorces et remariages de mon père. Dans cette atmosphère, j’ai poursuivi mes études tant bien que mal. C’est au lycée, en classe de première, que j’ai fait la rencontre du Seigneur Jésus-Christ. Voici la manière dont ma conversion s’est passée.
C’était un dimanche matin de février 2002. Tandis que je me lavais, j’entendis une voix dans la cour : c’était celle d’un ami de la famille. Il parlait avec l’un des nôtres. Je l’entendis déclarer qu’il se rendait à l’église. Brusquement, j’ai eu envie de l’accompagner pour observer les chrétiens. De ma douche, je lui ai crié de m’attendre, ce qu’il fit. À l’église, nous fûmes accueillis par le pasteur qui nous demanda de rester après le culte pour un court entretien. À la fin du service, le pasteur nous présenta Jésus-Christ et nous fit comprendre que l’église est comme un hôpital, où les malades spirituels viennent et reçoivent la guérison au travers de l’écoute de la Parole de Dieu. Avant notre départ, il nous lança un défi : celui d’ « essayer » Jésus pendant six mois. Si ce temps ne suffisait pas à transformer nos vies, nous serions libres de revenir chez le pasteur pour le traiter de menteur et suivre notre propre chemin. Nous prîmes congé de notre hôte et rentrâmes à la maison. J’avais la conviction que les chrétiens jouissaient d’une sorte de complicité, d’intimité, avec leur Dieu. Ils étaient fidèles dans leur adoration. C’était une expérience que j’ignorais dans ma pratique de l’islam. J’étais musulman, mais cette fidélité me faisait défaut. Du fond de mon cœur, j’avais la certitude que si j’arrivais à percer le secret de cette fidélité, alors je compterais parmi les meilleurs musulmans de ma nation (ndlr : le Niger).
De retour chez moi, je ressentis le besoin de partir à la conquête de ce secret. Mais n’étais-je pas comme un voleur cherchant à dépouiller l’homme appelé Jésus (que je reconnaissais du reste comme prophète) ?
Quoi qu’il en fût, c’est dans ces dispositions que je commençai à fréquenter des chrétiens. Pendant les prédications auxquelles j’assistais, le pasteur proclamait avec arrogance que « Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie ». Quand j’entendais ces paroles, j’étais troublé dans ma foi car ce qu’il affirmait était incompatible avec ma conviction musulmane. Ces propos étaient comme des flèches qui me perçaient l’âme. Ils finirent par m’ôter toute paix.
Comme les jours avançaient, un samedi soir, je me tenais seul dans ma chambre et je commençai à lever les yeux vers le ciel parce que ces paroles me tourmentaient. J’essayai d’imaginer la sphère divine. Je dis : « Dieu, je sais et je crois qu’il y a un Dieu au-delà de ce ciel. Je crois qu’il y a un Être qui a créé tout ce que je vois. Tu me connais et tu sais que j’ai peur d’aller en enfer. Ces paroles du pasteur me tourmentent. Alors Dieu, qui que tu sois, où que tu sois, je veux que tu te fasses connaître à moi. Je t’en supplie, si tu te tiens du côté des chrétiens, je veux le savoir. » Sur ces mots, je m’endormis. Le lendemain matin, je me levai et comme d’habitude, je partis à la recherche de mon secret chez les chrétiens. Ce jour-là, une missionnaire norvégienne était en visite dans cette église. À un moment donné, celui qui la traduisait dit : « Je te voyais dans la nuit, lorsque tu étais seul dans ta chambre. Tu te demandais si c’est réellement moi le chemin ; tu disais que tu avais peur de l’enfer ». Je sentis alors que Dieu était en train de me parler. En effet, personne ne m’avait vu ni entendu formuler ces pensées la veille. C’était la première fois de ma vie que j’avais l’assurance que Dieu me parlait. Je sentais une paix mêlée de joie et d’assurance m’envahir. Je me dis : « Voilà le secret que je cherchais. » J’entendis encore ces paroles : « Crois en moi et crois en Jésus-Christ. » À ces mots, j’eus l’impression de recevoir un coup de marteau sur la tête. Je me dis en sursautant : « Nous avons donc bien raison d’appeler les chrétiens des kaffres (c’est-à-dire des païens) ! » Comment cet homme blanc pouvait-il exiger que je croie en lui ? N’est-ce pas en Dieu seul qu’il faut croire ? Ses paroles le désignaient comme un incroyant. Alors toute ma paix disparut. Je quittai le culte profondément troublé.
Toute la journée, je bataillais. Une voix me disait : « Cette personne t’a vraiment parlé de la part de Dieu », mais une autre rétorquait : « Ces gens sont des païens, il ne faut plus les fréquenter ». La première voix me poussait à aller voir le pasteur et à lui raconter ce que j’avais vécu ce matin-là ; la seconde voix m’assurait : « C’est parce que tu les côtoies que tu te mets à croire ces bêtises ». Vers 20 h, je me résolus à rendre visite au pasteur et à lui raconter ce qui m’était arrivé. « Djibril, me dit-il, Dieu t’aime vraiment. » Et il m’expliqua qu’aujourd’hui, Dieu ne descend pas en personne pour s’entretenir de vive voix avec les hommes, mais qu’il se sert des chrétiens pour témoigner de lui. L’invitation à croire en Christ lancée par le prédicateur est aussi, à maintes reprises, adressée à tout lecteur de l’Écriture sainte. Pendant les explications du pasteur, la joie que j’avais ressentie le matin revenait en moi et je fus satisfait : j’avais découvert le secret tant cherché ! Je demandai alors à Dieu de me pardonner mon péché et de me purifier de beaucoup d’habitudes néfastes, telles le mensonge, la cigarette, l’immoralité sexuelle, etc. Après quelques mois, je me rendis compte que Dieu avait pris ma vie en mains et que j’abandonnais ces habitudes sans aucun effort. Je reconnus que Jésus-Christ était réellement devenu mon Sauveur et Seigneur personnel.
Une étude du texte de 1 Corinthiens 15.1-19
Différentes conceptions de l’Évangile
Plusieurs ont fait observer que dans le monde occidental, l’Église passe par une phase de fragmentation notoire. Cette division touche jusqu’à notre compréhension de l’Évangile.
a. Certains chrétiens estiment que l’Évangile est un ensemble étriqué d’enseignements concernant Jésus, sa mort et sa résurrection ; ceux qui y croient entrent dans le royaume. Ensuite, débutent pour eux la formation du disciple et le processus de transformation personnelle. Mais, pour les adeptes de cette conception de l’Évangile, ces deux œuvres n’en font pas intégralement partie. Une telle compréhension de l’Évangile est très éloignée de celle du N.T. : l’Évangile, en réalité, couvre un champ très large ; il prend le chrétien dans son passé de perdition et de séparation de Dieu, le conduit par le chemin de la conversion et de la vie de disciple jusqu’à la consommation finale, le corps de résurrection, les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Plus généralement, l’Évangile est la bonne nouvelle à propos de ce que Dieu a fait, d’abord en Christ, et avant tout dans la mort, la résurrection, l’ascension et la session de Christ et tout ce qui découle de ce sacrifice et de cette glorification. C’est pourquoi nous le prêchons et le proclamons : c’est ce qu’il faut faire avec une bonne nouvelle !
b. Pour d’autres, l’Évangile se résume aux deux premiers commandements : aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même. Ces commandements sont tellement centraux que, pour Jésus lui-même, la loi et les prophètes en dépendent (Mat 22.34-40). Mais, nous affirmons avec force, que l’Évangile ne saurait se réduire à ces deux commandements.
c. Un troisième courant de pensée assimile l’Évangile à l’enseignement éthique de Jésus contenu dans les Évangiles, en le séparant des récits de la mort et de la résurrection de Jésus. Cette approche se fonde sur deux erreurs. Premièrement, on ne peut correctement comprendre l’enseignement de Jésus, si on ne discerne pas comment il converge vers sa mort et sa résurrection. C’est l’ensemble (enseignements, mort et résurrection) qui forme l’Évangile unique de Jésus-Christ auquel les Évangiles canoniques rendent témoignage. La seconde erreur de ce courant de pensée éthique est de diriger l’attention vers l’enseignement de Jésus tout en repoussant la croix à la périphérie, réduisant la glorieuse Bonne Nouvelle à une simple religion, la joie du pardon à un simple conformisme éthique, les motivations les plus nobles d’obéissance à un simple devoir. Le résultat de cette conception est désastreux.
d. Mais la tendance la plus courante de nos jours est peut-être d’accepter l’Évangile, tout en déployant beaucoup d’énergie et de passion créatives pour développer d’autres thèmes : le mariage, le bonheur, la prospérité, l’évangélisation, les pauvres, la lutte contre l’islam, la lutte contre la sécularisation galopante, la bioéthique, les dangers à gauche, les dangers à droite… – la liste est infinie. C’est ignorer que nos auditeurs sont inévitablement attirés par ce qui nous passionne le plus. Il est peu probable que mes étudiants apprennent tout ce que je leur enseigne ; ils sont naturellement plus enclins à apprendre ce qui m’enthousiasme le plus. Si nous acceptons l’Évangile sans conviction, alors que des sujets périphériques enflamment notre passion, nous formerons une génération qui minimisera l’Évangile et manifestera du zèle pour ce qui est périphérique. Il est facile de sembler prophétique en se positionnant en marge ; la nécessité urgente est d’être prophétique à partir du point central, l’Évangile. Et, si on réfléchit sérieusement à l’Évangile et si celui-ci reste au centre de notre préoccupation et de notre vie, nous constatons qu’il aborde aussi de façon pertinente toutes les autres questions.
L’Évangile condensé en huit mots
À partir de 1 Corinthiens 15.1-19, je vais m’efforcer de résumer l’Évangile par huit mots. Paul, dans ces versets, veut s’entretenir de « l’Évangile » : « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé […] par lequel [l’Évangile] aussi vous êtes sauvés, si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé » (v. 2). Ce que Paul avait annoncé passait « avant tout » ou était « de première importance » (v. 3, Semeur). C’est une façon efficace d’attirer l’attention de ses lecteurs, car ce qu’il va dire au sujet de l’Évangile en occupe la partie centrale.
1. L’Évangile est christologique
Le premier mot du résumé de Paul est « Christ » : « Je vous ai transmis, avant tout, ce que j’avais aussi reçu : Christ est mort pour nos péchés. » L’Évangile n’est pas du théisme insipide, et encore moins du panthéisme impersonnel ; il est irrémédiablement centré sur Christ. L’ensemble du N.T. et particulièrement les livres les plus importants, soulignent cette vérité : il est Christ, Emmanuel, Dieu avec nous, le roi davidique qui instaure le royaume de Dieu (Matthieu). Lui seul est le chemin, la vérité et la vie (Jean). Il n’existe aucun autre nom que Jésus pour être sauvés (Actes). Jésus est celui qui, selon le bon vouloir de Dieu, apaise la colère divine et réconcilie Juifs et non-Juifs avec son Père céleste, et, par la même occasion, les uns avec les autres (Romains, Galates, Éphésiens). Il est à la fois l’agneau et le lion, seul habilité à faire ainsi aboutir les desseins divins de jugement et de bénédiction (Apocalypse). John Stott a raison : « L’Évangile n’est pas prêché si Christ ne l’est pas. »
Cette position christologique ne se focalise pas seulement sur la personne de Christ ; elle englobe avec le même élan sa mort et sa résurrection. Dans ce que Paul considère comme de première importance, il y a le fait que « Christ est mort pour nos péchés » (15.3). Un peu plus tôt dans cette même lettre, Paul ne dit pas à ses lecteurs : « Je n’ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon Jésus-Christ », mais : « Je n’ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Cor 2.2). De plus, au chapitre 15, Paul lie la mort de Jésus à sa résurrection.
En d’autres termes, il ne suffit pas de monter en épingle la fête de Noël et d’atténuer Vendredi Saint et Pâques. En déclarant que l’Évangile est christologique comme un fait d’importance primordiale, il est clair que nous ne considérons pas Christ comme un homme quelconque, ni même comme le Dieu-homme qui vient nous aider, une sorte d’agent d’assurance – un « très brave Dieu-homme » qui, quand on fait des erreurs, vient réparer. L’Évangile est christologique dans un sens beaucoup plus fort : Jésus est le Messie promis qui est mort et ressuscité.
2. L’Évangile est théologique
C’est une façon raccourcie d’affirmer deux choses :
a. Comme 1 Corinthiens 15 le répète constamment, Dieu a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts (v. 15). D’une façon plus générale, le N.T. insiste sur le fait que Dieu a envoyé son Fils dans le monde, et que le Fils a obéi en allant jusqu’à la croix, parce que c’était la volonté de son Père. Il est vain de vouloir opposer la mission du Fils au dessein souverain du Père. Si l’Évangile est foncièrement christologique, il n’en est pas moins foncièrement théologique.
b. Le texte ne dit pas simplement que Christ est mort et qu’il est ressuscité ; il précise que c’est « pour nos péchés ». La croix et la résurrection sont des événements et historiques et théologiques.
Nous ne pouvons saisir la force de cette affirmation que si nous nous rappelons comment le péché et la mort sont liés à Dieu dans l’Écriture. Ces derniers temps, il est courant de résumer l’histoire biblique ainsi : « Depuis la chute, Dieu s’efforce d’inverser les effets du péché. Il prend des mesures pour en limiter les dégâts ; il appelle une nouvelle nation, les Israélites, pour communiquer son enseignement et sa grâce aux autres peuples ; il promet d’envoyer un jour le roi davidique annoncé pour triompher du péché et de la mort et de leurs misérables effets. C’est ce que Jésus accomplit : il vainc la mort, inaugure un royaume de justice et appelle ses disciples à vivre selon cette justice dans la perspective de l’aboutissement futur. » Une grande partie de cette présentation historique linéaire du salut est évidemment vraie. Mais elle est tellement réductrice qu’elle introduit une distorsion majeure. Elle fusionne la rébellion humaine, la colère de Dieu et tous les désastres qui leur sont liés en un seul bloc, celui de la dégradation de la vie humaine, mais en dépersonnalisant le courroux divin. Elle omet de dire que depuis le commencement, le péché est une offense contre Dieu. C’est le Seigneur qui, dès le début, prononce la sentence de mort (Gen 2–3). Ce n’est pas à proprement parler une surprise puisque Dieu est la source de toute vie ; si donc ceux qui portent son image lui crachent au visage, tiennent absolument à suivre leurs propres voies et devenir leurs propres idoles, ils se coupent de leur Créateur, de celui qui donne la vie. Que reste-t-il alors, sinon la mort ?
Par ailleurs, lorsque nous péchons sous quelque forme que ce soit, c’est invariablement Dieu que nous offensons le plus. L’expérience de David le prouve clairement : après avoir péché en séduisant Bath-Chéba et en faisant mourir son mari, le roi, profondément contrit, s’adresse à Dieu : « J’ai péché contre toi, contre toi seul, et j’ai fait le mal à tes yeux. » (Ps 51.6) D’un certain point de vue, c’est faux. Après tout, David a également péché contre Bath-Chéba. Il a terriblement fauté contre son mari. Il a péché contre l’officier en le corrompant, il a péché contre sa propre famille, contre le bébé dans le sein de Bath-Chéba, contre la nation dans son ensemble qui attendait que son roi agisse avec intégrité. En fait, il est difficile d’imaginer une seule personne contre laquelle David n’aurait pas péché ! Or le roi déclare : « J’ai péché contre toi seul. » Dans le sens le plus profond, c’est parfaitement vrai. Ce qui fait que le péché est péché, ce qui le rend si abject, ce qui lui confère son caractère si horriblement abominable, c’est qu’il est dirigé contre Dieu. Chaque fois que nous péchons, c’est Dieu qui est le plus offensé. C’est pourquoi nous devons implorer son pardon, sinon que nous reste-t-il ?
Le Dieu que la Bible décrit comme décidé à intervenir et à sauver est aussi le Dieu présenté comme rempli de colère à cause de notre idolâtrie persistante. Il intervient autant en tant que Sauveur qu’en tant que Juge au-dessus de nous, un Juge offensé animé d’une terrible jalousie. Seule la grâce de Dieu nous sauve à la fois des péchés et de leur conséquence autrement inévitable, à savoir la colère à venir (Mat 7.23 ; Act 17.31 ; 24.25 ; Rom 1.18 ; 1 Thes 1.10).
Le lien entre les thèmes – Dieu, péché, colère, mort, jugement – est ce qui rend les paroles simples de 1 Corinthiens 15.3 si profondément théologiques : c’est un thème « de première importance » que « Jésus est mort pour nos péchés » (cf. Rom 4.25 ; Gal 1.4 ; 1 Pi 3.18).
Comme le dit Paul ici, par cet Évangile « vous êtes sauvés » (v. 2). Être sauvé des péchés, ce n’est pas seulement être délivré de leur pouvoir asservissant, mais également de leurs conséquences, lesquelles sont intimement liées à la sentence solennelle de Dieu, à sa sainte colère.
3. L’Évangile est biblique
« Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures. » (1 Cor 15.3-4) Paul ne dit pas à quels textes précis de l’Écriture il fait référence. Peut-être pensait-il à des textes comme le Psaume 16 et Ésaïe 53, que Pierre a utilisés le jour de la Pentecôte, ou au Psaume 2 que lui-même cite à Antioche de Pisidie. Plus haut, Paul dit que « Christ, notre Pâque, a été immolé » (1 Cor 5.7). L’auteur de la lettre aux Hébreux soulignera élégamment comment certains éléments des Écritures de l’A.T., passés au crible de l’histoire du salut, annoncent l’obsolescence de l’Ancienne Alliance et son remplacement par la nouvelle avec son meilleur tabernacle, son meilleur sacerdoce et son meilleur sacrifice.
L’apôtre ancre ainsi l’Évangile dans les Écritures, ce que, bien entendu, nous appelons l’A.T., et dans le témoignage des apôtres, notre N.T.
4. L’Évangile est apostolique
Certes, Paul insiste avec bonheur sur le fait qu’il y avait plus de cinq cents témoins oculaires de la résurrection du Seigneur Jésus. Néanmoins, il attire plusieurs fois l’attention sur les autres apôtres : Jésus « a été vu par Céphas, puis par les douze » (v. 5) ; « ensuite, il a été vu par Jacques, puis par tous les apôtres… il s’est fait voir à moi… le moindre des apôtres » (v. 7-9). Notez bien ensuite la séquence des pronoms personnels au verset 11 : « Ainsi donc, que ce soit moi, que ce soient eux, voilà ce que nous prêchons, et c’est ce que vous avez cru. » La succession des pronoms (moi, eux, nous, vous) devient un puissant moyen de relier le témoignage et l’enseignement des apôtres à la foi de tous les chrétiens des siècles suivants.
5. L’Évangile est historique
a. 1 Corinthiens 15 mentionne l’ensevelissement et la résurrection de Jésus. L’ensevelissement atteste la mort de Jésus puisque (normalement !) nous n’enterrons que les morts ; et les apparitions témoignent de sa résurrection. Sa mort et sa résurrection sont liées historiquement. Celui qui a été crucifié est aussi celui qui est ressuscité ; son corps qui sortit du tombeau possédait les marques des plaies du corps qui y avait été déposé, comme Thomas voulut s’en assurer. La résurrection eut lieu le troisième jour, elle est datée par rapport au décès.
Toute approche, que ce soit en théologie ou dans l’évangélisation, qui tente d’opposer la mort de Jésus à sa résurrection est insensée. Il se peut qu’on ait occasionnellement besoin de souligner davantage l’une que l’autre pour combattre certaines idées fausses ou répondre à certains besoins particuliers, mais il est impossible de sacrifier l’une à l’autre, de séparer l’une de l’autre.
b. Notre accès aux événements de la mort, de l’ensevelissement et de la résurrection de Jésus est le même que pour tout autre événement historique : par le témoignage et les écrits de tous ceux qui étaient présents. C’est pourquoi Paul énumère ces témoins, et indique que beaucoup d’entre eux étaient encore en vie au moment où il écrivait sa lettre ; on pouvait les consulter et s’assurer de la véracité et de la fiabilité des propos de l’apôtre. Par la grâce de Dieu, la Bible est, entre autres choses, un compte-rendu écrit de ces premiers témoins.
c. Contrairement aux autres religions, les affirmations chrétiennes centrales sont irréductiblement historiques, contrairement au bouddhisme, à l’hindouisme et même à l’islam.
Jésus est la seule révélation possible de Dieu, entrée dans l’Histoire par l’incarnation (1 Jean 1.1-2). Pour l’apôtre Paul, nier la résurrection historique de Christ aurait des conséquences tragiques : « Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine » (1 Cor 15.17). En d’autres termes, ce qui valide la foi est la véracité de son objet ; dans ce cas, c’est la résurrection de Jésus. Si Jésus n’est pas ressuscité, vous pouvez croire, mais votre foi n’en est pas moins vaine et vous êtes parmi « les plus malheureux de tous les hommes » (v. 19).
d. Dans la pensée moderne, le mot « historique » ne s’applique souvent qu’aux événements ayant des causes et des effets entièrement situés dans une séquence d’événements ordinaire, « naturelle ». La résurrection de Jésus n’est donc pas « historique », car cette définition du mot « historique » exclut le miraculeux, l’intervention spectaculaire de la puissance divine. Il vaut infiniment mieux considérer comme historique tout événement qui se produit dans le continuum espace-temps – qu’il résulte de causes ordinaires ou surnaturelles.
Dans ce sens, la résurrection est historique : elle se situe dans l’Histoire, même si elle a pour cause le pouvoir spectaculaire de Dieu qui a ressuscité l’homme Christ Jésus d’entre les morts et lui a donné un corps de résurrection qui présentait une authentique continuité avec celui qui fut déposé dans le tombeau. On pouvait voir, toucher, manipuler ce corps de résurrection ; Jésus, dans ce corps pouvait manger de la nourriture ordinaire. Toutefois, il pouvait également apparaître soudainement dans une pièce verrouillée, un corps que Paul a du mal à décrire, l’appelant finalement corps spirituel ou corps céleste (v. 35-44).
6. L’Évangile est personnel
La mort et la résurrection de Jésus ne sont pas seulement des événements historiques ; l’Évangile n’est pas simplement théologique au sens où il touche à un certain nombre de concepts théologiques. Il indique la voie du salut individuel et personnel. « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes, et par lequel aussi vous êtes sauvés » (1 Cor 15.1-2). Un Évangile historique qui ne serait ni personnel ni puissant serait une antiquité ; un Évangile théologique qui n’est pas reçu par la foi et ne transforme pas la vie est pure abstraction.
7. L’Évangile est universel
Dans la suite de 1 Corinthiens 15, Paul démontre que Christ est le nouvel Adam (v. 22, 47-50). La nouvelle humanité en lui comprend des gens de toute langue, de toute tribu, de tout peuple et de toute nation. Dans ce sens, l’Évangile est universel. Il ne l’est pas au sens où il transformerait et sauverait tout le monde sans exception, car ceux dont l’existence se rattache exclusivement au premier Adam ne sont pas inclus dans le second Adam. Mais, cet Évangile est merveilleusement universel dans l’étendue de son appel. Il ne comporte aucune trace de racisme.
8. L’Évangile est eschatologique
Certains des bienfaits que les chrétiens reçoivent aujourd’hui sont des bénédictions essentiellement eschatologiques, qui appartiennent à la fin, même si elles anticipent ce temps et sont déjà nôtres. Dieu déclare déjà maintenant justifié le peuple qu’il a acquis par le sang de son Fils et régénéré par son Esprit : le verdict final de la fin des temps a déjà été prononcé sur le peuple de Christ en raison de ce que Jésus a accompli.
L’Évangile est aussi eschatologique dans un autre sens. Il ne suffit pas de se contenter des bénédictions dont les chrétiens bénéficient dans le temps présent : il y en a bien davantage à venir ! Paul l’évoque à la fin du chapitre (v. 50-54) : l’Évangile nous prépare pour les nouveaux cieux et la nouvelle terre dans un corps de résurrection.
Cinq propositions simples
1. Cet Évangile est normalement diffusé par la proclamation
Cet Évangile, répète Paul, je vous l’ai « annoncé » (15.1,2), « prêché » (15.11). Examinez chaque référence au mot « Évangile » et vous verrez combien de fois cette bonne nouvelle de Jésus-Christ a été répandue par la proclamation, par la prédication (cf. 1.21). La bonne nouvelle doit être annoncée, proclamée, expliquée ; Dieu lui-même visite et revisite les êtres humains par sa Parole.
2. Cet Évangile se reçoit efficacement par une foi authentique et persévérante
Paul écrit : « Voilà ce que nous prêchons, et c’est ce que vous avez cru » (15.11). Au début de ce chapitre, il dit aux Corinthiens : « Je vous rappelle, frères, l’Évangile… par lequel aussi vous êtes sauvés, si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain » (v. 1-2). Autrement dit, il fallait que leur foi dans la parole que Paul prêchait soit de nature persévérante (voir aussi Col 1.22-23).
3. Cet Évangile se dévoile à celui qui s’humilie
Lorsqu’il est bien compris et reçu dans une foi persévérante, les gens y répondent comme l’apôtre l’a fait. Le Christ ressuscité lui est apparu à lui en dernier (15.8). Mais loin d’être une source d’orgueil, la dernière apparition du ressuscité fait naître chez Paul le sentiment de son indignité : « Car je suis, moi, le moindre des apôtres, je ne mérite pas d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu. Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis » (15.9-10). Même si, à la suite de sa conversion, Paul peut affirmer avoir travaillé plus dur que les autres apôtres, il ajoute que cela ne fut possible que parce que la grâce de Dieu agissait avec lui.
Humilité, gratitude, dépendance de Christ, contrition, telles sont les attitudes caractéristiques de celui qui s’est vraiment converti, la matrice dans laquelle les chrétiens font l’expérience de la joie et de l’amour. Lorsque l’Évangile fait son œuvre, l’expression « chrétien orgueilleux » est une contradiction dans les termes ; elle est impensable car l’Évangile ne se fait vraiment connaître qu’à celui qui s’humilie personnellement.
4. Cet Évangile se présente comme la confession centrale de toute l’Église
Paul rappelle plusieurs fois à ses destinataires que l’église de Corinthe n’est pas la seule église ; bien d’autres églises partagent les mêmes doctrines et les mêmes pratiques si bien que l’indépendance des Corinthiens, loin d’être une vertu, prouve tout simplement qu’ils sont sur une mauvaise voie (cf. 4.17 ; 7.17 ; 11.16 ; 14.34). Même si l’on ne trouve pas de formule explicite semblable en 1 Corinthiens 15, l’apôtre fait fréquemment allusion à ce qu’il prêche partout, et non seulement à Corinthe. Les tournures neutres, « si l’on prêche » (v. 12), donnent l’impression qu’il s’agit du contenu habituel, non d’une prédication propre à l’église de Corinthe.
Certes, ce que « toute l’Église » ou « toutes les églises » font n’est pas forcément juste. Interrogez Athanase ou Luther. Il faut tout passer au crible de l’Écriture. De plus, il faut malheureusement reconnaître qu’une sorte de traditionalisme se perpétue dans l’Église ; elle préserve la forme au détriment de l’authenticité et de la puissance. Il ne semble cependant pas que ce fut le cas à Corinthe. Corinthe se pose en église qui prône des innovations continuelles qui, parfois, vont à l’encontre des pratiques et des doctrines d’autres églises en mettant tranquillement de côté les instructions de l’apôtre. Méfions-nous des églises qui se vantent d’être différentes de celles qui les ont précédées.
5. Cet Évangile progresse hardiment sous le règne contesté et la victoire inévitable de Jésus le roi
De ce côté-ci de la mort et de la résurrection de Jésus, celui-ci est l’agent exclusif de la souveraineté de Dieu : tout pouvoir lui a été donné (Mat 28.20) ; il a reçu « le nom qui est au-dessus de tout nom » (Phil 2. 9-11). Ici, Christ doit régner « jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds » (15.25). Cela présuppose que son règne est contesté, mais qu’il progresse, au fur et à mesure que Jésus bâtit son Église par l’Évangile (Mat 16.18). Un jour, le dernier ennemi, la mort, sera anéanti, et le règne provisoire de Christ prendra fin. Dieu sera tout en tous (15.28).
Il est temps de faire le point…
Ce résumé de l’Évangile – huit mots pour le définir et cinq propositions pour le clarifier, tous pris dans un seul chapitre du N.T. – débouche sur un résultat surprenant : la nature cognitive de l’Évangile qu’il faut comprendre, croire et à quoi il faut obéir.
Mais cet Évangile ne reste jamais une simple question de connaissances et de savoir, comme le démontre toute cette Épître. Un christianisme qui ne produit pas des croyants patients et bons, mais des gens particulièrement jaloux, fiers et vantards, impitoyables, qui se mettent facilement en colère et gardent le souvenir des torts subis, n’est pas un christianisme du tout. Paul a jugé nécessaire de souligner les effets de l’Évangile dans tous les domaines de la vie des Corinthiens (cf. le reste de cette Épître). Faisons de même aujourd’hui.
Où est l’épanouissement humain qui jaillit de l’Évangile de la grâce ? Où sont ces porteurs de l’image divine, heureux d’être justifiés devant Dieu sur la base de ce que Christ a accompli, puissamment régénérés pour répondre par la foi, l’obéissance, la joie et la gratitude ? Les conventions et les attentes du monde sont subtiles et asservissantes. Il faut que l’Évangile se traduise dans la vie des croyants et soit mis en évidence dans la vie de l’Église pour entraîner leur affranchissement des chaînes de l’idolâtrie, trop subtile pour être nommée et trop enivrante pour s’en défaire, en dehors du message puissant de la croix. Prêchons, enseignons et traduisons dans nos églises le glorieux Évangile de notre précieux Rédempteur.
« Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, progressez toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur. » (15.58)
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