PROMESSES
Dieu seul pouvait offrir son Fils pour ton salut éternel,
Mais tu peux lui soumettre ta vie.
Dieu seul peut te purifier de tout péché,
Mais tu peux pardonner à ton prochain.
Dieu seul peut te donner la foi,
Mais tu peux donner ton témoignage.
Dieu seul peut te donner l’espérance.
Mais tu peux rendre confiance à tes frères.
Dieu seul peut te donner l’amour,
Mais tu peux encourager l’autre à aimer.
Dieu seul Dieu seul peut te donner la paix,
Mais tu peux semer l’entende.
Dieu seul peut te donner la force,
Mais tu peux soutenir un découragé.
Dieu seul est le Chemin,
Mais tu peux l’indiquer aux autres.
Dieu seul est la Lumière,
Mais tu peux la refléter aux yeux de tous.
Dieu seul est la Vie,
Mais tu peux rendre aux autres leur désir de vivre.
Dieu seul peut faire ce qui est impossible.
Mais tu peux faire le possible.
Dieu seul se suffit à lui-même.
Mais il compte aussi sur toi.
Tim Keller est un pasteur particulier. Après des études théologiques et un poste pastoral dans une petite ville américaine, il a fondé en 1989 l’église Redeemer (Rédempteur) à New York, qui a connu une croissance extraordinaire, amenant au salut des milliers de personnes, en particulier de jeunes urbains déchristianisés. Il est le fondateur avec Donald Carson de The Gospel Coalition, mouvement interconfessionnel, visant à promouvoir une évangélisation profondément biblique (voir le site remarquablement riche : www.thegospelcoalition.org).
Dans « La raison est pour Dieu », « la foi à l’heure du scepticisme », Tim Keller reprend les principales questions qui lui ont été posées par les jeunes Neworkais au cours de 20 ans de ministère :
-« il est impossible qu’il n’existe qu’une seule vraie religion.»
-« Comment un Dieu bon pourrait-il permettre la souffrance ? »
-« Comment un Dieu aimant peut-il envoyer des gens en enfer ? »
À chacune de ces questions, Tim Keller apporte une réponse biblique argumentée, étayée de citations en prise avec la culture contemporaine.
C’est donc à la fois un remarquable ouvrage d’apologétique qui peut être facilement donné à une personne en recherche (pour peu qu’elle ne recule pas devant la réflexion) et une analyse utile à tout chrétien pour comprendre le mode de pensée postmoderne.
Pour renoncer à la prière en gardant bonne conscience, nous trouvons aisément des prétextes. Sous forme de conversation, nous dénonçons ces prétextes en suggérant des pistes pour les surmonter. Ainsi, Valério se propose de répondre à Barnabé, inquiet et désemparé. Nous croyons que ces lignes pourront aider ceux qui éprouvent quelque difficulté à prier.
Barnabé – Je suis découragé en constatant combien mon cœur est sec. Ma prière est froide, sans vie, dénuée de ferveur. Elle devient une corvée.
Valério – Cesse donc de regarder à la « sécheresse » de ton cœur. Après tout, peu importe que ta prière soit ceci ou cela, pourvu que tu t’attendes au Seigneur, pourvu que tu te « concentres » sur Jésus. C’est lui qui, le moment venu, éveillera ton cœur. Il te donnera, lui, la ferveur que tu ne peux créer.
Barnabé – Lorsque je m’approche de Dieu, j‘ai l’impression qu’un mur se dresse entre lui et moi. C’est pour cette raison que j’hésite à prier.
Valério – Quand donc cesseras-tu de considérer tes impressions et de jauger ta prière en fonction de ce que tu ressens ou ne ressens pas ? Réfléchis ! Tes impressions négatives sont du domaine de notre Ennemi, trop heureux de te voir éloigné du Seigneur. Une bonne fois pour toutes, sache que tu as une « libre entrée dans le sanctuaire au moyen du sang de Jésus ». (Héb 10.19) Celui qui a « renversé le mur de séparation » par son sacrifice (Éph 2.14) ne veut surtout pas que tu le rétablisses. C’est pourquoi, « passe ce mur » et « approche-toi avec assurance du trône de la grâce » (Héb 4.16). C’est l’attitude conforme à l’Écriture.
Barnabé – Mais n’y aurait-il pas quelque infidélité de ma part qui expliquerait le malaise que je ressens lorsque je cherche sa face ?
Valério – Ici, tu tiens le langage de chrétiens tellement scrupuleux qu’ils sont devenus une proie facile pour l’Accusateur. Je t’en conjure, cesse de t’introspecter. Ce « moi » incurable qui bronche toujours, regarde-le donc « comme mort », sachant que tu vis pour le Seigneur (Rom 6.11). Au lieu de chercher tes fautes — Satan ne se privera pas de t’en révéler du matin au soir, si bien que tu n’oseras plus t’approcher du Seigneur —, laisse plutôt au Saint-Esprit le soin de te convaincre et de dénoncer le ou les obstacles à une vraie communion ; mais surtout ne te substitue pas à lui en prétendant jouer son rôle. À toi de marcher dans la lumière, toujours ouvert à l’action de l’Esprit, déterminé à obéir à sa voix chaque fois que tu t’approches de lui.
Barnabé – J’ai rarement envie de prier. Puis-je honnêtement m’adresser à lui si je ne le fais pas de tout mon cœur ?
Valério – Balaie ce nouveau prétexte et avoue à ce Père aimant ton indifférence et tes négligences en lui disant ton ardent désir de lui consacrer du temps dans la prière, pour lui être agréable. Vouloir la joie de l’autre, n’est-ce pas déjà l’aimer ?
Barnabé – Ce qui me désespère et m’attriste, c’est de voir mon esprit vagabonder lorsque je prétends l’invoquer. Je me surprends bien souvent à penser à des choses très éloignées de ce que je suis en train de lui dire. Prier seulement du bout des lèvres me désole et me culpabilise.
Valério – Surtout que ce motif n’en soit pas un pour déserter la prière. Devant Dieu, reconnais ce travers et demande-lui, avec détermination, la grâce de penser à ce que tu dis. Avec son aide, sois centré sur la personne du Seigneur. Tu dois savoir que Jésus est là, à tes côtés. Pense à lui et non à tes pensées. Devant un haut personnage, la conversation ne s’égare pas, encore moins les pensées.
Barnabé – Au bout de quelques minutes, je ne sais plus que dire au Seigneur. Je suis à court d’idées. De plus, je ne suis pas certain qu’il s’intéresse à mes paroles. J’ai si peu de choses valables à lui exposer.
Valério – Cela ne devrait pas t’étonner, puisque l’Écriture elle-même déclare que « nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières » (Rom 8.26). Rassure-toi donc et reconnais que Dieu sait à l’avance ce dont tu as besoin (Mat 6.8). C’est pourquoi, ne te hâte pas d’ouvrir la bouche et surtout, garde-toi de multiplier les phrases. S’il le faut, reste silencieux devant lui, puis bénis-le, conscient que le Saint-Esprit, par « des soupirs inexprimables », intercède en ta faveur et obtient tout ce qui t’est présentement nécessaire. N’est-ce pas là déjà un beau sujet de reconnaissance ?
Barnabé – La prière ne m’apporte pas la joie que j’attendais y trouver. Je voudrais tellement être porté par elle et connaître les émotions profondes qu’éprouve celui qui se tient dans la présence du Seigneur.
Valério – Halte-là! Qui t’a dit que ta prière te porterait ? Que tu connaîtrais à chaque rencontre des états d’âme merveilleux ? En réalité, tu te recherches toi-même dans tes prières et tu es surtout préoccupé de ta joie et non de la joie de Dieu. Autrement dit, tu viens pour toi d’abord. Veux-tu être béni ? Alors consens à « mourir à toi-même » et sois tout entier désireux de plaire à ton Maître. Quand il le jugera bon, le Dieu souverain te donnera d’expérimenter l’ineffable. En tout cas, si tu ne ressens rien, bénis-le quand même, sachant que la louange lui est agréable plus que les sacrifices les plus coûteux (Ps 69.31-32).
Nous sommes le 18 décembre 2002 à Ma Campagne (quartier de Kinshasa, capitale de la R.D. du Congo), prenant le petit déjeuner. Mon téléphone sonne…! C’est une voix familière, celle d’un jeune que j’avais accompagné spirituellement il y a plusieurs années… ! Il me demande où je suis pour me rencontrer. Une dizaine de minutes après, il est à la porte… Nous l’accueillons fraternellement.
Quelques minutes plus tard, une Jeep de militaires de la Garde Spéciale Présidentielle surgit dans la parcelle. Le sous-officier, à la tête de l’équipe, s’informe sur chacun d’entre nous… Deux personnes sont leur cible !
Me voilà enlevé, avec un frère, vers une direction inconnue des nôtres : un cachot secret au Palais Présidentiel dit « de Marbre ». C’est là que nous vivrons notre calvaire ! Durant trois jours, nous serons torturés et subirons un traitement inhumain. Mais, après ces trois jours, le Seigneur nous sortira — miraculeusement et par sa grâce — de la gueule du lion et de ses griffes ! Des cicatrices, des séquelles, des handicaps physiques et psychiques de ces atrocités nous accompagneront jusque dans notre tombe ! C’est là la réalité de l’école de Dieu ! Il nous faut sa grâce pour l’accepter ! Il nous a en effet offert la grâce, non seulement de croire mais aussi de souffrir… Tout ce qu’il fait comme travail en nous et pour nous, quelles que soient les circonstances, convergera toujours vers notre bien et sa gloire !
Je n’aurais pas choisi peut-être
Mon chemin tel que Dieu l’a fait,
Mais j’accepte sans un regret
La sainte volonté du Maître.
Il sait si bien ce qu’il me faut :
Sur son amour je me repose,
Le mystère de toutes choses
Me sera révélé là-haut !
Huit ans après, autour de la même table où j’avais été trahi (par mon propre téléphone !), une nouvelle étonnante, surprenante, m’est annoncée : « Un militaire, sous-officier, gardé à la prison centrale de Kinshasa (Makala) s’est repenti et a reconnu sa culpabilité dans ces événements de décembre 2002 ! »
J’ai éprouvé d’un côté de la joie parce qu’une âme avait été sauvée, mais de l’autre côté, de la perplexité parce que la nouvelle suscitait en moi un combat spirituel, une tentation ! Elle a fait jaillir de ma mémoire des tourments mêlés de sentiments de révolte ! Gloire au Seigneur, la consolation de sa parole et sa joie ont remporté la victoire sur ces bouleversantes réactions négatives ! Je l’ai béni et continue à le faire. Il reste, lui, le Seigneur ! Ses voies pour sauver des âmes et polir les siens sont insondables !
Pour en arriver là, le Seigneur s’est servi des cours bibliques par correspondance. Une équipe du Centre Biblique de Kinshasa se rend assidûment à la prison pour donner ces cours. Et c’est lors d’un entretien personnel à la fin du cours sur l’Évangile selon Luc que l’un de mes anciens bourreaux s’est s’ouvert et a confessé publiquement son forfait devant Dieu et les hommes ! Il a également demandé à un membre de l’équipe du Centre Biblique de me transmettre sa demande de pardon pour ses actes ignobles ! N’est-ce pas là un « gros poisson » (Jean 21.11) gagné au Seigneur ? Il est devenu mon frère, notre frère, en Christ !
Le jeudi 20 mai 2010, l’occasion s’est enfin offerte de le rencontrer dans le but de le réconforter dans sa nouvelle vie avec Christ, de lui assurer mon pardon et de présenter aux autres prisonniers et prisonnières un enseignement… Ils étaient une trentaine du côté des hommes et une vingtaine du côté des femmes.
À la fin de l’enseignement, mon ami a pris la parole, et très humblement a témoigné publiquement devant nous et les autres prisonniers, parmi lesquels des hauts gradés de l’armée :
« Je suis ici en prison depuis 5 ans… Je sais que les faits retenus à ma charge pour mon emprisonnement par les magistrats militaires et le ministère public sont une calomnie, car sincèrement je plaide non coupable. Mais la vraie cause de mon incarcération à Makala est ignorée de ces hommes de loi ! Dieu seul et moi la connaissons !
En effet, il y a de cela huit ans, j’ai été mêlé à une affaire d’enlèvement suivi de tortures infligées à des hommes de Dieu, prêts même à leur « supplice » alors qu’ils étaient innocents ! Pire encore, j’ai pris plaisir à les voir souffrir devant mes yeux ! Il faut faire remarquer que, malheureusement, quelques autres personnes importantes qui étaient impliquées dans cette sale besogne sont mortes !
Nous espérions tous, à l’issue de cette affaire, nous partager les biens auxquels prétendaient deux jeunes antagonistes alors que ces biens (avion, véhicules, parcelles…) étaient des biens communautaires : ceux de la Mission. Nous avions été induits en erreur.
Pour tous ces actes, je reconnais avoir offensé mon Dieu en mettant illégalement la main sur ses serviteurs ! C’est à cause de cela que je suis en prison. Je vous demande pardon ainsi qu’à vos familles ! »
À la fin de son témoignage, je me suis levé et l’ai embrassé ! Ses larmes ont mouillé ma veste, les miennes sa chemise ! Je l’ai assuré du pardon de Dieu et du mien conformément à sa parole (1 Jean 1.8-10 ; Éph 4.32). Nous avons terminé par un moment de prières et d’actions de grâce en le recommandant aux soins et à la grâce de Dieu avec tous les autres prisonniers ainsi que leurs gardiens ! Ensuite, quelques correspondants ont demandé des entretiens individuels pour soumettre leurs cas à la prière ; ce qui a été fait.
La préoccupation générale de ces prisonniers est la suite de leur encadrement spirituel. Ils demandent que le Centre Biblique ne les abandonne pas et continue de les aider à lire la parole de Dieu !
* * *
Priez pour les prisonniers (Héb 13.3) de Makala et ceux des autres prisons du monde qui vivent dans des conditions précaires, très déplorables et pour ceux qui les visitent en leur apportant la parole de Dieu. Car en plus de cette parole de Dieu pour le salut de leurs âmes, ils ont aussi besoin d’un peu de nourriture pour leur survie physique ! On ne peut retenir ses larmes en les voyant dans leur état ! Que le Seigneur suscite encore des personnes pour répondre à leurs besoins !
Semons, comme notre Seigneur, avec larmes, Nous moissonnerons avec chants de joie !
Portons la semence que nous répandons en pleurant, Nous reviendrons avec chants de joie, portant ses gerbes !
(Psaume 126.5-6)
Nous vivons parfois des temps de crise. Ces crises sont diverses : elles peuvent être liées à la perte d’un emploi, à une crise d’identité, à un deuil dans la famille, à une crise conjugale, à un conflit insurmontable, etc. Quand l’épreuve est là, qu’elle occupe toutes nos pensées et habite notre quotidien, que faire ?
Une tension extrême
Ézéchias devient roi à l’âge de 25 ans. La quatorzième année de son règne sur Juda, le roi d’Assyrie, après avoir conquis les villes fortes de Juda, assiège Jérusalem la capitale du royaume. Il envoie ses officiers supérieurs narguer les soldats israélites qui gardent la muraille. Les pires moqueries sont adressées à ces défenseurs d’une ville en souffrance. Leur foi en Dieu est raillée, un marché odieux leur est proposé et le roi est calomnié. L’officier supérieur de l’armée assyrienne remet une lettre à l’attention d’Ézéchias. Alors que sa ville est assiégée, que son peuple est soumis aux invectives du roi d’Assyrie et à ses messagers, que la situation devient précaire, que va faire ce souverain poussé dans ses derniers retranchements ?
La prière d’Ézéchias
Ézéchias va se saisir de la lettre de blasphèmes reçue du roi d’Assyrie et la lire : « De même que les dieux des nations des autres pays n’ont pu délivrer leur peuple de ma main, de même le Dieu d’Ézéchias ne délivrera pas son peuple de ma main. » (2 Chr 32.17) Une fois la lettre lue, il se rend au Temple et la présente à l’Éternel. Voilà déjà une démarche exemplaire en situation de crise : prendre le temps de rechercher l’Éternel. Puis, dans la présence de son Dieu, Ézéchias prie. Observons les articulations principales de sa prière.
Éternel, Dieu d’Israël, assis sur les chérubins ! C’est toi qui es le seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c’est toi qui as fait les cieux et la terre. Éternel ! Incline ton oreille et écoute. Il est vrai, ô Éternel que les rois d’Assyrie ont détruit les nations et ravagé leurs pays, et qu’ils ont jeté leurs dieux dans le feu; mais ce n’étaient point des dieux, c’étaient des ouvrages de mains d’homme, du bois et de la pierre ; et ils les ont réduits à rien. Maintenant, Éternel, notre Dieu ! Délivre-nous de la main de Sanchérib, et que tous les royaumes de la terre sachent que toi seul es Dieu, ô Eternel! 2 Rois 19.15-19 |
Rappel de la grandeur de Dieu
Avant de se précipiter pour évoquer son problème, Ézéchias prend de la hauteur et rappelle la grandeur de celui auquel il s’adresse. Il réaffirme la position d’autorité de Dieu (il siège au-dessus des chérubins), il ne change pas (il est l’Éternel, celui qui est le Même), il est le vrai Dieu (« c’est toi qui est le seul Dieu ») et il est le créateur (« c’est toi qui as fait les cieux et la terre »).
Nos circonstances peuvent parfois nous écraser. Notre foi peut parfois sembler bien petite et la grandeur de Dieu nous dépasse. Toutefois, ce ne sont ni nos circonstances ni notre foi qui sont importantes, mais Dieu lui-même. Au plus fort de l’épreuve, rappeler la grandeur de Dieu est bienfaisant. Nos yeux se détournent ainsi de notre problème pour se tourner vers celui qui veut s’en charger.
Présentation de la situation
Après avoir rappelé la grandeur de celui auquel il s’adresse, Ézéchias demande à Dieu d’incliner son oreille et d’écouter. Mais une simple écoute serait insuffisante, c’est pourquoi Ézéchias sollicite également le regard de Dieu sur sa difficulté. Ensuite, de manière factuelle, Ézéchias dresse un bilan de la situation : les paroles du roi d’Assyrie délivrées par son officier supérieur et les insultes proférées à l’encontre de Dieu. Bien conscient du poids de son adversaire, Ézéchias rappelle encore les hauts faits d’armes des Assyriens. Les rois d’Assyrie ont subjugué plusieurs nations et leurs territoires. Cet envahisseur est brutal, mais également impie puisqu’il a aussi détruit les dieux des nations vaincues. D’un point de vue humain, la situation d’Ézéchias est perdue : la capitale de son royaume est assiégée par une nation violente et qui peut faire valoir de nombreuses victoires à son actif.
N’en est-il pas ainsi dans nos temps de crises, de difficultés : les problèmes auxquels nous faisons face semblent insolubles ? Il est bon de les exposer à Dieu avec précision, comme le fait Ézéchias, et de ne rien cacher de notre perplexité.
La demande
Parfois, lorsque les difficultés nous assaillent, nous sommes tout justes capables de les amener à Dieu. Et souvent, nous nous arrêtons là. Ézéchias, après avoir exposé en détail sa situation à Dieu, va également formuler une requête, une demande précise. Il souhaite que lui et son peuple soient délivrés de l’oppression du roi d’Assyrie. Il ne demande rien moins qu’une délivrance totale ! Mais son souhait est que cette délivrance permette à Dieu d’être glorifié et que toutes les nations reconnaissent ainsi que c’est lui seul, l’Éternel, qui est Dieu.
Épilogue
Cette prière nous enseigne comment prier en temps de crise. Il est remarquable qu’à la suite de cette supplication, Dieu ait fait savoir par le biais de son prophète Ésaïe qu’elle avait été entendue (2 Rois 19.20). Le Tout-puissant sait aussi se pencher sur notre misère, sur nos difficultés. Par le moyen de son ange, l’Éternel frappera 185 000 hommes dans le camp des Assyriens et le terrible roi Sanchérib, après avoir décampé en toute hâte, sera bientôt assassiné par ses fils (2 Rois 19.35-37). La réponse de l’Éternel est-elle positive à cause de la belle prière d’Ézéchias ? Si nous priions de cette manière-là, Dieu exaucerait-il toutes nos prières ? Dieu reste Dieu. Ici, il choisit de sauver la ville à cause de lui-même et de son serviteur David (2 Rois 19.34). Dans sa souveraineté, il lui appartient de répondre à nos demandes de la manière qu’il juge la meilleure.
Notre année 2012 ayant été précédée d’une avalanche de prédictions inspirées du calendrier maya nous promettant la fin du monde pour le mois de décembre, il nous a semblé à propos d’analyser ce type de psychose collective à partir d’un film connu : 2012. Ce film n’a pas de rapport étroit avec le calendrier maya, mais il montre comment la thématique apocalyptique peut être utilisée dans un esprit totalement étranger à celui de l’Écriture.
Article emprunté à la revue La Bonne Nouvelle, et légèrement adapté, no 3/2010, p. 16-19 (e-mail : bnrevue@online.fr)
Le sujet de la fin du monde préoccupe les humains à intervalles réguliers. Très souvent, vers la fin d’un siècle ou d’un millénaire, on parle de la fin du monde, comme si c’était un moment opportun, au passage d’un siècle à l’autre, pour que le monde tel que nous le connaissons prenne fin. C’est aussi aux moments où l’homme est témoin de nombreuses catastrophes naturelles qu’il se dit : « Cela ne peut pas durer ! C’est la fin du monde. »
Le film
1
L’histoire commence par la visite d’un géologue à son ami, un ingénieur indien. Celui-ci avait signalé au géologue que la température au fond de sa mine de cuivre augmentait de manière rapide et inquiétante. Un modèle informatique permet de prédire que la planète entière va subir une activité volcanique intense.
L’abaissement des montagnes qui en résultera provoquera d’immenses tsunamis qui changeront la face du globe. Immédiatement, les grands de ce monde programment la construction de quatre vastes bateaux sophistiqués destinés à les sauver de la catastrophe. Finalement, l’activité volcanique, la chute de nombreuses météorites, et le déplacement rapide des plaques de la croûte terrestre provoquent d’énormes catastrophes. Des millions de gens périssent. Le film s’achève par la vision de ces quatre « arches des temps modernes » voguant sur une mer calme et infinie. Un seul petit continent a subsisté. C’est le nouveau monde après l’apocalypse. Tout repart à zéro.
Le terme « apocalypse »
Dans la pensée populaire, le terme « apocalypse » désigne généralement un récit de fin du monde. Le langage y est le plus souvent très imagé : le scénario comporte un énorme cataclysme provoquant la fin du monde tel que nous le connaissons. Il s’agit toujours d’un récit terrifiant. Grâce à la technologie moderne, faire un film sur ce thème permet de donner toute la gamme des effets spéciaux, et d’épater ou d’impressionner le spectateur.
Dans la Bible, le terme « apocalypse » (du grec apocalupsis) signifie « le dévoilement » ou « la révélation ». C’est le premier mot du dernier livre de la Bible. La première phrase en est : « Révélation de Jésus-Christ ». L’Apocalypse est la révélation de la gloire de Jésus-Christ. Dès le premier chapitre, l’apôtre Jean reçoit une vision de Jésus-Christ dans sa gloire céleste, revêtu de sa royauté et de sa divinité. Lorsque celui-ci reviendra pour juger et pour régner, afin de manifester sa gloire, le monde verra enfin cette majesté qui était voilée par son humanité et par son humilité pendant son premier séjour sur la terre.2.
La date du 21 décembre 2012
Dans le film, il en est très peu question. La seule allusion vient d’un moine tibétain, ou chinois, qui explique que la fin du monde a été prédite par les ancêtres de son peuple. Il existe aussi un certain nombre d’écrits antiques. Nostradamus, par exemple, a prédit la fin du monde, mais dans un langage obscur et énigmatique. Sur la jaquette du DVD, on peut lire: « Les Mayas nous ont transmis une prophétie : leur calendrier prend fin en 2012 et notre monde aussi. Le 21 décembre 2012, nous saurons tous si cette prédiction est vraie…»3
Dans la Parole de Dieu, concernant la date de l’Apocalypse, Jésus-Christ a déclaré : « Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul. » « C’est pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas. » « Si quelqu’un vous dit alors : Le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas. » (Mat 24.36,44,23)
De nombreuses prédictions ont été faites au cours de l’histoire concernant le retour de Christ. Les Témoins de Jéhovah l’ont annoncé pour 1914. D’autres ont fait des calculs, se basant sur des chiffres trouvés dans la Bible, etc.
Les ressemblances entre le film et la révélation biblique
1. Le scénario du film présente quelques ressemblances avec le déluge biblique. D’ailleurs, M. Emmerich dit dans une interview qu’il voulait faire le récit d’un déluge des temps modernes.
2. Dans les deux cas, il y a la construction de navire(s) (quatre dans le film) grâce au(x)quel(s) un certain nombre de personnes peuvent survivre et repeupler la terre.
3. Précisons toutefois que si le déluge du film relève de la fiction, celui de la Bible est un récit sérieux et historique, et que la terre porte de très nombreuses traces d’un déluge universel. L’existence des fossiles, du charbon, du gaz et du pétrole témoignent de l’enfouissement extrêmement rapide de très grandes quantités de végétaux et d’animaux.
Les différences entre le film et la révélation biblique
1. Les causes de l’Apocalypse
Dans le film, c’est une simple surchauffe du magma à l’intérieur de la terre et sa remontée à la surface du globe. Aucunes causes morales ou spirituelles ne sont évoquées.
Dans la Bible, le retour de Christ s’inscrit comme la réponse divine à la rébellion exacerbée de l’humanité contre Dieu. Cette révolte, culminant avec la constitution d’une armée mondiale sous la conduite de l’Antichrist, aura pour intention explicite de défier Dieu en détruisant le peuple d’Israël (cf. Zach 12.2-10).
2. Les acteurs de l’Apocalypse
Dans le film, il y a un géologue, un haut fonctionnaire, le président des USA et sa fille, un ingénieur indien, un milliardaire russe, des ouvriers chinois, etc. dont beaucoup périssent dans le cataclysme.
Dans la Bible, il y a l’Antichrist — qui devient le maître du monde pendant un temps —, des armées, le massacre de nombreuses personnes par l’Antichrist parce qu’elles refusent de se soumettre à lui, des survivants juifs, entre autres, miraculeusement préservés par Dieu, et l’intervention glorieuse de Christ qui vient sauver les rescapés et juger l’Antichrist, le faux prophète et le diable lui-même.
3. Le mode du jugement
Dans le film, le monde est entraîné dans une vague prodigieuse de cataclysmes naturels induits principalement par un redoublement de l’activité solaire.
Dans la Bible, immédiatement après le déluge, survenu 2.500 ans avant Jésus-Christ, Dieu fait la promesse de ne plus jamais détruire la terre de cette façon (Gen 9.9-17).
Selon la Bible, le jugement final a lieu en plusieurs phases distinctes. En particulier :
– Les plaies qui frappent l’humanité pendant le règne de l’Antichrist (ces fléaux correspondent à l’ouverture des sept sceaux, aux sept trompettes et aux sept coupes d’Apoc 6-18). Elles culminent à la bataille d’Harmaguédon, confrontation directe entre l’Antichrist et Jésus-Christ. Ce dernier anéantit l’Antichrist et son armée (cf. Joël 3.3-5 ; Zach 14.1-5 ; Apoc 16.16 ; 19.11-21).
À la fin du règne de Jésus-Christ (voir la note 2), après une ultime révolte des nations et un dernier jugement de celles-ci (Apoc 20.7-10), le monde actuel est effacé. Pierre nous donne cette description : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur : en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée. » (2 Pi 3.10)
Le jugement dernier peut alors se tenir, et un nouvel univers remplacer l’ancien (Apoc 20.11-22.5).
4. La finalité de l’Apocalypse
Dans le film, la grande leçon à tirer est que, quelle que soit la catastrophe, si on est débrouillard et chanceux, on peut espérer s’en tirer en bonne santé et contribuer à créer un nouveau monde.
Dans la Bible, la grande leçon est que Jésus-Christ, qui est venu humblement comme l’Agneau de Dieu, et qui a été méprisé pour son humilité et son esprit de service, reviendra comme un lion pour juger les rebelles et les moqueurs. Il mettra fin à l’injustice et régnera lui-même sur les hommes, avant de remettre le royaume « à celui qui est Dieu et Père » (1 Cor 15.24, 28).
5. La probabilité de cette Apocalypse
Certains phénomènes touchant la terre, tels que les catastrophes naturelles, vont en augmentant. La Bible l’a prédit (cf. Mat 24.7-29).
La probabilité de l’Apocalypse biblique n’est pas une vue de l’esprit. La fin du monde aura lieu telle que la Bible l’a prédite. Pourquoi ?
– Jésus l’a prédite solennellement et clairement dans les Évangiles (Mat 24 ; Marc 13 ; Luc 21). Les prophètes de l’Ancien Testament, ainsi que les apôtres du Nouveau Testament, l’ont confirmée par d’abondants détails (par exemple, És 11 ; 1 Thes 5 ; 2 Thes 2).
– De nombreuses prédictions de la Bible se sont déjà accomplies.
– La technologie et les conditions humaines et politiques se mettent rapidement en place pour produire la configuration de la fin des temps, telle que la Bible l’a prédite.
– Christ est ressuscité d’entre les morts et doit un jour juger les hommes (Act 17.30-31). La justice doit triompher.
Notre attitude vis-à-vis de la fin du monde
On peut y être indifférent, mais quelle attitude dangereuse puisque notre âme a une destinée éternelle !
On peut être terrorisé. Ce sera le cas de nombreuses personnes (Mat 24.21). Mais cette peur peut nous paralyser et nous empêcher de nous préparer à l’au-delà.
On peut être serein. Mais on ne peut goûter cette assurance que si l’on est prêt à rencontrer Dieu.
Notre préparation à notre fin dans ce monde
Nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes. Attendons-nous le Seigneur pour notre salut (cf. Héb 9.28) ? « Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. » (Rom 10.13) L’ai-je invoqué dans la repentance et dans la foi ?
Voici le temps favorable
Si le film 2012 est une œuvre de fiction, en revanche, la fin du monde est une réalité ! Les prophéties de la Bible verront toutes leur accomplissement. Notre génération connaîtra-t-elle la fin du monde ? Quoi qu’il en soit, un jour notre vie prendra fin, nous quitterons ce monde.
Notre conscience nous rappelle qu’il y a un au-delà, qu’il y a le bien et le mal. Par la Bible, nous avons la révélation de notre péché, mais aussi de l’amour de Dieu pour nous. Ce Dieu nous révèle qu’il est prêt à nous accorder le pardon et la réconciliation avec lui par Jésus-Christ — Dieu fait homme, qui s’est livré en sacrifice pour nous.
Quelle que soit votre opinion sur le film 2012 (ou sur d’autres fictions-prédictions), n’attendez pas la fin de l’année 2012 pour vous tourner vers Christ ! La Bible dit : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs … Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut. » (Héb 3.7-8 ; 2 Cor 6.2)
- Le film 2012, sorti en 2009, est disponible dans l2 plupart des grandes surfaces ; il est diffusé par Sony et a été produit par Columbia Films. Depuis une dizaine d’années, Roland Emmerich, le metteur en scène, fait des films spectaculaires sur le thème des catastrophes planétaires. Il a mis en scène les films Independence Day, Le Jour d’après et Godzilla. Dans la production 2012, il met en scène plusieurs acteurs connus, notamment John Cusack et Danny Glover.
- Le lecteur n’ignore pas l’existence de diverses positions quant au règne de Christ sur la terre. Certains ne croient pas même à son accomplissement littéral. Le but du présent article n’est pas de traiter de cette question délicate. (NDLR)
- À l’approche de cette date fatidique, certains pensent que le monde va effectivement prendre fin. En Belgique, un journaliste proclame la fin du monde pour cette date. Il a fondé une association pour préparer des abris anti-atomiques et des maisons souterraines capables de supporter un séisme ou un feu planétaire, placés sur des hauteurs pour éviter les tsunamis. Plusieurs ont investi les économies de toute leur vie pour construire ces abris…
Le chapitre 6 du livre d’Ésaïe raconte une expérience remarquable qui a changé la vie du prophète. Cette rencontre bouleversante avec Dieu a eu lieu « l’année de la mort du roi Ozias » (6.1). Ce détail nous aide à situer cet épisode extraordinaire de la vie d’Ésaïe au cours de l’année 740 avant notre ère, mais plus que cela, il nous aide à en comprendre le contexte. Quelle est la signification de la mort du roi Ozias ?
La vie du roi Ozias est retracée en 2 Chroniques 26. Il « était âgé de seize ans lorsqu’il commença de régner ; et il régna cinquante-deux ans à Jérusalem ; […] Et il fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel […] Et il rechercha Dieu pendant les jours de Zacharie, qui avait l’intelligence des visions de Dieu1 ; et pendant les jours où il rechercha l’Éternel, Dieu le fit prospérer » (26.3-5). La nation toute entière profita de ses succès, jouissant de la paix, d’une bonne renommée vis-à-vis du monde, et de prospérité matérielle. Il était particulièrement admiré à cause de sa puissance militaire : « Ozias avait une armée pour faire la guerre […] Et il fit à Jérusalem des machines, inventées par des ingénieurs, pour être placées sur les tours et sur le haut des remparts, pour lancer des flèches et de grosses pierres. Et son renom s’étendit au loin ; car il fut merveilleusement aidé. » (26.11-15)
Essayez de vous représenter ce que furent ces 52 années de paix, de stabilité et de prospérité. Dans le royaume de Juda, il n’y avait personne de moins de 55 ans qui savait ce qu’avait été la vie avant le roi Ozias. Mais ces années de normalité se sont achevées. Le roi Ozias a péché, il a été frappé de lèpre, et puis il est mort. Nous pouvons presque sentir la tension qui régnait : que va-t-il se passer maintenant ? Qui va conduire le peuple ? Les ennemis vont-ils nous envahir ? C’était une année de crise nationale. Et dans cette période de crise, « l’année de la mort du roi Ozias », le Seigneur Dieu a choisi d’appeler, de purifier et d’envoyer le prophète Ésaïe.
Nous sommes également confrontés à des situations de crise. Ce peut être une crise familiale du fait d’un problème de santé, d’un divorce ou d’un décès. Des crises nationales ou globales peuvent également nous affecter personnellement, qu’elles aient trait au terrorisme, au chômage, ou aux marchés financiers instables. Nous pouvons traverser des crises quant à notre foi, lorsque nous nous bagarrons contre de nouveaux doutes, lorsque nous pensons à nos prières restées sans réponse ou lorsque nous affrontons un conflit dans notre église locale. Une période de calme relatif vient de s’achever, et l’avenir nous semble si incertain. La manière dont Dieu a agi envers Ésaïe nous enseigne qu’il peut utiliser ces moments douloureux et difficiles. Dans la main de Dieu, les périodes de crise sont une opportunité de croissance personnelle.
1. En période de crise, recherchez le Seigneur
Lorsque survient la crise, certaines personnes sont comme paralysées, que ce soit de crainte ou du fait du choc. D’autres, cependant, deviennent hyperactifs, recherchant une solution rapide en courant d’un point à un autre. Qu’a fait Ésaïe ? Il aurait pu se joindre à une délégation se rendant dans un pays voisin pour signer un accord de paix. Il aurait pu entamer des discussions avec l’armée puissante. Il aurait pu essayer de monter son propre parti politique « religieux ». Dans ce premier verset, nous ne trouvons Ésaïe ni dans le palais ni sur la place du marché, mais dans le temple. En période de crise, il a recherché le Seigneur.
Le Seigneur est heureux de l’y voir, et le récompense en lui donnant une vision très importante. Ce n’est pas la vision d’un avenir millénaire paisible. Ce n’est pas la vision de la destruction des ennemis. Non ! Dieu sait exactement qu’Ésaïe a besoin de la vision de Dieu lui-même : « Je vis le Seigneur assis sur un trône haut et élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. » (6.1) Le Seigneur ne s’agitait pas. La crise ne l’avait pas pris par surprise. Il ne courait pas d’un point à un autre. Le Seigneur était calme. Il était assis. Ésaïe avait besoin de constater cela. Et nous aussi. Le Seigneur était assis sur un trône, qui parle de son autorité, un trône haut et élevé. Au fur et à mesure qu’Ésaïe saisissait ce qu’il voyait, son esprit trouvait le repos. La crise ouvrait la porte sur un avenir incertain pour Juda. Mais pour Ésaïe, le fait de voir Dieu l’a rempli d’une confiance paisible. Sachant que l’avenir est dans les mains de Dieu, il a pu ensuite écrire : « Voilà la résolution prise contre toute la terre, voilà la main étendue sur toutes les nations. L’Éternel des armées a pris cette résolution : qui s’y opposera ? Sa main est étendue : qui la détournera ? » (És 14.26-27, Segond) Pour rester calme dans les moments de crises, et confiants dans l’avenir, nous avons également besoin d’une vision réaliste et renouvelée de Dieu.
2. En période de crise, regardez-vous en face
En dirigeant les yeux vers le Seigneur, Ésaïe a vu deux séraphins qui volaient au-dessus de son trône. Il les entendait s’interpeller l’un l’autre : « Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ; toute la terre est pleine de sa gloire ! » (6.3) Et pour compléter cette expérience impressionnante, « les fondements des seuils étaient ébranlés (…), et la maison était remplie de fumée. » (6.4) Dieu a de nombreux attributs merveilleux. Il est amour. Il est fidèle. Il est tout puissant. Mais le seul de ses attributs qui soit répété trois fois est celui-ci : il est saint. La répétition est utilisée pour l’emphase. Ésaïe a compris le message. Ses yeux ont quitté le Seigneur pour se tourner vers lui-même. Le contraste était douloureusement évident. « Malheur à moi ! car je suis perdu ; car moi, je suis un homme aux lèvres impures (…) » (6.5). Une crise nous procure l’occasion de nous rapprocher du Seigneur. Et en le faisant, nous nous rendons douloureusement compte de notre propre insuffisance.
Avant la crise, nous disons avec joie que notre avenir est dans les mains de Dieu. Mais lorsqu’elle nous frappe, lorsque nos économies s’envolent, lorsque nous perdons notre emploi, lorsque nous avons des ennuis de santé… notre avenir ne nous semble plus du tout rassurant. Il est peut-être plus facile de faire confiance au Seigneur lorsque nous nous sentons en confiance, en sûreté et aux commandes de notre vie. La crise brise notre sécurité factice. Il était important pour le Seigneur qu’Ésaïe ressente sa propre petitesse, afin de lui révéler sa grandeur. Il était important pour le Seigneur qu’Ésaïe ressente sa nature pécheresse, afin de lui révéler sa sainteté.
La crise que vous traversez est également une invitation à vous approcher du Seigneur, puis à vous regarder de manière réaliste. Une crise est dans les mains du Seigneur un outil pour nous réveiller d’une routine religieuse confortable, pour révéler le mensonge de notre manière de penser, pour nous aider à discerner nos priorités mondaines. Au lieu d’essayer de rejeter le blâme sur les autres du fait de leur implication dans la crise que vous traversez, regardez en vous-même dans la présence de Dieu. Peut-être y a-t-il quelque chose à corriger. Peut-être avez-vous vous aussi des « lèvres impures » !
3. En période de crise, essayez d’écouter
« Et l’un des séraphins vola vers moi ; et il avait en sa main un charbon ardent qu’il avait pris de dessus l’autel avec des pincettes ; et il en toucha ma bouche, et dit : Voici, ceci a touché tes lèvres ; et ton iniquité est ôtée, et propitiation est faite pour ton péché. » (6.6-7) C’était là une action symbolique. L’autel représente probablement l’œuvre de Christ, puisque le pardon et la purification sont habituellement associés à la mort en sacrifice de notre Seigneur Jésus-Christ. « Christ (…) s’est offert une seule fois pour porter les péchés de plusieurs. » (Héb 9.28) Pouvez-vous vous représenter l’effet de charbons ardents touchant vos lèvres sensibles ? Je suis certain qu’Ésaïe n’a jamais oublié ce moment douloureux. Les cicatrices et les souvenirs étaient là afin qu’il n’oublie jamais cette réalité passée : des lèvres impures. Nous avons également besoin de nous souvenir d’où nous venons. Sans le rappel de notre propre insuffisance et de sa suffisance, nous manquerons de grâce dans nos rapports avec les autres. Le Seigneur veut utiliser les lèvres d’Ésaïe, alors il commence par les brûler.
Ésaïe est maintenant purifié et attentif, en présence du Seigneur. Il est désormais prêt à écouter. « Et j’entendis la voix du Seigneur qui disait : Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? » (6.8) C’est tellement facile d’avoir nos propres idées, nos propres plans, nos propres opinions, nos propres solutions. Et lorsque notre esprit est occupé de nos propres idées, opinions et solutions, c’est tellement difficile d’écouter le Seigneur : sa douce voix est étouffée dans notre chaos intérieur. Mais si nous voulons tirer profit de cette crise, si nous voulons grandir en la traversant, nous devons remettre toutes nos initiatives au Seigneur et essayer d’écouter sa voix. Ésaïe appliqua plus tard ce principe au peuple tout entier : « Malheur aux fils qui se rebellent […] pour former des desseins, mais non de par moi, et pour établir des alliances, mais non par mon Esprit, afin d’ajouter péché sur péché ! » (30.1) « Cependant l’Eternel désire vous faire grâce, et il se lèvera pour vous faire miséricorde ; car l’Eternel est un Dieu juste : heureux tous ceux qui espèrent en lui ! […] Tes oreilles entendront derrière toi la voix qui dira : Voici le chemin, marchez-y ! » (30.18,21, Segond) Le Seigneur peut choisir de parler par l’intermédiaire de conseils d’amis, par sa Parole, par les circonstances, par un rêve, le Seigneur tout puissant choisit le moyen. De notre côté, soyons comme Ésaïe et Samuel, prêts à entendre : « Parle, Éternel, car ton serviteur écoute ! » (1 Sam 3.9)
4. En période de crise, soyez ouvert au changement
Lorsque Ésaïe a répondu au Seigneur « me voici, envoie-moi » (6.8), je me demande à quoi il s’attendait de la part du Seigneur. Pensait-il que le Seigneur allait l’envoyer pour oindre un nouveau roi, comme Samuel le fit avec David presque 300 ans auparavant ? A-t-il flirté avec la possibilité que le Seigneur le nomme en tant que nouveau roi ?
Imaginait-il que le Seigneur allait l’utiliser, comme Moïse, pour sortir le peuple de Dieu de cette crise et le mener dans un nouveau pays quelconque ? Le Seigneur n’a pas demandé à Ésaïe : « Qu’as-tu envie de faire ? » Il lui a dit au contraire : « Va, et dis à ce peuple : En entendant vous entendrez et vous ne comprendrez pas, et en voyant vous verrez et vous ne connaîtrez pas. » (6.9) Le Seigneur savait ce qu’il fallait faire. Nous pouvons avoir nos préférences, mais lorsque nous disons au Seigneur : « Je suis à toi. Me voici, utilise-moi », nous devons être ouverts à sa réponse. Avant la crise, les amitiés, la famille, l’église, les études, le travail, la santé et les finances s’inscrivaient dans un cadre « satisfaisant ». Un changement radical ne semblait pas nécessaire. Vous pensiez peut-être qu’il n’y avait besoin que de réajustements mineurs. Comprenez que les périodes de crises peuvent aussi être des périodes de changement. La vie d’Ésaïe a changé et n’est plus jamais la même.
Il est important de remarquer que ce n’est pas la crise elle-même qui a changé Ésaïe. La crise nous donne une opportunité de stopper ce qui semble normal, de nous rapprocher du Seigneur, de nous purifier, d’écouter. Et lorsque nous faisons cela, nous pouvons sentir le Seigneur nous appeler à changer. Il peut nous conduire dans la poursuite fidèle de nos travaux. Ou comme Archippe, nous avons mélangé les priorités, et nous sommes désormais appelés à prendre garde au service que nous avons reçus du Seigneur, afin de l’accomplir (Col 4.17). Mais le Seigneur peut également ouvrir une fenêtre pour nous montrer une nouvelle direction, un nouveau service, un nouvel appel. Ésaïe a reçu un ministère prophétique difficile. Le peuple auquel il devait s’adresser était endurci. S’il avait regardé au « succès » et aux résultats visibles, il n’aurait pas tenu longtemps. Ce ne sont pas les crises et les difficultés en elles-mêmes qui doivent nous dire quand nous arrêter. Lorsqu’il a été envoyé, Ésaïe a demandé : « Jusques à quand, Seigneur ? Et il dit : Jusqu’à ce que les villes soient dévastées, de sorte qu’il n’y ait pas d’habitants (…), que l’Éternel en ait éloigné les hommes, et que la solitude soit grande au milieu du pays. » (6.11-12) Chaque activité sous le soleil est temporaire, y compris les activités chrétiennes telles que les écoles, les hôpitaux, les orphelinats, les organisations missionnaires, les orchestres, les magazines chrétiens… et mêmes les églises locales. Comme Ésaïe, nous devons également demander : « Jusques à quand, Seigneur ? » C’est à lui de déterminer le commencement et la fin. Poursuivre lorsqu’il a dit d’arrêter n’est pas de la fidélité. C’est de la désobéissance. S’arrêter lorsqu’il dit d’avancer, c’est aussi de la désobéissance. Une crise peut suggérer un changement, mais ne commencez, ne terminez ou ne changez rien sans certitude que le Seigneur vous parle.
Des crises qui font croître
Votre vie a peut-être pris un virage étrange et difficile récemment. Vous vous demandez parfois pourquoi le Seigneur utilise un outil aussi émoussé et douloureux. Dieu se sert des périodes de tourmentes intérieures pour nous encourager à nous rapprocher de lui, pour nous purifier, pour parler à notre cœur. Considérez la crise que vous traversez comme une opportunité de grandir. Le Seigneur est toujours assis sur son trône, haut et élevé. Il contrôle toujours toutes choses. Choisissez de vous rapprocher de lui, choisissez de vous purifier, choisissez d’écouter sa voix, choisissez de croître par le moyen de cette crise. Et bientôt, comme un témoignage, vous allez pouvoir chanter avec beaucoup d’autres : « Tu garderas dans une paix parfaite l’esprit qui s’appuie sur toi, car il se confie en toi. Confiez-vous en l’Éternel, à tout jamais ; car en Jah, Jéhovah, est le rocher des siècles. » (És 26.3-4)
1 La version anglaise NIV utilisée par Ph. Nunn dit : « qui l’instruisit dans la crainte de Dieu ». Dans l’article traduit en français, c’est la version Darby qui est utilisée, sauf mention contraire.
L’apôtre Jean, dans sa révélation des temps à venir, annonce la couleur : l’Apocalypse est le livre des événements qui sont annoncés « pour bientôt » (Apoc 1.1).
Cette approche de la fin des temps semble faire naître toutes sortes de spéculations ; des curieux, en quête d’extraordinaire, se livrent à des recherches et à des calculs étranges.
Et objectivement, aujourd’hui plus que jamais, une conjonction de déterminants dans la vie politique, sociale, culturelle et économique se conjuguent en une trajectoire inquiétante. Qui ne voit pas évoluer la crise ? Qui ne la subit pas ?
Primitivement, le mot « crise » était réservé à la médecine. Il décrivait ce qui s’était déclaré au cours d’une maladie, notamment les phénomènes particuliers touchant le corps et l’âme. On évoquait la crise de goutte ou encore la crise de nerfs. Plus tard, par extension, le mot « crise » a été utilisé au sens figuré pour désigner un moment périlleux ou décisif lors d’événements ou d’incidents vérifiables et vivement ressentis.
Le mot « crise » allait dès lors prendre ses quartiers dans tous les domaines : industriel, familial, ministériel, éducatif… jusqu’aux crises de la nature, nom donné aux grandes convulsions qui surviennent sur le globe terrestre.
Le côté inquiétant de la crise et le fort sentiment d’impuissance qui l’accompagne ne sont pas niés dans ce nouveau numéro de Promesses. La crise est en effet l’indicateur irréfutable des errements des hommes. Le principe de causalité est à nouveau démontré : « Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. » (Gal 6.5)
En regard de tout cela, ce numéro s’attache à montrer que rien n’échappe au regard du Créateur. L’Apocalypse n’a pas été écrite pour les curieux, mais pour les croyants : l’avenir appartient à Dieu !
Bernard Cousyn
Sous la volée des crises qui nous frappent, beaucoup d’esprits flanchent. Nos lendemains s’annoncent tellement sinistres. Mais des voix se font entendre, tour à tour solennelles, avisées, expertes, rassurantes pour nous engager sur des chemins de salut. Qui suivre ? Nous écouterons en parallèle deux « urgentistes » de crises.
Le premier est le bouillant Stéphane Hessel. Né en 1917, cet homme a traversé de profondes épreuves : camps de concentration de Buchenwald et de Dora, combat dans la Résistance française. Ayant toujours relevé la tête, il a milité pour les causes qu’il estimait honorables. Il aurait contribué à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, mais il nous parlera ici à travers un texte qui a fait le tour du monde : Indignez-vous ! 1
Le second est le prophète Jérémie. Porteur du message de Dieu, il a « crié dans le désert » pendant plus de 40 ans (de 625 à 580 av. J-C.). Il nous a laissé deux livres bibliques, 57 chapitres au total. Les circonstances qui prévalaient à son époque sont analogues à celles de nos pays occidentaux déchristianisés. Le déclin du royaume de Juda préfigure le nôtre : abandon de la vérité révélée et de la foi ; désintégration spirituelle, morale, sociale et politique ; menaces de catastrophes sans précédent.
Confrontons donc les cinq points forts du programme de Stéphane Hessel au message de Jérémie :
a. Suivez le sens de l’histoire !
Hessel croit que l’histoire humaine tend vers un état idéal. Cette attitude positiviste2 et fortement arrimée à la pensée de G.W. Friedrich Hegel (1770-1831)3, n’est pas très éloignée des idéologies du progrès ou du matérialisme dialectique athée (Marx, Lénine etc.)4. Nous citons Hessel :
« L’hégélianisme [la philosophie de Hegel] interprète la longue histoire de l’humanité comme ayant un sens : c’est la liberté de l’homme progressant étape par étape. L’histoire est faite de chocs successifs, c’est la prise en compte de défis. L’histoire des sociétés progresse, et au bout, l’homme ayant atteint sa liberté complète, nous avons l’État démocratique dans sa forme idéale. » (p. 13)
Nous ferions donc route vers une sorte de paradis sans Dieu, purement horizontal, et sans autre sauveur qu’une humanité censée surmonter seule ses limitations et sa méchanceté. Cette foi en un Âge d’or n’est pas sans rapport de filiation avec la pensée judéo-chrétienne. C’est à celle-ci que nous devons le concept d’une « histoire » ordonnée vers une conclusion triomphale qui en éclaire le cours. Mais la ressemblance s’arrête là, car pour le croyant l’histoire a commencé quand Dieu a créé le monde5 et elle se déploie vers la fin que Dieu a fixée6. Le programme de cette destinée du monde, de sa naissance à son aboutissement, est cohérent parce que Dieu en est l’instigateur et le garant.
Or le credo de Hessel ne s’inscrit pas dans cette perspective, mais plutôt dans l’élan de la révolte originelle — attitude que la Bible dénonce sur tous les modes. Le Livre divin ne nous cache pas que dès les temps anciens, les hommes, même très religieux, ont tenu à piloter leur histoire de manière autonome. Leurs achèvements communs faisaient leur orgueil (Babel !) et les persuadaient qu’ils sauraient parer tous les coups du sort. Les crises et les désastres ont à maintes reprises rabaissé ces prétentions, mais dès le calme revenu, on s’affairait à nouveau comme si le Maître légitime du monde s’était éclipsé. C’était devenu l’habitude des Juifs du temps de Jérémie, et c’est pourquoi le prophète ne cesse de leur prédire avec larmes que sans un retour sincère à Dieu, ils ne pourront pas éviter la déroute (la prise de Jérusalem par Nébucadnetsar, la destruction du Temple et la captivité à Babylone). Hélas, les Juifs s’obstineront dans leur rébellion et le Seigneur infléchira leur histoire dans le sens du châtiment annoncé.
Selon la Révélation biblique générale, il y a ainsi dès l’origine deux « histoires » qui se bousculent :
– L’histoire des incrédules qui s’acharnent à consacrer la primauté de l’homme : sous sa dernière forme, cette entreprise sera récapitulée et achevée dans l’effondrement du règne de « l’homme impie » — le « fils de perdition » (2 Thes 2.3), l’Antichrist.
L’histoire des croyants qui admettent la primauté de Dieu et du Fils de l’homme : elle aura pour couronnement le règne de Christ et la gloire éternelle (voir Jér 23.5-8 ; 30.4-11 ; 33.15 où l’avènement du Messie, le « germe juste » de David, est donné comme bonheur cible). Pour autant, le croyant n’est pas destiné à demeurer un simple spectateur de la misère d’ici-bas ; il est bien plutôt appelé à agir dans le monde en étroite relation avec son Maître divin. Jérémie l’avait appris pour lui-même : « Je le sais, ô Éternel ! La voie de l’homme n’est pas en son pouvoir ; ce n’est pas à l’homme, quand il marche, à diriger ses pas. » (Jér 10.23)
Hessel et beaucoup d’autres, en préférant voir l’histoire évoluer vers la glorification de l’homme par l’homme, hâtent (inconsciemment) la venue de la Crise majeure, au lieu de l’éloigner.
b. Engagez-vous !
Pour Hessel, il serait faux d’attendre la fin des crises les bras croisés. C’est pourquoi il insiste pour que nous nous engagions concrètement (comme il l’a fait lui-même) :
– en assumant notre responsabilité individuelle : « … le grand courant de l’histoire doit se poursuivre grâce à chacun. » (p. 12) « Sartre nous a appris à nous dire : ‘Vous êtes responsables en tant qu’individus.’ C’était un message libertaire. La responsabilité de l’homme qui ne peut s’en remettre ni à un pouvoir ni à un dieu. Au contraire, il faut s’engager au nom de sa responsabilité de personne humaine. » (p. 13)
– en agissant collectivement : « Il est évident que pour être efficace aujourd’hui, il faut agir en réseau, profiter de tous les moyens modernes de communication. » (p. 16)
Cela ressemble au bon sens. Dans une société où l’on déplore fréquemment l’égoïsme et l’absence d’engagement citoyen, on voudrait saluer un tel sursaut. Aucune des aptitudes préconisées par Hessel — de la prise de responsabilité citoyenne à l’action collective par le truchement de moyens de communication efficaces — ne saurait nuire à une construction démocratique bien comprise (même pour un croyant). Merci à Stéphane Hessel de nous rappeler ces évidences.
Toutefois, en admettant qu’une entreprise citoyenne responsable soit à même d’infléchir durablement le cours des choses, il faut déplorer que Hessel tienne à la découpler de toute subordination à un « pouvoir » ou à un « dieu »7. Ce message (auquel l’humanisme existentialiste nous a bien préparés) pénètre de plus en plus les esprits. En ouvrant un journal au hasard, on l’entend fréquemment. Un exemple : un journaliste interpelle un homme politique suisse, Dick Marty8: « Chômage, tensions internationales, crises, révolutions, beaucoup parlent de l’année qui commence comme celle de tous les dangers. Faut-il avoir peur de 2012 ? » Réponse de l’intéressé : « Non. La peur est mauvaise conseillère, on le sait. […] Croyons en nous et cessons d’avoir peur de tout. » D. Marty admet ensuite que 2012 pourrait tout de même réserver de mauvais moments : « …je peux aussi m’imaginer que le mouvement des indignés […] a le potentiel de provoquer un embrasement brutal. Une sorte de Mai 68 planétaire… » Il revient néanmoins à son credo : « Malgré tout, je reste convaincu que l’humanité retient les leçons de l’histoire et ne retombera pas dans la folie de la guerre. »
Au prophète Jérémie qui mettait ses compatriotes en face de leur inconduite et de leur infidélité à l’égard de l’Éternel, il fut souvent rétorqué en substance : « Nous savons ce que nous voulons, ce que nous faisons, et où nous allons. Le malheur ne nous atteindra pas. Nous saurons l’éloigner par des alliances politiques, par des accommodements avec les envahisseurs, par le paiement de tributs ; si cela ne suffit pas, nous recourrons à la résistance armée. »
Arrogance présomptueuse en réalité, car les coups de semonce à l’adresse des habitants de Juda n’avaient pas manqué : le départ en captivité du Royaume du nord (Israël) avait sonné sa fin plus de cent ans auparavant (722 av. J-C.) ; de plus, au cours du ministère de Jérémie, une première déportation du peuple de Juda avait démontré la vulnérabilité de celui-ci (605 av. J-C.). Si les Juifs avaient pris à cœur la Parole révélée, ils auraient compris que leur « histoire contemporaine » ne passait de crise en crise que parce qu’ils avaient « abandonné la source d’eau vive pour se construire des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau » (cf. Jér 2.13). Mais on avait pris l’habitude de banaliser ce diagnostic, de sorte que les sacrificateurs ne servaient plus l’Éternel, les dépositaires de la Loi ne le connaissaient plus, les chefs politiques lui étaient infidèles, et les prophètes prophétisaient par de faux dieux. Le tout sous le couvert d’une piété dévoyée (cf. Jér 2.8). Or Jérémie revient sans cesse à la charge pour tenter de rattacher les malheurs du temps à leur cause première — non une quelconque fatalité, mais la décision, de la part de la majorité, de s’affranchir du Dieu de l’alliance et de courir après les dieux étrangers (Jér 2.17-25 ; 3.13 ; 31.32b, et al.). Le zèle du prophète s’épuisant en vain, l’Éternel s’interroge : « Pourquoi mon peuple dit-il : Nous sommes libres, nous ne voulons pas retourner à toi ? » (Jér 2.31b)
Hessel, en nous appelant à une action autonome affranchie de toute dépendance à l’égard du Dieu de la Bible, distille le même poison que l’impie Juda d’autrefois. Il emboîte le pas à plusieurs générations qui se sont progressivement détournées de la Lumière pour chercher ce qu’on aime par facilité (Jér 2.33) et pour suivre les penchants malsains du cœur naturel, ou ses illusions (Jér 11.8 ; 13.10 ; 16.12 ; 23.17 ; 37.9).
c. Indignez-vous !
À 93 ans, Hessel nous exhorte : Indignez-vous haut et fort…
– contre le matérialisme et l’injustice : « … le pouvoir de l’argent, tellement combattu par la Résistance9, n’a jamais été aussi grand, insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque dans les hautes sphères de l’État… L’écart entre les plus pauvres et les plus riches n’a jamais été aussi important… » (p. 11, voir aussi p. 14) ;
contre ceux qui ne raisonnent qu’à court terme, dans leur intérêt immédiat : « Il est grand temps que le souci d’éthique, de justice, d’équilibre durable devienne prévalent. Car les risques les plus graves nous menacent. » (p. 21) ;
contre le totalitarisme : « Car là est bien l’enjeu au sortir de la Seconde guerre mondiale : s’émanciper des menaces que le totalitarisme a fait peser sur l’humanité. » (p. 15)10 ;
contre le productivisme à outrance : « La pensée productiviste, portée par l’Occident, a entraîné le monde dans une crise dont il faut sortir par une rupture radicale avec la fuite en avant du « toujours plus », dans le domaine financier mais aussi dans le domaine des sciences et des techniques11. » (p. 20, 21)
S’émanciper d’un matérialisme étouffant, de l’oppression de l’ultra-libéralisme, de la course effrénée à la production et à la consommation, du tout-économique : voilà des objectifs qui semblent d’autant plus légitimes que les failles du système sont patentes : l’Occident « chrétien » est un Titanic (ou un Costa Concordia) luxueux en perdition.
Le discours de Hessel, encore une fois, a des résonances quasi-bibliques. Que l’on se souvienne des paroles de Christ à l’égard du culte de Mammon, à l’adresse des marchands du Temple, ou des harangues de Jérémie contre les oppresseurs du peuple. Lorsqu’il s’en prend par exemple au roi de Juda et à ses acolytes : « Ainsi parle l’Éternel : Pratiquez le droit et la justice ; délivrez des mains de l’oppresseur celui qui est exploité ; ne maltraitez pas l’immigrant, l’orphelin et la veuve ; n’usez pas de violence et ne répandez pas de sang innocent dans ce lieu. » (Jér 22.3) « Malheur à celui qui bâtit sa maison en dépit de la justice, et ses chambres hautes en dépit du droit ; qui fait travailler son prochain pour rien, sans lui donner son salaire. » (Jér 22.13) « Tu n’as des yeux et un cœur que pour ton intérêt, pour répandre le sang innocent et pour exercer une oppression écrasante. » (Jér 22.17) Voilà une indignation de feu, et engagée : Jérémie, en proférant ces paroles, court le risque de se voir exécuté sur le champ !
Discerner derrière les injustices et les crises financières de graves manquements moraux est devenu un refrain courant. Comme Hessel, le philosophe Richard David Precht, dans son ouvrage L’art de ne pas être égoïste12, reconnaît en 2012 que « l’avidité » est une cause de nos crises financières. Toutefois, il impute ensuite l’origine de ce travers à l’économie globalisée, aux échanges devenus trop rapides et anonymes. Selon lui, ce sont là les raisons qui ont conduit les gens à se comporter de manière cupide (et stupide). Precht croyant par ailleurs que nous ne sommes ni bons ni mauvais par nature, mais qu’en général nous ne supportons pas d’être pris en défaut, il garde bon espoir. Il suffirait de moraliser la vie publique, d’en faire voir les règles de bon fonctionnement et l’avantage de s’y soumettre pour infléchir les comportements dans le sens d’une évolution plus morale. La solution aux crises passerait donc par un retour à une forme de « patriotisme social », de « transformation citoyenne13 » à l’échelle de notre communauté locale. Precht, comme Hessel et tous les héritiers de 178914, ont beau jeu de tenir ce discours, car les inégalités et la corruption mettent nos démocraties de plus en plus en péril.
Leur tort n’est pas de stigmatiser les injustices, mais c’est de ne pas aller assez profond dans la recherche des racines du mal, et de la découverte du vrai remède. On est prêt à beaucoup de remises en question sociopolitiques aujourd’hui, à beaucoup de révisions déchirantes, à condition de n’établir aucun lien entre les crises et le rejet délibéré de la Révélation de Dieu en Jésus-Christ. Jérémie, en son temps, se voyait fréquemment confronté à des pseudo-réformes de la part des « moralistes » de Juda, car ces derniers ne manquaient pas de mettre en avant leurs plans de sauvetage. Le bilan de leurs initiatives est en réalité bien négatif : « Car du plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand, tous sont âpres au gain […] Ils soignent à la légère la blessure de mon peuple : Paix ! Paix ! disent-ils ; et il n’y a point de paix. » (Jér 6.13a,14) « Tes prophètes ont eu pour toi des visions vaines et fades ; ils n’ont pas mis à nu ta faute afin de détourner de toi la captivité ; ils ont eu pour toi la vision d’oracles vains et décevants. » (Lam 2.14) En d’autres termes, si vous prétendez vous attaquer aux vrais problèmes, il vous faut être capables et d’accord de les reconnaître, et non vous contenter, comme le fit le roi Jehojakim, d’éliminer sans honte la Parole de Dieu parce qu’elle ne flatte pas votre orgueil (Jér 36.1-26).
d. Évitez le découragement !
Hessel sait qu’on ne gagne pas la guerre d’un coup de baguette magique. La guerre se gagne d’abord sur le terrain des sentiments, des dispositions intérieures, du cœur de l’individu. Là, il faut affronter :
– l’indifférence : «…dans ce monde il y a des choses insupportables […] La pire des attitudes est l’indifférence, dire « je n’y peux rien, je me débrouille ». » (p. 14) ;
– le défaitisme : ce défaut pousse l’individu à croire la victoire très improbable, mais Hessel admet que sur ce point il jouit d’un avantage personnel, car la nature l’a doté d’un « optimisme naturel, qui veut que tout ce qui est souhaitable soit possible… » (p. 13) ;
– le désespoir : pour écarter cette tournure d’esprit, Hessel s’appuie sur J-P. Sartre (1980) : « Il faut essayer d’expliquer pourquoi le monde de maintenant, qui est horrible, n’est qu’un moment dans le long développement historique, que l’espoir a toujours été une des forces dominantes des révolutions et insurrections, et comment je ressens encore l’espoir comme ma conception de l’avenir15 . » (p. 19) Et Hessel de conclure : « Nous sommes à un seuil, entre les horreurs de la première décennie 16 et les possibilités des décennies suivantes. Mais il faut espérer, il faut toujours espérer. » (p. 21)
Les pourvoyeurs d’espoir ont depuis longtemps compris qu’ils trouveraient dans notre intarissable soif de mieux le plus puissant levier (« comme l’Espérance est violente ! » disait Apollinaire dans Le Pont Mirabeau). Source étonnante de motivation et de persévérance, l’irrationnel espoir est aussi générateur des plus grandes catastrophes humaines qui soient : les chimères du IIIe Reich sont encore dans toutes les mémoires, comme celles des « paradis » communistes. L’espoir fait vivre, et parfois mourir. Certains deviennent martyrs-terroristes par espoir, et derrière la rhétorique des marchands d’espoir se cache tout un arsenal instable17 . L’espoir est hélas capable d’une obstination qui peut aller jusqu’au déni de réalité. Sinon, comment comprendre qu’une société investisse autant d’espoirs dans des capacités dont sa propre histoire lui a amplement démontré la vanité ? Non, Monsieur Hessel, tout ce qui est souhaitable n’est pas forcément possible. Il est même préférable que certains de nos vœux ne soient jamais exaucés.
Les contemporains de Jérémie avaient la démangeaison d’écouter des visionnaires démagogues, mais trompeurs parce que passant à côté de l’Espérance véritable (cf. Jér 50.7b). Ainsi en était-il des prophètes autoproclamés Hanania ou Chemaya qui juraient la fin prochaine du joug babylonien, inspirant au peuple « une fausse confiance » (Jér 28.15 ; 29.31).
Notre génération trouverait le plus grand profit à se tourner vers Dieu. Nous sommes toujours à une croisée des chemins que Jérémie décrit ainsi : « Maudit soit l’homme qui se confie en l’être humain, qui prend la chair pour son appui, et qui écarte son cœur de l’Éternel ! Il est comme un misérable dans le désert, et il ne voit pas arriver le bonheur […] Béni soit l’homme qui se confie en l’Éternel, et dont l’Éternel est l’espérance (ou : la confiance, l’assurance) ! Il est comme un arbre planté près des eaux, et qui étend ses racines vers le courant ; il ne voit pas venir la chaleur et son feuillage reste verdoyant ; dans l’année de la sécheresse, il est sans inquiétude et il ne cesse de porter du fruit. » (Jér 17.5-8). Oh ! si les crises pouvaient ramener l’Occident déboussolé vers le Dieu Sauveur, vers l’espérance indestructible du juste règne de Jésus-Christ (cf. 1 Tim 1.1) !
e. Soyez patients et compréhensifs !
Hessel sait que celui qui veut changer le monde et qui s’indigne avec passion risque de voir son zèle basculer dans la sauvagerie. Prévoyant, il assortit donc son ordre de marche de conseils de sagesse et de modération. En voici le condensé. Cultivez donc :
– la non-violence : « Je suis convaincu que l’avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes. » (p. 19)
– la compréhension mutuelle, la patience : « Le message d’un Mandela, d’un Martin Luther King trouve toute sa pertinence dans un monde qui a dépassé la confrontation des idéologies et le totalitarisme conquérant. C’est un message d’espoir dans la capacité des sociétés modernes à dépasser les conflits par une compréhension mutuelle et une patience vigilante. » (p. 20)
Avec Mandela et M. Luther King, nous sommes dans la droite ligne d’un Gandhi (1869-1948), d’un Jules Romains (1885-1972), d’un Lanza del Vasto (1901-1981) et de tous ceux qui prônent un avenir fondé sur le respect universel de la nature, des hommes entre eux et des différentes cultures18 . Hessel prêche une fois encore des vertus « chrétiennes » — et non des moindres. Approuvons avec lui la valeur d’un comportement empreint de retenue et de considération, de volonté d’écoute et de service mutuel.
Mais ces vertus n’auront de vie que si d’abord nous nous laissons saisir par le Prince de la vie. C’est pourquoi Jérémie, loin de préconiser des traitements palliatifs à son peuple en crise, les enjoint au nom de Dieu : « Revenez, enfants rebelles, car c’est moi votre maître ! » (Jér 3.14 ; Es 3.14 dit : « Convertissez-vous et revenez ! » Revenir et se convertir sont ici synonymes.) Le prophète ajoute un peu plus tard : « Revenez, fils rebelles, je vous guérirai de vos inconstances (ou : je pardonnerai vos infidélités) ! » (3.22) Voilà dans nos temps la priorité en matière de lutte contre les crises. Car en effet, comment manifester une patience et une compréhension mutuelle authentiques si nous ne nous sommes jamais convertis à Jésus-Christ ? Si nous ne sommes jamais venus à Dieu dans la repentance, dans la foi, et dans l’acceptation de sa souveraineté sur nos vies ? Si Dieu n’a pas fait de nous de nouvelles créatures par le don du Saint-Esprit ? La nature humaine ne peut par elle-même « dépasser les conflits » qu’elle engendre et attise sans fin.
Du reste, comment agirions-nous en vrais amis de notre prochain sans éprouver ni respect ni admiration pour l’Homme par excellence, Jésus-Christ ? Que valent notre justice et notre gentillesse si nous n’avons pas foi dans le Serviteur frappé à notre place pour nous accorder la vie éternelle, si nous ne sommes pas en communion avec lui par sa Parole et par son Esprit ?
Et si l’indignation de Dieu était salutaire ?
En parcourant en parallèle l’opuscule de Stéphane Hessel et le livre de Jérémie, nous avons désiré rappeler l’insuffisance d’une compréhension à courte vue des crises qui secouent notre monde. Nous désirons surtout souligner qu’il y a mieux que d’échapper à l’inconfort de tel ou tel coup dur de l’existence : c’est d’entendre le langage et l’appel de Dieu cachés dans notre souffrance. À l’époque de Jérémie, bien des avis s’exprimaient sur les périls du moment et leurs remèdes. Le prophète chargé de transmettre la pensée de Dieu fut rejeté par ses voisins, par sa famille, par les chefs religieux, par ses amis, par tout le peuple, par les ministres et par le roi. Son vœu le plus profond restait de voir son peuple échapper à la ruine et retrouver sa place devant Dieu. Ce vœu ne fut jamais exaucé. Sa mission lui pesait au point qu’il fut parfois terrassé par un découragement et une perplexité extrêmes. Pourtant, son témoignage ouvrait grand la porte à la repentance et à une possibilité de pleine restauration spirituelle. À travers Jérémie, Dieu plaidait pour éclairer à nouveau son peuple, pour le ramener à sa véritable vocation, pour l’arracher à ses ennemis, et pour le bénir. Dieu n’agit-il point ainsi en nos temps, puisque le message du salut, de la grâce et de la rédemption complète en Jésus-Christ est encore proclamé ?
Simultanément, « les signes des temps » ne trompent pas, ils sont graves : l’heure n’est pas aux demi-mesures spirituelles. Un peu d’indignation, un peu de morale, un peu de religiosité, un peu de tolérance, et des consensus planétaires ne suffiront pas à endiguer les débordements de méchanceté et d’impureté de notre génération. La seule « sortie de crise » sérieuse a été offerte et exposée au monde entier. Y aura-t-il encore des hommes avisés pour en profiter ? Du temps de Jérémie en tout cas, il s’en est trouvé quelques-uns19 . Serons-nous de ceux qui discernent qu’aucun message n’est comparable à l’Évangile pour libérer les cœurs de l’esclavage du mal, pour asseoir une ferme espérance et pour surmonter les crises ?
1 Indigène éditions, 34080 Montpellier France, 11e édition, janv. 2011. Hessel l’a complété depuis par deux autres opuscules : Le chemin de l’espérance (sept. 2011) et Engagez-vous (déc. 2011).
2 Le positivisme, fondé par Auguste Comte (1798-1857), évolua d’une philosophie scientiste vers une forme de religion dont la devise était : « L’Amour pour principe, l’Ordre pour base et le Progrès pour but. »
3Hessel dit avoir été un « fervent disciple du philosophe Hegel » (p. 13).
4 Plus loin S. Hessel refuse cependant de restreindre l’idée de progrès à ses composantes technologique, productiviste et consumériste. Il inclut dans le progrès une dimension morale et écologique.
5Jérémie le rappelle aussi : « Ainsi parle l’Éternel […] : C’est moi qui ai fait la terre, les hommes et les bêtes qui sont à la surface de la terre, par ma grande puissance et par mon bras étendu, et je donne la terre à qui cela me plaît. » (Jér 27.4b,5 ; cf. 32.17 ; 33.2)
6 Dieu lui-même revendique cette prérogative, aussi bien en ce qui concerne ses jugements (Jér. 11.8b ; 23.20 ; 25.13 ; 30.23,24) que ses desseins de grâce (Jér 29.10-14) L’annonce du retour d’exil est une préfiguration du salut d’Israël à la fin du « temps des nations », et une image de la rédemption des hommes perdus mais prêts à revenir à Dieu dans la repentance et la foi. Jérémie 18.1-17 résume bien les deux réalités de la sévérité et de la bonté de Dieu (cf. Rom 11.22).
7 C’est le Dieu de la Bible aussi qui est visé par cette « liste noire ». Tendance dans l’air du temps : sous prétexte de neutralité laïque, on cherche aujourd’hui à biffer toute référence à Dieu des chartes politiques (au niveau de l’Union européenne ou au niveau des nations de l’Ouest), à vider les fêtes chrétiennes de leur substance dans les écoles, dans les administrations, dans les entreprises, etc.
8 L’Illustré, 02/2012, p. 54, 56.
9; La Résistance française pendant la Seconde guerre mondiale, bien sûr
10 Le seul gouvernement« totalitaire » que Hessel dénonce avec persistance et véhémence, c’est celui d’Israël, État dont il conteste l’existence même. Étrange de la part d’un homme dont le père juif est mort victime de l’hitlérisme. Indignez-vous contient quelques pages (p. 17, 18) contre la politique israélienne à l’égard des Palestiniens. Hessel y stigmatise sans nuances l’opération militaire Plomb durci contre Gaza et le Hamas (2008-09). Il maintient ses positions jusqu’à ce jour (voir son livre Le rescapé et l’exilé, Éd. Don Quichotte, Paris, mars 2012), mais semble ignorer que R. Goldstone s’est rétracté, en avril 2011, sur le rapport accusateur qu’il avait établi pour le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Par ailleurs, Hessel est d’ordinaire très discret sur les violations des droits de l’homme dans d’autres pays notoirement oppresseurs (Syrie), ou sur les persécutions des chrétiens en terre d’islam. Nous avons volontairement laissé de côté ces « particularités » de la pensée hessélienne pour ne pas allonger.
11 Sur plusieurs de ces points, Hessel s’accorderait avec Denis de Rougemont, un des concepteurs de la construction européenne d’après-guerre (voir L’avenir est notre affaire, Ex Libris, Lausanne et Zürich, 1977).
12 Editions Belfond, Collection Esprit Ouvert, Paris, janvier 2012.
13 Ce qu’un conseiller en gestion environnementale, Michel Stevens, appelle le « principe de responsabilité civile universelle », clé supposée de la lutte contre le réchauffement climatique (cité dans Le Temps, no 4260, 22 mars 2012).
14 Parmi tous les « moralistes » actuels qui me semblent entrer dans cette catégorie, je mentionnerai A. Comte-Sponville, grand lecteur des stoïciens et de Spinoza (voir Le bonheur désespérément, Éditions Librio, Paris 2009), et Jules Ferry, qui admet que toute philosophie est une forme de salut par soi-même, sans l’aide de Dieu (Apprendre à vivre, Paris, Plon 2006, p.90).
15 J-P. Sartre, « Maintenant l’espoir… (III) » in Le Nouvel Observateur, 24 mars 1980.
16 …du XXIe siècle.
17 A. Camus en a bien souligné la dangereuse absurdité dans L’homme révolté (NRF Gallimard, 1968, p.182-291). Camus constate que le terrorisme comme arme politique ou idéologique est en réalité une hideuse manière pour l’homme de démontrer ce dont il est capable lorsqu’il se prend pour Dieu.
18 Ce « respectdes autres » entraîne aujourd’hui l’exclusion de ceux qui s’opposent au « politiquement correct » (du moins dans nos pays dits « avancés »). Ainsi, les chrétiens qui s’indignent de l’emprise des lobbies homosexuels ou pro-avortement seront vilipendés et parfois poursuivis comme des intolérants de la pire espèce… 19
19 Parmi ceux-ci : le roi Josias ;Baruch, le secrétaire de Jérémie ; Ébed-Mélek, le chambellan éthiopien ; Achikam, prince de Juda et quelques anciens ; Nebuzaradan, chef des gardes chaldéens ; les Récabites ; et même Nébucadnetsar (Jér 39.12,13 ; cf. Dan 2.47 ; 3.28-33 ; 4..31-34 ; 5.21. Un homme revêtu d’une grande autorité politique doit à plus forte raison se courber sous l’Autorité divine qui le préserve de la démesure et inspire ses décisions).
Israël a souvent été influencé, pour son malheur, par les nations qui l’entouraient. De même, au cours des siècles, l’Église n’a pas échappé aux influences perverses du monde, où le mal est entré par la chute de l’homme et qui est désormais entièrement opposé à Dieu.
Sous le règne de David, les descendants d’Issacar étaient réputés pour leur capacité à « discerner les temps pour savoir ce que devait faire Israël » (1 Chr 12.32, Darby). En raison de leur aptitude à observer et à interpréter les événements, leur avis était suivi. Cette faculté de discernement a certainement été d’un grand secours au peuple de Dieu et à David, son roi.
Les croyants spirituels sont de vrais fils d’Issacar : « Nous connaissons le temps actuel : c’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru ; la nuit est fort avancée, et le jour s’est approché. » (Rom 13.11-12, Darby)
« Discerner les temps », ce n’est pas chercher à connaître la date du retour du Seigneur (cette connaissance est réservée au Père), mais à comprendre les caractéristiques de notre époque pour nous réveiller et accomplir les services que le Seigneur nous confie. Cette prise de conscience nous aidera à éviter les pièges de Satan et à mieux préparer la nouvelle génération au combat chrétien.
Les signes des temps
Plus que jamais, d’innombrables études cherchent à prévoir le futur, le plus souvent en fonction d’impératifs économiques et politiques. Si les hommes parviennent, parfois avec succès, à prévoir le comportement des consommateurs, à devancer les modes, à anticiper le résultat d’élections, etc., les croyants resteraient-ils insensibles aux signes des temps annoncés dans la Bible ? Seraient-ils aveugles comme jadis les pharisiens et les sadducéens qui provoquaient le Seigneur en lui demandant un signe du ciel ? Jésus leur a répondu : « Le soir, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge ; et le matin : Il y aura de l’orage aujourd’hui, car le ciel est d’un rouge sombre. Vous savez discerner l’aspect du ciel, et vous ne pouvez discerner les signes des temps. Une génération méchante et adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui de Jonas. » (Mat 16.1-4)
À ces chefs religieux qui réclamaient un signe en dépit de tous les miracles qu’il avait déjà opérés (Mat 12.38), Jésus donne le signe du prophète Jonas, celui de sa mort et de sa résurrection, la preuve ultime de sa messianité et de l’universalité du salut.
À nous chrétiens, la Parole de Dieu donne aussi des signes pour discerner les temps, non des miracles, mais des indications dans le domaine moral et comportemental des hommes.
Aujourd’hui, le ciel est « rouge sombre ». L’orage se prépare. En effet, « l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience ; ils prescrivent de ne pas se marier, et de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. » (1 Tim 4.1-3)
Dans son « testament spirituel », Paul prévient Timothée : « Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là. » (2 Tim 3.1-5)
Il est évident que de telles personnes ne se manifesteront pas qu’aux derniers jours. Elles existaient déjà du temps de l’apôtre puisqu’il exhorte Timothée à s’en détourner. Mais la grande majorité présentera toutes ces tares simultanément dans le monde des derniers temps. Ce qui est choquant, aujourd’hui comme jadis, c’est que beaucoup de ces individus persistent à se définir comme chrétiens. Mais malgré ces traces extérieures de religiosité, le monde ne s’améliorera pas !
Observer dans le but d’agir
Pour discerner les temps et observer l’évolution de la société, il est nécessaire de prendre un peu de recul. Considérer les événements de trop près, en se focalisant sur certains défauts de la société ou de son église, fait perdre la vue d’ensemble. Par contre, s’en détacher, comme si les détails n’avaient aucune importance dans le bilan d’ensemble, conduit à banaliser le mal. De loin, toutes les herbes sont vertes, même les mauvaises.
Mais observer et analyser une situation n’est pas suffisant, pas plus que de poser un diagnostic chez un malade sans lui proposer un remède. Le croyant spirituel observe, mais il ne peut rester spectateur ; il doit être acteur.
Quels sont nos repères, nos buts… et nos freins ?
Pour discerner les temps et agir en conséquence, les croyants ont besoin d’un point de repère et d’un but. Sans programme, ils resteront oisifs ou hésitants, ne sachant où se diriger. A ce stade de la réflexion, posons-nous quelques questions :
? Qu’est-ce qui m’empêche de suivre Jésus-Christ ?
Est-ce que je cherche seulement à m’approcher de Dieu pour obtenir des avantages, ou est-ce que j’aspire en priorité à sa présence, à sa voix ?
Est-ce que je cherche à faire plaisir aux croyants ou à honorer Jésus-Christ ? à me faire un nom ou à glorifier son nom ?
Quelles sont les valeurs que je dois défendre ?
Quelle appréciation ai-je du Seigneur Jésus ; de l’Église qui est son corps ; de la famille, base divine de la société ; de la Bible, « la sûre norme des paroles de vérité » (Prov 22.21, Darby) ?
Le programme : croire et savoir, être et agir
En matière de connaissance des choses de Dieu, l’apôtre Jean établit la valeur fondamentale de la foi : « Nous avons cru, et nous avons connu que c’est toi le Christ, le Saint de Dieu. » (Jean 6.69) Avant de discerner plus avant le plan de Dieu, il faut croire les vérités élémentaires : croire ce que Dieu déclare dans sa Parole au sujet de lui-même et de son Fils, croire ce qu’il déclare au sujet de l’homme et de sa condition de perdition, croire au moyen de salut offert à l’homme. Le Seigneur nous demande d’être pleinement convaincus de ces déclarations (2 Tim 3.14). Cette certitude, nous la recevons en méditant les Écritures, en les sondant avec l’aide de l’Esprit (Jean 20.31 ; 2 Pi 1.19-21).
La Parole exhorte chaque croyant à être « nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine » (1 Tim 4.6).
Si nous négligeons la lecture biblique, rien ne nous mettra à l’abri des doutes. C’est aussi à cette seule condition que les croyants seront préservés des fausses doctrines et de la destruction : « Mon peuple est détruit, parce qu’il lui manque la connaissance. » (Osée 4.6).
Mais l’enseignement de la Parole n’est crédible que s’il est accompagné d’un bon témoignage personnel. C’est pour cela qu’avant d’agir, il faut être sanctifiés, c’est-à-dire séparés du mal pour Dieu : « Puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite. » (1 Pi 1.15) À ce sujet, l’apôtre Paul exhorte les Romains : « De plus, nous connaissons le temps actuel : c’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru ; la nuit est fort avancée, et le jour s’est approché ; rejetons donc les œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme en plein jour, sans orgies ni abus de boisson, sans impudicités ni débauches, sans esprit de querelle ni de jalousie. Mais revêtez le Seigneur Jésus-Christ, et ne prenez pas soin de la chair pour satisfaire les convoitises » (Rom 13.11-14). C’est l’heure de se réveiller, de se préparer pour le jour qui va paraître, de se lever pour attendre le Seigneur.
Ne nous y trompons pas : le monde a été hostile à Jésus-Christ, il le restera. N’essayons pas de l’apprivoiser, mais cherchons de toutes nos forces à gagner des personnes au Sauveur alors qu’il en est temps ! Comme croyants, notre comportement va à contresens du courant de ce monde. N’en ayons pas honte : seuls les poissons morts vont dans le sens du courant.
Ayant une conduite à la gloire de Dieu, le croyant peut alors agir. Comment ? Tout d’abord par la prière : « La prière agissante du juste a une grande efficacité. » (Jac 5.16) Ensuite par l’enseignement de la Parole, que l’occasion soit favorable ou non. En décrivant l’atmosphère morale des derniers temps, Paul écrit à Timothée : « Prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant. » (2 Tim 4.2)
Le croyant agit aussi en accomplissant fidèlement les tâches que Dieu lui a confiées. « Mais toi », ajoute l’apôtre à l’adresse de Timothée et de nous tous, « sois sobre en toutes choses, supporte les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, remplis bien ton ministère. » (2 Tim 4.5)
Revenons sans cesse aux Écritures, dans nos familles, dans nos églises, et donnons des pères et des repères spirituels à la nouvelle génération. L’Église visible de demain sera ce que nous en faisons aujourd’hui.
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