PROMESSES

Toute vie humaine est un mystère : pourquoi, comment, dans quel but l’homme existe-t-il ? Quel mystère plus grand encore que l’incarnation de la deuxième personne de la « tri-unité » divine !1 Le début de l’Épître aux Hébreux (1.1-2.18) nous y introduit.

L’incarnation n’a pas eu lieu seulement pour démontrer la puissance du Créateur, capable d’accomplir ce fait unique, ou pour satisfaire la curiosité de ses spectateurs. Notre texte nous fait réfléchir sur les raisons extrêmement « pratiques » de l’incarnation, afin d’aider chacun à comprendre le sens de sa vie et à saisir le destin éternel vers lequel Dieu le dirige. Ce passage est donc d’une importance primordiale.

L’analyse du texte

Le chapitre 1 présente le caractère unique de Christ : révélation de Dieu et purificateur des péchés de l’humanité.

Ensuite (2.1-4), l’auteur réveille l’attention de ses lecteurs : chaque converti en Christ doit impérativement rester attaché sans faille à la bonne doctrine apostolique. Sinon, il risque fort de tomber sous la discipline de son Père divin. Bénéficier d’une telle révélation de Christ exige une réponse correspondante et adéquate de notre part. La négligence se paie « cash ».

Lors de son incarnation, le Fils a occupé une place très en dessous de celle des anges. Pour écarter toute ambiguïté, l’auteur explique pourquoi, malgré cet abaissement temporaire, le Fils n’en est pas moins supérieur aux anges. Dans les versets 5 à 18, il fait remarquer qu’en vivant comme tous les hommes, mais sans pécher, Jésus s’est montré supérieur à tous, ayant été seul capable d’accomplir la totalité de la volonté de Dieu le Père. Voici quelques points de son développement :

1. L’homme, en péchant dans le jardin d’Éden, livra à Satan la domination de notre planète et de ses activités (Mat 4.8-9 ; Éph 2.2-3) dans des limites établies par Dieu (cf. Luc 22.31-34). Ce fut la tâche de Jésus-Christ, par l’incarnation, de regagner pour l’homme le droit d’exercer la domination sur la création (2.5-9).

2. Jésus-Christ a dû souffrir (litt. « goûter ») la mort à la place de tous les hommes pécheurs (2.9,10c,17b)2. Seul l’homme parfait pouvait payer notre dette envers le Créateur juste. L’incarnation fut donc une nécessité absolue. La victoire de celui qui est mort et qui est maintenant couronné nous ouvre désormais le ciel de gloire (2.10a-b).

3. Tout homme qui accepte l’œuvre de Christ reçoit automatiquement à sa conversion une position de sanctification en Christ : étant né de nouveau, il est issu du Père (2.11 ; voir aussi 13.12). Seule l’incarnation (2.14a-b, 17a) pouvait ouvrir la voie à une telle régénération.

4. Jésus-Christ, par son œuvre et l’application de cette œuvre par le Saint-Esprit, crée une famille spirituelle (2.10b,11c-13)3. Cela demandait plus qu’une simple création : il fallait l’incarnation. Soyons reconnaissants qu’en dépit de toutes les différences de race, de culture, d’arrière-plan, tous les chrétiens nés de nouveau soient, grâce à la participation de Jésus à notre condition, éternellement réunis dans les mains de Jésus et du Père (Jean 10.28-30).

5. Notons bien que la mort de Jésus-Christ a fait plus que de payer la dette des pécheurs. Par sa mort victorieuse à la croix, il rendit inefficace celui qui possédait la puissance de la mort, le diable (2.14c). Un enfant de Dieu n’a plus à subir l’influence angoissante et effrayante du moment de la mort physique (2.15) ! La mort physique du sauvé n’est qu’un passage instantané de ce monde à la présence du Père (cf. Luc 23.42-43 ; Jean 6.37-40). La mort a ainsi perdu tout son pouvoir d’épouvantement et de servitude. Glorifions la sagesse du Père d’avoir permis que la mort de son Fils ait une telle conséquence !

6. Par l’incarnation, Jésus, connaissant de sa propre expérience humaine ce qu’est la vie sur terre, sait comment s’approcher de nous pour nous venir en aide au bon moment et de la meilleure manière (2.16). Quel réconfort de savoir qu’il comprend par où nous passons. Il n’y a rien de plus destructeur sur le plan psychologique que de ne pas trouver quelqu’un qui nous comprenne — quel désert d’abandon, de désespoir. Mais Jésus sait, et il est là !

7. Chaque être humain a besoin d’un intermédiaire entre lui et le Dieu très saint. Pour nous représenter correctement et efficacement devant Dieu, cet intermédiaire doit nous connaître. Jésus est la parfaite personne pour remplir cette tâche : il me connaît et me comprend (2.17b). Il ne manque jamais à sa responsabilité de me « couvrir », lorsque je me présente devant mon Dieu et Père. Quel réconfort, quelle joie, quelle assurance ! Soyons toujours humbles et reconnaissants pour une telle grâce !3

8. La tentation vicieuse et destructrice est le lot de chacun. Satan prend un grand plaisir à essayer de nous pousser à céder à la tentation en employant tous les arguments fallacieux à sa disposition (cf. Mat 4.2-10). Cela lui permet de se présenter devant Dieu pour nous accuser (Apoc 12.10d-e) lorsque nous acceptons de pécher (Jac 1.13-15). Mais l’Agneau, en vertu de son sang répandu, repousse toute accusation néfaste. Pour que Jésus triomphe dans l’épreuve ultime de la croix et qu’il puisse venir à notre secours efficacement, il fallait au préalable que, dans son pèlerinage ici-bas, il ait été confronté comme homme à tous les assauts diaboliques possibles, en ne cédant à aucun (2.18 ; cf. Jean 8.46). C’est à ces conditions que nous bénéficions aujourd’hui de l’aide directe du Seigneur4.

  1. Voici quelques textes du N.T. qui affirment clairement cette incarnation : Mat 1.20-21,24 ; 11.25-27 ; Luc 1.26-35 ; 2.8-15,28-31 ; Jean 1.1,14-18 ; 4.25-26 ; 14.8-9 ; Gal 4.4 ; Col 1.15 ; 2.9 ; 1 Tim 3.16.
  2. Voir aussi : Jean 3.16 ; 2 Cor 5.14 ; 1 Tim 2.6.
  3. Voir aussi : Jean 3.6-8 ; 1 Jean 3.1-2 ; Éph 2.19 ; 3.14 ; 4.25 ; 5.30 ; Gal 6.10 ; 1 Pi 2.9-10.
  4. Voir aussi : Rom 7.21-25a ; 15.4 ; 1 Cor 10.13 ; Héb 10.19-23 ; 4.12 ; Actes 7.38c ; 20.32 ; 1 Tim 3.16-17 ; Ps 119.9,11.

Écrit par


L’Épitre aux Hébreux nous montre la pleine suffisance de Jésus-Christ par rapport à tout ce qui peut tenter le chrétien de s’écarter de la voie de la foi. Les Hébreux étaient tentés de revenir au système de la loi de Moïse, comme beaucoup parmi nous sont tentés aujourd’hui de retourner vers le système du monde dans lequel nous vivions autrefois, lorsque nous étions morts dans nos offenses. L’auteur de l’Épître écrit pour les amener (et nous aussi) à considérer l’auteur de leur salut. Voyons donc ensemble ces quelques aspects qui montrent la supériorité de Jésus-Christ.

Jésus, la révélation ultime

Selon Hébreux 1.1-3, Jésus est la dernière révélation de Dieu aux hommes. Il est supérieur à toute autre révélation parce qu’il est la révélation finale. Il n’y a plus de révélation des Écritures après Jésus. Ce que les apôtres et les prophètes de l’Église nous ont communiqué, c’est la révélation de Jésus (Jean 16.12-15). D’ailleurs, le livre de l’Apocalypse est appelé « la révélation de Jésus-Christ ». Éloignons-nous donc de toute prétendue révélation hors des Écritures.

Il est aussi supérieur en ce sens qu’il est le reflet du Dieu invisible, « l’empreinte de sa personne ». Jésus n’a-t-il pas dit à Philippe : « Celui qui m’a vu a vu le Père » ? Lorsque Dieu, se révélant aux hommes, manifeste son Fils qui est Dieu, nous devons comprendre qu’il y n’y a plus rien à ajouter, plus rien de supérieur.

Jésus est supérieur aux anges

L’auteur de l’Épître donne les raisons pour lesquelles Jésus est supérieur aux anges dans le ch. 1 :

– Il a hérité d’un nom plus excellent que celui des anges parce qu’il est « Fils de Dieu » (1.4-5).

– Tous les anges l’adorent (1.6) et le servent (1.14). Dans les Évangiles, nous voyons que les anges vinrent le servir après la tentation (Matt 4.11) et que les démons se prosternaient devant lui (Marc 5.6).

– Par rapport aux anges, il est le seul être céleste à qui Dieu a dit : « Assieds-toi à ma droite », position unique auprès du Père.

– Ses ennemis sont son marchepied ; les anges n’ont pas cette prérogative. Nous devons donc nous éloigner du culte des anges et ne jamais prier les anges, car cela n’est pas conforme à l’enseignement de la Parole de Dieu.

Jésus est supérieur à Moïse

Les Juifs avaient une grande considération pour Moïse, mais l’auteur de l’Épître aux Hébreux leur montre que Jésus est supérieur à Moïse en ce sens que Moïse était dans la maison de Dieu comme serviteur, mais Jésus-Christ l’est comme Fils (3.5-6). Dans une maison, le fils est supérieur à l’esclave, ou même au domestique.

Jésus est supérieur à Aaron

Aaron était le grand prêtre d’Israël, selon les exigences de la loi de Moïse. Mais Christ est le grand prêtre selon Dieu. Aaron était le sacrificateur d’Israël, mais Jésus est le sacrificateur de toutes les nations de la terre (5.8-10). Les sacrifices d’Aaron ne contribuaient qu’à couvrir les péchés parce que le sang des animaux ne peut réellement ôter les péchés, mais le sacrifice de Jésus-Christ expie et ôte les péchés (10.4-14).

Ici, la leçon est qu’un homme, quel que soit son rang ecclésiastique, ne peut pardonner nos péchés ; et un sacrifice, quel qu’il soit, ne peut apaiser la colère de Dieu sur nous. Jésus est « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». C’est lui qui a pu satisfaire les exigences de la colère de Dieu. C’est vers lui que nous devons nous tourner pour recevoir soit le salut, soit le pardon des péchés commis en tant qu’enfant de Dieu. Lorsque nous avons fait tort à quelqu’un en agissant mal envers lui, notre devoir est d’aller le trouver pour lui demander son pardon, en espérant que l’offensé sera d’accord de nous l’accorder. Lorsque nous offensons Dieu, et nous en repentons sincèrement devant lui, nous avons l’assurance qu’il nous relèvera, puisqu’il a déjà pourvu au moyen de réconciliation. En effet, bien avant notre naissance, la purification des péchés a été accomplie par l’aspersion du sang de la seule victime parfaite que le monde ait connue : Jésus-Christ.

Jésus donne une motivation supérieure dans la course de la foi

Après avoir donné des exemples de foi dans le ch. 11, l’auteur nous démontre dans le ch. 12 qu’une fois de plus, Jésus est supérieur lorsqu’il s’agit de trouver une motivation dans la course chrétienne. C’est en effet Jésus qui suscite la foi et la mène à la perfection.

Dans les difficultés, nous devons fixer nos yeux sur lui et sur son exemple de souffrance (12.2-4). Jésus nous encouragera lorsque nous nous souviendrons des expériences de peine et d’ignominie qu’il a endurées parmi les hommes. La leçon principale ici est que, même si nous pouvons être aidés par l’exemple de vie de foi d’autres croyants, le plus grand encouragement nous viendra en considérant la marche triomphante de Jésus. Ne nous décourageons pas de suivre Jésus-Christ, ne nous arrêtons pas à nos propres faiblesses ou au mauvais comportement que nous remarquons chez certains chrétiens ; cela ne nous excuse pas devant Dieu car il a donné son Fils Jésus pour nous amener à lui, en dépit de toute l’opposition imaginable.

Ce petit examen de la supériorité de Jésus en tout nous interpelle au plus haut point. Beaucoup de religions nous présentent des chefs ou des leaders, mais sachons que Jésus est supérieur à tous. D’autres chemins nous sont proposés pour nous amener au ciel, mais Jésus leur est supérieur : il est à la fois le seul guide et le seul chemin qui nous y amène véritablement. Si nous sommes tentés d’abandonner Jésus-Christ, nous n’avons qu’à considérer attentivement l’excellence de Jésus, et nous comprendrons que rien au monde ne peut nous satisfaire comme Jésus parce qu’il est l’auteur d’un salut éternel qui nous mène vers la perfection.

Écrit par


Les croyants qui ont la foi en Jésus forment ensemble l’Église. Elle est représentée par des images :

– une « maison faite de pierres vivantes », sous la plume de Pierre ;

– un temple, un corps, une épouse, sous celle de Paul ;

– comme une famille, des enfants, selon Jean.

L’Épître aux Hébreux présente plutôt les croyants comme un peuple en marche, comme des pèlerins qui avancent vers un but.

D’un bout à l’autre de la lettre, il leur est montré la grandeur de leur Seigneur, la place suprême qu’il occupe, et les offices qu’il remplit pour eux. Mais ce Souverain est aussi accessible, ses sujets peuvent s’approcher de lui librement pour le prier (ch. 4), pour l’adorer (ch. 10). Mieux encore, les pèlerins sont assurés d’être écoutés avec bienveillance. En effet, leur Seigneur les comprend, sympathise avec eux, ayant lui-même parcouru leur chemin avant eux et pour eux. L’auteur de la lettre s’efface derrière la gloire de Celui de qui il parle et qu’il nous invite à découvrir en sept étapes.

1. Jésus plus grand que les anges (ch. 1 et 2)

Le premier chapitre présente la grandeur du Fils et répond à trois questions :

a. Qui est-il ?

– « Le Fils », par lequel Dieu a parlé (1.2)

– « L’héritier de toutes choses » (1.2)

– Le Créateur « par lequel Dieu a fait les mondes » (1.2)

b. Qu’a-t-il fait, à part cette œuvre créatrice ?

– « La purification des péchés » (1.3)

c. Où est-il ? :

– « Assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts » (1.3).

Suivent sept citations de l’Ancien Testament qui témoignent de la grandeur de Celui qui est « plus excellent que les anges ».

Le chapitre 2 nous décrit :

– son humiliation, toute résumée dans l’expression : « [il] a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges » (2.7,9) ;

– son exaltation, toute résumée par l’expression « couronné de gloire et d’honneur » (2.7,9).

« Le monde à venir » ne sera pas assujetti aux anges, mais « au Fils de l’homme » (2.5-8). Pour les croyants, il est « le Prince de leur salut » (2.10).

Les pèlerins de la foi doivent savoir pourquoi leur Seigneur a participé à leur humanité :

– « afin que, par la mort, il rende impuissant celui qui avait la puissance de la mort », et qu’il les délivre de la « crainte de la mort » (2.14) ;

– « afin qu’il soit un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle », et secourable (2.17-18).

2. Jésus plus grand que Moïse (ch. 3)

« Pour Moïse, il a été fidèle dans toute la maison de Dieu, comme serviteur » (litt. thérapeute : celui qui soigne). Il a pris soin d’Israël, a intercédé pour lui… mais il n’a pas bâti la maison d’Israël. Jésus « a été jugé digne d’une gloire […] supérieure à celle de Moïse » (3.3). Lui seul a dit : « Je bâtirai mon Église. » (Matt 16.18) C’est ce qu’il a inauguré par sa mort et sa résurrection, et ce qu’il accomplit chaque jour par son Esprit.

Aussi il importe que ce peuple de pèlerins en marche ne soit pas comme celui d’Israël dans le désert, peuple caractérisé par « le péché » (3.17) et « l’incrédulité » (3.19).

3. Jésus plus grand que Josué (ch. 4)

Après la mort de Moïse, Josué a conduit le peuple au travers du Jourdain jusque dans la terre promise. Mais il ne leur a pas donné le repos (le repos de Dieu) dont le sabbat était une image (4.8).

Par contre, Jésus nous ouvre le repos de Dieu, d’où cette certitude absolue : « Nous qui avons cru, nous entrons dans le repos » (v. 3).

Ce repos n’est pas une invitation à la passivité : les pèlerins de la foi de la nouvelle alliance, comme ceux de l’ancienne, sont appelés à mêler les promesses de Dieu à une foi vivante. A leur suite, nous sommes vivement exhortés : « Empressons-nous donc (litt. : mettons tout notre zèle, tout notre cœur) d’entrer dans ce repos. » (4.11)

Mais où trouver l’énergie d’un tel empressement ? Nous disposons de deux ressources :

– La Parole de Dieu : la « séduction du péché » et « l’incrédulité » guettent les pèlerins de la foi, mais la Parole vivante et puissante est là pour agir sur leur cœur et sur leur conscience (4.12-13).

– Jésus, le « grand souverain sacrificateur » : les pèlerins sont-ils sans force et souffrants ? Ils ont pour eux quelqu’un qui a été éprouvé en toutes choses comme eux et qui est capable de compatir maintenant à leurs infirmités (4.15). Ils peuvent donc librement s’approcher de son trône par la prière. Miséricorde, grâce et secours sont en lui, pour eux (4.16).

4. Jésus plus grand qu’Aaron et sa sacrificature (ch. 5 à 10)

Aaron, le souverain sacrificateur, était un personnage important en Israël. Il était « appelé de Dieu » à cette place et cette fonction « d’honneur » (5.4). Il en fut de même de Christ (5.5). Mais la faiblesse était la part d’Aaron : il devait offrir des sacrifices aussi « pour lui-même » (5.3). Le sacrifice de Christ en contraste sera uniquement pour les autres.

La sacrificature de Christ est plus grande, car elle est « selon l’ordre de Melchisédek » et cumule les fonctions de roi de justice, de roi de paix, de sacrificateur (7.1-3) et elle touche à l’éternité : « sans père, sans mère, sans généalogie, il n’a ni commencement de jours ni fin de vie » (7.3).

Sous l’ancienne alliance, les sacrificateurs se succédaient car la mort les arrêtait (7.23), mais Jésus est ressuscité « selon la puissance d’une vie impérissable » (7.16) et il « est toujours vivant pour intercéder » pour les siens (7.25b). Aussi ceux qui s’approchent de Dieu par lui peuvent-ils être secourus (7.25a).

Aaron était médiateur dans l’ancienne alliance, alliance établie sur des promesses conditionnées par l’obéissance. Mais Jésus est « médiateur d’une meilleure alliance qui a été établie sur de meilleures promesses » (7.22 ; 8.6 ; 9.15).

Les multiples sacrifices offerts chaque année par Aaron le grand jour des expiations ne pouvaient ôter durablement les péchés ni purifier la conscience des adorateurs (9.9 ; 10.2-4). « Mais Christ, avec son propre sang, a obtenu une rédemption éternelle. » (9.11-12) « Par une seule offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés. » (10.14)

Aussi l’adorateur peut-il maintenant, en toute liberté, s’approcher de Dieu lui-même par le sang de Jésus (10.19-22).

5. Jésus plus grand que tous les héros de la foi (ch. 11 et 12)

Qu’est-ce qui unit tous ces hommes, ces femmes et ces anonymes du ch. 11, qui ont vécu au fil des siècles et qui, pour la plupart, ne se sont jamais connus ? La foi !

Ces personnes se sont fiées à Dieu avec, il est vrai, une connaissance fragmentaire et progressive de Dieu et de ses pensées. Leur foi les a poussés à agir : « par la foi » ils firent ceci ou cela.

Cette foi est au départ (et probablement en chacun de nous) élémentaire : « C’est par la foi que nous reconnaissons que l’univers a été formé par la parole de Dieu. » (11.3) Avec Abel, la foi annonce, figurativement, le sacrifice de Jésus-Christ qui seul permet d’être agréé devant Dieu et de l’adorer en vérité. Alors on commence à marcher avec Dieu, comme Hénoc, en cherchant à lui plaire jusqu’à l’enlèvement. Comme Noé, le résidu futur d’Israël exercera cette même foi en traversant « la grande tribulation » et, gardé par Dieu, il entrera en possession d’une terre purifiée par le jugement.

La foi d’Abraham et de Sara a su écouter l’appel de Dieu, a su obéir à sa parole, a su compter sur ses promesses, sur sa fidélité, sa miséricorde, sa puissance pour les accomplir. Leur foi nous apprend aussi à attendre la cité céleste « meilleure » que celle des bâtisseurs de nos Babels contemporaines ! La foi d’Abraham éprouvé, celle de Jacob et de Joseph à la fin de leur vie, nous apprend à faire face à la mort dans la connaissance d’un Dieu plus puissant que la mort, d’un Dieu qui a le pouvoir de la résurrection.

La foi de Moïse, de Rahab, de Gédéon, de Barac, de Samson, de Jephté, de David, de Samuel et d’une foule d’anonymes inconnus (mais bien connus de Dieu) nous apprend qu’elle seule peut être victorieuse du monde. Quelle galerie de héros ! Ils ont vécu par la foi, ils sont morts dans la foi, ils ont triomphé dans la souffrance par la foi.

Quelle « grande nuée de témoins » ! Elle nous a précédés ? Non point, mais « elle nous environne » ! Cela implique certainement que nous connaissons leur histoire. Témoins tous unis par une même foi, la foi qui nous habite à notre tour. C’est comme si l’Esprit disait aux pèlerins fatigués : vous n’êtes pas seuls sur le chemin difficile de la foi ; en tous temps, il a été difficile, car jamais tous n’ont eu la foi (2 Thes 3.2).

Pourtant, si béni que soit l’exemple de ces héros de la foi, en aucun d’eux nous ne pouvons reconnaître le Chef. Jésus seul a vécu sans aucune défaillance dans son chemin de foi avec Dieu. Aussi, incontestablement, il marche en tête de tous, et amène cette foi à la perfection. Après avoir enduré l’« opposition des pécheurs » (12.3), il a traversé dans la foi en Dieu l’épreuve suprême de la croix pour parvenir jusqu’au trône de Dieu où il est assis (12.1-2). Aussi, incontestablement, il marche à la tête de tous, pour amener la foi de chacun à la perfection.

C’est vers lui que tous les pèlerins de la foi sont finalement invités à regarder. « Rejetant le péché et tout fardeau », c’est vers lui qu’ils sont appelés à courir (12.1-2).

6. Jésus plus grand que les conducteurs (ch. 13)

Nous n’avons pas connu personnellement les témoins de « la grande nuée » du ch. 11. Mais le chapitre 13 fait référence à « vos conducteurs » (13.7) : ce terme semble indiquer des serviteurs que nous avons connus et surtout écoutés. Ils nous ont annoncé la Parole de Dieu. Ils avaient une connaissance profonde des Écritures. Ils ont marché patiemment en comptant sur Dieu dans les jours faciles de leur vie comme dans les jours d’épreuve. Ils ont « gardé la foi », « jusqu’au bout » (3.6 ; 6.11). Nous nous souvenons d’eux, mais ils nous ont quittés ; leur départ laisse un grand vide. Alors l’Esprit dresse devant nous le portrait d’un plus grand qu’eux : « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement. » (13.8) Lui ne change pas, ne passe pas. Il faut que le pèlerin de la foi dans le deuil, découragé, lassé, le sache.

Mais la grâce et la puissance du Chef de l’Église donne encore des conducteurs (13.17) : « ils veillent sur nos âmes » et nous devons leur « obéir ». Mais là encore, il faut que chacun garde son rang : Jésus est plus grand qu’eux. Il est « le grand berger des brebis » (13.20) que Dieu « a ramené d’entre les morts ». Ainsi le Père peut produire en nous « ce qui lui est agréable par Jésus-Christ, à qui soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen ! » (13.21)

* * *

Cher lecteur, pèlerin de la foi comme moi, aux prises avec la « séduction du péché » et avec les doutes de « l’incrédulité » (3.12,19), comme moi — sans force (4.5), souffrant (10.32), peut-être frustré matériellement (10.34), ployant sous des fardeaux (12.1), lassé, découragé (12.3) — toi et moi, nous avons un Seigneur vivant, glorieux et accessible. Il nous dit : « Je ne te délaisserai pas et je ne t’abandonnerai pas. » (13.5) Dans notre marche vers lui, « le précurseur » (6.20), que notre foi soit toute en lui !

Écrit par


Chacun s’accordera, on l’espère, pour condamner la haine de l’étranger, le mépris pour un être humain à cause de sa race ou de son origine. Néanmoins on peut s’inquiéter de la montée, ou de la résurgence, d’une xénophobie populaire, viscérale, et du succès de mouvements politiques qui encouragent le mépris et la haine des étrangers.

La question envisagée est celle du « comment ». Comment lutter efficacement contre cette aversion croissante et inquiétante à l’égard des étrangers ? À en juger par les résultats, il ne semble pas qu’on ait trouvé de réponse satisfaisante à cette question. Et ceux-là mêmes qui luttent avec le plus de détermination et de passion pour les droits et l’accueil des étrangers ne font souvent qu’accroître l’exaspération de cette frange importante de notre population qui supporte de moins en moins la présence des étrangers, de certains d’entre eux.

L’Ancien Testament peut-il nous aider à trouver une réponse à cette question ? Il est souvent sollicité pour fournir une motivation religieuse à l’accueil de l’étranger. L’étranger accueilli dans le pays pour y résider bénéficie en effet d’une attention particulière dans la loi.

Dispositions en faveur des étrangers

Négativement, il est stipulé qu’il ne faut pas :

– Maltraiter l’étranger ou l’opprimer : « Tu ne maltraiteras point l’étranger, et tu ne l’opprimeras point ; car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte. » (Ex 22.21 ; cf. aussi Ex 23.9 ; Lév 19.33 ; Deut 24.14)

– Porter atteinte à son droit : « Tu ne porteras pas atteinte au droit de l’étranger et de l’orphelin, et tu ne prendras point en gage le vêtement de la veuve. » (Deut 24.17)

Ces dispositions sont rappelées avec toute la solennité qui y est attachée dans les douze malédictions prononcées lors de la confirmation de l’alliance : « Maudit soit celui qui porte atteinte au droit de l’étranger, de l’orphelin et de la veuve. » (Deut 27.19)

En stricte équité, le principe est posé que la loi doit être la même pour l’étranger et l’autochtone : « Vous aurez le même droit, l’étranger ou l’autochtone ; car je suis l’Éternel, votre Dieu. » (Lév 24.22) Ce principe vaut pour les droits fondamentaux ; certains avantages sont cependant réservés aux Israélites.

Positivement, il est recommandé de témoigner de la bienveillance à l’égard de l’étranger, notamment :

– En le laissant glaner ou grappiller : « Tu ne cueilleras pas les grappes restées dans ta vigne et tu ne ramasseras pas les grains qui en seront tombés. Tu abandonneras cela au pauvre et à l’étranger. Je suis l’Éternel, votre Dieu. » (Lév 19.10 ; cf. aussi Lév 23.22 ; Dt 24.19-21)

– En lui prêtant assistance s’il est dans le besoin : « Si ton frère devient pauvre, et que sa main fléchisse près de toi, tu le soutiendras ; tu feras de même pour celui qui est étranger et qui demeure dans le pays afin qu’il vive avec toi. » (Lév 25.35) Deutéronome 15.2-3 distingue le prêt de secours à l’Israélite, qui doit être sans intérêt, et le prêt avec intérêt à l’étranger. Comme le terme employé dans ce dernier passage, nokrî, ne désigne pas l’étranger résident (gèr) mentionné en Lév 25.35, on doit comprendre que le prêt avec intérêt évoqué en Deut 15.3 est un prêt commercial consenti à un partenaire vivant à l’étranger et non un prêt de secours qui doit être sans intérêt et que l’Israélite doit accorder aussi à l’étranger résident.

– En le faisant bénéficier de la dîme : « Au bout de trois ans, tu sortiras toute la dîme de tes produits pendant cette année et tu la déposeras là où tu résideras. Alors viendront le Lévite, qui n’a ni part ni héritage avec toi, l’étranger, l’orphelin et la veuve, qui résideront avec toi ; ils mangeront et se rassasieront, afin que l’Éternel ton Dieu te bénisse dans toute l’œuvre que tu entreprendras de tes mains. » (Deut 14.28-29)

– En l’associant aux repas de fête : « Tu te réjouiras à l’occasion de cette fête, toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, et le Lévite, l’étranger, l’orphelin et la veuve qui résideront avec toi. » (Deut 16.14 ; cf. aussi v.11)

Plus fondamentalement, Dieu demande d’aimer l’étranger. Ce commandement figure dans le Lévitique et le Deutéronome, alors que le grand commandement de l’amour du prochain n’apparaît que dans le Lévitique : « Vous traiterez l’étranger en séjour parmi vous comme un autochtone du milieu de vous ; tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu. » (Lév 19.33) « Vous aimerez l’étranger, car vous avez été des étrangers dans le pays d’Égypte. » (Deut 10.19) Cette reprise du précepte, avec la même motivation (« vous avez été étrangers »), souligne que l’étranger n’est pas exclu de cet amour du prochain qui est l’essence même de la loi.

L’ensemble de ces dispositions se trouve placé sous la haute autorité de Dieu lui-même, présenté comme celui qui « aime l’étranger et lui donne nourriture et vêtement » (Deut 10.18).

Ces textes sont souvent cités, on ne se lassera pas de les rappeler pour en mesurer la force et la pertinence. On se gardera pourtant de faire une lecture sélective de la loi en ne retenant que les dispositions favorables à l’étranger.

Nuances et contreparties

1. Les dispositions que l’on vient de signaler relèvent davantage de la morale que de la loi civile. Cela se voit à leur caractère général (ne pas opprimer, prêter sans intérêt), à l’absence de sanction pénale et à l’appel que l’on fait à la conscience du croyant1, à la crainte du châtiment de Dieu2 ou à l’attente de sa bénédiction3. Il ne faudrait pas en conclure que ces préceptes moraux, qui sont l’une des composantes essentielles de la loi du Sinaï, avec les lois civiles et pénales et les règles religieuses, aient été considérés comme moins importants ou moins contraignants que les dispositions assorties de sanctions ou de contraintes légales. Le respect de ces préceptes moraux dépendait du respect voué à Dieu. De plus, il n’est pas surprenant que, dans une société très peu étatisée, comme l’était l’Israël ancien, on ait laissé le soin à la morale de régir ce que dans d’autres sociétés on jugera nécessaire de sanctionner par la loi. On fera bien de tenir compte de ces deux différences de situation : la morale dans l’Ancien Testament n’est pas aussi privée et facultative qu’elle peut nous apparaître et la part de la loi proprement dite est restreinte.

2. D’après la loi, les étrangers ont aussi des obligations, dont certaines limitent sensiblement leur liberté. Le principe d’une même loi pour tous ne vaut pas seulement pour garantir aux étrangers un traitement égal aux autochtones en cas de procès (Lév 24.22), il vaut aussi pour le respect des règles du culte, qu’il s’agisse des sacrifices (Nom 15.15) ou des fêtes (Ex 12.49 pour la Pâque). En vertu de ce principe, les étrangers, qu’ils soient ou non admis à certains actes du culte4, sont tenus au respect du repos du sabbat (Ex 20.20), du Yom Kippour (Lév 16.29) et la peine de mort pour un sacrifice d’enfant s’applique aussi bien à eux qu’aux fils d’Israël (Lév 20.2).

3. Certains avantages sont réservés aux Israélites ; notamment la libération après six années de service comme esclave (Ex 21.2) ou le rachat par un membre de la famille des terres aliénées (Lév 25.25). Ce droit de rachat et le principe du partage de la terre entre les familles d’Israël, considérées comme gérantes de la terre appartenant à Dieu (Lév 25.23), ne devaient guère laisser à un étranger la possibilité de devenir propriétaire à titre définitif d’un bien foncier.

Ces diverses observations, qui montrent que l’intérêt dont devaient bénéficier les étrangers n’était pas sans contrepartie, introduisent à un problème bien plus aigu.

La même loi qui développe une morale si élevée, si bienveillante à l’égard des étrangers, exclut d’autre part certains étrangers (Deut 23.3-6) et ordonne de la part de Dieu l’élimination des habitants du pays de Canaan dont Israël prend possession (Deut 20.1 6-18). Comment concevoir la coexistence dans le même livre d’attitudes aussi opposées que l’exclusion et l’amour de l’étranger ? Sans parler de l’extermination qu’on ne peut évoquer sans frémir.

Cohérence du message biblique

Certains préféreront éviter le problème en pratiquant de manière naïve ou délibérée une lecture sélective. Ils retiendront de la Bible ce qui va dans le sens de la compréhension, de l’accueil, de l’amour, en oubliant le reste. Mais ce reste incommodant, même si l’on parvenait à le censurer dans la lecture de la Bible, l’actualité ne manquerait pas de nous le rappeler, parfois de manière terrifiante. Le monde où nous vivons et où les gens bien intentionnés parlent d’accueil et de fraternité, est un monde où l’on s’exclut et se déchire.

D’autres proposeront d’ordonner ces attitudes selon une progression logique et, on l’espère, chronologique, allant du pire vers le meilleur. Après avoir commencé par vider leurs querelles, en s’exterminant les uns les autres, les hommes en sont venus à s’exclure, ce qui reste inadmissible tout en étant moins tragique, et l’on peut espérer que, de plus en plus, ils s’acceptent et s’accueillent les uns les autres, suivant en cela les bons préceptes de la loi d’Israël, qui prône la bienveillance envers l’étranger. Mais cette vision rassurante, il faut, à la vérité, beaucoup de foi pour y croire. Elle est journellement démentie par les faits. Non seulement la situation globalement ne s’améliore pas, mais par endroits elle s’aggrave. On sent monter la haine et parfois tout bascule dans l’horreur absolue. Le visage inquiétant que nous offre l’Europe est celui d’une situation qui s’aggrave. L’Européen moyen, encore civilisé lorsqu’il a du pain, un emploi, un toit dans un quartier relativement sûr, sent monter en lui la haine lorsqu’il perd ses repères rassurants et voit se dégrader dangereusement son environnement (on ne parle pas ici d’écologie, on l’aura bien compris).

Si nous sommes prêts à écouter tout son message, l’Ancien Testament nous invite à une forme de réalisme dont on peut relever deux traits :

1. La question de l’accueil des étrangers est inséparable de celle des conditions d’existence qui permettent cet accueil

Le peuple d’Israël, pressé avec tant d’insistance à montrer de l’humanité et de la bienveillance à l’égard des étrangers résidant sur son sol, a dû préalablement acquérir sa liberté et prendre possession d’une terre occupée par d’autres. Il avait la consigne de ne pas se mêler aux Cananéens, mais de constituer sa propre identité sur sa terre. C’est sur cet acquis qu’est envisagée l’attitude bienveillante envers les étrangers.

Certes, le précepte n’est pas conditionné. Il n’est pas dit « quand tu seras assez bien établi, assez riche, quand tu auras assez de place… ». Le précepte est général et sans condition, mais les conditions ont été prévues pour que la mise en pratique soit possible.

Lorsque la situation se dégrade sérieusement, le précepte risque de perdre de sa pertinence. L’une des malédictions qu’encourt le peuple infidèle à l’alliance est de voir les étrangers établis au milieu de lui l’emporter sur lui : « L’étranger qui sera au milieu de toi s’élèvera toujours plus au-dessus de toi et tu descendras toujours plus bas. » (Deut 28.43) Quand on en arrive à un tel renversement, la bienveillance à l’égard de l’étranger, conçue dans la loi comme bienveillance à l’égard d’un plus faible, n’a plus guère de sens.

Dans la situation particulière des exilés rentrés à Jérusalem et qui parviennent avec peine à se maintenir au milieu des populations plus ou moins hostiles établies le pays, on comprendra que l’étranger soit vu avec plus de méfiance ou de crainte que de sympathie par ceux qui ont à cœur le maintien de l’identité du peuple de Dieu.

On ne sera pas surpris qu’en période de crise la xénophobie grandisse et gagne surtout ceux qui se sentent faibles et menacés.

2. La loi d’Israël vise à créer une entité religieuse homogène

Les étrangers résidant sur le sol d’Israël ne sont pas obligés de pratiquer la religion d’Israël — ils en sont même en partie exclus — mais le pluralisme religieux est hors de question.

Le chrétien ne manquera pas de signaler la perspective nouvelle ouverte par la venue du Messie. Le peuple de Dieu n’est plus restreint à une nation.

Dieu appelle à lui des êtres de toutes nations et de toutes cultures, et les unit à lui par la foi. La force et la dignité du message de l’Évangile sont cet appel à un engagement libre, personnel. Le chrétien qui a compris le message de Jésus-Christ ne cherchera pas à imposer aux autres sa religion ; il témoignera, cherchera à persuader, à convaincre, mais s’abstiendra de tout recours à la contrainte.5 Sans liberté religieuse il ne peut y avoir de foi chrétienne digne de ce nom.

Cette perspective ne doit pourtant pas être confondue avec l’opinion souvent entendue que toutes les religions se valent et que la diversité religieuse serait une richesse pour la société. Le fait est que les différences de religion ne favorisent pas la cohésion et l’harmonie sociale. Lorsque des étrangers, en plus de leurs autres différences, de langue, de culture, d’apparence physique, affichent une différence de religion, la cohabitation se révèle d’autant plus difficile.

Plutôt que de céder à l’idée utopique que toutes les religions se valent et contribuent à l’harmonie universelle, le chrétien transmettra le message du Christ, cherchant à convaincre tout homme.

Conclusion

L’afflux en Europe de populations d’origines, de cultures et de religions diverses est un formidable défi pour l’humanisme tolérant, qui est l’idéologie dominante de nos sociétés.

Force est de constater que jusqu’à présent ce défi est mal relevé. L’humanisme prétend avoir la réponse : toutes les religions se valent, il faut être tolérant, accepter les différences.

Mais cette solution se révèle inefficace.

L’écoute confiante du message biblique avec ses aspérités, et même les chocs qu’il peut provoquer, peut nous préserver des idéologies généreuses mais illusoires qui finalement suscitent plus de haine et d’exaspération que d’harmonie.

L’harmonie, c’est d’abord de la relation vivante avec Dieu que nous la recevons pour être dans ce monde des témoins de son amour, rendus capables de respecter et d’aimer l’étranger, ce qui n’est pas nécessairement facile.

1 Par exemple : « Vous savez ce qu’éprouve l’étranger. » (Deut 23.9)
2
« Ma colère s’enflammera, et je vous détruirai par l’épée » (Ex 22.23), concerne spécifiquement les torts faits aux veuves et aux orphelins, mais suit de près le v. 21 où il est question des étrangers.
3
« Afin que le Seigneur ton Dieu te bénisse dans tous les travaux que tu entreprendras de tes mains. » (Deut 14.29 ; cf. aussi Deut 24.19)
4
En Ex 12.48 il est précisé que pour pouvoir participer au repas de la Pâque l’étranger (gèr) doit être préalablement circoncis. Précédemment (v. 43), il a été stipulé qu’aucun étranger (bèn-nékâr) n’était admis à en manger.
5
Cela n’a malheureusement pas été toujours compris dans l’histoire de la chrétienté.

Écrit par