PROMESSES
Face à mon handicap, certaines personnes « bien intentionnées » m’ont souvent confronté à des sous-entendus du type : « Dieu guérit, il faut avoir la foi » ; « Si tu n’es pas guéri, c’est que tu manques peut-être de foi » ; « La foi peut déplacer des montagnes » ; etc. Qu’en est-il exactement ?
La question est vaste et mériterait un examen de toutes les Écritures. Nous la limiterons ici aux Évangiles. Investiguons les cas où Jésus guérit des personnes physiquement et où il sauve – au sens spirituel – sur le fondement de la foi.
1. Guérison : le centenier et son serviteur (Mat 8.5 ; Luc 7.2)
Jésus s’étonne de la foi de ce non juif, au point de déclarer à ceux qui le suivent : « Je vous le dis, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. » Et à l’heure même son serviteur fut guéri. La foi du centenier en la puissance de Jésus a guéri le serviteur auquel il était attaché.
2. Salut et guérison : le paralysé et ses amis (Mat 9.2 ; Luc 5.18 ; Marc 2.2)
Les amis du paralysé manifestent une foi évidente dans la puissance de guérison de Jésus. Le paralysé, par sa bonne volonté à être emmené, montre sa foi en Jésus : « Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique : Homme, tes péchés te sont pardonnés. » (Luc 5.20) L’homme est d’abord pardonné et sauvé sur le fondement de sa foi. Jésus intervient miraculeusement dans des buts précis : ici, la guérison venait appuyer son ministère messianique.
3. Guérison et salut : la femme atteinte d’une perte de sang (Mat 9.20 ; Marc 5.25 ; Luc 8.43)
Cette femme croit de tout son cœur qu’en touchant seulement le vêtement de Jésus, elle guérira de son mal. Dans un premier temps, sa foi la guérit. Puis, Jésus s’adresse à elle : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. » Elle est guérie et sauvée, non parce qu’elle aurait tout simplement touché le vêtement de Jésus, mais à cause de l’essentiel : sa foi personnelle en la puissance de Jésus en qui elle reconnaît le Messie.
4. Guérison et salut : les deux aveugles (Mat 9.27)
Les deux aveugles croient que Jésus est le Messie : « Seigneur, fils de David ! » Jésus leur rend la vue selon la mesure de leur foi. S’ils n’avaient pas vraiment cru, ils n’auraient probablement pas vu.
5. Salut et guérison : Bartimée, le mendiant aveugle (Marc 10.46)
Bartimée a entendu parler des miracles de Jésus et croit qu’il est le Messie. Un jour que Jésus passe près de lui, il crie : « Fils de David, Jésus aie pitié de moi ! » Jésus accède à sa requête et lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Il recouvre la vue. Bartimée devient un disciple de Jésus.
6. Guérison : la femme cananéenne et sa fille (Mat 15.22 ; Marc 7.25)
La foi de cette femme — qui reconnaît en Jésus le Seigneur — et son amour pour son enfant font que Jésus accède à sa requête : sa fille est guérie. Ici, On ne parle pas de salut. Mais Jésus connaît cette femme, et il lui accorde probablement son salut sur le fondement de sa foi en lui !
7. Guérison avec et sans salut : les dix lépreux (Luc 17.12)
Jésus guérit dix lépreux qui lui ont demandé à distance : « Jésus, maître, aie pitié de nous ! » Un seul d’entre eux, un Samaritain, revient se prosterner aux pieds de Jésus et lui rendre grâce ! Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Les autres lépreux ont accepté la guérison mais sans gratitude. Leur guérison n’est pas accompagnée du salut accordé par Jésus.
8. Guérison : la fille de Jaïrus (Mat 9.18 ; Marc 5.22 ; Luc 8.41)
Jaïrus fait venir Jésus au chevet de sa fille malade. En chemin, il est informé que celle-ci vient de mourir. Jésus dit à Jaïrus : « Ne crains pas, crois seulement. » Arrivé auprès d’elle, il la ressuscite : « Jeune fille, lève-toi, je te le dis. » (Marc 5.40) Ce père, malgré les circonstances douloureuses, a gardé espoir dans la puissance de Jésus.
Synthèse
Jésus guérit sur le fondement de la foi personnelle : le paralysé, la femme hémorragique, les deux aveugles, Bartimée et le lépreux.
Jésus guérit suite à la foi d’une tierce personne qui intercède : le centenier pour son serviteur, la Cananéenne pour sa fille, Jaïrus pour sa fille mourante.
Le salut n’est, en revanche, jamais accordé sur la foi d’une tierce personne. La foi qui justifie et sauve demeure personnelle.
Ces faits nous montrent surtout que le Seigneur Jésus est souverain : il peut accorder le salut sans guérison et la guérison sans salut, et aussi les deux en même temps.
Jésus démontre son autorité sur le péché : il peut pardonner les péchés de l’homme.
Cette autorité, il peut aussi l’appuyer par des miracles extraordinaires : il a le pouvoir de guérir et de redonner la vie.
Mais lui seul décide ; nous ne pouvons pas lui imposer notre volonté dans quelque domaine que ce soit. Ceci doit nous amener à être reconnaissant pour le salut que Dieu nous offre tout de suite, et non pas à imaginer avec regrets ce qu’il aurait pu faire comme miracle s’il avait voulu. Il nous a promis une totale régénération quand il nous prendra avec lui.
- Edité par Poeymirou Mathieu
Je suis né dans une famille chrétienne ; j’ai cinq frères et sœurs. Malgré cela, je choisis très vite de ne pas suivre cet Évangile que mes parents désirent m’enseigner. Rejetant ces repères, je deviens un adolescent rebelle et malfaisant. Je quitte rapidement mes parents et l’école pour aller vivre comme bon me semble et… je finis dans la rue.
Ma vie se résume alors à faire la manche, à me droguer et à voir le temps passer. Bien sûr, mon cœur aspire toujours à combler le vide produit par l’absence de Dieu. Et je cherche dans l’étude d’autres religions le dieu que je voudrais rencontrer.
Puis, un jour, sous influence d’hallucinogènes, je tombe d’un arbre et me casse la colonne vertébrale. Ma condition change : j’étais un zonard, je deviens handicapé en fauteuil roulant. Ma résistance obstinée n’a laissé à Dieu que la manière forte pour me raisonner, semble-t-il.
Pendant ce temps, et malgré moi, mes parents et d’autres chrétiens prient pour ma conversion. Mais, même si mon corps a changé, ma mentalité reste la même : ma dépendance des drogues reprend le dessus. Et je recommence à glisser vers mes anciennes valeurs.
Il faut bien d’autres étapes pour m’amener à la conversion, comme ma rencontre avec ce vendeur chrétien de pizzas. Grâce à notre amitié, je vais entendre à nouveau parler d’un Dieu d’amour. Finalement, le message annoncé dans la Bible résonne en moi ; il me montre un Jésus mort pour mes péchés. J’accepte qu’il me sauve par pure grâce et qu’il me donne une vie nouvelle. J’accepte le salut qu’il m’offre et ma vie change une fois de plus ! Me voici entouré par une nouvelle famille : l’Église de Jésus-Christ ! J’y retrouve une véritable fraternité avec ses hauts et ses bas et… j’y rencontre celle qui deviendra mon épouse.
Jésus, certes, en me sauvant, ne m’a pas guéri de ma paralysie ; je me déplace toujours en fauteuil. Cela ne me rend toutefois pas aigri. Je suis même reconnaissant ; j’ai compris qu’il a choisi de me faire suivre ce chemin pour m’amener au pied de la croix. Il m’a d’ailleurs promis une vie bien meilleure après mon passage sur terre, avec un nouveau corps et une parfaite santé éternelle.
- Edité par Poeymirou Mathieu
« Tout m’est permis », mais tout n’est pas utile ; « tout m’est permis », mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit.
« Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments ; et Dieu détruira l’un comme les autres. » Mais le corps n’est pas pour la débauche. Il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance.
Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres de Christ ? Prendrai-je donc les membres de Christ, pour en faire les membres d’une prostituée ? Loin de là ! Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ? Car, est-il dit, les deux deviendront une seule chair. Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit.
Fuyez la débauche. Quelque autre péché qu’un homme commette, ce péché est hors du corps ; mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps.
Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu.
1 Corinthiens 6.12-20
Introduction
Corinthe n’est pas très éloignée d’Athènes et l’influence de la philosophie de Platon se faisait sentir dans l’ensemble de la société grecque. Les chrétiens de Corinthe, convertis depuis peu, restaient — peut-être inconsciemment — sous son emprise. Au risque de caricaturer, cette philosophie prônait le mépris du corps et de la réalité tangible au profit du domaine supérieur des « idées ». En conséquence, peu importait ce qu’on faisait de son corps, puisque c’était le domaine spirituel qui primait. Chez les Corinthiens, cela se traduisait par des slogans du style : « Tout m’est permis »[note]Il semble qu’à plusieurs reprises dans cette Épître, Paul cite des paroles ou des extraits de lettre des Corinthiens. Les commentateurs ne sont pas unanimes sur les mots à attribuer aux Corinthiens et ceux qui reflètent la pensée de Paul. Pour notre part, nous considérons que les mots mis entre guillemets ci-dessus sont ceux des Corinthiens et que Paul corrige leur pensée en introduisant son correctif par « mais » ou « toutefois ».[/note]… et par une conduite relâchée quant à leur corps.
Face à ces influences, Paul revient aux fondements de l’Évangile et rappelle à ses destinataires quelques principes de base concernant leur corps. C’est sur ces rappels qu’il fonde ses exhortations pratiques.
Quatre principes évangéliques de base
Reprenons ces quatre principes, dans l’ordre inverse de celui du texte :
1. Nous avons été achetés à grand prix, esprit ET corps (v. 20)
Nous appartenions à un maître cruel et impur, le diable, mais par son œuvre à la croix, Jésus nous a libérés. Le « grand prix » payé a été rien moins que le sang du Fils de Dieu versé pour nous (Apoc 5.9). Toutefois, dans ce verset, l’accent n’est pas tant sur le « rachat » de notre ancien maître, que sur « l’achat » par le Seigneur : nous ne nous appartenons pas, mais sommes l’heureuse possession de notre nouveau maître. Christ a des droits sur nous comme Créateur et plus encore comme Sauveur.
2. Notre corps est le temple du Saint-Esprit (v. 19)
La marque du salut est la présence du Saint-Esprit en nous (Rom 8.1-17). Cette habitation est spirituelle, mais elle se fait dans un corps physique, ?? tangible, qui est ici appelé un « temple ». La présence de Dieu n’est plus dans un édifice de pierre, comme le temple de l’ancienne alliance, mais dans un être de chair et de sang. La sainteté due à la maison de Dieu (Ps 93.5) s’applique donc à notre corps, qui a l’honneur d’accueillir la troisième personne de la Trinité !
3. Nos corps sont les membres de Christ (v. 15)
La présence de l’Esprit dans le corps du croyant l’unit à Christ au point qu’il devient un des « membres de Christ ». Paul ne fait ici qu’effleurer un thème qu’il développera plus loin dans la même Épître (12.12-27). Christ ressuscité n’est plus physiquement présent sur terre, mais sa présence demeure bien réelle par l’intermédiaire des corps de ses rachetés ; grâce aux chrétiens, il continue à toucher les malades, à prêcher le royaume de Dieu, à regarder un souffrant, etc.
4. Notre corps ressuscitera (v. 14)
Notre salut est corporel et l’état de félicité ultime des croyants ne sera pas une présence seulement spirituelle avec Dieu — ainsi qu’une spiritualité polluée par la philosophie grecque l’a parfois compris. Cet état sera une union d’un être humain complet, esprit et corps glorifié. Les Corinthiens, qui niaient la réalité d’une résurrection corporelle des chrétiens (15.12), sont ici rappelés à l’ordre. Même si notre corps actuel est loin de la beauté de notre corps de résurrection, il est important, puisqu’il en est la « semence » (15.42-44).
Des conséquences pratiques importantes
Ainsi étayées par ces rappels doctrinaux importants, les exhortations concrètes de Paul ne sont plus une simple morale, mais la traduction pratique de ce que nous sommes en Christ : achetés, possédant l’Esprit, ?? unis à Christ, bientôt ressuscités. La force de ces exhortations en est accrue !
1. Glorifions Dieu dans notre corps (v. 20)
Paul sous-entend : « … pas seulement dans votre esprit » ! L’utilisation que nous faisons de notre corps (ce que nous faisons, ce que nous voyons, ce que nous écoutons, etc.), peut ou non contribuer à la gloire de Dieu. Plus loin, Paul dit que des actes aussi prosaïques que manger ou boire peuvent ou non contribuer à rien moins que « la gloire de Dieu » (10.31) ! Pensons-y plus souvent…
2. Prenons conscience de la gravité du péché de « fornication » (v. 18)
La « fornication » est un terme large, qui englobe l’ensemble des relations sexuelles en dehors du cadre fixé par Dieu, le mariage[note]Sans faire une liste exhaustive (et fort peu édifiante) des déviations incluses dans ce terme « porneia », citons : l’adultère, les relations sexuelles prémaritales, l’homosexualité. Notons que ce mot grec a donné « pornographie ». Sans être stricto sensu englobée dans ce péché, la pornographie, hélas de plus en plus répandue, risque d’y conduire.[/note]. Paul singularise ce péché : il n’est pas « hors du corps » mais il est « contre son propre corps ». Il ne semble pas qu’il faille comprendre par là que le péché sexuel soit le plus grave[note]Le blasphème contre le Saint-Esprit est le seul péché formellement qualifié d’impardonnable. Les Corinthiens avaient beaucoup forniqué, mais avaient été pardonnés (6.11).[/note], mais il a une composante particulière en ce qu’il implique l’être tout entier. Une relation sexuelle, même passagère et sans affect particulier comme avec une prostituée, crée une relation qui unit plus que deux corps : ce sont deux êtres qui ne font plus qu’un. L’attachement à une liaison sexuelle dénaturée vient polluer un lien réservé au mariage (d’où la citation de Genèse 2) et corrompt le lien spirituel avec le Seigneur.
Paul ne donne qu’un seul ordre : « fuyons » ! Ce verbe implique un acte courageux de notre part, celui d’éviter les lieux, les situations, les environnements, etc., qui peuvent nous mettre en risque. Chacun étant « attiré et amorcé par sa propre convoitise » (Jac 1.14), il ne convient pas de faire une liste d’interdits : voyons pour nous-mêmes ce qu’il nous faut « fuir ».
3. Ne nous laissons pas influencer par de fausses idées sur la liberté ou sur notre corps (v. 12, 13)
Pour les Corinthiens, ce qui était légal (« permis ») était moral. Les relations sexuelles avant le mariage ne sont pas interdites par la loi, mais elles ne sont pas « avantageuses »[note]Autre traduction de l’adjectif « utile » du v. 12.[/note] pour le chrétien, car elles entraînent souvent des dégâts durables. Au contraire, nombreux sont les couples chrétiens qui se sont conservés purs jusqu’à leur mariage et qui peuvent témoigner de l’épanouissement qui a suivi cette attente récompensée.
On entend parfois comparer le « besoin sexuel » avec le besoin de nourriture. C’était déjà un argument des Corinthiens : les aliments sont éliminés par le corps, sans enjeu ; il en est de même d’une relation sexuelle, elle ne porte pas à conséquence (6.13). Tout faux ! dit Paul. Les pulsions sexuelles peuvent être très fortes — et elles sont tellement attisées de nos jours par les médias — mais il est possible de ne pas y céder et Dieu saura récompenser celui qui tient ferme par la foi.
Conclusion
Notre position en Christ nous assure de notre bonheur éternel ; mais Dieu veut le meilleur pour ses enfants, les « achetés » de Christ, dès cette terre. C’est pourquoi, à la lumière de son œuvre éternelle, il nous donne par l’apôtre Paul des exhortations directes, ô combien d’actualité et cela dans des termes sans pudeur excessive. Quel qu’ait été notre passé (et celui de certains Corinthiens était bien lourd), nous sommes invités à considérer aujourd’hui l’importance de notre corps, afin de glorifier notre Maître dans son usage.
1Il semble qu’à plusieurs reprises dans c??ette Épître, Paul cite des paroles ou des extraits de lettre des Corinthiens. Les commentateurs ne sont pas unanimes sur les mots à attribuer aux Corinthiens et ceux qui reflètent la pensée de Paul. Pour notre part, nous considérons que les mots mis entre guillemets ci-dessus sont ceux des Corinthiens et que Paul corrige leur pensée en introduisant son correctif par « mais » ou « toutefois ».
2Sans faire une liste exhaustive (et fort peu édifiante) des déviations incluses dans ce terme porneia, citons : l’adultère, les relations sexuelles pré-maritales, l’homosexualité. Notons que ce mot grec a donné « pornographie ». Sans être stricto sensu englobée dans ce péché, la por-nographie, hélas de plus en plus répandue, risque d’y conduire.
3Le blasphème contre le Saint-Esprit est le seul péché formellement qualifié d’impardonnable. Les Corinthiens avaient beaucoup forniqué, mais avaient été pardonnés (6.11).
- Edité par Prohin Joël
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