PROMESSES

Je suis né dans une famille chrétienne ; j’ai cinq frères et sœurs. Malgré cela, je choisis très vite de ne pas suivre cet Évangile que mes parents désirent m’enseigner. Rejetant ces repères, je deviens un adolescent rebelle et malfaisant. Je quitte rapidement mes parents et l’école pour aller vivre comme bon me semble et… je finis dans la rue.

Ma vie se résume alors à faire la manche, à me droguer et à voir le temps passer. Bien sûr, mon cœur aspire toujours à combler le vide produit par l’absence de Dieu. Et je cherche dans l’étude d’autres religions le dieu que je voudrais rencontrer.

Puis, un jour, sous influence d’hallucinogènes, je tombe d’un arbre et me casse la colonne vertébrale. Ma condition change : j’étais un zonard, je deviens handicapé en fauteuil roulant. Ma résistance obstinée n’a laissé à Dieu que la manière forte pour me raisonner, semble-t-il.

Pendant ce temps, et malgré moi, mes parents et d’autres chrétiens prient pour ma conversion. Mais, même si mon corps a changé, ma mentalité reste la même : ma dépendance des drogues reprend le dessus. Et je recommence à glisser vers mes anciennes valeurs.

Il faut bien d’autres étapes pour m’amener à la conversion, comme ma rencontre avec ce vendeur chrétien de pizzas. Grâce à notre amitié, je vais entendre à nouveau parler d’un Dieu d’amour. Finalement, le message annoncé dans la Bible résonne en moi ; il me montre un Jésus mort pour mes péchés. J’accepte qu’il me sauve par pure grâce et qu’il me donne une vie nouvelle. J’accepte le salut qu’il m’offre et ma vie change une fois de plus ! Me voici entouré par une nouvelle famille : l’Église de Jésus-Christ ! J’y retrouve une véritable fraternité avec ses hauts et ses bas et… j’y rencontre celle qui deviendra mon épouse.

Jésus, certes, en me sauvant, ne m’a pas guéri de ma paralysie ; je me déplace toujours en fauteuil. Cela ne me rend toutefois pas aigri. Je suis même reconnaissant ; j’ai compris qu’il a choisi de me faire suivre ce chemin pour m’amener au pied de la croix. Il m’a d’ailleurs promis une vie bien meilleure après mon passage sur terre, avec un nouveau corps et une parfaite santé éternelle.

 


« Tout m’est permis », mais tout n’est pas utile ; « tout m’est permis », mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit.
« Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments ; et Dieu détruira l’un comme les autres. » Mais le corps n’est pas pour la débauche. Il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance.
Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres de Christ ? Prendrai-je donc les membres de Christ, pour en faire les membres d’une prostituée ? Loin de là ! Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ? Car, est-il dit, les deux deviendront une seule chair. Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit.
Fuyez la débauche. Quelque autre péché qu’un homme commette, ce péché est hors du corps ; mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps.
Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu.

1 Corinthiens 6.12-20

Introduction

Corinthe n’est pas très éloignée d’Athènes et l’influence de la philosophie de Platon se faisait sentir dans l’ensemble de la société grecque. Les chrétiens de Corinthe, convertis depuis peu, restaient — peut-être inconsciemment — sous son emprise. Au risque de caricaturer, cette philosophie prônait le mépris du corps et de la réalité tangible au profit du domaine supérieur des « idées ». En conséquence, peu importait ce qu’on faisait de son corps, puisque c’était le domaine spirituel qui primait. Chez les Corinthiens, cela se traduisait par des slogans du style : « Tout m’est permis »[note]Il semble qu’à plusieurs reprises dans cette Épître, Paul cite des paroles ou des extraits de lettre des Corinthiens. Les commentateurs ne sont pas unanimes sur les mots à attribuer aux Corinthiens et ceux qui reflètent la pensée de Paul. Pour notre part, nous considérons que les mots mis entre guillemets ci-dessus sont ceux des Corinthiens et que Paul corrige leur pensée en introduisant son correctif par « mais » ou « toutefois ».[/note]… et par une conduite relâchée quant à leur corps.

Face à ces influences, Paul revient aux fondements de l’Évangile et rappelle à ses destinataires quelques principes de base concernant leur corps. C’est sur ces rappels qu’il fonde ses exhortations pratiques.

Quatre principes évangéliques de base

Reprenons ces quatre principes, dans l’ordre inverse de celui du texte :

1. Nous avons été achetés à grand prix, esprit ET corps (v. 20)

Nous appartenions à un maître cruel et impur, le diable, mais par son œuvre à la croix, Jésus nous a libérés. Le « grand prix » payé a été rien moins que le sang du Fils de Dieu versé pour nous (Apoc 5.9). Toutefois, dans ce verset, l’accent n’est pas tant sur le « rachat » de notre ancien maître, que sur « l’achat » par le Seigneur : nous ne nous appartenons pas, mais sommes l’heureuse possession de notre nouveau maître. Christ a des droits sur nous comme Créateur et plus encore comme Sauveur.

2. Notre corps est le temple du Saint-Esprit (v. 19)

La marque du salut est la présence du Saint-Esprit en nous (Rom 8.1-17). Cette habitation est spirituelle, mais elle se fait dans un corps physique, ?? tangible, qui est ici appelé un « temple ». La présence de Dieu n’est plus dans un édifice de pierre, comme le temple de l’ancienne alliance, mais dans un être de chair et de sang. La sainteté due à la maison de Dieu (Ps 93.5) s’applique donc à notre corps, qui a l’honneur d’accueillir la troisième personne de la Trinité !

3. Nos corps sont les membres de Christ (v. 15)

La présence de l’Esprit dans le corps du croyant l’unit à Christ au point qu’il devient un des « membres de Christ ». Paul ne fait ici qu’effleurer un thème qu’il développera plus loin dans la même Épître (12.12-27). Christ ressuscité n’est plus physiquement présent sur terre, mais sa présence demeure bien réelle par l’intermédiaire des corps de ses rachetés ; grâce aux chrétiens, il continue à toucher les malades, à prêcher le royaume de Dieu, à regarder un souffrant, etc.

4. Notre corps ressuscitera (v. 14)

Notre salut est corporel et l’état de félicité ultime des croyants ne sera pas une présence seulement spirituelle avec Dieu — ainsi qu’une spiritualité polluée par la philosophie grecque l’a parfois compris. Cet état sera une union d’un être humain complet, esprit et corps glorifié. Les Corinthiens, qui niaient la réalité d’une résurrection corporelle des chrétiens (15.12), sont ici rappelés à l’ordre. Même si notre corps actuel est loin de la beauté de notre corps de résurrection, il est important, puisqu’il en est la « semence » (15.42-44).

Des conséquences pratiques importantes

Ainsi étayées par ces rappels doctrinaux importants, les exhortations concrètes de Paul ne sont plus une simple morale, mais la traduction pratique de ce que nous sommes en Christ : achetés, possédant l’Esprit, ?? unis à Christ, bientôt ressuscités. La force de ces exhortations en est accrue !

1. Glorifions Dieu dans notre corps (v. 20)

Paul sous-entend : « … pas seulement dans votre esprit » ! L’utilisation que nous faisons de notre corps (ce que nous faisons, ce que nous voyons, ce que nous écoutons, etc.), peut ou non contribuer à la gloire de Dieu. Plus loin, Paul dit que des actes aussi prosaïques que manger ou boire peuvent ou non contribuer à rien moins que « la gloire de Dieu » (10.31) ! Pensons-y plus souvent…

2. Prenons conscience de la gravité du péché de « fornication » (v. 18)

La « fornication » est un terme large, qui englobe l’ensemble des relations sexuelles en dehors du cadre fixé par Dieu, le mariage[note]Sans faire une liste exhaustive (et fort peu édifiante) des déviations incluses dans ce terme « porneia », citons : l’adultère, les relations sexuelles prémaritales, l’homosexualité. Notons que ce mot grec a donné « pornographie ». Sans être stricto sensu englobée dans ce péché, la pornographie, hélas de plus en plus répandue, risque d’y conduire.[/note]. Paul singularise ce péché : il n’est pas « hors du corps » mais il est « contre son propre corps ». Il ne semble pas qu’il faille comprendre par là que le péché sexuel soit le plus grave[note]Le blasphème contre le Saint-Esprit est le seul péché formellement qualifié d’impardonnable. Les Corinthiens avaient beaucoup forniqué, mais avaient été pardonnés (6.11).[/note], mais il a une composante particulière en ce qu’il implique l’être tout entier. Une relation sexuelle, même passagère et sans affect particulier comme avec une prostituée, crée une relation qui unit plus que deux corps : ce sont deux êtres qui ne font plus qu’un. L’attachement à une liaison sexuelle dénaturée vient polluer un lien réservé au mariage (d’où la citation de Genèse 2) et corrompt le lien spirituel avec le Seigneur.

Paul ne donne qu’un seul ordre : « fuyons » ! Ce verbe implique un acte courageux de notre part, celui d’éviter les lieux, les situations, les environnements, etc., qui peuvent nous mettre en risque. Chacun étant « attiré et amorcé par sa propre convoitise » (Jac 1.14), il ne convient pas de faire une liste d’interdits : voyons pour nous-mêmes ce qu’il nous faut « fuir ».

3. Ne nous laissons pas influencer par de fausses idées sur la liberté ou sur notre corps (v. 12, 13)

Pour les Corinthiens, ce qui était légal (« permis ») était moral. Les relations sexuelles avant le mariage ne sont pas interdites par la loi, mais elles ne sont pas « avantageuses »[note]Autre traduction de l’adjectif « utile » du v. 12.[/note] pour le chrétien, car elles entraînent souvent des dégâts durables. Au contraire, nombreux sont les couples chrétiens qui se sont conservés purs jusqu’à leur mariage et qui peuvent témoigner de l’épanouissement qui a suivi cette attente récompensée.

On entend parfois comparer le « besoin sexuel » avec le besoin de nourriture. C’était déjà un argument des Corinthiens : les aliments sont éliminés par le corps, sans enjeu ; il en est de même d’une relation sexuelle, elle ne porte pas à conséquence (6.13). Tout faux ! dit Paul. Les pulsions sexuelles peuvent être très fortes — et elles sont tellement attisées de nos jours par les médias — mais il est possible de ne pas y céder et Dieu saura récompenser celui qui tient ferme par la foi.

Conclusion

Notre position en Christ nous assure de notre bonheur éternel ; mais Dieu veut le meilleur pour ses enfants, les « achetés » de Christ, dès cette terre. C’est pourquoi, à la lumière de son œuvre éternelle, il nous donne par l’apôtre Paul des exhortations directes, ô combien d’actualité et cela dans des termes sans pudeur excessive. Quel qu’ait été notre passé (et celui de certains Corinthiens était bien lourd), nous sommes invités à considérer aujourd’hui l’importance de notre corps, afin de glorifier notre Maître dans son usage.

1Il semble qu’à plusieurs reprises dans c??ette Épître, Paul cite des paroles ou des extraits de lettre des Corinthiens. Les commentateurs ne sont pas unanimes sur les mots à attribuer aux Corinthiens et ceux qui reflètent la pensée de Paul. Pour notre part, nous considérons que les mots mis entre guillemets ci-dessus sont ceux des Corinthiens et que Paul corrige leur pensée en introduisant son correctif par « mais » ou « toutefois ».
2Sans faire une liste exhaustive (et fort peu édifiante) des déviations incluses dans ce terme porneia, citons : l’adultère, les relations sexuelles pré-maritales, l’homosexualité. Notons que ce mot grec a donné « pornographie ». Sans être stricto sensu englobée dans ce péché, la por-nographie, hélas de plus en plus répandue, risque d’y conduire.
3Le blasphème contre le Saint-Esprit est le seul péché formellement qualifié d’impardonnable. Les Corinthiens avaient beaucoup forniqué, mais avaient été pardonnés (6.11).

 


LE CHOIX DE LA PURETE

Randy Alcorn

le livre : Randy Alcorn, Le choix de la pureté,
Éditeur BLF Europe, coll. « Mini livre, maxi-impact », 128 pages, 8,50 €. En librairie ou sur www.blfeurope.com.

L’auteur : Randy Alcorn est pionnier et conférencier.

Parlez de la pureté sexuelle et l’on vous rira au nez.
Voici cependant l’un de nos plus grands combats. La sexualité est un don de Dieu, une pierre précieuse dont la valeur en fait un enjeu spirituel majeur.

Ce petit livre est le fruit de son ministère auprès des jeunes depuis des années.
À partir de quelques témoignages et de nombreux versets pertinents, il nous conduit dans une réflexion, fondée sur la thèse suivante : la pureté est toujours avisée, l’impureté toujours stupide.

C’est en vue de notre bonheur que Dieu recommande la pureté. Le non-respect du « mode d’emploi » divin provoque des blessures indélébiles, qui mettent des années à cicatriser, parfois impossibles à oublier. Voilà en quoi consiste la « stupidité ».

Chacun s’y retrouve puisqu’il s’adresse — sans détours — aux célibataires, aux couples, aux jeunes et aux moins jeunes. Le problème existe potentiellement en tout chrétien ayant à cœur de vivre une vie digne de Jésus-Christ. Le sujet, si actuel dans notre société, n’est pas souvent abordé. Nous avons tendance à éluder les conséquences destructrices de l’impureté… comme si convoitise ou adultère n’existaient pas dans nos assemblées, ou si peu.

Son livre se veut pratique ; il donne beaucoup de « tuyaux » pour aujourd’hui, qui sont autant d’idées qui font travailler les méninges ! Pensez, par exemple, à ce verset d’Éphésiens : « Que l’immoralité sexuelle, l’impureté […] ne soient pas même mentionnées parmi vous » (Éph 5.3) et demandez-vous comment vos films préférés résistent à leur épreuve. Et que penser du proverbe : « Si quelqu’un se détourne pour ne pas écouter la loi, sa prière même est en horreur à Dieu » (Pr 28.9) ? De quoi faire réfléchir.

Voici donc un petit livre pour avertir plutôt que guérir. S’il commence par effrayer en racontant des témoignages désastreux, il montre surtout qu’il est possible de s’en sortir et de vaincre ses tentations. Son contenu clair tient bibliquement la route. Loin d’être austère ou légaliste, il devrait convaincre de prendre le sujet au sérieux.

Court et concis, il va droit au but et sera facile à lire jusqu’au bout. Que vous soyez ou non pris au piège de la tentation, il vous encouragera à ne pas abandonner le combat et à emprunter résolument le chemin de la pureté, source d’une joie véritable.

Extraits choisis

L’argument sage et l’argument stupide

Dieu plaide-t-il vraiment en faveur de la pureté sexuelle parce qu’elle correspond à un choix sage tandis que l’impureté serait stupide?? Jugez-en vous-même?: « Pourquoi, mon fils, t’amouracherais-tu de la femme d’autrui?? Pourquoi donnerais-tu tes caresses à une inconnue?? L’Éternel surveille toute la conduite d’un homme, il observe tout ce qu’il fait. Celui qui fait le mal sera pris à ses propres méfaits, il s’embarrasse dans le filet tissé par son propre péché. Il périra parce qu’il n’a pas su se discipliner, il s’égarera enivré par l’excès de sa folie. » (Proverbes 5.20-23)

Pourquoi éviter l’adultère?? Parce que Dieu le verra et qu’il jugera. Mais avant même le jour du jugement, la personne infidèle se prendra les pieds dans le filet tissé par son propre péché. Prise au piège, elle mourra. Elle est donc la première victime de sa folie. Par contre, celui qui reste pur peut se réjouir et s’enivrer de l’amour de sa femme en profitant pleinement de leur complicité sexuelle (voir Proverbes ?5.18-19).

Dans le chapitre suivant, Dieu demande?: « Peut-on mettre du feu dans sa poche sans que les vêtements s’enflamment?? Peut-on marcher sur des braises sans se brûler les pieds?? De même, celui qui court après la femme de son prochain ne demeurera pas indemne?; s’il la touche, il ne saurait rester impuni. » (Proverbes 6.27-29)

[…] Je ne sortirai jamais impuni de l’immoralité sexuelle. Dieu veut que je me rappelle cela dans mon intérêt. ch. 2, p. 21s.

Chapitre 6 : Une stratégie intelligente, La première et la plus fondamentale des stratégies

Les bonnes intentions les plus sincères et même les prières, ne suffisent pas. Pour vaincre la tentation, nous devons adopter des objectifs clairs et des stratégies saines, et nous devons les appliquer avec rigueur.

Quelle est notre première ligne de défense contre l’impureté??

« Fuyez l’immoralité sexuelle » (1 Corinthiens 6.18 – Segond 21).

En matière de tentation sexuelle, la lâcheté est une stratégie payante. Celui qui hésite (et se cherche des excuses) est perdu. Celui qui prend la fuite garde la vie sauve.

Les Écritures sont catégoriques?: « N’entre pas dans le sentier des méchants et ne t’avance pas dans la voie des hommes mauvais. Évite-la, n’y passe pas?; détourne-t’en et passe outre. » (Proverbes 4.14-15 – Colombe)

Joseph a démontré la valeur de ce principe avec la femme de Potiphar […] (Genèse 39.10,?12). […]

Gardez vos distances

Si vous dites à votre enfant?: « Je t’interdis de jouer sur l’autoroute », qu’attendez-vous de sa part?? Qu’il se rende aux abords de l’autoroute, qu’il grimpe sur le parapet, qu’il balance ses jambes de l’autre côté ou qu’il marche en équilibre sur la ligne du bas-côté??

Manifestement non. Ce serait jouer avec le feu.

« Mais je ne suis pas allé sur l’autoroute », rétorquerait-il. Peut-être pas, non. Toutefois, s’il continue à tester à quel point il peut s’en approcher, il finira par se faire renverser.

Voilà pourquoi je n’aime pas cette question classique?: Jusqu’où peut-on aller???Que signifie-t-elle en réalité?? Jusqu’où peut-on aller sans pour autant tomber dans le péché?? Indiquez-moi où se trouve la limite pour que je puisse m’en approcher le plus près possible?!

Les Écritures prescrivent une attitude différente. […]

Anticipez et évitez la tentation

[…] Dans les moments où vous êtes fort, prenez des décisions qui empêcheront la tentation de survenir dans les moments où vous serez faible.

Cultivez votre vie intérieure

Le danger existe qu’un livre comme celui-ci paraisse simplement encourager un changement de comportement par des recettes simples. […] Je n’insisterai jamais assez sur l’importance de recourir à la puissance du Christ ressuscité qui vit en nous. L’auto-transformation ne suffit pas. Elle peut permettre de gagner un peu de terrain, mais elle peut aussi engendrer de l’autosatisfaction. La vie chrétienne est bien davantage que la simple gestion du péché. Elle consiste en une transformation divine qui nous donne la capacité de mener une vie vertueuse.[…]

Le temps passé avec Dieu est la source de laquelle coule notre sainteté ainsi que notre joie et notre plaisir. Il nous rappelle qui nous sommes et à qui nous appartenons. […]

Mémorisez et citez les Écritures

Jésus a cité les Écritures pour répondre aux tentations du diable (voir Matthieu 2-11). […] « Je garde ta parole tout au fond de mon cœur pour ne pas pécher contre toi. » (Psaumes 119.11)

Ce livre contient beaucoup de passages bibliques. Choisissez-en plusieurs qui vous parlent en particulier. Notez-les, emportez-les avec vous, mettez-les en évidence. Lorsque vous êtes tenté, répliquez au diable. La Bible vous fournit les mots à utiliser. Gardez-les en mémoire et sous la main à tout moment.

Priez sans vous lasser

Jésus a enseigné à ses disciples de prier constamment, sans jamais se décourager (Luc?18.1).

Nous sommes souvent à genoux après avoir perdu une bataille. Or, nous devons tomber à genoux avant que la bataille commence ch. 6, p. 65s.

 


BARUC : LE SEIGNEUR ENCOURAGE UN SECRETAIRE DECOURAGE

Philip Nunn Philip Nunn a travaillé de 1992 à 2007 en Colombie comme missionnaire. À ce titre, il a été très impliqué dans le travail d’évangélisation, d’enseignement de jeunes croyants et a participé à l’implantation de plusieurs nouvelles assemblées chrétiennes. Toujours en contact avec la Colombie, il vit aux Pays-Bas, à Eindhoven, où il est s’est établi.

Le royaume de Juda était tombé dans l’idolâtrie et la décadence morale.
Pendant plus de 40 ans (de – 627 à – 586), Jérémie avertit les Juifs qu’à moins qu’ils ne se repentent, Dieu les punirait sévèrement.
Pendant tout ce temps, trois nations puissantes se disputaient la domination du monde : l’Assyrie, Babylone et l’Égypte.
Juda ne pouvait éviter le conflit, puisqu’il était situé géographiquement au centre de ces trois puissances.

Le cœur des hommes et des femmes de Juda s’était endurci contre le Seigneur, et la punition semblait inévitable. C’était une triste période. Jérémie se lamentait et pleurait souvent.

Or Dieu a porté une attention particulière à un homme très découragé, Baruc, le secrétaire et l’assistant personnel de Jérémie, le prophète. Il avait travaillé très dur, et s’attendait à ce que quelque chose de positif se produise, mais il se disait maintenant : « Malheur à moi ! car l’Éternel ajoute le chagrin à ma douleur ; je m’épuise en soupirant, et je ne trouve point de repos. » (Jér 45.3)

Les journaux et magazines s’intéressent tout particulièrement aux riches, aux puissants, aux stars… Notre Dieu, lui, manifeste un intérêt plein d’amour non seulement à l’égard de ses serviteurs bien connus et en vue, mais également pour chacun de ces nombreux serviteurs invisibles : ceux qui travaillent dans les coulisses, ceux qui prient, qui donnent, qui nettoient, qui préparent, qui soutiennent, qui servent, qui organisent, qui traduisent, qui aident, qui réparent, qui multiplient et diffusent le message que Dieu a donné à d’autres… Se rendant compte que Baruc était découragé, Dieu a donné à Jérémie une prophétie particulière pour Baruc : « Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël, sur toi, Baruc… » (Jér 45.2)

Pourquoi Baruc était-il découragé ?

Vous êtes-vous déjà senti découragé ? Parfois, le découragement s’infiltre doucement lorsque les nouveaux défis deviennent répétitifs, que nos efforts se heurtent à l’apathie, ou que nous commençons à douter de la valeur de ce que nous faisons. Parfois encore, le découragement nous tombe dessus et s’installe profondément, lorsque nous nous trouvons face à des obstacles sérieux, des contretemps frustrants ou une forte opposition. Nous nous rendons compte que nos grandes espérances ne vont pas être réalisées, et ne le seront peut-être jamais ! Quels ont pu être les facteurs de découragement de Baruc ?

1. Le message

Du fait de la désobéissance entêtée de Juda, les prophéties que devait écrire Baruc parlaient principalement de jugement et de punition (voir, par ex., 32.5 36.8,29). C’est une joie de donner un message d’approbation et de bénédiction de la part de Dieu. Mais, parfois, si nous voulons être trouvés fidèles, nous avons besoin de transmettre la désapprobation ou le jugement de Dieu, et ce n’est pas là une tâche facile !

2. L’auditoire

L’auditoire rejetait Dieu, son message et ses messagers. Baruc, avec Jérémie, a été menacé de mort (Jér 36.26). Les motivations du messager sont parfois remises en question, il est accusé à tort (Jér 38.4).

3. Le type de travail

Le travail du scribe était difficile, lent et méticuleux. « Baruc écrivit dans un livre, sous la dictée de Jérémie, toutes les paroles que l’Éternel avait dites à Jérémie. » (Jér 36.4) Or, après des mois passés à écrire, Baruc lut ce message dans le temple ; quelqu’un porta le rouleau au roi, qui jeta au feu le précieux manuscrit ! (Jér 36.23) Baruc n’en avait conservé ni photocopies, ni sauvegarde d’ordinateur… Alors « Jérémie prit un autre livre, et le donna à Baruc… » (Jér 36.32) et ils ont tout recommencé. Quel découragement pour Baruc ! Le fruit de notre labeur ne produit pas toujours ce que nous attendons et peut sembler complètement inutile, mais pour autant, prenons garde au service que nous avons reçu (Col 4.17).

4. Le manque de reconnaissance

À l’époque, peu de gens savaient lire et écrire. Cela pouvait donc ouvrir les portes pour obtenir des situations lucratives et d’influence. Gemaria, Élishama ou Jehudi (Jér 36.12,20,21) avaient des postes officiels importants. Et Baruc ? Après toutes ces années d’études et de travail acharné, il n’était toujours que le secrétaire d’un prophète mélancolique et impopulaire ! Personne ne semblait le remercier ou exprimer de l’admiration pour son travail dévoué. Parfois, nous pouvons aussi oublier que « vous servez le Seigneur Christ » (Col 3.23-24, Darby). C’est cela seul qui donne sa signification et sa dignité au ministère chrétien.

5. L’avenir sombre

Baruc était un visionnaire qui servait Dieu mais il rêvait également de grandes choses pour lui-même (Jér 45.5). Aurait-il le glorieux avenir de Josué après Moïse ou d’Élisée après Élie ? Les prophéties de Jérémie décrivaient un avenir collectif triste et déprimant. Aucun travail important, respecté ou stable auquel Baruc pouvait aspirer ! Pourquoi l’avenir de Baruc était-il si sombre ? Le Seigneur a une tâche, un ministère ou un avenir différent pour chacun de ses serviteurs. « Que t’importe ? Toi, suis-moi », dit Jésus (Jean 21.21-22).

6. Le sacrifice

Le service de Baruc l’a conduit à accompagner Jérémie dans de nombreuses situations à la fois difficiles et douloureuses : tous deux étaient ensemble ridiculisés et rejetés, ils avaient ensemble faim et froid, ils étaient ensemble accusés à tort et menacés (Jér 36.26). Le sentier de l’obéissance a ses joies — et ses peines aussi. La souffrance injustifiée est particulièrement difficile à accepter, même s’il est dit que c’est « digne de louange » (1 Pi 2.19-20, Darby). Notre ministère peut parfois exiger que nous nous privions de bénédictions légitimes, comme Jérémie à qui le Seigneur avait demandé de ne pas se marier (Jér 16.2). Mais le Seigneur voit et récompense toujours un sacrifice généreux et fait de bon cœur (Matt 19.27-29).

7. Le silence de Dieu

Baruc se sentait totalement désespéré (Jér 45.3). C’est déjà assez de gémir, de se sentir épuisé, de se révolter. Mais le désespoir commence à agripper notre âme lorsque nous entretenons la pensée que notre Dieu est froid, détaché et passif. Et c’est pire si nous commençons à en conclure que Dieu ajoute réellement de la tristesse à notre peine, et que notre vie serait meilleure sans lui. De telles pensées sont d’origine démoniaque et ont pour but de nous faire douter de la puissance, de la sagesse et de la bonté de notre Père céleste. Si elles sont entretenues, la spirale dépressive descendante va sûrement s’accélérer. Lorsque nous sommes tristes ou fatigués, nos esprits sont affaiblis et plus vulnérables aux attaques de Satan. Il nous faut identifier l’origine de tels mensonges au sujet de Dieu, et les rejeter fermement au nom de Jésus. Il est tout à fait possible que nous ne comprenions pas le moment choisi par Dieu, ni pourquoi il permet, fait (ou ne fait pas) quelque chose. Mais que notre propre limitation ne jette aucun doute quant à la puissance, la sagesse ou la bonté du Seigneur (És 26.3).

La réponse de Dieu au découragement de Baruc

Notre Père céleste qui nous aime voit nos circonstances, nos actions et nos motivations. Il écoute nos paroles et nos pensées intérieures, il perçoit nos émotions. Il est très réconfortant de savoir que « tout est nu et découvert » à ses yeux (Héb 4.13) ; comme le chantait David : « Tu pénètres de loin ma pensée. » (Ps 139.2) La déprime et le découragement de Baruc trouvaient leur origine dans des pensées incorrectes. Par un message court, direct et personnel, le Seigneur encourage Baruc à croire la réalité telle qu’elle est vraiment : « Voici, ce que j’ai bâti, je le détruirai ; ce que j’ai planté, je l’arracherai, savoir tout ce pays. Et toi, rechercherais-tu de grandes choses ? Ne les recherche pas ! Car voici, je vais faire venir le malheur sur toute chair, dit l’Éternel ; et je te donnerai ta vie pour butin, dans tous les lieux où tu iras. » (Jér 45.4-5) Ce message est en trois parties.

1. Le Seigneur corrige la vision qu’a Baruc de la réalité

Les efforts et les sacrifices de Jérémie et de Baruc donnaient des résultats décevants ; ils ne changeaient tout simplement pas le monde autour d’eux. Leur travail en valait-il la peine ? Le Seigneur voit le désarroi intérieur de Baruc, son apitoiement sur lui-même, son combat intérieur et il commence à diriger la vision du scribe à l’extérieur de lui-même.

Le Seigneur peut bâtir et planter avec ou sans Baruc (notez la répétition du « je » divin). C’est un fait. C’est la réalité. Le Seigneur peut nous inviter à participer à une partie de son grand projet, mais cela reste son projet. Les hommes ne sont pas le centre de l’univers. Notre Père céleste nous aime, prend soin de nous et se réjouit en nous, mais « nous » et « nos efforts » ne sont pas au centre des plans de Dieu. Ce qui s’y trouve, c’est le Seigneur Jésus Christ, son œuvre, sa gloire (Col 1.16-18). Cher compagnon de service, prends du recul et regarde la réalité avec les yeux de Dieu ; comprends que toi, ton travail et tes sacrifices, n’êtes qu’une petite partie du plan éternel et global de Dieu. Au temps convenable, au moment choisi, Dieu réalisera ses desseins.

2. Le Seigneur corrige la vision qu’a Baruc de sa propre mission

La frustration de Baruc, du fait de l’absence de résultats visibles, l’a poussé à rêver de travaux plus significatifs, de manières plus efficaces d’obtenir reconnaissance et satisfaction. Le Seigneur a vu les intentions du cœur perturbé de Baruc et lui a demandé : « Et toi, rechercherais-tu de grandes choses ? » Parfois, le Seigneur appelle, prépare, et confie à des hommes et des femmes une grande tâche — « grande » du point de vue de Dieu. Mais lorsque, comme Baruc, nous regardons à nous-mêmes et nous cherchons de grandes choses pour nous, le message du Seigneur est clair : « Ne les recherche pas ». En tant que chrétiens, le Seigneur nous appelle à penser « grand » et à emmagasiner de « grands » trésors, mais à le faire au ciel (Matt 6.20-21).

Quels talents et quelles capacités vous ont été confiés ? quel est votre appel ? quelle est votre mission ? Une fois que vous savez ce que le Seigneur vous a donné à faire, tenez-vous-y. Jusqu’à ce que le Seigneur vous montre clairement que vous devez en changer, donnez-vous totalement à l’œuvre du Seigneur, parce que vous savez que « votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur » (1 Cor 15.58). Parfois, notre stratégie ou la méthode employée peut devoir être modifiée à la lumière des résultats obtenus, mais notre cœur n’est pas fixé sur les statistiques. Avant tout, nous désirons entendre notre Maître nous dire : « C’est bien, bon et fidèle serviteur ; […] entre dans la joie de ton maître. » (Matt 25.21) Est-ce là toujours le désir de votre cœur ?

3. le Seigneur corrige la vision qu’a Baruc de l’avenir

L’un des facteurs qui a contribué aux pensées dépressives de Baruc est qu’il n’a vu aucune espérance pour l’avenir. Les dirigeants de Juda continuaient à ignorer le message de Dieu, et Dieu allait bientôt utiliser l’armée babylonienne pour envahir, tuer, détruire et prendre le contrôle de Juda. Le Seigneur a partiellement confirmé le sombre point de vue de Baruc : « Voici, je fais faire venir le malheur sur toute chair. » (Jér. 45.5)

Le fait que Dieu décide d’arrêter un projet, d’interrompre un ministère ou même de discipliner son peuple ne signifie pas qu’il s’en est allé, ni que tout espoir s’est évanoui. En fait, les actes mêmes de renverser et d’arracher sont des indications claires que Dieu est toujours impliqué, actif, et aux commandes. Aussi longtemps que nous serons sur terre, de tels changements douloureux et de tels contretemps apparents ont un but. Et il est heureux qu’il y ait toujours un « mais » divin.

Le Seigneur a béni Baruc en lui donnant cette promesse personnelle : « Mais je te donnerai ta vie pour butin, dans tous les lieux où tu iras. » Cette promesse se situe historiquement au milieu des événements du ch. 36. Après que le roi a brûlé le rouleau et ordonné l’arrestation de Baruc et de Jérémie, survient un autre « mais » divin : « Mais l’Éternel les cacha. » (Jér 36.26) Baruc était en sécurité ; le Seigneur avait commencé à tenir sa promesse.

Craignez-vous l’avenir ? Votre vision est-elle obscurcie par de sombres pensées ? Le Seigneur ne nous a jamais promis sur cette terre que nous connaîtrions uniquement la croissance constante et le succès visible. Mais il nous a dit : « Allez. Et, voici, je suis avec vous tous les jours. » (Matt 28.19-20). Face à une attaque spirituelle, nous savons que les bonnes promesses de notre Seigneur s’étendent bien au-delà de notre court voyage sur terre, jusqu’à son retour pour nous prendre auprès de lui (Jean 14.1-3).

Après avoir reçu en promesse l’assurance qu’il aurait la vie sauve, Baruc a-t-il eu peur de se faire attraper et tuer ? Peut-être, mais il n’avait pas à le faire. Nous ne pouvons jouir des promesses de Dieu que si nous les connaissons et les croyons. Les croyons-nous réellement ?

Conclusion

Notre Père céleste voit ce qui se passe à l’intérieur de chacun de nous, que nous le servions au front ou aux bagages, et il s’en soucie. Comme Baruc, beaucoup d’entre nous se sont vus confier quelques petites tâches. Comme Baruc, nous pouvons aussi parfois nous sentir las et découragés. Nous ne voyons pas les résultats auxquels nous aspirons, et pouvons commencer à es-timer que notre travail ne sert à rien. À quoi le Seigneur regarde-t-il, chez tous ceux qui le servent ? Les deux seuls critères qu’il utilise pour évaluer la réalité de chaque vie sur terre sont l’obéissance et la fidélité. Alors continuons à écouter, à obéir et à avancer.

 


SUICIDE OU SACRIFICE ?

Il existe plusieurs types de morts. La plus troublante est celle que l’on s’applique contre soi-même : le suicide (de sui : soi et caedere : tuer : « le meurtre de soi »). La Bible n’est pas silencieuse à ce sujet. Plusieurs récits font part d’hommes qui se sont donné la mort. La question est de savoir s’ils sont pour autant suicidaires ? Ce ne semble pas le cas de tous. Nous allons voir que certains envisagent la mort comme une fin, tandis que d’autres pensent la mort comme un moyen.

1. La mort comme une fin

Les hommes de cette première catégorie se sont suicidés pour eux-mêmes. Ils ont — faussement — cru pouvoir se délivrer des conséquences de leurs actes. Ils voulaient en finir avec leur mal-être ou avec leurs remords.

Remords stériles, du reste. Car si le remord pousse à s’apitoyer sur ses actes, il ne provoque pas forcément la prise de conscience du péché. C’est la repentance qui permet de s’humilier sincèrement devant Dieu, demandant ce pardon qu’il ne peut accorder qu’à tout pécheur contrit, implorant sa grâce (Rom 2.4 ; 2 Pi 3.9). La repentance donne aussi à cette âme la volonté de changer le cap de sa vie, avec l’aide de Dieu.

Le remord ne va pas si loin. C’est la tristesse causée par le résultat de son iniquité, alors qu’elle devrait l’être par l’offense faite à Dieu et le mal occasionné à autrui. Cet accablement, dévoyé par les modes de pensée de ce monde sans Dieu, ne peut que conduire à la mort (2 Corinthiens 7.10).

Quelques exemples

Abimélec, fils de Gédéon, a mis à mort ses frères pour prendre le pouvoir (Juges 9.1-6). L’Éternel ne peut oublier cet acte odieux. Ainsi, lors d’un siège, Abimélec a le crâne fracassé par un morceau de pierre jeté par une femme. Alors, mourant, il ne veut pas saisir cette ultime occasion pour manifester un quelconque regret. Non ! ce qui compte à ses yeux, c’est de ne pas perdre la face. Lui, le roi, être battu par une femme… quelle honte ! Il ordonne donc à son porteur d’armes de le transpercer de son épée (Juges 9.54). Cette fin tragique n’a rien de noble ou d’héroïque. Elle ne relève en rien l’image de cet homme violent et imbu de sa personne.

Saül débute bien comme roi d’Israël — tant qu’il est humble à ses yeux. Il suit le chemin de la volonté propre et finit lamentablement sur la montagne de Guilboa. Rejeté par Dieu à cause de ses péchés et de son obstination, il est acculé par les Philistins lors du dernier combat de sa vie égoïste et jalouse. Grièvement blessé, il demande à son porteur d’armes de mettre fin à ses jours. Tremblant, ce dernier n’ose pas… ce qui pousse Saül à se jeter lui-même sur son épée (1 Samuel 31.4). Le serviteur imite ensuite son maître. Dans cette scène qui a conduit à ces « meurtres », c’est la peur d’être livré à ses ennemis, la peur d’être humilié, battu, torturé et mis à mort qui l’emporte.

Achitophel, conseiller d’Absalom, préfère se donner la mort en s’étranglant plutôt que d’affronter les conséquences de sa trahison envers le roi David (2 Samuel 15.12,31 ; 17.23). Quand il comprend que son plan astucieux pour tuer David ne serait pas suivi par Absalom, il décide de mourir de peur de devoir rendre compte un jour à l’ami trahi.

Zimri, conspirateur et meurtrier de son roi, voyant qu’à son tour il va être renversé et tué, se retire dans son palais et le brûle sur lui (1 Rois 16.18-19). C’est ainsi qu’il meurt à cause de ses péchés !

Judas, disciple de Jésus, troublé et pris de vains remords, rapporte l’argent de sa trahison pour ensuite aller se pendre (Matthieu 27.5). Au-delà de cette terre, il devra pourtant poursuivre son existence loin de Dieu avec ces deux crimes, lui qui est appelé le « fils de perdition » (Jean 17.12).

2. La mort comme un moyen

La seconde catégorie d’hommes exprime autre chose : le sacrifice — au sens de « renoncement à soi » — est le seul chemin pour vaincre l’ennemi, pour ouvrir les trésors de la bonté divine à notre prochain, pour aimer selon Dieu, en action et en vérité !

Quelques exemples

Samson, fils de Manoach, est vu par certains comme ayant commis beaucoup d’écarts et de chutes dans sa vie de serviteur de Dieu[note]. Cette idée ne fait pas l’unanimité. Pour une autre opinion, voir Daniel Arnold, « Samson, un modèle pour nous ? », Promesses n°160, p.10-13.[/note] . Il termine cependant par ce qui n’est pas un suicide mais bien plutôt un sacrifice. L’Éternel lui permet de remporter une dernière victoire en s’offrant pour la délivrance de son peuple. Par sa mort, sous les décombres du palais des Philistins, il entraîne bon nombre de ceux-ci (Juges 16.22-31).

Jésus, Fils de Dieu, unique et parfait en toutes choses, a donné sa vie pour glorifier son Dieu et satisfaire sa justice, pour nous délivrer de la main de l’ennemi de nos âmes (Hébreux 2.15), pour nous délivrer de la puissance des ténèbres (Colossiens 1.13), pour nous délivrer de la colère à venir (1 Thes 1.10), pour nous associer à sa mort et à sa résurrection, pour nous ouvrir les immenses richesses de la grâce de Dieu, pour nous donner, par-delà la mort physique, un sûr et éternel avenir avec lui.

Le Seigneur Jésus a donné sa vie (Jean 10.17-18), personne ne la lui a prise ! Il s’est livré en sacrifice à Dieu. S’il a accepté de mourir c’est pour nous sauver. S’il s’est laissé conduire au supplice et ne s’est esquivé en rien à cette mort ignominieuse, alors qu’il avait le pouvoir de le faire (Matthieu 26.53), c’est par amour pour son Dieu et Père et par amour pour sa créature.

3. La mort comme tentation finale de l’homme découragé

Job, accablé par le deuil et le dénuement, est poussé par son épouse folle de tristesse ou de rage à se laisser mourir (Job 2.9). Job reste ferme. Il ne cède pas à la tentation d’en finir. Et même s’il regrette, dans son chagrin, le jour de sa naissance (Job 3.1), il est consolé par Dieu et béni durant le reste de ses jours.

Élie, après une éclatante victoire sur l’idolâtrie, en vient à demander la mort parce qu’il se croit, à tort, seul contre vents et marées (1 Rois 19). L’Éternel doit alors remettre ses idées en place et lui révéler qu’il ne connaît pas tout et qu’il ne peut pas juger de la sorte. L’Éternel a encore besoin de lui. Élie n’a pas à décider du moment de son départ.

Jonas, fils d’Amitthaï, doit être repris par l’Éternel pour avoir demandé la mort plutôt que de voir ses ennemis bénéficier de la bonté de Dieu (Jonas 4). Son cœur, exclusif dans ses amitiés et ses affinités, s’irrite de ce que Dieu ne fasse pas de différences, de ce qu’il soit également bon envers les méchants et leur fasse grâce s’ils se repentent.

Nous, fils et filles de Dieu, devons aussi prendre garde à nos pensées. Laissons Dieu les renouveler en nous (Rom 12.2). Ne laissons pas les fruits de notre esprit se gâter et amener la corruption de la mort dans notre vie. Rejetons toute idée qui chérirait la mort physique comme délivrance de l’adversité et des soucis. Il peut arriver que, dans des circonstances extrêmes, nous aspirions à quitter notre corps de misère. Mais notre espérance repose sur un fait grandiose : non pas tant la délivrance des infirmités de cette terre, mais surtout le fait d’être revêtus de la plénitude de la grâce de Dieu (2 Corinthiens 5.1-4).

Conclusion

Il y a donc ceux qui se prennent la vie et ceux qui demandent à Dieu de leur prendre la vie. Il y a ceux visent un objectif plus grand que leur vie, et ceux qui portent comme une charge trop lourde le poids de leur vie.

Certains hommes de Dieu sont allés plus loin. Découragés, ils ont été tentés de demander à Dieu d’abréger leur souffrance. Ne critiquons pas cette volonté émanant d’hommes écrasés par les circonstances, même si le passage à l’acte doit nous choquer. Mais montrons bien plutôt à nos contemporains un modèle d’abnégation, à la suite de notre bon Berger.

Nous, frères et sœurs en Jésus-Christ, nous connaissons le véritable amour en ce que Jésus a laissé sa vie pour nous et que nous devons laisser nos vies pour ceux et celles de la famille de la foi (1 Jean 3.16-17 ; Gal 6.10).

 


CHRETIEN ET DEPRESSIF ?

Attaques en chaîne

Mes 40 premières années de vie, dont 23 en tant que chrétien, s’étaient bien passées.

En quelques mois, j’ai vécu des changements importants : passage d’une grande entreprise à une PME, travail devenant itinérant, déménagement dans une autre ville, fin de mon rôle de coresponsable d’église exercé pendant dix ans.

J’ai alors traversé en deux ans trois épisodes dépressifs. Un antidépresseur conjugué à un ralentissement de mon rythme de vie m’ont permis d’en sortir sans m’arrêter de travailler. La troisième année, une soudaine fatigue inexpliquée m’a ralenti. Puis se sont successivement déclarées une grippe, une autre dépression, et enfin une hépatite (non virale), peut-être provoquée par la reprise de l’antidépresseur.

Affaibli par ces maladies simultanées, j’en suis graduellement arrivé à un stade d’affaiblissement et de fébrilité nerveuse où ma seule envie était de dormir pour oublier. Je craignais de perdre mon emploi, voire de ne plus jamais pouvoir retravailler. Chaque tentative pour m’en sortir ressemblait aux efforts d’une fourmi au fond d’une bouteille.

Un premier bilan

• Physiquement, j’admettais la nécessité de faire de l’exercice, mais n’en avais ni le goût ni la force.

• Psychiquement, j’étais sujet à des émotions disproportionnées : anxiété au moindre changement (négatif ou positif), pleurs faciles, impression d’être dépassé, etc.

• Spirituellement, je gardais « la foi » dans mon cœur, mais sans la paix. Chaque acte simple de la vie était pour moi un vrai casse-tête. Pour me remettre du modeste effort consistant à aller au marché et à y acheter mes provisions de légumes et de fruits, il me fallait une heure de récupération.

Remonter la pente

La guérison a commencé par un traitement médicamenteux approprié… qu’il a d’abord fallu trouver ! Les médicaments m’ont ainsi permis de sortir de l’ornière où j’étais immobilisé. J’ai pu envisager les choses simples de la vie avec plus de sérénité.

Une fois rétablis l’appétit et le sommeil, au moins en partie, j’ai traversé de longues semaines de convalescence : marches, lectures (pas trop intellectuelles), siestes, longues nuits, contacts téléphoniques, visite d’amis, prière et lecture de la Bible.

Ma dépression avait pu être accrue par la grippe et l’hépatite, mais aussi par certaines attitudes mentales néfastes qui me rendaient malheureux. Comment identifier ces dernières et surtout les réfuter au quotidien ?

Suite à des lectures, j’ai pris conscience de ce que la psychologie cognitive appelle les « pensées automatiques », qui surviennent à l’occasion d’émotions négatives et angoissantes. J’ai appris à leur substituer des pensées rationnelles. Ma surprise a été de voir que toutes les situations qui me semblaient insurmontables reprenaient ainsi de plus justes proportions.

Cette approche psychologique, quoiqu’utile, ne m’offrait aucune réponse sur le sens de ma vie. Et on se questionne à ce sujet pendant une dépression ! Un psychologue ne peut que donner des conseils très généraux du style : « Tout n’est pas noir dans la vie », « Le pire n’est jamais certain », « Apprenez à regarder ce qui est beau autour de vous ». Tout ceci est certes vrai, mais ne donne pas du « sens ».

Retour sur mon identité chrétienne

Je me suis donc penché à nouveau sur le thème de l’identité, et en particulier de l’identité chrétienne. Sans recevoir de « révélation nouvelle », j’ai simplement redécouvert l’amour inconditionnel de Dieu.

Quels que soient mes réussites ou mes échecs, ce que j’accomplis et ce que je n’accomplis pas, je suis (et je demeure) un enfant adopté de sa famille. Rien ni personne ne pourra me l’enlever.

Huit ans ont passé depuis le début de cette nouvelle période de ma vie. Je voudrais pouvoir me passer complètement de médicaments, mais je dois continuer à en prendre, même si c’est à faible dose. J’expérimente ainsi la complémentarité entre l’aide que Dieu m’apporte à travers les médicaments, et la façon dont il soutient ma foi.

Je ne cherche pas à tout comprendre, parce que l’intelligence de Dieu dans la Création me dépasse : il suffit d’un si petit dérèglement glandulaire pour que notre équilibre soit remis en cause !

Je peux dire que je vis simplement chaque jour dans la reconnaissance pour la vie normale que je peux mener.

Et je sais que toutes nos « infirmités » ne feront plus partie de la « nouvelle Création » dans laquelle Dieu m’a préparé une place.

Car je suis persuadé que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les êtres d’en-haut, ni ceux d’en bas, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Christ-Jésus notre Seigneur.
Romains 8.38-39.


Le médecin a d’abord affaire au corps de son patient, c’est une évidence.

L’apprentissage du métier de médecin fait la part belle au corps d’abord, pour s’attacher à comprendre ses fonctions et ses dérèglements.

Les connaissances des médecins relatives à la psychologie sont souvent moindres.

C’est ainsi qu’une dichotomie implicite corps/psyché s’installe.

Cependant nombre de symptômes sont inexpliqués, ils ne correspondent pas à un dysfonctionnement organique identifiable. La médecine psychosomatique tente de sortir de ce dualisme, pour regarder le patient comme un tout dans son corps. En fait, dans toutes les situations, même les plus organiques, l’expérience permet de réunifier soma et psyché : chaque atteinte dans un domaine, corporel ou psychologique, retentit sur l’autre domaine ou s’exprime dans l’autre domaine ; si le trouble est d’abord dans l’esprit, il est visible aussi dans le corps ; si le trouble est d’abord dans le corps, l’esprit en est perturbé. De la même façon, la douleur associe sensorialité (perception désagréable), émotion inévitable (peur et détresse), pensées et raisonnements, et comportement visible sur le corps du patient. Plus simplement, le corps « parle », comme on dit communément.

L’ensemble de la personne comprend aussi une part immatérielle, invisible mais bien présente, spirituelle, – souffle de Dieu, respiration de vie. Le corps est le lieu physique de cette personne complexe et plurielle, et il ne peut être réduit au fonctionnement de cellules et de molécules. C’est par le corps que passe le premier contact avec autrui.

Alors, comment le médecin chrétien appréhende-t-il le corps ? En tant que pédiatre, je m’occupe d’enfants, et particulièrement de douleur chez l’enfant, et je peux partager quelques ressentis et réflexions, sans vouloir être exhaustif.

1. Admirer le corps

Le médecin est d’abord le témoin d’un chef d’œuvre, fait d’une « étrange et merveilleuse manière » (Ps 139.14). Plus les connaissances progressent dans le domaine du fonctionnement du corps humain, de chaque organe, de chaque cellule, des interactions entre elles, plus l’étonnement grandit. À l’échelon macroscopique comme à l’échelon moléculaire, tout est extraordinaire de complexité, chaque cellule spécialisée surprend. Tout un monde de signaux de communication est à l’œuvre à chaque instant, pour maintenir le corps en bonne santé.

Quelle beauté dans le corps d’un enfant en pleine santé ! Les enfants sont des êtres vivants, mystérieux et merveilleux, des personnes humaines à part entière. Leur croissance, leur développement, suscitent aussi notre admiration profonde. Cependant ne nous appuyons pas sur des critères morphologiques ou des standards de mode, allons au-delà.

En effet, en même temps, nous nous rappelons que cette personne a été faite à l’image de Dieu, pour refléter l’image de Dieu, elle a été appelée à l’existence, engendrée. Ce qui nous est proposé par la révélation divine, nous amène à discerner que le corps est beau parce qu’il est reflète le projet de l’être, ou pour le dire de façon plus simple : le corps est beau parce qu’il est habité par une âme. Toutes ces pensées participent au plaisir et à l’émerveillement éprouvés devant un nouveau-né.

Cet enfant devant nous est un être unique, une association de concret et d’immatériel, qui porte un nom. Son corps est le lieu précieux de sa personne, animé par l’esprit et l’âme, et il est impossible de tracer la frontière exacte entre le physique, le psychologique et le spirituel.

Cette admiration peut nous ramener à Jésus, à sa naissance qui nous étonne, à sa croissance et à son développement que nous imaginons.

Cet enfant, ce patient, va apprendre, avec ses parents, à apprécier son corps, à le nourrir et l’entourer de soins (Éph 5.29) ; il va bâtir son espace intime, apprendre à respecter son corps. Le « soin » du médecin et des soignants peut y contribuer.

2. Approcher le corps du patient d’un point de vue médical

Le corps est abordé d’abord par le visage et le regard : on perçoit un visage, on rencontre une présence dans l’expression et le regard. L’état de santé (la fatigue, la dépression, la douleur, les émotions) est visible sur le corps, et d’abord sur le visage. Un petit enfant est particulièrement lisible, il ne contrôle pas son expression, et nous donne à voir et à lire son ressenti ; quand il grandit, le déchiffrage peut devenir plus difficile, car chacun porte facilement un masque.

Pour établir son diagnostic, ou simplement statuer sur la bonne santé, le médecin examine, il a le droit – exceptionnel, reconnu par la société et accepté des parents comme des enfants – de regarder, toucher, examiner le corps dénudé. Les enfants ont aussi des droits, ils ont également besoin de protection. L’approche du corps se doit d’être simple et digne, jamais critique, si possible assortie de commentaires positifs, et parfois ludique avec l’enfant : toucher, palper, ausculter, peser, mesurer… en respectant et même en favorisant la pudeur. On dit ce que l’on fait et ce que l’on va faire, avec respect et délicatesse, alors que l’on cherche à objectiver des « signes cliniques », qui nous éclairent sur des mécanismes pathogènes. C’est aussi respecter une juste distance – la distance de sécurité – être prudent dans les attitudes, la proximité, le territoire intime, avoir le regard chaste et clair, sans séduction, – et cela à tout âge, mais particulièrement, bien sûr, avec les adolescents.

« Le corps dénudé peut être honoré par le regard qui le perçoit et le reçoit comme expressif, tout entier expression d’une présence personnelle. […] Lorsqu’il est perçu à partir du visage, le corps tout entier, dans sa nudité même, peut être regardé sans impudeur » (Xavier Lacroix). En tant que médecin, je regarde, j’examine une personne, un corps « sujet » et non « objet », et le corps que je regarde est comme « habillé » par ce regard. Mon regard, mon expression, accueillent le corps de l’autre, sans le juger, sans se l’approprier.

3. Prendre soin du corps

Devant nous une personne se présente avec sa plainte. La mission du médecin est de rétablir la santé, autant que faire se peut. Cette mission nous évoque l’injonction du Samaritain à l’hôtelier, à propos du blessé qu’il a amené : « Prends soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus […] » (Luc 10.35). Quelle étendue dans ce « de plus » : tous les besoins de la personne semblent sous entendus. C’est une médecine de la personne, approche reprise et développée par Paul Tournier1.

L’enfant et ses parents se confient à nous : cela implique échanges loyaux, respect et dignité, du soigné comme du soignant. Cette attitude a détrôné l’approche paternaliste du médecin, qui se place au dessus du patient, sachant et décidant à sa place. La loi française va d’ailleurs dans cette direction2, elle dynamise l’autonomie du patient comme la responsabilité du médecin.

Dans le domaine des soins médicaux du corps, pouvons-nous aussi appliquer la règle d’or : « Faites aux autres ce que vous voulez qu’on vous fasse » (Matt 7.12) ? Nombre de médecins reconnaissent que leur approche change après avoir été eux-mêmes malades !

Les soins médicaux peuvent s’empreindre d’empathie, de bienveillance, dans un projet de collaboration ; parfois doit être communiquée de l’énergie stimulante, de la fermeté, et parfois de la douceur, de la compassion.

Le regard porté sur le corps malade, les paroles, et tous les signaux de communication non verbale qui les accompagnent, font que le patient se sent respecté, écouté, apprécié, reconnu, malgré la maladie. Un « pacte de soin » est implicitement conclu, une alliance thérapeutique s’établit entre le médecin, l’enfant et ses parents.

Jésus a passé beaucoup de temps avec les malades, les handicapés, nous faisons de même ; il regardait, il touchait, il parlait, nous faisons de même. L’analogie s’arrête là car il avait le pouvoir de guérir et de pardonner. Nous pouvons néanmoins ressentir une collaboration avec le Dieu puissant qui guérit, mais bien sûr nous, nous ne guérissons pas toujours.

Cependant Jésus nous dit : « ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matt 25.40). Alors ces petits que nous soignons, nous pouvons les considérer comme les petits frères et soeurs de Jésus.

Des questions éthiques délicates se posent plus particulièrement au début et à la fin de la vie, dans un contexte de souffrance, de tragédie humaine : stérilité, anomalies fœtales, réanimation, fin de vie, soins palliatifs. Nous sommes appelés à essayer de comprendre, à entrer dans l’expérience humaine, en trouvant moyen d’accompagner ces parents.

Soigner, c’est une invitation à la modestie.

4. Soulager le corps souffrant

Le corps peut être crispé, tendu, par des contraintes physiques, émotionnelles, psychiques ou spirituelles. Souffrance morale et douleur physique s’entremêlent souvent.

La douleur fait appel à la solidarité humaine, elle nous incite à « porter les fardeaux les uns des autres » (Gal 6.2). Au plan médical, cela veut dire lutter contre la douleur et la souffrance. Pour nous comme pour les patients qui viennent à nous, l’acceptation de la vie n’a rien à voir avec la résignation. Au contraire, cela signifie l’accepter comme elle vient, avec tous les handicaps, la souffrance, et les injustices, puis tout mettre en oeuvre pour soulager, – cela fait partie de notre vocation.

Mais une révolte intérieure peut gronder, partagée avec l’enfant et ses parents : « Et pendant ce temps, où est Dieu ? » (C.S. Lewis) « À ce moment-là, tous les discours à propos de la résignation, de l’acceptation de la volonté de Dieu ou de la valeur rédemptrice de la souffrance sont insupportables » (Bernard Ugeux).

La souffrance requiert une réponse médicale, pour l’alléger ; mais elle reste un mystère, et elle exige une présence. Cette présence est parfois difficile à assumer : oser entrer dans la chambre où souffre un enfant, où va mourir un enfant, cela exige une atmosphère d’authenticité, sans mensonge. Cet accompagnement médical, psychologique, spirituel c’est la démarche des soins palliatifs. « Restez avec moi » demande Jésus à ses amis lorsque l’approche de la mort l’angoisse (Matt 6.38). À la fin, on laisse venir la mort, que C.S. Lewis appelle « une miséricorde sévère » : quand il n’y a plus rien à faire, il ne reste qu’à être, être avec.

5. Se laisser éclairer par la foi

Bien des attitudes décrites ici relèvent simplement d’une éthique médicale partagée avec nos collègues, laïcs, athées, agnostiques, ou d’autre confession religieuse. Alors quel « plus » apporte la foi pour le médecin chrétien ?

La foi éclaire les mystères, mais incomplètement, comme au travers d’un voile. Nous savons que Dieu ne s’est pas révélé au travers d’une majesté glorieuse, mais sous les traits d’un homme brisé, au corps sanglant cloué sur une croix. Angoisse, rejet, sentiment d’abandon, fatigue, solitude, souffrance physique extrême : le Christ a connu les pires douleurs de l’humanité. Paul Claudel dit : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu pour l’expliquer mais il est venu la remplir de sa présence. »

Si la foi n’explique pas tout, elle permet de porter en nous et autour de nous le mystère, celui de Dieu, mystère qui inclut celui de la souffrance, et celui de la personne humaine. L’être humain ne peut être réduit à ses maladies, ses souffrances, ni d’ailleurs à ses joies ou ses performances. La foi permet de voir au-delà de l’apparence fragile.

La foi déploie de nouveaux horizons dans notre compréhension du corps. Notre privilège en tant que chrétiens est de voir le Créateur, le Sauveur du corps, ce Dieu qui aime le corps qu’il a créé, jusqu’à s’y incarner, et jusqu’à vouloir le ressusciter.

Enfin la foi renouvelle nos forces, comme dit Bernard Ugeux : « Du cœur de ma fragilité reconnue et acceptée sourd une force, une capacité d’accueillir la fragilité, la misère même des autres avec tendresse, en me laissant toucher, mais sans me laisser envahir ou détruire. » Et de nous inciter à puiser au quotidien dans son cœur à lui. Rappelons-nous que les souffrants ne sont pas les seuls à être faibles, que tous, nous avons besoin d’encouragement3.

1Paul Tournier, médecin genevois protestant (1898-1986) en fut un ardent défenseur dans sa pratique et à travers ses nombreux écrits.
2Loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, dite loi Kouchner, du 4 mars 2002
3Pour approfondir :
Lydia Jaeger et coll, L’âme et le cerveau, l’enjeu des neurosciences, Édifac et Excelsis, 2009
Michel Johner et coll, Le corps et le christianisme, Excelsis 2003
Xavier Lacroix, Le corps de l’esprit, Les éditions du Cerf, 2002
Paul Tournier, Médecine de la personne, Delachaux et Nestlé 1940
Bernard Ugeux, Traverser nos fragilités, Les éditions de l’atelier, 2006
John Wyatt, Questions de vie et de mort : la foi et l’éthique médicale, Excelsis, 2009
Philip Yancey, Où est Dieu dans l’épreuve, Éditions Ligue pour la lecture de la Bible, 2007


Le yoga semble offrir tout ce que l’homme occidental recherche. Le corps, rouillant sur les chaises de bureau trop longuement fréquentées, trouve ainsi le moyen de s’assouplir et de s’exprimer. La tête, obscurcie de chiffres et de soucis, est gentiment vidée de ses impuretés. Pour beaucoup, le yoga est une source de détente équivalente à un sport ou un loisir.
Mais n’est-il que cela ?

Les auteurs d’ouvrages sur le yoga montrent que cette technique n’est pas purement physique. Elle relève d’une conception théologique du monde où les postures sont à la fois représentation d’une réalité théologique et véhicule d’une puissance spirituelle.
Le yoga est de nature religieuse.
Une religion est un « ensemble d’actes rituels liés à la conception d’un domaine sacré distinct du profane et destinés à mettre l’âme humaine en rapport avec Dieu ». C’est un « système de croyances et de pratiques, impliquant des relations avec un principe supérieur et propre à un groupe social ». Nous sommes ainsi en présence d’une religion lorsque les caractéristiques suivantes sont présentes :

1. l’homme est considéré comme une entité spirituelle ;

2. l’homme a accès à une dimension spirituelle ;

3. il existe une méthode pour parvenir à cette dimension.

Un mouvement révèle sa nature lorsque son historique témoigne d’une recherche spirituelle. Lorsque sa conception du monde affirme l’existence d’un monde spirituel. Lorsque ses objectifs s’appliquent à faire passer l’homme dans des sphères spirituelles. Et lorsqu’il propose à ses adhérents des gestes propres à éveiller une conscience spirituelle. C’est précisément le cas du yoga !

1. Origines du yoga

Le yoga classique indien provient d’un texte attribué à Patanjali dont on connaît peu de choses. Il aurait vécu au Pendjab au ive s. avant notre ère (certains avancent le xie s. av. J.-C.). Le terme yoga signifie littéralement « joug » ou « attelage » ; il évoque la recherche de l’union entre le soi et l’Absolu (brahman).

Selon les époques, les philosophies comme les pratiques varient. Elles visent le salut individuel par un enseignement métaphysique ou religieux (selon les écoles). Ainsi, dès sa création, le yoga est une quête spirituelle.

2. Conception du monde pour le yoga

Le yoga part de l’idée que tout est souffrance, et il faut en être délivré. Cette douleur provient d’une séparation de l’âme avec l’Absolu. L’âme souffre de cette condition déchue et recherche, à travers ses incarnations successives, à retourner dans la fusion originelle avec l’Absolu.

Selon l’hindouisme, la vie humaine est cyclique, d’où la doctrine de la réincarnation. La vie est pleine de douleurs et de chagrins, fondements de la condition de l’homme. Le but du yogi est de se retirer de ce cycle douloureux de la mort et d’atteindre l’immortalité. Cette libération (salut) est entraînée par La mort de l’identité individuelle par sa fusion avec l’absolu. Ainsi, il devient un jîvanmukta, un « délivré de son vivant ». À travers le yoga, un homme profane peut devenir sacré ou divin.

Il est difficile d’échapper à la conclusion que la pratique du yoga illustre une conception éminemment religieuse du monde.

3. Objectif du yoga

Jean Varenne décrit le yoga comme « une technique de salut originale qui se propose de libérer l’âme de sa condition  charnelle par l’exercice de disciplines psychiques et corporelles. [L’âme] est en quelque sorte exilée dans le monde de l’existence où elle est condamnée à se réincarner indéfiniment, passant de corps en corps à la manière d’un oiseau migrateur1 ».

Il est évident que le yoga a un objectif religieux. Ce n’est pas seulement une série de gestes innocents. Ils sont pédagogiques (et opérants !) en vue d’une transformation spirituelle de l’être.

4. Pratique du yoga

Comme nous l’avons vu, le yoga est religieux. Pour des raisons obscures, les professeurs occidentaux de yoga voilent cette réalité à leurs étudiants. En décrivant leurs pratiques, ils révèlent pourtant ce côté religieux :

« Le yoga n’a jamais été conçu seulement comme une discipline de mieux-être dans la vie actuelle, mais comme un mode de transformation si radical que ses effets se répercutent sur l’après-vie2 ».

On ne pourra jamais séparer la pratique du yoga de la « théologie » à laquelle elle est liée. En quelque sorte, le yoga offre à l’hindouisme ce que les sacrements offrent au catholicisme. Ils sont les rites initiatiques et opérants de privilèges spirituels.

5. Dangers du yoga

De l’aveu même des praticiens, le yoga n’est pas sans danger. Mircea Eliade évoque les « troubles auxquels certaines techniques exposent l’amateur imprudent, nous pensons surtout à celle de “l’érotisme mystique” »3. Ysé Tardan-Masquelier parle de « graves dissociations, conduisant parfois à la folie ». Il ajoute :

« Le pratiquant est donc très vulnérable […] : il n’a pas perdu son jugement qu’il retrouvera d’ailleurs clarifié et affermi, mais il l’a levé, suspendu, pour entrer plus profondément en lui-même et, si telle est sa forme de spiritualité, en contact avec une puissance divine. On imagine bien à quels excès des instructeurs à tendance paranoïaque, se sentant investis d’une mission urgente pour le monde, peuvent se livrer […] parfois, dans le sens d’un véritable “viol” psychique, […] où les  préceptes inoculés dans ces moments de totale réceptivité, atteignent l’inconscient et y laissent des traces indélébiles. »4

Si, selon Saravasti, le yoga est « l’annihilation de toutes les fonctions du mental, l’art de vider son mental et d’en faire un feuillet blanc »5, on entre dans  un terrain glissant. Il devient facile à un enseignant, terrestre ou angélique, d’écrire à sa guise les « vérités » spirituelles qui contrôleront la vie de celui qui pratique le yoga.

6. Un chrétien peut-il pratiquer le yoga ?

Deux raisons exigent une réponse négative.

En premier lieu, nul ne peut fléchir le genou devant une statue « innocemment », c’est-à-dire sans détrôner celui qui est le Seigneur. Pareillement, rechercher le « Grand Suprême » par le yoga revient à dire que la Révélation, la Parole de Dieu, est insuffisante.

En second lieu, un geste est un témoignage public. Un chrétien faisant du yoga enseigne qu’il existe d’autres chemins de libération que Jésus-Christ.

C’est probablement ce qui explique la présence dans la loi de commandements comme : « Vous ne couperez pas en rond les bords de votre chevelure. Tu ne raseras pas les bords de ta barbe » (Lév 19.27). Ce n’est pas que ces gestes étaient mauvais en eux-mêmes, mais ils étaient des rites païens que les Israélites ne devaient pas imiter. Il en va de même avec les postures du yoga.

Conclusion

J’invite le lecteur à méditer 2 Corinthiens 6.11-7.1 pour conclure cette brève étude :

11 Notre bouche s’est ouverte pour vous, Corinthiens, notre cœur s’est élargi, 12 Vous n’y êtes point à l’étroit, mais c’est votre cœur qui s’est rétréci pour nous. 13 Rendez-nous la pareille — je vous parle comme à mes enfants — élargissez, vous aussi, votre cœur ! 14 Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger.
Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? 15 Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? 16 Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.
17 C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. 18 Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant.
7.1 Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu.

1J. Varenne, « Yoga », Encyclopedia Universalis, vol. 12, p. 1029.
2Ysé Tardan-Masquelier, Le yoga : du mythe à la réalité, Paris, Éditions Droguet et Ardant, p. 55.
3M. Eliade, Techniques du yoga, p. 12-13.
4Ysé Tardan-Masquelier, Le Yoga : du mythe à la réalité, Paris, Éditions Droguet et Ardant, p. 111-112.
5Saravasti, La pratique de la méditation, Paris, Éditions Albin Michel, 1950, p. 118.


« Mon corps m’appartient ! » entendons-nous clamer haut et fort depuis quelques décennies. L’homme s’épuise à le maintenir en forme à tout prix, à en faire dépendre son bonheur, à le rendre immortel. Dans cette quête de bien-être terrestre, la maladie et l’épreuve sont l’ennemi numéro un. Que dit Dieu de tout cela ?

Le corps n’est pas neutre dans ses usages, de la fornication aux techniques respiratoires. Il a été racheté à un grand prix (J. Prohin, R. Alcorn). Le yoga lui-même ferait concurrence à l’Évangile (F. Varak).

Le médecin s’émerveille devant ce chef-d’œuvre, soignant humblement la souffrance à la lumière de sa foi (É. Fournier-Charrière). Jésus s’est souvent confronté aux malades de son époque, nous laissant un message sur le rapport entre la santé et la foi (M. Poeymirou).

Ce corps limité ne nous pousse-t-il pas à persévérer dans l’espérance de la gloire ? Conscients de notre faiblesse (J.L. Théron) mais soutenus par la fidélité de Dieu, nous soupirons (Rom 8.23) après la perspective du corps de résurrection (J-L. Dandrieu).

Même de grands hommes de Dieu ont connus le découragement, et ils les ont surmontés par la prière et la foi dans la Parole (G. Müller). Dans l’épreuve, sachons examiner nos motivations (S. Théret) afin de témoigner par notre corps, souffrant ou non, de la splendeur glorieuse de notre Créateur !


CINQ PRIORITÉS POUR LA COMMUNAUTÉ

Permettez-nous de vous parler de cinq domaines qui nous semblent prioritaires dans la vie communautaire.

La louange ( Cultiver un esprit de louange dans nos diverses rencontres. Notre louange glorifie Dieu, encourage notre prochain, et nous aide à garder une bonne attitude.

Le service ( Encourager chacun à trouver un service qui corresponde à ses dons. Ainsi, nos vies seront utiles au Seigneur, ainsi qu’à nos frères et sœurs.

Le témoignage ( Encourager et équiper le plus grand nombre à partager l’évangile auprès des personnes qu’il côtoie. Un objectif personnel, communautaire et intercommunautaire.

Le culte ( Vivre des cultes de qualité, spirituels et dynamiques. Vivre un culte édifiant. Le culte est la carte de visite de l’Église.

La prière ( La prière est un élément essentiel, tant au niveau personnel que communautaire. Nous désirons persévérer dans ce domaine. La prière, faite avec foi, est très efficace. Dieu se plaît à exaucer les prières de foi de son Église.

Que ces quelques jalons vous permettent d’avancer dans la foi et l’obéissance à la volonté de Dieu !