PROMESSES
« Ainsi aussi la langue est un petit membre et elle se vante de grandes choses. Voici, un petit feu, quelle grande forêt allume-t-il ! Et la langue est un feu. » (Jac 3.5)
Notre société, qui prône la liberté d’expression, semble avoir enfanté deux maîtres en la matière :
– le premier nommé « blabla » n’a qu’une doctrine : tout le monde a la parole ;
– le deuxième, « brouhaha », le bien-nommé, permet à tous de parler en même temps.
Le premier maître inspire ceux qui, n’ayant rien à dire, dissertent longuement et s’égarent dans un dédale de banalités. Le second pousse ceux qui pensent avoir un message à délivrer à le ressasser imperturbablement.
Parler pour ne rien dire
Comment s’y retrouver dans cet imbroglio où n’importe qui peut parler sur n’importe quoi, n’importe comment et à n’importe quel moment ?
Comment ne pas discerner à travers cette incontinence verbale le caractère et les intentions de ceux qui en sont atteints ? Ainsi on reconnaît aisément ceux qui occupent le terrain de peur qu’on ne les oublie ; ceux qui se font remarquer par leurs attaques verbales sans scrupules ; ceux qui osent des affirmations non fondées ; ceux qui imposent des points de vues marginaux, etc.
Tous ces cas de figures sont des produits directs de l’ouverture à tout-va des frontières du domaine universellement convoité : « la prise de parole ». La sagesse biblique nous rappelle « qu’il y a un temps pour se taire et un temps pour parler. » (Ecc 3.7)
Un don de Dieu
La lecture des premiers chapitres de la Genèse nous invite à conclure que la fonction première des oreilles que l’homme a reçues du Créateur est d’écouter la voix de Dieu. De même le langage nous a été donné pour entrer en conversation avec notre Dieu et pour nommer les choses ; et que dire de nos yeux dont le rôle est de contempler les merveilles de la Création, en une espèce de dialogue sans paroles entre les beautés de la nature et l’enthousiasme qu’elles suscitent ?
Nous avons depuis longtemps quitté les rives du jardin d’Eden, mais il nous reste quelque chose de nos précieuses facultés originelles : quel usage pouvons-nous espérer en faire, dans un monde marqué par la présence du péché ?
Faut-il nous souvenir que les paroles que l’on dit n’ont de sens que si elles expriment une pensée élaborée au préalable ? Ainsi, pour que nos discours ne soient ni blessants, ni du vent, il est nécessaire d’avoir conscience de leur contenu. Celui-ci est en effet trop facilement déformé dans son expression par sa pire ennemie: la précipitation.
« La voix de l’insensé se reconnaît par la multitude de ses paroles. » (Ecc 5.2) Par contre, « celui qui ferme ses lèvres est un homme intelligent. » (Pr 17.27)
Dans nos temps, qui exaltent la communication à tout prix et sous toutes ses formes, les avertissements concernant l’inflation verbale ont pris un relief étonnant : « En des temps comme celui-ci, sage est celui qui se tait, car les temps sont mauvais. » (Amos 5.13)
Toutefois, se cantonner dans le silence ne constitue pas l’alternative aux creux bavardages. Dieu nous encourage à une saine et utile pratique de la communication : « On éprouve de la joie à donner une réponse de sa bouche. Combien est agréable une parole dite à propos. » (Pr 15.23)
Pour que cet exercice soit pleinement réussi, il y a une condition essentielle : être soi-même nourri par la Parole de Dieu, et y être soumis, car « c’est l’Eternel qui donne une langue exercée pour que l’on sache soutenir celui qui est abattu. » (Es 50.4)
Parfois, nous aurions envie de tout plaquer. La vie chrétienne nous paraît impossible. En réalité, la vie chrétienne est impossible surtout si nous comptons sur nos propres forces pour la vivre ! Sans compter totalement sur la puissance de Christ qui vit en nous, nous ne parviendrons à aucun résultat : « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi. » (Gal 2.20) Cherchons à laisser cette puissance de vie nous transformer et agir en nous et au travers de nous. Toutefois, ce travail ne se fera pas sans nous ; notre volonté doit également être engagée (2 Pi 1.5).
Je suggère trois domaines importants dans lesquels il nous incombe de persévérer.
1. Persévérer
a. Persévérer à traduire les vertus chrétiennes en actes quotidiens
Job était un homme intègre et droit qui révérait Dieu et évitait de mal faire (Job 2.3). Dans la traduction du Semeur, le texte précise qu’il « persévérait dans son intégrité ». Nous savons par ce récit que la détermination de Job à rester intègre lui a coûté cher. C’est le combat du témoignage vécu ; il consiste à vivre et transmettre des valeurs battues en brèche : la fidélité, le mariage, la pureté, l’honnêteté, l’écoute, la gentillesse, le pardon, etc.
Notre comportement est un enjeu très important, car de là découle la crédibilité de notre message. Le « blablabla » théologique, nos idées et nos convictions religieuses n’intéressent pas nos contemporains. Mais des personnalités transformées par Dieu les interpellent ; des gens agréables à fréquenter aussi. Des familles heureuses les intriguent, de même que des gens confiants et paisibles dans l’adversité.
Pendant des années, Dieu s’est battu avec moi pour me faire comprendre ce qui devait changer dans ma façon d’être. Certaines choses ont changé et le combat continue toujours dans d’autres domaines. Pas de répit et de repos si nous voulons vivre pour la gloire de Dieu. À une période de ma vie, Dieu m’a montré que mes attitudes et mes réactions face à mes semblables devaient changer car la crédibilité même de mon témoignage était mise en cause. Je savais que ces choses devaient changer et je voulais qu’elles changent, mais je n’allais pas jusqu’au bout de ma détermination pour que ce changement ait lieu. Dieu a donc frappé un grand coup pour m’arrêter : mon fils aîné a décidé de quitter la maison après son bac et de s’établir dans un autre pays. Ce départ m’a bouleversé. Je l’ai pris comme un verdict de Dieu qui me disait : « Tu n’as pas un bon témoignage chrétien ». Quelques mois plus tard, je suis allé voir mon fils pour lui demander pardon de ne pas avoir eu un bon témoignage comme serviteur de Dieu et comme père. Il va sans dire que j’ai aussi demandé pardon à Dieu et commencé à modifier des aspects de mon comportement, de mes attitudes, de mes réactions et de mes paroles.
Certaines personnalités sont comme un torrent qui descend de la montagne avec une grande force ! On ne peut pas empêcher un torrent d’être un torrent, mais on peut construire des digues et canaliser sa force. De la même manière, Dieu ne veut pas anéantir notre personnalité, mais la canaliser, afin qu’elle ne soit pas un torrent qui fait des ravages, mais un cours d’eau qui apporte et entretient la vie autour de lui.
C’est dans la famille, dans les relations avec notre entourage et dans le travail que notre persévérance à vivre les valeurs bibliques doit se voir. Ce combat est souvent terrible et il peut paraître plus simple de laisser le torrent qui est en nous faire des dégâts plutôt que de changer ce qui est à changer. Mais c’est faux. Laisser aller est seulement plus simple en apparence. En réalité, la vie est plus pénible pour tout le monde et pour nous-mêmes, car nous vivons en permanence dans la défaite. Dieu est alors obligé de nous frapper pour nous arrêter dans notre marche, et pour nous arracher à la médiocrité.
« Sois toi-même en tout un modèle d’œuvres bonnes. Que ton enseignement soit fidèle et qu’il inspire le respect. Que tes paroles soient justes et inattaquables, afin que même nos adversaires soient couverts de honte, ne trouvant aucun mal à dire de nous. » (Tite 2.7-8)
b. Persévérer dans notre engagement dans une église locale
Nous vivons à l’époque de l’individualisme. Mais un chrétien ne peut pas être individualiste. Si le salut est individuel, il ne doit pas nous faire oublier la dimension communautaire ou collective de l’action de Dieu. En effet, « il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gen 2.18), mais « il est bon et agréable que des frères habitent unis ensemble. » (Ps 133.1) Dieu nous sauve individuellement pour se former un peuple qui lui appartienne, afin d’agir et de se révéler à travers ce peuple (Jn 11.52).
À travers mon témoignage personnel, des gens entendent parler de Dieu. A travers le témoignage d’une église locale, c’est une commune, une ville, une région qui est interpellée par Dieu. A travers le témoignage de l’ensemble des églises locales, c’est tout un pays qui peut être interpellé. Persévérer dans notre action dans une église locale, c’est faire le choix de vivre en famille, c’est vouloir la complémentarité et c’est choisir un lieu de refuge, un lieu dans lequel on peut être soigné et aussi aider les autres à se soigner.
Le culte d’adoration, l’apprentissage de la vie chrétienne par l’enseignement, la mise en pratique, et la prière sont indispensables à notre croissance personnelle. Prophètes, enseignants, évangélistes et pasteurs sont des dons de Dieu à l’Église pour notre perfectionnement. Tout comme, dans le couple, Dieu utilise l’un pour faire progresser l’autre, dans les églises, Dieu utilise les uns et les autres pour le perfectionnement de chacun.
Je désire m’arrêter quelques instants sur un domaine tout pratique, dans lequel nous manquons souvent de persévérance. Nous sommes dans une société dans laquelle le règne du mal fausse les relations, crée des déséquilibres, des injustices et toutes sortes de malheurs. Or, nous devons apprendre à vivre selon les principes du royaume dans la communauté, car le monde doit voir ce que Dieu peut faire. Le monde vit dans une société régie par la puissance de Satan ; nous portons la responsabilité de lui montrer ce qu’est une communauté de personnes transformées par Dieu et dirigées par Dieu. De l’éthique personnelle nous passons à l’éthique communautaire : « Mes frères, gardez-vous de toute forme de favoritisme : c’est incompatible avec la foi en notre glorieux Seigneur Jésus-Christ. » (Jac 2.1) « Ne laissez aucune parole blessante franchir vos lèvres, mais seulement des paroles empreintes de bonté. Qu’elles répondent à un besoin et aident les autres à grandir dans la foi. Ainsi elles feront du bien à ceux qui vous entendent. N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu car, par cet Esprit, Dieu vous a marqués de son sceau comme sa propriété pour le jour de la délivrance finale. Amertume, irritation, colère, éclats de voix, insultes : faites disparaître tout cela du milieu de vous, ainsi que toute forme de méchanceté. Soyez bons et compréhensifs les uns envers les autres. Pardonnez-vous réciproquement comme Dieu vous a pardonné en Christ. » (Eph 4.29-32)
Les rapports de force dans l’église doivent disparaître pour faire place à la bonne entente par la pratique du pardon, de la patience et de l’amour, ce qui implique dialogue et écoute. Dans l’église, nos grands défis sont de pratiquer l’accueil, l’acceptation de l’autre et le droit à la différence1.
Dans notre société technicienne, la formation et le contrôle des connaissances sont tels que beaucoup ont peur de ne pas être à la hauteur et d’être un jour disqualifiés. Les chrétiens évangéliques ne croient pas à la théorie darwinienne de la sélection naturelle, mais il arrive pourtant que des églises pratiquent une sorte de sélection. Il n’y a pas que la richesse ou la position sociale qui peuvent créer des différences entre nous. Il y a la santé, l’intelligence, l’aspect physique, les goûts et les intérêts (sportifs, musicaux), le penchant pour certaines doctrines, etc. Aussi dans l’église, veillons à ce qu’il n’y ait :
– Pas de favoritisme
– Pas de compétition
– Pas de concurrence
La ségrégation est l’oeuvre du diable. Dans la société, on écrase, renvoie, dévalorise et domine les faibles, ceux qui ne sont pas performants. Quelles que soient nos différences, nous sommes tous égaux face au péché et tous au bénéfice de la même grâce. L’église doit être une vraie famille dans laquelle chacun se sent accueilli, accepté, aimé, respecté, protégé, bref, en sécurité face à l’agressivité de ce monde. Ne vous est-t-il jamais arrivé de rentrer dans votre foyer après avoir affronté les dures réalités d’un monde sans pitié, de retrouver votre conjoint et vos enfants, et de ressentir un immense bien-être : celui de vous savoir accepté(e) et aimé(e) ? Nous devons persévérer et tout mettre en oeuvre afin qu’il en soit de même dans notre église locale et qu’elle devienne un lieu d’accueil, un refuge et une famille au milieu cette société sans pitié.
Dans l’église, la propre justice et l’orgueil ne sont pas de mise. Nous n’écartons pas les gens qui ont des problèmes, les gens en situation d’échec, ou ceux qui ne sont pas d’accord avec nous. Jésus n’a ni accusé, ni recalé un Pierre qui avait renié, trahi. Dans l’église, il devrait toujours être possible d’opérer un retour sur soi, un retour à Dieu, un nouveau départ, sans perdre l’amitié et l’amour de la communauté. Soutenir et affermir les autres, qu’ils soient en échec ou qu’ils réussissent, telle est notre responsabilité. « Quand tu seras converti, affermis tes frères ! » (Luc 22.32) Ainsi le renégat a une nouvelle chance, et il devient à son tour celui qui exhorte.
La société favorise le tri, l’église accueille, annonce la grâce, pratique le pardon, donne une nouvelle chance. Vivre ce programme demande beaucoup de persévérance, mais je suis appelé à le vivre. Est-ce que je vais répondre présent dans un esprit de service, d’écoute et de prière ?
c. Persévérer dans notre mission d’évangéliser
En Europe, un constat semble s’imposer : la foi et le christianisme ont fait leur temps. Aucun doute, nous sommes bien dans une ère post-chrétienne, et il n’est pas facile de persévérer. La tentation de baisser les bras nous guette. Même en Suisse, pays de la Réforme, l’évangélisation devient difficile. Nous pouvons ne regarder, dans notre vieille Europe, que la réalité négative et perdre le désir de persévérer. Mais nous pouvons aussi voir ici et là que Dieu fait, même en Europe, des choses formidables :
– Il y a des villes dans lesquelles les églises progressent.
– Il y a des jeunes bouillants pour Dieu. Ça existe encore !
– Il y a des athées qui se convertissent, des scientifiques et même des philosophes qui se tournent vers Dieu.
Lorsque, dans les réunions de baptême, nous entendons des témoignages de conversion, nous sommes émus par la manière dont Dieu s’y prend pour transformer des vies. Un missionnaire de passage en France a dit un jour que nous avions un esprit de défaite dans notre manière d’évangéliser. Il voyait les choses de l’extérieur avec lucidité, et nous avons tous été remis en question. Ne tombons pas dans le piège de cultiver un esprit de défaite. Nous sommes des enfants du Dieu tout-puissant et des disciples du Ressuscité, le grand vainqueur de tous les temps.
L’évangélisation de l’Europe ne dépend pas seulement de ce que nous pourrions appeler « les professionnels de l’évangélisation ». Elle est l’affaire de chacun (2 Tim 4.5) et a comme point de départ ce que nous vivons au sein de nos églises. Aujourd’hui nous sommes confrontés à l’indifférence de ceux qui sont confrontés au message de l’Évangile. Aussi, comme les premiers disciples, nous avons besoin d’apprendre, de pratiquer, de servir, par la puissance du Saint-Esprit pour surmonter cette difficulté propre à notre temps.
En parlant du péché et en expliquant ce qu’il signifie, nous agissons à contre-courant. Il en est de même avec la réalité de la perdition. Mais c’est le seul moyen de parler du salut et de la conversion avec efficacité, et d’ébranler l’indifférence. De plus, c’est rester fidèle au message tel que la Bible le transmet : les temps changent, mais pas le cœur de l’homme. Nos contemporains ont besoin de découvrir la nouvelle naissance que Dieu peut produire par la conversion.
Le message de Pierre le jour de la Pentecôte débouche sur le thème de la repentance : « Les hommes qui avaient écouté eurent le coeur vivement touché. » (Act 2.37a) Nous ne pouvons pas évangéliser autrement. Proclamer, convaincre, persuader par le Saint-Esprit (Paul renversait les raisonnements qui s’élevaient contre Dieu), proposer un choix, être clairs : voilà notre mission.
Tout ceci nécessite la prière en église et la recherche de la volonté de Dieu pour vaincre l’indifférence, tout en comptant sur le secours du Saint-Esprit. Il est avec nous dans notre marche. Il nous aide à utiliser efficacement le cerveau que Dieu nous a donné, afin de réfléchir à l’évangélisation de nos villes.
Le Saint-Esprit peut nous rendre ingénieux pour le salut de ceux qui vivent autour de nous. Mais comme nous l’avons vu au début, la qualité de nos vies et de nos églises vont jouer un grand rôle dans l’évangélisation.
2. Où trouver la force de persévérer ?
Celui qui n’a plus envie de persévérer en est au stade du découragement. C’est une expérience que chacun de nous peut traverser. Par deux fois, au cours de ma vie, le découragement m’a conduit à abandonner provisoirement le ministère d’évangéliste, pour reprendre une activité professionnelle. Et chaque fois, Dieu m’a ramené à ma vocation première. Le sentiment que notre combat n’aboutira pas est un piège redoutable. Ne nous en étonnons pas ; nous sommes engagés dans un combat qui nous dépasse. Combat qui implique Dieu et Satan, le bien et le mal, et toutes sortes de forces invisibles. L’enjeu de ce combat est cosmique et éternel. L’ennemi est redoutable.
Comment pourrions-nous être autrement que fatigués et découragés par moments ? Parfois, nous oublions la dimension spirituelle de cette lutte et, sans nous en rendre compte, nous luttons par nos propres forces. À ces éléments spirituels, il ne faut pas oublier d’ajouter des réalités tout à fait simples et terre à terre. Nous sommes faits de chair et de sang ; nous avons un corps qui se fatigue et un psychisme vulnérable. Tous ces éléments varient beaucoup d’un individu à l’autre, mais rassurons-nous, ce n’est pas un obstacle pour Dieu. Le faible sera peut-être même avantagé, car il devra compter sans cesse sur le secours et la grâce de Dieu.
La réalité du découragement a été, notamment, celle de David2. Ce qui se dégage de ces plaintes se nomme sentiment d’abandon, pleurs, silence de Dieu, triomphe des ennemis, solitude, absence d’exaucements. Oui, le découragement, la fatigue et les échecs peuvent facilement nous désarçonner. Paul résume pour les chrétiens de tous les temps ce qui compte plus que tout dans de tels moments : la foi, l’espérance et l’amour : « En somme, trois choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour, mais la plus grande d’entre elles, c’est l’amour. » (1 Cor 13.13)
a) L’amour de Dieu
Il nous fait grâce, nous pardonne, nous accepte, nous écoute et nous comprend.
L’amour de Dieu nous propose de parler avec notre Père par la prière, de nous confier à lui, plutôt que de nous culpabiliser sans fin de nos échecs et de nos défaites. Ce n’est que par une démarche spirituelle que nous trouverons la force de persévérer.
Le premier pas vers la persévérance est de vivre de la grâce de Dieu. L’amour, c’est la nature même de Dieu. À cause de son amour, Dieu nous fait grâce. Il nous a aimés alors que nous étions encore pécheurs. Il nous a aimés pour nous sauver. Si le pécheur est sauvé par la grâce de Dieu, à bien plus forte raison le chrétien peut compter sur la grâce de Dieu pour le soutenir dans sa marche.
Avant de renier Jésus, Pierre avait compté sur ses propres forces. Il a pu constater l’échec de la volonté humaine, de l’effort humain, face au gigantesque défi spirituel de suivre Jésus. Le découragement aurait pu s’installer d’une manière permanente, mais Dieu lui a fait grâce. Nous pouvons désespérer de nous-mêmes, mais Dieu nous aime et nous fait grâce.
b) L’espérance
L’espérance chrétienne plonge ses racines dans l’événement extraordinaire de Pâques, dans la résurrection et la puissante victoire de Jésus-Christ. Nous pouvons persévérer parce que nous avons une raison d’espérer. Jésus est venu, Jésus a vaincu, Jésus est présent dans nos vies, Jésus revient. L’événement de Pâques est notre force ; la force de celui qui sait qu’il se trouve du côté du vainqueur.
c) La foi
La foi, c’est comme les rails pour le train. Il n’y a qu’à se laisser guider, conduire, diriger. Le train ne va pas où il veut, mais là où le constructeur des voies et le conducteur le veulent. Il m’arrive pourtant de dérailler et de sortir des rails de la foi. Et un train en dehors des rails, ça ne va pas très loin.
Telle mésaventure se produit par exemple lorsque je veux absolument fixer un but qui n’est celui de Dieu, imposer chaque étape, mesurer les résultats, constater les victoires. Lorsque nous sommes prisonniers de l’idée de la productivité, de la vitesse d’exécution et du succès dans l’oeuvre de Dieu, nous ne sommes plus sur les rails de la foi, et nous n’avons plus la force de persévérer. La foi est une façon de posséder ce qu’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas (Héb 11.1). Ce n’est que par la foi que nous pouvons être approuvés de Dieu (Héb 11.2). D’une certaine manière, nous pouvons donc dire que ce n’est que lorsque notre travail est accompli en comptant pleinement sur Dieu, sur son action, sur sa puissance, que Dieu le bénira. Le verset 6 nous dit bien que sans la foi il est impossible d’être agréable à Dieu. Car « la victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi. » (1 Jean 5.4)
L’impression que rien ne se passe ne prouve pas que Dieu n’agit pas. Il agit, mais selon ses voies, selon son temps. Sommes-nous convaincus que la parole de Dieu ne retourne jamais à lui sans avoir produit un effet ? (Es 55.11)
Ce qui compte, ce n’est pas ce que nous réussissons à faire, mais c’est l’oeuvre que Dieu fait dans nos vies pendant que nous travaillons pour lui. Le chapitre 11 de l’Épître aux Hébreux nous parle de tout ce que les hommes de Dieu n’ont pas vu, n’ont pas obtenu, en marchant par la foi. Mais ils ont été rendus capables de persévérer, et Dieu a aussi le pouvoir de le faire pour nous. Persévérons donc dans une attitude personnelle à la gloire de Dieu, dans une vie d’église guidée par les principes du royaume et dans notre mission d’évangéliser.
1Acceptation de l’autre et tolérance du péché ne sauraient cependant être confondues, comme le soulignent plusieurs autres passages de cet article. Le « droit à la différence » est, on le sait, régulièrement invoqué dans notre société pluraliste pour justifier tous les comportements déviants imaginables. Les deux Épîtres de Paul aux Corinthiens répondent à ces distorsions de l’idée d’ « acceptation de l’autre » de façon approfondie. (N.d.l.r.)
2 Voir par exemple, les plaintes saisissantes suivantes : Ps 13.1 ; 22.2 ; 25.17-18 ; 39.12 ; 42.3
« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » (Mat 5.43) Si l’enseignement révolutionnaire de Jésus-Christ était appliqué partout dans le monde, notre planète pourrait devenir une oasis de paix…
En 1944, je fus condamné à mort par une cour martiale. Toutefois, comme j’avais une femme et quatre enfants, ma peine fut changée en un emprisonnement dans un camp spécial. Neuf mois après, je ne pesais plus que 39 kilos et mon corps était couvert d’ulcères. J’avais le bras gauche cassé et on laissait la fracture guérir sans aucun soin. Le soir de Noël, alors que je me trouvais dans la baraque des prisonniers, en leur compagnie, le commandant me fit appeler. Lorsque je me présentai, je le trouvai attablé devant un plantureux repas de réveillon. Il m’obligea à me tenir au garde-à-vous pendant tout le temps qu’il mangeait et mit une heure à tout avaler. C’était une façon de me torturer, car cet homme savait que j’étais chrétien et que je parlais de Jésus-Christ à mes compagnons de misère. Dans mon coeur, j’entendis la voix de Satan, qui me dit :
– Crois-tu toujours au Psaume 23: « Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien » ?
J’élevai mon coeur dans la prière, et je dis en toute confiance :
– Oui, j’y crois !
Un soldat entra, apportant une tasse de café fumant et des gâteaux. Puis le commandant se tourna vers moi et dit :
– Ta femme est une très bonne cuisinière. Depuis sept mois, elle t’envoie chaque mois un colis de pâtisserie, que j’apprécie énormément chaque fois !
Je savais que ma femme et mes quatre enfants, au cours de cette guerre, manquaient de nourriture, et que ma femme devait avoir pris sur ses maigres rations la farine et le beurre pour confectionner des gâteaux. Cet homme se gavait donc de la nourriture dont mes enfants étaient privés. Satan parla de nouveau à mon âme :
– Déteste-le ! Hais-le ! Maudis-le !
Une fois de plus, je priai Dieu et je ne ressentis pas la moindre haine pour lui dans mon coeur. Mais combien je désirais qu’il me donnât, ne fût-ce qu’un tout petit morceau de gâteau, non pour le manger, mais tout simplement pour le regarder et me rappeler les visages de mes enfants ! Hélas, l’homme mangea tout et me lança de nouveaux sarcasmes.
– Commandant, lui dis-je, comme vous êtes pauvre ! Moi je me considère riche, parce que je crois en Dieu, et Jésus-Christ m’a sauvé de mes péchés.
À ces mots il entra dans une violente colère, me lança une bordée d’injures, et me renvoya à la baraque. À la fin de la guerre, je fus relâché comme les autres prisonniers.
Dès cet instant, je me mis à la recherche de mon tortionnaire. La plupart des officiers qui avaient commandé les camps de déportation avaient été fusillés, mais j’appris que mon homme avait réussi à prendre la fuite grâce à un astucieux déguisement. Pendant une dizaine d’années, je poursuivis mes recherches, et découvris finalement le lieu où il habitait. Accompagné d’un autre chrétien, je me rendis chez lui. Au premier abord, il ne sembla pas me reconnaître.
– Vous souvenez-vous de Noël 1944 ? dis-je. Je suis le matricule 175 !
Il devint blême et se mit à trembler. Sa femme, qui se tenait à côté de lui, fut saisie d’une peur panique.
– Êtes-vous venu… vous venger ?
– Il y a dix ans que je vous cherche ! répondis-je.
J’ouvris un paquet que nous avions apporté, en sortis un grand gâteau, et demandai à la femme de nous faire du café. Ensuite, tous les quatre, nous bûmes le café et mangeâmes le gâteau. Le visage inondé de larmes, l’homme me demanda pardon.
– Je vous ai pardonné à cause de Jésus-Christ à l’instant même où vous m’avez persécuté, lui dis-je.
Environ deux ans plus tard, cet homme et sa femme mirent leur confiance dans le Seigneur Jésus-Christ et devinrent, avec leur famille, des chrétiens rayonnants.
Dernière page
Si une expression pouvait caractériser les préoccupations du consommateur de nos sociétés occidentales, c’est bien celle-ci : « Prends soin de toi ! »
Ici, c’est telle publicité pour un produit de soins corporels qui martèle : « Prends soin de toi ! » Là-bas, c’est un collègue de travail soucieux de la mine défaite de son ami qui s’écrie, au moment où celui-ci s’en va en vacances : « Prends soin de toi ! »
Combien de conseils, de techniques, de sports, de produits nous sont proposés pour « prendre soin de nous ! » L’homme et la femme du XXIe siècle sont particulièrement obnubilés par leur bien-être et par leur corps. Nous avons besoin d’entretenir notre être extérieur… mais il est étonnant que nous nous préoccupions si peu de notre être intérieur.
Un proverbe dit : « Un cœur joyeux est un excellent remède, mais l’esprit déprimé mine la santé. » (Proverbes 17.22) Dans la Bible, nous trouverons de quoi nourrir notre être intérieur, nous découvrirons des réponses à nos questions, nous apprendrons à mieux connaître Celui qui a décrété : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mat 4.4), et qui veut illuminer nos vies. Alors notre cœur sera joyeux, notre âme sereine… et cela rejaillira sur notre être physique !
Nathanaël Bourgeois
![]() | Nathanael Bourgeois est membre de la rédaction de Promesses |
Ces dernières années en Occident, la société a plus influencé l’Église que l’Église n’a influencé la société. Ce constat, posé par nombre d’éminences évangéliques, mérite que nous nous y arrêtions. D’abord, d’un point de vue personnel : la peur de paraître différents n’a-t-elle pas trop souvent paralysé notre foi ? Avec une question pertinente « êtes-vous bien vus ? » Philip Nunn nous démontre à partir de l’exemple de Jean que, plus que le regard de nos semblables, c’est le regard de Dieu sur nos vies qui compte.
Alors qu’en Suisse le débat sur les minarets continue à agiter la société civile et qu’en France un débat identitaire a été lancé, Joël Prohin nous propose de passer en revue les différents types d’États et la manière dont on peut y vivre la foi chrétienne. Il rappelle également quelques principes bibliques concernant les rapports entre le chrétien et l’État.
Dans le brouhaha ambiant, Bernard Cousyn nous invite à prendre un temps de silence pour réfléchir au bon usage de la langue. Enfin, le témoignage d’Erino Dapozzo, modèle d’une foi communicative, nous encourage tous dans notre mission de témoins de Jésus-Christ. Et finalement, n’est-ce pas là l’essentiel : assumer de manière décomplexée notre mission dans une société qui se déchristianise à grande vitesse ? C’est dans la mesure où l’Église comprend qu’elle peut contribuer à transformer des cœurs qu’elle atteindra le but que Dieu a pour elle. Pour cela, pas besoin d’un diplôme en théologie mais, bien plutôt, d’être convaincus de notre faiblesse. C’est alors que la puissance du Saint-Esprit peut agir. C’est forte de cette promesse « vous recevrez de la puissance, le Saint-Esprit venant sur vous » et de cet envoi « vous serez mes témoins » (Ac 1.8) que l’équipe de Promesses vous propose d’aborder l’année 2010.
Pourquoi Jean-Baptiste est-il le plus grand ?
Nous voudrions croire que nous sommes des hommes et des femmes de caractère, que nous ne sommes pas influencés par les opinions, les tendances et les styles. Nous voudrions nous classer comme des personnes de principes, indifférentes à ce que d’autres pensent de nous. Pourquoi alors coupons-nous et peignons-nous nos cheveux d’une certaine façon ? Pourquoi avons-nous de grands miroirs ? Bien entendu, nous voudrions que nos voisins nous considèrent comme une famille « normale ». Bien entendu, nous voudrions que nos collègues de travail pensent que nous avons « bon goût » dans notre façon de nous habiller. Bien entendu, nous sommes profondément concernés par ce que d’autres chrétiens pensent de nous, particulièrement ceux que nous fréquentons régulièrement ! Sommes-nous vraiment insensibles à des expressions telles que « c’est un frère spirituel », « une soeur pieuse », « un croyant chaleureux », « un pilier dans l’assemblée », « un exemple de vie disciplinée », « quelle épouse irréprochable », etc ? Mais le Seigneur lui-même, que pense-t-il de nous ? Ce que nous sommes aux yeux de Dieu, c’est ce que nous sommes. Rien plus.
Jusqu’ici, le plus grand homme
Qu’est-ce qui rend grand un homme ou une femme dans les Saintes Écritures ? Sommes-nous sûrs que nous combattons le bon combat ? Regardons-nous la vie avec les « yeux de Dieu » ? Tôt ou tard nous aurons tous à rendre compte au Seigneur de ce dont nous avons rempli notre vie. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Il y a quelques années, j’ai été frappé par la façon dont Jésus a évalué la vie de Jean-Baptiste : « En vérité, je vous dis : Parmi ceux qui sont nés de femme, il n’en a été suscité aucun de plus grand que Jean le Baptiseur. » (Mat 11.11) Pourquoi une appréciation si élevée de Jean-Baptiste ? Plus grand qu’Abraham ? Plus grand que Moïse ? Plus grand que le roi David et le roi Salomon ? Plus grand que le prophète Ésaïe qui lui aussi a annoncé la venue du Seigneur ? Qu’est-ce que le Seigneur a vu en Jean-Baptiste pour faire preuve d’une telle estime à son égard ? Il est donc très intéressant d’étudier la vie de Jean le Baptiseur.
Une vie courte et peu commune
Que savons-nous de Jean-Baptiste ? C’était un parent de Jésus, de 6 mois son aîné (Luc 1.36), le fils unique d’un vieux couple, Elisabeth et Zacharie le sacrificateur, tous deux descendants d’Aaron, et qui sont décrits comme « justes aux yeux de Dieu » (Luc 1.5-7). Certains miracles ont entouré sa naissance, mais il n’en a jamais accompli lui-même (Jean 10.41). Il a été décapité dans la trentaine, alors qu’il était emprisonné (Mat 14.10). Qu’est-ce qui a rendu si spéciale cette très courte vie ?
Vous ne pouvez pas plaire à tout le monde !
Les Écritures n’essayent pas de cacher le fait que Jean-Baptiste était une personne un peu bizarre. Contrairement au statut de « sacrificateur » de son père, Jean avait un régime alimentaire excentrique et un style vestimentaire fruste (Mat 3.4). Comment ses parents (s’ils étaient encore vivants) et ses voisins considéraient-ils ce jeune homme anti-conformiste ? En raison des miracles bien connus entourant sa naissance, beaucoup d’entre ceux-ci s’étaient demandé : « Que sera donc cet enfant? » (Luc 1.66) Son style n’était pas orthodoxe. Son message n’était pas populaire au sein du clergé. En fait, il entraînait les personnes loin du temple et des sacrifices institués par Dieu. Le peuple, cependant, considérait Jean comme un prophète (Mat 14.5). Pour les autorités locales, le Baptiste demeurait une énigme. Le roi Hérode cherchait à protéger Jean parce qu’il était évident que ce dernier était « un homme juste et saint » (Marc 6.20). Mais, politiquement parlant, il n’était pas acceptable de laisser Jean dire ce qu’il pensait en public. Hérodias voyait en lui une menace à sa vie sensuelle « libre ». Elle le détestait et trouva le moyen de le faire décapiter (Mat 14.1-12). Évidemment, Jean ne se moulait confortablement dans aucune forme de religion organisée. Cependant, les paroles du Seigneur sont toujours valables : « Parmi ceux qui sont nés de femme, il n’y a aucun prophète plus grand que Jean le Baptiseur ». Rechercher l’approbation du Seigneur peut parfois entrer en conflit avec l’approbation sociale. Rechercher l’approbation de nos frères croyants peut nous empêcher de discerner les conditions nécessaires pour recevoir l’approbation du Seigneur lui-même. Soyons au clair sur une chose. Une vie pieuse ne satisfera pas tout le monde. Cela n’a jamais été le cas. Si nous cherchons sincèrement l’approbation du Seigneur, nous devons être disposés à faire face à la critique. Et si nous y avons déjà été confrontés, veillons à ne pas l’utiliser comme prétexte (ou comme excuse) à un comportement asocial ou à une vaine attitude de confrontation. L’apôtre Paul exhorte : « S’il est possible, autant que cela dépend de vous, [vivez] en paix avec tous les hommes. » (Rom 12.18)
Alors, qu’est-ce que le Seigneur a vu en Jean ? Au moins quatre qualités certaines :
1. Jean obéissait à sa mission divine
À la différence de l’appel de Moïse, l’appel de Jean n’allait pas le mener à une position éminente. Sa mission divine était de préparer le chemin pour un autre qui suivrait. Jean était heureux de ce rôle secondaire et a organisé sa vie en vue de cette mission. Chacun de nous a été créé pour un but. Vous et moi, nous avons également une mission divine. Nous brillerons mieux en faisant ce que nous avons été appelés à faire. Mais l’obéissance de Jean n’était pas facile. Il est douloureux de ne pas combler les espérances de ceux que nous aimons. À la différence de Moïse, Jean n’a fait aucun signe miraculeux pour augmenter sa popularité ou accréditer son ministère. Le Seigneur apprécie le travail accompli avec enthousiasme et persévérance jusqu’à l’achèvement de la tâche. Jim Elliot a écrit : « Un homme n’est immortel que jusqu’à ce que Dieu en ait fini avec lui. » Si vous êtes sûrs que votre mission vous est donnée de Dieu, persévérez. Achevez-la. N’abandonnez pas !
2. Jean a voulu que Christ croisse
« Il vient après moi, disait Jean, celui qui est plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie des sandales. » (Marc 1.7) Un jour est venu où ces mots prononcés avec humilité ont été mis à l’épreuve. Certains des fidèles disciples de Jean l’ont quitté pour suivre le Seigneur (Jean 1.35,36). En voyant cela, quelques disciples de Jean se sont sentis mal à l’aise et dans l’insécurité. Ils ont essayé de protéger le ministère de Jean (Jean 3.23-28). Mais Jean lui-même était heureux de la part qui lui était réservée. Son ambition n’était pas de créer une institution religieuse. Son but n’était pas de remplacer le sacerdoce juif qui s’affaiblissait. Sa satisfaction ne provenait pas du nombre de ses adeptes ou de sa popularité. Il a comparé ses sentiments de bonheur avec ceux d’un jeune homme dont le meilleur ami est sur le point de se marier. « Cette joie donc, qui est la mienne, est accomplie. Il faut que lui croisse, et que moi je diminue. » (Jean 3.29,30) Le Seigneur occupe-t-il une place toujours plus centrale dans notre vie ? Sa présence est-elle toujours plus évidente dans notre ministère et notre service ? Sommes-nous heureux quand des amis s’éloignent afin de suivre le Seigneur de plus de près ? Tôt ou tard le jour viendra où nous devrons « laisser faire », « passer la main », « descendre de scène ». Ne pas le faire gênerait le travail du Seigneur. Faisons-le joyeusement !
3. Jean rejetait le péché de manière active
Quand des compatriotes viennent rendre visite à des missionnaires, il leur arrive de réagir fortement à la saleté, à la pauvreté ambiante et au bruit. Mais après quelques semaines ou quelques mois, cela leur devient normal. La saleté, la pauvreté et le bruit sont toujours présents, mais ils s’y sont adaptés. De la même manière, nous pouvons nous habituer au péché. La première fois que nous l’avons commis, nous nous sommes sentis coupables. Nous savions que c’était mal. Mais maintenant, nous n’y réfléchissons pas à deux fois. Initialement, lorsque nous découvrons une pratique moralement étrange ou non scripturaire dans notre assemblée, nous n’en dormons plus. Mais ensuite nous nous y habituons. En fait, à partir d’un certain point, nous la tolérons. Jean Baptiste était différent. Il était connu pour être un homme « juste et saint » (Marc 6.20). Il détestait ce qui était mal, injuste, pervers. Ce n’était pas un homme qui « dissimulait les choses ». Il a vécu en étant convaincu que le péché était péché, indépendamment de la pratique courante ou de la personne qui l’avait commis. Il s’est consacré à amener des personnes à la repentance, la vraie repentance qui se révèle par un changement de comportement. C’est cette dénonciation de la mauvaise conduite de personnes influentes qui lui a coûté la vie. Si nous recherchons l’approbation de chefs séculiers ou religieux, nous sommes enclins à être aveugles à l’égard de leur péché. Restons-nous passifs face au péché ? Réagissons-nous quand nous devenons conscients du péché dans notre vie, dans notre famille, ou dans notre assemblée ? Le Seigneur a hautement apprécié que Jean rejette radicalement le péché moral. Et le Seigneur n’a pas changé.
4. Jean a brûlé pour le Seigneur avec passion
La conversation peut être quelque peu calme et insipide, jusqu’à ce que l’on tombe sur un sujet d’intérêt commun. Avez-vous remarqué comment certaines personnes se réveillent sur des sujets comme le football ou le cricket, l’éducation ou les droits de l’homme, les plantes ou les recettes de cuisine, les ordinateurs ou le dernier gadget électronique ? Je trouve étonnant et triste que même parmi des chrétiens établis, la personne du Seigneur semble n’évoquer que peu de passion. Nous semblons faire des efforts pour trouver que dire pendant que nous venons ensemble l’adorer. L’atmosphère change radicalement quand on en vient à nos doctrines favorites et à nos différences religieuses. Sur cela, nous pouvons discourir pendant des heures. Nous pouvons même devenir émotifs ! L’apôtre Paul pouvait dire « pour moi, vivre c’est Christ. » (Phil 1.21) Christ était également la passion de la vie de Jean. « Jean était la lampe qui brûle et qui luit, » disait Jésus à quelques Juifs et « vous avez voulu vous réjouir une heure à sa lumière. » (Jean 5.35) Imaginez une de ces lampes romaines en train de brûler. La passion de Jean pour le Seigneur l’a consumé, et dans ce processus, il a dégagé lumière et chaleur. Une vie chrétienne vécue avec passion et remplie de l’Esprit est très attrayante. C’est contagieux. Est-ce que ceux qui vous connaissent vous qualifient de « passionné » pour décrire votre vie chrétienne ? Est-ce que nos conversations et notre style de vie enflamment d’autres personnes pour notre Seigneur ? Ces hommes privilégiés qui ont marché avec Jésus vers Emmaüs se sont exclamés : « Notre coeur ne brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin, et lorsqu’il nous ouvrait les Écritures ? » (Luc 24.32) Seule la communion avec le Seigneur devrait nous enflammer. Que le Seigneur lui-même soit la passion brûlante de notre vie.
Êtes-vous bien vus ?
Qui pense du bien de vous ? Nous, des mortels, nous tendons à accorder trop de valeur à ce qui est temporel. Nous apprécions les applaudissements et les bons voeux de nos compagnons, mortels comme nous. L’approbation des hommes ne peut pas avoir plus de valeur que les hommes eux-mêmes. Et que valons-nous ? Notre vie « n’est qu’une vapeur paraissant pour un peu de temps et puis disparaissant. » (Jac 4.14) « L’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au coeur. » (1 Sam 16.7) Nos collègues de travail peuvent nous considérer comme des employés exemplaires. Nos voisins peuvent nous classer parmi les citoyens responsables. Ceux avec qui nous adorons peuvent nous décrire comme « doctrinalement purs et très spirituels ». Mais comment Christ nous voit-il ? Ce que nous sommes aux yeux de Dieu, c’est ce que nous sommes. Rien de plus.
Le débat sur la laïcité rebondit régulièrement en France. Sans remonter aux querelles qui ont agité le pays lors de la séparation entre l’Église et l’État en 1905, la présence croissante d’une minorité musulmane de plus en plus visible suscite régulièrement des polémiques : une jeune fille portant le voile islamique doit-elle l’enlever en classe ? faut-il tolérer la burqa dans les lieux publics ? la construction d’une mosquée est-elle une menace ?
En application du principe de l’égalité de traitement entre les religions, des textes ou des règlements sont édictés, ce qui entraîne des conséquences pour les chrétiens, alors même qu’ils ne sont pas directement visés. Alors la laïcité « à la française » est-elle biblique ? Y a-t-il d’autres formes de gouvernement préférables d’un point de vue biblique ? Comment vivre et témoigner au milieu des évolutions actuelles ? Tels sont quelques sujets que cet article cherche à esquisser. Le point de vue est français, dans le sens où la réponse à ces questions n’est pas forcément unique et dépend largement du contexte historico-politico-social dans lequel on vit.
Quatre principes du N.T. sur les relations entre l’État et le chrétien
1. La distinction
En réponse à une question posée par les pharisiens et les hérodiens, Jésus touche la question des relations entre l’Église et l’État et prononce une phrase devenue proverbiale : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (lire Matt 22.15-22) Rappelons le contexte : les représentants de ces deux partis antagonistes (l’un collaborationniste, l’autre résistant à l’occupant) s’allient pour contrer Jésus : « Est-il permis ou non de payer le tribut à César » ? Si le Seigneur répondait « oui », les pharisiens l’auraient accusé d’être un collaborateur ; s’il répondait « non », les Hérodiens l’auraient livré aux Romains. Jésus sort évidemment par le haut, de façon très simple et déroutante. Le denier portant l’effigie de César que les uns et les autres utilisent suffit à les ramener à leur devoir civique (dont le juste paiement de l’impôt) ; mais ce dernier n’exonère pas de remplir aussi son devoir religieux. La distinction entre les deux domaines (l’État et Dieu) est donc directement enseignée par Jésus ; chacun d’eux a ses exigences. L’Église ne vise pas à supplanter l’État ou à le soumettre, mais à obéir à Dieu.
2. La soumission
Les chrétiens sont avant tout des citoyens du ciel (Phil 3.20) ; pour autant, ils sont aussi temporairement des citoyens d’un état terrestre. À ce titre, la Bible enjoint aux chrétiens de respecter un autre principe, la soumission aux autorités : « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. » (Rom 13.1-2) Rappelons le contexte dans lequel Paul écrit : l’autorité instituée par Dieu à l’époque était le cruel empereur Néron, qui allait peu après déclencher une violente persécution envers les chrétiens ! Notre soumission ne doit donc pas être fonction de la forme de gouvernement ou de la façon dont il est exercé.
Le fait que l’autorité de l’État existe sur la terre par la volonté permissive de Dieu ne signifie cependant pas que Dieu approuve tout ce que fait une autorité en place ; et cette autorité aura à répondre de ses actes devant le Créateur.
3. L’intercession
Le premier devoir civique du chrétien est l’intercession pour les autorités en place. Toujours sous Néron, Paul écrit : « J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Tim 2.1-3) Le but de cette prière n’est pas de vivre à notre aise, mais premièrement de disposer d’un contexte favorable pour notre vie chrétienne personnelle et collective et pour l’évangélisation.
4. La limitation
Mais un État ne respecte pas toujours la volonté de Dieu. L’autorité de l’État sur le chrétien est soumise à une limitation. Pierre et les apôtres, face au sanhédrin1, répondirent hardiment : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » (Act 5.29) Au cours de l’histoire, les chrétiens ont parfois été conduits à suivre ce principe. Citons tous ceux qui ont caché des enfants juifs au péril de leur vie au cours de la dernière Guerre mondiale. Toutefois prenons garde de ne pas utiliser ce verset comme un prétexte pour désobéir à telle loi ou tel règlement qui ne nous plaît pas !
Les divers types d’État
La Bible n’indique pas de forme de gouvernement idéal ; elle pointe avant tout vers le royaume parfait de Christ sur une terre renouvelée. Entre temps, elle nous invite à vivre les quatre principes mentionnés plus haut quel que soit le type de gouvernement. Au risque de schématiser, on peut distinguer quatre sortes d’états dans le monde :
a. Les états laïques
Aucune religion n’est privilégiée ; l’État est le garant de la liberté de culte (sous réserve de non-atteinte à l’ordre public), mais il ne prend pas parti et ne finance pas les ministres du culte. C’est le régime que connaît la France2.
A priori, ce type d’état respecte la foi chrétienne et présente l’avantage de ne pas faire de confusion entre la sphère de l’État et celle de l’Église. Par exemple, le mariage civil est clairement indépendant de la bénédiction chrétienne.
b. Les états de confession chrétienne
L’État se définit comme régi par des principes chrétiens et le gouvernement se voit comme directement institué par Dieu. Pendant des siècles, ce fut le cas des États européens. Des réminiscences en restent au Royaume-Uni, en Suisse ou aux États-Unis (où le Président prête serment sur la Bible au début de son mandat).
Ce type de gouvernement favorise la foi chrétienne. Mais, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas selon nous le régime idéal pour le chrétien. L’histoire abonde hélas en dérives à la honte du christianisme. Qu’il suffise de mentionner les persécutions des huguenots en France par le roi « très-chrétien » qui assistait à la messe chaque jour tout en étant publiquement adultère, les excès de la Genève de Calvin, la déconsidération du mouvement évangélique liée à la politique extérieure de George W. Bush, etc.
c. Les états athées
Ce troisième type de régime est plus dangereux pour les chrétiens : la vie d’église est — au mieux — tolérée lorsqu’il y a déjà une culture chrétienne, mais elle est alors contrôlée ; l’évangélisation est difficile et périlleuse. La Chine en fait partie et la Corée du Nord en est actuellement un exemple extrême.
d. Les états de confession non chrétienne
Cette quatrième sorte est généralement pire que la troisième ; dans certains pays, il n’est même pas question de construire une église ; le fanatisme ambiant met les chrétiens en péril à tout instant. L’évangélisation publique n’est tout simplement pas envisageable. L’Arabie Saoudite fait partie de tels états.
Pour autant, comme sous la Rome de Néron ou de Domitien, l’Église du silence grandit et se développe dans ces deux derniers types d’états, validant encore et toujours la fameuse phrase de Tertullien : « Le sang des martyrs est la semence de l’Église. »3 En revanche, la tiédeur, le mélange, la compromission sont trop souvent le lot des chrétiens des deux premiers régimes.
Mais notre obéissance à la Parole de Dieu n’est pas conditionnelle à nos circonstances, même si sa forme doit nécessairement s’y adapter. Cherchons donc à vivre comme des témoins vivants de Jésus-Christ, citoyens obéissants et lucides, qui attendent l’État idéal, la monarchie absolue éclairée que sera le royaume établi sur terre par Christ à son retour.
Vivre dans un état laïque
Dans un État laïque, le christianisme ne s’impose pas. Remarquons que Jésus n’a jamais imposé de croire en lui. Après que plusieurs de ses « disciples » l’ont abandonné, Jésus dit aux douze : « Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Saint de Dieu. » (Jean 6.67-69) La foi ne s’impose pas par la force étatique extérieure, mais est produite par une conviction personnelle intérieure.
En France, le débat sur la laïcité n’est pas sans conséquence :
– La liberté de culte est pour le moment préservée, à condition de rester discrets. Les autorités sont en général favorables pour protéger les lieux de culte. Sachons faire preuve de sagesse, sans pour autant cacher notre drapeau.
– L’évangélisation publique devient de plus en plus difficile. Par exemple, la distribution des N.T. par les Gédéons à la sortie des lycées ou des universités est parfois interrompue par la police ; des autorisations pour obtenir un stand biblique sur une foire sont refusées ; les aides publiques pour des centres de vacances chrétiens sont supprimées, etc. Là encore, demandons au Seigneur de nous guider pour savoir comment agir de façon opportune en faveur de l’Évangile (cf. Luc 21.14-15).
– À l’école, on introduit « l’enseignement critique des religions » (selon le rapport Stasi), alors que jusque-là le sujet était plutôt évité. Cela nous oblige à un effort de défense argumenté de notre foi vis-à-vis de nos enfants.
– Les mentalités sont de plus en plus modelées par une méfiance envers la religion : à chacun sa croyance, mais à condition de la maintenir dans le cadre strictement privé. Notre foi est évidemment personnelle, mais elle peut aussi, selon le cas, s’exprimer de façon publique. Ne manquons-nous pas parfois à utiliser le « courrier des lecteurs » pour faire part de la façon dont la Bible s’applique à tel sujet d’actualité ?
– Les signes ostensibles de religion sont de moins en moins tolérés. Pour le chrétien, cette évolution suit l’enseignement du N.T. : Jésus a vertement critiqué les scribes et les pharisiens « qui portent de larges phylactères4, et ont de longues franges à leurs vêtements » (Matt 23.5) ; en revanche, nous sommes exhortés à revêtir les qualités morales de Christ et pas un voile ostensible (1 Pi 3.3 ; Col 3.12).
Et par dessus tout, souvenons-nous que ce n’est pas une religion que nous devons défendre ou annoncer, mais une personne vivante et puissante, Jésus, qui transforme les cœurs !
1 Le sanhédrin était avant tout une institution religieuse. Toutefois, le pouvoir romain en place lui déléguait également une partie de l’autorité politique et judiciaire, en particulier dans le cadre du Temple à Jérusalem. Il avait une garde spéciale qu’il a utilisée pour arrêter Jésus. Voir Alfred Edersheim, The life and the times of Jesus the Messiah, Hendrickson, 1999, p. 857-858.
2 Cette laïcité est à distinguer d’une approche plus doctrinaire, qui a surtout fleuri en France à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, avec les « laïcards », partisans d’une laïcité absolue et anti-religieuse.
3 Tertullien, Apologétique, ch. L, v. 13.
4 Bandes de parchemin sur lesquels sont inscrits des versets de la loi de Moïse, placés dans des boîtes ou des étuis attachés par des lanières sur le bras ou sur le front.
« […] les païens, qui marchent selon la vanité de leurs pensées. Ils ont l’intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur. Ayant perdu tout sentiment, ils se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute espèce d’impureté jointe à la cupidité. Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris Christ. » (Éph 4.17-20)
Au secours ! Les médias, sous toutes leurs formes, propulsent l’intimité sur la place publique. Pour être branché, il faut être osé. Effet de mode ? Ce domaine semble être devenu un marché imposé… car rentable. Il faut dire que tout ce qui tourne autour du thème est particulièrement lucratif : boîtes de nuit, Internet, lingerie, images impudiques, etc. et des auditeurs qui appellent, et des téléspectateurs qui font grimper l’audimat.
La question est plus profonde, en réalité. Elle interpelle particulièrement les chrétiens que nous sommes. Comment réagir ? Doit-on crier au scandale ? Ce serait vrai si nous n’étions que des garants de la moralité chrétienne. Mais nous sommes plus que cela …
1. Les yeux fixés sur le monde
a) La radio
Une ancienne vedette du cinéma pornographique anime depuis peu une émission sur les questions de sexualité… en plein après-midi et sur une radio très écoutée. Les limites qu’elle s’impose visent seulement « la manière dont on en parle » . Pour elle, il faut surtout démystifier le sujet et « libérer » le discours.
Fait intéressant, on y parle moins de sexe que de sexualité. Les interventions des auditeurs révèlent leur misère sexuelle, mais aussi et surtout morale : manque de désir et infidélité sont les sujets les plus abordés. En exposant en direct ses comportements intimes, c’est toute une société désespérée qui avoue quelle pauvre médecine elle tente de s’administrer.
b) La télévision
Une chaîne « 100 % gay » a été lancée en octobre 2004, destinée à la communauté homosexuelle (ainsi qu’à ses partisans). Peut-on réduire des individus à leur dimension sexuelle pour en fonder un média ? Pourquoi accorder autant d’importance à cette dimension ?
c) La presse spécialisée
Une revue pour adolescentes veut se charger de les « aider » à découvrir leur orientation sexuelle (homo-, hétéro-, bi- ou… trans- !) Un mot d’ordre : surtout ne pas être normatif, ne pas dire « il faut » ou « il ne faut pas ».
Mais si beaucoup trouvent cette « libéralisation » bien naturelle, n’est-ce pas parce qu’elle correspond aux penchants de la nature humaine livrée à elle-même ? Les hommes ont décidé de vivre sans Dieu et d’ignorer sa loi, et Dieu les a livrés à l’impureté et à leurs passions (Rom 1.19-32).
2. Le monde et l’Église
a) Le point de vue du monde
Celui-ci ne connaît pas Jésus-Christ, ni l’amour de Dieu. Il paraît donc évident que les repères lui échappent : il n’est pas « exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. » (Héb 5.14) Il n’y a plus de limites : à vouloir devenir parfait par ses propres efforts, il tombe dans les excès de la chair (Gal 5.13) : « Qui veut faire l’ange fait la bête » (Pascal). Le monde ne sait pas, de toute évidence, comment aimer.
– Pourquoi réduit-on l’individu à sa dimension charnelle ? Entre autres parce que l’engagement responsable qu’exige l’amour terrifie, mais que le sexe « libre » (c’est-à-dire irresponsable) ne fait pas peur.
– Pourquoi confier ses dérives amoureuses à une vedette du porno ? Parce qu’on se rabat sur les techniques quand le sentiment nous échappe.
– Pourquoi payer pour « coucher » ? Parce qu’on préfère « garder le contrôle de la relation pour éviter l’intimité amoureuse. »
– Pourquoi rejeter tout discours normatif ? Parce qu’en rejetant une vérité absolue, on espère évacuer la crainte viscérale du jugement final.
b) Le point de vue de l’Église
Plusieurs observateurs constatent un échec historique : celui de n’avoir pas su présenter positivement l’enseignement biblique. Pourquoi des homosexuels ou d’autres personnes d’orientation différente sont-ils si endurcis, systématiquement sur la défensive ? Pourquoi souffrent-ils de n’être pas reconnus ? Bien souvent parce qu’ils n’ont pas été écoutés par ceux-là même dont c’était la vocation.
On les classe parmi les pécheurs à cause de leur immoralité sans s’inquiéter d’abord de leur vie spirituelle. Comme si l’homosexuel (ou le pédophile, ou l’adultère, ou le débauché), était plus répréhensible que le voleur. Mais sans Christ, tous finiront au même endroit, fussent-ils des hommes de bien très estimés. « Bien » faire sans Dieu, c’est déjà mal faire.
3. Les yeux fixés sur Jésus
a) Ils n’ont pas Christ…
Il faut admettre que nous avons parfois tendance, moi le premier, à nous jeter à corps perdu dans des combats futiles. Que vaut de moraliser le monde s’il n’a pas Christ ? Quelle règle de vie biblique inculquer à l’homme « charnel, vendu au péché » (Rom 7.14) ? Les exhortations morales du Nouveau Testament ne s’adressent pas au monde, mais à des saints, car seul l’Esprit transforme le disciple : « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, ainsi vous n’aurez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. » (Rom13.14)
Que ces débordements médiatiques ne nous étonnent pas : ils sont le miroir d’un monde en dérive. D’un monde perdu. Ôtons nos dernières illusions sur la nature humaine, nous n’en verrons que mieux le champ missionnaire : un monde qui meurt. C’est probablement sur ce drame que devraient se concentrer nos réflexions et nos efforts.
b) Montrons le chemin !
Comme les perdus, nous étions aussi soumis à la domination de notre nature déchue. Mais « Christ nous a affranchis. » (Gal 5.1) Si nous reconnaissons la grâce dont nous avons fait l’objet, ne saurons-nous pas aussi user de cette même grâce envers les pécheurs ? Ne nous occupons pas de transformer la nature humaine : c’est lorsque nous laissons ce rôle à l’Esprit que nous pouvons remplir notre mission d’ambassadeurs de réconciliation entre Dieu et les hommes.
Conclusion
Nos stupeurs ont parfois un fondement essentiellement moralisant. Rendons-nous plutôt disponibles pour une approche d’inspiration plus spirituelle : la compassion envers les perdus.
Comme chrétiens, nous avons refusé de vivre selon nos penchants naturels. Christ nous a ouvert le chemin vers un Dieu saint : à nous d’éclairer ce chemin pour les perdus. Comment ? En vivant une vie qui plaise à Dieu. Romains 1.18-19 donne deux clés : reconnaître Dieu et rendre grâce. Voilà le début d’une vie pleine.
Ne perdons pas trop d’énergie à fustiger les passions charnelles, mais tendons plutôt à glorifier le Dieu trois fois saint. En nous entraidant, exerçons-nous à montrer l’exemple d’une communauté libérée de la pression égoïste de la chair et de ses convoitises. Offrons l’exemple d’une vie qu’il vaut la peine de vivre. Dirigeons les regards vers le chemin de la vie éternelle : Jésus-Christ. Nous pourrons alors pleinement rendre témoignage de la vérité qui libère.
« Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » (Mat 5.16)
RENCONTRER LES AUTRES
Le défi de la communication avec les musulmans n’est pas seulement d’ordre théologique, mais aussi d’ordre culturel. Si les différences théologiques sont aisément identifiables et font appel à l’intellect et à la connaissance, les questions culturelles touchent des notions profondément ancrées dans notre vécu. Ainsi, l’objet de cet article n’est pas de traiter les différences théologiques entre l’islam et le christianisme.
Dans notre communication de l’Évangile, quelles sont les limites à ne pas dépasser entre transmission du message du Christ et envahissement culturel ?
Aujourd’hui, le monde vient à vous
Il est facile de comprendre que des efforts culturels soient nécessaires pour travailler dans des pays musulmans. Cependant, nous avons du mal à accepter que les chrétiens en Europe doivent eux aussi faire un effort culturel pour toucher leurs compatriotes issus de l’immigration et d’arrière-plan musulman. Le témoin de l’Évangile est suffisamment sensible à la culture qu’il est prêt à changer certaines de ses habitudes, il comprend que son mode de vie n’est pas la norme. Jésus n’a pas dénigré les autres cultures pour favoriser la sienne. Il a au contraire proclamé des valeurs transposables pour tous. L’Évangile est multiculturel et les cultures sont pour lui une richesse !
Qu’est-ce que la culture ?
Rapidement dit, la culture « c’est la manière de faire, ici ! ». C’est la façon de faire d’un groupe, l’organisation d’une société.
En voici quelques domaines essentiels : la vie familiale, l’alimentation, l’habillement, la langue, l’éducation, les valeurs, les croyances, les coutumes, les lois, etc.
C’est la manière de penser, de dire, de faire – le savoir appris d’un groupe, le savoir transmis de génération en génération.
Bonne ou mauvaise culture ?
Dieu veut être le Dieu des hommes de toutes les cultures. Le péché entrant sur la terre a fait son travail de corruption, de destruction jusque dans la structure de nos sociétés.
Plus une culture est éloignée de Dieu, de ses valeurs et de ses principes, plus la confrontation est grande quand l’Évangile la pénètre.
Les cultures ne sont ni divines, ni sataniques en elles-mêmes. Elles sont un produit humain et la scène permanente d’influences divines et sataniques. Nous pouvons affirmer que l’Occident judéo-chrétien n’est plus en position de prétendre que la majorité de ses habitants vivent en accord avec des valeurs reflétant celles du Christ. Les exemples ne manquent pas : l’individualisme et la cupidité qui sont au cœur des sociétés modernes ne reflètent en rien les valeurs du Royaume de Dieu.
Il y a autant de cultures qu’il y a de langues
Notre tendance première est d’éviter de nous retrouver dans des situations inconnues ou sur des terrains où nous n’avons plus de repères. Ainsi beaucoup de chrétiens évitent de rencontrer des musulmans, certainement par crainte de l’inconnu, par crainte de commettre des erreurs…
Suite à de mauvaises expériences, vous avez peut-être décidé de ne plus faire d’effort de communication avec ces gens. Ils sont décidemment trop compliqués et il est impossible de s’entendre !
La connaissance de leur environnement culturel est pourtant indispensable. La communication sera facilitée quand nous saurons pourquoi les gens que nous voulons atteindre pensent et agissent d’une manière différente de la nôtre.
« Allez ! Le commandement de Jésus à ses disciples n’est pas seulement ni surtout un ordre de marche, mais aussi et d’abord un ordre de sortir de sa culture. C’est prendre conscience qu’il y a autant de manières de penser, de s’exprimer, d’organiser nos relations humaines et de nous définir une identité qu’il y a de langues. » Ch. D. Maire
L’ordre de faire de toutes les nations des disciples inclut un mandat culturel. Le processus de former des disciples ne peut se faire en dehors des aspects culturels de la vie du disciple.
Aucun messager de l’Évangile ne peut s’occuper uniquement des « âmes perdues ». Avant de parler de doctrine et de foi, il rencontre le musulman dans un certain cadre culturel. Cela est inévitable, la religion en fait partie intégrante, elle est comme immergée dans la culture au sens le plus large.
Trois réactions face à une nouvelle culture
Notre communication de l’Évangile ne doit pas nous amener à dénigrer les traits de la société islamique.
« Apprendre à connaître une culture, c’est s’en approcher sans jugement préconçu, chercher à comprendre ou admettre une logique différente, sans se croire obligé d’approuver ou de condamner. 1 »
Avant tout, réalisez qu’un musulman est premièrement un être humain. Sa culture est bien plus riche que le fait religieux seulement ! Essayez d’oublier une seconde la croyance pour vous attacher à la personne, à sa vie, à son histoire, à ses espoirs ! Tristement, nous avons tendance à dépersonnaliser les musulmans et à déshumaniser les individus et leurs croyances.
Face à la différence culturelle, nous pouvons avoir trois réactions : le rejet, l’acceptation sans critique, ou le chemin du milieu, celui d’un examen critique. Les deux solutions extrêmes amènent le messager dans une impasse : s’il rejette toutes les traditions et toutes les coutumes, lui-même et le message de l’Évangile ne seront jamais intégrés. S’il les accepte toutes, il entre dans le syncrétisme.
Certains fondements bibliques amènent inévitablement à des confrontations avec le message coranique. Ceci est une réalité et nous ne cherchons pas à la sous-estimer. Nous affirmons simplement que dans beaucoup de cas, cette confrontation est due à notre méconnaissance ou à une forme de « prétention culturelle ». Faisons le maximum pour ne pas dresser des obstacles qui ne se justifient pas.
Chaque culture a en elle des aspects :
– en accord avec les valeurs bibliques,
– en désaccord avec les valeurs bibliques,
– neutres.
Viser le coeur du message
Jésus s’est « limité » à prêcher le Royaume de Dieu. En aucun cas, ses propos ne se sont basés sur la transmission de principes culturels ou sur des manières de faire propres au peuple juif.
Le Royaume de Dieu est clairement défini par Christ comme un royaume céleste. Trop souvent nous sommes tentés de défendre et d’enseigner des valeurs qui nous sont propres et finalement secondaires. Elles n’ont rien à voir avec le cœur du message du salut.
Voici quelques questions que nous pouvons nous poser :
Notre manière de vivre un culte est-elle la référence ? Notre manière occidentale de fêter la naissance de Jésus est-elle la norme ? Ne pourrions-nous pas envisager la cérémonie du mariage de façon différente dans une autre culture ?
Confrontations
Il n’est pas acceptable de parler de « culture biblique » ; on préférera parler de « valeurs bibliques ».
Del Tarr est prêt à dire que la culture dans laquelle baigne le chrétien n’est pas, a priori, plus biblique que celle du musulman. Jésus lui-même n’a pas hésité à prendre comme exemple un ennemi des Juifs, un Samaritain, pour donner aux Juifs une leçon de bonté (le « bon Samaritain »).
De ce constat, nous pouvons tirer deux enseignements :
– Tous les hommes sont pécheurs, quelles que soient leur religion ou leur culture ;
– D’autres sociétés ou ethnies peuvent avoir des valeurs aussi bibliques que les nôtres.
Ainsi, par exemple, l’étranger de passage dans certains pays musulmans recevra un accueil bien plus chaleureux qu’un étranger débarquant en Europe. Sur ce point, laquelle de ces deux cultures reflète-t-elle le plus les valeurs du Royaume ?
Processus de compréhension culturelle
Voici 3 principes ; les pratiquer, c’est acquérir l’avantage d’une meilleure compréhension de l’autre et le bénéfice d’une communication authentique :
1) Confronter sa propre culture au message biblique
Avant de parler de la confrontation de notre société avec celle du musulman, il est important de commencer par prendre de la distance face à notre propre culture. C’est notre première responsabilité : interpréter le message biblique sans l’influence de notre culture de référence.
Pour nous y aider, nous pouvons nous poser trois questions. Quels traits de ma culture sont :
– en accord avec le message biblique ?
– en désaccord avec le message biblique ?
– neutres, c’est-à-dire ni bibliques, ni anti-bibliques ?
2) Connaître la culture étrangère
Découvrir l’autre culture, c’est commencer par vivre et développer des amitiés. L’objectif ici n’est pas d’entrer dans le témoignage verbal. L’occasion peut bien sûr se présenter, mais le but immédiat est :
– de passer du temps avec notre interlocuteur,
– de lui poser des questions sur ses croyances et sa religion,
– de rendre et de recevoir des visites,
– en toute amitié, de participer aux fêtes familiales (mariage, naissance, etc.).
Un évangéliste disait souvent :
« Prêche la Parole en tout temps, et si nécessaire, utilise des mots. »
3) Traduire le message de manière convaincante et significative dans la nouvelle culture
Non seulement nous faisons une démarche pour mieux comprendre les musulmans, mais aussi des efforts pour qu’ils nous comprennent.
Nous entrons alors dans la communication verbale, celle-ci vient étayer le témoignage non verbal du point précédent (l’amour, la compréhension, l’entraide, etc).
Certaines de mes actions peuvent-être neutres dans ma société, mais avoir une connotation fortement négative dans la communauté musulmane. Prenons quelques exemples classiques : poser le Bible par terre ou souligner des versets au stylo est interprété par les musulmans comme un manque de respect au livre révélé et donc à Dieu. Autre exemple, refuser systématiquement le thé offert exprime clairement un désintérêt, voire un dénigrement de la personne ou de la famille qui vous invite. Ce dernier exemple peut facilement être compris par quelqu’un issu d’une culture africaine, où nombreuses sont les valeurs analogues à celles du Moyen-Orient.
Réalisant que dans l’islam il y a des valeurs en accord avec celles de la Bible, il m’est possible de construire ma communication sur les priorités que Dieu a mises dans leur conscience (respect des anciens, de la famille, importance de la piété, de la dévotion, de la justice).
Il faut également savoir que certains mots utilisés par les chrétiens n’ont pas le même sens en islam. Par exemple, le paradis (le Coran le définit comme un lieu de plaisir), la prière (la prière musulmane est ritualisée, elle se fait cinq fois par jour), le péché (le Coran dit que l’homme est bon à sa naissance, que c’est son entourage qui le corrompt).
Les musulmans sont souvent issus de cultures orales. Nos développements logiques basés sur la raison sont souvent en porte-à-faux avec leur perception et leur mode de communication. Il est plus approprié de développer un sujet sur la base d’une histoire ou d’un témoignage personnel.
Après la conversion
Notre but n’est pas seulement de gagner quelques âmes à Christ, mais de faire grandir une église dans des milieux où trop souvent il n’y a aucun témoignage de chrétiens fidèles. Pour atteindre ce but, les nouveaux convertis ne devraient pas être enlevés de leur contexte social et culturel. Comme nous l’avons vu, donner sa vie à Jésus ne signifie pas changer de culture pour en adopter une autre.
Il est vrai que dans une grande partie des cas, le converti est exclu de sa communauté et les conséquences de son choix peuvent être graves, voire dramatiques. Il est pourtant nécessaire de comprendre qu’un déracinement culturel pourrait être la cause d’une chute à plus long terme.
Si cela est possible, il faut encourager le nouveau converti à persévérer malgré les outrages. Il sera un exemple extraordinaire de témoignage vivant de Christ dans sa communauté. La persécution fait partie de la vie chrétienne et participe à la révélation de Christ dans nos vies. L’Église occidentale semble l’avoir oublié…
Comprenons maintenant qu’il pourrait être difficile à la personne issue de l’islam de s’intégrer à une église de culture occidentale. Le pasteur que vous êtes peut-être ne pourra que mieux l’accompagner s’il connaît son arrière plan culturel. Une réflexion est à mener, un accompagnement et un enseignement personnalisés semblent indispensables.
Un frère en la foi, syrien, aimait dire : « Si tu regardes quelqu’un comme ton ennemi, tu fais de lui ton ennemi ». Jésus notre prophète et notre ami a pris le chemin de l’Amour avant nous. Imitons-le, ne prenons pas la voie de la médiocrité. Restons une « bonne nouvelle » pour le monde musulman, que les hommes puissent « voir Christ » à travers l’amour qui se dégage de nos vies.
Références bibliographiques :
– Ben Naja, Moussa Sy, Bénir les enfants d’Ismaël, édition Frontiers, Bienne, 2009
– Rothenberger Hans, Initiation à l’anthropologie culturelle, dossier, cours EMF, 2003
– Paul-Gordon Chandler, Pilgrims of Christ on the Muslim Road, Cowley Publications, 2007
La création est un thème très important dans la Bible : elle est décrite et analysée dans au moins 17 livres de l’A.T. et dans 22 livres du N.T. Pour celui qui a mis sa foi en Dieu, la Bible est la référence quant à sa relation avec la création et l’écologie.
Dieu le Créateur est le seul qui comprenne parfaitement sa création : il est donc celui qui peut le mieux répondre à nos questions honnêtes et légitimes en la matière. Dieu créa le temps, l’espace, la terre et sa végétation, les animaux puis l’homme (Gen 1-2). Le chrétien accepte par la foi ce que dit la Bible au sujet de la création : elle a été créée parfaite. Avant que le péché n’entre dans le monde (Gen 3.17-19), la création ne présentait ni tache, ni défaillance, ni aucune imperfection. Elle était le délice de tous et de tout (Gen 1.31 ; 2.1-3, 25). Le premier homme, Adam, fut responsabilisé en recevant le mandat de surveiller les espèces animales (Gen 1.26), de reproduire la race humaine (Gen 1.28) et de bien gérer les ressources naturelles (Gen 2.15).
Le but de la création
La doctrine de la création n’est pas présentée dans la Bible comme une solution philosophique au problème de l’existence du monde ; la révélation divine par l’Écriture sainte dévoile plutôt le sens éthique et religieux de la création, par rapport aux relations de Dieu avec l’homme et de l’homme avec Dieu.
Dans sa sagesse et sa volonté souveraines, à partir de rien du tout, Dieu a créé l’univers, visible et invisible par sa parole puissante. L’univers a été créé pour sa gloire et pour le bien-être de ses créatures, en particulier les êtres humains. Toute la Bible témoigne qu’à sa création, la terre était parfaite et qu’elle reflétait la gloire de son créateur (Ps 19.1, 1 Tim 4.4). Notre monde fut fait par Dieu, mais ce monde n’est pas Dieu. La création est une entité différente de Dieu, mais totalement dépendante de lui (Act 17.24-28).
Une vue chrétienne de l’environnement
Si la Bible donne des directions au croyant quant à sa vie quotidienne, elle l’éclaire également quant à sa relation avec l’environnement et la nature. A priori, le chrétien doit avoir une vision théiste de la création, c’est-à-dire qu’il reconnaît l’action de Dieu sur elle. Une vision chrétienne de l’environnement retiendra les points suivants :
1. L’univers est une création ex nihilo (à partir de rien) par le Dieu révélé par la Bible, à un moment dans l’espace et le temps (Gen 1). L’espace et le temps eux-mêmes sont une création de Dieu
2. Le monde appartient à Dieu (Ps 24.1, 50.10). C’est à l’homme que Dieu en a confié la bonne intendance.
3. Le monde est le reflet de Dieu. Comme Dieu est « bon », ce qu’il a créé est « bon » (Gen 1.4, 10, 12, 18, 21, 25, 31). Non seulement Dieu déclara sa création comme étant bonne, mais le psalmiste affirme lui aussi que la création reflète la gloire de Dieu (Ps 19.1, 8.4-5).
4. Dieu est partout dans sa création (Rom 1.20), sachant tout ce qui se passe (Ps 139.7-12).
5. Le monde est soutenu par Dieu (Col 1.17, Héb 1.3) : c’est grâce à son influence que la terre fonctionne (Ps 104.10-14).
6. Le monde existe sur la base d’une alliance entre Dieu et l’homme (lire avec soin Gen 9.9-17 et noter les références aux animaux). Le Créateur s’est engagé à ne plus détruire le monde des vivants, humains et animaux, par un déluge. L’homme est tenu de respecter les animaux (Mat 6.26, 10.29, Prov 12.10). Dieu donne à l’homme la possibilité de se nourrir de viande animale (Gen 9.3), nourriture qui doit être reçue avec actions de grâce (1 Tim 4.3-5). La Bible, d’un côté, ne déifie pas la création ; d’un autre côté, elle n’a pas une conception impersonnelle de la nature (Ps 77.17-18, Amos 4.13, Act 17.28). Ainsi, tout acte de dégradation, toute destruction égoïste ou catastrophe écologique entraîne des conséquences graves, tôt ou tard.
7. Dieu a établi l’homme comme son gérant, « jardinier » de la création. Genèse 1.28 et 2.15 exposent les obligations de l’homme envers la création. Bien que possédant le pouvoir suprême, Dieu délègue trois responsabilités aux humains :
a) L’homme est appelé à se multiplier et remplir la planète avec sa descendance. Cette injonction concerne aussi les animaux. Il est évident toutefois que tout individu n’est pas appelé à procréer : Jésus (Mat 19.12) et l’apôtre Paul (1 Cor 7.8) reconnaissent et valorisent le célibat.
b) L’homme reçoit de Dieu la responsabilité de dominer la création. La domination évoquée ici est synonyme d’autorité absolue et de contrôle. Ainsi, il semble sage de penser que la population animale ne doive pas se développer à un point tel qu’elle mette en danger la domination humaine voulue par le Créateur.
c) L’homme a la responsabilité de cultiver et de garder la création. Un équilibre entre la végétation, les animaux et l’homme est souhaité. L’homme soumis à Dieu cherchera dans son rôle de gérant à honorer le Créateur par sa manière de cultiver et de protéger son environnement.
Deux approches anti-bibliques à la création
1) Le matérialisme
a) Les principes du matérialisme
Le matérialiste professe que toute réalité se trouve dans la matière et il ne cherche le plaisir que dans la jouissance de biens matériels. Le but des matérialistes est d’utiliser la technologie moderne et les avancées scientifiques pour influencer l’évolution humaine sur tous les plans1. Au xxie siècle, le matérialisme économique le plus en vue est le capitalisme2.
En rapport avec l’environnement, les caractéristiques du matérialisme économique sont les suivantes :
– La création n’est que matière : donc le monde physique est éternel et incréé. Dieu n’existe pas et il n’existe aucune règle éthique pour gouverner son utilisation ; l’homme est libre d’agir et de faire avec son environnement comme il lui plaît, il n’a aucune responsabilité de rendre des comptes à qui que ce soit.
– L’énergie est illimitée parce qu’indestructible, donc inépuisable. Il se peut que l’humanité manque un jour de telle ou telle énergie ou ressource, mais l’homme est si intelligent qu’il trouvera une bonne solution pour régler le problème.
– La technologie peut résoudre pratiquement tous les problèmes.
– Le monde souffre particulièrement à cause d’une mauvaise distribution des ressources et des produits finis. Il faut redistribuer les ressources et les produits finis en encourageant la consommation à l’échelle planétaire (c’est la globalisation de l’économie).
– Éduquer toute l’humanité va résoudre tous les problèmes. En effet, l’ignorance ralentit le progrès.
b) Une évaluation de l’approche matérialiste de l’environnement
C’est l’évidence même que la foi en l’humanité seule pour régler ses problèmes n’a jamais résolu ses difficultés. Par rapport aux assertions du matérialisme économique, nous pouvons répliquer ce qui suit :
– Le monde n’est pas éternel (Apoc 21.1). La première loi de la thermodynamique ne dit rien au sujet de l’origine de l’énergie dans l’univers, mais seulement qu’elle est apparemment constante. Toutefois la deuxième loi affirme que l’énergie utilisable est en décroissance. Si l’univers décroît, il n’est pas éternel ; il a dû être créé, et s’il a été créé, il est raisonnable de suggérer qu’il y a eu un Créateur (Gen 1.1).
– L’énergie n’est pas illimitée. La fission nucléaire des étoiles est constatée par les astronomes ; donc, par principe, l’univers n’aura un jour plus d’énergie. Les énergies fossiles disponibles dans la terre viendront également un jour à manquer.
– La technologie ne peut jamais résoudre tous nos problèmes. Les guerres les plus destructrices ont justement pu avoir lieu à cause de la technologie. La technologie moderne n’est qu’un instrument des hommes (Jér 17.9). Et l’homme emploie la technologie pour aller vers sa propre destruction.
– La mauvaise distribution des ressources et des biens est empirée par l’état du cœur humain (Jac 4.1-2). L’égoïsme et l’avarice jaillissent partout, corrompent l’humanité et aggravent les problèmes.
– L’éducation et la formation ne sont pas la parade parfaite. Nous vivons depuis les deux derniers siècles avec la plus grande population jamais éduquée de l’histoire. Et bien des pays à niveau de formation élevé sont entrés en guerre et ont pillé la terre de ses ressources au prix parfois de grosses catastrophes écologiques. C’est le cœur qui a besoin de transformation et cela, seul Christ peut le produire.
2) Le panthéisme
a) Les croyances du panthéisme
Le panthéisme est une doctrine métaphysique selon laquelle Dieu est unité du monde (tout est en Dieu) et où Dieu est la somme de tout ce qui existe (Dieu est tout) — à tel point que les animistes adorent la nature parce qu’elle contient le divin et les esprits. Le panthéisme est anti-matérialiste et anti-chrétien.
La nature est vivante. L’âme ou la force vive pénètre partout comme un organisme vivant. Le film Star Wars véhiculait des idées panthéistes : Yoda, un des personnages, parle de « la Force » qui entoure, pénètre, lie et crée. Tout est vivant avec une force vivante qui fait de la nature un organisme vivant.
Toutes les espèces de la nature sont la manifestation de Dieu. Il faut s’opposer à toute disparition d’un petit animal ou d’une fleur rare, car lorsqu’une espèce cesse d’exister, l’humanité a perdu une manifestation de Dieu.
L’humanité est unie avec la nature.
L’humanité doit être au service de la nature.
b) Une évaluation de l’approche panthéiste de l’environnement
– La nature n’est pas vivante dans le même sens que l’être humain est vivant, Dieu ayant soufflé une respiration de vie en l’homme (Gen 2.7). Elle n’est pas égale à l’homme. Il existe une différence entre une fleur et l’homme. La matière est essentiellement énergie, laquelle est organisée intelligemment par le Créateur.
– Les espèces ne sont pas les manifestations de Dieu, elles sont uniquement une partie de la nature. Il ne faut pas déifier la nature. Dieu existe indépendamment de toute créature.
– Les hommes ne sont pas un avec la nature. L’homme a besoin de coopérer avec la nature en la préservant et la soignant, mais nous ne formons pas une même entité. L’homme seul fut créé à l’image de Dieu (Gen 1.27).
– Cette approche affirme que l’homme ne peut être en même temps roi et serviteur. Or Jésus-Christ, notre exemple, est l’exemple parfait du roi qui est devenu serviteur (Marc 10.45, Phil 2.5-8).
Christ seul change les comportements
En regardant autour de nous, nous constatons que la pollution est partout : dans l’air, dans la mer, sur la terre. De nombreux scientifiques réputés et des professionnels actifs dans divers domaines liés à la nature témoignent, photos et études à l’appui, que l’humanité cause sa propre destruction. Et la majorité s’en fiche ! On comprend que la terre soupire… et attende la révélation des fils de Dieu (Rom 8.19-22). L’attitude actuelle pourrait s’exprimer de la manière suivante : « Que tout se passe bien aussi longtemps que je vis ! Après moi, cela m’est égal ! »
Les dirigeants, les industriels, les gouvernements et les exploitants de toutes sortes, en majorité, ne pensent qu’à eux-mêmes et à profiter des richesses du monde sans se soucier des générations suivantes. Cette idée domine le monde économique depuis le début du xxe siècle.
Que faire ? Le chrétien doit se rappeler constamment qu’il est un pèlerin qui traverse ce monde souffrant pour lequel il a une vraie sympathie. Notre tâche principale est de prêcher l’évangile, amener des gens à Christ par l’Esprit Saint et les former à être disciples (Matt 28.18-20). Seul Jésus-Christ peut transformer une vie, et donc des comportements hostiles à sa création.
Cependant, cela ne nous empêche nullement de croire, de vivre et d’agir « écolo ». Le chrétien mature évitera tout excès et sera attentif à préserver la planète. Son mode de consommation, voire éventuellement ses options électorales, seront cohérentes avec le mandat de gestion de la terre confié par le Créateur.
Ne soyons pas découragés, car le Possesseur de notre planète va revenir pour y régner. Il s’est fixé la tâche finale de tout purifier par le feu, puis de recréer un nouvel univers où la perfection sera éternelle (2 Pi 3.7, 10-14), et où la pollution, actuellement croissante, ne pourra plus jamais exister.
1 Humanist Manifesto I, 1933.
2 Selon le Petit Robert, le capitalisme est un régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenu, n’appartiennent pas, en général, à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail.
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