PROMESSES
Le rédacteur, maintenant âgé, d’un périodique chrétien, aimerait bien passer le témoin. Le directeur d’un centre de vacances évangélique cherche régulièrement de nouveaux moniteurs. Des anciens cherchent de l’aide pour répondre aux besoins de leur église locale… Hélas, beaucoup d’éventuels candidats à la relève paraissent suivre les réunions et les activités de l’église en consommateurs occasionnels, absorbés, piégés par le rythme effréné et les obligations de la société. Aussi la vie de l’église continue de ressembler à un tournoi de tennis où deux joueurs s’épuisent à se renvoyer une balle sous le regard de quelques spectateurs. Pourtant, nombre de jeunes, de nouveaux convertis pleins de zèle, se sont dévoués quelque temps… pour finir par se décourager et rejoindre les rangs du « public » sans avoir trouvé l’accompagnement et l’espace nécessaires à une bonne reprise du témoin.
Une réaction immédiate pousse à accuser le déclin général, le matérialisme de la société, les effets du post-modernisme, le manque d’engagement de la génération montante. Nous savons cependant par l’Ecclésiaste que le présent n’est pas forcément pire que le passé (Ecc 7.10). Il est plus sage de se remémorer, chacun pour soi, l’urgence de notre mission. Paul résume celle-ci à l’attention de Timothée, en lui rappelant sa responsabilité : « Ce que tu as entendu de moi… confie-le à des hommes fidèles qui seront capables, à leur tour, d’en instruire d’autres. » (2 Tim 2.22) Le texte cité évoque bien la course de relais et ses enjeux :
L’équipe américaine de relais 4 x 100 mètres aligne des coureurs parmi les plus rapides du monde. Elle pouvait prétendre à la médaille d’or aux Jeux olympiques de Pékin. Pourtant, elle a été éliminée sans gloire. En tête de la course, les troisième et quatrième relayeurs ont manqué leur transmission et laissé tomber le témoin. Ce n’est pas la qualité des athlètes qui est en cause, mais leur capacité à se transmettre en pleine course le précieux bâton. La transmission est certainement aujourd’hui l’un des enjeux les plus sérieux pour ceux qui ont à cœur le renouvellement et l’édification du peuple de Dieu.
Ce souci jalonne toute la Bible. Plusieurs exemples nous instruisent : Moïse et Josué ; les lévites ; Élie, Élisée et les fils des prophètes ; Jésus et ses disciples ; Paul et ses compagnons : Timothée, Tite, et d’autres encore. Les dernières paroles du Seigneur Jésus à ses disciples, les secondes lettres de Paul à Timothée et de Pierre nous encouragent, à leur suite, à considérer attentivement l’importance cruciale de ces questions. Qui est concerné ? Que transmettre ? Quels liens entre formation et transmission ? Que signifie passer le témoin dans la perspective du service chrétien ? Comment le faire ? Ces lignes proposent quelques pistes de réflexion.
La transmission du témoin : qui doit s’en charger ?
La transmission n’est pas l’affaire de quelques élites blanchies sous le harnais et de quelques brillants élèves d’instituts bibliques renommés. C’est l’affaire de tous les chrétiens puisque tous sont appelés à servir, tous ont reçu un don, un service à faire valoir pour l’édification du corps de Christ. Toutefois, les bergers, les enseignants et les anciens paraissent plus particulièrement investis de cette tâche (Éph 4.12, 1 Tim 4 et 1 Pi 5).
La transmission du témoin : dans quelle perspective ?
Dieu nous appelle à collaborer avec lui pour préparer ceux qui formeront et serviront l’Église de demain. Nous n’avons pas à former des imitateurs qui sachent seulement perpétuer les activités et les formes telles que nous les avons toujours vécues.
L’apôtre Paul travaillait lui-même constamment à trois niveaux distincts pour l’édification harmonieuse du corps de Christ :
Si elle vise ces trois objectifs, la transmission entre les générations et entre les serviteurs pourra se faire de manière continue et enrichissante.
La transmission du témoin : oui, mais quel témoin ?
On ne peut transmettre que des choses que l’on a reçues et dont on est pleinement convaincu (cf. 2 Tim 1.13-14 ; 3.14 ; 2 Pi 1.12). Les spécialistes de la formation professionnelle utilisent volontiers cette formule : « Transmettre un savoir, un savoir-être et un savoir-faire ». Inconsciemment, ils appliquent le modèle biblique – un programme complet qui concerne l’intelligence, le cœur et la pratique :
1) Savoir : il s’agit des connaissances objectives, fondées sur l’enseignement de la Parole de Dieu écrite, inspirée, soigneusement étudiée et interprétée (1 Tim 4.6 ; 2 Tim 3.15-16 ; 2 Pi 1.16-21). Le socle des savoirs à transmettre est la doctrine des apôtres :
2) Savoir-être : la connaissance du coeur, pas seulement intellectuelle, mais subjective, expérimentale, liée à une piété personnelle exigeante qui forme, transforme, fortifie par l’attachement à Christ ; qui aide à revêtir le caractère de serviteurs par une transformation intérieure continue (Rom 12. 1-3). Paul demandait à Timothée de s’exercer à la piété (1 Tim 4.7-16), de s’imprégner de l’Écriture pour être enseigné, convaincu, corrigé, instruit, accompli (2 Tim 3.16), et Pierre encourageait les chrétiens, participants de la nature divine, à joindre à leur foi, entre autres choses, la force morale (2 Pi 1.5-11).
3) Savoir-faire : la connaissance n’est acquise que si elle est mise en pratique et peut être transmise. Comment préparer chacun selon le don ou le service reçu, selon ses aptitudes ? N’est-il pas nécessaire de personnaliser la formation différemment pour celui qui veut faire l’œuvre d’un évangéliste, pour celui qui aime la collaboration technique, ou pour ces autres qui se destinent à l’enseignement des enfants, ou aux soins pastoraux ? Paul recommandait à Timothée de rechercher des hommes fidèles et capables, préparés à accomplir des œuvres bonnes (2 Tim 1.2). Pierre précise que ceux-ci ne devraient pas être sans activité, ni sans fruit (2 Pi 1.8).
La transmission du témoin : quand et comment ?
La transmission s’accomplit parfois dans des circonstances difficiles. Elle doit s’adapter aux situations morales et sociales défavorables, c’est pourquoi Paul et Pierre ont pris soin de décrire prophétiquement l’évolution de la chrétienté et du monde où nous sommes appelés à vivre et à témoigner (2 Tim 3 et 4 ; 2 Pi 2 et 3).
Recevoir le témoin requiert l’acquisition de compétences pratiques, selon les situations. Ces compétences se développent peu à peu dans la proximité d’un maître-serviteur, tuteur ou coach aimé et respecté ; celui-ci enseigne, donne l’exemple et accompagne la prise de responsabilités de plus en plus grandes, et de moins en moins protégées. Il s’agit d’entraîner à l’autonomie le disciple du Seigneur jusqu’à ce qu’il devienne un homme de Dieu capable de porter le témoin et d’instruire les autres à son tour.
Ce scénario n’est pas tiré d’un ouvrage de management à la mode ; il ressort de plusieurs exemples de la Bible :
a) Josué apprit et servit longtemps dans la proximité immédiate de Moïse (Ex 33.11) ; en même temps, il fut très tôt appelé à une responsabilité significative comme chef de l’armée opposée à Amalek. Inexpérimenté, il fut protégé et encouragé par la présence et par l’intercession de Moïse (Ex 17.8-16). Il apprit de ses propres erreurs (Nom 11.24-29). Choisi pour explorer le pays de Canaan, il démontra sa foi et sa fidélité à Dieu et à Moïse lors d’une tragique mise à l’épreuve, et se vit ainsi fortifié dans sa capacité à conduire le peuple (Nom 13 et 14). Il était dès lors successeur potentiel de Moïse, mais allait servir loyalement à ses côtés trente-huit ans encore. Le moment venu, Moïse lui transmettra le témoin dans une triomphante cérémonie d’adieux (Deut 31-34).
b) Les leçons du Seigneur à ses disciples dans l’Évangile de Marc sont un modèle : « Il appela à lui ceux qu’il voulait… Il les établit pour être avec lui et les envoyer. » (Marc 3.13-14 ; Jean 15.16) Il les envoie avec une mission et des ressources (Marc 6.7-13). Au retour, Jésus les invite auprès de lui pour un temps de compte rendu et de repos (6.30-32). Puis il leur confie à nouveau des responsabilités et les implique dans son travail (6.34-44). Il les met à l’épreuve dans la tempête (6.45-52) ; puis sans désespérer d’eux, il continue à les solliciter (8.1-9). Jusqu’à la fin, il continuera ainsi à les préparer par une alternance d’enseignement, d’exemple donné, d’incitation à la pratique. Au moment de les laisser poursuivre sa mission, il les prend avec lui, s’oubliant lui-même dans un ultime service d’amour, pour un séminaire exceptionnel de transmission (Jean 13-17).
c) La relation de Paul avec Timothée, son enfant dans la foi, confirme la démarche biblique de transmission. L’apôtre est à l’origine de sa conversion (env. 46-48 ap J.-C.). Assuré par l’église locale de l’engagement authentique de Timothée, Paul en fait son compagnon de voyage (env. 50-52 ; Act 16.1-2 ; 17). Tout au long de son ministère, l’apôtre entretiendra avec lui une relation de communion particulièrement féconde. En même temps, il lui confiera des responsabilités de plus en plus importantes :
La transmission du témoin : comment la faciliter ?
L’appel, la formation, le service sont d’abord l’œuvre de Dieu, et une expérience cachée entre le serviteur et son Maître (Jean 15.5 ; 16 ; 1 Cor 4.1-5). Mais parallèlement à cette préparation, directement dépendante de la relation du chrétien avec son Père céleste, qu’est-ce qui peut favoriser concrètement le passage du relais au sein de l’assemblée ? Les exemples qui suivent permettent d’esquisser une stratégie pour faciliter cette transition :
Une transmission progressive
La transmission du témoin ne devrait pas attendre le moment où celui qui faisait presque tout cède la place à celui qui ne faisait presque rien, mais plutôt correspondre à une prise de responsabilité partagée et progressive. De plus, l’avenir étant plus important que le passé, la transmission devrait être pensée d’abord en fonction de celui qui reçoit le témoin. Telle devrait être l’orientation d’un serviteur expérimenté et encore capable d’accompagner un jeune serviteur qui s’engage. Car que vaut une transmission de témoin arrachée à la dernière minute à un serviteur à bout de souffle, ou improvisée par un responsable déjà âgé, peut-être lassé d’avoir longtemps attendu ? Paul est converti depuis une quinzaine d’année et Timothée depuis cinq ou six quand il le prend avec lui. C’est après seulement dix ans de vie chrétienne que Timothée reçoit la difficile mission de Corinthe.
Une transmission confiante
Gardons-nous de considérer les jeunes avec crainte, ou avec un quelconque mépris, avec condescendance (1 Cor 16.11 ; 1 Tim 4.12). Accordons-leur délibérément et très tôt notre confiance. Ils sont promesse de fruit et de renouvellement si nous savons les protéger, les aider à grandir dans la foi et à devenir parties prenantes dans le service.
Une transmission empreinte de discernement
Beaucoup d’exemples bibliques montrent que les serviteurs utiles ont été appelés précisément par le Seigneur ou par d’autres serviteurs. On peut en déduire que le relais se transmet, davantage qu’il ne se prend, mais ce fait met l’accent sur la responsabilité de bien connaître le troupeau (Pr 27.23), de discerner les dons reçus, la foi, l’engagement des plus jeunes et puis de susciter, d’encourager, d’informer, peut-être de désigner ou d’inviter à partager précisément tel ou tel service. Il ne s’agit évidemment pas de faire précocement pression sur qui que ce soit. La transmission ne revêt pas une forme particulière, chaque situation est différente : Moïse demande à Josué de choisir des hommes pour combattre Amalek (Ex 17.9), les apôtres demandent aux frères réunis de choisir parmi eux des personnes capables de s’occuper des veuves (Act 6.3), et parfois même l’Esprit Saint intervient pour mettre à part deux serviteurs pour un ministère particulier (Act 13.2,3).
Une transmission doublée d’une mission
Paul envoyait ses compagnons pour des missions précises. La première lettre à Timothée comme l’Épître à Tite sont de véritables cahiers des charges pour la conduite de l’église locale. De plus, l’apôtre prenait soin d’informer les bénéficiaires de la mission afin de protéger ses collaborateurs (1 Cor 16.10-12).
Une transmission dans l’unité de l’Esprit
Paul et Pierre étaient très attachés au maintien des liens noués avec ceux qui poursuivaient le ministère. Leur intercession était continuelle. La seconde Épître de Paul à Timothée et la deuxième Épître de Pierre sont des testaments spirituels qui complètent la formation commencée. Ces textes encouragent les « transmetteurs » d’aujourd’hui à rester concernés, solidaires, pour assurer un soutien moral et rester disponibles envers les collaborateurs plus jeunes.
Une transmission sans tyrannie
On retrouve ici la nécessité de respecter le lien primordial entre le serviteur et son Maître divin. Ce qui est transmis est un travail pour Dieu, pas un fond de commerce ou une entreprise personnelle. Ainsi Paul laisse place à l’initiative de ses compagnons. Il accepte que ses frères aient une vision différente de la sienne (1 Cor 16.12). Il est heureux des comptes-rendus missionnaires qu’il reçoit, et malgré les avertissements ou les exhortations dispensés à ses jeunes collaborateurs, il n’est jamais question de contrôle ou de reprise en main. Belle leçon de confiance pour la transmission aujourd’hui.
La transmission du témoin : un cap délicat
Ceux qui reçoivent le témoin des mains d’un serviteur plus ancien doivent être attentifs et faire preuve d’une grande délicatesse de cœur. Le moment peut être douloureux pour celui qui cède sa place. Ce n’est pas sans raison que Paul laisse percer sa fragilité et souhaite ardemment la présence de Timothée. Seuls ceux qui traversent ces moments peuvent dire la difficulté à accepter complètement des limites nouvelles, l’émotion douloureuse de voir d’autres continuer l’oeuvre de leur vie, avec tout ce qu’elle a coûté de joies et de peines, l’appréhension devant le mystère de leur propre mort. Alors l’exemple de Paul et de Pierre parlant précisément l’un de « sa course achevée », l’autre du « temps de déposer sa tente » devient très riche. Les deux apôtres trouvent les ressources pour dépasser leur propre situation, pourtant difficile. Ils sont capables de voir au-delà d’eux-mêmes, de leur propre vie, pour se préoccuper encore des autres et de la continuation de l’œuvre de Dieu.
Les trois réflexions qui suivent ont été réunies grâce à l’aimable collaboration de « Famille, je t’aime », une association de service née du besoin de répondre efficacement aux problèmes de la famille d’aujourd’hui. Elle se veut partenaire des églises pour œuvrer auprès des familles. Plus d’informations : www.famillejetaime.com
Grands-parents : vous êtes importants
Être grand-parent, quel privilège ! Par la valeur de votre exemple, vous transmettez un message important, à nous et à nos enfants.
Votre rôle est bienfaisant à cause de la richesse de votre vécu. Vous avez été confrontés aux épreuves de la vie, vous les avez traversées avec courage, mais parfois dans la souffrance : le chômage, la maladie, les difficultés familiales. Vous pouvez apporter à la jeune génération soutien et encouragement. Par la valeur de votre exemple, vous transmettez à vos enfants et petits enfants un message vital : celui de la persévérance et de l’espérance. C’est une vraie richesse! Grands-parents, ne vous croyez pas inutiles, votre famille a besoin de vous.
Aujourd’hui, il arrive que les grands-parents habitent loin de leurs petits enfants. Les distances ne doivent pas empêcher de garder le contact. A vous de le créer et de le maintenir en envoyant des courriers ou en téléphonant (même sur « Skype », et à l’aide d’une « webcam » si vous avez découvert ces nouveautés) pour leur montrer votre intérêt pour ce qui les concerne : sport, loisirs, musique, école.
Votre accueil ou vos visites pendant les vacances, en prévoyant un programme adapté, leur fera sentir combien ils ont de la valeur pour vous.
Alors profitez de ce que vous pouvez jouer pleinement votre rôle de grands-parents. Votre amour sans condition va marquer durablement chacun de vos petits enfants ! Ils en ont tellement besoin ! Ces occasions de transmettre votre amour, un vrai un cadeau de Dieu pour eux !
Être un exemple
A Noël, nous étions tous réunis autour de la table : enfants et leurs conjoints, et tous les petits enfants. Nous étions 21 personnes. À un moment donné, alors que nous étions entourés de rires et parfois de pleurs, mon épouse Patricia me dit : « Tout cela à cause de nous ! ». J’ai répondu : « Oui, et même si c’est loin d’être parfait, c’est formidable ! Aujourd’hui il y a dans notre société 19 disciples de Jésus-Christ en plus, et je sais que ce n’est pas encore fini.»
Cela m’a rappelé ce que l’apôtre Paul a dit un jour aux chrétiens de Corinthe : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. » (1 Cor 11.1) Même si je n’ai jamais exprimé ces paroles devant mes enfants ou mes petits enfants, je prie que mon coeur, mon attitude, mes actions et mes paroles les expriment tous les jours de ma vie et leur donnent envie de devenir disciples du Christ !
Quel défi et quelle motivation Dieu nous donne de vivre chaque jour que nous passons sur terre : susciter autour de nous des disciples de Jésus-Christ afin que l’Évangile soit semé jusqu’aux extrémités de la terre… en commençant par notre propre famille !
Arrête de râler
Le dimanche, il prêchait souvent. Il parlait d’un Dieu fidèle, qui prend soin de ses enfants, qui agit avec sagesse et ne se trompe jamais. Mais au quotidien, son fils le voyait se rebiffer au moindre contretemps et se battre rageusement pour faire plier les circonstances à ce qu’il voulait. Pour son fils, il était difficile, dans ces conditions, de laisser la direction de sa vie à un Dieu qui s’ « amuse » ainsi à mettre des bâtons dans les roues. C’est en voyant ultérieurement vivre d’autres hommes qu’il changea sa vision de Dieu et se décida à lui faire confiance.
S’il est un domaine où nos enfants remarquent aisément notre incohérence, c’est bien celui de la confiance en Dieu. Ils oseront lui faire confiance dans la mesure où nous lui ferons confiance. La confiance en Dieu n’est pas une option. Elle est le fondement de notre vie, et donc de notre vocation.
J’ai toujours été frappé par l’apparente dureté des paroles de Jésus lorsque, au beau milieu d’une tempête, il s’adresse à ses douze compagnons costauds, expérimentés, en train de hurler de peur à ses côtés : « Pourquoi avez-vous si peur ? Votre foi est bien petite ! » (Matt 8.26) Non, ils n’avaient pas raison d’avoir peur ! Jésus était là !
Je crois que la confiance s’apprend et se vit avant tout dans le détail de notre quotidien si imprévisible et bousculé. S’engager à accepter les contretemps montrera à nos enfants que Dieu a vraiment autorité sur nos vies.
Les deux disciples les plus connus de l’apôtre Paul sont sans doute Tite et Timothée. Tous les deux sont appelés par l’apôtre « mon véritable enfant dans la foi » (Tite 1.4, 1 Tim 1. 2). Tous les deux étaient de jeunes hommes d’origine grecque (Gal 2.3, Act 16.3) et Paul considérait chacun d’eux comme son « compagnon d’œuvre » (2 Cor 8. 23, Rom 16.21).
Une étude de la vie de Tite
Je me suis demandé de nombreuses fois ce que ce serait d’être à leur place, de voyager avec ce grand apôtre investi de sa mission, de le voir s’expliquer et débattre avec des foules hostiles, d’échanger sur certains des nombreux problèmes d’assemblée ; de l’entendre prier ; de l’entendre parler de ses projets évangéliques et d’expliquer sa stratégie d’édification. N’êtes-vous pas aussi un peu jaloux de ces deux jeunes hommes ? Nous en savons plus au sujet de Timothée qui est mentionné deux fois plus souvent que Tite dans la Parole. Pourtant, en mettant bout à bout la douzaine de fois où Tite est mentionné, nous trouvons un exemple stimulant d’un jeune homme pieux et pragmatique. Ces références à Tite se regroupent autour de cinq situations ou événements distincts sur une période d’environ 13 années.
1. Tite à Jérusalem – Fidèle à ses convictions<
La première fois que nous lisons quelque chose au sujet de Tite, il est en voyage pour Jérusalem en bonne compagnie, celle de Barnabas et Paul (Gal 2.1-5). Ce n’était probablement pas un voyage très heureux, puisqu’un problème sérieux occupait leur esprit. Ces hommes étaient accusés de promouvoir un christianisme très libéral, sans circoncision, dénué de tout le respect dû à la loi et aux traditions juives. Certains érudits associent ce voyage au Conseil de Jérusalem en Actes 15, fixant l’événement autour de 49-50 après J.-C. Aujourd’hui, la plupart des jeunes hommes préféreraient aller skier ou jouer au football plutôt que d’assister à des réunions doctrinales aux débats intenses – on est tenté de laisser les études bibliques sérieuses et les conférences aux retraités, aux frères intellectuels ou excentriques. Tite s’est peut-être demandé si les problèmes du moment valaient la peine d’un si long voyage et d’une telle dépense d’énergie. Pourquoi ne pas simplement faire preuve d’un esprit docile et se conformer à la pression légaliste ? Pourquoi ne pas sacrifier une partie de « la liberté que nous avons dans le Christ Jésus » pour avoir la paix et l’unité ? L’apôtre des nations, pieux et expérimenté, se rendait compte du danger à long terme d’un tel compromis. Nous pouvons presque entendre sa voix sévère quand il dit « pas même un moment, nous ne leur avons cédé par soumission, afin que la vérité de l’Évangile demeure avec vous. » (Gal 2.5) Le jeune Tite a pris position, avec Paul et Barnabas. Il y a environ 500-600 ans, les chrétiens en Europe préféraient être brûlés vivants plutôt que de renier leurs convictions reçues de Dieu. Avons-nous encore quelques convictions bibliques pour lesquelles il vaut la peine de souffrir ?
2. Tite à Corinthe – Fidèle dans son amour pour ses frères chrétiens
Environ cinq ans après, nous trouvons Tite rattaché à l’assemblée chrétienne à Corinthe. Dans sa deuxième lettre à l’église à Corinthe, Paul relate une rencontre avec Tite : « Nous nous sommes encore plus abondamment réjouis de la joie de Tite, parce que son esprit a été apaisé grâce à vous tous. » (2 Cor 7.13) Tite ne faisait pas machinalement son devoir de chrétien à Corinthe, il a ressenti une grande affection (2 Cor 7.15) pour ces frères.
N’oublions pas que l’assemblée à Corinthe était loin de la perfection. Il y avait des tensions entre les frères les plus légalistes (« Moi, je suis de Pierre »), les activistes progressistes (« Moi, je suis de Paul »), les intellectuels (« Moi, je suis d’Apollos ») et ceux qui se sentaient au-dessus des autres (« Moi, je suis de Christ »). Il y avait de l’immoralité parmi certains et une triste indifférence chez la plupart ; des comportements charnels et de la rivalité entre les plus sages. Pourtant Tite les aimait. Ils étaient ses frères. Qu’apportez-vous à la vie d’assemblée ? Contribuez-vous à cette atmosphère lourde et critique ? Êtes-vous un frère difficile à contenter ? Aucun rassemblement de chrétiens ne sera jamais parfait ici sur la terre. Les assemblées doivent constamment chercher à changer pour le meilleur.
Je suis sûr que Tite a joué un rôle clé dans les changements positifs à Corinthe, mais d’une manière heureuse. Pendant que nous voyageons à travers la vie, laissons-nous derrière nous une odeur agréable ou désagréable ? Aimons-nous assez nos frères pour rayonner de chaleur et d’accueil ? Même envers ceux avec qui nous sommes en désaccord ? La vraie communion chaleureuse au sein du peuple de Dieu exige une marche en relation étroite avec Dieu. Tite était devenu une source de consolation pour un apôtre fatigué et affligé (2 Cor 7.5, 6). Si nous aimons vraiment nos frères, le Seigneur pourra également nous employer pour les encourager et les consoler.
>3. Tite en mouvement – Le fidèle administrateur des ressources
Dans le chapitre suivant (2 Cor 8), nous trouvons Tite impliqué dans des questions d’argent. Le projet était de rassembler des dons de différentes assemblées et de les porter aux frères et soeurs dans le besoin en Judée. Nous devons tristement admettre que le coeur humain est enclin à la tromperie, que ce soit en détournant les fonds, en les gaspillant ou en les utilisant pour contrôler les autres. L’apôtre expérimenté avait probablement déjà beaucoup vu de telles anomalies, c’est pourquoi il veillait « à ce qui est honnête, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes » (2 Cor 8.21). L’apôtre a eu besoin de croyants fidèles pour concrétiser son projet de collecte.
On a toujours grand besoin d’hommes et de femmes administrativement honnêtes et fidèles aujourd’hui. Il y a un manque inquiétant de telles personnes dans la plupart des champs de missions. Êtes-vous digne de confiance ? Votre comportement passé inspire-t-il la confiance ? Aucune équipe de chrétiens ne fonctionne bien avec des frères sur qui on ne peut pas compter. Tite et les autres choisis pour ce travail sensible ont été des hommes disciplinés et transparents. Leur honnêteté et leur sérieux ont été prouvés par un comportement constant dans le temps (2 Cor 8.22). Si vous viviez à cette époque, est-ce que ceux qui vous connaissent auraient proposé votre nom pour un travail si sensible ? Est-ce que les autres peuvent dépendre de nous ? Finissons-nous ce que nous commençons ? Notre vie a-t-elle montré notre engagement pour la cause de Christ ?
À chacun de nous, le Seigneur a confié du temps, de l’énergie et quelques possessions matérielles. À certains, il a également confié des enfants, un travail, un ministère, etc. Sommes-nous trouvés fidèles ? Les paroles de notre Seigneur Jésus sont toujours vraies aujourd’hui : « Celui qui est fidèle dans ce qui est très petit, est fidèle aussi dans ce qui est grand ; et celui qui est injuste dans ce qui est très petit, est injuste aussi dans ce qui est grand. » (Luc 16.10)
4. Tite en Crète – Fidèle pour mener à bien une mission difficile
Tite travaillait avec Paul sur l’île de Crète. Les croyants se réunissaient maintenant dans un certain nombre de villes sur l’île. Nous pouvons imaginer qu’il y avait là beaucoup de vie et d’enthousiasme, mais il y avait également beaucoup de défaillances. Autour de l’année 62 après J.-C., à un point critique dans le travail, l’apôtre quitte l’île mais Tite reste. Peu après, l’apôtre écrit : « Je t’ai laissé en Crète dans ce but, que tu mettes en bon ordre les choses qui restent [à régler], et que, dans chaque ville, tu établisses des anciens. » (Tite 1.5) Ce n’était pas une tâche facile. L’état moral de l’île était décadent : « Les Crétois sont toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux. » (Tite 1.12) Certains se sont opposés au message (Tite 1.9). Parmi les nombreux nouveaux croyants, il y en avait probablement de plus expérimentés. Certains Crétois avaient pris part au jour particulier de la Pentecôte (Actes 2.11). À compter de ce jour, ces frères pouvaient revendiquer presque 30 ans de tradition et pouvaient s’opposer à Tite en lui disant : « Nous avons toujours fait comme ceci.» Parmi les frères en Crète, nous trouvons de vains discoureurs insubordonnés, des séducteurs, et les légalistes obnubilés par la circoncision (Tite 1.10). Certains se plaisaient dans les contestations et les disputes (Tite 3.9), tandis que d’autres étaient animés d’un esprit sectaires (Tite 3.10). Je suis sûr que le service d’amour fidèle de Tite à Corinthe a été employé par Dieu pour préparer ce jeune homme à ce nouveau défi.
Peut-être vivez-vous une situation difficile en ce moment. Les situations difficiles ne durent pas à toujours. La tension et la douleur sont employées par le Seigneur pour former et faire mûrir ses serviteurs. Comment apprendrions-nous la persévérance autrement ? Dans ses mains, les déceptions et les larmes peuvent être employées pour réduire le fossé entre ce que nous professons et ce que nous vivons (Tite 1.16). L’autorité apostolique avait été déléguée à Tite pour cette tâche. Aujourd’hui notre base est l’autorité des Écritures. Mais la vie conséquente et fidèle de Tite était une source d’inspiration pour d’autres en Crète. L’autorité morale n’est pas déléguée et elle ne peut pas être imposée ou exigée. Elle doit être méritée : « Te montrant toi-même en toutes choses un modèle de bonnes oeuvres, [faisant preuve] dans l’enseignement, de pureté de doctrine, de gravité » (Tite 2.7,8). Notre mode de vie devrait « faire honorer en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur » (Tite 2.10). Sommes-nous à la hauteur ? Est-ce que la joie que nous procure notre style de vie chrétienne inspire les autres ? C’est la meilleure façon de montrer l’exemple.
5. Tite en Dalmatie – Fidèle quand il est seul
Nous trouvons la dernière référence à Tite en 2 Tim 4. 10. C’est la dernière lettre de l’apôtre Paul. Comme parfois dans les paroles de serviteurs vieillissants, nous y trouvons de tristes accents de solitude : « Tous ceux qui sont en Asie se sont détournés de moi. » (2 Tim 1.15) « Dans ma première défense, personne n’a été avec moi, mais tous m’ont abandonné. » (2 Tim 4.16) Au fur et à mesure que l’âge et l’infirmité limitent la joie que procure un service actif, le croyant pieux apprend de plus en plus à comprendre et à apprécier le Seigneur lui-même. « Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié. » (2 Tim 4.17).
L’apôtre a réfléchi à ses années de ministère et de sacrifices. Il en conclut : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. » (2 Tim 4.7) Il attend maintenant avec intérêt cette couronne de justice (2 Tim 4.8). Mais il a également quelques derniers conseils pour ses plus jeunes compagnons d’oeuvre : « Sois sobre en toutes choses, endure les souffrances (…) accomplis pleinement ton service. » (2 Tim 4.5) Achève fidèlement ton service ; mène-le à bonne fin.
La pensée de l’apôtre se tourne alors vers certains compagnons d’oeuvre spécifiques : « Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle ; et il s’en est allé à Thessalonique. » (2 Tim 4.10) Qu’est-ce qui a attiré Démas à Thessalonique ? Une vie d’alcoolique et de drogué ? Un mode de vie immoral ? Ou était-il simplement absorbé par un bon emploi séculier, stimulant, et financièrement stable ? Cela ne nous est pas dit.
Et Tite ? Le verset continue : « Crescens en Galatie, Tite en Dalmatie » (2 Tim 4.10). Tite entrait maintenant dans une nouvelle étape de sa vie. S’il avait un peu plus de 20 ans quand il avait commencé ses voyages avec Paul, il arrivait maintenant à la fin de la trentaine. Une décennie et demie à travailler dans l’ombre du grand apôtre touchait à sa fin. Remerciez le Seigneur de ce qu’il vous ait donné des parents chrétiens, mais le jour viendra où il vous faudra vivre votre foi sans eux. Remerciez le Seigneur pour les hommes et les femmes pieux qui nous conseillent et nous encouragent et qui nous disent « c’est bien ». Mais ils partiront également. Sommes-nous prêts à nous tenir seuls ? Sommes- nous prêts à continuer à marcher sans leur appui et leur vigilance ? D’après ce que nous savons, Tite a été fidèle jusqu’à la fin.
Des traces à suivre
La fréquentation, même brève, de croyants utiles et enthousiastes comme Tite stimule notre manière de vivre et nos priorités. Tite a suivi l’exemple et les recommandations de l’apôtre, afin que les croyants apprennent eux aussi à être les premiers dans les bonnes œuvres et qu’ils ne soient pas sans fruit (Tite 3. 13). Tite a laissé de bonnes traces à suivre.
En matière de service chrétien, on s’est souvent posé la question de savoir s’il suffit d’être appelé de Dieu, ou s’il faut en plus suivre une formation, un enseignement spécifique pour être un parfait ministre de Dieu. La question de la vocation et de la formation dans la transmission des valeurs est alors posée. Le débat est parfois enflammé d’une passion débordante. Aussi faut-il réfléchir sérieusement sur les déclarations de la Parole de Dieu pour comprendre que la vocation et l’enseignement se donnent bel et bien rendez-vous sur le terrain de la transmission des valeurs.
La formation est indissociable de l’appel
Plusieurs passages bibliques montrent que Dieu ne se préoccupe pas seulement d’appeler ses serviteurs, mais qu’il a aussi le souci de leur formation pour un bon accomplissement de son œuvre. Ainsi, après avoir appelé son peuple d’Israël, il lui donne des instructions sur la manière dont ce dernier devra le servir (depuis l’appel d’Abraham en Genèse 12 jusqu’au livre du Deutéronome). Il donne aussi des instructions sur la façon de transmettre ces valeurs aux générations futures (Deut 6.6-9, Ps 78.3-8).
Plusieurs versets sont bel et bien évocateurs du rendez-vous de la vocation et de la formation. Aux parents, il est dit : « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre. » (Pr 22.6) Le Seigneur Jésus déclare : « Faites de toutes les nations des disciples (vocation) … et enseignez-leur à observer (formation) tout ce que je vous ai prescrit » (Mat 28.19-20) C’est ainsi que l’apôtre Paul à son tour enjoint à son enfant légitime dans la foi : « Ce que tu as reçu de moi (formation), confie-le (transmission) à des hommes fidèles (vocation) qui soient capables d’enseigner (formation) à d’autres (vocation). » (2 Tim 2.2) Dans la vie de l’apôtre Paul, ce rendez-vous de l’appel et de l’enseignement était bien exposé à Ananias : « Va, cet homme est un instrument que j’ai choisi (vocation)… et je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom (formation). » (Act 9.15-16) Il n’y a pas que les déclarations bibliques ; on trouve aussi des exemples bibliques qui montrent clairement le rendez-vous entre l’appel et l’enseignement.
Les exemples bibliques
Caïn et Abel étaient appelés à vivre côte à côte dans la maison de leurs parents Adam et Eve, et ils ont probablement été enseignés au sujet de l’offrande sanglante que le péché originel avait rendue nécessaire (Gen 3.21). Cela pourrait expliquer pourquoi l’un a obéi et a trouvé l’approbation de Dieu, alors que l’autre a présenté l’offrande selon sa justice propre et a reçu la désapprobation de Dieu (Gen 4).
Dieu ayant appelé Noé, lui enseigna comment il fallait construire l’arche afin que sa famille soit sauvée (Gen 6.13-22 ; Héb 11.7).
Dieu appela Moïse et le plaça à son école pendant 40 ans en Madian ; plus tard, lorsque Moïse commença à exécuter sa mission, Dieu le remit à l’école non seulement pour lui transmettre la loi, afin que celle-ci soit enseignée au peuple d’Israël, mais aussi pour lui révéler le modèle du tabernacle. Dieu conclut en disant : « Regarde, et fais d’après le modèle qui t’est montré sur la montagne. »
Dans la ligne de ce ministère, Josué sera appelé à son tour et enseigné par Moïse pour lui servir de successeur.
Chez les prophètes, on trouve la même règle. Le jeune homme est appelé par Dieu, et après il se met à l’école de l’aîné ; il y a l’exemple de Samuel et d’Éli (1 Sam 3.1), et celui d’Élisée et d’Élie (1 Rois 19.16,19-21), pour ne citer que quelques-uns.
Lorsqu’on arrive au N.T., on trouve Jean-Baptiste et l’apôtre Paul qui, une fois appelés par Dieu, sont formés dans un endroit à part à l’école du Saint-Esprit. Les autres apôtres, eux, sont formés à l’école de Jésus-Christ pendant trois ans (Marc 3.13-15).
Dans les Actes, une bonne armée d’appelés du Seigneur sont formés par les apôtres Paul et Barnabas, tandis qu’Aquilas et Priscille enseigneront Apollos (Act 18.24-26).
A partir des ces exemples, il est clair qu’une personne appelée par Dieu à son service ne peut pas se passer de l’enseignement, car l’instruction apparaît comme la courroie de transmission des valeurs. Il est vrai qu’il est souvent discuté de la forme que doit prendre la formation, mais il est certain que l’enseignement suit normalement un appel qui vient de Dieu.
Il y a diversité de formations
En réalité, il n’y a pas de formule exclusive s’il faut s’en tenir aux dispositions de la Parole de Dieu. Un homme appelé par Dieu à son service devrait se soumettre au type de formation que Dieu veut pour lui. Il ne faut donc pas négliger de se mettre à l’écoute attentive du Saint-Esprit, qui saura conduire les uns et les autres selon diverses formules.
La Parole n’exclut pas l’apprentissage de l’autodidacte, absorbé par une étude personnelle des Saintes Ecritures, sous la conduite du Saint-Esprit, mais recourant aussi aux livres que d’autres ont écrits. Le Saint-Esprit peut même conduire le croyant dans une solitude éprouvante, où celui-ci sera plus fortement incliné à une méditation profonde des Saintes Ecritures. Ce fut le cas de Jean-Baptiste et de Paul. Il y a aussi la formule du tutorat où la personne appelée se met sous l’autorité d’une autre personne expérimentée. Les exemples abondent : Moïse et Josué, Paul et Timothée, Paul et Tite, Aquilas et Priscille (ou Prisca) à l’égard d’Apollos, et d’autres.
On trouve encore la formule de l’école dans l’Ancien Testament : l’une regroupait des prophètes (2 Rois 6.1-6). Dans le N.T. l’apôtre Paul en dirigea une qui devint fameuse dans toute la province d’Éphèse (Act 19.8-10). La formule que peut prendre l’enseignement pour transmettre les valeurs divines à un homme appelé de Dieu est un domaine où il faut éviter l’esprit dogmatique. Tout dépend de Dieu lui-même qui est capable d’agir selon la connaissance qu’il a de l’individu et selon le but qu’il veut atteindre avec lui. Ainsi a-t-il conduit Israël dans un long chemin tant que son peuple n’était pas mûr pour la bataille et pour la conquête du pays promis (Ex 13.17).
Laissons donc Dieu nous équiper en vue du service qu’il nous destine : la patience que requiert une formation soignée n’est jamais du temps perdu !
L’Église manque grandement de responsables qualifiés et préparés à exercer divers ministères. Une des tâches des anciens de l’église locale est de discerner de futurs responsables dans le but de les former.
Moïse et Jéthro
Jéthro avait observé l’épuisement de son beau-fils Moïse dans sa tâche de chef du peuple, et il lui fit part de ses conseils (Ex 18.13-27). Cette portion de l’Écriture est pleine de leçons pratiques pour nous aujourd’hui :
Jésus et ses disciples
Jésus, modèle de « berger » parfait, avait choisi et formé ses disciples (Marc 3.13-14 ; Luc 6.12-16). Il était le formateur par excellence. Suivons-le dans le choix et la formation de responsables :
Il prie pour eux : avant de les choisir (Luc 6.12-16), pour qu’ils soient gardés de tomber dans les tentations (Luc 22.32), pour leur protection (Jean 17.11-12), pour leur sanctification (Jean 17.17), pour leur unité (Jean 17.11, 21-22) et pour leur croissance dans la connaissance de Dieu (Jean 17.24, 26) ;
Les apôtres et la formation des conducteurs
A l’instar de leur Maître, les apôtres ont procédé de la même façon.
Ainsi, Paul discernait des frères capables et qualifiés moralement, puis les formait. Cette stratégie apparaît clairement dans la recommandation que Paul fit à Timothée au sujet d’une œuvre qui touchait quatre générations : Paul, Timothée, ceux que Timothée devait former, et la génération qui suivait ces derniers :
« Ce que tu (2ème génération) as entendu de moi (1ère génération), en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes (3ème génération) fidèles qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres (4ème génération). » (2 Tim 2.2)
Qualifications des anciens et des diacres
Les anciens, et dans une certaine mesure les diacres, assument des responsabilités, prennent des décisions, portent des fardeaux, répondent de tout cela devant Dieu (Héb 13.17) et devant ceux qui leur demandent raison de leurs actes et de leurs paroles (1 Pi 3.15). Leur formation se déroule sur divers plans: spirituel, moral, social, humain.
Nous trouvons la description de leurs différentes qualités dans 1 Tim 3.1-7 ; 2 Tim 2.2-3, 24-25 ; Tite 1.5-91 ; 1 Pi 5.1-3 et Héb 13.17.
Leurs qualifications spirituelles
– Leur amour pour le Seigneur (Mat 22.37-38) ,
– Leur amour pour la Parole de Dieu (Ps 119, 1 Tim 4.6). Il est nécessaire de la méditer, l’étudier, se laisser imprégner par elle et lui obéir,
– Leur fidélité et leur attachement à Dieu et à sa Parole (Jean 15.4-5) ,
– Leur vie de prière et de communion avec le Seigneur (1 Thes 5.17) ,
– Leur foi et leur confiance en Dieu (Héb 11.6) ,
– Leur stabilité doctrinale (1 Tim 3.9) ,
– Leur vigilance (Act 20.28) : nos trois ennemis sont le diable, le monde et la chair. Il faut rester constamment vigilant,
– Leur aptitude à la souffrance (2 Tim 2.3).
Leurs qualifications morales
Elles doivent apparaître dans la marche de chacun d’eux avec le Seigneur, dans leur vie par l’Esprit . L’ancien ou le diacre est :
– irréprochable (1 Tim 3.2 ; Tite 1.7),
– sobre (aussi sur le plan psychologique : ne pas se laisser entraîner par des idées, des émotions extrêmes ; stable) (1 Tim 3.2),
– modéré, sensé (prudent dans ses agissements, ne jugeant pas hâtivement) (1 Tim 3.2),
– réglé dans sa conduite (1 Tim 3.2),
– pas adonné au vin (1 Tim 3.3),
– pas violent (1 Tim 3.3),
– indulgent (sachant céder, équitable) (1 Tim 3.3),
– pacifique (1 Tim 3.3),
– désintéressé (1 Tim 3.3),
– humble (pas enflé d’orgueil) (1 Tim 3.6),
– pas arrogant (Tite 1.7),
– pas coléreux (Tite 1.7),
– honnête (1 Tim 3.4),
– ami des gens de bien (Tite 1.8),
– juste (Tite 1.8),
– maître de soi, tempérant (Tite 1.8),
– affable envers tous (2 Tim 2.24-25),
– patient (2 Tim 2.24-25).
Leurs qualifications familiales
– mari d’une seule femme (fidèle à sa femme, par contraste avec la polygamie) (1 Tim 3.2 ; Tite 1.6),
– dirigeant bien sa propre maison (1 Tim 3.4),
– offrant un foyer hospitalier (1 Tim 3.2),
– tenant ses enfants dans la soumission avec une parfaite dignité (honnêteté) (1 Tim 3.4),
– ayant des enfants fidèles, ni débauchés, ni rebelles (Tite 1.6).
Leurs qualifications sociales
– ayant une bonne réputation auprès des non-chrétiens (1 Tim 3.7),
– irréprochable (face à la loi civile, morale, et par rapport aux normes courantes du comportement) (1 Tim 3.2 ; Tite 1.7).
? Les qualifications additionnelles propres au ministère d’ancien
– capable d’enseigner (1 Tim 3.),
– capable d’exhorter (Tite 1.9),
– capable de réfuter les contradicteurs (Tite 1.9),
– capable de redresser avec douceur les adversaires (2 Tim 2.25),
– capable de servir de bon gré (1 Pi 5.2).
Leurs qualités humaines à tous (anciens, diacres, et responsables de divers services)
La liste ci-dessous, sans être exhaustive, en indique quelques-unes. Nous n’avons pas cherché de passages bibliques à l’appui. Nous pensons simplement que ces compétences seraient souhaitables et que l’on peut les acquérir, mais sans forcément les posséder toutes. Cette liste pourra simplement ouvrir quelques pistes de réflexion. Un responsable :
– a le sens de ses responsabilités et les assume jusqu’au bout,
– est fiable, crédible, un homme (une femme) de parole,
– jouit d’une autorité reconnue : sans s’imposer, il est pris au sérieux à cause de sa compétence, de sa personnalité et de son statut, mais surtout parce qu’il est un modèle,
– est endurant et persévérant,
– est discret,
– est créatif,
– gère bien son temps,
– est capable de se mettre à la place de l’autre (empathie) en discernant et en comprenant les besoins fondamentaux de ses équipiers,
– est enthousiaste tout en restant équilibré,
– est capable de communiquer,
– … de motiver ses collaborateurs,
– … d’organiser (concevoir des programmes, planifier, déléguer, contrôler, etc.),
– … de déléguer des responsabilités,
– … de travailler en équipe.
Encore quelques points de repère
Comme il faut s’assurer que le troupeau soit nourri, protégé, restauré collectivement (prédications, études, exhortation, édification, etc), et individuellement (visites, cure d’âme, instruction, exhortation, etc), dans le cas de futurs anciens, le soin apporté au choix du responsable est primordial.
Le ministère d’ancien s’exerce dans la collégialité et l’aptitude de celui-ci à travailler en équipe est indispensable. Ce ministère exige du temps, de l’énergie, une préparation personnelle, parce qu’il implique une formation continue d’une part, et une disponibilité envers les collaborateurs et le troupeau.
L’épouse joue un rôle primordial. Son foyer est ouvert. Elle s’engage de tout son cœur avec son mari pour partager ce fardeau.
La gestion des affaires du peuple de Dieu, l’Église, Corps de Christ, est une grande et noble tâche. C’est aussi un honneur de pouvoir accomplir un ministère d’ancien (1 Tim 3.1), mais quelle que soit notre fonction, nous sommes exhortés à marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards (Col 1.10).
L’accompagnement du formateur
Prenant comme modèle Jésus, le formateur passe du temps avec le responsable pour l’instruire, le suivre, en évaluant son travail. Il lui confie des responsabilités en lui montrant comment il doit affronter sa nouvelle tâche. Il fixe un cahier des charges et un programme, d’entente avec lui. Il contrôle et corrige si nécessaire ses tâches. Il lui donne les moyens nécessaires pour se former (cours bibliques, séminaires, éléments bibliques pour la relation d’aide, éléments bibliques pour la communication, ouvrages, brochures, documents, etc).
Mot de la fin
Former des responsables, c’est préparer l’avenir de l’Église. Cette démarche est biblique et ne s’improvise pas. Jésus l’a fait, Paul a suivi ses traces, et l’église locale qui néglige cette formation perdra une génération précieuse de responsables. C’est aussi un ordre que nous donne la Parole de Dieu avec insistance (2 Tim 2.22). Que Dieu nous fasse la grâce de nous occuper de la relève, de la jeune génération qui attend notre main tendue pour la former de façon biblique. Que Dieu suscite une nouvelle génération d’hommes de Dieu pour diriger l’Église de demain. Levons-nous et construisons avec elle.
« Et ces paroles, que je te commande aujourd’hui, seront sur ton coeur. Tu les inculqueras à tes fils, et tu en parleras, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras; et tu les lieras comme un signe sur ta main, et elles seront comme des fronteaux entre tes yeux, et tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. » (Deut 6.6-9)
« Et vous, pères, ne provoquez pas vos enfants, mais élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur. » (Éph 6.4)
« Ne désertons pas nos assemblées, comme quelques-uns ont l’habitude de le faire. » (Héb 10.25)
« Mais si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’assemblée de Dieu ? » (1 Tim 3.5)
Ce verset de 1 Timothée 3.5 s’applique aux surveillants (responsables) de l’église. Un homme qui n’aurait pas enseigné la Bible à ses enfants ne peut pas espérer transmettre la vérité biblique à la génération suivante de l’église. Notons toutefois qu’enseigner ses enfants ne signifie pas qu’ils deviendront obligatoirement des chrétiens engagés : chacun reste libre de ses choix.
Que signifie « élever ses enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » ? C’est probablement la communication patiente de ce que Dieu nous a révélé sur lui-même dans la Bible : ses traits de caractère, ses attributs, ses dons, et aussi ses exigences. La notion « d’avertissement du Seigneur » donne de la solennité à cet enseignement. Car, si on le refuse ou l’on s’en détourne, la perte sera grave.
Un élément important favorise grandement l’acceptation de cet enseignement et sa mise en pratique réussie : l’authenticité. Les enfants voient très vite si les choses enseignées sont chères au cœur de leurs parents. La transmission de la Parole de Dieu d’une génération à l’autre était déjà la mission spéciale des parents israélites. Les indications données en Deutéronome 6 sont précieuses. Le verset 6 insiste sur la nécessité de l’authenticité. Si nous ne sommes pas convaincus, que pouvons-nous enseigner ?
Le verset 7 nous parle de la régularité et de la constance de cet enseignement. Il est vrai que notre civilisation ne nous laisse pas la liberté de passer tout le jour avec nos enfants, mais je crois qu’il y a une grande bénédiction dans la lecture quotidienne de la Bible en famille. On peut commencer de très bonne heure avec une Bible pour enfants, en expliquant très simplement les passages qui leur sont accessibles (l’usage d’une Bible pour enfants ne nous dispense pas de connaître nous-mêmes la version intégrale, pour juger du bien-fondé de certains raccourcis). Ces tête-à-tête avec nos enfants sont le moyen de leur apprendre à aimer et à respecter la Parole de Dieu. Souvenons-nous toutefois que l’effet de cet enseignement ne dépend pas de sa longueur : la qualité compte bien davantage.
Quant à l’application actuelle du verset 9, pourquoi ne pas y voir un encouragement à mettre en évidence, à la vue de tous, quelques passages de l’Écriture ? Ce sera une manière de montrer à des hôtes de passage ce qui est important pour nous, en même temps qu’un rappel utile à notre égard. Au reste, l’hospitalité et les contacts entre chrétiens sont aussi des composantes importantes de notre vie de foi, et participent à la formation des enfants. C’est pourquoi l’auteur de l’épître aux Hébreux nous enjoint de ne pas l’oublier (Héb 13.2). D’abord les enfants verront quels sont les contacts qui comptent pour leurs parents. Ensuite, ils découvriront des points de vue un peu différents des leurs et de ceux de leurs parents. Surtout, ils échangeront avec des jeunes de leur âge, en toute liberté. Car ne nous faisons pas d’illusions : à défaut d’amis chrétiens, ils s’en chercheront dans le monde !
Enfin, l’enseignement d’Hébreux 10.25 sur l’importance des rencontres de l’église concerne tout le monde, y compris les enfants. Quelle bénédiction de se rendre en famille aux réunions ! Les plus petits y acquerront de saines habitudes (par exemple, la régularité) et comprendront le sérieux de la présence de Dieu. Pour leur rendre ces moments vraiment bienfaisants, le prédicateur devrait s’adapter à eux, et occasionnellement leur réserver une part de son message. La tendance actuelle à séparer les tranches d’âges (clubs pour enfants et pour adolescents, réunions pour les jeunes, pour les parents…) procède d’un souci d’efficacité qui a sa place, pour autant qu’il ne remplace pas les réunions de l’église où toutes les générations se côtoient… parce qu’elles y sont présentes !
Si nos enfants sont ainsi instruits des choses de Dieu, le salut en Jésus-Christ leur sera clairement révélé, et s’ils intègrent de plein gré la famille de Dieu, ils éviteront bien des pièges du diable, pour former plus tard une nouvelle génération utile dans l’assemblée.
En principe, les aînés peuvent s’adresser à chaque génération. Mais ils ont parfois la prétention de donner des leçons aux plus jeunes dans un esprit critique ou paternaliste (« on a fait des expériences… quand nous étions jeunes, ce n’était pas la même chose », etc.)
Les expériences faites par les aînés ne profitent pas toujours aux jeunes, car les conditions ont beaucoup évolué. Que faire alors ? Prendre les nombreux exemples de la Parole et les appliquer à notre temps. Ils répondent à chaque situation. Voici quelques exemples tirés de l’expérience de croyants âgés :
1. Jacob, en bénissant ses deux petits-enfants à la fin de sa vie, fait preuve de discernement spirituel. Il croise les bras pour bénir de sa main droite le plus jeune, contrairement à la coutume, et dit : « Que le Dieu devant la face duquel ont marché mes pères, Abraham et Isaac, le Dieu qui a été mon berger depuis que je suis jusqu’à ce jour, l’Ange qui m’a délivré de tout mal, bénisse ces jeunes hommes. » (Gen 48.15-16) Malgré ses expériences fâcheuses, Jacob a appris quelque chose durant sa vie : l’Éternel a été pour lui un berger, il le sera pour ses petits-enfants.
2. David, en remettant le royaume à Salomon, se tourne vers lui et lui dit : « Et toi, Salomon, mon fils, connais le Dieu de ton père, et sers-le avec un cœur parfait et avec une âme qui y prenne plaisir. » (1 Chr 28.9) C’est comme si David disait : l’Éternel est mon Dieu personnel, il est comme un père pour moi. J’ai pu me confier en lui ; il est aussi ton Dieu, et il te sera comme un père.
3. Paul, sachant qu’il arrivait au terme de sa vie, écrit à Timothée, son enfant spirituel : « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l’enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus. » (2 Tim 3.14-15) Les jeunes peuvent apprendre l’enseignement des Écritures de la part de leurs parents et aussi d’autres croyants.
4. Pierre reconnaît qu’il est ancien parmi d’autres anciens dans l’assemblée (1 Pi 5.1). Il voit cette assemblée comme étant le troupeau du Seigneur et exhorte les anciens : « Paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau » (1 Pi 5.2, 3). « Paissez » : la responsabilité des anciens et de donner la nourriture nécessaire au troupeau. Est-ce que mon attitude me rend digne de cette fonction ?
5. Samuel a passé le témoin aux jeunes avec des mains propres : « Me voici, témoignez contre moi, devant l’Éternel et devant son oint. De qui ai-je pris le bœuf ? ou de qui ai-je pris l’âne ? ou à qui ai-je fait tort ? à qui ai-je fait violence ? ou de la main de qui ai-je pris un présent pour que par lui j’eusse fermé mes yeux ? Et je vous le rendrai. » (1 Sam 12.3) Paul avait aussi les mains propres quand il prend congé des anciens d’Éphèse : « Je n’ai rien caché des choses qui étaient profitables », leur dit-il (Act 20.20). Par contre, le roi David, à la fin de sa vie, doit reconnaître ses manquements envers sa famille : « Quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu, cependant il a établi avec moi une alliance éternelle, à tous égards bien ordonnée et assurée, car c’est là tout mon salut et tout mon plaisir, quoiqu’il ne la fasse pas germer. » (2 Sam. 23.5) N’ayons pas honte de reconnaître nos fautes devant la génération suivante, mais en soulignant, comme David, la fidélité de Dieu.
Un mot à ma génération
agissons avec la sagesse que conseille la Parole, ne faisons pas étalage de nos connaissances, n’assénons pas des exhortations en gonflant notre expérience. La sagesse, c’est de remettre la nouvelle génération aux soins du Seigneur. Que les jeunes ne se laissent pas décourager par les erreurs de leurs aînés, mais qu’ils mettent à profit ce qu’ils ont reçu de la Parole, de leurs aînés et de leurs parents.
Messieurs, votre mission est essentielle. Ne sous-estimez pas l’influence que vous exercez sur votre entourage, votre couple et vos enfants. C’est généralement lorsqu’un fils est parvenu à l’âge adulte que se manifeste le plein effet de l’implication paternelle dans son éducation, dans sa formation intellectuelle, psychologique et spirituelle. C’est également par opposition à des familles dont le père est absent que l’on peut affirmer la nécessité d’une implication profonde de l’autorité masculine comme condition d’une éducation réussie.
La conception d’un enfant nécessite la définition préalable d’un projet de vie avec les étapes qu’il comporte (croissance, maturité et indépendance). La vocation des parents est de transmettre un ensemble de valeurs instrumentales, à savoir des « outils » lui permettant de parvenir à l’existence à laquelle il aspirera (capacité d’amour, de fidélité, de persévérance, d’intégrité…). Il ne s’agit pas de définir pour l’enfant le but ultime de sa vie, mais au contraire de lui fournir les moyens d’élaborer son propre projet et d’y parvenir.
Quelles sont les implications d’un tel rôle ?
1) la prise en compte de la nécessité d’une transmission de certaines valeurs d’une génération à l’autre. Mais où trouver ces valeurs si elles ne nous ont pas été transmises par la génération précédente ? Un retour aux bases bibliques permet de combler ces lacunes et de s’inscrire dans la continuité de la transmission des valeurs, et du contenu de la foi chrétienne.
2) la conduite par la main, c’est à dire l’introduction dans une réalité concrète que l’enfant puisse assimiler ; c’est probablement le point le plus délicat à mettre en œuvre, car ce concept implique la présence physique du père. Il s’agit d’un investissement de temps, d’efforts et de créativité pour fournir à son fils une attention de qualité.
3) Le rappel constant que le but ultime de l’éducation est la responsabilité et la liberté de l’enfant. La métaphore des « racines et des ailes » résume l’objectif apparemment paradoxal que visent les parents pour leurs enfants.
4) La fidélité. Les valeurs associées à la présence du père sont la stabilité, la fidélité et la confiance qu’il inspire à l’enfant. La fidélité, manifestée par un père dans ses engagements, est une de ces valeurs qui ne s’enseignent que par l’exemple.
5) La sphère familiale est l’endroit d’apprentissage idéal du pardon comme mécanisme libérateur de la rancune et de l’amertume. Le pardon expérimenté au sein du couple et/ou dans la relation parents-enfants est une des leçons les plus marquantes pour un adulte en devenir. De plus, la capacité à pardonner se répercutera directement et positivement sur ses futures relations conjugales.
Messieurs, votre mission est essentielle. Ne sous-estimez pas l’influence que vous exercez sur votre entourage, votre couple et vos enfants. Le retour sur investissement de votre engagement est suffisamment élevé pour que vous y consacriez votre temps et votre énergie. Ce que vos enfants réclament le plus, c’est votre présence.
« Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur; et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est facile à porter et mon fardeau est léger. » Matt 11.28-30
Que de gens fatigués dans notre monde ! Les serviteurs de Dieu eux aussi sont fatigués. Fatigue liée à la condition humaine, mais aussi fatigue due aux circonstances et aux autres. Le Seigneur connaît ces fardeaux et nous indique trois étapes pour le servir efficacement sans succomber à la fatigue et au découragement
1) Venez à moi
Le Seigneur des seigneurs nous demande de venir à lui avec nos fatigues, nos charges, nos soucis, nos échecs, notre stress. Son invitation ne comporte pas de restrictions : « Vous tous ». Il l’accompagne d’une promesse que chacun peut expérimenter, quelles que soient les circonstances : « Je vous donnerai du repos… Vous trouverez le repos de vos âmes. »
2) Prenez mon joug sur vous
Le repos promis n’est pas un état d’inactivité, mais un service entrepris sous un joug nouveau, celui du Seigneur. Bien entendu, nous sommes tenus d’aller là où il va, et à son pas. Mais il est avec nous, nous sommes avec lui…
Prendre le joug, c’est ne pas reprendre les fardeaux que nous lui avons confiés ou « ressasser » nos difficultés, pensant mieux les résoudre de cette manière. Et si le travail nous donne de la fatigue, n’y ajoutons pas nos craintes, nos doutes et nos erreurs. Nous ne sommes pas responsables des circonstances extérieures, mais de la manière dont nous les vivons.
Le Seigneur ne confie jamais aux siens des tâches au-dessus de leurs forces. Il ne forme pas des disciples pour les exténuer ensuite ! Et puis, devrions-nous nous soucier du poids de la charge puisque qu’il la porte avec nous ?
3) Apprenez de moi
En prenant le joug, nous nous mettons à l’école du Seigneur. C’est un véritable privilège d’apprendre de lui, de l’écouter. « Comme il parlait avec moi, je repris des forces », constate Daniel (Dan 10.19).
Si nous restons attachés au joug, nous découvrirons que la charge que le Seigneur nous confie est plus légère parce qu’il la porte avec nous, et que la voie qu’il nous trace est la plus sûre, parce qu’il marche avec nous.
La vie chrétienne est une course dont le départ est la Croix. Cependant, il ne s’agit pas d’une série de sprints où l’on se contente d’atteindre des buts à court terme. C’est bien plutôt un mélange de marathon et de course de relais.
Un marathon parce que c’est une course de fond qui demande de la patience, de la persévérance, de l’endurance, à la grande différence que l’on n’arrive pas, spirituellement parlant, exténué ou même à l’agonie comme ce messager grec qui courut jusqu’à l’Aréopage d’Athènes au prix de sa vie. C’est la vie éternelle qui se trouve par-delà la ligne d’arrivée, et les forces nécessaires sont données à ceux qui comptent sur Dieu (Es 40.31). Qu’il est beau de voir des chrétiens courir sans s’arrêter, poursuivre sans se lasser, malgré le poids des ans (2 Cor 4.16), et achever ainsi la course (2 Tim 4.7).
À la faveur de leur fidèle engagement, le témoin peut-être transmis à d’autres pour que l’étendard de la foi continue à flotter à la vue de tous. Il y a donc deux courses en une. Celle de chaque croyant, en étroite relation avec son Seigneur, et celle de l’Église au travers des temps.
Comme les Saintes Écritures nous l’enseignent, nous ne devons pas perdre de vue ces deux aspects de notre parcours terrestre afin d’être de bons relayeurs de la foi, engagés dans la course qui est devant nous et que d’autres poursuivront jusqu’au retour de Jésus-Christ – pour qui et vers qui nous courrons avec patience.
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