PROMESSES
Messieurs, votre mission est essentielle. Ne sous-estimez pas l’influence que vous exercez sur votre entourage, votre couple et vos enfants. C’est généralement lorsqu’un fils est parvenu à l’âge adulte que se manifeste le plein effet de l’implication paternelle dans son éducation, dans sa formation intellectuelle, psychologique et spirituelle. C’est également par opposition à des familles dont le père est absent que l’on peut affirmer la nécessité d’une implication profonde de l’autorité masculine comme condition d’une éducation réussie.
La conception d’un enfant nécessite la définition préalable d’un projet de vie avec les étapes qu’il comporte (croissance, maturité et indépendance). La vocation des parents est de transmettre un ensemble de valeurs instrumentales, à savoir des « outils » lui permettant de parvenir à l’existence à laquelle il aspirera (capacité d’amour, de fidélité, de persévérance, d’intégrité…). Il ne s’agit pas de définir pour l’enfant le but ultime de sa vie, mais au contraire de lui fournir les moyens d’élaborer son propre projet et d’y parvenir.
Quelles sont les implications d’un tel rôle ?
1) la prise en compte de la nécessité d’une transmission de certaines valeurs d’une génération à l’autre. Mais où trouver ces valeurs si elles ne nous ont pas été transmises par la génération précédente ? Un retour aux bases bibliques permet de combler ces lacunes et de s’inscrire dans la continuité de la transmission des valeurs, et du contenu de la foi chrétienne.
2) la conduite par la main, c’est à dire l’introduction dans une réalité concrète que l’enfant puisse assimiler ; c’est probablement le point le plus délicat à mettre en œuvre, car ce concept implique la présence physique du père. Il s’agit d’un investissement de temps, d’efforts et de créativité pour fournir à son fils une attention de qualité.
3) Le rappel constant que le but ultime de l’éducation est la responsabilité et la liberté de l’enfant. La métaphore des « racines et des ailes » résume l’objectif apparemment paradoxal que visent les parents pour leurs enfants.
4) La fidélité. Les valeurs associées à la présence du père sont la stabilité, la fidélité et la confiance qu’il inspire à l’enfant. La fidélité, manifestée par un père dans ses engagements, est une de ces valeurs qui ne s’enseignent que par l’exemple.
5) La sphère familiale est l’endroit d’apprentissage idéal du pardon comme mécanisme libérateur de la rancune et de l’amertume. Le pardon expérimenté au sein du couple et/ou dans la relation parents-enfants est une des leçons les plus marquantes pour un adulte en devenir. De plus, la capacité à pardonner se répercutera directement et positivement sur ses futures relations conjugales.
Messieurs, votre mission est essentielle. Ne sous-estimez pas l’influence que vous exercez sur votre entourage, votre couple et vos enfants. Le retour sur investissement de votre engagement est suffisamment élevé pour que vous y consacriez votre temps et votre énergie. Ce que vos enfants réclament le plus, c’est votre présence.
« Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur; et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est facile à porter et mon fardeau est léger. » Matt 11.28-30
Que de gens fatigués dans notre monde ! Les serviteurs de Dieu eux aussi sont fatigués. Fatigue liée à la condition humaine, mais aussi fatigue due aux circonstances et aux autres. Le Seigneur connaît ces fardeaux et nous indique trois étapes pour le servir efficacement sans succomber à la fatigue et au découragement
1) Venez à moi
Le Seigneur des seigneurs nous demande de venir à lui avec nos fatigues, nos charges, nos soucis, nos échecs, notre stress. Son invitation ne comporte pas de restrictions : « Vous tous ». Il l’accompagne d’une promesse que chacun peut expérimenter, quelles que soient les circonstances : « Je vous donnerai du repos… Vous trouverez le repos de vos âmes. »
2) Prenez mon joug sur vous
Le repos promis n’est pas un état d’inactivité, mais un service entrepris sous un joug nouveau, celui du Seigneur. Bien entendu, nous sommes tenus d’aller là où il va, et à son pas. Mais il est avec nous, nous sommes avec lui…
Prendre le joug, c’est ne pas reprendre les fardeaux que nous lui avons confiés ou « ressasser » nos difficultés, pensant mieux les résoudre de cette manière. Et si le travail nous donne de la fatigue, n’y ajoutons pas nos craintes, nos doutes et nos erreurs. Nous ne sommes pas responsables des circonstances extérieures, mais de la manière dont nous les vivons.
Le Seigneur ne confie jamais aux siens des tâches au-dessus de leurs forces. Il ne forme pas des disciples pour les exténuer ensuite ! Et puis, devrions-nous nous soucier du poids de la charge puisque qu’il la porte avec nous ?
3) Apprenez de moi
En prenant le joug, nous nous mettons à l’école du Seigneur. C’est un véritable privilège d’apprendre de lui, de l’écouter. « Comme il parlait avec moi, je repris des forces », constate Daniel (Dan 10.19).
Si nous restons attachés au joug, nous découvrirons que la charge que le Seigneur nous confie est plus légère parce qu’il la porte avec nous, et que la voie qu’il nous trace est la plus sûre, parce qu’il marche avec nous.
La vie chrétienne est une course dont le départ est la Croix. Cependant, il ne s’agit pas d’une série de sprints où l’on se contente d’atteindre des buts à court terme. C’est bien plutôt un mélange de marathon et de course de relais.
Un marathon parce que c’est une course de fond qui demande de la patience, de la persévérance, de l’endurance, à la grande différence que l’on n’arrive pas, spirituellement parlant, exténué ou même à l’agonie comme ce messager grec qui courut jusqu’à l’Aréopage d’Athènes au prix de sa vie. C’est la vie éternelle qui se trouve par-delà la ligne d’arrivée, et les forces nécessaires sont données à ceux qui comptent sur Dieu (Es 40.31). Qu’il est beau de voir des chrétiens courir sans s’arrêter, poursuivre sans se lasser, malgré le poids des ans (2 Cor 4.16), et achever ainsi la course (2 Tim 4.7).
À la faveur de leur fidèle engagement, le témoin peut-être transmis à d’autres pour que l’étendard de la foi continue à flotter à la vue de tous. Il y a donc deux courses en une. Celle de chaque croyant, en étroite relation avec son Seigneur, et celle de l’Église au travers des temps.
Comme les Saintes Écritures nous l’enseignent, nous ne devons pas perdre de vue ces deux aspects de notre parcours terrestre afin d’être de bons relayeurs de la foi, engagés dans la course qui est devant nous et que d’autres poursuivront jusqu’au retour de Jésus-Christ – pour qui et vers qui nous courrons avec patience.
L’exemple de Moïse et Josué
De tout temps, l’être humain passe le témoin. Il le fait dans le cadre familial entre parents et enfants, dans le cadre professionnel, ecclésial et jusque dans la remise de la plus petite responsabilité.
Cette transmission à différents degrés comprend les valeurs éthiques, familiales, spirituelles et sociales. Souvent les protagonistes ne se rendent même pas compte de ce transfert.
Cadre historique
Le livre des Nombres fait partie des écrits de Moïse qui constituent les cinq premiers livres de la Bible, communément appelés le Pentateuque. La Genèse parle de l’origine, l’Exode de la présence de Dieu parmi son peuple, le Lévitique de la façon de s’approcher de Dieu, les Nombres de l’organisation du peuple et le Deutéronome est un rappel et un résumé des instructions fondamentales.
Ces cinq premiers livres de la Bible nous montrent comment Dieu choisit un peuple (Genèse), le rachète (Exode), le sanctifie (Lévitique), le dirige (Nombres) et l’enseigne (Deutéronome). Ils préfigurent le plan du salut en Jésus-Christ.
Dans la direction et l’organisation du peuple, le livre des Nombres indique bien des éléments utiles quant à l’attitude, la responsabilité, l’autorité et la charge des dirigeants :
– la consécration des Lévites dans leurs fonctions (chapitres 3-4, 8),
– la désignation des 70 anciens (11),
– la rébellion d’Aaron et Myriam contre l’autorité de Moïse (12),
– la révolte au retour des espions, et la fidélité de Caleb et de Josué (13-14),
– la révolte de Qoré, et la confirmation de Moïse et d’Aaron (16-17),
– la faute de Moïse et d’Aaron (20),
– les préparatifs pour l’entrée en Canaan (26-36).
C’est dans la préparation pour l’entrée en Canaan que nous trouvons le texte de Nom 27.15-23. Dieu demande à Moïse de monter sur une montagne, lui fait voir le beau pays et lui rappelle qu’il n’entrera pas dans la terre promise. Moïse, prévenu de sa mort prochaine, élève « un cri du cœur » vers Dieu pour demander un successeur, et le Seigneur répond.
Moïse premier conducteur spirituel
Moïse naît dans des circonstances où, comme tous les bébés mâles de son peuple, il est condamné à mourir. Il est choisi, sauvé et préparé par Dieu pour devenir le chef des Hébreux. Il reçoit une éducation aristocratique, étant instruit dans toute la science des Égyptiens. Son apprentissage de l’écriture lui sera utile pour transcrire les ordonnances de Dieu. Au pays de Madian, Moïse apprend à vivre dans le désert comme berger et à exercer la patience. Il entend l’appel divin, devant un buisson embrasé qui ne se consume pas.
Moïse conduit le peuple de Dieu hors d’Égypte, transmet la loi, et la manière d’entrer en communion avec Dieu. Moïse est le témoin vivant de l’alliance que Dieu a conclue avec son peuple au Mont Sinaï. Dans le N.T., il a l’honneur d’être présent lors de la transfiguration, aux côtés de Jésus et d’Élie.
Il ne s’est plus levé en Israël de prophète comme Moïse, que l’Éternel connaissait face à face. Il est incomparable pour tous les signes et prodiges que l’Éternel l’envoya accomplir au pays d’Égypte contre le Pharaon, contre ses serviteurs et contre tout son pays, et pour les actes redoutables qu’il exécuta avec autorité sous les yeux de tout Israël (Deut 34.10-11).
Suite à une désobéissance à Dieu, Moïse se voit interdit d’entrée dans le pays découlant de lait et de miel, c’est pourquoi il demande un successeur pour terminer son mandat. Moïse initie ce que son successeur est appelé à continuer : il démontre sa dépendance de Dieu à maintes reprises ; il responsabilise les anciens en les faisant participer à la conduite du peuple ; il enseigne et met en pratique la loi et les ordonnances de Dieu. Quand au caractère de Moïse, nous savons qu’il est humble (fort patient ou très doux, selon les traductions). Il est prêt à se donner totalement pour le peuple, jusqu’à intercéder pour le pardon de celui-ci au risque de sa vie.
1. Le besoin d’un successeur (Nom 27.15-17)
« Moïse parla à l’Éternel et dit : Que l’Éternel, le Dieu des esprits de toute chair, établisse sur la communauté un homme qui sorte devant eux et qui entre devant eux, qui les fasse sortir et qui les fasse entrer, afin que la communauté de l’Éternel ne soit pas comme des brebis qui n’ont point de berger. »
a) L’importance de la demande d’un successeur
Dans la perspective de la préparation à la transmission de charges, la demande d’un successeur est capitale. Pour transmettre une responsabilité, il est indispensable de découvrir une (ou plusieurs) personne(s) qui poursuive(nt) l’œuvre commencée.
A qui est adressée la demande ?
La demande est adressée à l’Éternel, « le Dieu des esprits de toute chair ». Moïse, en utilisant cette expression, démontre donc qu’il sait que c’est Dieu qui a autorité sur la vie, et dans cette attitude, montre humblement sa confiance en celui qui a déjà souvent répondu favorablement à ses requêtes.
Quelle est la demande ?
La demande est claire et précise. Moïse demande à Dieu d’établir (désigner, placer, nommer, donner) un homme sur la communauté. Moïse demande à Dieu de désigner un homme. Un autre devra conduire le peuple dans le pays promis et terminer le voyage. Il ne mentionne pas Josué dans sa prière : il est essentiel que ce ne soit pas Moïse qui désigne son successeur, mais Dieu lui-même.
Qu’est-ce qui motive la demande ?
Ce qui motive la demande de Moïse, c’est l’humilité, le don de soi et le souci pour son peuple en tant que berger expérimenté. Moïse désirait ardemment entrer en Canaan. Il sait maintenant qu’il n’y entrera pas. Mais Dieu tient parole selon le jugement qu’il a prononcé à Qadech, aux eaux de Meriba. Moïse réagit sans un mot de plainte. Il est préoccupé par la communauté de l’Éternel : il ne dit pas mon troupeau. Il ne se place pas au-dessus des autres, bien qu’il ait reçu l’autorité (déléguée par Dieu) sur le peuple.
b) Le profil du successeur
Dans la demande de Moïse, nous pouvons discerner deux éléments essentiels concernant le profil de son remplaçant :
– capable de diriger (faire entrer et sortir) : cette expression « entrer et sortir » désigne le commandement, la conduite du peuple ; l’image est tirée de l’office du berger à l’égard du troupeau ;
– capable de « paître » (berger) : le peuple d’Israël a besoin d’un conducteur qui le mène au combat dans la conquête de la terre promise, mais ce conducteur ne doit pas seulement être un guerrier. Il doit également savoir soutenir, encourager, enseigner, guider, soulager, et soigner le peuple.
c) La réponse souveraine de Dieu (Nom 27.18-21)
« L’Éternel dit à Moïse : Prends Josué, fils de Noun, homme en qui (se trouve) l’Esprit ; et tu poseras ta main sur lui. Tu le placeras devant le sacrificateur Éléazar et devant toute la communauté, et tu lui donneras des ordres sous leurs yeux. Tu le rendras participant de ta dignité, de sorte que toute la communauté des Israélites l’entende. Il se tiendra devant le sacrificateur Éléazar, qui consultera pour lui le jugement de l’ourim devant l’Éternel ; et lui-même, ainsi que tous les Israélites avec lui, et toute la communauté, sortiront sur l’ordre d’Éléazar et rentreront sur son ordre ».
Dieu répond à Moïse de façon précise et le met à l’œuvre. Dieu est souverain, il contrôle et dirige tout. Il demande cependant la participation de Moïse : Moïse n’est pas passif, mais responsable et actif, dans le courant de l’action de Dieu.
2) La désignation d’un homme préparé
a) Un homme courageux et fidèle
La mention initiale de Josué se trouve en Exode 17.8-16 lors du premier combat que les Israélites ont dû livrer après la sortie d’Égypte. Généralement, le contexte de la première mention d’un personnage dans la Bible nous donne des indications sur sa personnalité. Ici, Josué est nommé chef militaire pour sortir au combat. Josué fait partie des 12 espions qui vont explorer le pays de Canaan. C’est à ce moment-là que Moïse change le nom de Hochéa (salut) en Josué (L’Éternel sauve). Avec Caleb, il reste fidèle et confiant en Dieu, malgré la révolte des autres espions et du peuple. Ainsi Josué reçoit la promesse d’entrer dans le pays promis. Dieu l’a préparé à l’avance au travers de ces différentes étapes de vie.
b) Un homme en qui se trouve l’Esprit
Lors de la désignation officielle de Josué comme successeur, Dieu utilise l’expression « un homme en qui se trouve l’Esprit ». Il est vrai que, d’une manière générale, nul esprit humain ne peut exister ni subsister sans l’œuvre vivifiante de Dieu. Mais dans cette expression, il est également possible de comprendre que Dieu a imparti à Josué les qualités nécessaires à l’exécution de son futur mandat. Que Dieu lui ait donné toutes ces qualités dès le début de son ministère, ou qu’il les lui ait dispensées en temps opportun, le texte ne nous le dit pas. Le seul indice qui puisse nous faire pencher pour un complément d’équipement étape par étape est la mention dans Deut 34.9 de l’esprit de sagesse pour conduire le peuple, que Josué reçoit lors de l’imposition des mains de Moïse.
c) Un homme préparé
Josué est l’assistant de Moïse lorsque celui-ci monte sur le mont Sinaï. Nous le trouvons dans la tente de la rencontre lorsque l’Éternel parle à Moïse face à face. Assistant et confident de Moïse, Josué a l’occasion d’écouter ce que Dieu dit à son illustre aîné. En mettant Josué dans cette situation d’écoute, Dieu le prépare et le fortifie pour son mandat. Josué était donc idéalement préparé pour ce service (Nom 11.28 ; Ex 17.9ss ; 24.13 ; 32.17). Il avait également visité le pays de Canaan avec les autres espions (Nom 13.8 ; 14.6).
3) Le passage de témoin
a) Une nomination personnelle
« Prends Josué. » Sans développer longuement, nous soulignons que ce geste est important. Moïse n’est pas appelé à se mettre devant le peuple et à appeler « du haut de la chaire » celui qui deviendra son successeur. Il n’est pas suggéré de demander qui veut bien assumer ce travail. Prendre Josué signifie aller chercher un homme désigné par le souverain Berger, Dieu.
b) Une identification par l’imposition des mains
Dieu demande à Moïse de poser sa main sur Josué. Si Dieu fait cette demande avant de placer Josué devant le peuple, c’est parce que l’identification est plus importante. La présentation devant le peuple en découle. L’imposition des mains est un acte d’identification et de transmission. Celui qui transmet son mandat doit clairement indiquer qui est son successeur, et donner sa bénédiction. La manière de le faire à l’époque de Moïse était de mettre la main sur la tête.
c) Une mise à part visible
L’Éternel demande de présenter Josué devant deux témoins de cette transmission : le sacrificateur Éléazar et le peuple. Pourquoi devant le sacrificateur Éléazar ? Bien que rempli de l’Esprit, et honoré, le successeur ne doit rien faire sans demander conseil à Dieu, et ne pas se fier à son propre jugement. Cela souligne la réalité du gouvernement divin ! Éléazar est le représentant du système sacrificiel, seul moyen d’entrer en contact avec Dieu ; il est le médiateur entre Dieu et les hommes. Dieu demande également à Moïse de placer Josué devant tout le peuple. Le peuple doit savoir que Josué est désigné par Dieu et être témoin de la charge qu’il reçoit (et donc entendre les modalités de cette charge). Ainsi, la communauté entière participe comme témoin, donnant une validité juridique à une cérémonie où le rite de l’imposition des mains est pratiqué, symbole de la transmission d’une charge. Rien n’est fait en cachette, et comme Josué sera le conducteur du peuple, il importe que le peuple connaisse son nouveau conducteur.
d) Une transmission transparente
L’Éternel demande à Moïse de donner des ordres (des instructions) à Josué devant les Israélites. Les consignes de Dieu sont ainsi transmises afin que tous comprennent que même si Josué est investi de la charge suprême, Dieu reste le Souverain. Et qu’ainsi les membres du peuple prennent conscience de la charge que Josué porte, et qu’ils s’engagent à l’assister et à l’encourager. Quelles sont les consignes que Moïse donne à Josué ? L’ordre de conduire le peuple dans la crainte et l’obéissance à Dieu, d’être courageux, de marcher en tête du peuple lors de la conquête du pays promis, car il peut être assuré de la présence et de l’aide divine, et libéré de toute crainte des ennemis. Ces dispositions sont confirmées par Dieu en Deut 31.23. Si les ordres sont maintenant donnés devant le peuple, c’est afin que tout le peuple soit informé du but à atteindre et des promesses de Dieu. Ne pas donner d’ordres devant le peuple reviendrait à cacher les promesses de Dieu et à rendre confus le rôle du successeur.
e) Une transmission progressive
Moïse fait participer Josué à l’honneur du gouvernement civil ; il ne l’utilise plus comme serviteur, mais comme partenaire. Il lui donne une part d’autorité, et une part d’exercice de celle-ci. Non seulement pour l’introduire dans le gouvernement, mais aussi pour le rendre respectable aux yeux du peuple, afin que toute la congrégation d’Israël le reconnaisse comme législateur et gouverneur, s’attache à sa parole et obéisse à ses directives. Dans cette perspective, Moïse est appelé à prendre Josué à part pour un temps de formation spécifique. Josué doit l’accompagner et prendre sa place petit à petit. La transmission entre Moïse et Josué n’est pas abrupte. Dieu n’a pas seulement préparé Josué, mais il a aussi préparé le peuple, par la participation de Josué à la dignité de Moïse.
4) Mise en pratique (Nom 27.22-23)
Moïse agit comme l’Éternel le lui avait ordonné. Il prit Josué et le plaça devant le sacrificateur Éléazar et devant toute la communauté. Il posa ses mains sur lui et lui donna des ordres, comme l’Éternel l’avait dit par l’intermédiaire de Moïse.
Moïse agit comme l’Éternel le lui avait ordonné ! Moïse fait même plus que ce que Dieu lui a demandé, puisqu’il impose les deux mains au lieu d’une seule. Cela prouve que Moïse n’est pas un imposteur et ne cherche pas à tirer la couverture de son côté, du côté de sa famille ou de sa tribu. Le pouvoir est transmis à son serviteur, un Éphraïmite, et non pas à son fils, comme ce fut le cas pour Aaron dans le cadre du sacerdoce
« Agir comme l’Eternel le demande », cette phrase devrait être notre devise. Pour en faire l’expérience pratique, il est nécessaire de connaître ce que Dieu demande ! Moïse, dans les versets 22-23 nous donne un aperçu de son obéissance, mais son action envers Josué ne s’arrête pas là. À partir de ce jour, Josué participe avec lui à la conduite du peuple. Quel exemple de consécration et de renoncement ! Ce qui importait pour Moïse, ce n’était pas sa position, ni celle de Josué, mais leur obéissance à Dieu.
Josué a-t-il suivi l’exemple de Moïse ? Oui. En Jos 24, nous voyons qu’il place le peuple face à ses responsabilités devant Dieu. Il lui rappelle l’œuvre de Dieu et lui donne des ordres. A la mort de Josué, ce sont les anciens qui ont la responsabilité du peuple, et nous voyons que tant qu’ils sont en vie, Israël sert l’Éternel (Jos 24.31 ; Jug 2.7). Mais curieusement, la génération suivante fait ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, car ils ne le connaissent pas (Jug 2.10-11). Les anciens ont-ils pratiqué la transmission de témoin dans le même esprit que Moïse à l’égard de Josué ? Et nous aujourd’hui, comment transmettons-nous le témoin ? L’histoire de Moïse a beaucoup à nous apporter : obéissants et dépendants de Dieu, cherchons à laisser l’exemple d’une vie de foi altruiste et totalement tournée vers Dieu.
L’année dernière, j’ai perdu mon grand-papa. Son frère, duquel il était proche, est décédé récemment. Les années précédentes, plusieurs figures qui ont marqué ma jeunesse se sont éteintes. Des repères familiaux et spirituels s’en sont ainsi allés.
Le dicton populaire dit que nous sommes toujours « le plus petit de quelqu’un ». Et un jour, nous devenons « le plus grand de quelqu’un ». J’ai pris conscience que, désormais, c’était mon tour d’être un modèle pour les plus jeunes. Plus encore, quoique jeune trentenaire, c’était à moi de m’engager dans un processus de transmission. Transmettre des responsabilités dans le cadre du groupe de jeunes, de camps et de divers services chrétiens. Au travail aussi, c’est à mon tour de transmettre quelques connaissances aux apprentis ou stagiaires. Petit à petit, transmettre le témoin dans tel service, le reprendre dans tel autre service tout en profitant encore de la génération qui précède et qui peut partager sa connaissance, son expérience de la vie et des situations rencontrées.
Nous sommes engagés dans une course de relais. De qui allons-nous prendre le relais ? A qui allons-nous le transmettre ? Qu’allons-nous transmettre ? Quand allons-nous passer le témoin ? Quels que soient notre âge ou nos responsabilités, nous sommes tous engagés dans un processus de transmission.
Ce numéro entend nous faire réfléchir à cette thématique combien importante, non seulement dans le cadre familial, mais aussi ecclésial et plus globalement du service chrétien. Au moyen des quelques articles, nous espérons vous donner du matériel biblique solide pour réfléchir à cette question vitale, et pour que votre passage du témoin soit une réussite. Bonne transmission aux uns ! Et bonne reprise aux autres ! Et à tous beaucoup de plaisir à découvrir la nouvelle maquette graphique de Promesses, une ouvre aussi concernée par le passage de témoin.
« Ce n’est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues, que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c’est comme ayant vu sa majesté de notre propres yeux. » 2 Pierre 1.16
Qu’est-ce que j’ai vu et vécu ?
Qu’est-ce que je sais ?
Le témoin raconte ce qu’il a vu.
« Puis Jésus lui dit : Garde-toi d’en parler à personne ; mais va te montrer au sacrificateur, et présente l’offrande que Moïse a prescrite, afin que cela leur serve de témoignage. » Matthieu 8.4
Dans ma vie, qu’est-ce qui prouve que j’appartiens à Dieu ?
Qu’est-ce qui prouve que Dieu est vivant ?
Le témoin est une preuve.
« Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte. » Hébreux 12.1
Quel héritage vais-je laisser ?
Comment vais-je le transmettre ?
Le témoin assure la transmission.
« Je sais où tu demeures, je sais que là est le trône de Satan. Tu retiens mon nom, et tu n’as pas renié ma foi, même aux jours d’Antipas, mon témoin fidèle, qui a été mis à mort chez vous, là où Satan a sa demeure. » Apocalypse 2.13
Jusqu’où suis-je prêt à affirmer ma foi ?
Jusqu’où suis-je prêt à être fidèle ?
Le témoin tient ferme jusqu’au bout.
Le rédacteur, maintenant âgé, d’un périodique chrétien, aimerait bien passer le témoin. Le directeur d’un centre de vacances évangélique cherche régulièrement de nouveaux moniteurs. Des anciens cherchent de l’aide pour répondre aux besoins de leur église locale… Hélas, beaucoup d’éventuels candidats à la relève paraissent suivre les réunions et les activités de l’église en consommateurs occasionnels, absorbés, piégés par le rythme effréné et les obligations de la société. Aussi la vie de l’église continue de ressembler à un tournoi de tennis où deux joueurs s’épuisent à se renvoyer une balle sous le regard de quelques spectateurs. Pourtant, nombre de jeunes, de nouveaux convertis pleins de zèle, se sont dévoués quelque temps… pour finir par se décourager et rejoindre les rangs du « public » sans avoir trouvé l’accompagnement et l’espace nécessaires à une bonne reprise du témoin.
Une réaction immédiate pousse à accuser le déclin général, le matérialisme de la société, les effets du post-modernisme, le manque d’engagement de la génération montante. Nous savons cependant par l’Ecclésiaste que le présent n’est pas forcément pire que le passé (Ecc 7.10). Il est plus sage de se remémorer, chacun pour soi, l’urgence de notre mission. Paul résume celle-ci à l’attention de Timothée, en lui rappelant sa responsabilité : « Ce que tu as entendu de moi… confie-le à des hommes fidèles qui seront capables, à leur tour, d’en instruire d’autres. » (2 Tim 2.22) Le texte cité évoque bien la course de relais et ses enjeux :
L’équipe américaine de relais 4 x 100 mètres aligne des coureurs parmi les plus rapides du monde. Elle pouvait prétendre à la médaille d’or aux Jeux olympiques de Pékin. Pourtant, elle a été éliminée sans gloire. En tête de la course, les troisième et quatrième relayeurs ont manqué leur transmission et laissé tomber le témoin. Ce n’est pas la qualité des athlètes qui est en cause, mais leur capacité à se transmettre en pleine course le précieux bâton. La transmission est certainement aujourd’hui l’un des enjeux les plus sérieux pour ceux qui ont à cœur le renouvellement et l’édification du peuple de Dieu.
Ce souci jalonne toute la Bible. Plusieurs exemples nous instruisent : Moïse et Josué ; les lévites ; Élie, Élisée et les fils des prophètes ; Jésus et ses disciples ; Paul et ses compagnons : Timothée, Tite, et d’autres encore. Les dernières paroles du Seigneur Jésus à ses disciples, les secondes lettres de Paul à Timothée et de Pierre nous encouragent, à leur suite, à considérer attentivement l’importance cruciale de ces questions. Qui est concerné ? Que transmettre ? Quels liens entre formation et transmission ? Que signifie passer le témoin dans la perspective du service chrétien ? Comment le faire ? Ces lignes proposent quelques pistes de réflexion.
La transmission du témoin : qui doit s’en charger ?
La transmission n’est pas l’affaire de quelques élites blanchies sous le harnais et de quelques brillants élèves d’instituts bibliques renommés. C’est l’affaire de tous les chrétiens puisque tous sont appelés à servir, tous ont reçu un don, un service à faire valoir pour l’édification du corps de Christ. Toutefois, les bergers, les enseignants et les anciens paraissent plus particulièrement investis de cette tâche (Éph 4.12, 1 Tim 4 et 1 Pi 5).
La transmission du témoin : dans quelle perspective ?
Dieu nous appelle à collaborer avec lui pour préparer ceux qui formeront et serviront l’Église de demain. Nous n’avons pas à former des imitateurs qui sachent seulement perpétuer les activités et les formes telles que nous les avons toujours vécues.
L’apôtre Paul travaillait lui-même constamment à trois niveaux distincts pour l’édification harmonieuse du corps de Christ :
Si elle vise ces trois objectifs, la transmission entre les générations et entre les serviteurs pourra se faire de manière continue et enrichissante.
La transmission du témoin : oui, mais quel témoin ?
On ne peut transmettre que des choses que l’on a reçues et dont on est pleinement convaincu (cf. 2 Tim 1.13-14 ; 3.14 ; 2 Pi 1.12). Les spécialistes de la formation professionnelle utilisent volontiers cette formule : « Transmettre un savoir, un savoir-être et un savoir-faire ». Inconsciemment, ils appliquent le modèle biblique – un programme complet qui concerne l’intelligence, le cœur et la pratique :
1) Savoir : il s’agit des connaissances objectives, fondées sur l’enseignement de la Parole de Dieu écrite, inspirée, soigneusement étudiée et interprétée (1 Tim 4.6 ; 2 Tim 3.15-16 ; 2 Pi 1.16-21). Le socle des savoirs à transmettre est la doctrine des apôtres :
2) Savoir-être : la connaissance du coeur, pas seulement intellectuelle, mais subjective, expérimentale, liée à une piété personnelle exigeante qui forme, transforme, fortifie par l’attachement à Christ ; qui aide à revêtir le caractère de serviteurs par une transformation intérieure continue (Rom 12. 1-3). Paul demandait à Timothée de s’exercer à la piété (1 Tim 4.7-16), de s’imprégner de l’Écriture pour être enseigné, convaincu, corrigé, instruit, accompli (2 Tim 3.16), et Pierre encourageait les chrétiens, participants de la nature divine, à joindre à leur foi, entre autres choses, la force morale (2 Pi 1.5-11).
3) Savoir-faire : la connaissance n’est acquise que si elle est mise en pratique et peut être transmise. Comment préparer chacun selon le don ou le service reçu, selon ses aptitudes ? N’est-il pas nécessaire de personnaliser la formation différemment pour celui qui veut faire l’œuvre d’un évangéliste, pour celui qui aime la collaboration technique, ou pour ces autres qui se destinent à l’enseignement des enfants, ou aux soins pastoraux ? Paul recommandait à Timothée de rechercher des hommes fidèles et capables, préparés à accomplir des œuvres bonnes (2 Tim 1.2). Pierre précise que ceux-ci ne devraient pas être sans activité, ni sans fruit (2 Pi 1.8).
La transmission du témoin : quand et comment ?
La transmission s’accomplit parfois dans des circonstances difficiles. Elle doit s’adapter aux situations morales et sociales défavorables, c’est pourquoi Paul et Pierre ont pris soin de décrire prophétiquement l’évolution de la chrétienté et du monde où nous sommes appelés à vivre et à témoigner (2 Tim 3 et 4 ; 2 Pi 2 et 3).
Recevoir le témoin requiert l’acquisition de compétences pratiques, selon les situations. Ces compétences se développent peu à peu dans la proximité d’un maître-serviteur, tuteur ou coach aimé et respecté ; celui-ci enseigne, donne l’exemple et accompagne la prise de responsabilités de plus en plus grandes, et de moins en moins protégées. Il s’agit d’entraîner à l’autonomie le disciple du Seigneur jusqu’à ce qu’il devienne un homme de Dieu capable de porter le témoin et d’instruire les autres à son tour.
Ce scénario n’est pas tiré d’un ouvrage de management à la mode ; il ressort de plusieurs exemples de la Bible :
a) Josué apprit et servit longtemps dans la proximité immédiate de Moïse (Ex 33.11) ; en même temps, il fut très tôt appelé à une responsabilité significative comme chef de l’armée opposée à Amalek. Inexpérimenté, il fut protégé et encouragé par la présence et par l’intercession de Moïse (Ex 17.8-16). Il apprit de ses propres erreurs (Nom 11.24-29). Choisi pour explorer le pays de Canaan, il démontra sa foi et sa fidélité à Dieu et à Moïse lors d’une tragique mise à l’épreuve, et se vit ainsi fortifié dans sa capacité à conduire le peuple (Nom 13 et 14). Il était dès lors successeur potentiel de Moïse, mais allait servir loyalement à ses côtés trente-huit ans encore. Le moment venu, Moïse lui transmettra le témoin dans une triomphante cérémonie d’adieux (Deut 31-34).
b) Les leçons du Seigneur à ses disciples dans l’Évangile de Marc sont un modèle : « Il appela à lui ceux qu’il voulait… Il les établit pour être avec lui et les envoyer. » (Marc 3.13-14 ; Jean 15.16) Il les envoie avec une mission et des ressources (Marc 6.7-13). Au retour, Jésus les invite auprès de lui pour un temps de compte rendu et de repos (6.30-32). Puis il leur confie à nouveau des responsabilités et les implique dans son travail (6.34-44). Il les met à l’épreuve dans la tempête (6.45-52) ; puis sans désespérer d’eux, il continue à les solliciter (8.1-9). Jusqu’à la fin, il continuera ainsi à les préparer par une alternance d’enseignement, d’exemple donné, d’incitation à la pratique. Au moment de les laisser poursuivre sa mission, il les prend avec lui, s’oubliant lui-même dans un ultime service d’amour, pour un séminaire exceptionnel de transmission (Jean 13-17).
c) La relation de Paul avec Timothée, son enfant dans la foi, confirme la démarche biblique de transmission. L’apôtre est à l’origine de sa conversion (env. 46-48 ap J.-C.). Assuré par l’église locale de l’engagement authentique de Timothée, Paul en fait son compagnon de voyage (env. 50-52 ; Act 16.1-2 ; 17). Tout au long de son ministère, l’apôtre entretiendra avec lui une relation de communion particulièrement féconde. En même temps, il lui confiera des responsabilités de plus en plus importantes :
La transmission du témoin : comment la faciliter ?
L’appel, la formation, le service sont d’abord l’œuvre de Dieu, et une expérience cachée entre le serviteur et son Maître (Jean 15.5 ; 16 ; 1 Cor 4.1-5). Mais parallèlement à cette préparation, directement dépendante de la relation du chrétien avec son Père céleste, qu’est-ce qui peut favoriser concrètement le passage du relais au sein de l’assemblée ? Les exemples qui suivent permettent d’esquisser une stratégie pour faciliter cette transition :
Une transmission progressive
La transmission du témoin ne devrait pas attendre le moment où celui qui faisait presque tout cède la place à celui qui ne faisait presque rien, mais plutôt correspondre à une prise de responsabilité partagée et progressive. De plus, l’avenir étant plus important que le passé, la transmission devrait être pensée d’abord en fonction de celui qui reçoit le témoin. Telle devrait être l’orientation d’un serviteur expérimenté et encore capable d’accompagner un jeune serviteur qui s’engage. Car que vaut une transmission de témoin arrachée à la dernière minute à un serviteur à bout de souffle, ou improvisée par un responsable déjà âgé, peut-être lassé d’avoir longtemps attendu ? Paul est converti depuis une quinzaine d’année et Timothée depuis cinq ou six quand il le prend avec lui. C’est après seulement dix ans de vie chrétienne que Timothée reçoit la difficile mission de Corinthe.
Une transmission confiante
Gardons-nous de considérer les jeunes avec crainte, ou avec un quelconque mépris, avec condescendance (1 Cor 16.11 ; 1 Tim 4.12). Accordons-leur délibérément et très tôt notre confiance. Ils sont promesse de fruit et de renouvellement si nous savons les protéger, les aider à grandir dans la foi et à devenir parties prenantes dans le service.
Une transmission empreinte de discernement
Beaucoup d’exemples bibliques montrent que les serviteurs utiles ont été appelés précisément par le Seigneur ou par d’autres serviteurs. On peut en déduire que le relais se transmet, davantage qu’il ne se prend, mais ce fait met l’accent sur la responsabilité de bien connaître le troupeau (Pr 27.23), de discerner les dons reçus, la foi, l’engagement des plus jeunes et puis de susciter, d’encourager, d’informer, peut-être de désigner ou d’inviter à partager précisément tel ou tel service. Il ne s’agit évidemment pas de faire précocement pression sur qui que ce soit. La transmission ne revêt pas une forme particulière, chaque situation est différente : Moïse demande à Josué de choisir des hommes pour combattre Amalek (Ex 17.9), les apôtres demandent aux frères réunis de choisir parmi eux des personnes capables de s’occuper des veuves (Act 6.3), et parfois même l’Esprit Saint intervient pour mettre à part deux serviteurs pour un ministère particulier (Act 13.2,3).
Une transmission doublée d’une mission
Paul envoyait ses compagnons pour des missions précises. La première lettre à Timothée comme l’Épître à Tite sont de véritables cahiers des charges pour la conduite de l’église locale. De plus, l’apôtre prenait soin d’informer les bénéficiaires de la mission afin de protéger ses collaborateurs (1 Cor 16.10-12).
Une transmission dans l’unité de l’Esprit
Paul et Pierre étaient très attachés au maintien des liens noués avec ceux qui poursuivaient le ministère. Leur intercession était continuelle. La seconde Épître de Paul à Timothée et la deuxième Épître de Pierre sont des testaments spirituels qui complètent la formation commencée. Ces textes encouragent les « transmetteurs » d’aujourd’hui à rester concernés, solidaires, pour assurer un soutien moral et rester disponibles envers les collaborateurs plus jeunes.
Une transmission sans tyrannie
On retrouve ici la nécessité de respecter le lien primordial entre le serviteur et son Maître divin. Ce qui est transmis est un travail pour Dieu, pas un fond de commerce ou une entreprise personnelle. Ainsi Paul laisse place à l’initiative de ses compagnons. Il accepte que ses frères aient une vision différente de la sienne (1 Cor 16.12). Il est heureux des comptes-rendus missionnaires qu’il reçoit, et malgré les avertissements ou les exhortations dispensés à ses jeunes collaborateurs, il n’est jamais question de contrôle ou de reprise en main. Belle leçon de confiance pour la transmission aujourd’hui.
La transmission du témoin : un cap délicat
Ceux qui reçoivent le témoin des mains d’un serviteur plus ancien doivent être attentifs et faire preuve d’une grande délicatesse de cœur. Le moment peut être douloureux pour celui qui cède sa place. Ce n’est pas sans raison que Paul laisse percer sa fragilité et souhaite ardemment la présence de Timothée. Seuls ceux qui traversent ces moments peuvent dire la difficulté à accepter complètement des limites nouvelles, l’émotion douloureuse de voir d’autres continuer l’oeuvre de leur vie, avec tout ce qu’elle a coûté de joies et de peines, l’appréhension devant le mystère de leur propre mort. Alors l’exemple de Paul et de Pierre parlant précisément l’un de « sa course achevée », l’autre du « temps de déposer sa tente » devient très riche. Les deux apôtres trouvent les ressources pour dépasser leur propre situation, pourtant difficile. Ils sont capables de voir au-delà d’eux-mêmes, de leur propre vie, pour se préoccuper encore des autres et de la continuation de l’œuvre de Dieu.
Les trois réflexions qui suivent ont été réunies grâce à l’aimable collaboration de « Famille, je t’aime », une association de service née du besoin de répondre efficacement aux problèmes de la famille d’aujourd’hui. Elle se veut partenaire des églises pour œuvrer auprès des familles. Plus d’informations : www.famillejetaime.com
Grands-parents : vous êtes importants
Être grand-parent, quel privilège ! Par la valeur de votre exemple, vous transmettez un message important, à nous et à nos enfants.
Votre rôle est bienfaisant à cause de la richesse de votre vécu. Vous avez été confrontés aux épreuves de la vie, vous les avez traversées avec courage, mais parfois dans la souffrance : le chômage, la maladie, les difficultés familiales. Vous pouvez apporter à la jeune génération soutien et encouragement. Par la valeur de votre exemple, vous transmettez à vos enfants et petits enfants un message vital : celui de la persévérance et de l’espérance. C’est une vraie richesse! Grands-parents, ne vous croyez pas inutiles, votre famille a besoin de vous.
Aujourd’hui, il arrive que les grands-parents habitent loin de leurs petits enfants. Les distances ne doivent pas empêcher de garder le contact. A vous de le créer et de le maintenir en envoyant des courriers ou en téléphonant (même sur « Skype », et à l’aide d’une « webcam » si vous avez découvert ces nouveautés) pour leur montrer votre intérêt pour ce qui les concerne : sport, loisirs, musique, école.
Votre accueil ou vos visites pendant les vacances, en prévoyant un programme adapté, leur fera sentir combien ils ont de la valeur pour vous.
Alors profitez de ce que vous pouvez jouer pleinement votre rôle de grands-parents. Votre amour sans condition va marquer durablement chacun de vos petits enfants ! Ils en ont tellement besoin ! Ces occasions de transmettre votre amour, un vrai un cadeau de Dieu pour eux !
Être un exemple
A Noël, nous étions tous réunis autour de la table : enfants et leurs conjoints, et tous les petits enfants. Nous étions 21 personnes. À un moment donné, alors que nous étions entourés de rires et parfois de pleurs, mon épouse Patricia me dit : « Tout cela à cause de nous ! ». J’ai répondu : « Oui, et même si c’est loin d’être parfait, c’est formidable ! Aujourd’hui il y a dans notre société 19 disciples de Jésus-Christ en plus, et je sais que ce n’est pas encore fini.»
Cela m’a rappelé ce que l’apôtre Paul a dit un jour aux chrétiens de Corinthe : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. » (1 Cor 11.1) Même si je n’ai jamais exprimé ces paroles devant mes enfants ou mes petits enfants, je prie que mon coeur, mon attitude, mes actions et mes paroles les expriment tous les jours de ma vie et leur donnent envie de devenir disciples du Christ !
Quel défi et quelle motivation Dieu nous donne de vivre chaque jour que nous passons sur terre : susciter autour de nous des disciples de Jésus-Christ afin que l’Évangile soit semé jusqu’aux extrémités de la terre… en commençant par notre propre famille !
Arrête de râler
Le dimanche, il prêchait souvent. Il parlait d’un Dieu fidèle, qui prend soin de ses enfants, qui agit avec sagesse et ne se trompe jamais. Mais au quotidien, son fils le voyait se rebiffer au moindre contretemps et se battre rageusement pour faire plier les circonstances à ce qu’il voulait. Pour son fils, il était difficile, dans ces conditions, de laisser la direction de sa vie à un Dieu qui s’ « amuse » ainsi à mettre des bâtons dans les roues. C’est en voyant ultérieurement vivre d’autres hommes qu’il changea sa vision de Dieu et se décida à lui faire confiance.
S’il est un domaine où nos enfants remarquent aisément notre incohérence, c’est bien celui de la confiance en Dieu. Ils oseront lui faire confiance dans la mesure où nous lui ferons confiance. La confiance en Dieu n’est pas une option. Elle est le fondement de notre vie, et donc de notre vocation.
J’ai toujours été frappé par l’apparente dureté des paroles de Jésus lorsque, au beau milieu d’une tempête, il s’adresse à ses douze compagnons costauds, expérimentés, en train de hurler de peur à ses côtés : « Pourquoi avez-vous si peur ? Votre foi est bien petite ! » (Matt 8.26) Non, ils n’avaient pas raison d’avoir peur ! Jésus était là !
Je crois que la confiance s’apprend et se vit avant tout dans le détail de notre quotidien si imprévisible et bousculé. S’engager à accepter les contretemps montrera à nos enfants que Dieu a vraiment autorité sur nos vies.
Les deux disciples les plus connus de l’apôtre Paul sont sans doute Tite et Timothée. Tous les deux sont appelés par l’apôtre « mon véritable enfant dans la foi » (Tite 1.4, 1 Tim 1. 2). Tous les deux étaient de jeunes hommes d’origine grecque (Gal 2.3, Act 16.3) et Paul considérait chacun d’eux comme son « compagnon d’œuvre » (2 Cor 8. 23, Rom 16.21).
Une étude de la vie de Tite
Je me suis demandé de nombreuses fois ce que ce serait d’être à leur place, de voyager avec ce grand apôtre investi de sa mission, de le voir s’expliquer et débattre avec des foules hostiles, d’échanger sur certains des nombreux problèmes d’assemblée ; de l’entendre prier ; de l’entendre parler de ses projets évangéliques et d’expliquer sa stratégie d’édification. N’êtes-vous pas aussi un peu jaloux de ces deux jeunes hommes ? Nous en savons plus au sujet de Timothée qui est mentionné deux fois plus souvent que Tite dans la Parole. Pourtant, en mettant bout à bout la douzaine de fois où Tite est mentionné, nous trouvons un exemple stimulant d’un jeune homme pieux et pragmatique. Ces références à Tite se regroupent autour de cinq situations ou événements distincts sur une période d’environ 13 années.
1. Tite à Jérusalem – Fidèle à ses convictions<
La première fois que nous lisons quelque chose au sujet de Tite, il est en voyage pour Jérusalem en bonne compagnie, celle de Barnabas et Paul (Gal 2.1-5). Ce n’était probablement pas un voyage très heureux, puisqu’un problème sérieux occupait leur esprit. Ces hommes étaient accusés de promouvoir un christianisme très libéral, sans circoncision, dénué de tout le respect dû à la loi et aux traditions juives. Certains érudits associent ce voyage au Conseil de Jérusalem en Actes 15, fixant l’événement autour de 49-50 après J.-C. Aujourd’hui, la plupart des jeunes hommes préféreraient aller skier ou jouer au football plutôt que d’assister à des réunions doctrinales aux débats intenses – on est tenté de laisser les études bibliques sérieuses et les conférences aux retraités, aux frères intellectuels ou excentriques. Tite s’est peut-être demandé si les problèmes du moment valaient la peine d’un si long voyage et d’une telle dépense d’énergie. Pourquoi ne pas simplement faire preuve d’un esprit docile et se conformer à la pression légaliste ? Pourquoi ne pas sacrifier une partie de « la liberté que nous avons dans le Christ Jésus » pour avoir la paix et l’unité ? L’apôtre des nations, pieux et expérimenté, se rendait compte du danger à long terme d’un tel compromis. Nous pouvons presque entendre sa voix sévère quand il dit « pas même un moment, nous ne leur avons cédé par soumission, afin que la vérité de l’Évangile demeure avec vous. » (Gal 2.5) Le jeune Tite a pris position, avec Paul et Barnabas. Il y a environ 500-600 ans, les chrétiens en Europe préféraient être brûlés vivants plutôt que de renier leurs convictions reçues de Dieu. Avons-nous encore quelques convictions bibliques pour lesquelles il vaut la peine de souffrir ?
2. Tite à Corinthe – Fidèle dans son amour pour ses frères chrétiens
Environ cinq ans après, nous trouvons Tite rattaché à l’assemblée chrétienne à Corinthe. Dans sa deuxième lettre à l’église à Corinthe, Paul relate une rencontre avec Tite : « Nous nous sommes encore plus abondamment réjouis de la joie de Tite, parce que son esprit a été apaisé grâce à vous tous. » (2 Cor 7.13) Tite ne faisait pas machinalement son devoir de chrétien à Corinthe, il a ressenti une grande affection (2 Cor 7.15) pour ces frères.
N’oublions pas que l’assemblée à Corinthe était loin de la perfection. Il y avait des tensions entre les frères les plus légalistes (« Moi, je suis de Pierre »), les activistes progressistes (« Moi, je suis de Paul »), les intellectuels (« Moi, je suis d’Apollos ») et ceux qui se sentaient au-dessus des autres (« Moi, je suis de Christ »). Il y avait de l’immoralité parmi certains et une triste indifférence chez la plupart ; des comportements charnels et de la rivalité entre les plus sages. Pourtant Tite les aimait. Ils étaient ses frères. Qu’apportez-vous à la vie d’assemblée ? Contribuez-vous à cette atmosphère lourde et critique ? Êtes-vous un frère difficile à contenter ? Aucun rassemblement de chrétiens ne sera jamais parfait ici sur la terre. Les assemblées doivent constamment chercher à changer pour le meilleur.
Je suis sûr que Tite a joué un rôle clé dans les changements positifs à Corinthe, mais d’une manière heureuse. Pendant que nous voyageons à travers la vie, laissons-nous derrière nous une odeur agréable ou désagréable ? Aimons-nous assez nos frères pour rayonner de chaleur et d’accueil ? Même envers ceux avec qui nous sommes en désaccord ? La vraie communion chaleureuse au sein du peuple de Dieu exige une marche en relation étroite avec Dieu. Tite était devenu une source de consolation pour un apôtre fatigué et affligé (2 Cor 7.5, 6). Si nous aimons vraiment nos frères, le Seigneur pourra également nous employer pour les encourager et les consoler.
>3. Tite en mouvement – Le fidèle administrateur des ressources
Dans le chapitre suivant (2 Cor 8), nous trouvons Tite impliqué dans des questions d’argent. Le projet était de rassembler des dons de différentes assemblées et de les porter aux frères et soeurs dans le besoin en Judée. Nous devons tristement admettre que le coeur humain est enclin à la tromperie, que ce soit en détournant les fonds, en les gaspillant ou en les utilisant pour contrôler les autres. L’apôtre expérimenté avait probablement déjà beaucoup vu de telles anomalies, c’est pourquoi il veillait « à ce qui est honnête, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes » (2 Cor 8.21). L’apôtre a eu besoin de croyants fidèles pour concrétiser son projet de collecte.
On a toujours grand besoin d’hommes et de femmes administrativement honnêtes et fidèles aujourd’hui. Il y a un manque inquiétant de telles personnes dans la plupart des champs de missions. Êtes-vous digne de confiance ? Votre comportement passé inspire-t-il la confiance ? Aucune équipe de chrétiens ne fonctionne bien avec des frères sur qui on ne peut pas compter. Tite et les autres choisis pour ce travail sensible ont été des hommes disciplinés et transparents. Leur honnêteté et leur sérieux ont été prouvés par un comportement constant dans le temps (2 Cor 8.22). Si vous viviez à cette époque, est-ce que ceux qui vous connaissent auraient proposé votre nom pour un travail si sensible ? Est-ce que les autres peuvent dépendre de nous ? Finissons-nous ce que nous commençons ? Notre vie a-t-elle montré notre engagement pour la cause de Christ ?
À chacun de nous, le Seigneur a confié du temps, de l’énergie et quelques possessions matérielles. À certains, il a également confié des enfants, un travail, un ministère, etc. Sommes-nous trouvés fidèles ? Les paroles de notre Seigneur Jésus sont toujours vraies aujourd’hui : « Celui qui est fidèle dans ce qui est très petit, est fidèle aussi dans ce qui est grand ; et celui qui est injuste dans ce qui est très petit, est injuste aussi dans ce qui est grand. » (Luc 16.10)
4. Tite en Crète – Fidèle pour mener à bien une mission difficile
Tite travaillait avec Paul sur l’île de Crète. Les croyants se réunissaient maintenant dans un certain nombre de villes sur l’île. Nous pouvons imaginer qu’il y avait là beaucoup de vie et d’enthousiasme, mais il y avait également beaucoup de défaillances. Autour de l’année 62 après J.-C., à un point critique dans le travail, l’apôtre quitte l’île mais Tite reste. Peu après, l’apôtre écrit : « Je t’ai laissé en Crète dans ce but, que tu mettes en bon ordre les choses qui restent [à régler], et que, dans chaque ville, tu établisses des anciens. » (Tite 1.5) Ce n’était pas une tâche facile. L’état moral de l’île était décadent : « Les Crétois sont toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux. » (Tite 1.12) Certains se sont opposés au message (Tite 1.9). Parmi les nombreux nouveaux croyants, il y en avait probablement de plus expérimentés. Certains Crétois avaient pris part au jour particulier de la Pentecôte (Actes 2.11). À compter de ce jour, ces frères pouvaient revendiquer presque 30 ans de tradition et pouvaient s’opposer à Tite en lui disant : « Nous avons toujours fait comme ceci.» Parmi les frères en Crète, nous trouvons de vains discoureurs insubordonnés, des séducteurs, et les légalistes obnubilés par la circoncision (Tite 1.10). Certains se plaisaient dans les contestations et les disputes (Tite 3.9), tandis que d’autres étaient animés d’un esprit sectaires (Tite 3.10). Je suis sûr que le service d’amour fidèle de Tite à Corinthe a été employé par Dieu pour préparer ce jeune homme à ce nouveau défi.
Peut-être vivez-vous une situation difficile en ce moment. Les situations difficiles ne durent pas à toujours. La tension et la douleur sont employées par le Seigneur pour former et faire mûrir ses serviteurs. Comment apprendrions-nous la persévérance autrement ? Dans ses mains, les déceptions et les larmes peuvent être employées pour réduire le fossé entre ce que nous professons et ce que nous vivons (Tite 1.16). L’autorité apostolique avait été déléguée à Tite pour cette tâche. Aujourd’hui notre base est l’autorité des Écritures. Mais la vie conséquente et fidèle de Tite était une source d’inspiration pour d’autres en Crète. L’autorité morale n’est pas déléguée et elle ne peut pas être imposée ou exigée. Elle doit être méritée : « Te montrant toi-même en toutes choses un modèle de bonnes oeuvres, [faisant preuve] dans l’enseignement, de pureté de doctrine, de gravité » (Tite 2.7,8). Notre mode de vie devrait « faire honorer en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur » (Tite 2.10). Sommes-nous à la hauteur ? Est-ce que la joie que nous procure notre style de vie chrétienne inspire les autres ? C’est la meilleure façon de montrer l’exemple.
5. Tite en Dalmatie – Fidèle quand il est seul
Nous trouvons la dernière référence à Tite en 2 Tim 4. 10. C’est la dernière lettre de l’apôtre Paul. Comme parfois dans les paroles de serviteurs vieillissants, nous y trouvons de tristes accents de solitude : « Tous ceux qui sont en Asie se sont détournés de moi. » (2 Tim 1.15) « Dans ma première défense, personne n’a été avec moi, mais tous m’ont abandonné. » (2 Tim 4.16) Au fur et à mesure que l’âge et l’infirmité limitent la joie que procure un service actif, le croyant pieux apprend de plus en plus à comprendre et à apprécier le Seigneur lui-même. « Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié. » (2 Tim 4.17).
L’apôtre a réfléchi à ses années de ministère et de sacrifices. Il en conclut : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. » (2 Tim 4.7) Il attend maintenant avec intérêt cette couronne de justice (2 Tim 4.8). Mais il a également quelques derniers conseils pour ses plus jeunes compagnons d’oeuvre : « Sois sobre en toutes choses, endure les souffrances (…) accomplis pleinement ton service. » (2 Tim 4.5) Achève fidèlement ton service ; mène-le à bonne fin.
La pensée de l’apôtre se tourne alors vers certains compagnons d’oeuvre spécifiques : « Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle ; et il s’en est allé à Thessalonique. » (2 Tim 4.10) Qu’est-ce qui a attiré Démas à Thessalonique ? Une vie d’alcoolique et de drogué ? Un mode de vie immoral ? Ou était-il simplement absorbé par un bon emploi séculier, stimulant, et financièrement stable ? Cela ne nous est pas dit.
Et Tite ? Le verset continue : « Crescens en Galatie, Tite en Dalmatie » (2 Tim 4.10). Tite entrait maintenant dans une nouvelle étape de sa vie. S’il avait un peu plus de 20 ans quand il avait commencé ses voyages avec Paul, il arrivait maintenant à la fin de la trentaine. Une décennie et demie à travailler dans l’ombre du grand apôtre touchait à sa fin. Remerciez le Seigneur de ce qu’il vous ait donné des parents chrétiens, mais le jour viendra où il vous faudra vivre votre foi sans eux. Remerciez le Seigneur pour les hommes et les femmes pieux qui nous conseillent et nous encouragent et qui nous disent « c’est bien ». Mais ils partiront également. Sommes-nous prêts à nous tenir seuls ? Sommes- nous prêts à continuer à marcher sans leur appui et leur vigilance ? D’après ce que nous savons, Tite a été fidèle jusqu’à la fin.
Des traces à suivre
La fréquentation, même brève, de croyants utiles et enthousiastes comme Tite stimule notre manière de vivre et nos priorités. Tite a suivi l’exemple et les recommandations de l’apôtre, afin que les croyants apprennent eux aussi à être les premiers dans les bonnes œuvres et qu’ils ne soient pas sans fruit (Tite 3. 13). Tite a laissé de bonnes traces à suivre.
En matière de service chrétien, on s’est souvent posé la question de savoir s’il suffit d’être appelé de Dieu, ou s’il faut en plus suivre une formation, un enseignement spécifique pour être un parfait ministre de Dieu. La question de la vocation et de la formation dans la transmission des valeurs est alors posée. Le débat est parfois enflammé d’une passion débordante. Aussi faut-il réfléchir sérieusement sur les déclarations de la Parole de Dieu pour comprendre que la vocation et l’enseignement se donnent bel et bien rendez-vous sur le terrain de la transmission des valeurs.
La formation est indissociable de l’appel
Plusieurs passages bibliques montrent que Dieu ne se préoccupe pas seulement d’appeler ses serviteurs, mais qu’il a aussi le souci de leur formation pour un bon accomplissement de son œuvre. Ainsi, après avoir appelé son peuple d’Israël, il lui donne des instructions sur la manière dont ce dernier devra le servir (depuis l’appel d’Abraham en Genèse 12 jusqu’au livre du Deutéronome). Il donne aussi des instructions sur la façon de transmettre ces valeurs aux générations futures (Deut 6.6-9, Ps 78.3-8).
Plusieurs versets sont bel et bien évocateurs du rendez-vous de la vocation et de la formation. Aux parents, il est dit : « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre. » (Pr 22.6) Le Seigneur Jésus déclare : « Faites de toutes les nations des disciples (vocation) … et enseignez-leur à observer (formation) tout ce que je vous ai prescrit » (Mat 28.19-20) C’est ainsi que l’apôtre Paul à son tour enjoint à son enfant légitime dans la foi : « Ce que tu as reçu de moi (formation), confie-le (transmission) à des hommes fidèles (vocation) qui soient capables d’enseigner (formation) à d’autres (vocation). » (2 Tim 2.2) Dans la vie de l’apôtre Paul, ce rendez-vous de l’appel et de l’enseignement était bien exposé à Ananias : « Va, cet homme est un instrument que j’ai choisi (vocation)… et je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom (formation). » (Act 9.15-16) Il n’y a pas que les déclarations bibliques ; on trouve aussi des exemples bibliques qui montrent clairement le rendez-vous entre l’appel et l’enseignement.
Les exemples bibliques
Caïn et Abel étaient appelés à vivre côte à côte dans la maison de leurs parents Adam et Eve, et ils ont probablement été enseignés au sujet de l’offrande sanglante que le péché originel avait rendue nécessaire (Gen 3.21). Cela pourrait expliquer pourquoi l’un a obéi et a trouvé l’approbation de Dieu, alors que l’autre a présenté l’offrande selon sa justice propre et a reçu la désapprobation de Dieu (Gen 4).
Dieu ayant appelé Noé, lui enseigna comment il fallait construire l’arche afin que sa famille soit sauvée (Gen 6.13-22 ; Héb 11.7).
Dieu appela Moïse et le plaça à son école pendant 40 ans en Madian ; plus tard, lorsque Moïse commença à exécuter sa mission, Dieu le remit à l’école non seulement pour lui transmettre la loi, afin que celle-ci soit enseignée au peuple d’Israël, mais aussi pour lui révéler le modèle du tabernacle. Dieu conclut en disant : « Regarde, et fais d’après le modèle qui t’est montré sur la montagne. »
Dans la ligne de ce ministère, Josué sera appelé à son tour et enseigné par Moïse pour lui servir de successeur.
Chez les prophètes, on trouve la même règle. Le jeune homme est appelé par Dieu, et après il se met à l’école de l’aîné ; il y a l’exemple de Samuel et d’Éli (1 Sam 3.1), et celui d’Élisée et d’Élie (1 Rois 19.16,19-21), pour ne citer que quelques-uns.
Lorsqu’on arrive au N.T., on trouve Jean-Baptiste et l’apôtre Paul qui, une fois appelés par Dieu, sont formés dans un endroit à part à l’école du Saint-Esprit. Les autres apôtres, eux, sont formés à l’école de Jésus-Christ pendant trois ans (Marc 3.13-15).
Dans les Actes, une bonne armée d’appelés du Seigneur sont formés par les apôtres Paul et Barnabas, tandis qu’Aquilas et Priscille enseigneront Apollos (Act 18.24-26).
A partir des ces exemples, il est clair qu’une personne appelée par Dieu à son service ne peut pas se passer de l’enseignement, car l’instruction apparaît comme la courroie de transmission des valeurs. Il est vrai qu’il est souvent discuté de la forme que doit prendre la formation, mais il est certain que l’enseignement suit normalement un appel qui vient de Dieu.
Il y a diversité de formations
En réalité, il n’y a pas de formule exclusive s’il faut s’en tenir aux dispositions de la Parole de Dieu. Un homme appelé par Dieu à son service devrait se soumettre au type de formation que Dieu veut pour lui. Il ne faut donc pas négliger de se mettre à l’écoute attentive du Saint-Esprit, qui saura conduire les uns et les autres selon diverses formules.
La Parole n’exclut pas l’apprentissage de l’autodidacte, absorbé par une étude personnelle des Saintes Ecritures, sous la conduite du Saint-Esprit, mais recourant aussi aux livres que d’autres ont écrits. Le Saint-Esprit peut même conduire le croyant dans une solitude éprouvante, où celui-ci sera plus fortement incliné à une méditation profonde des Saintes Ecritures. Ce fut le cas de Jean-Baptiste et de Paul. Il y a aussi la formule du tutorat où la personne appelée se met sous l’autorité d’une autre personne expérimentée. Les exemples abondent : Moïse et Josué, Paul et Timothée, Paul et Tite, Aquilas et Priscille (ou Prisca) à l’égard d’Apollos, et d’autres.
On trouve encore la formule de l’école dans l’Ancien Testament : l’une regroupait des prophètes (2 Rois 6.1-6). Dans le N.T. l’apôtre Paul en dirigea une qui devint fameuse dans toute la province d’Éphèse (Act 19.8-10). La formule que peut prendre l’enseignement pour transmettre les valeurs divines à un homme appelé de Dieu est un domaine où il faut éviter l’esprit dogmatique. Tout dépend de Dieu lui-même qui est capable d’agir selon la connaissance qu’il a de l’individu et selon le but qu’il veut atteindre avec lui. Ainsi a-t-il conduit Israël dans un long chemin tant que son peuple n’était pas mûr pour la bataille et pour la conquête du pays promis (Ex 13.17).
Laissons donc Dieu nous équiper en vue du service qu’il nous destine : la patience que requiert une formation soignée n’est jamais du temps perdu !
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