PROMESSES

Lévitique 18.629

Cet article est résumé et adapté d’une prédication de Don Curtis disponible sur le site www.bible.org. Don Curtis est diplômé en philosophie de la Pennsylvania State University et travaille dans l’informatique à Atlanta. Don se passionne pour les études bibliques et l’enseignement. Il est actuellement ancien et enseignant dans une église en Géorgie.

La structure du texte

La structure de Lévitique 18 est très simple, tout comme son message. Ce texte vise à définir les limites, selon Dieu, des relations sexuelles entre humains. Elles sont au nombre de trois : la limite « interne », qui interdit les relations sexuelles entre proches parents (618), la limite « médiane », qui limite les relations sexuelles à la sphère du mariage et les interdit en dehors (1920), la limite « externe », qui définit les relations sexuelles contre nature (2123). Les versets 24 à 29 décrivent le jugement de Dieu sur toute nation qui ne respecte pas ces limites, audelà d’Israël, le peuple de l’alliance.

Le contexte culturel

Quand j’ai commencé l’étude de ce chapitre, je l’ai lu, non comme un ancien Israélite, mais comme quelqu’un dont la vision a été pervertie par la révolution sexuelle. Aujourd’hui, on sépare implicitement les relations sexuelles du mariage. Dans notre culture, on nous dit que le sexe est un instinct similaire à la faim et qu’il est presque impossible de le contrôler. Ce message infuse notre vie de façon subtile et affecte notre vision de la vie et des Écritures.

1. Pour le peuple d’Israël de l’époque, relations sexuelles = mariage.

« Si un homme séduit une vierge qui n’est point fiancée, et qu’il couche avec elle, il paiera sa dot et la prendra pour femme. Si le père refuse de la lui accorder, il paiera en argent la valeur de la dot des vierges. » (Ex 22.1617) Ce verset indique implicitement qu’il n’y avait pas en Israël de relations sexuelles préconjugales. Avoir des relations intimes avec une vierge valait mariage, sauf si le père s’y opposait.

Un autre exemple est Genèse 24.67 : « Isaac conduisit Rebecca dans la tente de Sara, sa mère ; il prit Rebecca, qui devint sa femme, et il l’aima. » Très simplement, Isaac épousa Rébecca en entrant à la vue de tous dans la tente pour avoir des relations sexuelles avec elle. Plus encore, notez qu’Isaac ne savait pas à quoi ressemblait Rébecca ou quel type de personne elle était avant cet événement. De toute évidence, en Israël, il n’était pas question de savoir si deux personnes étaient compatibles. Au contraire, on comprenait que la compatibilité provenait d’abord de ce que les conjoints construisaient ensemble.

2. Les hommes pratiquaient la polygamie et la Torah régulait cette pratique.

Les situations familiales pouvaient, de ce fait, être très complexes. Lévitique 18 contient les lois qui définissent la position la plus libérale pour qu’une société puisse rester intacte.

3. Dès le commencement, avoir des relations sexuelles a signifié « devenir une seule chair ».

Cette « seule chair » n’est pas un attachement émotionnel entre un homme et une femme. C’est ce qui se passe immanquablement lorsqu’un homme et une femme s’unissent physiquement, comme l’affirment la Loi et le N.T. Que cette « seule chair » n’ait pas de signification particulière pour l’éternité est évident d’après la réponse que Jésus fit aux sadducéens (Matt 22).

Donc, si « être une seule chair » n’est pas un lien émotionnel et n’a pas de sens pour notre vie dans le ciel, qu’estce que cela signifie actuellement pour notre vie ? La réponse est simple. Le Seigneur ne fait aucune distinction entre des relations sexuelles et une relation pour la vie : – En Matt 19.46, l’interdiction du divorce est basée sur ce principe d’ « une seule chair ». – 1 Cor 6.16 affirme que toute relation sexuelle fait de deux personnes « une seule chair » et le Seigneur reconnaît cette union comme telle, qu’elle soit légitime ou non. – Mal 2.1316 dit que Dieu a fait de l’homme et de la femme « une seule chair » parce qu’il « recherchait une descendance divine ». Comme je le montrerai, quand une société nie le principe d’ « une seule chair », les enfants ne sont plus en sécurité.

La limite intérieure de la sexualité selon Dieu (v. 618)

Une fois compris ces trois sousjacents culturels et bibliques, Lévitique 18 s’éclaire. La première section (v. 618) interdit toute relation sexuelle avec des proches parents. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’inceste1 . Le tableau qui suit résume la liste des relations interdites et indique les punitions liées à la violation de cette interdiction, et détaillées au ch. 20.

VersetRelation Punition (verset du ch. 20)
7Mère et fils Mort (11)
8Bellemère et filsMort (11)
9Frère et sour ou demisour par la mère Retranchement (17
10Père et petitefille Crémation (14)
11Frère et demisour par le pèreRetranchement (17)
12Neveu et tante (sour du père)Stérilité (20)
13Neveu et tante (sour de la mère)Stérilité (20)
14Neveu et tante (femme du frère du père)Stérilité (20)
15 Père et bellefille (bru) Mort (12)
16Frère et bellesourStérilité (20)
17Père et bellefille
Père et bellepetite fille
Mari et bellemère
Crémation (14)
18 Mari et bellesourAucune

Comparez la première interdiction (v. 7, entre mère et fils) avec la dernière (v. 18, entre mari et bellesour). La relation d’une mère avec son fils est bien plus proche émotionnellement et physiquement que celle d’un mari avec sa bellesour ; c’était la relation de sang la plus proche dont on pouvait être certain dans le monde antique. Plus on descend dans la liste, moins les relations sont proches.

Pourquoi cette liste estelle différente de listes similaires dans d’autres cultures antiques ? Parce que, me sembletil, elle est une extension logique du principe de « devenir une seule chair » à travers la relation sexuelle. Par exemple, le v. 18 interdit à un homme d’épouser sa bellesour. Il n’y a pas de raison génétique à cela. Mais si un homme est une seule chair avec sa femme, la sour de celleci devient pour lui comme une sour par le sang.

Au demeurant, les lois sur les proches sont plus détaillées et les punitions plus sévères que les lois similaires de l’Antiquité. C’est significatif car les lois d’une nation protègent ce qu’un peuple considère comme important. La loi de l’Éternel nous indique, par son exactitude et sa sévérité, ce qu’il considère comme important.

Notre civilisation place avant tout la « compatibilité » comme préalable nécessaire à une union réussie. Cette notion ne se trouve pas dans la Bible. Par exemple, le frère qui devait épouser la femme de son frère défunt et la femme en question devaient remplir cette obligation, qu’ils s’apprécient ou pas. Le Seigneur attend avant tout de nous que nous nous entendions et que nous sachions gérer avec amour les différences et les conflits.

La limite médiane de la sexualité selon Dieu (v. 1920)

Le v. 19 interdit d’avoir des relations intimes avec sa femme pendant sa période d’impureté mensuelle. Sous la loi, tout flux corporel était considéré comme impur et les règles ne font pas exception. L’obéissance à cette loi se lie spécifiquement à la sainteté de la conduite sous l’ancienne alliance. Un homme peut l’enfreindre de deux façons : accidentellement (auquel cas il est impur sept jours, tout comme la femme, 15.24), ou délibérément (et la conséquence est la peine de mort, 20.18). L’enjeu est ici celui de la sainteté : pendant sa période de menstruation, la femme est considérée par Dieu comme cérémoniellement impure. Entrer délibérément en contact avec une femme impure est proscrit parce que cela revient à mépriser la sainteté divine.2

Le v. 20 interdit d’avoir des relations sexuelles avec la femme de son voisin. Ce verset est important, car il faut qu’il y ait eu au préalable un changement dans la vision de quelqu’un sur la sexualité avant qu’il commette adultère. L’adultère va à l’encontre du principe de « une seule chair » : on refuse de reconnaître que la personne avec qui on commet adultère est déjà « une seule chair » avec une autre personne. L’adultère dissocie les relations sexuelles du mariage et les élève à un statut indépendant. La sexualité devient un but plutôt que la conséquence d’une relation. Notons aussi que les enfants issus d’une union adultérine sont souvent très mal accueillis !

Le v. 20 fait la transition. Si une société a établi des limites intérieures, médianes et extérieures à la sexualité, c’est cette partie médiane qui s’effondre la première. Et une fois qu’elle est tombée, les deux autres limites s’effondrent rapidement.

La limite extérieure de la sexualité selon Dieu (v. 21-23)

Pendant longtemps, les trois limites de la sexualité selon Dieu étaient fermement établies dans la culture occidentale. Même si des individus isolés pouvaient les rejeter, tant les lois que le consensus populaire maintenaient ces limites. Cela incluait une famille basée sur l’affirmation judéochrétienne d’un couple formé d’un seul homme et d’une seule femme. Le standard moral était même plus élevé que le mariage juif, puisqu’il excluait la polygamie ; cette ancienne pratique avait en effet été abandonnée grâce à l’enseignement de Jésus et au ministère du Saint Esprit dans la vie des hommes.

V

ers le début du XXe siècle, sous les coups de la « haute critique » théologique qui discréditait la Bible et sous l’influence des théories évolutionnistes, la société se détourna de Dieu et, peu après, les relations sexuelles se détachèrent du mariage. Le sexe était devenu autonome. Quelque part, quelqu’un eut l’idée que l’attraction romantique était la fondation idéale d’une relation durable et la vendit à tous. Les cinéastes et les artistes, porteurs de ce message, furent les premiers à souffrir de divorces en cascade et de remariages, mais nous avons ignoré l’évidence et accepté le mensonge. La limite médiane commença à s’effacer.

La révolution sexuelle des années 60 marqua la destruction quasi totale de cette limite médiane. Les gens commencèrent à vivre ensemble sans engagement durable. Le nombre des mariages commença à diminuer. Des adolescentes tombèrent enceintes. Les enfants à naître furent regardés comme des gêneurs. Le sexe devint tellement explicite, si ouvertement exhibé, si lucratif, que la société abaissa ses standards sexuels. Les limites extérieure et intérieure commencèrent à tomber.

3 effets de l’effacement de la limite extérieure

Le meurtre des enfants non désirés (v. 21)

« Tu ne livreras aucun de tes enfants pour le sacrifier à Moloch, et tu ne profaneras point le nom de ton Dieu. Je suis l’Éternel. »

Ce verset semble un peu hors de contexte au milieu de ce chapitre. Qu’atil à faire dans le cadre d’unions sexuelles illégales ? Je pense qu’il signale en fait la première phase de la destruction de la limite extérieure de la sexualité selon Dieu. Cela indique que les enfants ne sont plus en sécurité dès que la limite médiane tombe.

Voici ce que disait en 1984 Barbara Burke, pourtant favorable à l’avortement : « Pour certains animaux, l’infanticide est une pratique naturelle. Cela pourraitil être aussi naturel pour les humains, un trait hérité de notre évolution ? Quand nous entendons dire qu’une mère a tué son propre bébé, nous sommes horrifiés et supposons qu’elle est folle. Bien sûr, certains tueurs sont fous. Mais l’infanticide humain est trop répandu géographiquement et historiquement pour être explicable par une pathologie ou par une particularité de quelque culture déviante. Cela peut paraître une méthode de planning familial cruelle et inefficace, mais dans les cultures sans méthode contraceptive, où les naissances étaient plus sûres que les avortements primitifs, cela pouvait apparaître comme la seule façon de garder la taille de la famille en cohérence avec ses ressources. »

Autrefois, par contagion morale avec les peuples environnants, des Israélites sont allés jusqu’à offrir leurs enfants à Moloch. L’analogie avec l’avortement peut nous venir à l’esprit.

L’homosexualité (v. 22)

« Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. »

Quand le sexe devient autonome, l’expérience sexuelle entre membres du même sexe devient inévitable. Voici pourquoi : si le but de votre sexualité est le plaisir indépendamment du mariage et si votre liberté sexuelle en vient à nier toute limite, il n’y a plus de raison de rejeter une pratique alternative. En conséquence, beaucoup d’homosexuels demandent notre compassion et notre acceptation.

Un pasteur, favorable à l’homosexualité, s’étonnait des réactions négatives suscitées par une de ses émissions télévisées. Il les taxait péjorativement d’« émotions profondes primaires ». Mais ces « émotions profondes primaires » font précisément partie de la limite extérieure. Rappelons nous qu’il fut un temps où notre culture avait des émotions profondes primaires à propos de l’adultère, des relations prémaritales, du divorce, de l’avortement, etc. Une par une, nous nous en sommes débarrassés, mais je crois qu’il est temps de rappeler nos « émotions profondes primaires » !

La bestialité (v. 23)

« Tu ne coucheras point avec une bête, pour te souiller avec elle. La femme ne s’approchera point d’une bête, pour se prostituer à elle. C’est une abomination. »

Ce verset marque la limite actuelle de notre culture, quoique la bestialité apparaisse fréquemment dans les livres pornographiques. Si notre culture accepte l’homosexualité comme elle a accepté l’adultère et l’avortement, elle acceptera bientôt la bestialité. Peutêtre lui donneratelle une aura mythique, comme Zeus qui se transformait en taureau pour séduire Europe.

Le jugement de Dieu arrive (v. 24-29)

« Ne vous souillez par aucune de ces choses, car c’est par toutes ces choses que se sont souillées les nations que je vais chasser devant vous. Le pays en a été souillé ; je punirai son iniquité, et le pays vomira ses habitants. »

Voilà qui devrait rendre sérieuse une société lubrique. Il ne s’agit pas d’Israël violant son alliance avec Dieu, mais de Dieu qui, constatant à quel point les Cananéens païens ont souillé leur pays, les jette dehors. Ce chapitre contient des principes universels, qui ne sont pas basés sur une relation d’alliance. Dieu juge toutes les nations de façon égale.

La lettre de l’église de Jérusalem aux croyants païens, en Actes 15.2329, ne met pas ces derniers sous la loi juive, mais réitère la condamnation divine contre l’immoralité sexuelle.

Romains 1.1832 suit la même progression que Lévitique 18. Une fois que l’homosexualité est acceptée, il semble qu’on puisse s’attendre à voir surgir tout type de mal.

La réponse chrétienne

Le développement de l’adultère, des relations préconjugales, de la pornographie, de l’avortement et de l’homosexualité, est le signe d’un fossé grandissant entre une société donnée et les normes divines. Nous héritons désormais de nations façonnées selon les désirs pécheurs de notre cour humain. Il est très difficile pour nous (en tant qu’individus et en tant qu’églises) de rester purs dans de telles sociétés : l’expérience ancienne des Corinthiens est là pour le confirmer. Difficile, mais non impossible.

Examinons notre propre attitude visàvis de la sexualité. Nous sommes confrontés à une guerre spirituelle sur trois fronts dans le domaine de la sexualité :
– il y a notre chair, qui n’est que trop prompte à rechercher une sexualité autonome, c’estàdire indépendante du mariage ;
– il y a Satan, qui à travers l’humanisme et d’autres philosophies, promeut un système intellectuel opposé à la justice de Dieu, et qui encourage la sexualité débridée, l’homosexualité, l’avortement ;
– il y a le monde, qui s’allie avec Satan et avec notre chair -le monde ignore ce que dit l’Église, ou alors s’oppose à elle pour maintenir ses perversions.

Si vous êtes en train de perdre la bataille avec votre chair, si elle vous fait désirer des expériences soit hétérosexuelles, soit homosexuelles, en dehors des trois limites de la sexualité selon Dieu, vous pouvez la vaincre en vivant par l’Esprit (Gal 5.16). Cette partie de l’Épître aux Galates contient beaucoup de choses à méditer. Elle ne nous promet pas la libération du désir charnel, mais elle nous promet que le SaintEsprit nous donnera la maîtrise de soi. Il nous accordera également une vertu cardinale dans cette lutte contre la chair : un amour pour les frères qui nous rend capables de les considérer comme plus précieux que nous-mêmes.

Contre Satan, nous avons la vérité de l’Écriture. Si nous sommes fidèles et vrais dans notre message, nous serons entendus. Le message doit être présenté sous toutes les formes possibles et accessibles à nos contemporains: livres, musique, peinture, arts.

Contre le monde, nous avons besoin d’une Église pure et obéissante. Nous devons bâtir des familles solides. Nous devons apprendre à fortifier nos mariages. Le Seigneur nous demande d’apprendre à vivre ensemble. Je sais sous quelle pression sont nos enfants de la part de leurs camarades ; aussi ne ménageons pas nos efforts, notre temps, notre argent, pour les aider à avancer à contrecourant.

Étant donné que les limites se sont désagrégées dans notre culture, il est probable que cet article aura profondément perturbé certains lecteurs. Plusieurs ont peutêtre connu des expériences malheureuses dans le passé. À ceuxlà, je dis : Regardez l’amour que Jésus a montré à la femme samaritaine (Jean 4). Regardez comment il a agi envers la femme adultère (Jean 8). Souvenezvous comment il s’est retourné pour réhabiliter devant ses hôtes une prostituée (Luc 7). Laissez votre passé, recevez son amour et ses paroles : « Va, et ne pèche plus. » Ainsi, par sa grâce, votre honte disparaîtra et vous serez lavé et purifié, car c’est lui qui le fera.

1On peut se poser la question de savoir si cette première section traite de l’inceste dans le sens moderne de rela-tion secrète et oppressive entre membres de la même famille ou bien si elle ne fait qu’indiquer avec qui l’Israélite ne devait pas se marier. À mon sens, le texte couvre les deux points. Prenons le sujet du mariage : étant donné le contexte libéral du mariage dans l’ancien Israël, si votre père meurt ou divorce de votre mère et si elle se retrouve seule, pouvez-vous en tant que fils vous marier avec elle ? Si vous l’avez accueillie chez vous pour la protéger et subvenir à ses besoins, est-il possible d’avoir des relations sexuelles avec elle, tout comme avec vos femmes ou vos concubines ? En fait, suivant les différentes cultures des pays de l’Antiquité, des répon-ses différentes étaient apportées. Les Perses, par exemple, encourageaient les unions avec sa mère, sa fille ou sa sœur car elles avaient selon eux un mérite spécial aux yeux de leurs dieux. Quoi qu’il en soit, la réponse pour Israël était clairement : « Non ! ».
2 Appliquer directement cette loi aujourd’hui, alors que, sous la nouvelle alliance, la sainteté n’est plus liée à des pratiques cérémonielles, serait inopportun, même si on n’allait pas jusqu’à la peine capitale ! Signalons juste que le mari chrétien doit avoir des égards spéciaux pour sa femme pendant ses règles, alors que les rapports peuvent être moins agréables ou plus douloureux. Une abstinence temporaire (1 Cor 7.5) peut parfois être préférable, sans qu’il soit pour autant question d’en faire une règle. (NDLR)

Écrit par


Chronique de livre

Christopher J.H. WRIGHT
Excelsis 2007

Christopher Wright est un spécialiste de l’éthique de l’A.T. L’ouvrage paru récemment chez Excelsis reprend, en l’augmentant et le complétant, son précédent livre paru en français Vous serez mon peuple. Il est le fruit d’années de recherche et constitue sans doute la meilleure somme sur ce sujet jamais parue en français.

L’auteur se meut avec aisance entre deux extrêmes où sont parfois tombés certains commentateurs : – vouloir appliquer littéralement aujourd’hui tous les enseignements de l’A.T. : or cela est impossible à la fois pour des raisons pratiques (car nous ne vivons pas à l’époque du peuple d’Israël antique) et pour des raisons théologiques (car nous sommes dans la nouvelle alliance) ; – récuser toute portée éthique à un A.T. jugé primitif, révolu ou dépassé : or cela est tout aussi impossible à la lumière de

l’utilisation fréquente de l’A.T. par Jésus et les auteurs du N.T.

L’approche de C. Wright consiste à considérer les lois, les enseignements et les récits de l’A.T. comme des « paradigmes », c’est-à-dire des modèles en situation qui permettent de tirer des enseignements plus larges, applicables dans des contextes différents.

Il distingue trois angles fondamentaux et complémentaires pour aborder l’éthique vétéro-testamentaire : l’angle théologique (Dieu), l’angle social (le peuple d’Israël) et l’angle économique (le pays). À l’aide de cette grille d’analyse, il parcourt l’A.T. de long en large pour développer divers thèmes éthiques (les pauvres, l’écologie, la politique, le système juridique, la famille, etc.).

Cet ouvrage de référence est foisonnant et riche d’applications pour nous, en particulier dans le domaine social. Il nous encourage à lire et relire l’A.T. et à trouver des « perles » jusque dans les textes qui nous semblent les plus rébarbatifs et les plus éloignés de nos préoccupations actuelles. comme notre livre du Lévitique !


Expiation : mot traduit également par « propitiation » dans certaines versions. Le terme original est de la même racine que « propitiatoire » et signifie « couvrir ». Théologiquement, certains distinguent, dans l’acte sacrificiel, l’expiation (qui efface les péchés du pécheur) et la propitiation (qui rend Dieu favorable au pécheur). Quoi qu’il en soit, les deux notions sont proches.

Holocauste (litt. « brûlé tout entier ») : sacrifice volontaire, dont la caractéristique était d’être brûlé tout entier sur l’autel (à l’exception de la peau de l’animal).

Propitiation : acte par lequel le péché est couvert aux yeux de Dieu, qui accueille favorablement toute personne qui s’approche de lui sur cette base.

Propitiatoire : couvercle de l’arche de l’alliance (Ex 25.17-22). Le mot hébreu signifie litt. « couverture ». Il est traduit en Héb 9.5 par un mot grec qui signifie litt. « qui apaise ». Le sang déposé sur ce couvercle rendait Dieu favorable (« propice ») envers son peuple et lui permettait de « couvrir » les péchés des Israélites. La traduction anglaise est intéressante : mercy-seat, litt. « siège de miséricorde ».

Pur : état normal de tout objet ou être créé par Dieu. L’inverse est l’état « impur », qui peut affecter une personne, un animal ou un objet de façon temporaire (Lév 12) ou permanente (Lév 11).

Retranché : « être retranché de son peuple » était un jugement encouru lors de certaines infractions à la loi. Cette expression semble avoir recouvert une variété de peines, allant de l’exclusion temporaire du culte communautaire à la mort.

Sacrifice d’expiation : mieux traduit par « sacrifice pour le péché ».

Saint : objet, personne ou acte dédié au service de Dieu. En soi-même, ce terme n’a pas de connotation morale. Il en acquiert souvent une, cependant, car ce qui est mis à part pour Dieu doit correspondre à la nature morale de Dieu (Lév 19.2). L’inverse de « saint » est « souillé ».

Substitution : acte par lequel quelqu’un porte la peine d’un autre ou est sacrifié à sa place. C’était ce qui se passait lorsqu’un Israélite coupable d’un péché apportait une victime pour l’égorger à sa place. L’identification entre le coupable et la victime se marquait par l’imposition des mains sur la tête de la bête. Théologiquement, on peut distinguer la substitution (par laquelle Christ, en mourant à leur place, a porté les péchés de ceux qui allaient croire en lui) de la propitiation (qui permet la disposition favorable de Dieu envers tous ceux qui veulent s’approcher de lui par la foi en Christ). Dit autrement, Jésus s’est offert à Dieu pour tous (propitiation, 1 Jean 2.2), mais ne peut effectivement servir de victime substitutive que pour ceux qui croient en lui (substitution, Héb 9.28).

Tabernacle : temple portatif provisoire. Il comportait trois parties : – le parvis, avec l’autel des holocaustes (ou autel d’airain) et la cuve d’airain, – la tente proprement dite, divisée en : – « lieu saint » (où les sacrificateurs pouvaient entrer), où se trouvaient le chandelier, la table des pains et l’autel d’or (ou autel des parfums), – « lieu très saint » (où seul le grand sacrificateur entrait une fois par an) , où se trouvait l’arche de l’alliance. Le tabernacle subsista jusqu’à l’édification du temple de Salomon (2 Sam 7.6 ; 1 Chr 21.29).

Tente d’assignation ou tente de la rencontre : initialement, elle désignait la tente que Moïse dressa à l’extérieur du camp, après l’épisode du veau d’or, pour symboliser sa séparation d’un peuple coupable (Ex 33.7). Dans cette tente, Dieu descendait pour parler à Moïse (Ex 33. 9-11). Après l’érection du tabernacle, la tente d’assignation s’identifia au tabernacle (Ex 40.2) et il n’est plus question de la tente initiale d’Ex 33. Sur le tabernacle-tente d’assignation, la gloire de Dieu descendit également (Ex 40.34).

Écrit par


Quand un nouveau converti rejoint la communauté chrétienne, il recherche des exemples spirituels. Comment Christ s’attend-il à ce qu’il vive sa récente foi ? En son temps, généralement, le nouveau croyant deviendra comme les chrétiens qui l’entourent. Sera-t-il un croyant matérialiste ? Un saint à la recherche de distractions charnelles ? Sera-t-il intellectuellement paresseux ou vif ? Développera-t-il un état d’esprit ouvert à l’évangile ou craintif pour témoigner ? Ou terminera-t-il sa vie, épuisé, courant d’une activité religieuse à la suivante, animé par l’admiration de ses frères chrétiens ? Étant donnée notre nature pécheresse et corrompue, quel que soit notre choix, nous sommes attirés par le vice. Dans le N.T., et plus particulièrement le livre des Actes, nous trouvons trois hommes appelés Ananias. Ils étaient des contemporains. Chacun, indépendamment et pour ses propres raisons, a choisi « la foi en Dieu » plutôt que d’être athée. De plus, chacun d’eux a fait preuve de sacrifice personnel dans sa vie au sein de sa communauté qui craignait Dieu. Cependant, chacun a manifesté une conception différente de la spiritualité.

ANANIAS – L’HOMME SUPERFICIEL EN QUETE DE RECONNAISSANCE

Le premier Ananias apparaît en Actes 5. C’est un homme assez riche, marié à Sapphira, qui avait rejoint l’église des premiers jours à un moment passionnant. Certes, la persécution était là, mais il y avait aussi une grande hardiesse, une forte unité et la main de Dieu était évidente parmi eux. Pouvez-vous imaginer vivre dans une communauté où « nul ne disait d’aucune des choses qu’il possédait, qu’elle fût à lui ; mais toutes choses étaient communes entre eux » ? (Act 4.32) À la fin de mes années d’adolescence, j’ai lu Exodus de Leon Uris, qui, entre autres, décrit la formation du premier kibboutz. L’idée de vivre dans une communauté sans propriété privée, partageant tout, a inspiré ma jeune imagination. Aux vacances qui ont suivi, j’ai voyagé de Londres jusqu’au nord d’Israël et j’ai travaillé volontairement six semaines dans un kibboutz. C’était amusant, mais, sur le plan de l’idéal, décevant. À l’époque où j’y suis allé, quelques membres du kibboutz avaient leurs propres comptes bancaires privés. Le degré d’intégration qu’ont expérimenté les premiers chrétiens n’était pas simplement le fruit d’un besoin ou d’une conception sociale. C’était la preuve que le Dieu tout-puissant transformait des cours humains corrompus. L’apôtre Jean fait de cette qualité de relation la marque du vrai disciple de Jésus-Christ (Jean 13.35) et même un test de la nouvelle naissance (1 Jean 3.14).

Un jour, un frère appelé Joseph, très engagé, « ayant une terre, la vendit, et en apporta la valeur, et la mit aux pieds des apôtres » (Act 4.36,37). Ananias s’est rendu compte que cet acte généreux avait créé beaucoup de bons sentiments au sein de la communauté chrétienne. Des commentaires reconnaissants, joyeux et admiratifs avaient circulé. L’impact de la manière de vivre de Joseph a été tel, que les apôtres ont changé son nom en Barnabas (qui signifie « fils de consolation »). Peut-être qu’Ananias ne s’entendait pas très bien avec Pierre, un ex-pêcheur bourru. Le propriétaire terrien, lui, était plus son type d’homme. Ananias avait maintenant trouvé en Barnabas un bon modèle spirituel à suivre. Il y a un danger à suivre de bons comportements positifs en apparence s’il n’y a pas la nécessaire réalité intérieure.

Nous, les humains, sommes étranges : nous avons la capacité de donner tout ce que nous possédons aux pauvres et de livrer notre corps aux flammes, mais ce pour de mauvaises raisons (1 Cor 13.3) ! Ce don de sacrifice exercé sans un cour pur conduit à la déception et par la suite à l’amertume. Les gens ne sont pas si reconnaissants que ça. Ceux qui donnent et servent en s’attendant à des éloges humains et à de la gratitude se sentiront tôt ou tard blessés et découragés. Cela peut même mener à la colère et à la dépression. Ananias voulait la popularité de Barnabas. Il a convoité les compliments et l’admiration du peuple de Dieu. Mais tout au fond de son cour, il fallait encore beaucoup de travail. Pour suivre les hommes de Dieu, nous avons besoin du cour transformé de ces hommes de Dieu. Êtes-vous généreux et travaillez-vous dur, vous attendant à un « bravo » de la part de vous saints frères ? Êtes-vous préoccupé par votre « position » dans votre communauté chrétienne ? Dans certaines communautés, vous devez parler en langues ou vous évanouir pour être considéré comme étant spirituel. Ailleurs, vous avez besoin de porter une cravate et une veste ou avoir un certain vocabulaire en priant afin d’être considéré spirituel. Lutter pour obtenir l’approbation humaine finira par forcer à mentir, à être et à se faire passer pour ce qu’on n’est pas.

Une des nombreuses bénédictions de la vie de couple est d’avoir à nos côtés une deuxième conscience, une conscience que nous ne pouvons pas manipuler par les arguments interminables de notre propre esprit. Était-ce l’idée de Sapphira ou d’Ananias de tromper les apôtres ? Actes 5.2 laisse penser qu’Ananias était peut-être celui qui avait proposé le plan trompeur au départ. La fin aurait été si différente si Sapphira avait dit : « Mon cher Ananias, je sais que tu es un homme très généreux. Vendons la parcelle de terrain et donnons la moitié aux apôtres et investissons l’autre moitié en valeurs mobilières pour notre plan de retraite. Et soyons transparents à ce sujet ! » Cette dernière phrase aurait fait la différence entre la vie et la mort. Chères sours, vous avez un rôle principal à jouer dans la conscience de vos maris. Exprimez-vous à voix haute par amour. Ne permettez pas à votre mari de dériver vers l’hypocrisie religieuse. Vous le connaissez mieux que quiconque sur terre et le Seigneur vous tient responsable des actions commises conjointement.

On dit que l’image que les autres ont de notre piété excède généralement la réalité. La divergence entre ce que nous sommes et ce que nous devrions être (et voudrions être) est parfois déprimante. Le nom Ananias signifie « Dieu est miséricordieux ». Le Seigneur connaît nos imperfections. Il voit très bien le fossé qui existe entre notre connaissance biblique et notre style de vie, entre notre langage et notre comportement. Mais béni soit Dieu ! Il est et sera toujours miséricordieux. Si le Seigneur mettait à mort les chrétiens inconséquents aujourd’hui, qui subsisterait ? Laissons de côté notre préoccupation au sujet des apparences et de notre image, et travaillons sur notre réalité. L’honnêteté et la transparence sont deux éléments importants de notre itinéraire spirituel.

ANANIAS – L’HOMME OBEISSANT QUI N’AVAIT PAS PEUR DE PRENDRE DES RISQUES

Au chapitre 9 des Actes nous trouvons notre deuxième Ananias. C’était un juif converti qui vivait en dehors d’Israël dans la grande ville de Damas. L’apôtre Paul l’a décrit plus tard comme un « homme pieux selon la loi, et qui avait un [bon] témoignage de tous les Juifs qui demeuraient [là] » (Act 22.12). Faisait-il référence à sa vie actuelle ou avant sa conversion ? S’il était toujours un observateur de la loi, nous pourrions conclure qu’Ananias s’était converti du judaïsme au christianisme assez récemment. Mais sa conversion était réelle. Les Écritures l’appellent le « disciple nommé Ananias » (Actes 9. 10) et il était persécuté pour sa foi nouvelle en Christ. La profondeur du caractère de cet Ananias dépasse de loin le précédent. Il est évident que la souveraineté de Christ avait saisi l’âme de cet homme. En devenant un chrétien, il savait qu’il n’était plus un agent libre de faire ce qui lui plaisait. Il était maintenant un serviteur de Jésus-Christ. Bien qu’Ananias ait exprimé quelques doutes quant à sa sécurité personnelle, il a toujours appelé Jésus : « Seigneur » (Act 9.10,13,17). Il est juste d’exprimer nos craintes et nos doutes au Seigneur. Non pas avec un esprit de désaccord ou de confrontation, mais pour demander un éclaircissement, comme la vierge Marie l’a également fait (Luc 1.34). Certains préfèrent l’obéissance intelligente, d’autres l’obéissance aveugle. Mais la clef est l’obéissance. Ce n’est pas tant la question d’employer le mot « Seigneur » quand nous prions ou parlons, mais plutôt de se soumettre avec joie à ses droits sur notre vie. C’est accepter pleinement de risquer d’être incompris, critiqué et même de risquer notre intégrité physique.

Il y a un détail dans cette histoire qui nous parle vraiment. Saul était à Damas, blessé (il était tombé à terre), aveugle, et, dans sa confusion, il priait (Act 9.11). Le Seigneur a alors donné à Saul une vision. Il a vu « un homme nommé Ananias, entrant et lui imposant la main pour qu’il recouvrât la vue » (Act 9.12). Puis, le Seigneur a donné un deuxième message « audio-visuel » par lequel il a informé Ananias de la vision donnée à Saul. Ce qui est étonnant, c’est que cette vision de Saul intervient avant celle d’Ananias. Le Seigneur avait une telle confiance en l’obéissance d’Ananias qu’il pouvait inclure son nom dans la vision de Saul avant même de lui en avoir parlé. La compréhension d’Ananias de la souveraineté du Seigneur s’était transformée en obéissance coutumière. Le Seigneur pouvait maintenant compter sur son serviteur. Le Seigneur pourrait-il inclure votre nom et le mien dans une vision à quelqu’un d’autre ? Le Seigneur peut-il compter sur nous pour écouter et obéir ? Ou est-ce que notre obéissance dépend de ce que d’autres font, du programme à la TV ce soir, du fait que j’aime la proposition, qu’elle ait déjà été faite avant, ou du fait que je sois d’accord avec le Seigneur ? Le Seigneur s’attendait à ce qu’Ananias risque sa santé (Saul aurait pu devenir méchant) et sa réputation (rappelez-vous qu’il était très respecté et que cela pouvait changer). Le Seigneur lui a demandé de faire quelque chose de dangereux et de délicat.

Il vaut la peine de préciser qu’Ananias a été exposé au risque sur le chemin de l’obéissance. Il n’y a rien de spirituel dans le risque. En fait, des personnalités différentes ressentent différemment le fait de prendre des risques. La vertu n’est pas le risque, c’est l’obéissance. Mais habituellement l’obéissance exige de la foi, et la foi implique un degré de risque. Quand le Seigneur guide-t-il ses serviteurs ? Le Seigneur a eu quelques mots pour Saul sur la route de Damas, mais des conseils plus complets ont suivi plus tard. L’attitude de Saul dans la prière l’a probablement placé dans une situation propre à recevoir une vision du Seigneur. Dans le chapitre suivant le Seigneur donne une vision à Pierre. Où était Pierre ? « Pierre monta sur le toit pour prier » (Act 10.9). Si nous voulons également des conseils du Seigneur, nous avons également besoin de ce calme dans la prière. Comment le Seigneur peut-il nous donner à cour de comprendre la nécessité de rendre visite à un(e) frère/sour malade à l’hôpital ou de former à son service un nouveau converti ? Nous avons besoin de calme dans sa présence. Désirons-nous être employés par le Seigneur pour un club biblique d’enfants ou pour aider dans l’assemblée ? Nous avons besoin de ce calme dans sa présence. Parfois nous nous sentons déconcertés ; nous voudrions peut-être des conseils pour une décision importante. Le Seigneur désire ardemment nous guider, mais nous avons besoin de ce calme dans sa présence.

Après qu’Ananias a délivré son message à Saul, il retourne dans l’ombre. Comme Jean-Baptiste, il a fait sa part du travail avec obéissance, puis il a disparu. Les besoins sont grands et nous ne pouvons pas tout faire, et pourtant Dieu appelle chacun de nous à faire quelque chose. Puissions-nous nous joindre à l’armée des saints fidèles qui ont marché avant nous et faire avec obéissance notre part du travail avant que, nous aussi, nous disparaissions.

ANANIAS – L’HOMME RELIGIEUX QUI GRAVISSAIT LES ECHELONS

Notre dernier Ananias est également un juif, et aussi un fervent observateur de la loi, très respecté par tous les juifs. Au cours de ses années de travail dévoué, il a franchi les échelons de la religion juive, et par la suite est devenu le souverain sacrificateur (Act 23.2). La fonction de souverain sacrificateur a été créée par Dieu lui-même, au temps où le peuple d’Israël était au centre des rapports de Dieu avec l’homme ; c’était un poste très privilégié et d’une très grande responsabilité. Les temps étaient en train de changer et les relations de Dieu avec les hommes changeaient également. N’étant pas au courant de ces derniers changements, Ananias se cramponnait fermement aux rênes du pouvoir. Non pas un pouvoir politique, puisqu’il était aux mains des Romains. Non plus un pouvoir spirituel, puisqu’il appartenait à l’Église naissante de Christ. Ananias défendait le seul pouvoir qu’il pouvait encore contrôler : une religion organisée et une influence économique. Quand le Seigneur enlève sa présence (sa « lampe ») d’une église locale, l’autorité dans celle-ci se retrouve dans la même situation qu’Ananias.

Après avoir été un Pharisien exemplaire, Paul était maintenant devenu une grande source d’irritation pour Ananias et les autres chefs religieux juifs. Initialement, c’était Jésus qui avait défié leur autorité. Maintenant les disciples de Jésus ne se soumettaient pas à leur autorité. Le désintéressement personnel de Paul dans la recherche de la croissance de l’Assemblée de Christ était interprété ainsi par eux : « Nous avons trouvé cet homme, qui est une peste, qui excite des divisions parmi tous les Juifs du monde, qui est chef de la secte des Nazaréens ; il a même tenté de profaner le temple » (Act 24.5,6). Ceci met en lumière le danger latent sous toutes ses formes d’une religion organisée : la croissance spirituelle est assimilée à une progression au sein d’une organisation religieuse. Les chrétiens qui ont cette approche de la spiritualité font tout pour faire partie d’un « comité de direction ». Ensuite ils doivent prouver qu’ils le méritent. Puis ils doivent défendre leur poste. Voilà peut-être pourquoi le Seigneur a conçu son Église de façon à ce que l’autorité la plus élevée sur terre soit donnée aux anciens de l’église locale. Il n’y a personne d’autre que Christ au-dessus d’eux. Il n’y a simplement aucun échelon à gravir !

Il y a quelque temps, j’ai lu que, l’expérience le démontrant, il est très peu probable qu’un croyant puisse vivre pendant cinquante ans dans une communauté chrétienne sans vivre une certaine forme de schisme. La division au sein du peuple de Dieu est toujours douloureuse, mais elle est peut-être plus complexe parmi ceux qui aiment les échelons religieux et les organisations autoritaires. Est-il possible d’avoir « une affection fraternelle sans hypocrisie » et de « s’aimer [.] l’un l’autre ardemment, d’un cour pur » en période de conflit ? Certains répondraient oui, pourvu que ceux qui sont en désaccord avec moi soient disposés à obéir à la vérité comme je le fais (1 Pi 1.22) ! Nous sommes enclins à penser que si un frère est honnête devant Dieu, il doit voir la solution ou la vérité telle que je la vois. Nous avons tendance à expliquer toutes nos différences en parlant d’être charnel ou légaliste, spirituel ou non-spirituel, relâché ou engagé, obéissant ou désobéissant.

En Actes 23, Paul est présenté devant le sanhédrin. L’apôtre commence sa défense ainsi : « Hommes frères, je me suis conduit en toute bonne conscience devant Dieu jusqu’à ce jour » (Act 23.1). À ce moment-là, « Ananias commanda à ceux qui étaient près de lui de le frapper sur la bouche », là où ça fait mal (Act 23.2). Qu’avait dit Paul ? Qu’est-ce qui a tant irrité Ananias ? Pourquoi une telle agression ? Il était devenu impossible pour Ananias d’envisager que son adversaire puisse agir en toute bonne conscience devant Dieu.

Peut-être si nous acceptions d’envisager qu’un frère ou une sour puisse comprendre une partie de la Parole différemment de nous et ceci en toute bonne conscience devant Dieu, cela réduirait notre forte envie de « le frapper sur la bouche ». Cela pourrait nous aider à exercer un amour sincère au milieu d’un conflit. La vérité est évidemment plus importante que la conscience. Paul, par exemple, avait une bonne conscience tout en tuant des chrétiens. Ce faisant, Paul était dans l’erreur, mais il ne le faisait pas par hypocrisie ni par perversité.

Ananias et ses amis étaient décidés à se débarrasser de Paul. Ils pensaient que c’était leur devoir étant donné leur position sur l’échelle religieuse. Ils s’obligèrent par un serment solennel, ils conjurèrent, ils utilisèrent des prétextes, ils devinrent sournois (Act 23.12-15). Quand les Romains transférèrent Paul de Jérusalem à Césarée, Ananias pensait qu’il était toujours de son devoir de s’occuper de cette affaire. Sa conception de la spiritualité exigeait qu’il la poursuive jusqu’au bout. Il emmena avec lui quelques anciens et son avocat (Tertullien) et « ils portèrent plainte devant le gouverneur contre Paul » (Act 24.1). La religion dirigée par les hommes est fondée sur la pression collective et les avocats religieux. La vérité de Dieu, la réalité telle quelle est, tient ferme dans le calme. Mais si vous étiez à la place de Paul, ou plutôt devrais-je dire, enchaîné comme Paul, que ressentiriez-vous vis-à-vis d’Ananias ? Paul travaillait-il sur une stratégie de contre-attaque ? A-t-il cherché à se venger ?

Pour continuer à être utile dans ces conditions difficiles, Paul n’a pas laissé l’amertume, la colère ou la rancour prendre le contrôle de son cour. Il nous est dit que « la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu » (Jac 1.20). Au moins trois règles de discipline ont protégé le cour de Paul : il a vécu conscient que le Seigneur était avec lui (Act 23.11), il s’est comporté de manière « à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes » (Act 24. 16) et il n’a jamais oublié qui l’avait appelé ni pour quoi faire. Il était restreint, mais pas silencieux. Il était encerclé, mais pas craintif. Il était lié de chaînes, mais il était toujours un ambassadeur (Éph 6.19,20). L’amertume, la colère ou la rancour prend-elle racine dans votre cour ? Absolument rien ne pourrait le justifier. Cet acide dangereux et dégradant fait surface pendant que nous cherchons à nous défendre. Il doit être identifié et confessé comme péché. Alors nous pourrons suivre les trois règles de discipline de l’apôtre pour protéger nos cours et pour nous maintenir utiles.

CONCLUSION

L’apôtre Paul voulait que les nouveaux croyants grandissent et qu’ils deviennent « des hommes spirituels » (1 Cor 3.1). L’église locale a besoin de frères spirituels (Gal 6.1). Quel Ananias reflète le mieux votre conception de la spiritualité ? Être spirituel ce n’est pas un niveau ou un état que nous atteignons, mais plutôt une façon de vivre, une route sur laquelle nous marchons avec Jésus. Les premiers chrétiens étaient ceux qui étaient « de la voie » (Act 9. 2). Ils louaient Dieu comme suivant « la voie » (Act 24.14). Le terme « la voie » sous-entend des limites, le mouvement et une destination.

Nous ne sommes pas appelé à sourire et bondir sur ceux qui se tiennent sur les bords de la route, ni à rechercher l’approbation de ceux qui marchent devant nous sur le chemin – comme le premier Ananias. Il n’existe aucune échelle, organisation ou position privilégiée sur cette route vers la spiritualité. Nous n’avancerons pas plus vite en condamnant d’autres voies ou en critiquant la façon dont marchent d’autres chrétiens (bien que nous n’ayons pas à les suivre ni à les imiter). Nous n’avons pas besoin d’être agressif – comme le dernier Ananias.

La voie est la même, mais le paysage change constamment. Le soleil peut briller aujourd’hui et le vent souffler demain. Parfois la route grimpe, et parfois elle mène à des eaux paisibles. Ami voyageur, le seul moyen de grandir spirituellement est de marcher quotidiennement près de Jésus-Christ notre Chef, de jouir de sa compagnie, d’apprendre à écouter sa voix et d’obéir à ses instructions – comme le deuxième Ananias.

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À la première lecture, une grande partie du livre du Lévitique décrit des cérémoniaux compliqués liés à des sacrifices. Qu’est-ce que ces coutumes sanglantes d’un autre âge peuvent-elles bien nous apporter, au début du XXIe siècle ? Cet article essayera de clarifier le sujet, en précisant les types et les caractéristiques essentiels des sacrifices du Lévitique, tout en cherchant leur signification sous la nouvelle alliance.

A. Comment classifier les sacrifices ?

Le schéma qui suit résume les différents types de sacrifices rencontrés au cours des pages du Lévitique.

Sacrifices communautaires
Sacrifices quotidiens
Sacrifices lors des fêtes
Sacrifices spéciaux
Sacrifices personnels
Sacrifices obligatoires
Sacrifices lors d’un voeu

Sacrifices volontaires

Sacrifices spécifiques
Sacrifices de consécration

En se limitant aux sacrifices les plus usuels, décrits dans les 7 premiers chapitres, on peut mettre en évidence une deuxième classification:

Rituel
Loi
Sacrifices volontaires
Holocauste
1.1-17
6.1-6
Offrande fleur de farine
2.1-16
6.7-11
Sacrifice de paix
3.1-17
7.11-35
Sacrifices volontaires
Sacrifice pour le péché
4.1-5.13
6.17.23
Sacrifices pour le délit
5.11-26
7.1-10

B. Pourquoi les sacrifices ?

Deux motifs principaux conduisaient l’Israélite ou la communauté à présenter des sacrifices.

1. Pour ôter l’obstacle du péché

Des sacrifices étaient obligatoires : lorsqu’il avait péché, l’Israélite était tenu de présenter en substitution une victime innocente. Par cet acte, Dieu pardonnait au coupable : « Le sacrificateur fera pour cet homme l’expiation, et il lui sera pardonné. » (4.31)

2. Pour s’approcher de Dieu avec reconnaissance

C’était pour l’essentiel des sacrifices volontaires1. Une expression revient constamment à leur propos : « d’une agréable odeur à l’Éternel » (1.9,13,17 ; 2.2,9,12 ; 3.5,16). Cet acte, libre, généreusement offert, plaisait à Dieu.

Des actes symboliques

Ces sacrifices n’avaient pas par eux-mêmes une vertu spéciale, comme le développera abondamment l’épître aux Hébreux. Ils étaient des actes symboliques, offerts sans qu’une parole fût prononcée.

Des actes adaptés à la culture de l’époque

Les sacrifices étaient également conformes aux rites de la culture antique dans laquelle baignaient les Israélites. C’est pourquoi il n’est pas étonnant qu’on puisse établir des parallèles avec les pratiques d’autres peuples de l’Antiquité.

Toutefois, nous trouvons dans ces rituels une sublimation à la hauteur du seul vrai Dieu. Par exemple, Dieu interdit formellement les sacrifices humains, hélas si fréquents ailleurs. Tout, et dans le choix raisonné des bêtes et dans le rituel prescrit, exalte la supériorité de la loi de l’Eternel.

C. Comment interpréter les sacrifices ?

Un sens général clair

1. Ces divers sacrifices pointaient vers le seul sacrifice de Jésus Christ. L’épître aux Hébreux établit simultanément le parallèle et le contraste : « Tu n’as pas voulu de sacrifices, ni d’offrandes, ni d’holocaustes, ni de sacrifices pour le péché, et tu n’y as pas pris plaisir – lesquels sont offerts selon la loi, – alors il dit : « Voici, je viens pour faire ta volonté ». Il ôte le premier afin d’établir le second. C’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes. » (Héb 10.8-10)

Par son ouvre unique, Jésus a ôté : – l’obstacle du péché intrinsèque de l’homme : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29) ;
– l’obstacle des péchés spécifiques commis par chacun : « Le sang de Jésus Christ nous purifie de chaque péché » (1 Jean 1.7). Les actes symboliques répétés sous l’ancienne alliance ne faisaient qu’anticiper l’offrande unique qui inaugure la nouvelle (Rom 3.24-26). Ce n’est donc que par la vertu du sacrifice à venir de Christ que Dieu pouvait, autrefois, pardonner l’Israélite fautif.

2. Ces divers sacrifices anticipaient notre culte chrétien :

« Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom. Mais n’oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices. » (Héb 13.15-16) Désormais, Dieu ne requiert plus de nous des sacrifices d’animaux, mais il attend notre louange. Peut-être pour certains, renoncer à une agréable grasse matinée le dimanche permet de mettre du concret derrière la notion de « sacrifice ». Et pour tous, la mention du sacrifice concret de nos biens matériels nous rappelle le prix que représentait dans une économie pastorale un agneau et plus encore un taureau : soyons certains que nos dîmes dominicales sont souvent bien en dessous des offrandes du fils d’Israël d’autrefois !

Des détails à interpréter avec prudence

Si le sens général des sacrifices est clair, il convient de rester prudent sur l’interprétation des détails de leur rituel, en évitant de faire trop jouer notre imagination ou notre culture. L’auteur de l’épître aux Hébreux lui-même préfère s’en tenir aux grandes lignes : « Ce n’est pas le moment de parler en détail là-dessus. » (Héb 9.5)

Le tableau ci-dessous résume les cinq principaux types de sacrifices en donnant une interprétation possible :

Sacrifice
Car. principale
Verset N.T.
Aspect du sacrifice de Jésus
Holocauste
Entièrement brülé
Le christ nous a aimé et s’est livré lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur (Eph.5.2)
Offrande de fleur de farine
Tiré de la terre
A moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul (Jean 12.25)
L’humanité souffrante de Jésus appréciée par Dieu
Sacrifice de communion
Partagé entre Dieu, le sacrificateur et l’adorateur
La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est–elle pas la communion du sang du Christ? Le pain que nous rompons, n’est–il pas la communion du corps du Christ? (1 Cor. 1.16)
La commune part de Dieu et du croyant en Jésus
Sacrifice pour le péché
Brûlé en partie hors du camps
Jésus, afin qu’il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. (Heb. 13.12)
Le sacrifice expiatoire de Jésus pour le pardon des péchés
Sacrifice de réparation
Incluant une réparation
S’il livre son âme en sacrifice pour le péchéa, il verra une semence; (Es. 53.10)
La pleine compensation par Jésus de la dette de nos péchés

D. Quel était le rituel ?

Il comportait trois phases principales :

1. L’imposition des mains

Elle était requise :
– Pour les sacrifices de reconnaissance : « Il posera sa main sur la tête de l’holocauste, qui sera agréé de l’Eternel, pour lui servir d’expiation. » (1.4) Ce n’était que parce qu’un animal innocent allait mourir que la personne de l’adorateur pouvait être acceptée par Dieu. Le parallèle s’en déduit : je reconnais que je ne pourrai jamais rien apporter que Dieu puisse agréer si premièrement Christ n’a pas expié mon état de pécheur.
– Pour les sacrifices de culpabilité :
« Si quelqu’un du peuple du pays a péché par erreur, [.] alors il amènera son offrande, une chèvre, une femelle sans défaut, pour son péché qu’il a commis ; et il posera sa main sur la tête du sacrifice pour le péché. » (4.27-29) Par cette imposition des mains, le coupable transférait symboliquement sa culpabilité sur l’animal qui allait mourir à sa place. Je reconnais que c’est pour tel péché précis que Jésus a dû mourir.

2. L’exécution de la victime offerte

Elle était faite par l’offrant : « Il égorgera le taureau devant l’Éternel. » (4.4) Cet acte représente l’appropriation personnelle du sacrifice. Je reconnais que c’est par ma propre faute que Jésus est mort.

3. L’aspersion du sang

Elle était faite par le sacrificateur, pas par l’offrant : « Le sacrificateur prendra du sang de la chèvre avec son doigt, et le mettra sur les cornes de l’autel de l’holocauste, et il versera tout le sang au pied de l’autel. » (4.30) Je reconnais que l’expiation a été faite par un autre, Jésus, mon substitut. C’est lui qui symboliquement est entré dans le sanctuaire céleste avec son propre sang (Héb 9.12,24-28). Il est à la fois la victime et le sacrificateur !

E. Quels animaux étaient offerts ?

Le tableau ci-dessous résume les différents animaux qui étaient offerts, en suggérant un sens possible pour chacun d’eux2.

 HolocausteOffrandePaixPéchéDélitSens possible
Taureau   Prêtre
Ass.
 Force
Boeuf     Aliment
Bélier     Consécration
Bouc   Chef Mauvaise odeur
Agneau     Soumission
Chèvre   Qq’un Séparation
Pigeons     Conduite par l’Esprit
Tourterelle     Renouvellement
Fleur defarine     Humanité

La caractéristique essentielle de ces animaux était qu’ils devaient être sans défaut : « Vous ne présenterez aucune chose qui ait quelque défaut corporel, car elle ne sera point agréée pour vous. Si un homme présente un sacrifice de prospérité à l’Éternel, pour s’acquitter d’un vœu, ou en offrande volontaire, soit de gros bétail, soit de menu bétail, son offrande sera sans tare, pour être agréée ; il n’y aura en elle aucun défaut corporel. » (22.20-22) Cette perfection apparente anticipait l’absence totale de péché en Christ : « Vous avez été rachetés par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pi 1.18-19) ; « Christ, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache. » (Héb 9.14)

F. Quels étaient les compléments des sacrifices ?

Les libations

Le vin qui était répandu sur le sacrifice symbolise la joie d’être accepté devant Dieu (23.18). Jésus évoque la joie du royaume établi publiquement (Matt 26.29), tandis que Paul se réjouit de servir, à travers ses souffrances et son possible martyre, « de libation pour le sacrifice et le service de votre foi » (Phil 2.17). Notre joie est donc déjà réelle, mais ne sera complète que dans le futur.

Le sel

Il symbolise à la fois :
– la préservation : le sacrifice de Christ nous préserve de la corruption du péché ;
– l’alliance permanente de Dieu avec son peuple : « Toute offrande de ton offrande de gâteau, tu la saleras de sel, et tu ne laisseras point manquer sur ton offrande de gâteau le sel de l’alliance de ton Dieu ; sur toutes tes offrandes tu présenteras du sel. » (2.13) L’œuvre de Jésus nous introduit dans une relation d’alliance « inviolable et à perpétuité devant l’Eternel » (Nom 18.19).

L’huile

Elle était un constituant essentiel de l’offrande de farine. On pétrissait la pâte avec de l’huile, puis on en versait dessus. Cela évoque la conception de Jésus par l’Esprit et son onction par ce même Esprit (Luc 1.35 ; 3.22). C’est aussi par l’Esprit que Christ s’est offert lui-même à Dieu sans tache. (Héb 9.14) Aujourd’hui, notre culte est aussi rendu par l’Esprit de Dieu (Phil 3.3).

G. Ce qui doit être absent des sacrifices

Le levain3

Le levain est une bactérie qui fait fermenter et lever la pâte. Il était généralement proscrit (2.11). Dans la Bible, il est pris négativement comme une image du péché et de la vanité humaine (1 Cor 5.6 ; Gal 5.9). L’humble Jésus en était totalement exempt et nous montre la voie : comment nous approcher de Dieu avec un esprit d’orgueil ?

Le miel

Sa proscription peut étonner (2.11). Le parallélisme d’un texte des Proverbes peut nous mettre sur la voie d’une interprétation possible : « Manger beaucoup de miel n’est pas bon, et s’occuper de sa propre gloire n’est pas la gloire. » (Prov 25.27) Jésus n’a pas cherché sa propre gloire sur la terre ; là aussi, cherchons à l’imiter.

H. Ce qui appartient à Dieu<

Le feu

« Le feu qui est sur l’autel y brûlera ; on ne le laissera pas s’éteindre. Et le sacrificateur allumera du bois sur ce feu chaque matin, et y arrangera l’holocauste, et y fera fumer les graisses des sacrifices de prospérité. Le feu brûlera continuellement sur l’autel, on ne le laissera pas s’éteindre. » (6.12-13) Le feu symbolise la présence permanente et sainte de Dieu. Pas question d’apporter un autre feu, sous peine de mort, comme Nadab et Abihu, les deux fils aînés d’Aaron l’expérimentèrent tragiquement (10.1-2). Hier comme aujourd’hui, on ne s’approche pas de Dieu sans un profond respect devant sa grandeur et sa sainteté (Héb 12.28-29).

Le sang

Il est très présent dans tout le Lévitique. « Ce que je n’aime pas, dans votre religion, c’est tout ce sang, tous ces sacrifices. Cela me dégoûte ! » disait un jour une femme à qui l’on présentait l’évangile. Alors pourquoi est-il autant question de sang ? Quel sens et quelle valeur a-t-il donc ?

Lévitique 17.11 fournit une première réponse : « L’âme de la chair est dans le sang. » Dieu établit une équivalence entre le sang et l’âme. Le sang, en tant que tel, n’a pas une valeur particulière, mais il est le support et le symbole de la vie qui anime un homme ou un animal (son « âme »). La circulation sanguine est ce qui représente le mieux la vie. A contrario, quand quelqu’un meurt, son sang se coagule rapidement, avant de se décomposer. Si l’on saigne un être vivant, il ne peut plus vivre. Dans la pensée biblique, le sang symbolise donc la vie et le sang versé indique la mort.

La suite du verset du Lévitique donne un second principe important : « Car c’est le sang qui fait propitiation pour l’âme. » L’homme est coupable ; mais pour qu’il retrouve la faveur de Dieu, Dieu accepte que la vie d’un autre (symbolisée par son « sang ») soit donnée : c’est le sens du mot « expiation ». Le sang qui a coulé à la croix de Golgotha a témoigné que Jésus est bien mort, donnant volontairement sa vie (Jean 19.34-35). Tout ce sang, désormais, ne me répugne plus, car il évoque pour moi le « sang précieux de Christ » (1 Pi 1. 19), par lequel mon péché est remis pour l’éternité (Éph 1.7).

La graisse

« De ce sacrifice d’actions de grâces, il offrira en sacrifice consumé par le feu devant l’Eternel : la graisse… » (3.3) Voilà encore un élément qui n’est pas très populaire aujourd’hui… Il en allait tout autrement dans la culture antique. La graisse était le symbole de la force extérieure et de la prospérité (Gen. 27.28). Elle était réservée à Dieu (7.23-25). Reconnaissons que toute notre force et toute notre prospérité viennent de notre Dieu et remercions-le !

Conclusion

Dans les prescriptions et les rituels lévitiques se trouve une richesse symbolique qui renvoie encore et toujours à la croix et à ses conséquences pour nous. La gloire de Jésus Christ, dans sa personne et dans son œuvre, est telle que nos esprits limités, nos facultés encore si liées au monde tangible qui nous entoure, ont bien besoin de ces « ombres » pour en saisir les rudiments (Héb 10.1).

Après un long et passionnant développement sur le sens des sacrifices, l’auteur de l’épître aux Hébreux conclut par trois exhortations en liaison directe avec le sacrifice unique de Christ :
– « approchons-nous » (Héb 10.22) pour adorer notre Seigneur et entretenir la communion avec lui ;
– « retenons fermement la profession de notre espérance » (Héb 10.23) en n’hésitant pas à dire aux autres notre foi dans le sacrifice de Jésus Christ ;
– « veillons pour nous exciter à l’amour et aux bonnes œuvres » (Héb 10.24) en mettant en pratique notre foi chaque jour.

Aujourd’hui, Dieu ne nous demande plus d’aller lui sacrifier des animaux. Mais il veut plus ! Il souhaite que nous nous consacrions nous-mêmes, à la suite de notre Sauveur sacrifié, comme des sacrifices vivants (Rom 12.1). C’est sur rien moins que cela que doit déboucher notre culte. Alors nous entrerons dans le vrai sens des sacrifices du Lévitique.

1Pas toujours, cependant. Par exemple, la communauté devait offrir un agneau en holocauste matin et soir.
2Stricto sensu, l’offrande de fleur de farine n’était pas un « sacrifice », mais accompagnait plutôt les autres sacrifices. Le texte la place cependant sur le même plan que les sacrifices d’animaux, ce qui nous conduit à la faire figurer dans ce tableau.

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Le cycle des fêtes annuelles (Lévitique 23)

 

Les moments importants de ma vie

Qui d’entre nous n’a pas le désir de faire de sa vie une fête marquée par la joie, la communion, le partage, les relations ? Alors réjouissons-nous, car nous en sommes tous les invités, sans exception. Le maître des cérémonies est un hôte de marque : Dieu ; ces fêtes sont les siennes. Sa volonté et sa joie sont d’être entouré d’un peuple qui lui appartient, qu’il a lui-même approché et rassemblé autour de lui. Il veut partager sa joie et associer à son projet celui ou celle qui répond à cette invitation et accepte de faire de sa vie une fête avec son Dieu.

Le sujet des « fêtes de l’Éternel » au chapitre 23 du livre du Lévitique nous aide à prendre conscience du projet de Dieu pour nous. Il veut nous appeler « à la communion de son Fils Jésus-Christ » (1 Cor 1.9). Nous pouvons envisager ces fêtes comme autant d’étapes de notre vie chrétienne, des jalons dans notre vie spirituelle, de notre naissance jusqu’au ciel

Il est nécessaire de vivre chacune de ces « fêtes-étapes » en profondeur, une première fois, mais cela ne suffit pas ! Nous devrons souvent revisiter chacune d’entre elles pour redécouvrir la grandeur de Dieu. C’est ce que suggère le cycle annuel de ces fêtes.

Les caractéristiques communes de ces fêtes

Résumons quelques traits distinctifs de ces fêtes :
– C’est Dieu qui fixe les rendez-vous et les conditions.
– Ces fêtes ont l’Éternel comme source, comme centre et comme but.
– Des sacrifices sont toujours associés à ces fêtes : Jésus-Christ en est le sujet.
– Ce sont des jours « solennels » : ils marquent un temps particulier, dans un lieu saint.
– Ils sont l’occasion de saintes convocations1 : les invités sont appelés à célébrer sans retenue, à fêter avec exubérance.

Le calendrier biblique et civil

Les fêtes de l’Éternel suivent un cycle annuel. Le calendrier de référence est le calendrier biblique dont le premier mois est celui de Nissan (Habib) correspondant à mars-avril. C’est un calendrier basé sur les cycles lunaires, avec des mois comprenant 29 ou 30 jours. Il manque donc 11 jours à une année complète et, pour éviter un décalage par rapport aux saisons, un rattrapage est institué tous les trois ans ; l’année comprend alors 13 mois.
Ainsi, la priorité de Dieu reste la vie. Comme il a mis l’arbre de vie au milieu du jardin d’Eden, il place le début de l’année au printemps, symbole de vie.

Autres références aux fêtes annuelles de l’Éternel

D’autres textes du Pentateuque font également référence aux fêtes annuelles de l’Éternel (Nom 28-29 ; Deut 16.1-17 ; Ex 23.14-17).
Selon le caractère de chacun des livres, une partie seulement des fêtes est énumérée. Le cadre du livre du Lévitique est « un peuple dans ses relations d’alliance avec l’Éternel ». C’est pourquoi, elles sont toutes mentionnées. Mais nous encourageons le lecteur à lire l’ensemble de ces références pour mieux comprendre le sens de ces fêtes.

Le sabbat : le repos

Avant d’aborder le cycle de sept fêtes annuelles, le ch. 23 du Lévitique s’ouvre sur l’institution du sabbat. La première pensée de Dieu est le repos dans lequel il désire nous faire entrer. C’est le but et l’aboutissement de toutes ses voies.
Le repos, pour le peuple de Dieu aujourd’hui, est avant tout le repos de la rédemption. Appliquons-nous donc à entrer dès aujourd’hui dans ce repos par la foi et l’obéissance (Héb 4).

1. La Pâque (pessa’h)

Le principe de la fête

« Le premier mois, le quatorzième jour du mois, entre les deux soirs, est la Pâque à l’Éternel. » (23.4-5) La Pâque est le fondement de toutes les autres fêtes. Elle est un double rappel pour l’Israélite : celui de sa délivrance d’un pays d’esclavage, l’Égypte (c’est pourquoi elle est marquée par l’affliction) et celui de la formation d’Israël comme peuple.

La Pâque dans le N.T.

Paul identifie clairement l’agneau de la Pâque avec Jésus : « Christ, notre Pâque, a été immolé. » (1 Cor 5.17)

La Pâque dans ma vie

Le sang de Christ, l’Agneau de Dieu, me délivre du péché. C’est le point de départ de la vie chrétienne : pour pouvoir vivre les fêtes suivantes, je dois célébrer premièrement la Pâque et reconnaître que la colère de Dieu est tombée sur Christ au lieu de tomber sur moi.

2. La fête des pains sans levain

Le principe de la fête

« Le quinzième jour de ce mois, est la fête des pains sans levain à l’Éternel : sept jours vous mangerez des pains sans levain. » (23.6-8)
Cette fête commence le lendemain de la Pâque, à laquelle elle est étroitement liée (voir Luc 22.1). Elle dure sept jours, ce qui indique, selon la pensée hébraïque, une durée complète, une plénitude. Et, comme son nom l’indique, une de ses caractéristiques principales est l’absence de levain dans le pain mangé ces jours-là.

La fête des pains sans levain dans le N.T.

Jésus s’identifie directement au « pain vivant qui est descendu du ciel » (Jean 6.35). Même si ce texte rappelle d’abord la manne, les pains sans levain évoquent le Seigneur dans sa vie complètement exempte de péché2.

La fête des pains sans levain dans ma vie

Je peux y trouver deux applications principales :
– Chercher à connaître Jésus-Christ, et à me nourrir de celui qui m’a sauvé (d’où le lien avec la Pâque).
– Avoir la volonté de me séparer du mal (levain) pour plaire à mon Seigneur : juste après avoir identifié Christ à l’agneau pascal, Paul ajoute : « Célébrons la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de méchanceté et de perversité, mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité. » (1 Cor 5.8)

3. La gerbe des prémices

Le principe de la fête

« Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne et que vous en aurez fait la moisson, vous apporterez au sacrificateur une gerbe des prémices de votre moisson. » (23.9-14)
Cette fête se déroule un dimanche, le lendemain du premier sabbat après le début de la moisson des orges (la première céréale à germer). Elle ne peut se faire qu’après l’entrée dans le pays de Canaan.

La fête de la gerbe des prémices dans le N.T.

Son jour de survenance fait penser à la résurrection de Jésus-Christ : « Christ a été ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis. » (1 Cor 15.20)

La fête de la gerbe des prémices dans ma vie

Cette fête m’aide à :
– comprendre que Jésus-Christ est ressuscité des morts comme précurseur des croyants et que je serai un jour ressuscité comme lui ;
– réaliser que je suis identifié à Jésus-Christ dans sa mort et dans sa résurrection pour vivre désormais d’une manière différente : « Comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchons en nouveauté de vie. » (Rom 6.4-11)

4. La Pentecôte ou la fête des semaines (chavouot)

Le principe de la fête

« Vous compterez cinquante jours jusqu’au lendemain du septième sabbat, et vous présenterez à l’Éternel une offrande de gâteau nouvelle. Vous apporterez de vos demeures deux pains pour les dédier. » (23.15-22)
Il s’agit de la fête centrale parmi les sept. Elle se déroule le 3e mois, sept semaines après la Pâque et a lieu elle aussi un dimanche. Elle marque la moisson des premiers fruits (Ex 23.16).

La Pentecôte dans le N.T.

C’est le jour de la Pentecôte qui suivit la mort et la résurrection de Jésus que le Saint-Esprit descendit sur la terre : « Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d’un souffle violent […] Ils furent tous remplis de l’Esprit Saint. » (Act 2.2-3) C’est aussi de ce jour-là que l’on peut dater la naissance de l’Église de Jésus Christ (1 Cor 12.13).

La Pentecôte dans ma vie

Cette fête a une double conséquence pour moi, personnelle et collective :
– je comprends que maintenant Dieu habite sur la terre par le Saint-Esprit, dont mon corps est le temple (1 Cor 6.19 ; 3.16 ; Eph 2.22) ;
– je désire trouver un groupe de croyants pour vivre des relations de famille dans l’Église de Christ.

5. Fête des trompettes

Le principe de la fête

« Au septième mois, le premier jour du mois, il y aura un repos pour vous, un mémorial de jubilation, une sainte convocation. » (23.23-25)
Plus de trois mois s’écoulent, sans aucune fête. Quand arrive le 7e mois, le cycle des fêtes reprend, coïncidant avec la nouvelle lune (le 1e jour du mois), qui était en elle-même une fête (Nom 28.11-15). Cette fête est marquée par le son éclatant de la trompette.

La fête des trompettes dans le N.T.

Plusieurs fois, nous sommes exhortés au réveil : « Réveille-toi, toi qui dors, relève toi d’entre les morts, et le Christ resplendira sur toi. » (Eph 5.14)
La fête des trompettes dans ma vie
Peut-être ai-je connu une période de sommeil spirituel et j’ai besoin d’être réveillé. Le son éclatant de la trompette peut être une circonstance particulière, un texte biblique qui me frappe, un message entendu, etc. C’est un jour particulier de prise de conscience à partir duquel je retrouve ma relation avec le Seigneur.

6. Le jour des expiations ou des propitiations ou du grand pardon (yom kippour)

Le principe de la fête

« Le dixième jour de ce septième mois, c’est le jour des expiations : ce sera pour vous une sainte convocation, et vous affligerez vos âmes, et vous présenterez à l’Éternel un sacrifice fait par feu. » (23.26-32)
C’est la deuxième fête du 7e mois, après celle des trompettes. Elle est marquée par la tristesse (dans le sens positif du terme) et l’humiliation pour les péchés commis. Elle est indispensable pour qu’on puisse jouir pleinement de la fête suivante, celle des Cabanes.

Le jour des expiations dans le N.T.

C’est le même état d’esprit que l’on retrouve sous la plume de Paul : « La tristesse selon Dieu produit une repentance qui mène au salut et que l’on ne regrette pas.» (2 Cor 7.10)

Le jour des expiations dans ma vie

Vivre concrètement le jour des expiations signifie :
– confesser mes fautes à Dieu, regarder mes péchés comme Dieu les voit ;
– mais aussi me voir comme Dieu me voit en Christ pour prendre un nouveau départ.

7. La fête des cabanes ou des tabernacles ou des tentes (souccot)

Le principe de la fête

« Le quinzième jour de ce septième mois, la fête des tabernacles se célébrera pendant sept jours. […] Le premier jour il y aura repos et le huitième jour il y aura repos. » (23.33-44)
Cette fête est la troisième et dernière du 7e mois : les moissons et les vendanges sont achevées, on peut se réjouir pendant 7 jours. S’y ajoute même un 8e jour, qui n’est pas comptabilisé : il est, pour ainsi dire, « hors du temps ». Le peuple vit sous des huttes pendant toute la fête et se livre entièrement à la joie (Deut 16.15).

La fête des cabanes dans le N.T.

Cette fête de sept jours de joie peut évoquer à l’avance :
– la gloire future de Jésus, telle que les disciples l’ont entrevue : « Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduisit seul à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux » (Marc 9.3) ;
– la plénitude dont Dieu veut nous combler : « Que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. » (Eph 3.19)

La fête des cabanes dans ma vie

– Elle peut correspondre à une période d’intimité particulière avec mon Seigneur.
– C’est une étape de joie où je prends conscience que je peux me reposer en Jésus-Christ, en toute sérénité.
– De pareils moments sont l’anticipation du ciel. Ils ne sont encore que temporaires sur la terre, car j’ai encore une œuvre à accomplir pour le Seigneur et pour cela il me faut redescendre de la montagne pour être son témoin.

Conclusion

« Le dernier jour, le grand jour de la fête [des cabanes], Jésus debout s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. » (Jean 7.37-38) Le Seigneur fait cette déclaration au milieu du peuple à Jérusalem, rassemblé pour le 8e jour de la fête des cabanes. Cette fête était grandiose : d’immenses feux illuminaient Jérusalem — et pourtant le Seigneur lance un appel en décalage avec ce décorum merveilleux :
– cette fête devait être la sienne, or il était entré dans Jérusalem en cachette ;
– la foule l’accuse d’avoir un démon pour avoir rendu la santé à un homme le jour du sabbat. Or n’était-ce pas justement le jour du sabbat que le Seigneur devait guérir cet homme pour le faire entrer dans le repos, selon les Écritures ?
– durant cette fête, des agneaux avaient été sacrifiés en grande quantité conformément aux ordonnances de Dieu et lui, « l’Agneau de Dieu qui ôte le pêché du monde », était recherché par les Juifs afin de le faire mourir.
Devant une telle incompréhension, Jésus se lève. Et c’est debout et avec force qu’il lance cet appel qui retentit encore aujourd’hui. Pour pouvoir vivre ce « 8e jour de la fête des cabanes », il est nécessaire de croire en lui et alors des fleuves d’eau vive jailliront du sein de celui qui aura cru.
C’est le moment de faire le point : par quelles étapes sommes-nous déjà passés et lesquelles nous reste-t-il encore à franchir pour faire de notre vie une fête avec Dieu ?

1Le mot signifie littéralement « appeler en faisant du bruit ».
2 Dans tout le N.T., le levain est un symbole du mal, du péché (Matt 16.6,11-12 ; Marc 8.15 ; Luc 12.1 ; 1 Cor 5.6-8 ; Gal 5.9) et, plus exactement, d’un enseignement défectueux ou d’une conduite morale répréhensible, qui risquent d’étendre leur influence sur d’autres.

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Si Dieu existe, où et comment le rejoindre ? À cette question universelle, chaque religion donne sa réponse. La recette tient en deux directives :
      – mets-toi dans des dispositions de cœur convenables,
      – fais les gestes convenables.
D’où, d’une part, toutes les formes d’ascèse, de purification intérieure ; et, d’autre part, les rites et les cérémonies.

Néanmoins, on constate une dérive très fréquence : le processus de purification intérieure étant souvent jugé trop fastidieux — et incertain quant à ses résultats — l’homme religieux se rabat sur sa piété extérieure, ses gestes rituels, ses récitations et ses offrandes, pour se gagner la faveur divine. C’est plus facile. Mais dans ce processus, il voit sa motivation première disparaître, si du moins il visait réellement à un rapprochement avec Dieu (ou avec les dieux jugés les plus propices). Il en arrive à une forme de service religieux minimal, parfois émotionnel en surface, mais vide de sens et de force.

Le livre du Lévitique, rempli d’ordonnances rituelles et de prescriptions à l’intention de tous les Israélites désireux de s’approcher de leur Dieu, serait-il un encouragement à une forme de religion ritualiste ? Beaucoup de lecteurs pressés survolent ces pages avec cette impression. Sans se rendre compte que si c’est le seul vrai Dieu qui s’exprime ici, nous ne sommes plus en présence d’une religion de l’intuition (et de la médiocrité) humaine, mais d’une révélation divine sans faille, entièrement profitable à celui qui en saisit l’intention.

Toutefois, il sera nécessaire de placer ce livre dans la perspective de toute la Bible, et de l’histoire du salut. Ce qui requiert un peu de persévérance dans l’étude, et l’éclairage du Saint-Esprit. Il en va du Lévitique comme de toutes les pages de l’Ancien Testament, et de la « Loi » en particulier : ces ordonnances nous sont données provisoirement comme le discours d’un habile enseignant, pour nous amener à Christ (cf. Gal 3.24). En parfait pédagogue, Dieu utilise les méthodes de son choix, ses procédés de persuasion, et ses illustrations. Lu sous cet angle, ce livre nous fait passer des actes extérieurs du culte divin à la substance même de notre salut, à la réalité de la relation nouvelle que Dieu travaille à rétablir entre ses créatures égarées et lui-même.


Un chrétien était encore troublé dans sa conscience par des péchés qu’il avait commis. Ils lui semblaient trop importants pour être ôtés de devant Dieu. Un de ses amis, voyant sa souffrance, lui dit : « Connais-tu les quatre ‘tous’ de Lévitique 16 ? » : « Il confessera sur lui toutes les iniquités., toutes leurs transgressions. tous leurs péchés., le bouc portera toutes leurs iniquités. » (16.21-22)

Le dixième jour du septième mois était en Israël un jour absolument unique dans l’année juive. C’était le jour des expiations. Le sacrificateur prenait, entre autre, deux boucs, en égorgeait un, apportait de son sang dans le lieu très saint du tabernacle sur le couvercle d’or de l’arche appelé le propitiatoire. Par ce sang, Dieu était propice à Israël durant une année.

Le chapitre 9 de l’Épître aux Hébreux établit une liaison entre ce jour des propitiations et ce que notre Seigneur a accompli d’une façon parfaite et définitive : « Mais Christ est venu [.], est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, [.] avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle. » (Héb 9.11-12) La figure de Lévitique 16 a reçu son plein accomplissement en Jésus Christ.

Le second bouc n’était pas immolé, il était conservé vivant. Aaron le sacrificateur posait ses deux mains sur sa tête, et confessait sur lui toutes les iniquités des fils d’Israël, toutes leurs transgressions, tous leurs péchés. Il est ajouté : « Le bouc portera sur lui toutes leurs iniquités dans une terre inhabitée ». Le bouc s’en allait mourir misérablement dans le désert.

Nos contemporains ne connaissent certainement pas grand chose du Lévitique, troisième livre de la Bible. Pourtant cette ordonnance a laissé une trace dans le langage populaire : on parle de « chercher un bouc émissaire ».

Elle est pour chaque chrétien à la fois solennelle et apaisante :

– Solennelle, car ce bouc typifie notre Seigneur qui « a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2.24) à l’heure de la croix. Il dut dire : « Mes iniquités m’ont atteint » (Ps 40.12). Mes iniquités ? c’étaient celles des croyants de tous les temps. Il s’en était chargé pour les emmener « dans une terre inhabitée » pour qu’en toute justice Dieu puisse nous les pardonner et ne plus s’en souvenir.

– Apaisante car, si l’Esprit se plaît à répéter dans ce texte « toutes », « toutes », « tous », « toutes », c’est pour assurer nos âmes de la perfection de l’ouvre de Jésus, afin qu’elles aient la paix.

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titre 1

Généralités

Troisième livre du Pentateuque, le Lévitique — du mot grec « Lévitikon » qui désigne ce livre dans la Septante2> — signifie « qui se rapporte aux lévites » ; on dirait aujourd’hui « qui se rapporte aux sacrificateurs » ou « aux prêtres ». Ce titre n’est pas très bien choisi parce que l’essentiel du livre s’adresse aussi souvent à l’Israélite or-dinaire qu’au lévite, tous deux concernés par le culte et la sanctification, sujets essentiels de l’ouvrage.

Difficile à comprendre, le Lévitique est aujourd’hui trop souvent considéré comme réservé à une élite experte en typologie. Pourtant, à celui qui relit attentivement le Lévitique et l’Épître aux Hébreux qui en donne un commen-taire éclairant, ce livre apparaît d’une étonnante actualité.

Date et auteur

Conduit par Moïse, le peuple qui vient de sortir d’Égypte va entrer dans le désert pour se diriger vers la Terre Promise. L’Éternel donne les instructions lévitiques au pied du Sinaï vers –1500.

Il n’est pas expressément dit dans le livre que Moïse l’ait rédigé ou en ait dirigé la rédaction. Toutefois, son at-tribution à Moïse est formellement établie à plusieurs reprises par le Seigneur dans les évangiles (Matt 8.4 ; Marc 1.44 ; etc.).

Genre littéraire

Dans l’A.T., Dieu s’adresse à l’homme sous différentes formes littéraires (par le style direct des textes de lois et de la prophétie, par le discours indirect de la narration ou des écrits de sagesse).

i le récit « pur » n’est pas totalement absent (Lév 24.10-16), la quasi-totalité du Lévitique est constituée de tex-tes « législatifs » (règles du culte, lois civiles et pénales)

Cette loi n’est cependant pas une parole désincarnée à la manière des manuels juridiques d’aujourd’hui : les ins-tructions sont souvent données sous une forme narrative très « pédagogique ». L’entrée en fonction des sacrifica-teurs (ch. 8 et 9), le Grand Jour des Expiations (ch. 16) — ordonné selon une « mise en scène » détaillée — en sont des exemples parmi d’autres.

Dans la majeure partie de ce livre, Dieu explique à Moïse ou à Aaron comment diriger son peuple, d’où la fré-quence des expressions « l’Éternel parla à Moïse… » (on a dénombré 56 occurrences) ou « l’Éternel parla à Moïse et à Aaron » (Lév 11.1 ; 13.1 ; 15.1, etc.).

Prenons deux exemples : l’un dans la vie quotidienne, l’autre dans l’exercice du culte.
• Lév 24.10-16 : Un Israélite a blasphémé le nom de Dieu au cours d’une dispute dans un champ. On l’amène devant Moïse qui le met en détention provisoire en attendant les consignes de Dieu. Ce bel exemple de la rela-tion confiante de Moïse avec Dieu, de sa sagesse dans la gestion des relations communautaires, ne nous parle-t-il pas aujourd’hui ?
• Lév 21.16-24 : Si un membre de la famille d’Aaron présente un défaut corporel (cécité, boiterie, déformation), il ne peut officier comme les autres à l’autel. Cette discrimination peut paraître scandaleuse aujourd’hui, mais il faut comprendre le contexte du livre : ceux qui officient à l’autel doivent refléter, dans leur apparence, la perfection attendue dans le lieu saint3.

But du livre et contenu

De la Genèse à Josué, le Lévitique s’insère dans un continuum chronologique, celui de la naissance d’Israël.

Après avoir formé et délivré le peuple d’Israël (Gen 12.10 à Ex 19), Dieu lui révèle l’ensemble des lois qui vont régir sa vie (Ex 20 à Nom 10.10), et lui offre enfin la conquête d’un pays (Nom 10.10 à Josué 24). Ces trois élé-ments : un peuple, une série de lois, un pays, devaient faire d’Israël une « nation sainte ».

Ces instructions, données dans un contexte historique et théologique précis (celui de la création et de la chute, des promesses faites à Abraham dans le livre de la Genèse ; de la rédemption et de l’alliance sinaïtique dans le livre de l’Exode), sont des mesures de grâce et de liberté destinées à aider Israël à faire face à l’engagement qu’il a pris devant Dieu. Il est appelé à vivre pleinement son identité de peuple racheté de l’esclavage pour servir le Dieu saint qui désire habiter au milieu de lui. Après la rédemption (livre de l’Exode), le culte et la sanctification sont donc les grands sujets du Lévitique.

? D’une façon générale, les rituels, qui semblent aujourd’hui bien compliqués, visent à enlever les obstacles intro-duits par l’impureté quotidienne et par le péché. Plusieurs types de rituels sont ainsi institués :
– les rituels d’adoration introduits par l’expression : « Si ton offrande est… » (Lév 1 à 3),
– les rituels de fondation (ou d’inauguration), par exemple lors de l’entrée en fonction de la sacrifica-ture (Lév 8 et 9),
– les rituels de rétablissement de la relation avec Dieu en cas d’impureté (Lév 11 à 15), ou d’expiation du péché (Lév 4)4,
– les rituels de « maintenance » (Lév. 16).

Le but de ces deux derniers rituels était de rappeler :
– que Dieu ne pouvait habiter au milieu d’un peuple pécheur sans conditions,
– que ce peuple, appelé à la sainteté, devait être un peuple différent des peuples alentour.

Le péché et la sanctification sont largement développés dans le Lévitique.
Être saint, c’est distinguer soigneusement les différentes catégories de la création, c’est élaborer des définitions justes, être capable de choix et d’ordre… Lors de la création, Dieu sépare et différencie et le septième jour, il sanctifie (unique usage de « qadosh » dans la Genèse).

Seul l’homme est alors capable de discerner les lignes de démarcations inscrites dans la création et de la nom-mer. Mais, après la chute, au lieu de discerner, il confond ; au lieu de gérer la création, il la détruit. Cette entre-prise de « décréation » est manifeste. Pour preuve, les abominations stigmatisées dans le Lévitique : actes de transgression et de confusion (inceste, adultère, homosexualité…, Lév 18 à 20). Toutefois, s’il respecte les pres-criptions du Lévitique, Israël se sanctifie et se conforme aux ordonnances de la création.

Ainsi, par les distinctions qu’elle opère, la sainteté réhabilite chez le croyant les facultés de discernement et l’introduit dans la vraie liberté. Si la conversion permet à l’homme de retrouver son humanité et sa place devant Dieu (l’obstacle du péché est levé), la sanctification lui permet de répondre à sa vraie vocation, là où Dieu le place

Dans l’A.T., les sacrifices pour le péché regardent en arrière sur ce qui a été commis ; la sanctification regarde en avant sur ce qu’il convient de faire pour plaire à Dieu. Dans le N.T., Pierre reprend le précepte de sainteté du Lé-vitique dans le domaine moral : « Soyez saints dans toute votre conduite » (1 Pi 1.15-16). Il rappelle l’identité du chrétien et la façon dont il doit se « conduire » (un des mots clés de l’épître) dans un monde hostile — on n’est pas loin du sens profond du Lévitique !

Dieu voulait faire d’Israël une nation de sacrificateurs (Ex 19.6). Mais après l’affaire du veau d’or, cette bénédic-tion est confiée à la tribu de Lévi (Nom 3.12-13,45 ; 8.14). Aujourd’hui, chaque croyant est sacrificateur devant Dieu. Cette fonction s’exerce à travers l’adoration, l’intercession et le service (Apoc 1.6).

? A ces rituels s’ajoutent des lois civiles et pénales accompagnées de préceptes moraux — surtout dans les chapi-tres 18 à 27.
Ces chapitres insistent sur :
– L’égale dignité du riche et du pauvre, de l’Israélite et de l’étranger, de l’homme libre et de l’esclave : Le respect de l’autre est une constante dans l’Écriture. Les textes détaillent des situations concrètes où l’amour du prochain est appelé à se montrer.
– Le degré de responsabilité, variable selon la fonction exercée au sein du peuple de Dieu : Ainsi, un sacrificateur ou un chef du peuple doivent, en cas d’impureté ou de péché, se soumettre à des procé-dures de purification ou d’expiation plus compliquées que celles requises pour un simple Israélite.
– La solidarité entre les hommes et la création : Si l’Israélite obéit à l’Éternel en respectant les temps de repos (sabbat, année sabbatique et jubilé), les récoltes seront abondantes.

Vus sous l’angle théologique en rapport avec la rédemption, sous l’angle social en rapport avec la famille et le prochain, ou sous l’angle économique et écologique en rapport avec le travail et la nature, les rituels du culte et les lois civiles et pénales ne sont pas sans intérêt pour le chrétien du XXIe siècle. Notre vocation retentit sur cha-que domaine de notre vie : comme adorateurs, comme membres d’une famille, comme consommateurs dans une économie devenue globale, comme travailleurs côtoyant telle ou telle catégorie professionnelle…

Le plan du livre

Proposition de plan

1. COMMENT S’APPROCHER DE DIEU : ch. 1 à 16 (= l’adoration publique)
Les sacrifices ch. 1 à 7
L’entrée en fonction de la sacrificature ch. 8 à 10
L’impureté et son remède ch. 11 à 16
2. COMMENT VIVRE AVEC DIEU : ch. 17 à 27 (= l’adoration privée)
La sainteté attendue dans la conduite de l’Israélite ch. 17 à 20
La sainteté attendue dans la conduite des sacrificateurs ch. 21 et 22
La sanctification du calendrier : le sabbat et les fêtes à l’Éternel ch. 23
La sanctification du lieu saint et un cas de blasphème ch. 24
La sanctification du pays par l’année sabbatique et le jubilé ch. 25
Les bénédictions et les malédictions ch. 26
Les dons, les vœux et les dévotions ch. 27

Commentaire

– La première partie (ch. 1 à 16) introduite par l’expression : « Et l’Éternel parla à …», traite de l’aspect collectif de l’adoration, qui se déroule essentiellement à la tente de la Rencontre.
Le peuple n’est pas livré à son imagination : Dieu lui donne une « feuille de route ». Si les instructions sont né-cessaires, elles ne constituent pas un but en elles-mêmes. Dieu cherche une relation, pas une régulation : il donne les instructions qui permettent d’entretenir la communion et de la rétablir lorsqu’elle est interrompue.
Au chapitre 16, le Jour du Grand Pardon ou Grand Jour des Expiations, point culminant de la purification collec-tive, permet à Dieu de continuer à habiter au milieu d’un peuple pécheur.

– La seconde partie, (ch. 17 à 27) introduite par l’expression : « L’Éternel est celui qui vous sanctifie » et : « Soyez saints, car moi je suis saint »5 se déroule plutôt dans le camp ou dans la tente de l’Israélite. Ce « code de sainteté » traite davantage de la sphère individuelle et de la vie quotidienne.
Le peuple d’Israël, libéré de l’esclavage du péché, « nettoyé » de toute impureté, encouragé par la promesse que l’Éternel le sanctifie, est appelé à déployer ce caractère de sainteté dans le monde qui l’environne.

 

  1. Parmi les commentaires de qualité publiés ces dernières décennies, The Book of Leviticus, de G. J. Wenham, NICOT, Eerdmans, Grands Rapids, 1979, 362 p. reste l’ouvrage de référence.
  2. Version grecque de l’AT
  3. Pour autant, il est évident que Dieu ne rejette personne et qu’aucun défaut apparent ne peut écarter quelqu’un de son salut. Preuve en est la multitude de personnes malades ou handicapées que Jésus a approchées lors de sa vie sur la terre
  4. L’expression traduite par « sacrifice pour le péché » recouvre deux réalités bien différentes : – Un sacrifice destiné à ôter la souillure extérieure contractée lors d’activités légitimes (contact avec un mort, etc.). Dans ce cas, la personne n’a pas péché et il n’est pas dit : « Il lui sera pardonné ». Ces impuretés témoignent du dé-sordre introduit dans la création par le péché, d’où la nécessité d’une purification (ex. : Lév 15). – Un sacrifice pour expier des péchés commis « par ignorance » ou « par omission ». Ces sacrifices assuraient seule-ment un pardon temporaire, d’où la nécessité de les renouveler (Héb 10.11)
  5. La sainteté est une notion-clé du livre. Elle est illustrée aussi bien dans la première partie du livre, celle de l’adoration, que dans la seconde, celle de la vie quotidienne. C’est en l’observant dans la première et en la vivant dans la seconde que le peu-ple d’Israël peut être une nation sainte

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L’année sabbatique (Lévitique 25)

Il y a quelques mois, un présentateur de télévision, spécialiste de la prévention routière, a été contrôlé à 222 km/h au volant de sa voiture ! À la question « Pourquoi rouliez-vous si vite ? », il a répondu, en toute honnêteté : « Parce que j’étais pressé ! » Même si nous ne roulons pas aussi rapidement, nous devons bien constater que, à l’image de notre société, nous allons toujours plus vite.

Au chapitre 25 du Lévitique, Dieu donne une loi aux Israélites pour les obliger à s’arrêter, à « lever le pied », à prendre des vacances : « Pendant six ans, tu ensemenceras ton champ, et pendant six ans, tu tailleras ta vigne et tu en récolteras les produits. Mais la septième année sera un sabbat, une année de repos pour la terre. » (25.3-4a)

Une bonne nouvelle … refusée

Une loi qui ordonne de prendre des vacances est une bonne nouvelle ! On pourrait se dire que ce commandement a été populaire, mais, curieusement, il n’a pas connu le succès attendu : l’année sabbatique n’a pas toujours été mise en pratique par les Israélites.

De nos jours, il y a fort à parier qu’une telle loi ne serait pas non plus aisée à mettre en œuvre. S’il est vrai que, dans nos pays, nous passons moins de temps à travailler, nous ne nous reposons pas plus pour autant. La part des loisirs a augmenté et, finalement, nos journées sont plus remplies et stressantes que celles de nos ancêtres.

La difficulté de s’arrêter

Pourquoi est-il si difficile de s’arrêter ? Pourquoi enchaînons-nous les activités – qu’elles soient professionnelles, ludiques ou spirituelles ? Pourquoi avons-nous peur du repos, du silence ?

Blaise Pascal, le grand penseur chrétien, écrit dans ses Pensées : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. » (Pensées, 139) Il explique que la raison pour laquelle les hommes courent toute la journée, se lancent dans des affaires parfois risquées, ou se querellent, est simplement l’incapacité, voire la peur, de rester tranquillement au repos dans leur chambre. Ils ont besoin de divertissement pour oublier leur condition. Pascal dit ainsi : « Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. [Aussitôt] il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. » (Pensées, 131)

Pour Pascal, si les gens ne se reposent pas, c’est parce qu’ils ont peur de se trouver face à eux-mêmes, de regarder la vie en face. Pour fuir ce désespoir, cette peur du vide, les hommes et les femmes n’arrêtent pas de courir, et cherchent toujours le divertissement. Notre « société-spectacle » s’est d’ailleurs spécialisée dans cette fuite loin du vide et du silence qui nous font peur.

Qu’est-ce que le repos ?

Dieu nous demande de nous arrêter, mais quel est le sens du repos ?
Quand la Bible parle du repos, il ne s’agit pas simplement des heures où on ne travaille pas – il ne faut pas confondre loisir et repos. Le repos, le sabbat, est un temps consacré à Dieu, un jour différent des autres où nous nous reposons en lui.

On sait bien que la nature a horreur du vide. Et Dieu le sait. C’est pourquoi le repos n’est pas simplement quelque chose de négatif, l’absence de travail, mais aussi quelque chose de positif : passer du temps avec Dieu. Le repos selon la Bible est donc une période mise à part pour prendre du temps devant et avec Dieu. Se reposer, c’est s’arrêter pour regarder à Dieu et se regarder soi-même à travers le regard de Dieu.

Pour nous, chrétiens, nous pouvons prendre le risque du repos sans tomber dans le désespoir décrit par Pascal. Avec Dieu, nous pouvons nous regarder tels que nous sommes, faire face au vide avec confiance, car Dieu est là. Il nous soutient, il nous pardonne, il nous fortifie. Par la bouche de Jésus, Dieu nous invite à venir à lui pour trouver le repos : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Matt 11.28)

Ce repos peut prendre la forme de la prière, du silence pour écouter Dieu ; de moments de communion où nous partageons l’amour de Dieu en famille, avec des amis ; de temps de relations profondes où nous pouvons entendre battre le cœur de Dieu ; de temps à part, où nous méditons la Bible, où nous lisons des livres qui nous rapprochent de Dieu. Le repos peut prendre mille formes, et le repos de l’un ne sera pas le repos de l’autre. Mais, quelque forme qu’il prenne, le repos est toujours un temps mis à part pour Dieu, consacré pour lui, centré sur lui.

L’année sabbatique : un acte de foi

Dans les Dix commandements, Dieu demandait de se reposer un jour sur sept. Mais en Lévitique 25, il allait encore plus loin : Dieu commandait à son peuple de se reposer toute une année !

Bien sûr, il ne s’agissait pas de rester au lit pendant une année entière, mais plutôt de laisser la terre au repos pendant cette période : ne plus semer ni moissonner, ne plus tailler la vigne ni la vendanger. En d’autres termes, il ne fallait plus s’occuper de la terre dans le but de récolter quelque chose. Tous les champs devaient être laissés en jachère et n’importe qui, propriétaire, serviteur, étranger, pouvait venir prendre ce dont il avait besoin pour lui-même.

A l’époque, la plupart des gens étaient agriculteurs. Il y avait quelques artisans, quelques commerçants, mais la grande majorité vivait de la terre. Demander à une société dont l’économie est basée sur l’agriculture de laisser tous les champs en jachère pendant une année entière, cela voulait dire mettre tout le pays en « pause » pour une année.

On comprend la difficulté qu’ont eu les Israélites à obéir à cette loi. Pour tout arrêter, il fallait être prêt à faire totalement confiance à Dieu : non seulement pour la vie après la mort, mais pour la vie d’aujourd’hui ; non seulement pour un sentiment de paix, de joie intérieure, mais pour ce qu’il va y avoir dans mon assiette, ce que je vais manger, moi et ma famille … S’arrêter pour une année sabbatique était vraiment un acte de foi.

S’arrêter pour laisser Dieu agir

Pour nous aussi, s’arrêter est un acte de foi. Devons-nous aussi nous arrêter une année sur sept ? Peut-être Dieu le demande-t-il à certains d’entre nous. Un de mes amis, très engagé dans son église depuis six ans, a reçu la conviction de la part de Dieu qu’il devait arrêter ses activités au sein de la communauté. C’est un appel difficile, surtout lorsqu’on est engagé pour le Seigneur. Il faut parfois autant de foi pour s’arrêter que pour s’engager. Surtout lorsque tout a l’air de bien aller et qu’en s’arrêtant, on prend le risque que tout le travail accompli disparaisse.

Dieu ne nous demande pas à tous de suspendre nos engagements, mais il demande à chacun de comprendre le principe qu’il y a derrière cette année sabbatique. S’arrêter, c’est faire confiance à Dieu, c’est accepter de le laisser agir, lui. Cela nous oblige à nous rendre compte que nous ne sommes pas si indispensables que cela, que le monde peut continuer à tourner sans nous.

Quand nous nous arrêtons, c’est un peu comme si nous étions remis à notre place. Nous prenons conscience de nos limites, de notre place par rapport aux autres, par rapport au monde, par rapport à Dieu. Nous admettrons ainsi que nous sommes dépendants de Dieu, que tout dépend de lui. Se reposer en Dieu, finalement, c’est laisser Dieu agir… à notre place.

S’arrêter : un sacrifice

S’arrêter, cela veut aussi dire être prêt à réduire nos activités, à couper dans nos agendas. C’est un sacrifice que de s’arrêter. Il ne s’agit pas seulement de couper dans nos moments de loisir, mais aussi de mettre une limite à notre temps de travail. S’arrêter, c’est affirmer que le travail n’est pas tout.

En demandant à tous les agriculteurs d’arrêter de semer et de moissonner une année sur sept, Dieu place une limite à la croissance, au développement. Il invite les Israélites à un style de vie plus simple tout en leur assurant qu’ils ne manqueront de rien. C’est comme s’il leur disait : « Il faut travailler pour vivre, et non vivre pour travailler ».

Le travail est important dans la vie de l’homme, l’argent aussi, mais il n’est pas tout. Seriez-vous prêt à renoncer à 1/7 (c’est-à-dire 15 %) de votre salaire ? Seriez-vous prêt à « travailler moins pour gagner moins » ? Par cet appel, Dieu veut nous apprendre, comme aux Israélites, d’abord à lui faire confiance en tout, et ensuite que la richesse, le confort, ne sont pas tout.

Petit exercice pratique

Cela fait au moins six minutes que vous lisez cet article sur le repos, et je vous propose maintenant un petit exercice pratique. Dieu appelle son peuple à se reposer un jour sur sept, alors je vous invite, après ces six minutes, à vous reposer pendant une minute !

Une seule minute ? Une trop courte pause ! Et pourtant, qui peut prétendre que ce laps de temps soit trop bref pour que Dieu nous y rencontre ? Si, pendant cette minute, Dieu travaille en nous, son œuvre n’est-elle pas aussi importante, profonde, et puissante que l’instruction offerte par la page imprimée ?

Dans nos journées, il y a beaucoup de ces minutes « perdues », de ces « temps morts ». Ces petits temps de repos peuvent être autant de « temps de vie » si nous les passons avec Dieu, à nous reposer en lui. Nous pouvons prendre l’habitude, pendant ces « temps morts », de dire à haute voix, ou dans nos cœurs, « Mon Dieu, je veux me reposer en toi ! » ou bien, comme le psalmiste, « Mon Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche » (Ps 63.1). Juste quelques paroles pour entrer dans la présence de Dieu, dans son repos, même si ce n’est que pour une minute. De cette manière, nous pouvons transformer nos « temps morts » en « temps de vie ».

Le refus du repos

Avant de conclure, quelques mots sur les conséquences du refus du repos. En Lévitique 26, Dieu promet à Israël de le bénir si son peuple obéit à sa volonté, mais de le maudire s’il désobéit. Ces malédictions sont progressives, car elles ont un but éducatif : on peut identifier au moins cinq niveaux de transgression marqués par des punitions de plus en plus lourdes. Le but de Dieu est que son peuple comprenne et revienne.

La dernière correction est la plus sévère, la plus terrible ! En voici un extrait : « Je vous disperserai parmi les nations païennes et je vous poursuivrai avec l’épée, votre pays sera dévasté et vos villes deviendront des monceaux de ruines. Alors la terre jouira d’années de repos durant tout le temps qu’elle sera désolée et que vous serez dans le pays de vos ennemis ; enfin […] elle se reposera pour les années de repos dont vous l’aurez frustrée le temps que vous l’aurez habitée. » (Lév 26.33-35)

Malgré les avertissements de Dieu, Israël sera infidèle pendant 500 ans. Finalement, Dieu l’enverra en exil pendant 70 ans, le nombre d’années correspondant au temps pendant lequel le peuple avait refusé d’appliquer la règle de l’année sabbatique pour la terre (cf. 2 Ch 36.21). La méthode a été dure — l’exil — pour qu’enfin la terre puisse se reposer !

Le repos n’est pas une option. Il n’est pas valable seulement pour certains, seulement pour ceux qui en ont besoin. C’est un ordre valable pour tous, et si nous ne le respectons pas, nous courons un grand risque. Comme Dieu a dû le faire à l’égard de son peuple envoyé en exil, il nous met parfois au repos forcé : épuisement chronique, burn-out, ou dépression.

Cet ami à qui Dieu avait dit de se retirer de ses activités dans l’église après six ans en a parlé avec le responsable de sa communauté. Ce dernier l’a convaincu de maintenir ses engagements. Deux ans plus tard, mon ami a été forcé de s’arrêter et plusieurs années ont été nécessaires pour qu’il se remette complètement. Lorsque Dieu nous demande de nous arrêter, c’est pour notre bien. Si nous ne le faisons pas, nous prenons de gros risques et, à la fin, notre sort pourrait être bien pire.

Conclusion

Pour terminer, quelques questions.
Notre église, notre famille sont-elles des lieux où l’on peut se reposer ? Sommes-nous des gens qui permettent à ceux qui nous entourent de trouver le repos ? Ou sommes-nous sans cesse en train d’enchaîner les activités, toutes meilleures les unes que les autres, pour ne pas prendre le risque de nous regarder en face, de nous abandonner à à Dieu, de nous reposer en lui?

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