PROMESSES

Un regard honnête posé sur notre monde physique et humain admet l’évidence que rien n’est parfait : la corruption est réelle et universelle. Selon le dictionnaire, la corruption est une « altération de la substance par décomposition » ou encore un « état de ce qui est corrompu » (Le Petit Robert). Mais la vie a-t-elle toujours été perturbée ? Sinon, quand, pourquoi, comment et par qui la création a-t-elle été altérée ou contaminée ? Ces grandes questions méritent des réponses claires ; c’est pourquoi nous chercherons à connaître le point de vue du Créateur, lui qui donne son sens à notre existence et à notre condition matérielle.

Il n’y a pas d’information sur la création plus fiable que celle que Dieu nous transmet par sa Parole, la Bible1 . Selon celle-ci, la création originelle était entièrement bonne, parfaite (Gen 1-2 ; Col 1.16-17). Or, cette excellence n’a duré que le temps de l’obéissance d’Adam et Ève. Leur désobéissance aux exigences claires de Dieu (Gen 3 ; Rom 5.12-21) a fini par entraîner la corruption et la détérioration de cette perfection… quoiqu’il demeure en l’homme des traces de son origine (Dieu nous a créés à son image).

Les conséquences de la rébellion de nos parents

Dieu le Créateur avait averti le couple : la transgression de ses ordres aurait des conséquences désastreuses. Ce principe universel de causalité nous rappelle que négliger les règles qui garantissent un bon fonctionnement engendre le pire, tôt ou tard. Personne ne peut calculer avec exactitude toutes les implications d’un acte irréfléchi opposé à la volonté de Dieu. Cette loi se vérifie facilement dans l’histoire, biblique ou générale. Voici brièvement les implications majeures de l’insoumission du premier couple. Elles nous touchent encore aujourd’hui :

1. Dieu le Créateur avait prédit la mort du couple s’il refusait d’obéir (Gen 2.17 ; Rom 6.23).Cette mise en garde visait à prévenir la mort spirituelle (la séparation d’avec Dieu) autant que la mort physique. Adam et Ève ignoraient ce qu’était « la mort », car elle n’existait pas avant la Chute. Ils devaient seulement croire que Dieu savait bien ce dont il parlait. Ils ont cependant préféré leur propre conception de la vie humaine, pour découvrir très vite le tournant radical qu’allait prendre leur destin ! 2. La Bible proclame que le péché, la tendance à désobéir à Dieu, est une déformation universelle de notre nature adamique (Rom 3.23). Tout être humain en est totalement infecté dès sa naissance (Rom 3.10-18 ; 1 Jean 1.8-10). L’Ancien Testament offre plus de cinquante (!) nuances pour décrire la désobéissance ou le manque de conformité à la loi de Dieu. Les trois principaux termes sont : a. le péché : le fait de manquer la cible (Ps 32.1-5 ; Dan 9.24d),
b. l’iniquité : la faute, la préparation d’une tromperie (ou d’une perversion) et sa réalisation (És 32.6 ; Job 15.35),
c. la transgression : la révolte, la rébellion (Ex 23.20-21 ; Job 13.23b). Le Nouveau Testament n’est pas en reste avec sa panoplie de mots forts. On y trouve notamment : a. le péché : le fait de manquer la cible (Rom 5.12-13 ; 6.12),
b. la désobéissance : l’injustice, le mal moral ou spirituel (Rom 1.29)2 ,
c. l’iniquité : le rejet de la loi (Mat 23.28),
d. l’impiété : la volonté délibérée de ne pas donner à Dieu ce qu’il mérite (Rom 1.18 ; Tite 2.12 ; Jude 18). Il existe bien d’autres termes. L’homme est ainsi dépravé par rapport à Dieu et à ses exigences – et dépouillé de toute prétention à la sainteté. L’individu ne commet pas nécessairement les péchés les plus vils, il n’a tout simplement rien en lui pour plaire au Dieu trois fois saint. Pourquoi une telle déchéance ? L’existence du mal est un mystère : nous ne pouvons le comprendre, et aucune explication ne satisfait l’esprit humain. Dieu ne nous demande pas de comprendre, mais d’accepter la réalité affligeante de notre état, afin de lui laisser traiter le mal à sa façon : en Christ.

3. L’acte de péché (au sens général) entraîne la mort spirituelle de la race humaine, à savoir la séparation de l’âme et de l’esprit d’avec Dieu (Éph 2.1-2).

4. Il entraîne aussi la mort physique (Gen 3.19 ; Rom 6.23). Chaque enterrement nous rappelle que même l’être le plus aimé a été « infecté » par le poison du péché.

5. La rébellion d’Adam et Ève a entraîné d’autres effets durables. Certains d’entre eux correspondent encore bien à notre condition spirituelle, psychique et sociale d’aujourd’hui. En voici un aperçu :
a. Le cœur est devenu insensible à l’appel de Dieu (Act 28.27) ;
b. Les pensées se sont obscurcies (Éph 4.18) ;
c. La conduite de l’homme est devenue errante et sinueuse (És 53.6) ;
d. Les décisions sont prises en fonction de tendances charnelles (Rom 8.7) ;
e. Les réalités de l’Esprit de Dieu sont considérées comme folles et incompréhensibles (1 Cor 2.14) ;
f. L’âme de l’homme est gangrenée dans ses élans vers la vraie vie (Prov 8.36) ;
g. La bouche est empoisonnée et pleine de malédictions (Rom 3.13-14) ;
h. La paresse entraîne au dégoût du travail (Pr 21.25) ;
i. La discorde familiale frappe comme une évidence (Luc 15.11-30) ;
j. Constamment et puissamment, Satan pousse les hommes à se révolter contre Dieu (Éph 2.2).

Les conséquences de notre état de pécheurs

La liste ci-dessus n’est pas exhaustive. Cet enseignement biblique brosse un tableau pessimiste de l’homme, dans son comportement individuel et collectif, hérité de la nature déchue d’Adam (Rom 5.11-21). Dieu noircit encore le tableau quand il dépeint les conséquences de la Chute dans le domaine de sa relation avec l’homme.

1. Les écrivains sacrés ont comparé certains hommes corrompus à des animaux. À des serpents (Ps 140.4 ; Mat 23.33), à un âne sauvage (Job 11.12b), à un ours cruel (Dan 7.5), à des chiens impurs (Pr 26.11 ; Mat 7.6 ; 15.26 ; Phil 3.2 ; Apoc 22.15), à un renard rusé (Luc 13.32), à un léopard féroce (Dan 7.6), à un lion qui déchire sans pitié (Dan 7.14b), à une truie se vautrant dans la boue (2 Pi 2.22c), à un loup cruel (Éz 22.27). Dieu, dans sa sainteté et sa droiture, décrit l’homme en rébellion contre lui comme il le voit. Le diagnostique est bien sombre, mais c’est la vérité : Dieu ne cache jamais leur état réel à ses créatures. Il se garde à leur égard de paroles lénifiantes, car il sait que l’individu aime à s’illusionner sur sa nature et sur son caractère. Mais Dieu vient en aide à celui qui accepte de se voir tel qu’il est.

2. Sans Christ comme sauveur, chaque pécheur vit sous la menace du Dieu juste, saint et droit. Le châtiment que nous méritons comporte au moins six aspects :

a. La démonstration de culpabilité (Rom 3.19 ; Jac 2.10) ;
b. La punition (Mat 25.46 ; Jean 3.36c) ;
c. La perdition : le fait de tout perdre, le naufrage absolu (Mat 10.28, Jean 3.16b) ;
d. La mort spirituelle, la séparation d’avec Dieu (Rom 5.12 ; 6.23 ; Apoc 3.1). Puis la séparation physique de l’âme et de l’esprit d’avec le corps (Jac 2.26). Finalement, la « seconde mort », la séparation éternelle d’avec Dieu (Apoc 20.14-15 ; 21.8) ;
e. Le Jugement final et le prononcé des peines éternelles (2 Pi 2.9 ; Jude 6) ; f. Le feu éternel (Mat 18.8 ; 25.46 ; Jude 7).

Ces descriptions sur la corruption concernent chaque individu de l’espèce humaine. Elles peuvent choquer, particulièrement ceux qui nourrissent une bonne image d’eux-mêmes. Cependant, accepter la vérité biblique, c’est faire le premier pas vers la libération de la vie corrompue.

La solution à la corruption humaine

Ô combien est grande la condamnation par Dieu de notre nature pécheresse. Comment s’y soustraire sans l’intervention d’un très grand Avocat ? Dieu lui-même y a pourvu : il nous presse de nous tourner vers le Sauveur éternel : c’est lui qui a détourné sur lui-même la punition divine que nous méritions (Jean 3.16)3 . Bien plus, Dieu investit le repentant d’une nouvelle nature (2 Cor 5.17). À cause de Christ, Dieu distingue donc entre le pécheur qui persiste volontairement dans son péché (et qui demeure sous le coup de la condamnation), et celui qui est exempté du jugement parce qu’il s’est soumis à Jésus-Christ par la repentance et la foi (Act 20.21). Le salut en Christ ne transforme pas seulement notre destin éternel, il crée aussi une possibilité de transformation de notre caractère, moyennant notre obéissance à la Parole de Dieu et à la direction du Saint-Esprit.

Le converti en Christ n’a pas perdu sa nature humaine (Rom 6-7), mais il a l’Esprit en lui pour l’encourager à la victoire quotidienne (Rom 8.1-17) en s’identifiant à Christ dans sa mort et dans sa résurrection (Gal 2.20 ; 6.14). Le vrai pèlerin (Héb 11.10-16) regarde en avant et en haut (Héb 12.1-2), en attendant le retour du Seigneur et le don d’un corps nouveau, impérissable (1 Thes 4.13-18). Quant à la création matérielle, qui subit la corruption propagée par le péché, Dieu la réhabilitera aussi en son temps, lors du règne de Christ (Rom 8.18-23). Puissions-nous tous entrer pleinement dans le plan anti-corruption de notre Père bienveillant.

1 Cf. Ps 19.8, 10b ; 33.6 ; 2 Tim 3.15-17 ; Mat 4.4 ; 2 Pi 1.21.
2 Cf. aussi : 2.8 ; 6.13 ; 2 Thes 2.10, 12 ; 2 Tim 2.19 ; 1 Jean 5.17.
3 Cf. aussi Act 3.17-20 ; 1 Cor 1.17-18 ; Gal 6.14 ; Éph 2.16 ; Phil 2.7-11 ; Col 1.20-23 ; 2.14. Puis Rom 3.24-26 ; 4.24-25 ; 5.1-2, 10-11 ; 8.1-3, 9, 16-17 ; 10.10-13.

Écrit par


On imagine mal les ravages de la corruption. Les catastrophes ou les guerres prouvent-elles vraiment l’indifférence de Dieu ? Elles soulignent surtout le vice humain, comme ce terrible tremblement de terre, il y a peu. En effet, les murs de leurs écoles se sont effondrés sur des milliers d’enfants chinois : les autorités locales privilégiaient la santé de leur portefeuille plutôt que la qualité de la construction. La situation spirituelle est encore plus dramatique, car ce sont nos coeurs séparés de Dieu et « esclaves de la corruption » (2 Pi 2.19) qui nous entraînent à notre perte.

L’intégrité est cependant un objectif réaliste, à condition toutefois de prendre conscience du « fumier » duquel la grâce de Dieu peut nous tirer (Ps 113.7). Celui qui minimise son état de corruption n’aura pas la ferme volonté de s’en affranchir, et sera peu reconnaissant envers son Sauveur (Luc 7.47). Mais plus il admet les profondeurs de son péché, plus il réalise la grandeur de sa délivrance, et plus sa louange s’élève vers le Dieu très-haut : « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. » (Rom 5.20b).

Lisez la biographie d’hommes pieux, et tous vous diront tout ce qu’ils doivent à la grâce de Dieu, plus qu’à leur moralité naturelle. Oui, la droiture existe dans ce monde… Mais elle n’est pas de ce monde ! Que ce nouveau dossier nous incite donc, non pas à nous morfondre, mais à rendre toute la gloire à Dieu pour son oeuvre de sanctification en nous. Oeuvre qu’il initie, soutient, et mènera à la perfection, puisqu’il a prévu de nous rendre progressivement irréprochables pour le jour où Christ paraîtra (1 Cor 1.8).


« Qui pourra monter à la montagne de l’Éternel ? Qui s’élèvera jusqu’à son lieu saint ? Celui qui a les mains innocentes et le coeur pur. » (Ps 24.3s)

Qui peut raisonnablement se réjouir de ce verset ? Seule une perfection de chaque instant garantit une communion joyeuse de l’homme avec le Dieu de l’alliance. Hélas, pas un seul ne remplit cette condition. Chaque jour, l’homme pèche sur deux plans : contre Dieu et contre son prochain ! Il bafoue donc le double commandement préféré de Jésus ! Pire, il tend à cela par nature.

Il y a cependant un espoir ! Ce qui m’est impossible est possible à Dieu. Ce coeur naturellement pur dont parle le psalmiste, c’est celui du Christ, homme sans péché, en constante communion avec le Dieu trois fois saint. Mort pour mes offenses, ressuscité pour ma justification, il est ma seule justice et sainteté devant Dieu.

Incroyable ? Dieu me voit à travers l’oeuvre du seul homme juste et saint que la terre ait porté… même lorsque mon coeur m’accuse ! Paradoxalement, il est parfois plus facile de se sentir coupable que de demander pardon en regrettant viscéralement son péché. Aurai-je l’audace salutaire de rappeler à ma mauvaise conscience que « Tout est accompli » ? Il est si tentant de vouloir « se rattraper » par de bonnes actions. Heureux celui qui se repose en tout temps sur Christ et Christ seul ! Posons-nous donc de bonnes questions, qui nourrissent notre nouvelle nature par des affirmations lumineuses :

« Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ? […] Qui nous séparera de l’amour de Christ ? » (Rom 8.32ss)