PROMESSES
Témoignage Madeleine Wehrli-Schnydrig, infirmière (Suisse)
Article paru dans l’édition spéciale de L’Avènement : « L’ésotérisme en vogue », publié avec l’aimable autorisation de Christian Willi, du comité de rédaction.
Madeleine Wehrli-Schnydrig est infirmière.
Valaisanne d’origine, elle habite à Herisau depuis 17 ans.
Durant mon école d’infirmière déjà, j’aspirais à découvrir une alternative à la médecine scientifique basée sur la chimie et les appareils médicaux. Une fois ma formation terminée, j’ai alors commencé un cours de réflexologie. Cela m’a enthousiasmée et j’ai désiré en savoir davantage. C’est ainsi que j’ai suivi plusieurs cours successifs : plantes médicinales et leurs préparations, massages corporels, kinésiologie, santé par le toucher, drainage lymphatique, fleurs de Bach, etc.
Un nouveau monde captivant
J’entrais dans un monde nouveau et captivant. J’étais avide d’élargir mes connaissances et je m’inscrivais sans cesse à de nouveaux cours. Je voulais connaître mon corps, observer ses réactions, découvrir mes sens et jouir pleinement de la vie. Je donnais une très grande importance à l’érotisme et à la sexualité. Pour être plus sensible à l’énergie universelle, je m’habillais de préférence avec de la soie. Je me nourrissais sainement, faisais beaucoup de sport, recherchais des expériences extrêmes et explorais ma créativité.
Immersion dans le Nouvel Âge
Je glissais toujours plus dans le mouvement Nouvel Âge. Je dévorais les livres de Shirley McLaine. J’ai suivi une série de conférences au sujet de l’ère du Verseau, j’ai fait faire mon horoscope et prédire mon avenir. Je me suis créé ma propre vision du monde, en m’inspirant de différentes philosophies. La réincarnation me semblait tout à fait logique et le suicide une porte de sortie envisageable.
Je croyais également à quelque chose de suprême, à une grande énergie à laquelle je participais. Je me considérais comme un microcosme, entouré et influencé par le macrocosme. Dans cette compréhension des choses, je voulais m’ouvrir à mon vrai « Moi » et m’accorder à l’énergie de l’univers. J’étais prise dans un grand tourbillon. Plus mes connaissances et mes expériences se multipliaient, plus ma soif de progresser spirituellement était grande.
Une idée a commencé à mûrir en moi, celle de me former pour devenir guérisseuse. Je voulais apprendre à activer le système d’auto-guérison dans le corps, à influencer l’âme, et à libérer l’esprit. C’est ainsi que la méditation a pris une place toujours plus importante dans ma vie.
Spirale descendante
Malgré tout, j’avais de plus en plus l’impression d’être enchaînée. Je ne trouvais pas la paix, consciente qu’il me manquait quelque chose. Afin de régler mes problèmes, je suis allée en Alsace durant un an et demi pour suivre un traitement. Je travaillais avec les couleurs et la respiration, je me servais de la pensée positive et suivais d’autres cours : morphopsychologie, pendule, etc. Je voulais m’élever dans les hauteurs, mais je me faisais aspirer par les ténèbres.
Un coup de fil salutaire
Un jour, j’ai reçu un appel du Valais qui allait changer toute ma vie. C’était ma sour Manette. Pleine de joie, elle m’a expliqué qu’elle s’était convertie à Jésus-Christ et qu’elle avait commencé une nouvelle vie. Je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire. Dans mon village, dans toute ma parenté et parmi mes amis, personne ne m’avait jamais parlé de conversion.
Combat
Les dix-huit mois suivants ont été pour moi un grand combat. J’aimais beaucoup ma sour et je me souciais d’elle. De ce fait, je discutais beaucoup avec elle afin de l’aider à reprendre ses esprits. Mais elle m’a montré une toute autre vision du monde. Elle m’a expliqué comment Dieu me voyait, ce qu’il avait fait pour moi par son fils Jésus-Christ et comment, dans son amour, il faisait tout pour m’attirer à lui. Dans ma quête spirituelle, je n’avais jamais rencontré autant de pardon, d’amour et de miséricorde… Afin de vérifier et d’éprouver tout cela, j’ai commencé à lire la Bible. J’examinais tous les domaines de ma vie à la lumière de la Parole de Dieu.
J’ai commencé à ne plus diriger mon intérêt sur l’idole du cosmos, mais sur Dieu seul. Le dimanche 30 avril 1989, après de longues luttes, j’ai enfin décidé de remettre les rênes de ma vie à Dieu.
Je savais que je ne pouvais pas en rester là, je voulais concrétiser ma décision. J’étais constamment troublée par une phrase de Manette : « Un demi-chrétien n’est rien. » Je voulais suivre entièrement mon nouveau Seigneur. J’ai demandé à Jésus de me donner de la force, et j’ai jeté tout ce qui, dans mon ménage, avait un rapport avec l’ésotérisme et la magie. J’ai ainsi tiré un trait sur ma vie remplie de superstitions.
Changements progressifs
Par la suite, Dieu a entrepris de me transformer, avec beaucoup de patience et sans me bousculer. Il a renouvelé mes pensées, guéri mes sentiments, corrigé mon caractère. Je suis si reconnaissante de ce que Dieu, aujourd’hui encore, me transforme au travers de ma relation quotidienne avec lui ! Non pas que je n’aie plus de problèmes, mais, en toutes choses, je demande l’aide de Dieu, pour qui rien n’est impossible. Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant, est devenu la réponse à mes questions et le but de ma recherche. En lui j’ai trouvé le repos, la liberté, une grande joie et la sécurité. Maintenant, ma vie a un vrai sens.
Madeleine Wehrli-Schnydrig a détruit sa littérature ésotérique dans la cheminée. Elle a ainsi marqué sa séparation claire d’avec l’ésotérisme et l’occultisme.
Actes 19.19 : « Un grand nombre de ceux qui avaient pratiqué la magie apportèrent leurs livres et les brûlèrent devant tout le monde. On calcula la valeur de ces livres et l’on trouva qu’il y en avait pour cinquante mille pièces d’argent. »
S’il y a des gens qui voient le diable partout, il y en a d’autres qui ne le voient nulle part. Les deux positions sont fausses – et le diable en tire parti. Il maintient les premiers dans une crainte servile et agit avec toute liberté envers les seconds. Qu’il soit ignoré ou adoré, l’important est qu’il puisse accomplir son travail de destruction.
Par contre, il n’aime pas qu’on le débusque, qu’on signale sa méchanceté et sa tyrannie, son incessante activité (Apoc 12.9,10), qu’on signale sa présence derrière tant de choses qui paraissent anodines et qu’il manipule avec une extrême dextérité pour lier non seulement les incrédules mais aussi les croyants. Il n’aime pas qu’on parle de la victoire de Jésus Christ.
En ouvrant ce numéro de Promesses, demandons la protection de Dieu, car nous devenons la cible de l’Ennemi : nous le dérangeons dans son travail.
Bientôt « le Dieu de paix écrasera Satan sous nos pieds » (Rom 16.20). En attendant, notre prière est que ce numéro aide l’un ou l’autre à « ne pas ignorer les desseins de Satan » (2 Cor 2.11), à se revêtir pratiquement de l’armure de Dieu, à s’emparer des ressources dont nous avons besoin pour être vainqueurs face au déchaînement de la puissance du mal en notre début de XXIe siècle.
À Celui qui a donné sa vie pour nous sauver et pour nous libérer de la puissance de l’Ennemi, à lui seul soit la gloire pour l’éternité !
Pour en savoir plus, ouvrages en vente à La Maison de la Bible, CH- 1032 Romanel-sur-Lausanne , www.bible.ch , e-mail : info@bible.ch
– L’Occultisme à la Lumière du Christ, M. Ray, nouvelle édition, Ligue pour la Lecture de la Bible, Vennes-Lausanne, CH
– L’Occultisme, P. Oddon, Cahiers des REBS 4, 1989
– La Franc-Maçonnerie sous l’éclairage biblique, P. Ranc, Éd. Contrastes
– La Santé à n’importe quel prix ? S. Pfeifer, Éd. Brunnen Verlag, Bâle, 1995
– Le Bonheur à tout prix ? (Sophrologie, Anthroposophie, Ecoles Steiner, Nouvel Âge, Ordre du Temple solaire), P. Ranc, Éd. Contrastes, nouvelle édition
– Le Nouvel Âge sans masque, D. R. Groothuis, La Maison de la Bible, Genève, 1991,
– Les sectes à visage découvert, G. Dagon, vol. 1 et 2, Éditions Barnabas, F-91330 Yerres, 1995
– Occultisme puissance obscure, R.F. Doulière (brochure de 30 p.)
– Précis d’Histoire des Religions, J.-M. Nicole, Éditions de l’Institut biblique de Nogent, F-94130 Nogent-sur-Marne
– Rose-Croix, mythe ou réalité ? P. Ranc, Éd. du Rocher
– Pourquoi j’ai quitté l’astrologie, et La fin de ma nuit, Y. Petelle, Éd. Beauport
– Petite Encyclopédie de la Pensée du Monde de la Grèce antique à Stonehenge, Y. Petelle, Éd. Sentinelle
N.B. les dates de parution ne sont pas toutes indiquées, car certains ouvrages ont fait l’objet de rééditions et de mises à jour.
Autres ouvrages, chez d’autres distributeurs :
– A concise Dictionary of Cults and Religions, W. Watson, Moody Press, Chicago, 1991
– Occult Invasion, D. Hunt, Harvest House Publishers, Eugene, Oregon, 1998
– Le Nouvel Âge dévoilé, Y. Petelle, Éd Beauport, Sainte-Foy, Québec,
– Satan’s Evangelical Strategy for this NEW AGE, Erwin Lutzer & John F. DeVries, Victor Books, P.O. Box, 1825, Wheaton, Illinois 60189, USA, 1989
– What the Bible teaches about Spiritual Warfare, Robert Dean Jr and Thomas Ice, Kregel Publications, Grand Rapids MI, 49501, USA, 2000
– Histoire de l’Ésotérisme et des Sciences occultes, J-P. Corsetti, Références Larousse, Paris,1992
– L’État des Religions dans le Monde, dir. M. Clévenot, Éd. La Découverte/Le Cerf, Paris, 1987
– Dictionnaire des religions, M-M. Thiollier, Éd. Le Sycomore-L’Asiathèque, Paris, 1971
N.B. Ces trois derniers ouvrages ne représentent pas la position évangélique.
Sites Internet :
www.bible-ouverte.ch/sectes.htm
www.info-sectes.org
www.vigi-sectes.org
« Le soir venu, la barque était au milieu de la mer, et Jésus était seul à terre. Il vit que [les disciples] avaient beaucoup de peine à ramer car le vent leur était contraire. À la quatrième veille de la nuit environ, il alla vers eux en marchant sur la mer et il voulait les dépasser.
Quand ils le virent marcher sur la mer, ils pensèrent que c’était un fantôme, et ils poussèrent des cris car ils le voyaient tous, et ils furent troublés.
Aussitôt Jésus leur parla et leur dit :
Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur !
Puis il monta auprès d’eux dans la barque, et le vent tomba. »
Marc 6.47-51a
Quand l’être humain est livré à lui-même et dominé par la peur, il ne voit en Jésus-Christ qu’un fantôme, une ombre, un mystère inquiétant.
Quand l’être humain répond à la Parole de Christ par la foi, il entre dans le vrai repos, le Seigneur tout-puissant le sauve et devient réellement son ami.
Lecture des rubriques : lorsque le mot titre d’une rubrique est repris dans le texte de celle-ci, il se trouve abrégé par sa première lettre.
ALCHIMIE(du grec tardif khêmeia : magie noire) : En Europe, science occulte en vogue du XIIe au XVIIIe siècle. Elle se consacre à l’étude de la matière, et de ses transformations, mais propose en fait une ouvre de salut (c’est une religion !) La transmutation des métaux ordinaires en métaux nobles (la spagyrie), la quête sans fin de la « pierre philosophale », et de « l’élixir de longue vie », découlent du projet d’effacer les conséquences de la Chute d’Adam, et d’opérer la rédemption du corps et de l’esprit. Il s’agit de retrouver la pureté, la splendeur et les privilèges de l’état originel. Certains penseurs ou artistes modernes ont cherché à remettre l’a. en valeur en s’attachant à une interprétation symboliste de ses « formules » et de ses « éléments » (le psychiatre C.G. Jung ; M. Yourcenar, dans L’Ouvre au Noir ; P. Coelho dans L’Alchimiste ; J.K. Rowling et son personnage de N. Flamel dans Harry Potter, etc.).
ANIMISME (du latin anima : âme) : Au sens large, croyance en une âme des choses et des animaux analogue à l’âme humaine. Cette croyance est partagée à l’origine par les civilisations primitives de tous les continents, mais plus spécialement d’Afrique et d’Océanie. Ces âmes (ou esprits, ou génies) innombrables induisent une grande variété de pratiques de sorcellerie, dont le chamanisme est une forme, le vaudou une autre. La pensée japonaise, façonnée par le shintoïsme et ses 8 millions de kami (forces naturelles personnifiées), est souvent restée très animiste. Il ne faut pas confondre animisme et panthéisme (croyance que tout est divin dans l’univers).
ANTHROPOSOPHIE : Secte fondée en 1913 par Rudolph Steiner (1861-1925), à la suite d’une scission d’avec la Société théosophique. Ce mouvement repose sur la conviction que l’homme possède la vérité en lui-même, et que le monde spirituel lui est accessible par son intellect, son imagination, son inspiration ou son intuition. Steiner propose une relecture ésotérique de la Bible, très éloignée de la compréhension « classique », et annonce quelques concepts chers au Nouvel Âge (notion de « Christ cosmique »).
²(du toungouze sâman : moine) : Prêtre sorcier-guérisseur-exorciste des régions arctiques. Son activité est fondée sur la croyance en des esprits qui régissent la nature. Le chaman pense détenir une puissance supranaturelle, et la capacité d’intervenir dans le monde des esprits, ou de s’y promener. À cause de ses connaissances occultes et de ses pouvoirs, le chaman est tour à tour craint et admiré. Certains thérapeutes contemporains, tel le psychanalyste et acupuncteur Didier Dumas, sont fascinés par les secrets et la « sagesse » des chamans.
CHANNELING (de l’anglais channel : canal) : Dans le vocabulaire du Nouvel Âge, état de transe caractéristique d’êtres humains qui se livrent, corps et esprit, à des êtres spirituels. Ces êtres surnaturels les contrôlent pour transmettre à travers eux certains enseignements. C’est une variante moderne des pratiques des médiums, voire des devins, oracles, pythies et sibylles de l’Antiquité.
DIVINATION (ASTROLOGIE, VOYANCE, et toutes les – mancie : CARTOMANCIE, CHIROMANCIE, GÉOMANCIE, NÉCROMANCIE, etc.) : Ensemble de techniques destinées à connaître la volonté de Dieu (ou des dieux), et à se renseigner sur toutes sortes de questions, dont bien sûr les événements à venir. Ces techniques, fondées sur l’interprétation de signes naturels, d’événements fortuits ou de rêves, sont en général l’exclusivité de « spécialistes », qui interviennent contre rétribution. Leurs pratiques ne se limitent pas forcément à la prédiction, elles prétendent aussi fournir des conseils, des secrets, des enseignements censés rendre le « client » plus apte à bien gérer sa vie. Bien que certains voyants ou autres devins prétendent agir avec l’approbation de Dieu, il faut noter que la Bible, du Pentateuque à l’Apocalypse, condamne sans appel ces pratiques : Deut 18.10-14 ; És 8.19,20 ; Gal 5.19-21 ; Apoc 21.8. L’idolâtrie, la magie, l’occultisme, ainsi que les faux prophètes sont souvent associés aux activités de divination.
DRUIDISME : Religion des Celtes et des Gaulois florissante avant et au début de l’ère chrétienne. Le druide était considéré comme un intermédiaire entre les dieux et les hommes. Il cumulait souvent des fonctions religieuses, culturelles, juridiques, et militaires. Il présidait aux cérémonies sacrées et était seul autorisé à pratiquer des sacrifices. Dès le XVIIIe siècle, sous l’influence de la franc-maçonnerie, plusieurs mouvements ont cherché à faire revivre le druidisme. Le néo-druidisme compterait actuellement environ deux millions d’initiés. On peut l’apparenter à d’autres tentatives de ressusciter d’anciennes religions païennes.
ÉSOTÉRISME (du grec esôterikos : de l’intérieur) : Dans son sens étymologique, l’é. est une doctrine transmise à des initiés. Toutes les grandes religions ont eu leurs sectes ou ordres ésotériques. Dans la sphère du monde christianisé, on peut citer les templiers, les alchimistes, les rose-croix, les théosophes ; dans la sphère juive, les kabbalistes ; dans la sphère musulmane, les soufis. L’é. post-moderne est quant à lui un réceptacle indéfinissable de toutes sortes de spiritualités, orientales et occidentales, et il mêle des notions pseudo-chrétiennes à des traditions autrefois décrites comme hérétiques. Souvent, le terme « ésotérisme » est préféré à celui d’« occultisme », mais pratiquement ce sont des synonymes. L’é. est aujourd’hui propagé par toute la culture de masse, et a même gagné des églises chrétiennes, ainsi que des disciplines qui avaient mis des siècles pour s’en distancer (philosophie, médecine, physique). La priorité accordée au miraculeux, aux dons surnaturels, à des formes mystiques de méditation, ainsi qu’à l’irrationnel, expliquent en partie ce succès.
FANTASTIQUE : Genre littéraire (depuis le XIXe siècle) et cinématographique qui s’efforce d’introduire insidieusement le surnaturel dans des récits ou des situations de la vie ordinaire, de manière à déstabiliser le lecteur ou le spectateur. Le but poursuivi peut être de pur divertissement, mais aussi de remise en question fondamentale du monde réel et de ses valeurs. Le récit fantastique se propose parfois d’initier à de nouveaux paradigmes, à de nouvelles dimensions de la conscience ou de l’univers. Toutefois, ce sont en général l’épouvante et l’horreur qui dominent dans ce type de production. Quelques noms célèbres : E.T. Hoffmann, E.A. Poe, P. Mérimée, G. de Maupassant, F. Kafka, D. Buzzati, A. Hitchcock, S. King.
FENG SHUI : Méthode thérapeutique d’origine chinoise, fondée comme beaucoup d’autres médecines orientales sur la présence, l’activité et les propriétés du « flux d’énergie Qi » dans le corps humain ou dans le monde en général. Les présupposés sont analogues à ceux d’autres disciplines orientales telles que l’acupuncture, le shiatsu, le taï chi(-chuan), le qigong : celui qui en connaît les secrets prétend manipuler, diriger, réorienter ou rééquilibrer les flux d’énergie de manière à placer le patient dans le meilleur rapport possible avec lui-même, avec le monde matériel et avec le monde spirituel (on lui indiquera par exemple comment orienter les pièces de son appartement, quelle fonction attribuer à chacune d’elles, comment y disposer les objets, en fonction de la circulation des énergies. et des horoscopes chinois !) Même démarche philosophique que dans le chamanisme, ou dans la magie blanche, même recherche d’épanouissement et d’harmonie que dans certaines médecines alternatives comme la kinésiologie.
FRANC-MAÇONNERIE : Née au début du XVIIIe siècle en Écosse, la f.-m. moderne (dite spéculative, et subdivisée en loges d’obédiences très diverses) prône généralement la fraternité entre ses membres et se fixe des objectifs philanthropiques : c’est un humanisme. Le courant ésotérique du maçonnisme mêle souvent des éléments d’origine chrétienne à un symbolisme mystique. Selon les rites en vigueur, les loges s’inspireront par exemple de la Rose-Croix, de la théosophie, ou d’autres traditions secrètes sans cesse revues et corrigées. La f.-m. chante la tolérance, le progrès moral et matériel ; toute religion peut y contribuer, Jésus-Christ n’étant qu’un modèle moral parmi d’autres. Jésus n’est donc plus le seul Sauveur, et sa mort à la Croix n’est pas la seule réponse au problème du mal. Le salut dépend des ouvres de l’homme. Selon leurs orientations, certaines loges ont été plus ou moins directement mêlées à la marche des affaires publiques (dont les révolutions du XVIIIe siècle, mais il faut se garder de voir un franc-maçon derrière chaque révolutionnaire !), et ont suscité des réactions d’hostilité virulentes, tant de la part de l’Église catholique (dès 1738), de l’extrême droite, que des communistes. Quelques francs-maçons connus : L. Armstrong, M. Chagall, W. Churchill, A. Conan Doyle, B. Franklin, Frédéric II de Prusse, W. Goethe, J. Haydn, R. Kipling, Montesquieu, W.A. Mozart, I. Newton, Stendhal, Voltaire, G. Washington (et plusieurs autres présidents américains).
GNOSTICISME (PYTHAGORISME, NÉO-PLATONISME) : Reprenant certaines notions du platonisme, comme l’opposition entre le corps (terrestre et mauvais) et l’esprit (divin et bon), et s’appuyant au besoin sur des concepts empruntés à la magie ou à l’astrologie, le mouvement gnostique pénétra la chrétienté dès la fin du Ier siècle après J.C. Le salut de l’individu y dépend de son accession à une connaissance secrète (gnôsis). Parmi ces secrets : le Dieu de l’Ancien Testament, surnommé le « démiurge », est un dieu inférieur mauvais. Le but de ce dernier a été de faire tomber l’homme dans le malheur et de l’y maintenir. Toute la création est mauvaise car elle porte la marque de ce démiurge despotique. Le vrai Dieu est absolument bon et étranger à notre monde mauvais. Satan aurait permis à l’humanité de faire un premier pas vers la connaissance salvatrice en poussant Adam et Ève à manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Quant à Jésus, il ne fut qu’un homme exceptionnel, dans la mesure où il fut un des premiers à prendre conscience de l’« étincelle » divine censée habiter en toute créature. Les vérités fondamentales de l’incarnation, de la mort expiatoire et de la résurrection de Christ sont récusées. La pensée gnostique opère donc une subversion complète du christianisme classique. Une partie de l’ésotérisme occidental s’en inspire, de même que la kabbale juive, le soufisme musulman, et la mouvance du Nouvel Âge. L’artiste W. Blake, les psychanalystes C.G. Jung ou W. Reich, le philosophe R. Guénon, l’écrivain E.M. Cioran fournissent quelques exemples d’hommes aussi anti-chrétiens dans leur esprit que profondément néo-gnostiques. Quant à la science (cet évangile moderne) qui, depuis Thalès, rêve d’unifier toutes les connaissances en un système qui rende compte de la totalité des phénomènes, n’est-elle pas parfois gnostique dans ses prétentions ?
KINÉSIOLOGIE : Méthode thérapeutique fondée par l’Américain G. Goodheart en 1964. Les diverses écoles de kinésiologie appliquée (KA) utilisent des techniques basées sur des tests musculaires. Le but est de rééquilibrer, de ressourcer le patient en fonction des divers blocages psychoaffectifs ou mentaux révélés par les déficiences de tel ou tel muscle. Pour interpréter les « messages » des muscles, le kinésiologue s’aligne (parfois inconsciemment) sur les principes de la médecine chinoise traditionnelle (notions de flux énergétiques cosmiques, de points d’acupuncture). Quant à ses méthodes, elles peuvent inclure des massages (pressions), des préparations à base de plantes, l’homéopathie, et des exercices physiques ou mentaux. Les présupposés ainsi que les méthodes des kinésiologues ont été souvent critiqués pour leur subjectivité(1) . Indépendamment de la question de son efficacité douteuse, la KA reste suspecte pour le chrétien, car c’est une médecine dont les « inventeurs » sont largement tributaires du mysticisme oriental. Or, la maladie n’est pas le signe d’une mauvaise circulation des « flux énergétiques » dans le corps, mais d’abord une des conséquences de la Chute. Dieu peut intervenir dans nos problèmes de santé, soit directement, soit en réponse à la prière, ou encore par le moyen de thérapies naturelles et rationnelles. Toutefois, nos corps actuels restent « infirmes » et vulnérables par nature. même sans blocages psychoaffectifs (voir 1 Cor 15.42-49).
MAGIE (du perse mag, science, sagesse) : Forme archaïques de toute religion païenne. La m. veut agir sur les choses et sur les êtres par le moyen de procédés occultes en lien avec le monde surnaturel. Elle présuppose qu’il existe tout un réseau de correspondances invisibles entre le macrocosme (l’univers) et le microcosme (l’être humain). Elle se pratique de préférence dans certains lieux, à des moments prescrits (par les saisons, les présages, les astres etc.), selon des rites codifiés (parfois sanglants), des formules secrètes et des méthodes divinatoires diverses, avec l’aide de tout un cortège d’objets fétiches. Elle est l’apanage de sorciers, de chamans, ou de guérisseurs. On distingue ordinairement entre magie blanche, censée rester bénéfique et favoriser les relations, les récoltes, la santé, les affaires, etc., et la magie noire, ou sorcellerie, destinée à nuire (envoûtements, malédictions, mauvais sorts). Quant aux pratiques magiques, elles sont fondées sur diverses techniques de divination (augures, astrologie, révélations médiumniques, oracles), sur la thaumaturgie (art d’accomplir des miracles), sur les incantations, et sur des rites liés à l’utilisation d’objets ou d’animaux symboliques (comme dans le cas d’envoûtement à l’aide d’une statuette à l’effigie de la personne visée). En Occident, la vague ésotérique actuelle répand l’idée qu’il existe une magie utile, divertissante, inoffensive, que l’on peut accueillir sans scrupule. La prolifération de « bons » sorciers (voir Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux), de gentils démons, et de monstres sympathiques dans les productions artistiques illustre bien cette tendance. La Bible ne fait aucune distinction de ce genre. Il n’y a jamais de bonne magie : tout ce qui s’y apparente équivaut à une tentative frauduleuse de s’approcher de Dieu ou du monde invisible (voir rubrique divination). Il arrive malheureusement que des églises chrétiennes se laissent séduire par des leaders qui leur enseignent des pratiques magiques (visualisation, prières incantatoires proches des « mantras » asiatiques, grandes mises en scène de miracles de guérison, transes, etc.).
MÉDECINES PARALLÈLES (MÉDECINES DOUCES, MÉDECINES ALTERNATIVES) : Il n’est pas possible d’en dresser un catalogue complet ici, tant le choix est vaste et en constante mutation. Qu’il suffise de souligner que de plus en plus de praticiens combinent la médecine traditionnelle (fondée sur l’observation rationnelle et sur l’expérimentation, respectueuse des lois naturelles) et des médecines fondées sur des a priori occultes, sur des paradigmes philosophico religieux exotiques (comme le fameux principe du yin et du yang), et sur des « lois » invérifiables. Aussi ne semble-t-il plus incompatible d’être chirurgien traditionnel et acupuncteur, chiropraticien et radiesthésiste, physiothérapeute et maître de yoga, oculiste et iridologue, orthopédiste et réflexologue. Le chrétien se trouve donc devant un problème de conscience très complexe, dans la mesure où même son généraliste peut lui proposer des thérapies impliquant une représentation du monde, de l’homme, de la maladie et de ses causes, en désaccord avec l’Écriture. Par conséquent, que le croyant examine toutes choses et ne retienne que ce qui est bon, en priant instamment le Seigneur pour être éclairé en cas de doute, car ce qui, dans l’immédiat, semble apporter un soulagement, ne correspond pas nécessairement à l’enseignement de la Parole, et n’est pas profitable à plus long terme (Éph 5.10 ; 1 Thes 5.21 ; 1 Jean 4.1).
NOUVEL ÂGE (NEW AGE ) : Système de pensée ancré dans le mysticisme oriental et occidental (notamment dans l’anthroposophie et la théosophie), qu’on peut décrire comme un monisme (tout est un) panthéiste (tout est Dieu). Donc, plus de démarcation claire entre Dieu, le diable, et l’homme ; entre le bien et le mal, entre la sainteté et le péché, entre l’individu et l’univers, entre l’homme et la femme, entre l’esprit et la matière, entre la raison et le rêve. Quant au « nouvel âge » promis, c’est un article de foi astrologique : notre ère judéo-chrétienne (l’ère des Poissons) va s’achever ; une ère de paix et d’illumination des consciences va se lever (l’ère du Verseau). Le « Plan », mis en ouvre par une élite de « maîtres de sagesse », va permettre cette transition vers un gouvernement mondial unifié, une seule religion (dont Gaïa, la terre divinisée, serait la grande déesse), un seul système économique, etc. Tout ce qui ressemble à une forme de monothéisme devra être radicalement éliminé pour y parvenir. L’âge futur sera marqué par l’apparition d’un « messie » parfois surnommé Maitreya. Parmi les dogmes chers au NA, la vieille croyance magique que nous sommes capables de créer notre propre réalité, notre propre vérité, par le seul exercice de notre volonté et de notre concentration mentale ; on rabâche l’idée du « potentiel humain ». Toutes les disciplines dites holistiques (qui s’occupent de l’homme comme d’un tout indivisible) sont encouragées. Pratiquement, le NA ne fait que prolonger la plupart des hérésies anti-chrétiennes et les thèses majeures de l’occultisme. Pour un observateur chrétien, il ne fait pas de doute qu’un tel mouvement n’est qu’un marche-pied de l’Antichrist, le conditionnement idéal en vue de la grande séduction apocalyptique. Il faut déplorer la pénétration de cet esprit dans bien des milieux dits chrétiens(2) .
OCCULTISME (du latin occultus, clandestin, caché, secret)(3) : Le chrétien ne peut prendre à la légère l’incroyable fatras occulte qui submerge l’Occident : superstitions, pratiques divinatoires, productions « artistiques » flirtant avec l’occulte (comme les 200 épisodes de X-Files ; les best-sellers de Dan Brown ; L’Exorciste et autres films du genre ; à des degrés variables, le hard rock et ses dérivés). Le côté grotesque de certaines pratiques occultes, les révélations inédites sur la « vraie » identité de Jésus, le grave engouement de nos contemporains pour les phénomènes bizarres, sont en réalité des preuves tangibles de l’activité de Satan et de l’accueil que notre monde lui réserve. La jeune génération est particulièrement sensible au climat mystique ou provocateur de la nouvelle spiritualité, mais peu inquiétée par le contenu de celle-ci. De gigantesques manipulations psychiques deviennent donc aisées. Exposons le message de l’Évangile d’autant plus clairement.
PARAPSYCHOLOGIE : Depuis le début du XXe siècle, étude des phénomènes psychiques inexpliqués, paranormaux. Elle présuppose l’existence de pouvoirs subtils mais réels chez l’être humain : télépathie, précognition (connaissance d’événements futurs), clairvoyance, psychokinésie (faculté d’influencer des objets ou des personnes à distance, par le seul pouvoir de la pensée). Celui qui prendra le temps de lire les innombrables expertises et contre-expertises dans ce domaine en sortira confus, ce d’autant que les truquages et autres supercheries n’ont pas été rares. On peut noter que l’apparition de la p. coïncide avec le triomphe de l’esprit rationaliste et matérialiste propre à l’époque de sa naissance. Mais derrière son apparente objectivité scientifique, on détecte le vieux rêve ésotérique de faire de l’homme le dieu de l’avenir. La p. se passionne en effet pour des « pouvoirs » (et non des vertus !) qui sont exactement ceux qui ont fasciné des générations d’occultistes(4) .
ROSE-CROIX : Comme son nom l’indique, cette secte repose sur les deux signes conjugués de la rose rouge (symbole d’ascétisme, d’abnégation, et pour certains du sang de Christ) au centre d’une croix (symbole de la connaissance parfaite, de l’illumination). L’origine du mouvement a donné lieu à plusieurs hypothèses, mais il semble qu’il soit né vers la fin du XVe siècle en Allemagne. Apparenté à l’alchimie, il influença la franc-maçonnerie. Après des moments d’éclipse, on a vu ressurgir la Rose-Croix au XIXe siècle sous une forme modernisée ; elle compterait actuellement plus de 6 millions de membres ; un de ses ordres les plus connus se dénomme Ancien et Mystique Ordre Rosae Crucis (AMORC). Rendre compte des enseignements passés et présents de la Rose-Croix tient de la gageure, car ce mouvement n’a jamais été unifié, ni sa doctrine codifiée. On y retrouve pêle-mêle des souvenirs d’ésotérisme égyptien, de kabbale, de gnosticisme, d’occultisme, et d’alchimie, des légendes revues et modifiées (dont celle de l’inusable chevalier Rosenkreutz), et des thèses chères à la théosophie. Toutefois, une ambition semble constituer le cour du mouvement : celle de parvenir à un état de perfection, d’illumination intérieure (c’est l’état de « Rose-Croix », parfois appelé état « christique »). Cet état, réservé aux grands initiés, correspondrait à une parfaite harmonie entre l’âme individuelle et l’Esprit universel, entre l’Homme et l’Univers. Mais il est clair que ce programme à coloration chrétienne est à cent lieues de l’Évangile biblique, qu’il se double d’un appareil symbolique extraordinairement opaque, réinterprété à sa guise par chaque génération. Le Nouvel Âge ne devrait avoir aucun mal à y puiser inspiration.
SATANISME : Forme la plus radicale, violente et désespérée de l’occultisme. La première église satanique est née aux États-Unis, en 1966 (Bible satanique d’A. LaVey. Au nombre des « maîtres à penser » de celui-ci : Darwin, Jung, Reich, Nietzsche). Depuis, le courant a pris un essor international. Le culte de Satan comprend généralement des « messes noires » pendant lesquelles toutes les choses sacrées du christianisme sont vouées à une forme d’exécration rituelle ; des sacrifices d’animaux, et même humains peuvent y être offerts. Ces « cérémonies » se terminent généralement en orgies sexuelles. Les adeptes ont préalablement conclu des formes de pactes avec les démons, dans l’espoir d’en obtenir quelques faveurs (toujours remises en question). Sans tomber dans ces extrêmes, beaucoup de jeunes amateurs de rock black metal, de la mode gothique, de chanteurs comme Marilyn Manson, jouent avec cette symbolique. Mais peut-on faire l’apologie du mal et tirer son âme indemne de l’aventure ? Beaucoup de tragiques dérives démontrent le contraire (on se souvient d’un autre Manson, Charles, sataniste convaincu, instigateur, entre autres crimes, du meurtre de Sharon Tate, femme de R. Polanski). Et dire que certains satanistes jurent que de telles horreurs n’ont rien à voir avec le satanisme bien compris !
SECTE : Toute secte ne fait pas l’apologie de l’occultisme. Certaines le condamnent avec véhémence. Cependant, on trouve des enseignements ésotériques dans la plupart des religions et des sectes non chrétiennes. L’occultisme en est parfois le caractère extérieur dominant. Quant au monde chrétien, il fourmille de sectes à composante ésotérique. G. Dagon, spécialiste du monde chrétien, en cite plusieurs, pour terminer son analyse par la mention de rites d’origine occulte pratiqués. dans la très officielle Église catholique(5) : les prières aux morts (aux saints), ainsi qu’à Marie, la vénération de reliques et la fréquentation de lieux quasi magiques (Lourdes, Fatima) s’apparentent pour le moins à l’idolâtrie, et souvent au spiritisme. Le retour du ritualisme dans les églises issues de la Réforme fait aussi craindre l’instauration d’une spiritualité ésotérique, où les symboles laïques et les émotions finissent par remplacer la vie authentique et la saine doctr
ine.
SOPHROLOGIE (du grec sôs : harmonie, équilibre ; phrên : esprit ; logia : traité) : Selon le Petit Robert : « Ensemble de pratiques visant à dominer les sensations douloureuses et les malaises psychiques, afin d’atteindre un développement plus harmonieux de la personnalité. » À l’instar d’autres techniques (training autogène, yoga, autohypnose, biofeedback, reiki), la s. se présente comme une simple hygiène de pensée et de relaxation. N’est-elle que cela ? À y regarder de plus près, on s’aperçoit qu’elle a de plus hautes ambitions. Son fondateur A. Caycedo y voyait une science, une philosophie, une thérapie et un art(6) . C’est pourquoi elle prétend secourir l’individu dans toute espèce de perturbation psychologique induite par des tensions internes ou par les circonstances de la vie. Esprit, âme et corps devraient en bénéficier. Le Dr R. Abrezol, successeur de Caycedo, développa le système en y intégrant le fruit de ses déboires dans le christianisme, et de ses plongées dans l’hindouisme, le bouddhisme, la psychologie de Jung, la médecine chinoise, le vaudou, etc. L’essentiel des méthodes de la s. repose sur un remodelage de la conscience par diverses manipulations sur le patient en état « sophronique » (entre la veille et le sommeil), par la suggestion de scénarios au cours desquels le patient est invité à visualiser, sous forme narrative, sa délivrance de tel ou tel sentiment négatif (angoisse, culpabilité, trac, pulsions destructrices). L’autohypnose devrait, théoriquement, venir à bout de tout problème psychique ou moral. Dans la perspective de ses inventeurs, il n’y a pas d’autre salut de l’âme que celui-ci. Il arrive qu’une telle thérapie soit suivie d’effets ressentis comme positifs, voire de meilleures performances pratiques. Toutefois, le bagage conceptuel de la s. est tout à fait irrecevable d’un point de vue chrétien. Il implique le centrage sur soi, le recours à l’autosuggestion – une forme d’ « auto-anesthésie » de la conscience. Il rend inutile et dérisoire toute l’ouvre de Christ, et celle du Saint-Esprit qui, par la Parole, travaille à produire en nous le fruit de l’Esprit (Gal 5.17,22-25 ; 2 Tim 3.16). Lorsque Dieu opère cette ouvre de salut, de purification et de sanctification dans le cour du croyant, la s. n’a évidemment pas de raison d’être. Le centrage est sur Christ, vivant en lui par l’Esprit, mais au-dessus de toutes choses (Éph. 4.5,6).
SORCELLERIE : Branche de la magie qui vise plus particulièrement à faire le mal. Parfois synonyme de magie noire, elle recourt à toutes sortes de procédés pour mobiliser les forces surnaturelles : pactes avec Satan ou des démons, invocations, envoûtements, messes noires, macumbas, sortilèges, mauvais oil, philtres, sorts, etc. D’où la terreur généralement inspirée par les sorciers et les sorcières, même si certains d’entre eux ont exercé parallèlement des fonctions de guérisseurs. Cette s. continue d’être une réalité dans bien des régions du monde. Dans le monde occidental, depuis la première moitié du XXe siècle, les sorciers n’en portent pas forcément l’étiquette. Ils préfèrent se désigner comme adeptes de la Wicca, ou comme néo-païens, et tiennent souvent à être distingués des satanistes. Ils pratiquent des rites en corrélation avec les « forces » de la nature, et semblent proches des thèses du Nouvel Âge. Lorsque la culture de masse met en scène des sorciers ou des sorcières, c’est plutôt pour souligner que le mal vient d’ailleurs, et que ces personnages, qui cachent des trésors de disponibilité, sont nécessaires au salut des gens normaux (voir les 178 épisodes de la série américaine Charmed ; les 163 de Sabrina, l’apprentie sorcière ; les 144 de Buffy contre les Vampires.). Cette tendance participe d’un effort général pour subvertir toute trace de véritable christianisme, et pour promouvoir une spiritualité d’en bas, beaucoup plus accommodante. Mais la Bible ne laisse planer aucun doute sur l’origine des raisonnements ou des pratiques qui s’opposent à l’Évangile de Christ (2 Tim 3.8 ; Act 13.6-12).
SPIRITISME : Science occulte fondée sur la conviction que les esprits des défunts et les êtres surnaturels (anges ou démons) ont des enseignements à nous transmettre pour nous faire progresser, nous encourager, ou nous avertir. Les médiums les interrogent par le biais de diverses techniques (tables tournantes, tarots, planchettes ouija). Les comptes-rendus d’apparitions, de zombies et d’ectoplasmes font en général frémir. Le s., vieux comme le monde, a connu un regain d’intérêt dès la moitié du XIXe siècle. Il a été popularisé en France par Allan Kardec et Augustin Lesage, aux États-Unis par les sours Fox et surtout Edgar Cayce. Ce dernier a eu une forte influence sur le Nouvel Âge. Les adeptes du s. ne se gênent pas, sous l’influence des esprits qui leur parlent, pour truffer leurs discours de références aux textes bibliques, sans doute pour brouiller les pistes. Souvenons-nous que Victor Hugo, ce spirite notoire qui disait croire en Dieu, croyait aussi au repentir et à la rédemption finale de Lucifer (voir La Fin de Satan). Mais que ne peuvent inspirer les jeux spirites et le père du mensonge, Satan ? Loin des miasmes du s., le chrétien se gardera de tout commerce avec les « esprits », quels qu’ils soient. Le Médiateur par excellence, Jésus-Christ ressuscité et glorifié, la Révélation biblique, le Saint-Esprit en lui, suffisent à tout (Jean 1.18 ; 14.9, 15-18 ; 16.13 ; 1 Jean 5.20 ; Col 2.18,19).
THÉOSOPHIE (du grec Theos, Dieu et sophia, sagesse) : Selon le Petit Robert, la t. est une « doctrine imprégnée de magie et de mysticisme, qui vise la connaissance de Dieu par l’approfondissement de la vie intérieure et l’action sur l’univers par des moyens surnaturels ». Si l’on remplace « Dieu » par « divin », on trouve des formes de t. un peu partout : Upanishad hindous (VIIIe siècle av. J.-C.), confucianisme, taoïsme, néo-platonisme, gnose, kabbale juive. En Europe, Maître Eckart (1260-1327), Paracelse (~1493-1541), J. Böhme (1575-1624), Swedenborg (1688-1722), Saint-Martin (1743-1803), sont associés à la branche théosophique de l’ésotérisme occidental. Leurs interprétations du texte biblique prennent des formes aussi fabuleuses que prétentieuses (Swedenborg pensait être le précurseur d’une nouvelle ère chrétienne !) La t. moderne est née en 1875 avec la fondation de la Société théosophique par Helena P. Blavatsky (auteur du livre Sagesse divine) et le colonel H.S. Olcott, à New York. La Société théosophique conserve de nombreuses théories de la théosophie antérieure. Elle postule l’unité fondamentale de toutes les religions (universalisme religieux), la transcendance absolue de Dieu et la divinité de la nature (des dogmes qui s’excluent dans les termes !), l’existence de grands initiés se réincarnant périodiquement pour révéler la sagesse universelle à l’humanité, le processus permanent de purification du moi inférieur de l’homme par son moi supérieur (reprise édulcorée des concepts hindouistes de la réincarnation et du karma, le destin personnel), et bien sûr la réalité du potentiel humain illimité. Ce qui revient à dire que Dieu n’est plus Dieu (il n’est plus personnel), Jésus n’est qu’un grand initié parmi d’autres, son ouvre expiatoire est une invention inutile, tous les hommes finiront par devenir des Christs. Ce système ésotérique a été développé par Annie Besant, Leadbeater, Arundale et d’autres. Il fournit un aliment de choix aux prophètes du Nouvel Âge, et pave le chemin de la grande religion antichristique unifiée (2 Thess 2.7-12 ; Apoc 13.4,8,15 ; 14.9-13). On revient au « vous serez comme Dieu » du Tentateur en Eden.
P.S. Quelles meilleures paroles de conclusion que Col 2.1-10 ? Prenons ces versets pour nous, avec joie et reconnaissance !
« Je veux, en effet, que vous sachiez combien est grand le combat que je soutiens pour vous, et pour ceux qui sont à Laodicée, et pour tous ceux qui n’ont pas vu mon visage, afin qu’ils aient le cour rempli de consolation, qu’ils soient unis dans l’amour, et enrichis d’une pleine intelligence pour connaître le mystère de Dieu, savoir Christ, mystère dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance. Je dis cela afin que personne ne vous trompe par des discours séduisants. Car, si je suis absent de corps, je suis avec vous en esprit, voyant avec joie le bon ordre qui règne parmi vous, et la fermeté de votre foi en Christ. Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces. Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les principes élémentaires du monde, et non sur Christ. Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Vous avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute domination et de toute autorité. »
notes
(1) L’avis d’un psychiatre spécialisé dans la lutte contre la fraude médicale : « Les concepts de la KA ne sont pas conformes aux réalités scientifiques reliées aux causes ou aux traitements des maladies. Des études contrôlées n’ont pas démontré de différence entre les résultats avec les substances évaluées et avec les placebos. Des différences d’un test à un autre peuvent être dues à la suggestion, la distraction, les variations dans le degré de force ou d’angle de l’application, et/ou à la fatigue musculaire. » Conclusion d’un article de Stephen Barrett, M.D., La KA : tests musculaires pour « allergies » et « déficiences nutritionnelles », www.allerg.qc.ca/kinesiologieapp.html.
(2) Des portes d’accès très efficaces : la méditation et le miraculeux. Un pasteur de la Première Église baptiste de Seattle, R. R. Romney, n’a-t-il pas écrit : A Course in Miracles (Méthode de Thaumaturgie) et Journey to Inner Space : Finding God-in-Us (Voyage vers l’Espace intérieur : Découverte du Dieu-en-Nous) ? Grave distorsion de la doctrine biblique : celle-ci enseigne que le Saint-Esprit vient habiter le cœur du croyant à partir de sa conversion ; la vie divine de l’Esprit est alors donnée par grâce, elle n’existe nullement chez l’incroyant (Jean 3.3-8 ; Éph 2.1-8).
(3) Nous écourtons la description : voir la rubrique ésotérisme ainsi que les articles de ce numéro de Promesses sur ce thème.
(4) Les parapsychologues scrupuleux doivent être soulagés de vivre au XXIe siècle : depuis 2006, des millions d’anglophones se sont enflammés pour un livre et un film intitulés : The Secret. Rhonda Byrne, Oprah Winfrey et d’autres célébrités y exposent avec enthousiasme la loi de l’attraction : sachez ce que vous voulez et demandez au monde de vous l’accorder – soyez persuadés que le monde vous répondra positivement – soyez prêts à recevoir. Comment encore douter de la puissance illimitée de l’esprit humain… et de sa crédulité ?
(5)Les sectes à visage découvert, G. Dagon, Éd. Barnabas, F-91330 Yerres, 1995, vol. 1, p. 27,28.
(6) Sophrologie caycédienne, n° 14, 3ème trim. 1998.
Notre monde s’enthousiasme pour les sous-produits de l’occultisme(1) . Il n’est plus de secteur des activités humaines qui ne soit hanté par le « surnaturel ». Des médias aux chaires d’université, de la médecine aux disciplines du bien-être, des jeux d’enfants aux loisirs des adultes, de la politique au monde du travail, partout l’ésotérisme s’impose comme un ingrédient bienvenu. Que signifie ce parti pris ? Faut-il s’en inquiéter… ou se réjouir d’un regain d’intérêt pour les « choses spirituelles » ? Cet engouement fantasmagorique est-il conciliable avec la pensée biblique ?
I. Aux lointaines origines de l’occultisme(2)
Dans le jardin idéal où Dieu avait placé nos premiers parents, tout était assurément excellent : plantes superbes, fruits savoureux, animaux innombrables et dociles. L’homme vivait dans une harmonie limpide avec son Créateur, sa compagne, et son environnement. Points de chagrins, mais un émerveillement continu, une mission exaltante, un avenir radieux. Que manquait-il à nos aïeux ?
Le serpent rusé suggéra une carence cachée : Dieu n’avait peut-être pas joué franc jeu avec ses créatures. Ne les aurait-il pas privées de la bénédiction suprême, qu’il se réservait jalousement à lui-même ? Ne fallait-il pas tenter de déjouer l’interdit pour s’emparer du bienfait manquant ? Discours étourdissant…
Mais que gagnèrent nos imprudents ?
Le diable, car c’était lui, venait à Ève avec un complément de savoir : « Dieu a-t-il réellement dit ?… Vous ne mourrez pas du tout ! Mais Dieu sait que… » Autrement dit : « Je vais vous révéler ce que Dieu vous cache — et qui il est vraiment. Ma connaissance va enrichir ce que vous savez déjà. Ne soyez pas naïfs, mais instruits. » Que récoltèrent Adam et sa femme en embrassant cette logique ? Ils devinrent mortels à la surface du sol, destinés à la poussière, comme tout leur savoir.
Le diable venait avec l’annonce d’un supplément de vie : « Vous ne mourrez pas du tout ! » Conséquence de la désobéissance et de la crédulité humaine : l’engrenage de la corruption et de la mort se mit en marche dans toute la nature et parmi les hommes. L’arbre de vie placé au milieu du jardin fut ôté. Et les enfants du premier couple devinrent capables d’assassiner leur prochain.
Le diable fit miroiter l’extension des facultés sensorielles que le fruit défendu allait favoriser : « Vos yeux s’ouvriront. » Effectivement, l’arbre semblait porter des fruits comestibles, et il était « agréable à la vue ». Lorsque Ève en eut mangé, ainsi que son mari, « leurs yeux s’ouvrirent », mais seulement pour découvrir leur nudité, image de leur dénuement spirituel et moral. Le surcroît d’acuité sensorielle ainsi obtenu s’ouvrait donc sur la perception de l’abîme dans lequel ils s’étaient précipités.
Le diable promettait la plénitude divine : « Vous serez comme Dieu. » En d’autres termes : « Vous deviendrez les arbitres suprêmes des mondes visible et invisible, capables vous aussi d’établir à votre guise les règles du jeu. » Adam et Ève virent-ils leur statut s’améliorer ? Ils furent le jour même expulsés du jardin par le seul maître légitime des lieux, après avoir manifesté tous les signes d’une terreur pathétique.
Le diable a vanté un élargissement de la conscience : « Vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. » Cela revenait à affirmer que la conscience, cette balance morale de toutes choses, faisait cruellement défaut à l’être humain sorti de la main créatrice de Dieu. De là cette idée : sans conscience élargie, pas de véritable suprématie, ni de sagesse. Or le « discernement » acquis par l’application du conseil satanique déboucha sur une découverte navrante (« Ils prirent conscience du fait qu’ils étaient nus »), sur des actes fébriles (« Ils se firent des ceintures avec des feuilles de figuier cousues ensemble ») et sur un complet désarroi (« [Ils] allèrent se cacher… » ; « J’ai eu peur, parce que je suis nu ; je me suis donc caché ») — panique et camouflage font toujours bon ménage.
Le diable a suggéré avec astuce un surplus de plaisir et de satisfaction : il ne pouvait décemment nier que tout ce que Dieu avait créé était très bon, l’homme et la femme le sachant par expérience, aussi s’est-il efforcé d’insinuer qu’il fallait désormais s’intéresser à une jouissance supérieure, plus intense, plus « divine ». Après tout, en a conclu Ève, cet arbre est réellement alléchant, le goût de son fruit m’est inconnu mais ses vertus apparentes semblent correspondre aux paroles du serpent. Pourquoi s’en priver ? Pour salaire de leur appétit insensé, Ève, puis Adam, firent alors connaissance avec la peine, la sueur quotidienne, la maladie et tous les visages de la souffrance.
Le diable, ultimement, est parvenu à ses fins par une subtile exaltation de l’esprit d’indépendance et de l’orgueil. En poussant Ève à devenir « comme Dieu », il l’encourageait à une initiative unilatérale, à un acte de présomptueuse indépendance, bref à une démonstration d’orgueil : « Elle prit…elle en mangea… elle en donna… il en mangea. » En fait d’indépendance, Adam et Ève durent alors constater qu’ils étaient devenus, durablement, les esclaves de Satan et du péché. Les lois de la nature, par leur faute perturbées, allaient rappeler à leurs descendants, dans les siècles à venir, ce qu’il en coûte de mépriser les bienveillants commandements de Dieu, et de s’enflammer pour une illusoire autonomie.
Parce que la grande tromperie amorcée en Éden se perpétue à chaque nouvelle génération, les explorations ésotériques ne sont pas anodines. Depuis la Chute, les croyances de l’ombre nous fascinent. Mais Dieu n’a cessé d’en dévoiler la malfaisance, et de les exposer pour ce qu’elles sont : des voies sans issue.
II. Dieu aux prises avec la spiritualité occulte
Les diverses formes d’occultisme n’expriment pas, à elles seules, tout le potentiel d’égarement caché dans le cœur humain. Toutefois, il apparaît que l’une ou plusieurs des tentations distillées par le malin en Éden sont toujours présentes dans les démarches occultes. L’Écriture n’est pas équivoque à ce sujet.
a. Un complément de savoir
Lorsqu’un roi de l’Antiquité avait besoin de lumière sur un sujet épineux, ou sur l’avenir, il se tournait vers ses sages : devins, astrologues, ou magiciens. De la part de ces « savants », on attendait le complément de savoir que ni l’expérience, ni la réflexion ne pouvaient fournir. Les plus habiles d’entre eux étaient grassement récompensés, et les moins prudents exécutés !
Or l’« esprit » qui dispensait ce savoir complémentaire ne pouvait que se heurter au véritable Esprit de révélation, issu de Dieu. Ainsi le démontrent plusieurs récits, dont la célèbre confrontation entre Daniel et ses compagnons d’une part, les magiciens, les astrologues et les sorciers de Nebucadnetsar de l’autre (Dan 1.20 ; 2.1-3.49). Le dénouement du conflit est ponctué de deux remarquables déclarations :
– Celle de Daniel : « Béni soit le nom de Dieu […] À lui appartiennent la sagesse et la force … C’est lui […] qui donne la sagesse aux sages et la science à ceux qui ont de l’intelligence. C’est lui qui révèle ce qui est profond et caché, qui connaît ce qui est dans les ténèbres […] Je te célèbre et je te loue pour la sagesse et la force que tu m’as données. » (Dan 2.20-23)
– Celle du roi lui-même, après évaluation : « En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois, et il révèle les mystères, puisque tu as pu découvrir ce mystère. » (Dan 2.47) (3)
b. Un supplément de vie
Parce que l’être humain est devenu vulnérable, et sa vie incertaine, il aspire à se prolonger. Il se tourne naturellement vers une forme de religion (et de métaphysique) qui lui garantisse une vie plus authentique. Saine ambition. Pour autant, il faut se garder de saluer toute démarche religieuse sous prétexte qu’elle tente de répondre à un besoin vital. Prenant le contre-pied des tendances syncrétistes d’aujourd’hui, la Bible ne cesse de rappeler que le chemin des religions humaines (c.-à-d. païennes) est en réalité pavé de notions d’origine occulte, miné par de mortelles perversions(4) . Ce courant occulte s’efforce de détourner la nostalgie d’une vie impérissable au profit de croyances triviales, de mythes à hauteur de nos passions animales. Ainsi le démontrent les anciens rites débridés liés au culte de la vie cosmique, de la fertilité, du cycle des saisons. Les « couples » divins Mardouk et Ishtar, Baal et Astarté, Dionysos et Aphrodite, Bacchus et Vénus en furent des vedettes très populaires(5) .
L’Écriture assimile clairement cette glorification de la vie naturelle, sexuelle et instinctive — occasion de vastes orgies collectives — à des idolâtries occultes, à un culte démoniaque(6) . Les Israélites, dès la sortie d’Égypte et le malheureux épisode du veau d’or(7) , tomberont sans cesse dans ces pièges. Tout en maintenant officiellement leur attachement à la tradition juive, ils se livreront, « sur les hauts lieux et sous tout arbre vert »(8) , à ce que Dieu qualifie d’adultère spirituel. Ce reproche parcourt tout le message du prophète Jérémie : « Je vous ai fait venir dans un pays de vergers, pour que vous en mangiez le fruit succulent ; mais vous êtes venus, et vous avez rendu mon pays impur, et vous avez fait de mon héritage une horreur. […] Les prophètes ont prophétisé par Baal, et se sont ralliés à ceux qui ne sont d’aucune aide. […] Mon peuple a doublement mal agi : ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, pour se creuser des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau. » (Jér 2.7,8,11,13)
Le supplément de vie espéré par les adorateurs des faux dieux se solde donc par la sécheresse et par l’éloignement toujours plus dramatique de la véritable Source d’eau vive.
c. La plénitude divine
De Babel à Babylone, de Ninive à Rome, la tentation du pouvoir absolu — l’édification d’empires grands et splendides, investis de la majesté divine — ne s’est jamais affranchie du recours à l’occultisme. Lorsque Moïse et Aaron, au nom du seul vrai Dieu, demandèrent à Pharaon de laisser partir le peuple d’Israël, ils se virent opposés à la cohorte des enchanteurs officiels : « Le Pharaon appela des sages et des sorciers ; et les magiciens d’Égypte, eux aussi, en firent autant par leurs pratiques occultes. » (Ex 7.11) Deux fois encore, les magiciens imitèrent les miracles de Dieu… jusqu’au moment où ils se trouvèrent dépassés, et déclarèrent, à propos des miracles de Moïse : « C’est le doigt de Dieu ! » (Ex 8.15). Hélas, le désir de voler la place de Dieu était si invétéré chez Pharaon que, pour sa ruine et celle des Égyptiens, il s’endurcit contre l’évidence. C’est là le réflexe luciférien, la folie du premier ange révolté, et le prélude à sa défaite inéluctable(9) .
Pour son malheur, celui qui se plonge dans l’occultisme s’associe, consciemment ou non, au projet « pharaonique » de défier Dieu, et compte sur ses « enchantements » pour y parvenir(10) . Ainsi agira également le dernier grand dictateur, l’antichrist, qui se doublera d’un grand sorcier(11) . Sa fin sera à l’image de celle de ses précurseurs.
d. Un élargissement de la conscience
Certains faux prophètes de l’Ancien Testament, voués à l’occultisme, démontraient d’étonnantes capacités de persuasion. Leurs visions (présentées comme d’authentiques messages divins), leur moralité douteuse (présentée comme une variante éthique tout à fait acceptable), leurs prédictions rassurantes (présentées avec un aplomb imperturbable), fascinaient les foules. Loin des discours solennels des vrais envoyés de Dieu, ces prédicateurs peignaient les avantages d’une nouvelle piété, d’une nouvelle morale, et d’un Dieu extrêmement indulgent. De leur nombre furent Balaam(12) , les 450 prophètes de Baal et les 400 prophètes d’Achéra au service de Jézabel et d’Achab(13) . Ces 400 prophètes, et en particulier Sédécias, ne prédisaient que du bien au roi, alors que Michée, seul vrai prophète de l’Éternel, annonçait la déroute. Or l’Éternel révéla à Michée pourquoi tout le monde écoutait plus volontiers les 400 : Dieu, ayant décrété la fin d’Achab, avait permis à un esprit de mensonge (à un démon) de parler par la bouche des 400 faux prophètes, de manière à pousser Achab à la faute(14) .
Lorsqu’une société se détourne globalement de la Parole de Dieu, et que la conscience collective se lasse de la vérité, on voit fréquemment surgir des faux prophètes habiles à pervertir les normes divines, à faire miroiter les avantages d’une conscience élargie, tolérante, étrangère à tout sentiment de culpabilité. Leur entreprise de subversion des lois divines est fermement démasquée par les vrais porte-parole de Dieu : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume. » (És 5.20) Toutefois, la prolifération des faux prophètes et de l’esprit d’occultisme est le signe incontestable d’un désastre imminent, afin qu’éclate l’incompatibilité entre le mensonge et le vrai message de l’Évangile(15) .
e. Un surplus de plaisir et de satisfaction
Moïse, élevé dans toute la sagesse des Égyptiens, donc grand connaisseur de toutes les sciences occultes de cette civilisation, aurait pu faire une brillante carrière dans ce milieu pétri de magie. Mais, nous dit l’Écriture, « il refusa d’être appelé fils de la fille de Pharaon, aimant mieux être maltraité avec le peuple de Dieu que d’avoir la jouissance éphémère du péché. » (Héb 11.24,25)
« Jouissance du péché » ? Oui, l’histoire montre que la recherche prioritaire d’une satisfaction intense, « gratifiante », est également un moteur possible de l’aventure ésotérique. Distinguons divers niveaux de « jouissance » :
– spirituelle : l’« apprenti sorcier » se grise de sa capacité (supposée) à manipuler la matière ou les forces surnaturelles(16) ;
– intellectuelle (comme dans les constructions alchimistes ou kabbalistiques par exemple) ;
– psychologique (sentiment d’ascendant social éprouvé par les magiciens et autres sorciers) ;
– sensorielle (expériences dans le domaine des cinq sens(17) ; phénomènes psychiques produits par l’absorption de drogues(18) , ou par des techniques de méditation) ;
– matérielle(19) .
Une lecture loyale de l’Écriture doit cependant amener à la conclusion que les sentiments (parfois) agréables liés aux pratiques occultes sont peu de choses au regard des terribles fléaux et des douleurs éternelles dont ils sont suivis. Initialement, la « jouissance du péché » d’occultisme semble délectable, mais, tôt ou tard, son issue est une profonde détresse morale, voire physique (rappelons-nous les nombreux possédés décrits dans les Évangiles), la mort spirituelle, la ruine loin de la présence de Dieu(20) .
f. Une exaltation de l’esprit d’indépendance et d’orgueil
Le roi Saül connut un destin navrant. Pourtant opposé à l’occultisme (il fera mourir les nécromanciens et les devins, 1 Sam 28.3), il commença assez tôt à manifester des penchants à l’émancipation spirituelle et à l’orgueil. Sous pression de la part du peuple, il offrit un holocauste que seul un sacrificateur était habilité à présenter (1 Sam 13.6-14). Plus tard, il transgressa les directives de Dieu, et se vit adresser ce verdict de la part de Samuel : « La rébellion est aussi grave que le péché de divination. […] Puisque tu as rejeté la parole de l’Éternel, il te rejette aussi comme roi. » (1 Sam 15.23) Enfin, lorsque les Philistins le menaçaient et que Dieu restait silencieux, Saül se mit en tête de consulter en secret une nécromancienne, la magicienne d’Eyn-Dor. Cette dernière fit monter de la terre des « êtres divins ». Parmi eux, une créature ayant l’apparence de Samuel lui prédit le sort qui allait le frapper : une mort violente (1 Sam 28.11-25).
Au premier chef, Saül a-t-il été puni pour avoir consulté une magicienne ? Non, le péché de spiritisme n’était que l’aboutissement d’un processus déclenché par des initiatives unilatérales prises bien avant. Ces actes d’indépendance impie nous sont rapportés pour nous avertir : l’orgueil est incompatible avec la bénédiction, même s’il cherche à s’amender en feignant l’humilité ou en se donnant des airs pieux. C’est pourquoi le prophète Samuel place l’esprit de rébellion (de désobéissance) sur un pied d’égalité avec la divination. Que cette vérité est donc solennelle, pour nous chrétiens qui sommes conscients de nos manquements et de nos faiblesses ! Serions-nous prêts, par surévaluation de nos besoins personnels, et dévaluation de la Parole de Dieu, à nous engager sur la voie d’une présomptueuse affirmation de nous-mêmes ? Que le Seigneur nous en garde(21) .
III. L’Évangile de Jésus-Christ, réponse de Dieu aux mirages de l’occultisme
Nous avons dit que le serpent, à l’origine, était parvenu à faire accroire que Dieu avait délibérément privé l’homme et la femme des meilleures bénédictions(22) . Ce discours s’est trouvé être intrinsèquement mensonger et mortel. Mais alors, qu’espérer en lieu et place des « ombres » de l’occultisme et de toutes les chimères du Calomniateur ?
Ce que les descendants du premier Adam recherchent opiniâtrement dans l’occultisme comme dans toutes sortes de succédanés de « salut », mais ne peuvent obtenir à cause du péché, Dieu nous l’offre sous une forme meilleure en Jésus-Christ — le second Adam — moyennant seulement notre foi :
? « Car il n’y pas de distinction : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. » (Rom 3.23,24)
? « Comme par la désobéissance d’un seul homme [Adam], beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul [Jésus-Christ], beaucoup seront rendus justes. » (Rom 5.19)
? « Le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rom 6.23b)
? « C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éph 2.8)
Ce fondement étant posé, il est clair que l’offre de Dieu en Jésus-Christ surpasse, et de loin, tout projet humain, ésotérique ou diabolique, de quelque nature qu’il soit(23) . Car si la Bible dit vrai, son message est bien la « perle » la plus désirable qui soit. Et ceux qui sont enfants de Dieu, cohéritiers avec Christ, possèdent toutes choses (Rom 8.17 ; 1 Cor 3.22,23).
a. Le savoir
En Jésus-Christ, la Sagesse divine personnifiée, « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2.3 ; cf. Pr 8). Il est Dieu de toute éternité, tout a été fait par lui et tout subsiste en lui (24): comment douter de la supériorité infinie de son génie ? Avoir foi en lui, c’est vivre dans la certitude que toute connaissance encore cachée à nos yeux lui est parfaitement familière, et que toute révélation qu’il nous accorde est parfaitement digne de confiance. Cette sagesse divine se plaît à se rendre compréhensible aux plus simples, et non à quelques « grands initiés ». Quel réconfort pour celui qui doute, mais cherche sincèrement la vérité. Et quelle prodigalité de la part de Dieu pour le croyant mal affermi : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous libéralement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. » (Jac 1.5)
Enfin, cette sagesse est fiable, car accomplie dans l’œuvre de Christ à la Croix. Elle procède de l’amour d’un Père qui ne souhaite voir se perdre aucune de ses créatures. Elle engendre la communion avec la personne même de Christ, par le Saint-Esprit et par la Parole écrite(25). Elle se trouve aux antipodes d’une science purement cérébrale, centrée sur l’homme et ses besoins — désespérément horizontale (cf. 1 Cor 1.20-31 ; 13).
b. La vie
Le salut de Dieu ne peut se réduire à l’accession à une meilleure qualité de vie. Encore moins à une simple apparence de « spiritualité »(26) . Le divin Berger a prévu que, pour ceux qui le suivraient, Il serait lui-même la vie abondante, inépuisable, pleine de sens : « Moi, je suis venu, afin que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance. » (Jean 10.10). « Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura jamais soif. » (Jean 4.14a) « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14.6)(27) « Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jean 8.12b) Si donc un incroyant veut passer par une nouvelle naissance spirituelle, qu’il vienne au Ressuscité, au Vivant, dans la repentance et la foi. Si un croyant se sent chancelant, anémique dans sa foi, timide dans son témoignage, stérile dans sa vie de prière, qu’il se réfugie en son Seigneur, « car sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété » de sorte que, par la mise en pratique des enseignements de la Parole, ce croyant expérimente à son tour qu’il est participant de la nature divine et de la vie de Christ (2 Pi 1.3-11).
c. La plénitude divine
La vie chrétienne est parsemée d’épreuves, d’apprentissages parfois laborieux, de renoncement à soi-même, et même d’échecs, mais la finalité de cette discipline ne doit jamais nous échapper, car Dieu nous aime et désire nous « faire participer à sa sainteté », à sa perfection morale (Héb 12.5-11). Sur les traces de Christ, en qui habite en permanence « toute la plénitude de la divinité » (Col 2.9), Dieu voudrait que nous vivions dans la plénitude de la communion spirituelle avec lui et avec nos frères et sœurs dans la foi. Il est déjà possible, sur cette terre, d’en faire l’expérience (Act 2.4 ; 4.8,31 ; 9.17 ; 13.9). Tout croyant authentique a commencé à goûter à cette réalité dès le moment où le Saint-Esprit a fait sa demeure en lui : « Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce » (Jean 1.16) Malheureusement, nous devons reconnaître que ce même Esprit peut être amoindri, attristé, et comme étouffé par notre désobéissance… ou par notre lenteur à apprendre. Il n’en reste pas moins vrai que l’activité normale du Saint-Esprit vise la plénitude, et non la médiocrité (Éph 3.14-21 ; 5.18). Lorsque nous marchons dans sa dépendance, l’Esprit de Dieu « nous remplit de force, d’amour et de sagesse » (1 Tim 1.7).
La « plénitude » du chrétien ne se limite donc pas à un sentiment d’amour universel, comme celui que décrivent certains spiritualistes occultes, mais elle est organiquement dépendante d’une connaissance et d’une reconnaissance personnelles de Christ comme Sauveur et Seigneur.
d. Une conscience libérée
Lorsque Dieu débusque et condamne notre péché, l’examen est redoutable. Par nature, nous préférons esquiver ce moment, nous cacher derrière des « feuilles de vigne », ou encore nous entraîner à éliminer toute pensée de comptes à rendre au Juge suprême. Tout est bon pour contourner ce face à face : accumulation de bonnes œuvres, révolte, sarcasmes, fausses doctrines, recherche de circonstances atténuantes, etc. Le miracle de la grâce permet cependant de ne pas éluder le verdict de Dieu, et simultanément de recevoir le pardon, la réconciliation de sa part, car le Juge a trouvé en Christ le moyen d’être juste tout en justifiant celui qui croit(28) .
Les fausses persuasions d’origine occulte ne sont qu’une variante des stratagèmes exploités par l’être humain pour se délester de sa culpabilité originelle. Or, seule la purification opérée par le sang de Christ peut nous valoir cet acquittement(29) . Lors de la conversion à Christ, cette libération de la culpabilité du péché devient effective : nous commençons à pouvoir servir Dieu dans un esprit nouveau. Non dans une crainte servile de mercenaires, mais dans un esprit filial, sachant que notre Père céleste et son Esprit collaborent à notre perfectionnement dans la foi(30) .
e. La satisfaction
L’occultisme, en général, donne deux réponses à la question : « Notre bonheur dépend-t-il de Dieu ? »
Soit il répond non, parce qu’il s’oppose violemment à Dieu (mouvance sataniste). Soit il répond oui, en ajoutant quelque chose comme : à condition de connaître certains secrets, de mettre à contribution les dons surnaturels dont il a gratifié certaines personnes (voyants, adeptes de la magie blanche, jeteurs de sorts, etc), de pratiquer certains rituels, ou autres devoirs religieux.
Quant à la réponse biblique, la voici : Dieu n’a pas de plus grande ambition que de se glorifier à travers l’œuvre de son Fils, en faveur de sa Création, et surtout au profit de la race humaine(31) . Cette œuvre exclut l’appareil occulte, quel qu’il soit, parce qu’il repose sur des conceptions complètement déconnectées du cadre dans lequel Dieu permet à ses créatures de fonctionner et de se réaliser(32) . Jésus a lui-même démontré que sa propre satisfaction était indissociable de sa soumission au Père : « Ma nourriture est de faire la volonté de Dieu. » (Jean 4.34 ; cf. Mat 26.42) Et ceux qui vivent selon son exemple peuvent éprouver les mêmes sentiments de profonde satisfaction : « Mais je ne fais aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse avec joie ma course, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. » (Act 20.24)
Mais la place des joies « terrestres » dans tout cela ? Dans l’optique biblique, il n’y a pas de raison de croire que le chrétien doive se désincarner pour plaire à Dieu. Toute chose légitime recèle son lot de satisfactions : relations humaines, mariage, famille, activités professionnelles, jouissance de la nature et de ses productions, créativité artistique ou habileté artisanale, etc. Cependant l’Écriture nous invite à garder chaque chose à sa juste place, à faire preuve de prudence et de sobriété, car notre nature humaine a vite oublié toute mesure, pour s’attacher à la recherche égoïste de son confort et de ses aises(33) . Les limites mêmes que Dieu nous impose dans notre « consommation » des choses agréables nous rendent aptes à rechercher, et à saisir, les choses les meilleures, celles qui sont éternelles(34) . Dans le temps présent, la paix de Dieu, la paix en Dieu et le contentement (un esprit de gratitude et de confiance) sont l’expression de notre profonde satisfaction(35) .
f. La liberté
Lorsque le diable tenta notre Seigneur en lui promettant tous les royaumes du monde, à condition que celui-ci se prosterne et l’adore (Mat 4.8), Satan se trahit lui-même. Il dévoila pour la troisième fois que ses propositions alléchantes ne pouvaient conduire à une forme supérieure de liberté ou d’indépendance, mais bien plutôt qu’elles se payaient d’une dépendance infernale, abjecte. Jésus lui répliqua en lui signifiant que sa vraie liberté, à lui Fils de Dieu, c’était d’adorer son Père céleste et de le servir.
Les suggestions aguichantes de l’ésotérisme véhiculent toujours le même message : venez acquérir un outil efficace pour mieux gérer votre vie, vos émotions, les événements. Venez vous entraîner à façonner votre avenir, à influencer les autres, à communiquer avec votre « ange gardien », et ainsi de suite. En un mot : devenez plus autonomes, plus libres. Mais nous sommes en plein marché de dupes, car le problème du péché demeure entier, et le cœur inchangé.
À ces offres trompeuses, Jésus oppose un autre message : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres […] En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché. […] Si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres. » (Jean 8.31b,32,34,36) Les propos du Seigneur ont de quoi scandaliser notre logique humaine : disciple et libre ? Ces deux termes s’excluent. Eh bien, non, pas dans la logique de Christ. De même que celui-ci ne faisait rien de lui-même, se référant en toute situation à son Père(36) , ne laissant jamais le péché le dominer, et vivant dans la plus parfaite liberté (« Personne ne m’ôte la vie, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre », Jean 10.18), de même celui qui se laisse sauver par Christ devient disciple et serviteur de Christ, mais c’est alors qu’il goûte à la vraie liberté, celle de l’amour consenti et vécu(37) . À l’abri de cette alliance éternelle, l’homme accède au véritable repos, à la seule interaction avec le monde invisible qui soit conforme à sa nature originelle.
notes
(1) Le magazine L’Express du 20/06/2005 intitulait son dossier La folie de l’ésotérisme. Le paragraphe de conclusion avance l’idée que « les hommes ne se contentent pas de la Raison raisonnable. Qu’ils croient en l’existence d’un absolu. Un absolu qui les dépasse et sur lequel ils se leurrent, peut-être, mais qu’ils ressentent comme nécessaire au plus profond d’eux-mêmes. » Notre article tentera d’offrir autre chose que la probabilité d’un leurre…
(2) Lire Gen 1.26 à 4.8
(3)La même démonstration magistrale sera administrée à d’autres reprises : Dan 4.1-6,15,16 ; 5.7-17 ; voir aussi l’exemple de Joseph chez Pharaon : Gen 41.1-36.
(4)Rom 1.18-25 ; Act 17.16,22-29.
(5) L’ésotérisme moderne s’intéresse très souvent aux mythes antiques pour en proposer une relecture assaisonnée d’éléments plus récents. On assiste même à des tentatives de résurrection des cultes préchrétiens (en Grèce par exemple).
(6)Voir le chap. 8 d’Ézéchiel, en particulier les v.14,15, qui font allusion au culte de Tammouz, conjoint à celui d’Ishtar. C’est ici en plein temple de Jérusalem que se produit le rite abominable.
(7) Ex 32
(8)Deut 12.2 ; 1 Rois 14.23 ; 2 Rois 16.4 ; 2 Chr 28.4 ; És 57.5 ; Jér 2.20 à 3.13 ; 17.2.
(9)Voir les textes prophétiques de la chute de Satan en Éz 28.11-19 ; És 14.12-19.
(10) Jézabel, fille d’un roi de Sidon ancien prêtre d’Astarté, ennemie déclarée de Dieu, est l’archétype féminin de ce type de personnage. Elle symbolise, en Apoc 2.20-23, ceux qui cherchent à accommoder l’Évangile aux valeurs du paganisme.
(11)2 Thes 2.3-10 ; Apoc 13.
(12)Cf. 2 Pi 2.15 ; Jude 11 ; Apoc 2.14.
(13) 1 Rois 18.19.
(14) 1 Rois 22.1-29 ; cf. Jér 23.16-32, et en Éz 13.17-23, où il est question de fausses prophétesses adonnées à la divination.
(15) Les chap. 27 et 28 de Jérémie sont une excellente illustration de ce principe. Voir aussi Jude 3-19 ; 2 Pi 2.
(16) Voir És 28.14-18 ; 57.3-11.
(17) Cf. Pr 9.17,18.
(18) On peut évoquer les pharmakeia (les drogues) mentionnées en Gal 5.20 ; Apoc 9.21 ; 18.23.
(19) Act 16.16-19 : la servante à « l’esprit de Python » procurait un grand profit à ses maîtres par la divination.
(20) És 47.9-15 ; 57.3,4 ; Mal 3.5 ; Apoc 22.15.
(21)Dans le NT, l’exemple de Simon le magicien est intéressant à cet égard. Avant sa conversion, ses miracles occultes donnent l’illusion qu’il incarne « la puissance de Dieu, appelée la grande » (Act 8.10). Après sa conversion, une fausse recherche de puissance divine continue de l’obséder (v.18-24). L’orgueil pousse à la contrefaçon ou à la tricherie.
(22) Cette idée est à la base de la cosmogonie gnostique, qui parle du Dieu de l’Ancien Testament en l’assimilant au « démiurge » (l’« architecte » malveillant de l’univers), et l’oppose à un hypothétique Dieu transcendant bienveillant. De multiples critiques de la Bible ont repris cette invention à leur compte.
(23) Gal 1.6-9.
(24) Jean 1.1-3 ; Col 1.17.
(25)1 Pi 1.23-25.
(26) 1 Tim 3.5 ; 4.3,4.
(27) Ce verset met clairement en évidence que toute autre médiation entre Dieu et les hommes que celle de Jésus-Christ est une imposture. Ni ange, ni démon, ni sage, ni saint, ni gourou, ni médium, ni quelque autre créature terrestre ou surnaturelle ne sauraient remplir cette fonction. Voir aussi 1 Tim 2.5 ; Act 4.12.
(28) Rom 3.25-28.
(29) Héb 9.14 ; 10.19-22 ; 1 Cor 6.11.
(30) Rom 8.
(31)Jean 3.16 ; 2 Pi 3.9 ; Ps 34 ; Rom 8.18-39 ; et jusqu’au « Heureux celui qui lit et ceux qui écoutent… » d’Apoc 1.3, tous les « heureux » suivis d’une promesse égrenés dans l’Écriture.
(32)Deut 18.9-22 ; Act 19.18-20.
(33)1 Tim 4.3 ; 6.17 ; 1 Cor 7.29-31 ; Rom 15.1-3 ; Act 2.46,47.
(34) Phil 3.17 à 4.1
(35) Phil 4.4,7,9,11-13,18,19
(36)Voir Jean 8.12-29.
(37)Voir Act 26.17,18.
Le phénomène de l’occultisme devient de plus en plus préoccupant dans les églises d’aujourd’hui. Serait-ce parce que la foi en la Parole de Dieu s’effrite, ou que l’autorité de la Parole de Dieu n’est pas bien enseignée et enracinée dans les cœurs ?
Qu’entendons-nous par l’occultisme ? Ce terme est défini par le Petit Robert comme « la croyance à l’existence de réalités suprasensibles qui seraient perceptibles par les méthodes des sciences occultes ». Y sont rattachés : la kabbale, l’ésotérisme, l’hermétisme, l’illuminisme, le spiritisme, la théosophie. L’occultisme implique donc la tentative de se mettre en relation, par le moyen des sciences occultes, avec la réalité surnaturelle. Cette réalité sera désignée de manières fort diverses, selon les écoles : énergie cosmique, démons, anges, esprits, et même Dieu, imaginé selon la doctrine occultiste classique de l’analogie(1) . Mais toutes ces approches entrent en compétition avec le message biblique simplement reçu. En effet, le Dieu suprême, créateur de l’univers et de tout ce qui existe, a choisi de se révéler par Jésus-Christ(2) , à qui toute la Bible rend témoignage(3) . Vouloir monter à Dieu, ou à toute autre puissance surnaturelle, par un chemin différent, équivaut à une forme d’idolâtrie. Or beaucoup de nos contemporains sont tributaires d’une forme ou d’une autre d’occultisme, même s’ils ne sont pas eux-mêmes instruits de toutes les thèses des sciences occultes. Leurs pratiques ainsi que certaines de leurs déclarations prouvent cette dépendance, et indiquent qu’ils ont un autre dieu que le Dieu de l’Ecriture. Observons donc le phénomène tel qu’il se manifeste dans nos sociétés(4) , écoutons ensuite les déclarations de la Parole de Dieu, et terminons enfin par des recommandations à nos frères et sœurs en Christ.
1. Le phénomène de l’occultisme dans nos sociétés
À moins qu’il y ait des « a-occultistes » comme il y a des athées, tout le monde, du moins en Afrique, croit en l’existence de forces invisibles. En soi, cette croyance n’est pas condamnable. Il faudrait même être fou pour ne pas croire à l’existence de ces forces invisibles. Ce qui est condamnable, c’est de se confier en ces puissances pour influencer positivement ou négativement la vie humaine, ou de croire posséder la force de les combattre pour délivrer ceux qui prétendent en être possédés ou influencés.
Ainsi, dans nos sociétés, certains se confient en des divinités inférieures au vrai Dieu, et croient à de bons ou mauvais esprits qui peuvent les aider à réussir — ou les empêcher de réussir — dans leur vie sociale. Il est vrai que certaines pratiques semblent très banales, telles les visites aux devins ou la consultation d’horoscopes pour sonder l’avenir. Mais en réalité, on prête aux devins, ou aux guérisseurs traditionnels (parfois aux charlatans !) le pouvoir d’anéantir les puissances maléfiques, de conférer des pouvoirs bienfaisants, et d’agir à titre d’intermédiaires entre les mondes visible et invisible. De plus, dans nos sociétés africaines, on vénère souvent les ancêtres décédés dans l’espoir qu’ils nous aideront à surmonter certaines calamités naturelles. Au Cameroun par exemple, la tribu Bamiléké exhume les crânes des morts et les conserve dans des maisons construites à cet effet pour communier de temps en temps avec les défunts.
Le phénomène de l’occultisme se manifeste aussi par la présence de lieux spécialement conçus pour abriter la pratique occulte. Des structures sont construites dans la brousse, au bord des rivières, derrière des maisons d’habitation, ou même à l’intérieur de celles-ci. L’occultisme se manifeste par la prosternation devant certains objets ou images, par la concentration dans des postures particulières, à certains moments de la journée ou de la nuit, dans des cimetières ; par l’invocation de certaines personnes ou de certains animaux ; par la pratique de certaines danses initiatiques ou d’un certain régime alimentaire, et par des interdits ou impositions de toutes sortes.
Enfin, le phénomène se propage même dans certaines églises locales ou sur la place publique sous forme d’exorcismes systématiques. Ceux qui imputent leurs problèmes existentiels aux forces des ténèbres rencontrent des exorcistes « patentés » qui prétendent les guérir ou les protéger. Mais dans bien des cas, tant ceux qui consultent que ceux qui se laissent consulter sont impliqués dans l’occultisme, comme dans le récit d’Actes 16.13-17. Les résultats d’un tel commerce sont catastrophiques.
2. Les déclarations de la Parole de Dieu concernant l’occultisme
Il est impossible de citer ici toutes les déclarations de la Parole de Dieu, mais en parcourant l’Ancien et le Nouveau Testaments, on verra que Dieu s’est abondamment adressé à l’homme à ce sujet, l’avertissant de tous les malheurs y afférant.
C’est ce qu’avait compris Jacob lorsque, voulant retrouver sa communion avec le vrai Dieu, il demande à sa famille d’ôter les dieux étrangers qui étaient au milieu d’eux et de se purifier (Gen 35.1-3). Au moment où Dieu transmet la loi à son peuple Israël, au Sinaï, il leur donne pour premier commandement de ne pas avoir d’autres dieux devant sa face, et pour deuxième commandement de ne point se faire d’images taillées pour se prosterner devant elles (Ex 20.3-6). Lorsque ce peuple s’apprête à entrer en Canaan, Dieu formule une interdiction qui doit retenir toute notre attention, à savoir s’abstenir du spiritisme et de l’occultisme (Deut 18.9-13). Le Seigneur va jusqu’à proscrire les mariages avec des ressortissants de nations qui ne le connaissent pas, de peur que son peuple ne se corrompe et ne serve les dieux étrangers (Deut 7.3-4). Les sanctions prévues en cas de transgression seront appliquées rigoureusement par l’Eternel. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, le peuple d’Israël éprouvera des défaites et des souffrances amères à cause de l’idolâtrie et de l’occultisme (Juges, 1 Sam 7.3-4). La royauté de Salomon sera déchirée pour les mêmes raisons (1 Rois 11.1-11). Le pays sera emmené en captivité à cause de son idolâtrie, et envahi à plusieurs reprises (1 Chr 5.25-26 ; 2 Chr 28.1-8,16-25 ; 36.5-7).
Jérémie fait savoir aux femmes d’Israël que leur « pays est devenu une ruine, un désert, un objet de malédiction » parce qu’elles ont brûlé de l’encens et fait des gâteaux à la « reine du ciel » (Jér 44.22-23)(5) . Pour finir avec ces exemples, notons que le roi Saül mourra, entre autres raisons, pour avoir interrogé et consulté « ceux qui évoquent les morts ». (1 Chr 10.13-14)
Dans le Nouveau Testament, le Seigneur Jésus déclare que si l’on ne croit pas ce qu’il est, lui, Jésus, on mourra dans ses péchés (Jean 8.24). Les apôtres, de leur côté, condamnent et rejettent toute forme d’occultisme et d’idolâtrie (Act 8.5-23 ; 13.6-12 ; 14.11-18 ; 16.16-18 ; 17.16 ; Rom 1.20-25 ; 1 Cor 5.11 ; 6.9-10 ; 1 Pi 4.3 ; 1 Jean 5.21). Des sanctions temporelles et éternelles sont aussi prévues contre ceux qui s’adonnent à l’occultisme, et à d’autres péchés (Rom 1.32 ; Gal 5.19-21 ; Apoc 21.8). C’est pourquoi il nous semble nécessaire de terminer ce propos par un certain nombre de recommandations aux frères et sœurs en Christ.
3. Des recommandations aux frères et sœurs en Christ
L’occultisme montre ses limites dès les premières pages de la Révélation divine. Ces magiciens, charlatans et « sages », que nous appelons en Afrique guérisseurs traditionnels ou prêtres et pasteurs exorcistes, ont été incapables d’expliquer les songes au Pharaon d’Égypte (Gen 41.8), et au roi Nebucadnetsar (Dan 2.5-13). Dans un cas comme dans l’autre, il a fallu l’intervention du vrai Dieu à travers ses vrais serviteurs pour obtenir la bonne interprétation (Gen 41.15-16 ; Dan 2.19-30).
La solution de nos problèmes procède de l’initiative de Dieu. Souvent, il se plaît à nous secourir par des croyants remplis de l’Esprit de Dieu, comme l’a constaté Pharaon à propos de Joseph (Gen 41.38-39), et par des hommes de prière (Dan 2.17-18).
La première recommandation est donc que, quels que soient les problèmes que nous rencontrons dans notre vie, nous allions en discuter avec des conducteurs, des frères et des sœurs dont la foi soit enracinée dans la Parole de Dieu.
La deuxième recommandation est de revenir au Seigneur. L’occultisme sous toutes ses formes entraîne la colère de Dieu, qui se manifeste soit par des problèmes temporels (troubles psychiques et psychologiques, souffrances mentales et physiques, mort physique), soit par la condamnation éternelle (« leur part est dans l’étang de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort », Apoc 21.8). Pour ceux qui ne sont pas encore sauvés et qui pratiquent ces choses, la promesse est faite dans 1 Cor 6.11 que le nom du Seigneur Jésus-Christ est capable de les en laver, de les sanctifier, et de les justifier : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé. » (Act 16.31) Aux frères et sœurs égarés dans ces pratiques, nous disons : revenez au Seigneur de tout votre cœur, et ne vous endurcissez pas comme le peuple d’Israël. Tous ceux qui se sont repentis des ces souillures spirituelles ont été rétablis par le Seigneur (1 Sam 7.3-4,10-11 ; 1 Rois 21.25-29 ; 2 Chr 33.1-20), et 1 Jean 1.9 nous assure que nos péchés sont pardonnés, que nous sommes purifiés chaque fois que nous les confessons.
Il n’est pas question de minimiser la puissance des forces occultes ; elles existent, elles sont plus puissantes que n’importe quel homme, et non seulement elles influencent la vie humaine, mais aussi elles la possèdent dans certains cas. Seulement, souvenons-nous que Christ a dépouillé ces autorités, principautés et esprits méchants (Col 2.15), que notre force est en Christ, et que Dieu nous a donné ses armes, qui ne sont pas les armes de la chair (Éph 6.11-18 ; 2 Cor 10.4-5).
La troisième et dernière recommandation est que chaque chrétien reste toujours bien entraîné dans deux domaines : l’étude de la Parole de Dieu et la prière.
Christ a dit : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira » (Jean 8.31,32). Il faut méditer nous-mêmes la Parole et la prêcher, l’enseigner aux autres. Beaucoup sont plongés dans les superstitions et dans l’occultisme à cause de leur ignorance. La prière ne doit-elle pas être utilisée en leur faveur, comme en faveur de tous (cf. Jac 5.14-16 ; 19-20) ? Même si l’on se trouve en face d’un démoniaque, le Seigneur peut agir en réponse à la prière (Mat 17.21). Il ne s’agit pas ici de crier et de donner des ordres aux démons (qui d’ailleurs ne sauraient obéir à des hommes, parce que ce sont d’éternels rebelles). Il faut s’appuyer sur les promesses de l’Évangile, exposer son message, et prier pour les victimes des pratiques occultes en leur demandant de se repentir de leurs péchés.
notes
(1) Pour une étude critique de ces principes, nous recommandons le livre de Maurice Ray, Spirites, radiesthésistes, guérisseurs, devins et magiciens à la lumière du Christ, Ligue pour la lecture de la Bible, Vennes-Lausanne (CH), 1959, ch. 3. (Note de la rédaction)
(2) Héb 1.1-4
(3) Jean 20.31
(4) L’auteur rend essentiellement compte de la situation qui prévaut en Afrique, mais derrière les particularismes, il y a bien des similitudes entre l’Afrique et le reste du monde. (Note de la rédaction)
(5) Ce passage constitue un sérieux avertissement à l’intention des adorateurs de Marie, à laquelle ce titre est parfois conféré, en contradiction flagrante avec l’Écriture et avec les paroles de Marie elle-même. (Note de la rédaction)
Les dictionnaires français définissent l’animisme sous deux angles : d’un côté, l’animisme désigne le « système philosophique et médical dans lequel l’âme est la cause première des faits vitaux, aussi bien que des faits intellectuels » (1) . D’un autre côté, et sur le plan religieux, l’animisme est « la croyance à la présence de forces élémentaires ou « esprit » dans tous les objets de la nature. » Le Petit Robert précise que c’est une « attitude consistant à attribuer aux choses une âme analogue à l’âme humaine. » C’est ce côté religieux qui nous intéresse. Après avoir évoqué quelques exemples des pratiques animistes en Afrique centrale, nous jetterons ensemble un regard biblique sur cette croyance qui, en fait, pèse très lourdement sur la vie des églises chrétiennes d’Afrique noire.
Les pratiques animistes abondent dans nos pays, et les chrétiens s’y trouvent souvent mêlés
La pratique du « Yondo » (ou « Lao ») a été introduite officiellement au Tchad par un ancien président de la république chrétien, Ngarta Tombalbaye. Or celui-ci était non seulement membre d’une église baptiste locale, mais aussi un des responsables de l’école du dimanche des enfants. Dans cette pratique, les initiés sont invités à passer jusqu’à six mois en brousse en contact avec des « âmes » qui vont leur transmettre différents pouvoirs. Les noms des initiés changent selon le tempérament que l’on va remarquer chez eux pendant ce temps. Jusqu’à nos jours, ces pratiques sont encore exigées des chrétiens.
Au Cameroun, la pratique du « Tsogo » continue chez les « Eton » où l’on cherche à calmer les esprits maléfiques qui provoquent les morts par accident. Certains chrétiens demeurent encore convaincus qu’en allant sacrifier des animaux, en mangeant de ces victimes, et en se purifiant selon la pratique, ils se mettent à l’abri de la mort par accident.
Le « Ngondo », chez les Douala, leur permet de se mettre chaque année en contact des ancêtres par l’entremise du fleuve Wouri. Des pouvoirs sont aussi attribués dans nos pays à certains arbres sous lesquels on peut tenir des palabres pour implorer la paix sur le village, ou demander de bonnes récoltes. On sacrifie des animaux dans des rivières pour obtenir des pêches abondantes. Les morts par noyade sont interprétées comme des réclamations faites par la rivière ou le fleuve aux populations environnantes.
Beaucoup de traditions se pratiquent ainsi chez nous, où l’on se comporte devant les objets de la nature comme s’ils avaient une âme avec laquelle on peut communier. Il est déplorable que, dans nos églises d’Afrique noire, beaucoup de membres suivent ces pratiques, soit par crainte de menaces de mort de la part des hommes, soit par ignorance de la Parole de Dieu, soit par désobéissance à son autorité. Pour ceux qui veulent comprendre la volonté de Dieu à ce sujet, quel est le regard biblique que nous devons porter sur l’animisme ?
Animisme et christianisme sont-ils compatibles ?
Il est impossible d’exposer en détails les différentes ramifications des pratiques animistes dans nos pays d’Afrique noire. Chacun à son niveau peut en discerner les formes locales. Mais quoiqu’il en soit, la Parole de Dieu est universelle et s’applique à tous sans exception.
Souvenons-nous d’abord que lors de la création, toutes choses ont été faites par Dieu, mais chaque chose selon son espèce (Gen 1.24-25). Lorsque Dieu créa l’homme, il est précisé qu’il le créa à son image. C’est pour cela que l’homme peut entrer en communion avec Dieu. En outre, une insistance particulière est mise sur la protection de l’âme humaine (Gen 9.4-6) par rapport à la vie des animaux. Par conséquent, la croyance animiste selon laquelle les choses ont une âme analogue à l’âme de l’homme est fausse. L’homme n’est pas destiné à entrer en communion avec les choses ou avec les animaux, mais avec Dieu et avec ses semblables, parce qu’il est créé selon son espèce à l’image de Dieu ; ce n’est pas le cas des plantes ou des animaux
.
Les pratiques animistes découlent des commandements de nos ancêtres auxquels nous voulons rester fidèles. Le chrétien doit savoir ce que le Seigneur Jésus-Christ a dit de cette attitude : « Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. […] Vous rejetez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. […] annulant ainsi la Parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. » (Marc 7.8-9,13) En tant que chrétien, il ne faut pas s’attacher aux pratiques qui contredisent la Parole de Dieu. Par exemple, dans ces pratiques animistes, on procède souvent à des sacrifices pour les péchés. L’auteur de l’Epître aux Hébreux a bien établi qu’il n’y a plus de sacrifices pour les péchés ; que Jésus, l’Agneau de Dieu, a été sacrifié une fois pour toutes (Héb 9.11-15,27-28), et qu’il est impossible que le sang des animaux enlève des péchés (10.4). Par ailleurs, les morts sont souvent invoqués dans les religions animistes. Or, la Bible interdit d’avoir commerce avec eux (Deut 18.9-12).
Même si l’on se retranche derrière le principe de la liberté chrétienne — puisque quelques-uns estiment que certaines de ces pratiques sont du ressort de la liberté chrétienne — il y a des principes bibliques à respecter. Quant aux sacrifices, l’apôtre Paul affirme qu’en les offrant, on ne sacrifie pas à Dieu, mais à des démons, et qu’il ne faut pas que le chrétien entre en communion avec les démons, au risque de provoquer la jalousie du Seigneur (1 Cor 10.20-22). On peut ajouter à cette interdiction le principe de l’utilité ou de l’édification (1 Cor 10.23). Ce que je fais, en tant que chrétien, m’est-il utile ? Est-ce que cela m’édifie ou édifie mon prochain ? Enfin, il s’agit de ne pas porter atteinte à la gloire même de Dieu (1 Cor 10.31).
Les pratiques animistes font partie des « principes élémentaires du monde », et sur ce point, le chrétien doit prendre garde à l’avertissement de l’apôtre Paul aux Colossiens (Col 2.18-23). En réalité, ceux qui imposent ces pratiques dans nos sociétés sont des gens qui veulent se montrer les plus sages et cherchent à satisfaire leurs besoins charnels, tout en encourageant à une grave forme d’idolâtrie (cf. Rom 1.18-23 ; Ps 115.4).
Constatant que ces pratiques sont parfois imposées par de soi-disant chrétiens, il y a lieu de faire attention au recrutement des membres de nos églises locales. L’histoire de l’Église montre que la chrétienté s’est « mondialisée » et « mondanisée » lorsque l’empereur Constantin s’est rallié à l’Église, et a imposé le christianisme à son État. Or Constantin n’a jamais manifesté de repentance claire devant Dieu et devant les hommes, ni un baptême d’eau public, si ce n’est au moment de sa mort — mais on l’avait depuis longtemps admis dans l’Église(2) … Dès lors l’Église (qui allait devenir « catholique ») a toujours cherché à demeurer une composante majeure du pouvoir étatique, persécutant ou dénigrant jusqu’à ce jour les vrais enfants de Dieu. Si donc les gens ne se repentent pas clairement de leur péché, n’acceptent pas le baptême d’eau public, et ne renoncent pas aux pratiques animistes, l’auteur pense qu’il ne faut pas les admettre dans les églises locales, fussent-ils les riches de la société. Malheureusement, à l’heure actuelle, ces personnes se voient souvent nommées diacres ou diaconesses dans nos assemblées.
Compromis ou rupture ?
Le chrétien n’a pas besoin d’obéir aux pratiques animistes. Il est appelé hors du monde pour former un sacerdoce royal, pour célébrer la gloire de Dieu. Beaucoup de nos frères et sœurs en Christ sont déjà morts à la suite des persécutions perpétrées par les promoteurs de l’animisme, mais le Seigneur nous enjoint de ne pas craindre ceux qui tuent le corps et ne peuvent rien faire à l’âme (Mat 10.28). Les missionnaires occidentaux qui travaillent en Afrique constatent que la vision du monde de beaucoup d’Africains est ouvertement ou implicitement modelée par les religions traditionnelles africaines(3) . Il ne devrait pas en être ainsi, car la vision chrétienne du monde est autre. À cause de cette divergence profonde, certains croyants sont devenus martyrs de Christ. Si le Seigneur vous choisit pour un tel témoignage, ne le redoutez pas, car si nous mourons, c’est pour le Seigneur, et si nous vivons, c’est pour le Seigneur (Rom 14.7,8).
L’animisme ne peut reculer que si l’Église de Christ trouve en son sein des hommes et des femmes de Dieu sages, et entièrement consacrés à barrer la route aux assauts du « séjour des morts » contre l’Église. Le Seigneur lui-même s’est engagé dans ce combat (Matt 16.18). Nous qui lui appartenons, suivons-le fidèlement et jalousement.
notes
(1)Nouveau Larousse Universel, vol. 1 ; il précise que c’est Georg Ernst Stahl, médecin chimiste allemand (1660-1734) qui, dans sa Theorica medica vera (1707), a développé les principes de ce système animiste occidental.
(2)Craig A. Carter, Rethinking Christ and Culture, A post-Christendom perspective, Grand Rapids : Brazos Press, p. 80.
(3) Rob Howell, Africa, FrontLine, July/August 2007, p. 35.
Introduction
L’amour est une notion qui est aujourd’hui sur toutes les lèvres. La Bible aussi en parle beaucoup, mais de façon très profonde et en nous donnant un modèle.
Le carré de l’amour
A partir de plusieurs versets tirés de l’Evangile selon Jean, il est possible de représenter les différentes dimensions de l’amour divin sous la forme d’un carré.
L’apôtre Jean écrit son Evangile à la fin du 1er siècle, à une période où les hérésies commencent à se développer. Pour autant, s’il rappelle, tant dans son Evangile que dans ses Epîtres, le prix de la vérité, il trouve indispensable de mettre l’accent sur l’amour. L’amour divin est, bien entendu, déjà présent dans les trois Évangiles synoptiques, ne serait-ce que par l’affirmation du Père au baptême de Jésus et lors de la transfiguration : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé »; toutefois, c’est dans le quatrième Evangile, si complémentaire des trois autres, que nous trouvons les mentions les plus fréquentes de l’amour — et, en particulier, de l’amour du Père et du Fils.
Nous vivons actuellement dans la « dernière heure » dont parlait déjà Jean dans sa 1ère Epître. Tout nous dit que le retour du Seigneur est proche. On constate que « l’esprit de l’antichrist » se développe plus encore que du temps de l’apôtre. De plus, nous vivons dans une période dure, où l’individualisme est prôné. Nous avons donc particulièrement besoin de réentendre ces douces affirmations sur l’amour.
L’amour selon Dieu
Le N.T. comprend trois expressions, toutes sous la plume de Jean, qui, pour ainsi dire, « définissent » la nature de Dieu :
1. | « Dieu est esprit » (Jean 4. 23) ; | |
2. | « Dieu est lumière » (1 Jean 1. 5) ; | |
3. | « Dieu est amour » (1 Jean 4. 8, 16) — la seule à être répétée. |
L’amour selon Dieu n’est pas l’amour selon le monde. Celui-ci intervertit volontiers les termes et prétend : « l’amour est Dieu ». Autrement dit, on pourrait tout justifier par amour — même les actes les plus opposés à ce que Dieu définit dans sa Parole comme le véritable amour. Par exemple, on ne peut pas justifier le mariage d’homosexuels simplement parce qu’il y a une forme d’amour entre eux. L’amour n’est pas une notion (très floue d’ailleurs) au-dessus de toutes les autres. C’est certes une composante essentielle de la nature du Dieu qui nous a créés à sa ressemblance, mais ce n’est pas la seule. Dieu est parfaitement cohérent dans tous ses attributs, et il est impossible d’en opposer un aux autres.
Cependant, « Dieu est amour » est répété deux fois, car l’amour est « premier » en Dieu. Comme le dit Jacques sous une autre forme, « la miséricorde prévaut sur le jugement » (Jac. 2. 13). Si Dieu ne nous avait pas montré d’abord son amour, où serions-nous ?
L’amour selon Dieu est essentiellement don de soi, comme nous le verrons en détaillant les sept affirmations de l’amour du Père pour le Fils. On est bien loin de la notion insipide de l’amour à la sauce pop ou star-ac actuelle. Il est d’ailleurs frappant de noter que le même magazine qui fera l’apologie de « l’amour » comme remède universel, comme valeur suprême, prônera aussi la recherche de soi, l’attention prioritaire à sa petite personne — bref, fera l’éloge de l’égoïsme, attitude diamétralement opposée à l’amour selon Dieu ! Il est des rédacteurs en chef un peu schizophréniques…
Les cercles de l’amour
Très schématiquement, on peut définir sept cercles d’amour, selon un ordre d’importance décroissante :
1. | l’amour pour Dieu, qui doit avoir la première place, car il est éternel ; | |
2. | l’amour vis-à-vis de notre conjoint, si nous sommes mariés — amour qui dure jusqu’à la mort ; | |
3. | l’amour pour nos enfants, si nous en avons ; | |
4. | l’amour pour notre famille « élargie », parents, frères et sœurs, etc. ; | |
5. | l’amour pour nos frères et sœurs dans l’église locale ; nous avons envers eux une responsabilité particulière, puisque nous partageons au quotidien la vie d’église ; | |
6. | l’amour pour tous les chrétiens, où qu’ils soient ; | |
7. | l’amour pour tous les hommes, à l’image du Dieu qui « a tant aimé le monde |
L’ordre est important, car il ne sert à rien de penser aimer très fort un frère africain dont nous lisons des nouvelles, si nous n’arrivons pas à supporter dans l’amour celui à côté de qui nous nous asseyons tous les dimanches… Il en est de même dans notre famille : nos relations privées sont le meilleur crible de la réalité de notre amour ; inutile de penser montrer beaucoup d’amour pour les âmes perdues, si, dans le même temps, notre conduite familiale est infecte.
Le modèle divin
Quand nous pensons à l’amour, c’est souvent d’abord à sa dimension inférieure : l’amour entre humains. Comment faire pour mieux aimer ma femme, pour ressentir davantage d’amour pour mon frère ou ma sœur ? Or c’est sans doute prendre le problème à l’envers, car la source de l’amour n’est pas en nous, mais en Dieu : « En ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima » (1 Jean 4. 10). La source de l’amour n’est qu’en Dieu. C’est donc en lui que nous aurons le modèle et les indications pour vivre dans l’amour. Pour mieux nous aimer entre nous, regardons comment le Père aime le Fils.
L’amour est, nous l’avons vu, constitutif de la nature même de Dieu. Cette affirmation a pour corollaire que Dieu, dans son unité, est plusieurs « personnes », car l’amour tel que le définit la Bible a quelqu’un d’autre pour objet(1) . Il y a donc cohérence entre la doctrine de la tri-unité de Dieu et l’amour entre le Père et le Fils. Cet amour — nous y reviendrons — est éternel, absolu, parfait, constant. C’est le modèle. Ce qui donne au carré de l’amour sa dimension et sa stabilité, c’est sa barre horizontale supérieure.
Dans les Évangiles, le Seigneur parle donc sept fois de l’amour du Père pour lui, mais une seule fois de son amour pour le Père. En effet, « l’amour ne se vante pas » (1 Cor. 13. 5) et c’est bien ce que Jésus a mis en pratique. Son amour pour le Père, il l’a démontré par chacun de ses actes, chacune de ses paroles, chacune de ses pensées ; de ses motifs à ses actions, tout était inspiré par l’amour qu’il portait à son Père. La seule mention qu’il en a fait était pour indiquer que l’acte suprême qu’il allait accomplir — son sacrifice à la croix — serait pour le monde l’occasion par excellence de constater son amour pour le Père.
Avant de détailler la barre horizontale supérieure du carré de l’amour, examinons les barres descendantes :
– Le Père nous aime comme il aime son Fils : c’est sans doute une des déclarations les plus surprenantes de toute la Bible. Il n’y a pas de différence : « comme »(2) . Ces affirmations, que nous devrions connaître par cœur, sont un rocher pour notre foi. Si, un jour, les circonstances semblaient contraires et que nous en arrivions à douter de l’amour de Dieu, reprenons notre Bible et relisons ces versets. Le Dieu qui ne peut mentir a écrit ; sa Parole est une base objective : il nous aime du même amour et au même niveau que son Fils unique et bien-aimé !
– Le Fils nous aime comme le Père l’aime : par transitivité, on est toujours sur le même registre, celui de l’amour du Père pour le Fils. C’est toujours la même qualité d’amour. Et Jésus l’a montré en allant « jusqu’à la fin », ou, comme on peut également le traduire, « en mettant le comble à son amour ». Cette « fin » a été la croix, où je vois que « le Fils de Dieu m’a aimé » (Gal 2. 20) ; c’est aussi un amour qui me suivra jusqu’à la « fin », jusqu’à ce que Jésus revienne pour me prendre dans la gloire et me donner ainsi la preuve finale de son amour
L’amour au quotidien, au travers des sept expressions : « Le Père aime le Fils »
Si donc l’amour est d’abord vu en Dieu et dans les relations entre le Père et le Fils, chacune de ces expressions va nous donner des indications pratiques utiles. Nous appliquerons telle ou telle expression à tel ou tel domaine de nos relations (un des sept cercles évoqués ci-dessus), et laisserons à chacun le soin d’en trouver d’autres.
1. « Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains » (3.35) — ou l’amour-confiance
Le Père montre son amour pour le Fils en lui faisant confiance. C’est bien l’accent mis dans ces versets, car le verset suivant insiste sur ce registre de la confiance : c’est celui qui ne met pas sa confiance dans le Fils qui est sous la colère de Dieu. En contraste, le Fils s’est vu accorder la pleine confiance de son Père pour tout ce qu’il avait à faire sur la terre.
On peut facilement appliquer ce verset, par exemple à nos relations avec nos enfants. Leur faire confiance est une preuve de notre amour. C’est ce que faisait Job (Job 1.4-5). Cette confiance sera d’autant plus grande après leur conversion. Le Fils, lui, avait l’esprit « sans mesure » (3. 34) ; mais l’Esprit qui demeure dans un de nos enfants convertis sera capable, en dépit des obstacles, de le conduire. Aussi pouvons-nous avoir la confiance de l’amour
.
2. « Le Père aime le Fils, et lui montre toutes les choses qu’il fait lui-même » (5.20) — ou l’amour-transparence
Les versets qui encadrent celui-ci mettent en évidence la coordination dans l’action du Père et du Fils. Ce dernier est au courant de tous les actes du Père et, comme il travaille au même titre que lui, il l’honore de sa transparence. Rien de ce que fait le Père est étranger au Fils et réciproquement. Il en résulte une imitation.
Cela s’applique aisément à notre vie de couple — premier cercle humain, rappelons-le, où doit se montrer notre amour. Mari et femme, nous avons à être transparents vis-à-vis de notre conjoint. Vouloir lui cacher quelque chose est un accroc à l’amour mutuel, qui peut avoir des conséquences beaucoup plus graves que nous pourrions le penser. Osons donc nous livrer, nous dire tout, dans la pleine liberté de l’amour.
3. « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne » (10. 17) — ou l’amour-dévouement
Ce verset est tiré d’un chapitre bien souvent médité, celui du bon Berger. Que fait le bon Berger ? Il donne sa vie pour ses brebis. Par cet acte de dévouement, il offre à son Père un nouveau motif pour l’aimer. Cette affirmation peut paraître paradoxale, car l’amour du Père pour le Fils est éternel et inconditionnel, comme nous le verrons bientôt. Toutefois, à un infini (celui de l’amour de son Père), le Seigneur ajoute un autre infini par son sacrifice.
L’apôtre Jean a bien compris le sens profond de l’amour indiqué par ce passage. Dans sa première Epître, il revient sur cet amour de Dieu, qui se sacrifie : « En ceci a été manifesté l’amour de Dieu pour nous, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde » (1 Jean 4. 9). Le verset le plus connu de la Bible (Jean 3.16) affirme aussi que Dieu, par amour, a « donné ».
Remarquons que, dans le contexte de Jean 10, les premiers bénéficiaires de cet amour sont les brebis, pas directement le Père. Mais ne puis-je pas me réjouir du dévouement de quelqu’un de cher en faveur d’un tiers ? Et ce dévouement ne renforcera-t-il pas mon amour pour lui ?
Que peut signifier aujourd’hui « donner sa vie », comme le bon Berger l’a fait pour ses brebis ? Quel peut être le sens de ce verset, qui est l’application si directe pour nous de ce que le Seigneur a fait : « Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui a laissé sa vie pour nous ; et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères » (1 Jean 3.16) ? Quand j’étais petit, il me semblait qu’il s’agissait de se sacrifier physiquement pour un autre, comme dans l’histoire d’une princesse russe sauvée des loups par son majordome chrétien. Mais le Seigneur ne nous appelle pas forcément au martyre physique. L’apôtre Jean, qui avait décidément bien compris l’enseignement du Maître, indique une piste dans le verset suivant : ouvrir ses entrailles à son frère, lui donner. Aujourd’hui, « donner sa vie pour son frère » peut être, par exemple, risquer sa réputation, son « statut » dans l’église, pour venir en aide à un frère injustement accusé.
4. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » (15.9) — ou l’amour-fiabilité
Le sens de l’amour dans ce contexte est éclairé par le verset suivant : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. » (15.10) Le Père avait laissé des commandements à son Fils, qui les accomplissait parfaitement. Et en effet, qui a, comme lui, pensé, dit, agi, toujours en conformité avec la pensée de Dieu révélée dans ses commandements ?
La relation d’amour n’est pas toujours dans un contexte d’obéissance à des commandements. C’est certes le cas dans la relation avec nos enfants : nous attendons d’eux qu’ils nous montrent leur amour par l’obéissance aux ordres que nous leur donnons — même si cela est de moins en moins bien vu ! Eh oui, ce n’est pas populaire, mais l’amour n’est pas rebelle. De manière générale, l’obéissance tend vers la fiabilité. Par contre, si un frère me demande un service, que j’acquiesce mais ne fais rien, par négligence, par un trop-plein d’activités (et il est bien facile de trouver de bons prétextes), je manque à l’amour mutuel. Montrons donc notre amour en hommes et femmes sur lesquels on peut compter, qui sont fiables.
5. « … afin que le monde connaisse que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (17.23) — ou l’amour-extériorisation
Les trois dernières mentions de l’amour du Père pour le Fils sont tirées de la prière unique que le Seigneur a adressée à son Père avant d’aller à la croix. Dans ce verset, Jésus évoque par anticipation le moment où les siens seront glorifiés au vu de tout l’univers : leur unité sera, en elle-même, un témoignage de l’amour du Père pour le Fils. Et le Fils se réjouit que cet amour, dont il jouit personnellement, soit aussi contemplé par d’autres. L’amour du Père pour le Fils n’est donc pas un secret entre eux deux, mais sera connu du monde entier.
Il est en effet normal que l’amour s’extériorise. Que penser d’un couple de jeunes mariés qui ne se témoigneraient en public qu’une grande froideur ? L’amour satisfait le besoin de reconnaissance inhérent à tout être humain. C’est pourquoi n’ayons pas peur de dire publiquement (mais pas forcément en présence des intéressés) combien nous apprécions notre conjoint, ce que nous avons trouvé de positif chez tel frère ou sœur, etc.
6. « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (17.24) — ou l’amour-inconditionnel
Dans le verset précédent celui-ci, le Seigneur évoque la gloire éternelle qu’il va retrouver auprès de son Père. Cela le conduit à parler de l’éternité de l’amour du Père pour lui. En Dieu, il n’y a pas de changement, de sorte que l’amour du Père est aussi stable, constant, parfait, immense, aujourd’hui qu’hier. Le Père aime le Fils avant que le Fils aille à la croix ; il n’y a aucune condition à cet amour.
Les psychologues ont bien mis en évidence l’importance d’être aimé pour ce que l’on est, pas pour ce que l’on fait. Se savoir aimé inconditionnellement est très important, en particulier pour nos enfants. Même s’ils nous déçoivent, même si leur (in)conduite nous conduisait à modifier les preuves concrètes de notre amour, ils doivent pouvoir sentir que nous les aimons par-dessus tout, pour eux-mêmes, quoi qu’ils aient fait. C’est cela, l’amour inconditionnel selon Dieu.
7. « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » (17.26) — ou l’amour-communication
Dans ce dernier verset, le Seigneur indique qu’il introduira ses disciples dans la connaissance du Père, et, en particulier, dans la connaissance de l’amour dont il est lui-même aimé. Connaissance et amour s’imbriquent de façon étroite dans ce verset, car comment aimer celui qu’on ne connaît pas ? Et comment ne pas aimer celui qu’on connaît — surtout quand il s’agit du Seigneur ? Mais la personne est plus vaste qu’une de ses caractéristiques, et c’est peut-être pourquoi Jésus termine en ajoutant « et moi en eux ». L’amour en nous : on aurait pu penser que, par cette expression, on atteignait un sommet absolu, mais il y a plus : « moi en eux », sa personne, lui-même.
Il en est de même à notre niveau : notre prochain ne se réduit à l’une de ses fonctions. Je peux voir dans mon frère le serviteur du Seigneur, ou dans ma femme la mère de mes enfants. Mais il (ou elle) est plus que cela : sa personne dépasse sa fonction et l’amour cherchera à établir une relation de personne à personne. Pour cela, il est nécessaire, indispensable même, de communiquer, de se connaître. Comment aimer, si on ne prend pas le temps nécessaire pour vraiment apprendre à se connaître ?
Conclusion : l’amour-horizontal, preuve de l’amour-remontant
Il est encore une dimension dont nous n’avons pas beaucoup parlé : c’est la flèche remontante de notre carré de l’amour : comment montrer à Dieu, au Seigneur, notre amour pour lui ? C’est Dieu qui a eu l’initiative de l’amour ; mais quand nous nous rendons compte à quel point lui nous a aimés, surgit naturellement dans notre cœur le désir de l’aimer en retour.
Terminons donc avec l’apôtre Jean, qui nous dit comment montrer notre amour : « Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, il est menteur ; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Et nous avons ce commandement de sa part, que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère. » (1 Jean 4.19-21) Apprenons de l’amour du Père pour le Fils pour nous aimer davantage les uns les autres, et montrer par là un peu d’amour en retour de celui dont nous avons été aimés.
notes
(1)La Parole incite aussi à « aimer notre prochain comme nous-même » et donc à s’aimer soi-même. Ce thème de l’estime de soi et de l’amour pour soi a été largement repris depuis quelques années dans divers ouvrages évangéliques — un peu trop, à mon sens. En effet, s’il est des situations personnelles douloureuses qui poussent au dégoût de soi-même, elles ne sont heureusement pas la généralité, ce que les thérapeutes auteurs de ces livres pourraient laisser croire. Il faut sans doute s’aimer pour pouvoir aimer les autres, mais l’amour biblique est fondamentalement dirigé vers autrui et non vers soi.
(2)« Comme » se retrouve aussi lorsqu’il est question de la connaissance (cf. Jean 10). « Connaître-aimer-servir » sont trois verbes à prendre dans cet ordre (on aime qui on connaît et on sert qui on aime) ; leur étude est très riche, en particulier le parallèle entre la relation Père-Fils et nous.
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