PROMESSES
Jean-Philippe et Stéphanie sont mariés, ils ont trois enfants. Ils ont personnellement expérimenté combien nos réactions aux épreuves douloureuses de la vie peuvent faire souffrir…
Comment expliquer la souffrance ?
La souffrance est un thème difficile. Elle est universelle : Nous en sommes tous affectés, parce que la création « a été soumise à la vanité. et soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. à cause du péché, . » (Rom 8.18-25).
Elle est répartie de façon inégale, selon le sexe, la culture, l’équilibre hormonal, etc. Elle ne peut donc être une cause de jugement de notre part.
La Bible parle beaucoup de la souffrance. Est-ce seulement pour nous enseigner ?
Pourquoi la souffrance ?
Job a souffert . Pourquoi Dieu a-t-il laissé faire Satan ? Si Job avait été agnostique, ou athée, il aurait fait reposer la faute sur les éléments, sur les Sabéens et les Chaldéens. Cette réponse n’est pas satisfaisante pour un chrétien !
Job était un homme « intègre et droit ; il craignait Dieu, et se détournait du mal ». C’était un homme moral et religieux. Il n’avait pas de péché qui au premier abord aurait justifié que Dieu le punisse. Il n’avait pas d’ennemi apparemment qui lui en veuille à ce point. Il offrait même des sacrifices pour d’éventuels péchés produits dans le cour de ses enfants !
Nous avons affaire à un homme détruit, dans une profonde détresse.
« Car les flèches du Tout-Puissant m’ont percé, et mon âme en suce le venin ; les terreurs de Dieu se rangent en bataille contre moi. » (Job 6.4)
« Il m’a fermé toute issue, et je ne puis passer ; il a répandu des ténèbres sur mes sentiers. » (Job 19.8)
« . Que gagnerions-nous à lui adresser nos prières ? » (Job 21.15)
Il était troublé par la somme des souffrances qu’il devait supporter. La communication semblait impossible entre lui et Dieu.
Ainsi, le problème de Job reste un problème de croyant : Quand tout va mal, la foi devient dans un premier temps un obstacle : comment un Dieu si bon peut-il permettre cela, car rien se semble justifier une telle souffrance ! Si Dieu savait vraiment, il ne permettrait pas. N’y avait il pas une autre solution ?
Job a dit des choses dures sur Dieu.
« Mon âme est dégoûtée de la vie ! Je donnerai cours à ma plainte, Je parlerai dans l’amertume de mon âme » (Job 10.1)
« Qu’importe après tout ? Car j’ose le dire, Il détruit l’innocent comme le coupable [.] Il se rit des épreuves de l’innocent. » (Job 9.22,23).
« Pourquoi m’as-tu fait sortir du sein de ma mère ? » ( Job 10.18a)
Dieu aime la franchise, non l’hypocrisie ! Disons tout à Dieu ! Et moi, suis-je capable d’entendre des paroles de souffrances de la part de mon frère ou de ma sour ? Des paroles de révoltes ? Job était humain, et il était normal qu’il manifeste ses sentiments dans cette grande souffrance. En tous cas, Dieu n’est pas resté indifférent à ses paroles.
Alors pourquoi la souffrance ?
Satan demande à Dieu si Job l’adore pour ce qu’il est ou pour ce qu’il lui donne. Autrement dit, est-ce que Dieu est digne d’être aimé et obéi, indépendamment de ce qu’il nous donne ? Et l’homme est-il capable d’aimer gratuitement ? Satan dit que non ! Et Job prouve le contraire !!
Si maintenant Dieu avait expliqué à Job le problème, Satan aurait toujours pu dire que Job savait qu’il serait délivré. Il fallait donc que Job ne sache rien, et qu’il fasse confiance à Dieu. Il fallait que l’amour de Job soit détaché de tout intérêt.
Mais pourquoi Dieu a-t-il jugé nécessaire pour Job d’en passer par là ?
Et pour nous maintenant ?
« Attache-toi donc à Dieu, et tu auras la paix ; tu jouiras ainsi du bonheur. » (Job 22.21)
« Ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu’il se regardait comme juste. » (Job 32.1)
Les amis avaient une foi marchande. Et le cas de Job leur posait problème. Il ne rentrait pas dans le cadre théologique qu’ils croyaient juste, et que Dieu condamnera. Les amis de Job avaient besoin d’une réponse claire et nette. Ils sont donc tombés dans le piège de Satan, à savoir : « je suis juste, donc j’échapperais certainement à la souffrance, car Dieu n’aura pas besoin d’elle pour m’enseigner ».
Satan a voulu toucher Job directement, et s’est aussi servi de son entourage pour l’amener à renier son intégrité. Veillons donc à ne pas tomber dans ce piège, quand nous essayons de venir en aide à quelqu’un.
Quelle est le motif profond de notre obéissance à Dieu ? Est-ce de faire du bien pour échapper à la souffrance et d’être béni, ou est-ce parce que nous l’aimons malgré les souffrances qu’il peut permettre dans nos vies (Job 19.13-18) ?
Voici la réponse de Dieu face au comportement des amis : « L’Éternel dit à Éliphaz de Théman : Ma colère est enflammée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’avez pas parlé de moi avec droiture comme l’a fait mon serviteur Job. » (Job 42.7)
Réponse de Dieu face à ma souffrance : sa toute-puissance et son amour, pour moi
La SEULE réponse de Dieu aux quelque 300 questions de Job est sa TOUTE PUISSANCE (Job 38 à 40) !
Ainsi est employé 60 fois dans la Bible pour le nom de Dieu le terme « Eternel Dieu Tout Puissant » dont 32 fois dans le seul livre de Job (48 fois dans l’ensemble de l’Ancien Testament).
Nous sommes précieux à ses yeux, malgré les apparences de notre vie.
La réponse de Dieu à Job
Job 42.1-6 démontre que les réponses sont finalement secondaires. Quand nous souffrons, nous avons besoin d’une révélation de la part de Dieu. Job a eu besoin de lui parler. Aucun homme ne pouvait rassurer Job hormis Dieu lui-même. Aussi, l’une des attitudes les plus saines à adopter avec ceux qui souffrent reste tout d’abord de pleurer avec eux. Tout simplement. Nous pouvons ensuite prier que Dieu se révèle à eux dans sa « Toute-puissance ». « Veuille me délivrer, ô Éternel ! Éternel, viens en hâte à mon secours ! » (Ps 40.14)
Actes 27 décrit le voyage dramatique de Paul, depuis Césarée jusqu’à Rome. L’apôtre comparaît à Césarée devant le gouverneur romain Festus et le roi Agrippa. Il est reconnu innocent. Mais accusé par les Juifs, il craint de leur être livré à Jérusalem. Il demande donc de comparaître devant l’empereur, ce qui est son droit de citoyen romain. Cela implique un voyage à Rome, que l’apôtre doit effectuer en tant que prisonnier.
C’est un navire d’Adramytte qui est choisi pour ce transport. Cette localité se trouve près de Troas au nord-ouest de l’Asie Mineure. Remarquons que les marins de cette époque maîtrisaient fort bien la navigation en Méditerranée et qu’ils ne craignaient pas des distances de plusieurs milliers de kilomètres. Il leur suffit d’une journée pour voguer de Césarée à Sidon où Paul a la liberté de visiter les frères.
L’escale de Myra
Après avoir côtoyé l’île de Chypre, le navire aborde à Myra en Lycie au sud de l’Asie Mineure. Il s’y trouve encore aujourd’hui les ruines assez bien conservées d’un théâtre romain, preuve que Myra comptait plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Plus tard, furent creusées des tombes rupestres qui sont maintenant l’autre attraction du lieu. Rome, la capitale impériale compte à cette époque un million d’habitants, elle a donc besoin d’une quantité considérable de nourriture. Dans ce but, les navires sillonnent la Méditerranée et remplissent leur cale de blé ou d’autres produits afin de les vendre à Rome. Au sujet de Myra, un guide de la Turquie dit ceci : « La vallée du Demre où se trouve Myra est une région agricole fertile. Les tomates, les aubergines et d’autres légumes y poussent très bien. À l’époque d’Hadrien, les Romains y ont construit des greniers à blé dont on peut voir encore aujourd’hui les ruines. Ces céréales étaient stockées pour les garnisons romaines ou même pour la ville de Rome. »
C’est très probablement un navire céréalier que le capitaine responsable des prisonniers choisit pour la suite du voyage. Ce bateau est plus gros que le précédent. En plus des marchandises, 276 personnes trouvent place à bord. Nous n’avons aucune indication biblique que Paul a évangélisé Myra. Il était prisonnier et n’a pas forcément eu le temps ni la liberté de le faire. Pourtant une forte tradition chrétienne est attachée à Myra. Une église a été construite au XIe siècle et le Saint-Nicolas qui offre généreusement ses cadeaux aux enfants est originaire de cette ville1 . En effet, un certain Nicolas fut évêque de cette localité et a participé au Concile de Nicée en 325 après J.-C. Même si cette présence chrétienne doit plus à la tradition qu’à la vérité biblique, il est tout de même remarquable que, là où l’apôtre a passé, subsistent des éléments chrétiens.
La navigation au sud de l’île de Crète
La saison est avancée et devient défavorable à la navigation, ce qui rend impossible l’abordage à Cnide. L’équipage réussit tout de même à rallier Beaux-Ports au sud de la Crète. Contrairement à l’avis de Paul, la décision est prise de tenter de continuer le voyage jusqu’à Phénix, port qui est meilleur pour l’hivernage, car, à cette époque, on ne navigue plus pendant l’hiver. C’est à ce moment-là que se déchaîne la tempête et pendant 14 jours le bateau dérivera sans contrôle, à la merci des éléments. Quelle angoisse pour l’équipage et les passagers ! La Crète est une île très méridionale, à la latitude de Tunis. Il peut y faire très chaud. Mais les sommets crétois atteignent 2000 m d’altitude. En automne, la mer est encore très chaude et la fraîcheur commence à se faire sentir en altitude surtout si elle est accentuée par les perturbations venant du nord. Cela peut expliquer pourquoi de fortes tempêtes caractérisent cette région.
L’échouage à Malte
L’équipage soupçonne que le navire en perdition est proche d’une terre, car il entend le bruit des vagues roulant sur le rivage et les mesures de la sonde confirment cette idée. Cette fois, l’avis de Paul est écouté et la chaloupe vide est jetée à l’eau. Sur le conseil de l’apôtre, chacun mange. Les prisonniers sont épargnés, ce qui est contraire à la coutume, car, en cas de fuite, c’étaient les gardiens qui risquaient la mort. Le bateau s’échoue, les nageurs le quittent d’abord et les non nageurs rejoignent le rivage sur des débris. Conformément à la promesse du Seigneur révélée à Paul, tous sont sains et saufs. Ils découvrent plus tard qu’ils sont à Malte dans un endroit qui s’appelle maintenant la Baie Saint-Paul.
De ce récit biblique et véridique, on peut tirer plusieurs enseignements.
Quels conseils faut-il suivre ?
À Beaux-Ports, deux avis s’opposent. Les professionnels désirent continuer le voyage et atteindre un meilleur port. Paul conseille de rester sur place, car les risques sont trop grands si l’on quitte ce lieu. Paul est un apôtre, un intellectuel, vraisemblablement sans expérience maritime. C’est pourquoi le choix des responsables du voyage est logique. mais il est mauvais. Cette traversée maritime est hors norme, elle ne ressemble pas aux autres. C’est Dieu qui prend soin de son serviteur Paul et qui le conduit à Rome. Ce ne sont plus les règles humaines qui sont valables, mais les normes bibliques.
Dans des situations difficiles où des avis divergents s’affrontent, il est sage de ne pas se confier uniquement dans nos capacités humaines (professionnelles, par exemple), mais de rester ouvert à des options différentes lorsque le Seigneur l’indique clairement par son Esprit.
L’ange
Luc nous rapporte qu’un ange s’est approché de Paul et lui a transmis un message divin : Paul comparaîtra devant l’empereur et tous les passagers seront sauvés. Je n’ai aucun doute sur l’authenticité de ce fait, mais cela pose tout de même problème. Paul a bénéficié du service d’un ange mais je n’en ai jamais vu. De même, je n’ai jamais entendu dire que dans mon entourage chrétien un ange se soit montré. Dieu parle-t-il encore par des anges aujourd’hui ? Il l’a fait pour Paul, pour les bergers de Bethléem, pour Joseph en songe, pour les femmes lors de la résurrection de Jésus. Les anges ont encore exercé leurs ministères dans bien d’autres occasions. Ils apparaissent par périodes, quand Dieu le veut. Personnellement je m’en tiens à Hébreux 1.1-2. Dieu parle par le Fils qui est aussi la Parole faite chair, c’est-à-dire l’Écriture. Pour nos temps, il faut s’en tenir à cela et ne pas rechercher l’extraordinaire, le sensationnel. Croyons à l’existence des anges, à leur ministère, laissons à Dieu le soin de les envoyer quand bon lui semble et recherchons sa volonté par l’Écriture !
S’alimenter
Juste avant l’échouage, Paul donne l’exemple, se nourrit et insiste pour que chacun le fasse. « C’est nécessaire à votre salut, dit-il. » Il pense dans ce cas, à la dimension humaine du salut. Un bain forcé attend les naufragés dans de l’eau pas forcément très chaude. Les passagers sont à jeun. Ils ont subi de fortes angoisses et le mal de mer, ils peuvent être affaiblis, ils ont besoin de force pour gagne la terre et survivre. Paul a pris de l’autorité, on a constaté que ses conseils sont bons et ils sont appliqués. Selon le modèle de Jésus, Paul remercie Dieu pour le repas, il se nourrit et tous font pareil.
Se nourrir est un excellent principe pour la vie de tous les jours, mais ce conseil n’est pas très nécessaire aujourd’hui dans notre civilisation occidentale où les gens sont souvent trop gros (ailleurs cela peut être différent.) Nous remplissons communément notre estomac trois fois par jour. Sommes-nous aussi réguliers pour nourrir notre âme ? Dieu a donné la manne aux Israélites dans le désert, la manne qui est le pain du ciel annonçant Jésus-Christ le pain de vie.
Pas de vie chrétienne équilibrée, de progrès dans la foi, si nous négligeons de nourrir soigneusement notre âme !
La souveraineté de Dieu
Ce voyage a présenté des dangers maximum. Les risques de noyade étaient évidents et les passagers ont éprouvé un taux d’angoisse élevé. Finalement, la cargaison et le bateau furent perdus et les passagers tous sauvés. Où l’errance en Méditerranée finit-elle ? À Malte, une île de 27 km de long et 15 de large, un point minuscule dans la Grande Mer. De plus, elle est bien située sur la route maritime en direction de Rome. Quatorze jours d’errance sur un navire incontrôlé et qui s’échoue à Malte ! Est-ce du hasard ? Les uns peuvent le penser. Pas moi ! En fait, le grand Dieu de Paul, qui est aussi le nôtre, a veillé sur le bateau et l’a dirigé ainsi. Il faut y voir la sollicitude souveraine de Dieu envers ses enfants fidèles.
Une sorte de parabole en guise de conclusion
Ce récit raconté par le médecin Luc, doué d’excellentes compétences d’historien, est bien réel et véridique. Mais il a également la valeur d’une sorte de parabole. Chacun, vu sa condition humaine, doit aussi accomplir une sorte de voyage obligatoire, sans possibilité d’y échapper. C’est le voyage de la vie, de la naissance à la mort physique. Comme pour Paul, il peut arriver que ce parcours soit dangereux, parsemé d’écueils et de crises. Nous pouvons éprouver de nombreuses et fortes angoisses. Beaucoup accomplissent ce voyage de la vie avec leurs propres forces ou pire en se fiant à des puissances malsaines ou occultes. D’autres choisissant sagement d’implorer le secours d’en haut, du Dieu qui a contrôlé le voyage de Paul. Ce Dieu qui sait diriger les navires en détresse, peut aussi nous faire réussir le voyage parfois dangereux de la vie. Faisons le bon choix !
Note
1Dans certains pays du nord de l’Europe, on fête la Saint-Nicolas et il est de tradition d’offrir des cadeaux aux enfants à cette occasion plutôt qu’à Noël.
« C’est pour la liberté que Christ nous a délivrés. Demeurez donc fermes et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude » (5.1).
Si votre religion se fait routine creuse et sans communion avec Dieu.
Si votre image de bon ou de mauvais chrétien vous inquiète.
Si vous êtes découragé par vos échecs ou par les divisions d’églises.
Si la foi, l’amour, et l’espérance ne veulent plus dire grand chose.
Si les symptômes persistent.
Consultez l’épître aux Galates !
Quel prodigieux réconfort cette épître apporte-t-elle à ceux qui échouent dans leurs efforts de maintenir un standard religieux ou une pureté morale ! Dieu promet une sainteté inconditionnelle et la vie éternelle à tous ceux qui se confient dans le sacrifice du Christ en croix ! Dans cette épître, surnommée « Magna Carta », le croyant déroule la « Grande Charte » de sa liberté en Christ : aucune obligation morale, aucune pression religieuse ne sauraient imposer leurs critères de façade au fidèle qui appartient à Christ.
1. La croix et l’Esprit : l’esprit de la croix
Comme souvent dans la correspondance apostolique, ces sublimes éclairs de vérité nous parviennent dans un contexte d’échec. Fraîchement convertis, les Galates se laissent influencer par des Juifs venus leur apporter un soi-disant Évangile supérieur qui fera d’eux des « superchrétiens ». Croire ne suffirait pas, il faudrait aussi, selon eux, observer une série de préceptes religieux précis pour s’élever à un stade ultime de spiritualité.
Si nous comprenions l’engrenage diabolique qui les éloigne de Dieu, nous déjouerions bien des pièges. En effet, la déviance galate exprime encore nos tragédies modernes. Inspirés par une sorte d’instinct religieux, nous adhérons promptement à des recettes spirituelles du bien-être, à des guides du bon chrétien : fais ceci, Dieu te bénira. Nous nous concentrons tellement sur les moyens de parvenir au bonheur – fût-il « spirituel » – que nous en oublions de « vivre pour Dieu » (2.19) !
« « Le secret de Dieu est avec ceux qui ont eu le cour brisé par la croix, mais guéri par l’Esprit. » (P.T. Forsythe) [Voilà] deux pans essentiels du christianisme. La croix en tant qu’unique chemin par lequel une personne peut devenir juste aux yeux de Dieu, et l’Esprit de Christ en tant qu’unique chemin par lequel une personne peut obéir à Dieu […] Et si nous voyons tant de rage de la part de Paul à défendre sa personne et son Évangile, c’est que des hommes ont aveuglé, fasciné, les Galates en les persuadant d’agir à la place de l’Esprit et d’ouvrer en vertu de la loi là où la foi devait accepter la croix. » (John Piper, www.desiringgod.com).
2. Une salutation qui met les points sur les « i » (1.1-5)
Dès l’adresse de sa lettre, Paul clame haut et fort son autorité et son Évangile (1.1-5).
Aux v. 1-2, il affirme avoir reçu mandat de Dieu directement et non d’une institution ecclésiastique ou d’un autre apôtre. Mépriser l’enseignement apostolique, c’est comme se moquer de Dieu (6.7) !
Au v. 3, la salutation de Paul résume ce dont les Galates ont besoin et que l’Évangile annonce : la grâce et la paix. La grâce me rappelle que Christ a tout accompli : aucun mérite personnel ne contribuera jamais à ma sainteté. La paix, qui vient en second, en est le prolongement naturel : la réconciliation avec Dieu, avec les hommes, et avec soi : « Ces deux termes, grâce et paix, constituent le christianisme » (Martin Luther).
Au v. 4, Paul rappelle dans un modèle de concision le cour de l’Évangile que les Galates oublient : la corruption de ce monde (« le présent siècle »), la réalité du péché, le besoin d’en être délivré, et le sacrifice volontaire de Jésus qui nous en délivre, accomplissant ainsi le plan souverain du Père. L’Évangile a un cour, prenons-en soin : la santé de notre être tout entier en dépend !
Au v. 5, Paul exalte alors la gloire de Dieu. Et quoi de plus normal pour un chrétien que de poursuivre l’ouvre de la grâce de Dieu ainsi : en lui rendant toute la gloire. Combien de fois utilisons-nous la grâce de Dieu pour un plaisir individuel ? Nous la dévions de sa fonction initiale. Pas étonnant que la paix et la joie disparaissent. Je ne suis pas sauvé pour savourer égoïstement mon salut, mais pour être rendu capable d’adorer Dieu seul et de faire connaître sa gloire.
Suggestion : lorsque la Parole de Dieu n’est plus source principale de vérité (v. 1-2), que la grâce et la paix s’éloignent (v. 3) , réajustons notre Évangile (v. 4) et nos perspectives (v. 5).
3. À bas les contrefaçons ! (1.6-10)
Consternation ! Au v. 6, Paul exprime son effroi : les Galates « retournent leur veste » (sens du verbe « se détourner »). Ils tournent le dos à leur vocation spirituelle, l’appel de la grâce. Ils « désertent » Dieu lui-même.
Contradiction ! Au v. 7, Paul démontre que cet « évangile d’un autre genre » est un faux : il n’y a pas d’alternative au seul Évangile de la grâce. Quand le trouble domine une assemblée ou un croyant, la cause en est souvent l’influence d’un faux évangile (cf. 5.8).
Confrontation ! Aux v. 8-9, confrontés à Dieu, ces faux raisonnements et leurs docteurs ne subsistent pas. Séparons-nous vite d’eux avant qu’ils ne nous séparent de Christ (cf. 5.4) ! Confrontons aussi notre pratique à celle de Paul, qui cherche à satisfaire Dieu avant tout, sans se laisser influencer par la peur du qu’en dira-t-on.
Suggestion : il n’existe qu’un seul Évangile. L’altérer serait le pervertir dans son essence… et vivre une piété chrétienne sans vie, ayant renié Celui qui en fait la force : « Christ qui vit en moi » (2.20).
4. Mouvement de l’épitre
Nous venons de parcourir brièvement la salutation et l’introduction de Paul, dans lesquelles se trouvent en germe les arguments de sa lettre. La grande question tourne autour de notre liberté en Christ.
Tout d’abord, Paul défend ce en quoi il est un homme libre (ch. 1-2). L’expérience d’un apôtre n’est pas normative, mais Paul doit affirmer que, libre de toute autorité humaine, il ne dépend que de Dieu (1.11-12). Tout le prouve : – sa conversion miraculeuse grâce à l’intervention directe de Christ (1.13-16) ;
– son ministère hors de la sphère d’influence des autres apôtres (1.16-21), quoique reconnu par les églises juives où il n’a pas travaillé (1.22-24) ;
– son autonomie reconnue par ces apôtres (2.1-10) ;
– son impartialité en faveur de l’Évangile, quand celui-ci est menacé, y compris par un ténor de l’Église (2.11-21).
Ensuite, il démontre en doctrine de quoi nous sommes libérés (ch. 3-4). L’Évangile est supérieur en tout sur la loi. Les judaïsants font tenir à la loi un rôle destiné à la foi. Paul fera appel à leur expérience (3.1-5), à l’Écriture (3.6-4.17), encore à leur expérience (4.8-20), puis à l’Écriture (4.21-31).
. Dieu envoie son Esprit, gage du salut, à ceux qui le reçoivent par la foi, non par leurs mérites (3.1-5). Les croyants appartiennent à la famille de Dieu dont l’archétype est Abraham en tant qu’homme de foi, non en tant qu’icône du judaïsme (3.6-9). La loi exige la perfection. S’y attacher, c’est s’attirer sa malédiction (3.10-12). Le seul moyen d’en échapper, c’est d’accepter que Christ a porté cette malédiction pour nous en libérer (3.13-14).
. La promesse donnée à Abraham est supérieure à l’alliance contractée avec Moïse. La loi n’était que secondaire et temporaire, en attendant que Christ accomplisse la promesse (3.15-18). Bonne, la loi montre le chemin de la perfection, mais ne permet pas de le suivre. Au contraire, elle conduit l’homme à reconnaître son besoin d’être sauvé par un autre que lui-même. En acceptant par la foi que Christ a porté sur lui la malédiction qui lui était destinée, l’homme en est libéré inconditionnellement (3.19-24).
. L’Évangile unit là où les préceptes séparaient (3.25-28). Le croyant n’est plus dominé par la crainte de mal faire, par la pression religieuse ou morale, mais Christ lui a acquis un statut d’héritier (3.29).
. La foi chrétienne rend caduque la nécessité de vivre sous la pression de règles (4.1-11). Il s’agit maintenant de retrouver l’unité brisée par un légalisme importé par des hommes perfides (4.12-20). Les Galates doivent donc chasser ces agitateurs qui dénaturent leur liberté en Christ (4.21-5.1).
Il explique enfin en pratique pour quoi nous sommes libérés (ch. 5-6). Qui comprend combien il a été gracié peut gracier à son tour et commencer à vivre l’unité promise en Christ.
. Christ affranchit le croyant de la loi comme guide de sainteté. Accepter le rite religieux de la circoncision annulerait les bénéfices de la grâce acquis par Christ. Ces faux docteurs n’ont rien à faire là ; ils troublent les Galates en calomniant l’enseignement de Paul (5.1-12). Paul précise : liberté n’est pas licence. Laisser la chair dominer, c’est risquer l’autodestruction des églises. Nous ne sommes plus esclaves de la chair ou de la loi, mais nous devenons les obligés du Corps de Christ, par amour (5.13-15).
. En prenant position dans le conflit interne entre chair et Esprit, nous pouvons laisser Dieu nous diriger (5.16-18). Lui seul sanctifie. Nous nous démarquons progressivement de l’immoralité et de l’idolâtrie ambiantes, Dieu nous transformant peu à peu à l’image du caractère de Christ (5.19-25).
. Notre nouvelle identité se manifeste par toutes sortes de bonnes ouvres, affranchies d’une vision égocentrique et d’ambitions vaines et néfastes. La communion fraternelle se développe, y compris en temps de crise, chacun ayant trouvé sa valeur en Christ et non en se comparant aux autres (5.26-6.5). Elle se développe aussi en partageant généreusement les biens spirituels et matériels. C’est ainsi que l’on sème dès ici-bas pour le salut que Dieu a promis (5.16-6.10).
. Paul conclut en relevant le contraste entre les faux docteurs et lui. Eux se glorifient dans une piété de façade, mais Paul le fait dans la croix de Christ et ses marques d’appartenance au Seigneur Jésus (6.11-15). Il achève sa lettre par un encouragement à vivre dans la grâce de Christ, seul moyen de préserver l’unité. Une assemblée qui vit pleinement la grâce qu’elle a reçue connaîtra la paix et la miséricorde. Qu’on se le dise (6.16-18) !
Conclusion : pour une foi en action
Comme les Galates, beaucoup de chrétiens et d’assemblées ne vivent pas la paix de Christ (1.7 ; 5.15). Pourquoi ? Ils se sont détournés de leur vocation spirituelle, de l’appel de la grâce divine (1.6). Ils tentent d’assurer leur spiritualité par toutes sortes de règles auxquelles ils s’asservissent ou bien ils se « laissent vivre » par une foi passive, tout en assurant un service religieux minimum pour leur bonne conscience. Ils pensent ainsi suivre un Évangile, quoiqu’il n’y ait pas d’autre règle que la grâce de Dieu, par laquelle nous vivons et grandissons.
Quand le christianisme tourne autour d’interrogations narcissiques ou humanistes, il court le risque de minimiser le rôle du sacrifice de Christ à la croix et la puissance du Saint-Esprit dans les vies.
« Je ne rejette pas la grâce de Christ,
car si la justice s’obtient par la loi,
Christ est donc mort en vain. »(2.21).
Lorsqu’il y a péril en « la demeure de la foi » (6.10), ne nous lassons pas de nous rappeler les uns aux autres que « toutes nos sources sont en lui » (Ps 87.7). Puis agissons… ensemble !
de Charles H. Spurgeon
Éditeur : BLF Europe, réédition 2006. 144 pages • Réf. 2072 • 8,50 €. Dans toute librairie chrétienne ou chez l’éditeur à www.blfeurope.com.
Alors que l’homme s’attache à ses performances, ce livre nous ramène à une réalité spirituelle incontournable pour le chrétien : la grâce de Dieu. Sa lecture vous donne l’impression de la toucher d’un peu plus près. Ce n’est pas pour rien que Charles H. Spurgeon fut surnommé le « prince des prédicateurs ». Il nous décrit la grâce de Dieu avec toute la passion et la vitalité qui le caractérisent.
Ce livre est un classique du XIXe siècle. Il ne possède pas toujours la facilité et la fluidité de lecture à laquelle nous sommes habitués par nos livres contemporains. Cependant, le travail éditorial de cette réédition en a considérablement rafraîchi le style tout en tentant de rester fidèle à l’esprit de l’auteur.
Le sujet est loin d’être dépassé. Tout par grâce énonce des vérités bibliques qui s’appliquent encore parfaitement aujourd’hui. La paix et la joie qui découlent de la grâce devraient vous inonder à la fin de cette lecture, comme si vous vous étiez approchés un peu plus de Dieu et de Jésus.
La grâce est indispensable au pécheur qui vient à Jésus-Christ. Ce livre répond bien à ceux qui s’interrogent, à ceux pour qui la foi et la grâce sont du domaine de l’abstrait, à ceux pour qui il semble inutile de parler de Dieu.
Mais n’oublions pas que la grâce ouvre tout autant dans la vie du croyant. Chaque chrétien peut le lire et découvrir d’une manière rafraîchissante la profondeur de l’amour et de la miséricorde de Dieu à son égard. Revenez à Dieu et laissez-le transformer votre vie.
Extraits du chapitre 9
« Le seul point sur lequel le pauvre pécheur impuissant doit fixer son esprit est cette affirmation divine : « Christ est mort pour des pécheurs » ; c’est son unique espoir de délivrance. »
« Dites-vous bien ceci : l’homme qui se repent sincèrement n’est jamais satisfait de sa repentance. »
« Se repentir, c’est changer d’attitude à l’égard du péché, à l’égard de Christ et à l’égard de toutes les choses de Dieu. Cela implique certainement de la tristesse, mais le point important, c’est de détourner son cour ????Aê????C¨?? du péché pour le tourner vers Christ. »
« Ce n’est pas en vous repentant que vous verrez Christ, mais c’est la vue de Christ qui vous donnera la repentance. Avec toute votre repentance, vous ne pouvez pas créer un Sauveur, mais le Sauveur fera naître en vous la repentance. »
« Ce qui sauve, ce n’est pas une grande foi, mais c’est une foi vraie, et ce n’est pas de la foi que dépend le salut, mais de Christ en qui la foi se confie. Une foi pas plus grosse qu’un grain de semence de moutarde est suffisante pour le salut. »
« Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ pour passer à un autre évangile, non pas qu’il y ait un autre évangile. » (Gal 1.7)
Qu’est-ce que l’Évangile ? Que diriez-vous à quelqu’un qui désirerait devenir chrétien ? Quelles vérités essentielles faut-il croire pour être sauvé ? Le paradoxe est que ces questions, élémentaires au demeurant, font l’objet de larges débats au sein de l’Église.
Je crains que, dans bien des milieux, un tout autre message ait remplacé la bonne nouvelle du salut. Une organisation traditionnelle a produit un film pour aider les chrétiens à conduire une personne à Christ. Franchement, la vision erronée qu’il présente de l’Évangile est effrayante.
En trente minutes de film, aucune mention de la résurrection. Il est question de pardon sans définir le péché ; il invite à faire confiance à Christ, sans expliquer la foi. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le film conseille aux croyants de ne jamais parler à un non chrétien de la seigneurie de Christ, de la soumission à sa personne, de l’abandon de notre volonté, du renoncement au péché, ou de l’obéissance à Dieu. Ces vérités n’auraient pas leur place dans la prédication de l’Évangile, mais devraient être réservées pour une phase ultérieure, après que la personne se soit convertie au christianisme !
L’intention est louable : préserver l’Évangile de la grâce seule, sans les ouvres humaines. Il faut expliquer cette vérité biblique : le salut ne peut en aucune façon se gagner ou s’obtenir par les efforts de l’homme. Cependant, par crainte d’enseigner la justice personnelle, sont gommés du vocabulaire évangélique les termes bibliques de repentance, d’obéissance et de soumission.
La foi n’est plus que l’adhésion intellectuelle à quelques vérités fondamentales sur Christ. On peut croire sans obéir. La foi est dépouillée de sa connotation morale, la marche chrétienne selon la justice devient une option. Même la manière dont nous invitons les gens à se tourner vers Christ reflète cette déviation : « Prenez une décision pour Christ ! » Quand pour la dernière fois avez-vous entendu une prédication évangélique exhortant les pécheurs à se repentir et à suivre Christ ? Cependant, n’est-ce pas là le langage que Jésus lui-même a tenu (Mat 4.17 ; Marc 8.34) ?
Cette question peut susciter la controverse. Cependant, tout le monde s’accorde sur ce point : la plus importante question à laquelle soit confrontée l’Église, aujourd’hui, est celle d’une redéfinition de l’Évangile. L’Évangile que nous présentons a des conséquences éternelles. S’il est l’Évangile véritable, il peut conduire des hommes et des femmes dans le royaume éternel. Si le message est corrompu, il peut donner de faux espoirs à des personnes non encore sauvées, tout en les maintenant dans un état de condamnation éternelle. Ce n’est pas une subtilité de théologiens. C’est une question que tout croyant doit comprendre et assimiler parfaitement.
Voici quelques-unes des manières dont on peut aborder la question :
1. Reçoit-on Jésus comme Seigneur et Sauveur, ou comme Sauveur seulement ?
Certains disent qu’on peut refuser d’obéir à Christ tout en le recevant comme Sauveur : le don de la vie éternelle est accordé en gage de la foi même à ceux qui rejettent les exigences morales et spirituelles de Christ. Pour eux, la soumission accompagnant la foi salvatrice est une idée nouvelle.
Or, il n’y a encore pas si longtemps, nul n’aurait osé suggérer que l’on puisse être sauvé tout en s’obstinant à refuser de s’incliner devant l’autorité de Christ. Presque tous les passages bibliques majeurs traitant de la foi qui sauve soulignent la seigneurie de Jésus (Act 2.21,36 ; Rom 10.9-10).
2. La repentance est-elle essentielle au salut ?
Certains disent que le fait de se détourner du péché est une ouvre humaine qui, comme telle, ne saurait être associée au salut. Pour faire correspondre l’appel biblique à la repentance avec leur manière de voir, ils redéfinissent la repentance en la réduisant à un simple changement d’opinion quant à l’identité de Jésus.
Cependant, si l’on s’en tient à l’enseignement biblique, la repentance est une volte-face complète par rapport au péché et à soi-même, pour se tourner vers Dieu (1 Thes 1.9). Pas plus que la foi elle-même, la repentance n’est le résultat d’efforts humains. Elle n’est pas davantage un travail de préparation exigé en vue d’amener le pécheur au salut. La vraie repentance est inséparable de la foi, et comme elle, elle est l’ouvre de Dieu qui agit dans le cour de l’homme. Elle est la réaction inévitable que Dieu produit dans le cour de la personne qu’il est en train de racheter.
3. Qu’est-ce que la foi ?
Certains disent que la foi n’est que la croyance en certains faits. Un théologien en vogue affirme que la foi n’est rien de plus que l’assurance en l’offre divine de la vie éternelle.
Or, selon la Bible, l’objet de la foi n’est pas l’offre divine ; c’est la personne de Jésus-Christ. C’est la foi en lui, qui sauve et non le simple fait d’accepter ses promesses ou ce que la Bible dit de lui. La foi qui sauve dépasse la seule acceptation de certains faits. Les démons eux-mêmes ont cette sorte de foi (Jac 2.19).
Croire en Jésus signifie le recevoir entièrement, tel qu’il est (Jean 1.12). Cela implique deux choses : le confesser en tant que Sauveur et se soumettre à lui en tant que Seigneur. En fait, l’Écriture utilise parfois le mot « obéissance » comme synonyme de foi (Héb 5.9).
4. Qu’est-ce qu’un disciple?
Depuis une centaine d’années environ, un disciple est une sorte de chrétien supérieur. Selon cette nouveauté, on devient croyant à la conversion, et plus tard disciple, quand on passe de la foi à l’obéissance.
Cette conception permet d’obéir aux exigences redoutables de Jésus seulement bien après la conversion. Lorsque Jésus exhorte chaque être humain à renoncer à lui-même, à se charger de sa croix et à le suivre (Marc 8.34) ; lorsqu’il exige de tout laisser (Luc 14.33) et de quitter père et mère (Mat 19.29), il demanderait simplement aux croyants d’accéder au niveau supérieur et de devenir des disciples.
Mais les propres paroles de Jésus contredisent cela : « Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Mat 9.13). Tout son ministère repose sur la prédication de l’Évangile, et ces redoutables exigences en sont une composante essentielle. Tout croyant est disciple et vice versa. Dans les Actes, le terme « disciple » signifie « chrétien », dès les premiers jours de l’Église (Act 6.1-2,7 ; 11.26 ; 14.20 ; 15.10).
5. Quelle est la preuve du salut ?
Dans leur zèle à éliminer les ouvres comme condition du salut, certains sont allés jusqu’à prétendre que les ouvres elles-mêmes ne sont pas une confirmation valable de la conversion. Ils enseignent qu’on peut être authentiquement sauvé et cependant ne jamais manifester le fruit du salut, à savoir une vie transformée.
Quelques-uns ont même avancé l’idée absurde qu’une personne née de nouveau pouvait à la longue se détourner de Christ, renier Dieu et sombrer dans l’athéisme, et cependant toujours posséder la vie éternelle. Un auteur a inventé une formule pour désigner de telles personnes : « des croyants incroyants » !
L’Écriture affirme clairement qu’une personne sauvée ne pourra jamais perdre son salut. Il en ressort tout aussi clairement qu’un chrétien authentique ne sombrera jamais dans l’incroyance totale. Ce genre d’apostasie est la preuve que la personne n’est jamais passée par une nouvelle naissance réelle (1 Jean 2.19).
Une personne sauvée voit sa vie transformée en mieux (2 Cor 5.17). Elle est sauvée « pour de bonnes ouvres » (Éph 2.10), et il lui est impossible de ne pas manifester au moins quelques-uns des fruits qui sont la marque du racheté (Mat 7.17). Ses désirs changent ; elle commence à haïr le péché et à aimer la justice. Elle ne sera pas sans péché, mais la tendance générale de sa vie ira dans le sens d’une diminution du péché et d’une justice accrue.
Il est essentiel que vous repassiez ces questions cruciales dans votre cour. Étudiez l’Évangile que présente l’Écriture. Usez de discernement lorsque vous écouterez un orateur. Passez toutes choses au filtre de la Parole de Dieu. Et par-dessus tout, assurez-vous que le message que vous communiquez aux incroyants est l’Évangile authentique de Christ.
John MacArthur, « Pour un évangile authentique », repris de Promesses, 97, 1991/3, p. 14. Texte original paru dans Evangelicals Now, juin 1990, sous le titre « Getting the Gospel Right », traduit par Dominique Mallol, avec la permission de Word of Grace Europe (Tony Ruston, Dit).
Quelle épître vigoureuse ! Quel sentiment d’urgence de la part de Paul ! Comment lire sa lettre aux Galates sans être frappé par la force émotionnelle de l’apôtre et par sa rage de défendre l’Évangile, unique chemin de salut et de vie en Christ ?
« Qui comprend son message, comprend l’Évangile », a-t-on dit. Peu de textes ont autant marqué l’Église d’une influence aussi durable. Son rayonnement jaillit jusqu’à la Réforme protestante qui revendiquera la justification par la grâce seule. Pas étonnant que ce livre biblique fut le préféré de Luther au point qu’il l’appelait sa « Catherine », comme marié avec (c’était le prénom de son épouse).
Paul, qui a bien connu les ravages vers lesquels peut entraîner une vie légaliste (comme l’introduit N. Bourgeois) avertit les Galates contre cet instinct religieux qui asservit leur liberté en Christ (F. Mondin). Il n’y a qu’un seul Évangile, veillons à ne pas tromper les inconvertis quand nous l’annonçons (J. MacArthur). D. Richir nous racontera de manière pertinente comment Paul invite chaque personne de la Trinité au fil de son apologie. Qu’est-ce qu’un homme spirituel ? Vous en lirez des éléments de réponse par le Dr Chafer. D’un point de vue pratique, un témoignage donnera sens à la crucifixion de la chair affirmée au ch. 5 (A.-P. Sage). Bien que la grâce demeure notre seule règle, ne méprisons pas non plus nos responsabilités concernant notre vie personnelle (J. Baltatzis) et notre dette mutuelle d’amour (S. Théret).
Puissions-nous défendre avec la même énergie et le même amour que Paul la « vérité de l’évangile » ! Notre foi s’en trouvera décuplée et la gloire de Dieu plus visible que jamais !
« Portez les fardeaux les uns des autres et vous accomplirez ainsi la loi de Christ. »
Galates 6.2
Un jour qu’il faisait particulièrement froid et qu’il neigeait, le Sadou Sundar Singh parcourait la montagne avec un Tibétain. Ils souffraient tous deux de la température excessivement basse et se sentaient à peu près gelés, si bien qu’ils désespéraient d’atteindre le but de leur course.
En chemin, ils trébuchèrent sur un homme qui risquait d’être enseveli par la neige, inconscient et à moitié mort. Le Sadou proposa de porter cet homme jusqu’à un abri, mais le Tibétain refusa de l’aider, disant qu’ils avaient suffisamment à faire pour eux-mêmes. Et il continua sa route.
Alors le Sadou, avec beaucoup de peine, réussit à charger l’homme sur ses épaules. Grâce à cet effort supplémentaire, il commença à se réchauffer, et peu à peu, l’homme à moitié gelé se réchauffa lui-même par ce contact.
Ils arrivèrent plus loin sur le corps du Tibétain. gelé. Quand le Sadou atteignit le village, l’homme à moitié mort, quant à lui, avait repris connaissance.
« Deux valent mieux qu’un. Car, s’ils tombent, l’un relève son compagnon ; mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever ! »
Ecclésiaste 4.9-10.
L’auteur de la lettre
Saul, originaire de Tarse, issu de la tribu de Benjamin, était au départ un pharisien1 zélé pour la loi, mais ennemi de Jésus-Christ et persécuteur des chrétiens. Ayant la double nationalité, juive et romaine, il était probablement membre du sanhédrin2 (Actes 26.10) et son père était un pharisien strict (Actes 23.6). Versé dans la religion et la culture juives, brillamment doué, membre d’une famille distinguée, le jeune pharisien bouillant était préparé à remplir de hautes fonctions au sein de son peuple.
Sur le chemin de Damas, Jésus lui-même du haut du ciel l’a interpellé et arrêté, pour faire de lui un serviteur de l’Évangile. Devenu Paul, apôtre, il a été envoyé par Christ pour porter le message de l’Évangile à tous les hommes, particulièrement aux nations non juives. Son activité infatigable s’est déployée non seulement en Israël, mais dans toute l’Asie mineure et en Grèce. Paul est l’auteur de cette lettre (preuves internes : 1.1 et 5.2).
Les destinataires de la lettre
Cette lettre est adressée aux assemblées de Galatie (1.3).
Le nom de Galatie provient de certaines tribus gauloises : après avoir envahi la Macédoine et la Grèce (278 à 277 av. J.-C.), elles pénétrèrent en Asie Mineure où elles reçurent un territoire du roi de Bythinie, Nicodème, en remerciement pour les services rendus à la guerre (dans le nord de la Turquie actuelle). Les Grecs appelèrent ces Gaulois « Galatai ». Favorisés par les Romains, les Galatesétendirent leur territoire vers le sud, incluant une partie de la Phrygie, la Pisidie, la Lycaonie et l’Isaurie. La Galatie devint une province romaine représentantun vaste territoire. Géographiquement, le terme de la Galatie se référait à un territoire au nord de l’Asie mineure, tandis que politiquement il désignait au sud la province romaine de la Galatie.
Il n’y a pas de preuve que Paul ait prêché aux Galates du nord, il est juste signalé qu’il traversa cette contrée lors de son deuxième voyage (Actes 16.6). Par contre, dans les Actes, Luc s’étend longuement sur le travail missionnaire de Paul dans le sud lors de son premier voyage avec Barnabas (Antioche de Pisidie, Icône, Derbe, Lystre). Il semble donc probable que Paul ait écrit à ses convertis évangélisés quelques années plus tôt (Actes 13.13-14.26). Nous penchons donc plutôt pour la seconde option : Paul écrit aux églises de Galatie (Antioche, Icône, Derbe, Lystre, etc) qu’il a visitées lors de son premier voyage missionnaire.
Les assemblées de Galatie étaient essentiellement composées d’anciens païens (4.8) tentés à présent d’adopter la circoncision (5.2, 6.12) et d’une minorité de Juifs et de prosélytes (2.15, 3.13, 25, 28-29, 4.5). Tous connaissaient déjà une grande partie de l’histoire de l’A.T. (3.6-9, 4.21-31), de la loi de Moïse (3.10-12) et des écrits des prophètes (4.27).
La date de la lettre
La datation dépend de la position prise quant aux destinataires. Les partisans de la « théorie du nord » pensent que la lettre fut écrite après le Concile de Jérusalem (Act 15). Celui-ci serait relaté au chap 2. Nous penchons pour la « théorie du sud » dont la plupart des partisans situent la rédaction de la lettre vers 48 ou 49 apr. J.-C, avant le Concile.
Le pourquoi de la lettre
Après le passage de Paul dans les assemblées de Galatie, des prédicateurs judaïsants y entrèrent et introduisirent de fausses doctrines. Ils enseignaient qu’en plus de la foi en Christ, il fallait observer la loi et les fêtes juives pour être sauvé (4.9-10) ainsi que la circoncision (5.2-4, 6.12). Paul doit donc à tout prix empêcher que le christianisme devienne simplement une secte messianique du judaïsme légaliste.
Pour faire passer cet « autre évangile » (1.6-7), ces faux enseignants adopte une stratégie mesquine : ils mettent en doute l’apostolat de Paul (1.1, 2.1-11). Paul doit rétablir la vérité sur son appel. Cette lettre répond donc à un double but : 1. Paul défend son autorité d’apôtre : il est pleinement légitime, directement mandaté par Dieu. 2. Paul défend son enseignement : l’Évangile qu’il annonce est le seul véritable message de Dieu.
Le comment de la lettre
Paul développe sa double thèse de la façon suivante : 1. il rétablit son apostolat et son autonomie d’apôtre reconnu par les apôtres de Jérusalem (chap 1-2) ; 2. il expose le véritable Évangile, celui de la justification par la foi hors de toute contribution charnelle (chap 3-4) ; 3. il redresse l’erreur de ceux qui étouffent la liberté chrétienne par leur approche légaliste, prêchant la nécessité des rituels religieux ou moraux (chap 5) ; 4. il souligne enfin que l’éthique chrétienne (support mutuel, soutien des serviteurs de Dieu, pratique du bien envers tous), loin de faire mériter le salut, en est le fruit naturel, et que penser le contraire aboutit aux défaillances signalées (chap 6).
L’épître aux Galates joue un rôle crucial au début de l’ère chrétienne car elle dénonce avec force et vigueur tout ce qui s’ajoute au pur Évangile. C’est pourquoi elle sera appelée par les Réformateurs « la Grande Charte de la liberté chrétienne » (voir article suivant).
- Groupuscule juif très assidu à la lecture des Écritures et à l’observance de la loi et par son désir de voir la loi ou torah englober toujours mieux tous les aspects de la vie quotidienne, d’où le développement des 613 règles
- Terme du Nouveau Testament, désignant le conseil supérieur, gouvernant le peuple juif (Mat 26.59). Il est composé d’anciens, de grands prêtres, de scribes et de docteurs de la loi.
Le défi de Paul
Après avoir, dans les chapitres 1 et 2, défendu son apostolat auprès des Galates par son témoignage, Paul développe, dans les chapitres 3 à 6, une réponse plus « théologique » à la fausse logique de ses adversaires. Son argumentation peut se décomposer en trois mouvements, chacun organisé autour d’une opposition : loi et foi, esclavage et filiation, chair et Esprit. À chacune d’elles, l’apôtre raccroche une des personnes de la Trinité : aux partisans d’un judaïsme légaliste accommodé d’un Messie, Paul propose un Dieu trinitaire, en action pour le salut et la transformation de son peuple !
1. Sauvés par la foi ou par la loi ? – Le Père (ch. 3)1
La première antithèse qu’aborde Paul, celle de la loi et de la foi, est le thème clé de l’épître2 , le problème fondamental des Galates. En effet, les opposants à l’apôtre défendent l’idée que tout bon chrétien se doit de pratiquer la loi de Moïse pour être juste devant Dieu. Si c’est bien Dieu qui a donné la loi à son peuple pour qu’il la pratique, pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ?
Pour répondre à ses adversaires, Paul se place sur leur terrain : il met au centre de son argumentation le Père, le Dieu unique (3.20) qui donne la loi (3.19). Mais plutôt que d’en rester à ce portrait sommaire, l’apôtre souligne, à grand renfort de citations de l’Ancien Testament, que ce Dieu Père est aussi celui des promesses faites à Abraham.
Abraham est une des figures clé de l’épître. Il est le Juif croyant par excellence, mais. il est d’origine païenne ! Sur quelle base a-t-il pu être justifié, sinon par sa foi dans les promesses de Dieu ? C’est ce même principe de la justification par la foi que Paul applique aux croyants d’origine païenne.
L’apôtre va plus loin ! Il démontre que la loi n’a jamais eu pour fonction de justifier, pas même le peuple juif (cf. usage des nous en 3.23-25). Elle était un conducteur qui dénonçait l’incapacité des hommes à faire le bien et pointait vers la « semence » promise à Abraham : le Christ (3.16).
Le Père, Dieu unique (3.20), donne la loi (3.19). Si Paul enseigne que la loi fait partie du passé, cela signifie-t-il qu’il faut rejeter ce Père et son autorité ? Non, au contraire ! Et c’est ce que Paul montre ensuite en détaillant la nouvelle relation qui s’établit entre le Père et le croyant, par le moyen du Fils.
2. Un peuple de fils ou d’esclaves ? – Le Fils (ch. 4)
Si la figure du Dieu Père ne ressort pas avec une grande netteté du chapitre 3, la deuxième antithèse donne l’occasion à Paul de mieux nous présenter le Père, à la lumière du Fils. En effet, la loi de l’Ancien Testament ne mettait pas en avant la paternité divine. Il a fallu attendre la pleine révélation du Fils pour nous introduire dans cette nouvelle relation à Dieu comme « notre Père ».
Le problème des Galates a une consonance ethnique : il faut devenir Juif pour être un vrai chrétien, membre du peuple de Dieu. Paul redéfinit fondamentalement les frontières de ce peuple, en faisant du Fils le principe d’appartenance à l’alliance de Dieu. Il ne s’agit plus d’être Juif ou non-Juif, mais d’être « en Christ », d’avoir « revêtu Christ », par la foi (3.26-27).
La nature même du peuple de Dieu change. Il n’est plus composé, comme dans le schéma de l’ancienne alliance, de sujets soumis à leur souverain ou d’esclaves soumis à leur maître. Ce peuple nouveau est formé de fils et de filles attachés à leur Père par des liens d’amour. Cette nouvelle relation n’est possible qu’à cause de la personne du Fils et de son ouvre. Lui, le Fils éternel, est né d’une femme, sous la loi, pour nous libérer de l’esclavage de la loi (4.4-5). Par lui, en lui, le Père nous adopte, nous fait héritiers des promesses données à Abraham, que nous soyons Juifs ou païens, en nous envoyant son Esprit (4.6-7).
Quel séisme ! Les fils légitimes de Dieu ne sont plus ceux que l’on croyait ! Plus de généalogie, de circoncision, de territorialité. plus de Mont Sinaï, plus de Jérusalem terrestre, pour définir ce peuple (cf. allégorie d’Agar et Sara : 4.21-31) ! Un seul élément demeure : la promesse qui pointe vers le Fils. Paul compare même la pratique de la loi avec le culte des dieux païens (4.3 et 4.8-10) ! Si nos principes, si justes soient-ils, prennent la place du Fils, ils deviennent nos idoles et nous leurs esclaves.
Dans cette section, Paul utilise l’image de la filiation pour parler de la nouvelle nature que le Père nous accorde lors de notre adoption en Christ (4.6-7). Mais l’apôtre utilise également le langage de l’enfantement pour parler de son travail parmi les Galates, de ses efforts pour que « le Christ soit formé » en eux (4.19). Comment comprendre ces images ? Sommes-nous fils lors de notre adoption ou seulement lorsque le Christ est formé en nous ? C’est cette question que Paul va développer dans sa dernière partie consacrée à la vie du chrétien transformé par l’Esprit.
3. Une vie par l’Esprit ou par la chair ? – Le Saint-Esprit (ch. 5-6)
Le Père donne la loi, le Fils l’incarne et nous en libère. Mais comment vivre cette liberté ? Comment être ce fils, cette fille, de Dieu le Père, à l’image de Dieu le Fils ? C’est Dieu l’Esprit, placé en nous lors de notre adoption (4.6), qui nous conduit dans ce chemin de liberté !
La nouvelle incroyable que Paul rappelle aux Galates, c’est que l’héritage promis à Abraham et aux croyants de l’ancienne alliance n’est autre que le don du Saint-Esprit (3.14) ! Relayée par les prophètes (cf. Ez 36.26-27), cette promesse de Dieu de mettre son Esprit dans les cours se réalise pour le nouveau peuple de Dieu.
L’Esprit témoigne de l’adoption reçue (4.6), mais ce n’est pas son seul rôle. Comme l’avait prophétisé Ézéchiel, par son Esprit Dieu rend l’homme capable d’accomplir sa loi (5.14,16,23). Paul renverse la perspective : la pratique de la loi ne conduit pas au salut, c’est le salut qui conduit à la pratique de la loi. Dieu nous libère pour le servir.
Mais comment accomplir cette loi ? L’ancienne alliance n’est-elle pas un témoignage éclatant de l’incapacité de l’homme à le faire ? C’est fort de ce constat que Paul présente l’action de l’Esprit dans le croyant comme une nouvelle création (6.15). En effet, sans l’Esprit, la vie du croyant est vouée à l’échec. Car s’il s’appuie sur la chair, sa vieille nature, elle le poussera à pratiquer ce qu’il ne veut pas (5.17). Ce n’est qu’en marchant par l’Esprit, en le laissant produire son fruit (5.22-23), que le chrétien pourra accomplir la loi. Quelle loi ? Pas celle de Moïse, mais celle du Christ (6.2) ! Celle qu’il a donnée dans son Sermon sur la Montagne (Mat 5-7) et résumé ainsi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu [.] et ton prochain comme toi-même » (Mat 22.37-40, cf. Gal 5.14). Et il ne nous faut pas moins que l’Esprit pour faire cette ouvre en nous !
Conclusion : la Trinité en action !
Arrivés au terme de notre survol, il est frappant de constater la cohérence et l’équilibre de l’apôtre dans son traitement de l’action du Dieu trinitaire. Le Père donne la loi, le Fils l’incarne pour nous et l’Esprit nous la fait vivre. Tout en distinguant clairement les trois personnes de la Trinité, Paul montre également la continuité et l’unité de leur action : notre salut ! Le Père nous le promet, il envoie son Fils qui le réalise objectivement à la Croix, et son Esprit pour l’appliquer subjectivement à nos vies. Les ouvres du Dieu trinitaire sont, comme ses trois personnes, si intimement mêlées qu’on ne peut ôter quoi que ce soit à l’un sans enlever quelque chose à l’autre.
Par sa manière d’argumenter, Paul nous interpelle. Pour lui, la Trinité n’est pas une simple affirmation de foi – il n’explicite d’ailleurs jamais formellement le dogme trinitaire – mais un Être en action dans sa vie. Pour l’apôtre, l’être du Dieu Tri-Un se découvre en méditant ses actions dans, pour et avec l’homme.
Quelle place a le Dieu trinitaire dans notre piété, nos réflexions, nos enseignements ? Atteignons-nous l’équilibre de l’apôtre, ou sommes-nous plutôt « du Père », « du Fils », ou encore « de l’Esprit » ? Notre compréhension de la Trinité est-elle simplement abstraite ou percevons-nous son action concrète dans nos vies ?


1 Par souci de lisibilité, les limites entre les sections étant parfois floues, nous proposons un découpage par chapitre. On pourrait néanmoins adopter un découpage plus précis : loi et foi (3.6-25), esclavage et filiation (3.26-5.1), chair et Esprit (5.2-6.10).
2 Le mot loi est le nom commun le plus fréquent dans l’épître (32 fois).
Cet article présente deux extraits (le début et la fin) d’un chapitre du livre L’homme spirituel (1918), du Dr Lewis Sperry Chafer, ancien recteur de la Faculté de Théologie de Dallas (Texas). Le texte que vous lirez est une traduction de l’original, publiée par la Mission Évangélique Belge (7 rue du Moniteur, Bruxelles) à une date non précisée. Le texte a été légèrement modernisé dans son expression. Dans les chapitres précédents, l’auteur a rappelé deux conditions essentielles d’une spiritualité authentique et vraiment biblique : « N’attristez point le Saint-Esprit », et « N’éteignez point l’Esprit ». Le titre de cet article correspond à la troisième condition de réussite spirituelle. Le temps écoulé depuis la rédaction de l’ouvrage de L.S. Chafer n’a en rien entamé son actualité.
« Je dis donc : Marchez par (ou : selon) l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à la chair ; ils sont opposés l’un à l’autre, afin que vous ne fassiez pas ce que vous voudriez. » (Gal 5.16,17)
Que signifie : Marchez selon l’Esprit ?
Plusieurs textes de l’Écriture insistent sur ce principe vital ; mais c’est en Galates 5.16 qu’il est peut-être le plus directement formulé : « Je dis donc : Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. » Ce passage est mieux rendu ainsi : « Mais je dis : Marchez par l’Esprit et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair. » (Version Darby) L’enfant de Dieu n’a en lui-même aucun pouvoir par lequel il puisse entrer dans la « marche selon l’Esprit », la favoriser ou la maintenir.
Ce passage de l’Écriture, s’il est bien interprété, n’impose pas à un chrétien l’impossible exigence d’avoir à accomplir dans sa propre force une « marche selon l’Esprit ». Il révèle plutôt que c’est l’Esprit qui veut animer le chrétien dans cette marche. La responsabilité humaine est celle d’une entière dépendance de l’Esprit. Marcher par l’Esprit, c’est simplement marcher en se confiant dans la capacité et la puissance de l’Esprit qui habite en nous. La même vérité, quoique présentée différemment, est déclarée au verset 18 : « Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi. » En aucune manière, le croyant n’a à conduire ou à diriger le Saint-Esprit. Mais il peut dépendre de l’Esprit, et en ceci réside exactement sa responsabilité, telle qu’elle est révélée dans ce passage.
La troisième condition de la vraie spiritualité est donc une confiance ininterrompue en l’Esprit pour qu’il fasse ce qu’il est venu faire et que lui seul peut faire. Le Père a pourvu à ce que le péché puisse être tenu en échec (empêché) dans la vie de son enfant. Les résultats de l’entrée en scène de cette ressource divine sont au-delà de notre capacité d’estimation : « Vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. »
C’est souvent le commencement d’un jour nouveau dans la vie d’un chrétien quand il croit réellement et écoute assez la Parole de Dieu pour devenir conscient de ses propres limites, et qu’il considère sérieusement la révélation exacte de ce qu’il peut ou ne peut pas faire lui-même, et de ce que l’Esprit qui habite en lui est venu faire. Il est rare que nous essayions d’accomplir le travail que nous avons engagé un autre à faire. Nous nous reposons naturellement sur la personne que nous avons engagée pour faire ce travail. Avons-nous jamais appris à dépendre de l’Esprit pour quelque chose ? Comptons-nous d’une manière intelligente sur l’Esprit pour entreprendre les ouvres particulières que, selon les Écritures, il est mandaté à accomplir ? Croyons-nous vraiment que nous sommes absolument aussi impuissants que sa Parole le déclare ? Croyons-nous réellement qu’il est capable d’achever chaque tâche que nous ne pouvons pas accomplir, et qu’il attend pour le faire ? Ayant commencé par l’Esprit, en ce qui touche à l’ouvre de Dieu dans l’accomplissement de notre salut, allons-nous maintenant être rendus parfaits par la chair ? (Gal 3.3) En face des difficultés insurmontables d’une vie chrétienne normale, vivons-nous d’une manière consciente sur le principe des ouvres ou sur le principe de la foi ? La Bible déclare expressément que le croyant est établi sur le principe de la foi, s’il est réellement dans le plan de Dieu pour sa vie journalière. Ces enseignements simples se trouvent sur les pages du livre de Dieu, et un chrétien attentif ne peut guère éviter de les découvrir.
Une qualité de vie qui honore Dieu, voilà le constant objectif divin dans la vie journalière du croyant. Une telle qualité ne pourra jamais être atteinte par les résolutions ou par les efforts humains, non plus que par les ressources de la chair : c’est en combattant « le bon combat de la foi » (1 Tim 6.12). Il y a une grande différence entre « combattre » pour accomplir ce que Dieu seul peut faire, et « combattre » pour maintenir une attitude de dépendance vis-à-vis de lui pour faire ce que lui seul peut faire. L’enfant de Dieu a une responsabilité qui l’engage pleinement à continuer à vivre dans une attitude de confiance en l’Esprit. C’est ici le point qui réclame son attention constante. C’est ici la tâche divine qui lui est assignée et son domaine de coopération aux puissantes entreprises de Dieu. Le mécanicien d’une locomotive n’arrivera pas à grand-chose en poussant son lourd convoi. Il n’est pas destiné à un tel service. Son utilité réelle commence quand il prend sa place aux commandes. Le conflit capital dans la vie du croyant consiste à maintenir une constante attitude de confiance en l’Esprit. Ainsi, et seulement ainsi, l’Esprit peut posséder et vivifier chacune des facultés de l’homme, ses émotions et ses décisions.
C’est, sous tous les angles, sa propre vie chrétienne que le chrétien est appelé à vivre, et il n’a pas conscience de faire usage d’autre chose que de ses propres facultés ; mais celles-ci seront revêtues de puissance par l’Esprit comme elles ne pourraient pas l’être autrement. L’action de l’Esprit ne met nullement de côté les fonctions normales de l’âme et de l’esprit humain. Il agit jusqu’à accorderla plénitude de puissance qui correspond à l’accomplissement de la volonté bénie de Dieu. « Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. » « La victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi » (1 Jean 5.4).
Le rationalisme est directement opposé à la foi. Certains raisonneurs s’insurgent contre l’enseignement du salut par la foi seule. Ils se révoltent, soit parce qu’ils ne connaissent pas, ou ne croient pas la Parole de Dieu. D’autres, pareillement, s’insurgent contre l’enseignement de la possibilité, par la foi seule, d’une victoire constante dans la vie journalière du croyant. Ceci également vient de ce qu’ils ne connaissent pas ou ne croient pas les Écritures. La doctrine traitant de la sainteté produite par Dieu dans notre vie ne s’appuie pas sur un ou deux textes seulement. C’est l’un des grands thèmes, si ce n’est le thème capital des épîtres ; car non seulement cette doctrine est enseignée à longueur de textes, mais chaque exhortation adressée au chrétien est basée sur les principes exacts révélés dans cette doctrine. Elle constitue un des éléments les plus vitaux dans les provisions de grâce qui caractérisent le temps de l’Église.
[L’auteur s’attache ensuite à démontrer qu’il y a au moins trois bonnes raisons de se confier sans réserve au Saint-Esprit :
– les idéaux terrestres sont incompatibles avec l’inaccessible idéal céleste ;
– l’ennemi des croyants gouverne le monde ;
– notre nature adamique, active jusqu’au jour de notre mort physique, est incorrigible.
Pour une bonne compréhension de l’ouvre du Saint-Esprit, L. S. Chafer s’attache à définir les termes de la « chair » (en grec : sarx), du « vieil homme » (en grec : palaios anthropos) et du « péché » (en grec : hamartia). Il commente ensuite longuement les divers aspects de la participation du croyant à la mort de Christ (cf Rom 6.1-11) et de sa vie victorieuse en lui. Ce qui suit clôt ce chapitre.]
Qu’est-ce que la spiritualité ?
La troisième condition à remplir par un chrétien pour être spirituel, c’est donc de mettre une confiance déterminée en l’Esprit, ce qui est une « marche par (le moyen de) l’Esprit ». Une telle confiance en l’Esprit est absolument nécessaire, car sans elle marcher d’une manière digne de la vocation céleste devient une impossibilité. C’est la seule arme efficace contre la puissance adverse de Satan et la présence continue, dans le croyant, de la « chair » avec sa nature adamique. Nous ne pouvons nous acquitter aujourd’hui des responsabilités de demain. C’est pas à pas que notre marche doit se faire et cela demande une appropriation constante de la puissance de Dieu. La vie chrétienne n’est jamais comparable à une ascension en ballon dans laquelle nous pourrions nous élever une fois pour toutes et n’avoir plus aucun trouble ni aucune tentation. C’est une « marche », une « course », un « combat ». Toutes ces expressions parlent de continuation. Le combat de la foi est celui de la confiance continue au Saint-Esprit. Pour ceux qui marchent ainsi avec Dieu, il y a une porte ouverte vers la « communion… avec le Père et avec son Fils » (1 Jean 1.3), vers une vie féconde et un service qui soit une manifestation spirituelle à la gloire de Dieu.
Qu’est-ce donc que la vraie spiritualité ? C’est la manifestation non entravée de l’Esprit habitant le croyant. Il y en a plusieurs signes (cf Gal 5.22-25). Ces réalités bénies sont toutes possibles par le fait de la présence et de la puissance de l’Esprit, et seront produites normalement par l’Esprit dans le chrétien qui n’attriste point l’Esprit, mais a confessé tout péché connu, qui n’éteint pas l’Esprit, mais est livré à Dieu, et qui marche par l’Esprit dans une attitude de dépendance de sa puissance seule. Un tel homme est spirituel parce qu’il est rempli de l’Esprit. L’Esprit est libre d’accomplir en lui tout le dessein et le désir de Dieu pour lui. On ne peut rien désirer de plus grand, de plus beau que cela dans la vie et le service de chaque jour. « Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Cor 15.57)
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