PROMESSES
Scott McCarty nous donne une vue biblique sur l’Église et son gouvernement avec l’exercice des divers dons et ministères dans leur pluralité et complémentarité. Une vision biblique à redécouvrir !
I. Organisme et organisation de l’Église
Notre objectif est de réfléchir sur l’Église telle que le N.T. l’a révélé. Distinguons d’abord l’Église universelle, corps de Christ, (1 Cor 12.12) de l’église locale (par ex. celle d’Antioche). Quant à la première, « l’Église est un organisme spirituel qui est le corps du Seigneur Jésus-Christ, composé uniquement de tous les croyants convertis, devenus membres de ce corps par le baptême du Saint-Esprit1, et cela depuis la Pentecôte jusqu’à l’enlèvement de l’Eglise en la présence de Christ »2. Les versets suivants appuient cette définition : Act 1.5 ; 11.15-17 ; 2.1-5 ; 1 Cor 12.12-13 ; Éph 4.11-13,15-16 ; Col 1.28 ; 1 Thes 4.16-17.
Quant à l’organisation de l’Église, voici une bonne définition : « C’est l’institution terrestre, temporelle, constituée de tous ceux qui professent la foi dans le Seigneur Jésus-Christ, dans le but de l’adorer, de pratiquer la communion fraternelle et de témoigner »3. La réalité actuelle nous oblige d’admettre que cette organisation inclut trop souvent non seulement ceux qui sont membres du corps de Christ mais aussi ceux qui ne le sont pas.
En effet, l’idée d’organisme n’est pas automatiquement contradictoire avec celle d’organisation. Paul nous montre qu’à Corinthe, les membres organiques et les membres organisationnels étaient bien les mêmes (1 Cor 1.2). Lors des débuts historiques de l’Eglise à Jérusalem (Act 2.1,47 ; 4.32 ; 5.13-14), organisme et organisation recouvraient la même réalité ; cette situation a perduré pendant les premières années qui ont suivi la Pentecôte.
Mais déjà dans Act 8.13,20-23, une rupture survient entre les deux, car il semble que Simon n’ait pas passé par une réelle conversion. Dans les épîtres, nous voyons s’élever de faux prophètes et enseignants au sein même d’une église locale. L’histoire de l’Église démontre que la notion biblique de l’Église a été complètement faussée, et qu’elle a été redécouverte à partir de la Réforme, puis du piétisme et des grands mouvements de réveils évangéliques. Cela explique que de nos jours, il peut y avoir des personnes non converties à Jésus-Christ et qui sont membres d’une église locale, alors que d’autres personnes, d’authentiques enfants de Dieu, peuvent ignorer complètement le fonctionnement néotestamentaire d’une église.
II. Sept principes essentiels
Le but de cette étude est de confirmer ce que les Ecritures nous enseignent à propos de la réalité de l’église locale, qui procède du rassemblement des croyants à un endroit déterminé. Il y a au moins sept principes essentiels dont les églises locales devraient témoigner :
1. Il y a un seul corps (Éph 4.4.).
2. Christ est la tête de ce corps (Éph 5.23 ; Col 1.18).
3. Tous les croyants sont membres de ce corps.
4. Le Saint-Esprit est le vicaire de Christ dans l’Eglise (Jean 14.16-20).
5. L’Eglise de Dieu est sainte (1 Cor 3.17).
6. Les dons sont donnés pour l’édification de l’Eglise (Éph 4.11-12).
7. Tous les croyants sont des sacrificateurs de Dieu (1 Pi 2.5-9).
Cet article examinera l’église locale à partir de ces sept points fondamentaux tout en se concentrant sur des observations complémentaires tirées du Nouveau Testament4.
1. Il y a un seul corps
Ephésiens 4.4 : Les Ecritures montrent clairement que cet organisme est le corps de Christ. La rude critique de Paul aux Corinthiens qui se réclamaient, soit de Paul, soit de Pierre…, indique parfaitement qu’aucun nom ni parti-pris humains ne doivent être source de divisions dans ce corps. Romains 1.7 établit que tous les croyants sont « appelés saints » (klétois hagios) au delà de toute étiquette dénominationnelle. Paul adressait ses lettres aux croyants de Corinthe, de Colosse, de Rome, etc. Le fait qu’il y ait aujourd’hui tant de confessions différentes dans l’Eglise est le fruit d’un esprit de discorde et d’ignorance des Ecritures. L’église locale doit reconnaître tous ceux qui professent Christ, s’ils sont sains dans leur doctrine et saints dans leur conduite. C’est l’unité, manifestée ainsi à la table du Seigneur lors de la cène.
2. Christ est la tête du corps
Ephésiens 5.23 ; Colossiens 1.18 : Puisque le corps est celui de Christ, il est tout à fait normal qu’il en soit la tête. Lui seul est le Maître de ceux qui forment les différentes parties du corps. L’Eglise dans sa forme universelle et locale doit compter sur lui pour tous ses besoins. Ni le président d’un synode ou d’une communauté évangélique, ni l’évêque d’un diocèse, ni l’évêque de Rome, ne sont habilités à usurper la place de la Tête du corps de Christ. L’exemple affligeant d’un Diotrèphe dans 3 Jean 9-10 est significatif et a été cité pour nous prévenir du danger constant d’une soif de pouvoir charnel au sein de l’église même. « Les quartiers généraux », selon W. MacDonald5, sont dans les lieux célestes où se trouve la tête, Christ. Ce dernier nous enseigne qu’il n’appartient pas à ses disciples d’exercer l’autorité sur qui que ce soit de façon hiérarchique, démagogique, semblable à celle du monde (Mat 26.20).
3. Tous les croyants sont membres du corps
Actes 2.47 : L’assemblée locale doit enseigner cela en toute sincérité et vérité. La base d’une communauté authentique se trouve dans Rom 15.7 : « Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. » Trois autres exigences sont requises pour l’acceptation d’une personne nouvelle dans une église : – Un croyant doit avoir une vie qui honore Dieu (1 Cor 5.11 ; 10.21).
– Un croyant sous discipline pour des raisons valables et bibliques dans une église, et qui ne se repent pas, ne devrait pas être accepté dans une autre église.
– Une personne doit être trouvée fidèle à la doctrine du Christ (2 Jean 10).
D’autre part, il ne doit y avoir aucun favoritisme ; un frère faible doit être reçu comme le frère fort, car l’accueil est à la base de la vie. L’accueil d’un frère ne doit pas dépendre de sa connaissance approfondie de la Bible, ni de sa situation sociale, mais de sa vie en Jésus-Christ.
Il y a au moins cinq démarches requises dans les Ecritures concernant la façon d’accueillir une personne nouvelle dans une assemblée :
a) par une lettre de recommandation (Rom 16.1) ;
b) par le témoignage de personnes reconnues ou de confiance (Mat 18.16 ; Act 9.27) ;
c) par une personne qui, ayant la confiance de l’assemblée, peut en recommander une autre (Rom 16.1 : Phœbé est recommandée par Paul à l’église de Rome) ;
d) par une réputation de bon serviteur de Christ (2 Cor 3.1-3) ;
e) par un entretien consciencieux des anciens avec la personne en question (1 Pierre 3.15). Si la personne à accueillir enseigne des hérésies, l’église ne recevra pas ce faux docteur et sa doctrine sera réfutée (Tite 3.10; 1 Tim 5.20).
4. Le Saint-Esprit est le vicaire de Christ dans l’Eglise
Jean 14.16-27 : Le Saint-Esprit réside dans l’Eglise aujourd’hui ; donc les croyants devraient se fier à lui pour faire connaître la volonté de Christ en toute chose. Si quelqu’un dans l’église essaie d’usurper la place souveraine de conducteur réservée à l’Esprit, il étouffe la liberté de l’Esprit et gêne ainsi la vie et les ministères de l’assemblée. Comme nous le verrons plus loin à propos des anciens ou des évêques, l’idée du ministère qui s’accomplit par un seul homme dans l’église n’est pas biblique. Les Ecritures ne parlent jamais d’un ministre de Dieu qui doit seul tout planifier, toujours prêcher et tout diriger. C’est contraire à l’idée de l’Esprit qui dirige et à la notion biblique de collégialité (Act 20.17-35 — notez le pluriel du mot « anciens »).
5. L’Eglise de Dieu est sainte
1 Corinthiens 3.17 : L’église locale doit vivre saintement afin de révéler correctement la sainteté du Dieu trois fois saint. Il doit y avoir une discipline sage et équitable pour les membres qui s’égarent. Ils doivent être successivement avertis (1 Thes 5.14), évités (2 Thes 3.11,14-15), puis écartés (Tite 3.10), jusqu’à ce qu’ils se repentent et soient réintégrés dans la communauté. Cette discipline doit être appliquée avec douceur (Gal 6.1), impartialité (Jac 2.1), avec le concours de toute l’église (2 Cor 2.6), et en prenant soin de ne pas réagir trop fort.
6. Les dons pour l’édification dans l’église
Éphésiens 4.11-12 ; 1 Corinthiens 12 : Ces textes nous dressent une liste de quelques-uns des dons. Chaque croyant appartient organiquement au corps de Christ, et il possède au moins un don qu’il ou elle a l’obligation d’exercer dans le but d’édifier le corps tout entier et l’église locale en particulier. C’est l’Esprit qui est à l’origine du don de chaque individu dans l’église. Tel don n’est pas plus important que tel autre devant le Seigneur, mais une assemblée pourrait décider à un moment donné de mettre en avant tel ou tel don selon les circonstances, c’est-à-dire selon un besoin pressant, pour une certaine durée.
Actes 13.1-3 souligne la réalité des divers dons utilisés pour édifier toute l’assemblée. Actes 15.35 nous rappelle aussi que beaucoup d’autres croyants ayant reçu un don, participaient activement aux offices et aux activités. Un seul homme n’accaparait pas toute la place des ministères, comme c’est souvent le cas de nos jours. Dans Actes 20.28, les anciens sont exhortés à nourrir le troupeau, l’église. 1 Corinthiens 14.26 nous enseigne que, lorsque les croyants sont réunis, chacun a le privilège et la responsabilité d’édifier les autres. Philipe Schaff, spécialiste de l’histoire de l’Eglise, écrit : « Dans l’église apostolique, la prédication et l’enseignement n’étaient pas réservés à une classe particulière, mais au contraire, chaque converti pouvait proclamer l’évangile au non-croyant, et chaque chrétien pouvait prier et, s’il en avait le don, enseigner et exhorter dans la congrégation. »6
Colossiens 3.16 dit que plusieurs doivent participer à l’enseignement, au chant, à l’exhortation, c’est-à-dire chaque frère ayant reçu un don pour l’enseignement, l’exhortation, etc., peut l’utiliser dans l’église, quand l’Esprit le pousse à le faire, en communion avec les anciens.
Les femmes ne doivent pas enseigner lors des réunions publiques de l’église, n’usurpant pas la place des hommes dans les ministères. Elles exercent d’autres ministères importants (1 Tim 2.12 ; 1 Tim 5.1-16 ; Tite 2.1-10 ; Pr 31.10-31). La Bible dépeint des tableaux de femmes de Dieu remarquables. Ne méconnaissons pas leur rôle. D’autre part, nous regrettons une certaine démission des hommes dans les affaires du Seigneur. Manqueraient-ils d’une vision renouvelée pour la cause du Ressuscité !?
Alexander MacLaren affirme : « Je ne peux pas m’empêcher de croire que la pratique actuelle consistant à limiter l’enseignement de l’église à une classe officielle, a causé bien des dommages. Pourquoi la prédication devrait-elle être réservée à un seul homme ? »7 Le cléricalisme a réprimé les dons spirituels. L’Esprit ne permettra pas que les dons soient mal utilisés. Nous devons retourner aux Ecritures et mettre en pratique ses préceptes, c’est-à-dire utiliser chacun son don et encourager les autres à exercer le leur, en priant les uns pour les autres dans ce sens. L’église locale a la responsabilité de veiller à ce que chacun ait l’occasion de discerner et de vérifier quel est son don, puis de l’exercer.
7. Tous les croyants sont des sacrificateurs de Dieu
1 Pierre 2.5,9 : C’est la responsabilité de chaque église de faire en sorte qu’il y ait une forte adhésion à cette vérité. Toute autre sorte de « prêtrise » ecclésiastique doit être rejetée. Le « prêtre » (le converti) — autrement traduit par « le sacrificateur » — dans le corps de Christ doit offrir en sacrifice : 1. son corps (Rom 12.1) ;
2. ses biens matériels (Héb 13.16) ;
3. sa louange (Héb 13.15).
Le fait que chaque croyant soit un « sacrificateur » ne devrait pas créer de désordre dans l’église. Chaque « sacrificateur » doit regarder vers le Grand Sacrificateur et suivre les instructions de la Parole (spécialement le Nouveau Testament). Il n’y a aucune preuve scripturaire dans le Nouveau Testament de l’influence judaïque selon laquelle il faudrait une classe d’hommes mis à part pour les services divins, une hiérarchie dans l’église, des vêtements sacerdotaux, des édifices somptueux et des autels consacrés, etc., ou toute autre forme de rituels qui créent une séparation nette entre le « clergé » et « les laïcs », comme c’est le cas dans la chrétienté des grandes Églises officielles. L’historien Schaff soutient que l’opposition entre clergé et laïcs n’a pas eu sa place durant l’époque apostolique8.
III. Les deux ordonnances
Il existe deux ordonnances, (qu’il vaut mieux ne pas appeler des sacrements car ce n’est pas eux qui rendent « saints »), acceptées par la majorité des croyants évangéliques. La première est le baptême du croyant né de nouveau en Christ et la seconde la cène.
1. Le baptême du croyant né de nouveau en Christ
Romains 6.1-10 expose la signification du baptême du croyant : la mort de Christ représente celle de tous les croyants. Par sa mort, Christ a réglé une fois pour toutes la question du péché : son châtiment, son pouvoir et les péchés à venir. Chaque croyant est mort avec et en Christ ; par conséquent, le péché ne doit plus avoir théoriquement de pouvoir sur le chrétien, et cette victoire sur le péché est gagnée par l’obéissance à Christ et à sa Parole
Le baptême par immersion est un acte public d’obéissance à la volonté du Seigneur (Mat 28.19-20), illustrant ainsi l’identification du croyant avec la mort en Christ. De même que Jésus est remonté du royaume des morts, la sortie du croyant hors de l’eau représente son désir de marcher « en nouveauté de vie et de se montrer digne de l’appel de Dieu ».
Le baptême étant une sorte de représentation d’ensevelissement, il nous semble que l’immersion (le sens étymologique du grec) est la forme du baptême qui illustre le mieux l’identification du croyant au Christ mort et ressuscité. Nulle part dans la Bible nous lisons qu’un enfant doive être baptisé ou qu’un évêque ecclésiastiquement ordonné soit seul qualifié pour baptiser.
2. La cène
Luc 22.18-20 et 1 Corinthiens 11.23-29 sont les sources principales où est expliquée l’ordonnance de la cène (ou repas du Seigneur). Jésus a donné l’ordre selon lequel les éléments de la cène doivent être pris : en premier lieu, le pain, qui représente symboliquement son corps offert pour les croyants nés de nouveau en Christ, puis, en second lieu, la coupe, symbole de son sang versé pour eux.
Le but principal de ce repas est de rappeler aux croyants la mort du Seigneur pour eux. L’autre but, selon Paul, est « d’annoncer la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il revienne » (1 Cor 11.26). Il n’y a pas de moment bien déterminé pour pratiquer cette célébration ; cela peut se faire aussi souvent que l’Esprit l’ordonne. Les chrétiens de Troas se réunissaient le dimanche, « premier jour de la semaine, pour rompre le pain », c’est-à-dire prendre le repas du Seigneur (Act 20.7). Mais cela ne veut pas dire que les chrétiens doivent rompre le pain d’une manière légaliste chaque dimanche. Gummey dit que « les épîtres d’Ignace, martyrisé en l’an 107 après Jésus-Christ, nous présentent le partage du pain et du vin comme étant le centre de l’ordre et de la vie de l’église, la source de l’unité et de la communion fraternelle »9. W. MacDonald cite Spurgeon : « Je suis sûr que ceux qui connaissent la douceur de communier tous les dimanches, ne seraient pas satisfaits s’ils devaient le faire moins fréquemment.10 » Jonathan Edwards11 semble avoir opté aussi pour la communion hebdomadaire. 1 Corinthiens 11.27-29 avertit le croyant n’étant pas en règle avec le Seigneur et avec ses semblables (v. 20-22) de ne pas participer au repas du Seigneur. Plutôt que de se priver de la cène, il est exhorté à « s’examiner soi-même » et à se repentir devant Dieu en se mettant en règle avec lui et avec son prochain avant de prendre la cène.
V. Les deux offices
Cette dernière partie de l’étude est réservée à l’examen de la forme actuelle de gouvernement d’une église locale selon le N.T. Dieu a établi un ordre pour la direction d’une église locale. Cet ordre néo-testamentaire n’est pas hiérarchique (au sens ecclésiastique du terme) mais au fil du temps, la chrétienté l’a rendu tel.
1. Les anciens
Le N.T. établit clairement que les « anciens » ou « évêques » (en grec « surveillants ») sont les seuls responsables humains d’une assemblée locale12.
Il faut faire une distinction entre la signification du mot « sacrificateur » dans le N.T. et la signification actuelle du mot « prêtre », car le mot « sacrificateur » dans le N.T. ne désigne jamais un prélat ou un prêtre ecclésiastique (comme dans l’Eglise catholique romaine). Il ne fait non plus jamais référence à une personne qui a la charge d’un diocèse. Les mots « anciens » ou « évêques » sont synonymes (voir Tite 1.5-7 ; 1 Pi 5.12 ou Act 20.17-28 où ces deux termes désignent les mêmes personnes : l’apôtre charge les anciens de l’église d’Ephèse de nourrir (paître) l’église dans laquelle le Saint-Esprit les a établis « surveillants »). E-G. Forrester explique que les termes « ancien » et « évêque » correspondent à une seule et même fonction, que le premier terme est emprunté à la synagogue et le second aux communautés grecques, et enfin que l’un se rattache à la notion de « dignité » (ou âgé, ayant de l’expérience) et l’autre à celle de « service »13. Schaff commente l’identité des officiants en notant qu’ils apparaissent comme une pluralité dans la même congrégation14. Cette interchangeabilité des termes a continué d’être courante jusqu’à la fin du premier siècle. Il observe également, à juste titre, que la distinction « entre les anciens qui enseignent »… et les « anciens qui dirigent » ne bénéficient pas d’une confirmation apostolique.
Finalement, seul le Saint-Esprit peut qualifier ou désigner un individu pour être ancien. On trouve dans 1 Tim 3.1-7 et Tite 1.6-9 une liste d’une vingtaine de qualifications requises pour qu’un frère soit reconnu comme ancien. W. MacDonald résume en disant « qu’il doit être capable de se maîtriser, de bien gérer son propre foyer et qu’il doit être un lutteur pour la vérité de Dieu »15. Rien ne laisse croire dans la Bible qu’un ancien doive nécessairement avoir un diplôme d’études quelconque, bien que cela puisse toujours être utile pour la formation. Les critères de Dieu sont plus élevés et plus sûrs que les exigences ecclésiastiques parfois lacunaires et discutables de l’homme. Dosker résume en disant que « leur rôle est de diriger (Rom 12.8), de surveiller (Act 20.17,28 ; 1 Pi 5.2), de prendre soin du troupeau de Dieu (Act 20.28). Or, le mot archéin (diriger) au sens hiérarchique n’est jamais utilisé. De plus, chaque église possédait son « école » d’anciens-surveillants (Act 20.17,28 ; Phil 1.1 ; 1 Tim 4.14). Il est évident que du temps de Paul, l’église n’a jamais fait de distinction entre ancien et évêque »16. Les textes de 1 Tim 4.2, Tite 1.3 et 2.15 montrent que les anciens doivent reprendre, blâmer et exhorter ceux qui en ont besoin.
L’assemblée doit se souvenir de ses anciens, les reconnaître comme tels, les soutenir et les respecter. Ceux qui dirigent bien sont dignes d’un double honneur, surtout ceux qui peinent au ministère de la Parole et à l’enseignement, c’est-à-dire qu’ils doivent bénéficier d’un support financier ou matériel (1 Tim 5.17-18). Certains subvenaient eux-mêmes à leurs besoins par un travail. Leurs métiers ne doivent pas prendre aux anciens de l’église tout leur temps. Quant à leur discipline, Paul donne des consignes précises (1 Tim 5.19-20). Cette section sur les anciens devrait suffisamment indiquer au lecteur que le ministère accompli entièrement par un seul homme va à l’encontre de l’enseignement des Ecritures.
2. Les diacres
Il va sans dire que dans un sens général chaque croyant est un « diacre » ou « serviteur » du Seigneur et de l’église. Ce terme est aussi utilisé pour l’accomplissement des divers ministères dans l’Eglise (1 Cor 12.5). Mais, dans 1 Timothée 3.8-13, cette fonction est spécifique à ceux qui ont été choisis dans l’église locale pour un diaconat (service) précis. Dans le N.T., ils ne commandent ni ne dirigent l’église. Ils sont les serviteurs des autres. Le même texte nous donne les qualifications d’un diacre sans préciser leurs fonctions en détail. Nous pensons qu’ils assument des tâches précises et ils en réfèrent aux anciens. Inutile de préciser que les diacres qui se considéreraient comme les dirigeants de leur église locale sont en désaccord avec l’Ecriture. Ils devraient, soit être des anciens, soit cesser d’accomplir le travail des anciens et bien plutôt essayer de s’acquitter convenablement de leurs propres tâches. Notons que dans 1 Tim 3.13 un diacre qui remplit bien sa fonction avance et progresse dans la foi.
VI. Conclusion
Cet exposé ne présente pas une conception personnelle de l’auteur sur le fonctionnement de l’église ni la façon de la mettre en pratique. Il importe de comprendre d’abord le « pourquoi » de quelque chose avant le « comment ». Le cheminement pour parvenir au type de gouvernement préconisé dans la Bible peut varier naturellement selon les situations, mais toujours en accord avec les Ecritures. Nous n’avons, à dessein, pas parlé de ceux qui travaillent « à plein temps » dans l’église. Il se peut qu’ils ne soient même pas des anciens, surtout s’ils sont jeunes (1 Tim 3.6). C’est aux assemblées locales de décider de leur rôle, de leur statut et de leur soutien. Il en va de même pour un système d’organisation (conseils, comités, écoles du dimanche, etc.). Puisse le lecteur examiner sa propre situation dans la structure de gouvernement de son église, et qu’il se mette devant le Seigneur en demandant son secours s’il devait y avoir quelque chose à changer. Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec nous tous.
Notes
1 L’expression « baptême par le Saint-Esprit » selon 1 Cor 12.12-13 signifie simplement que la personne qui s’est repentie, et croit en Jésus-Christ, est introduite dans le corps de Christ au moment de sa conversion. Une simple lecture du texte grec exclut l’interprétation erronée pentecôtiste-charismatique
2 Dr. John A. Witmer, Notes non publiées, cours Theology 103, Dallas Theology Seminary, automne 1959.
3 John A. Witmer, idem.
4 William MacDonald, Christ Loved the Church, Walterick Publishers, 1956.
5 William MacDonald, idem, p. 26
6 Philipe Schaff, The History of the Church, vol. II, p. 124.
7 Alexander MacLaren, 1826-1910, prédicateur baptiste en Angleterre renommé comme « prince des prédicateurs des exposés par texte », cité par MacDonald dans Christ Loved the Church, p. 50-51.
8 Philipe Schaff, The History of the Church, pp. 56-60 et 486.
9 H.G. Gummey, The Lord’s Supper, International Standard Bible Encyclopedia, édition 1939, vol III, p. 1923.
10 MacDonald, idem, p. 72.
11 Jonathan Edwards, 1703-1758, un des plus grands théologiens réformés, calviniste et puritain, à l’origine des deux grand réveils de 1734-1735 et 1740-1741 aux Etats-Unis. Cité par W. MacDonald, Christ Loved the Church, p. 73.
12 Bibliquement et historiquement, ces deux termes décrivent la même personne sous deux aspects différents : « anciens » = âge, sagesse et expérience ; « évêques » = activité de gardien, inspecteur.
13 E.G. Forrester, Church Government, International Standard Bible Encyclopedia, vol. I, p. 479.
14 Ph. Schaff, idem, p. 493. Il est regrettable que Schaff (1819–1893) le plus grand historien américain de l’Eglise du XIXe siècle, ait assimilé le don de pasteur (don de service) automatiquement aux responsabilités de direction qui sont celles des anciens, alors qu’un ancien peut ne pas avoir nécessairement un don public de pasteur ou d’enseignant tandis qu’un ministère marquant de pasteur ou d’enseignant peut s’exercer sans faire partie du corps des anciens, c’est-à-dire qu’il peut être supra-local. Je cite Schaff ici pour montrer qu’ancien et évêque sont synonymes.
15 W. MacDonald, Christ Loved the Church, p. 86-87.
16 Henry E. Dosker, International Standard Bible Encyclopedia, edition 1957, vol. I, p. 654.
Cette étude a été écrite par l’auteur en 1960, lorsqu’il fit ses études de théologie biblique au Dallas Theological Seminary. Après 47 ans de service, d’études du Nouveau Testament et de l’histoire, ses convictions à ce sujet sont restées inchangées, bien que le document ait été amélioré depuis. Si la même étude avait été rédigée aujourd’hui, elle aurait été davantage inductive et aurait plus souvent recouru aux sources francophones accessibles maintenant.
« Je te rappelle l’exhortation que je t’adressai à mon départ pour la Macédoine, lorsque je t’engageai à rester à Éphèse. » (1 Tim 1.3)
Peu de temps après l’avoir quitté, l’apôtre Paul adresse à Timothée, son fidèle collaborateur, une lettre au début de laquelle il lui demande de rester à Éphèse, là où il l’avait laissé. Il lui confie plusieurs missions importantes pour cette église. Timothée aurait peut-être préféré suivre Paul : quelle occasion pour lui de continuer d’apprendre du grand apôtre ! Et puis, la vie itinérante qu’il avait menée jusque là, passant d’église en église pour évangéliser et encourager, présentait certains avantages : on écoute plus volontiers une voix nouvelle, on ne retrouve pas tous les dimanches les mêmes têtes, on a moins à s’impliquer dans les questions locales pratiques, etc. Mais, là, Paul lui enjoint de s’établir dans un lieu donné et d’y œuvrer pour le bien des chrétiens de l’endroit, même si le contexte n’est pas facile, comme le montre la suite de l’épître.
Peut-être l’un de nous a-t-il besoin d’entendre la même exhortation : « Reste dans ton église locale ! » Qu’il est facile, dès la première difficulté, de critiquer, de venir moins souvent, voire de claquer la porte ! Le « tourisme ecclésiastique » se porte bien de nos jours : l’important n’est-il pas de trouver une église où « on se sent bien » ? L’herbe semble souvent plus verte ailleurs… Certes, il est plus difficile de rester, de s’impliquer, d’apporter, de prendre sa part des responsabilités, des peines et des difficultés — en fonction de son âge et de ses dons — pour une église locale dont les imperfections semblent si flagrantes ! Le Seigneur ne nous demande pas de « réinventer » notre église, mais il nous propose de construire là où il nous a placés, en cherchant le bien de nos frères et sœurs. À nous de trouver, guidés par l’Esprit, des moyens de renouveler l’élan qui doit être celui de « l’église du Dieu vivant »
. Au cours du dossier de ce numéro, plusieurs articles nous aideront à redécouvrir les bases de l’église locale et suggéreront des pistes pour mieux en vivre la réalité. Et nous découvrirons qu’il reste beaucoup à faire « à Éphèse » !
Par définition, la beauté est ce qui fait éprouver une émotion esthétique, ce qui fait naître un sentiment d’admiration.
La manifestation du beau, c’est l’harmonie, la joliesse, la majesté, la splendeur.
Beau, c’est aussi ce qui est charmant, délicieux, éblouissant, éclatant, gracieux, splendide, grand, noble, sublime, agréable.
Mais d’où vient la beauté ? Ecclésiaste 3.11 donne la réponse : « Il a fait toute chose belle en son temps ». « Dieu a fait les hommes droits, mais ils ont cherché beaucoup de détours. » (Ecc 7.29)
Dieu a créé un univers de beauté. L’homme, par sa chute, sa désobéissance, a tout gâté. Pour l’homme loin de Dieu, la beauté peut devenir vanité (Pr 31.30).
Ce qui nous intéresse le plus, c’est la beauté morale, intérieure, les perfections de Dieu :
« Chant d’amour. Des paroles pleines de charmes bouillonnent dans mon cœur. » (Ps 45.2)
« Tu es le plus beau des fils de l’homme. » (Ps 45.3)
« Le roi porte ses désirs sur ta beauté ! Puisqu’il est ton Seigneur, adore-le. » (Ps 45.12)
Nous désirons voir la beauté de notre Seigneur Jésus-Christ, cette perfection, cette compassion, cet amour, durant sa vie terrestre. Nous désirons contempler la beauté de son œuvre de rédemption à la croix. Nous entrevoyons déjà sa splendeur dans le ciel.
« L’Eternel des armées sera une couronne de beauté (une couronne éclatante). » (Es 28.5)
« Le beau nom que vous portez » (Jac 2.7).
« Voici tu es beau, mon bien-aimé. » (Cant 1.16)
Ce n’est pas du romantisme. C’est une réalité spirituelle dont notre âme jouit si nous sommes ancrés en lui.
Moïse a été appelé « divinement beau » (Act 7.20), donc beau aux yeux de Dieu. Nous sommes devenus justes, parce que justifiés en Christ par Dieu. Il nous voit parfaits, beaux, justes, en vertu de l’œuvre du plus beau des fils de l’homme, Jésus-Christ, notre bien-aimé Sauveur et Seigneur.
Désormais, nous sommes devenus des ambassadeurs du Christ. Savez-vous « combien sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix…les bonnes nouvelles » (Rom 10.15) ?
Quel bonheur d’être à table avec le merveilleux Epoux bien-aimé, comme faisant partie de l’épouse, l’Eglise, lors des noces de l’Agneau !
Et plus loin dans le futur, dans l’éternité, quand nous serons avec l’Agneau, l’Epoux divin, le Christ dans sa majesté, dans sa splendeur, où il n’y aura plus de nuit, parce que le Seigneur nous éclairera, et nous règnerons aux siècles des siècles (Apoc 22.1-5).
Quelle perfection, quelle beauté, quelle splendeur éclatante ! Il est notre Seigneur, adorons-le et suivons-le inconditionnellement, d’un cœur sans partage. Jamais nous le regretterons !
Bernard Cousyn, retraité et anciennement professeur en mathématique, est marié à Danièle, et père de 3 enfants. Il était ancien dans une grande assemblée évangélique au nord de la France. Il fait partie du comité de Promesses et est dans notre équipe depuis la fondation de notre revue en 1967. Enseignant de la Parole, il est un conférencier apprécié.
« Faites de toutes les nations des disciples. » (Mat 28.l9) C’est un lieu commun de dire que les disciples dont il est question prennent le « parti de Dieu » avec tous les privilèges attachés à leur nouvelle vocation, sans oublier le désir puissant de montrer leur amour pour Dieu en gardant ses commandements (1 Jean 5.3). Ces disciples, dont la communauté est identifiée dans les Écritures comme étant l’Église, auront donc à cœur, individuellement et collectivement, de maintenir et de perfectionner les critères vitaux de leur engagement :
« Les disciples s’attachaient à écouter assidûment l’enseignement des apôtres, à vivre en communion les uns avec les autres, à rompre le pain et à prier ensemble. » (Act 2.42) Ces quatre directions, signalées dès la fondation de l’Église, sont à même d’authentifier et de vivifier notre foi. Chacun des quatre axes cités dans ce verset est une synthèse de ce qui paraît essentiel de retenir et d’entretenir. Chacune de ces affirmations a évidemment généré dans tous les âges une multitude de messages explicatifs et une abondante littérature développant ces thèmes. Notre propos ici a la modeste ambition d’être un rappel, en insistant sur quelques aspects exhortatifs, sans vouloir être exhaustif.
1. « Ils s’attachaient à écouter attentivement l’enseignement des apôtres »
« Quand on découvre tes paroles, c’est la lumière. » (Ps 119.130) Il n’est pas étonnant de trouver en premier lieu l’importance de la Parole. La formulation nous invite à prendre une place très « scolaire » d’apprentissage du contenu des Écritures, avec notre adhésion nécessaire à une grande constance dans la démarche.
Le texte original dit « qu’ils persévéraient dans la doctrine des apôtres » (Act 2.42). « Persévérer » implique « écouter assidûment », mais aussi « apprendre, s’instruire et vivre l’enseignement des apôtres ».
La doctrine des apôtres est la transmission de l’enseignement du Christ (Jean 14.25-26 ; 16.13). Or le Christ se référait constamment à l’A.T., à la loi, aux prophètes et aux Psaumes (Luc 24.27,44). Les apôtres, témoins oculaires de la vie, de la mort et de la résurrection du Seigneur, n’enseignaient rien d’autre que « la doctrine de Christ » (1 Jean 4.6). En conséquence, « quiconque connaît Dieu, écoute aussi les apôtres » (1 Jean 4.6). Cet enseignement comprend également l’A.T., la Torah avec le sens de l’instruction, y compris les Prophètes et les Psaumes. La doctrine biblique occupait donc une place on ne peut plus importante dans l’Église primitive. Cette doctrine des apôtres — celle de Christ — était d’abord axée sur les trois points centraux : « Jésus est le Christ » (Act 3.13-18), Jésus est ressuscité d’entre les morts (Act 1.22 ; 2.24,26), le salut est par la foi en son nom (Act 2.38 ; 3.16 ; 4.12).
Nous ajoutons que cet enseignement apostolique est christologique : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. » (1 Cor 3.11) « Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ étant lui-même la pierre de l’angle. » (Éph 2.20)
Finalement Paul, l’apôtre des nations choisi par Dieu, nous a laissé ses épîtres qui font partie de la doctrine des apôtres.
L’enseignement des apôtres n’est fondé ni sur des émotions, ni sur des circonstances, mais sur toutes les Écritures saintes (A.T. et N.T.), divinement inspirées pour « enseigner, convaincre corriger et instruire dans la justice » (2 Tim 3.16).
Précisons encore que cet enseignement des apôtres concerne toute la Bible et rien que la Bible, Parole de Dieu1.
2. « Ils s’attachaient à vivre en communion les uns avec les autres »
L’explosion numérique constatée après l’annonce de l’Evangile (Act 2.41) a développé l’Église. Dès le début, les apôtres ont eu conscience que pour cette « mini-société » en formation, ils devaient répondre à une double exigence :
– structurer et gérer l’Église, sans la transformer en une organisation pure et simple
– canaliser et s’adapter face au flux des fidèles, et ne pas tomber dans le flou et l’anarchie.
« Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres chacun pour sa part. » (1 Cor 12.27) « La crainte » (Act 2.43) qui saisissait les croyants, dénote la gravité et le sérieux qui caractérisaient les participants — nouveaux ou non — quant à leur implication dans la vie de l’Église qui est le « corps de Christ ». Dans sa sagesse, le Seigneur a voulu que l’une des motivations de notre vie chrétienne soit de participer activement, les uns à côté des autres, à la construction de l’Église.
La lisibilité de l’Église est à ce prix :
– l’authenticité de la vie de ses membres,
– la qualité de leur accueil,
– leur amour fraternel sincère.
C’est la démonstration sans complexe que la vie par la foi est une aventure exceptionnelle.
La communion fraternelle participe au rayonnement de l’Église et se concrétise visiblement par l’enthousiasme et la joie régnante (Act 2.46). Ne masquons pas pour autant les écueils d’une telle entreprise. L’ennemi reste vigilant dans l’exploitation des failles humaines et des faiblesses de la chair. Il y aurait beaucoup à dire sur les chapitres « utilité commune » (1 Cor 12.7) et « édification de l’Église » (1 Cor 14.12). Que dire par exemple de quelqu’un qui dans l’Église n’est pas à la place que Dieu lui destine ? Que dire aussi de celui qui n’y prend pas la place qui devrait être la sienne ? Ou à l’inverse, que dire de celui qui a usurpé une place, et qui de ce fait n’est pas reconnu ? Dans notre participation à la vie de l’église locale, dans notre adoration, la recherche de ce que Dieu est, de ce qu’iI dit, dans notre service sans amateurisme… est-ce que j’admets, sans juger que mon prochain le fait différemment de moi certes, mais avec la même qualité ?
Enfin, évoquons juste la question sous-jacente de l’exercice de l’autorité dans l’Église. Dans le cadre des relations fraternelles, cela reste un sujet sensible en permanence. Osons affirmer que veiller sur le troupeau est un renoncement à soi-même. Conduire l’église locale, n’est-ce pas servir ceux dont on a la charge ? Dans tous les rouages de la communion fraternelle, l’amour les uns pour les autres résout bien des écueils.
«L’amour ne cherche pas son intérêt… il espère tout, il supporte tout. » (1 Cor 13.5,7)
3. « Ils s’attachaient à rompre le pain »
La cène a été instituée à la fin du ministère terrestre de Jésus « dans la nuit où il fut livré » (1 Cor 11.23). Elle fera désormais partie du temps de l’Église. L’événement de la cène est à la fois historique et prophétique :
– « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur. » (1 Cor 11.26). Les éléments dont il est question nous rappellent que « nous sommes en communion au corps de Christ » tout autant qu’unis les uns aux autres (1 Cor 10.16, 17). D’où la centralité du moment de la cène dans la vie de l’église. D’où aussi la solennité de ce moment pour soi-même, qui implique de s’examiner, de s’éprouver, pour réactualiser le fondement de notre appartenance à Christ (1 Cor 11.28 ; 2 Cor 13.5).
– La cène marque également un moment d’attente collectif : « jusqu’à ce qu’il vienne », attente d’un accomplissement final annoncé par le Seigneur lui-même, savoir la venue du Royaume visible de Dieu (Mat 26.29). La cène porte aussi le message de l’espérance, espérance qui a son point de départ avec la Passion, et qui est ponctuée par notre persévérance à la cultiver dans le temps que Dieu a imparti à l’Église.
La cène, qui nous remémore l’œuvre de Christ tout autant que notre statut de racheté, précise les conditions requises pour « attendre des cieux Jésus comme Sauveur » (Phil 3.20). Son institution par Jésus-Christ est le coup d’envoi de cette attente. Sa répétition au sein de l’église reformule, sans lassitude ni répétition à notre cœur oublieux, les termes de l’alliance que Dieu nous propose en Christ (Marc 14.24).
4. « Ils s’attachaient à prier ensemble »
« En toutes circonstances, faites toutes sortes de prières et de requêtes sous la conduite de l’Esprit. Faites-le avec vigilance et constance. » (Éph 6.18)
Le seul discernement humain ne suffit pas pour diriger sa propre vie. Et que dire lorsqu’il s’agit d’une responsabilité prise au sein de l’église locale ? Conscient de ce handicap, le Seigneur a prévu et pourvu : « L’Esprit vient nous aider dans notre faiblesse. Comme nous ne savons pas que prier, l’Esprit lui-même intercède… et c’est en accord avec Dieu qu’il intercède en faveur de ceux qui lui appartiennent » (Rom 8.26, 27).
Voilà donc le fondement de la prière, de notre prière : le Seigneur sur-intercède en ce sens qu’il prend notre prière dans la sienne pour en combler les déficits. Les apôtres du début de l’ère chrétienne, conscients de leurs insuffisances, allèrent à l’essentiel en se consacrant « à la prière et au ministère de la Parole » (Act 6.4). C’est une sage décision que de prendre du temps pour Dieu, avec cette logique de parler à Dieu d’abord avant de parler aux hommes.
La prière est un engagement de 1’homme tout entier, qui reconnaît sa fragilité en même temps que la majesté de Celui à qui il s’adresse. La prière est tout à la fois louange, reconnaissance, requête, mais aussi patience devant la souveraineté de Celui qui accueille nos attentes et dont la réponse est une bénédiction répandue au temps convenable.
Selon les circonstances, la prière peut se faire plus pressante : « Étant en agonie, Jésus priait plus instamment. » (Luc 22.44) Cependant, elle est déraisonnable quand elle ne vise que notre propre satisfaction. Moïse qui réclamait avec insistance d’entrer en Canaan, se fit réprimander par Dieu en ces termes : « C’est assez ! Ne me parle plus de cette affaire. » (Deut 4.26)
En bref, la prière est à la fois respiration de l’âme et complicité avec Dieu, tout autant que requête de notre part et main tendue de Dieu vers les siens.
Prier ensemble, c’est exprimer ensemble une dépendance totale du Seigneur pour l’adoration, les décisions à prendre, la protection et le service. C’est admettre que nous n’avons aucune puissance en nous-mêmes et que nous avons besoin constamment d’être dépendants de Christ. C’est également s’approcher avec confiance du trône de la grâce pour trouver du secours au moment où les épreuves et les difficultés peuvent s’abattre sur l’un ou sur l’autre — voire sur l’assemblée entière (Héb 4.16). Les Actes sont remplis d’exemples de rencontres de prières en commun (Act 1.13-14 ; 4.23-31 ; 12.5 ; 13.1-3 ; 16.13 ; 20.36). La persévérance dans la prière collective — réunions de prière, en groupes, en église — constitue la base d’une vie saine de l’église locale. Ne pas éprouver le besoin constant du secours divin conduit à l’affaiblissement spirituel. Un serviteur de Dieu avait l’habitude de dire : « Pour prendre la température d’une église, visitez sa réunion de prière ! » Quelle impression aurait un visiteur de nos rencontres de prière ?
Conclusion : la foi dénominateur commun
Comment ne pas voir, dans chacune des quatre démarches ci-dessus, un dénominateur commun : celui de la foi ? « Sans elle, il est impossible de plaire à Dieu. Car celui qui s’approche de Dieu, doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent. » (Héb 11.6) C’est pourquoi les apôtres s’appliquaient « à fortifier les âmes des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi » (Act 14.22). En effet,
– la foi rend pertinente les Écritures ;
– la foi purifie les relations fraternelles ;
– la foi donne du sens à la cène ;
– la foi stimule la prière.
Cette foi entretenue qui vivifie tous les aspects de la vie personnelle du disciple, et par là même embellit la vie de l’église, n’est pas à mettre au crédit de l’homme. Car « notre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Cor 2.5).
Ainsi, tout procède de Dieu. Tout revient à Dieu. Gloire à notre Dieu!
Notes
1 La Bible a souffert des attaques menées par des personnes qui, pour mieux justifier le bien-fondé de leurs critiques, arguaient de leur démarche scientifique, s’appuyant pêle-mêle sur l’histoire, la linguistique, les reprises d’écrits existants, les légendes anciennes, les coutumes archaïques, la confusion des lieux, les dates de rédaction des textes sacrés, etc. Il s’agissait pour eux, avec leur propre raison humaine, d’éliminer les scories du texte sacré pour découvrir enfin la Parole de Dieu contenue quelque part dans la Bible. Il semble à l’heure actuelle que la démarche soit inversée, c’est-à-dire que la Bible soit considérée comme une Parole de Dieu parmi d’autres que nul ne désespère de découvrir bientôt. A ce point de vue, notre époque paraît exaltante, puisqu’elle permet régulièrement la découverte de manuscrits anciens. Ceux-ci révèlent de nouveaux textes ayant un air de famille avec le christianisme. Par voie de conséquence, on déchoit la Bible de son rôle de référence. Sans le formuler explicitement, on incline à penser que la Bible n’est pas la version définitive que l’on croit. La Parole est comme diluée dans une littérature religieuse abondante parallèle, et on affirme en plus que le choix de la Vérité devient difficile ! Affirmer que la Parole de Dieu n’est pas quelque part dans la Bible, affirmer que la Bible n’est pas qu’une Parole de Dieu à côté d’autres livres, mais affirmer que la Bible c’est la Parole de Dieu, nous fait rejoindre la légion de témoins qui ont aimé les écritures, s’en sont réjouis et en ont vécu. En ce qui concerne l’église, la beauté de la vie qui l’anime a sa source et son prolongement dans la vie personnelle des fidèles qui la composent. Encore faut-il bâtir sur « le Roc de la Parole » entendue, crue et mis en pratique (Mat 7.24). « Je retiens mon pied loin de tout mauvais chemin, afin de garder ta Parole. » (Ps 119.101)
Introduction
Retraçons un épisode de la vie d’un pasteur de Californie, du nom de Raymond Ortlund. Dans l’église dont il avait la charge, il avait appris à ne pas agir seul. Il disait ceci : « Dans l’église, nous travaillons uniquement en groupe. Et les décisions sont prises au niveau du groupe. »
Un jour, la société missionnaire Wycliffe l’avait invité à être l’orateur de la rencontre des missionnaires en Amérique du Sud. Quelle était sa réponse ? « Je viendrai si je peux venir avec une équipe. Quant aux finances nécessaires, Dieu pourvoira d’une manière ou d’une autre. »
Quatre personnes avaient fait partie de l’équipe : le pasteur, sa femme, et deux frères (un doyen d’une école et un dentiste). Pour reprendre les paroles du pasteur, « Dieu les a pétris jusqu’à ce qu’ils deviennent une même pâte. »
Ainsi, les quatre se sont rencontrés chaque jour pour prier, planifier, rire, pleurer, et invoquer Dieu. « Nous étions quatre bouches avec un seul message… Durant les rencontres avec les missionnaires, l’un ou l’autre d’entre nous pouvait prendre la parole… Nous étions le corps de Christ en action. » C’est alors qu’ils découvrirent pourquoi ils étaient là. Les missionnaires de la Wycliffe de Colombie et de Panama avaient donné leurs vies à Dieu, afin qu’il soit le premier dans leurs vies. Ils étaient également pleinement engagés au niveau de l’évangélisation. L’objectif de leur mission était d’apporter la Parole de Dieu à des tribus qui n’avaient jamais entendu l’évangile, dans leurs propres langues.
Mais qu’en était-il de leur engagement au sein du corps de Christ ? Bien que travaillant ensemble dans la même mission, partageant les mêmes objectifs, ces missionnaires travaillaient et vivaient en solitaires.
L’équipe des quatre — le pasteur, sa femme et les deux autres frères — ont partagé avec ces missionnaires comment le Seigneur était en train de les former en une équipe unie.
Cela signifie : « J’ai une responsabilité envers toi, et tu en as une envers moi…Tout ce que j’ai est à toi… Voilà où je suis faible et où j’ai besoin d’aide… j’ai besoin que tu pries pour moi et avec moi… »
La réponse de ces missionnaires : « Comment pourrais-je avoir le temps de faire tout cela ? Je n’ai déjà pas assez de temps pour faire mon travail ! »
Savez-vous ce que répondirent nos quatre frères ? « Alors remettez vos objectifs à plus tard. Le corps de Christ vient en premier — votre épouse, vos enfants, votre voisin isolé, votre ami qui souffre… »
Le matin du 8e jour, alors que les missionnaires se réunissaient, Dieu est intervenu, ayant fondu l’équipe missionnaire en une réalité du corps de Christ. Les chrétiens ont exprimé leur amour les uns pour les autres. Ils ont demandé pardon pour les blessures du passé. À travers les larmes et les rires, ils ont laissé sortir ce qu’ils avaient enfoui au plus profond d’eux-mêmes pendant si longtemps : leurs joies, leurs peines, leurs aspirations.
Puis ils ont prié les uns pour les autres. Alors une compassion authentique, un amour vrai pour les tribus indiennes a été rallumé.
Conclusion :
L’Église, à la base, n’est pas une organisation, mais un organisme.
Ceci a de nombreuses implications, quant à la vie d’église. C’est ce que nous allons examiner maintenant.
I. Pour un bon fonctionnement de l’Église : Un seul chef
Dans une équipe sportive, il y a un capitaine et des joueurs (pas de spectateurs) ; chacun a un rôle à jouer. Dans l’église, qui est le capitaine de l’équipe ? Pas le pasteur, ni les anciens, mais Jésus-Christ ! Redonnons-lui la première place qui lui est due !
Jésus-Christ est l’unique chef (« tête ») de l’Eglise : « Il a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à l’Eglise, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous. » (Éph 1.22-23)
Souvent, les églises donnent trop de place aux dirigeants humains, et trop peu à Christ, la seule tête de l’Église ; or le titre « chef de l’Église » n’est pas un titre honorifique.
A. Le terme « tête » dans la Bible
Dans l’A.T., le terme « tête » (chef) s’applique à des dirigeants humains. L’organisation est de type hiérarchique. Moïse dit : « Je pris alors les chefs [héb. rosh] de vos tribus, des hommes sages et connus, et je les mis à votre tête comme chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante, et chefs de dix, et comme ayant autorité dans vos tribus. » (Deut 1.15)
Dans le N.T., le terme « tête » (chef) est employé principalement pour Jésus, la tête de l’Eglise. Il est aussi employé quelquefois pour le mari. Par contre, il n’est jamais utilisé pour désigner un dirigeant de l’église.
B. Un passage clé dans les Epîtres
Quelques extraits d’Éph 5.21-30 aideront à préciser cette notion de « chef »:
« Vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ.
Femmes, que chacune soit soumise à son mari, comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Eglise qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or de même que l’Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leur mari en toutes choses.
Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Eglise, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable.
C’est ainsi que le mari doit aimer sa femme comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair, mais il la nourrit en en prend soin, comme Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps1.
C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église. Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari. »
Christ est notre modèle. Comment agit-il en qualité de chef ?
– Il a un rôle de Sauveur (v. 23).
– Il initie l’amour — il nous a aimés le premier. Or l’amour est plus qu’un sentiment ; c’est une manière de traiter les personnes.
– En tant que « chef », il recherche le bien des autres.
Conclusion :
Diriger, c’est avant tout renoncer à soi pour servir ceux dont nous avons la charge.
II. Pour un bon fonctionnement de l’Église : Des dirigeants compétents
Qu’entend-on par « compétents » ? Sont-ce des dons exceptionnels, une personnalité hors du commun ?
A. Quelle est l’identité des dirigeants ?
Ce sont des dirigeants-serviteurs
« Mais vous (en contraste avec les chefs religieux), ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. » (Mat 23.8)
« Ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et les grands les dominent. Il n’en sera pas de même parmi vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. » (Marc 10.42-43)
« Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jean 13.13-14)
B. Quelle est la méthode des dirigeants ?
– Ils doivent être des modèles : « Sois un modèle pour les fidèles », dit Paul à Timothée (1 Ti 4.11-16).
– Ils doivent être des ministres de la Parole : « Veille sur toi-même et sur ton enseignement » (1 Tim 4.16) : c’est la seule compétence requise des anciens (être apte à enseigner). Les anciens sont avant tout des hommes de prière et de la Parole. Notre priorité est de nous placer devant Dieu dans la prière et de prendre le temps dans la Parole de Dieu. Aujourd’hui, ceci représente un vrai défi ! Pourtant, c’est ce que pratiquaient les apôtres : « Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole. » (Act 6.4)
C. Quelle est la mission des dirigeants ?
Le NT est unanime : Ils doivent répondre aux besoins spirituels des croyants, en les nourrissant et en les équipant :
« Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau. » (Act 20.28)
« Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde. » (1 Pi 5.2)
« Pais mes brebis. » (Jean 21.15-17)
Mais un des rôles essentiels des responsables d’église est d’aider les membres à développer des relations harmonieuses avec Dieu, ainsi que les uns avec les autres.
– Avec le Père : Cette relation s’exprime avant tout par l’adoration et la prière.
Notre responsabilité est de conduire les croyants à mieux connaître Dieu, afin qu’ils puissent répondre par l’adoration. Tozer a dit à propos de l’adoration qu’elle est « le joyau manquant de l’Eglise ». L’adoration doit retrouver son vrai sens au sein de l’église. « A celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ. » (Éph 3.20-21)
– Avec le Fils : Cette relation qui se traduit par l’obéissance : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » (Jean 14.23)
– Avec le Saint-Esprit : Nous devons apprendre à écouter sa voix, et à nous laisser conduire par lui. « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair » (Gal 5.16), mettant en contraste les œuvres de la chair avec le fruit de l’Esprit.
– Les uns avec les autres : Le N.T. présente l’Église comme des frères et sœurs qui partagent leurs vies.
L’apôtre Pierre déclare : « Avant tout [i.e. avant qu’il parle des dons], ayez les uns pour les autres un ardent amour, car l’amour couvre une multitude de péchés. » (1 Pi 4.8)
L’apôtre Paul dit : « Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime a accompli la loi. » (Rom 13.8)
Jésus résume le tout par ses mots : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » (Jean 13.34-35)
III. Pour un bon fonctionnement de l’Église : Un organisme vivant
Plusieurs hommes étaient assis autour d’une table de conférence de l’église. Lorsqu’ils avaient commencé à se réunir au début, ce n’était qu’un comité. Mais Dieu avait uni leurs cœurs, et ils étaient devenus « un cœur et une âme » (Act 4.32). Maintenant, autour de cette table, ils s’engageaient à se soutenir mutuellement.
L’un d’eux était découragé. Il dit aux autres : « Je ne sais pas si je peux m’engager envers vous. Je suis si découragé, je me sens si faible… je n’ai rien à vous offrir. »
Et un autre lui répondit : « Eh bien, c’est le moment pour nous d’investir nos vies dans la tienne. Le temps viendra où tu pourras à ton tour nous fortifier ».
Voilà la pensée que Dieu avait, lorsqu’il a institué l’Église : un corps (un organisme).
Un ministère n’aura d’impact que s’il s’exerce dans un contexte d’amour et d’unité :
« Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité [c’est la qualité première] et douceur, avec patience, vous supportant [faisant preuve d’indulgence] les uns les autres avec amour, vous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. » (Éph 4.1-3)
Le Seigneur nous invite à entrer dans de telles relations :
« Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent (sumphônizô qui a donné le mot « symphonie ») sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mat 18.19-20).
Le Seigneur connaît la tragédie de lutter seul au niveau spirituel.
Luc nous relate dans le livre des Actes que les premiers chrétiens (Act 2.44-46) se rencontraient chaque jour, tous ensemble et en petits groupes. Personne ne leur avait dit : « Vous devez vous rencontrer chaque jour » ; ils avaient besoin les uns des autres.
Actes 4 nous rapporte que « la multitude qui avait cru n’était qu’un cœur et qu’une âme » (unis au niveau de leurs cœurs et de leurs pensées). Une telle communauté va vivre des choses… et elle aura un témoignage efficace !
Le danger est grand de nos jours de confondre une église (qui est un organisme) avec une entreprise.
Conclusion :
Un soir, un groupe d’hommes se rencontraient. Ce soir-là, ils avaient une communion merveilleuse : ils partageaient la Parole de Dieu, et aussi ce qui les préoccupait. Un étranger entra. Chacun pensait que l’un d’entre eux l’avait invité. C’est ainsi qu’il était assis et qu’il écoutait, alors que chaque participant partageait ses frustrations et ses besoins ; et tous avaient tant de plaisir à partager l’évangile et à lire ensemble la Parole, dans l’amour de Christ. Enfin, ils demandèrent à cet homme de se présenter. Il leur a dit : « Je m’appelle Paul. Puisque vous avez été honnêtes, je le serai aussi. Je suis toxicomane. Je suis venu ici ce soir pour vous voler, afin de me procurer de la drogue. Mais je crois que j’ai trouvé quelque chose de meilleur. »
1 On retrouve ici la pensée de l’Église comme un organisme.
Matthieu 28,18-20
Avant de monter vers son Père, le Seigneur Jésus-Christ avait rassemblé les onze disciples en leur donnant deux consignes précises, celles de faire des disciples de Christ et de leur enseigner tout ce qu’il leur avait commandé. Ce texte affirme l’autorité de Christ sur toutes choses et sa présence constante avec les disciples tous les jours jusqu’à la consommation du siècle. Nous aimerions brièvement développer ces deux impératifs valables encore aujourd’hui pour l’Église de Christ.
1. « FAITES DISCIPLES »
Cet ordre prononcé par le Seigneur après sa résurrection s’adresse à tout disciple de Jésus-Christ. C’est l’évangélisation. Le monde a besoin de témoins de Christ authentiques, fidèles, consacrés. Qu’est-ce qui attire le pécheur à Dieu ? L’application des quatre critères bibliques suivants glorifie Dieu et facilite nos contacts avec les pécheurs dans l’évangélisation :
– La puissance de l’amour (Jean 13.34) : il est essentiel de maintenir les relations dynamiques dans l’Église. L’amour de Dieu versé dans nos cœurs par l’Esprit nous rend capables d’aimer nos frères et notre prochain (Rom 5.5 ; 13.8). L’amour de Dieu versé dans nos cœurs par l’Esprit nous aide aussi à respecter notre prochain, d’où une ouverture pour se faire des amis et leur présenter Jésus-Christ.
– La puissance de l’unité (Jean 17.21,23) : notre intelligence et notre cœur y sont engagés, car être « UN » (1 Cor 12.13) implique « l’unité de l’Esprit » (Eph 4.3) et « l’unité de la foi » (Eph 4.13). L’Esprit et la Parole produisent cette unité profonde. Cette harmonie était visible pour les premiers chrétiens à Jérusalem qui étaient « d’un seul cœur » (Act 1.14 ; 2,1,46 ; 4.24 ; 5.12 ; 8.6 ; 12.20 ; 15.25). Paul exhorte l’église de Rome à cette unité (Rom 15.6). L’unité dans l’église, comme dans la famille, est un facteur puissant comme témoignage face au monde déstructuré.
– La puissance de la communication comme témoignage : différentes formes de transmission orale de l’Evangile sont présentées, comme par exemples « parler » (Act 4.31), « évangéliser » (5.42), « enseigner » (4.2) le peuple (5.25,28), « proclamer » (8.5-6), « témoigner » (1.8) et « dialoguer » (17.2-3). Chaque membre du corps de Christ, chaque croyant dans l’église locale peut utiliser une de ces formes de témoignage oral pour atteindre les non-croyants.
– La puissance d’une vie exemplaire : Il est évident que notre témoignage oral doit être accompagné par une façon de vivre, des attitudes et un comportement qui honorent le Seigneur en tout (Act 2.42-47 ; Rom 13.9 ; 2 Cor 3.2 ; Col 4.3-6).
Quelques rappels pour l’évangélisation:
Chaque église locale doit manifester l’amour, l’unité, et une règle de vie chrétienne exemplaire dans tous les domaines. Chaque chrétien est un témoin vivant par l’amour fraternel (Jean 13.34), par l’amour du prochain (Rom 13.9), par une attitude correcte (1 Pi 2.12), par l’humilité (1 Pi 2.18) et par un témoignage clair (1 Pi 3.15) Chaque nouveau croyant est intégré dans l’église locale (Pr 18.1) pour qu’il croisse dans le Seigneur. Sa foi est ainsi consolidée.
Gagner des familles à Christ est un objectif important. Voici quelques exemples dans les Actes et le reste du N.T. : Zachée (Luc 19.9), Lydie (16.15), le geôlier (16.31-34), Corneille (Act 10), Crispus (18.8 ; 1 Cor 1.16), Onésiphore (2 Tim 1.16), Philémon. La famille crée un impact. Le devoir des parents est d’éduquer et d’instruire les enfants dans la crainte de Dieu (Deut 6.7 ; Jos 24.15 ; Pr 22.6).
Chaque église doit discerner et encourager ceux qui ont un appel pour la mission extérieure. Recherchons et développons de nouveaux chemins pour atteindre les non-croyants par l’Évangile.
2. « ENSEIGNEZ-LES »
L’édification est le second impératif du Seigneur pour l’Église. Les nouveaux convertis à Jésus-Christ s’intègrent dans l’Eglise qui est édifiée par l’Écriture.
L’édification de l’Eglise : deux piliers de base
– La Parole inspirée, inerrante, base et priorité absolue de notre foi : « Faites disciples… les enseignant » (Mat 28.19-20). Cela implique la persévérance dans l’enseignement des apôtres (Act 2.42), l’apport « du pur lait de la Parole pour croître quant au salut » (1 Pi 2.2). Le verbe « instruire », « enseigner » (didasko) est employé environ 100 fois dans le N.T. Un constat intéressant : dans les Actes, dans la moitié des cas, ce terme est employé en rapport avec les chrétiens, et dans l’autre moitié en rapport avec les non-chrétiens.
– Les relations : Elles sont d’abord avec Dieu (niveau vertical), puis avec les autres frères (niveau horizontal) : « Que vous ayez communion avec nous, car notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1 Jean 1.3). C’est la koinonia, la communion fraternelle, le partage. Cet élément constitue un apport inestimable dans la vie de l’église et doit être cultivé avec soin.
L’édification de l’Église : développement des trois vertus
Trois vertus sont mentionnées dans 1 Corinthiens 13.13 : la foi, l’espérance et l’amour. Poursuivies simultanément, elles conduisent à une maturité spirituelle progressive (Eph 1.15-18 ; Col 1-3-4 ; 1 Thes 1.2-3). Elles doivent être développées à travers les dons et les ministères pour l’édification de l’église.
– La foi : Elle est ancrée en Dieu (1 Pi 1.25) et en Jésus-Christ (Eph 1.15). Elle est l’assurance des choses qu’on espère avec une confiance pleine et entière (Héb 11.1 ; 10.22). Elle produit ce qui est appelé « l’œuvre de la foi » (1 Thes 1.3 ; 5.8). Elle doit s’élargir (2 Thes 1.3). Elle doit être sans hypocrisie (1 Tim 1.5). Nous devons « garder la foi » (1 Tim 1.19) qui est ici l’ensemble des Écritures, de la doctrine biblique.
– L’espérance : Elle constitue cette force qui nous aide à persévérer dans la foi, parce que la mort n’est pas la fin, mais une simple « servante » pour amener les croyants auprès du Seigneur en attendant leur résurrection en Christ lors de son retour glorieux (Eph 1.18 ; Col 1.5 ; 1 Thes 1.3 ; 5.8).
– L’amour : C’est dans l’intimité avec Dieu que nous puisons constamment force et fraîcheur pour être en communion avec nos frères et sœurs dans la foi en Christ et pour aimer notre prochain (Mat 22.34-40 ; 1 Cor 13.4-9 ; Eph 4.14-16 ; Col 3.12-14).
Ces deux principes de l’évangélisation et de l’édification s’enchevêtrent harmonieusement l’un dans l’autre et se manifestent dans et hors de l’Église. Une église locale où les deux ordres : Faites disciples et Enseignez-les, émanant directement de la bouche du Maître, sont trouvés conjointement, est agréable au Seigneur. A nous de semer et de labourer, au Seigneur de fertiliser le sol spirituel qui nous a été confié.
CINQ ACTIONS A POURSUIVRE ENSEMBLE
L’enseignement, l’instruction, l’édification, l’exhortation collectifs : Les croyants s’édifient mutuellement par la Parole. Ils reçoivent instruction dans l’Écriture (Act 2.42) pour « parvenir à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ, pour ne plus être des enfants, flottants et entraînés à tout vent de doctrine…pour croître à tous égards en celui qui est le chef, Christ » (Eph 4.1-16).
La prière collective : En Actes 1.14, 120 croyants « priaient continuellement » ensemble. En Actes 2.42, les croyants persévéraient dans la prière. En Romains 12.12 et Colossiens 4.2, l’église est exhortée à la prière, et cela « tout le temps » et « sans cesse » (Eph 6.18 ; 1 Thes 5.17). Nous devons tout exposer à Dieu dans la prière (Phil 4.6) par des « supplications, des prières, des intercessions, et des actions de grâces » (1 Tim 2.1-8). Nous devons prier « les uns pour les autres » (1 Thes 4.14-18 ; Jac 5.13-16 ; 1 Pi 4.7-10). L’église prie pour la proclamation de l’Evangile (Act 4.23-31). Nous rendons grâces ensemble (Eph 5.20 ; Phil 4.6). Paul demande à l’église de prier pour lui (Eph 6.19), et il prie pour les églises (Rom 1.8 ; Eph 1.16 ; 3.14).
Le chant collectif : L’A.T. en est rempli d’exemples. Jésus et les disciples chantaient des Psaumes (Marc 14.26). C’est un moyen d’instruction, d’exhortation, d’avertissement, de témoignage (Eph 5.19 ; Col 3.16). « L’hymne » est une composition poétique non inspirée, un psaume de louange en quelque sorte. Nos chants sont l’expression de notre attitude envers Dieu et les autres.
L’offrande collective : C’est un indice de la qualité de notre vie relationnelle, un témoignage face au monde. Nous pratiquons le bien envers tous, mais spécialement envers les frères en la foi (Gal 6.10), partageons les produits des biens selon les besoins (Act 2.44-45), subvenons aux besoins des saints et exerçons l’hospitalité (Rom 12.13). Les offrandes étaient réunies chaque premier jour de la semaine dans l’église locale pour l’œuvre de Dieu (1 Cor 16.1-4). Chacun donne de plein gré selon ses possibilités (2 Cor 8.3-4), car Dieu récompensera la largesse du cœur (2 Cor 9.6-15). Les Philippiens prenaient part (koinonia) à l’Evangile par leurs biens (Phil 1.5) Nous devons « rechercher toujours le bien, soit entre nous, soit envers tous » (1 Thes 5.15). 2 Corinthiens 8 et 9 présente un christianisme relationnel, avec des effets universels.
Le repas collectif : Selon Act 20.7, nous pouvons déduire que l’église primitive se réunissait le « premier jour de la semaine » (dimanche) pour « rompre le pain ». La cène avait été instituée par le Seigneur (Mat 26.26-28) : « Prenez, mangez, ceci est mon corps… Buvez en tous, ceci est mon sang ». Selon Actes 2.42, l’église persévérait « dans la fraction du pain ». Lors des débuts de l’Eglise, on prenait même le repas du Seigneur plusieurs fois par semaine dans les maisons (Act 2.46-47). Ce mémorial est décrit dans 1 Corinthiens 11.28-34 et constitue la partie centrale du rassemblement. La cène est donc un repas que l’on prend en mémoire du Sauveur mort pour nos péchés et ressuscité pour notre justification.
Olivier Wetter est marié et père de 4 enfants. Licencié en sciences naturelles, il enseigne ces branches dans un collège. Depuis de nombreuses années déjà, il est membre d’une église évangélique à la Riviera Vaudoise en Suisse.
I. L’église locale : issue de la volonté de l’homme ?
« J’édifierai mon Église, contre laquelle la mort elle-même ne pourra rien. » (Mat 16.18)
L’église locale n’est pas issue de la volonté de l’homme et ne dépend pas des hommes. L’Église est née de l’effusion de l’Esprit à la Pentecôte. Elle est l’expression de la volonté directe de Dieu ; son chef (sa tête) est Jésus-Christ lui-même. C’est lui qui bâtit l’Église depuis plus de 20 siècles, et rien ni personne ne pourra la vaincre. Comme Christ est à toujours pleinement vainqueur, l’Église sera à toujours pleinement victorieuse.
« Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. » (Act 2.47)
La nouvelle naissance correspond à l’entrée dans l’Église de Jésus-Christ. La grâce de Dieu se manifeste à un individu en lui donnant une conviction de péché, puis la joie d’accepter le plein pardon obtenu pour nous par Jésus-Christ à la croix. Un nouveau-né dans la foi recherche toujours un lieu où il peut être entouré et nourri. Dans la première Église comme aujourd’hui, les chrétiens se rassemblent en église locale. Ce rassemblement visible est l’expression de l’œuvre spirituelle invisible du Saint-Esprit dans un cœur. Nul être humain ne peut le provoquer, c’est le Seigneur qui construit et édifie.
II. L’église locale : une option ?
« Moi Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous attester ces choses dans les églises. » (Apoc 22.16)
L’église locale représente la volonté de Dieu pour ses enfants et n’est pas une option. Lorsque Jésus parle, c’est le plus souvent par sa Parole dans le cadre des églises. Le message de l’Apocalypse, par exemple, est transmis aux chrétiens par l’intermédiaire des églises. Paul indiquait à Timothée comment il devait « se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité » (1 Tim 3.15).
« Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à l’amour et aux bonnes œuvres. N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns ; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour. » (Héb 10.24-25)
L’église locale est le seul lieu spirituel où l’encouragement, l’exhortation réciproque et l’édification mutuelle peuvent se vivre en harmonie simultanément pour toutes les générations. Certes, cela n’est pas facile à vivre et à pratiquer, mais si cela ne se passe pas dans l’église locale, cela ne se produira nulle part ! Ainsi l’église locale n’est pas une option, c’est l’expression de la volonté même du Seigneur.
III. L’église locale a besoin de chacun de ses membres
L’église locale dépend entièrement de chacun de ses membres pour sa croissance. Si le Seigneur bâtit, il ne le fait qu’avec l’accord exprès et conscient des chrétiens qu’il appelle dans une église locale précise. Le critère de l’appartenance à une église locale n’est pas son attractivité, ni la sympathie pour ceux qui s’y réunissent, ni les compétences du pasteur ou des responsables, mais l’appel personnel de Dieu !
Chaque don, chaque contribution non exercés sont une perte pour le corps de Christ sur le plan local, c’est pourquoi la Parole de Dieu nous pousse vers l’église locale
« Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi. » (Gal 6.10)
« Puisque chacun a reçu un don mettez-le au service des autres en bons intendants de la grâce si diverse de Dieu. » (1 Pi 4.10-11)
À l’inverse, chaque membre a besoin de l’église locale pour croître dans la foi et la connaissance du Christ.. Proverbes 18.1 nous adresse une parole acérée qui résonne particulièrement en notre XXIe siècle : « Celui qui se tient à l’écart, cherche plutôt ce qui lui plaît. » Cette réciprocité du « donner-recevoir » et du « recevoir-donner » est clairement inscrite dans le plan de Dieu.
IV. L’église locale est appelée à persévérer
« Et, sans parler d’autres choses, je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les églises. » (2 Cor 11.28)
L’église locale est appelée à persévérer tant que le Seigneur ne montre pas clairement une autre voie. L’apôtre Paul a connu le développement de multiples églises, mais aussi les soucis qu’elles entraînent. « N’aie pas peur des souffrances qui t’attendent » disait le Seigneur à l’église de Smyrne. L’auteur de l’épître aux Hébreux disait à ses destinataires : « Car vous avez besoin de persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. » (Héb 10.36)
Le Seigneur indique en Matthieu 18.16-17 que la discipline concernant les chrétiens se vit dans l’église locale. Juste après, dans le même contexte, il souligne ceci : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Plus tôt dans l’Évangile, il encourage le « petit troupeau » à persévérer et à se conduire de manière à glorifier le royaume de Dieu. Nous voyons par là que l’église locale ne peut s’éteindre qu’à la condition que ses membres la délaissent tous définitivement. Mais l’histoire de l’Église est remplie d’exemples d’assemblées locales qui ont persévéré dans l’adversité pour ensuite être à nouveau riches pour le Seigneur. Ce ne sont pas les difficultés qui ruinent une église, mais plutôt les divisions, ou l’infidélité spirituelle, voire la légèreté de ses membres.
Ce rappel des racines et de la destinée de l’église locale a pour but de nous encourager dans les circonstances que notre assemblée locale pourrait vivre et aussi de nous interpeller nous-mêmes, chacun des membres de cette assemblée.
Donnons maintenant quelques perspectives possibles pour notre assemblée !
V. Conclusion : perspectives et engagement personnel
Le Seigneur ne peut compter que sur nous pour la continuation de l’Église. Parfois il nous met à l’épreuve en permettant le départ de plusieurs. C’est donc à nous de prendre conscience de notre situation locale, puis à nous aussi de prendre position envers l’assemblée en nous y engageant pleinement.
Je propose aux responsables de votre église locale de préparer un papier qui résume la position de plusieurs dans votre église, dont la leur, et de le distribuer à chacun. Ainsi, chacun pourra définir devant le Seigneur, et l’appel qu’il a reçu et sa décision personnelle.
L’église que je fréquente a particulièrement besoin de soutien. Le Seigneur m’appelle à m’engager résolument envers cette assemblée locale. Je souhaite contribuer à la vie de cette église de toutes mes forces, en fonction de la situation personnelle particulière que le Seigneur m’accorde. J’apporterai à l’église dont je suis membre, un soutien spirituel et pratique, ainsi que financier, selon mes possibilités. Conscient qu’aucune assemblée n’est parfaite, je souhaite participer à l’avancement spirituel et l’édification commune des frères et soeurs qui se réunissent dans cette église. C’est ma décision prise aujourd’hui avec l’aide du Seigneur.
Cet article est un support de cours pour la formation des moniteurs au Cycle Formation Jeunesse (CyFoJe). Rédigé premièrement par le fondateur du BESJ (organe de formation de moniteurs chrétiens en Suisse allemande), il a été adapté pour le CyFoJe qui œuvre aussi pour la formation des moniteurs de jeunesse, mais en Suisse romande.
1 "Qui n’est pas gagné à l’idée de l’église locale n’est pas gagné du tout."
Michael Griffiths, dans son livre Merveilleux peuple de Dieu déclare : « D’après le Nouveau Testament, il est impensable que quelqu’un soit chrétien sans être engagé dans une Église réelle. » Appartenir à une Église invisible formée de chrétiens invisibles n’est pas sensé ! Chaque action missionnaire du Nouveau Testament a pour but la construction de l’Église. Cette règle est encore valable aujourd’hui. Le groupe de jeunes est une branche missionnaire de l’Église, il lui est complètement subordonné (et non à une organisation de jeunesse). L’insertion réelle du jeune dans l’église locale est le but du groupe de jeunes, pour autant que l’adolescent croie en Christ (voir Act 2.37.47 ; Éph 5.22-33, etc.).
2 Le groupe de jeunes de l’église locale
Le nom même de « groupe de jeunes de l’Église » dénote qu’il doit être étroitement lié à la communauté locale. Examinons un exemple de partage des responsabilités, qui pourront conduire à l’unité :
a) La responsabilité de l’église locale
Un ancien et un couple (éventuellement plusieurs) constituent une « équipe-conseil ». Ils rencontrent les responsables de jeunesse régulièrement pour discuter du programme, des projets et éventuellement des problèmes. Cette équipe-conseil soutiendra ainsi à plusieurs les lourdes tâches et responsabilités des moniteurs. En effet ceux-ci ont un champ d’activité unique dans l’Église, en ce qu’ils forment au sein du groupe de jeunes, les collaborateurs futurs du royaume de Dieu. L’orientation profondément spirituelle du groupe de jeunes est importante. C’est à l’église qu’incombe la responsabilité de veiller sur cette orientation spirituelle. L’équipe-conseil permet à l’Église d’assumer sa responsabilité, tout en aidant les moniteurs qui demeurent les responsables du groupe de jeunes. Le financement du groupe de jeunes est aussi à discuter au sein de l’équipe-conseil. Il ne doit pas être assuré par un moniteur généreux ou par un ami du groupe, mais plutôt par l’église locale. Il est envisageable que l’église accorde au groupe une somme déterminée. Le montant en est défini par l’équipe-conseil. Les moniteurs rendent compte de l’emploi de cet argent à l’assemblée.
Les activités du groupe de jeunes sont régulièrement mentionnées dans les annonces et les informations faites à l’église locale.
b) Les responsabilités communes à l’église locale et aux responsables de jeunesse
Il est important que les jeunes ou le groupe de jeunes puissent avoir un rôle dans l’église, par exemple pour la sonorisation, la musique, lors de circonstances spéciales (saynète lors de la fête de Noël, etc.). La prière pour la jeunesse est la responsabilité de toute l’église, y compris des responsables du groupe de jeunesse. Les cartes de prière avec photographies des jeunes sont d’excellents moyens pour rappeler ce sujet de prière à la mémoire des intercesseurs. Il peut aussi être utile de distribuer une circulaire de prière permettant aux membres de l’assemblée de suivre l’évolution du groupe de jeunes ou de mentionner les sujets de prière lié à la vie du groupe de jeunes avant la réunion de prière.
c) Les responsabilités du responsable de jeunesse
Le groupe de jeunes ne constitue pas une société en marge de l’église locale. Des informations régulières données en fin de culte replaceront les membres face à leurs responsabilités à l’égard des jeunes. L’insertion du jeune dans l’église locale sera largement facilitée par l’exemple du moniteur. Il est indéniable que l’intégration du jeune dépend de l’intégration réelle des moniteurs dans l’église. L’importance des activités de l’église locale (culte, étude biblique et réunion de prière) ne doit pas être minimisée par les responsables de jeunesse. Un moniteur non intégré à l’église locale est comme un membre séparé du corps, et l’intégration normale des jeunes qui lui sont confiés en sera retardée, parfois même empêchée ! Chaque responsable de jeunesse bénéficie de la confiance de l’église. À lui de tout faire pour conserver cette confiance et sauvegarder une communion entière avec les anciens.
3. Comment les jeunes peuvent-ils être gagnés à l’église locale ?
Nous avons déjà parlé de l’exemple du moniteur. Il est évident que le rôle de la prière est essentiel.
Voici aussi quelques indications pratiques :
a) Rappeler sans cesse l’importance de l’intégration dans l’église et les bienfaits de la communion fraternelle entre chrétiens est primordial. Le passage d’une catégorie d’âge à l’autre sera ainsi grandement facilité.
b) Pour faciliter le passage au groupe d’âge supérieur ou aux autres activités de l’église locale, on peut procéder à des échanges de responsables ou à des invitations du pasteur ou d’anciens. Ces occasions de contact sont un réel avantage.
Par exemple, les membres de l’église donnent un coup de main dans le transport ou aident à un poste d’un jeu de piste.
c) Le contact avec une famille chrétienne aide grandement des jeunes extérieurs à l’église locale.
d) L’intégration totale du jeune au sein de son groupe est d’une importance décisive. Si rapidement on lui confie certaines responsabilités, il apprend la collaboration comme une manière de vivre, ce qui lui sera aussi utile plus tard.
Conclusion
Rédigées dans les années 1990, ces lignes se révèlent aujourd’hui d’une actualité brûlante ! L’engagement spirituel de la jeunesse est un thème préoccupant: nos églises sont appelées à réfléchir à cette problématique des groupes de jeunes, ainsi qu’à la formation de leurs moniteurs. Elles doivent mettre en action des stratégies qui attacheront les jeunes âmes au Seigneur et à son Église. Et le plan par excellence, selon l’Écriture, se vit dans l’église locale, en coopération et solidarité avec chacun de ses membres.
La discipline ecclésiastique a-t-elle encore sa place à l’aube du XXIe siècle ? La question se pose d’autant plus que ce terme ne se trouve nulle part dans la Parole de Dieu. Il nous vient des Réformateurs. Toutefois, comme nous allons le voir, la discipline ecclésiastique est un enseignement biblique clair. Au sens le plus large, elle peut être définie comme « le moyen par lequel le pécheur sauvé par grâce est amené à se séparer de son péché ».
Elle couvre donc un champ extrêmement large qui inclut :
– La discipline formative et préventive qui consiste à prévenir les situations de crises en dispensant régulièrement un enseignement biblique solide et appliqué aux situations éthiques et morales auxquelles l’église et les chrétiens doivent faire face. Dans la large majorité des cas, c’est par ce moyen-là que le but général de la discipline sera atteint dans la vie des chrétiens. D’où l’importance, pour les responsables, d’attacher à l’enseignement qu’ils dispensent tout le soin qu’il mérite.
– La discipline corrective ou médicinale qui consiste à reprendre, selon une procédure précise, 1es péchés évidents, visibles, prouvés (soit une désobéissance à un commandement explicite de la Parole de Dieu, soit une erreur doctrinale qui détruit l’intégrité de l’Évangile, soit l’entêtement dans le péché qui entraîne des divisions). Elle ne doit en aucun cas s’appliquer dans les questions de liberté chrétienne ou pour les péchés intérieurs et secrets.
En général, c’est à cette seconde que nous pensons quand nous parlons de « discipline ecclésiastique ».
I. L’importance de la discipline ecclésiastique
– Elle se pratiquait déjà au sein du peuple d’Israël par la réprimande, l’exclusion et la peine de mort sur les pécheurs notoires (cf. en particulier Kuen, p. 37-40 ).
« Tu auras soin de reprendre ton compatriote. » (Lév 19.17)
« Car tous ceux qui commettront une quelconque de ces horreurs seront retranchés du milieu de leur peuple. » (Lév 18.29)
– Elle a été instituée par Christ pour son Eglise avec une structure bien définie (Mat 18.12-21 ; cf. Kuen, p. 41-66).
– Le Christ l’a lui-même pratiquée au sein de son Eglise (Apoc 1 – 3).
– Elle a été pratiquée dans l’Eglise primitive à plusieurs reprises (cf. Kuen p. 67-91). Réprimandes et exhortations privées ou publiques, suspension, excommunication et rétablissement y sont tous mentionnés.
La pratique de la discipline ecclésiastique est donc un fait incontestable de l’enseignement biblique.
II. Les trois buts de la discipline
– Ramener le croyant errant en lui faisant prendre conscience de son péché et en l’amenant à la repentance.
– Protéger l’église contre la gangrène en « retranchant » le membre dont les péchés connus ou l’enseignement erroné pourraient en inciter d’autres à suivre son exemple.
– Préserver l’honneur de Dieu et la pureté du sacrement en évitant que des personnes dont les péchés connus (parfois même du monde qui en est outré) ne s’identifie à l’église de Dieu en prenant le repas du Seigneur.
Malgré la connotation souvent très négative que revêt l’idée de discipline ecclésiastique aujourd’hui, il est important de constater dans ses trois buts, que l’amour est le principe moteur qui l’anime — un amour qui change d’objet en fonction de la réaction du pécheur à la discipline. D’abord il s’exerce envers le prochain. Ensuite, envers l’église de Jésus-Christ afin de ne pas la laisser être contaminée par l’erreur. Et enfin, cet amour s’exerce envers Dieu dont la gloire et l’honneur ne doivent pas être souillés au sein de son peuple par un pécheur rebelle.
Ces trois buts nous rappellent clairement que le pécheur qui fait l’objet de la discipline ne doit pas être le seul bénéficiaire de notre amour. C’est ce que Pierre Viret montre de façon admirable dans la citation du dialogue qui suit :
« Pierre : – Te semble-t-il qu’il fallut tenir pour miséricorde, si après qu’un loup aurait mangé des brebis, on avait pitié et compassion de lui, qu’on l’épargnait pour lui en laisser encore manger d’autres ?
Nathanaël : – Il me semble que ce serait plutôt grande cruauté. Car ce serait meurtrir les brebis pour épargner les loups et abuser envers eux de la miséricorde de laquelle il convient d’user envers les brebis.
Pierre : […] – Il y en a plusieurs qui usent en matière de justice, d’une telle charité et miséricorde, en supportant les méchants qui méritent punition, et laissant fouler les justes et les innocents, au lieu de leur faire raison comme il appartient. Le semblable advient aussi souventes fois en l’Église, quand on y supporte par trop les scandaleux, et qu’on n’a pas regard au grand dommage qu’ils apportent à toute l’Eglise. »
(P. Viret, Instruction chrestienne. vol. II, p. 577-578)
III. Les 6 étapes de la discipline corrective (y compris le rétablissement)
Selon le schéma qu’Alfred Kuen (p.31) a emprunté à Jay Adams, les différentes étapes de la discipline corrective telles que le Seigneur les a enseignées, sont les suivantes, selon Mat 18.15-16 :
1) L’autodiscipline : En Gal 5.22, elle est mentionnée comme un fruit de l’Esprit. C’est la façon habituelle par laquelle le chrétien progresse dans la foi et apprend à se séparer du péché.
2) La répréhension privée : Elle entre en jeu quand un état « d’irréconciliation » est advenu entre deux frères à cause du péché de l’un d’eux. L’initiative de la démarche repose, non sur le pécheur, mais sur l’offensé. C’est une initiative strictement privée et dont le cadre et les propos ne devraient jamais dépasser le « seul à seul ».
Par la grâce de Dieu, la plupart des cas se règlent à cette étape. Encourager les frères et sœurs de l’église à agir ainsi, plutôt qu’à médire ou à vouloir régler les problèmes à leur place, c’est travailler à créer des liens fraternels forts au sein de l’église.
3) La répréhension avec deux ou trois témoins : Elle n’entre en compte que s’il n’y a eu aucune résolution possible à l’étape précédente. Dans ce cas, la personne qui a entrepris la démarche ira trouver l’offenseur, accompagnée de deux ou trois témoins. Le choix des témoins est important, car ils auront à essayer, avec impartialité, de régler le contentieux et, en cas d’échec, à témoigner de l’endurcissement du pécheur devant les responsables de l’église ou devant celle-ci réunie.
4) Devant l’église : Pour le Seigneur, l’église locale est la dernière instance en matière de discipline ecclésiastique. C’est en son sein que devra être prise la décision de « suspendre » ou « d’excommunier » une personne. Toutefois, afin d’éviter de répandre plus qu’il ne le faut les faits, qui méritent souvent la plus grande discrétion, il est en général prudent que le collège d’anciens représente l’église auprès du pécheur impénitent, avant que l’église rassemblée ne statue sur son cas (cette dernière comprenant aussi de jeunes chrétiens qui pourraient être déstabilisés).
Notez aussi qu’il ne faut pas confondre l’église rassemblée avec le culte du dimanche matin, dans lequel il peut y avoir des incroyants ou des personnes de passage, qui ne doivent pas avoir accès à ces informations.
Avant l’excommunication, une autre démarche peut parfois être envisagée à la lumière de 2 Thes 3.6-15 : il s’agit de la suspension. Paul l’a employée envers un frère qui vivait dans le désordre afin de lui montrer la gravité de sa situation. Dans ce cas, il s’agit de priver ce frère de toute relation sociale naturelle, de la cène et de toute responsabilité dans l’église afin qu’il ait honte de son comportement.
5) Devant le monde (« comme un païen et un péager ») : Si après l’étape précédente, le pécheur demeure impénitent, l’excommunication doit être prononcée par l’église : c’est-à-dire qu’elle rend au monde et à Satan celui dont l’attitude, les paroles ou les actes laissent à penser qu’il n’appartient pas au Seigneur, à moins qu’il se repente.
Suite à cette démarche, l’excommunié doit être considéré comme un non-chrétien et recevoir toute l’attention que nous accordons à de telles personnes pour leur annoncer l’Évangile.
6) Le rétablissement : En pratiquant la discipline ecclésiastique, il ne faut jamais perdre de vue son but final qui est le rétablissement du pécheur et la joie qui l’accompagne (Mat 18.13-14).
C’est ce but qui nous aidera à l’exercer avec compassion, amour et patience. Il nous permettra de rétablir avec joie au sein de l’église le pécheur repentant, aussitôt sa repentance formulée (Luc 17.4). Comme Satan peut être dur, il arrivera souvent que la personne qui revient après une excommunication, ait besoin d’une assistance particulière de l’église.
Comme le montre le cas de « l’incestueux de Corinthe » (1 Cor 5.1-8), toutes ces étapes ne doivent pas forcément être suivies les unes après les autres. Les premières peuvent être sautées en fonction du caractère connu et contagieux du péché.
IV. Quelques remarques
Notez qu’il peut arriver qu’une démarche de discipline ecclésiastique doive être entreprise suite à la « confidence » qu’un chrétien vient vous faire dans un entretien pastoral. Il est donc important de ne jamais promettre une confidentialité absolue lors d’un tel entretien avant de savoir de quoi la personne va vous parler. Sans quoi vous risquez parfois de vous trouver dans l’impossibilité d’agir au niveau de la discipline ecclésiastique, étant liés par votre promesse.
Il existe un lien étroit entre notre théologie et notre pratique de la discipline ecclésiastique. Celle-ci nécessite une vue claire du ministère pastoral et de l’autorité, déléguée de Dieu, qui l’accompagne. La pratique de la discipline est impossible sans une bonne compréhension de la grandeur de Dieu, de sa souveraineté, de sa justice et de sa sainteté, qui sont inséparables de son amour. C’est pourquoi les responsables de l’église doivent avoir horreur du péché et désirer de tout leur cœur une église sainte. C’est motivés par la foi en Dieu et la compassion du Christ qu’ils appliquent les moyens établis par Dieu, en ayant confiance qu’il les emploiera toujours pour sa gloire et le plus grand bien de ses enfants.
Références bibliographiques
Adams J.E., Handbook of Church Discipline, Zondervan, Grand Rapids, 1986, 120 p.
Favre Olivier, Pierre Viret et la discipline ecclésiastique, Revue Réformée, n° 199. 3/1998. Aix-en Provence, p. 55-75.
Kuen A., Si ton frère a péché, la discipline dans l’église, Emmaüs, St Légier, 1997, 127 p.
Lauzet S, Discipline ecclésiastique, Ichthus, n° 137, 6/1986, Marseille, p. 27-34.
Olyott S., Les uns les autres, Kerygma, Aix-en-Provence, 1988, 39 p.
Voici les circonstances qui me menèrent à rechercher une assemblée me permettant d’approfondir ma relation personnelle avec Dieu et la découverte de la vie d’église.
Je suis une femme de 52 ans, mariée et mère de deux jeunes adultes. Il y a quinze ans, il m’aurait été bien impossible d’écrire ces quelques lignes, car Jésus-Christ m’était un parfait inconnu et la véritable vie en église un vécu totalement inimaginable.
Mon passé
J’ai été éduquée dans une famille très religieuse ayant la crainte de Dieu et respectueuse des choses sacrées mais avec toutes sortes d’obligations. Quand j’entrais dans une église, il ne fallait surtout pas parler trop fort, mais chuchoter doucement comme si j’allais déranger le Seigneur ; surtout ne pas se retourner, car c’était tourner le dos à Dieu présent dans la petite boîte près de l’autel et être sage comme les statues qui ornaient les murs. Malgré cela, j’aimais aller à l’église et prier avec ce que je connaissais dans mon cœur.
À l’époque, Jésus était pour moi un bébé dans une crèche et plus tard un homme cloué sur une croix. À 20 ans, mai 68 et ses libertés me firent tourner le dos à tout cela. Je menais ma vie comme je l’entendais. Les années passèrent, je me mariais et devins mère au foyer.
Voilà qu’un jour, une dame m’invita à une étude biblique autour d’un bon café et, ouvrant les saintes Ecritures pour la première fois, j’y découvris la Parole de vérité et Jésus-Christ mon Sauveur et Seigneur. C’est alors qu’à l’âge de 38 ans, ma vie changea totalement de direction. Je reçus une nouvelle vie par la grâce du Seigneur qui a aimé une pécheresse comme moi, en mourant sur la croix à Golgotha, il y a de cela déjà 2000 ans. Quelle joie et quelle libération ; merci Seigneur !
Malgré la poursuite des études bibliques, j’avais soif de la Parole et surtout de bonnes vitamines spirituelles. L’église toute proche ne répondant pas à mes besoins, mon cœur restait insatisfait. Parfois les combats spirituels étaient rudes et à part quelques amies chrétiennes, je n’avais que peu de soutien.
Avec le temps et l’accord de mon mari, je reçus un groupe biblique chez moi et j’étais moi-même responsable de l’étude. Il me fallait vraiment un appui. Je ne pouvais envisager une école biblique, ma situation familiale ne le permettant pas. Mais le Seigneur, fidèle, veillait et allait pourvoir. Seule, fatiguée de tourner en rond, j’ouvris mon cœur à une chère amie qui m’invita dans son assemblée évangélique.
Ma découverte d’une église locale
Le local était situé au-dessus d’une menuiserie ! N’était-ce pas beau comme lieu de rencontre avec mon Maître charpentier ? C’est alors que par un cordial : « Bonjour, chère sœur, soyez la bienvenue », un homme m’accueillit au haut de l’escalier d’entrée et d’emblée je constatais et perçus l’amour et l’accueil fraternel des uns et des autres. N’ayant jamais vu Jésus de mes propres yeux, je peux certifier que ce jour-là, je le vis rayonnant en eux. Je compris aussitôt que j’étais comme « dans la maison du Père ». Enfin, j’étais arrivée « chez moi » dans « ma » famille. C’était dans une grande émotion et remplie de joie que je vécus ce premier culte.
L’ensemble des chants de louange s’élevant des cœurs étreignirent d’amour mon âme. Je vivais pour la première fois la véritable adoration due au seul et unique Dieu et Créateur. Je serai toujours infiniment reconnaissante au Seigneur de m’avoir placée là dans sa menuiserie où je trouvais enfin pleinement satisfaction et abondance de biens spirituels, selon ce que mon cœur désirait tant. Lors de la prédication de la Parole, je buvais littéralement tout l’enseignement. J’aurai voulu que cela ne s’arrête point. J’étais subjuguée de recevoir enfin des explications de textes que je ne comprenais pas toujours et, comme dit le Psalmiste, par sa lumière, je voyais la lumière. Ce fut en quelque sorte le jour mémorable du début de « ma véritable école biblique ». Je m’en souviens encore comme si c’était hier. La Parole devenant pour moi le plus grand des trésors et la vie en église m’offrant l’épanouissement de toute ma personne comme une fleur au soleil, mon cœur comblé se mit à déborder. Comme je le dis souvent, je suis devenue une femme parmi les plus riches du monde et c’est la vérité !!! Mais voilà, ces richesses d’abondance du cœur, qu’allais-je en faire ? Ayant reçu une telle liberté et plénitude en Jésus le Christ, je n’eus plus qu’un désir : donner autour de moi tout ce que j’avais reçu de sa part. Il me demanda de le suivre en le servant dans la mission où je l’avais rencontré et il me confia des responsabilités dans les Rendez-Vous avec la Bible (RVB) de ma région.
Que m’a donc apporté l’église locale?
Ne connaissant pas vraiment la communion fraternelle et découvrant ce lien du Saint-Esprit qui nous unit, ce fut d’abord l’exemple des aînés qui m’interpella le plus. Debout devant le Seigneur malgré parfois de dures épreuves dans leur vie, ils étaient encore à genoux devant le trône de la grâce pour la prière et l’intercession. Cette attitude de juste piété m’encouragea à les imiter. Leurs bras de « grand frère » ou « grande sœur » m’accueillirent souvent, pour recevoir conseils et encadrement afin de persévérer dans la foi, l’amour et les combats. C’est ainsi, comme dit M. Peterson, que je commençais à pratiquer la table à quatre pieds : Prière-Parole-Espérance-Persévérance.
L’enseignement systématique de la Parole de vérité lors des cultes, me permit de pénétrer les trésors de Dieu. Pouvant réécouter les cultes aussi sur cassettes audio, cela favorisait l’approfondissement des divers thèmes et l’achat de livres a parfait ma connaissance de la bonne doctrine.
Finalement, je mis en pratique l’obéissance à la Parole en demandant le baptême par immersion. Ce fut un jour mémorable où je « trépassais » au fond d’un lac et « renaissais » à la lumière d’un sublime soleil d’été. Gloire à Dieu !
Au sujet des offrandes, je voudrais attirer l’attention sur ce point. Il est vrai que, ne percevant pas un salaire personnel, j’aurai pu me sentir frustrée de ne pouvoir donner selon mon cœur. Mais je reçus la paix : je pouvais offrir ce que je possédais, c’est-à-dire mes divers dons que je pouvais mettre à disposition de mes frères et sœurs, mon temps pour le ménage du local ou mes mains pour des décorations.
L’impact sur ma vie de famille
Il est aussi certain que mon regard changea par rapport à ma vie de famille. Mon désir fut de mettre toujours Jésus en premier dans mes journées malgré mon calendrier bien chargé (et c’est alors fou de voir comment le Seigneur agençait bien mon temps) et d’être une aide attentive et un véritable vis-à-vis (Gen 2.18) pour mon époux. Je bénis Dieu pour le don de nos enfants, moi qui avais appris qu’ils étaient une punition (« tu enfanteras dans la douleur »). En regardant aussi les richesses et l’amour des aînés de mon assemblée envers moi, je pus aussi avoir un nouveau regard sur mes propres parents, qui étaient ce qu’ils étaient avec leur propre vécu, mais étaient ceux que Dieu avait choisis pour me donner la vie.
On me demanda un jour quels étaient les projets d’une femme de cinquante ans, n’ayant plus ses enfants à la maison. Je répondis : « Ma deuxième vie sert à enfanter des femmes (grâce aux RVB) pour Dieu ».
En conclusion…
… ce témoignage pourrait laisser croire que mon église locale est parfaite et moi de même. Loin de là !! Mais elle a eu dans ma vie un tel impact qu’elle restera pour moi un port d’attache, parce que Dieu et sa Parole y sont honorés, Jésus-Christ, la vérité, y est enseigné et l’amour de Christ est pratiqué.
À Dieu seul soit la gloire pour l’éternité !!
de l’abondance de ta maison,
et tu les abreuves au torrent de tes délices.
Car auprès de toi est la source de la vie ;
par ta lumière nous voyons la lumière. »
(Ps 36.9-10)
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