PROMESSES
Bilan provisoire
Dans notre vieille Europe en quête d’une seconde jeunesse, il est de bon ton d’afficher un esprit républicain laïc et non partisan. Cette apparente neutralité ne doit pourtant pas faire illusion : elle se double, au niveau des plus hautes instances, d’un athéisme militant qui n’ose pas dire son nom. On ne s’étonne donc guère que la nouvelle Constitution européenne, dont le projet a été adopté en juin 2004, omette toute référence à Dieu dans son préambule, au profit d’un texte passe-partout : « S’inspirant des héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe, à partir desquels se sont développées les valeurs universelles… ».
Plus récemment, le refus de la candidature de Monsieur Buttiglione (un catholique conservateur) au sein des organes directeurs du Parlement européen est un épisode significatif : la morale chrétienne sur des sujets comme l’avortement ou l’homosexualité n’a pas sa place dans ce cadre. Parallèlement, à tous les niveaux de notre vie ordinaire (éducation, législation, affaires, mœurs, etc.), le consensus chrétien continue de s’éroder, et les mentalités collectives héritées de mai 68 viennent prêter main forte aux dirigeants de nos nations apostates. Un vieux rêve occulte se concrétise : l’Empire mondial se bâtit avec le ciment de la révolte contre l’Éternel et son messie (cf. Ps 2.1-3). Comme l’avait discerné A. Camus dans son fameux essai sur « l’histoire de l’orgueil européen », ce projet est habité d’une ambition métaphysique : « l’édification, après la mort de Dieu, d’une cité de l’homme enfin divinisé » (L’homme révolté, Idées NRF, Gallimard, 1951, p 22 et 225).
Un strapontin pour le chrétien ?
Conscient des présupposés anti-chrétiens qui, souvent mêlés aux bons sentiments et aux discours apaisants, façonnent notre société, le chrétien peut à juste titre se sentir isolé, incompris, voire menacé. Le flou de la pensée postmoderne, aussi répandue qu’insaisissable, semble le priver d’une affirmation claire et tranchante de sa foi. Y a-t-il encore un strapontin pour lui dans cette mouvante et imposante assemblée?
La tentation de se rebiffer contre une place aussi humiliante est grande. Mais le chrétien a été prévenu : « Le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 13.16 ; 15.20). Au reste, l’expérience nous apprend que le monde trouve toujours prétexte à s’opposer au témoignage des croyants. Si ceux-ci sont fervents, on les accusera d’exaltation ou d’illuminisme ; s’ils sont modérés, ce seront des faibles ; s’ils sont fidèles, on en fera des réactionnaires ringards ; s’ils sont dévoués dans le cadre de leur église, on les réduira à des sectaires bornés ; s’ils sont sympathiques, serviables et généreux, ce seront de braves gens, mais on refusera à leur Sauveur le privilège de les avoir rendus tels. Reconnaissons que vivre en chrétien n’est pas de tout confort.
Trop tard pour être entendus ?
Informé de l’ingratitude du combat, le chrétien l’est aussi des fruits attendus de son service. Tant que le Chef de l’Église ne l’a pas reprise à lui, le croyant peut compter sur des percées et des victoires spirituelles réelles : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13.35) ; « Faites tout sans murmures ni discussions, pour être irréprochables et purs, des enfants de Dieu sans reproche au milieu d’une génération corrompue et perverse, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, portant la parole de vie » (Phil 2.14,15,16a). Tel est le plan du Maître pour ses disciples, afin que ceux-ci offrent au monde des vies d’authentiques chrétiens, fermes, unis et pleins d’espoir malgré l’hostilité ou l’indifférence. Pourquoi donc le message de l’Évangile est-il en perte de crédit ? Pourquoi le chrétien reste-t-il souvent désemparé, comme sur la touche, devant l’évolution de notre société ? Essayons d’y réfléchir.
1. Attention virus !
Depuis une quarantaine d’années, le dogme chrétien est soumis à un redoutable travail de sape. On nous dira qu’il en a toujours été ainsi. Oui et non. Oui, parce la vérité biblique a toujours été contrée et contestée au nom d’autres positions (religieuses, scientifiques, politiques, etc.). Non, parce que la nature de l’idéologie postmoderniste est foncièrement inédite : le chrétien ne se trouve plus face à des adversaires auxquels il faudrait opposer des contre arguments soigneusement choisis ; c’est le droit d’avoir ses arguments à lui qui lui est refusé. En effet, dans un monde où règnent les principes d’incertitude et de pluralisme, c’est la possibilité même de se référer à une vérité absolue, certaine, normative, qui est proscrite. La mode impose une réduction au particulier ; elle n’admet pas de réalité transcendante au-delà du Moi. Un tel minimalisme spirituel est bien évidemment incompatible avec la Révélation biblique et tout son message.
Malheureusement, ce présupposé culturel a pesé très lourd sur la capacité de mobilisation et de rayonnement des chrétiens. Les « flambeaux » se sont mués en timides « lumignons qui fument ». L’engourdissement spirituel et les soucis de la vie ont fait le reste, et beaucoup de croyants sont devenus incapables de remplir leur mission de sentinelles, de hérauts de Christ (cf. Mat 26.36-46 ; Luc 21.34). Plus grave encore : le croyant du 21ème siècle est parfois devenu, à son insu, le vecteur efficace (la « mule » ?) de notions et de comportements manifestement séculiers et profanes. Pareilles à des virus, ces attitudes infectent sa relation avec Dieu, et son témoignage. En voici les symptômes les plus fréquents :
a) L’appauvrissement de la connaissance
Le refus postmoderne de la pensée rationnelle et structurée, ainsi que la négligence de l’étude systématique de l’Écriture (sans parler de l’abandon de la lecture tout court) sont ici en cause. Cette orientation en phase avec l’esprit du temps flatte évidemment notre paresse innée, et nous autorise le moindre effort. La connaissance biblique se rétrécit comme une peau de chagrin. Conséquence : le chrétien évangélique connaît moins bien « son livre » qu’un témoin de Jéhovah ou qu’un mormon. Sa foi est sans vigueur, parce que sous-alimentée.
b) Le ramollissement de la conscience
Le relativisme moral qui prévaut aujourd’hui, la banalisation des perversions en tous genres, ainsi que le mépris général dans lequel le monde tient la Révélation biblique, contribuent à aliéner le croyant de ses semblables. Comme Lot au milieu de Sodome, il s’afflige de l’état moral de la cité, mais ne trouve pas la force de la quitter. Quand, de plus, il ne connaît la Parole de son Dieu qu’au travers de vagues souvenirs de catéchisme ou de prédications vite oubliées, il se résigne plus facilement à la dépravation ambiante. Même s’il ne pratique pas tout ce qui se fait autour de lui, le chrétien n’en est plus franchement choqué. Quant aux libertés qu’il s’octroie, aux choses qu’il regarde (des heures durant), aux accoutrements provocants qu’il (elle ?) se permet, au langage qu’il utilise, on n’ose plus y faire allusion : ce serait empiéter sur sa sacro-sainte sphère privée.
c) L’effacement du discernement
L’extrême variété des points de vue possibles, l’éclatement des frontières et des valeurs traditionnelles, mais surtout les effets conjugués d’une intelligence mal éclairée et d’une conscience émoussée, peuvent rendre le chrétien incapable de s’orienter, de comprendre les temps dans lesquels il vit, de distinguer entre l’utile et le futile. Il ne perçoit plus clairement sa vocation. Il va dès lors se laisser guider par les circonstances ou par le discours persuasif de la première vedette (évangélique) venue. Sa capacité de démêler le vrai du faux, le bien du mal, l’essentiel du superficiel, le réel de l’artificiel, la spiritualité biblique des spiritualités d’en bas, s’en trouve sérieusement compromise.
d) La surévaluation des émotions
L’habitude généralisée de mesurer la validité (et même la vérité) d’une pensée ou d’une expérience en fonction de la qualité de l’émotion qu’elle engendre ou du plaisir qu’on en retire, finit par déteindre sur le chrétien. Pour lui aussi, la tentation de privilégier le « fun » et le « cool », l’ambiance, voire les sensations fortes, est bien présente. Tout ce qui ne l’émeut pas est suspect, ennuyeux, sans contenu. C’est ainsi que l’on peut expliquer l’engouement délirant de certains milieux évangéliques pour une musique (presque) aussi assourdissante, martelée, délurée et sensuelle que celle des discos branchées (ne dit-on pas que la louange dynamique et authentique, c’est comme ça ?…) Ce besoin impératif de sensations explique aussi la soif d’expériences « décoiffantes » avec Dieu : signes, prodiges, miracles, révélations spéciales, etc. Mais les émotions sont de dures maîtresses : elles en exigent toujours plus, jusqu’à épuisement du sujet.
e) La distorsion des textes bibliques
Malgré l’éparpillement extrême des pensées, notre société postchrétienne est pourtant habitée d’une obsession invétérée : elle ne cesse de produire des ouvrages, des films, des avis, des controverses, autour de thèmes tels que la Bible, Dieu, Jésus-Christ, et le vrai sens de l’Évangile. On pourrait presque s’en réjouir, si les interprétations ainsi popularisées, et les hypothèses avancées, ne constituaient pas, la plupart du temps, de grossières distorsions du sens évident des textes sacrés. Ainsi, par exemple, le théologien suisse Eric Fuchs qui, se fondant sur les propos de l’apôtre Paul : «Il n’a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ » (Gal 3.28), en vient à justifier l’union homosexuelle non seulement dans la société, mais dans l’Église. Il ne voit pas d’objection à ce qu’un pasteur soit un homosexuel actif. Au passage, il critique la lecture « fondamentaliste » (c’est-à-dire littérale) des textes bibliques (voir l’article Tous saints ? Les homosexuels aussi ? de J-F. Mabut et A. Dupraz, Tribune de Genève du 1er nov. 2004). Dans ce climat de maltraitance des textes bibliques, et devant la sophistication de certains arguments fallacieux, le chrétien moyen se sent dépassé, et se garde bien d’entrer dans l’arène du débat, laissant le champ libre aux falsificateurs de tous poils.
f) La dispersion de l’énergie
Notre Occident voué aux dieux de la consommation est aussi un hypermarché culturel, psychologique, mystique et religieux. L’offre et la demande sont infinies. Plus question de se soumettre, sa vie durant, à une seule ligne de pensée ou de conduite. De même que le divorce et les relations sentimentales éphémères sont devenus la norme, les « expériences » destinées à garantir le mieux-être et l’épanouissement personnel seront aussi nombreuses, diverses et bigarrées que nécessaire. De divertissements en thérapies, de séminaires en voyages initiatiques, de cures de bien-être en spectacles éblouissants, l’Occidental du 21ème siècle se multiplie et s’éreinte. Et le croyant, pour être sûr d’être à la page, se met à vivre au même rythme, sous la même contrainte. Oh ! bien sûr, il ne troquera pas facilement sa foi contre une religion exotique, mais dans le cadre de son église, de son temps libre, de ses centres d’intérêt, il sera à l’affût des nouveautés, des modes, des choses à voir absolument, comme s’il craignait de ne vivre qu’à moitié en se calmant un peu.
Qui se sent indemne de la mentalité du siècle présent ? Le catalogue des virus de notre foi devrait nous amener à la constatation : l’impact de notre témoignage passe par une reconquête de notre identité, par un assainissement de notre position face au monde, par une redécouverte de notre héritage ?
2. Retrouver notre place
Nous ne pouvons ici qu’esquisser une orientation nouvelle. Dans un livre fort intéressant intitulé Les défis de la postmodernité (Éd. Emmaüs, 2002, CH-1806 Saint-Légier), Alfred Kuen fixe les termes de sa réflexion entre deux pôles :
– d’une part, la nécessité pour le croyant immergé dans la mentalité postmoderne de ne pas s’y conformer, selon l’injonction de l’apôtre Paul : « Ne vous conformez pas au monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait » (Rom 12.2) ;
– d’autre part, la nécessité de tenir compte de cette mentalité dans son approche de ses semblables. Selon Paul toujours : « Je me fais tout à tous, afin d’en conduire au moins quelques-uns au salut par tous les moyens » (1 Cor 9.22).
Après avoir soigneusement analysé les implications de la position postmoderniste dans le monde et dans l’Église, A. Kuen nous propose d’exploiter le mieux possible les failles et les grandes détresses provoquées par le vide existentiel et normatif de notre époque. Il affirme que le désarroi actuel crée des opportunités nouvelles pour l’évangélisation, mais que cette dernière ne doit pas hésiter à prendre parfois des chemins inhabituels (voir chap. 10 : Comment se faire « tout à tous »). Pour autant, l’auteur reconnaît que l’adaptation au monde actuel a ses limites, et que le message chrétien ne saurait être simplement assaisonné au goût du jour : « Tout notre enseignement et toute notre prédication devront tourner autour des vérités centrales de l’Évangile. Le christianisme contient une part intellectuelle non négociable qu’il nous faut enseigner… Dans le Nouveau Testament les chrétiens ne dialoguent jamais comme si les deux parties étaient censées chercher la vérité : ils proclament celle qu’ils ont découverte en Jésus. Mais ils le font avec humilité » (p. 178). Suit un catalogue de conseils pour rétablir le courant entre les chrétiens et leur génération.
Toutefois, A. Kuen est bien conscient qu’avant toute « méthode » de communication du message biblique, c’est l’état spirituel du croyant qui constitue la priorité absolue. « C’est dans la mesure où nous serons vraiment nous-mêmes, vivant notre foi comme la Parole de Dieu le demande, que nous aurons le maximum d’impact sur nos contemporains » (p. 191). Et l’auteur de citer 1 Pi 2.11-12, et un peu plus loin, Rom 3.10-14 et Ph 2.14-16a (déjà cité au début de notre article).
Ainsi donc, trouver notre juste et utile place dans ce monde requiert un triple combat :
– le combat pour une vie personnelle entièrement conforme à la volonté de Dieu ;
– le combat pour une vie d’église conséquente et convaincante ;
– le combat pour une évangélisation sage, aimante, et sans compromis (cf. p. 194).
Si, dans les grandes lignes, nous pouvons suivre la présentation d’A. Kuen, dont l’approche est sûrement celle de beaucoup d’évangéliques, nous nous permettons cependant de suggérer que le chrétien en panne de témoignage efficace verse trop rapidement dans la mise en application de recettes de communication (si ce n’est de marketing, voire de manipulation psychologique). Il sous-estime la valeur déterminante de sa communion avec Dieu, de sa consécration dans le cadre de sa vie d’église et de la fidélité qu’elle implique dans toutes sortes d’œuvres plus ou moins cachées. Il fait parfois peu de cas de la transmission de « tout le conseil de Dieu », y compris des éléments les moins populaires de ce message (prédication centrale de Jésus Christ crucifié pour nos péchés et ressuscité pour notre justification ; cf. 1 Cor 1.21-23, 30 ; 2.2 ; Rom 4.25). En d’autres termes, on se hâte vers des fruits rapides, mais on néglige d’affermir les racines et de soigner l’arbre. D’où des résultats de qualité incertaine.
En relisant attentivement les versets de départ d’A. Kuen dans leur contexte (c’est-à-dire Rom 12 à 16 et 1 Cor 8 à 13), on est frappé par l’insistance de Paul sur deux thèmes prioritaires : la relation des croyants avec leur Dieu, et celle des croyants entre eux. Les relations des croyants avec le monde en général ne viennent qu’ensuite.
Cet équilibre implique que le croyant s’attache d’abord à regagner le terrain que la mentalité postmoderne lui a volé. Les maux que nous avons brièvement passés en revue (appauvrissement de la connaissance biblique, ramollissement de la conscience morale, effacement du discernement, surévaluation des émotions, distorsion des textes bibliques, dispersion de l’énergie) sont autant de handicaps graves, dont on ne guérit pas du jour au lendemain. Leur élimination exige la repentance, le retour à une vie d’authentique dépendance de Dieu, le réajustement de nos priorités, la réflexion éclairée par la Parole et par l’Esprit, le rééquilibrage de nos émotions, le réexamen de notre engagement dans la famille, dans l’Église et dans le monde. Devant l’influence ravageuse de notre société impie sur nos esprits, et devant l’ampleur de notre mission, nous pouvons soupirer : « Qui est suffisant pour ces choses ? » (2 Cor 2.16 b) La réponse du Seigneur ne sera pas autre qu’il y a 2000 ans : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Cor 12,9 a). Dans cette perspective, et avec une telle provision, qui peut prétendre que le chrétien n’a plus sa place aujourd’hui ?
- Edité par Pfenniger Claude-Alain
I. Introduction
Certains évangéliques sont aujourd’hui taxés de fondamentalistes. Sommes-nous donc réellement des fondamentalistes ?
Observons tout d’abord que le classement des êtres humains en fonction de leurs croyances se présente comme une tâche délicate qui réclame souplesse et discernement. Nul d’entre nous n’aime être catalogué, pour la simple raison que les étiquettes que les autres nous réservent sont généralement peu flatteuses.
Le terme « fondamentaliste » a une connotation très négative aux yeux de la population. On a peur des fondamentalistes tels qu’ils sont présentés dans les médias. Pourquoi ? Parce qu’on se défie du fanatisme, de l’intolérance et de la violence religieuse.
Dans le dictionnaire, le fondamentaliste est défini comme « un croyant extrémiste, traditionaliste, orthodoxe, conformiste et conservateur. C’est une personne qui adhère aux fondements de sa foi, du point de vue le plus orthodoxe possible. Ce mot vient du latin fundamentalis, de fundamentum ».
Certains chrétiens évangéliques sont perçus comme des fondamentalistes caractérisés par une lecture intransigeante, littérale, rigide des textes de la Bible, et par leur refus de toute relativisation de son message. Ils le manifestent, par exemple, dans leur rejet de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux.
Les termes « évangélique » (utilisé sans nuances pour désigner toutes les tendances du mouvement évangélique) et « fondamentaliste » sont parfois synonymes. Ainsi, dans un article paru dans L’Hebdo du 15 mai 1997 en Suisse romande, le journaliste écrit : « Les évangéliques sont déjà plus de 200 000 en Suisse ! Armés d’une foi pure et dure, ils prennent la Bible à la lettre, arborent des poissons sur leurs voitures et pratiquent le culte à l’américaine, avec un ‘D.J’ pour animer les cantiques. »
Les termes employés par nos contemporains pour nous désigner, tout comme les confusions qui en découlent, nous poussent donc à clarifier la question de notre identité. En effet, il n’est pas inutile de comprendre ce que le monde pense de nous, mais il est surtout vital de savoir comment nous (nous) représentons la révélation de Dieu au travers des saintes Ecritures.
II. Le fondamentalisme dans tous ses états
Le monde qui nous entoure ne commente pas le « phénomène » fondamentaliste d’une seule voix. Pour nous comprendre et nous expliquer, les approches et les discours sont multiples, et pas toujours concordants ! Rappelons quelques pistes.
a) L’approche sociologique
Le fondamentalisme est perçu comme une réaction contre la modernité. Dans cette approche, l’homme (et ce qu’on décrit comme ses droits et ses besoins élémentaires) est l’objet et la référence ultime (ainsi que l’exige l’humanisme moderne). L’anthropologie et la sociologie relèguent la Bible et la foi chrétienne classique au rang de reliques d’un autre âge. Le fondamentalisme est donc facilement classé parmi les mouvements anti-progressistes, et non scientifiques.
b) L’approche théologique
Le fondamentalisme est perçu par les théologiens libéraux comme une menace anti-intellectuelle. Le fondamentalisme existe, selon cette définition, pour empêcher le christianisme de perdre son influence sur la société (à la limite, on l’accuse de se montrer complice de régimes politiques « de droite » très mal-aimés en Europe). Les évangéliques sont dénoncés comme des croyants simplistes qui refusent de lire la Bible d’une façon critique. A l’encontre de ce que préconise la théologie libérale, les évangéliques semblent être en conflit avec toute position qui s’attaquerait à l’historicité et à l’inspiration des textes sacrés1.
c) L’approche psychologique
Dans cette approche, le fondamentalisme exprime un besoin de sécurité face à la déstabilisation de la société, face à la perte des normes et des valeurs éthiques qui furent autrefois la base même de notre civilisation2. Le fondamentalisme serait donc une façon un peu désespérée de répondre au vide moral et sémantique de notre monde postmoderne.
d) L’approche médiatique
Finalement, dans l’approche médiatique, le fondamentalisme est perçu par les journalistes comme un mouvement de re-christianisation du monde séculier, sur le modèle des projets musulmans qui visent à ré-islamiser le monde. Ainsi les évangéliques sont assimilés à un mouvement de reconquête. Or les journalistes, dont les positions sont souvent teintées de libéralisme humaniste, se montrent volontiers horrifiés à la pensée de l’avènement d’une forme quelconque de théocratie.
III. Les fondamentalistes sur la sellette
La théologie libérale fait la différence entre le Jésus de la foi, le Jésus de la Bible et le Jésus de l’histoire. Pratiquement, ces théologiens, tout en se proclamant chrétiens, n’hésiteront pas à remettre en question l’existence historique de Jésus-Christ au 1er siècle. Ou encore s’attaqueront à des faits qui semblaient pourtant largement confirmés : « De nouvelles découvertes archéologiques remettent en cause l’existence d’un royaume unifié aux XIe et Xe siècles avant J.-C. » Conclusion de l’archéologue : le grand Israël des rois David et Salomon n’a jamais existé3. Il est donc très important que nous examinions brièvement quelles sont les critiques que les théologiens libéraux adressent aux fondamentalistes évangéliques. Ils nous reprochent…
1. De croire à l’inerrance et à l’inspiration plénière des saintes Ecritures.
2. De vouloir convaincre les autres par des méthodes d’évangélisation qui visent la conversion individuelle (accusation de prosélytisme).
3. De mettre l’accent sur le rôle primordial de la conversion, c’est-à-dire sur l’expérience personnelle de la conversion et d’une vie de piété en harmonie avec la foi.
4. D’insister sur la réalité du péché (dont les libéraux ont depuis longtemps relativisé la gravité) ; James Barr, dans son ouvrage sur les fondamentalistes, écrit que les évangéliques sont obsédés par le péché et par la culpabilité. Le fondamentalisme existe, dit-il, parce qu’il a besoin du péché pour exister4. Quoi qu’en pense cet auteur, les conséquences tragiques d’un christianisme sans contenu (et « sans péché » !) sont malheureusement démontrées par les dernières recensions qui font apparaître un recul constant du christianisme en Europe. En Suisse par exemple, les protestants ont diminué de 4 % en 10 ans, et les catholiques de 2 %5, et ce malgré l’augmentation de la population. En revanche, le nombre de musulmans a doublé en dix ans6. Du côté catholique romain, le cardinal Schwery écrit : « La société devient de plus en plus païenne »7.
5. De mettre l’accent sur l’importance de la prière personnelle. Les détracteurs du fondamentalisme proposent à la place une foi communautaire, d’orientation essentiellement liturgique. Ils désapprouvent totalement le désir de promouvoir le rétablissement de la prière dans les écoles publiques, selon les propos du sociologue Ben Barka dans son livre Les nouveaux rédempteurs8.
6. De voler la liberté de conscience de chaque être humain en matière de religion. Mais à l’examen, qui sont ceux qui, en Suisse, en France, ou en Allemagne, sont jaloux de conserver leurs privilèges de « religions d’Etat » ? Sûrement pas les évangéliques.
7. D’avoir une vision biblique de la société. On déteste nos thèses créationnistes, même modérées. Un ouvrage comme celui d’Edward J. Young, qui insiste sur une lecture littérale du récit de la création9, est jeté aux orties.
8. D’accréditer une christologie basée exclusivement sur la révélation biblique. Pour nous, il est clair que si nous mettons en doute l’historicité du Fils de Dieu, et l’inspiration plénière de la Bible, nous ne pouvons plus soutenir la thèse de la divinité de Christ. Et toute la christologie tombe d’un coup (comme l’écrit par exemple Donald MacLeod dans son ouvrage La personne du Christ10). Ce ne sont pas seulement les fondamentalistes qui sont ici pris à parti par la théologie officielle : c’est le cœur du christianisme qui est attaqué !
9. De croire en un jugement des incrédules à la fin du monde, et de parler de peines éternelles.
IV. Sommes-nous des fondamentalistes ?
Pour éviter des controverses inutiles, il serait peut-être opportun de ne pas revendiquer à tout prix le qualificatif de « fondamentalistes », tant ses connotations actuelles sont parfois éloignées de ce que nous croyons ! Mais admettons que, comme beaucoup d’évangéliques, nous sommes bien des conservateurs quant aux doctrines essentielles de la Réforme. Au reste, soyons-en persuadés : Jean Calvin ou Martin Luther seraient aujourd’hui taxés par leurs ennemis de fondamentalistes.
Le théologien J. Stott regrette, pour sa part, l’amalgame que font James Barr et ses semblables entre fondamentalisme et évangélisme. Barr met en effet dans le même sac :
– le fondamentalisme en général ;
– certains mouvements purs et durs comme les intégristes catholiques par exemple ;
– les évangéliques modérés prêts à se remettre en question.
John Stott estime que James Barr juge très mal ces derniers, et que son attitude dénote de la méchanceté, de l’incompréhension ou de l’ignorance. Il écrit : « Qu’il soit dit clairement d’emblée que l’immense majorité des chrétiens évangéliques (du moins en Europe) rejette l’étiquette ‘fondamentaliste’, car ils sont en désaccord avec les prétendus fondamentalistes sur de nombreux points importants »11. Sans nous attarder sur les différences abyssales qui nous distinguent des fondamentalistes islamistes, nous résumerons ici les thèses de J. Stott sur ce qui nous sépare des intégristes catholiques.
V. Similitudes et différences entre évangéliques conservateurs et catholiques intégristes
a. Similitudes
1. Les deux tendances ont la conviction que l’évolution de la modernité actuelle met en péril les fondements de la foi chrétienne. D’où le reproche qu’on adresse aux deux mouvements : pour éviter que la Vérité absolue ne soit altérée, vous faites preuve d’un comportement militant excessif et d’un esprit exclusif.
2. James Barr prétend que les fondamentalistes sont persuadés d’être les seuls détenteurs de la doctrine chrétienne authentique et les seuls dépositaires de la vérité, et qu’ils rejettent en conséquence tous ceux qui ne pensent pas comme eux12. Bien plus, la monopolisation du christianisme a pour résultat, selon les libéraux, la diabolisation de toute autre position. Cette critique doit être prise au sérieux et vaut la peine qu’on y réfléchisse, puisque certains évangéliques sont en effet très exclusifs dans leur façon d’exprimer leur opinion. Mais si, jusqu’à un certain point, évangéliques conservateurs et intégristes sont persuadés que la Bible est la Parole de Dieu, il n’en découle pas pour autant qu’une quelconque organisation ou association d’églises soit détentrice unique et permanente de la vérité. C’est la Parole de Dieu qui est la vérité. Et la mission de l’Eglise est de soutenir cette vérité (1 Tim 3.15).
3. Les deux courants n’acceptent pas l’œcuménisme, car s’ils le faisaient, ils devraient tolérer l’incertitude et la relativité de leurs positions doctrinales13. Donc, ni les évangéliques conservateurs, ni les catholiques intégristes n’aiment l’œcuménisme. C’est un point que nous ne pouvons pas contester, pour la plupart d’entre nous.
4. On reproche aux évangéliques conservateurs et aux intégristes d’avoir une lecture pessimiste de l’évolution sociale, éthique et politique de notre époque. Ils se voient comme les dépositaires privilégiés de l’héritage chrétien, seul espoir d’échapper à l’effondrement de l’Occident. Par leurs racines, évangéliques et intégristes s’ancrent dans les idéaux soit de la réforme, soit de la contre-réforme. Cette remarque me semble aussi juste de la part de nos adversaires libéraux.
b. Différences
1. Si les évangéliques conservateurs rejettent les structures ecclésiales autoritaires propre au système romain, les intégristes catholiques (tels les adeptes de feu l’évêque Marcel Lefebvre) prônent le retour aux institutions sacrées de l’Église, avec le Pape à leur tête. Les intégristes restent de farouches partisans de la plupart des hérésies anti-bibliques combattues autrefois au prix d’immenses sacrifices par les Réformateurs. Evangéliques et intégristes sont donc foncièrement divergents sur bien des points essentiels, et non négociables.
2.. Les évangéliques conservateurs, s’appuyant sur des fondements scripturaires clairs et intangibles, insistent sur la nécessité de la conversion personnelle et de la nouvelle naissance, conjointes à la repentance et à la foi personnelle en Jésus-Christ (cf 2 Cor 5.17). AA l’inverse, les intégristes catholiques (comme les catholiques en général) reçoivent le salut au travers du magistère de l’EEglise et de l’administration des sacrements, sans engagement complet de la conscience, de l’intelligence, de la volonté, et du cœur.
VI. Sept marques de notre identité
Les évangéliques, reconnaissons-le, sont loin de toujours parler d’une seule voix, de défendre les mêmes priorités, de faire preuve de la même rigueur, doctrinale ou pratique, de présenter le même degré de fidélité par rapport au message de l’Evangile dont ils se réclament. A défaut de pouvoir ici nous étendre sur ce qui « sépare » les évangéliques, nous terminerons notre article par une brève revue de quelques certitudes qui constituent le noyau de notre identité.
1) Nous croyons à l’inerrance et à l’autorité de l’Ecriture
Nous croyons que la Bible est la seule règle, certaine et infaillible, qui suffit pour toute connaissance en matière de salut, de foi et de conduite pratique (2 Tim 3.15-17). Nous ajoutons encore cette précision : « Puisque Dieu n’a promis nulle part que l’Ecriture serait transmise sans erreur, il faut bien affirmer que seul le texte des autographes, des documents originaux, a été inspiré, et il faut bien maintenir que la critique textuelle est nécessaire pour détecter toute altération introduite dans le texte au cours de sa transmission. La conclusion de ce travail scientifique, cependant, c’est que le texte hébreu et grec se révèle étonnamment bien conservé, si bien que nous avons tout à fait le droit d’affirmer, avec la Confession de Westminster, que Dieu y a veillé spécialement dans sa providence, et que l’autorité de l’Ecriture n’est en rien menacée si les manuscrits que nous détenons ne sont pas totalement sans erreur »14.
2) Nous croyons que l’homme a perdu sa justice originelle et sa communion avec Dieu le Créateur
Par le péché, Adam et Eve ont perdu leur justice originelle et leur communion avec Dieu (Gen 3.6-8). Ils sont devenus spirituellement morts, et promis à la mort physique, à cause de leur désobéissance à Dieu (Gen 2.17 ; Eph 2.1). Par le péché, leur nature a été corrompue, et avec eux, tous leurs descendants (Ps 51.5 ; Gen 5.3 ; Job 14.4 ; 15.14).
3) Nous croyons que Jésus-Christ est le seul médiateur entre Dieu et les hommes
Il a plu à Dieu, dans son dessein éternel, de choisir et d’établir le Seigneur Jésus, son unique Fils engendré, comme Médiateur entre lui et l’homme, comme Prophète (Act 3.22), comme Prêtre (Héb 5.5,6) et comme Roi (Ps 2.6 ; Luc 1.33). Jésus-Christ est la tête et le sauveur de son Eglise (Eph 5.23). Le Fils de Dieu est la seconde personne de la Trinité. Etant Dieu vrai et éternel de même substance que le Père, et son égal, il a assumé, quand les temps furent accomplis, la nature humaine (Jean 1.1,14 ; 1 Jean 5.20 ; Phil 2.6 ; Gal 4.4). Dans son corps, Jésus-Christ a accompli, au terme d’une vie parfaite, l’œuvre de notre rédemption par sa mort à la croix. Son sacrifice, agréé par le Père, sa résurrection et son ascension à la droite de Dieu, nous assurent un salut éternel, et tous les privilèges qui découlent d’une relation nouvelle avec Dieu (Rom 3.21-26). Il n’y a de salut en aucun autre (Act 4.12).
4) Nous croyons à la nécessité de la collaboration entre les chrétiens dans les églises que nous représentons
Les évangéliques sont ouverts à collaborer avec toutes les églises qui affirment clairement l’inspiration plénière et l’autorité des Écritures. « Nous affirmons que la Bible reçoit son autorité canonique de son inspiration par le Saint-Esprit et que le rôle de l’Eglise a été et reste de reconnaître et d’affirmer cette autorité. Nous affirmons que Christ le Seigneur a établi son Eglise sur la terre et la gouverne par sa Parole et par son Esprit. Nous affirmons que l’Eglise est apostolique si elle reçoit la doctrine des apôtres rapportée par l’Ecriture, se fonde sur elle et continue de proclamer l’Evangile apostolique. […] Nous affirmons que les marques ou ‘notes’ d’authenticité de l’église locale sont la confession et la proclamation fidèles de la Parole de Dieu, l’administration du baptême et de la cène selon la discipline biblique. Nous affirmons que, dans leur organisation comme dans leur doctrine, les églises sont soumises à la Parole du Christ. Nous affirmons qu’en plus de leur engagement dans une église locale, les chrétiens peuvent légitimement s’engager dans des organisations para-ecclésiales pour des ministères spécialisés. »15
5) Nous croyons à l’égalité devant Dieu de l’homme et de la femme, et des êtres humains en général
« Nous rejetons l’idée selon laquelle la différence des situations culturelles invalide le principe biblique de l’égalité entre l’homme et la femme, ou les exigences bibliques quant à leurs rôles respectifs dans l’église. »16 Dieu a créé l’homme et la femme à son image et il a accordé à tout être humain des droits fondamentaux, aussi bien matériels que spirituels, qui doivent être sauvegardés, maintenus et cultivés. Un principe d’équité est donc prescrit à l’humanité, et il s’applique aux personnes de conditions sociales, économiques, nationales, raciales, différentes. Nous croyons que l’individu est, en dernière instance, responsable devant Dieu de la façon dont il a fait usage de ses droits.
6) Nous croyons au caractère sacré de la vie humaine
« Nous affirmons que Dieu le Créateur est souverain sur toute vie humaine et que l’humanité est responsable, devant lui, de sa préservation et de sa protection. Nous affirmons que la vie de l’homme commence à la conception et dure jusqu’à la mort biologique. En conséquence, l’avortement (sauf lorsque la vie physique de la mère est menacée), l’infanticide, le suicide et l’euthanasie sont des formes de meurtre. »17
7) Nous croyons au retour visible et personnel de Jésus-Christ
Les évangéliques veulent vivre pleinement leur foi ici-bas, tout en attendant ardemment le retour personnel, visible, glorieux et triomphal du Seigneur Jésus-Christ. Dieu a fixé un jour où il jugera le monde, en toute justice, par Jésus-Christ (Act 17.31). Dieu a donné tout pouvoir et tout jugement à Christ (Jean 5.22,27). Tous les êtres humains qui ont vécu sur la terre comparaîtront devant Dieu pour rendre compte de leurs pensées, de leurs paroles et de leurs actes, et pour être rétribués selon ce qu’ils auront fait dans leur corps, soit en bien, soit en mal (2 Cor 5.10 ; Rom 2.16 ; 14.10,12 ; Mat 12.36,37). En fixant ce jour, Dieu va manifester la gloire de sa miséricorde par le salut éternel des élus, et celle de sa justice par le jugement des réprouvés : alors les justes iront à la vie éternelle et les incrédules seront jetés dans le feu éternel (Mat 25.21, 31-46 ; Rom 2.5,6 ; 9.22,23 ; Act 3.19 ; 2 Thes 1.7-10).
VII. Conclusion
La Bible ne parle pas des fondamentalistes, mais du fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire18. C’est sur ce fondement que nous devons rester établis. « L’appel à la fermeté est un cri qui s’impose aujourd’hui pour les évangéliques. »19 En tant qu’évangéliques conservateurs, nous tenons aux trois « R » :
– Révélation : Dieu le Père qui se révèle par l’Ecriture,
– Rédemption : Dieu le Fils qui se révèle par son incarnation et son œuvre rédemptrice à la croix,
– Régénération : Dieu le Saint-Esprit qui se révèle par son opération dans le cœur.
Pourquoi faut-il insister sur le fondement ? Afin de ne pas s’égarer (Eph 4.14-16) loin du message de la croix, qui est « le fondement et le cœur » de l’Evangile (1 Cor 1.18-30). Voilà ce qui nous constitue en tant qu’entité spirituelle unique, et qui fait notre raison d’être.
Si le monde nous qualifie, avec dédain, de « fondamentalistes », n’en soyons pas surpris. C’est le témoignage qu’il nous rend, à sa manière, parce que nous croyons que seul Jésus-Christ est « le chemin, la vérité, et la vie ». Nul ne vient au Père que par lui (Jean 14.6).
SOLI DEO GLORIA !
1Le livre Vérité historique et critique biblique, nous aide à faire le point dans ce débat (PBU, Collection théologique Hokhma, 1982).
2Exemples de dérives actuelles : le concubinage remplace le mariage ; l’homosexualité se veut l’égale de la relation hétéro-sexuelle ; la famille traditionnelle est remplacée par les familles recomposées, ou monoparentales ; l’avortement est légalisé ; l’euthanasie est un acte médical parmi d’autres, une option laissée à la libre appréciation des patients.
3Le Temps, mercredi 12 juin 2002, p 37.
4J. Barr, Fundamentalism, reprint 1995, SCM Press, London, chapitre II.
5La Liberté, mercredi 23 janvier 2002, p. 3
6Nuance, octobre 2002, p. 23-24.
7La Liberté, samedi 21 décembre 2002, p 10.
8M.B. Barka, Les nouveaux rédempteurs, Labor et Fides, 1998, p 9.
9E.J. Young, Au commencement, Dieu, Kerygma, 2000 ; E.Andrews, Dieu dit… et il y eut, Europresse, 1991.
10Cf. Donald MacLeod, Collection théologie, Excelsis 1999.
11J. Stott, La foi évangélique, LLB, 2000, p 19.
12James Barr, ibid., p. 11ss.
13Barka, ibid., p 32.
14« Les trois Déclarations de Chicago », La Revue reformée, n° 197, 1998/1, Tome XLIX, p. 32.
15« Les trois Déclarations de Chicago », ibid., p 48.
16« Les trois Déclarations de Chicago », ibid., p 49.
17« Les trois Déclarations de Chicago », ibid., p 49.
18Cf Éph 2.20 ; Rom 15 :20-21 ; 1 Cor 3 :11 ; Act 4.11.
19J. Stott, ibid., p 135.
- Edité par De Mooy Jan-Bert
La liberté figure parmi les plus hautes valeurs de l’humanité et constitue une des aspirations les plus profondes des êtres humains. La recherche de la liberté semble inscrite dans le cœur de l’homme. Il est normal et légitime qu’il en soit ainsi, car il n’y a point de dignité humaine sans liberté.
La liberté est célébrée plus que jamais auparavant dans l’histoire. Les droits de l’homme dérivent de cette proclamation et servent d’étendard à la civilisation occidentale. En dépit de cela, les asservissements de toute nature qui enchaînent les hommes ne régressent pas et paraissent au contraire se multiplier. Le mal sous toutes ses formes s’étend. Une des grandes causes de cette situation délétère réside assurément dans le déploiement sans précédent de la liberté octroyée à nos pulsions instinctives.
VOUS AVEZ DIT « LIBERTÉ » ?
Pour bien comprendre ce qu’est la liberté « pulsionnelle », il convient de la comparer à d’autres types de libertés, ce d’autant plus que nos sociétés occidentales – qui s’éloignent progressivement de leur héritage judéo-chrétien et qui érigent de plus en plus l’incertitude en vertu suprême – ne savent plus véritablement ce qu’est la liberté ou ignorent qu’il existe plusieurs types de libertés dont certaines sont antinomiques.
La Bible présente, éclaire et développe presque tous ces types de libertés avec une pertinence qui souligne son incroyable richesse. Beaucoup de penseurs se sont inspirés des enseignements bibliques sur la liberté sous toutes ses formes pour élaborer leurs propres théories à ce sujet.
LIBERTÉ ET DÉPENDANCE SONT-ELLES COMPATIBLES ?
Le sens le plus profond et le plus ontologique de la liberté surgit du cœur de la relation entre Dieu et l’homme, sa créature. Pour Dieu, incarnation de la liberté absolue par son omnipotence et source de toute vraie liberté, aucun être humain n’est totalement libre. Les Écritures révèlent que pour l’homme, la liberté la plus fondamentale, qui est une liberté proprement théologique, revient à choisir une dépendance. Dans un texte magistral, Paul écrit ceci : « Lorsque vous (les chrétiens) étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice … Étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu … » (Rom 6.20 et 22). Ainsi, aux yeux de Dieu, la liberté essentielle consiste à choisir entre la libération à l’égard du péché par la foi en Jésus-Christ – qui implique une soumission au Dieu trinitaire et la persistance dans l’asservissement au péché et aux déterminismes de tous ordres qui permet de rester libre (non sans conséquences !) à l’égard des exigences divines.
LIBRE MALGRÉ LES CHAÎNES
Dans un autre sens, très noble, la liberté signifie l’autonomie de l’être « intérieur » envers les circonstances extérieures. Dans cette optique, un chrétien emprisonné pour sa foi peut rester libre en dépit des persécutions qu’il subit. Cette liberté pourrait être qualifiée de psychologique.
LIBERTÉ ET CONSCIENCE MORALE
La liberté de conscience, quant à elle, dérive de la conscience universelle décrite par l’apôtre Paul : « Quand les païens, qui n’ont pas la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi,… une loi pour eux-mêmes ; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leur cœur, leur conscience en rendant témoignage et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. » (Rom 2.14-15). Ce texte a certainement influencé Jean-Jacques Rousseau dans ce passage de son œuvre : « Je n’ai qu’à me consulter sur ce que je veux faire : tout ce que je sens être bien est bien, tout ce que je sens être mal est mal : le meilleur de tous les casuistes est la conscience. […] Jetez les yeux sur toutes les nations du monde, […] vous trouverez partout […] les mêmes notions du bien et du mal […] Il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises. » La liberté de conscience est ainsi la liberté de suivre sa conscience sans en être empêché ni par l’État, ni par la société, ni par autrui. Pour faire court, c’est la liberté de faire le bien. C’est exactement dans cet esprit que Tocqueville écrivait, il y a près de deux siècles : « Mais il est une liberté civile et morale (opposée à la liberté corrompue…) : c’est la liberté de faire sans crainte tout ce qui est juste et bon. »
LIBRE COURS AUX PULSIONS ELEMENTAIRES ?
Au sens le plus simple, la liberté pulsionnelle est la faculté de faire n’importe quoi, n’importe comment et n’importe où. De manière rudimentaire, la liberté d’agresser les gens en pleine rue ou la liberté de tout dévaster sur son passage lors d’une manifestation relève à l’évidence de la liberté pulsionnelle. Plus subtilement, chaque fois qu’une personne utilise un rapport de force qui lui est favorable pour mépriser les droits légitimes et la dignité d’autrui, elle déploie une liberté de type pulsionnel. Les Écritures décrivent implicitement cette liberté, notamment lorsqu’elles commandent de ne pas faire « de la liberté un prétexte de vivre selon la chair » (Gal 5.13) ou de ne pas faire « de la liberté un voile qui couvre la méchanceté » (1 Pi 2.16). La liberté pulsionnelle est ainsi la latitude de laisser libre cours aux méchantes pulsions de la nature humaine. C’est en quelque sorte la liberté de faire le mal.
De manière aussi ambiguë qu’hélas nécessaire, le fonctionnement des régimes démocratiques s’abreuve aux deux sources de la liberté de conscience et de la liberté pulsionnelle. Il est vrai que la liberté de conscience se trouve à l’origine des classiques libertés individuelles de pensée, de religion, d’association, de presse et d’opinion qui, de proche en proche, ont donné naissance à la démocratie. C’est l’immense mérite de la Réforme que d’avoir mis en œuvre ce remarquable processus historique par sa théologie et ses justes exhortations. Mais la démocratie effective s’appuie aussi sur la liberté pulsionnelle, car elle est compétition entre des acteurs qui recourent à des moyens souvent fort éloignés de l’angélisme ! Par ailleurs, une société qui réprouverait toutes les manifestations de la liberté pulsionnelle serait très oppressive et même franchement invivable.
UNE LIBERTÉ QUI PARALYSE
Toutefois, trop de nos contemporains oublient que nos sociétés démocratiques ne peuvent intégrer qu’une liberté pulsionnelle restreinte, canalisée et sélective sous peine de sombrer dans le chaos. Pire, l’Occident subit les assauts répétés et toujours plus corrosifs des vagues successives de revendications d’une liberté pulsionnelle presque totale. La quête suprême ne porte plus tant sur les libertés individuelles classiques que sur la libération, le maître mot de ce début de millénaire. S’il subsiste un attachement à la liberté, c’est à celle qui est devenue le droit de satisfaire n’importe quel désir.
Intellectuellement, ce mouvement a été initié par le Siècle des lumières, lorsque les libertés individuelles ont été définies partiellement contre les normes divines. Il a connu une nouvelle impulsion avec Mai 68 et son fameux « Il est interdit d’interdire ». Nos sociétés ne cessent d’étendre à tous les domaines de la vie cet acquis culturel. Beaucoup trop de personnes et de groupes sociaux se prévalent des protections souvent excessives que l’État de droit accorde aux violents pour donner le champ libre à leurs instincts débridés. Au nom d’une liberté pulsionnelle désordonnée et ravageuse, des ego boursouflés et rebelles s’opposent par principe à toute autorité légitime. L’anarchie et les blocages en résultent, les actions politiques sont plus difficiles à mener, les entreprises plus malaisées à gérer, les cellules familiales perdent en stabilité.
L’EMPIRE EXCLUSIF DES PULSIONS
Il y a plus. A l’heure où nos sociétés deviennent plus tolérantes à l’égard de la liberté pulsionnelle, elles tentent de mettre en cause, parfois avec succès, certaines expressions très légitimes de la liberté de conscience, telles que la liberté religieuse ou la liberté pour le personnel médical de ne pas participer à des avortements. La législation des États est de moins en moins inspirée par le droit naturel dérivé de la conscience et toujours davantage par un droit positif sociologique déterminé substantiellement par l’aspiration à une grandissante liberté pulsionnelle.
Il ne fait guère de doute qu’une liberté pulsionnelle trop envahissante aboutit à l’anomie (absence de loi ou d’organisation, disparition des valeurs communes à un groupe), et à l’anarchie, lit du totalitarisme.
L’EMANCIPATION DES PULSIONS DANS L’ECLAIRAGE PROPHETIQUE
Oserons-nous notre conclusion ultime ? Une liberté pulsionnelle débridée et étendue risque très malheureusement de susciter l’apparition de l’Antichrist dont parle la Bible. Prophétiquement, cette liberté pulsionnelle constitue douloureusement un des signes majeurs de la venue de l’immonde bête. Trois brefs tableaux prophétiques permettent d’établir un lien entre l’émergence de l’Antichrist et la liberté pulsionnelle.
L’Écriture affirme d’abord que cet Antichrist ne pourra surgir avant que l’apostasie ne soit arrivée (2 Thes 2.3). Dans le même passage, ce dictateur universel est ensuite qualifié d’« homme impie », ce qui signifie littéralement « celui qui est sans loi ». À la fin des temps plus qu’à toute autre époque, les hommes « appelleront le bien mal et le mal bien », et prendront plaisir à l’injustice (cf. Rom 1.25 ; És 5.20-23 ; 2 Thes 2.12 ).
L’apostasie est un renversement de la vérité. La liberté pulsionnelle remonte à la chute de l’homme. Mais en terre culturellement chrétienne, et même ailleurs, elle a été très longtemps contenue et vécue sans être revendiquée intellectuellement. Certaines de ses manifestations les plus grossières sont aujourd’hui affichées et assumées. On répudie l’hypocrisie qui trouvait sa seule connotation positive dans l’hommage rendu par le vice à la vertu. Cette situation montre, avec d’autres évolutions en cours, que l’humanité pourrait être entrée dans le temps de l’apostasie. Par ailleurs, depuis maintenant quelques décennies, les hommes confondent de plus en plus la liberté de conscience avec la liberté pulsionnelle, en partie parce qu’ils veulent réprimer la première — dans laquelle ils discernent plus ou moins consciemment l’insoutenable regard de Dieu sur leur âme — et promouvoir la seconde — dans laquelle ils voient une libération à l’égard de tous les asservissements archaïques. Il est pour le moins plausible qu’il s’agisse là d’un indice de l’irruption progressive de ce temps où, par dérèglement intellectuel et éthique, on inversera le bien et le mal. Finalement, la croissance continuelle de la liberté pulsionnelle qui veut rompre avec toute loi risque bien de s’incarner logiquement et de trouver sa quintessence culminante dans celui que l’apôtre Paul désigne comme le « sans loi ».
L’humanité peut encore se laisser interpeller, s’interroger, réhabiliter les catégories du bien et du mal et restaurer la prééminence de la liberté de conscience sur la liberté pulsionnelle. Toutefois, si elle ne change pas de cap, elle sera immanquablement amenée à donner raison à Montesquieu lorsqu’il dit :
« Il n’y aura plus d’amour de l’ordre, plus de vertus… Plus le peuple paraîtra tirer avantage de sa liberté, plus il s’approchera du moment où il doit la perdre. »
Note de la rédaction :
L’article de Jean-Pierre Graber, si lucide et si clair, nous rappelle indirectement le sens de notre mission. N’est-ce pas à nous, disciples de Jésus-Christ, qu’incombe la tâche de montrer le chemin de la liberté véritable, et de dénoncer tout processus d’émancipation qui mène à une forme aggravée d’esclavage moral et spirituel ? À tous les « enfants prodigues » de notre génération qui ont choisi de suivre leur propre voie et qui s’épuisent en expériences de néant, il convient de rappeler les conditions de la réussite, telle que Dieu l’a définie. Ceux qui vivent loin de lui affirment parfois fièrement : « Nous n’avons jamais été esclaves de personne », mais Jésus leur déclare solennellement :
« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. […] Quiconque pratique le péché est esclave du péché. […] Si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres » (voir Jean 8.31-36).
Comme le fils de la parabole (cf Luc 15.11-32), certains rentreront peut-être en eux-mêmes et formeront le projet de retourner vers leur Père céleste dans la repentance et la foi. Ainsi échapperont-ils à la perte éternelle, et accèderont-ils à la vie authentique : celle que l’on passe avec et en Dieu.
- Edité par Graber Jean-Pierre
LA HUITIEME BEATITUDE: PROLONGEMENT (2)
« Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on répandra faussement sur vous toute sorte de mal, à cause de moi.
Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux, car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés» Matthieu. 5.11-12
Comment le chrétien peut-il se réjouir quand il est persécuté ? D’emblée, il est une fois de plus évident que le chrétien est totalement différent des autres gens. Trop souvent, on pense qu’il est presque comme les autres, mais avec une certaine différence. Non, il est essentiellement différent. Il est tellement différent que Jésus disait que père et fils, mère et fille pourraient être divisés radicalement. Et la cause ? Jésus-Christ lui-même: persécuté « à cause de moi », parce qu’il appartient à une autre famille, étant devenu un enfant de Dieu, qui est maintenant son Père au premier degré.
Tout véritable enfant de Dieu est dominé par Jésus-Christ, qu’il nomme Seigneur. Il désire avant tout plaire à son Seigneur, parce qu’il l’aime: « L’amour de Dieu consiste à garder ses commandements, et ses commandements ne sont pas pénibles » (ou: « ennuyeux ») (1 Jean 5.3). Il ne ressent pas l’obéissance comme un poids, car il désire plaire au Seigneur. C’est justement parce qu’il vit dans l’obéissance à son Seigneur qu’il est persécuté. Il ne vit plus pour lui-même, pour se faire plaisir selon sa chair habitée par le péché. Par son mode de vie, il se distingue et se délimite de son entourage mondain, d’où la haine qu’il engendre. Il cherche l’intérêt de Dieu avant son propre intérêt.
La persécution peut être violente (prison, torture, assassinat) ou anodine (moqueries, calomnies, perte du travail). C’est dans de telles épreuves que le comportement du chrétien va se remarquer : pas de représailles, ni de ripostes acerbes, ni même de ressentiments (attitude impossible en dehors de Jésus-Christ), et pas de déprime, au contraire: « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse! » C’est tout le contraire de l’homme naturel. Comment cela est-il possible?
La vie du chrétien devrait être dominée par la pensée de sa destinée ultime: le ciel. Jésus précise: « Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel ». Encore et toujours cette différence fondamentale entre le chrétien et le monde, qui fait tout pour ne pas penser à l’au-delà. Le tourbillon des plaisirs cherche à faire oublier la mort : sujet tabou ! Le chrétien y pense avec la joie anticipée d’hériter le ciel.
La récompense
Le chrétien a une espérance certaine au delà de cette vie présente. La persécution à cause de Jésus-Christ lui rappelle ce qu’il est et qui il est. Elle lui prouve qu’il s’est identifié avec Christ et digne de recevoir le traitement que Jésus a reçu. Et lors du retour de Jésus-Christ en gloire, il le rejoindra au ciel: « Car je vais vous préparer une place. Donc, si je m’en vais et vous prépare une place, je reviendrai et vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi » (Jean 14.2-3). Alors s’accomplira la promesse citée au début: « Votre récompense sera grande dans les cieux ».
On rencontre des chrétiens qui vous disent: « Je ne recherche pas de récompense. La vie avec Christ est ma récompense et cela me suffit. » Ces gens-là ont l’air très spirituels, des chrétiens exceptionnels que la récompense (disent-ils) n’intéresse pas. Leur attitude tranche avec l’enseignement de Jésus et des apôtres. Prétendent-ils être plus spirituels que Dieu ? Jésus lui-même ne se réjouissait-il pas, au milieu de ses souffrances, « en vue de la joie qui lui était proposée » (Héb 12.2) ? Juste avant dans le texte, nous sommes invités à avoir « les yeux fixés sur Jésus ». L’apôtre Paul écrivait aux Colossiens: « Cherchez les choses d’en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (3.1). Il va plus loin dans sa lettre aux Éphésiens : Dieu « nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Christ-Jésus » (2.6). Virtuellement, nous sommes déjà au ciel!
La Bible évoque souvent la récompense. Paul en parle et s’en réjouit: «… l’oeuvre de chacun sera manifestée… Si l’oeuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement (qui est Jésus-Christ) subsiste, il recevra une récompense » (1 Cor 3.11-15, à lire). Oui, la récompense comptait pour beaucoup dans la vie de Paul. « Il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin qu’il soit rendu à chacun d’après ce qu’il aura fait dans son corps, soit en bien, soit en mal. Connaissant donc la crainte du Seigneur… » (2 Cor 5.10-11). Quelle crainte? Celle de ne pas être jugé digne de recevoir une récompense. Dans sa 2e lettre à Timothée, jetant un regard sur sa vie passée, Paul écrit: Ayant combattu pour Jésus-Christ et gardé la foi, « la couronne de justice m’est réservée; le Seigneur, le juste juge, me la donnera en ce Jour-là » (4.7-8). Les deux termes de la 8e Béatitude se retrouvent: justice (« à cause de la justice », v.10) et récompense, ici la couronne (« votre récompense sera grande », v.12), de même que l’espérance des cieux (« en ce Jour »).
Mais ne sommes-nous pas sauvés par grâce? Non seulement cela, mais la récompense, qui diffère de l’un à l’autre, est aussi une grâce, consentie par Dieu dans sa générosité. Jésus nous fait dire à tous: « Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire » (Luc 17.10). Et pourtant, le Seigneur accordera des récompenses à ses serviteurs.
Une fois de plus, l’accent est mis sur la différence entre l’incrédule et le chrétien. Ce dernier regarde au but, il y pense et s’en réjouit. Il ne s’arrête pas aux seules choses visibles, mais se préoccupe des choses invisibles. Les hommes de foi décrits dans Héb 11 se réjouissaient des choses à venir. En parcourant ce chapitre, nous trouvons Hénoc, qui croyait que Dieu « récompense ceux qui le cherchent »; Abraham, qui attendait « la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l’architecte… », à savoir le ciel ; Moïse, qui quitta les trésors de l’Égypte, « car il regardait plus loin vers la récompense ». Ils anticipaient l’injonction de Jésus: « Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ». L’apôtre Pierre, qui avait entendu Jésus prononcer ces paroles, écrivant aux chrétiens persécutés en Turquie, mentionna l’héritage « qui vous est réservé dans les cieux… Vous en tressaillez d’allégresse, quoique vous soyez maintenant, pour un peu de temps, puisqu’il le faut, affligés par diverses épreuves… » (1 Pi 1.4-6 ; je vous invite à lire et méditer les v. 3-9).
Quelle est la joie anticipée qui remplit votre coeur aujourd’hui?
- Edité par Schneider Jean-Pierre
Histoire de l’Eglise
Période à partir de 1517
MARTIN LUTHER
Introduction
Nous sommes en 1517. Depuis 590 ans, l’Europe suit un chemin rectiligne sur les plans religieux, politique, et économique ; une route plutôt large, mais dont la ligne blanche centrale est la papauté, mesure de toute chose. Il arrive que le chemin zigzague sous l’influence de la scolastique, du féodalisme, de la Renaissance, du nominalisme, ou de l’imprimerie. Néanmoins, la ligne blanche reste figée au centre, envers et contre tout.
A partir de 1517, avec la publication des Quatre-vingt-quinze Thèses de Luther contre les indulgences, l’histoire devient un véritable kaléidoscope de croyances, de transformations, de violences inimaginables auparavant ! Des changements radicaux bouleversent et libèrent l’Europe. Cette histoire naguère unifiée se lézarde, s’émiette pour donner naissance à des histoires très disparates, chacune suivant sa propre impulsion. Cette effervescence compliquant notre narration, nous suivrons chronologiquement plusieurs de ces pistes, et ce jusqu’à leur aboutissement : la formation des dénominations luthérienne, zwinglienne, calviniste, et anglicane.
MARTIN LUTHER (1483-1546)
Martin Luther (1483-1546), Saxon catholique d’origine humble, est élevé dans une discipline stricte ; forcé de gagner sa vie à l’âge de 14 ans en chantant dans les rues (!), il voit cependant son père payer ses études à l’université d’Erfurt en Allemagne. Il brille par l’originalité de ses pensées, par sa maîtrise de la langue allemande, et par des dons naturels de musique et de poésie. Il reçoit le doctorat en philosophie en 1505. Mais contre toute attente, il entre au monastère augustinien : il craint de mourir sans être en règle avec le Dieu sévère de l’Ancien Testament ; il est aussi convaincu de la vanité de la vie, et désire gagner son salut en devenant moine.
Cet adorateur fanatique de Marie suit les règles ascétiques les plus strictes, mendiant du pain, se flagellant pour chasser le péché de sa chair, lisant fidèlement la Bible. Cependant, son âme ne connaît jamais la paix !
Providentiellement, un vieux moine, et Von Staupitz, vicaire-général des monastères augustiniens allemands, lui font remarquer que le pécheur est justifié par la grâce de Dieu et par la foi en Jésus-Christ ; Luther ne comprend rien. Staupitz l’encourage à obtenir son doctorat de théologie à Wittenberg où il devient professeur de théologie ; toujours pas de paix dans son âme ! Par une étude intense de l’Épître aux Romains, Luther (vers 1514) saisit finalement le sens du salut par la grâce : « … je compris enfin que la justice de Dieu, c’est celle par laquelle Dieu, dans sa miséricorde et dans sa grâce, nous justifie par la foi. Aussitôt je me sentis renaître… ». La justification est un acte judiciaire de Dieu par lequel il acquitte le pécheur repentant de sa culpabilité pécheresse et l’habille avec la justice de Christ, à la seule et unique condition qu’il croie en Christ comme seul et unique sauveur. Rédemption ! Paix ! Liberté !
Fait étonnant, Luther ne soupçonne pas encore la contradiction entre son salut reçu par grâce et le salut hérétique promis par Rome : il continue de prier Marie, il ne doute pas de la valeur de l’intercession des saints au Ciel, il croit au sacrifice de la messe. Même 3 ans après sa conversion ! Sans aucune intention de réformer l’Église de Rome, ni de se séparer d’elle, il continue de prêcher le salut par la grâce de Dieu et la foi personnelle en Christ. Cependant Dieu agit et pousse Luther par les circonstances à devenir bientôt réformateur malgré lui.
Léon X (1515), continuant la pratique de Jules II († 1513), autorise l’Archevêque Albrecht de Mainz à vendre des indulgences. Le bénéfice réalisé est censé payer la reconstruction d’une partie de la cathédrale St Pierre à Rome. Johannes Tetzel, prieur dominicain, docteur en philosophie et inquisiteur papal, est chargé de ce trafic : « Dès que l’argent tombe dans le tronc, une âme sort du purgatoire », aurait-il dit ! Et l’on fait la queue ! Tetzel clame haut et fort la valeur de ses ventes d’indulgences : plus d’âmes sortent du purgatoire par ces indulgences que Pierre n’en a sauvé par sa prédication ! Par contre, le nonce papal en Allemagne, Karl von Miltitz, l’a étiqueté comme coupable d’avarice, de malhonnêteté, et d’immoralité sexuelle !
Tetzel porte son commerce à Jüterborg, à quelque distance de Wittenberg. Luther, enragé par la perversion du monnayage des indulgences, se résout à ne pas trahir sa théologie, ni sa conscience. Il écrit ses griefs contre le trafic de Tetzel, puis, ne consultant personne, il affiche le 31 octobre 1517 au soir ses Quatre-vingt-quinze Thèses de condamnation sur la grande porte de la chapelle du château de Wittenberg ! Il invite tout lecteur à une discussion publique sur le sujet, et en informe l’évêque et l’archevêque par lettre. Toute l’université de Wittenberg est déjà gagnée à sa cause, personne ne débat donc avec Luther. Ses amis envoient des copies des Thèses dans toute l’Allemagne, et partout ailleurs en Europe, en quelques semaines. Étonnantes, ces Thèses, qui ne condamnent ni le pape, ni l’Église de Rome, ni les doctrines catholiques, ni même le principe de la vente des indulgences ! Luther censure seulement l’abus extravagant de leur vente. Il ne critique ni le purgatoire, ni ne prêche la justification par la foi. La forme des Thèses est catholique, tandis que l’esprit et le but sont évangéliques, si l’on lit « entre les lignes ». Luther, dans son innocence, ignore les effets futurs de ce pavé lancé dans la mare de Rome ! Néanmoins, les fidèles du pape comprennent immédiatement les conséquences néfastes de ce séisme pour leur système !
A la suite du trouble causé par « le moine allemand », l’Empereur Charles Quint, craignant que dans son Empire ne se produise un schisme entre catholiques et disciples de Luther, convoque la Diète d’Augsbourg en 1518 en vue de faire revenir ce dernier à la « sainte foi » (sic) de Rome. Luther y affirme sa soumission à la seule autorité de la Bible, et décide après la Diète d’aller directement au peuple allemand pour plaider sa cause en écrivant trois œuvres « révolutionnaires » pour l’époque :
1. A la noblesse chrétienne de la nation allemande (août 1520). Ce document de politique révolutionnaire exhorte la noblesse à contrer l’autorité spirituelle de la papauté, qui se considère comme supérieure à l’autorité civile et seule habilitée à interpréter la Bible. La noblesse doit réformer l’Eglise en empêchant le pape de se mêler des affaires civiles allemandes, et elle doit encourager les croyants locaux à choisir leurs propres ministres spirituels.
2. Prélude sur la captivité babylonienne (octobre 1520). Luther attaque de front le système sacramental (les sept sacrements) et le pouvoir absolu des prêtres par lesquels Rome contrôle la vie tout entière des individus, du berceau au tombeau. Il met en évidence trois erreurs de cette captivité : la suppression de la coupe pour les laïcs lors de la cène, la théorie de la transsubstantiation, et le sacrifice de la messe.
3. De la liberté du chrétien (octobre 1520). L’idée centrale est que le chrétien domine sur tout, qu’il n’est assujetti à personne en vertu de la foi, et qu’il est le serviteur de tous par la vertu de l’amour. La prêtrise spirituelle en Christ appartient à chaque chrétien.
Luther en appelle à une réforme nationale allemande. La foudre de Léon X frappe Luther par l’excommunication, effective dès 1521. Par ce geste historique tout ce qui deviendra « protestant » est préalablement condamné pour toujours. Près de sept années ont passé depuis la conversion de Luther vers 1514, durant lesquelles il étudie intensément la Bible, se débarrassant ainsi d’une multitude de fausses doctrines. L’acte papal est finalement une grande bénédiction libératrice pour tous ceux qui placent leur confiance en Christ !
Les amis de Luther, sachant que certaines forces veulent le tuer après la Diète de Worms (1521) où il a tenu tête à Charles Quint, le « kidnappent » pour le protéger. Pendant cet emprisonnement, il traduit le Nouveau Testament du grec en allemand (l’Ancien Testament paraîtra en 1534).
Le monde change vite et radicalement pendant son absence d’un an :
1. Les chevaliers pillent les terres des prélats et des riches bourgeois.
2. Les paysans croient que l’Évangile écarte l’obligation de payer des impôts aux seigneurs et permet, en plus, de prendre les terres par la force. Luther, effrayé de voir que l’Évangile est tordu et que la Réforme risque de disparaître, incite les princes à « tirer dans le tas » pour casser cette révolte ! Près de 100 000 paysans seront tués par leurs coreligionnaires ! La paysannerie d’Allemagne du Sud se sent trahie et retourne dans le giron de Rome !
3. Les princes luthériens s’adjugent les terres de Rome enclavées dans leurs territoires en 1524-25.
Luther est un héros national pour tous ceux qui rompent avec Rome (Luther quant à lui détestait fortement l’instrumentalisation de son nom : « … qu’on taise mon nom… je n’ai été crucifié pour personne… »). Néanmoins, certaines de ses actions, parfois brutales ou mal comprises, lui valent des critiques et lui aliènent d’anciens partisans:
1. La paysannerie, croyant pouvoir compter sur le soutien de Luther pour se libérer du servage, emploie la violence. Luther la condamne et va jusqu’à encourager les nobles et les princes à réprimer le soulèvement. La guerre fait plus de 100,000 victimes ; beaucoup d’Allemands reviennent au catholicisme, d’autres se tournent vers le radicalisme !
2. Les radicaux, à savoir les anabaptistes , qui l’accusent de ne pas aller assez loin dans les réformes.
3. Les humanistes (1525) qui l’accusent d’y aller trop fort !
4. Certains critiquent son mariage « romantique » (le couple a 6 enfants, et Luther est considéré comme un excellent et tendre père), car « une fois moine, toujours moine » !
5. Il gâche l’occasion de joindre ses forces à celles des protestants zwingliens de Zurich (1529). Sur 15 points litigieux, un seul cause la rupture ! Il s’agit de l’interprétation de la sainte Cène (ce point sera examiné ultérieurement).
6. Les Juifs, d’abord remplis d’estime pour ce moine qui les défend dès 1523, tombent de haut. En effet, 20 ans plus tard, leur refus de se convertir à Christ pousse Luther à les haïr comme on stigmatise les hérétiques. Les Juifs ne le lui pardonneront jamais.
Le mouvement initié par Luther (malgré lui), se développe si rapidement qu’il sent la nécessité d’organiser une certaine liturgie pour affermir les nouveaux convertis en Christ. Pour accomplir ce projet, il sera aidé par la décision de la Diète impériale de Spier (1526) : la tête qui règne sur chaque état et dans chaque ville libre peut choisir la religion qui lui convient jusqu’à ce qu’un concile général soit convoqué. Les catholiques et les luthériens pratiquent l’intolérance envers les minorités religieuses de leurs états respectifs. La 2ème Diète de Spier (1529), contrôlée par les catholiques, abroge la décision de 1526 en décrétant que l’Allemagne restera catholique ! Les défenseurs princiers de Luther protestent par écrit auprès de l’Empereur contre cette injustice.
Ainsi le terme « protestant », c.-à-d. schismatique, est né. Or, la connotation négative du terme laisse penser que tous ceux qui se séparent du catholicisme proclament la guerre au pape : l’effet psychologique est malheureux ! L’évangélique n’est pas contre une religion, mais pour Christ ! Le clergé catholique actuel se refuse à l’admettre ; preuve en soit cette réflexion du Cardinal Etchegaray de Lyon ( La Croix du 9 septembre 1983) : « Luther est un chrétien sorti tout droit de l’Évangile. Il a voulu ramener l’Église au seul combat qui fut vraiment le sien : assurer la transparence de la Parole de Dieu à une Église encombrée de bagages excédentaires (sic, erronés plutôt…) », sur quoi il condamne le réformateur d’avoir rejeté « les trésors inaliénables (sic) de l’Église indivisible ». Rome sait donner d’une main ce qu’elle reprend de l’autre…
Charles Quint convoque la Diète d’Augsbourg (1530) pour tenter de réconcilier les partis en conflit. Il désire pacifier l’Allemagne afin de se concentrer plus tard sur l’envahisseur turc (1532). Melanchthon, disciple principal de Luther et théologien brillant, rédige La Confession d’Augsbourg, synthèse de la doctrine luthérienne. Cette Confession (1530) reste, depuis, la charte de référence des Églises luthériennes. Mais Rome exige la soumission totale ! Se sentant menacés, les princes allemands protestants forment la ligue de Smalkalde (1532), composée de 5 États et 11 villes pour se défendre contre l’Empereur. Ce dernier, enragé, décide d’en finir avec les protestants par les armes! Pendant la guerre, intermittente entre 1546 et 1552, les protestants sont aidés par le roi de France Henri II, ce même roi qui extermine pourtant les protestants par milliers dans son pays ! Les protestants allemands et le roi de France vainquent l’Empereur, lequel, découragé, décide d’abdiquer (1556) en faveur de son frère Ferdinand qui fera la paix avec les protestants.
La Paix d’Augsbourg (1555) : chaque prince impose sa religion à son état (les minorités doivent être protégées et peuvent immigrer). Toute autre forme de protestantisme (zwinglienne, calviniste, anabaptiste) y est interdite, et tout ecclésiastique se convertissant au luthéranisme doit rétrocéder ses propriétés à Rome. Ainsi, le luthéranisme devient une religion d’état ; il est exporté en Scandinavie, et une certaine unité catholique de l’Empire est sauvegardée.
Laissons la Réforme luthérienne pour nous pencher sur l’homme Luther. Son caractère, très complexe, sollicite soit une admiration fervente, soit une inimité sans borne ! Ses écrits (personne n’a jamais autant ouvert son cœur et sa vie qu’il ne l’a fait), les opinions de ses amis et les observations de ses contemporains nous lèguent un tableau sympathique de sa vie privée et personnelle : Martin était entier, franc, joyeux, tempéré et simple dans ses habitudes, un mari et un père exemplaire, très hospitalier, content de peu, courageux, sincère, transparent.
Par contre, lors de ses interventions en public pour débattre contre un opposant ou dans sa correspondance privée, il savait user d’un langage satirique, parfois vulgaire (!), plutôt dogmatique, intolérant, violent, appelant un chat un chat, tandis qu’il pouvait employer des propos tendres et chaleureux qui en ont réconforté plus d’un. Sa maîtrise unique de la langue allemande le rendait redoutable pour son adversaire.
Ses dons naturels de poésie et de composition musicale ont favorisé la croissance du protestantisme allemand. Ses qualités alimentaient une vie spirituelle personnelle et profonde : Luther reconnaissait sa dépendance totale de son Maître pour son quotidien et pour son ministère. Pourtant, il était un homme plein de faiblesses, d’inconsistances, voire d’illogismes ! Il les avouait sans nécessairement essayer de les corriger. On peut affirmer que Luther était irrévocablement guidé par une attitude dont il ne s’est jamais départi : sa vie était entièrement dominée par une conscience soumise à la parole de Dieu. Il serait injuste de condamner la totalité de son œuvre à cause de certaines erreurs, injustifiables selon la parole de Dieu.
La tâche de résumer la théologie du Réformateur est compliquée pour trois raisons :
1. Les circonstances de ses écrits (plus de 100 gros volumes !) : il écrit sous la pression d’événements polémiques très variés. Luther n’aura jamais le temps de condenser l’essentiel de ses pensées sous forme dogmatique.
2. Son herméneutique textuelle. Sa théologie trouve son origine dans ses efforts pour interpréter les textes bibliques. L’herméneutique dont il est un pionnier est celle du contexte immédiat : elle ne lui permet pas de fixer les contenus théologiques, parce qu’il est toujours en train de découvrir des « nouvelles vérités».
3. Son humilité. Luther ne veut pas que ses réflexions théologiques fassent de l’ombre à la découverte de Christ dans les Écritures : « Qu’est-ce que Luther ? La doctrine n’est pas de moi ». La théologie de Luther est surtout un recueil de pensées vivant, actif, et approprié à la personne. Pour bien saisir sa théologie, il est nécessaire de connaître le lieu et les circonstances de tel ou tel écrit, car il écrit pour ce moment précis. N’oublions pas que cet homme est un éclaireur et un pionnier dans le sens le plus pur. Il lui faut être sur tous les fronts (politique, ecclésiastique, spirituel, littéraire) en même temps et tout le temps ! Il n’a pas eu son semblable depuis. Sa vie et ses convictions jettent leurs lumières jusqu’à nous.
Voici quelques opinions favorables sur Luther :
– Wolfgang Goethe (1832) reconnaît qu’il permet au peuple allemand de comprendre la pureté du christianisme.
– Heinrich Heine (1852), poète juif, sorte de « Voltaire » franco-allemand, concède que Luther fut le plus grand Germain de l’histoire allemande, ayant en lui-même les vertus et les vices du peuple germanique : c’est un mystique quoique pratique, le créateur de la langue allemande moderne (à cause de sa traduction de la Bible).
– Johann Joseph Ignaz von Döllinger (1872), le plus érudit historien et critique catholique allemand du 19ème s. s’oppose à Luther. Il reconnaît toutefois sa supériorité intellectuelle, son amitié sympathique, libre de toute avarice, prête à venir en aide à tous. Luther a donné aux Allemands plus qu’aucun autre Allemand n’a jamais donné à son peuple — langue, Bible, hymnes. Il est le libérateur de son peuple.
Quelques paroles du Réformateur soulignent sa spiritualité et sa perspicacité :
– « C’est en vivant, c.-à-d. en mourant et en étant déclaré coupable qu’on devient théologien, et non en réfléchissant, en lisant, ou en spéculant ».
– « Ainsi, ce passage [Rom 1.17] de Paul fut vraiment pour moi la porte du paradis ».
– « La Croix seule est notre théologie ».
– « Notre théologie… est certaine parce qu’elle nous pose en dehors de nous-mêmes ».
– A ses étudiants : « Je vous ai enseigné Christ, avec pureté, avec simplicité, sans falsification ».
– « J’ai simplement enseigné, prêché, écrit la Parole de Dieu : je n’ai rien fait… La Parole a tout fait ».
– « Les bonnes œuvres ne font pas un homme bon, mais un homme bon fait de bonnes œuvres ».
Luther proclamait sans arrêt : Solus Christus, Sola gratia, Sola fide. Il répondait à quatre questions troublantes pour les catholiques :
– Comment peut-on être sauvé ? Non par des œuvres, mais par la grâce de Dieu et la foi en Jésus-Christ.
– Quelle est l’autorité religieuse absolue ? Elle ne réside pas dans une institution visible appelée « l’Église de Rome » mais dans la Parole de Dieu, la Bible.
– Qu’est-ce que l’Église ? C’est la totalité de la communauté des croyants en Christ, parce que chaque chrétien est un prêtre devant Dieu.
– Quelle est l’essence de la vie chrétienne ? Servir Dieu de toute manière utile pour le bien-être des hommes.
Où sont les Luther modernes qui soient humbles, sincères, droits, désintéressés, francs, intègres, opposés à toute altération de l’Evangile, ne cherchant pas la gloire des hommes, se gardant de devenir des caméléons doctrinaux, mais prêts à tenir seuls contre l’erreur éthique, morale, pratique, et doctrinale ?
1Les anabaptistes réservent le baptême aux adultes convertis uniquement; Luther accepte encore le baptême des
enfants.
- Edité par McCarty Scott
Dieudonné Sita Luemba
Le pasteur Dieudonné Sita Luemba, auteur de l’article, a un ministère à multiples facettes. Il est évangéliste, théologien et pasteur. Il est marié à Césarine Tsimba-Kikhela et a 4 enfants. Il est né en 1952 dans la province du Bas Congo (à l’ouest de la RDC). Son père était pasteur.
En 1975, il accepte Jésus-Christ comme son Sauveur et Seigneur.
Il obtient d’abord une maîtrise en chimie à l’Université de Kinshasa. Un peu plus tard, il fait des études en théologie en Hollande, puis en Belgique. Après 7 ans de séjour en Hollande avec sa famille, il revient dans son pays pour participer à sa reconstruction par la proclamation de l’Évangile, puissance de Dieu capable de transformer les vies. Il assume là divers ministères, comme formateur, doyen du Centre Universitaire de Missiologie (CUM). Il a exercé le ministère pastoral au sein de la Paroisse protestante de l’Université de Kinshasa pendant 11 ans. Depuis mai 2003, il est l’évangéliste national de l’ECC (Église du Christ du Congo).
De 1980 à 1985, il a travaillé dans le ministère de Campus pour Christ dans son pays.
En 1985, il fonde un ministère, le Centre International d’Actions Chrétiennes avec un quadruple objectif : l’évangélisation, la formation, la cure d’âme et les actions sociales.
Depuis 1984, il travaille avec l’AEM (Aide aux Eglises Martyres) dont il a été le responsable pendant 15 ans pour toute l’Afrique francophone. Il écrit aussi régulièrement dans le bulletin La Voix des Martyrs publié en Afrique.
Il a également publié une petite brochure, Un regard sur l’Islam.
L’épouse de Dieudonné Sita Luemba dirige une Association pour la lutte contre le SIDA qui a été fondée par le couple. C’est la LISMM, « Lutte contre les Infections Sexuellement transmissibles et le Sida de Maison à Maison ». Elle encadre pour le moment 12 jeunes gens formés dans la connaissance de cette pandémie. Ils vont de maison en maison pour parler aux personnes rencontrées du fléau du SIDA tout en proclamant l’Évangile de Jésus-Christ. Les résultats sont des plus encourageants.
La Parole de Dieu nous apprend que Dieu a créé l’homme et la femme avec tout ce qui les caractérise et les distingue. Différents physiquement, ils sont aussi différents dans plusieurs autres domaines : sensibilité, manière de réfléchir, imagination, manière de parler ou de résoudre les problèmes. Quant à la sexualité, elle englobe l’ensemble des phénomènes relatifs à l’instinct sexuel et à sa satisfaction.
D’octobre 1992 jusqu’en décembre 2003, j’ai été pasteur d’une église locale appelée la « Paroisse protestante de l’Université de Kinshasa ». Dans ce milieu universitaire, c’est chaque jour, surtout le soir, que nous avons été témoins des comportements obscènes de certains étudiants. Beaucoup de ces jeunes recherchent avec passion le plaisir sexuel. Bien que le plaisir ne soit pas mauvais en lui-même, puisqu’il fait partie d’une vie sexuelle normale, il faut admettre que la sexualité peut être mal ou sagement gérée. ÀA nous de rappeler à notre génération que les normes sont ici fixées par Dieu, et que l’homme et la femme ne sont ni les fruits du hasard, ni laissés sans directives par leur Créateur.
Dans Gen 1.26-27, nous lisons : « Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, […] Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » Parce que l’homme et la femme ont été créés par Dieu, il est tout à fait normal qu’ils cherchent à connaître le « mode d’emploi » prévu par leur Créateur, pour leur vie en général et leur vie sexuelle en particulier. Un utilisateur sage tient compte des instructions et des conseils du fabriquant. Nous gérons sagement notre vie sexuelle quand nous la gérons selon les instructions et les conseils du « fabriquant » de notre vie. Toute autre attitude est insensée ! Lire la Bible, c’est être à l’écoute de Dieu. Elle nous offre le privilège unique de nous révéler la pensée de Dieu. Elle nous révèle la nature de Dieu et Son amour pour l’homme et la femme. Elle nourrit la vie spirituelle et éclaire le chemin de ceux qui se laissent guider par son enseignement.
En parlant de la Bible, quelqu’un a dit : « Elle est le guide du voyageur, le bâton du pèlerin, la boussole du marin, l’épée du soldat et la charte du chrétien. Par elle, le paradis est retrouvé, le ciel est ouvert et les portes de l’enfer sont dévoilées. » Heureux sont tous ceux qui se soumettent à son contenu ! És 48.17-19 le confirme :
« Ainsi parle l’Éternel, ton rédempteur, le Saint d’Israël : Moi, l’Éternel, ton Dieu, je t’instruis pour ton bien, je te conduis dans la voie que tu dois suivre. Oh ! si tu étais attentif à mes commandements ! Ton bien-être serait comme un fleuve, et ton bonheur comme les flots de la mer ; ta postérité serait comme le sable, et les fruits de tes entrailles comme les grains de sable ; ton nom ne serait point effacé, anéanti devant moi. »
Dans ce passage, Dieu s’adresse à son peuple d’Israël pour qui il est le Rédempteur, c’est-à-dire le Libérateur, le Sauveur. Il se nomme le Saint d’Israël. En lisant attentivement ce qu’il dit à son peuple, nous apprenons trois faits le concernant.
– Premièrement, il instruit son peuple pour le bien de ce dernier.
– Deuxièmement, il le conduit dans la voie qu’il doit suivre.
– Troisièmement, il lui révèle ce qui lui est réservé s’il est attentif à ses commandements : le bonheur.
Mes amis, quand le Seigneur nous demande de lui obéir, c’est toujours pour notre bien. N’oublions jamais qu’il est amour. Par amour, il se soucie de notre bonheur, de notre bien-être. Il veut que nous menions une vie qui vaut la peine d’être vécue, une vie satisfaisante, une vie qui donne aux autres qui nous voient vivre l’envie de devenir enfants de Dieu. Une personne qui gère sa vie sexuelle selon la volonté de Dieu non seulement honore son Créateur, mais aussi se fait du bien à lui-même.
Cher lecteur, avant de continuer, il m’importe de te poser ces questions : « Comment va ta vie sexuelle ? La gères-tu selon les principes de ton Créateur, lui qui ne veut que ton bien ? »
Du mauvais et du bon usage de la sexualité.
Ce que la Bible enseigne sur la gestion de la vie sexuelle peut être résumé simplement : l’activité sexuelle est destinée à s’exercer dans le cadre du mariage. En dehors du mariage, l’activité sexuelle est contraire à la volonté de Dieu. Mais avant d’étayer cette affirmation par des références à l’Écriture, définissons ce qui doit être compris par « activité sexuelle hors mariage ».
La société qui nous environne a recours à bien des termes pour décrire l’activité sexuelle, dont certains sont parfois porteurs de connotations négatives. Parmi eux : adultère, impudicité, fornication, inconduite, impureté, masturbation, homosexualité, lesbianisme, bestialité, prostitution. La liste n’est pas exhaustive.
L’adultère concerne tout rapport sexuel en dehors du mariage entre une personne mariée et une autre personne mariée ou célibataire. L’adultère est prohibé par la Parole de Dieu. Le pratiquer méritait la mort dans l’Ancien Testament. Selon l’éclairage biblique, c’est une folie. Souvenons-nous de passages bien connus : dans Ex 20.14, il est écrit : « Tu ne commettras pas d’adultère. » Lév 20.10 dit : « Si un homme commet adultère avec une femme mariée, s’il commet adultère avec la femme de son prochain, l’homme et la femme adultères seront punis de mort. » Prov 6.32 déclare : « Mais celui qui commet un adultère avec une femme est dépourvu de sens, celui qui veut se perdre agit de la sorte. »
L’impudicité, la fornication, ou l’inconduite sont la traduction d’un seul mot grec : porneia, d’où vient le mot pornographie. Tous ces mots expriment tout rapport sexuel en dehors du mariage. L’adultère est donc aussi de la porneia. Dans Mat 5.27-28, Jésus dit : « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Mais moi, je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis adultère avec elle dans son cœur. » La porneia est prohibée par la Parole de Dieu. Dans Act 15.20, nous lisons : «…qu’ils s’abstiennent des souillures des idoles, de l’inconduite…». 1 Cor 6.13 nous enseigne que : « Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments ; et Dieu détruira l’un comme les autres. Mais le corps n’est pas pour l’inconduite. Il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. » 1 Cor 6.18 ajoute : « Fuyez l’inconduite. Quelque autre péché qu’un homme commette, ce péché est extérieur au corps; mais celui qui se livre à l’inconduite pèche contre son propre corps. » (On relira aussi avec profit les versets suivants : Col 3.5 ; 1 Thes 4.3.)
L’impureté fait référence à toute pratique orientée vers le sexe en dehors du mariage. Elle touche la pensée, la sensibilité, le langage ou les actes.
La masturbation, c’est la recherche du plaisir sexuel seul, sans partenaire.
L’homosexualité, c’est tout rapport sexuel avec un partenaire du même sexe. Quand il s’agit de deux partenaires féminins, on parle de lesbianisme.
La bestialité, c’est tout rapport sexuel avec une bête.
La prostitution englobe toute pratique sexuelle fondée sur le monnayage du plaisir sexuel.
Il devient de plus en plus convenu de relativiser, de banaliser ces pratiques. Il n’en reste pas moins que la Parole de Dieu les condamne. Gardons-nous donc de minimiser la gravité de ces choses. N’oublions jamais que toute vie vécue en dehors de la volonté de Dieu subit des dommages sévères. De même qu’il est impossible de toucher le feu sans se brûler, de même il est impossible de se moquer des conseils divins sans en subir les conséquences. L’Écriture nous indique clairement comment Dieu veut que nous, qui sommes ses créatures, créées à son image, gérions notre vie sexuelle.
Il n’est pas inutile de rappeler quelques-unes des conséquences évidentes de l’anarchie sexuelle.
– La mauvaise réputation. Une personne qui mène une vie sexuelle désordonnée est souvent considérée comme dépourvue de caractère et peu digne de confiance.
– Les risques pour la santé. Les maladies sexuellement transmissibles (transmises par voie sexuelle) font de plus en plus de ravages, en particulier depuis l’extension de l’épidémie du sida. Mais les autres types d’infections demeurent redoutables : syphilis, blennorragie, herpès génital, etc. Quoique ces infections puissent aussi être attrapées par des partenaires mariés, elles se transmettent souvent par une vie sexuelle désordonnée.
– Les grossesses non désirées. Dans la plupart des cas, elles sont sources d’angoisse, de ressentiment, d’incompréhension, et souvent de rejet. Au final, ce seront les pleurs, la peur d’être découverte, la culpabilité, l’invasion des pensées de suicide ou d’avortement.
– Les avortements provoqués. L’espoir de cacher le péché commis, par le recours à l’avortement, est trompeur : les effets secondaires, psychologiques et moraux, sont souvent destructeurs. De plus, certains avortements entraînent des handicaps physiques durables dans le corps de la femme, voire sa mort.
– Les ennuis avec la justice, lorsque les déviances sexuelles vont jusqu’aux actes de violence, à la contrainte ou à des crimes passionnels.
– Les ravages sociaux et humains. Beaucoup de parents sérieux, de tuteurs ou de conjoints légitimes restent blessés à vie à cause de l’inconduite d’un proche.
– La perte de l’amitié avec Dieu. Dans le Ps 25.14, il est écrit : « L’amitié de l’Éternel est pour ceux qui le craignent. » Si l’ami d’un président en éprouve de la fierté, a fortiori l’ami de l’Éternel ! La Bible est claire : il est possible de devenir ami de Dieu en acceptant Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur personnel de sa vie, et en se soumettant à ses exigences. Ne pas gérer sagement sa vie sexuelle empêche de vivre en ami de Dieu. C’est la porte ouverte aux obsessions dégradantes, à la perturbation de la vie conjugale. C’est un gaspillage d’énergie mentale et un affaiblissement des défenses à l’égard de nouvelles tentations sexuelles…
Chers amis, pour nous qui appelons Jésus-Christ « Seigneur », est-il nécessaire d’entendre sa question : « Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6.46) Si vraiment Jésus est notre Seigneur, faisons sa volonté. Ce qu’il veut, c’est notre sanctification (1 Thes 4.3). Une vie sexuelle sainement vécue est sûrement d’une valeur immense dans cette perspective.
N’écoutons pas l’Ennemi nous suggérer que les chrétiens se privent de l’essentiel ; en réalité, le croyant qui se conforme à l’Écriture entre dans une vie pleine de sens sur le plan personnel, familial, social, et conjugal (s’il est marié). Il peut suivre le Seigneur sans entrave et sa communion avec Dieu est un solide fondement. Son Sauveur est honoré et son témoignage conséquent. Son énergie peut se concentrer sur d’utiles objectifs, et il recueillera les fruits de son obéissance jusque dans la vie éternelle. Habitué à la maîtrise de ses pulsions sexuelles, il devient plus résistant face à des tentations imprévisibles.
Comment donner une saine orientation à notre vie sexuelle ?
À quiconque se poserait la question : « Que faire si l’on a mal géré sa vie sexuelle ? », je donnerai ce conseil : Ne cédez pas au découragement !
Si l’on est conscient de ne jamais avoir reçu Christ dans sa vie comme Sauveur et Seigneur personnel, ou si l’on doute de son salut, il faut promptement redonner à Dieu la place d’honneur qu’il mérite. Lui confesser d’avoir géré sa vie sans tenir compte de sa volonté. Lui demander pardon. Croire que tout péché confessé est pardonné, selon ses promesses (Prov 28.13 et 1 Jean 1.9). Prendre la décision de se détourner de la pratique du péché, et demander à Jésus-Christ de reprendre les rênes de notre vie.
Voici quelques conseils pratiques pour gérer sagement sa vie sexuelle.
1. Faire de son intimité avec le Seigneur une priorité.
Le Seigneur Jésus-Christ l’a bien dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15.5). C’est lui seul qui donne la force intérieure nécessaire pour mener une vie digne d’un être humain. En dehors de son aide, l’homme n’est pas capable de vivre comme Dieu le veut. En dehors de Jésus, l’homme commet de nombreux actes qui le déshumanisent, surtout dans le domaine sexuel. Notre actualité ne foisonne-t-elle pas de scandales, parfois engendrés par des personnes élevées en autorité ou créditées d’une bonne moralité ? Ces exemples devraient nous convaincre que seul Jésus communique l’énergie nécessaire pour vivre dignement, selon la volonté du Créateur. Il accorde cette énergie quand nous le plaçons au centre de nos vies, quand nous lui cédons la direction de nos vies, quand nous cultivons notre intimité avec lui. Jésus vit réellement dans la vie de toutes les personnes qui l’ont reçu. Dans Col 1.27, il est écrit : « Christ en vous… ». Dans Gal 2.20, il est écrit : « …c’est Christ qui vit en moi… ». Celui qui est conscient d’être habité par le Seigneur, qui sait qu’il n’est pas seul, que le Seigneur le voit à tout moment et en tout lieu, gérera plus sagement sa vie sexuelle que celui qui ignore cette expérience.
2. Prier et pratiquer la Parole de Dieu.
Dans Mat 26.41, Jésus a dit : « Veillez et priez pour ne pas tomber en tentation ». La tentation n’est pas un péché. Être tenté ne signifie pas pécher. La tentation est le lot de tous. Dans Héb 4.15, il nous est dit que Jésus « a été tenté comme nous en toutes choses sans commettre de péché ». S’il a pu vaincre la tentation, c’est parce qu’il a appris à puiser sa force en l’Esprit qui l’habitait. C’est vrai qu’il était vrai Dieu et aussi vrai homme. Volontairement, il a choisi de dépendre du Saint-Esprit pour nous montrer, à nous les êtres humains, la manière dont nous pouvons vivre dans ce monde pour plaire à Dieu. Le Saint-Esprit, la prière et la Parole de Dieu occupaient une place très importante dans sa vie intérieure. C’est par la prière que nous mobilisons les énergies du ciel pour agir dans nos vies et dans les vies de ceux pour qui nous prions. La Parole de Dieu est puissante et efficace. Elle est le marteau de Saint-Esprit. Elle est l’épée de l’Esprit. Elle nous rend forts devant toute sorte de tentation. Celui qui prie assidûment et qui se soumet à l’autorité de la Parole de Dieu peut mener une vie de victoire. Le péché est un accident et non une habitude dans sa vie. Une telle personne ne sera jamais dominée par le sexe.
3. Éviter les mauvaises compagnies… et s’entourer de bons amis.
Dans 1 Cor 15.33, il est écrit : « …les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs ». Ne dit-on pas : « Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es ? » Les personnes que nous fréquentons ont une bonne ou une mauvaise influence sur nous. Dans 2 Tim 2.22, Paul a recommandé à Timothée : « Fuis les passions de la jeunesse, et recherche la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. » Remarquez le type de personnes avec qui Timothée devait rechercher les vertus nécessaires à une vie qui plaît au Seigneur. C’étaient ceux « qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur », et non n’importe qui. Si vos compagnons ou compagnes sont des esclaves d’une sexualité débridée, prenez cette décision : parlez-leur franchement de votre désapprobation, exhortez-les à changer de vie. S’ils refusent, cessez de les fréquenter, sans les haïr, et en vous engageant à prier pour eux le plus souvent possible. Un bon ami, c’est celui qui nous aide à devenir meilleurs selon Dieu. Un mauvais ami, c’est celui dont la compagnie nous avilit. Relisons donc le Ps 1, et gardons-le gravé en nous. Les bons amis viennent de Dieu. Il peut nous les donner si nous les lui demandons avec foi.
4. Éviter les films, les spectacles et les livres pornographiques.
Dieu nous a créés de telle manière que ce à quoi nous pensons souvent a tendance à être transformé en actes. Quelqu’un a dit :
« Sème une pensée et tu récolteras une action. Sème une action et tu récolteras une habitude. Sème une habitude et tu récolteras un caractère. Sème un caractère et tu récolteras une destinée ».
La psychologie confirme cette déclaration. La gestion sage de la vie sexuelle commence au niveau de nos pensées. Ce qui nourrit nos pensées vient de tout ce qui entre en nous par les yeux, par les oreilles, par nos sens. Nous devons ainsi veiller sur tout ce que nous voyons, tout ce que nous écoutons. Les films et les livres pornographiques doivent être rejetés sans appel.
Un jour, un chrétien étudiant à l’université de Kinshasa vint me voir dans mon bureau. Au cours de notre partage, il me dit : « Pasteur, je t’avoue que je ne crois pas que les films et les livres pornographiques soient mauvais tant qu’on peut les voir ou les lire sans chercher à pratiquer leur contenu. » Tous mes arguments pour lui prouver le contraire restèrent vains. A la fin de notre entretien, je lui dis : « Mon frère, je te prie de lire tous les livres pornographiques que tu peux te procurer et de voir tous les films pornographiques possibles. Fais-le chaque jour pendant une semaine. Fais-le discrètement pour ne pas scandaliser les autres. Après tu viendras me voir. »J’obtins qu’il me promette de le faire. Une semaine après, il vint me voir. Je lui demandai comment allait sa vie de prière. Il m’avoua qu’elle était médiocre. Chaque fois qu’il voulait prier, des images de femmes et d’hommes nus revenaient à son imagination. Il était devenu incapable de se concentrer dans la prière. Après quelques échanges, il conclut lui-même qu’il devait renoncer à ce genre de « nourriture ». Je priai pour lui. Il m’apporta tous ses films et livres pornographiques que nous brûlâmes ensemble. Aujourd’hui, il est un serviteur de Dieu qui ne cesse de décourager de telles pratiques obscènes. Il mène aussi une vie de victoire sur l’anarchie sexuelle. Il est un modèle pour plusieurs jeunes gens de son église locale.
5. Éviter d’être souvent avec la même personne de sexe opposé dans des endroits isolés.
Évidemment, je fais allusion à une personne de sexe opposé avec qui vous n’avez pas de lien familial naturel. Vous êtes humain. Vous avez des sentiments. La sagesse conseille de ne pas se tenir loin du regard des autres. Être conscient de leur présence nous retiendra de gestes et de pensées impudiques, du moins dans les cercles de notre société où subsiste quelque pudeur (En effet, sous d’autres cieux, les regards des autres ne gênent plus. En Hollande où j’ai vécu avec ma famille pendant sept ans, des couples entretenaient des rapports sexuels dans des parcs publics, au vu de tous…)
6. Veiller sur son habillement, veiller sur sa langue ; éviter d’écouter des conversations malsaines, éviter les caresses déplacées.
L’instinct sexuel étant puissant, il a d’autant plus besoin d’être tenu en bride, de peur de le laisser nous entraîner dans des dérives que nous pourrions regretter amèrement.
7. Être persuadé qu’il est possible de ne pas être esclave d’une vie sexuelle désordonnée.
Nous ne sommes pas comme des coqs et des poules qui, dans une basse-cour, s’accouplent sans préambule. Dieu nous a créés à son image, dotés de la capacité de dépendre de lui pour vivre dignement. Si vous êtes conscient de mener une vie sexuelle désordonnée et vous sentez incapable de changer, contactez un serviteur de Dieu en qui vous avez confiance, ouvrez-lui votre cœur et il vous aidera par la grâce de Dieu.
En guise de conclusion, un mot de témoignage
Je voudrais partager avec vous les pensées qui me sont venues le premier juillet2004 à Basankusu, dans la province de l’Équateur, en RDC, alors que je méditais sur les méfaits de l’adultère, en préparant un message pour des pasteurs. Je m’étais posé cette question : « Pourquoi ne puis-je pas, moi Sita-Luemba, coucher avec une autre femme que mon épouse ? » Voici mes réflexions.
1. En couchant avec une autre femme, j’agirais contre la volonté de Dieu. Dieu défend l’adultère. Un des commandements de la loi de Dieu dit clairement : « Tu ne commettras point d’adultère » (Ex 20.14). En tant qu’enfant de Dieu, je ne peux que me soumettre à la volonté de Dieu, mon Père céleste, quels que soient mes envies, mes désirs et mes aspirations.
2. En couchant avec une autre femme, je n’aurais rien de plus que je ne puisse trouver chez mon épouse. Dieu m’a donné une épouse qui n’a rien à envier à une autre (de mon point de vue, mon épouse est la plus belle femme du monde). Que gagnerais-je avec une autre ?
3. En couchant avec une autre femme, j’attristerais le cœur de mon Dieu et des saints anges, car j’agirais contre sa volonté. Cela équivaudrait à me détruire moi-même. Quelle idiotie !
4. En couchant avec une autre femme, je réjouirais Satan et les démons qui aiment nous voir nous vautrer dans les péchés. Je refuse d’être le pourvoyeur des fêtes du camp ennemi.
5. En couchant avec une autre femme, je détruirais ma réputation. Même si ce péché n’était dévoilé qu’à ma propre épouse, serais-je heureux de vivre avec un tel secret entre elle et moi ? La Bible affirme que la réputation vaut mieux que de grandes richesses ou que le parfum (Prov 22.1 ; Ecc 7.1).
6. En couchant avec une autre femme, je perdrais mon autorité et ma puissance spirituelle. En effet, il est impossible de mener une vie sexuelle désordonnée et de conserver l’autorité et la puissance de Dieu dans son ministère. Il serait totalement illusoire de se raccrocher à des fétiches, à des moyens occultes, ou à de quelconques pratiques religieuses pour tenter alors de retrouver une certaine puissance spirituelle.
7. En couchant avec une autre femme, je serais un traître et infidèle à mon épouse. En effet, lors de la bénédiction de notre mariage, je lui avais promis devant Dieu et des témoins que je lui resterais fidèle dans les bons comme dans les mauvais jours, jusqu’à ce que la mort nous sépare. Quelles que soient les tentations sexuelles qui peuvent m’arriver, je dois demander au Seigneur la force nécessaire pour résister et pour rester fidèle à mon épouse.
8. En couchant avec une autre femme, le risque d’attraper une infection sexuellement transmissible et/ou le virus du sida n’est pas nul, car une femme qui accepterait cet acte avec moi peut l’avoir accepté avec d’autres. Le virus du sida est contracté dans 80 à 90 % des cas lors de relations sexuelles. Même le préservatif ne constitue pas une protection absolument fiable.
9. En couchant avec une autre femme, je serais un chrétien hypocrite, un chrétien non cohérent qui ne fait pas ce qu’il prêche aux autres. Un des besoins de l’Église africaine, c’est des chrétiens cohérents, des chrétiens qui pratiquent ce qu’ils enseignent. Un hypocrite enseigne de faire telle chose, mais lui-même fait juste le contraire.
10. En couchant avec une autre femme, je détruirais ma paix intérieure par un sentiment de culpabilité qui me rongerait. Vivre dans le péché et avoir la paix intérieure sont des ennemis qui ne peuvent coexister. Pourquoi perturber ma paix intérieure pour un plaisir de quelques secondes, un plaisir que Dieu m’accorde, avec la joie et la paix, dans ma relation avec mon épouse ?
11. En couchant avec une autre femme, je prendrais le risque de briser le cœur de mon épouse, de mes enfants, de ceux qui me sont chers, de ceux qui me considèrent comme modèle, si le péché venait à être découvert. Pourquoi blesser les gens que j’aime, et qui m’aiment ? Quel égoïsme !
12. En couchant avec une autre femme, je détruirais mon ministère. Beaucoup de croyants ont cessé d’être des instruments du Saint-Esprit pour le salut et l’affermissement des âmes à cause d’une mauvaise gestion de leur vie sexuelle. C’est toujours le Diable et ses démons qui profitent du désordre sexuel d’un serviteur de Dieu.
« Seigneur Jésus-Christ, garde chacun de mes lecteurs mariés fidèle à toi et à son conjoint. Dans le cadre du mariage, que tous les désirs sexuels de chacun restent tournés vers sa ou son partenaire. Que chacun tienne à rester fidèle à sa ou à son partenaire jusqu’à ce que la mort les sépare. Que les célibataires trouvent en toi la force nécessaire pour s’abstenir de relations sexuelles tant qu’ils demeurent seuls. Merci Seigneur de nous donner la capacité de gérer sagement notre vie sexuelle pour ta gloire. Amen. »
- Edité par Sita Luemba Dieudonné
Nos sociétés démocratiques brillent, dit-on, par leur esprit d’ouverture : ouverture aux changements, à la diversité des opinions, des croyances, des comportements. Tout s’échange, tout se vend, tout peut se négocier, même l’amour et la vérité. Mais cette tolérance a un prix : nos esprits globalisés se rapprochent implacablement du nivellement universel.
Paradoxe d’un monde où chacun proclame sa dignité d’être libre et unique, mais où la machine économico-idéologique qui broie notre planète resserre sans relâche l’étau qui rend chaque âme pareille à chaque autre, et docile aux lois du marché. Les goûts, les attentes, les besoins sont imposés par l’écrasante pression médiatique qui, tirant parti de la vanité, de la paresse et de l’égoïsme humains, pousse le « consommateur » à nager dans le courant avec des milliards de créatures emportées comme lui vers un avenir en chute libre. Ainsi consent-on à se laisser mener par les organisateurs sournois de l’anonymat et du conformisme obligatoires.
Dans ce monde impersonnel et vidé du vrai Dieu, à qui ressemblons-nous ? Nul doute que le chrétien qui nage à contre-sens ne manquera pas d’être remarqué. Seul entre beaucoup, il va heurter, surgir comme témoin d’une voie tout autre.
Notre présence ici-bas signale-t-elle clairement notre différence ? Notre mentalité, nos affections, nos motivations, nos objectifs, notre langage, notre apparence, portent-ils réellement la « marque du chrétien », et attestent-ils de la présence vivante du Seigneur Jésus en nous ? Ou bien nous sommes-nous si bien adaptés à notre environnement, et si bien fondus dans la masse, que personne ne détecte notre véritable appartenance ? Puisse ce numéro de Promesses encourager chaque chrétien à (re)trouver ses marques, à se distinguer à la gloire de son divin Maître, et pour le salut de ses congénères.
- Edité par Pfenniger Claude-Alain
« Ils lui dirent: Femme, pourquoi pleures-tu? Elle leur répondit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. » Jean 20.13
« Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »
Jean 20.17
Alors que les disciples ont côtoyé le Seigneur pendant tout son ministère, alors que Pierre a fait la promesse au Seigneur de ne jamais le renier ou l’abandonner, alors que Jean a toujours été si proche du cœur du Seigneur, c’est Marie de Magdala qui vient au sépulcre. Cette femme a été délivrée de 7 démons (Marc 16.9) et est extrêmement attachée à son Sauveur, son Seigneur (Jean 20.13). Elle a aussi été là près de la croix et a pleuré avec les autres femmes. Ce premier jour de la semaine, elle désire embaumer son corps.
En voyant la pierre ôtée du sépulcre, elle panique un peu et court vers Pierre et Jean, qui savent peut-être ce qui s’est passé (ils sont les plus proches du Seigneur, ils sont montés avec lui sur la montagne, ils l’ont accompagné au jardin de Gethsémané). Les deux disciples, alors pleins d’interrogations, se précipitent, entrent à tour de rôle dans le sépulcre pour constater qu’il est vide. Le texte nous apprend que Jean croit. Il est permis de penser que sa foi est alors davantage celle des yeux que celle du cœur. Et pourtant, après cette expérience inouïe, comme si de rien n’était, Pierre et lui rentrent chez eux…laissant près du sépulcre une femme qui pleure, qui ne comprend pas ce qui se passe, qui est désemparée, abattue par la disparition de celui qui l’a délivrée. L’attitude des disciples nous interpelle ! Combien de fois n’avons-nous pas été insensibles aux interrogations de personnes dont le cœur est bouleversé. Souvent, nous comprenons avec notre tête comme ces disciples, mais le cœur n’est pas touché…
Et voilà que le Seigneur apparaît à Marie en tout premier. Il ne s’est pas d’abord révélé à Pierre, ni à Jean, ni à Marie, sa mère, mais à Marie de Magdala qu’il avait délivrée et dont le cœur battait pour lui. C’est elle qui reçoit la plus grande révélation de l’Évangile et qui doit l’annoncer aux disciples : Dieu, par la résurrection de Christ, inaugure une nouvelle relation avec nous. La foi en Jésus fait de nous des enfants de Dieu, notre Père céleste, et des frères de Christ. Nous entrons dans sa famille.
Ce qui prime n’est pas la connaissance formelle, mais un cœur qui bat pour notre Seigneur. Ainsi il se plaira à se révéler à nous afin que nous le découvrions comme jamais auparavant.
- Edité par Waldmann Stefan
La majeure partie du livre des Proverbes est écrite en vers. Or l’art poétique des Hébreux est bien éloigné de la versification française classique ! Alors que notre poésie est basée sur le nombre de syllabes et sur la rime, la poésie hébraïque se caractérise premièrement par le parallélisme du sens : le second vers est lié au premier par la signification même des mots. Cette poésie, plus liée au fond qu’à la forme, est plus facile à traduire ; de ce fait, même dans nos traductions françaises, nous pouvons en saisir une grande partie !
Sans rentrer dans tous les détails d’une étude de la poésie hébraïque, voici quelques indications qui permettront de mieux comprendre les Proverbes.
1. Le parallélisme synonymique
Les vers parallèles expriment la même pensée par des mots équivalents, mais différents :
« La sagesse ne crie-t-elle pas ?
L’intelligence n’élève-t-elle pas sa voix ? » (Prov 8.1)
Le parallélisme est évident entre :
– la sagesse // l’intelligence
– crie // élève sa voix.
2. Le parallélisme antithétique
Le second vers exprime l’idée opposée à celle exprimée dans le premier vers :
« Celui qui cache ses transgression ne prospérera point.
Mais celui qui les confesse et les abandonne obtiendra miséricorde. » (Prov 28.13)
C’est ce type de parallélisme qui est le plus répandu dans les Proverbes, où le « juste » est souvent opposé au « sot ».
3. Le parallélisme complémentaire
Pour ce type de parallélisme, la pensée du premier vers est complétée par celle du second :
« Mais le sentier des justes est comme la lumière resplendissante
Qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi. » (Prov 4 .18)
Comprendre et détecter ces divers types de parallélisme est d’une grande aide pour la compréhension du sens de certains proverbes, qui, autrement, nous resteraient bien obscurs.
4. La structure rythmique
En hébreu ancien, seul compte pour marquer le rythme le nombre des syllabes accentuées ; le nombre des syllabes non-accentuées n’a pas d’importance. Une conséquence majeure de cette règle est la grande liberté d’expression qu’elle donne au poète.
Dans le livre des Proverbes, c’est le mètre1 (3 + 3) qui est le plus fréquent ; il est caractéristique du style didactique. Par contre, le mètre (2 + 2) marque le style lyrique du Cantique des cantiques et le mètre (3 + 2) l’émotion, comme dans les Lamentations de Jérémie.
5. L’acrostiche
Plusieurs passages de l’AT sont composés sous forme d’acrostiche. C’est par exemple le cas pour la fin de Proverbes 31 : chacun des 22 versets commence par une lettre différente de l’alphabet hébraïque : du v. 10, qui commence par la première lettre de l’alphabet, la lettre “aleph”, jusqu’au v. 31 qui commence par la lettre “taw”, vingt-deuxième et dernière lettre de l’alphabet. Le Ps 119 est aussi un acrostiche par groupe de 8 versets.2
1Le mètre signifie ici l’élément de mesure des vers, selon le nombre, le rythme et la succession des syllabes accentuées.
2Ce rapide aperçu de la poésie hébraïque est adapté d’une brochure de Roger Liebi, La poésie hébraïque, Cahiers des REBS, où ce sujet est traité plus largement.
- Edité par Liebi Roger
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