PROMESSES

Quelques réflexions sur les chapitres 8 et 9 des Proverbes

« La sagesse ne crie-t-elle pas ?
L’intelligence n’élève-t-elle pas sa voix ?
C’est au sommet des hauteurs près de la route,
C’est à la croisée des chemins qu’elle se place ;
À côté des portes, à l’entrée de la ville,
À l’intérieur des portes, elle fait entendre ses cris :
Hommes, c’est à vous que je crie,
Et ma voix s’adresse aux fils de l’homme.
L’Éternel m’a acquise au commencement de ses voies,
Avant ses œuvres les plus anciennes.
J’ai été établie depuis l’éternité,
Dès le commencement, avant l’origine de la terre.
La sagesse a bâti sa maison,
Elle a taillé ses sept colonnes.
Elle a égorgé ses victimes, mêlé son vin,
Et dressé sa table.
Elle a envoyé ses servantes, elle crie
Sur le sommet des hauteurs de la ville :
Que celui qui est stupide entre ici !
Elle dit à ceux qui sont dépourvus de sens :
Venez, mangez de mon pain,
Et buvez du vin que j’ai mêlé ;
Quittez la stupidité, et vous vivrez,
Et marchez dans la voie de l’intelligence ! »

(Prov 8.1-4,22-23 ; 9.1-6)

Pendant le siècle qui vient de prendre fin, plusieurs ont accusé Dieu de mutisme, d’indifférence ou d’incohérence. Chaque nouvelle catastrophe humaine semblait les renforcer dans leur protestation. Mais comme on ne fait pas le procès de Dieu sans dresser un acte d’accusation au-dessus de tout soupçon, ces dénonciateurs ont juré que leur démarche présentait toutes les garanties d’honnêteté, d’objectivité, et d’humanisme désintéressé. Dans leur foulée, les courants anti-chrétiens, qui ont porté la mentalité contemporaine vers l’athéisme pratique qu’on lui connaît, ont régulièrement affiché une sincérité, une « authenticité » qui ont fait croire que notre époque était sur le point de s’ouvrir à de nouvelles formes de sagesse.

Or, les nouvelles sagesses, à l’examen, n’ont rien de révolutionnaire en elles-mêmes. Qu’elles viennent d’Orient ou d’Occident, elles se proposent comme toujours de rendre notre vie plus raisonnable, plus riche de sens, plus harmonieuse, ou plus épanouie. Bref, elles se présentent comme des perches de salut qu’il suffit de saisir — ou de repousser, personne n’y étant astreint. Elles comportent, comme toutes les sagesses antiques, une vision du monde (les anciens parlaient de cosmogonie, les modernes se contentent d’une analyse historique, anthropologique, ou sociologique) ; elles en tirent quelques principes directeurs, une éthique, et parfois, une orientation politique (« verte », « rose », « rouge », etc.). Elles sont souvent tentées par les généralisations métaphysiques (nouvelles formes d’ascèses, nouvelle religiosité ; sectes, tendances alternatives, Nouvel Âge). Forts de ces éléments, les nouveaux sages tentent d’extérioriser leur philosophie aussi fidèlement que possible, car leur crédibilité et leur réalisation personnelle en dépendent.

Il est vrai que les masses populaires, imprégnées de l’ambiance post-moderne ultra-permissive, se contentent d’un minimum de contraintes et de valeurs. Toutefois, hier comme aujourd’hui, la sagesse (ou son apparence) reste admirée, même au sein des mouvances les plus débridées. Comme toujours, elle se veut théoriquement fiable et pratiquement efficace. Elle a ses maîtres, ses prêtres, ses experts, ses gourous, ses lamas ; elle recherche des disciples.

Quant au présent article, il s’efforcera de dépeindre, en se fondant sur les chapitres 8 et 9 (jusqu’au v. 12) du livre des Proverbes, un tout autre visage de la sagesse : celui de la Sagesse divine, radicalement distincte de celle des hommes réputés sages.

1. Allégorie ou réalité ?

Ces versets mettent en scène la Sagesse (ou l’Intelligence) personnifiée : la Sagesse parle, invite, exprime divers avis, proclame, promet, raconte ses œuvres, met en garde, exhorte. Faut-il n’y voir qu’un procédé littéraire propre à rendre le sujet plus concret ? Ne s’agit-il que d’une allégorie destinée à réveiller les égarés et les simples ?

Le lecteur de l’Ancien Testament aurait pu le comprendre ainsi. Mais pour le croyant familier de l’Évangile, ces versets sont clairement prophétiques de la personne et de l’œuvre de Christ. Si cette interprétation se justifie, nous verrons que la notion biblique de « sagesse » renverse de fond en comble nos conceptions générales sur Dieu, sur nos relations avec lui, sur nos moyens de salut et sur les fondements d’un comportement dit de « bonne moralité ».

2. Où la rencontre-t-on ?

Il n’est pas nécessaire d’être un philosophe né, de s’user de longues années sur des bancs d’université ou de couvent, de se livrer à des rites initiatiques, de participer à des voyages intersidéraux, ou d’accéder à des états de conscience modifiée pour la rencontrer. Elle vient à nous, se tient à la croisée des chemins, bien en évidence sur les hauteurs de la ville, près des portes et des foules (8.2,3 ; 9.3).

Ces détails du texte des Proverbes annoncent le ministère spécifique du Messie, de l’Envoyé de Dieu, d’Emmanuel – Dieu parmi nous (Jean 1.1-18). « Je suis le pain de vie. » (Jean 6.35) « Je suis la lumière du monde. » (Jean 8.12a) «Je suis la résurrection et la vie. » (Jean 11.25a) « Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive… » (Jean 7.37) « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14.6) « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Mat 11.28) Ce ministère se poursuit actuellement par l’action de la Parole écrite et du Saint-Esprit (Jean 16.12-15), et par le témoignage de l’Église (peut-être préfigurée dans le ch. 9 des Proverbes sous la forme des « servantes » de la Sagesse, v. 3a).

Du reste, la Sagesse incarnée ne se lasse pas de se faire entendre et comprendre ; elle élève la voix jusqu’à crier, de peur que les passants ne lui accordent aucun crédit (8.3,4 ; 9.3). Pour qui ne ferme pas volontairement ses oreilles, la voix de Dieu retentit de manière explicite, sans ambiguïté. À travers la Création, bien sûr (Ps 19.2-5), mais surtout par le Fils révélé dans l’Écriture : « Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils … Le Fils est le reflet de sa gloire et l’empreinte de sa personne… » (Héb 1.2a et 3a) Alors que se multiplient les voix mensongères, les contrefaçons de la vérité, les séductions de tous ordres (Mat 24.4,5,11,23,24), la voix puissante et unique de la Sagesse divine continue d’affirmer sa différence, et le temps est proche où l’on pourra constater que la « bonne nouvelle du royaume » a été « prêchée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations » (Mat 24.14a ; cf. Rom 10.16-18).

3. Qui peut la rencontrer ?

Tous les hommes qui se laissent interpeller et qualifier de « stupides », d’« insensés » (8.5 ; 9.4,6). L’entrée en matière est fort rude, mais Christ n’a jamais flatté l’homme. Sa compassion et son amour infinis l’ont au contraire amené à déclarer sans ambages qu’il était venu pour sauver des hommes en danger de mort éternelle, des pécheurs, des êtres profondément malades et corrompus. Se mettre à l’écoute de la Sagesse divine implique que l’on se reconnaisse en complet déficit de sagesse et de ressources pour l’accomplissement de notre salut : « Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu, il a plu à Dieu dans sa sagesse de sauver les croyants par la folie de la prédication » (1 Cor 1.21). Le paradoxe doit aller jusque là !

Dans notre texte des Proverbes, tous les auditeurs de la Sagesse ne sont pas naturellement prédisposés à se reconnaître comme perdus, car certains semblent s’être entourés de toutes sortes de choses précieuses à leurs yeux (8.11), et il se peut qu’ils se soient accoutumés à rejeter ce qui provient de la source divine (8.33), ou même à s’en moquer (9.12). Mais la Sagesse plaide, et plaide encore pour les arrêter dans leur course folle, sachant qu’aucun retournement d’âme et de conscience n’est exclu.

4. Les prérogatives de la Sagesse

Parmi ses qualités, nous retenons que la Sagesse :

– est droite, juste et vraie absolument (8.6-8) ;
– est limpide pour ceux qui la reçoivent (8.9) ;
– est la science, le discernement, et l’intelligence à l’état pur (8.10-12) ;
– hait le mal et la perversité (8.13) ;
– possède la force qui mène au succès véritable et durable (8.14) ;
– est souveraine sur toute forme d’autorité humaine (8.14-16) ;
– est infiniment riche et généreuse envers ceux qui lui font confiance (8.18-21) ;
– existe de toute éternité en présence de Dieu (8.22-25), ou, comme le formulaient les Pères de l’Église, est éternellement engendrée et consubstantielle au Père ;
– a été l’instrument de la Création divine (8.27-31) ;
– est source de vie (8.35 ; 9.11) et conduit le croyant jusque dans la présence de Dieu (8.35).

Aucun homme de l’Ancien Testament, aussi sage ait-il été, n’a réuni en lui-même autant de perfections, loin s’en faut. Cette fiche signalétique de la sagesse personnifiée ne peut désigner que Jésus-Christ . En effet, toutes les qualités énumérées ci-dessus montrent à l’évidence que la Sagesse issue de Dieu est unique, incomparable, inégalable, comme ne peut l’être que le Fils unique de Dieu. Mais ce qui devrait nous bouleverser par dessus tout, c’est que toute son activité est prioritairement orientée vers l’homme misérable, et qu’elle semble brûler du désir d’attirer cet homme à Dieu, en lui conférant ses qualités mêmes avec la plus entière bonté et générosité. Comme si Dieu, à travers son Fils, n’avait pas de plus grande passion que de créer la vie (physique et spirituelle), ou de la recréer lorsque le péché la met en péril. N’est-ce pas, en condensé, toute l’œuvre de la grâce de Dieu qui apparaît ici, et tout le contraire d’une philosophie fondée sur l’autosuffisance ou sur le mérite humains ?

En explorant le texte des Proverbes plus avant, on peut même discerner que l’œuvre de la Croix et de la mort expiatoire de Christ apparaissent comme en filigrane. Le début du chapitre 9 (v. 2-5) fait allusion à des « victimes » qui ont été rendues nécessaires en vue du grand banquet de la Sagesse. Le « pain » et le « vin » ont également été préparés. Ce langage renvoie au récit de la Pâque et au culte lévitique, dont la signification ultime culmine dans l’offrande du corps de notre Seigneur et dans l’aspersion de son sang. Ces actes fondateurs de notre salut inaugurent non une nouvelle philosophie, mais une nouvelle relation entre l’homme et Dieu.

5. Réalité nouvelle

Pour qui répond favorablement à l’invitation de la Sagesse, une nouvelle sphère spirituelle devient accessible. Ayant désormais l’assurance de l’approbation de Dieu (8.35), se sachant aimé de Dieu (8.17), recevant quotidiennement les instructions justes, droites et bonnes de son Père céleste (8.6-10) ainsi que ses bénédictions (8.21 ; 9.11), le « fils de la Sagesse » peut se dire heureux et comblé (8.32,34). Le voilà rendu capable de vivre de manière réellement sage, et de tirer parti des préceptes, des conseils, des trésors de la Parole du Père.

À moins que son ancienne mentalité et manière de vivre ne le rattrapent… Car pour être juste, il faut admettre que les enfants de Dieu, censés vivre de Christ et selon sa Parole, ne se comportent pas automatiquement en enfants sages. Notre texte des Proverbes en laisse transparaître quelque chose, lorsqu’il signale que le sage a parfois besoin d’être repris (9.8b), et que la sagesse reçue ne dispense pas de l’écoute soigneuse et quotidienne de la voix de notre divin maître (8.32-34).

Quel est le plus grand danger de dérapage sur notre route de chrétiens ? Chaque lecteur le sait sûrement, comme je le sais : c’est le retour de notre très naturelle, instinctive et détestable « arrogance », de notre « orgueil » et de nos faux raisonnements (cf. 8.13), car alors nous nous croyons sages et supérieurs en nous-mêmes. Le triste exemple de Satan devrait nous revenir beaucoup plus vite en mémoire.

Et quelle est notre plus grande sécurité sur cette route ? N’est-ce pas d’expérimenter que notre Sauveur s’occupe de notre progression, et se réjouit de nos progrès (cf. 9.9) ? Si nous nous égarons, ou si nous nous targuons d’une sagesse personnelle au-dessus de la moyenne, le Seigneur est contraint de nous rappeler notre « stupidité » originelle. Mais si nous nous repentons, il se plaît ensuite à nous pardonner, à nous relever, à nous assister dans notre marche, que nous voulons conforme à sa parfaite volonté.

Deux encouragements de l’Écriture termineront ce bref commentaire :

– « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée. » (Jac 1.5)
– « À celui qui peut vous affermir selon mon Évangile et la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère caché pendant des siècles, … à Dieu seul sage soit la gloire aux siècles des siècles, par Jésus-Christ ! Amen ! » (Rom 16.25,27)


Le livre des Proverbes ne traite pas la question du salut de l’homme. Un autre livre a magistralement posé cette base. Incontestablement c’est dans le livre de l’Exode traitant du salut du peuple juif qu’est préfiguré le salut que Jésus Christ devait nous apporter un jour.

Le livre des Proverbes nous apprend plutôt comment marcher sur la terre à la gloire de Dieu. Ne l’a-t-on d’ailleurs pas appelé « le code de la route » ? Il contient une multitude de préceptes de sagesse pour l’individu, qu’il soit adulte ou enfant, roi ou sujet, maître ou serviteur, … père ou mère. Dans cet article, nous arrêterons nos propos sur ces derniers nommés : le lecteur attentif aura tôt fait d’observer que le père et la mère sont mentionnés douze fois côte à côte dans ce livre (pour une seule fois la mère seule).

Cette insistance de l’Esprit de Dieu à les nommer ensemble nous interpelle et contient certainement un enseignement d’une grande importance et d’une saisissante actualité.

De mari et femme à père et mère

Nous ne sommes pas d’abord père et mère, mais mari et femme. Un jeune homme, une jeune fille sont remplis d’un sentiment amoureux l’un pour l’autre. Ils décident de partager leur vie. Ils s’engagent réciproquement par le mariage dans une union stable. Elle sera une base solide où l’enfant qui viendra trouvera tendresse et sécurité. L’union libre offre-t-elle à l’enfant cette base solide ?

L’expression « le père et la mère » appelle un second préalable : le jeune couple, tout en réfléchissant au sujet de la régulation des naissances avec sagesse et tendresse, ne refusera pas systématiquement l’enfant. Rien n’est plus beau que la vision de ce jeune homme et de cette jeune fille, devenus mari et femme, penchés sur le berceau où se trouve le fruit de leur union et de leur amour. Ils sont père et mère. La pensée de Dieu est qu’ils soient là, côte à côte, que l’enfant les découvre ainsi comme en témoignent les douze passages du livre des Proverbes.

Mais il arrive fréquemment aujourd’hui que l’enfant ne découvre qu’un visage. Ce sera généralement celui de la mère. Selon l’expression courante, qui n’en est pas moins dramatique, le père s’est volatilisé dans la nature. Plus triste encore, l’enfant ne découvrira ni le visage de son père, ni le visage de sa mère. Il est né sous X. Il découvrira d’autres visages, on s’occupera tout de même de lui. Dans d’autres cas, il arrivera dans une famille dite « recomposée ». Franchement plus grave (car dans les cas précédents, on pourrait imaginer qu’un accident ait pu emporter le père ou la mère), le cas qui pourrait bientôt voir le jour en France, où l’enfant découvrirait deux visages semblables d’hommes ou de femmes.

Il est urgent, dans le contexte actuel, de revenir à la normalité de la pensée divine de notre Créateur : le père et la mère côte à côte. Cela soulève immanquablement que ceux qui sont côte à côte physiquement, marchent dans l’entente cordiale et la fidélité. Car enfin comment faire face à cette tâche difficile de père ou de mère, si l’on cède à la tentation d’aventures extraconjugales ?

Oui, la tâche est difficile, parfois très difficile. Nous, parents, nous nous sentons faibles, fragiles, toujours imparfaits, quelquefois impuissants et dépassés.

Comment réagir devant le caprice d’un enfant, une désobéissance, voire une insolence… devant une chambre encore en désordre après tant de remarques ? Comment réagir quand on découvre qu’un enfant se drogue ou a des tendances homosexuelles, devant un adolescent révolté ou déprimé ? Comment réagir quand un enfant invite à la maison un ami ou une amie pour la nuit, afin de coucher ensemble ?…

Le père et la mère sont parfois mis à rude épreuve dans leur entente même. Ils n’auront pas toujours le même avis pour faire face à des situations qui demanderont beaucoup de patience, de sagesse, de fermeté ou de modération — et des nerfs solides.

Ils sentiront toute leur faiblesse, mais garderont la conviction qu’il leur faut, envers et contre tout, rester côte à côte, car telle est la pensée de Dieu. Ils auront par dessus tout besoin du secours divin, qu’ils solliciteront constamment ensemble. Ils devront d’abord pour eux-mêmes marcher ensemble, guidés par la pensée de Dieu, pour ensuite la transmettre. Ils pourront ensuite exhorter avec sagesse :

– « Ecoute mon fils, l’instruction de ton père, et ne rejette pas l’enseignement de ta mère. » (Prov 1.8)
– « Mon fils, garde les préceptes de ton père, et ne rejette pas l’enseignement de ta mère. » (Prov 6. 20)
– « Ecoute ton père, lui qui t’a engendré, et ne méprise pas ta mère, quand elle est devenue vieille. » (Prov 23.22)

Ils pourront même en appeler à leur propre expérience :

– « J’étais un fils pour mon père, un fils tendre et unique auprès de ma mère. » (Prov 4.3)

Tout parent exprime ce souhait :

– « Que ton père et ta mère se réjouissent, que celle qui t’a enfanté soit dans l’allégresse ! » (Prov 23.25)

Le constat heureux peut être doublé d’un constat malheureux :

– « Un fils sage fait la joie d’un père, et un fils insensé le chagrin de sa mère. » (Prov 10.1)
– « Un fils sage fait la joie de son père, et un homme insensé méprise sa mère. » (Prov 15.20)

Le constat peut être aussi franchement alarmant :

– « Celui qui ruine son père et qui met en fuite sa mère est un fils qui fait honte et qui fait rougir. » (Prov 19.26)
– « Celui qui vole son père et sa mère, et qui dit : Ce n’est pas un péché ! est le compagnon du destructeur. » (Prov 28. 24)
– « Il est une race qui maudit son père, et qui ne bénit point sa mère. » (Prov 30.11)

L’avertissement peut même se faire très solennel :

– « Si quelqu’un maudit son père et sa mère, sa lampe s’éteindra au milieu des ténèbres. » (Prov 20.20)
– « L’œil qui se moque d’un père et qui dédaigne l’obéissance envers une mère, les corbeaux du torrent le perceront, et les petits de l’aigle le mangeront. » (Prov 30.17)

Toujours le père et la mère sont là, côte à côte.

L’exception renforcera la règle : « Paroles du roi Lemuel. Sentences par lesquelles sa mère l’instruisit. » (Prov 31.1) La mort a pu intervenir dans ce foyer, mais cette mère a réussi à suppléer à l’absence du père. La mère du roi Lemuel est là pour encourager toutes les mères seules.

Des exemples bibliques

Deux exemples positifs du père et la mère côte à côte pourront encore nous encourager :

– Moïse est né en Égypte dans une période bien difficile. Si sa mère est au premier plan dans le livre de l’Exode (ch. 2), le Saint Esprit, rapportant dans l’épître aux Hébreux les actes de foi des croyants, dira : « C’est par la foi que Moïse, à sa naissance, fut caché pendant trois mois par ses parents, parce qu’ils virent que l’enfant était beau, et qu’ils ne craignirent pas l’ordre du roi. » (Héb 11.23). Amram et Jokébed ont pris ensemble ce risque, dans la foi et la crainte de Dieu.
– Dès avant la naissance de Samson, Manoach et sa femme sont constamment cités ensemble (lire Juges 13). Quand Samson est devenu grand, il descend à Thimna et voit là une fille des Philistins qu’il veut prendre pour femme. « Son père et sa mère lui dirent : N’y a-t-il point de femme parmi les filles de tes frères et dans tout notre peuple, que tu ailles prendre une femme chez les Philistins, qui sont incirconcis ? » (Jug 14.3) Ils sont unanimes pour poser à leur fils cette question pleine de sagesse.

Pour conclure, nous ne saurions mieux faire que citer cette parole d’un autre : « Le plus beau cadeau qu’un père puisse faire à ses enfants, c’est d’aimer leur mère » … et nous ajoutons : Le plus cadeau qu’une mère puisse faire à ses enfants est d’aimer leur père.


Le livre des Proverbes pourrait être appelé un « traité d’éducation selon Dieu ». Constamment, l’appel retentit : « Mon fils » (une trentaine de fois, dont une vingtaine dans les neuf premiers chapitres). En dépit de l’ancienneté de ce livre et de l’évident décalage spatio-temporel, les sages maximes concernant l’éducation des enfants que renferment les Proverbes sont d’une actualité inchangée. Cet article vise à relever quelques-unes des principales caractéristiques des enfants et de leur éducation1. Pour chaque thème traité, nous citerons un ou deux versets tirés du livre des Proverbes2.

1. QU’EST-CE QU’UN ENFANT ?

a. Un enfant est un pécheur

« La folie est attachée au cœur de l’enfant. » (22.15)

Les Proverbes sont en pleine cohérence avec l’ensemble de la Bible sur ce point : tout enfant naît avec une nature pécheresse. Même avant d’avoir atteint l’âge de responsabilité, un enfant n’est jamais un « innocent ». Toute éducation qui ne part pas de ce postulat de base risque de faire fausse route. A la suite de Rousseau, il est sans doute plus facile d’incriminer le contexte, la société, les enseignants, etc., que de reconnaître humblement que nous avons légué à nos enfants la même nature encline au mal que la nôtre… Ne nous laissons pas influencer par les nombreuses théories sur la soi-disant « neutralité » de la nature de l’enfant. N’excusons donc pas le péché de nos enfants, mais sachons le nommer, y compris devant eux. Les rendre conscients de leur état réel est sans doute un des meilleurs moyens de les conduire au salut.

b. Un enfant est naïf

« Proverbes de Salomon […] pour donner aux simples du discernement. » (1.1-4)

Les Proverbes ont pour but de mettre en garde le « simple ». Ce terme désigne celui qui est sans expérience, facile à tromper ou à séduire (14.15) et qui a plutôt un penchant vers le mal (14.18). L’éducation vise prioritairement à donner à l’enfant les moyens d’affronter le monde qui l’entoure et dans lequel il devra être bientôt autonome :

– nos enfants vivent souvent dans un monde imaginaire idéalisé ; sans leur ôter la part de rêve nécessaire à l’enfance, sachons les amener progressivement vers le réalisme : non, dans la vraie vie, toutes les histoires ne se terminent pas par un mariage romantique !
– nos enfants vivent au présent ; aidons-les à envisager les conséquences futures de leurs actes : le sac de bonbons est attirant, mais la fraise du dentiste l’est moins !
– nos enfants sont impressionnés par l’apparence, le clinquant, l’extérieur ; montrons-leur que la vérité est souvent autre : leur copain qui a une grande maison pleine de jouets n’est pas forcément le plus heureux des garçons si, en même temps, son père est trop occupé par son travail pour passer un moment avec lui.

c. Un enfant est influençable

« L’homme simple croit tout ce qu’on dit, mais l’homme prudent est attentif à ses pas. » (14.15)

Parce qu’il est naïf (ou « simple », pour reprendre le terme des Proverbes), l’enfant croit volontiers ce qu’on lui dit. L’élève a généralement une confiance aveugle dans ce que lui affirme son maître ou sa maîtresse. Le petit enfant risque de suivre tout adulte, même un étranger. Raison de plus pour ne pas l’exposer inutilement à des influences qui pourraient se révéler ensuite difficiles à contrecarrer.

d. Un enfant est irréfléchi

« L’homme prudent voit le mal et se cache, mais les simples avancent et sont punis. » (22.3 ; 27.12)

L’enfant agit souvent par impulsion. Ma fille veut rejoindre sa copine de l’autre côté de la rue ; va-t-elle penser à regarder avant de traverser ? Tout entière tournée vers son but, elle oublie totalement le danger… jusqu’à ce que je lui crie un « stop » impératif ! Les Proverbes incitent souvent le « fils » à prendre le temps de la réflexion, à demander conseil, à peser le pour et le contre. Rien de bien naturel… mais un constant rappel à se « poser », sans pour autant « casser » toute spontanéité.

e. Un enfant est indiscipliné

« Celui qui aime la joie reste dans l’indigence. » (21.17)

Par nature, l’enfant tend à privilégier le plaisir sur la contrainte. Il est certes plus facile de sortir tout le contenu de sa caisse à jouets que de devoir la ranger le soir venu ! L’éducation doit avoir pour but de progressivement remplacer la contrainte externe (« Range ta chambre avant de te coucher ! ») par la reconnaissance intérieure des bénéfices de la discipline (il est plus agréable de se réveiller dans une chambre rangée, on peut retrouver un jouet égaré, etc.).

f. Un enfant est ingrat

« L’insensé dédaigne l’instruction de son père, mais celui qui a égard à la réprimande agit avec prudence. » (15.5)

N’attendons pas beaucoup de remerciements pour l’éducation que nous donnons à nos enfants ! Nos conseils, nos avertissements, nos reproches, généreront plus de critiques que de gratitude, et cela d’autant plus que nos enfants grandissent. L’adolescence est « l’âge sans pitié » ! Mais quand je vois mon ingratitude envers mon Père céleste, je m’étonne moins de celle des mes enfants… De plus, élever nos propres enfants nous conduit à mesurer concrètement la difficulté de la tâche ; alors nous portons a posteriori un regard moins sévère sur l’éducation que nous avons reçue. Et nos enfants, à leur tour, feront la même expérience !

g. Un enfant est créé à l’image de Dieu

« L’Eternel a tout fait pour un but. » (16.4)

Si nos enfants ont des traits de caractère liés soit à leur absence de maturité, soit à leur nature pécheresse, il n’en demeure pas moins qu’ils restent, chacun, une créature unique, merveilleuse, dans laquelle nous pouvons retrouver la trace de Dieu. Le développement physique, celui de la personnalité, l’éveil de l’intelligence, tout est une occasion constante de nous rappeler que chaque être a été voulu par Dieu pour un but, dans un cheminement unique auquel, comme parents, nous sommes appelés à contribuer pour un temps.

2. COMMENT EDUQUER UN ENFANT ?

a. Selon son caractère

« Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre ; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas. » (22.6)

Ce verset peut se comprendre de deux façons3 :

1. La « voie » de l’enfant peut tout d’abord désigner l’ensemble de ses talents et de ses aptitudes naturelles. Une éducation à l’image de celle de Dieu envers nous, doit viser à faire éclore et s’épanouir les dons d’un enfant. Il n’est pas du tout dans la pensée biblique de forcer un enfant à faire ce pour quoi il n’est pas fait, sous le simple prétexte qu’il est soumis à l’autorité de ses parents. À la suite des recherches menées sur l’éducation des enfants, plus personne ne conteste aujourd’hui que l’enfant a sa personnalité propre ; celle-ci est d’autant plus fragile qu’elle n’est pas encore totalement formée et il convient de la respecter (Col 3.21). Dans une famille riche de plusieurs enfants, les parents ont tôt fait de constater que la « voie » du cadet ne sera pas forcément celle de l’aîné ; l’éducation sera alors adaptée à chacun, selon la sagesse que seul le Seigneur peut donner.
2. Pour autant, ce verset ne signifie pas qu’il faille laisser libre cours à la volonté propre de l’enfant. La « voie » que veut suivre un enfant peut lui sembler droite, alors que ses parents discernent qu’elle conduit à la mort (14.12). Le verbe « élever » a aussi, dans d’autres contextes, le sens de « consacrer » une maison ou un temple (cf. Deut 20.5 ; 1 Rois 8.64). Si nous avons à cœur de « consacrer » nos enfants au Seigneur, nous serons conduits à user d’une fermeté pleine d’amour pour les empêcher de se fourvoyer. Par réaction aux excès d’autoritarisme des siècles précédents, notre époque est marquée par un laxisme déstabilisateur pour l’enfant lui-même et pour l’ensemble de notre société. L’épanouissement du caractère de nos enfants ne passe ni par un endoctrinement forcené, ni par une rigueur excessive, mais par une stimulation à rechercher les valeurs chrétiennes, alliée, s’il le faut, à une discipline mesurée et contrôlée.

Si les deux conditions évoquées ci-dessus sont remplies, la seconde partie du proverbe nous donne une magnifique promesse : cette éducation portera un fruit durable.

b. En l’instruisant

« Ecoutez, mes fils, l’instruction d’un père. » (4.1)

Le verset étudié ci-dessus (22.6) donnait aux parents un commandement formel. L’instruction n’est pas optionnelle mais elle est un devoir des parents. Nos enfants ne doivent pas grandir comme de jeunes pousses sans tuteur, mais au contraire, être modelés par l’enseignement des parents . L’enseignement des parents4 :

– porte sur le mal, pour le prévenir, mais surtout sur le bien, pour le valoriser : l’excès d’avertissements et de « ne fais pas ceci » peut être décourageant ;
– concerne les sujets les plus variés : n’hésitons pas à aborder tous les domaines ; par exemple, il n’est pas normal que l’éducation sexuelle de nos enfants soit laissée à leur professeur ou aux lectures plus ou moins malsaines proposées par les copains ;
– est basé sur la Bible : sans s’obliger à citer à tout bout de champ des versets, des parents chrétiens devraient être capables de pouvoir étayer leurs instructions sur des principes bibliques clairs ; plus l’enfant grandira, plus il sera important de faire ce lien ;
– ne craint pas la répétition : les Proverbes eux-mêmes nous donnent l’exemple ; bien souvent, les mêmes instructions reviennent à plusieurs chapitres d’écart ; n’hésitons donc pas à revenir (sans perdre patience !) sur les mêmes enseignements.

c. Avec amour

« Mon fils, donne-moi ton cœur, et que tes yeux se plaisent dans mes voies. » (23.26)

Les théories modernes sur l’éducation ont justement remis en valeur l’importance de l’amour et des démonstrations d’amour envers nos enfants — de la part des pères en particulier. Notre amour se montrera de façon adaptée à chacun5, par des paroles et des actes, dans un esprit de sacrifice semblable à celui de Paul pour ses enfants dans la foi (1 Thes 2.7-8). N’attendons pas de recevoir de l’amour de nos enfants pour leur en prodiguer largement, car l’exemple vient d’en haut, comme dans la famille de Dieu (1 Jean 4.19) : le cœur des parents s’ouvrira d’abord, et ensuite nous aurons souvent la joie d’avoir un fils ou une fille qui nous ouvrira le sien. Eduquer dans ce contexte devient alors un partage mutuel magnifique.

d. Sans hésiter à le corriger

« L’Eternel châtie celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit. » (3.12)
« La verge et la correction donnent la sagesse, mais l’enfant livré à lui-même fait honte à sa mère. » (29.15)

Les Proverbes sont célèbres pour ce que certains prennent pour une apologie du châtiment corporel. Ce simple fait suffit à discréditer les principes bibliques sur l’enseignement, les faisant passer pour totalement démodés. Dans plusieurs pays européens, il est légalement interdit aux parents de corriger physiquement leurs enfants ! Il est même question d’en faire une règle au niveau de la Communauté européenne. Notons tout d’abord que le terme « verge » n’est pas toujours à prendre au sens littéral6. Suivant l’âge, suivant le caractère de l’enfant, suivant la gravité de la faute, des moyens divers de discipline seront employés et l’éventail des punitions ne se limitera pas à la fessée ! Le point important est d’être persuadé, contre l’esprit actuel, de la nécessité de la correction :

– parce que c’est ainsi que notre Père céleste — notre ultime modèle — agit envers nous (relire Hébreux 12.4-14, où ce verset des Proverbes est cité) ;
– parce que c’est parfois le seul moyen de faire prendre conscience du mal ;
– parce que nous montrons ainsi (paradoxalement dans un sens) que nous aimons nos enfants ;
– parce que, même si, pour des parents, il est dur de devoir punir ses « petits chéris », il est encore plus dur de les voir s’enfoncer dans le péché du fait d’une carence de correction.

La discipline fournit aux enfants un cadre sécurisant dont ils ont absolument besoin pour leur équilibre personnel.

e. Par l’exemple

« Ecoute, mon fils. Je te montre la voie de la sagesse. » (4. 10-11)

Salomon n’a malheureusement pas été un exemple en tout pour son fils, mais pour autant, soyons persuadés que toute éducation risque de faillir immanquablement si les deux parents ne donnent pas l’exemple. Si notre principe est : « Fais ce que je dis et ne fais pas ce que je fais », les résultats seront catastrophiques ! Nos enfants sont des observateurs constants, perspicaces et critiques de nos actions ; aussi enseignons-les premièrement par notre propre façon de vivre.

3. LE RESULTAT DE L’EDUCATION

« Le père du juste est dans l’allégresse, celui qui donne naissance à un sage aura de la joie. Que ton père et ta mère se réjouissent, que celle qui t’a enfanté soit dans l’allégresse ! » (23.24-25)
« Mon fils, si ton cœur est sage, mon cœur à moi sera dans la joie. » (23.15)

Quel sera le résultat d’une éducation selon les bons principes du livre des Proverbes (et du reste de la Bible) ? Pas forcément positif : très lucide, Salomon indique qu’un fils peut refuser de suivre les enseignements de la sagesse paternelle (10.1). L’histoire des rois de Juda et celle de nos familles montrent bien que les enfants ne suivent pas toujours l’exemple (bon ou mauvais) de leurs parents. En tant qu’éducateurs, nous n’avons pas une obligation de résultat, mais seulement une obligation de moyens. Aussi ne nous laissons pas accabler par un poids de responsabilité excessif et hors de propos : Dieu laisse chaque homme libre. Si nos enfants sont des « sages » ou des « justes », ce ne sera de toute façon qu’un effet de sa grâce, qui aura pu utiliser en partie l’éducation — toujours imparfaite — que nous aurons pu donner.

1Ce texte s’inspire en partie d’une étude disponible sur le site américain www.bible.org. Nous recommandons vivement les études et les commentaires qui figurent sur ce site chrétien.
2Une bible à parallèles ou une concordance pourront fournir d’autres références.
3Certains versets de la Bible peuvent se comprendre sous deux sens différents, sans que le texte original permette de trancher entre l’un ou l’autre. Souvent d’ailleurs les deux sens se complètent et montrent l’équilibre de la Parole de notre Dieu.
4Dans un accord entre le père et la mère (cf. l’article de L. Jouve sur ce sujet dans ce même numéro).
5Le livre de G. Chapman et R. Campbell, Langages d’amour des enfants, présente cinq façons d’aimer ses enfants : en leur adressant des paroles valorisantes, en passant avec eux des moments de qualité, en leur offrant des cadeaux, en leur rendant des services, en les câlinant. Chaque enfant, selon ces auteurs, est plus ou moins sensible à chacun de ces langages..
6Voir, par exemple, Esaïe 10.5, où le terme a un sens métaphorique pour la « discipline » en général.


Qui n’a jamais rêvé d’avoir une amitié solide avec l’un de ses semblables ? L’amitié est ainsi le thème de nombreux romans, films et chansons à succès. La Bible s’intéresse aussi à cette thématique et nous offre l’exemple d’amitiés remarquables. La plus connue est celle de David et Jonathan (1 Sam 18.1-4).

Si le livre des Proverbes nous révèle la sagesse de l’Eternel, il nous montre en particulier comment la mettre en pratique dans notre quotidien. Les relations humaines peuvent être source d’encouragement mais aussi de profondes désillusions. Sans être exhaustif, arrêtons-nous donc sur quelques recommandations des Proverbes au sujet de l’amitié.

Un bien précieux

L’amitié est un bien précieux car elle réjouit le cœur (Prov 27.9). Elle peut même être un bien encore plus précieux que les liens du sang (Prov 18.24) : mon frère de sang n’est peut-être pas converti, alors qu’avec un ami chrétien, je partagerais la même foi.

Un bien précieux se gère avec soin : un téléphone, une lettre, un e-mail, voire un SMS au bon moment sont autant de perles qui encouragent et nourrissent l’amitié. Le temps passé à écouter, à encourager, à partager avec un ami produit son fruit : « Un homme ranime le visage de son ami » (Prov 27.17). Savons-nous prendre le temps d’enrichir nos amitiés de moments de qualité ?

Quelques qualités de l’amitié

1. L’amitié véritable se révèle dans les moments difficiles

« L’ami aime en tout temps, et un frère est né pour la détresse ». (Prov 17.17) Les sportifs d’élite nous le disent : lorsqu’ils sont au sommet de leur carrière, « les amis » sont nombreux. Par contre, lorsque intervient une grave blessure ou un retrait de la compétition, ces mêmes « amis » se volatilisent aussi vite qu’ils étaient apparus… L’intérêt peut feindre l’amitié : le riche a beaucoup d’amis, le pauvre en a peu (Prov 14.20 ; 19.4, 6, 7). C’est pourquoi l’amitié révèle sa nature dans les moments difficiles : nous avons besoin, alors que nous traversons une période de doute, de deuil, etc., d’échanger, de partager ou de prier avec un ami. Sommes-nous présents lorsque nos amis passent par des moments difficiles ?

2. La fidélité dans l’amitié

L’éloignement géographique, une incompréhension, des divergences, etc., peuvent mettre fin à une amitié. Malgré tout, nous sommes appelés à être fidèle dans nos amitiés : « N’abandonne point ton ami, ni l’ami de ton père » (Prov 27.10). Par contre, si l’amitié nous entraîne dans le mal (Deut 13.6-8 ; 2 Sam 13.3-15) sachons y mettre fin ! Enfin, la question peut se poser : est-ce profitable d’entretenir des amitiés avec des non-croyants ? Tant que cette amitié ne nous conduit pas à faire le mal, elle peut être un excellent témoignage, l’occasion de faire connaître Celui qui est le chemin et la vérité et la vie, Jésus-Christ.

3. L’amitié véritable n’épargne pas

Trop souvent, nous nous taisons lorsqu’un ami dérape dangereusement. Pourtant, la véritable amitié n’épargne pas car « les blessures faites par un ami sont fidèles » (Prov 27.6). Lorsqu’il est nécessaire d’intervenir pour mettre en garde, après un exercice de foi dans la prière, osons, avec amour et tact, exhorter un ami !

Quelques avertissements

Les Proverbes nous mettent en garde contre quelques dérapages qui peuvent détruire une amitié.

1. Le danger de trahir l’amitié

Une amitié solide est l’occasion d’échanges personnels voire intimes. Pour s’ouvrir à l’autre, il faut pouvoir être en confiance et savoir que ce que l’on confie ne sera pas répété plus loin. « Celui qui répète une chose divise les intimes amis. » (Prov 17.9)

2. Trop de rencontres tuent l’amitié

Une trop grande fréquence dans les rencontres peut aussi ruiner une amitié forte : « Mets rarement ton pied dans la maison de ton prochain, de peur qu’il ne soit rassasié de toi et qu’il ne te haïsse. » (Prov 25.17). De plus, lorsque nous n’avons plus rien à nous raconter, la tendance à critiquer prend vite le dessus… Mesurons donc la fréquence de nos rencontres !

Quelques encouragements

L’amitié se nourrit d’égards mutuels : « Une réponse douce détourne la fureur, mais la parole blessante excite la colère » (Prov 15.1) ; ou encore : « Ne dis pas : comme il m’a fait, je lui ferai » (Prov 24.29).

De nombreux défis se présentent au chrétien ! Quelle décision prendre ? Nous éprouvons souvent le besoin de parler d’un choix, d’une opportunité avec un ami. Une amitié solide sera l’occasion de se conseiller mutuellement : « Le juste montre son chemin à son compagnon » (Prov 12.26). et : « La douceur d’un ami est le fruit d’un conseil qui vient du cœur » (Prov 27.9). Recherchons donc des amitiés solides !


UN SUJET IMPORTANT

« La langue est un feu ; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. La langue, aucun homme ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi. » (Jac 3.6, 8-10)

Pourquoi l’apôtre Jacques est-il si dur avec notre langue ? Parce que nos paroles peuvent avoir beaucoup de conséquences, autant négatives que positives. En effet, avec notre langue, nous pouvons injurier, médire, tromper, nous plaindre, nous vanter, blesser, mais aussi honorer, aider, encourager, enseigner, prévenir, louer, édifier, défendre, consoler, etc.

« Tel, qui parle légèrement, blesse comme un glaive ; mais la langue des sages apporte la guérison. » (Prov 12.18). Cet article donnera quelques repères bibliques qui nous aideront à mesurer la portée de nos paroles. Beaucoup seront tirés du livre des Proverbes, mais aussi d’autres portions des Ecritures.

INSTRUCTIONS GENERALES

« Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais, s’il y a lieu, quelque bonne parole, qui serve à l’édification et communique une grâce à ceux qui l’entendent. » (Eph 4.29)

Nous sommes donc encouragés à examiner nos paroles :

– Quels en sont les buts ?
– Quels sont mes sujets de conversation favoris ? Sont-ils centrés sur les défauts de personnes de mon entourage ? sur ceux de mon église ? sur des choses terrestres (travail, vacances, projets, contrariétés) ?
– Est-ce que je parle tout autant de sujets spirituels, de ma marche avec Dieu, de questions et de découvertes bibliques, etc. ? Est-ce que je ne fais pas parfois preuve d’une certaine « timidité spirituelle » dans mes discussions ?

DOUCEUR

En tant que chrétiens, nous devrions être caractérisés par de la douceur : « Que votre douceur soit connue de tous les hommes. » (Phil 4.5)

Paul — présenté parfois comme une personne autoritaire et dure — n’usait pas volontiers de hardiesse (2 Cor 10.1-2) et nous parle de tristesse et de larmes lorsqu’il devait reprendre les autres (2 Cor 2.4).

PLAISANTERIES ?

« Qu’on n’entende ni paroles grossières, ni propos insensés, ni plaisanteries, choses qui sont contraires à la bienséance ; qu’on entende plutôt des actions de grâces. » (Eph 5.4)

En tant que chrétiens, nous devons donc éviter certains types de discussion ou d’humour (ex : plaisanteries grossières). Cependant, je ne pense pas que ce passage interdise toute forme de plaisanterie, puisque le contexte ne dénonce ici qu’un humour malséant.

Mais restons tout de même prudents dans ce domaine : trop de plaisanteries peuvent blesser, ou rendre une relation superficielle et vide, lorsqu’il devient impossible de parler sérieusement.

PLAINTES ? RECONNAISSANCE ?

N’avons-nous pas souvent tendance à nous plaindre des sujets les plus divers (le temps qu’il fait, une mauvaise journée, une panne informatique, une contrariété quelconque, etc.) … et à ne rien dire quand tout va bien ?

La Bible, quant à elle, nous encourage à la reconnaissance :

« Faites toutes choses sans murmures ni hésitations. » (Phil 2.14)
« Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ. » (1 Thes 5.18)

En effet, avons-nous vraiment le droit d’être béni par Dieu… ou est-ce que tout n’est que grâce de sa part ? Sachons fixer nos pensées sur toutes les bénédictions que Dieu nous donne, plutôt que sur nos sujets de plaintes (même s’il est vrai que Dieu est aussi prêt à écouter nos détresses, nos plaintes, voire nos incompréhensions).

« Quand on tourne vers Dieu les regards, on est rayonnant de joie, et le visage ne se couvre pas de honte. » (Ps 34.6)

Soyons aussi prudents dans nos remarques à nos supérieurs, aux responsables de notre église ou de diverses activités auxquelles nous participons. Relever sans cesse ce qui ne va pas (à notre avis !) peut finir par décourager. Sachons donc retenir nos plaintes, ou en tout cas bien choisir le moment et la manière d’exprimer nos désaccords, si nécessaire.

MEDISANCE

La Bible défend la médisance :

« Ne parlez point mal les uns des autres, frères. Celui qui parle mal d’un frère, ou qui juge son frère, parle mal de la loi et juge la loi. Un seul est législateur et juge, c’est celui qui peut sauver et perdre; mais toi, qui es-tu, qui juges le prochain ? » (Jac 4.11-12)

« Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. » (Matt 7.1)

Cependant, nous trouvons aussi des passages bibliques comme celui-ci : « J’ai écrit quelques mots à l’Église ; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit point. C’est pourquoi, si je vais vous voir, je rappellerai les actes qu’il commet, en tenant contre nous de méchants propos ; non content de cela, il ne reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en empêche et les chasse de l’Église. » (3 Jean 9-10)

Il y a donc un autre genre de médisance qui est défendu : celle qui se fait par plaisir, sans amour, voire pour nuire à autrui. Une telle médisance ne produit que mépris, esprit de jugement, moquerie, voire calomnie à force de colporter une rumeur sans la vérifier (Prov 24.28 ; Eph 4.31). Attention en particulier à la médisance sur nos autorités, fréquente de nos jours, mais néanmoins défendue par la Bible (Rom 13.1-7 ; Act 23.5).

Cela dit, il y a aussi des situations négatives dans lesquelles un avertissement, une exhortation, un encouragement auront leur place :

– pour rendre d’autres personnes vigilantes face au mal (Eph 5.11 ; 2 Tim 4.14-16 ; 2 Cor 11.13),
– pour pousser à la prière (Act 4.23-24),
– pour soutenir une personne offensée (1 Sam 19.18).

Lorsque nous sommes tentés de médire, demandons-nous quelles sont nos motivations :

– remplir des vides de conversation (Prov 18.8) ?
– nuire à la personne dont on parle ? entacher sa réputation ? attirer une sanction sur elle ? l’isoler des autres ?
– servir l’autre (mon interlocuteur et la personne dont je parle) ? protéger ? prévenir ?
– glorifier Dieu ? demander justice (cf. la veuve de Luc 18.1-7) ?

Et posons-nous la question : si on me faisait la même chose, comment est-ce que je réagirais ?

Enfin, quant à l’appréciation que nous portons sur les autres, sachons différencier ce qui tient de la vérité biblique de ce qui fait partie de la liberté chrétienne :

– Dans les domaines où la Bible donne des instructions précises, une certaine fermeté est de rigueur, allant parfois jusqu’à exercer la discipline ou la censure (2 Thes 3.14-15 ; Tite 1.10-11).
– En dehors de ces domaines, nous sommes encouragés au respect mutuel (Rom 14), par exemple face à des différences de culture, d’éducation, de tempérament ou de goûts personnels (ex : manière d’organiser une activité, couleur d’une voiture, prénom donné à un enfant, etc.).

OSER REPRENDRE

La Bible nous encourage souvent à parler directement à la personne concernée plutôt que de médire derrière son dos. Cela n’est pas du tout opposé à l’amour, contrairement à ce que l’on croit souvent :

« Les blessures d’un ami prouvent sa fidélité, mais les baisers d’un ennemi sont trompeurs. » (Prov 27.6)

Reprendre permet de montrer à l’autre le mal dont il n’a peut-être pas conscience, afin de le protéger de son péché et de l’amener à se corriger et à progresser. Cela protège aussi son entourage, en évitant que d’autres soient entraînés dans le même genre de péchés.

De quelle manière reprendre ? Paul nous donne plusieurs conseils en Gal 6.1 :

– avoir un esprit de douceur,
– reconnaître notre propre faiblesse et ne pas éprouver d’orgueil.

J’ajouterai qu’il vaut mieux parler clairement, plutôt qu’utiliser des plaisanteries, voire des actes de vengeance, en imaginant que la personne va finalement comprendre ce qu’on veut lui dire par là…

Cela dit, attention à la critique qui décourage ! Encore une fois, sachons bien choisir la manière et le moment d’adresser nos remarques.

ENCOURAGER, MAIS NE PAS FLATTER

Si nous avons vu la nécessité de reprendre, il est aussi juste de savoir relever ce qui est positif chez l’autre, comme l’a souvent fait Paul dans ses lettres (1 Cor 11.2 ; 1 Thes 1.2-10 ; 2 Thes 1.3-5 ; 2 Tim 1.5, etc.). Mais soyons sincères et vrais dans nos encouragements, en évitant la flatterie.

« Un homme qui flatte son prochain tend un filet sous ses pas. » (Prov 29.5)

MESURER SES PAROLES

« Celui qui parle beaucoup ne manque pas de pécher, Mais celui qui retient ses lèvres est un homme prudent. » (Prov 10.19)

La Bible dit qu’il est sage de peu parler (Jac 1.19). Il est en effet plus facile de contrôler sa langue quand nos paroles sont peu nombreuses ! Ainsi, nous pouvons mettre notre silence à profit pour écouter les autres, être attentifs à leurs besoins… et à leurs conseils !

« Celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et s’attire la confusion. » (Prov 18.13)

« La voie de l’insensé est droite à ses yeux, mais celui qui écoute les conseils est sage. » (Prov 12.15)

Je terminerai avec une prière du psalmistes :

« Éternel, mets une garde à ma bouche,
Veille sur la porte de mes lèvres ! »
(Ps 141.3)1

1N.D.L.R. : Pour ceux qui aimeraient creuser ce sujet important de la parole humaine dans le livre des Proverbes qui contient un large éventail d’avertissements et de conseils pour notre instruction personnelle, nous suggérons la lecture de l’excellent ouvrage conçu d’Alfred Kuen, L’Art de vivre selon Dieu – Concordance thématique du livre des Proverbes, éditions Emmaüs, Saint-Légier, p. 111–122. Les textes cités sur ce thème sont les suivants :
– De bonnes paroles : Prov 10.6.11,13,20-21,31,32 ; 13.2 ; 15.1,2¸7,23,26 ; 16.21,23,24 ; 18.4 ; 20.15 ; 25.11,15,25.
– Surveille tes paroles : Prov 10.14,19 ; 11.9,13 ; 12.6,18 ; 13.3 ; 14.3 ; 15.4,28 ; 17.28 ; 18.2,6,7,13,20,21 ; 20.19 ; 21.23 ; 25.9,10 ; 29.20.
– Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise : Prov 10.18 ; 12.13,19,22 ; 13.5,17 ; 16.13,27,29 ; 17.4,7,20 ; 18.8 ; 19.5 ; 22.12 ; 25.23 ; 26.18,19,22,23,28.


Mon enfance

Je m’appelle Jean-François et je viens du Jura suisse. J’ai reçu une éducation catholique et j’étais un enfant plutôt difficile et très vif. J’aimais les bagarres et la boxe. Mes parents, qui avaient un commerce, ont perdu des clients à cause de moi. Mon village était, pour la région et même pour les grandes villes, une plaque tournante de la drogue. A treize ans déjà, j’ai touché au joint et à l’alcool. A quatorze ans, j’ai été exclu du catéchisme par l’abbé qui, suite à une remarque pointue de ma part sur son cours sur la sexualité où il était sensé ne rien connaître puisqu’il avait fait vœu de chasteté, m’a envoyé son poing dans la figure. Un « uppercut » en retour l’a envoyé au tapis. Ayant des dispositions pour la guitare et la trompette, j’ai fait partie d’un groupe rock où la drogue et l’alcool étaient au rendez-vous des copains.

A seize ans, j’ai quitté la maison pour faire, en ville, un apprentissage de facteur des postes. Là, j’ai consommé toujours plus de drogue dite douce, et j’ai même touché aux drogues dures. J’avais besoin d’argent pour ma consommation personnelle et je suis devenu un dealer.

J’ai été envoyé pour mon travail à Genève où j’ai étendu mes activités en ravitaillant jusqu’aux prostituées. Le milieu m’avait repéré à son profit et me couvrait contre la dénonciation et la police-police que néanmoins j’ai eu aux trousses plus d’une fois, notamment sur le pont du Mont-Blanc.

Face à la mort

Je suis descendu à Nîmes et à Marseille, mais là, les choses ont mal tourné. J’ai vu un autre dealer se faire poignarder devant moi et tomber mort à mes côtés. « On va te faire la peau », m’a-t-on crié. Les couteaux sont sortis, et dans la bagarre un coup m’a été porté sans trop de gravité. Mais, suite à cette affaire, je me suis retrouvé en prison. Jamais je n’oublierai ce moment où la porte de la cellule s’est fermée derrière moi. Je peux dire que face à la mort, on a fini de crâner. J’ai dit intérieurement : « Dieu, si tu existes, tu peux me sauver ». La nuit, je faisais des cauchemars ; je voyais toujours un couteau levé sur moi et je me réveillais en criant : « Dieu, si tu existes, tu peux me sauver ».

Un livre percutant

Ma vie ne changeait pas pour autant. Un collègue de travail m’avait donné un évangile de Jean et, moi, qui ne lisais que des bandes dessinées, me mis à le lire dans le train.

C’était comme un miroir dans lequel je me voyais tel que j’étais. J’étais tellement captivé que le contrôleur a dû m’arracher à ma lecture pour me faire changer de train. Mais ce que je venais surtout d’apprendre, c’est que je devais changer mon train de vie !

Un jour j’ai ouvert une Bible qu’on m’avait donnée. Je l’ai ouverte au hasard et suis tombé sur un texte qui m’a bouleversé : « Il faut que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme » (1 Tim 3.2). Un évêque marié ! Mon éducation catholique ne pouvait pas supporter cela. Je me suis dit : « On m’a refilé une fausse Bible ». Je suis allé directement à la Maison de la Bible pour contrôler toutes les bibles dont ils disposaient. J’ai pu constater que toutes les bibles, fussent-elles catholiques, disaient la même chose.

Remise en question

J’en ai conclu qu’on m’avait trompé et que je devais tout remettre en question : ma vie, et ce que mon église m’avait caché ou mal enseigné. C’est en lisant la Bible que j’ai compris ce que Jésus-Christ avait fait pour moi à la croix . J’ai éprouvé du dégoût pour moi-même. J’ai compris tout le mal que j’avais fait, je me suis repenti de mes péchés, et j’ai cru à Celui qui, par amour pour moi, s’était laissé condamner à ma place.

Un choix difficile

Ce même soir, je devais amener du hasch à une psychologue et à son mari. Je leur ai témoigné de ma repentance, de ma délivrance de la drogue, car j’y croyais, et je venais de m’en débarrasser en la jetant dans les égouts. Ils m’ont dit : « Mais tu deviens complètement fou ! » Mais maintenant, c’est cette femme qui me parle de ses problèmes, et c’est moi qui suis devenu son psychologue. Le jour même où j’ai été traité de fou, j’ai téléphoné à ma fiancée pour lui dire ce que je venais de vivre avec Dieu. Elle m’a dit au bout du fil : « Tu choisis Dieu ou moi ». Ce fut une lutte terrible ; j’ai eu la force de lui répondre que Dieu serait toujours avant elle, mais que c’était lui, Dieu, qui me donnerait l’amour pour l’aimer comme elle devrait l’être. Et Dieu fait si bien les choses qu’elle aussi s’est repentie et s’est convertie au Seigneur quelque temps après.

Epilogue

Aujourd’hui, Mylène est mon épouse et nous sommes les heureux parents d’un petit Marc. Il faut savoir que la plus grande drogue, c’est le « milieu » de la drogue, qui relance tous ceux qui veulent en sortir.

Par notre témoignage, d’autres toxicomanes et mauvais compagnons d’autrefois se sont tournés vers le Sauveur et ont été arrachés à cet enfer par la puissance du Dieu de la Bible.


HISTOIRE DE L’EGLISE

de 590 à 1517

INTRODUCTION GENERALE AU PROCHE-ORIENT

La riche histoire du christianisme au Moyen Âge mérite plus de trois pages ! Il a donc fallu choisir de séparer les aspects occidental et proche-oriental. Le premier ayant été traité dans l’article précédent, voici maintenant le second. Pour les différencier des chrétiens « catholiques » de l’Ouest, on appelle les chrétiens de l’Est les « orthodoxes ». Cette dénomination se justifie par le fait que le christianisme débuta à l’Est (Proche-Orient). Durant de longs siècles, les chrétiens y furent plus nombreux.

Jusqu’au IVe s., le mouvement chrétien est minoritaire dans tout l’Empire romain (parties occidentale et orientale). La « conversion » du général Constantin en 312, puis son ascension à la position d’empereur projettent le christianisme au rang de religion légale en 313 dans tout l’Empire. A partir de là, le christianisme oriental et le pouvoir politique impérial romain font intimement route ensemble. Ce mariage politico-religieux proche-oriental perdure jusqu’à la destruction de l’Empire d’Orient à Constantinople, en 1453. Or, dans un couple, pour comprendre l’un, il faut aussi connaître l’autre ! Par conséquent, cet article traite des deux « partenaires » et de la complexité de leur histoire.

L’Empire romain est divisé en deux institutions (occidentale et orientale) en 285 par l’Empereur Dioclétien, parce que l’Empire est devenu impossible à contrôler efficacement depuis Rome. Cette division accentue encore des différences d’origine, d’influence, de culture, de langues (latin et grec), et — en ce qui concerne les chrétiens — de vocabulaire théologique. Constantin abandonne Rome pour faire de Byzance sa capitale en 330 ; il la nomme Constantinople (aujourd’hui Istanbul). Il se sent appelé par Dieu à assumer la responsabilité de « guider » les chrétiens grecs vers leur destin spirituel ! L’unité de l’Empire ne dure pas au-delà de 395 à cause de l’incompétence des leaders politiques (appelés « Césars » ou « Empereurs ») des deux secteurs de l’Empire. Chaque partie suit son propre destin de 285 à 395.

Avec la fin politique de la partie occidentale de l’Empire en 476, par le sac total de Rome par des Barbares, Constantinople se considère l’héritière politique, spirituelle et culturelle de Rome. Elle se considère plus raffinée, plus civilisée, plus sécurisée que la Rome décadente et brisée ; de plus, elle est sans conteste une ville plus grande et plus belle, et constitue le centre intellectuel et architectural du monde.

Les pauvres papes romains sont alors obligés de prendre en main le destin des miettes de l’ex-Empire occidental dont la décomposition débute en 410, avec le sac de Rome par les Wisigoths. En 451, les Huns ravagent l’Italie ! La populace païenne de Rome supplie les papes et les évêques successifs de s’occuper de leur avenir sur tous les plans : justice, sécurité, voirie, défense militaire de leur ville, etc. En 476, un chef germain dépose l’Empereur postiche de Rome. C’est ainsi que l’on enterre l’Empire romain occidental ! Néanmoins, la partie orientale perdure à Constantinople.

Les empereurs orientaux grecs, à commencer par Justinien Ier (qui règne de 527 à 565) et suivi par la dynastie macédonienne (867-1056), conduisent l’Empire oriental à son apogée de gloire sur tous les plans. L’orthodoxie grecque guide toute la chrétienté (est et ouest) sur le plan théologique pendant les six premiers siècles. Lors des décisions monumentales des conciles dits « œcuméniques », les légats des papes ne sont que des observateurs privilégiés. Ces discussions ont été relatées dans l’article précédent.

Toutefois, il reste un dernier problème théologique qui oppose catholiques et orthodoxes : les premiers retiennent le monothélisme (Christ n’a qu’une seule volonté divine pour ses deux natures), contrairement aux seconds. Le Concile de Constantinople en 681 déclare que, pour chacune des deux natures présentes en Jésus-Christ1 correspond une volonté : Jésus-Christ, en tant qu’homme à part entière et sans péché, a une volonté humaine propre, et en tant que Fils de Dieu, il a une volonté divine propre. Il n’existe par conséquent aucun conflit entre les deux volontés, l’humaine étant toujours soumise volontairement à la divine. Pour les chrétiens orthodoxes, tout développement doctrinal a atteint la perfection dans le credo des Conciles. Pour eux, il n’y a plus rien à apprendre par une étude personnelle de la Bible ! L’Eglise orthodoxe stagne depuis le VIIe s. (Notons au passage que cette « maladie » de croire ne plus rien apprendre de l’étude de la Bible atteint bien des convertis occidentaux de nos jours !)

Depuis 385, les chrétiens occidentaux et orientaux suivent un chemin conflictuel sur le plan théologique jusqu’à ce que le pape Léon IX (1049-1054) envoie le Cardinal Humbert à Constantinople pour essayer de gommer les différences accumulées avec le patriarcat orthodoxe représenté par le patriarche Cérulaire. Le 16 juillet 1054, ne trouvant pas de terrain d’entente, Humbert place avec mépris sur l’autel de Sainte-Sophie, en plein office, une bulle2 excommuniant Cérulaire et avec lui tous les orthodoxes ! Cérulaire réunit un mini-concile et excommunie alors Léon IX ! Le catholicisme romain et l’orthodoxie grecque demeurent à tout point de vue séparés jusqu’au 7 décembre 1965, date à laquelle Paul VI et Athënagoras lèvent solennellement à Jérusalem les excommunications réciproques de 1054 ! Malgré cet acte public, des différences doctrinales et ecclésiastiques profondes demeurent. Leur acte n’a qu’une valeur historique ; il signifie seulement que leurs communautés ne sont plus en guerre. Cependant, chacun continue à croire fermement qu’il possède encore la seule vérité sur les sujets de désaccord. Voici les causes conflictuelles majeures de la rupture de 1054 :

1. La rivalité politico-ecclésiastique entre les patriarches et les papes pour déterminer le chef spirituel de la chrétienté, celui-ci devant recevoir la soumission inconditionnelle de l’autre ! Les patriarches sont soutenus par les empereurs byzantins, et les papes par les empereurs du Saint-Empire romain germanique3. Rappelons-nous qu’au Moyen Âge, la politique et le religieux forment un couple indissociable.
2. La centralisation politique pesante, mais très active, de la bureaucratie de l’Eglise de Rome fait d’elle une force gouvernementale puissante. L’Eglise orthodoxe n’a rien en elle-même de semblable ; elle ne contrôle pas ses empereurs.
3. L’inertie spirituelle de l’Eglise orthodoxe, causée par son « perfectionnisme » doctrinal, entraîne son écartement de toutes les discussions sur la nature de l’homme et sur le salut qui secouent l’Eglise de Rome pendant des siècles. L’orthodoxie devient mystique et spéculative, créant intérieurement un climat continuel de disputes et d’antagonismes qui l’affaiblissent, en face d’un Islam uni, militant et conquérant à partir de 632. Les orthodoxes se battent entre eux, au lieu de faire front commun contre l’Islam.
4. Les querelles doctrinales entre Rome et Constantinople se calment ou se ravivent alternativement. Entre le IIIe et le XIe s., des questions de liturgie et de discipline ecclésiastique (célibat ou non pour le clergé, port de la barbe ou non, etc.) n’ont fait qu’augmenter le désaccord entre les deux parties.
5. Le Filioque du credo catholique : le Credo, adopté par les Conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381), professe : « l’Esprit procède du Père ». Or, l’Eglise de Rome, à cause de la lutte contre l’arianisme4 des Wisigoths en Espagne, y ajoute la formule « Filioque » (« et du Fils »), pour clarifier la relation entre l’Esprit Saint et les deux autres Personnes de la Trinité (Jean 15.26 ; 16.7,14). Fait intéressant, Charlemagne généralise l’emploi de Filioque en Europe au IXe s., et cela pour narguer l’empereur byzantin ! « Hérésie ! », crient le patriarche Photius et un concile en 879.

Ainsi, il y a rupture totale du 16 juillet 1054 jusqu’au 7 décembre 1965, mais encore aujourd’hui des différences fondamentales et irréconciliables les divisent.

De 1054 à 1453, l’empire oriental et l’Eglise orthodoxe grecque déclinent rapidement sous les attaques successives des Turcs Seldjoukides islamisés ; ceux-ci s’emparent de l’Arménie christianisée et d’une grande partie de l’Asie mineure (1081). Les Normands chassent les Byzantins de la Sicile (1071). La 4e croisade papale prend et saccage Constantinople pour y installer le Royaume latin (1204-1261) — sorte de revanche du catholicisme sur l’orthodoxie ! Péché romain impardonnable à l’époque ! Même la reprise de Constantinople en 1261 par les Grecs ne permet pas à l’Empire de résister aux Turcs ottomans islamisés qui s’emparent définitivement de tout ! Les Ottomans laissent « vivre » les chrétiens (mais ne leur permettent pas de prosélytisme) et acceptent le patriarche de Constantinople comme leur porte-parole.

Malgré cette humiliation, l’orthodoxie perdure en Grèce, en Bulgarie, en Serbie au XIIIe s., et surtout en Russie à partir du Xe s. Le patriarcat russe de Moscou règne sur les peuples orthodoxes de la grande Russie pendant des siècles, jusqu’à la révolution bolchevique de 1917. Depuis la chute du communisme, il a repris une bonne partie de son ancien pouvoir spirituel et psychologique sur les orthodoxes de la Russie, de l’Ukraine, de la Biélorussie, et sur d’autres pays. Il existe actuellement neuf patriarcats (Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem, Moscou, Géorgie, Roumanie, Serbie, Bulgarie), six Eglises orthodoxes autocéphales (Grèce, Amérique, etc.) qui ne se réfèrent à aucun patriarche, et deux Eglises autonomes. Toutes les Eglises orthodoxes, ainsi que Rome dans son dialogue œcuménique, donnent une primauté d’honneur, mais non de juridiction, au patriarche de Constantinople. Il est à noter qu’il existe aussi six grands patriarcats catholiques de rite oriental unis à Rome, comprenant des Coptes, des Syriens, des Maronites, des Chaldéens (Bagdad), des Arméniens.

Le mépris de l’orthodoxie pour le catholicisme s’est accru en 1854 lorsque Rome inventa la doctrine (sic !) de la conception immaculée de Marie, et encore plus par la déclaration du pape Pie IX en 1870 de l’infaillibilité pontificale (les Grecs parlent de la papolâtrie des latins).

Nous devons reconnaître que malgré l’antagonisme réel entre ces deux communautés jusqu’à nos jours, elles sont d’accord sur :

– la validité des décrets des sept Conciles œcuméniques (de 325 à 787),
– l’adoration des statues et des icônes,
– l’égalité de l’autorité de l’Ecriture sainte et des traditions humaines de chaque Eglise,
– l’adoration de Marie, des saints et des reliques,
– la justification par la foi, avec des bonnes œuvres méritoires (sic !),
– le caractère méritoire du célibat,
– la nécessité des sept sacrements (sic !),
– la régénération baptismale pour recevoir le salut,
– la transsubstantiation (le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang de Christ),
– le sacrifice perpétuel de la messe pour les vivants et pour les morts5,
– l’efficacité des prières pour les morts,
– l’absolution des péchés de l’individu par l’autorité ecclésiastique, ainsi investie par Dieu,
– la nécessité d’une hiérarchie épiscopale.

L’Eglise de Rome reconnaît que les Orthodoxes sont de manière doctrinale « orthodoxes », mais qu’ils sont quand même schismatiques !

Ce survol très bref de mille ans de l’histoire orthodoxe s’imposait pour trois raisons importantes :

1. Les protestants et/ou les évangéliques en général ignorent l’histoire de l’orthodoxie orientale, qui concerne grecs, russes, ukrainiens, serbes, roumains, bulgares, etc. Ils sont autour de 150 millions dispersés dans le monde aujourd’hui. A titre de comparaison, le catholicisme réunit plus de 900 millions de fidèles !
2. L’orthodoxie revient en puissance dans les pays ex-communistes en y jouant un rôle important. Ces pays sont devenus un champ de mission pour l’évangélisation, mais il faut savoir où l’on met les pieds. Pour combien de temps ces pays vont-ils rester ouverts ?
3. Les papes et les patriarches ont repris contact de temps à autre depuis Vatican II (1962-1965) pour discuter comment ils pourraient se rapprocher. Il serait prudent de notre part de suivre attentivement l’évolution de leurs contacts, car ils ne sont pas banals, même pour notre avenir d’évangéliques ! Leur poids est énorme auprès des politiques !

L’article suivant traitera du phénomène de la Réforme protestante qui commença en 1517.

1Doctrine affirmée lors du Concile de Chalcédoine en 451.
2Une bulle est une lettre officielle du pape, revêtue de son sceau, visant à excommunier ou à donner une directive.
3Le Saint-Empire romain germanique est l’institution politique créée par le pape Léon III et Charlemagne en l’an 800. Elle se maintient jusqu’en 1806, lorsque l’empereur François Ier d’Autriche dépose sa couronne pour régner uniquement sur le royaume austro-hongrois
4L’arianisme nie la divinité de Jésus Christ et sa préexistence éternelle — un peu comme les Témoins de Jéhovah aujourd’hui.
5Une anecdote : l’inventeur de l’automobile de masse, Henry Ford, a laissé un million de dollars à sa mort, en 1947, pour que des messes soient dites afin qu’il sorte assez tôt du purgatoire !


La septième béatitude

« Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » Matthieu 5.9

D’emblée, j’ai un problème. Les béatitudes précédentes ne caractérisent-elles pas justement les fils de Dieu ? Certains voient une différence entre « enfants de Dieu » et « fils de Dieu ». Je constate pourtant que les deux appellations sont parfois employées d’une façon interchangeable.

En voici deux exemples :

1. Romains 8.16,19,21 : « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. […] La création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. […] La création aura part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. »
2. Galates 3.26-27 : « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. »

Qui peut procurer la paix ?

Évidemment ceux qui sont en paix avec Dieu. Et qui est en paix avec Dieu, sinon les enfants ou fils de Dieu ?

Je comprends cette septième béatitude ainsi : étant fils de Dieu, ils procurent la paix et seront donc reconnus comme fils de Dieu.

Une fois de plus, cette béatitude présuppose les précédentes. Cela explique pourquoi le monde ne trouve jamais la paix dont il parle continuellement, le péché ne pouvant produire que la guerre. Ceux qui procurent la paix sont des hommes transformés. Tous les accords, toutes les conférences et conventions imaginables ne pourront procurer la paix, car ils ne peuvent éliminer le péché, la révolte contre Dieu, qui est la racine de tous les malheurs. La raison de tous ces échecs n’est ni politique, ni économique, ni sociale ; elle est d’ordre théologique et doctrinal : le cœur de l’homme, de tous les hommes, est mortellement malade et ne peut être changé que par Jésus-Christ, par l’action du Saint-Esprit. Les fils de Dieu ne resteront toujours qu’une poignée en comparaison avec le monde dans son ensemble (ils sont « le sel de la terre »). Il faudra que Christ revienne sur la terre qui l’a rejeté afin d’établir son royaume de paix et de justice, que les prophètes prédisent si clairement1. Ce royaume terrestre durera 1000 ans (selon Apoc 20, même si ce chiffre signifie peut-être simplement une période très longue, mais limitée dans le temps), alors que le royaume éternel dans lequel il débouchera sera sans fin.

Ce qui caractérise celui qui procure la paix

Passivement, il doit être paisible, parce que son cœur est en paix avec Dieu.

Activement, il doit faire tout pour apporter la paix quand se produisent des discussions ou des querelles. Comment serait-ce possible si le cœur est plein d’envie, de jalousie, d’amertume, de violence (Gal 5.15) ? Le porteur de paix ne doit pas être susceptible, ni sur la défensive, ni préoccupé par la prestance de sa personne. Il ne doit pas agir en fonction de ce que cela lui coûtera. Là encore, Jésus est le suprême exemple !

Une réalité à ne pas oublier

Le chrétien est soumis à deux influences : celle de la chair et celle de l’Esprit. Par l’Esprit, il apprend à faire mourir les actions de la chair. Le Saint-Esprit a créé en lui un homme nouveau, ce qui fait qu’il s’inquiète aussi de ses prochains. Il ne leur en voudra pas d’être méchants, injustes, voleurs, menteurs, même meurtriers , car il sait qu’ils sont sous l’emprise de Satan, animés par cet « esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion » (désobéissance) (Eph 2.2). Ils sont les victimes du péché en eux et du prince de ce monde. Il ne peut qu’en avoir pitié, même si leur comportement le révolte et le dégoûte. Vu de cette manière, il est possible de comprendre le commandement de Jésus d’aimer même ses ennemis. En cela aussi, nous avons l’exemple de Jésus, qui nous a aimés quand nous étions encore ennemis de Dieu.

Un aspect essentiel

C’était le but primordial de Jésus de glorifier Dieu, son Père, qui par lui est aussi devenu notre Père. Le glorifier doit donc aussi être notre premier but. Produire la paix, tout d’abord la paix avec Dieu, c’est donner toute la gloire à Dieu. Qu’est-ce qui est plus important, que j’obtienne justice auprès des hommes ou que Dieu soit honoré ? Nos considérations personnelles doivent y céder le pas.

Tout cela peut paraître utopique. Pouvons-nous vraiment être ainsi, nous comporter de cette manière, comme Jésus ? Non, à moins que nous ayons « été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme Christ est ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. […] Nous savons que notre vieille nature a été crucifiée avec lui. […] Considérez-vous comme morts au péché et comme vivant pour Dieu en Jésus-Christ. » (Rom 6.4,6,11) « Considérez-vous » : c’est un ordre, l’ordre de vivre pour Dieu et non pour nous-mêmes. C’est l’exact contraire de la psychologie, qui veut revaloriser le Moi du pécheur. L’abnégation du Moi est le trait saillant de la personne de Jésus. L’apôtre Paul s’exprime d’une manière frappante : « Je suis crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. » (Gal 2.20) Je vous laisse sonder la profondeur de cette constatation dans la prière, en vous abandonnant à l’action du Saint-Esprit en vous.

Comment mettre en pratique

Je vous livre les indications suivantes tirées du livre sur les béatitudes de Martyn Lloyd-Jones :

1. Apprendre à se taire. Jacques 1.19 dit : « prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère ». Donc : mettre un frein à s’exprimer.
2. Réfléchir. Évaluer la situation en fonction de l’évangile, et se demander si la cause de Christ en profite ou en pâtit, donc finalement l’Église. Quelle est l’impression faite sur le monde ?
3. Chercher le moyen et la méthode qui amènera la paix. Jésus nous recommande de donner à manger à nos ennemis qui ont faim.
4. Être abordable et compréhensif ; faire fi de sa dignité.

On le voit, nous revenons toujours au point essentiel : prendre exemple sur Jésus. N’oublions jamais que la paix a coûté cher au Père : le don de son Fils. Jésus s’est donné, son sang a dû couler, il a dû mourir, lui le Fils, Dieu devenu chair. Si nous sommes prêts, nous aussi, à nous donner jusqu’à la mort, nous agissons aussi comme Jésus, en tant que fils de Dieu. Cela lui a coûté, il n’y a pas de raison pourquoi cela ne nous coûterait pas, à nous aussi. Cela commence par une dépense : mes forces physiques, mon argent, mes loisirs, mes aises, mon confort, mon temps, tout ce que j’ai et que je suis !

Nous comprenons mieux ce qu’implique le commandement qui inclut tous les commandements : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. […] Et voici le second, qui lui et semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mat 22.37,39). Paul y revient dans sa lettre aux Galates, déjà citée : « Toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (5.14).

Nous le voyons : la septième béatitude est d’une portée immense et englobe toutes nos activités en tant qu’expression de notre statut de fils de Dieu.

1Parmi les passages les plus explicites, voir Ésaïe 11 ; 60 ; 65.17-25.


Introduction

Ce livre est une collection de sentences, de maximes et de pensées. Tout au long du livre, le mot clé, la « sagesse », ressort. Cette sagesse a comme fondement la crainte de Dieu. Celui qui veut suivre ce chemin, recevra « discernement, prudence, bon sens, prudence, réflexion, connaissance et intelligence », tous synonymes de « sagesse ». Tout le livre est construit sur ces réflexions provenant de la crainte de Dieu et contrastent de façon marquante avec la folie, le non-sens, la méchanceté et le mal sans aucune crainte de Dieu. Les Proverbes nous exhortent donc à « connaître », à « comprendre » et à « recevoir » instruction et correction.

En quelques mots, l’auteur du livre nous livre une préface magistrale (1.1-9) en fixant l’objectif de son énoncé : connaître la sagesse et l’instruction (v. 2), comprendre les paroles de l’intelligence (v. 2), recevoir des leçons de bons sens, de justice, d’équité, de droiture (v. 3) et donner du discernement aux simples et de la connaissance et de la réflexion au jeune homme (v. 4). Le sage est exhorté à écouter afin d’augmenter son savoir et d’acquérir de l’habileté (v. 5). Cela lui permettra de saisir le sens d’un proverbe, d’une énigme ou d’une parole proverbiale des sages (v. 6). La source de toute sagesse est dans la crainte de l’Éternel. En conséquence, celui qui rejette Dieu en refusant de le craindre, méprise sagesse et instruction (v. 7). La famille instituée par Dieu, est le foyer d’où sort la sagesse, basée sur la crainte de Dieu, et les parents, père et mère de l’enfant, doivent lui enseigner cela. S’il écoute, il deviendra à son tour un « sage » parce qu’il craint Dieu. Il sera ainsi une couronne de grâce sur la tête de ses parents pieux (v. 8-9). Quel magnifique résultat !

Auteurs

Salomon a écrit la majorité des Proverbes : 3000 proverbes lui sont attribuées (1 Rois 5.1), et l’Esprit de Dieu en a choisit un certain nombre de ces maximes (1 – 22.16 ; 25.1 – 29.27). Il y a eu aussi des « hommes sages » (22.17 – 24.34) qui ont rédigé un certain nombre de proverbes. Agur (30) et Lemuel (31.1-31) nous ont laissé les deux derniers chapitres des Proverbes.

Date

Salomon (– 1000 avant Jésus-Christ) a rédigé la majorité des Proverbes, dont Ezéchias a également rassemblé une partie vers – 700 (25.1 – 29.27). D’autres maximes été ajoutées encore plus tard (pendant ou après l’exil). A partir du 5e siècle av. J.-C. la collection doit avoir été au complet.

Mots-clefs

Sagesse, Connaissance, Instruction, Crainte de l’Eternel, Vie, Loi, Commandement, Justice, Mais, Mon fils, Folie, Mal, Méchanceté.

Versets-clefs

« La crainte de l’Eternel est le commencement de la connaissance : les insensés méprisent la sagesse et l’instruction » (1.7). « Le début de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel » (9.10).

La sagesse personnifiée

La sagesse est personnifiée et incarnée en Jésus-Christ : Plusieurs versets des Proverbes correspondent à des expressions du N.T. relatives au Seigneur Jésus :

– Prov 8.23 – Jean 1.1
– Prov 8.27 – Jean 1.1-2
– Prov 8.29 – Jean 1.3
– Prov 8.29 – Héb 1.2
– Prov 8.30 – Jean 7.24; Luc 3.22
– Prov 8.14 – 1 Cor 1.30
– Prov 2.4 – Col 2.3
– Prov 8.5 – Mat 11.28
– Prov 8.35 – Luc 10.21
– Prov 1.33 – Mat 11.28
– Prov 8.35 – Jean 6.47
– Prov 9.5 – Jean 6.35

Globalement, il y a une nette analogie entre Prov 8.22-31 et Jean 1.1-14 : la Sagesse personnifiée du livre des Proverbes est le Logos divin incarné de l’Evangile.

Thèmes divers

Outre la sagesse et la folie qui forment le contraste majeur du livre, un certain nombre de sujets reviennent constamment, mais ne sont pas arrangés par thèmes .

Le caractère de Dieu dans les Proverbes

Quelques-unes de ses attributs y apparaissent, comme sa miséricorde (28.13; son omniscience (5.21); sa sagesse (3.19; 15.11), sa providence (3.6; 16.3,9,33; 19.21; 20.24; 21.30-31.

Division du Livre en Cinq Collections

Collection I: Proverbes de Salomon: Recherchez la sagesse: 1 – 9
Collection II: Proverbes de Salomon: Etique pratique: 10.1 – 22.16
Collection III: Proverbes des sages: Divers Proverbes 22.17 – 24.34
Collection IV: Proverbes de Salomon: Ethique et bien social 25 – 29
Collection V: Prov. d’Agur et Lemuel : Confession – bonheur famille: 30 – 31

Division du livre

A. Introduction 1.1-7

1. Auteur 1.1
2. But 1.2-6
3. Thème 1.7

B. Préceptes de la sagesse 1.8 – 9.18

1. Evite les mauvaises compagnies 1.18-19
2. Reçois les avertissements de la sagesse 1.20-33
3. Discerne le bien et le mal 2
4. Confie-toi en Dieu 3.1-12
5. Considère la valeur de la sagesse 3.13-20
6. Sois aimable et généreux avec ton prochain 3.21-35
7. Acquiers la sagesse 4.1-9
8. Choisis le bon chemin de la sagesse 4.10-19
9. Veille sur toi-même et sur ton cœur 4.20-27
10. Abandonne la convoitise 5.1-23
11. Evite les cautions 6.1-5
12. Combats la paresse 6.6-19
13. Evite l’adultère 6.20-35
14. Reste chaste 7
15. Portrait de la sagesse en contraste avec la folie 8.1-9.18
a) Qualité de la sagesse 8.1-21
b) Discipline de la sagesse 8.22-31
c) L’homme de sagesse 8.32-36
d) Contraste sagesse – folie 9

C. Proverbes de Salomon 10.1 – 22.16

D. Proverbes des sages 22.17 – 24.34

E. Proverbes de Salomon réunis sous Ezéchias 25.1 – 29.27

F. Paroles d’Agur 30

G. Parole de Lemuel 31.1-9

H. Paroles sur la femme de valeur 31.10-31


Qui n’a jamais rêvé d’être millionnaire ? Si l’on n’est ni intelligent, ni travailleur, ni entreprenant, ni voleur, ni héritier de parents fortunés, ni lié d’une manière quelconque aux riches de ce monde, il reste toujours la loterie pour espérer. Les chances sont minimes, mais elles existent. Et comme avec le Seigneur rien n’est impossible, notre espoir reprend de plus belle.

Mais pourquoi ce désir d’être riche : pour améliorer notre condition matérielle et sociale, pour aider les pauvres de ce monde ? Mille et une raisons nous viennent à l’esprit pour justifier ce désir souvent secret.

Certes, l’argent est utile pour nous et pour les autres, mais il n’est pas sans danger. Les mises en garde de Jésus contre les richesses sont bien connues ; les maximes du livre des Proverbes le sont moins. Dommage, car ce puits de sagesse contient bien des perles. Relevons ici la seule prière de ce recueil qui concerne précisément la richesse.

« Seigneur, ne me donne ni pauvreté ni richesse ;
Accorde-moi le pain qui m’est nécessaire,
De peur qu’étant rassasié, je ne te renie et ne dise :
Qui est l’Éternel ?
Ou qu’étant dans la pauvreté, je ne commette un vol
Et ne porte atteinte au nom de mon Dieu. »
(Prov. 30.7-9)

Agour le sage (30.1), celui qui est assez humble pour considérer les autres supérieurs à lui-même (30.2-3), implore le Seigneur d’écarter de lui la richesse. Agour ne se fait pas d’illusion sur lui-même ; il a vu les ravages de la richesse chez les autres, et dans sa sagesse, il ne se croit pas à l’abri d’une telle tentation. Aucun péché de présomption chez lui. Si d’autres sont tombés, lui aussi le peut. Mieux vaut alors prendre les devants, et prier le Seigneur d’écarter à jamais cette tentation. Sommes-nous prêts à faire sa prière nôtre ? Nous serons alors d’autant plus libres pour porter nos regards sur les vraies richesses.