PROMESSES
A. Une religion qui fait du bruit
Le voisinage des musulmans et les nombreuses références à l’islam dans l’actualité – parfois à tort, car on confond volontiers musulman, arabe et pro-palestinien – suscitent de nombreuses questions auxquelles une abondante littérature et des médias diversement inspirés tentent de répondre. Pourquoi l’islam? Pourquoi des Européens, des Africains, des Américains d’aujourd’hui se convertissent-ils à l’islam? Y a-t-il des parallèles à souligner entre ses succès du début et l’intérêt qu’il semble susciter encore aujourd’hui? Voici quelques axes de réflexion qui peuvent nous encourager à approfondir notre foi, à retrouver notre zèle d’évangélistes et à contempler Dieu à l’oeuvre dans un contexte difficile où le croyant doit encore souvent payer son espérance de sa liberté.
B. L’islam naît dans un monde qui ne connaît plus Jésus
Qui est le Christ ? Qui disons-nous qu’il est ?
On se souvient des deux questions posées par Jésus de Nazareth à ses disciples, alors qu’ils prenaient un peu de recul dans le territoire de Césarée de Philippe :
« Qui dit-on que je suis ? » et « Qui dites-VOUS que je suis ? » Il n’est pas exagéré de dire que toute relation à l’Evangile et au christianisme véritable est contenue dans la réponse honnête à ces deux questions.
Depuis qu’il existe des disciples et des auditeurs de Jésus, ces deux questions – et plus particulièrement la seconde – ont défini les rapports entre les hommes et le Christ, et mesuré de façon objective le contenu de leur foi.
Oppositions au Christ
Certains ont choisi l’opposition au Christ et ont persécuté son Eglise véritable comme ce fut le cas pour les autorités juives contemporaines de Jésus et, à un degré moindre, pour les rabbins qui ont fixé la Tradition qui posera les fondements du Judaïsme talmudique. D’autres ont affiché une indifférence, un intérêt intellectuel ou philosophique pour Jésus, en posant des questions auxquelles ils se gardaient bien de répondre. Ces derniers ont davantage servi l’Eglise lorsqu’ils sont restés à l’extérieur, à l’instar de Gamaliel et peut-être de Nicodème.
D’autres encore ont décidé d’apporter des réponses originales, ou d’opérer un tri dans les paroles du Christ qu’ils étaient prêts à accepter, lorsqu’ils n’inventaient pas tout simplement une révélation rivale qui ne se réclamait du Christ que pour mieux le marginaliser. Ce sont au départ des sectes dites « judéo-chrétiennes » comme celle d’Elxaï, qui prétendait avoir reçu une révélation complémentaire dans un Livre, puis de plus en plus fréquemment des sectes dites « gnostiques » dont les enseignements s’appuient en partie sur des « évangiles » pseudépigraphiques1. Plus près de nous, on pourrait citer les Mormons.
Dans ce groupe, on trouve aussi des faux-docteurs ou des docteurs imprudents qui répandent par leur enseignement des interprétations erronées de l’Evangile véritable, ou qui introduisent dans la doctrine chrétienne des notions empruntées à la philosophie païenne. C’est le cas de la plupart des controverses sur la nature de Christ qui ont divisé l’Eglise du IVe au VIIIe siècle : la plus célèbre est l’arianisme, qui nie la divinité du Christ et qui inspire encore aujourd’hui les Témoins de Jéhovah et leurs variantes russellistes2. C’est le cas aussi de bien des courants au sein des écoles modernes de théologie, qui s’attaquent au témoignage de l’Ecriture, qui nient les miracles ou qui privilégient de nouveaux types de miracles au détriment de l’Evangile de la grâce. Chaque fois retentit cette question fondamentale : « Qui dites-VOUS que je suis ? »
C. L’islam naît de l’isolement de l’Arabie et des querelles internes de la chrétienté
L’islam est né dans une sorte de "no man’s land", de glacis entre l’empire romain affaibli par les invasions germaniques et son éternel rival, l’empire perse, affaibli par la pression des peuples de l’Asie Centrale et les intrigues de palais. Sans faire partie des territoires conquis par le christianisme ou par la chrétienté, l’Arabie était parcourue ou choisie comme lieu de retraite par les partisans de divers courants et par des moines zélés à la piété parfois spectaculaire. L’Arabie était en relation commerciale avec des régions dont les gouvernants se faisaient les champions des diverses doctrines: la Mecque est « coincée » entre les tribus juives d’Arabie et du Yémen, les monophysites3 d’Ethiopie et d’Egypte, les nestoriens4 de Mésopotamie, les jacobites5 de Syrie, les « orthodoxes » melkites d’Asie Mineure et de Palestine6, sans compter les sectes « baptistes » de Bassorah et les sectes gnostiques7 d’Egypte. Partout les combats politiques font largement appel aux allégeances religieuses, les contradicteurs et les insoumis sont bannis par l’armée et même des moines jouent parfois le rôle de milices pour orienter les décisions des Conciles. Mais si près de l’Evangile et de ses contrefaçons, l’Arabie reste au VIIe siècle une terre ignorée par les missionnaires, méprisée par les stratèges, qui ne possède pas même un Evangile de Marc dans sa langue…
A l’époque de Muhammad, le polythéisme8 astral et le culte des pierres « bétyles » ne sont plus aussi attractifs pour les Arabes. L’influence monothéiste9 du judaïsme a profondément marqué les tribus, dont certaines ont embrassé le judaïsme ou une des formes du christianisme. On parle de personnages qui adorent un seul dieu appelé « le Miséricordieux ». Même à la Mecque, carrefour des diverses croyances et conservatoire des divinités païennes, on entend la formule « Allahou akbar », « Allah est plus grand » (que toutes les autres puissances spirituelles).
Dans les pays où l’islam s’installera en maître, on trouve également les mêmes influences monothéistes juives et chrétiennes, les mêmes controverses sur la nature réelle du Christ et la même instrumentalisation du religieux par le politique. L’Afrique du Nord est malade des querelles montanistes10, donatistes11 ou pélagiennes12, meurtrie par l’invasion des Vandales aryens13, qui chassent et tuent tous les évêques orthodoxes, et déçue par la main-mise politique de la lointaine Byzance. On ne dira jamais assez le tort causé par le témoignage scandaleux de nations dites chrétiennes, lorsqu’elles soutiennent des pouvoirs injustes, refusent de satisfaire à des aspirations légitimes ou encouragent des statu quo qui privent des hommes de l’espérance, moteur de tout vrai progrès.
D. L’islam s’affirme là où l’on conteste le témoignage que l’Ecriture rend au Christ
L’affirmation de la pleine et entière divinité de Jésus est le coeur de l’Evangile et de la confession des martyrs. Elle a pour corollaire la foi dans le mystère de la Trinité (ou tri-Unité), telle qu’elle a été formulée dans le symbole attribué à Athanase14 :
« C’est ici la foi catholique15 (c’est à dire de tous les chrétiens où qu’ils soient) : que nous adorions un Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l’Unité ; sans confondre les personnes et sans diviser la substance. Car autre est la Personne du Père, autre est celle du Fils, autre est celle du Saint-Esprit. Mais la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit n’est qu’une, leur gloire est égale, leur majesté coéternelle. Tel est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint-Esprit. Le Père incréé, le Fils incréé, le Saint-Esprit incréé. Le Père infini, le Fils infini, le Saint-Esprit infini. Le Père éternel, le Fils éternel, le Saint-Esprit éternel. Et cependant ils ne sont point trois éternels, mais Un Eternel. Comme aussi il n’y a point trois incréés, ni trois infinis, mais Un Incréé et Un Infini. Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu et cependant ils ne sont point trois dieux, mais Un Dieu…»
Pour le chrétien
Le mystère de la Trinité découle de la Révélation. Ce n’est pas à l’homme d’expliquer Dieu, ni de comprendre comment fonctionnent l’univers et les sphères spirituelles, alors qu’il n’est qu’une créature limitée et pécheresse. Le chrétien croit simplement ce que Dieu lui dit de lui-même et cela suffit à sa foi, sinon à sa raison.
Pour l’islam
Le point de vue est tout différent.
Soumis à toutes les influences centrifuges des religions et des sectes monothéistes et en pleine réaction contre un polythéisme qui découlait notoirement de l’absence de prophètes et de Révélation, Muhammad a opté pour un culte raisonnable, éloigné des extrêmes, selon l’affirmation du Coran volontiers reprise par les musulmans modérés.
Il a donc pris position vis à vis de Jésus en acceptant certaines traditions qui lui paraissaient inoffensives (même si elles attribuaient à Jésus des miracles invraisemblables comme ceux des évangiles apocryphes de l’enfance) et en refusant avec beaucoup d’énergie les doctrines qui pouvaient servir de fondement à une prééminence du judaïsme ou du christianisme.
La préexistence glorieuse du Christ avant Sa naissance à Bethléhem et l’accomplissement des prophéties messianiques sont passés sous silence.
La mort et la résurrection de Jésus sont absolument niées.
Le titre de Fils de Dieu est rejeté comme blasphème et la notion de Trinité, volontairement ou involontairement assimilée à la triade Dieu-Marie-Jésus, est déclarée ridicule et indigne de Jésus (qui l’aurait rejetée lui-même, d’après le Coran).
Le rôle dévolu à Jésus d’après le Coran est celui de simple prophète envoyé aux factions juives qui se sont divisées à son sujet. Il n’a aucune prééminence sur les prophètes de l’Ancien Testament ou sur les patriarches, mais il pourrait avoir annoncé la venue de Muhammad et la Tradition lui confère un rôle dans les événements de la Fin du Monde.
Jésus est instrumentalisé par l’islam pour contrer le judaïsme et pour confondre la chrétienté.
Bible et Coran
Pour éviter que le témoignage de la Bible puisse contredire le Coran, Muhammad affirme que Sa Révélation est la dernière, la plus complète, en réalité toute suffisante (ce qui va au-delà de la position similaire de l’épître aux Hébreux) et la Tradition ajoutera une insinuation selon laquelle le texte biblique aurait été manipulé. Elle formulera l’interdiction – d’une portée plus que symbolique – de traduire le Coran dans les langues vernaculaires. Le Coran est mis « hors de portée » en ce qui concerne son usage, sa critique et toute contestation ou interprétation. Déclaré « inimitable », il va dans la pratique évoluer vers le rôle du Logos, réalité incréée demeurant éternellement auprès de Dieu et « incarnée » historiquement par la révélation que l’ange Gabriel en aurait faite à Muhammad. On pourrait facilement comparer dans ce processus le Coran au Christ et Muhammad à Marie. Les rites de l’islam feront le reste pour que rien ne subsiste de l’Evangile du Sauveur qui donne sa vie en rançon du péché.
E. Conclusion
Là où le message libérateur de Jésus n’est plus prêché et vécu quotidiennement, dans le témoignage d’une Eglise qui confronte et interpelle les acteurs sociaux et politiques dans la paix et l’amour, le terrain est préparé pour l’islam… et le désert qui avance sera difficile à reconquérir!
Notes
1 C’est à dire dont l’auteur réel se cache derrière un nom usurpé d’apôtre, comme l’Évangile dit de Thomas.
2 Vient du nom du fondateur de cette secte, Charles-Taze Russel, né en 1852, qui fonda la société « Tour de garde » en 1881.
3 Hérésie née au 5e siècle. Pour ses adeptes, il n’y a qu’une seule nature de Christ, son humanité ayant été absorbée par sa nature divine ; elle est en contradiction avec Héb 2.17.
4 Adeptes de Nestorius que enseignait que Jésus était deux personnes séparées, possédant deux natures séparées ; cette secte est déclarée hérétique par le Concile d’Éphèse en 431.
5 Monophysites et disciples de Jacob Baradaeus (500 – 578) niant également les deux natures (humaine et divine) de Jésus.
6 Chrétiens syriens et égyptiens qui ne voulaient pas comdamner l’hérésie monophysite, tout en acceptent l’enseignement du Concile de Chalcédoine de 451 (voir Promesses n° 144 Les controverses doctrinales, « Le Credo de Chalcédoine » p.32-33).
7 Mouvement des premiers siècles après J.-C. aux vues dualistes et complexes dont les « connaissances secrètes » furent transmises par « initiation » ésotérique; pour eux la matière était mauvaise et, en consquence, ils niaient l’humanité de Jésus.
8 Croyance en plusiuers dieux.
9 Qui no reconnaît qu’un seul Dieu.
10 Mouvement charismatique associé à Montanus, au 2e siècle, mettant l’accent sur l’effusion du St-Esprit par extase et sur le parler prophétique ; Tertullien était montaniste ; se répandit en Asie mineure au 2e siècle ; fut condamné par l’Église.
11 Mouvement séparatiste nord-africain provenant de Donatus en 355, qui s’opposait à la réintégration des chrétiens qui abandonnaient les Écritures sous la persécution.
12 Fausse doctrine propagée par Pélage, un moine anglais du 5e siècle, enseignant que la nature humaine est essentiellement bonne ; met l’accent sur la capacité humaine et la libre volonté pour arriver à vivre sans péché ; c’est la négation de la corruption totale de l’homme conçu et né dans le péché (Ps 51.7 ; Rom 3.9-18 ; 7.14-25).
13 Nom donné, au début de notre ère, à différents groupements de Germains orientaux ; ils passent le Rhin en 406, entrent en Gaule et en Espagne ; sous Geiséric (428 – 477), ils passent en Afrique et s’installent en Numidie en prenant Carthage (439). Ils sont finalement vaincus en 534 par le Byzantin Bélisaire ; ainsi l’Afrique devient byzantine.
14 293 – 371, évêque d’Alexandrie, défenseur vigoureux, en 325, des enseignements du Concile de Nicée sur Jésus-Christ, éternellement divin et pleinement Dieu, étant « de la même substance » (homoousios). Il combattit l’arianisme et fut persécuté, voire même banni avec d’autres opposants à cette hérésie. Les plus anciens manuscrits du « Symbole d’Athanase » remontent aux 8e et 9e siècles. Un psautier de Cambridge l’attribue à Athanase. D’autres pensent plutôt qu’il fut écrit par d’autres mains, mais dans l’esprit d’Athanase. La première rédaction remonterait au 5e siècle et fut adopté dans son texte définitif vers 850 selon d’autres. Il s’agit des deux doctrines essentielles da la foi chrétienne, trinitaire et christologique.
15 « Universelle » provenant du mot grec « katholikos » dans le sens de « général » ; à ne pas confondre avec « catholique romain ».
- Edité par Gesche Paul
L’islam dans le contexte passé, présent et futur de la séduction et de l’apostasie
S’il y a deux mots qui s’excluent, ce sont certainement les mots « croix » et « croisade ». Même s’il est difficile à un homme du XXIe siècle de juger ceux qui ont cru défendre la foi en allant combattre en Palestine au XIe siècle, on peut rappeler que Jésus s’est laissé mettre en croix sans opposer de résistance et en priant pour ses ennemis. Tertullien, un des théologiens chrétiens nés en Afrique du Nord, disait que « le sang des martyrs est la semence de l’Eglise ». C’est en souffrant dans les arènes et les prisons que les chrétiens ont vaincu l’opposition de l’Empire romain et du paganisme antique. Il n’est donc pas très légitime de présenter la confrontation du christianisme et de l’islam comme l’un des enjeux géopolitiques de notre siècle ou comme un des combats typologiques de la fin des temps. Il est troublant de constater que l’Apocalypse de Jean insiste davantage sur l’emprise du matérialisme et de la recherche du pouvoir au travers de l’idolâtrie que sur un conflit eschatologique avec telle ou telle religion monothéiste! Jésus met ses disciples en garde contre l’apostasie et les faux docteurs au sein de l’Eglise et la première épître de Jean identifie l’Anti-Christ en révélant qu’il est déjà à l’oeuvre au Ier siècle de notre ère. On pourrait certes reconnaître les invasions arabes et l’arrivée des Turcs au Moyen-Orient dans les cavalcades d’Apocalypse 9. Mais rien qui pointe vers une opposition religieuse!
Si l’islam n’a jamais été aussi médiatisé dans les pays occidentaux, le vrai fait marquant qui doit nous pousser à l’action est plutôt la multiplication des occasions de témoignage et d’échange amical entre chrétiens et musulmans. Les tensions ne sont rien de nouveau, elles doivent nous pousser à prier! Mais la possibilité de parler de Jésus et de montrer ce qu’est une vie chrétienne et une vie d’église, voilà une réalité historique que le monde et les anges observent: qu’ils puissent découvrir par l’Eglise la sagesse de Dieu dans sa diversité «multicolore»!
Comment donc répondre à la présence et au dynamisme des musulmans?
a) L’Église doit confesser le Christ des Ecritures et rayonner de son amour
Lorsqu’on comprend que l’islam s’est toujours développé là où les croyants avaient oublié qui Jésus était vraiment – le Dieu unique et le seul Médiateur – et qu’il s’est enraciné dans des régions où l’Ecriture Sainte n’était pas accessible au peuple ou bien était dévaluée par la Tradition ou la critique, on aura à coeur de nourrir l’Eglise en Terre d’islam et en Occident avec un enseignement rigoureusement fidèle au texte sacré et appliqué dans des vies transformées par l’Esprit de Dieu, ce grand absent dans la religion musulmane. Il ne s’agit pas de déséquilibrer la vie de piété des chrétiens avec des émotions ou des influences souvent confondues avec des dons de l’Esprit. Mais de donner au Saint Esprit tout son rôle dans le développement de l’homme nouveau, par une insistance sur la sanctification progressive et la consécration totale de chaque individu, en vue du service et du témoignage. Si un chrétien se montre dans la vie courante disciple de Jésus et enfant de Dieu – soumis et aimant – et si ses choix et ses attitudes de vie manifestent la présence de l’Esprit Saint, son prochain musulman se sentira introduit dans un temple sacré où il pourra rencontrer Dieu. Il ne sera pas nécessaire de prouver ou d’expliquer la Trinité là où la vie rayonne d’elle-même, sainte et communicative. Un musulman qui a reçu le pardon de ses péchés en priant au nom de Jésus n’est plus choqué par l’expression "fils de Dieu".
Malheureusement, les pays occidentaux étalent davantage leurs doutes et leur manque de foi que leur piété. Et la confusion entre l’Eglise institutionnelle et l’Eglise des rachetés conduit à de regrettables méprises. Mais si le musulman est devenu mon "prochain", ce qu’il verra en moi parlera plus fort que ses préjugés ou ses déceptions. Ce que je suis parlera plus fort que ce que je dirai: à moi d’en tirer les conséquences! Je n’ai pas besoin d’éloquence, je n’ai pas besoin d’avoir tout compris moi-même, mais j’ai besoin d’un coeur pur et d’amour débordant. Je puis les demander à Jésus tout en lui présentant dans la prière ce prochain qu’il m’a fait rencontrer! Et je ferai confiance au Saint Esprit qui travaille dans les coeurs bien mieux que les démonstrations ou les étalages d’oeuvres pieuses. Mais jamais je ne me permettrai de douter de l’Ecriture ou de la relativiser, encore moins de la ridiculiser par des interprétations particulières ou des adaptations aux soi-disant acquis de sciences qui évoluent tous les jours.
b) L’Église doit revendiquer et conserver sa place dans la société
C’est un sujet assez controversé et de nombreux chrétiens sont effrayés par les erreurs du passé au point de souhaiter que l’Eglise n’ait plus aucun rôle dans la politique ou dans la morale de nos pays épris de liberté. C’est le mirage de la laïcité. Autant réclamer du chrétien qu’il soit un pécheur comme les autres… Et c’est tout l’enjeu: le musulman n’hésite pas à se singulariser, par son voile ou sa barbe, par sa nourriture, ses gestes, son nom. Et qu’en est-il du chrétien? Chercherait-il à passer inaperçu dans la société, en louvoyant entre les nouveaux interdits (homophobie, islamophobie…) et les nouveaux droits (droit au divorce et à l’union libre, droit à l’avortement, droit à l’euthanasie, droit à la différence…) ? Dans l’Empire musulman arabe ou turc, le chrétien devait payer un impôt pour conserver le droit à sa religion, à sa propre identité, à ses lois. Mais dans beaucoup de pays aujourd’hui, le chrétien ne semble plus prêt à payer… quitte à perdre ses enfants et son âme!
Nous aimerions bien pouvoir dire que l’islam est un système qui a submergé les pays chrétiens de l’Antiquité et qui menace les nations chrétiennes aujourd’hui, en vertu d’un mystérieux pouvoir de séduction. Nous aimerions bien trouver dans l’Apocalypse un chapitre qui indique clairement les ravages de la nouvelle religion et, le cas échéant, quelque prophétie sur la victoire finale du christianisme. Nous voudrions que les immigrés dans nos pays ou les ethnies musulmanes d’Afrique se convertissent miraculeusement sans que nos Eglises n’aient besoin de quitter leur routine ou d’affronter le redoutable reproche de « prosélytisme ». A moins que nous rêvions d’un « accord global » entre les grandes religions à l’instar de l’Organisation Mondiale du Commerce, pour que nous cessions de chercher à nous convertir les uns les autres… Mais l’Ecriture Sainte ne dit rien de tel, l’histoire nous donne tort et les églises qui se développent dans le monde d’aujourd’hui sont celles qui, comme les apôtres d’autrefois, prêchent et souffrent, en Iran ou en Chine! Lorsque Jean doit préparer à leur sort les chrétiens d’Asie (l’actuelle Turquie), il n’annonce pas la venue de Muhammad, mais il avertit que Jésus viendra lui-même retirer le chandelier de l’Eglise qui a oublié son premier amour! Les Coptes d’Egypte ont appelé au secours les bataillons arabes de l’islam naissant, par peur des persécutions infligées par l’Eglise Orthodoxe.
c) Nous sommes encore dans l’ère de l’évangélisation du monde
Chaque année, les moyens de communication semblent nous rapprocher davantage des extrémités de la terre. Le coût d’une Bible est devenu insignifiant dans les pays industrialisés d’Europe ou d’Amérique. Par le rayonnement d’Internet, nous avons l’impression parfois de faire partie d’un village planétaire, achetant et vendant des biens et des services à l’autre bout du monde sans quitter notre fauteuil. Mais chaque année aussi, de nouveaux pays sombrent dans le chaos de la guerre, des millions d’enfants naissent dans des foyers où le nom de Christ n’est jamais prononcé et nos vieilles nations prennent une ride de plus, perdant jusqu’à la dernière les valeurs chrétiennes qui ont construit naguère de nouveaux mondes. Le nombre des rachetés de l’Agneau croît dans des pays où il était autrefois dangereux de lire une Bible, mais il y a toujours autant d’hommes et de femmes qui ne peuvent pas disposer de la Parole de Dieu dans leur langue. En Asie Centrale où le communisme empêchait hier les chrétiens de se réunir, l’islamisme devient l’idéologie dominante et les nouveaux chrétiens sont persécutés par leurs propres parents. Les hommes ont encore besoin d’entendre le message libérateur de la Croix et il faut encore des hommes et des femmes courageux pour aller parler de Jésus et montrer ce qu’est une vie chrétienne conséquente. Non, le temps des missions n’est pas encore fini: il faut des coopérants pour pénétrer dans les pays fermés aux missionnaires, des producteurs créatifs et ancrés dans la saine doctrine pour pouvoir diffuser de bons programmes d’évangélisation par satellite, des linguistes expérimentés et fidèles pour traduire inlassablement les Ecritures, des pasteurs mûrs et équilibrés pour fonder et nourrir les jeunes Eglises dans des environnements hostiles… Ce n’est pas le moment de baisser les bras ni de nous replier sur nos communautés, mais le temps est venu de nous mettre à genoux pour prier pour le monde, et de nous lever pour Christ partout où il Lui plaît de nous envoyer… même dans les quartiers de notre ville!
- Edité par Gesche Paul
Présenter en quelques pages la religion d’un homme sur cinq peut sembler une gageure. Le risque est grand de céder à la pression de l’actualité ou de rester tellement théorique que l’islam apparaît comme un objet, un épouvantail pour les uns, une relique d’un monde pré-industriel pour les autres.
Or l’islam est une civilisation contemporaine, avec sa composante religieuse, sa composante culturelle, et sa composante politique et historique. L’islam est la foi de ce professeur d’informatique à la pointe dans le domaine du filtrage des courriels. L’islam est la culture de ce commerçant dont les marchandises se croisent sur les cinq continents. L’islam est l’espérance politique de ce père de famille modèle, aux enfants propres et bien tenus, aimé par sa femme et respecté par tous ses voisins.
On ne peut pas rencontrer l’autre si on met en avant des idées reçues ; on ne peut pas non plus réinventer à chaque rencontre une histoire et un monde infiniment riches et complexes. A la question critique de Montesquieu: "Comment peut-on être Persan?", il faut répondre avec le Christ: "Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle." (Jean 3.16)
Les musulmans, adeptes de l’islam et membres de la communauté civilisationnelle de l’islam, sont aimés de Dieu et conviés à la foi en son Fils unique. Et Dieu les a placés sur ton chemin, cher lecteur, afin que tu sois son témoin, ici et maintenant.
- Edité par Gesche Paul
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