PROMESSES

L’auteur de cet article est marié et père de 4 enfants. Il a une double formation: en génie industriel et en théologie. De nationalité américaine, il est en France depuis 1968 pour exercer un ministère d’enseignement, principalement auprès des églises de la région grenobloise et à l’Institut Biblique de Genève. Il est également chargé de la construction et de la réfection de lieux de culte. Henri Bryant est un conférencier apprécié et auteur de trois commentaires bibliques solides (Matthieu, 1 et 2 Corinthiens) et de plusieurs livres d’évangélisation.

L’écrivain René Barjavel, dans La faim du tigre, exprime avec lucidité le problème. D’un côté il reconnaît que l’examen de notre univers « sans parti pris impose à notre logique la conclusion qu’il est le fruit d’une intelligence inventive et d’une volonté planificatrice. » Toutefois il ne croit pas en le Dieu de la tradition chrétienne car il constate que « Entre la constitution du monde vivant et son fonctionnement, entre les merveilles dont il est fait et l’horreur pour laquelle il semble avoir été fait, il y a une contradiction suffocante. » En effet, la Bible affirme que Dieu est tout-puissant et souverain dans toute sa création, mais aussi qu’il est bon et juste dans tout ce qu’il fait. Alors la question est pertinente : si c’est le cas, pourquoi Dieu permet-il que ses créatures souffrent et fassent souffrir autant ? S’il aime réellement sa création, pourquoi n’y intervient-il pas pour enrayer le mal et l’affliction qui semblent si souvent frapper à l’aveuglette le juste et l’injuste ?

D’abord, il convient de noter que ce problème a troublé plusieurs des prophètes et des croyants des temps bibliques, sans qu’ils mettent en cause l’existence ni la bonté de leur Créateur. Abraham (Gen 18.22-33), Job, David (Ps 94), Asaph (Ps 73), Jérémie (Jér 12.1-6), Esaïe (Es 10.5-16), Habakuk, et Malachie (Mal 3.13-18) ont tous été confrontés à ces questions, tout en exprimant leur confiance en Dieu.

Leurs paroles nous aident à comprendre mieux les « pourquoi », sans pour autant résoudre ce que la Bible appelle « le mystère de l’iniquité» (2 Thes 2.7).

Que disent donc les Saintes Écritures sur ce sujet ?

I. La souffrance dans le monde :

« Il n’y a point de paix, dit l’Éternel, pour les méchants. » Esaïe 48.22

Ce passage révèle deux vérités fondamentales qui déterminent l’œuvre de Dieu dans notre monde.

La première vérité, c’est que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom 3.23). La Bible ajoute que l’homme est entièrement responsable pour cette « méchanceté » qui marque chacun. Créé à l’image de Dieu et donc doté d’une liberté de choix, il a décidé de se révolter contre Celui qui est la source de toute véritable justice. Moïse dit clairement : « Rendez gloire à notre Dieu ! Il est le rocher ; ses oeuvres sont parfaites, car toutes ses voies sont justes ; c’est un Dieu fidèle et sans iniquité, il est juste et droit. S’ils (les êtres humains) se sont corrompus, à lui n’est point la faute ; la honte est à ses enfants, race fausse et perverse. » (Deut 32.3-5). Nous sommes toujours enclins à blâmer les autres pour nos problèmes. Ce texte affirme que l’homme est entièrement responsable pour l’injustice et ses conséquences.

La deuxième vérité montre que Dieu ne permet pas que l’homme, dans sa méchanceté, puisse connaître une véritable paix. Car dans un monde où tout être vivant est plus ou poins égoïste et injuste, la souffrance est un mal nécessaire. Comme les douleurs dans le corps sont nécessaires pour nous avertir qu’un membre est malade ou doit être soigné, ainsi la souffrance dans le monde est un appel pressant à l’homme de chercher la délivrance auprès du Grand Médecin. C’est pourquoi que Dieu affirme clairement qu’il est effectivement celui qui permet et gère la souffrance : « Je suis l’Éternel, et il n’y en a point d’autre. Je forme la lumière et je crée les ténèbres, je réalise la paix et je crée le malheur ; moi, l’Éternel, je fais toutes ces choses. » (Es 45.6-7). Paul explique que même toute la création a été « soumise à la vanité » et à « la servitude de la corruption » par Dieu, à cause du péché de l’homme, mais dans l’attente d’une délivrance future (Rom 8.19-20).

L’homme peut réagir de deux manières face à cette vérité :

-Beaucoup diront cyniquement, avec les Juifs du temps de Malachie, « Où est le Dieu de la justice ? » (Mal 2.17) ou « Il n’y a pas de Dieu ! » (Ps 14.1). La tragédie de cette manière d’agir est évidente : elle nous éloigne de Celui qui est le Père de miséricordes et le Dieu de toute consolation – la seule source de véritable aide dans la détresse (2 Cor 1.3).

-Il vaut beaucoup mieux écouter les conseils de Jérémie : « N’est-ce pas de la volonté du Très-Haut que viennent les maux et les biens ? Pourquoi l’homme vivant se plaindrait-il ? Que chacun se plaigne de ses propres péchés. Recherchons nos voies et sondons-les, et retournons à l’Éternel ; Elevons nos coeurs et nos mains vers Dieu qui est au ciel : nous avons péché, nous avons été rebelles ! » (Lam 3.38-42).

Jésus donna un message similaire aux personnes troublées par l’injustice du procurateur Pilate, dans Luc 13.1-5. Dans sa réponse à leur question, nous pouvons voir deux vérités importantes.

Premièrement, les catastrophes n’arrivent pas forcément aux gens parce qu’ils sont plus mauvais que d’autres. Le livre de Job nous donne un petit aperçu d’un monde victime de l’ennemi de Dieu capable de manipuler les éléments naturels aussi bien que le cœur des hommes. Et c’est parfois les « innocents » qui en souffrent, ou tout au moins ceux qui ne sont pas les plus méchants.

La deuxième vérité est plus importante : ces choses arrivent comme un avertissement, comme le douleur dans le corps. Elles sont autant de rappels solennels que tout homme va mourir et passer devant le Juge de toute la terre. Dieu, dans son amour pour l’humanité sait que le destin éternel de l’homme est bien plus important que sa santé et son confort. Car il prépare pour ceux qui se tournent vers lui « de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera » (2 Pi 3.13) et où « la mort ne sera plus; il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses (aur)ont disparu » (Apoc 21.4).

II. La souffrance dans la vie d’un chrétien :

« Si tu m’as affligé, c’est par fidélité » Psaume 119.75 (Semeur)

L’affliction dans la vie d’un croyant, une preuve de la fidélité de Dieu ? Peut-on vraiment l’affirmer, comme le fit David dans ce psaume ? En tout cas, nous aurons plusieurs occasions dans la vie d’en douter ! Car nous le savons : ce n’est pas parce que nous sommes chrétiens que Dieu va éloigner de nous l’épreuve. Au travers des siècles, les croyants ont été exposés aux souffrances les plus atroces – la persécution, la torture, l’hostilité et même le martyr. Certes, cela ne nous surprend pas, car Jésus lui-même nous a dit : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. … Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi… » (Jean 15.18-20). Mais même si nous acceptons de bonne grâce l’opprobre du Seigneur, nous avons beaucoup plus de difficulté à admettre que toutes les autres souffrances qui nous accablent sont la preuve de la fidélité et de l’amour de Dieu. Car le chrétien pourrait connaître tout autant de souffrances que son voisin non croyant. Il pourrait contracter n’importe quelle maladie, être la victime de la violence, avoir des accidents de voiture, tomber dans la dépression, et subir tous les désagréments que connaissent les autres.

L’exemple de Paul

Rappelons-nous seulement ce que l’apôtre Paul a dû supporter durant sa vie. De toute évidence il a été accablé par une maladie de longue durée, car après avoir reçu une révélation quatorze ans plus tôt, il vivait avec une « écharde dans la chair, un ange de Satan » pour le souffleter (2 Cor 12.2-7). Serait-ce la maladie des yeux repoussante dont il parle dans sa lettre aux Galates (4.13-15) ? De plus, il parle librement de son grand découragement (2 Cor 4.8-9), de ses luttes, de ses craintes, de son abattement (2 Cor 7.5-6), de ses peines et des dangers auxquels il a été exposé (2 Cor 11.26-28). On ne peut guère imaginer la frustration qu’il a dû connaître, homme plein d’activité et d’ambition, pendant les longs jours et années qu’il passait enfermé dans une cellule de prison ! Pourtant selon ses propres affirmations et l’impact de sa vie, nous sommes convaincus que toutes ces épreuves faisaient clairement partie du plan de Dieu pour son bien et celui d’une multitude d’autres.

Pourquoi la souffrance ?

Les diverses afflictions ne sont pas seulement physiques ou mentales, elles sont pour le chrétien une épreuve de sa foi. D’ailleurs le mot grec pour épreuve est le même traduit par tentation. La souffrance suscite des questions difficiles et nous tente de mettre en cause la bonté de notre Dieu, et la véracité de ses promesses. Le psalmiste Asaph, se laissant envahir par l’amertume en voyant le bonheur des méchants, disait dans son moment de révolte : « C’est donc en vain que j’ai purifié mon cœur, et que j’ai lavé mes mains dans l’innocence. Chaque jour je suis frappé, tous les matins mon châtiment est là. » (Ps 73.13-14). Les Israélites du temps de Malachie disaient aussi cyniquement : « C’est en vain que l’on sert Dieu; qu’avons-nous gagné à observer ses préceptes, et à marcher avec tristesse à cause de l’Eternel des armées ? Maintenant nous estimons heureux les hautains; oui, les méchants prospèrent; oui, ils tentent Dieu, et ils échappent ! » (Mal 3.14-15).

Ces critiques demandent une réponse. En effet, qu’en est-il des promesses de Dieu qui nous assurent de sa protection et de sa provision face à tous nos besoins ? Si le chrétien peut souffrir autant que le non croyant, quel avantage de vivre pour lui ? La Parole de Dieu nous donne des affirmations précieuses face à ces questions.

-Premièrement, Dieu promet que nous ne serons jamais tentés (éprouvés) au delà de nos forces, mais en lui et par lui nous pouvons avoir la délivrance (1 Cor 10.13). David annonce clairement la différence entre la souffrance d’un croyant et celle d’un non croyant : « Le malheur atteint souvent le juste, mais l’Eternel l’en délivre toujours. Il garde tous ses os, aucun d’eux n’est brisé. Le malheur tue le méchant, et les ennemis du juste sont châtiés. L’Eternel délivre l’âme de ses serviteurs, et tous ceux qui l’ont pour refuge échappent au châtiment » (Ps 34.19-22). Ce passage n’est certainement pas une garantie contre le bris des os, mais la certitude que finalement le malheur n’est pas nocif pour le croyant, comme il peut l’être pour celui qui résiste à Dieu.

-En effet, le chrétien peut savoir que Dieu, « lorsqu’il afflige, il a compassion selon sa grande bienveillance ; car ce n’est pas volontiers qu’il humilie et qu’il afflige les fils d’homme » (Lam 3.32-33). Autrement dit, les épreuves que Dieu permet ne sont jamais vaines ou inutiles, même si elles sont pénibles. Comme les corrections d’un père sont la preuve de son amour pour son enfant, de même, l’affliction dans la vie d’un chrétien n’est pas simplement utile, mais nécessaire pour notre croissance en Christ (Héb 12.4-11). Notons brièvement ce à quoi la souffrance sert dans la vie d’un enfant de Dieu :

1. Elle produit en nous de la compassion pour les autres (2 Cor 1.4). Celui qui n’a jamais souffert ne saura pas compatir (souffrir avec) avec ceux qui souffrent.
2. Elle développe en nous le fruit de la persévérance (Jac 1.3 et Rom 5.3) et de la sainteté, sans laquelle personne ne verra le Seigneur (Héb 12.10,14)
3. Elle peut être l’occasion du salut éternel pour ceux qui voient votre témoignage (2 Cor 1.6). Un chrétien qui a de la joie malgré ses épreuves rend un témoignage très percutant. Alors sa souffrance n’est pas seulement pour lui, mais dans l’intérêt des autres.
4. Elle nous amène à voir plus clairement la fragilité de toute capacité humaine pour mieux nous confier en Dieu (2 Cor 1.8-9).
5. Elle est l’occasion pour les chrétiens de multiplier l’intercession et de mieux connaître l’œuvre de Dieu à travers la prière (2 Cor 1.11).
6. Elle est une médecine préventive contre l’orgueil dans notre cœur qui bloque l’œuvre de Dieu en nous (2 Cor 12.7).
7. Elle agit pour que le croyant meure à lui-même afin que Christ vive plus pleinement en lui et que la gloire revienne à Dieu (2 Cor 4.7-11).
8. Elle est donc nécessaire pour que notre foi, étant éprouvée, soit purifiée comme de l’or dans le four (1 Pi 1.6-7).

Ces vérités nous montrent que le chrétien peut vraiment affirmer avec David « Je reconnais, ô Eternel, que tes décrets sont justes : si tu m’as affligé, c’est par fidélité. » (Ps 119.75 Semeur). Toute véritable affliction est une source de tristesse, et elle peut être l’occasion d’une défaite si nous nous laissons gagner par l’amertume. Par contre, heureux l’enfant de Dieu qui peut dire, dans le fort de la tempête :

« Si l’Eternel n’était pas mon secours, mon âme serait bien vite dans la demeure du silence. Quand je dis: « Mon pied chancelle ! » ta bonté, ô Éternel ! me sert d’appui. Quand les pensées s’agitent en foule au-dedans de moi, tes consolations réjouissent mon âme » (Ps 94.17-19).


Quand l’épreuve frappe à notre porte, les « pourquoi » se multiplient dans notre esprit. L’Ecriture est remplie de récits de croyants qui, dans leurs douleurs, ont crié à Dieu pour exprimer leur désarroi et chercher secours et réconfort auprès de lui.

Le psalmiste, décrivant un temps d’adversité, s’adresse au Seigneur dans son désespoir : « Réveille-toi ! Pourquoi dors-tu Seigneur ? Réveille-toi ! Ne nous repousse pas à jamais ! Pourquoi caches-tu ta face ? Pourquoi oublies-tu notre misère ?…Lève-toi pour nous secourir ! Délivre-nous à cause de ta bonté » (Ps 44.24-27).

Job, dans sa détresse, s’écrie : « Pourquoi m’as-tu fait sortir du sein de ma mère ? Je serais mort et aucun œil ne m’aurait vu » (Job 10.18).

Joseph a été vendu par ses propres frères. En Egypte, il a subi un emprisonnement injuste. Moïse, en fuite devant le Pharaon, a passé des années dans le désert. David a connu de multiples détresses personnelles et familiales. Elie, le prophète de la solitude, a traversé de nombreuses épreuves. Le prophète Jérémie avait souffert le mépris, la persécution et la prison de la part de ses compatriotes. L’apôtre Paul a été assiégé par diverses épreuves (2 Cor 11.23-33). Aucune affliction ne lui a été épargnée.

L’histoire de l’Eglise nous apprend que les épreuves ont souvent atteint les chrétiens. Encore aujourd’hui, les diverses nouvelles de nos frères et sœurs dans le monde nous informent de leurs épreuves : accidents, maladies, persécutions, décès, chômage, dénouement, faim, conflits ethniques, etc.

Ce grand mystère de la souffrance ne fait-il pas partie intégrante « du mystère de Dieu qui s’accomplira au son de la trompette du septième ange » (Apoc 10.7) ? Comme nous connaissons en partie, nous savons que la souffrance a été imposée à cause de la désobéissance de nos premiers parents au jardin d’Eden (Gen 3). C’est une conséquence du péché. Le chrétien n’échappe pas aux difficultés, car il est encore dans son « corps humilié » (Phil 3.20-21), « en attendant l’adoption, la rédemption de son corps » (Rom 8.23-25). Le salut en Jésus-Christ n’est pas une exemption des épreuves terrestres.

Essayons de dégager quelques pistes pour comprendre les divers chemins de nos croix, de nos souffrances.

1. Le point de départ est que Dieu « est juste dans toutes ses voies et miséricordieux dans toutes ses œuvres » (Ps 145.17). Il ne se trompe jamais et il agit toujours en fonction de sa justice, de sa sainteté et de sa miséricorde. Dans son omnipotence et son omniscience, il a préparé d’avance notre naissance, notre vie nouvelle, notre cheminement avec ses joies, son lot de souffrances et notre entrée dans la gloire. Dans sa divine providence, il n’a jamais fait défaut à ceux qui le craignent.

2. Dans nos épreuves, il nous est parfois difficile de reconnaître « les voies du Dieu juste et miséricordieux ». Mais « nous savons du reste que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Rom 8.28). Quelles que soient l’intensité de nos douleurs et l’étendue de nos souffrances, jamais celles-ci ne sont pour notre mal. Le Seigneur permet nos souffrances dans un but précis : notre sanctification en vue de l’éternité. Nous en connaissons l’issue : la gloire éternelle avec le Seigneur Jésus-Christ. Mais nous ignorons encore pourquoi Dieu a dirigé les choses de telle ou de telle autre manière.

3. Dans toutes nos épreuves, souvenons-nous de cette déchirante exclamation du Seigneur à la croix du Calvaire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mat 27.46). Dieu a décidé pour l’amour de ses créatures humaines de livrer son propre Fils à la mort afin de porter nos péchés et de nous sauver. L’épreuve suprême a été celle de Jésus endurée à la croix.

4. Parfois nous ressemblons au psalmiste Asaph pour qui l’injustice, le mal, la souffrance étaient difficiles à comprendre. Il disait que « quand il a réfléchi là-dessus pour l’éclairer, la difficulté fut grande à ses yeux ». Il fallait donc qu’il dépasse le raisonnement humain pour « pénétrer dans les sanctuaires de Dieu » (Ps 73.16-17). C’est alors qu’il a commencé à comprendre que « les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous » (Rom 8.18). Il faut entrer dans l’intimité du Seigneur pour comprendre quelque peu le but éducatif d’un Père aimant et miséricordieux envers ses fils. Les épreuves du chrétien sont donc bien plus éducatives que punitives. Mais l’objectif divin sera toujours notre préparation à la gloire.

5. Dans toutes nos diverses épreuves, nous pouvons à coup sûr toujours compter sur la fidélité de Dieu et sur la victoire finale, car « rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ » (Rom 8.35-39). Pas même la mort ne le pourra, et cette dernière ne restera qu’une servante pour nous amener vers le triomphe final auprès du Seigneur !

6. Seriez-vous en butte au découragement, à la tentation de la révolte ou de la résignation ? La maladie vous aurait-elle atteint ? Un être cher vous aurait-il été ravi par la mort ? Une autre épreuve vous ferait-elle douter de Dieu et de sa miséricorde ? Un magnifique texte m’a fait beaucoup de bien l’autre jour : « Quiconque marche dans l’obscurité et manque de lumière, qu’il se confie dans le nom de l’Eternel, et qu’il s’appuie sur son Dieu ! » (Es 50.10). Il y a des moments dans nos vies où tout semble obscur, triste, désespérant. La seule lampe que nous ayons alors pour nous éclairer et nous encourager reste l’incontournable et incomparable Parole de Dieu (Ps 119.105), notre véritable « psychiatre » qui remet nos âmes d’aplomb. Remplaçons nos doutes par une confiance, une foi déterminées en Dieu. Pierre rejoint le prophète Esaie en nous exhortant à « résister au diable avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à nos frères dans le monde » (1 Pi 5.9).

7. Puis restons confiants en notre cher Seigneur. N’est-il pas notre divin Berger qui « cherchera la brebis qui était perdue, ramènera celle qui était égarée, pansera celle qui est blessée et fortifiera celle qui est malade » (Ez 34.16). Faisons-lui entière confiance dans ses tendres soins. Il saura nous consoler, fortifier, renouveler en rafraîchissant nos âmes. L’apôtre Paul, après avoir supplié Dieu à trois reprises de le guérir a dû apprendre, pour son bien, que la grâce du Seigneur lui suffit et que sa puissance s’accomplit dans la faiblesse (2 Cor 12.7-10). Pas de guérison pour lui, mais la grâce du Seigneur. En revanche, Epaphrodite, son compagnon d’œuvre, malade et tout près de la mort, avait été guéri (Phil 2.25-27). Les voies de Dieu sont justes mais différentes pour chacun, et nous demandons au Seigneur de nous soumettre humblement à sa volonté. C’est Lui seul qui sait le mieux ce qu’il nous faut pour nous préparer au bonheur éternel avec le Seigneur.

8. Alors reprenons courage selon ce beau texte d’Esaïe qui restera une pièce-maîtresse de grandeur, de miséricorde et de tendre sollicitude divine envers ceux qui se confient en lui dans les circonstances difficiles :

« Pourquoi dis-tu Jacob, pourquoi dis-tu Israël : ma destinée est cachée devant l’Eternel, mon droit passe inaperçu devant Dieu ? Ne le sais-tu pas, ne l’as-tu pas appris ? C’est le Dieu d’éternité, l’Eternel, qui a créé les extrémités de la terre ; il ne se fatigue point, il ne se lasse point ; on ne peut sonder son intelligence. Et il donne de la force à celui qui est fatigué, et il augmente la vigueur de celui qui tombe en défaillance. Les adolescents se fatiguent et se lassent, et les jeunes hommes chancellent ; mais ceux qui se confient en l’Eternel renouvellent leur force. Il prennent leur vol comme les aigles ; ils courent et ne se lassent point, ils marchent et ne se fatiguent point. » (Es 40.27-31).


Marie SALIN, 18 ans, étudiante en première année de DEUG d’anglais à l’Université, a passé par une terrible épreuve en 2003. Chrétienne, elle trouve aujourd’hui la force d’en parler, et de regarder vers l’avenir sans amertume, mais avec foi et honnêteté.

« Prenez courage, tenez bon… car le Seigneur votre Dieu marche lui-même avec vous. » (Deut 31.6)

J’ai perdu mon père, disparu dans des circonstances tragiques puisqu’il a lui-même mis fin à ses jours. Un peu plus d’une année s’est passée depuis, et j’ai toujours beaucoup de difficultés à mettre des mots sur ce que je ressens au plus profond de moi, la blessure étant là…

Deuxième d’une famille de cinq enfants, j’ai grandi dans la connaissance du Seigneur, mes parents étant des chrétiens engagés. A mon tour, j’ai voulu rendre mon engagement public par le baptême le 24 novembre 2002. Bien que consciente que vivre pour Dieu puisse être dur et exigeant, j’étais persuadée que ce choix était le meilleur. J’étais cependant loin d’imaginer que nous allions endurer une épreuve aussi terrible à peine quelques mois plus tard.

En effet, ce 19 mars 2003 marque le début d’un grand chamboulement. La mort de mon père a réellement été un choc pour nous, mais aussi pour toutes les personnes qui le côtoyaient de près ou de loin. Il nous fallait donc continuer le chemin sans lui, un chemin qui peut sembler si long… Cependant, le Seigneur nous a bénis, et je croyais en cette parole de Malachie 3.6 qui dit : «Car c’est moi l’Eternel, et je n’ai pas changé ». Quelque temps après les obsèques, une amie qui se dit athée a reconnu que ma « foi était utile ». Et, c’est vrai, j’ai la conviction que le Seigneur est là, pour moi, pour ma famille, comme un Père qui aime ses enfants et veille sur eux… Il nous l’a démontré à maintes reprises. Dieu a aussi entouré maman, lui a donné – et lui donne le courage d’aller de l’avant. C’est un immense défi qu’elle doit relever chaque jour. Je lui rends ici hommage.

Je sais que Dieu ne me demande pas d’être reconnaissante pour les situations négatives, mais il me met au défi de trouver des raisons de l’être, même dans les pires combats.

La preuve d’amour que le Seigneur nous a donnée à la croix m’aide à comprendre la profondeur de ce sentiment de reconnaissance qui transforme mon cœur. Oui, les circonstances sont difficiles, mais parce que j’ai un Seigneur qui se soucie de chaque aspect de ma vie et de celle de ma famille, j’ai l’assurance que je ne suis pas seule dans les difficultés.

« Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, manifesté en Jésus-Christ. » (Rom 8.39). Amen !


L’auteur, marié et père de deux enfants, a été professeur à l’Institut Supérieur Théologique de Bunia, en République Démocratique du Congo. Il a dû fuir avec sa famille les combats inter-ethniques meurtriers qui font rage dans la région. Nous lui sommes reconnaissants pour ce message de paix et de réconciliation que l’Eglise du Christ doit proclamer et vivre au sein d’un monde en quête de paix.

Ces dernières années, les conflits dans le monde connaissent une flambée vertigineuse. Presque chaque continent est touché, et l’Afrique plus que les autres : nos pays doivent faire face à de sérieux problèmes dus aux multiples révolutions armées et guerres civiles. L’Ituri, une région située au nord-est de la République Démocratique du Congo, n’y fait pas exception. Les causes de ces conflits sont diverses, entre autres, ethniques.

Ces conflits ont des conséquences dramatiques et laissent des blessures qui font logiquement souffrir, provoquant la colère, la rancune, voire même la vengeance. Chacun cherche à faire soi-même justice. La situation que nous vivons en Ituri actuellement est telle que si une personne tue son prochain, les membres de famille de la victime cherchent alors à se venger en tuant deux personnes de la famille du meurtrier. Il est même arrivé que les habitants d’un village incendient un village appartenant aux gens d’une tribu rivale, et que pour se venger, les habitants du village sinistré incendient à leur tour plus d’un village.

L’engrenage est facile à constater. Le Docteur Fred Beam dit à ce propos : « Il ne faut pas être extraordinaire pour constater que les gens nous font du mal. C’est ce mal qui est rappelé et qui sert de germe pour la guerre et le conflit. On considère que le mal qu’on nous fait justifie nos actes de représailles. » 1

Le conflit ethnique constitue l’une des réalités africaines, et ses conséquences sont très alarmantes : la société aussi bien que l’Eglise, croyants et incroyants, sont tous négativement affectés. Quelle réponse chrétienne pertinente donner face à un tel défi ? Dans ma réflexion, je poursuis trois buts :

o faire comprendre l’étendue et les enjeux des conflits auxquels nous devons faire face ;
o montrer que ces conflits, loin d’honorer Dieu, empêchent toute forme de progrès ;
o exhorter les chrétiens à devenir actifs dans la recherche d’une solution durable plutôt que d’être pessimistes et passifs.

I. LE CONFLIT ETHNIQUE

La vie quotidienne engendre de nombreuses tensions entre individus ou groupes de personnes. Lorsque celles-ci ne sont pas acceptées, gérées et réglées, elles peuvent dégénérer en conflits violents. Certains de ces conflits sont d’ordre ethnique ou tribal.

Lorsqu’il y a conflit, la volonté de Dieu est que l’homme se repente et qu’il y ait la paix (Héb 12.14). Le seul moyen efficace pour rétablir la paix parmi les hommes reste la réconciliation. C’est dans ce contexte que Packer déclare : « L’âme humaine a été créée de sorte qu’elle ne peut trouver satisfaction et repos dans les seules choses matérielles et tangibles. Sans la réconciliation avec Dieu, sans harmonie avec le plan divin, l’homme ne peut acquérir la joie du salut et la paix avec Dieu et les hommes » 4.

Dieu veut nous confier le ministère de la réconciliation. Il fait de nous les ambassadeurs de Christ, qui supplient les hommes en tous lieux d’être réconciliés avec lui (2 Cor. 5.18). Dieu n’aime pas les conflits qui divisent la société, et encore moins ceux qui divisent la communauté chrétienne.

II. UNE REPONSE CHRETIENNE AU CONFLIT ETHNIQUE

« Vous êtes le sel de la terre … », dit le Seigneur (Mat 5.13). Une question primordiale s’impose : quel rôle l’Eglise est-elle en train de jouer pour la reconstruction des murs écroulés de l’Afrique ?

Le défi africain est plus spirituel qu’ethnique, politique ou économique. La situation de l’Afrique présente à l’Eglise en Afrique, comme à l’étranger, un défi et une opportunité. Ainsi, il est temps que l’Eglise y réponde, et d’une manière décisive, de peur que l’ennemi ne continue à gagner du terrain. Nous sommes appelés à présenter au peuple africain tout le conseil de Dieu : un message de réconciliation, d’humilité, de pardon, d’amour.

1. Un Message de réconciliation

Par « réconciliation » nous comprenons l’action de rétablir accord, harmonie et amitié entre deux personnes brouillées. Bref, c’est le retour à l’état premier, au point de départ.5

La mission principale de Jésus-Christ dans le monde était une œuvre de réconciliation avec Dieu. De même, nous devrions viser la réconciliation des perdus avec leur Sauveur, car c’est là le fondement de la stabilité aux divers échelons de la société. La Parole de Dieu est claire à ce sujet ; elle déclare : « Mieux vaut un morceau de pain sec, avec la paix, qu’une maison pleine de viandes, avec des querelles ».6 Jésus a dit : « Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ».7

La réconciliation constitue le message central de l’Evangile de Jésus-Christ. L’apôtre Paul déclare : « Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie ! »8. C’est seulement sous la croix de Jésus-Christ que les Hemas peuvent être réconciliés avec les Lendus, les Lendus avec les Biras, les Nyaris avec les Lendus, les Hundes avec les Banyamulenges9, les Tutsis avec les Hutus, etc.

Voilà la tâche que le Seigneur nous a donnée. On s’en décharge trop facilement sur les autorités ou sur les organisations séculières. Aussi longtemps que l’Eglise de Christ ne s’applique pas à chercher la paix, chaque membre s’y engageant en particulier, l’unité de l’Esprit sera difficile à démontrer. Celui qui veut la paix cherchera comment apaiser toute sensibilité blessée et tout sentiment ulcéré10. Le peuple de Dieu n’a pas besoin d’être blessé. Jésus a déjà été blessé pour lui.

2. Un message d’humilité

C’est par manque d’humilité que de nombreux problèmes surgissent dans nos sociétés et se transforment en conflits. Or, la Bible nous invite à l’humilité. En Rom 12.16 nous lisons : « Ayez les mêmes sentiments les uns envers les autres. N’aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble… ».

Il n’y a point d’amour qui n’ait pour racine l’humilité. Paul dit aux Ephésiens : « Je vous exhorte donc … à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec amour ».11 Cette même exhortation est donnée aux Philippiens (cf. Phil 2.1-11).

Ainsi, nous voyons combien l’humilité nous fera supporter les faiblesses les uns et des autres. Elle conduit les chrétiens à la repentance et à l’amour. Elle empêche les disputes et la vaine gloire. L’humilité nous aide à vivre ensemble, sans être divisés. Quelle excellente réponse au conflit ethnique !

3. Un message de pardon

Le « pardon » est le fait d’accorder l’amour à celui qui nous a offensé. Il est un don d’amour gratuit, une grâce. C’est une libération sans caution : celui qui pardonne renonce à ses droits et refuse la vengeance. Il offre l’amour quand l’ennemi s’attend à la haine, il ne tient pas rigueur des fautes passées. Le pardon restaure le présent, nous guérit pour l’avenir et nous libère du passé.12

D’une part, nous sommes dans l’obligation de demander sincèrement pardon à celui que nous avons offensé. D’autre part, nous devons d’accorder le pardon à notre frère, selon l’ordonnance du Seigneur en Marc 11.25 : « Et, lorsque vous êtes debout faisant votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos offenses. » Une attitude de pardon est essentielle pour que notre prière soit efficace (Matt 6.12).

Lorsque Pierre demande à Jésus : « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? » Jésus réplique : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois »13. Ceci implique qu’aucune limite ne devrait être fixée dans le pardon. Dieu qui pardonne nos offenses ne tient pas compte de nombre de nos fautes : autant de fautes, autant de pardons. Paul reprend une exhortation de ce genre aux chrétiens d’Ephèse (Eph 4.32). Voilà encore une réponse pertinente face au défi des conflits ethniques.

4. Un message d’amour

L’amour est la base de toute entreprise de réconciliation. L’amour de Dieu n’est pas limité à quelques-uns, mais ce précieux don est offert au monde entier (Jean. 3.16). Nos sociétés et nos églises africaines actuelles sont en proie aux conflits ethniques à cause d’un amour orienté vers certains groupes au détriment d’autres groupes. Un tel amour est à proscrire, car il n’est pas de Dieu.

L’amour chrétien consiste à donner sa vie pour l’autre plutôt que de la lui enlever (1 Jean 3.16). Un tel amour est patient et n’entretient aucune pensée vengeresse, même lorsqu’il est maltraité. Il fait preuve de retenue, de maîtrise de soi face à la provocation.

III. CONCLUSION

Le continent africain doit faire face à de nombreux problèmes, dont celui du conflit ethnique. Or, ces défis entravent le progrès, il est donc temps de nous ‘lever et de bâtir’. En tant qu’ambassadeurs de Christ, nous sommes appelés à défendre la cause de son gouvernement : nous sommes appelés à transmettre fidèlement et dans toute sa richesse l’Evangile de notre Maître.

Dans un monde comme celui-ci, déchiré par les conflits, nous sommes conviés à proclamer un message de paix, de réconciliation, de pardon, d’humilité et d’amour manifestés en Jésus-Christ, le Prince de la Paix. La division, le tribalisme, la haine, les conflits n’ont pas de place dans le témoignage chrétien. C’est ainsi que l’Eglise aura joué son rôle fondamental : celui de transformer le monde. Elle aura réellement été le sel de la terre et la lumièredu monde.

Face à ce défi, que l’Eglise ne se laisse pas distraire ; qu’elle ne fléchisse pas, laissant l’avantage à Satan. Gloire à Dieu car nous n’ignorons pas ses desseins !

1 Fred Beam, "Combien coûte l’emprisonnement?" in Servir (Alexendra Park, Bristol, Angleterre: AIM International, Mars Avril 2001).
2 J.F. Collange, L’Intolérance et le droit de l’autre (Genève: Labor et Fides, 1992), p.75.
3 Jacques & Claire Poujol, Les Conflits : Origine, évolutions, dépassement(La Bégude de Mazenc, France: éd. Empreinte, 1989), p.13.
4 J.I. Packer, La Volonté de Dieu (Paris: éd. La Voix de l’Evangile, s.d.), p.17.
5 Fédération Protestante d’Haïti, Urgence et exigence de la réconciliation(Port-au-Prince, Haïti, 1994), pp.22-23.
6 Prov. 17.1, cp. 15.17.
7 Matt 5.9.
8 Rom 5.10.
9 Les Hemas, les Lendus, les Nyaris, les Hundes, les Banyamulenges sont des ethnies que l’on retrouve au nord-est de la République Démocratique du Congo.
10 E.A. Nida, Coutumes et cultures anthropologiques pour mission chrétienne (Neuchatel : éd de Groupes Missionnaires, 1978), p.101.
11 Éph 4.1-2.
12 F.P.H., Urgence et exigence de la réconciliation, p.29.
13 Mt. 18.21-22.


La République Démocratique du Congo (RDC) connaît la guerre civile depuis 1998. Les armées étrangères (Ouganda, Rwanda et Burundi) sont alors entrées à l’Est du Congo pour essayer de renverser feu le président Laurent-Désiré Kabila. Leur tentative de renversement du pouvoir a échoué. Dans l’Est du pays (la région occupée par les opposants à Kabila), d’autres petites rébellions se sont encore manifestées, se dressant les unes contre les autres, bien que toutes sous le patronage des armées soit ougandaise (dans la région de l’Ituri), soit de la coalition burundo-rwandaise (dans la région du Nord-Kivu et Sud-Kivu). En Ituri, cette crise politique a fait renaître le conflit ethnique entre les Lendus (tribu majoritaire formée essentiellement de cultivateurs) et les Hemas (tribu minoritaire formée essentiellement d’éleveurs). Ma famille appartient à la tribu Hema.

Bref, la situation était empoisonnée. Ce désordre politique a fait beaucoup de victimes, surtout entre les Hemas et les Lendus. De part et d’autre, les pertes en vies humaines et en dégâts matériels furent incalculables.

La situation a atteint son paroxysme le 6 mars 2003, quand des bandes sont entrées dans la ville de Bunia. Cette incursion tourna vite en chasse à l’homme, et beaucoup de gens sont morts ce jour-là. Avec ma famille, nous avons échappé de justesse, tandis que d’autres étaient tués, et que des maisons et magasins étaient systématiquement pillés et brûlés. La maison que nous habitions a été littéralement pillée et saccagée. Tout a été détruit ou emporté, y compris mes livres et des copies de Promesses. Je n’ai conservé que quelques livres de mon bureau à l’ISTB2.

Heureusement, juste un jour avant le drame, j’avais réussi à évacuer ma famille et nous avions trouvé refuge ailleurs. J’avais pu emporter mes diplômes, ma Bible, et quelques petites affaires. Mais surtout, nous avions eu la vie sauve.

J’ai appris ultérieurement que les assaillants étaient venus plusieurs fois me chercher par mon nom à mon ancien domicile. Ils voulaient tout simplement me tuer ainsi que toute ma famille.

Ils avaient sérieusement menacé mon voisin croyant, l’accusant de me cacher! Mais grâce à Dieu, sa vie fut épargnée. Quand je repense au mal que les hommes se sont fait les uns aux autres lors de ces journées, les larmes me coulent des yeux d’elles-mêmes, sans que j’en aie tout de suite conscience. Mais Dieu est grand, et je le loue du fond de mon cœur car sa bonté est manifeste dans la mesure où quand le trouble vient, Il est le refuge, et Il connaît ceux qui se confient en Lui (Nah 1.7).

Mais ce 6 mars, alors que les balles retentissaient çà et là, et que les assaillants entraient dans les maisons, nous avions déjà quitté cet endroit avec ma famille pour chercher un nouveau refuge. Avec la famille d’un étudiant, nous avons passé là trois semaines, toujours dans la crainte d’attaques éventuelles ou d’enlèvement.

Notre secrétaire de direction, ainsi que sa mère, furent lâchement assassinées après le pillage de leur maison dans l’enceinte de la propriété de l’ISTB. Avant de m’enfuir de mon nouveau refuge, j’avais suspendu ma jaquette contre un mur. Curieusement quelques balles furent tirées dans ma chambre, détruisant la jaquette en question. Je me suis souvent imaginé que notre sœur en Christ et sa mère étaient mortes pour que j’aie la vie sauve, mais Dieu ne m’a jamais confirmé cette hypothèse.

Comme la situation continuait à empirer, nous avons jugé utile de nous réfugier à Kampala. Dieu nous ouvrit le chemin le 21 mars 2003. C’était le seul salut pour les rescapés Hemas de cette époque.

Malgré la profondeur du traumatisme que nous avions vécu, nous avons toujours prié que Dieu nous ouvre les portes pour continuer les études. A vrai dire, je n’étais pas sûr que ce serait la même année. Eh ! bien, Dieu nous a surpris ! Voilà qu’il vient de nous ouvrir les portes de la NEGST3. Il faut reconnaître que le défi matériel est là, car nous ne bénéficions pas de bourses pour étudier ici ! Mais jusqu’à ce jour, la grâce de Dieu a pourvu !

En dépit de la tragédie que ma famille a traversée, nous louons Dieu, car c’est lui seul qui nous aide à évacuer tout ressentiment et toute amertume à l’égard de quiconque. C’est l’affaire du Seigneur, lui qui a dit: "A Moi la justice, à Moi la rétribution". Il saura au temps opportun agir comme Il l’entend selon sa volonté divine.

Nous avons passé à Limuru deux jours de retraite spirituelle bien nécessaire, Jeannette et moi4. Nous essayons d’aider nos enfants à oublier tout ce passé amer, mais nous sommes étreints quelques fois, lorsque les enfants en font mention dans leurs prières pour la situation à Bunia et spécialement pour les membres de nos familles et amis qui y sont restés.

1 L’auteur a été professeur à l’Institut Supérieur Théologique de Bunia, en République Démocratique du Congo. Il est marié à Jeanette. Ils on deux filles, Grâce et Georgine. Voir son article dans ce numéro Une réponse chrétienne aux conflits ethniques.
2 L’Instutut Supérieur Théologique de Bunia.


Questions pour faire le point

Comment l’injonction « Repentez-vous », qui retentissait si souvent dans la prédication de Jésus, se traduit-elle concrètement dans ma vie ? Cette conversion décisive dans le domaine de la mentalité, de la pensée, avec ses répercussions profondes sur la personne tout entière, s’inscrit-elle dans mon expérience personnelle ? (Voir Col 1.20-21 ; lire aussi le magnifique texte d’Ez. 36.25-27.)

Suis-je encore chargé de péchés non mis en lumière, non reconnus, non confessés au Seigneur et délaissés à la Croix ? Je me souviens ici de la douloureuse expérience de David et de sa délivrance, dont il témoigne dans le Ps 32. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice » (1 Jean 1.9).

Suis-je animé d’un esprit de pardon, ou les ressentiments, la haine, l’amertume distillés par mon moi orgueilleux, empoisonnent-ils mon cœur actuellement ? Ai-je lâché la corde de la rancune ? Ai-je pris la ferme décision de ne plus autoriser mon esprit à coopérer avec les mauvaises pensées que je cultivais avant de pardonner ? (Voir Mat 6.12).

Ai-je consacré mon être entier à mon Sauveur et Seigneur en réponse à son grand amour pour moi ? Mon corps, mes forces et toutes mes facultés sont-ils à son entière disposition ? Ai-je mis « ma tête sur l’autel » ? (Voir Rom 12.1-2 ; Lév 1).

Suis-je aux prises avec la pieuvre de l’apitoiement sur soi, ce fléau destructeur qui fait de moi une personne amère, aigrie, cynique, se posant constamment en victime, gémissant, murmurant, accusant… ? Ai-je pris la ferme décision de cesser dès aujourd’hui de m’y complaire en changeant la direction de mon regard ? « Regarde en haut ! » Je me souviens de la « pitié de soi » de Jonas déprimé (ch. 4) et de sa prière salutaire dans le ventre du grand poisson (ch. 2).

Suis-je enivré par les charmes trompeurs de la délectation morose, aimant qu’on me plaigne, me complaisant dans l’exposé détaillé et répétitif de mes malheurs et refusant délibérément de quitter mon état de découragement ? Ai-je peur de perdre ma cour de pleureuses professionnelles assidues… ? Est-ce que j’entends le Seigneur Jésus me dire d’une voix forte : « Lève-toi et sors de ton tombeau ! » (Luc 8.52-55). Quelle est ma réponse ?

Suis-je décidé à faire aujourd’hui « un pacte avec mes lèvres », me refusant à parler continuellement de mes misères et de tout ce qui ne va pas pas en ce bas monde ? Vais-je désormais m’appliquer à développer et cultiver un esprit de reconnaissance qui trouve son plaisir dans l’énumération joyeuse des innombrables bienfaits de Dieu ? De quelles fleurs nouvelles vais-je embaumer le jardin de mon cœur ? De quelles « pensées » de qualité les parterres de mon esprit seront-ils ensemencés ? (Voir Phil 4.5-9)…

Ai-je pris la ferme décision de refuser dès maintenant le découragement puisqu’il vient du « démoralisateur », de « l’accusateur » ? Pour entrer concrètement en résistance, suis-je résolu à cesser d’écouter mon âme et à lui donner des ordres autant de fois que nécessaire afin qu’elle s’ancre solidement dans le Dieu de mon salut ? (Voir Ps 42 – 43).

Jésus-Christ est-il concrètement Seigneur de ma vie dans l’usage de ce que je fais de la télévision ? des vidéos ? des cassettes et CD ? d’internet ? etc. De quel genre de littérature mes pensées se nourrissent-elles ? Que ferait Jésus à ma place ? « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Cor 10.31 ; lire aussi 6.12 ; 10.23).

Ai-je supprimé, dans mon lieu de vie, tout ce qui me rappelle de mauvais souvenirs et me tire en bas ? Ai-je fait le ménage dans mes armoires, mes tiroirs, mes archives, mes classeurs ? Me suis-je débarrassé de certaines lettres au contenu malsain ? Des photos qui empoisonnent mes pensées ? D’objets qui m’emprisonnent dans mes drames et dans mes péchés d’hier et d’avant-hier ? (Lire Act 19.18-19).

Quelle place la contemplation du Seigneur, d’un bout à l’autre de sa Parole, merveilleux antidote au découragement, occupe-t-elle dans mon programme quotidien ? (Voir Lam 3.19-25). Mais où ai-je donc bien pu ranger la harpe qu’Orphée m’a laissée pour m’aider à exalter sans cesse la beauté parfaite de mon Roi ?

Et pour terminer, une pensée précieuse : « Ne doutez jamais dans l’obscurité de ce que Dieu vous a révélé dans la lumière » (V.R. Edman). Ces jours-ci, je veux prendre le temps de repasser dans ma mémoires les nombreuses interventions de mon Dieu fidèle et miséricordieux en ma faveur tout au long des années écoulées.

« Pour moi, je regarderai vers l’Eternel. Je mettrai mon espérance dans le Dieu de mon salut ; mon Dieu m’exaucera. Ne te réjouis pas à mon sujet, mon ennemie ! Car si je tombe, je me relève ; si je suis assise dans les ténèbres, l’Eternel est ma lumière » (Mich 7.7-8).


Edition 2003 : La Maison de la Bible, Chemin de Praz-Roussy 4bis, CH-1032 Romanel-sur-Lausanne (Suisse) et B.P. 19, FR-69813 Tassin (France) ; 382 pages

L’auteur nous gratifie d’une méditation sur le découragement et le chemin biblique pour en sortir. A partir de l’analyse du cheminement d’Elie dans le récit d’1 Rois 19, il tire des leçons pratiques à l’aide de nombreuses illustrations, récits et citations.

Nous y avons trouvé une grande richesse de réflexions, de conseils et d’exhortations pour sortir du découragement. Les chapitres abordent le mécanisme de nos pensées, la description et les conseils bibliques pour nous libérer de cette spirale de l’apitoiement sur soi, ou de l’indiscipline des pensées, des vieux griefs qui mènent au découragement et à la résignation.

Nous nous réjouissons de ce que l’auteur ait proposé une voie différente de celle de la psychologie humaniste. Celle du retour à la Parole de Dieu, capable d’opérer une cure d’âme profonde et de faire naître aussi bien la repentance que la foi en Christ.

Voici un court résumé de l’ouvrage que nous recommandons vivement :

Préface:

Elle est biographique, et retrace les expériences de la jeunesse de l’auteur.

Partie I: De la victoire au désespoir

Après avoir campé le personnage d’Élie, l’auteur examine comment des hommes découragés ont surmontés leur passage à vide. Suit un survol de l’histoire du temps d’Omri et d’Achab. Élie est menacé de mort par Jézabel. Sa fuite et son découragement sont mis en parallèle avec une dépression spirituelle d’Hudson Taylor. Élie s’apitoie sur lui-même au lieu de regarder en haut. Il est pourchassé à l’exemple de David. Plusieurs autres exemples suivent.

Tout vient du cœur, qui doit être changé. Ne nous laissons pas envahir par le doute. Les pensées doivent être disciplinées. Il faut vaincre les vieux griefs et saisir l’importance du pardon. L’exemple de Jésus à la croix nous est rappelé. Passons donc des murmures à la foi.

Partie II: Du désespoir à l’espérance

Après la victoire, il y a l’échec. Comment le maîtriser ? Nous devons rester attentifs à la valeur corrective des défaites. Élie fuit, à bout de souffle; Satan l’attaque. Mais Dieu pourvoit dans sa grâce par la nourriture et le repos pour le corps. Il faut écouter Dieu au lieu de s’écouter soi-même. Élie se vante: "Après tout ce que j’ai fait pour toi!" (répété…). Puis il fait 40 jours de marche, fort de la nourriture reçue. Il reçoit une révélation inattendue de Dieu: après le feu du Carmel, le "doux murmure" dans la caverne. Élie se croit toujours le seul encore fidèle à Dieu, mais il y en a 4000! Dieu lui annonce son successeur et l’envoie en mission. Il doit oindre comme rois Hazaël et Jéhu. Étonnant, quand on sait le mal qu’ils ont fait! C’est que Dieu est le Maître absolu de l’Histoire.

Le Dieu de grâce ne fait pas de reproches à Élie. Il est avec lui et fait couler des fleuves dans la solitude. Dans sa grâce, il rectifie la manière de voir d’Élie. Ce dernier sort de son isolement avec verve et se découvre aimé de Dieu. Élie ignorait qu’Élisée allait inaugurer un temps de grâce.

Conclusion: ce livre illustre, comment Dieu nous accompagne dans le découragement et nous en sort dans sa grâce surabondante. Une lecture tonifiante et reconstituante.

Jean-Pierre SCHNEIDER


LA CINQUIEME BEATITUDE

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde »
Matthieu. 5.7

Il y a une progression logique dans l’ordre des béatitudes: chacune mène un pas plus loin. La 5e béatitude présuppose les quatre précédentes.

Chaque béatitude caractérise le chrétien d’une manière particulière. Une fois de plus, l’accent principal est placé sur ce qu’il est en priorité sur ce qu’il fait. Le faire découle de l’être. Le chrétien représente un certain type de personne.

Non pas: Pour être un bon chrétien, je dois m’appliquer à suivre les enseignements de Jésus et des apôtres.

Mais: Parce que je suis chrétien par la nouvelle naissance, le Saint-Esprit peut opérer en moi le vouloir et le faire.

Paul le dit succinctement: Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi (Gal 2.20). C’est lui qui a le contrôle de ma vie. Le Saint-Esprit habitant en moi est au centre de mon être; il agit au centre de ma personnalité. Nos activités sont le résultat de notre nouvelle nature reçue de Dieu par le Saint-Esprit. Nous manifestons quel est l’esprit qui nous anime par notre manière de réagir aux sollicitations de notre entourage.

Est-ce que je pardonne ?

La question que nous pose cette béatitude est: suis-je miséricordieux? est-ce que je fais grâce? Est-ce que je pardonne ?

La source du pardon est le pardon reçu de Dieu. Et pourquoi Dieu veut-il nous pardonner? A cause de sa compassion; parce qu’il a pitié du pécheur.

Être miséricordieux signifie donc: avoir pitié et pardonner. Un exemple bien connu est le bon Samaritain. Les autres n’avaient pas pitié, et s’ils avaient pitié, ils n’ont rien fait. Le Samaritain, lui, a agi.

Je prétends que le chrétien qui ne veut (il dira qu’il ne peut) pas pardonner est un faux chrétien. Le vrai chrétien aura passé par les étapes précédentes:

1. pauvre en esprit (il se sait incapable par lui-même)
2. affligé par son état de péché (ce qui l’a mené à la conversion)
3. humble et doux par l’action du Saint-Esprit
4. cherchant la justice (produisant la sanctification)
5. prêt à pardonner

Ce qui fait problème: ils obtiendront miséricorde (= il leur sera pardonné).

Le "Notre Père" offre un parallèle: « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».

Cela peut nous mener à une fausse compréhension: si je pardonne, Dieu me pardonnera; sinon, il ne me pardonnera pas.

La parabole du serviteur impitoyable de Mat 18.23-35 semble confirmer cette fausse compréhension, surtout par le dernier verset: « C’est ainsi que votre Père céleste vous traitera si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur ».

Si nous supposons que Dieu ne nous pardonnera que si nous pardonnons de notre côté, nous annulons toute la doctrine de la grâce, et personne ne serait sauvé.

Je vois deux réponses possibles au problème que cela soulève, l’une dans le présent, l’autre d’ordre eschatologique.

Dans le présent

Le verset 33 de la parabole évoquée peut nous aider: « Ne devais-tu pas avoir pitié de ton compagnon, comme j’ai eu pitié de toi ? » Dieu a eu pitié de moi quand je me suis repenti, comprenant que je ne méritais que la punition pour ma constante révolte contre ses commandements; par nécessité, je vais pardonner à ceux qui me font du mal. Au fond, du moment où je me vois comme Dieu m’a vu, foncièrement mauvais, et pourtant m’a pardonné, personne ne devrait plus pouvoir me blesser ni m’insulter "à mort", comme on dit. Qu’ai-je mérité de mieux?

Je vous rappelle la réaction de David quand Chimeï l’insulta et lui lança des cailloux, comme le rapporte 2 Sam16.5-12. David a réagi en vrai chrétien (un homme selon le coeur de Dieu!). David dit en fait: "Cela vient de Dieu, je n’ai pas mérité mieux." Pourquoi dit-il à Abichaï: « Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Tsérouya ?» (Il s’agissait de lui, Joab et Asaël.) David était animé par un autre esprit; le chrétien n’a que faire de la réaction violente des autres. Il s’en différencie, comme le chrétien des incrédules.

Le chrétien sait que les méchants sont les dupes et les victimes de Satan, et il en a pitié, tout en abhorrant leurs crimes. Il sait qu’il serait comme eux si ce n’était pour la grâce de Dieu. Il peut leur pardonner le mal qu’ils lui ont fait.

Les paroles de Jésus résonnent à travers les siècles: « Pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Satan les y a poussés. Etienne, lapidé pour avoir rendu témoignage à Jésus, dit de même. Il savait que le péché les avait rendus fous de rage, obnubilant leurs pensées au point de ne pas voir en Etienne un saint et de ne pas pouvoir être tenus responsables. De là la prière de leur pardonner.

Je cite encore David: « Si j’avais vu de la fraude (de l’iniquité) dans mon coeur, le Seigneur ne m’écouterait pas » (Ps 66.18). Si je ne pardonne pas à mon frère, je peux bien demander à Dieu de me pardonner, mais puis-je alors avoir l’assurance qu’il m’écoutera?

Aspect eschatologique

« Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la famille d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé et il n’a pas eu honte de mes chaînes… Que le Seigneur lui donne d’obtenir miséricorde en ce Jour-là.. ».(2 Tim 1.16-18). Quel jour? Celui dont écrit Paul aux Corinthiens: « Il nous faut tous comparaître devant le tribunal du Christ, afin qu’il soit rendu à chacun d’après ce qu’il aura fait dans son corps, soit en bien, soit en mal » (2 Cor 5.10). J’aurai donc aussi à rendre compte de mon refus à pardonner, qui figurera parmi les actions faites en mal. J’aurai alors besoin de toute la miséricorde de Christ. Dieu soit loué que nous obtiendrons grâce en mesure où nous aurons fait grâce.

Ceci ne remet pas en question le pardon reçu par Dieu une fois pour toutes lors de notre conversion. Car le tribunal de Christ ne décidera pas de notre sort éternel: il a été décidé au jour de notre nouvelle naissance. Mais il aura une incidence sur la récompense que le Seigneur pourra m’accorder.

Si je ne suis pas miséricordieux, si je n’ai pas de compassion pour ceux perdus dans l’amertume, qui se débattent dans une rage impuissante; si je ne pardonne pas à ceux qui m’ont lésé d’une manière ou d’une autre, je n’ai probablement jamais compris la grâce et la miséricorde que Dieu a exercées à mon égard. Il faudrait alors se demander si, à son avènement, je devrai avoir honte devant lui (1 Jean 2.28).

Résumons…

La grâce de Dieu agit de telle façon que, quand elle inonde notre coeur, le remplissant du pardon de Dieu, nous devenons miséricordieux. Nous proclamons que nous avons reçu le pardon de Dieu par notre pardon accordé. C’est parce que nous avons reçu le pardon de Dieu que nous pardonnons. Et c’est alors que Jésus nous proclame vraiment heureux.


La famille des lecteurs de PROMESSES s’agrandit, et nous constatons un accroissement de l’intérêt pour la Revue en Europe. Tant la nouvelle présentation que le choix des thèmes et la qualité des articles trouvent la faveur. Dans un monde chargé d’émotion et de déraison, nos lecteurs apprécient la présentation d’une foi raisonnable, équilibrée, et fondée sur la Parole. De nombreux témoignages d’appréciation nous sont parvenus de France et de Suisse. Cela est très encourageant, et nous entrons avec sérénité dans la 37e année de l’existence de notre revue. Voici un témoignage nous parvenant de France :

« …La nouvelle présentation est attrayante et le contenu particulièrement intéressant. C’est avec intérêt que nous lisons « PROMESSES qui apporte à ses lecteurs un message des plus actuels qui rejoint l’apôtre Pierre… » (Pasteur J. E., Le Havre)

D’autre part, notre site WEB www.promesses.org commence à s’étoffer en matière de thèmes et d’études bibliques, et il est déjà bien visité.

Parallèlement à nos lecteurs en Europe, l’Afrique continue à être sur nos cœurs. C’est le continent où il y a une grande soif de Dieu et de sa Parole. Mais, 2 millions de pasteurs sont sans formation biblique. Que pèsent nos quelque 7000 exemplaires envoyés en Afrique francophone ? Pourtant, notre réseaux est efficace, et de plus en plus de lecteurs désirent maintenir le contact et recevoir des études bibliques par e-mail. Faute de place nous ne pouvons publier qu’un seul extrait de lettre, mais suffisant pour toucher nos cœurs :

« Je ne saurais vous dire combien votre revue PROMESSES est une source de bénédiction pour la jeunesse chrétienne de mon pays. Elle nous instruit, nous éduque et nous forme. Elle corrige des erreurs doctrinales. Elle nous aide à poser de solides fondements dans la foi chrétienne… Sa lecture touche le fond de nos cœurs. Que Dieu vous bénisse grandement dans ce travail… La population chrétienne congolaise a soif de Dieu, mais les moyens pour acquérir de la littérature biblique nous manquent. Voici une liste avec quelques adresses (onze)… La quantité de dix exemplaires est insuffisante, et nous vous demandons de bien vouloir nous l’augmenter. Je vais de village en village dans les cercles scolaires pour enseigner, former et créer des groupes d’études bibliques, mais je suis dépourvu de matériel d’enseignement biblique correct… Je compte beaucoup sur votre envoi de littérature biblique… » (Urbain L., encadreur chrétien de la jeunesse, Mbanza, Bas-Congo. RDC).

PROMESSES est une des revues qui dessert l’Europe et l’Afrique francophone qui est assez proche de l’Europe. Ce qui nous émerveille, c’est que la culture biblique va au delà des barrières culturelles, et que la revue est appréciée par tous.

Nous aimerions exprimer notre profonde reconnaissance pour votre soutien dans la prière et par vos dons. Plusieurs d’entre vous soutiennent régulièrement PROMESSES, ce qui nous permet de continuer notre ministère de diffusion parallèle en Afrique. Ecrivez-nous, vos nouvelles sont toujours bienvenues.

Un avis encore à nos lecteurs d’Afrique : n’oubliez pas de renouveler votre abonnement annuel gratuit en nous indiquant toujours votre adresse exacte, sinon votre adresse est rayée de notre fichier.

« Que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus, notre Seigneur » (2 Pi 1.2).

Henri LÜSCHER


La situation

Lors d’une fête juive, Jésus monte à Jérusalem et passe près d’un réservoir d’eau (Jean 5). Là, se trouve un homme infirme depuis 38 ans. Il attend que l’eau soit agitée pour s’y précipiter car il sait que la personne qui s’y jette la première reçoit la guérison, quelle que soit sa maladie. Mais cet homme est malheureux : étant handicapé, il ne peut se jeter à l’eau lui-même. Il a besoin d’une aide. Jésus lui demande alors : veux-tu être guéri ?

Une question fondamentale

Aujourd’hui, 2000 ans plus tard, Jésus me pose la même question. Il désire avant tout que je sois guéri du péché, de moi-même, de mes faiblesses, de mon caractère… C’est une question de volonté : ai-je le désir d’être guéri du péché en lui demandant pardon pour tous mes actes manqués ? Ai-je le désir d’être guéri de mes accès de colère, de mes médisances, de mes jalousies, de mes querelles, de déviances, de l’estime exagérée que j’ai de moi-même, etc ? Je n’y parviens pas par moi-même.

La guérison de l’âme

La guérison du péché est offerte à tous ceux qui la demandent et à n’importe quel moment : nul besoin d’être le premier, d’attendre la prochaine occasion, ou l’aide d’un tiers ! Ici et maintenant, je peux m’adresser directement à Dieu : "Guéris-moi… et je serai guéri, sauve-moi, et je serai sauvé" (Jér 17.14).

La guérison du corps

"Veux-tu être guéri", c’est aussi une demande que je puis adresser à Dieu alors que la souffrance physique, la maladie fait son oeuvre. Je sais qu’Il est puissant et qu’Il peut agir miraculeusement, où Il veut et quand Il le veut. Mais toujours, ma demande exprimée avec foi, comme celle du Seigneur peu avant la Croix, contiendra cette phrase qui me remet à ma juste place, mais qui autorise Dieu à agir "toutefois que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui soit faite" (Luc 22.42).

Il n’y avait personne…

Dans la réponse de l’infirme se trouve aussi un constat qui me fait trembler "je n’ai personne" (Jean 5.7). Combien souhaitent la guérison du péché mais n’ont personne pour leur montrer le chemin ? Combien souhaitent la guérison physique mais ne sont entourés que "de gens de petite foi" qui les découragent de prier dans ce sens ? Le groupe des anciens interpellé pour venir prier au chevet d’un malade se déplacera-t-il ? (Jac 5.14). "Il n’y a personne", c’est aussi le constat qu’aucun homme avant Jésus-Christ n’avait pu accéder à cette demande de guérison. Il n’en est pas autrement aujourd’hui, seul Jésus-Christ peut nous sauver et nous guérir : en êtes-vous convaincu ? Je l’espère ! Ainsi, lorsque vous rencontrerez quelqu’un qui vous dira "je n’ai personne", vous pourrez le mettre en communication avec Celui qui guérit.