PROMESSES

L’auteur de cet article est marié et père de deux enfants. Il est pasteur d’une église évangélique à Bulle, en Suisse romande, qu’il a fondée il y a 19 ans. Il a fait ses études à l’Institut Biblique « Emmaüs », à Saint-Légier, en Suisse romande, et a suivi des cours dans les facultés de Vaux-sur-Seine et d’Aix-en-Provence, France. Il a également suivi des stages comme aumônier auprès des malades au CHUV (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois) à Lausanne, en Suisse romande. En tant que conférencier il travaille spécialement avec les jeunes et a élaboré un cours de formation biblique dans le cadre du CyFoJe (Cycle Formation Jeunesse) pour former des moniteurs et monitrices de camps. Il est auteur d’un cours sur les Dix Commandements, disponible comme module pour Bible ProWorkshop et vendu par la Maison de la Bible.

Une expérience

Dans notre ministère d’implantation d’église, j’ai constaté que nous avons passé par 4 phases (ou périodes), avant de nous constituer en une église véritable avec des anciens établis.

1. Nous étions, au départ, quelques couples qui nous réunissions dans notre appartement. Nous nous retrouvions entre 10 et 12 personnes pour des études bibliques en semaine ; ce nombre était idéal pour une cellule de maison. Ce groupe, embryon de notre église locale, a duré environ un an, avant que naisse le désir de se constituer en église.

2. Au bout de trois ans de vie d’église, nous avons commencé à ressentir que nous perdions le contact les uns avec les autres. Certains ne s’exprimaient plus aussi librement qu’auparavant. Par ailleurs, il y avait aussi un problème pratique chez les jeunes couples à cause de leur enfants : ils n’avaient pas la possibilité d’assister ensemble aux études bibliques de l’église locale et devaient s’alterner. Que faire ?
Après avoir pris du temps dans la prière, j’ai proposé aux anciens de faire deux groupes d’étude biblique : chaque sujet était donné deux fois au lieu d’une, pour permettre aux épouses ou aux époux de suivre ensemble la même étude biblique, à une semaine d’intervalle. Cette solution présentait deux avantages :

– les couples pouvaient désormais grandir ensemble au même rythme dans la connaissance de la Parole de Dieu,
– le groupe est passé d’une bonne vingtaine de personnes à une douzaine, la taille d’une cellule de maison.

3. La troisième phase a été celle de la multiplication des cellules : le besoin fut ressenti de former, à côté des deux cellules existantes, une nouvelle cellule pour les nouveaux convertis venus dans l’église. Cette cellule avait été appelée "études des fondements de la foi chrétienne".

4. Le quatrième stade correspond à la situation actuelle : depuis trois ans, nous avons 5 cellules de maisons, de 10 à 12 personnes chacune. Nos cellules sont dirigées soit par des anciens, soit par des frères qui ont été formés par le conseil des anciens pour diriger une cellule de maison.

Une nouveauté a consisté à inviter les jeunes à participer à nos cellules de maisons à un rythme de deux fois par mois. Cette intégration des jeunes au sein de nos cellules a été un grand encouragement pour l’église. Ils grandissent dans leur foi, conjointement aux adultes. C’est cela, la véritable église : hommes et femmes, jeunes et vieux, rassemblés autour de la Parole de Dieu. Nous avons maintenu une rencontre par mois destinée uniquement aux jeunes, où nous étudions des thèmes avec eux (par exemple, le mariage, l’homosexualité, évolution ou création, etc.).

Le modèle de l’église primitive

Nous trouvons pour la première fois la notion des cellules de maison dans Actes 2.46 : "Chaque jour avec persévérance, ils étaient au temple d’un commun accord, et ils rompaient le pain dans les maisons." De même, en Actes 5.42, quand l’Eglise comptait environ 5 000 personnes, nous lisons : "Chaque jour, au temple et dans les maisons, ils ne cessaient d’enseigner et d’annoncer la bonne nouvelle du Christ-Jésus."

J’ai l’impression qu’une église sans cellules aura bien plus de peine à répondre aux besoins concrets que tous, jeunes et moins jeunes, rencontrent, au travail et dans les familles. Les chrétiens ont besoin de partager librement leurs soucis, sans jugement de valeur. On doit cesser de faire de la théologie théorique ; il vaut mieux faire de la théologie appliquée, en vivant l’évangile.

Nous devons veiller à ce que Dieu et Sa Parole aient la première place dans nos rencontres (Jean 17.17 ; 1 Tim 3.16), en n’oubliant pas le partage et la prière les uns pour les autres, comme les premiers chrétiens : "Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières" (Act 2.42 ; cf. Act 12.5).

Les cellules sont en quelque sorte le cœur de l’église qui motive les gens à s’engager dans les autres secteurs d’activités de l’église (l’école du dimanche, la garderie, le groupe des adolescents, les activités d’évangélisation, etc.).

Dans une cellule de maison, nous pouvons partager notre foi à domicile en invitant des voisins qui ne connaissent pas encore les richesses de la Parole de Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ (Rom 10.10-14). Nous encourageons tout le monde à participer, mais sans forcer personne. Pour participer à un groupe biblique de maison, il suffit de croire que la Bible vaut la peine d’être étudiée. A la fin de chaque rencontre, les participants reçoivent un questionnaire pour préparer l’étude suivante, afin d’éviter la passivité et de stimuler une participation active de chaque membre de la cellule.

Quelques questions délicates

1. D’après la Parole de Dieu, qui peut enseigner dans les cellules de maisons ?
2. Le responsable est marié ou célibataire : cela joue-t-il un rôle ? Et lorsqu’un responsable est marié, doit-il partager son ministère avec son conjoint ?
3. Quelle formation faut-il au responsable ?
4. Est-il nécessaire que la personne qui désire participer à une cellule se rattache à une église locale ?
5. Faut-il être chrétien pour faire partie d’une cellule ?
6. Comment l’église locale garde-t-elle le lien avec une cellule ?
7. Dans les groupes mixtes, à qui appartient l’autorité de l’enseignement : aux hommes, ou aux femmes ?
8. Si, pour une raison ou une autre, il y a un conflit d’ordre spirituel dans une cellule, qui doit résoudre ce problème : l’animateur, ou le conseil des anciens ?
9. Faut-il la même structure pour toutes les cellules de l’église ?
10. Comment démarrer une cellule ?

Toutes ces questions sont importantes et doivent être discutées dans chaque église locale. Chaque église n’a pas forcément les mêmes sensibilités, ni les mêmes exigences.

Les avantages

Pour bien démarrer il faut absolument être au clair au niveau des avantages et des pièges à éviter.

– Favoriser une répartition des responsabilités : le groupe conduit chacun à s’impliquer activement dans une fonction précise (1 Cor 12.3-13). Par exemple, dans la plupart de nos groupes, nous insistons pour que chacun prenne une question à tour de rôle.
– Il y a plus d’intimité dans les maisons, chaque membre se sent le bienvenu et à l’aise. Depuis que nous avons des plus petits groupes (12 personnes au maximum), chaque participant est valorisé. De ce fait, il y a beaucoup plus d’assiduité.
– On a plus de liberté à partager les fardeaux et les souffrances les uns avec les autres (Gal 6.2). Les cellules permettent à beaucoup de résoudre certains problèmes par le dialogue, sans attendre que leur situation soit devenue désespérée. La relation d’aide se fait spontanément durant chaque rencontre, à travers les moments de partage et de prières. En règle générale, les contacts sont plus intimes, plus profonds. Une cellule de maison est comme une grande famille (1 Cor 12.25).
– La structure souple et mobile des cellules stimule le désir de croissance et de multiplication, puisque chacun peut se responsabiliser. A travers des témoignages personnels, nous pouvons évangéliser et en amener d’autres à la foi chrétienne.

Les pièges à éviter

– Les cellules de maisons risquent de faire éclater l’unité de l’église. C’est pourquoi les anciens doivent veiller avec soin et discernement à la nomination des responsables (cf. Ex 18).
– Les cellules peuvent conduire à la formation de clans, de tendances, qui nuisent à l’unité du corps dans l’église locale (par exemple, une cellule fondamentaliste, une autre libérale, une autre plutôt charismatique, etc.). En conséquence, les responsables des cellules ne devraient pas oublier de se voir régulièrement, pour prier pour tous les participants et se concerter sur l’enseignement à donner.
– Les groupes peuvent devenir trop centrés sur eux-mêmes en cultivant leurs problèmes. Pour éviter ce risque, nous remanions toutes les cellules au début de chaque année scolaire. Cela favorise le partage avec d’autres frères et sœurs de l’église locale. En règle générale les participants s’engagent à rester au minimum une année dans la même cellule.
– Nous veillons aussi à ce qu’il y ait un lien entre la prédication du dimanche, et la matière étudiée dans la semaine dans les cellules de maisons qui, à leur tour, peuvent apporter des éléments qui viendront nourrir la prédication.
– Dans notre église, nous étudions dans chaque cellule le même livre biblique ou le même thème, en sorte que nous puissions croître ensemble et qu’il y ait moins de risque d’isolement ou de division.

Qui peut être responsable de cellule ?

Cette question est un de celles mentionnées ci-dessus. Nous sommes convaincus que, dans les groupes mixtes, l’autorité dans l’enseignement appartient aux hommes. 1 Timothée 3 donne une liste de qualifications spirituelles du berger d’une cellule. En voici les principales :

– être né de nouveau, baptisé, actif dans son église locale, et avoir manifesté des dons qui lui permettent d’assumer sa charge ;
– avoir un témoignage crédible pour ceux du dehors (1 Tim 3.7) ;
– avoir un esprit constructif pour édifier l’église locale et s’abstenir des critiques et des polémiques (Jac 3.2,14,18 ; Héb 12.15) ;
– désirer agir en bonne coordination avec le reste de l’église et en particulier les conducteurs (Héb 13.17) ;
– vivre en paix avec sa famille et avoir une vie conjugale ou un célibat en accord avec l’éthique biblique (1 Tim 3.4 ; 5.8).

Un temps de formation devrait être proposé au frère responsable, lui permettant d’assumer progressivement la charge spirituelle et la direction d’une cellule de maison. Il peut bénéficier de la présence, du soutien et des conseils d’un responsable expérimenté, par exemple en recevant la direction de la cellule en cours d’année, étant déjà intégré dans cette cellule en tant que membre participant.

L’engagement de chaque participant

– Le responsable de la cellule de maison doit être reconnu et accepté par les participants.
– Il faut que chaque cellule se réunisse le plus régulièrement possible selon la planification. Ceci est très important pour garder la dynamique du groupe.
– Il est nécessaire de préciser régulièrement les buts poursuivis afin d’éviter des malentendus ou des déceptions.
– Chacun doit s’engager à garder secrètes les confidences des uns et des autres, à veiller au respect mutuel et à ne pas blesser autrui dans ses sentiments (1 Cor 13.4-8).
– On doit viser la transparence et la franchise les uns envers les autres, en ayant le courage de se parler ouvertement, notamment lorsque les malentendus menacent de perturber nos relations (Jac 3.13-18).

C’est ainsi qu’à travers une cellule de maison, on apprend :

– à se connaître, dans la diversité de nos dons et de nos langages, sans préjugés et avec un désir de se comprendre (1 Cor 12.4-6) ;
– à vivre le soutien de nos frères et sœurs, malgré nos points faibles et avec nos besoins, tant manifestés que cachés (1 Cor 12.24-25).

Conclusion

Les cellules vivantes sont en quelque sorte le cœur de l’église locale. Elles motivent les participants à la lecture de la Bible, à la prière, à la communion fraternelle et à l’engagement concret dans les divers secteurs d’activité dans l’église. Finalement, c’est un moteur stimulant pour le rassemblement de l’église locale au culte (Héb 10.24-25). J’encourage donc vivement les conducteurs à favoriser la création de cellules de maison.


2. La pratique

La première partie du thème "L’autorité dans l’église locale" a été traitée dans le no 142 (octobre – décembre 2002) et touche "ses sources" qui sont en Dieu et en sa Parole. A différents niveaux, Dieu a délégué son autorité.

L’autorité a été donnée aux hommes pour être exercée en tous les domaines de l’existence. Le principe de l’autorité est bon en lui-même, mais la chute en a perverti la pratique. Dans la vie chrétienne, nous sommes parfois singulièrement marqués par des relents de la chute. Pour que le principe soit bienfaisant, il faut un esprit qui commande la pratique.

Quand les fils de Zébédée demandent à Jésus de partager son autorité, Jésus répond: "Les chefs des nations les tyrannisent, et les grands abusent de leur pouvoir sur elles; il n’en est pas de même parmi vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur; et quiconque veut être le premier sera l’esclave de tous. Puis il ajoute: Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup" (Marc 10.37,42-45). Voilà la règle de l’esprit qui commande une vraie pratique d’autorité dans l’Église!

1. Comment reconnaître le vrai service ?

Par certains éléments de base, qui sont indispensables. Ils sont au nombre de trois: l’appel, les qualifications et l’amour.

a) L’appel

Remettons-nous en mémoire ces trois étapes obligatoires: Toi, suis-moi!, à quoi nous répondons: Me voici, Seigneur pour faire ta volonté. L’appel de Dieu est personnel. Il ne se présente pas à chacun de la même manière. Soyons prudents quand nous donnons notre témoignage, pour ne pas nous présenter comme modèles. Et n’essayons pas d’imiter le témoignage des autres, car l’appel découle d’une rencontre personnelle, vivante et décisive avec le Seigneur.

Cet appel doit être également reconnu par l’église locale, car nous ne sommes pas appelés à travailler en francs-tireurs. L’église doit pouvoir reconnaître l’appel.

Prenons le cas de Saul de Tarse. Son appel est dramatique, mais authentique. Cela pourtant ne suffit pas pour l’Église. A Damas, Dieu rassure Ananias quant à la véracité de l’appel reçu. Alors Ananias l’accueille en disant: Mon frère Saul! Plus tard, à Jérusalem, on se méfie du persécuteur devenu disciple. Il faudra l’intervention de Barnabas pour que la situation se décrispe…

Plus tard, à Jérusalem encore, il faudra que Jacques, Céphas et Jean donnent la main d’association et confirment que l’appel de Paul d’apporter l’Évangile aux païens est authentique. Il y avait les preuves: l’engagement, la persévérance et le bon témoignage.

Écoutons l’avis qu’un pasteur chevronné émit des décennies en arrière: "Ce ne sont pas cinq mille kilomètres qui vont vous transformer en un missionnaire efficace! Si vous ne l’êtes pas sur place, vous ne le serez pas au loin. Tel vous êtes ici, tel vous serez là-bas."

b) Les qualifications

En plus de la reconnaissance de notre ministère, il faut en avoir les aptitudes.

Il y a d’abord des qualifications naturelles, qui dépendent de la naissance, de l’éducation et de l’exemple reçu. Timothée en est un modèle frappant: il avait appris les Écrits sacrés par sa mère et sa grand-mère, qui étaient chrétiennes, alors que son père grec était païen.

Puis il faut des qualifications acquises par la formation et l’étude. L’apôtre Paul avait été instruit aux pieds de Gamaliel. Devenu chrétien, il sonda les Écritures en profondeur.

Enfin, il y a des qualifications charismatiques. Je n’entends pas ici le mouvement que le nom évoque, mais les dons de grâce (nommés "charismes") pleinement en accord avec le message biblique. En tant que chrétiens, nous participons forcément aux dons de l’Esprit. Ils sont nécessaires pour exercer un ministère que l’Ennemi attaque sans cesse.

Il est intéressant de voir comment le Seigneur dirige les uns et les autres. Au début de mon ministère, je pensais aller plutôt dans la direction de l’évangélisation. Mais après quelques mois, je me suis rendu compte que ce n’était pas la voie dans laquelle je devais m’engager. Le Seigneur conduit les siens.

c) L’amour

Sans lui, point de ministère durable et béni. Rappelons-nous 1 Cor 13 qui énumère une série d’exploits allant jusqu’au martyre, pour aboutir à la constatation que sans l’amour, tout cela n’est rien. Pour glorifier le Seigneur, il faut son amour.

Pierre a renié Jésus, qui lui demande trois fois: "M’aimes-tu?" Et Pierre répond: "Seigneur, tu sais que je t’aime". Pour Jésus, cela suffit. Il charge Pierre de prendre soin de son Église.

Paul, quant à lui, dévoile le secret du succès de ses voyages missionnaires dans 2 Cor 5.14: "L’amour de Christ nous presse". Le « nous » implique ses coéquipiers. Il fait écho aux paroles du Seigneur: "Demeurez dans mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père… Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite" (Jean 15.9-11). Trois mots ressortent de ce texte: l’amour, le commandement et la joie. L’autorité dans le ministère repose sur ces éléments!

Et c’est ainsi que nous recevons l’autorité du Seigneur, de sa Parole et de son Esprit, pour accomplir la volonté du Père.

2. Comment mettre en œuvre l’autorité ?

a) Veiller sur nous-mêmes et persévérer

Ici apparaît une importante priorité. Même si ce n’est pas le lieu de la développer, j’aimerais néanmoins la citer. Au début du siècle passé, un petit fascicule avait été édité par la Convention de Keswick portant le titre: “L’ouvrier, plus que l’œuvre”. Voilà une priorité: "Prenez garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis" (Act 20.28)… "Veille sur toi-même, et sur ton enseignement. Persévère dans ces choses, car en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t’écoutent" (1 Tim 4.16). Cette priorité de soi-même n’est pas égocentrique. Il s’agit simplement du souci d’être cohérent et vrai.

Nous ne pouvons apporter aux autres que ce que nous avons reçu nous-mêmes. Et nous ne pouvons parler avec autorité aux autres de ce que le Seigneur demande, que si nous le vivons vraiment pour nous-mêmes.

b) La collégialité des anciens

Notons que le mot ancien est pratiquement toujours au pluriel. La collégialité est de rigueur! Dans l’Ancien Testament, il englobait les principaux responsables en Israël, à l’intérieur des familles, des clans, des tribus, comme à l’armée, ainsi qu’à l’intérieur des structures établies par Moïse sur le conseil de Jéthro. Il y avait donc un principe collégial bien structuré. Mais il y avait aussi des fonctions d’autorité qui s’exerçaient en solitaire: Moïse était le conducteur du peuple et législateur; le souverain sacrificateur, le juge, le prophète, le roi, tous ces ministères étant dans l’ancienne alliance.

Dans le Nouveau Testament, le principe collégial est présenté comme une norme. Jésus commence son ministère avec douze apôtres. Dans Act 15, l’église décide en commun de problèmes importants concernant l’avenir des chrétiens d’origine païenne: doivent-ils être circoncis ou non? A la fin des débats, nous lisons: "Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, ainsi qu’à l’église toute entière, de…" (v. 22). Et lorsqu’ils envoient la lettre, il est dit: “Car il apparut bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer d’autres choses que ce qui est indispensable" (verset 28). Dans la liste des apôtres, des anciens et de l’église entière, le Saint-Esprit est mis au début.

c) Les responsabilités partagées des anciens

Dans l’église locale, des anciens sont nommés. Ils partagent les responsabilités. Il n’est pas toujours facile de se respecter et de lutter ensemble. Les divergences doivent se résoudre, car nous devons apprendre à vivre et à travailler ensemble. Cela comporte certains risques. Il existe un jeu subtil de personnalités. Il faut à tout prix éviter un rapport de force par lequel un des anciens chercherait à imposer sa volonté, ouvertement ou plus discrètement. Il en résulterait une hiérarchie à laquelle il deviendrait difficile de résister. Cela est vrai non seulement dans les conseils d’église, mais également dans les commissions synodales et les pastorales. Cette situation peut entraîner des églises dans une direction nouvelle pas toujours très heureuse.

La véritable autorité spirituelle ne se prouve pas par le succès ou la réussite, mais dépend de l’humilité, de l’écoute de chacun, de l’honnêteté, de l’amour pour le Seigneur, sa Parole et son Église.

3. Les grands axes

Je voudrais rappeler les grands axes qui doivent se traduire dans la pratique de chacune de nos vies.

a) La prédication enseignement

D’abord, la prédication enseignement: elle est la fonction première de l’Église de faire entendre, avec autorité, la parole de Dieu! Rom 10.17: "La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ". Elle sauve, elle engendre, fait croître, sanctifie, prépare le chrétien à rencontrer son Dieu; elle doit demeurer au cœur de la vie de l’église locale.

Dans les églises de la Réforme, la chaire était au centre, ce qui signifiait la priorité donnée à la parole de Dieu. De nos jours, les prédications se rétrécissent comme une peau de chagrin, au soulagement des prédicateurs autant que de l’audience – cela demande moins d’efforts! Quant aux études bibliques hebdomadaires, les églises les ont trop souvent abandonnées…

Quelle en est la raison? Les aînés n’aiment plus sortir le soir. Les gens actifs n’ont pas le temps, et les jeunes ne s’y intéressent guère. A la place, on a mis des témoignages, des partages, des études à thèmes sociologiques et beaucoup de musique. Comme cela a été dit: “La louange est devenue parfois l’enzyme glouton de nos cultes!

Tous ces éléments doivent pourtant rester à leur place. Nous ne devons pas les écarter, mais notre responsabilité est de veiller à garder le sens des proportions, en intervenant avec tact quand il le faut, tout en nous demandant aussi si nous ne sommes pas un peu responsables. Savons-nous toujours rendre vivant et pratique le texte des Écritures? Comment enseignons-nous? Nos exhortations ne sont-elles pas parfois un peu trop moralisantes?

Dans les Évangiles, combien de fois est-il dit que Jésus enseignait? Les quatre Évangiles comprennent environ une cinquantaine de textes. Qu’en est-il dans le livre des Actes? Le livre s’ouvre par ce premier verset: "…tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner". Le dernier verset présente Paul: "…il prêchait le royaume de Dieu et enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus-Christ, en toute assurance et sans empêchement". Et entre ce début et cette fin, constamment référence est faite à l’enseignement … sans parler des épîtres qui sont essentiellement didactiques.

Immédiatement après la Pentecôte, le profil de l’Eglise se dessine ainsi: "Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres…" Il en découle ce qui suit: communion fraternelle, fraction du pain, prières, etc… (Act 2.42-47).

Le Baptême et la Cène sont à placer dans le prolongement de cette annonce, comme proclamation de la mort du Seigneur et de sa résurrection. A propos de la Sainte Cène, les responsables veilleront à ne pas mettre des personnes en position d’autorité si elles n’ont pas la maturité. L’ordre, la bienséance et le respect sont de mise, sans tomber toutefois dans le formalisme.

b) L’herméneutique

Puis vient l’herméneutique, qui tend vers l’application de la Parole, conformément à l’analogie de la foi. Car à quoi servirait une prédication qui renierait l’inspiration divine de la Bible, pour annoncer un autre évangile qui ne produirait aucun fruit?

L’herméneutique oblige à appliquer correctement les leçons pratiques du message divin. L’autorité, quand elle est responsable, oblige à voir les différentes situations, à encourager ce qui aide le peuple de Dieu à rester fidèle, et à dénoncer les dangers qui menacent la fermeté et la persévérance à suivre le Christ.

c) La discipline

Elle appelle l’autorité des anciens. Certains membres se mettent alors facilement sur la défensive. N’associons pas prioritairement autorité et discipline, car l’autorité déborde la discipline. Celle-ci n’est pas d’abord punitive, mais éducative. Lorsqu’il faut se résoudre à une autorité disciplinaire, la situation devient délicate. Le serviteur de Dieu redoute de devoir exercer une telle autorité qui, dans certains cas, est pourtant inévitable.

d) Le domaine relationnel

Nos églises locales représentent une famille dont les membres sont unis par l’Esprit. Mais certains d’entre eux sont aussi liés par les liens du sang. Cela peut être une force et une bénédiction. Mais quand intervient dans ce contexte une décision disciplinaire, le réflexe du clan familial joue soudain un rôle affligeant. Il arrive qu’on rencontre une résistance farouche quand un membre de sa famille doit être discipliné.

Les situations de ce genre fragilisent la foi et affectent le témoignage. Des personnes quittent une église dans laquelle ils sont depuis des années, simplement parce que l’on a osé toucher à des membres de leur famille… Il faut que l’autorité soit fondée sur le Seigneur et sa Parole, pour résister à ce genre d’épreuve. La fidélité est à ce prix.

e) Le domaine des mœurs

Une autre situation douloureuse touche au domaine des moeurs. L’Église vit dans le monde. Dieu le veut pour le témoignage. Il faut savoir si l’Église influence le monde ou si c’est le monde qui influence l’église! Toutes les dénominations de nos églises évangéliques sont impliquées. L’amour libre, le mariage à l’essai, le concubinage, l’homosexualité, sont-ils tolérés comme une variante de l’amour? Avons-nous l’autorité pour résister au nom de la Parole de Dieu, et d’annoncer le Christ? Dans les camps de jeunes, acceptons-nous la cigarette, l’alcool, la drogue? Sommes-nous à ce point tenaillés par la crainte de passer pour des "légalistes" que nous n’osons plus recommander l’observation des commandements de Dieu (1 Jean 2.3-6)?

Avons-nous réfléchi à ce que pourrait nous réserver l’avenir proche? Quand les homosexuels et les lesbiennes auront obtenu le statut légal, avec tous les droits normalement réservés aux couples hétérogènes, qu’arrivera-t-il lorsque de tels "couples" demanderont à être baptisés, accueillis à la Cène, puis engagés dans toutes sortes d’activités? Serons-nous assez fermes et courageux, au risque d’être accusés de ne plus respecter la loi du pays ? C’est nous qui risquons d’être pris en défaut par le non-respect des textes légaux! Ce sera alors le moment de nous rappeler cette parole: Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Car il faudra bien que la Parole de Dieu continue à primer sur celle des hommes.

4. La pratique des apôtres

Chez les Galates, le fondement était menacé. L’apôtre leur adresse un avertissement sévère: "Je m’étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés, par la grâce de Dieu, pour passer à un autre évangile! Non pas qu’il y en ait un autre, mais il y a des gens qui vous troublent et qui veulent pervertir l’évangile du Christ. Mais si nous-mêmes ou un ange du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème! Nous l’avons dit précédemment et je le répète maintenant… Est-ce la faveur des hommes que je désire ou celle de Dieu? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ" (Gal 1.6-10).

Paul aborde ce problème parce qu’il l’estime fondamental. Il a commencé par dire: Je m’étonne… Surprise douloureuse, comme un cri du cœur en même temps qu’il contient beaucoup de tendresse et d’amour blessé.

Cette autorité, le monde ne la comprend pas. Elle est pourtant la marque distinctive de l’autorité spirituelle. Elle correspond à la pensée de Dieu. Paul ne cède pas un pouce de terrain dans l’accommodement éventuel d’un évangile qui serait “légèrement autrement”! Et il va même plus loin. Parlant par hypothèse, il dit: “Quand un évangile différent porterait la marque apostolique ou même angélique, et quand cet apostat serait moi, ne le recevez pas!”

L’apôtre ne se place pas au même niveau que la Parole reçue, encore moins au-dessus d’elle! Il est simplement le serviteur de cette Parole. Combien plus nous! Inspirons-nous de son attitude. D’autant plus que l’apôtre avait reçu la grâce de transmettre des révélations nouvelles (Eph 3.3-13). Aucun homme ne peut le faire aujourd’hui. La Révélation écrite interdit qu’on puisse ajouter ou enlever quoi que ce soit (Apoc 22.18-19).

Que Dieu nous donne de rester fidèles à sa Parole donnée une fois pour toutes. Nous n’avons pas d’autre autorité que celle-là. Mais exerçons-la avec amour et discernement pour tous ceux que le Seigneur place sur notre chemin.

Écrit par


Philip Nunn sert le Seigneur depuis 1992 comme missionnaire en Colombie. Il est particulièrement impliqué dans le travail d’évangélisation et de formation de nouvelles assemblées chrétiennes dans ce pays, cherchant à stimuler le développement d’églises locales . Il est marié avec Anneke et a quatre enfants.

Dans la Bible, on voit que l’administration1 de l’assemblée est confiée à des hommes, des frères mûrs, pieux, agissant d’une manière collégiale (1 Tim 3, Tite 1). Leur rôle est de guider l’assemblée2 de façon à répondre aux désirs de Christ, la tête de l’Église. Le Nouveau Testament énumère les qualités personnelles de ces hommes. De manière assez détaillée, il décrit aussi leurs responsabilités et la façon dont ils doivent agir.

Cet article laisse de côté des questions techniques importantes — de quel nom appeler ces hommes (s’il y a lieu de le faire) ? comment deviennent-ils des conducteurs ? dans quelle mesure sont-ils publiquement reconnus ? certains sont-ils (ou devraient-ils être) plus influents que d’autres ? etc. Le propos est d’abord de montrer comment ces conducteurs peuvent être efficaces dans l’accomplissement de la tâche que Dieu leur a confiée.

I. Comité ou équipe ?

Certains considèrent le rôle de conducteur comme un statut dans l’Eglise. Bibliquement, conduire n’est pas une position, mais un travail, un humble service pour Dieu et pour ses frères et sœurs (1 Tim 3.1). C’est une tâche ardue. Si l’on n’est pas au clair sur ce point, on risque fort de devenir un tyran spirituel.

Les frères conducteurs fonctionnent en général comme un comité. Même dans les assemblées où ils se respectent, se font confiance et entretiennent un véritable dialogue, chaque frère peut être influencé par ses liens familiaux ou avoir des vues personnelles sur des points de détail. Ils recherchent ensemble la volonté du Seigneur sur différentes questions par voie de consensus. Le plus souvent, ces hommes essaient de se considérer comme égaux. Ils reconnaissent, et parfois tolèrent simplement le fait qu’ils soient différents, mais ils ne capitalisent pas sur ces différences.

Par contre, une équipe est quelque chose de différent. Dans une équipe, on reconnaît que Dieu a fait chaque frère conducteur différent des autres, avec des dons uniques, des forces propres, et par conséquent un apport spécifique à la tâche commune. Ainsi, chaque frère conducteur sait qu’il remplit un rôle particulier ou apporte une contribution spécifique dans le processus de conduite, et les autres frères le reconnaissent et l’apprécient dans le rôle qui lui est propre.

II. Cinq types de conduite dans l’assemblée

Depuis le début des années 1980, le commerce et l’industrie européens se sont particulièrement intéressés au concept du travail en équipe. Plusieurs études ont été réalisées pour identifier les caractéristiques personnelles qui freinent ou dynamisent les efforts de l’équipe. Certains de ces auteurs profanes imaginent avoir trouvé quelque chose de révolutionnaire et de nouveau, mais en fait ils décrivent tout simplement ce que l’apôtre Paul avait présent à l’esprit quand il parle du fonctionnement interne du "corps" de Christ. Dans ce corps unique, chaque membre est différent d’un autre, chaque membre est nécessaire pour assurer le fonctionnement équilibré de l’ensemble, les différentes parties se complètent mutuellement et travaillent harmonieusement, dans leurs diverses fonctions, pour le bien commun (1 Cor 12). Cette image du corps humain s’applique à tous les aspects de la vie d’église, y compris son administration.

De nombreux milieux chrétiens ont adopté des structures fortement hiérarchisées, plus ou moins éloignées du modèle biblique. Mais on constate que beaucoup réfléchissent sur ces sujets et aspirent à plus de simplicité.

Mon expérience et les observations que j’ai pu faire sur plusieurs continents et sur le champ missionnaire m’ont conduit à distinguer 5 rôles distincts ou types de conduite.

1. Le "visionnaire" : c’est un frère qui a un sens aigu du devoir. Il cherche à se tenir informé de ce qui se passe (dans le sens général) et il entretient des contacts dans et en dehors de l’assemblée. Il associe les Écritures aux besoins présents et futurs, propose de nouvelles idées et améliore la façon de réaliser les choses. Il est créatif, visionnaire et révolutionnaire ; ses propositions et ses idées troublent fréquemment le "train-train" de l’ensemble.

2. Le "coordinateur" : c’est le frère qui d’habitude regarde sa montre, qui a la capacité naturelle d’empêcher une réunion entre conducteurs de stagner. Il aide à prendre des décisions, et il s’assure que chacun est au clair sur la personne responsable de mettre en chantier les actions décidées. Quand ce frère ne peut pas venir, les discussions tournent souvent en rond et la réunion traîne !

3. Le "réalisateur" : c’est un plaisir d’avoir ce genre de frère dans la conduite de l’assemblée. Par exemple, aussitôt qu’une nouvelle disposition des sièges est décidée, il modifie leur agencement ! C’est un homme énergique, qui tient ses promesses, un homme de Dieu discipliné. Il n’a pas peur des obstacles, mais il peut parfois être trop rigide pour atteindre le but convenu.

4. Le "pasteur" : en fait, tous les frères conducteurs doivent avoir un cœur pastoral, c’est-à-dire un amour profond pour le peuple de Dieu et le désir de le servir (1 Pi 5.1-4). Mais l’observation montre que chez certains frères seulement, ce caractère est bien développé, joint à de bonnes aptitudes sociales. Le frère "pasteur" aime faire des visites ; il connaît le nom de la plupart des croyants dans l’assemblée (même le nom de leur chat !), et il est intéressé par tout ce qui les concerne et s’en rappelle. Il est la personne vers laquelle on se tourne naturellement dans les moments de crise familiale. Il est très affecté quand quelqu’un est critiqué injustement dans une réunion. Il rappelle aux frères d’être pratiques et réalistes. Par exemple, il leur fera remarquer que les enfants ne peuvent pas rester tranquilles et écouter parler du tabernacle pendant 4 heures ! Il rappelle à ses frères qu’ils ont affaire à de vraies personnes, des blessées, des frustrées, des fatiguées, des vulnérables. Reflétant le grand cœur du Souverain Berger, il rappelle constamment aux frères conducteurs que chaque personne et chaque cas sont différents et dignes d’une attention particulière.

5. Le "contrôleur de qualité" : ici aussi, tous les frères conducteurs doivent tenir "ferme la fidèle parole selon la doctrine" et être capables de "réfuter les contredisants" (Tite 1.9). Mais là encore, on constate des différences entre frères. Le "contrôleur de qualité" paraît souvent un peu passif et réservé. Il connaît sa Bible et pose fréquemment des questions qui dérangent sur les propositions qui viennent d’être faites. Il peut être vieux ou jeune, et il n’est pas nécessairement le plus "éduqué" ou le plus "intellectuel" du groupe, mais il ressent profondément que Christ est le chef de l’Église et que nous devrions faire attention de ne pas le décevoir. Il se méfie instinctivement du changement ou de la nouveauté et voit les dangers de chaque option envisagée. Il demande fréquemment qu’une décision soit renvoyée à la prochaine réunion pour donner plus temps à la réflexion et à la prière. Dans une période de changement, son rôle doit être particulièrement estimé et apprécié. Cette fonction est aussi importante que n’importe laquelle des 4 autres.

On devrait donc trouver environ cinq frères conducteurs dans une assemblée. Ce nombre est approximatif, puisque plusieurs frères peuvent appartenir au même profil ou un seul peut réunir les caractéristiques de plusieurs types. Pour maintenir une conduite saine, et par conséquent une vie d’assemblée saine et heureuse, il faut s’occuper de ces cinq domaines de responsabilité et les équilibrer.

III. Qui est qui ?

Dans le sport, le commerce et l’industrie, on forme des équipes équilibrées en choisissant des personnes qualifiées et des personnalités variées pour atteindre au mieux les résultats désirés. Dans l’Eglise, c’est l’Esprit Saint qui accorde les dons (1 Cor 12.11 ; Eph 4.11) et le vouloir (Phil 2.13), et qui choisit les hommes devant surveiller ou conduire le troupeau (Act 20.28).

Pourtant nous ne devons pas rester passifs dans le processus. Nous devons désirer avec ardeur les dons spirituels (1 Cor 14.1). Pour la conduite de l’assemblée, nous avons une parole "certaine" : "Si quelqu’un aspire à la charge de surveillant, il désire une œuvre excellente" (1 Tim 3.1). C’est alors la responsabilité de la personne et de l’assemblée de reconnaître ce que le Saint Esprit accomplit parmi eux (1 Thes 5.12,13). Comme les frères conducteurs travaillent en équipe, résolvent les problèmes et recherchent la direction du Seigneur pour l’assemblée, leurs dons et leurs aptitudes vont naturellement se manifester. Il n’est pas question de donner à chaque frère conducteur un rôle dans l’équipe des frères conducteurs, mais simplement de reconnaître la contribution unique que chacun apporte. Lentement le groupe se transformera en une équipe de frères conducteurs.

Maintenant, posez-vous les questions suivantes, particulièrement si vous avez une responsabilité dans votre assemblée : quel est celui ou quels sont les deux types parmi les cinq types de conduite d’assemblée qui vous caractérisent le mieux ? Réfléchissez également à la façon dont vos autres frères participent aux réunions. Notez leurs noms et leurs caractéristiques générales et essayez de les classer dans un ou plusieurs types de conduite. Cet exercice, fait seul ou avec d’autres, présente les avantages suivants :

1. Pour aider au développement personnel : chaque type de conduite a des faiblesses inhérentes. Le "visionnaire" risque d’avancer trop rapidement et de se distancer des autres. Le "coordinateur" court le danger de manipuler les autres. Le "réalisateur" devient facilement impatient et le "pasteur" mou et trop tolérant. Le "contrôleur de qualité" peut tomber dans la méfiance et développer un esprit de jugement et de critique sur les motifs et la spiritualité des autres frères.

Identifier le type auquel vous appartenez vous aidera à améliorer votre contribution, en développant vos points forts, tout en faisant un effort pour éviter vos faiblesses naturelles.

2. Pour mieux apprécier les autres : identifier la contribution de vos frères conducteurs vous aidera à devenir plus flexible, plus patient et plus réceptif aux différences observées et aux diverses contributions. Cela aide à réduire notre esprit instinctif de jugement envers ceux qui diffèrent de nous, nous ralentissent ou essayent d’introduire des changements.

3. Pour approfondir l’interdépendance : se considérer et s’accepter les uns les autres comme membres d’une équipe de frères conducteurs avec des profils différents encourage l’interdépendance et l’approfondissement, toujours important, de la confiance mutuelle. Les conducteurs apprennent à se faire confiance, à s’appuyer et à compter les uns sur les autres.

4. Pour tendre vers le maintien d’un équilibre : il est très possible que vous détectiez des lacunes chez les frères qui conduisent l’assemblée. Si l’un ou l’autre de ces 5 types de conduite fait défaut, l’assemblée en souffrira. L’absence du type "visionnaire" mène à la stagnation de l’assemblée. Le manque de "coordinateur" se voit dans l’incapacité de prendre des décisions et le découragement. Sans le "réalisateur", beaucoup de bonnes choses sont discutées et décidées, mais peu se réalisent. Si le type "pasteur" est faiblement représenté, l’équipe de conduite tend à se couper des autres saints. Sans l’influence du "contrôleur de qualité", des décisions rapides et imprudentes peuvent être prises ou alors l’assemblée suit des tendances populaires et s’éloigne des Écritures. Une fois que les frères conducteurs se sont rendu compte collectivement de toutes leurs lacunes, ils peuvent prier pour que Dieu stimule les types de conduite faiblement représentés ou suscite ceux qui leur manquent. En attendant, ils peuvent rechercher collectivement à combler leurs lacunes et à restaurer un sain équilibre dans la conduite de l’assemblée.

Conclusion

L’administration de l’assemblée par des hommes, dans un esprit de piété et de collégialité, était pratiquée et enseignée dans l’Église du temps des apôtres. Mais les bénéfices de la collégialité, selon les plans divins, sont loin d’être automatiques. Ils seront réalisés si les frères conducteurs essayent de travailler davantage comme une équipe, chacun reconnaissant son propre type de contribution et celui des autres. Ensemble ils chercheront à combler leurs lacunes pour conduire d’une manière équilibrée. N’oublions pas que le jour viendra où nous nous tiendrons devant Dieu pour lui rendre compte de la façon dont nous avons conduit son peuple (Héb 13.17). Nos familles, les croyants, les non-croyants, et la prochaine génération, bénéficieront de tous les progrès que nous pourrons réaliser. Il en vaut vraiment la peine.

1 Les mots "conduite" ou "administration" ont été utilisés dans cet article pour rendre le mot "leadership" utilisé par l’auteur dans son texte anglais initial. Pour désigner ceux qui assument cette fonction, le terme de "conducteurs" (utilisé en Héb 13.7, 17, 24) a été retenu. Cependant, l’emploi de ce dernier exige de se défaire de l’image du conducteur de bus qui dirige son véhicule rempli de passagers passifs (défense de parler au conducteur !). Dans l’Eglise, les conducteurs sont ceux qui sont à la tête, donnent des impulsions, assument des responsabilités, etc., sans pour autant tout contrôler ! Dans l’assemblée, il s’agit à proprement parler des anciens ; dans d’autres contextes (services, oeuvres…), ce peut être d’autres personnes.
2 Dans cet article, le mot "assemblée" désigne une église locale.

Écrit par


Marc Dirlewanger est marié et père de trois enfants. Pianiste professionnel, il enseigne la musique à des écoliers de 10 à 16 ans. Il enseigne aussi le piano dans une école professionnelle et une école de musique. Parallèlement, il est aussi directeur de louange, directeur de chorale chrétienne, accompagnateur et arrangeur. Il a également composé plusieurs chants.

Qu’est-ce que la louange ? Quelle place donner à la musique dans l’église ? Que penser des diverses controverses musicales ? Le présent article propose quelques réflexions bibliques sur ces différents sujets.

LE TERME ‘LOUANGE’

Par ce terme, on désigne souvent un moment de chant. Cet usage n’est pas faux, mais il est réducteur. En effet :

– Premièrement, la musique peut avoir d’autres usages que la louange : par exemple, celui de nous instruire et de nous encourager mutuellement (Eph 5.19 ; Col 3.16 ; Ps 37).
– Deuxièmement, on peut aussi louer Dieu par d’autres moyens que le chant (la prière, par exemple).

Lorsqu’on loue Dieu, on proclame la grandeur de sa personne, on parle de son caractère, des choses qu’il a faites (la création, notre salut, ses promesses, etc.). Comme le dit le dictionnaire, on le déclare digne d’admiration, de très grande estime, on l’honore de cette manière.

Notre définition de la louange s’élargit encore quand on considère que celle-ci n’est qu’un sacrifice parmi d’autres. En effet, la Bible nous commande d’offrir en sacrifice à Dieu :

– la louange de nos lèvres (Héb 13.15),
– des prières (Apoc 8.3-4),
– notre argent (Héb 13.16 ; Phil 4.18),
– notre repentance (Ps 51.18-19),
– des personnes qui se convertissent à Dieu (Rom 15.16),
– nos corps, nos vies toutes entières ! (Rom 12.1-2).

QUELLE PLACE DONNER A LA LOUANGE DANS L’EGLISE ?

Pour certains, la louange par le chant et la prière doit être le centre du culte. Pour d’autres, c’est la prédication qui a ce rôle central. Dans ce dernier cas, le chant n’a souvent plus qu’un rôle de “liant” entre les différentes parties du culte.

Signalons au passage que ce dernier n’est pas seulement la rencontre d’église que nous avons le dimanche matin. En grec, les mots latreia (nom) et latreuo (verbe) désignent en même temps le service des sacrificateurs (Héb 9.1,6), le don de nos corps en sacrifice (Rom 12.1) et les œuvres que nous pouvons faire pour Dieu (Jean 16.2).

Pour revenir à l’église, l’enseignement biblique est important. Si d’autres activités prennent sa place, comment l’église pourra-t-elle croître spirituellement (Eph 4.11-16) ? Par exemple, si la majorité des membres participe à la louange, mais qu’une minorité seulement reçoit des enseignements, il y a un danger. En effet, c’est par la prédication que nous apprenons à connaître Dieu. Comment louer Dieu sans savoir qui il est et ce qu’il a fait pour nous ?

De plus, Dieu ne conçoit pas la louange sans une vie d’obéissance (Amos 5.23-24). Il est même dit que "l’obéissance vaut mieux que le sacrifice" (1 Sam 13.12) ! La louange, tout comme l’obéissance, se nourrissent donc de la prédication, laquelle doit procurer un enseignement solide et fondé bibliquement.

Cela dit, ne laisser au chant et à la louange des lèvres que le seul rôle de “liant”, c’est négliger le place que la Parole elle-même leur donne. Bien des passages bibliques montrent la place de la louange et de la musique :

– dans l’Ancien Testament, les Psaumes sont un livre biblique entier composé de … chants ! ;
– 1 Chroniques 16 insiste sur la place et l’importance des chantres, dans le service du temple ;
– Dieu cherche des adorateurs (Jean 4.23), y compris par le chant ;
– l’Apocalypse donne de nombreux exemples de louange céleste (ch. 4, 5, 7, 14, 19) ;
– Actes 2.47 note la présence de la louange chez les premiers chrétiens ;
– Hébreux 13.15, déjà cité, nous demande d’offrir sans cesse à Dieu la louange de nos lèvres ;
– Ephésiens 5.19 et Colossiens 3.16, déjà cités, commandent de chanter, pour louer Dieu et pour nous instruire mutuellement ;
– 1 Cor 14.26 est clair sur la présence de cantiques dans les réunions.

Enfin, la louange durera éternellement, alors que nous n’aurons plus besoin d’enseignement au ciel !

Il est donc important d’équilibrer temps de louange et temps de prédication dans l’église.

QUELLE FORME MUSICALE ?

Actuellement, on trouve beaucoup de diversité dans ce domaine : chant a cappella, chant à quatre voix, accompagnement au piano, par un groupe musical plus important, danses, bannières et d’autres choses encore.

La diversité musicale et formelle est également présente dans la Bible :

– diverses sortes de chants : psaumes, hymnes et cantiques spirituels (Eph 5.19),
– diverses sortes d’accompagnements : grand groupe instrumental (Ps 150 ; 1 Chr 16.5-6), chant avec un seul instrument (Ps 43.4).

Il est donc malvenu d’établir de strictes normes formelles. Ne menons pas un faux combat en dépensant de l’énergie pour une cause que la Bible ne défend pas.

Par contre, maintenons quelques principes généraux :

– nos réunions doivent se faire avec ordre (1 Cor 14.40).
– Dieu seul doit être adoré (Mat 4.10). Cela s’oppose à tout vedettariat, ou désir d’être mis en avant.
– notre louange doit être vraie (Jean 4.24). Examinons donc les motivations de nos chants, de notre musique, etc. Sont-ils faits dans un esprit de louange ? Ou par orgueil personnel ? Par désir de divertissement ?
– ne nous détournons pas de l’essentiel : louer Dieu, regarder à lui, écouter sa Parole. Les autres activités ne devraient être, finalement, que des "outils".

QUELLE PLACE DONNER AUX INSTRUMENTS DE MUSIQUE ?

La Bible mentionne les instruments à plusieurs reprises. Citons par exemple :

– le livre des Psaumes ; le Psaume 150 dit même qu’on peut louer Dieu par les instruments.
– Ephésiens 5.19, où le mot grec psallo (psalmodier, célébrer) signifie aussi “pincer les cordes d’un instrument.”
– Apocalypse 5.8 et 14.2, où la louange céleste est accompagnée de harpes.

Il est donc tout à fait légitime d’en utiliser pour accompagner nos chants et notre louange.

Cela dit, le Nouveau Testament lie nettement la musique à la parole :

– Ephésiens 5.19 et Colossiens 3.16 : on se parle par des chants.
– Apocalypse 5.9 et 15.3 : les fidèles chantent et disent des louanges rapportées dans le texte.

Les paroles doivent donc avoir la prééminence sur la musique. Evitons donc que la musique couvre les paroles et le chant de la communauté. Non seulement il est désagréable de ne plus s’entendre chanter, mais, à long terme, l’assemblée peut devenir passive et ne plus chanter du tout.

QUI CHANTE DANS L’EGLISE ?

Dans l’histoire de l’Eglise, on a oscillé entre le chant d’une élite musicienne et celui de l’assemblée toute entière.
Le Nouveau Testament donne une plus grande place au chant de l’ensemble de la communauté. Par exemple :
– Ephésiens 5.19 et Colossiens 3.16 : pour s’enseigner et s’exhorter l’un l’autre par le chant, il faut que chacun y participe !
– Matthieu 26.30 : Jésus n’a pas chanté seul devant ses disciples, mais tous ont chanté ensemble.

Prenons donc garde à ne pas imposer à l’église des chants trop difficiles techniquement. Tous les membres ne sont pas forcément musiciens professionnels ! D’autre part, veillons à ce que les nouveaux venus dans l’église puissent participer au chant sans trop de difficulté. Mais attention : un chant inconnu est forcément difficile au départ, puisqu’il nécessite un effort d’apprentissage !

CHANTS TRADITIONNELS ? CHANTS NOUVEAUX ?

Dans ce domaine également, l’équilibre est de mise. D’une part, évitons la “canonisation” d’un certain répertoire de chants. Seule la Bible est inspirée et aucun répertoire, aussi spirituel soit-il, n’est indispensable.

De plus, la Bible nous encourage plusieurs fois à chanter un chant nouveau (Ps 96.1 ; Es 42.10). A l’image de David, les musiciens chrétiens contemporains peuvent s’encourager à composer des chants à la louange de Dieu et pour l’instruction spirituelle de l’Eglise. C’est un moyen puissant d’encourager, de stimuler la foi … et de louer Dieu ! Enfin, le langage musical et le langage parlé changent avec le temps. En étant trop conservateurs dans ce domaine, nous courons le risque de créer des tensions dans l’église. Cela peut même mener à un “retour de balancier” : l’ancien répertoire sera brusquement écarté au profit de chants les plus neufs possibles.

D’autre part, ne chanter que les chants les plus récents comporte les dangers de tomber dans un esprit de consommation et de créer des tensions entre les différentes générations. S’il est bon d’apprendre des chants nouveaux, ne rejetons pas le passé et tout ce qu’il a à nous apprendre. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil !

Dans l’église devraient donc coexister plusieurs styles de chants, anciens et nouveaux.

L’IMPORTANCE DES PAROLES

Pour terminer, j’aimerais insister sur l’importance du contenu des chants, de leurs paroles. Combien de chants aux paroles contestables sont chantés soit par tradition, soit par amour de la nouveauté ou d’une musique qui plaît ! Faisons donc preuve de discernement dans ce domaine, au-delà des querelles formelles, musicales et poétiques.

Que les paroles de nos chants puissent glorifier notre Dieu, nous instruire, nous fortifier et nous encourager, dans la ligne de ce que la Bible nous révèle.

“ L’Eternel est ma force et mon bouclier;
En lui mon cœur se confie, et je suis secouru;
J’ai de l’allégresse dans le cœur,
Et je le loue par mes chants.”

Psaume 28.7


I. Introduction

Lorsque le Seigneur a fondé l’Eglise, au jour de la Pentecôte (Act 2), par l’œuvre du Saint-Esprit (1 Cor 12.4,7,11,12,13), il voulait que cette entité fonctionne harmonieusement et efficacement. Le but est que la communauté locale entreprenne toute l’activité nécessaire à sa croissance, son édification et son épanouissement spirituels en vue de vivre Christ d’une manière adulte. Ainsi le corps universel, dont l’expression locale est l’assemblée (Eph 2.22 ; 4.11-13,15,16) sera protégé de l’infantilisme spirituel et de la fausse doctrine (Eph 4.14).

Si cela est le cas, et si Jésus-Christ est la tête toute-puissante du corps, pourquoi ne voyons-nous pas cette santé victorieuse de manière évidente, de nos jours ? Question légitime. Si nous nous limitons exclusivement à 1 Cor 12.7-31 ; 14.1-39 et Eph 4.7-16, il est indéniable qu’une raison majeure soit l’ignorance et/ou le manque d’utilisation du ou des dons spirituels que possède chaque né de nouveau. Ces dons ont été distribués à la conversion par le Saint-Esprit.

Si le corps veut vivre victorieusement et utilement pour le Seigneur et pour les uns et les autres, il est impératif que le croyant découvre et reconnaisse son don. Si tel est le cas, alors le corps sera en bonne santé, accomplissant la volonté de la Tête. Le but donc de ce court document est d’informer les convertis, pour qu’ils commencent dès à présent à rechercher quels sont leurs dons.

II. Pourquoi faut-il découvrir son don ?

1. Pour éviter la frustration personnelle.

Que dois-je faire, et de quelle manière, pour servir le Seigneur ? Celui qui connaît son don trouvera facilement les réponses. Si le chrétien ne connaît pas son don, il ne pourra jamais être sûr qu’il serve toujours le Seigneur aussi bien que possible – voilà la frustration !

2. Pour travailler avec succès

(1 Cor 9.24-25 ; Phil 3.12-14) La réussite spirituelle nous est indiquée dans le Nouveau Testament : le Seigneur veut que nous atteignions ce but. Travailler à perte et inutilement n’est pas à la gloire de notre Maître, (Mat 25.24-25).

3. Pour œuvrer selon le plan de Dieu

(2 Tim 4.5 ; Rom 12.6-8 ; Mat 26.39)
… non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.

4. Pour recevoir des récompenses

(2 Cor 5.10 ; 1Cor 3.8-14 ; Gal 6.8b-9 ; 1 Cor 4.5; 9.17,25 ; 15.58 ; Héb 6.10 ; 2 Jean 8 ; Rom 2.6-7 ; Eph 6.8 ; Col 3.23 ; Apoc 22.12).

Ces versets contiennent un enseignement clair et édifiant pour le chrétien à l’écoute du Seigneur, et ils fournissent un stimulant au chrétien qui se contente seulement d’avoir reçu son « billet pour le ciel »… Souvent nous nous disons : Je ne sers pas le Seigneur pour avoir des récompenses, je sers par amour pour tout ce qu’il a fait pour moi ! Attitude louable, mais insuffisante, si nous avons bien compris les versets cités ci-dessus ! Car une chose est sûre : le Maître ne sera jamais endetté envers qui que ce soit, car il nous traite tous selon le principe énoncé dans les deux Testaments (Deut 25.4 ; Mat 10.10 ; 1 Cor 9.7-10 ; 1 Tim 5.18) : chacun aura sa récompense. Nous servons le Seigneur Jésus par amour et avec l’espérance de recevoir, par sa grâce, des fruits de notre fidélité envers lui par l’Esprit.

5. Pour être utile aux autres

(1 Cor 12.7 ; Eph 4.12 ; 1 Pi 4.10-11 ; 1 Cor 14.5,12,26 ; Mat 25.35-40)
Lorsque l’Esprit nous a investis en nous accordant notre don, Il l’a fait aussi afin que nous devenions un moyen pour venir en aide aux autres. L’Esprit ne nous a pas attribué un don spirituel pour qu’il soit porté comme un galon, informant les autres membres du corps de nos grades et fonctions dans l’armée de Dieu, … ce qui conduirait à chercher notre propre gloire auprès des autres. Le véritable soldat de Christ lance toujours le même cri : Pour les autres !

III. Quelles sont les conséquences de ne pas découvrir et de ne pas appliquer notre don ?

Trop de chrétiens sont tellement satisfaits du salut dont ils sont devenus les bénéficiaires, qu’ils s’arrêtent sur le chemin de leur pèlerinage ici-bas pour admirer l’Etoile du matin (2 Pi 1.19), mais sans aller plus loin. "Pourquoi faire plus ? cela me suffit", pourrions-nous entendre. "Pourquoi me casser la tête à découvrir mon don, puisque je possède déjà l’essentiel – Christ comme Sauveur" ? Or, cette attitude s’avère bibliquement insuffisante et potentiellement dangereuse pour les raisons suivantes:

1. Nous n’œuvrons pas dans le même sens que Dieu. L’Eternel travaille et met en pratique ses capacités spirituelles. Le Seigneur Jésus a bien suivi ce principe (Jean 4.34 ; 5.17 ; 6.28 ; 9.4 ; 17.4). Même l’apôtre Paul reconnut la nécessité d’œuvrer avec Dieu (Eph 3.20 ; Phil 2.13 ; Col 1.29 ; voir aussi 2 Rois 13.1 ; Ps 92.5). Pourrions-nous faire moins ?

2. Nous pouvons passer à côté des bénédictions réservées à ceux qui emploient leur don, car seule l’obéissance à chaque personne de la Trinité et à l’appel reçu nous permettent d’entrer dans la pleine jouissance des bénédictions qui nous sont destinées (Mat 25.21 ; Jean 4.38 ; cf. aussi les références soutenant ce principe, Prov 8.32 ; Deut 1.35-36 ; 1 Chr 29.12,14,16-17). Je suis sûr que des multitudes de convertis passent à côté de bénédictions quotidiennes, n’étant généralement pas dans la volonté de Dieu, ni spécifiquement utilisables quant à l’emploi de leur don. Faisons-nous ce qu’il faut pour que toutes les faveurs qui nous sont prédestinées nous parviennent ? Ne pensez-vous pas que Dieu soit attristé de ne pas nous inonder de ses bienfaits ?

3. Nous n’aidons pas au maximum les autres membres du corps. Le Seigneur Jésus, notre Roi, a lui-même partagé sa conception de l’interrelation existant entre les gens dans Mat 25.42-45. L’apôtre Paul est lui aussi explicite dans ce domaine (Eph 4.11-16). Un don spirituel nous a été donné pour venir en aide aux autres membres du corps (1 Cor 12.12-27).

4. Nous obligeons ceux qui connaissent et qui appliquent leurs dons à assumer une surcharge de travail à cause de notre indifférence ou de notre négligence dans l’emploi de nos dons. Inadmissible ! Bien sûr, le corps ne pourrait fonctionner aussi bien dans une telle condition. Nous ne nous attelons pas à la tâche.

5. Nous risquons de nous priver de récompenses dans l’Au-delà (cf. II. 4., ci-dessus).

IV. Quelle attitude devrions-nous manifester dans la recherche de notre don ?

Nous ne pouvons réussir dans notre investigation au sujet de notre don, que dans la mesure où notre attitude est sincère et persévérante. Voici quelques suggestions concernant la manière par laquelle nous pourrions aborder nos recherches.

1. Reconnaître notre ignorance présente et réelle.

Cette attitude va de soi, si nous ne sommes pas sûrs de connaître notre don. La sincérité devant Dieu paiera ! Ce n’est pas un péché d’ignorer l’identité de notre don, si nous ne savions pas jusqu’à maintenant que nous en possédions un. Dieu est au courant, et les autres voient si nous connaissons notre don ou pas. N’essayons pas de berner Dieu et les autres.

2. Admettre notre humilité, notre indignité face au Père et au Fils

L’Esprit de Dieu est le distributeur des dons (Es 6.5 ; Jér 1.6 ; Ps 115.3 ; 1 Cor 12.6-7,11,18-19). Sommes-nous vraiment dignes et méritoires pour être investis d’un don ? Certainement pas : tout est pure grâce. Reconnaissons-le humblement.

3. Être réceptifs

Plaçons-nous devant le Seigneur Jésus avec l’humble souhait de recevoir l’identité de notre don, prêts à être éclairés dans ce domaine (1 Sam 3.9 ; Ps 85.9 ; Esa 6.9 ; Dan 10.12,19 ; Act 9.6).

4. Avoir le désir d’être obéissants lors de la découverte de notre don

(Héb 10.7, Ps 39.7-9). Voici quelques références mettant en relief quelques qualités de l’obéissance dans ce domaine : 1 Sam 15.22 ; 1 Pi 1.22 ; Ex 24.7 ; Ps 40.8-9 ; Ps 119.34 ; 1 Pi 1.14 ; Jos 1.7 ; Esa 1.19 ; 2 Cor 10.5 ; Jean 13.15.

5. Avoir foi en sa bonté

Il nous révélera notre don, un cadeau de sa grâce (Ps 27.13-14 ; 31.20 ; Héb 11.1 ; Ps 25.3 ; Rom 8.25 ; Ps 145.5 ; Rom 12.12).

V. Comment rechercher notre don ?

J’aimerais partager ici les principes employés pour la découverte de mon don spirituel. Au début, je ne les reconnaissais pas en tant que tels, mais ils me sont apparus rétrospectivement, bien des années plus tard, lors de réflexions.

1. J’ai prié le Seigneur pour qu’il me fasse comprendre et reconnaître quel était mon don (Ps 135.6 ; Eph 4.7 ; 1 Cor 2.9-12 ; Rom 12.6a ; Héb 2.4a). Du début de ma recherche de mon don jusqu’à sa découverte, deux ans et demi se sont écoulés. Il faut persévérer dans la prière pour avoir les oreilles spirituelles ouvertes en vue de recevoir l’information que nous demandons.

2. J’ai prié mon Père céleste que l’Esprit me place là où l’utilisation de mon don serait sollicitée ou mise en valeur (Ps 143.10 ; Act 4.36 ; Act 9.26-27 et 11.20-22 ; voir aussi le cas de Mardochée et d’Esther dans Est 2.21-22 ; celui de l’apôtre Pierre dans Act 10, puis celui de Barnabas et de Paul dans Act 11.25-26). Ce genre de prière, c’est notre engagement auprès de Dieu démontrant notre sérieux et notre dépendance de l’Esprit.

3. J’ai toujours voulu être aussi utile que possible pour mettre en valeur le Seigneur Jésus et pour que des gens viennent à lui. Il fallait que le don, que je ne connaissais pas encore, serve à magnifier Jésus-Christ (1 Cor 12.31 ; Rom 11.36 ; Jean 16.14).

4. J’ai prié que d’autres soient aussi bénis, enrichis et édifiés spirituellement (Act 18.27). Notre don est pour les autres (Eph 4.16 ; 1 Cor 12.7).

5. J’ai prié pour que d’autres reconnaissent mon don et qu’ils me le disent sans aucune sollicitation de ma part, c’est-à-dire que leur commentaire ou leur appréciation soit une surprise complètement inattendue (Act 18.27-28 ; Tite 1.4-5 ; 1 Tim 1.18 ; 6.12).

6. J’ai prié pour bien mettre en œuvre par l’Esprit le don donné (1 Tim 4.14 ; 2 Tim 4.1-15 ; Col 4.17).

7. J’ai prié, en reconnaissant mon don, que le Seigneur fasse toute chose par l’Esprit pour m’aider à améliorer l’utilisation de mon don. Cela signifie que je dois tout mettre en œuvre pour parfaire, optimiser, affermir ce don, en lisant des livres, en demandant des conseils auprès de ceux qui ont de l’expérience, en les observant dans l’exercice de leur don. Le don que nous avons du Saint-Esprit est parfait, mais l’emploi humain de ce don est perfectible (1 Tim 4.13-16) !

VI. Quelles attitudes doivent nous imprégner, nous guider après la découverte de notre don ?

Connaître l’identité de son don procure un état spirituel de joie, de paix, d’encouragement, d’énergie même : « Maintenant, je comprends ce que je dois et peux faire par la grâce de Dieu. Je peux me concentrer en ce que je suis appelé à faire, au lieu de me disperser en essayant de faire mille choses. Je sais quoi viser… » Tout cela est bien, mais il existe trois dangers potentiels cachés derrière ce beau témoignage confiant.

– Je pourrais me concentrer tellement sur mon ou mes dons, que je devienne exclusif, donc déséquilibré… « Mon don et rien que mon don ! »
– Je pourrais même refuser de venir en aide dans d’autres domaines lorsque le besoin est évident et pressant. Il faut éviter la rigidité !
– Je peux penser que, comme le Saint-Esprit m’a accordé une certaine capacité spirituelle, unique à moi, cela « marchera tout seul ». Je vais croiser les bras, prier et regarder l’Esprit à l’œuvre. Mon don va s’enclencher automatiquement lorsque la bonne situation se présentera, et je n’aurai pas besoin de me fatiguer davantage ! Quelle erreur fondamentale!

Voici quelques attitudes utiles qui peuvent servir de guide pour l’emploi de notre don :

1. Il faut que nous ayons une opinion juste et équilibrée, modeste, quant à l’utilité et à l’emploi de notre don (Rom 12.3 ; 2 Cor 12.7). Nous ne sommes pas le seul, le meilleur, l’exceptionnel. Dieu veut nous utiliser, mais nous ne sommes pas indispensables. En un mot, il faut une véritable humilité intérieure (1 Cor 15.10).

2. Il existe une diversité de fonctions (Rom 12.4), donc je n’ai pas tous les dons. Dans telle ou telle situation, quelqu’un d’autre ayant le même don que moi pourrait être choisi à ma place, soit directement par l’Esprit, soit par la décision humaine de quelqu’un d’autre. Lorsque cela arrivera, rappelez-vous bien que l’égoïsme et la jalousie rôdent autour de vous pour vous faire tomber dans le péché. Nous pouvons aussi adopter une attitude de martyr et nous flageller ou carrément bouder ! Nous servons le Seigneur, et c’est lui qui est souverain.

3. Il existe une unité de communion (Rom 12.5), et notre tâche, c’est d’œuvrer pour que cette unité continue (Rom 14.19 ; 2 Cor 13.11 ; Rom 12.18).

4. Il est intelligent, dès le début, d’admettre que vous serez critiqué, voire accusé faussement, dans l’exercice de votre don. Préparez-vous à cette éventualité (2 Cor 10.10 ; 1 Pi 4.4).

5. L’amour est indispensable et doit constamment régir l’exercice de mon don (1 Cor 13). Ce chapitre est très explicite sur le « comment de ne pas employer » son don (1 Cor 13.1-3), et très clair sur le « comment l’utiliser » (1 Cor 13.4-7). Dieu nous a donné avec amour notre don par l’Esprit, et il attend qu’il soit utilisé de la même façon.

VII. Conclusion

Appliquons-nous donc par « marcher dans les bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance pour nous » (Eph 2.10). Le Seigneur nous montrera quels sont nos dons. Que ces réflexions puissent nous aider et nous diriger dans cette démarche biblique, saine et équilibrée pour découvrir et exercer nos dons divers pour l’édification du corps de Christ et à la gloire de Dieu.

Écrit par


Un enjeu important

Samedi 11 octobre 2003, sur le coup de 17 h 00, l’Equipe nationale suisse de football s’apprête à livrer un match décisif en vue de la qualification pour l’Euro 2006. Les joueurs laissent derrière eux une semaine de tensions intenses où la presse s’est laissée aller à toutes sortes de manœuvres de déstabilisation. 22 acteurs s’apprêtent à entrer dans un stade comble et à jouer devant 30 000 spectateurs ; chacun de ces spectateurs a son avis sur le onze idéal à aligner, sur la tactique à appliquer, tous se sentent à la fois un peu journaliste, arbitre et sélectionneur. Pourtant aucun d’entre eux ne jouera une seule minute de ce match capital… N’en est-il pas parfois ainsi dans l’église ? quelques acteurs s’époumonent devant beaucoup de spectateurs qui ont tous leur idée sur ce que l’église devrait faire ou ne pas faire, mais si peu s’engagent dans l’arène… La pression de la société devient toujours plus forte sur l’église… Les joueurs vont-ils craquer ?

Un constat

De plus en plus de chrétiens, sans pour autant se détourner de la foi, ne voient plus l’utilité de se réunir avec d’autres. Peut être déçus par l’Eglise… D’autres encore viennent volontiers au spectacle du dimanche matin, mais n’ont pas du tout envie de s’engager d’une manière ou d’une autre pour la communauté. Sitôt le culte terminé, ils disparaissent… Ils ont d’autres priorités. Certains se sentent trop nuls, incapables d’amener quoi que ce soit aux autres. D’autres ruminent leur amertume. D’autres encore ont été blessés par leurs frères et sœurs. Que faire ?

La base biblique

Peut être est-il bon de rappeler que l’Eglise est une part très importante du projet de Dieu pour les humains. Dès les premiers chapitres de la Bible, un principe est donné : "Il n’est pas bon que l’homme soit seul" (Gen 2.18). A cela s’ajoute le constat : "Qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble" (Ps 133.1). L’Evangile nous apprend également que "Jésus allait mourir pour la nation (…), mais aussi pour rassembler en un seul (corps) les enfants de Dieu dispersés" (Jean 11.51-52). L’Esprit de Dieu est désormais ce liant entre tous ceux qui ont reçu Christ comme Sauveur ; ensemble, ils forment un organisme vivant : "Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps" (1 Cor 12.13). Ainsi, "vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part" (1 Cor 12.27). Habitants de la même maison, frères et sœurs de la même famille, membres du même corps, nous sommes appelés à vivre ensemble. Pourquoi ? Pour l’adoration de notre Dieu, la communion fraternelle, l’évangélisation, la prière et l’enseignement (Mat 28.19, Jean 4.23-24, Actes 2.42).

A toi qui es blessé

Un jour, quelqu’un de ton église t’a peut-être dit des paroles blessantes ? Tu lui en veux… Et tant qu’il ne vient pas te demander pardon, tu ne mettras plus les pieds dans cette église. Dieu voit ta douleur et la comprend. Je ne la minimise pas non plus, mais je pense à Jésus, blessé par ses frères, dans son pays, condamné injustement, qui, dans d’affreuses souffrances, arrive encore à dire : "Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font" (Luc 23.34). Et je me rappelle son enseignement où je suis toujours appelé à faire le premier pas, si un frère pèche contre moi (Mat 18.15). L’évangile est exigeant, mais toujours Dieu veut te donner la force d’aller, de prendre l’initiative et de rencontrer ton frère pour lui dire ce que tu as sur le cœur. Vivre le pardon, c’est quelque chose de magnifique : pourquoi ne pas essayer ?

A toi qui te sens trop nul

Mes oreilles raisonnent encore de paroles et de pensées injustifiées que certains de mes frères et sœurs s’infligent : "Je n’ai pas la facilité de parole de celui-ci", "je n’ai pas de don aussi manifeste que celle-ci". Alors la pensée qu’ils sont nuls les envahit, certains allant même jusqu’à s’en convaincre et se le répéter inlassablement. Un prophète a eu les mêmes pensées et l’Eternel, avec amour, a repris Jérémie : "Ne dis pas : je suis un enfant" (Jér 1.7). Non ! Ne dis pas : "Je suis nul"… Mon frère, ma sœur, refuse ces pensées que Satan se plaît à te susurrer ! "Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune" (1 Cor 12.7). Tous ont reçu un don, tous les membres du corps sont nécessaires, même ceux qui paraissent les plus faibles (1 Cor 12.22). Que ces paroles raisonnent dans ton cœur et te permettent de surmonter ta crainte, ton sentiment d’inutilité, pour être un membre actif dans l’Eglise. Certains sportifs, lorsqu’ils sont légèrement blessés, compensent en mettant, par exemple, plus de poids sur une jambe. Il peut s’en suivre de graves séquelles allant jusqu’à la déformation du squelette. C’est tellement dommage de voir, parfois, certains membres se démener pour compenser ce que d’autres ne font pas…

A toi qui as d’autres priorités

Une place de travail en vue vaut bien tous les sacrifices, dont celui de travailler tous les soirs jusqu’à 20 h 00 et de ne jamais avoir le temps de fréquenter une réunion de prières ou une cellule de maison… Effectivement, certains n’ont pas le choix… Mais si cet état perdure, es-tu sûr que c’est bien le plan de Dieu pour ta vie ? Dieu veut avoir la première place dans nos vies ! (Col 1.18). Quelle place a-t-il dans ta vie ? Et l’Eglise pour laquelle il a payé très cher ? Ne passe pas à côté des choses essentielles… Vivre ses peines et ses joies avec ses frères et sœurs, engager ensemble notre cœur à prier et louer Dieu, à le servir : tu y trouveras une bénédiction que rien d’autre ne pourra t’apporter.

A toi qui es membre d’une église

Fais-tu partie des 80 % de membres de l’église qui vont au spectacle le dimanche matin ? Les joueurs sont nuls, l’entraîneur devrait faire autrement… Alors tu ne t’impliques pas, ou plutôt pas trop. Et les responsables s’époumonent… Prendre soin les uns des autres, pleurer avec ceux qui pleurent, se réjouir avec ceux qui se réjouissent, être actif et pas paresseux dans le service, se recevoir les uns les autres, encourager, aider, donner un peu de son temps : ce ne sont pas des tâches réservées à une élite. Tous, à notre mesure, sommes appelés à nous impliquer… La moisson est grande, mais les ouvriers peu nombreux. Vas-tu relever le défi ?

A toi qui es responsable dans une Eglise

Tes forces s’amenuisent… Tu aimerais bien que la relève prenne le relais. Mais… as-tu tout fait pour la former, la préparer et la mettre en confiance ? Combien de fois as-tu invité un Timothée à servir avec toi ? Il me semble que chaque chrétien mature, assurant sa part de responsabilité devrait, comme Paul, avoir son Timothée, un jeune qu’il « coache », forme, encourage et suit de près. Oui, parfois, tout a été fait et les choses mises en place pour que les différents services soient remis à la jeune génération… Mais combien de fois, rien n’a été préparé… Dommage. Peut-être avais-tu un style trop individualiste ? ou étais-tu inaccessible pour un jeune plein de doutes qui ne demandait qu’à être régulièrement encouragé dans son service naissant ? Et faute d’un pasteur attentif, il a tout lâché (Ez 34) ! "Nous qui sommes forts, nous devons supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas et ne pas chercher ce qui nous plaît" (Rom 15.1).

Dans le NT, l’autorité est toujours liée au service. Or on voit des responsables d’églises monter facilement en chaire, mais manquer d’humilité, éviter les basses tâches, négliger les visites et oublier d’encourager les faibles ; alors lorsque la jeune génération se rebiffe quelque peu devant de tels responsables, je me demande si elle n’a pas raison…

Les blessés de ta communauté, ceux qui n’y sont plus revenus depuis quelque temps, ceux qui ont besoin d’être encouragés pour que leur don éclose, qu’en as-tu fait ? Je t’encourage, sans attendre, à te lancer à servir, aider, aimer et accompagner les faibles, ceux qui ne sont pas encore convaincus par le magnifique projet que Dieu a eu en formant l’Eglise et peinent à s’y insérer !

Un témoignage

Voilà bientôt plus de dix ans que j’ai pris la décision de m’engager dans une église locale. J’ai fait des choix, notamment en privilégiant toujours dans mon agenda les rencontres de l’église. J’ai eu la chance de fréquenter deux communautés différentes durant ce laps de temps. Nous n’avons pas été épargnés par les épreuves et les coups durs… Plusieurs fois, j’ai été à deux doigts de tout lâcher… La pression du monde, les attentes des uns et des autres, la difficulté à concilier des catégories d’âge bien différentes, la difficulté à partager une vision commune, le ronron spirituel m’ont parfois découragé. Mais, indéniablement, l’Eglise est le lieu où j’ai appris à être patient, à pleurer, à me réjouir, à connaître mes limites, mes dons, à connaître, louer et servir Dieu. Je t’encourage à t’y engager ! Cela en vaut la peine… et c’est précisément le dessein de Dieu pour toi.


LA QUATRIEME BEATITUDE

Jean-Pierre SCHNEIDER

« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés.» Matthieu. 5.6

Les trois premières béatitudes nous ont permis de nous examiner, pour découvrir notre pauvreté spirituelle et notre faiblesse morale ; et nous avons découvert du même coup que le péché en nous a corrompu notre être tout entier, pourtant créé parfait par Dieu. Le péché est à la base de tous les problèmes mondiaux, à commencer par les guerres.
La quatrième béatitude nous montre la solution : si chaque homme recherchait d’abord la justice, il n’y aurait plus de danger de guerre.

Arrêtons-nous sur chacun des termes de cette béatitude.

1. La justice

Jésus dit que seuls ceux qui recherchent ardemment la justice sont heureux. Le monde recherche le bonheur, et il lui échappe toujours. Selon la Bible, le bonheur n’est jamais le but de notre quête, mais il résulte de quelque chose d’autre. Si nous mettons le bonheur avant la justice, nous ne le trouverons pas. Ce ne sont donc pas ceux qui ont faim et soif de bonheur qui peuvent être heureux ; ce sont ceux qui ont faim et soif de justice : ils seront rassasiés.

Même dans l’Église, combien de gens ont l’air de toujours chercher quelque chose qui leur échappe. Ils vont de réunions en réunions, de conférences en conférences, toujours en quête de quelque chose de merveilleux, d’une expérience qui devrait les remplir de joie, voire d’extase. Ils voient d’autres personnes qui ont cette joie, mais eux ne la trouvent pas. Car, justement, nous n’avons pas à aspirer à des expériences extraordinaires. Pour trouver le bonheur véritable, il nous faut rechercher la justice. La joie et les expériences spirituelles sont le don de Dieu ; notre part, c’est de rechercher la justice.

Quelle justice ? Ce n’est pas ce qu’on entend aujourd’hui : une sorte de justice générale entre toutes les nations, qu’on réclame à grands cris. Déjà les philosophes grecs la réclamaient. Et en même temps, on trompe sa femme, son mari, ses partenaires commerciaux.

Avant de considérer l’aspect proprement spirituel, voici quelques considérations sur l’aspect primaire de cette béatitude. Qui n’a pas souhaité ardemment que justice soit faite et que des monstres tels que Hitler, Staline, Mao et leurs comparses, pour ne nommer que les plus féroces du 20e siècle qui ont fait souffrir et assassiner des millions d’êtres humains sans défense, reçoivent le juste châtiment qu’ils méritent mille fois ? Ceux qui lisent la Bible et ont une notion même fragmentaire de Dieu savent que, s’il est amour, Dieu est tout autant justice absolue. Le dernier jugement satisfera entièrement leur soif de voir la justice de Dieu triompher de toute injustice.

Retournons à l’examen de ce que signifie cette quatrième béatitude pour l’enfant de Dieu. Elle s’inscrit dans l’enseignement fondamental de Jésus concernant le chrétien.

Le mot justice peut aussi être rendu par « droiture, rectitude ». Il ne s’agit pas de respectabilité ou de bonne moralité. Le terme justice contient l’idée de « justification », mais aussi (dans notre contexte) de « sanctification ». Car le désir de justice implique le désir d’être libéré du péché, qui sépare aussi bien de Dieu que des hommes.

Or, tout le malheur du monde actuel est dû au fait que l’homme vit séparé de Dieu. Le monde est sous la domination du péché et de Satan. Il agit dans les enfants de la désobéissance, « les fils de la rébellion » (Eph 2.2) ; Satan est leur tyran, et ils n’arrivent pas à s’en libérer.

Mais l’homme ne peut pas non plus se libérer de lui-même, de son propre désir de pécher, de faire le mal. Celui qui a faim et soif de justice aimerait ne plus vouloir pécher. Il soupire après la délivrance de la pollution du péché.

Les trois premières béatitudes dépeignent l’homme libéré de son Moi égoïste : son orgueil, sa vantardise, sa susceptibilité, le désir de protéger ses droits, ses aises, de se glorifier… La quatrième béatitude traite de l’homme qui, ayant vécu cette libération du Moi tyrannique, désire avant tout la sanctification, parce qu’il aimerait être conforme à l’homme nouveau en Jésus-Christ. Cela implique la connaissance de Dieu, la communion avec Dieu, la marche avec Dieu en Christ par le Saint-Esprit.

2. Avoir faim et soif

C’est l’aspect pratique. Avoir faim et soif ne signifie pas que nous cherchons la justice par nos propres efforts. Ce serait la manière du monde, et elle mène au pharisaïsme.

Avoir faim et soif, c’est être conscient de son besoin, qui doit absolument être satisfait, car ce n’est pas un désir passager. C’est un besoin profond, qui fait mal tant qu’il n’est pas assouvi, sans quoi il mène au désespoir, voire à l’agonie, tant la souffrance en est aigüe.

Avoir faim et soif peut se comparer aux sentiments des amoureux : leur désir primordial est de se trouver ensemble, et la séparation fait mal. Le psalmiste s’exprime ainsi :

« Comme une biche soupire après les courants d’eau,
Ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu !
Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant :
Quand irai-je et paîtrai-je devant la face de Dieu ?
Mes larmes sont ma nourriture jour et nuit,
Pendant qu’on me dit tout le temps :
Où est ton Dieu ? »
(Ps 42.2-4)

Darby l’a parfaitement exprimé ainsi : « Avoir faim et soif ne suffit pas ; je dois être affamé de savoir la pensée de Dieu à mon égard. Quand le fils prodigue avait faim, il se nourrissait des caroubes prévues pour les cochons ; mais quand il était affamé, il s’est tourné vers son père. »

3. Ils seront rassasiés

Etre rassasié signifie simplement avoir ses désirs comblés. C’est là tout l’évangile ! Dieu donne par grâce, et la seule aptitude nécessaire est de savoir que j’ai besoin de lui. « Je ne repousserai personne qui vient à moi » : c’est une promesse ferme ! Et Dieu satisfait immédiatement : je suis justifié par Christ et sa justice ; la barrière de péché et de culpabilité envers Dieu tombe.

En conséquence, le chrétien est quelqu’un qui sait que son péché est pardonné. Il ne doit plus rechercher le pardon par quelque rite ou pénitence, par quelque sacrement ou absolution que ce soit. Il sait tout simplement qu’il est justifié, rendu juste en Christ par la seule grâce accordée en réponse à sa foi en l’efficacité du sang de Christ. Il ne doutera jamais qu’il est rendu juste devant Dieu.

Mais cela ne s’arrête pas là. C’est un processus continuel. Le Saint-Esprit qui habite dans le chrétien dès qu’il a reçu le pardon de Dieu accomplit son œuvre de délivrance : il délivre de la puissance et de la pollution du péché. Il produit en lui la volonté d’exécuter ce qui plaît à Dieu. Cette purification qui suit le pardon se fait peu à peu ; elle n’est jamais finie. Mais le bonheur intérieur qui en découle est immédiat, bien que l’accomplissement parfait se situe dans l’éternité. Là, chacun de nous sera parfaitement juste devant Dieu, corps, âme et esprit. Dans un sens, le chrétien est déjà parfait ; dans un autre, il deviendra parfait à la venue du Seigneur. La perfection actuelle est virtuelle (c’est-à-dire que les conditions essentielles à sa réalisation sont présentes) ; la perfection à venir sera réelle.

C’est une vie fascinante ! Le chrétien a faim et soif et, en même temps, il est rassasié. Et plus il est rassasié, plus il a faim et soif de justice. C’est l’essence de la vie chrétienne : une sanctification jamais atteinte, toujours en devenir, menant de gloire en gloire.

Cette béatitude permet de nous éprouver quant à notre condition et notre position.

Éprouvons d’abord notre doctrine. Cette béatitude est une réponse aux deux objections principales faites à la doctrine du salut :

1. « C’est trop facile ! » Dieu pardonnerait simplement, ferait grâce sans aucun mérite personnel ?
2. Si l’on répond en montrant que le salut implique une marche avec Dieu, une sanctification progressive, une vie de prière et de lecture biblique régulière, alors « c’est trop difficile ».

D’où il faut conclure que celui qui proteste contre le salut pour l’une ou l’autre de ces deux raisons confesse qu’il n’est pas chrétien du tout (pas né de Dieu).

Quant à nous, chrétiens nés de Dieu : comment peut-on voir que nous avons faim et soif de justice (de droiture, de rectitude) ? Je vous propose cinq questions-test pour nous éprouver.

1ère question-test

Sommes-nous conscients que notre propre justice est fausse ? trompeuse ? erronée ?

Tant que je n’ai pas compris que ma propre justice n’est rien (« un vêtement pollué », Es 64.5), je n’ai pas faim et soif de la justice de Dieu. Paul écrivait aux Philippiens que tout ce qu’il avait été et fait avant sa conversion était du « fumier » (ça pourrit, et ça pue…). « Rien de bon n’habite en ma chair » (Rom 7.18): en sommes-nous convaincus ?

Mais attention : cela ne veut pas dire que « de toute façon je ne vaux rien, donc à quoi bon ? » Non, cela veut dire : « Par Christ, je peux tout ! pas par moi-même, mais en mettant ma confiance en lui. Il est ma justice, il est ma sainteté. J’aimerais être comme lui, ou comme Moïse, ou Abraham, ou David. »

Là, je placerai un avertissement. Il est possible d’être comme eux d’une fausse manière, de désirer les bénédictions dont ils bénéficiaient sans vouloir vivre comme eux. Balaam est un exemple typique de cette attitude. Il dit : « Que je meure de la mort de ceux qui sont justes (droits), et que ma fin soit semblable à la leur » (Nom 23.10). Balaam voulait bien mourir comme les justes, mais il ne voulait pas vivre comme eux. Il livra les fils d’Israël à l’idolâtrie et à la débauche (Apoc 2.14). Il faut avoir vécu comme les justes pour mourir comme eux.

2ère question-test

Est-ce que je refuse de marcher là où je risque d’être pollué ?

Si j’ai faim et soif de justice, j’éviterai tout ce qui s’oppose à la justice. Si, d’une part, je ne pourrai jamais devenir vraiment comme Jésus, d’autre part je peux arrêter de m’exposer à la souillure. Il y a deux aspects à cela :

1. Certaines choses sont carrément opposées à Dieu et à sa justice. Si j’ai faim et soif de justice, je les éviterai comme la peste. On évite le contact avec une maladie infectieuse. Le même principe s’applique à l’infection spirituelle.
2. Il y a des choses qui sont inoffensives en elles-mêmes, mais qui ont tendance à nous rendre moins alertes, moins exigeants spirituellement. Si nous trouvons que nous y accordons trop d’importance, trop de temps, il faut les éviter. L’appétit peut être gâté par des gâteries entre les repas. Si je trouve que certains passe-temps, même si c’est quelque chose de parfaitement légitime (comme le sport, une collection de timbres, la télé, la lecture,…), diminuent mon appétit spirituel, et si j’ai faim et soif de justice, de sanctification, je leur donnerai moins (ou plus du tout) d’importance. Rien de plus logique !

3ère question-test

Est-ce que je lis la Bible chaque jour ? et des livres qui me l’éclairent ?

Si j’ai faim et soif de justice, je la placerai sous mes yeux sans cesse. Il faut de la discipline dans ce domaine. Il faut suivre un plan qui me permette de faire connaissance avec la Bible entière. Personne n’est trop occupé pour lire la Bible quotidiennement. Quand on veut, on peut ! Il est extraordinaire de constater comment on trouve le temps de faire ce qu’on veut vraiment faire.

4ème question-test

Est-ce que je recherche la compagnie de ceux qui ont faim et soif de justice ?

Ce n’est pas pour rien que le NT nomme la nouvelle société créée par Jésus-Christ un corps : chaque membre a besoin de l’autre ; aucun chrétien ne peut se suffire à lui-même. S’isoler en ermite est une solution erronée. Chacun a besoin d’autres chrétiens, qui ont besoin de lui. Je sais ce que c’est d’être sans église, sans communauté de frères et sœurs. On doit se contenter de substituts. J’en ai fait l’expérience en Afrique – et ici en Suisse. On est membre du corps de Christ aussitôt qu’on lui appartient, mais quel privilège de l’être tangiblement en se rattachant à une église locale ! Si j’ai faim et soif de justice (de droiture, d’honnêteté, de liberté fraternelle), je ne désirerai pas passer mon temps avec ceux qui s’y opposent ou s’en moquent, mais avec ceux qui la recherchent ardemment comme moi. C’est un test sûr de ma faim et soif de justice.

5ème question-test

Combien d’importance la prière a-t-elle dans ma vie ?

La prière est un don que Dieu peut me donner. Combien de temps est-ce que j’y consacre ? Non pas que le temps en soi ait une grande importance ; prier « en esprit et en vérité » est primordial. Quand je lis les biographies d’un Hudson Taylor, d’un George Müller, et quand je considère Jésus ou l’apôtre Paul – j’ai honte. Ils passaient beaucoup de temps en prière.. Un vieux frère disait : « La réunion de prière est le baromètre de l’église. » La prière n’est-elle pas aussi le test par lequel pourrait se mesurer ma faim et soif de justice ? Je me sens tout petit devant vous en disant cela.

Je résumerai toutes ces questions en une seule question générale : puis-je dire tout à fait honnêtement que ce que je désire par dessus tout, c’est de vraiment connaître Dieu et de ressembler à Jésus ? de vivre de telle manière à honorer et glorifier Jésus-Christ ?

Contemplons donc la personne de notre Seigneur. Voilà comment nous devrions vivre, ce que nous devrions être.


L’auteur habite Puidoux (VD) Suisse, il est marié à Marie-Françoise et leurs enfants ont 19, 18 et 14 ans. Enseignant à 50 % dans une école secondaire (élèves de 14 ans), il poursuit aussi un ministère de formation dans les églises Action Biblique, où il a été à plein temps comme responsable de jeunesse durant 15 ans. Il exerce également un ministère pastoral au sein de l’Eglise Evangélique Action Biblique à Vevey, Suisse.

I. L’ÉCRITURE NOUS ENSEIGNE

A. L’église locale

L’église locale est la preuve visible de l’existence de l’Église de Jésus-Christ. Ce rassemblement visible est soumis au temps et aux circonstances, est affecté par les faiblesses et les luttes de ceux qui le constituent, est la cible d’un intense combat spirituel.

Ainsi l’Écriture nous indique que l’église locale s’exprime (Mat 18.17), que certains peuvent la ra-vager (Act 8.3), qu’elle se rassemble (Act 11.26), qu’elle peut être maltraitée (Act 12.1), qu’elle prie (Act 12.5), qu’elle a des anciens (Act 14.23), qu’on peut la convoquer (Act 14.27), qu’elle peut accompagner certains (Act 15.3), recevoir d’autres (Act 15.4), qu’elle peut faire un choix (Act 15.22), qu’on peut en prendre congé (Act 15.30). Elle peut être saluée (Act 18.22), être édifiée, être réunie, être persécutée, être chargée, on peut lui écrire, on peut en être chassé et on peut l’abandonner…

C’est de l’intégration à cette église-là dont traite cet article, et non pas de l’intégration à l’Église universelle, corps de Christ invisible. Bien entendu, ne peut être réellement intégré à l’église locale que celle ou celui qui fait déjà partie de l’Église universelle. Les simulateurs ou les faux-semblants sont un jour ou l’autre démasqués.

B. La jeunesse

La question de l’enseignement de la jeunesse traverse l’Ancien et le Nouveau Testament, avec une insistance et une précision qui devrait attirer et retenir toute notre attention ! Cet enseignement est la base de la conservation et de la transmission de la foi.

Qui est responsable de l’enseignement spirituel de la jeunesse ? En premier lieu les parents (Deut. 4.9-10 ; 6.6-7 ; 11.19 ; 31.12-13 ; Jos 4.21-22 ; Ps 34.12 ; 78.5-8 ; Prov 31.1 ; 1.8 ; Es 38.19 ; Joël 1.3 ; Eph 6.4). Mais c’est aussi une responsabilité qui incombe à chacun (Ps 22.31-32 ; Prov 22.6 ; Matt 18.14 ; 19.14 ; Marc 10.14 ; Luc 18.16). Enfin, le pasteur ou les surveillants dans l’Église locale ont une responsabilité particulière (1 Tim 5.1 ; Tite 2.6).

Quelle est la meilleure méthode à utiliser pour cet enseignement si essentiel et précieux ? La Parole de Dieu nous laisse une grande liberté ; cependant elle nous exhorte sur sa fréquence et son intensité (Deut 6.7), sur sa qualité (Ps 78.3-4), sur son importance (Mat 25.40,45), sur son urgence (Mat 18.14).

Le choix des méthodes, lui, est laissé libre, il ne me semble que suggéré dans l’Écriture :

– Vous appréciez les rencontres rassemblant les participants de tous âges ? L’Écriture vous donne raison, tant dans l’A.T. que dans le N.T. Du temps de Josias, Esdras et Néhémie, dans les ras-semblements autour du Seigneur, dans les rencontres des églises du 1er siècle, nous voyons des groupes multi-âges et familiaux.

– Vous préférez enseigner les enfants et les jeunes séparément, selon leurs besoins et leurs capaci-tés ? La Bible vous donne aussi raison ! “Exhorte les jeunes gens comme des frères, les femmes âgées comme des mères, celles qui sont jeunes comme des sœurs, en toute pureté” (1 Tim 4.11 ; voir aussi Deut 4.9 ; 1 Tim 5.5). Le Seigneur de même a reçu les enfants en particulier.

– Vous êtes “accros” des retraites, des week-ends de jeunes, des séminaires sur des thèmes parti-culiers ? Le Seigneur a ouvert la voie en prenant ses disciples à part, pour les enseigner sur un sujet précis (voir Mat 17, Marc 6 et Luc 9).

N’entrons pas dans des querelles stériles pour définir si telle ou telle méthode est bonne ou moins bonne, recommandable ou non-recommandable. Celles que j’ai suggérées sont présentes dans le texte biblique. Au fil des années, j’ai remarqué que toutes peuvent conduire à de bons résultats spirituels. Ne perdons pas de vue que l’objectif est essentiel, mais que les méthodes peuvent être diverses1.

C. L’intégration des jeunes2

Quelle définition donner à l’expression “intégration dans l’église” ? En caricaturant, ce n’est pas “assistance régulière du jeune à toutes les réunions de l’église”, ni "concordance de vue entière en-tre le jeune et le conseil d’anciens de l’église”, ni "obéissance aveugle du jeune au style directif du pasteur”, ni "copie conforme par le jeune du comportement des parents dans l’église” ! Peut-être pourrait-on entendre cette réflexion: “en fait l’intégration dans l’église est l’ensemble de ces défini-tions”. Ce n’est pas cela non plus !

Voici trois pistes de réflexion (sous forme de textes bibliques) qui peuvent mener à une définition de “l’intégration dans l’église” :

– “En recevant la parole de Dieu, que nous vous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la parole de Dieu, qui agit en vous qui croyez” (1 Thes 2.13). L’intégration dans l’église ne saurait résulter de la seule parole des hommes, ni d’une passion naturelle, telle l’intégration dans un club de sport ou un orchestre. L’intégration dans l’église résulte de l’action de la Parole de Dieu inscrite dans un cœur qui se laisse convaincre sur l’importance de l’église locale. La cooptation, l’amitié, les di-verses activités peuvent accompagner, ou précéder ce travail de l’Esprit de Dieu, mais ne le remplaceront jamais ! L’influence excessive d’un leadership, la manipulation psychologique, voire l’abus spirituel, ou de fausses doctrines spirituelles peuvent momentanément paraître pro-duire un semblant d’intégration. Mais c’est seulement par l’enseignement de la Parole, par l’exemple d’une vie chrétienne crédible, que la Révélation convaincra, de la jeunesse à la vieillesse.

– “Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui” (Col 2.6-7). Cette conviction personnelle progressive concernant la Parole de Dieu se fait en ces deux étapes distinctes et successives dans le temps: l’accueil du Seigneur, puis la marche en Jésus-Christ et l’enracinement sur un fondement solide.

– “Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous mar-chions en nouveauté de vie” (Rom 6.3-4). Cette construction personnelle d’un fondement solide mènera inévitablement au baptême d’eau et à la pratique de la marche dans l’expérience de la mort à soi-même, seule voie existante pour la découverte de la marche en nouveauté de vie. C’est une démarche dynamique, qui implique progression et découverte. Mais c’est aussi une démarche difficile: quel chemin à parcourir !

D’où cette définition de “l’intégration dans l’église”: “état personnel de celui ou celle qui aura à cœur d’obéir à la Parole de Dieu, qui aura comme objectif de marcher en relation étroite avec son Seigneur, qui aura expérimenté le renoncement à lui(elle)-même dans une marche en nouveauté de vie”. Cette définition permet de mesurer notre faiblesse en tant qu’être humain face à une réelle “intégration dans l’église”. Un jeune peut faillir, un chrétien adulte peut faillir, un pasteur peut faillir !

La question inévitable est alors: comment donc parvenir à conduire les jeunes dans cette expé-rience ? Mais tout d’abord examinons la situation qui prévaut actuellement dans l’environnement de notre jeunesse.

II. LA SITUATION ACTUELLE

A. Le regard des aînés sur la jeunesse et l’état de la société

Un pasteur, C. Blumhardt, disait au début du XXe siècle : "Aujourd’hui, le Christ est comme pétri-fié." Et la situation a certainement empiré aujourd’hui ! Comment donc cette “pétrification” se mon-tre-t-elle ?

Un journal chrétien a prétendu récemment que la moitié des enfants et des jeunes issus de famille chrétienne se distancent de la foi ou l’abandonnent entièrement ! Un Christ pétrifié ne peut réchauf-fer les cœurs. Pour de nombreux jeunes, il semblerait que l’attachement à la foi chrétienne est lié au fait d’avoir dans l’église de bons copains, de s’éclater au groupe de jeunes, de rencontrer dans la communauté la musique ou le sport. Un Christ pétrifié ne saurait transmettre par lui-même une quelconque motivation.

Plusieurs de nos jeunes craignent de confesser trop fortement la foi de leurs parents, c’est parfois le seul domaine où ils démontrent une timidité récurrente… Ils remettent à plus tard un engagement personnel trop significatif, sans cependant vouloir se détourner de la foi en Jésus-Christ.

Pourquoi donc rencontrons-nous tant de jeunes bien disposés, mais incapables de placer les priorités spirituelles, incapables de se soumettre réellement à la Parole de Dieu ? Que ce soit dans le maintien de la pureté sexuelle, dans la gestion de leur temps libre, dans le fait de tenir un engagement pour-tant accepté initialement ?

Il est vrai que la situation actuelle vécue par notre jeunesse est plus difficile que celle qu’a vécue la jeunesse des périodes passées, au vu d’une évolution très rapide, particulièrement dans les 10-15 dernières années. F. de Coninck définit l’homme moderne comme un "homme flexible, qui change d’avis comme de chemise", incapable de s’ancrer, sans modèle de référence et comme un "homme fragile". Notre jeunesse est en prise directe avec ces nouvelles données de vie : dans bien des cas, cela ne lui déplaît pas, puisque cette situation entre en résonance particulière avec les élans de sa nature pécheresse, de sa chair rebelle à l’autorité ! La richesse matérielle, le luxe technologique, la variété des loisirs, les multiples possibilités dans tous les domaines, sont incontournables pour les jeunes d’aujourd’hui (ex. les téléphones mobiles !). Cela conduit la jeunesse — et trop souvent no-tre jeunesse aussi — à réagir ainsi: je prends ce que je veux et je vis ce qu’il me plaît de faire.

Cet “homme flexible” donne raison au texte de Jér. 17.9 : "Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est incurable, qui peut le connaître ?".

Il est certain que notre jeunesse chrétienne pâtit de cet environnement nouveau et difficile. Chacun se définit ses propres cercles de vie, et les manœuvre à sa guise… Ce regard sur notre société peut paraître particulièrement sombre. Il permet cependant de mieux comprendre pourquoi l’intégration des jeunes dans nos églises locales n’est pas simple… Notre vision pourra néanmoins s’éclairer un peu lorsque nous examinerons quelques remèdes.

B. Le regard d’un jeune sur la situation actuelle

Un autre regard est donné par le mémoire universitaire d’un jeune chrétien évangélique, Daniel Ei-cher, “Les jeunes et l’église – Analyse marketing des facteurs démotivants chez les jeunes chré-tiens”. Son analyse est basée sur 12 entretiens personnels et sur le dépouillement de 66 questionnai-res remis à des étudiants universitaires de 19 à 26 ans, chacun d’eux se déclarant au préalable per-sonnellement chrétien.

Il ressort de ces entretiens cinq facteurs qui semblent expliquer la démotivation des jeunes quant à leur fréquentation de l’église ou leur foi personnelle: 1. la faible interaction dans le culte, 2. le peu de dynamisme de la vie d’église, 3. des chrétiens vus comme moralistes ou légalistes, 4. l’église n’est pas une priorité, 5. on peut vivre sa foi sans aller à l’église.

Par ailleurs, un responsable de GBU, que cite Daniel Eicher, donne quatre caractéristiques fréquen-tes chez les jeunes qui abandonnent la foi:

– des attentes déçues, vis-à-vis de Dieu ou des chrétiens, ces attentes pouvant être bonnes ou faus-ses ;
– un copain ou une copine non-chrétien(ne) ;
– une manière de penser non-chrétienne (surtout chez les étudiants en sciences humaines) ;
– peu de contacts avec les chrétiens, soit par manque de temps (mais c’est rare), soit par manque de volonté.

III. COMMENT AGIR ET REAGIR ?

Daniel Eicher note : “L’absence de recherche spirituelle n’a pas été évoquée comme un facteur de démotivation important chez les jeunes. Un besoin religieux continue bel et bien d’exister. Il s’agit maintenant pour les milieux ecclésiastiques de prendre connaissance des aspects qui démotivent les jeunes et d’y remédier dans la mesure du possible. L’objectif étant d’être fidèle (au message) et adapté (aux jeunes). La question du choix entre "adaptation et fidélité" est une mauvaise question typique: il s’agit bien d’être fidèles ET adaptés, bref, vivants, c’est-à-dire en relation avec nos contemporains, les jeunes… et les autres.”

Je résume les pistes d’action et de réaction en 4 points qui peuvent nourrir notre réflexion à l’inté-rieur de nos Églises :

1. Un devoir de relation : n’importe quel jeune en contact avec nous devrait savoir que si tout se ferme pour lui, nous resterons toujours à l’écoute, toujours heureux de l’accueillir et de l’aider, quelles que soient les circonstances qu’il a consciemment choisies ou qu’il subit, quel que soit son état ! L’amour sincère rend la relation possible et crée la disponibilité nécessaire.
2. Un devoir d’enseignement : notre message tient la route, et, pour autant qu’un jeune souhaite l’écouter, il sera, sans aucun doute possible, sauvé, libéré, régénéré ! À nous de poursuivre dans la voie de l’enseignement biblique avec une pleine conviction (Jér 6.16).
3. Un devoir d’accompagnement : ce troisième point est lié aux deux premiers : il est impossible de maintenir une relation personnelle et de transmettre un enseignement sans passer du temps avec le jeune. Le devoir d’accompagnement répond à un besoin essentiel du jeune: disposer d’un modèle crédible.
4. Un devoir de résistance : le chemin de la vie chrétienne authentique passe par l’expérience de la mort à soi-même, seule voie de la régénération spirituelle (Gal 5.17) Une personne qui est un modèle crédible résiste au jeune de multiples manières, “en toute douceur et en instruisant” (2 Tim 4.2). Cette résistance s’effectue, dans la mesure des possibilités, en faisant autrement plutôt qu’en luttant contre ! Ainsi le jeune peut progressivement choisir ce qui lui convient réellement plutôt qu’en étant brimé dans ses désirs qui lui paraissent, contrairement à nous, très légitimes…

CONCLUSION

La lutte pour l’intégration des jeunes dans l’église locale est une lutte spirituelle. Elle se passe à genoux, et demande de notre part et de la part des responsables de jeunesse dans nos églises dispo-nibilité et consécration.

Je termine par une phrase du travail de Daniel Eicher : “Les principales motivations d’un jeune pour qu’il se rende à l’église régulièrement seront: augmenter ses connaissances bibliques et grandir dans la foi d’une part, retrouver d’autres chrétiens (jeunes ou non) et faire partie d’une communauté où il se sente bien et soutenu, d’autre part. Plus un jeune aura intériorisé le message de l’Évangile, plus il donnera une large place à l’église.”


L’Eglise du XXIe siècle doit faire face à des évolutions importantes :

– sur le plan géographique, son "centre de gravité" se déplace : les pays occidentaux se déchristianisent rapidement, au profit des pays en voie de développement, où l’évangile progresse nettement ;
– sur le plan des structures, le déclin des grandes églises traditionnelles se fait au profit de groupes multiformes, plus ou moins indépendants ;
– l’optique consumériste et individualiste de notre société moderne conduit à une dilution de la notion d’engagement : on cherche l’église qui convient le mieux à sa sensibilité du moment, on veut constamment du nouveau, la notion d’autorité est remise en question…

Alors que faire, face à ces situations de plus en plus variées ? Comment aborder les questions qui se posent sur l’autorité, sur l’engagement, sur l’intégration de la nouvelle génération, sur la place de la louange, etc. ?

Promesses se propose d’examiner quelques réponses bibliques à ces enjeux actuels. Au-delà des questions de structures ou de formes auxquelles nous nous arrêtons trop souvent quand il s’agit de l’Eglise, conservons la double optique que nous présente la Bible :

l’Eglise est une, unie par le Saint Esprit à Jésus-Christ, par une unité vitale indestructible, même si cet aspect n’est, hélas, que bien peu visible.
l’Eglise, dans sa diversité, est le reflet de la "sagesse infiniment variée de Dieu" (Eph 3.10).

Ainsi il n’y a pas de solution uniformément applicable aux enjeux actuels. Trouvons, à partir des réflexions et des pistes évoquées dans ces divers articles, avec l’aide du Saint Esprit, les solutions adaptées à chaque situation locale. Et gardons la vision grandiose de l’Ecriture concernant l’Eglise : en elle et par elle, Dieu "peut faire infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons" (Eph 3.20). A l’infinie variété des problèmes et des situations, répondent à la fois l’infini de la sagesse et de la puissance de Dieu, pour sa seule "gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles !" (Eph 3.21).

Écrit par


«Quand il n’y a pas de vision, le peuple est sans frein.» Proverbes 29.18

A Jérusalem, du temps de Néhémie, l’autel est reconstruit, mais il n’y a pas de place pour une vie paisible et un témoignage vibrant parmi les Juifs réchappés de la captivité. Néhémie ne cherche pas à remettre en question la place de l’autel, ni l’emplacement du temple ou le service qui s’y accomplit. Il respecte le travail d’Esdras et de ceux qui l’ont précédé.

Néanmoins, en tant que serviteur et responsable, il y a une charge et un défi qu’il veut relever :

– regrouper le peuple autour de son sanctuaire et de son Dieu ;
– redonner à la cité ses murailles protectrices et ses portes.

Quelques étapes de la vie de Néhémie montrent comment, face à une situation quasi désespérée, Dieu peut opérer un changement décisif.

1ère étape : Néhémie recueille des informations objectives sur l’état de son peuple
(Néh 1.1-3). Une vision naît d’une bonne connaissance de la situation.

2ème étape : Néhémie est saisi d’une profonde et sainte tristesse (Néh 1.4).
Souvent une vision naît d’un cœur déchiré et attristé.

3ème étape : Néhémie jeûne (Néh 1.4).Une vision naît d’une recherche sérieuse et sincère de la direction de Dieu.

4ème étape : Néhémie prie dans un esprit de repentance et en s’appuyant sur les promesses de l’Ecriture (Néh 1.5-11).
Une vision est souvent donnée à ceux qui prient dans cet état d’esprit.

5ème étape : Néhémie attend (4 mois entre les chapitres 1 et 2…). En principe, la vision est donnée à ceux qui s’attendent patiemment à LUI.

L’histoire de Néhémie est un exemple remarquable d’une bonne manière de diriger et de se préparer pour la vision et les changements éventuels. Nos plans doivent venir de Dieu. La prière, la dépendance du Saint-Esprit, et une lecture attentive des Ecritures nous révéleront la vision de Dieu pour Son Eglise.