PROMESSES

Je suis fromager de profession. Enfant, j’ai reçu une éducation catholique, mais ces bondieuseries ne m’intéressaient pas , au point de le dire au curé dont tout le monde se moquait par derrière. Il le savait ; il a apprécié ma sincérité et m’a libéré de son catéchisme. A 13 ans , j’écoutais du hard rock où tout se rapportait à l’alcool, au sexe et à la drogue.

Il s’ensuivit un changement dans ma vie. Mon look, ma façon de penser, de parler, sans compter les tatouages et mes nouvelles fréquentations qui m’entraînaient sur une pente que, secrètement, ma conscience n’approuvait pas toujours, et qu’il me devenait de moins en moins possible à remonter. Je n’arrivais plus à me concentrer dans l’apprentissage du métier que j’avais choisi. Plus occupé de faire la noce avec les copains, j’accumulais mauvaises notes et mauvais résultats. Je sortais tous les soirs et, six jours sur sept, j’étais " rond ".

Mais, jusque là, j’avais toujours refusé de consommer de la drogue. Cela me permettait de me sentir supérieur à ceux qui en prenaient. Eux faisaient des choses illégales, moi pas. Cela chatouillait agréablement mon orgueil de me sentir plus fort qu’eux.

Pourquoi ne pas essayer ?

Mais suite à une proposition de respirer du solvant, je me suis dit : " Pourquoi ne pas essayer ça, c’est peut-être mieux ? ". C’est par ce biais-là que mon entrée dans le monde de la drogue s’est faite. J’ai consommé du H en quantité et, comme dans la région on trouvait des champignons hallucinogènes, qui eux avaient le mérite d’être gratuits, je m’y suis adonné. Il y a eu une telle répercussion sur ma santé qu’un jour, en me regardant dans la glace, j’ai eu peur de moi-même. J’étais parfois dans un tel état second que je n’aurais pas reconnu mes parents.

Je me sentais taraudé par des idées de suicide et je me posais des questions : " Pourquoi suis-je en vie ? Qu’est-ce que je fais là ?". J’étais au bord du gouffre. Mes parents me posaient parfois des questions : " Pourquoi as-tu les yeux rouges ? " Je leur mentais en disant que c’était le vent que je prenais dans les yeux avec le vélomoteur, alors qu’en fait c’était la drogue. A 16 ans, encore mineur, j’ai été pris en flagrant délit de consommation de drogue et c’est alors que mes parents consternés ont appris la chose, qui s’est terminée au tribunal des mineurs. Cela ne m’a pas empêché de continuer à fréquenter un copain avec qui je faisais de la musique et fumais des joints.

Un voyage au Népal

Un jour, ayant organisé un voyage au Népal, il m’a proposé d’y aller. J’ai acquiescé, avec la pensée que là-bas quelque chose de nouveau se passerait dans ma vie. C’est dans ce pays que j’ai été mis en contact avec les religions orientales. J’ai été surpris d’apprendre que, dans l’hindouisme, il y avait trente trois millions de dieux. J’ai découvert la loi du karma qui régit le fatalisme ; le système des castes où, d’après leur nom, les gens sont enfermés dans une condition d’où ils ne peuvent pas sortir. J’ai appris que le bouddhisme était une religion athée, orientée vers la recherche du « vrai soi », lequel serait Dieu. Je ne pouvais pas admettre que moi, si pécheur, si imparfait, je pouvais devenir mon propre Dieu. En plus j’avais rencontré un français qui s’était fais bouddhiste et qui, pour toute certitude, me disait que " tout dans ce monde n’était qu’illusion". Mais je voyais autour de moi, la mort, la souffrance, et l’injustice, et ça c’était bien une triste réalité, et non une illusion.

En rentrant de ce décevant voyage, j’ai retrouvé mon frère Thomas, mais il n’était plus le même, il était tout changé. Sa chambre autrefois tapissée d’affiches aux dessins diaboliques était devenue nette. Je me suis dit qu’il se passait des choses bizarres. Il m’a parlé de la Bible et de ce qui venait de lui arriver. Et j’étais bien obligé de constater qu’un changement radical s’était opéré dans sa conduite. Lui qui, étant mon aîné, m’avait toujours entraîné dans l’alcool, le tabac, la drogue et la mondanité, se mettait à me parler du Seigneur Jésus-Christ.

Mes erreurs apparaissent

A l’aide de la Bible, il me montra mes erreurs de conduite et celles de notre religion. Il me montrait les textes de la Parole de Dieu qui, de toute évidence, contredisaient ce qu’on nous avait fait passer pour " parole d’Evangile " et qui n’étaient que des élucubrations d’hommes religieux. Il m’a fait cadeau d’une Bible. Cela m’a touché et l’envie m’est venue d’en savoir plus.

Moi qui lisais peu, je me suis mis à la lire, à commencer par le Nouveau Testament. Plus je lisais, plus j’étais convaincu de la vérité de ces paroles, qui tenaient le langage de ma conscience. En fait j’y trouvais ce que j’avais cherché depuis toujours. J’en suis arrivé à découvrir que si le Seigneur revenait, moi je serais perdu dans la condition où j’étais encore.

J’avais à l’époque une bonne amie à qui j’ai dit : " Katy, j’ai trouvé la vérité ! ". Elle m’a répondu : " Tant mieux pour toi ! ".

Mais elle ne saisissait pas la profondeur de ce que je disais. Pour elle, les choses ne sont pas allées plus loin et nos relations ont cessé d’elles-mêmes.

Un soir que je faisais du jogging avec mon frère Thomas, je lui ai fait part de ma conviction profonde de la véracité de la Parole de Dieu. Il m’a dit : "Si tu veux on peut prier ensemble maintenant " . Je lui ai répondu que je ne me sentais pas tout à fait prêt à faire ce pas. Que quelque chose me retenait encore de me donner au Seigneur, mais que j’étais tout près de le faire.

Réponse à l’appel

C’est le lendemain, le 16 janvier 1991, que j’ai répondu à l’appel du Seigneur. Je travaillais dans l’entreprise familiale de fromagerie et j’ai éprouvé l’impérieux besoin de m’isoler. Le seul endroit où je pouvais le faire était les toilettes. Dans ce lieu exigu, je me suis mis à genoux, appuyé sur le couvercle de la cuvette du w-c, et j’ai récité le " Notre Père " , puisque je ne connaissais rien d’autre.

Puis j’ai confessé tous mes péchés à Jésus-Christ. J’en ai ressenti un grand soulagement. Mais je n’avais pas encore l’assurance du salut dans mon cœur.

J’ai repris mon travail et j’ai demandé à mon frère Thomas si on pouvait prier ensemble dans l’après-midi. Ce fut fait. Je lui ai dit ce qui venait de se passer entre moi et le Seigneur. Il m’a fait voir des textes bibliques sur les promesses d’un Dieu qui ne se repent pas.

C’est à ce moment que j’ai reçu la conviction que j’étais un enfant de Dieu. J’ai serré mon frère dans mes bras et je lui ai dit : " Maintenant on est deux fois frères ". J’ai rejoint une église dont l’enseignement était fidèle à la Parole de Dieu.

Transformé de jour en jour

De jour en jour ma vie se transformait par l’action de cette Parole et par l’Esprit de Dieu. Je pouvais résister à des tentations qui me dominaient auparavant.

Il y eut des moments où je ne me reconnaissais plus, tant mes aspirations étaient changées.

J’ai aussi eu à cœur de retourner à Kathmandou. J’y étais allé en drogué, j’y suis retourné en chrétien, avec une valise pleine de Bibles et de calendriers évangéliques. J’y étais allé le cœur vide, pour trouver de quoi le satisfaire, et j’en étais revenu plus vide et plus déçu qu’au départ.

Maintenant j’y vais, non pour recevoir, mais pour donner et parler de cette formidable nouvelle vie, trouvée en Jésus-Christ, que je voudrais partager avec le plus grand nombre.

Avec permission de la Revue La Bonne Nouvelle


La Parole de Dieu, ressource pour les derniers jours,
à travers 2 Timothée

A. Le contexte

Vous est-il arrivé de vous sentir parfois en situation d’échec, dans votre vie personnelle, dans votre famille, dans votre service… ? Le découragement vous guette-t-il ? Il existe dans la Bible une lettre qui peut vous encourager : la seconde épître à Timothée.

Cette épître a été adressée par Paul à Timothée, qu’il se plaît souvent à désigner comme son enfant dans la foi. Ce dernier avait été envoyé par l’apôtre pour mettre un peu d’ordre dans une église d’Éphèse troublée par des faux docteurs et par l’abandon de la foi de la part de certains (1 Tim 1.3,19 ; 6.3,21). Deux ans plus tard environ, la situation ne semblait pas s’être améliorée, bien au contraire : la seconde épître montre une influence grandissante des fausses doctrines et un relâchement accentué. C’était donc un échec personnel pour Timothée. Mais bien loin de le blâmer, le vieil apôtre reprit la plume pour encourager son jeune collaborateur dans une lettre au ton très personnel et au style dynamique1. Et quelle ressource lui présenta-t-il ? La Parole de Dieu.

Cette lettre est d’actualité : les qualificatifs énumérés par Paul au début du ch. 3 ne correspondent que trop bien à notre époque ; certainement, notre Occident post-chrétien est dans ces "derniers jours" ! Que faire, pour rester fidèle au Seigneur, pour combattre la lassitude ou le relâchement qui nous guettent ? Reprendre notre Bible ! La Parole de Dieu, vécue et enseignée, est notre ressource n° 1. Aussi examinons les multiples mentions de la Parole dans cette dernière lettre de l’apôtre Paul, avec des caractéristiques précises que nous chercherons à relever.

B. La Parole de Dieu sous ses multiples facettes

1. Une parole à recevoir pour soi-même

Je sais en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là. Retiens dans la foi et dans l’amour qui est en Jésus-Christ le modèle (ou le sommaire) des saines paroles que tu as reçues de moi. (1.12-14)

Paul exhorte Timothée à "retenir" un "modèle" de ses paroles. Dans un sens spirituel, il l’encourage donc à s’imprégner de l’esprit de ce qu’il lui écrit, pour le prendre comme norme de vie. La Parole n’est pas un exposé systématique de doctrine avec un sommaire tout fait ; le lecteur doit se pénétrer petit à petit de l’ensemble de la révélation divine pour que lui apparaissent les grands principes, l’essence même, de la vérité divine.

Si la pensée générale a une importance primordiale, la lettre ne doit pas être négligée pour autant : ce sont de "saines" paroles, exprimées dans une forme divinement inspirée et qu’il nous faut conserver. Ainsi fond et forme s’allient pour nous communiquer la pensée de Dieu.

Timothée était encore jeune. Commençons très tôt à lire et à étudier la Parole de Dieu, car, en dépit parfois des apparences, c’est à cette période de la vie que l’on a le plus de temps disponible. Aussi ne nous contentons pas de nous nourrir de ce que d’autres ont trouvé, mais saisissons pour nous-même la Parole. Ainsi, comme Paul, nous saurons avec assurance "qui nous avons cru", ce Dieu qui se révèle dans la Parole écrite.

Pour recevoir valablement ces "saines paroles", lisons la Bible "dans la foi et dans l’amour" :

– Recevons par la foi, sans réserve, le message divin qui nous est communiqué. Si la foi manque, la parole entendue ne sert à rien (Héb 4.2).

– Recevons "avec douceur" cette Parole qui est la lettre d’amour d’un Dieu qui veut notre bien (Jac 1.21). Si l’amour manque, la connaissance n’est qu’un airain qui résonne (1 Cor 13.1).

2. Une parole à transmettre à d’autres

Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ. Et ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres. (2.1-2)

Une fois reçue et crue pour soi-même, la Parole ne doit pas être gardée égoïstement, mais transmise à d’autres.

Quatre chaînons successifs sont mentionnés : Paul, puis Timothée, ensuite les hommes fidèles, enfin "les autres". Chacun, à sa place, en public ou en privé, est invité à faire de même : ne thésaurisons pas les richesses de la Parole que Dieu nous a révélées. Les partager est, paradoxalement, le meilleur moyen de les garder et de les multiplier !

Certains pourront être plus impliqués dans cette transmission, pour autant qu’ils soient "fidèles" (dans leur vie personnelle) et "capables" (grâce aux dons reçus de Dieu).

C’est ainsi qu’il peut y avoir un passage de témoin réussi d’une génération à l’autre.

3. Une parole à étudier soigneusement

Comprends ce que je dis, car le Seigneur te donnera de l’intelligence en toutes choses. (2.7)

L’approche de la Bible comporte à la fois un côté humain et un côté divin. D’une part, comme Timothée, nous avons à réfléchir et à considérer attentivement le texte divin — et en particulier les épîtres de Paul, parfois bien difficiles… (2 Pi 3.16). Rien ne vient sans effort et l’étude régulière de la Bible réclame de l’énergie, du temps, de l’attention, etc., mais quelles richesses nous pouvons y gagner ! D’autre part, si le Seigneur ne vient pas nous éclairer surnaturellement par l’illumination de son Esprit, notre lecture, toute studieuse et assidue qu’elle puisse être, restera sans fruit.

La clef figure dans le verset suivant : "Souviens-toi de Jésus Christ" ! Pour être vraiment profitable, notre étude doit d’abord viser à connaître toujours mieux Jésus : il est le centre de la Bible.

4. Une parole à interpréter droitement

Rappelle ces choses, en conjurant devant Dieu qu’on évite les disputes de mots, qui ne servent qu’à la ruine de ceux qui écoutent. Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la vérité. (2. 14-15)

Celui qui a étudié la Bible peut être amené à la présenter à d’autres. Or une exposition honnête de l’Écriture doit se faire selon les règles d’interprétation contenues dans la Bible elle-même : par exemple, en distinguant clairement l’interprétation du texte de son application, en prenant l’ensemble des passages qui traitent d’un sujet (Ps 119.160), etc. C’est ainsi qu’on est gardé de s’écarter soit à gauche, soit à droite dans sa compréhension des Écritures (Prov 4.27)2 .

En contraste, même si tous les mots de la Bible sont importants, les discussions sans fin sur les termes peuvent conduire à falsifier la vérité, en exagérant une partie aux dépens des autres.

5. Une parole à enseigner avec douceur

Il ne faut pas qu’un serviteur du Seigneur ait des querelles ; il doit, au contraire, être affable pour tous, propre à enseigner, doué de patience ; il doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté. (2.24-26)

Pour celui qui cherche à "dispenser droitement" la Parole (2.15), le danger est grand de s’enflammer et d’entrer en querelle avec ceux qui nient des points fondamentaux, comme la résurrection (2.18,23). Or l’histoire de l’Église ne montre que trop qu’un souci de vérité, louable à sa place mais appliqué sans grâce, conduit à des divisions. Même lorsqu’une vérité fondamentale est attaquée, contentons-nous de la réaffirmer, en laissant le reste à Dieu. D’ailleurs, il n’est pas en notre pouvoir de convaincre quelqu’un ; seul le Seigneur le peut par l’action de son Esprit.

Demandons donc cet esprit de douceur, de patience et de bienveillance du Maître, si éloigné de nos penchants pamphlétaires !

6. Une parole inspirée et d’une utilité universelle

Toi, demeure dans les choses que tu as apprises, et reconnues certaines, sachant de qui tu les as apprises : dès ton enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ. Toute l’Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. (3.14-17)

Ce passage établit de la façon la plus nette l’inspiration divine de la Bible3, littéralement "soufflée de Dieu". Toutefois l’accent est mis ici sur son influence concrète dans la vie de son lecteur. Comme sans doute nombre des lecteurs de Promesses, j’ai eu le privilège d’entendre lire la Parole dès mon tout jeune âge ; mais cette connaissance enfantine doit évoluer en une foi personnelle et en une ferme assurance sur la capacité de la Bible pour guider toute la vie. Elle modèle ainsi nos pensées (pour enseigner la vérité et réfuter4 l’erreur) et nos actions (pour redresser ce qui ne va pas et indiquer le droit chemin). Le résultat n’est pas théorique, mais très pratique : être fin prêt pour faire des bonnes œuvres.

Que ces versets nous encouragent premièrement à lire la Bible à nos enfants, et aussi à voir la Bible non seulement comme la source de notre connaissance, mais aussi comme notre seul guide de vie.

7. Une parole à prêcher sans se lasser

Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son avènement et de son royaume, prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant. (4.1-2)

La proximité du retour de Jésus et du jugement qui y est lié, devrait nous convaincre, bien plus encore que Timothée, de l’urgence de prêcher la Parole. La variété des verbes du v. 2 montre la diversité des besoins. Demandons le discernement pour savoir :

– prêcher ouvertement la Parole de Dieu reconnue comme la vérité (3.16) à tous ceux qui l’ignorent,
– insister auprès de ceux qui s’attardent, même s’ils n’estiment pas le moment opportun,
– réfuter les pensées fautives de ceux qui préfèrent leurs propres idées à la bonne doctrine (4.3),
– censurer ceux qui s’égarent en leur montrant clairement la gravité de leur conduite,
– exhorter (dans le sens de consoler) ceux qui sont découragés, avec tact et délicatesse.

Cependant, ce programme ne peut être efficace que si deux conditions morales sont remplies :

– la douceur (ici dans le sens d’une grande patience), qui recommande la personne du prédicateur,
– l’instruction (tant dans le fond que dans la forme), qui recommande le message du prédicateur.

C. Conclusion

Au fond de sa prison, Paul n’avait sans doute que peu à lire, puisqu’il demandait à Timothée de lui apporter des livres et des parchemins (sans doute des portions de l’A.T.). En revanche, la plupart d’entre nous possédons la Bible entière et pouvons avoir accès à de multiples commentaires.

Mais examinons en premier lieu notre disposition intérieure face à la Bible : avons-nous la profonde assurance de son inerrance5, de son actualité, de sa puissance, de son autorité sur toute notre vie ? Si tel est le cas, reprenons notre Bible : lisons-la, vivons-la, prêchons-la et transmettons-la, avec d’autant plus d’ardeur que la période est difficile et le retour de Jésus Christ très proche.

1 Il suffit pour s’en rendre compte de relever le nombre d’impératifs. — Contrairement aux allégations d’une partie de la critique biblique, nous retenons pleinement l’authenticité paulinienne de cette lettre (voir, entre autres, H.A. Kent, Les épitres pastorales, pour une défense de ce point de vue).
2 A cet effet, nous recommandons vivement la lecture d’ouvrages traitant d’h2 A cet effet, nous recommandons vivement la lecture d’ouvrages traitant d’herméneutique, comme celue d’A. Kuen, Comment interpréter la Bible.
3 Voir un développement de ce sujet dans le livre de R. Pache, L’inspiration et l’autorité de la Bible.
4 Autre sens du verbe "corriger".
5 L’inerrance est l’absence totale d’erreur (cf. R. Pache, L’inspiration et l’autorité de la Bible, pp. 111 à 128).


Éphèse au temps de l’apôtre Paul

Ville privilégiée, tant sur le plan économique que sur le plan spirituel, Ephèse tient une place de choix parmi les cités mentionnées dans le Nouveau Testament. Elle bénéficia d’un long séjour de Paul ; pendant près de trois ans (Act 19), l’apôtre y prêcha inlassablement la Parole de Dieu. De retour à proximité de cette ville lors de son dernier voyage vers Jérusalem, il réunit les anciens d’Ephèse et put leur dire en toute sincérité : "Je n’ai pas craint de vous prêcher et de vous enseigner publiquement et dans les maisons" (Act 20.20-21). Son message concernait :

– l’annonce du salut par la foi, qui passe par une vraie repentance (v. 21) : comment croire ?
– la prédication du royaume de Dieu (v. 25) : comment vivre en pratique la seigneurie divine ?
– la révélation de tout le conseil de Dieu (v. 27) : comment entrer dans les pensées de Dieu ?

La conduite de Paul nous donne donc d’utiles indications sur la forme du ministère (annonçons la Bible, en public comme en privé) et sur son contenu (ne nous contentons pas de prêcher le salut, mais allons jusqu’à exposer le dessein éternel de Dieu, sans oublier la vie pratique).

En laissant ses frères, Paul ne se désigna pas un successeur, mais les recommanda "à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés" (v. 32, Darby). Même s’il ne fit pas mystère des difficultés qui allaient atteindre cette église (et qui ont un écho très actuel), il pensait la Parole pleinement suffisante pour répondre à ces besoins.

C’est toujours le cas !


Commençons très tôt à lire la Parole de Dieu, car, en dépit parfais des apparences, c’est à cette période de la vie que l’on a le plus de temps disponible.


L’année de la Bible est une occasion suppplémentaire de rappeler l’existence du "Dieu vivant et vrai" à nos contemporains assoiffés de "vie", de "connaissance", de "communication", d’"espérance" et de "spiritualité". Mais ce Livre, qu’a-t-il donc de si particulier qu’il reste le best-seller de la planète ? Serait-ce parce que le Créateur "a mis dans le cœur des hommes la pensée de l’éternité" (Ecc 3.11) ?

L’homme moderne, noyé dans des flots d’informations, est en quête de repères sûrs et durables, voire même de l’absolu. Derrière le désir de nos contemporains de "s’éclater", il y a une recherche du sens de la vie.

Calvin, le réformateur, disait que "le but de la vie, c’est de connaître Dieu". Mais comment le connaître ? Comment le rencontrer ? Ce Dieu personnel et infini a parlé, déjà par la Création, puis par Jésus-Christ, la Parole incarnée. Parce qu’il aime les hommes, il leur a laissé un message précis, la Bible. Il s’est ainsi révélé à eux, désirant ardemment communiquer avec eux.
" L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Mat 3.4). Nous avons tous soif de vivre et de vivre bien. Le Seigneur désire communiquer par sa Parole, la Bible. Il est prêt à la partager avec quiconque le cherche de tout son cœur. Il veut ainsi communiquer la vie: "Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle" (Jean 3.16). Notre objectif, dans ce numéro, est de vous transmettre notre amour et notre passion pour la lecture de la Bible.

Peut-être désirerez-vous, après lecture de ce numéro, continuer à découvrir la Bible.

Lisez-la et abonnez-vous aussi à PROMESSES, qui aimerait vous faire apprécier la méditation de la Parole en actualisant son contenu et en vous accompagnant dans votre cheminement avec Jésus-Christ.

Alors bonne route dans le parcours de cette lecture, et que le Tout-Puissant vous bénisse.

Henri LÜSCHER


L’auteur de cet article, Pierre BLOND, est belge. Il est né en Afrique (Rwanda-Urundi). Il est marié et père de trois enfants, dont l’une est décédée à l’âge de 18 ans.. Licencié en théologie protestante, en histoire du christianisme et agrégé pour l’enseignement secondaire supérieur, il est professeur, chargé de cours de religion protestante. Il exerce un ministère itinérant d’enseignant biblique dans les assemblées évangéliques et s’occupe également des jeunes.

I. GENERALITES

Le mot français canon est dérivé du grec kanôn, traduction du terme sémite qanu et de l’hébreu qaneh signifiant à l’origine « roseau » ou « canne » (Ez 40.3) puis, par extension, « norme » ou « règle » (Gal 6.16). Plus tard, on parlera de « décret », de « mesure officielle », puis de « liste officielle ». Le canon des Ecritures Saintes constitue donc la liste des livres reconnus dignes d’être incorporés à un recueil d’écrits inspirés de Dieu : la Bible.

Plusieurs facteurs ont guidé le choix des livres canoniques :

a) L’inspiration directe, pleine et entière de Dieu : « Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire… » (2 Tim 3.16). Ce verset prouve l’inerrance (état de ce qui est sans erreur) des écrits divinement inspirés : une quarantaine d’auteurs différents ont transmis une même et unique pensée divine pendant une période de rédaction particulièrement longue, plus de 15 siècles !

b) La prophétie inhérente et la conviction interne à l’Ecriture elle-même : « Aucune prophétie de l’écriture ne s’interprète elle-même ; car la prophétie n’est jamais venue par la volonté de l’homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint. » (2 Pi 1.20-21). Remarquons, à cet égard, que le N.T. cite pratiquement chacun des 39 livres de l’A.T.

c) La puissance spirituelle propre au texte: elle octroie à ce dernier une autorité spontanée : « La parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur » (Héb 4.12).

d) La cohérence doctrinale et l’exactitude historique : ce qui est faux (comme les erreurs historiques du livre de Judith) et incohérent avec l’ensemble de la révélation divine (comme la prière des morts dans le livre de Baruch 3.4 et en 2 Maccabées 12.45) est irrémédiablement rejeté.

e) L’authenticité d’un texte naturellement reconnue vis-à-vis de son auteur et/ou de son objet, tels les chrétiens de Bérée qui « reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les écritures (pour voir) si elles étaient ainsi» (Act 17.11).

II. LE CANON DE L’ANCIEN TESTAMENT (ou de la Torah1)

A. LE COURANT JUIF

1. Le canon juif

Le canon juif a été établi progressivement, au fur et à mesure de la rédaction des livres inspirés. Lorsqu’un prophète écrivait un ouvrage, celui-ci était tout naturellement incorporé parmi les textes sacrés. Par exemple, le prophète Daniel considérait les écrits de Jérémie, son aîné de quelques décennies, comme faisant partie du canon biblique (Dan 9.2).

En l’an 70 ap. J.C., l’anéantissement de la révolte juive par le général romain Titus a été un désastre, tant sur le plan national (par la dispersion des Juifs dans l’Empire romain) que religieux (par la destruction du second temple de l’Éternel à Jérusalem). Peu après, en 98, quelques rabbins, tous issus des milieux pharisiens, se retrouvèrent à Jamnia, bourgade proche de Jaffa, pour restructurer la religion juive et répondre à certaines questions relatives au canon. Ils fixèrent de manière définitive le canon des livres saints.

Cette publication officielle ne fit que confirmer un état de fait, puisque Flavius Josèphe (historien juif, 37-100) signalait déjà dans un de ses ouvrages (Contre Appion, 1.8) l’existence d’un ensemble de 22 rouleaux qui faisaient référence dans la religion juive. Jésus et les apôtres se sont d’ailleurs toujours référé à cet ensemble de 22 livres lorsqu’ils parlaient de l’Ecriture (appelée parfois "loi" ou "loi et prophètes" ou encore "loi, prophètes et psaumes").

Pour les responsables religieux juifs de Jamnia, la période d’inspiration des textes sacrés a duré de Moïse (considéré comme le rédacteur des 5 premiers livres, la Torah) jusqu’à Artaxerxès (465-423). En effet, ils ont estimé que l’ère prophétique est révolue depuis Malachie (vers 420 avant J.-C.). Cette limite dans le temps permet d’éliminer systématiquement tous les écrits postérieurs à cette date, notamment le foisonnement des productions apocalyptiques qui risquaient de remplacer, par un illuminisme individualiste, le solide attachement aux écrits reconnus.

2. Livres retenus

Les 22 rouleaux « officialisés » (correspondant exactement aux 39 livres répertoriés dans les versions protestantes de la Bible mais dans un ordre différent) sont répartis en trois grandes divisions dont parle Jésus lui-même en Luc 24.44 : « Il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moïse, et dans les prophètes, et dans les psaumes (ou autres écritures), fussent accomplies » :

a) la Loi (la Torah) : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome
b) les Prophètes (les Nebiim) :

1. Premiers Prophètes : Josué, Juges, Samuel (1 et 2), Rois (1 et 2)
2. Prophètes Seconds : Esaïe, Jérémie, Ezéchiel + les Douze (petits prophètes)

c) les Écrits (les Ketoubim) : Psaumes, Job, Proverbes, Ruth, Cantique des Cantiques, Ecclésiaste, Lamentations, Esther, Daniel, Esdras, Néhémie, Chroniques (1 et 2).

3. Livres refusés

Une quinzaine de livres, de chapitres et de fragments de textes ont été écartés.

a) Les sept livres figurant dans le canon catholique :

Tobie ou Tobit : curieuse épopée d’un père aveugle (Tobit) et de son fils (Tobie) conduits par un ange du territoire de Nephtali jusqu’à Ecbatane (en Médie), écrite vers 200 av. J.-C.
1 et 2 Maccabées : récits historiques ou légendaires exaltant les révoltes juives dirigées par les Maccabées contre les rois de Syrie (en premier lieu Antiochus Épiphane) entre 175 et 135 av. J.-C.
Judith : histoire d’une héroïne nationale juive s’introduisant dans le camp d’un général assyrien pour lui trancher la tête et assurer une délivrance inespérée au peuple juif, vers 150 av. J.-C.
Baruch : court livre de cinq chapitres attribués au secrétaire du prophète Jérémie poursuivant son message en 3 grands thèmes (confession des péchés d’Israël, éloge de la sagesse, chants sur la captivité et le retour).
Le Siracide (ou Ecclésiastique) : enseignement d’un maître de sagesse dispensé à Jérusalem au IVème siècle av. J.-C. et ressemblant aux Proverbes de Salomon.
Le Livre de la Sagesse : traité de morale attribué à un certain Salomon vivant à Alexandrie au Ier siècle av. J.-C., qui désapprouve le scepticisme, le matérialisme et l’apostasie.

b) Divers ajouts également intégrés dans l’A.T. des Bibles catholiques :

Le Cantique des trois enfants saints (ou des trois jeunes gens, c’est-à-dire Schadrac, Meschac et Abed-Nego), généralement incorporé au chapitre 3 de Daniel.
L’histoire de Suzanne : chapitre 13 ajouté au livre de Daniel.
L’histoire de Bel et du Dragon : chapitre 14 ajouté au livre de Daniel.
Compléments à Esther : ajoutés pour introduire la mention officielle de Dieu dans ce livre.

c) D’autres livres ou fragments écartés également du canon catholique :

La prière de Manassé*2 : œuvre lyrique de 15 versets, inspirée par 2 Chroniques 33.12-16, ajoutée généralement à 1 Esdras (cf. infra).
La lettre de Jérémie : message destiné aux captifs de Babylone et abusivement attribué à Jérémie.
1 Esdras : complément historique douteux des récits de captivité et du retour d’exil (adaptation de 2 Chroniques 35-36 ; Esdras 8 et Néhémie 8).
2 Esdras (ou Apocalypse d’Esdras)* : probablement un pseudépigraphe, écrit juif rédigé entre 150 av. J.-C. et 100 ap. .J.-C., abusivement attribué au scribe Esdras.
3 et 4 Maccabées : récits fantaisistes sur la période antérieure à celle des Macchabées.

4. Les raisons de leur refus

Une simple lecture et une étude rapide de ces écrits nous permettent de comprendre aisément pourquoi les autorités juives (et à leur suite, les responsables des églises protestantes, anglicane et même grecque orthodoxe, pour les mêmes raisons) ne leur ont jamais accordé le statut de livres canoniques :

a) le caractère réellement prophétique fait défaut ;
b) la véritable autorité divine est passée sous silence ;
c) aucune nouvelle révélation messianique n’est affirmée ;
d) plusieurs erreurs doctrinales ou historiques sont présentées ;
e) les destinataires présumés les ont eux-mêmes déconsidérés.

B. LE COURANT CATHOLIQUE

Pourquoi des livres présentant si peu d’intérêt ont-ils été introduits, puis maintenus dans les versions catholiques de la Bible ? Qui est responsable d’une telle confusion et comment s’est-elle développée ?

1. La Version des Septante

Entre le IIIème et le IIème siècle av. J.-C., les textes sacrés juifs ont été traduits pour la première fois en une langue étrangère, en grec en l’occurrence : il s’agit de la célèbre version des Septante. Selon la légende, le roi Ptolémée II (285-246) aurait réuni à Alexandrie (ville du nord de l’Égypte), 72 traducteurs (6 par tribu d’Israël) qui auraient réalisé leur travail en 72 jours (!). En réalité, certains spécialistes estiment que cette œuvre magistrale a probablement été réalisée sur un siècle. Elle était destinée aux Juifs de la dispersion qui éprouvaient quelques difficultés à utiliser leur littérature religieuse dans la langue originelle (l’hébreu).

Les textes qui ont été plus tard refusés par les rabbins juifs à Jamnia, ont ainsi été progressivement incorporés à cette version grecque et ont acquis peu à peu une certaine notoriété de par leur utilisation. En effet, la Septante a connu un vif succès, tout d’abord auprès des communautés juives de la diaspora et ensuite parmi les communautés chrétiennes des premiers siècles de notre ère, à une époque où le grec constituait la langue internationale par excellence.

2. La Vulgate

A la fin du IVème siècle de notre ère, la nécessité d’une traduction latine de la Bible complète (A.T. + N.T.) s’est imposée pour les besoins de l’évangélisation de l’immense Empire romain. Jérôme (Père de l’Église latine, propagateur de l’idéal monastique, 347-419) réalisa cette tâche grandiose entre 390 et 405 à partir des originaux hébreux et grecs et de la version des Septante. C’est ainsi que l’A.T. de la version latine de la Bible s’est augmenté, par rapport à la Torah, de plusieurs écrits contestés par Jérôme lui-même. En effet, le célèbre traducteur, tout en les incluant dans son travail, les a présentés aux lecteurs comme suspects, tant par leur origine incertaine que par leur prétendue valeur doctrinale. Jérôme qualifiait ces écrits de « contes profanes » par rapport aux 39 « livres inspirés ».

Grâce au poids de l’église catholique romaine, cette version latine de la Bible a connu au cours des siècles une telle diffusion qu’on l’appellera la Vulgate (du terme latin vulgata, signifiant « répandue »).

Dès l’époque de Jérôme, Augustin (Père de l’Eglise latine, évêque d’Hippone, 354-430) s’opposa ouvertement aux conceptions du traducteur et reconnut aux livres « ajoutés » une grande valeur due, selon lui, à «l’inspiration de la version des Septante». Augustin fit d’ailleurs prévaloir son opinion au concile de Carthage en 397.

3. La confusion

Le doute est désormais semé et la confusion ira en s’amplifiant au cours du Moyen Age. D’une part, la Vulgate se répand très largement ; d’autre part, la mise en garde de Jérôme tombe en désuétude au profit de la pensée augustinienne.

A la suite de la réforme protestante du XVIème siècle, l’Église catholique profita du concile de Trente (1546-1563) pour organiser sa contre-réforme et consacrer la Vulgate comme version officielle de l’Eglise. Ainsi, les livres « ajoutés » dans l’A.T. devinrent « deutérocanoniques », ce qui leur confère une certaine autorité dans le canon catholique.

Toutefois, cette décision était guidée par le contexte théologique de l’époque : les autorités catholiques puisaient dans ces livres deutérocanoniques des arguments légitimant les indulgences, les œuvres, le purgatoire, les prières pour les morts, l’invocation des saints, le sacerdoce et le célibat des prêtres, etc. — tous ces points étant vigoureusement combattus par les protestants, au premier rang desquels Luther.

C. LE COURANT PROTESTANT

1. Le constat

La position de tous les Réformateurs sur le canon de l’A.T. (et à leur suite, de tous les mouvements religieux issus de la Réforme) a été unanime, claire et précise : une confiance absolue au canon connu et approuvé par Jésus et les apôtres, canon confirmé ultérieurement par les spécialistes juifs qui avaient statué en la matière à la fin du Ier siècle de notre ère – (d’autant plus qu’il s’agissait d’écrits touchant à leur propre histoire, leur législation, leur culture et leur religion).

Les églises protestantes ont donc repris purement et simplement le canon de l’A.T. déjà constitué, sans rien y ajouter et sans rien en retrancher, selon la recommandation d’Exode 12.32 : « Toutes les paroles que je vous commande, vous prendrez garde de les pratiquer. Tu n’y ajouteras rien, tu n’en retrancheras rien ». Cette exhortation est d’ailleurs répétée en Apocalypse 22.18-19, accompagnée de sentences punitives.

En agissant de la sorte, les Réformateurs ne faisaient qu’appliquer une de leurs revendications essentielles : «Sola Scriptura !» Seule, en effet, l’Écriture Sainte, divinement inspirée et unanimement acceptée comme telle, détient toute autorité utile et nécessaire dans le domaine de la foi.

2. La classification

La seule modification apportée par les protestants concerne le classement des 39 livres selon leur genre littéraire :

a) Livres législatifs : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome.
b) Livres historiques : Josué, Juges, Ruth, Samuel (1 et 2), Rois (1 et 2), Chroniques (1 et 2), Esdras, Néhémie, Esther.
c) Livres sapientiaux : Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques.
d) Livres prophétiques : Esaïe, Jérémie, Lamentations, Ezéchiel, Daniel, 12 petits prophètes.

3. Conclusion

La raison principale du rejet des apocryphes par les protestants vient de leur absence visible de toute inspiration divine, comme le confesse d’ailleurs l’auteur inconnu de 2 Macchabées : « Si la composition (de cet ouvrage) est bonne et réussie, c’est aussi ce que j’ai voulu ; si elle a peu de valeur et ne dépasse guère la médiocrité, c’est tout ce que j’ai pu faire » (2 Macc 15.38).

III. LE CANON DU NOUVEAU TESTAMENT

A. LES LIVRES CANONIQUES

1. Le choix

Le foisonnement des écrits religieux entre les années 50 et 150 de l’ère chrétienne a obligé les Pères de l’Eglise à établir un choix rigoureux. Un des critères essentiels pris en considération a été leur caractère « apostolique ». En effet, l’apôtre a, dans l’histoire de l’Eglise, une fonction unique qui ne se répète pas : il est témoin oculaire et auditif de l’événement « Jésus ». Par conséquent, seuls les écrits ayant pour auteur un apôtre – ou un de ses disciples directs (Marc interprète de Pierre et Luc interprète de Paul) ou un frère du Seigneur (Jacques et Jude) sont censés garantir la pureté du témoignage chrétien. Le canon du N.T. s’est donc formé par élimination.

2. L’évolution

a) Liste de Marcion

Le plus ancien recueil d’écrits néo-testamentaires connu aujourd’hui est l’œuvre d’un certain Marcion, vers 150, qui a été condamné comme hérétique, car il rejetait d’office tout ce qui était en relation étroite avec l’A.T. Selon sa théorie, les seuls auteurs légitimes étaient Paul (apôtre des nations) et Luc (disciple de Paul). Son canon ne renferme donc que le seul évangile selon Luc et dix épîtres de Paul.

b) Canon de Muratori

La seconde liste bien établie que nous possédons, date de la seconde moitié du IIème siècle. Elle a été mise à jour par le bibliothécaire Muratori († 1750) à la Bibliothèque ambrosienne de Milan. Cette liste (probablement établie en réaction contre celle de Marcion) reconnaît comme canoniques les 4 évangiles, les Actes, 13 épîtres pauliniennes, Jude, 1 et 2 Jean, l’Apocalypse de Jean et celle de Pierre (avec une certaine réserve, il est vrai).

c) Table d’Origène

Vers 230, Origène (Père de l’Eglise grecque, exégète et théologien, 185-254) publia en Egypte une liste complète des livres canoniques qui fit petit à petit autorité dans le monde chrétien.

3. La décision

Finalement, 27 ouvrages ont été déclarés canoniques. Deux critères les recommandent :

– ils ont tous été reconnus écrits au cours de la 2nde moitié du Ier siècle (critère d’ancienneté) ;
– ils émanent des apôtres eux-mêmes ou de leurs disciples directs (critère d’authenticité).

Toutefois, il a fallu patienter jusqu’à la fin du IVème siècle pour que ce canon soit accepté par toutes les composantes du monde chrétien : en Orient, Athanase, évêque d’Alexandrie, inclut les 27 livres dans sa lettre pastorale de Pâques de l’an 367 et en Occident, c’est vers l’an 400 que Jérôme et Augustin officialisèrent ces mêmes 27 livres. La décision finale fut prise à la suite de plusieurs rencontres ecclésiastiques importantes : synode de Rome (382), concile d’Hippone (393) et les deux conciles de Carthage (397 et 419).

4. Les réticences

7 livres apostoliques ont été discutés, voire même contestés par certains, avant de voir leur « canonicité » reconnue unanimement:

Hébreux : à cause de l’anonymat de son auteur ;
Jacques : à cause de son insistance sur les œuvres (Luther la qualifiera d’ « épître de paille ») ;
2 Pierre : à cause d’une différence de style trop marquée par rapport à la 1ère épître de Pierre ;
2 et 3 Jean : à cause de l’ambiguïté des termes « l’ancien », « la dame élue », « la sœur élue » (2 Jean 1,13), et des termes « l’ancien » et « Gaïus » de 3 Jean 1 ;
Jude : à cause de certaines références à des livres apocryphes ;
Apocalypse : à cause de son caractère visionnaire3.

B. LES LIVRES APOCRYPHES

Les livres apocryphes du N.T. n’occasionnent pas les mêmes débats que ceux de l’A.T. car tous les chrétiens (catholiques, orthodoxes, protestants, anglicans) se sont conformés au choix historique de leurs prédécesseurs à la fin du IVème siècle. Au cours des siècles, les Eglises chrétiennes (toutes tendances confondues) n’ont jamais essayé d’adjoindre de la littérature apocryphe au canon constitué, estimant que, par les 27 livres désignés, la révélation de Dieu au monde par Jésus-Christ est suffisante, complète et parfaite.

Même si les livres apocryphes, tous postérieurs au 1er siècle, ont été refusés par manque d’inspiration divine et de profondeur spirituelle, ils n’en constituent pas moins une source de renseignements intéressants concernant le développement de la doctrine, d’hérésies et de la liturgie de l’Eglise primitive.

Comme pour les livres canoniques, tous les genres littéraires sont représentés4:

a) évangiles : l’évangile selon les Hébreux et l’évangile de Thomas ; ils sont censés fournir des détails sur deux périodes de la vie de Jésus occultées dans le N.T. : l’enfance et l’adolescence de Jésus et les 40 jours du Ressuscité avant l’Ascension ;
b) actes : les actes de Paul et de Thécla (vers 170) ;
c) épîtres : les sept épîtres d’Ignace (vers 110) ; l’épître de Polycarpe aux Philippiens (vers 115) ; l’épître de Clément aux Corinthiens (vers 100) ; l’épître de Barnabas (entre 70 et 135) ; l’ancienne homélie aussi nommée seconde épître de Clément (entre 120 et 140) ; la Didachè des douze apôtres (enseignement des 12 apôtres, entre 100 et 120) ; le Berger d’Hermas (allégorie écrite entre 115 et 145) ; l’épître aux Laodicéens (IVème s.)
d) apocalypse : l’apocalypse de Pierre (vers 150).

C. CONCLUSION

N’est-il pas merveilleux de considérer que tous les chrétiens ont à leur entière disposition exactement les mêmes textes néo-testamentaires qui, faveur supplémentaire, sont placés dans le même ordre ?

a) Livres historiques : Evangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, Actes des Apôtres
b) Livres doctrinaux : Epîtres de Paul aux Romains, Corinthiens (1 et 2), Galates, Éphésiens Philippiens, Colossiens, Thessaloniciens (1 et 2), Timothée (1 et 2), Tite et Philémon, Epître aux Hébreux, Epîtres de Jacques, Pierre (1 et 2), Jean (1,2 et 3) et Jude
c) Livre prophétique : Apocalypse de Jean

Au fil du temps, ces 27 livres, qui constituent finalement le canon du N.T., se sont imposés d’eux-mêmes grâce à une triple action :

1) leur inspiration divine intrinsèque,
2) le caractère unique et concordant de leur contenu
3) la personnalité de leurs auteurs, tous proches de Jésus-Christ.

En soi, nous pouvons y discerner un véritable miracle de Dieu : c’est Sa Parole qui est intemporelle et universelle et qui se maintient « incorruptible, vivante et permanente » (1 Pierre 1.23). En fait, « la Parole de notre Dieu demeure à toujours. » (Esaïe 40.8). « Or c’est cette parole qui vous a été annoncée » (1 Pierre 1.25).

1 En regroupant certains petits livres (par exemple les 12 "petits prophètes" réuinis dans un seul volume), le canon des écritures juives (appelé par extension "Torah") comporte, par analogie au nombre de lettres de l’alphabet hébreu, 22 rouleaux pour un total effectif de 39 livres.
2 Les livres marqués par une astérisque son également absents de la version des Septante.
3 Ce livre a été l’un des premiers dont l’autorité divine ait été attestée; paradoxalement, il sera le dernier à être incorporé au Canon après diverses hésitations.
4 Il est possible de se procurer chacun de ces ouvrages dans des librairies spécialisées.

Soli Deo Gloria !


2003, c’est l’Année de la Bible en Allemagne, en France, en Belgique et en Suisse. L’Année de la Bible veut montrer que ce livre garde toute sa pertinence aujourd’hui pour un large public. L’idée est d’utiliser tous les moyens possibles pour attirer l’attention sur la Bible et son message.

« 2003.Année de la Bible » invite les chrétiens à se recentrer sur l’Ecriture et à se faire largement témoins de son message. Toutes les Eglises sont invitées à partager et à faire de 2003 une année de la Bible.

La Bible – le Livre par excellence – est diffusée chaque année à des millions d’exemplaires ; elle est le best-seller de l’histoire, le livre le plus répandu dans le monde. Elle est traduite, en totalité ou partiellement, en plus de 2200 langues. La Bible a marqué notre culture comme aucun autre livre. L’année de la Bible encouragera la créativité et les innovations, permettant à la fois un premier accès à la Bible et la mise en valeur de l’héritage judéo-chrétien de notre civilisation. La Bible, c’est le moyen privilégié par lequel Dieu nous parle et se laisse trouver.

L’ensemble des diverses dénominations protestantes et évangéliques de France ont accueilli favorablement le projet « 2003.Année de la Bible ». Le comité national de pilotage prépare pour les Eglises locales une « boîtes à outils » : expositions, site internet, vidéos, éditions de la Bible, aides à la lecture de la Bible, etc. Il organise une campagne grand public dans les médias nationaux, à la radio et à la télévision.

En Suisse romande, le projet « une Bible pour tous » vient d’être mis sur pied : une Bible « 2003.Année de la Bible » sera offerte aux 1000 hommes d’affaire et politiciens les plus importants de Suisse romande. En plus, nous invitons chacun d’offrir une telle Bible aux hommes et femmes impliqués dans la politique, l’enseignement, la santé ou les affaires de leur localité, de leur région. La Bible « 2003.Année de la Bible » est une édition spéciale avec une jaquette événementielle, une brochure d’introduction spécifique à chaque groupe cible contenant trois témoignages de personnalités par domaine d’activité, une information sur l’Année de la Bible 2003, une introduction à la Bible ainsi que quelques conseils pour la lire avec profit. Nous espérons vivement que ce projet se fera aussi en France.

Que ce soit par le biais de votre Eglise ou individuellement, osez relever le défi d’offrir une Bible. Car comment entendront-ils parler de Jésus-Christ si personne ne leur donne une Bible ?

Ce qui importe le plus, c’est un élan de prière, afin que nous soyons tous motivés à replacer la lecture et la méditation de la Bible – message pertinent pour aujourd’hui – dans notre vie personnelle, dans notre famille, dans notre Eglise et dans notre pays. Le Seigneur veuille aussi nous aider, par le moyen du projet « 2003.Année de la Bible », à atteindre nos contemporains afin qu’ils puissent découvrir et redécouvrir l’actualité et l’amour du message divin au travers de Sa Parole et de Celui qu’il a envoyé tout exprès pour nous sauver.

Toutes les informations nécessaires sont disponibles sur le site internet : www.anneedelabible.com , par courrier électronique (info@2003adlb.com) ou aux adresses suivantes :

2003.Année de la Bible
BP 47, FR-95400 Villiers le Bel
Tél. 01 39 94 50 51; Fax 01 39 90 53 51
ou
BP 151
CH-1032 Romanel
Tél. 021 867 10 72; Fax 021 867 10 15


I. LE LIVRE

La Bible est la Parole vivante de Dieu. Elle est Sa lettre d’amour envoyée aux siens: 66 livres écrits par environ 35 hommes, sur une période de plus de 1500 ans; mais les thèmes et la perspective sont les mêmes.

Retenons aussi les paroles de l’apôtre Paul dans 2 Tim 3.16-17: "Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre". Ces deux textes nous assurent que:

· la Parole de Dieu a son origine en Dieu
· la Parole de Dieu a été donnée aux hommes par l’inspiration du Saint-Esprit,
· la Parole de Dieu est utile pour nourrir et développer l’homme afin qu’il porte du fruit.

Ajoutons les paroles du Seigneur Jésus dans Jean 5.39: "Vous sondez les Ecritures […] ce sont elles qui rendent témoignage de moi", ce qui nous assure que le sujet de la Parole de Dieu est Dieu lui-même. En venant donc à la Bible pour la lire, nous sommes entièrement assurés qu’elle est absolument digne de notre confiance et qu’elle demande notre obéissance.

Peut-être direz-vous que vous avez plutôt des difficultés au niveau de la compréhension. En feuilletant les livres de la Bible, vous avez constaté qu’elle contient : histoire, biographies, poésie, philosophie, législation, éthique, doctrines, science, sociologie, médecine, science politique, prophéties, et même humour. Comment interpréter et comprendre ce que dit Dieu ? Comment lire la Bible d’une manière profitable ?

II. LA LECTURE PROFITABLE

1. Quatre suggestions profitables

a) Venez dans la présence de Dieu avec un respect digne de Lui. Que votre cœur soit calme, débarrassé de ce qui vous empêcherait de vous recueillir, sauf de l’idée que vous entrez dans la présence de l’Eternel trois fois Saint.

b) Trouvez un endroit silencieux et calme où vous ne serez ni distrait, ni troublé, si possible. Si vous avez des enfants, essayez de lire lorsqu’ils sont en dehors de la maison ou endormis.

c) Choisissez une pièce, un endroit précis. Le fait de se retrouver toujours à la même place, dans le même coin, sera une préparation psychologique pour avoir un culte personnel ou une étude valable.

d) Décidez d’un plan précis. Lisez d’une manière suivie, non pas comme on joue à la marelle (c’est-à-dire en sautant ici et là). Commencez au début d’un livre ou d’un chapitre et lisez-le jusqu’au bout ! Demandez à Dieu quel livre vous devez lire et disciplinez-vous à lire d’une manière suivie. Voici quelques suggestions pour débuter : Marc, Jean, Psaumes, Philippiens, Thessaloniciens, Romains, Genèse. A quel rythme faut-il lire ? Voici quatre suggestions concrètes :

Lisez jusqu’à ce que vous soyez frappés par un verset, une idée, un point. Arrêtez-vous et méditez-le. Avec ce plan, vous n’avez rien de précis, mais vous attendez le moment d’inspiration pour vous arrêter : vous pouvez lire un verset ou plusieurs chapitres.
Si vous lisez chaque jour trois chapitres dans l’Ancien Testament et un dans le Nouveau Testament, vous couvrirez la Bible en un an.
Décidez combien de minutes par jour vous pouvez consacrer à lire et/ou à étudier la Parole de Dieu et prenez-en la moitié. Le reste du temps sera réservé à la prière, la méditation, la louange, aux remerciements, etc.

2. Trois attitudes profitables

a) Un cœur souple, humble et dépendant de Dieu : "Ouvre mes yeux pour que je contemple les merveilles de ta loi" (Ps 119.18). Seule l’intervention directe du Saint-Esprit, en tant qu’auteur suprême de la Bible, garantit que le lecteur humble recevra la lumière nécessaire pour comprendre la Bible telle que Dieu veut qu’elle soit comprise.

b) Une attitude de soumission et d’obéissance puisque Dieu veut que sa Parole soit mise en pratique: "Prenez à cœur toutes les paroles que je vous conjure aujourd’hui de recommander à vos enfants, afin qu’ils observent et mettent en pratique toutes les paroles de cette loi. Car ce n’est pas une chose sans importance pour vous ; c’est votre vie […]" (Deut 32.46-47). "Mettez en pratique la parole et ne vous bornez pas à l’écouter en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements" (Jac 1.22). Voir aussi Ps 78.7 et Rom 6.17. Le but de la lecture de la Bible n’est pas d’obtenir la « grosse tête », mais d’avoir une vie débordante de la vérité mise en pratique par le Saint-Esprit !

c) Une attitude de méditation: "Que ce livre de la loi1 ne s’éloigne pas de ta bouche ; médite-le jour et nuit pour agir fidèlement selon tout ce qui y est écrit […]" (Jos 1.8). "Heureux l’homme […] qui trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel et qui la médite jour et nuit" (Ps 1.1-2).

3. Quatre activités importantes complémentaires

La confession, l’adoration, les actions de grâces et les supplications sont liés à une lecture profitable de la Bible, car elles disposent le coeur à la recevoir et à s’y soumettre.

a) Confession

En entrant en présence de Dieu, vous devez être propres, c’est-à-dire purifiés sur le plan spirituel. Le mot « confesser » signifie : « dire la même chose »… Nommez exactement les péchés que vous avez sur la conscience et qui vous bloquent vis-à-vis de Dieu2. Si vous avez menti, volé, convoité, etc., confessez ce péché précis en disant : « Père, j’ai menti, volé, convoité », etc. Dire « Pardonne tous mes péchés », est imprécis et peu biblique, selon 1 Jean 1.9.

Rappelez-vous constamment Ps 66.18 : « Si j’avais conçu3 l’iniquité dans mon cœur, le Seigneur ne m’aurait pas exaucé ». Reconnaissez vos péchés d’une manière précise, honnête, franche et humble. Après avoir été lavés, pardonnés de vos péchés, vous pouvez entrer pleinement dans l’exercice de la lecture, de l’étude et de l’adoration.

b) Adoration

L’activité du cœur, celle de l’intelligence et celle des sentiments seront unies dans le but d’exprimer joie, respect et amour envers la personne de Dieu, Sa personnalité, Sa majesté, Sa souveraineté, Son amour, Sa puissance, Sa bonté, Sa gloire…

Votre attention est fixée sur Lui ; ces moments Lui sont totalement consacrés ; vous ne demandez rien. Vous êtes là devant Lui pour être impressionné, ébloui par tout ce qu’Il est. Méditez les Psaumes suivants pour apprendre ce qu’est la vraie adoration: Ps 48; 63; 92; 93; 96, 98, 99, 100, 103. Ayant passé quelques instants dans la pureté, la lumière, et la chaleur du Très Haut, vous êtes prêt à passer au point suivant.

c) Actions de grâces

Maintenant, vous voulez mettre en pratique ces deux versets: "Rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père au nom de notre Seigneur Jésus-Christ…"Rendez grâces en toutes choses, c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ" (Eph 5.20; 1 Thes 5.18).

Vous remercierez l’Eternel pour les victoires, les joies et aussi les peines qui touchent votre famille, votre assemblée, votre ministère, vos voisins, etc.

d) Supplications

C’est le moment crucial où vous allez prier pour les autres : les malades, les incroyants, les missionnaires, vos amis, pour les décisions qu’ils ont à prendre, pour les problèmes qu’ils rencontrent, etc. Vous allez par la suite mettre humblement devant Dieu les requêtes qui vous concernent directement et personnellement.

Vous arrive-t-il de ne pas pouvoir vous concentrer dans la prière ? Vos pensées s’égarent, même pendant un moment d’adoration ! Priez à haute voix : le fait d’écouter votre propre voix vous aidera à vous concentrer davantage.
Il n’est pas nécessaire d’être légaliste quant à la mise en pratique de ces suggestions ! Ce ne sont que quelques jalons pour vous guider.

4. Une dernière exhortation

Rappelez-vous bien que vous venez dans la présence de Dieu pour voir, entendre, adorer l’Eternel. Le temps du culte personnel n’est pas le moment d’acquérir toutes les notions bibliques possibles. Vous voulez Le connaître mieux. Vous êtes devant Lui pour entendre Son message. Passez alors au point suivant, l’étude même du texte.

III. L’APPLICATION PRATIQUE

1. Trois méthodes de base

a) La lecture simple

– Parcourez le passage sans rester sur les détails, en essayant de retenir qui sont les personnages principaux et le mouvement (quel est le sujet traité, et comment ?)
– Relisez le passage lentement en regardant les détails,
– Demandez à Dieu de vous révéler une idée, une vérité qui sera une bénédiction personnelle pour vous,
– Appliquez cette découverte à votre vie.

b) La question

Cette méthode fait de vous un détective spirituel parce que vous allez poser des questions pour découvrir les trésors cachés ! Les questions suivantes sont les clés utilisées par le Saint-Esprit pour ouvrir les portes derrière lesquelles sont amassées des vérités et des bénédictions innombrables :

– Y a-t-il un exemple que je dois suivre ? Ex : Act 4.19-20
– Y a-t-il un ordre auquel je dois obéir ? Ex : Eph 4.32.
– Y a-t-il une erreur que je dois éviter ? Ex : 2 Tim 2.16-18.
– Y a-t-il un péché que je dois abandonner ? Ex : 2 Tim 3.2 ; 2 Thes 3.11.
– Y a-t-il une promesse que je dois réclamer ? Ex : Jac 1.5-6.
– Y a-t-il une prière que je dois faire ? Ex : Phil 1:9-11 ; Ps. 102.
– Y a-t-il une pensée à retenir concernant l’Eternel ? Le Seigneur Jésus-Christ ? Le Saint-Esprit ? Moi-même ?

Lisez le passage en vous posant ces questions précises. C’est l’œuvre du Saint-Esprit de vous éclairer. Demandez au Père que l’Esprit vous ouvre les yeux pour faire pénétrer en vous la vérité jusqu’alors cachée.

c) Les faits et les problèmes

Cette méthode consiste en une lecture soignée du passage, en essayant de noter les faits importants et de relever les problèmes. Prenez Jean 16.1-4 pour faire un essai.

FAITS PROBLEMES REPONSES
La persécution Quelles sont ces choses ?  
Les persécuteurs ne connaissent ni le Père ni Jésus Qui sont-ils?  
Jésus veut que ses disciples se souviennent de Ses paroles Quand l’heure sera-t-elle venue?  

Après avoir réalisé (par écrit dans votre cahier) les deux premières étapes, vous devrez peut-être faire des recherches dans le chapitre même, dans le livre ou même ailleurs pour trouver les réponses aux « problèmes ». Ecrivez ces réponses, puis choisissez au moins un point de « faits » ou « réponses » qui sera le sujet de votre prière d’adoration, d’actions de grâces, ou de supplication.

Il y a bien entendu beaucoup d’autres méthodes pour mieux connaître Dieu et Sa Parole, mais celles qui ont été suggérées ici vous permettent déjà d’aller très loin dans l’approfondissement de la Bible. La simplicité est un élément nécessaire pour la réussite.

2. Quelques recommandations utiles

Ayez un cahier dans lequel vous pouvez écrire ce qui vous impressionne, ce dont vous désirez vous rappeler par la suite.

– Choisissez une pensée et méditez-la pendant la journée.
– Remerciez le Seigneur pour ce qu’Il vous a révélé aujourd’hui
– Marquez votre Bible d’une manière cohérente:

1. Soulignez les vérités qui vous frappent ou dont vous voulez vous souvenir ultérieurement, ou

2. Encadrez les versets/passages que vous voulez utiliser dans votre ministère ou dans votre vie personnelle avec les couleurs suivantes, par exemple :

– Le péché en noir
– Le salut en rouge
– Les promesses en jaune
– La vie chrétienne (comment la vivre) en vert
– La prophétie en orange

– Partagez avec quelqu’un humblement, mais avec enthousiasme, ce que le Seigneur vous a donné. Pourquoi ne pas faire un peu de publicité pour le Seigneur! Vous pourriez également aider une autre personne en lui donnant envie de lire la Parole pour elle-même…

IV. CONCLUSION

Vous constatez que les conseils ci-dessus sont extrêmement simples, mais croyez qu’ils sont efficaces et précieux. Pourquoi ? Ceux qui les mettent en pratique vont croître spirituellement. Peut-être lisez-vous votre Bible tant bien que mal, plus ou moins régulièrement. Ayant des difficultés à faire sortir une « nourriture » appétissante, vous n’êtes peut-être ni fidèle à la lecture quotidienne, ni à la recherche de la vérité, et votre vie en est affaiblie.

Vous avez remarqué, probablement, que les suggestions concernant le culte personnel et l’étude proprement dite de la Bible étaient souvent mêlées. L’un ne doit pas être séparé de l’autre : le culte est basé sur l’étude de la Parole, et l’étude doit vous amener à l’adoration et à la prière.

Ces quelques pages ont pour but d’aplanir le chemin de l’étude de la Parole et du culte personnel. Soyez régulier et discipliné dans la lecture ! Le Seigneur Jésus a engagé le Saint-Esprit pour vous faire comprendre ce dont vous avez besoin. Ne perdez pas de temps. Commencez seulement après avoir prié Dieu le Père ou le Fils de vous montrer où vous devez commencer.

Que ces lignes puissent être utiles pour révéler aux chrétiens somnolents l’importance de la lecture systématique de la Parole, et pour encourager les nouveaux chrétiens à plonger quotidiennement dans cette eau vive merveilleuse, afin qu’ils grandissent rapidement, solidement et bibliquement !

Notes :

1 pour nous, la Bible.
2 1 Jean 1.9: "Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité".
3 l’idée est de garder, cacher.
4 Jean 1.12-15 : "Mais à tous ceux qui l’ont reçue [la parole], à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. Jean lui a rendu témoignage, et s’est écrié : c’est celui dont j’ai dit : "Celui qui vient après moi m’a précédé, car il était avant moi"; Jean 14.26 : "Mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit".


Vie chrétienne

Psaume 1

Les Psaumes sont des prières ferventes qui expriment les sentiments du croyant devant le Seigneur face à toutes les situations de la vie. Ils débutent par une question fondamentale : Veux-tu être "heureux" et "réussir" ? Deux voies sont devant toi, celle du bonheur et celle qui mène à la perdition. Alors fais le bon choix, celui que te propose le Psaume 1.

La première partie (v. 1-3) nous invite à prendre le chemin de la bénédiction, alors que la seconde partie (v. 4-6) nous révèle l’issue fatale du mauvais choix.

Ce bonheur proposé ne dépend pas des circonstances, mais de Dieu ; il est appelé "le Dieu bienheureux" (1 Tim 6.15), parce qu’il n’est jamais troublé par quoi que ce soit, ni privé de son propre bonheur. Et celui qui possède le Seigneur dans son cœur est "heureux" : "bienheureux celui qui croit" (Gal 3.9), "celui dont les péchés sont pardonnés" (Rom 4.7) et qui obéit à sa Parole (Jac 1.25). Dieu lui-même se plaît à appeler "bienheureux" celui qui refuse de s’associer au monde — tout ce système organisé et structuré par le "prince de ce monde".

Le verset 1 nous exhorte à éviter le mal, qui consiste ici à s’identifier et s’assimiler progressivement au monde :
"Ne pas marcher dans le conseil des méchants", donc ne pas se laisser séduire par les offres alléchantes de l’ennemi à travers les raisonnements et les comportements "conseillés" par Satan.
"Ne pas se tenir dans le chemin des pécheurs", donc ne pas s’engager dans la voie du péché, du mal. Quand on cède à la séduction, premier pas vers la pente glissante, on est entraîné sur le chemin du mal.
"Ne pas s’asseoir dans la compagnie des moqueurs", car une fois qu’il nous a engagés dans la route du monde, l’ennemi nous paralyse et nous incite à nous arrêter là où sont déjà assis ceux qui se moquent de Dieu.

Le verset 2 nous invite à faire le choix du bonheur selon Dieu :
"Prendre son plaisir dans la loi de l’Eternel", ce qui signifie goûter et savourer la Parole de Dieu (1 Pi 2.2). Lire la Bible devient un plaisir, un régal, parce que le Seigneur nous parle pour nous nourrir.
"Méditer sa loi jour et nuit" prend la dimension d’une occupation quotidienne "bienheureuse" avec l’objectif de nous "instruire, convaincre, corriger et éduquer dans la justice" (2 Tim 3.16-17) pour "réussir".

Le verset 3 compare celui qui a fait le bon choix à un arbre fruitier solide
"Planté près des ruisseaux d’eaux", la vie nouvelle reçue en Jésus-Christ et constamment renouvelée en abondance par le Saint-Esprit (Jean 4.12 ; 7.38 ; Rom 12.2 ; Tite 3.6).
"Qui donne son fruit en son temps", le fruit de l’Esprit avec ses neuf caractéristiques (Gal 5.22). Rien de bruyant dans cette maturation jusqu’au stade de la récolte. Cela prend du temps, toute une vie.
"Et dont le feuillage ne flétrit point". La foi de celui qui puise sa force constamment dans la Bible devient solide comme cet arbre exposé à toutes les intempéries, mais gardant toute sa vigueur et sa fraîcheur.
"Et tout ce qu’il fait réussit". Ce n’est pas la réalisation de soi-même selon les critères de notre société moderne, mais la réalisation de l’œuvre de Dieu en nous, un devenir progressif de conformité à l’image de Christ. La réussite finale sera "la riche entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ" (2 Pi 1.11).

Il n’en est pas de même "du méchant" (v. 3-6), de celui qui vit dans le péché et qui refuse la grâce et les instructions de la Bible. Il est léger aux yeux du Créateur comme la paille que le vent emporte. Il a peut-être pu se réaliser sur la terre, mais il n’a pas fait le bon choix, celui du bonheur éternel. Il ne résistera pas au jour du jugement de Dieu (Apoc 20.11-15).

Conclusion

Faisons donc le bon choix. Prenons plaisir à méditer la Parole de Dieu. Restons enracinés dans la Parole incarnée, Christ. Notre vie est-elle un "’arbre fruitier vigoureux" produisant du bon fruit, une "lumière qui brille devant les hommes" (Mat 5.13-16), un "flambeau brillant dans le monde" (Phil 3. 15-18) ? Apportons le "bonheur" en Christ aux hommes. Le secret de notre réussite est en Christ et en sa Parole éternelle.


Jésus a souvent été choqué par la manière dont ses contemporains comprenaient les Ecritures. Pas étonnant que sa lecture à Lui les ait à son tour déconcertés.

Voici du reste le principal reproche qu’il adresse aux théologiens de son temps :

"Vous sondez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie!" (Jean 5.39,40).

De quelle manière ces Ecritures rendent-elles témoignage de l’œuvre et de la personne de Christ, et pourquoi est-il si difficile de venir à lui pour avoir la vie ?

Jésus s’est entretenu de cette question avec un « docteur de la loi » qui l’avait abordé.

A. Au cœur du problème

A celui qui voulait apprendre quel était "le plus grand commandement de la loi", Jésus répondit en s’appuyant sur deux versets de l’Ancien Testament seulement (Mat 22.39,40):

"Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement.
Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes."

Il y a beaucoup dans cette réponse.

1. "Tu aimeras le Seigneur" : la Bible est un livre qui s’intéresse essentiellement aux relations entre l’homme et Dieu. L’existence de l’homme ne peut se comprendre sans l’existence de Dieu, car l’homme a été créé pour aimer Dieu. Toutefois, Dieu est Seigneur, à la fois Créateur et Maître de ses créatures. L’amour de l’homme envers Dieu, et son bonheur, commencent d’abord par l’acceptation de cette souveraineté, de cette radicale transcendance.

2. "…le Seigneur, ton Dieu" : l’homme est destiné à une relation privilégiée, exclusive, intime et personnelle avec son Seigneur. Aussi la Bible ambitionne, pour ses destinataires, bien au delà de l’initiation à une forme particulière de sagesse, de l’adoption d’un code éthique, de l’apprentissage de nouveaux modèles de pensée, de la pratique d’une ascèse quelconque. Elle les replace devant leur centre de gravité par excellence, et leur plus grand trésor: le Dieu éternel.

3. "… de tout ton cœur" : un lien d’amour avec le Dieu de l’Univers ne peut se limiter à une coexistence pacifique ou à une relation d’affaires. Le cœur tout entier est requis, et doit rester mobilisé en permanence pour Dieu. Le cœur, c’est-à-dire le quartier général de mon individu, ce poste de commandement qui décide de mes engagements, de mes choix de vie, de la mise à disposition de tout mon être… le cœur sans lequel tout acte n’est que gesticulation, trompe-l’œil, ou camouflage.

4. "… de toute ton âme" : bien que les termes de cœur et d’âme soient parfois interchangeables dans l’Ecriture, le contexte indique qu’ici l’âme doit être comprise comme une entité distincte du cœur. Il n’est pas déraisonnable de penser que Jésus parle de l’âme comme du grand clavier du corps et des sens, des sentiments, des émotions, et des mouvements caractéristiques de notre tempérament. Dieu ne compte pas seulement sur la soumission de notre volonté, sur un attachement loyal et résolu, mais aussi sur des âmes qui vibrent pour lui, sur des vis-à-vis passionnés par lui.

5. "… et de toute ta pensée": plus de doute, notre relation avec Dieu est réellement destinée à envahir tout le champ du vécu. Elle inclut la totalité de notre être. Elle est "holistique" au plus haut degré. Par conséquent, si notre relation avec Dieu n’est fondée que sur la volonté et sur les émotions, elle se trouvera tôt ou tard prise en défaut. Il y manquera la composante structurante de la pensée, il y manquera la cohérence, la clairvoyance, et cette intelligence réflexive qui nous distingue de l’animal. La soumission à Dieu, notre amour pour lui, n’entraînent pas la régression et la cessation de l’effort intellectuel. C’est le contraire qui doit se produire.

6. "Tu aimeras ton prochain comme toi-même": le message biblique serait à coup sûr irrecevable s’il minimisait l’importance vitale des relations entre humains. Un Dieu tout entier occupé au bien-être de ses créatures pourrait-il négliger de leur enseigner comment se comporter les unes à l’égard des autres? Notre amour envers Dieu peut certes se concrétiser dans la foi, dans la prière, dans l’exercice d’une activité pratique, mais peut-il faire l’économie de notre responsabilité envers nos frères humains? Notre amour pour Dieu et pour notre prochain s’authentifient l’un par l’autre.

"De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes":
des deux "lois" rappelées par Jésus découlent tous les enseignements fondamentaux de l’Ancien Testament ("la loi et les prophètes", comme en Rom 3. 21, désignent toute la Révélation vétéro- testamentaire). D’une manière magistralement panoramique, Jésus dévoile l’unité du message biblique, son origine divine, son objectif premier, et ses implications dans tout ce qui touche à notre sphère abusivement appelée privée. Marc, dans son Evangile (12. 32,33), rapporte que le docteur de la loi qui vient de recevoir cette réponse est touché au vif: "Bien, maître, tu as dit avec vérité que Dieu est unique, et qu’il n’y en a point d’autre que lui, et que l’aimer de tout son cœur, de toute sa pensée, de toute sa force (notez qu’ici l’"âme" est remplacée par la "force"), et aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices" (notez encore: Jésus n’a pas évoqué les holocaustes et les sacrifices, mais le docteur a déjà compris que quelque chose clochait dans la religion purement formaliste et légaliste de la majorité des Juifs de son temps).

B. Un "brave homme" mal dans sa peau

En fin d’entretien, Jésus, "voyant qu’il avait répondu avec intelligence", déclare à son interlocuteur: "Tu n’es pas loin du royaume de Dieu" (Marc 12.34). Cette marque d’approbation de la part de Jésus a de quoi surprendre, dans le contexte de ces chapitres, car le Seigneur va réserver ses plus sévères critiques aux scribes, aux pharisiens, et aux docteurs de la loi. En quoi ce scribe-là s’est-il rapproché d’une juste compréhension de l’Ecriture?

Cet homme se distingue par une honnêteté intellectuelle et morale nettement au-dessus de celle de ses pairs. Plus transparent qu’eux, il laisse entrevoir, derrière ses "questions-pièges", un malaise spirituel. D’emblée il a demandé, dans le récit parallèle de Luc: "Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle?" (10.25) Sachant que seul Dieu peut octroyer la vie éternelle, reconnaissant implicitement l’excellence de la loi, ce grand érudit se trouve probablement confronté, jour après jour, au plus cruel constat: il est incapable de pratiquer ce qu’il souhaite pratiquer pour plaire à Dieu. Il est par conséquent à l’extérieur du royaume de Dieu. Dieu n’est pas encore son seul suzerain. Ce scribe n’a pas la vie éternelle.

Luc nous offre un indice supplémentaire de l’échec de cet homme. Lorsque Jésus fait mine de clore la discussion en lui recommandant: " Tu as bien répondu: fais cela, et tu vivras" (10.28), ce dernier cherche immédiatement à se justifier en prétextant qu’il n’est pas si aisé de savoir qui est ce prochain qu’il doit aimer comme lui-même. Et Jésus de rebondir en lui racontant l’histoire du "bon Samaritain".
Le malheur du scribe est de ne pas aimer Dieu au point d’aimer son prochain, et de trop s’aimer lui-même pour s’éprendre de Dieu. En ce sens, il est représentatif de toute notre race; le diagnostique biblique est péremptoire à ce sujet: "Vous étiez autrefois éloignés de Dieu et ennemis (de Dieu) par vos pensées et par vos mauvaises œuvres", rappelle l’apôtre Paul aux chrétiens de Colosses (1.21 a); "Vous étiez morts par vos offenses" (2.13 a).

Mais la Bible serait fort énigmatique, ou même totalement désespérante, si elle se limitait à la narration de rencontres comme celle de ce scribe et de Jésus. En explorant l’ensemble du message évangélique, il est possible d’envisager la solution que Jésus a préparée pour tous les scribes de tous les temps.

C. Illusions indésirables.

Pour accéder à la vie éternelle, voici deux illusions que notre scribe aurait dû jeter aux orties.

1ère illusion: le salut est une affaire de connaissance

Le scribe cherche le chemin de la vie éternelle en tâchant d’accroître ses connaissances sur le sujet. Cet intellectuel présuppose donc que la connaissance sauve.

Grave méprise : cette thèse ne fait que perpétuer les mensonges du Serpent en Eden (Gen 3.5,6). Souvenons-nous que nos premiers parents, faits à l’image de Dieu, vivaient à l’origine dans une communion lumineuse avec leur Créateur, et l’un avec l’autre. Pour avoir voulu accéder à une connaissance supérieure, les malheureux, au prix d’une désobéissance insensée, ont provoqué une rupture de communion avec leur divin Maître. L’esprit humain, dès cet instant, est devenu esclave de lui-même et de Satan : la gestion de la « connaissance du bien et du mal » se dérobe à son contrôle.

Voilà donc ce que nous devons reconnaître en préambule à tout espoir de salut : notre condition terrestre, nos relations avec Dieu et avec nos semblables, sont marquées par le péché (et entre autres, par les faux raisonnements), par le mal et par la mort. Parce que nos cœurs, nos âmes et nos pensées sont perméables aux suggestions et aux séductions du Diable, et se portent naturellement vers le mal, aucune connaissance, même "biblique", ne peut nous dépêtrer de nos sables mouvants. Notre bonne volonté, nos bonnes intentions, nos bons sentiments, voire nos élans sublimes, nos intuitions géniales ont beau être appelés à la rescousse, c’est en vain. Aucune connaissance n’est en mesure, à elle seule, d’arrêter notre descente vers la mort éternelle, vers la séparation définitive d’avec Dieu. Pas même la connaissance des deux plus importants commandements divins.

2ème illusion: le salut est une affaire d’actes justes

Comme des millions d’Israélites avant et après lui, notre scribe s’était efforcé de respecter la loi de Dieu. Résultat : ni lui, ni aucun de ses coreligionnaires n’ont été en mesure d’obéir ne serait-ce qu’aux deux premiers commandements. Malgré la providence divine, les délivrances, les moyens de grâce et de pardon, malgré la patience de Dieu, les faveurs imméritées, et tout le cortège des prophètes, des messagers divins, des signes et des miracles, le peuple d’Israël, microcosme de l’humanité, n’a pu se sauver par les œuvres de la loi.

Mais pourquoi les écrivains sacrés ont-ils rempli tant de pages sur ce thème? Pourquoi comptabiliser ces interminables suites de transgressions, de trahisons et d’infidélités? N’est-ce pas parce qu’il est fort ardu de nous persuader de l’absolue perversion de notre nature, et de l’absolue nécessité d’un Sauveur divin. Or il nous est vital de nous laisser convaincre, "car tous ceux qui s’attachent aux œuvres de la loi sont sous la malédiction; car il est écrit: Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, et ne le met pas en pratique" (Gal 3.10). A lire les âpres débats entre Christ et ses opposants, l’orgueil et la volonté de l’homme renâclent devant cette logique-là.

D. Réalités nouvelles

En amenant son interlocuteur dans les impasses historiques et théologiques dont nous venons de parler, Jésus ouvrait la voie à de nouvelles réalités. En voici deux qui, sûrement, constituent l’épine dorsale de l’Evangile (c’est-à-dire du message biblique complété par la Révélation néo-testamentaire), et qui peuvent nous le rendre entièrement profitable.

1. Dieu accomplit à notre place ce qui nous est impossible

"Lorsque nous étions sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies" (Rom 5.6).
"Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs,
Christ est mort pour nous"
(Rom 5.8).

– Accéder à la vie éternelle par l’observation sans faille de tous les commandements de Dieu,
– offrir un sacrifice parfait et définitif en vue du pardon de tous les pécheurs de tous les temps,
– ouvrir toute grande la porte de la réconciliation avec Dieu, par la repentance et par la foi en Christ,
– attirer tous les hommes à Dieu,
– et préparer une place dans le Ciel à tous les disciples de Christ, pour qu’ils demeurent à toujours
avec Lui,
… voilà quelques œuvres impossibles à l’homme, mais accomplies par le Fils de l’homme en notre faveur.

"Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses…" (2 Cor 5.19 a).
" Qui peut donc être sauvé? Jésus les regarda et leur dit: Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible" (Mat 19.25, 26).

Que cette possibilité provienne précisément de l’Offensé et du Juge montre l’étendue de son amour, et l’impensable abnégation du Sauveur du monde. Quel poids immense et insupportable serait tombé des épaules du scribe s’il avait compris cela!

2. Dieu nous rend capables de l’impossible

Jésus-Christ n’a pas accompli l’œuvre de leur salut pour transformer les croyants en timides contemplatifs. Les deux premiers commandements sont une montagne infranchissable pour l’homme naturel. Mais Dieu fait de ses enfants, les croyants, de nouvelles créatures capables de choses nouvelles. Il leur envoie sa Parole et son Esprit pour nourrir leur cœur, leur âme et leurs pensées. Il met en eux un esprit nouveau. Il leur insuffle une nouvelle raison de vivre et de se réjouir. Il leur ouvre le chemin de l’espérance et de la victoire sur le péché. Il les rend capables d’aimer leur prochain. Il les envoie comme témoins de sa résurrection. Il leur fait des dons spirituels et les incorpore à l’Eglise, qui est "la colonne et l’appui de la vérité" (1 Tim 3.15 b).

Ceux de ses enfants qui collaborent à ce programme peuvent témoigner: "C’est Dieu qui agit en nous…c’est lui qui produit en nous le vouloir et le faire" (cf. Col 1.29; Phil 2.13). Ce que la loi est impuissante à donner, la foi en Christ nous l’accorde avec abondance. Ainsi pouvons-nous être rendus capables de toute bonne œuvre pour l’accomplissement de la volonté de Dieu; ainsi Dieu peut-il faire en nous ce qui lui est agréable (cf. Héb 13.21). Jour après jour, selon les plans de Dieu, nos cœurs, nos âmes et nos pensées sont modelés par l’Ecriture, afin que nous devenions des hommes et des femmes de Dieu accomplis (cf. 2 Tim 3.16,17). Et lorsque nous traînons les pieds, sommes infidèles, ou péchons, Dieu nous soumet à une discipline qui finit par produire "un fruit paisible de justice" (Héb 12.11 b).

Conclusion: la leçon de théologie que Jésus offre à son docteur de la loi nous introduit au cœur de la Révélation divine. Elle éclaire l’Ancien Testament, et prépare le Nouveau. Elle nous fait découvrir que la Bible, lue sous l’angle de la Chute et de la Rédemption de l’homme, retrace l’histoire d’un sauvetage réellement déconcertant. On parle dans ce livre d’une créature naufragée qui ne veut pas se laisser sauver, ou prétend se sauver toute seule. On y entend Dieu condamner ces folles tentatives, mais tout engager pour arracher l’hommes à ses illusions mortelles. On y voit le Fils de Dieu quitter la gloire, et offrir sa vie en rançon pour le salut de ses ennemis. Et enfin, on y apprend la possibilité d’une recréation spirituelle si parfaite qu’elle permet aux esclaves du péché de devenir des serviteurs et des servantes de l’Eternel.


Commentaire de 2 Rois 2 – 9
Auteur: Daniel ARNOLD
Editeur: Editions Emmaüs, CH-1806 St-Légier, Suisse, 224 pages, 2002

Ce nouveau commentaire fait suite à celui de 1 Rois 17 à 2 Rois 2 sur Elie entre le jugement et la grâce. L’ouvrage est divisé en deux parties: L’introduction contenant 46 pages et le Commentaire qui couvre le reste.

L’auteur présente dans la première partie les diverses caractéristiques d’Elisée, prophète unique et exceptionnel dans l’accomplissement de ses divers miracles pour faire ressortir la grâce. A chaque page, le lecteur est surpris par tant d’informations, de comparaisons et d’actualisation des récits narratifs que l’auteur lui fait découvrir. Ce dernier fait ressortir du texte des parallélismes et des contrastes par rapport aux divers personnages, circonstances et contextes, en particulier une similitude frappante entre Elisée et Jésus pour faire briller la supériorité et la souveraineté du Fils de Dieu.

On lira avec profit le chapitre Contexte du ministère d’Elisée (pages 33-36) pour connaître le contexte spirituel et politique, celui des rapports entre Elie et Elisée. L’accent est mis sur la patience de Dieu à l’égard de son peuple et sur la préservation de la lignée messianique dans le royaume de Juda.

L’analyse de ces narrations et de celles des deux livres des Rois nous a fascinés: une étude pleine de découvertes quant aux structures étonnantes des récits, des thèmes et des personnages.

Le Commentaire est instructif et édifiant. L’auteur actualise les textes, les fait parler pour nous interpeller constamment. Face aux difficultés que certains textes présentent, il ne les esquive pas, mais donne des explications plausibles, en accord avec l’ensemble des Ecritures. Nous apprécions la clarté, la simplicité, et l’herméneutique qui est aux antipodes de la critique néo-libérale. Nous soulignons les traits caractéristiques des ouvrages de D. Arnold:
– L’affirmation de l’inerrance et de l’autorité de la Bible, spécialement quant à l’historicité des récits;
– l’accent sur la souveraineté absolue de Dieu, sur sa providence à l’égard des siens, et sur sa grâce;
– une éthique théocentrique combinée avec une vision biblique juste du monde, harmonie avec l’Ancien et le Nouveau Testament;
– l’actualisation des textes qui prennent toujours une forme vivante et nous stimulent à la lecture et à l’obéissance à Dieu et à sa Parole;
– les notes et la bibliographie abondantes qui intéressent surtout ceux qui désirent approfondir encore plus les textes.

En résumé, cet ouvrage est un grand stimulant pour l’étude sérieuse de la Bible, une mine d’or pour extraire les merveilles que le Seigneur a réservées à ceux qui sont prêts à creuser et à appliquer les leçons pratiques dans la vie quotidienne. Nous le recommandons vivement. Rappelons encore les autres ouvrages de Daniel Arnold: Ces mystérieux héros de la foi: une approche globale du livre des Juges; Esther, survivre dans un monde hostile; Elie entre le jugement et la grâce, commentaire de 1 Rois 17 à 2 Rois 2. Relevons encore que PROMESSES a publié entre 1997 et 2001 plusieurs articles repris dans son dernier livre.

Henri Lüscher


“ Tais-toi et crois ”. C’est la réponse souvent donnée par l’église aux fidèles qui expriment un doute ou qui rejettent un point de doctrine. Puisque Dieu s’est révélé, puisque la Bible est inspirée, puisque l’Eglise est le porte-parole du Christ sur terre, tout questionnement des choses divines est rejeté et condamné. L’église est le lieu du silence et de l’adoration, non celui des discussions et des contestations. Mais cette attitude est-elle vraiment biblique ? Dieu rejette-t-il toute personne qui questionne ses paroles ?

La Bible contient plusieurs récits dans lesquels des hommes pieux ont questionné Dieu. Un passage très connu et central à l’histoire du peuple élu est l’appel de Moïse à Horeb (Exode 3.1-4.17).

Les objections de Moïse au buisson ardent

Lorsque l’Eternel apparaît dans une flamme de feu et demande à Moïse de délivrer Israël de l’esclavage d’Egypte, celui-ci objecte à plusieurs reprises. Pour commencer, Moïse estime ne pas être à la hauteur de la tâche. “ Qui suis-je, pour aller vers Pharaon, et pour faire sortir les enfants d’Israël ? ” (Ex 3.11). N’a-t-il pas déjà 80 ans et ne vient-il pas de passer 40 ans dans le désert du Sinaï à faire paître le bétail de son beau-père ? N’a-t-il pas dû fuir l’Egypte pour avoir tué un Egyptien ? Moïse ne se sent manifestement pas qualifié pour la tâche que Dieu lui confie.

Persona non grata auprès du Pharaon, Moïse se demande aussi comment son peuple l’accueillera. Que dire au peuple, demande-t-il à l’Eternel : “ J’irai donc vers les enfants d’Israël, et je leur dirai: Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous. Mais, s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ? ” (Ex 3.13).

La longue réponse de l’Eternel (Ex 3.14-22) ne le satisfait pas puisqu’il réplique immédiatement : “ Voici, ils ne me croiront point, et ils n’écouteront point ma voix. Mais ils diront: L’Éternel ne t’est point apparu ” (Ex 4.1). Dieu promet alors de multiplier les prodiges pour convaincre le peuple et il lui donne même un avant-goût par deux miracles effectués sous ses yeux (Ex 4.2-9).

Ces signes ne convainquent Moïse qu’à moitié. D’un côté, il renonce à son objection relative à l’incrédulité du peuple, mais d’un autre côté, il avance une nouvelle objection concernant son parler difficile : “ Ah! Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n’est ni d’hier ni d’avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur; car j’ai la bouche et la langue embarrassées ” (Ex 4.10). Dieu écarte une nouvelle fois l’objection en rappelant à Moïse que le créateur peut donner à tout homme d’exprimer exactement ce qu’il désire (Ex 4.11-12).

La cinquième et dernière objection de Moïse entraîne, pour la première fois, la colère de l’Eternel. En effet, Moïse ne se contente plus d’énoncer des réserves à l’égard du projet divin, mais il exprime son refus de se soumettre à Dieu : “ Ah! Seigneur, envoie qui tu voudras envoyer ” (Ex 4.13).

Les réponses de l’Eternel

Les réponses de l’Eternel à Moïse sont révélatrices de l’attitude de Dieu face aux questionnements des hommes à l’égard des paroles divines. Peut-on questionner Dieu ? Oui et non.

Positivement, Dieu laisse un espace pour le dialogue et les questionnements. Les hésitations et les doutes à l’égard des paroles divines ne sont pas immédiatement condamnés. Dieu prend le temps de répondre à chaque objection. Parfois, ses réponses sont brèves, parfois élaborées (un verset pour répondre à la première objection, Ex 3.12; neuf versets comme réponse à la deuxième, Ex 3.14-22). Parfois, Dieu se contente de répondre par des paroles, et parfois il accompagne ses paroles de miracles.

Au sujet des miracles, Dieu va quelquefois au-delà de ce que les hommes demandent. Ainsi, Moïse peut voir un buisson ardent qui ne se consume pas ; il doit jeter lui-même le bâton qui devient un serpent, puis saisir ce serpent par la queue (ce qu’il ne faut jamais faire avec un serpent) pour qu’il redevienne un bâton ; il met sa main sur sa poitrine à deux reprises pour en faire apparaître, puis disparaître la lèpre. Moïse assiste à tous ces miracles qu’il n’avait pas demandés, mais il se voit refuser le droit d’examiner de plus près le miracle du buisson ardent. Lorsque Moïse veut s’approcher du buisson ardent “ pour voir quel est ce spectacle extraordinaire, et pourquoi le buisson ne brûle pas ” (Ex 3.3), l’Eternel lui ordonne non seulement de ne pas approcher, mais d’enlever ses sandales de ses pieds, car “ l’endroit où tu te tiens est une terre sainte ” (Ex 3.5). Dieu est saint et il est souverain en matière de révélation. Il se laisse chercher, mais il ne révèle pas tout. C’est lui qui fixe les limites de la révélation.

L’homme qui sonde les Ecritures trouvera une réponse satisfaisante aux questions fondamentales de la vie, car tout ce qui est nécessaire pour une vie de foi nous est donné. De plus, la Parole de Dieu est cohérente. Les difficultés suscitées par le texte biblique ont reçu, pour la plupart, des réponses satisfaisantes. Cela ne signifie pas que le chrétien peut tout expliquer. Certains mystères lui échappent. Certains sont gardés pour la fin des temps (Dan 12.4). Peu importe, car tout ce qui est nécessaire pour plaire à Dieu a été révélé.

Peut-on questionner Dieu ? Manifestement, la réponse est affirmative… jusqu’à un certain point. Dieu ne perd patience avec les interrogations et les doutes de Moïse, que lorsque celui-ci refuse d’obtempérer : “ Alors la colère de l’Éternel s’enflamma contre Moïse ” (Ex 4.14). Dieu ne condamne pas nos questions, mais notre désobéissance. Lorsque les pharisiens demandent un signe à Jésus, celui-ci refuse de les aider, car les chefs religieux étaient venus pour le piéger et avaient déjà rejeté toute aide préalable (Mc 8.11-12). Les miracles du Christ ne les avaient pas ouverts à la foi, mais les avaient endurcis.

La parole que l’église doit adresser à celui qui questionne Dieu n’est pas “ Tais-toi et crois ”, mais “ Ecoute et crois ”. La foi vient de ce qu’on entend (Rom 10.17). Il faut se laisser instruire par Dieu. Venir à Christ et lui faire confiance. A la première objection de Moïse qui se sent inapte au ministère divin, Dieu répond de ne pas regarder à l’homme, mais à Dieu. « Je serai avec toi » dit l’Eternel à Moïse (Ex 3.12). Moïse ne peut pas, mais l’Eternel peut tout. La foi ne consiste pas à mettre la raison sous un boisseau, mais à reconnaître que la raison humaine a ses limites, et que le mot de la fin est à celui qui a créé la raison, à celui qui a répondu avec patience à nos objections et qui demande qu’en dernier lieu, l’homme s’en remette à celui qui est vérité et amour, et qui sait tout.

Ce qui est difficile dans l’Ecriture n’est pas ce que l’on ne comprend pas, mais ce que l’on comprend, car Dieu nous tient responsables de tout ce qu’on a compris. A celui qui questionne Dieu, on doit répondre : “ Pose toutes les questions que tu veux, mais n’oublie pas d’écouter la Parole de Dieu, et quand tu l’as compris, sur un point particulier, mets-la en pratique sans tarder ”.