PROMESSES
Un moment de légère affliction produit pour nous au delà de toute mesure un poids éternel de gloire (2 Cor 4.17).
En lisant, dans 2 Cor 11.23-27, l’énumération des «afflictions» que l’apôtre Paul dut endurer, sans jamais succomber, nous sommes déconcertés: comment Paul peut-il les qualifier de «légères»? La réponse se trouve dans Rom 8.18: «J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrance du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous». Nous sommes invités à être conscients des proportions. Quelle que soit l’intensité de nos souffrances physiques ou psychiques, quand on les place sur un des plateaux d’une balance, celui-ci sera soulevé tout en haut par le poids de gloire placé sur l’autre plateau. Il n’y a aucune commune mesure entre les deux, ce dont nous ne sommes souvent pas conscients. Nous oublions souvent que nos souffrances sont temporelles et infiniment courtes comparées à la durée éternelle, donc infiniment longue, de la gloire qui nous attend. Paul fait remarquer que les choses visibles (telles que le monde avec ses souffrances) sont momentanées, et les invisibles (telles que la gloire qui nous attend) sont éternelles (2 Cor 4.18).
Quant à Pierre, il va jusqu’à dire que nous tressaillons d’allégresse quand, au milieu des souffrances qui éprouvent notre foi, nous avons en vue la gloire qui nous attend à la venue de Jésus-Christ (2 Pi 1.6-7). Plus loin dans cette épître, il qualifie la souffrance de grâce devant Dieu et affirme même que nous y avons été appelés. Et il précise pourquoi: parce que Christ lui aussi a souffert pour nous. Christ est notre exemple suprême. Il est dit de lui qu’en vue de la joie qui lui était proposée, il a souffert la croix (Héb 12.2).
Pas si vite! direz-vous. D’abord:
Qu’est-ce que la gloire?
Voyons quels sont les sens que ce concept a dans l’Ancien Testament:
– apparence lumineuse
– manifestation de Dieu et l’effet qu’elle produit
– révélation de Dieu, dans la création et dans l’histoire du salut
– honneur.
NB: l’arche de l’Alliance est le symbole de la présence de Dieu.
Dans le Nouveau Testament, le mot «doxa» (dans le sens de «gloire») est utilisé 165 fois: entre autres par Paul (77 fois), par Jean (35), par Pierre (15), par Luc (13), etc. Il a le sens de: honneur, célébrité, réputation; majesté et puissance.
– Le verbe «glorifier» revient plus de 60 fois; il signifie faire partager la gloire de Dieu; rendre efficace la gloire de Dieu ou de Christ.
– Les êtres célestes ont leur propre gloire. Les croyants participent ou participeront à la gloire. L’espérance chrétienne est «espérance de la gloire» (Col 1.27; Eph. 1.18; 2 Thes 2.14; 2 Tim 2.10).
NB: La transfiguration de Christ est la révélation de la gloire que Jésus a possédée continuellement mais pas ouvertement.
Posons alors deux questions: quelle est la raison de la souffrance et quel est son but?
Souffrir pour quelle raison?
Relevons quelques raisons en citant plusieurs textes parmi d’autres:
1. Le Seigneur dit à Paul lors de sa conversion: «Je lui montrerai combien il faudra qu’il souffre pour mon nom». Paul écrira aux Philippiens: «…il vous a été fait la grâce… de souffrir pour Christ» (1.29).
2. Paul exhorte Timothée: «…souffre avec moi pour l’Evangile», donc pour le salut des hommes (2 Tim 1.8).
3. «Je me réjouis maintenant dans mes souffrances… pour son corps, qui est l’Eglise» (Col 1.24).
Souffrir dans quel but?
J’ai relevé six buts parmi d’autres:
1. Pour être digne du royaume: «…que vous soyez rendus dignes du royaume de Dieu, pour lequel vous souffrez» (2 Thes 1.5). «C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (Act 14.22).
2. Pour recevoir la couronne de vie: «Heureux l’homme qui endure la tentation (ou: l’épreuve); car après avoir été mis à l’épreuve, il recevra la couronne de vie…» (Jacq 1.12).
3. Pour entrer dans la gloire: «…Le Christ ne devait-il pas souffrir de la sorte et entrer dans sa gloire?» (Luc 24.26).
4. Les souffrances sont suivies de la gloire éternelle, comme l’affirme la citation mise en exergue. Méditons les passages suivants: «Ils se sont appliqués à découvrir… les indications de l’Esprit de Christ qui était en eux et qui, d’avance, attestait les souffrances de Christ et la gloire qui s’en suivrait» (1 Pi 1.11).
5. Parlant de Jésus: «Tu l’as fait pour un peu de temps inférieur aux anges, tu l’as couronné de gloire et d’honneur, tu as mis toutes choses sous ses pieds» (Héb 2.7-10, citation du Ps 8.6-7). Ce texte éclaire plusieurs aspects relatifs à la gloire précédée par la souffrance:
– l’abaissement de Jésus
– les souffrances avant la gloire
– Jésus couronné de gloire à cause de ses souffrances.
Cela est aussi valable pour nous.
6. Après avoir souffert, ainsi participant aux souffrances de Christ, nous participerons à la gloire de Christ: «…réjouissez- vous de participer aux souffrances de Christ. …moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ et participant à la gloire qui doit être révélée. … Le Dieu de toute grâce vous a appelés en Christ à sa gloire éternelle, après que vous aurez souffert un peu de temps…» (1 Pi 4.13; 5.1,10).
Le but ultime de la souffrance du chrétien
Nous tous connaissons probablement le passage qui dit que «toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu» (Rom 8.28). Nous connaissons souvent moins bien ce qui suit: «Ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils». C’est cela le bien que Dieu a en vue, quoi que ce soit qui nous arrive: toutes choses.
Là il faut ne pas oublier que Dieu n’est pas toujours l’auteur de ce qui nous arrive. Dieu a permis à Satan de démolir les biens et la vie de Job, dont Dieu a dit: «Il n’y a personne comme lui sur la terre; c’est un homme intègre et droit, qui craint Dieu et s’écarte du mal» (Job 1.8 et 2.3). En craignant Dieu, Job s’est placé sous la souveraineté de Dieu, qui met des limites au mal que Satan peut faire à Job. Dieu n’a pas fait un pari avec Satan à la légère; Job a dû passer par son épreuve pour glorifier Dieu devant tous les anges et pour apprendre quelque chose de fondamental: on ne discute pas avec Dieu, dont la grandeur est révélée par ses oeuvres. Sans l’histoire de Job, nous ne saurions pas que le malheur qui frappe un homme n’a pas besoin d’être lié à sa mauvaise conduite, ce que les amis de Job n’arrivaient pas à comprendre. Dieu est totalement souverain et n’a de comptes à rendre à qui que ce soit: «Je forme la lumière et je crée les ténèbres. Je réalise la paix et je crée le malheur» [ou: le mal] (Es 45.7). Rien n’échappe jamais à l’autorité suprême de Dieu.
Puisque Dieu nous a appelés selon son dessein, son plan ne peut tolérer que ce qui nous arrive soit pour notre mal. Le contenu de ce bien auquel Dieu coopère est de nous glorifier parce que nous serons devenus semblables à l’image de son Fils; non au Fils, mais à l’image du Fils. Nous ne sommes pas destinés à être des «répliques» du Fils de Dieu, mais à lui ressembler comme des frères se ressemblent. Le Fils de Dieu aura toujours la première place, étant le premier-né d’un grand nombre de frères. Le bien auquel coopèrent toutes choses, c’est la glorification avec Jésus-Christ en tant que ses frères. Rien ne peut aller à l’encontre de ce but suprême.
Rassurons-nous donc: quand le malheur frappe, le deuil, la maladie, la perte des biens ou de la liberté, le martyre même, c’est pour notre bien; ce sont des jalons sur le chemin de la glorification. L’éclat et le rayonnement se dégagent de la personne de Dieu. A la révélation de Jésus- Christ, toutes les perfections de Dieu seront rendues visibles. De ceux qui aiment Dieu, il est dit qu’ils n’auront ni tache ni ride, mais qu’ils seront saints et sans faute (Eph 5.27). Voilà l’éclat final auquel Dieu a prédestiné ceux qu’il a appelés, ceux qu’il aime, ceux qui l’aiment.
Tout cela dépasse de loin notre compréhension limitée; c’est trop sublime pour que notre raison humaine puisse en saisir la portée. Et pourtant, c’est le contenu de notre espérance, de notre attente, et elle ne sera pas déçue.
- Edité par Schneider Jean-Pierre
L’auteur de ce témoignage est marié et père d’une petite fille. Il est de nationalité congolaise. Il est juriste et assistant d’université. Diacre de l’Assemblée Evangélique «La Réconciliation» à Kinshasa, il fait également partie de l’équipe des responsables de la salle de lecture PROMESSES, établi dans l’immeuble du Centre Biblique de Matonge, place Victoire, à Kinshasa. Bob Banzelyno est co-fondateur d’une ONG de protection des Droits de l’Enfant: Dignité de l’Enfant. Pour plus de renseignements: B.P. 409, Kinshasa 1, RDC, tél. (243)818103161/ (243)8959671, E-mail: dignitédelenfant@yahoo.fr
– Net: www.dignitedelenfant.org.
Ma mère s’était mariée régulièrement. Après six ans de vie conjugale heureuse, pendant lesquels naquirent quatre enfants, elle et son mari se séparèrent, sans pour autant divorcer juridiquement. Au bout de quelques mois, le mari de ma mère prit une autre compagne. Ma mère, de son côté, entreprit de partager sa vie avec un célibataire dont elle eut un garçon. J’étais né.
Quelque temps plus tard, mon père, réalisant qu’il entretenait des relations coupables avec ma mère (qui était encore juridiquement mariée), se rétracta pour ensuite se marier régulièrement avec une autre femme. Le départ de mon père incita ma mère à demander le divorce de son premier mari. Le juge de première instance, en vertu du principe que tout enfant né pendant le mariage a pour père le mari de sa mère, prononça ce divorce en prenant soin de me classer dans la lignée clanique du mari de ma mère, qui, aux yeux de la loi, et sous certaines réserves, était considéré comme mon père. Ma garde lui fut également attribuée. Le mari de ma mère ne me désavoua point et ne contesta pas la paternité qui lui était attribuée, bien que je sois né pendant une période de sa séparation notoire d’avec ma mère.
A 4 ans, j’étais donc tiraillé entre deux pères: l’un biologique (qui craignait d’être poursuivi pour adultère s’il me reconnaissait), l’autre juridique (car mari légal de ma mère à ma naissance). Je me sentais étranger aussi bien chez mon père juridique que dans la maison de mon père biologique, chacune de leurs femmes ayant réussi à dresser ses enfants contre moi. De là il m’arrivait de me demander si ces enfants étaient bien mes frères et mes sœurs au vrai sens du terme. Aussi, à plusieurs reprises, ai-je fugué pour rejoindre ma mère, qui vivait désormais pratiquement seule.
Dans ces conditions, j’ai développé pendant toute mon enfance une nature introvertie, timide, craintive et complexée, surtout devant certains camarades que je voyais entourés d’affection par leurs parents. Longtemps, j’ai cherché à cultiver des amitiés, mais sans succès. Jusqu’à un certain âge, je n’ai pas eu d’ami, sinon ma mère, qui était tout pour moi.
Un jour d’avril 1987, après une sérieuse fracture au genou lors d’une rencontre de football universitaire, je fus hospitalisé dans une clinique de la place. Pour éviter l’amputation de ma jambe gauche, le traitement nécessitait une énorme somme d’argent que ne put assumer mon père juridique (chez qui je passais certains de mes week-ends, habitant en semaine à la cité universitaire).
Ma mère se résolut alors à voir mon père biologique. Il paya bien la facture de mon hospitalisation, mais laissa entendre qu’il s’agissait là de son dernier geste en ma faveur, tant que je continuerais d’habiter chez mon père légal.
D’autre part, ce dernier, ayant appris que ma mère était allée voir mon père biologique pour honorer la facture de l’hôpital, décida de me chasser de chez lui, dès que je sortirais de l’hôpital. Ce jour-là, moi qui avais jusque-là deux pères, je n’en eus plus aucun.
A chaque chose malheur est parfois bon. La multiplicité des lignages claniques auxquels je pouvais être rattaché (tant de l’Est que de l’Ouest de mon pays) me permit de subsister tant bien que mal, en fonction de l’alternance des différents blocs tribaux à la tête de l’Université. Dans les années 1990, l’Université fut fermée et les étudiants des Homes évacués; je fus alors hébergé dans la famille d’un ami. J’étais plongé dans des soucis et accablé par diverses maladies. Ma famille d’accueil, par crainte du pire, envisagea de se débarrasser de moi.
J’étais au désespoir; chaque lever de soleil était une amertume; je me sentais de trop. Je me rendais compte, à cette époque, que la pire des choses au monde qui pousse les gens au suicide, est le sentiment de leur inutilité. Cependant, je rends grâce à mon Dieu toutes les fois que je me souviens d’une de mes sœurs aînées qui, un jour, voyant ma détresse, me lut ces versets de Paul aux Philippiens: «Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâce, faites connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera votre cœur et vos pensées dans le Christ Jésus» (Phil 4.6-7).
Cette exhortation transforma ma vision de la vie. Je découvris Christ, le reçus dans mon cœur. J’expérimentai sa paix, cette paix à laquelle tous (enfants nés dans le mariage ou hors mariage) avons été appelés pour former un seul corps.
Cette paix a régné en moi lorsque l’Eternel, considérant sans doute que ma mère était comme mon dieu, décida souverainement de me l’enlever juste après l’obtention de ma licence en droit. Je me sentis une fois de plus inutile et frustré sans cette merveilleuse femme qui représentait tout pour moi. Même si cette épreuve fut très pénible, néanmoins, sur le plan spirituel, Dieu m’a rappelé de la considérer comme un sujet de joie complète (Jac 1.2).
Effectivement, la mort de ma mère m’a comme libéré de ma frustration de ne pouvoir compter sur aucune autre personne qu’elle. Dieu m’enleva celle qui m’avait élevé et que j’aimais, pour laquelle j’avais formé plusieurs projets, et m’a laissé mon père, que je haïssais, afin de m’apprendre à l’aimer. Aujourd’hui, j’aime mon père. Votre situation est peut-être pire que la mienne. Peut-être ne connaissez-vous pas votre père biologique. Peut-être vous fait-il honte ou vous renie-t-il. Peut-être êtes-vous complexé et frustré, parce que ce vide affectif vous pousse dans la rue, la drogue ou la prostitution, en quête d’une affection qui vous manque.
A vous tous, je voudrais, à partir de mon expérience personnelle, même si elle n’est qu’un cas particulier, vous dire qu’en définitive, que l’on soit né dans le mariage ou hors mariage, d’une femme libre ou d’une esclave, le plus important, c’est de venir à Jésus Christ. En Lui, il n’y a ni esclave ni libre (Gal 3.28), car si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libre (Jean 8.36).
En tant qu’enfant né hors mariage, je reconnais que même si nous pouvons être encouragés quand nous trouvons chez quelqu’un d’autre un écho à notre souffrance, ce secours est trop faible. Il nous faut une voix qui dise «j’ai connu cela et j’en ai triomphé». Cette voix, c’est celle de Jésus-Christ qui a connu la souffrance. D’aucuns disent d’ailleurs de Lui qu’Il est Luimême né hors mariage- je m’insurge contre ceux qui veulent faire intervenir les lois des hommes dans le mystère de sa conception par l’action du Saint-Esprit.
A vous qui n’êtes pas reconnus par vos parents, qui ne connaissez même pas votre père ou votre mère, qui vous dites que vous êtes oubliés par le Seigneur, Dieu (non pas moi) vous dit ceci: «Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite? N’a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles? Quand elle l’oublierait, Moi je ne t’oublierai point» (Es 49.15).
- Edité par Banzelyno Bob
Le temps passe si vite. Voici déjà 35 années de publication et 142 numéros de PROMESSES . Quelle richesse énorme en articles d’édification et d’enseignement bibliques. Rassurez-vous, le Site Web PROMESSES est en préparation, afin que vous puissiez profiter dès que possible de cette grande diversité de thèmes archivés.
Le courrier nous arrive de tous les côtés, ce qui nous encourage grandement. L’e-mail constitue déjà notre principal outil de travail. Nos frères africains l’utilisent de pOrdre, même si cela leur coûte cher, tant ils tiennent à exprimer leur reconnaissance et leur désir de continuer à recevoir PROMESSES. Beaucoup de questions nous sont posées, et nous cultivons ainsi une communion fraternelle enrichissante. Les nombreuses études bibliques, archivées grâce à l’informatique, nous permettent de soutenir nos frères dans leurs ministères divers.
A notre avis, ce dont l’Afrique a le plus besoin actuellement, c’est d’un soutien concret en formation biblique. Le ministère de PROMESSES s’insère dans ce créneau. Nous lançons un appel à nos lecteurs européens qui ont à cœur la Mission: Votre soutien nous permet d’envoyer de la documentation biblique adéquate Mais nous ne pouvons répondre que dans la mesure des dons reçus, car notre mission principale reste la diffusion de notre revue. Actuellement, nous tirons à 2200 exemplaires, mais nous pourrions facilement doubler ce nombre en cas de soutien matériel. Précisons une fois de plus que, grâce au bénévolat de toute l’équipe de PROMESSES, nous pouvons maximaliser l’investissement des recettes.
Voici encore quelques extraits de lettres: «Je reçois régulièrement PROMESSES et j’ai appris beaucoup de choses à travers cette revue…Les thèmes traités ont été une source d’inspiration pour mes prédications dans les églises…» (B. Zacharie, Parakou, Bénin).
«…Nous souhaitons la bienvenue sur les colonnes de la revue PROMESSES à Paul Gesche qui, par son thème sur l’ISLAM, nous sera d’une aide et d’une source inestimables… En ce qui concerne l’évangélisation, je dois vous avouer que ce n’est pas facile. La question est de savoir «comment faire avec les convertis (ex-musulmans)»?… Envoyez-nous au moins cinq à sept exposés, si possible, pour me permettre de répondre à leurs besoins spirituels…» (Pasteur J. N. Kousseri, extrême nord du Cameroun).
«…Concernant la revue PROMESSES, je l’avais vue chez une personne il y a 24 ans… Il m’est bénéfique de recevoir vos «pièces jointes» (études bibliques par e-mail), car nous avons besoin d’enrichir notre connaissance biblique, afin de préparer les âmes bien disposées en vue du retour du Seigneur… » (Pasteur P. K. Kinshasa, RDC)
Les encouragements de nos lecteurs européens nous sont aussi précieux: «… En guise de témoignage «européen», je lis dans votre lettre des nouvelles no 11 … que PROMESSES constitue un repère sécurisant pour nos frères et sœurs d’Afrique. Je souligne que pour nous, européens, c’est également le cas! L’un des derniers articles parus, «Mysticisme évangélique…», a permis que des sœurs et frères de notre assemblée soient touchés et éclairés en ces temps troublés. Ce dossier constitue un excellent support de partage et affermit la position… Continuez et soyez encouragés dans votre travail quotidien pour le Seigneur. Votre revue est vraiment un «phare dans la nuit» et contribue à ce que l’analphabétisme biblique régresse… » (C.T. à P. Suisse).
Cher lecteur, PROMESSES aura un habit différent dès 2003: sa présentation sera nouvelle, son équipe de collaborateurs élargie. Le contenu, lui, ne change pas. Les temps changent, mais «Jésus- Christ est le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité » (Héb 13.8). Bonne lecture à tous.
Merci de votre fidélité, de votre soutien dans la prière, de vos dons et de vos lettres toujours bienvenues. Et faites connaître PROMESSES autour de vous.
Henri Lüscher
- Edité par Lüscher Henri
Préliminaire
Il y eut, dans l’histoire de l’humanité, 3 époques où Dieu a authentifié ses serviteurs par des prodiges extraordinaires:
– Lors de l’exode d’Israël d’Égypte, par Moïse, les miracles époustouflants prouvant que Dieu l’envoyait. Moïse fut suivi de Josué (traversée du Jourdain, prise de Jéricho, etc.).
– Pour introduire l’ère des prophètes: Elie (1 Rois 17-19), suivi d’Elisée (2 Rois 2-9; 13).
– Pour authentifier Jésus, le serviteur par excellence décrit dans les Évangiles, comme étant le Messie annoncé des siècles à l’avance par les prophètes, suivi par les apôtres, y compris Paul (Actes et épîtres), comme étant les successeurs authentiques de Jésus.
Constatation
Dans les Actes des apôtres, qui recouvrent une période d’environ 30 ans, seuls les apôtres accomplissent des miracles, le dernier ayant lieu en 55 à Troas (Act 20), puis plus aucun dans Act 21 à 28). Les miracles sont relatés dans Act 2.43; 3.6; 4.16; 5.12-13; 9.40-41; 14.9-10 et 16.18. Les 2 exceptions sont: Etienne (6.8) et Philippe (8.6), auxquels les apôtres avaient imposé les mains au préalable (6.6). Il est a relever que toutes les guérisons opérées par les apôtres étaient instantanées et totales, jamais partielles.
Cas particulier: Marc 16.17-18 (à noter: les versets 9-20 manquent dans beaucoup de manuscrits, de sorte qu’on n’est pas sûr de leur authenticité). Ici, Jésus s’adresse spécifiquement aux apôtres, auxquels il vient de reprocher leur incrédulité (v. 15-18). «Les signes qu’accompagneront ceux (pas: «tous ceux») qui auront cru» (litt.: «ceux devenus croyants»)… Rappelons que c’était avant la Pentecôte. Pourquoi ne tient-on compte que de «chasser les démons» et «parler de nouvelles langues» et laisse-t-on de côté le poison qu’ils pourront boire impunément et les serpents dont les morsures ne leur feront rien? Cela montre bien que cela ne s’appliquait qu’aux apôtres (dont était Paul, mordu par une vipère à Malte, Act 28). Comment se fait-il qu’à travers tout l’âge de l’Église des quantités de croyants soient morts par des serpents et du poison, si la protection divine avait été conféré à tous les croyants?
La liste des dons dans les épîtres
1. 1 Cor 12.8-11,28-30, écrit en l’an 55: «A l’un est donné par l’Esprit: sagesse, connaissance, foi, guérisons, miracles, prophéties1, discernement, langues et leur traduction».
2. Rom 12.6-8, écrit en 57: Nous avons des dons différents, selon la grâce accordée: prophétie (voir sous 1), service, enseignement, exhortation, générosité, présidence, miséricorde.
3. Eph. 4.11, écrit en 60: C’est lui (Christ) qui a donné les uns comme apôtres (ici dans le sens d’envoyés), prophètes (voir sous 1), évangélistes, pasteurs, docteurs.
4. 1 Pi. 4.10-11, écrit vers 62: Chacun a reçu un don: parler, servir.
Constatations
– Aucune liste ne mentionne un don d’exorcisme (chasser des démons).
– Dès l’an 57, il n’y a plus de mention de dons miraculeux.
– 2 Cor. 12.12 dit expressément que les dons de signes, prodiges et miracles distinguaient les apôtres. Cette restriction n’aurait pas de sens si tous les chrétiens les avaient exercés dès la rédaction de la 2e épître aux Corinthiens.
– Héb. 2.3-4, écrit avant l’an 70: le salut fut confirmé (passé défini en grec) par des signes, des prodiges, des miracles variés, c.-à-d. une fois dans le passé, et non à l’époque où l’épître aux Hébreux fut écrite.
– Jacques 5.13-15, écrit vers 60, indique ce qu’il faut faire en cas de maladie: appeler les anciens pour prier et apporter de l’aide médicale (le mot pour «huile » en grec ici désigne une huile qui guérit et non l’huile d’onction). Pourquoi ne pas appeler le frère ayant un don de guérison? Il faut en déduire qu’il n’y en avait plus.
La conclusion s’impose
Les dons miraculeux ont cessé tôt dans l’Église, ce qui est confirmé par l’histoire, aucun des «pères» de l’Église n’en mentionnant jamais dans leurs écrits du 1er au 3e siècle (l’Église catholique romaine n’apparaît qu’au 4e siècle): entre autres Irénée (140-190), Tertullien (160-240), Origène (185-254), et plus tard Augustin (354-430).
Postscriptum
Bien entendu, Dieu continue à intervenir miraculeusement en réponse à nos prières. Mais ces miracles n’ont plus le but d’authentifier ses serviteurs; ils sont des grâces accordées quand Dieu le juge bon.
Notes
1 Révélations consignées plus tard dans les épîtres des apôtres et donc devenues ensuite superflues.
- Edité par Schneider Jean-Pierre
La Bible rapporte des centaines de «signes, prodiges et miracles» dans ses pages. Cette expression se trouve en Act 2.22 où Pierre parle des œuvres que Jésus opéra au milieu du peuple, en 2 Cor 12.12 où Paul mentionne les preuves de son apostolat, en Héb 2.4 où l’auteur souligne l’appui donné par Dieu au témoignage des disciples de Jésus, et enfin en 2 Thes 2.9 où Paul décrit les moyens par lesquels l’Antichrist séduira le monde.
La Bible nous décrit de nombreuses guérisons physiques accomplies avec ou sans moyens naturels. Personne ne peut nier ce fait. Mais une question se pose rapidement: pouvons-nous, devons-nous nous attendre à ce que Dieu fasse ces choses encore aujourd’hui?
Lorsque Jésus a dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père» (Jean 14.12), voulait-il signifier que nous serions capable de reproduire tous les signes et miracles qu’il avait accomplis, dans une plus grande mesure que la sienne? La fin du verset «parce que je m’en vais au Père», nous éclaire: ce sont les œuvres accomplies dans la puissance du Saint-Esprit par l’Eglise au travers des siècles (cf Jean 16.8).
Si notre Dieu traite encore de la même façon, et si les textes souvent répétés: «Car je suis l’Eternel, je ne change pas» (Mal 3.6) et: «Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement» (Héb 13.8), s’appliquent à ces signes, prodiges et miracles, alors nous devons nous attendre à les voir se manifester, et pas seulement les guérisons sur lesquelles on insiste tant aujourd’hui.
Pourquoi donc appuyer tellement sur les guérisons d’ordre physique? Pourquoi ne pas multiplier les pains et les poissons et nourrir les multitudes affamées d’aujourd’hui? Pourquoi ne pas imposer silence aux flots et aux vents qui sèment la terreur sur nos océans? Pour parvenir à une réponse honnête, nous devons nous tourner vers la parole de Dieu et entendre ce qu’elle nous dit sur tous les miracles qu’elle rapporte.
Tout d’abord, notons que les signes et les miracles ne sont pas une même chose. Un signe est toujours un miracle, mais tous les miracles ne sont pas des signes. Nous avons l’habitude de considérer comme miracle ce qui se produit rarement d’une part, et ce qui s’écarte de la manière habituelle d’agir de Dieu d’autre part. Dieu n’est lié par rien, ni par ses lois, ni par celles de la nature, et encore moins par celle des hommes. Seuls sa volonté et son bon plaisir comptent.
Les signes, en revanche, présupposent un arrière-plan de péché, d’incrédulité et d’opposition. Ils comportent une note d’instruction et d’avertissement, spécialement dans une atmosphère d’hostilité au plan de Dieu pour les hommes (voir Evangile de Jean).
Après la création de l’homme, nous ne trouvons pas trace d’un seul signe, sinon le jugement du déluge. N’y avait-il pas alors des croyants ou des serviteurs de Dieu? Pensons seulement à un homme comme Hénoch dont l’Ecriture dit qu’il marcha avec Dieu et qu’il fut enlevé auprès de lui (cf Gen 5.24; Héb 11.5). Pensons à Noé, appelé prédicateur de justice, qui lui aussi, marcha avec Dieu (cf Gen 6). Pensons à Abraham, le père des croyants. Y a-t-il dans l’Ancien Testament un homme plus grand et plus fidèle que lui? Mais tous ceux-ci n’ont pas fait un seul signe. Le premier grand miracle fut la naissance d’Isaac, accomplie hors des lois naturelles.
I. A quelles époques se produisaient les miracles?
Il est frappant de constater qu’ils sont apparus presque exclusivement:
a) A l’époque de Moïse et de Josué, pour confirmer la délivrance du peuple élu, la promulgation de la loi et de l’Alliance, l’établissement du culte du seul vrai Dieu et la conquête de la terre promise.
b) Lors du ministère d’Elie et Elisée, pour soutenir les croyants dans une lutte sans merci contre le paganisme triomphant.
c) Pendant l’exil, lorsque Dieu sauvegarde la foi des déportés en manifestant sa puissance et sa supériorité sur les dieux païens, par l’aide qu’il apporte à Daniel et à ses compagnons.
d) Au début du christianisme, pour accréditer la personne du fils de Dieu et son œuvre; pour confirmer la fondation de l’Eglise et la mission des apôtres; pour appuyer le passage de l’ancienne à la nouvelle Alliance, et démontrer l’excellence de l’Evangile au milieu du monde antique, idolâtre et corrompu (tiré du Dictionnaire biblique, sous l’article «miracle»).
Je reviens à Moïse. Une première analyse des signes qu’il a accomplis nous fait constater qu’ils ont été donnés:
– comme jugement sur les incrédules,
– comme preuve que celui qui accomplissait les signes avait un mandat particulier de la part de Dieu. Quel est donc l’élément qui distingue Moïse d’Abraham, de Noé, etc, pour qu’il fasse des signes et pas eux? Avait-il plus de foi que ces deux hommes? Si nous lisons Exode 4, nous voyons que ce n’était pas le cas. La foi d’Abraham et de Noé était beaucoup plus grande que celle de Moïse (cf Gen 12.1-9; 6.8-18; etc). Quel est donc le point particulier qui distingue Moïse des autres? Ce n’est pas seulement qu’il est au point de départ d’une nouvelle économie (Abraham et Noé aussi), mais Moïse a reçu de Dieu un mandat spécial pour libérer son peuple.
Mais ensuite, pendant 700 ans, il y eut peu de signes jusqu’à Elie et Elisée. Ceux-ci firent de nouveau des signes et des miracles, non pas toutefois en Juda, mais seulement en Israël qui, après s’être séparé de Juda, avait officiellement aboli le culte de l’Eternel et s’était publiquement tourné vers l’idolâtrie. Dieu donne ainsi à son peuple déchu un témoignage particulier par deux serviteurs spécialement appelés pour cela – il fera de même au dernier jour (cf Apoc 11.3-6).
Après le rejet de ces preuves divines par Israël et en laissant de côté la période de l’exil, nous devons de nouveau franchir 700 ans, jusqu’au moment où le Seigneur parcourait le pays, allait de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l’emprise du diable (Act 10.38). Il est remarquable que Jean- Baptiste n’ait fait aucun signe (cf Jean 10.41), bien que le Seigneur dise de lui que les prophètes n’étaient pas plus grands, et que Luc souligne qu’il était rempli de l’Esprit-Saint dès le sein de sa mère. Notons également que le Seigneur Jésus n’a fait aucun signe avant de commencer son ministère public (cf Mat 4.23- 24). En Matthieu 11.3-5 nous avons l’explication du but de ces signes: prouver qu’il était l’envoyé de Dieu (voir aussi Jean 2.23; 4.48; 5.36; 6.2 et 30; Act 2.22, etc). Dans les Actes, nous voyons comment les apôtres ont rempli le mandat du Seigneur. Ils prêchent l’Evangile et font des signes pour confirmer leur parole. Il est dit 7 fois des onze qu’ils ont accompli des signes, 7 fois de Paul et 3 fois d’Etienne et Philippe.
En résumé, nous pouvons dire que dans la Bible les signes n’étaient opérés que par quelques serviteurs de Dieu. A côté d’eux, vivaient à même époque des milliers d’autres croyants qui n’ont pas opéré de signes. C’est pourquoi les signes diminuèrent puis cessèrent tout à fait lorsque le témoignage fut accompli.
II. Guérison physique et morale
Tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, l’idée de guérison physique est complétée par celle d’une guérison spirituelle, par conséquent plus profonde puisque le corps n’est que l’enveloppe de la personnalité (cf Jean 12.40; 1 Pi 2.24).
Dans Exode 5.26, nous avons l’expression «je suis l’Eternel qui te guérit», JEHOVAH- ROPHE, l’un des douze noms de Dieu rapportés dans l’Ancien Testament, et second nom composé de l’Eternel. Le mot ROPHE apparaît entre 60 et 70 fois dans l’Ancien Testament et signifie toujours restaurer, guérir, porter remède à, non seulement dans le sens physique, mais aussi dans le sens moral et spirituel: «Si tu écoutes attentivement… si tu fais ce qui est droit… si tu prêtes l’oreille…je ne te frapperai d’aucune des maladies», en d’autres termes l’Eternel jure d’être leur protecteur sous condition d’obéissance.
La première leçon que nous pouvons tirer, consiste dans le besoin de guérison physique et morale chez l’homme. Un cas patent est la guérison du roi Ezéchias (cf 2 Rois 20.1-11), un autre est celui de Naaman (cf 2 Rois 5.1-18). D’autres passages de l’Ecriture le soulignent plus fortement: «Pourquoi te plaindre de ta blessure, de la douleur qui cause ton mal? C’est à cause de la multitude de tes iniquités, du grand nombre de tes péchés que je t’ai fait souffrir ces choses» (Jér 30.15). Ainsi, de nombreuses Ordres à la maladie et aux plaies sont des expressions symboliques des maux moraux et spirituels, de sorte que c’est plutôt dans ce sens que Dieu est connu comme «l’Eternel qui te guérit», voir Esaïe 30.26; 61.1; Jér 3.22; 30.17.
Le seul obstacle à la guérison est l’homme lui-même: «La trente-neuvième année de son règne, Asa eut les pieds malades au point d’éprouver de grandes souffrances; même pendant sa maladie, il ne chercha pas l’Eternel, mais il consulta les médecins» (2 Chr 16.12). «Pourquoi donc la guérison de la fille de mon peuple ne s’opère-t-elle pas?» (Jér 8.22).
III. Foi et guérison
Quand nous arrivons au ministère de guérison de Jésus, nous voyons qu’il n’a jamais encouragé quelqu’un à prier et rechercher la guérison sur la base que Dieu nous donnera ce que nous désirons… On a beaucoup évoqué le texte du Psaume 103.3: «C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies», ou celui de Matthieu 12.15: «Une grande foule le suivit. Il guérit tous les malades», pour affirmer que ce n’est pas la volonté de Dieu que les chrétiens sont malades, et que, s’ils recherchent de la bonne façon la guérison de la part de Dieu, ils la recevront. Aussi, lorsqu’une personne ne guérit pas, on arrive à une seule et inévitable conclusion: elle manque de foi! Trouve-t-on ce point de vue dans la Bible? Est-ce que Jésus pose la question, à un malade: «Crois-tu que j’aie l’intention de te guérir?» Jamais de la vie! Au contraire, Jésus cherche chez les hommes la foi en sa capacité plutôt que la foi en sa volonté de guérir. Jésus pose la question: «Croyez-vous que je puisse faire cela?» (Mat 9.28), il n’a pas dit: «Croyez-vous que je veuille?» Mais: Croyez-vous que je puisse?
Un auteur moderne a classé la phrase «si c’est ta volonté» comme destructrice de la foi! Ce n’est sûrement pas ainsi que Jésus l’entendait. Lorsque le lépreux s’approcha et dit: «Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur», il s’attira cette réponse: «Je le veux, sois pur».
On peut aussi poser le problème autrement: qu’est-ce que l’incrédulité? Citons Manton: «Ce n’est pas l’incertitude quant à la volonté de Dieu, mais une fausse conception de la puissance de Dieu qui nous fait douter. L’incrédulité donc, ne consiste pas à douter de la volonté de Dieu, mais à douter de sa puissance». Ainsi Jésus n’a jamais rebuté quelqu’un pour avoir dit: «Si tu veux». L’homme qui dit à Jésus: «Si tu peux quelque chose…» a dû modifier les termes de sa demande pour recevoir la guérison de son fils (cf Marc 9.14-23). Dans ce récit, nous avons une claire indication que la foi ne guérit pas par son effet subjectif. Tournons-nous vers d’autres pages de l’Ecriture pour voir si l’énergie de la foi d’une personne a été une fois mise en question avant que la guérison ne soit reçue. La réponse est franchement négative, mais cela ne veut pas dire que Jésus approuve le peu de foi, il le blâme (cf Mat 6.30; 8.10; 8.26; 16.8), sans toutefois le rejeter, on l’a vu plus haut avec le père du garçon possédé.
IV. Guérison et expiation
Le texte cité par ceux qui affirment que l’on reçoit la guérison de son corps comme le salut de son âme se trouve en Esaïe 53.4: «Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé». Il faut savoir que la maladie, les infirmités et la mort ne sont pas des péchés; elles sont les conséquences du péché. Notre Sauveur, «après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu» (Héb 10.12). Ayant fait cela, il a la puissance d’enlever les effets du péché, et il le fera complètement à la fin, lors de la résurrection des corps (cf 1 Cor 15.54- 56). Mais nulle part il est écrit dans la Bible que la guérison physique immédiate est incluse dans l’expiation.
Poursuivant notre raisonnement, nous devrions, dès notre conversion, ne plus connaître ni maladie, ni mort. Dans le texte de Matthieu 8.16 et 17, il est distinctement dit comment et quand le passage d’Esaïe précité s’est accompli: il a été accompli dans les guérisons que notre Seigneur a faites lorsqu’il était sur la terre et non dans sa mort. Je cite J.N.Darby: «Jamais notre Seigneur n’a guéri un malade sans porter dans son esprit et sur son cœur le poids de cette maladie comme fruit de la puissance du mal». Lors de la guérison du sourd-muet, «Jésus a levé les yeux au ciel et a soupiré profondément» (cf Marc 7.34).
En conclusion, parce que le péché a été expié sur la croix, Dieu peut en toute justice en bannir les effets comme il se plaît à le faire quelquefois et comme il le fera sur une échelle universelle lors de la seconde venue de son fils (cf Rom 8.23; 1 Thes 4.16-17).
V. La gloire de Dieu, avec ou sans guérison
Nous lisons en Romains 5.3: «Bien plus, nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance ». Nous sommes ici en présence d’un haut niveau de vie chrétienne, qui contraste avec la recherche effrénée de douceur et de bien-être prônée dans notre monde contemporain et même dans l’Eglise! Pourquoi cela? Parce que Paul se glorifie d’abord dans l’espérance de la gloire de Dieu.
La souffrance et la gloire sont souvent mentionnées ensemble dans le Nouveau Testament, et notre pente naturelle est de soupirer après l’une et de refuser l’autre. La souffrance éduque, corrige, et adoucit. Il y a des hommes qui vivent dans de confortables illusions, jusqu’à ce que la calamité fonde sur eux avec la soudaineté du tonnerre! Cette heure d’angoisse peut clarifier des concepts faux comme «le chrétien doit obligatoirement prospérer».
Dieu donne la foi autant pour guérir que pour endurer l’absence de guérison. Pensons aux trois hommes dans la fournaise: «Notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi. Sinon…», sinon nous continuerons de croire. Dieu nous discipline comme des fils, et la maladie entre certainement dans cette catégorie. Dieu juge bon que quelques-uns de ses enfants passent par l’école de la souffrance pour sa propre gloire et leur plus grand bien spirituel (voir le cas de Job).
Pour terminer, nous croyons que notre Dieu est souverain, tout-puissant et fidèle. Il contrôle toute situation totalement et parfaitement. Nous croyons qu’il peut guérir toute maladie, avec ou sans concours médical, mais jamais au détriment de sa volonté, de sa justice et de son amour. C’est pourquoi nous affirmons avec l’apôtre Paul: «Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils» (Rom 8.28-29).
- Edité par Favre Philippe
L’EGLISE
1. Les sources
Jacques Dubois, pasteur, théologien et conférencier très connu, nous gratifie d’une série de trois articles sur l’autorité dans l’église locale vue sous l’angle des sources, de la pratique, et de ses limites. Il est également auteur d’un excellent petit catéchisme: Croire et Vivre, aux éditions Emmaüs, CH-1806 Saint-Légier (Suisse) et de nombreux articles. Homme de grande expérience, il expose ce sujet si actuel et pourtant si impopulaire et mal vécu. Vu l’importance du thème, nous signalons à nos lecteurs qu’il a déjà été traité par l’auteur sous les mêmes titres dans la Revue bimestrielle des CAEF Servir en L’attendant (nos 2, 3, et 4, mars – août 1998), 40, chemin de Lautagne, FR-26000 Valence). La première partie aborde les Sources de l’autorité dans l’église locale.
Pour qu’une église puisse prospérer, la question de l’autorité doit être réglée. Disons-le d’emblée: tout prestige personnel doit être écarté. Le Seigneur a dit: «Si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit le dernier de tous, et le serviteur de tous!» (Marc 9.35) Il y va de la gloire du Seigneur lui-même, car les églises lui appartiennent! Le Christ est la tête, l’Église est son corps. Dieu veut voir prospérer ces églises locales, et être saintes en vue de son avènement.
1. Une autorité fondée
Toute autorité repose sur Dieu luimême. Il en est la source unique. L’autorité est l’expression de sa souveraineté absolue, divine et éternelle.
En Gen 1, Dieu se présente comme «Elohim». Un nom au pluriel désignant trois personnes: le Père, le Fils et le Saint- Esprit.
En Gen 2 apparaît un second nom, le fameux tétragramme, les 4 lettres YHWH qui se disent «Yahvé» et signifient «Je suis». Ce nom exprime aussi la personne de Dieu dans sa plénitude, son autorité ainsi que sa présence permanente.
Ces textes révèlent l’origine de la source première. Il n’y a rien au delà, ni dans le temps, ni dans l’espace, ni dans l’éternité d’une autre autorité qui serait concurrentielle. En Elohim/Yahvé sont fondés et subsistent éternellement tous les attributs de la nature du Dieu unique.
Le Fils s’appelle Jésus-Christ. Il occupe une place centrale, car il est Dieu et Seigneur dans le sens absolu et divin du terme. Il a autorité comme le Père, de toute éternité. Cette autorité, il ne l’a pas acquise à la suite de son incarnation, mais il la possède de droit divin. Il l’a puissamment manifestée à la création. Lorsque nous lisons «Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut,» la Parole a donc existé bien avant qu’elle ne soit faite chair! Chaque fois que nous lisons «Dieu dit…» c’est lui qui opère, le Fils de Dieu, Jésus-Christ. Col 1.17 l’atteste: «Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui.» Il règne sur la vie et la mort. Il a tout pouvoir dans les cieux et sur la terre. «Dieu a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père» (Jean 5.21).
A la même source se trouve aussi le Saint-Esprit, qui occupe une place essentielle. Nous devons lui donner la place que lui attribue la Bible. Les excès et les dérapages qui ont lieu en certains milieux ne doivent pas avoir pour effet de minimiser la place du Saint-Esprit. Jésus a promis d’envoyer le Saint-Esprit sur la terre après son ascension au ciel et dit qu’il habitera en chaque chrétien. Il a accompli sa promesse à la Pentecôte. Dans la Bible, le Saint-Esprit est présent du début à la fin. Gen 1.2 déclare: «L’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux…» Apoc 22.17 présente: «l’Esprit et l’épouse disent: Viens!» Et le Seigneur répond: «Oui, je viens bientôt.» Et entre ce début et cette fin, combien de fois n’apparaît-il pas?
Dieu est trinitaire, voilà qui fait trois sources concomitantes. Elles sont ensemble dans une unité fondamentale, une unité sans confusion; c’est là qu’est le fondement. Ce sont les sources supérieures!
Parlons maintenant de la source inférieure, qui vient d’en haut, qui est entre nos mains. C’est dans ce sens-là que je la nomme «source inférieure», et seulement dans ce sens-là. Pour nous, l’autorité divine se trouve en un lieu accessible, ne varietur, c.-à-d. qui ne change pas: la Bible, authentique parole de Dieu! Il faudra quinze siècles, de Moïse à Jésus, pour que soit achevée la révélation biblique, source parfaite d’autorité normative et fonctionnelle. En l’Écriture et par elle, Dieu parle aux hommes, et à tous les hommes, pas seulement aux chrétiens. Voilà donc les sources d’autorité qui sont le fondement premier et immuable: Dieu et sa Parole. Elle est révélation, elle s’est incarnée en Jésus-Christ, et elle est illumination.
La révélation est à la fois «Loi et Évangile ». L’Évangile déjà dans l’ancienne alliance. Et la loi est encore, d’une certaine manière, dans la nouvelle alliance. Il nous faut lire p.ex. Mat 5.17-48. Parole écrite, la Bible se différencie de la parole des hommes (1 Thes 2.13).
L’incarnation: le temps du Christ sur terre, Parole faite chair, Dieu parmi nous, Emmanuel, avec toute son autorité. Et quelle autorité! Rien ne lui a résisté, pas même la mort! Il peut dire: «Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre» (Mat 28.18).
Quant à l’illumination, c’est l’Esprit de vie. Il a inspiré la Bible. Il se tient au service du Christ, il nous fait naître de nouveau. Il nous conduit, nous éclaire, nous équipe, nous prépare pour le grand rendez-vous. Il participe, en nous, à l’autorité que nous avons reçue du Père et du Fils.
Je voudrais donner ici trois mises en garde. La première relative à l’Esprit, la seconde au Christ, la troisième aux Écritures.
Par rapport à l’Esprit, il s’agit de ne pas le mettre au tout premier plan pour ne pas tomber dans l’illuminisme ou le mysticisme. Les révélations des pseudoprophètes actuels font souvent soit abandonner la Parole de Dieu, soit y ajouter ou en retrancher. L’avertissement est des plus sévères: «A celui qui ajoute, j’ajouterai les plaies… A celui qui retranche, je retrancherai son nom de l’arbre de vie» (Apoc 22.18,19).
Relative au Christ, la mise en garde est de ne pas détacher le Christ des Écritures. Sinon, nous substituons au Christ vivant une idole à la mesure des hommes, un christ humain, fait par les hommes: un christ social, moral, exemplaire, révolutionnaire, panthéiste, cosmique… Le sermon sur la montagne est une prédication dont la portée sublime n’a jamais été égalée. Mais est-il vécu dans le christianisme, par les chrétiens? Ces paroles vont droit au coeur pour qui les reçoit telles quelles.
Malheureusement, le christianisme n’est généralement pas compris dans ce sens! Bien que nous chantions: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre», il n’y a aujourd’hui ni gloire à Dieu, ni paix sur la terre…
Passons aux Écritures, pour lesquelles la mise en garde est de ne pas nous y attacher sans reconnaître aussitôt le Christ en leur centre. Sinon, nous allons vers une orthodoxie morte, comme les chefs religieux du temps de Jésus.
L’autorité exercée par Dieu nous oblige à une écoute fidèle et soumise, qui produit une action spontanée et persévérante. On ne fait pas une action pour écouter ensuite. On écoute d’abord, puis on agit après avoir bien écouté et bien compris.
Je mentionne ici, sans approfondir, la révolte des hommes contre Dieu et son autorité. Je cite 2 Tim 4.3-5: «Il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, se tourneront vers les fables. Mais toi, sois sobre en tout, supporte les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, remplis bien ton ministère. »
2. Une autorité contestée
Nous vivons dans un monde post-chrétien. L’apôtre Paul, dans la deuxième épître à Timothée, parle du temps de l’apostasie. On peut parler de post-modernité. Le sentiment est là que la modernité a implosé après la seconde guerre mondiale. Les causes de cette situation conduisent à la contestation de toute autorité, avec la conséquence d’une marche vers le chaos.
Il y a refus de toute autorité, un refus de soumission, de n’importe qui pour n’importe quoi. Paul écrit à Timothée: «Dans les derniers temps, les hommes seront rebelles à leurs parents.» Ceci est révélateur d’un état d’esprit qui se généralise, tant il est vrai que les parents sont le symbole même de l’autorité. Et c’est par là que tout commence! Encore que, parfois, les enfants n’aient pas besoin de se révolter contre les parents, parce que tant de parents sont totalement inexistants…
La Bible est une cible de choix de la rébellion, car c’est une cible accessible! Dieu, en quelque sorte, serait la première cible; mais lui reste complètement en dehors des limites d’atteinte des hommes. Ce que les hommes peuvent dire, écrire, faire, ne le touche absolument pas dans sa sainteté, dans sa gloire, dans sa puissance, dans son autorité. Par contre, cela le touche sûrement dans son amour, parce qu’il aime les hommes…
Quel est l’effet des plaies terribles décrites dans Apoc 16 dont Dieu punit le monde révolté contre lui? «Les hommes blasphémèrent le nom de Dieu qui a autorité sur ces fléaux.» L’homme impuissant ne peut rien faire d’autre que de blasphémer.
Alors, puisque Dieu est inaccessible, reste la Bible, la Parole de Dieu. C’est contre elle que se dirigent les assauts des hommes. Cette contestation n’est ni d’hier, ni d’avant-hier. Elle existe depuis les origines. Le serpent demande à la femme: «Dieu a-t-il réellement dit?…» (Gen 3.1). Théologie du soupçon, qui en Éden, a atteint la cible.
Aujourd’hui s’est installée une atmosphère de relativisme quasi totale. Il n’y a plus de vérité absolue. Le récit biblique lui-même est découpé en petits fragments de tradition locale. On n’imagine plus que notre religion soit universelle, puisque tout est relativisé! On n’a même plus le droit de prononcer un jugement, car le faire serait oser faire preuve d’autorité! Personne n’a le droit d’exercer une discipline! Alors du relativisme, on passe au pluralisme, où tous les systèmes sont valables, tous les credos sont vrais. La tolérance est reine! Le vrai et le faux sont conciliables et conduisent au scepticisme, qui finit par produire le cynisme.
Logiquement, on arrive à la dévaluation des hiérarchies. J’entends par là les niveaux de qualité. A l’école comme ailleurs, on ne peut plus donner des évaluations réelles. C’est là le plus court chemin vers la médiocrité. Tout est rapporté à soi-même. La personne devient le centre de l’univers. Et l’individu n’a plus de devoirs, seulement des droits.
Et ce que je dis là se trouve dilué dans nos églises locales, parfois, à un moindre degré, même à dose homéopathique. C’est pourquoi nous avons à rétablir les normes bibliques, car le Seigneur nous a mandatés par son salut. Il nous a mandatés dans le service de son champ et de sa vigne, et pour ce faire, il nous a donné – et c’est la troisième partie de l’exposé – une autorité déléguée.
3. Une autorité déléguée
Dès la création de l’homme dans Gen 1 et 2, Dieu lui confie la gérance sur toute vie végétale et animale, et il en aura à en rendre compte.
N’oublions pas la femme, l’alter ego de l’homme. Par sa féminité, elle accompagne et complète la masculinité d’Adam, créé le premier, il ne faut pas l’oublier. Je vous confesse qu’il y a un texte que je n’ai jamais compris. C’est celui de l’épisode de Gen 2, qui raconte comment Dieu a fait venir les animaux auprès de l’homme pour qu’il leur donne des noms, avec ce prolongement mystérieux: «Et il ne trouva pas d’aide semblable à lui.» Alors Dieu plonge l’homme dans un profond sommeil de type narcotique afin que naisse la femme! De l’ich (homme) surgit l’icha (femme). Et quand l’homme se réveille, c’est l’émerveillement.
Le fait que l’homme ait été créé le premier est plusieurs fois rappelé par l’apôtre Paul, qui va jusqu’à écrire: «Et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme à cause de l’homme» (1 Cor 11.9). Aussitôt l’apôtre inspiré par l’Esprit présente le complément en disant: «de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme naît par la femme, et tout vient de Dieu» (1 Cor 11.12). La femme s’inscrit dans une indispensable complémentarité. Que le mari soit responsable de l’autorité dans le couple et la famille… la femme n’en sera pas malheureuse si le mari se comporte à l’image de Christ, en l’aimant jusqu’à être prêt à donner sa vie pour elle (Eph 5.25).
Mais revenons à Genèse 3, le chapitre de la chute. Nous y lisons ce terrible verset: «Tes désirs se porteront vers ton mari, mais lui dominera sur toi.» Jésus expliquera dans Mat 20.26 ce qui s’est passé. Il évoque alors les nations qui abusent de leur pouvoir et ajoute: «Il n’en sera pas de même parmi vous. Quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur.»
Jésus replace l’autorité dans son axe véritable. Dieu maintient la hiérarchie d’autorité. Mais il veut la voir être au service du bien des autres dans l’amour et le respect. Abram appelé par Dieu en Mésopotamie suit son vieux père Térah à Aram. Il y attend la mort de son père pour se remettre en marche. La structure patriarcale est ici respectée. Par la suite elle subsistera, modifiée il est vrai, par le respect dû aux parents: «Honore ton père et ta mère.»
Par extension, parlons maintenant des anciens. La première mention biblique en Gen 50.7 évoque ceux d’Égypte, pays païen. Plus tard, en Ex 3.16, sont mentionnés les anciens d’Israël.
Ils apparaissent comme ceux qui ont autorité sur le peuple. Plus tard encore, ils seront responsables de la ville, de la région, du pays. Ils dirigent, assument, tranchent dans les litiges. Booz en sait quelque chose: il ne peut pas prendre Ruth pour femme sans respecter la loi du rachat à l’égard d’un personnage dont le nom ne nous est pas donné dans le récit biblique. Booz se soumet à cette loi parce qu’elle vient de Dieu. Les anciens veillent à ce qu’il en soit ainsi.
Nous arrivons à l’église locale dans le Nouveau Testament. Les anciens ont une position clé. En Act 20.17,28, une certaine équivalence apparaît dans le discours de Paul adressé aux anciens (presbuteroi) qui sont évêques (episcopoi) et pasteurs paissant le troupeau (poimeroi). Leur profil est complété en Tite 1 et 1 Tim 3, concernant leur vie spirituelle, familiale, personnelle et communautaire. On ne peut pas accepter l’idée qu’un ancien soit nommé dans une église, s’il n’est pas un modèle dans sa famille, s’il n’est pas un bon époux pour sa femme, s’il n’est pas un bon père pour ses enfants. Ils doivent être des hommes de confiance et de responsabilité. Leur autorité en dépend. Dans Act 14.23, Paul et Barnabas font nommer des anciens dans chaque église. Après avoir prié et jeûné, ils les recommandent au Seigneur, en qui ils ont cru.
Je termine par les autorités civiles de ce monde. C’est un aspect important. Nous lisons dans Rom 13.1,2,5: «Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures; car il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu. C’est pourquoi celui qui résiste à l’autorité résiste à l’ordre de Dieu…». Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement à cause de la colère du châtiment, mais par motif de conscience». Ce principe est voulu par Dieu pour le droit, la justice, le bien-être et la protection de chacun. Le chrétien s’oblige à la soumission, à l’honnêteté, non par crainte des hommes, mais par motif de conscience!
Mais il faut ajouter que les autorités civiles n’ont pas le droit de faire n’importe quoi de cette autorité dont le principe vient de Dieu. Lorsqu’il y a empiétement des autorités sur l’obéissance due à Dieu, la résistance s’impose, au besoin jusqu’au martyre… Et il se pourrait bien que dans les temps qui viennent, nous nous retrouvions du côté de Pierre et Jean, qui répondirent: «Est-il juste devant Dieu de vous obéir à vous plutôt qu’à Dieu?» Notons que Jésus lui-même a respecté les autorités civiles. S’il a respecté l’autorité de Pilate, il ne l’a pas fait d’Hérode. Devant Pilate, Jésus a parlé; il l’a aidé à voir clair; d’ailleurs, la conscience de Pilate lui a bien fait comprendre que cet homme nommé Jésus était un juste…
Mais devant Hérode, Jésus n’a pas reconnu son autorité. A quoi pouvons-nous l’affirmer? Au silence obstiné de Jésus. Lui, Parole faite chair, n’a pas ouvert la bouche! Et Hérode, ne sachant pas comment faire, l’a raillé, signe d’impuissance exaspérée.
Nous devons nous souvenir que l’autorité que nous pouvons exercer n’est que déléguée. Nous n’avons pas le droit de nous l’approprier. Un gestionnaire n’est pas un propriétaire. Un serviteur n’est pas un seigneur. User et gérer ne veut pas dire abuser ou exploiter à son profit. Comprendre cela nous permet d’être prêts à exercer la pratique de l’autorité pour le bien des autres… et la gloire de Dieu.
- Edité par Dubois Jacques
L’auteur de cet article est de nationalité congolaise. Marié et père de deux enfants, il est chef de travaux à l’Institut Pédagogique National à Kinshasa. Il a fait une thèse de doctorat en rapport avec les enfants de la rue, ce qui lui a permis d’initier une ONG pour ces enfants en situation difficile. Son épouse est médecin, et ils ont tous deux à cœur les enfants de la rue. Florentin AZIA est aussi Ancien de l’Assemblée Evangélique «La Réconciliation» à Kinshasa. Il est le responsable de PROMESSES pour la République Démocratique du Congo. Entouré d’une équipe compétente, il dirige également la salle de lecture PROMESSES établie dans l’immeuble du Centre Biblique de Matonge, à la Place de la Victoire, Kinshasa. Il est aussi le Coordinateur pour Kinshasa des cours bibliques EMMAUS.
Notre Seigneur et Sauveur Jésus- Christ nous a laissé deux ordonnances. Il s’agit du Baptême (Mat 28.19) et de la Cène (Luc 22.19-20). Dans cet exposé, nous allons essayer de développer séparément chacune de ces ordonnances.
I. Le baptême chrétien
Au travers de la Bible, nous retrouvons trois formes principales de baptême:
– Celui de Jean-Baptiste qui fut le baptême de repentance (Marc 1.4). Il rendait le baptisé propre à accueillir le Messie dont la venue avait été annoncée sept siècles auparavant.
– Le baptême du Saint-Esprit. Il est l’introduction du chrétien dans le corps de Christ (1 Cor 12.13). Nous sommes baptisés du Saint-Esprit dès l’instant où nous acceptons Christ comme Sauveur et Seigneur, ce qui exclut toute autre forme d’expérience, après la conversion, qui conduirait également au baptême du Saint-Esprit.
– Le baptême d’eau chrétien qui est le signe extérieur de notre identification avec Christ (Rom 6.1-13; Col 2.12).
1. Définition
Le baptême chrétien ou baptême d’eau, est le symbole de notre identification à la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Jésus-Christ (Rom 6.1-13). A ce titre, il est un témoignage public de notre appartenance à Christ, partant à l’Eglise. Ceci revient aussi à dire qu’il est une manifestation extérieure de notre foi en Jésus-Christ.
2. Pourquoi le baptême?
Il y a plusieurs raisons qui le justifient, à savoir:
– C’est un ordre du Seigneur, par lequel nous montrons notre amour pour lui (Mat 28.19).
– C’est un témoignage rendant public notre appartenance à Christ.
– C’est un acte d’obéissance à Dieu et aux Ecritures (Jean 14.21).
– Il nous permet de suivre les pas de notre modèle, Jésus (Mat 3.13-16; 1 Jean 2.6).
– Il est nécessaire pour devenir membre d’une église locale (Act 2.40-47).
– Il est aussi nécessaire pour prendre part à la cène (Act 2.40-47).
3. Sous quelle forme le baptême doit-il être administré?
Il est préférable qu’il soit administré par immersion plutôt que par aspersion. Les raisons bibliques qui justifient cette approche sont les suivantes:
– Etymologiquement, ce mot vient du grec baptizo qui signifie plonger, immerger.
– Il n’y a que l’immersion qui illustre au mieux ce que l’on entend par ensevelissement (Rom 6.4). Ainsi, pour parler de baptême, il faut nécessairement que le baptisé disparaisse de la surface des eaux, ne fût-ce que pour une seconde.
– Le contexte biblique. Les exemples de ceux qui sont passés par les eaux du baptême, dans la Bible, attestent que celui-ci se fait par immersion. Dans le cas contraire, il n’aurait pas été écrit que: «Jésus… sortit de l’eau» (Mat 3.16), «Ils descendirent tous deux dans l’eau, et…quand ils furent sortis de l’eau» (Act 8.38-39) concernant l’intendant éthiopien.
4. Quand se faire baptiser?
Pour répondre à cette question, il serait intéressant de considérer ce qui se passait au temps de l’église primitive. La lecture attentive de la Parole de Dieu témoigne que les premiers chrétiens se faisaient baptiser immédiatement après leur conversion. C’est le cas notamment des Samaritains (Act 8.12), de l’intendant éthiopien (Act 8.34-39), de Paul (Act 9.17-18) et du geôlier de Philippe (Act 16.29-33).
Aussi, dans les Ecritures, le verbe croire, qui a ici le sens de recevoir, accepter Christ, précède toujours le verbe baptiser. Cela n’est pas dû au hasard:
– Marc 16.16: «Celui qui croira… et qui sera baptisé».
– Act 8.12: «cru… et furent baptisés».
– Act 18.8: «crurent… et furent baptisés». Comme on peut le remarquer, le baptême était la première expérience chrétienne à laquelle était soumis tout nouveau converti. Selon Act 2.38, la repentance fait partie de l’œuvre de grâce de la régénération comprenant la foi. C’est «l’engagement d’une bonne conscience à Dieu» (1 Pi 3.21), en quelque sorte le commencement de notre carrière de chrétien authentique.
5. Le baptême sauve-t-il?
A la lumière de Marc 16.16, pouvonsnous dire que le baptême d’eau sauve?
Seule la foi en Jésus-Christ sauve (Act 4.12; Eph 2.6-8). Mais pour comprendre ce verset, il est prudent de le lire en entier en le situant dans son contexte et par rapport à l’ensemble de toute la Bible.
Telle est la règle d’or pour la compréhension et l’interprétation de toute Ordre biblique: un passage clair explique un passage plus obscur. Dans ce cas, la seconde partie du verset donne explicitement la réponse à notre question: le baptême d’eau ne sauve pas.
6. Peut-on baptiser des enfants?
Voici quelques malentendus qui poussent certaines personnes à faire baptiser leur bébé:
– La confusion que certains entretiennent entre:
– Présentation et baptême d’enfant. Le Christ a été présenté 8 jours après sa naissance (Luc 2.21-24) et n’a été baptisé qu’à l’âge de 30 ans (Luc 3.21-23).
– Imposition des mains et baptême d’enfant. Christ, comme ses disciples n’a jamais baptisé d’enfant. Mais Il les aimait et leur imposait les mains (Mat 19.13-15).
– Etre baptisé avec sa famille (comme Lydie dans Act 16.15 et Stéphanas dans 1 Cor 1.16), avec les siens (comme le geôlier de Philippe dans Act 16.29-34); sa maison ne signifie nullement qu’il y avait nécessairement des enfants dans ces familles et /ou maisons).
– L’illusion de croire que le baptême d’eau sauve. Cela étant, tous ceux qui se sont fait baptiser avant la conversion, ou par aspersion, doivent, à l’instar des disciples de Jean-Baptiste (Act 19.1-6), accepter Christ pour se faire baptiser par immersion ensuite1.
7. Pourquoi Jésus s’est-il fait baptiser par Jean-Baptiste lorsque l’on sait que ce baptême concernait les pécheurs?
Le baptême de Jean séparait les baptisés de l’état impie du peuple. Jésus-Christ l’a reçu, non parce qu’Il était pécheur et devait se repentir, mais afin de s’identifier avec le reste repentant d’Israël et d’accomplir par là tout ce qui est juste (Mat 3.13-15).
8. Quelle vérité se dégage de Rom 6.4 et Col 3.1-3?
Cette question renvoie à l’attitude à tenir après le baptême. Le chrétien baptisé doit désormais marcher en nouveauté de vie! Par le baptême, il confesse publiquement qu’il est mort et enseveli avec Christ quant au péché, et ressuscité avec Lui pour de bonnes œuvres.
II. La cène
1. Origine
Avant de parler succinctement de l’origine de la cène, il est bon de signaler que la littérature spécialisée use de différents termes pour la désigner. Ainsi, la cène est synonyme de «repas du Seigneur», «fraction du pain», «communion», «cène du Seigneur».
«Cène» vient du latin cena, qui signifie repas du soir. On opta pour cette appellation, car cet acte solennel de souvenir fut institué par le Seigneur Jésus-Christ la nuit même où Il fut livré, c’est-à-dire immédiatement après avoir célébré la dernière Pâque avec ses disciples (1 Cor 11.23-26).
La Pâque était fêtée en mémoire de l’agneau qui avait été égorgé avant la sortie d’Egypte, agneau par le sang duquel les Israélites avaient été mis à l’abri du jugement de Dieu. Maintenant le moment était venu où le vrai Agneau pascal, Jésus lui-même, devait être mis à mort; où son sang allait être versé pour plusieurs en rémission de leurs péchés (Mat 26.28).
2. Pourquoi la cène?
Plusieurs raisons peuvent être évoquées, notamment:
– C’est un ordre du Seigneur. Il utilise l’impératif dans Luc 22.19 (Faites ceci…) pour parler de cette réalité.
– C’est un moyen de nous souvenir de ce qu’Il a fait pour nous à Golgotha (Luc 22.19: «… en mémoire de moi»).
– C’est un témoignage public de notre communion avec Christ et entre nous (1 Cor 10.16-17). Ainsi, en nous levant pour prendre part à la table du Seigneur, nous témoignons par là que non seulement nous sommes en relation avec Dieu, mais aussi en communion avec Lui et nos frères et sœurs dans la foi.
– C’est l’occasion d’annoncer son retour imminent (1 Cor 11.26: «…jusqu’à ce qu’Il vienne…»). Sa seconde venue constitue un motif de réjouissance pour tous ceux qui sont nés de nouveau, parce qu’ils verront le Christ tel qu’Il est et qu’ils vivront éternellement à ses côtés.
3. Quand prendre part à la cène?
Cela varie d’une église locale à l’autre, surtout que la Bible ne donne pas de commandement impératif. Act 2.46 parle de chaque jour, tandis que Act 20.7 parle du «jour du Seigneur». En Act 20.7, ils «étaient assemblés à Troas, le premier jour de la semaine, pour rompre le pain». L’ensemble des textes bibliques dans les Actes et les épitres nous autorise à penser que l’on avait l’habitude de prendre la cène chaque premier jour de la semaine – donc chaque dimanche.
Dans la plupart des églises africaines, la tendance est de plus en plus de procéder à la cène une fois par mois, pour ne pas la «désacraliser», dit-on.
Toutefois, ce qui importe, ce n’est pas la fréquence, mais l’institution – sa pratique – et l’attitude dans laquelle elle se pratique2.
4. Conditions à remplir
La cène reste le moment d’adoration publique par excellence. Il nécessite le discernement et une attitude de prière. Celui qui veut participer à la fraction du pain, doit non seulement réaliser la présence du Seigneur (Mat 18.20; 28.20), mais aussi remplir certaines conditions:
– Etre en Christ.
– Etre passé par le baptême d’eau (Act 2.41-47).
– Ne pas professer des erreurs doctrinales (1 Tim 6.3-11; 2 Jean 7-11).
– Ne pas avoir la conscience chargée de péchés non confessés (2 Tim 2.19; Héb 10.22).
– S’être mis en règle avec le Seigneur et son prochain (Mat 5.23-24); de ce fait, les personnes ayant fait l’objet d’une mesure d’excommunication pour une raison morale (adultère, par exemple), ne peuvent y participer.
5. Conséquences et exhortation
Celui qui prend indignement la cène du Seigneur ( 1 Cor 11.27-31), peut subir la colère de Dieu à travers des infirmités, des maladies, voire même un décès prématuré. La marche quotidienne avec Dieu est une affaire sérieuse. Le Seigneur nous demande de ne jamais manger du pain et boire de la coupe sans nous éprouver personnellement devant Lui d’abord. Nous sommes donc invités à nous repentir devant le Seigneur de nos fautes ouvertes ou cachées et à nous préparer ainsi à la participation au repas du Seigneur. N’oublions jamais que nous sommes conviés au festin du Roi des rois pour rendre hommage à sa Personne et à son œuvre rédemptrice. Mais, par dessus tout, quel bonheur de se savoir accueilli à sa table, comme le fils prodigue, qui, après s’être repenti, put prendre place au festin de son père!
Notes
1 N.d.l.r.: D’autres, en revanche, pensent que le baptême est d’abord un acte de consécration au Seigneur, marquant une mise à part pour Dieu; la conversion serait alors la confirmation de cet acte. Mais il nous semble que le modèle néo-testamentaire priviliégie le baptême d’eau par immersion à la suite de la conversion à Jésus-Christ, comme le montre par exemple le récit des disciples de Jean-Baptiste (Ac 19.1-6).
2 N.d.l.r.: Nous pensons que si l’on enseignait l’esprit dans lequel ce mémorial doit être célébré, les églises le prendraient probablement avec plus de fréquence, comme ce fut le cas dans l’église primitive où l’on procédait au repas du Seigneur chaque «premier jour de la semaine» (Ac 20.7). Le danger devient alors de transformer la cène en un simple acte traditionnel. Or, le mémorial est toujours un moment des plus solennels: «Christ livré pour nos offenses et ressuscité pour notre justification» (Rom 4.25).
- Edité par Azia Florentin
La logique de Dieu n’est pas celle des hommes. L’Eglise est en danger constant de se laisser pénétrer par les concepts contemporains, par la logique des hommes. Nos premiers parents, séduits par les subtilités mensongères du diable, ont désobéi à Dieu, entraînant ainsi toute l’humanité dans le péché, la souffrance, et la mort spirituelle et physique. Il a fallu l’intervention divine constante pour accomplir ses desseins bienveillants en son Fils Jésus-Christ, notre Sauveur. Puis, dans sa grâce souveraine, Dieu a envoyé le Saint-Esprit pour former l’Eglise de Dieu, Corps de Christ, composée de tous ceux qui se sont repentis et ont cru en Jésus-Christ, leur Sauveur. Et, dans le futur, Dieu, dans son plan rédempteur souverain, continuera à contrôler et à diriger l’Histoire – celle des hommes, des nations, de l’Eglise et de son peuple d’Israël jusqu’au point culminant du retour glorieux de Christ. Alors, Il jugera le monde et établira son royaume terrestre de mille ans, où enfin la justice et la paix régneront.
Tout au long de l’Histoire, la logique de Dieu a été un paradoxe pour l’esprit humain. Nos dictionnaires déclarent qu’un «paradoxe» est «contraire à l’opinion commune». Pour Kant, c’est le conflit entre les lois de la raison pure. Pourquoi donc ces contradictions apparentes? Parce que le péché a tout gâté et que Dieu, dans sa grâce infinie, intervient constamment pour ouvrir les yeux de ceux qui sont éblouis par la logique des hommes.
La logique de Dieu heurte constamment nos mentalités, nos concepts, parce que l’Evangile est voilé «pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Evangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu» (2 Cor 4.4). Or le chrétien, né de Dieu, est appelé à «se dépouiller… de la vieille nature qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelé par l’Esprit dans son intelligence, et à revêtir la nature nouvelle, créée selon Dieu dans une justice, et une sainteté que produit la vérité» (Eph 4.22-24). La dissipation de ces paradoxes apparents gît dans notre identification en la mort et en la résurrection du Christ. Ce renouvellement de notre entendement, de notre mentalité, est un combat constant, et nous aide à surmonter ces paradoxes dans l’optique divine.
Notre dossier aborde un domaine délicat qui préoccupe l’Eglise: le paradoxe entre l’Eglise primitive des «apôtres et prophètes », et l’Eglise souffrante et faible aux yeux du monde. Beaucoup de questions nous parviennent concernant «l’évangile de la prospérité», les miracles et les guérisons. Une tendance à un certain triomphalisme évangélique mû davantage par les sentiments et les expériences que par la réflexion et la méditation sérieuse de la Bible risque d’ignorer la réalité des paradoxes de la vie chrétienne.
- Edité par Lüscher Henri
DOSSIER: GRANDEUR ET FAIBLESSE, UN PARADOXE
Luc 12.32
Le Seigneur s’adressait à ses disciples en particulier en les exhortant à ne pas s’inquiéter dans les circonstances adverses. Dans Actes 20, Paul informe les anciens d’Ephèse de son départ prochain et les avertit des dangers qui guettent l’Eglise. Au verset 28, il leur enseigne une précieuse vérité: «L’Eglise de Dieu qu’Il s’est acquise par son propre sang est appelée le troupeau de Dieu». Tous les rachetés de Jésus-Christ font partie de son troupeau. Ce sont des brebis précieuses à ses yeux. Et l’église locale en est l’expression vivante.
Ce petit troupeau bien insignifiant aux yeux des hommes, fait l’objet des tendres soins du Bon Berger, et il ne perd aucune de ses brebis. Le nombre minimum requis dans la Parole est deux ou trois (Mat 18.20) chrétiens intégrés dans la personne de Jésus pour s’assurer sa présence. Aucune étiquette n’est requise, si ce n’est la foi authentique dans le Dieu de la Bible, ce qui implique une vraie repentance, la confession de ses péchés et le pardon du Tout-Puissant par Jésus-Christ, notre Sauveur. Les pires assauts, ouverts ou subtils de l’ennemi, le diable, ne peuvent rien contre ce petit troupeau, parce qu’il est sous la protection du Tout-Puissant. Le Bon Berger les entoure puissamment. «Les brebis entendent sa voix et le suivent, car il va devant eux. Il les connaît et elles le connaissent» (Jean 10.2-5;14.27). L’Eglise a toujours été éprouvée par des dangers qui la rongeaient depuis l’intérieur: la tradition des hommes et la fausse doctrine. Si le Seigneur permet les afflictions dans l’Eglise, c’est que dans sa bonté, il veut la recentrer sur Lui.
Ainsi, nous sommes exhortés à ne pas craindre ni l’adversité des hommes ni celle de l’ennemi invisible. La crainte de Dieu, en revanche, est primordiale dans la vie de l’Eglise. Et cette crainte de Dieu implique d’abord de suivre Jésus-Christ et sa Parole coûte que coûte. Ce double aspect dans la vie du petit troupeau lui permet de franchir des murailles avec Dieu en Lui obéissant plutôt qu’aux hommes (Act 4.18-19). Dieu s’occupe du nombre des brebis, car c’est Lui qui ajoute à l’Eglise ceux qui doivent être sauvés (Act 3.47). C’est son affaire. La nôtre c’est de témoigner de Lui, de parler de ce que nous avons vu et entendu (Act 4.20).
Courage, petit troupeau de Dieu. Les circonstances permises par le Seigneur doivent nous stimuler à rechercher la face de Dieu et à réorienter notre position et notre vie à la lumière de la Parole de Dieu, «vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles; elle juge les sentiments et les pensées du cœur» (Hébreux 4.12). Sommes-nous prêts à nous laisser interpeller par elle?
Nous avons l’ardent désir de marcher ensemble avec le Seigneur en nous laissant sonder et changer par sa Parole. «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Rom 8.31-34). Ne sommes-nous pas «plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés?» Confiants en Lui, nous marchons par la foi. Conscients de notre petitesse, de nos imperfections, nous ne perdons pas courage (2 Cor 4, 1,16; 5.6), car «Dieu nous fait toujours triompher en Christ» (2 Cor 2,14). «Si nous vivons, ce n’est plus nous qui vivons, c’est Christ en nous; si nous vivons maintenant dans la chair, nous vivons dans la foi au Fils de Dieu, qui nous a aimés et qui s’est livré lui-même pour nous» (Gal 2,20).
Si nous vivons cela, nous n’avons rien à craindre, car le petit troupeau marche sous la houlette de son divin Berger. «Ils combattront contre toi, mais il ne prévaudront point sur toi; car je suis avec toi pour te sauver et pour te délivrer, dit l’Eternel » (Jér 15.20). Le troupeau de Dieu est indestructible, car il appartient au Seigneur. «L’Eternel est mon Berger… je ne crains aucun mal, car tu es avec moi» (Ps 23). Et le royaume de Dieu est à son troupeau. Gloire au Seigneur!
- Edité par Lüscher Henri
VIE CHRÉTIENNE
Mais le peuple de ceux qui connaissent leur Dieu agiront avec fermeté
Daniel 11.32
Tel un diamant étincelant de mille feux, ce «MAIS…» brille avec d’autant plus d’éclat qu’il est posé sur le velours profondément ténébreux du règne cruel d’Antiochus IV Epiphane (= l’illustre), roi de Syrie de 175 à 164 av. J.-C. Non content de conquérir la Palestine, ce monarque dur et expert en intrigues s’était mis dans l’idée de réduire à néant la foi juive en terre d’Israël. Visant l’hellénisation complète de son modeste empire afin de l’unifier contre Rome, il rêvait de faire de Jérusalem une cité grecque qu’il baptiserait Antioche de Palestine. Pour atteindre cet objectif, celui qui fut surnommé Epimanès (= le fou) ne lésina pas sur les moyens: destruction systématique des écrits sacrés, interdiction de pratiquer la circoncision, d’observer le Sabbat et les autres fêtes religieuses, suppression du sacrifice perpétuel, obligation d’immoler des animaux impurs, de consommer de la viande de porc et de se livrer à des cultes idolâtres, massacres et supplices horribles pour les rebelles à ses lois impies, etc. Le comble de l’horreur fut atteint lorsque dans sa rage insatiable il profana le temple, déjà pillé par ses sbires, en le consacrant à Zeus Olympien dont il fit ériger une statue dans le lieu très saint. L’autel de ce dieu fut installé au-dessus de l’autel des holocaustes.
Dans sa funeste entreprise, le tyran réussit à séduire par des flatteries un certain nombre de juifs qu’attirait puissamment la civilisation hellénistique. Certains d’entre eux, dont un grand prêtre de Jérusalem, n’hésitèrent pas à transformer leur nom hébraïque, Joshua (ou Jésus) en Jason, nom grec qui sonnait mieux… En s’associant au régime impie alors en place, en se coulant dans le moule grec, ils devenaient les «traîtres de l’alliance» (v.32a). Quel contraste saisissant entre ce parti d’apostats qui abandonnèrent l’alliance sainte avec l’Eternel et le parti des «Pieux» ou «Fidèles», les Hassidim qui, dès le début du règne d’Antiochus, s’opposèrent avec courage à l’imposition du mode de vie grec en Israël. La connaissance personnelle qu’ils avaient de leur Dieu leur fit choisir le camp des résistants, agissant avec fermeté, refusant donc au péril de leur vie de bafouer la Loi de l’Eternel et de perdre ainsi leur identité religieuse. Elle faisait aussi d’eux des clairvoyants, hommes doués de discernement dans un temps d’extrême confusion spirituelle et morale, et ayant un message consistant, cohérent et convaincant à communiquer à leurs contemporains totalement déboussolés (v.32c). Leur résistance courageuse et l’influence bénéfique qu’ils exercèrent sur le peuple favorisa l’émergence d’un mouvement puissant de libération et d’indépendance nationale, dirigé par la famille des Maccabées.
Derrière ce terrible persécuteur d’Israël se profile un personnage bien plus sinistre encore, l’Antéchrist de la fin, ce dernier grand ennemi de Dieu, du Seigneur Jésus- Christ et de la vraie foi. L’esprit de cet Antéchrist est puissamment à l’œuvre aujourd’hui, à l’échelle mondiale et comme jamais dans l’histoire. L’Eglise de Jésus- Christ subit de toutes parts de très fortes pressions, insidieuses et insistantes, pour que la différence entre elle et le monde soit progressivement gommée et finisse par disparaître complètement. Un rationalisme subtil bat en brèche l’inspiration divine et l’autorité suprême des Saintes Ecritures. Un illuminisme séduisant rejette leur pleine et entière suffisance. Un œcuménisme sentimental et tacticien sacrifie allègrement la Vérité divine sur l’autel d’une unité factice. Un humanisme délirant installe l’homme, ses besoins et ses expériences sur le trône où le Seigneur Dieu seul devrait régner et être adoré. Un matérialisme boulimique tarit la soif de Dieu et ôte l’appétit pour les richesses célestes.
Seuls ceux qui connaissent vraiment leur Dieu sont rendus capables de résister à ces pressions et d’agir avec fermeté. Seuls ceux qui connaissent vraiment leur Dieu sont rendus clairvoyants pour agir avec réflexion et discernement. Seuls ceux qui connaissent vraiment leur Dieu sont rendus capables d’exercer une sainte influence autour d’eux. «Les gens qui influencent les autres incarnent la détermination. La détermination, ce n’est rien d’autre que le fait de décider de rester ferme, même lorsque c’est ardu. La détermination, c’est le fait de s’accrocher, de ne pas renoncer, de ne pas atténuer ses convictions quand la route semble longue et rude» (C.R.Swindoll).
La connaissance de Dieu n’est pas une affaire purement intellectuelle. Sans exclure cette dimension, elle signifie bien plus que cela: rencontre personnelle avec Lui, don de soi, échanges constants, intimité cultivée, amour partagé, désir intense de lui plaire, engagement de l’être tout entier à son service. Elle se nourrit en permanence de la Bible, Sa Parole vivante. Elle contemple le Dieu invisible en fixant continuellement son regard sur la personne et l’œuvre de son Fils Jésus-Christ. Le fruit d’une telle connaissance se manifeste dans la vie, dans le caractère, dans une mentalité changée, dans une intelligence renouvelée. Cette connaissance ne s’acquiert pas sur les sentiers battus serpentant mollement dans la plaine et parcourus par les foules. Son itinéraire varié nous fait parfois emprunter des voies mystérieuses et solitaires qui nous plongent dans la perplexité et suscitent de nombreux «pourquoi? ». «Pour qu’un homme soit fidèle, il doit avoir une connaissance personnelle de Dieu. Or, le chemin de la connaissance de Dieu passe tout droit par la vallée de la solitude profonde. C’est dans les périodes où il n’y a personne d’autre que Dieu que nous apprenons à mieux Le connaître dans sa plénitude. (…) Aux moments où la solitude est la plus grande, nous devons nous tourner vers Dieu, dans une dépendance éperdue, et nous confier à Lui si totalement que notre ruine psychologique serait certaine s’Il manquait de nous répondre. C’est alors que nous arriverons à Le connaître mieux. Alors, notre caractère s’affermira dans la piété. Sa gloire surgit avec le plus d’éclat quand la nuit est la plus noire. C’est quand nous sommes le plus faible que nous constatons pleinement que sa force nous suffit» (L.Crabb).
Ceux qui auront été des clairvoyants resplendiront comme la splendeur de l’étendue céleste, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude comme des étoiles, à toujours et à perpétuité (Dan 12.3).
- Edité par Decker Maurice
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