PROMESSES

HISTOIRE DE L’EGLISE

Période 2: de 100 à 312 après J-C

I. Résumé

Les Actes des Apôtres fournissent l’essentiel des informations pour l’étude du fonctionnement, des méthodes, de la doctrine et de l’extension de l’Eglise au 1er siècle. Si tous les aspects de cette communauté universelle composée de convertis n’ont pas été traités, il est évident que tous les détails de notre présente étude ne le seront pas non plus en si peu de place, car la tâche est immense. N’oublions pas que cette série vise à améliorer la connaissance de notre «famille» spirituelle et historique. Ignorer notre héritage spirituel et ecclésiastique ou ne pas le comprendre nous rend vulnérables face à l’avenir et aux tromperies les plus habiles.

L’histoire de l’Église de l’an 100 à l’an 312 (année de la «conversion» de Constantin) pourrait s’intituler «la période du Christianisme catholique». Le mot «catholique» a été employé pour la première fois par Ignace (mort en 107) dans le sens d’«universel»: là où est Christ, là est l’Eglise. Ô malheur! Car ce n’est que plus tard que les mots «Église» et «catholique» ont été accaparés par Rome pour désigner la seule église reconnue par Dieu et par les successeurs de Pierre!

II. La continuité et la croissance

Les caractéristiques fondamentales du Corps (des églises locales indépendantes, soumises au Seigneur et à sa Parole, fonctionnant ensemble par le lien de l’Esprit, le sacerdoce universel des croyants, l’œuvre missionnaire, la discipline, le baptêmeimmersion, l’enseignement des convertis, la cène, etc.), si évidentes au 1er siècle, le resteront-elles au 2ème siècle? Malheureusement, l’esprit de domination et de confédération s’impose petit à petit après la disparition des apôtres (au sens strict du N.T.). Les chrétiens s’en remettent à des évêquesanciens et des diacres pour la direction de leur église locale. Puis à ces deux groupes s’ajoute l’évêque local. Celui-ci, devenant d’abord le seul chef hiérarchique de l’église locale, le sera ensuite de toute une région. Avant de considérer la dégénérescence de la qualité de vie, de l’orthodoxie doctrinale et de la pratique des principes du N.T. dans l’église locale, un regard précis sur les aspects positifs de la croissance numérique et géographique du Corps universel rafraîchira notre esprit.

Le développement rapide du christianisme au 2ème siècle, même sans les apôtres, trouve sa cause:

1. dans la réalité de la résurrection de Jésus- Christ vécue au quotidien par les vrais convertis. En effet, leur vie rayonne Christ par:
a) leur éthique: finis le vol, la tricherie, le mensonge, l’immoralité
b) leur style de vie: refus de participer à la vie impériale débauchée, de s’engager en règle générale dans la guerre, de vivre dans le luxe sous toutes ses formes, car ils sont citoyens du Ciel et non de la terre,

2. dans l’amour pur et bon pour les autres, même pour leurs ennemis,

3. dans une évangélisation sincère, gratuite et dynamique inspirée par le Saint-Esprit, dépourvue de spectacles charnels, par le témoignage au un à un – en privé, sur le lieu de travail, et par la prédication dans la rue – témoignage rendu avec la conviction que la Vérité réside en Christ (Act 4.20),

4. dans l’assurance de la véracité doctrinale christique et apostolique qui, seule, régénère (1 Pi 1.18,22-23), édifie (Act 20.32), console (1 Thes 4.18), sanctifie (Jean 17.17), protège de l’erreur (Jude 17-18), etc.,

5. dans l’exercice de l’égalité de tous devant le Seigneur (Gal 3.28), vécue sans distinctions raciales, culturelles ou sociales pour que la communion fraternelle existe réellement,

6. dans la pratique de l’autonomie de la communauté locale liée directement à Christ au Ciel, fondée sur la Parole de Dieu et guidée par l’Esprit.

En résumé, le christianisme du 2ème siècle, dans ses aspects positifs, porte l’empreinte de la simplicité. Il se caractérise par la vie communautaire, l’amour, l’attachement à la Vérité, l’évangélisation et l’entraide.

Où nous situons-nous, dans notre vie personnelle et dans notre église, par rapport à ce type de christianisme?

III. Des faiblesses apparaissent

Avec l’expansion rapide du christianisme biblique, Satan a réagi pour essayer de ralentir la progression et de corrompre la vie intérieure des églises:

1. par dix persécutions virulentes orchestrées périodiquement par les Empereurs depuis Néron (en 64) jusqu’à Dioclétien (303-305) ; au Proche Orient, la persécution continuera jusqu’en 313: des multitudes y laissent la vie; des églises sont ravagées; les traîtres sont nombreux; des églises sont divisées sur l’attitude à adopter à leur égard. Mais ces persécutions ont aussi des effets bénéfiques: les églises sont purifiées des faux frères; seuls les sincères osent se convertir; l’Évangile est répandu partout par des exilés; de vrais chefs spirituels se lèvent, capables de combattre les hérésies; Christ accompagne ses fidèles jusqu’à la mort.

La lecture des récits de ces fidèles martyrisés m’humilie. Elle me jette un défi, me galvanise, m’enseigne et me pousse à la prière afin de rester attaché à Christ alors qu’une persécution future est envisageable (et probable?) avant l’enlèvement de l’Eglise (1 Thes 4.13-18), donc avant les sept années de la Tribulation (Apoc 6 – 19).

2. par le déclin d’une direction collégiale guidée par l’Esprit:
Ignace (mort en 117) écrit que l’église locale a été dominée par l’évêque assisté des anciens et de quelques diacres. Ce mauvais exemple devient universel avant même le 4ème siècle par l’application de Mt 16.18-19 à Rome, sous l’impulsion de Cyprien (mort en 258)!

3. par l’infiltration du gnosticisme (11 types différents!) qui a été un éclectisme philosophique cherchant à réconcilier toutes les religions par l’ésotérisme, l’emploi d’une tradition secrète humaine acquise par l’initiation.

4. par l’attirance mondaine de la culture, de la philosophie et des mœurs païennes, et par le matérialisme (1 Jean 2.14-15).

5. par des sectes comme:
a) les Ebionites.
Ils affirment: Jésus n’a été qu’un homme parvenu à la justice; il faut rejeter les épîtres de Paul; il faut obéir à la Loi mosaïque; Jésus est un docteur et non un sauveur, etc,
b) les Marcionites.
Ils rejettent l’A.T. et mettent en opposition la justice de Dieu et l’amour de Jésus. Pour eux le N.T. ne devrait se constituer que des épîtres de Paul et de l’Évangile de Luc. Ils affirment que Jésus n’est pas né, mais qu’il est apparu à Capharnaüm en l’an 29!
c) les Manichéens.
Ils professent le dualisme gnostique, un panthéisme réel, une hiérarchie «d’élus parfaits» seuls habilités à être baptisés, à participer à l’Eucharistie et à servir d’intermédiaires entre Dieu et «des auditeurs». Il rejettent l’A.T. Il en découle: un esprit d’ascétismemonasticisme (4ème siècle), un esprit de «cérémonialisme» pompeux, le sacerdotalisme (le chef spirituel «négocie » avec Dieu pour qu’Il bénisse les fidèles), la théorie des indulgences.
d) le Montanisme, un mouvement apocalyptique dont les mauvaises caractéristiques masquent les bonnes. Les bonnes sont le désir d’avoir un rapport sincère avec Dieu, l’appel au retour à la simplicité du N.T., la condamnation de la mondanité. Les mauvaises sont des fausses prophéties. La prophétie à cette époque est plus importante pour les Montanistes que la Parole de Dieu. Le mariage est condamné. Ils font la distinction entre péchés mortels et péchés véniels!

6. par des hérésies dont celle des anti-trinitaires, qui se répartissent entre
a) ceux qui nient la divinité innée de Christ, la personnalité du Saint-Esprit, l’essence divine de la Trinité (en postulant que Dieu prend un masque pour jouer tour à tour le rôle du Père, puis du Fils et de l’Esprit); et qui croient que Christ est devenu divin par ses propres efforts
b) ceux qui identifient tellement le Fils avec le Père que le Fils occupe la 1ère place, et qui enseignent que le Fils a été le Père incarné et que le Père est mort à la Croix!

7. par des chrétiens bien intentionnés ayant une bonne base doctrinale, mais qui érigent des règles basées sur des points de vue personnels. Par exemple:
* tout converti s’identifiant avec leur église devrait repasser par le baptême
* la foi en la régénération baptismale
* l’assurance d’être les seuls «purs» (ceux qui sont en dehors de leur église sont des «pollués»)
* l’impossibilité de se repentir d’un péché «grave» après avoir reçu le baptême
* le refus de restaurer ceux qui ont renié Christ pendant les persécutions
* l’obligation de baptiser les enfants pour les sauver
* l’affirmation que leur église était la seule vraie église pure.

Ces frères avaient un authentique esprit de réforme, mais les méthodes employées n’étaient pas celles du N.T. Ils sont restés influents en Afrique du Nord jusqu’à leur annihilation par l’islam aux 7ème et 8ème siècles.

8. par l’invention de l’ascétisme monastique dès la fin du 3ème siècle, puis par le monachisme communautaire à partir de 320. Ceci pour accéder à une vie spirituelle supérieure à la vie «ordinaire» en ville.

Que le Corps de Christ universel ait survécu à toutes ces vicissitudes – extérieures et intérieures, causées par l’éloignement des principes du N.T. – est un témoignage de la grâce et de la souveraineté de Dieu! Il en est de même aujourd’hui!

IV. Le Canon et la littérature chrétienne

Il est important de mettre en évidence au moins deux événements capitaux qui ont influencé les trois premiers siècles, et même tous les siècles depuis:

1. La Bible

La partie néo-testamentaire n’a pas toujours existé dans sa forme actuelle!

Sa rédaction par les Apôtres, Luc, Jude, Jacques et par l’auteur de l’épître aux Hébreux a été assez rapide (1er siècle). Mais sa compilation et son acceptation par les convertis a duré jusqu’au 4ème siècle!

L’Ancien Testament avait été accepté par les Juifs au plus tard en 200 av. J-C, après que chaque livre a passé des tests quant son authenticité, la reconnaissance de son origine divine, sa doctrine (sans contradictions ni erreurs), son caractère (capable d’édifier, de consoler, de corriger, de révéler la présence et la puissance de Dieu lorsqu’on le lisait), et finalement ait été accepté par le peuple de Dieu.

Ces mêmes critères ont, en général, été appliqués pour déterminer quels étaient les livres à retenir et à considérer comme la parole de Dieu de la Nouvelle Alliance, le Nouveau Testament.

Il y avait des raisons pratiques à cette compilation:
a) le désir tenace de préserver ce qui est apostolique (2 Pi 3.15-16; Col 4.16), de répondre aux demandes doctrinales et éthiques (1 Thes 5.27; 1 Tim 4.13; 2 Tim 3.16-17), de définir la norme, l’autorité en matière de foi et de pratique,
b) la menace hérétique par laquelle tel ou tel mouvement rejetait un livre ou un autre qui ne lui convenait pas,
c) la poussée missionnaire voyait beaucoup de conversions et de création d’églises locales; il fallait que ces convertis soient nourris de la parole de Dieu, donc il était nécessaire de savoir quels livres traduire pour eux,
d) la persécution par la Rome impériale avait, entre 303 et 313, comme but essentiel de détruire «les livres des chrétiens »; les chrétiens étaient prêts à mourir seulement pour les «bons livres»; lesquels?

Ce tri des livres en circulation a pris du temps. Plus de 50 livres ont été éliminés petit à petit, soit parce qu’ils n’étaient pas apostoliques, soit qu’ils contenaient des hérésies ou des légendes ridicules qui contredisaient la vérité acceptée par tous, etc.

À travers ces siècles, le Saint-Esprit a surveillé bien discrètement, mais souverainement, cette compilation des livres divinement inspirés. En 367, le théologien Athanase rédige, à Alexandrie en Égypte, une lettre pascale aux chrétiens. Il y affirme que seuls 27 livres sont inspirés et acceptés par tous les Chrétiens et composent ce que nous appelons «Le Nouveau Testament ». Après cette date des synodes à Hippone (393) et à Carthage (397) en Afrique du Nord confirment l’information d’Athanase. Nos actuels 27 livres du N.T. sont les seuls reconnus comme «canoniques», c.- à-d. qu’eux seuls font autorité et sont inspirés du Saint-Esprit.

2. La littérature chrétienne.

L’importance de cette littérature est inestimable:
a) Son contenu confirme par contraste la valeur, la supériorité et l’inspiration du N.T!
b) Cette littérature est la seule source d’informations sur l’évolution du christianisme. Elle nous révèle que le christianisme apostolique s’est dégradé progressivement (doctrine, vie, pratique, culte et institution) jusqu’au moment où il a été reconnu par l’État au 4ème siècle.
c) Elle trace le cheminement qui a conduit à l’acceptation des 27 livres du N.T. comme seuls inspirés de Dieu.
d) Sa diversité décrit toutes les formes de la chrétienté et leurs développements. Cette littérature rend compte de quatre périodes successives:
• celle de l’édification qui s’est faite d’une manière informelle; elle ne mentionne aucune philosophie païenne, mais révèle le christianisme à l’œuvre et un respect pour l’A.T.,
• celle des apologistes qui ont surtout écrit aux Empereurs pour réfuter les accusations d’athéisme (!), d’immoralité et de cannibalisme,
• celle des polémistes qui écrivent pour combattre des hérésies de toutes natures et pour essayer d’établir l’orthodoxie,
• celle de l’approche «scientifique» par des théologiens en Égypte; ils composent une théologie systématique basée sur la Bible, en employant malheureusement la méthode platonicienne et allégoriste; Alexandrie reste le principal centre de la pensée chrétienne jusqu’au 7ème siècle.

V. Conclusion

À la fin du 3ème siècle, le christianisme pénètre tout l’Empire romain, et s’est propagé même en dehors. Il est accepté jusque dans les échelons les plus élevés de la société et du gouvernement. Toutefois, il a encore des ennemis mortels: philosophes, prêtres païens, magiciens, fausses religions et les empereurs. Les chrétiens ont accumulé leur part de richesses, et bien des églises ont de beaux bâtiments.

Hélas, le christianisme a été progressivement déformé dans la chrétienté, car les différences entre l’an 100 et l’an 312 sont grandes à cause:

1. des œuvres méritoires qui ont enfanté l’ascétisme, la perversion de l’amour, la transformation des ordonnances en mystères magiques
2. du fétichisme (culte des reliques)
3. du sacerdotalisme
4. du ritualisme
5. de l’interprétation allégorique
6. du pardon des péchés effectué par l’évêque
7. d’une hiérarchie écrasante
8. du début des synodes/conciles dont les décisions sont devenues des lois, car approuvées par l’Empereur
9. des églises somptueusement décorées
10. de la mondanité du «clergé»
11. de la débauche qui se généralise parmi des chrétiens de toutes conditions
12. de l’entrée des païens dans l’église, sans passer par la conversion
13. de l’instauration de toutes sortes de fêtes religieuses
14. de la vénération des martyrs («saints» plus tard).

Heureusement tout n’est pas sombre (voir le § IV. ci-dessus), car le Seigneur a toujours connu ceux qui lui sont fidèles.

Ce résumé est important: toute la suite du christianisme et de la chrétienté découle, en bien et en mal, des trois premiers siècles.


ISLAM

Paul GESCHE, Docteur ès Sciences et chercheur scientifique travaillant pour le groupe chimique français RHODIA, est marié et père de six enfants. Après avoir grandi en Alsace dans un contexte d’implantation d’Eglise, il est depuis 1989 un des anciens d’une Eglise évangélique pionnière établie au centre de Lyon. Il a découvert l’islam et le monde musulman au début des années quatre-vingts, alors qu’il était coopérant technique en Algérie. Depuis une dizaine d’années, il est le Président de Ministère Evangélique parmi les Nations Arabophones, la branche française d’une mission internationale autrefois connue sous le nom de North Africa Mission et aujourd’hui sous le nom de Arab World Ministries.

A l’aube du XXIe siècle, l’islam est la seconde religion dans le monde, mais aussi dans un pays européen comme la France où il avait eu au fil des siècles un rôle plutôt marginal. L’islam est une religion dont on parle beaucoup dans les médias, car il fournit une clé pour comprendre certains des événements les plus significatifs de notre histoire récente. L’islam «avance», dit-on, pour exprimer le fait que son influence politique et religieuse se fait sentir en dehors des pays traditionnellement reconnus comme musulmans. C’est le cas particulièrement en Afrique, mais des pays comme les Etats Unis, le Canada ou l’Australie ont aussi découvert avec une certaine surprise l’importance que revêtait désormais pour leur pays une communauté qui s’identifie comme musulmane.

Mais avant d’être un mouvement ou une force en mouvement dans notre monde à la recherche de nouveaux équilibres, l’islam est une religion d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards qui cherchent à obéir à Dieu en manifestant une piété et en accomplissant des rites qui vont conditionner leur culture et leur représentation du monde. L’islam est un phénomène humain, bien plus qu’un ensemble de doctrines! L’islam est au départ un choix de vie, puis il devient une vie de choix déjà préparés, muris, enseignés et surveillés. Un être humain sur cinq est engagé dans cette relation avec un Dieu tout puissant et omniscient, plus grand que tout ce qui pourrait Le représenter (note: c’est la signification du cri de ralliement des musulmans: Allahou akhbar, Dieu est plus grand!). Un être humain sur cinq cherche à s’inspirer de la vie et de l’enseignement, de Muhammad (note: selon les pays et les époques, on trouve les formes voisines de Mahomet, Mehmet, Mohammed), un chef arabe qui a réussi à unifier son peuple au VIIe siècle en triomphant du polythéisme astral de leurs ancêtres. Un être humain sur cinq, cinq piliers pour édifier une vie et nourrir une foi qui trouve sa source dans un recueil de prédications, le Coran. L’islam se présente volontiers comme une religion toute naturelle, simple et logique, éloignée des extrêmes de la spéculation légaliste et de l’athéisme philosophique ou pratique.

Le chrétien observe l’islam qu’il a vu naître et se développer. L’Eglise s’interroge devant ce milliard de croyants qui se sont organisés sans clergé et sans prêtres à côté d’elle, autour d’elle et parfois là où elle a cessé de briller! Venu si tard après la période des apôtres, l’islam pose des questions auxquelles il n’est pas toujours facile de répondre: quelle est sa signification dans le plan de Dieu, comment s’intègre-t-il dans notre compréhension des Derniers Temps, pourquoi tant d’hommes sont-ils musulmans à l’heure où l’Evangile se répand en tous lieux par le livre, par les ondes, par la prédication missionnaire? Il y a eu beaucoup d’incompréhension entre musulmans et chrétiens, il y a beaucoup de préjugés de part et d’autre, et on constate généralement une profonde méconnaissance de l’autre, même lorsque les circonstances de la vie et les migrations économiques mélangent les hommes et les forcent à partager certaines de leurs expériences.

En attendant de pouvoir expliquer convenablement le christianisme au musulman, il semble utile de chercher à expliquer l’islam au chrétien, non pour lui présenter une foi alternative, mais pour lui faire sentir quels sont les besoins qui restent inassouvis dans le cœur des musulmans et qui constitueront autant de point de départ pour l’œuvre de la grâce de Dieu, manifestée en Jésus Christ notre Sauveur. C’est ce que nous ferons, Dieu voulant (note: le musulman dirait: Incha’Allah!), dans une série d’articles que nous vous proposons autour des thèmes suivants :

– la foi musulmane
– la piété musulmane
– la société et le monde musulman
– le musulman et Jésus
– le musulman et la Bible
– le musulman et l’Esprit Saint
– du chemin de Damas à l’Eglise
– inviter et accueillir le musulman

La démarche que nous vous proposons fera une large place à la prière, à la recherche de la volonté de Dieu et à l’examen de conscience, car le serviteur de Dieu doit être préparé en vue de toute lutte spirituelle, revêtu de l’amour et de la justice de Jésus. Alors seulement son témoignage suscitera les bonnes questions, produisant le fruit de la repentance. D’autre part, nous vous recommanderons chaque fois que cela sera possible un livre qui vous permettra de poursuivre la réflexion.

Que le Seigneur nous dirige dans ces réflexions, que nous voulons avant tout pratiques, afin que de nombreux musulmans puissent rencontrer des chrétiens avertis et rayonnants, afin qu’ils se convertissent à Jésus leur Sauveur et que le nom du Dieu Tout Puissant et Tout Miséricordieux soit loué à jamais.

Bibliographie: Paul BALTA L’Islam Le Cavalier Bleu (Idées reçues); ISBN: 2846700214, Paris 2001

Arab World Ministries a été créé en 1883 pour continuer un effort d’évangélisation dans les montagnes de Kabylie, à l’est d’Alger. Au fil du temps, cette mission interdénominationnelle et internationale a étendu ses activités sur toute l’Afrique du Nord et depuis la fin des années 1980, sur les pays de la péninsule arabique, l’Egypte et le Moyen Orient. Avec près de 250 missionnaires, c’est une oeuvre spécialisée qui travaille essentiellement parmi les Arabophones et les immigrés du monde arabe installés en Europe et en Amérique. Ses activités comportent un volet médias très stratégique, avec des émissions radio et des programmes de télévision. Arab World Ministries collabore avec d’autres oeuvres dans les régions et les secteurs où elle travaille. Plusieurs équipes comprennent des missionnaires appartenant à des missions soeurs et une place croissante est faite aux évangélistes d’origine arabe ou nord-africaine, dans leur pays ou là où ils se sont établis. M.E.N.A. travaille en France depuis 1980 avec le souci de collaborer avec les Eglises locales, de servir les Instituts de formation biblique et avec les convertis issus de l’islam.


ISLAM

La difficulté d’annoncer l’Evangile aux musulmans et de les amener à Jésus- Christ a fait naître une production abondante de littérature. Ce sont surtout des conseils, voire des recommandations ou suggestions quant aux stratégies ou «astuces» à utiliser par celui qui est appelé à annoncer l’Evangile dans les zones où l’islam a pignon sur rue.

La réflexion que j’aimerais soumettre au lecteur – je ne suis pas «spécialiste» des questions touchant l’islam – provient de mes diverses expériences en partageant l’Evangile avec les musulmans, en particulier ceux du Sénégal. Cela concerne également la réponse ou la réaction des musulmans à l’Evangile.

L’Ordre suprême du Seigneur

L’ordre suprême du Seigneur est clair et sans ambiguïté: l’évangélisation est une responsabilité qui incombe à tout enfant de Dieu (Mat 28.19-20). Et mieux encore, cet ordre est assorti d’une garantie de sécurité pour celui qui s’y engage («…je suis avec vous…»). Pourtant, c’est le doute qui nous anime souvent et qui fait qu’on se pare de «méthodes», de «stratégies»…, oubliant souvent la puissance de la Parole de Dieu.

Loin de moi l’idée d’occulter dans l’approche des musulmans les spécificités qui leur sont propres et qui nous autorisent à être prudents. Ce que je veux dire surtout, c’est l’utilisation abusive et parfois exclusive de ces «stratégies». La réalité est là: malgré toutes ces «stratégies», l’islam est toujours en net progrès.

Quelles «méthodes» ?

Pourquoi l’islam est-il en net progrès? A mon avis, les musulmans sont conscients des méthodes qu’utilisent les évangéliques pour les gagner à Christ. Les méthodes les plus utilisées se situent au niveau du social (avec des projets de développement)… ce que font aussi, et mieux, les musulmans. Certains parmi eux participent à ces projets sociaux juste le temps de se faire de l’argent, en proclamant haut et fort qu’ils ne deviendront jamais chrétiens.

Autre méthode ou stratégie: la contextualisation. Elle est bonne et saine si elle est un effort d’adaptation et de compréhension des cultures musulmanes. Toutefois, pressée à l’extrême, elle apparaît ridicule et peut même devenir provocatrice pour le musulman. Souvent, cela se voit dans l’habillement et la langue…, deux «choses» qu’affectionnent nos frères et sœurs missionnaires dans leur champ d’action en contexte musulman. Tant ils sont convaincus qu’il faut s’habiller comme les musulmans et parler leur langue. Et la réaction des musulmans est souvent la suivante: «Pourquoi ces étrangers s’habillent-ils comme nous et parlent-ils nos langues? Pourquoi s’intéressent-ils à notre culture?» Ils trouvent suspect l’intérêt que les chrétiens ont pour eux.

L’initiative «inversée»

Face à tout cela, on serait tenté de croire qu’il est impossible, voire très difficile de toucher les musulmans et de les amener à Christ .

Connaître la psychologie du musulman est une chose fondamentale et essentielle. Elle permet de savoir ce qu’il pense de nous, les chrétiens. L’ordre suprême de notre Seigneur Jésus-Christ implique de l’initiative de notre part. Toutefois, elle devrait être «inversée». En clair, le musulman attend en premier lieu du chrétien qu’il vive ce qu’il proclame. Il attend de nous un témoignage vivant et pratique. C’est à ce moment-là qu’ils s’approchera du chrétien en prenant l’initiative (ce que j’appellerais «initiative inversée»). Il sera ouvert et enclin à écouter l’Evangile que nous lui présentons, parce qu’il sera devenu plus crédible pour lui.

Il va de soi que sa conversion à Christ incombe à Dieu. Notre seule responsabilité par rapport à notre présentation de l’Evangile sera de prier pour lui et de croire en sa puissance pour le sauver.


Said ASSAGBA (nom d’emprunt)

Je suis né au Sénégal, au milieu d’une famille de huit enfants. Comme musulman, je pratiquais ma religion dans une «dahéra » (mosquée) de mon quartier avec notre Imam. Nous avions organisé des chants religieux dans notre village et les villages environnants. Les prières se faisaient en groupe, matin et soir, souvent durant toute une semaine. C’étaient des journées pénibles pour moi et mes camarades.

Un jour, lors d’une promenade au marché de mon village, j’ai rencontré un homme, un «toubab ». Je me suis arrêté et lui ai dit «Bonjour Monsieur, comment t’appelles-tu?» Il me répondit «…, missionnaire anglais, et j’habite déjà depuis six ans au village». Après avoir fait ma connaissance, il m’invita chez lui. Il habitait dans un petit bâtiment de deux pièces avec une véranda pour recevoir les gens. Ce fut le début d’une longue amitié. Je lui rendais souvent visite, et il venait aussi nous voir dans ma famille. Un jour, il me donna un livre disant que c’était un cadeau pour moi. Je le remerciai. En le lisant, j’ai appris comment Dieu a créé l’univers et l’homme, comment l’homme a péché contre lui dans le jardin d’Eden, comment il chassa cet homme et sa femme de là. Le lendemain, je suis retourné chez mon ami pour lui dire que notre Coran parle de la même chose et que c’était donc très bon à lire. Ce livre était la Torah de Moïse. Il m’en donna un autre, l’Injil, le livre d’Issa ou le Nouveau Testament. Après avoir lu ces livres, certains passages concernant Jésus, appelé Fils de Dieu, me troublaient. Mes deux premières questions furent: «Comment Dieu peut-il avoir un fils sur cette terre?» et «le Coran ne dit-il pas qu’après que Jésus est monté au ciel, un autre prophète allait venir, Mohammed, le dernier prophète? »

Un jour, il m’invita à une étude biblique qu’il faisait chez lui avec mes camarades. Nous avons commencé cette étude en février 1997 et en 1998, j’ai reconnu le Seigneur Jésus-Christ grâce au texte d’Actes 1.6-11:

«Eux donc, réunis, demandèrent: Seigneur, estce en ce temps que tu rétabliras le royaume pour Israël? Il leur répondit: Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit, survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. Après avoir dit tout cela, il fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, voici deux hommes en vêtements blancs se présentèrent à eux et dirent: Vous Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, reviendra de la même manière dont vous l’avez vu aller au ciel».

Et celui de Jean 1.14:

«La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père».

Cela m’a beaucoup parlé et a remué le fond de mon cœur, et j’ai compris que la lumière du monde, c’est Jésus, et je l’ai accepté comme Fils de Dieu dans ma vie, ce que les musulmans refusent. C’est un peu plus tard que j’ai compris qu’il fallait me repentir de mes péchés en donnant ma vie à mon Sauveur et Seigneur Jésus-Christ.

Ma vie changea, mais ce fut le début d’une persécution par mes parents. Père de 8 enfants, j’ai quitté mon village pour aller dans un autre. Comme ma femme était encore musulmane, j’avais quelques difficultés à ses côtés. Mais les prières du missionnaire et les miennes m’ont beaucoup aidé dans ma foi en Christ. Je pense aussi au Ps 7.2-3: «Eternel, mon Dieu! Je cherche en toi mon refuge; Sauve-moi de tous mes persécuteurs et délivre- moi, de peur qu’ils ne me déchirent comme un lion qui emporte sans que personne ne délivre».

Deux ans plus tard, le Seigneur me confia l’école du dimanche au Centre Baptiste à…J’ai été très béni dans ce ministère ouvert. Parfois nous étudions la Bible aussi en groupe. Peu à peu, j’ai éprouvé le besoin d’approfondir ma connaissance de la Bible et j’en ai parlé au responsable qui a facilité mon entrée à l’Ecole biblique de Dakar où je suis pour cette session. Je bénis le Seigneur pour tout le chemin parcouru, et mon vœu le plus cher est de voir venir à Lui ma femme et mes enfants. Amen!


La vie de Dieu dans l’âme de l’homme

Auteur: Vernon HIGHAM,

Editeur: Europresse, B.P. 505, FR-71322 Chalon-sur-Saône, Cedex, France; 144 pages

La vie chrétienne n’est ni hasardeuse ni ennuyeuse. Le mot aventure doit être entendu dans le vieux sens de ce qui doit arriver au chrétien, car ce livre expose d’une manière claire et vivante l’œuvre de re-création totale que Dieu poursuit dans chacun de ses enfants, en les préparant pour la gloire. L’auteur puise dans les richesses de sa formation en tant que professeur de dessein, puis dans les expériences d’un long ministère pastoral, afin d’aider les chrétiens à comprendre et apprécier la profondeur de l’œuvre de la grâce dans leur vie.

Les treize chapitres vont de la régénération jusqu’à la mort, en passant par la providence, la communion avec Dieu, la volonté, le pardon et d’autres thèmes principaux de la vie chrétienne. Les expériences, souvent complexes, de la vie chrétienne sont expliquées par la bonne doctrine avec des illustrations inoubliables qui font admirer la sagesse et la bonté de Dieu. Par exemple, au chapitre 2, la sanctification de tout notre être – intelligence, mémoire, sentiments, conscience, volonté – est remarquablement présentée.

Au chapitre 5, Vernon Higham insiste sur la place de la repentance tout au long de la vie chrétienne en disant que la «repentance reste un élément essentiel de progrès dans la sanctification de notre vie d’enfants de Dieu» (p. 58). Ensuite, en citant sa perplexité dans les réunions de prière de l’église où il a débuté son ministère, il montre ce qu’est la vraie repentance qui doit accompagner le chrétien toute sa vie. Il était déconcerté par les prières des chrétiens qui, tantôt exprimaient une confiance totale, tantôt un brisement et une indignité profonde. «Avec le temps, je compris qu’ils possédaient cet équilibre doux et délicat entre une confiance née de la pleine assurance de la foi et un profond respect pour Dieu qui engendrait en eux une remarquable sensibilité au péché. Peu à peu, j’ai appris que plus nous vivons dans la proximité de notre Dieu, plus notre confiance grandit; mais parallèlement se développe aussi le sentiment de honte suscité par le péché qui subsiste en nous. Ce genre de contrition est un signe de piété» (p.59).

Sur la tentation, chapitre 11, il est éminemment pratique, comme d’ailleurs sur l’amour, chapitre 12, où l’auteur suit fidèlement la révélation biblique où le Décalogue (Exode 20) précède la déclaration du ch. 34:6,7 et le Sermon sur la montagne qui précède la Passion. L’amour chrétien est décrit à la lumière de la sainteté et, de ce fait, contraste fortement avec ce que le monde appelle «amour». C’est peut être dans le dernier chapitre, sur la mort, que la chaleur de l’âme du pasteur, qui imprègne tout le livre, arrive à sa pleine expression et il donne de bons conseils à ceux qui, comme lui, ont passé leurs soixante- dix ans et s’approchent de la Cité Céleste. Un livre vivement recommandé pour tous ceux qui cherchent une piété authentique.

Tony HYNES


Auteur: Agnes SCOTT KENT

Editeur: La Joie de l’Eternel, , B.P. 1, FR-25660 SAONE, France (91 pages)

Témoignage «composé à partir d’expériences réelles de la vie de plusieurs personnes juives que l’auteur connaît personnellement et qui, pour avoir confessé Christ, ont souffert de la perte de ce qui leur était le plus cher». Ce témoignage touchant est sorti en forme de livre et nous le recommandons chaleureusement.

Une missionnaire travaillant parmi les juifs a apporté l’Evangile à David, fils d’un rabbin. Il a alors 12 ans et est suivi par la missionnaire. Il se convertit par la lecture de la Bible et avec l’aide de cette dame, mais à l’insu de ses parents. Le jour où il confesse ouvertement le Christ comme son Sauveur, il est chassé de la maison par son père. Après bien des années, on l’informe un jour de la fin proche de sa maman. Il peut encore la voir et apprend à son chevet que sa maman aussi s’est convertie au Christ. Peu de temps après l’ensevelissement de sa maman, il rencontre son père et ses deux sœurs et apprend à sa plus grande surprise qu’eux aussi ont rencontré le Messie, Jésus-Christ, leur Sauveur, après tant de résistance et de combats intérieurs.

Récit poignant de la puissance de Dieu pour sauver aussi ceux du peuple juif qui Le cherchent de tout leur cœur. Nous pensons au grand moment glorieux où le résidu juif fidèle reconnaîtra le Christ comme son Sauveur et Messie, à son apparition visible, personnelle et corporelle, en posant ses pieds sur la montage des Oliviers pour juger les nations et opérer la «réintégration» de «tout Israël sauvé». La partie incrédule de son peuple et hostile au Messie aura également été jugée (Rom 11.11-35; Ez 36.24-27; 37,21-28; Zach 12.8-14; 14; 2 Thes 1.7- 10;Apoc 19.11-21). Période grandiose aussi, où toutes les nations, y compris les peuples musulmans, seront bénis de l’Eternel et afflueront à Jérusalem, centre des nations, pour L’adorer, et où «une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre nation et où l’on apprendra plus la guerre» (Es 20.23-25; Mich 4.1-8).

Henri LÜSCHER


Le courrier abondant nous encourage à poursuivre l’œuvre de diffusion de PROMESSES. La densité de la correspondance par e-mail a sensiblement augmenté. La plupart des emails nous sont envoyés dans des «Cybercafés» où nos lecteurs doivent se rendre. Ils le font souvent au prix de grands sacrifices financiers. Cela nous touche.

Dans certaines régions en Afrique, PROMESSES est pratiquement la seule revue qui parvienne à nos lecteurs régulièrement: la revue est une source d’encouragement pour eux.

Voici encore quelques extraits de lettres:

«Je vous envoie mes encouragements. Cette revue rompt pour moi avec les traditionnelles réflexions sur des actions stériles des églises d’aujourd’hui, pour me donner matière à réflexion sur la Bible et sur les temps derniers. En plus de mon soutien par la prière, j’aurais aimé vous envoyer une partie des bénédictions matérielles que je reçois, mais je suis confronté à la comparaison des frais d’envoi avec la valeur du montant à envoyer…», (S. Pierre, Cotonou, (Bénin).

«Je suis très content de tous les documents que vous m’envoyez (par e-mail) sur l’Eglise. Je peux m’en servir maintenant. J’ai plusieurs questions à ce sujet (sur la cène et sur le service de la femme)… J’attends le prochain numéro que je partagerai avec d’autres pasteurs et frères. Je continue à prier pour PROMESSES…», (M. Simon, pasteur, Yaoundé, Cameroun).

«Je n’oublierai pas de remercier le Seigneur de toute l’équipe de PROMESSES, bien que la revue ne soit pas volumineuse, mais bien utile et pratique pour répondre à des questions qui sont régulièrement posées… C’est avec une joie pleine dans le cœur que j’évolue avec PROMESSES… J’ai réussi à lire le document (étude biblique envoyée par nous par en courriel) pour le copier ensuite, car il est bien utile aux autres frères et sœurs…Nous avons abordé les thèmes de la sanctification, du salut, du baptême, de la prière, tous beaucoup appréciés, et demandons d’autres thèmes pour le travail de suite…», (N. Abed-Nego, Bangui, Centrafrique).

«Je viens, par la présente, confirmer mon réabonnement à PROMESSES. Merci pour les thèmes et sujets traités qui nous édifient. Que le Seigneur bénisse votre ministère afin qu’à notre tour nous soyons bénis», (B. Raphaël, Pointe-Noire, Congo- Brazzaville).

«Nous sommes une Ecole Biblique qui fonctionne difficilement dans des situations de guerres, de guérillas et de pillages sans merci qui sévissent ici. Elle compte 65 étudiants pasteurs et diacres…Notre institution est dépourvue de toute documentation biblique, à part quelques miettes insignifiantes récupérées par-ci et parlà. Notre service technique explique qu’à côté de l’étude de la Bible, nos élèves peuvent se tisser de la natte, se fabriquer du savon ou d’autres choses utiles…», (K. Jean directeur ISTEB/Sange-Uvira, RDC).

Cher lecteur africain, avez-vous renouvelé v otre demande d’abonnement 2002? Si ce n’est pas fait encore, faites-le au plus vite, car sans nouvelles de votre part audelà d’une année, votre abonnement sera automatiquement annulé.

Quelques lecteur s d’Europe ont oublié de régler leur abonnement pour 2002. Merci d’avance de le faire encore.

Merci de votre soutien dans la prière, de vos dons et de vos lettres toujours bienvenues.

Henri LÜSCHER


APOLOGÉTIQUE

Deuxième partie

Cet article constitue la deuxième partie de l’exposé d’Olivier Bangerter sur la nouvelle vision du monde: le postmodernisme. Il expose les trois dernières caractéristiques de ce courant qui influence également l’Eglise. Sa conclusion nous amène vers le rôle et la conduite du chrétien fidèle à Dieu et à sa Parole au milieu de ce monde. L’Evangile n’est pas une philosophie, mais une puissance permanente qui sauve encore aujourd’hui l’homme pécheur pour le transformer et lui procurer un bonheur indestructible en Christ.

2. Cinq caractéristiques du monde postmoderne

2.3. Tout est relatif

Une série occulte de ces dernières années s’intitule X-Files. Deux enquêteurs, un homme et une femme, se penchent sur des cas de «paranormal» Ce feuilleton fait tout pour ne pas donner d’opinion trop claire: même les héros ne sont pas d’accord entre eux, Mulder est pour et Scully est contre. «On ne voit que ce qu’on veut bien voir», comme le dit un des premiers épisodes. Mais, comme l’affirme le générique, la vérité est de toute façon inatteignable, «la vérité est ailleurs.»

A chacun sa vérité, à chacun ses croyances, on n’a pas attendu X-Files pour l’affirmer. Les affirmations populaires vont dans ce sens, dans le cadre d’une grande tolérance. Mais ce n’est pas tout: le concept de vérité n’est pas pertinent, pas plus en milieu académique (sciences humaines) que dans les conversations de tous les jours: ce qui importe, c’est ce qui me plaît. J’exagère à peine: lorsqu’on demande à un ancien professeur d’université polytechnique ce qu’il pense de certains phénomènes spirituels, il répond: «Ce n’est pas ma tasse de thé, mais je ne crache pas dans la tasse des autres1

L’objectivité a été victime de la perte des illusions, non sans quelques raisons au vu de ce que l’on a fait avaler aux gens sous prétexte d’objectivité scientifique. La vérité est contestée, que reste-t-il? Le scepticisme et le relativisme. Le scepticisme s’attaque à l’usage de la raison, reléguée à des domaines bien particuliers (sciences dures). Le relativisme en tire les conséquences. Comme le dit une étudiante, «Il y a différents points de vue, alors, au lieu d’argumenter, on ferait mieux de travailler ensemble pour aider». Dans son travail de sape, le relativisme est aidé par la superficialité: personne ne sait ce que disent les diverses religions, mais comme elles parlent toutes de Dieu à ce qu’il paraît, elle disent la même chose.

Le relativisme a des limites. A force de dire que tout est bon, on finirait par être obligé d’accepter n’importe quoi. Mais tout être humain sait au fond de son cœur que tout n’est pas acceptable. Quand rien n’est absolu, on est tenté d’utiliser la contrainte pour faire entrer en vigueur ce en quoi croit la majorité, car alors les autres opinions sont menaçantes. Le relativisme se présente comme une forteresse imprenable, mais c’est un colosse aux pieds d’argile.

On assiste à l’émergence d’une forme d’orthodoxie relativiste, dont la rigueur contredit le relativisme: oui à l’avortement, à l’homosexualité, à la solidarité, aux droits de l’homme, à l’écologie; non au fanatisme, à la pédophilie, à l’intolérance, à l’exclusion, au racisme. Certains de ces mots sont vides de sens mais ils font de bons drapeaux. En tout état de cause, les réactions à l’encontre de ceux qui battent en brèche cette orthodoxie sont d’autant plus violentes que l’argumentation en sa faveur est plus faible. Telle est l’utilité du «politically correct». Je vous en donne un exemple tiré du courrier des lecteurs d’un hebdomadaire féminin. Son auteur répond à une lettre de lectrice: «Ce n’est pas à cause de la participation des femmes au marché du travail que les choses vont mal, mais à cause de propos comme les vôtres, apparemment anodins, mais qui empêchent le dialogue, la tolérance et la différence d’exister2.» Cette dame ne menace pas la différence d’exister, mais elle refuse le dialogue qu’elle prône, car elle a raison… Sa véhémence cache un manque certain d’arguments pour défendre sa vérité. La faiblesse du relativisme risque d’en faire un totalitarisme politiquement correct et les chrétiens pourraient en être une victime de choix.

2.4. Des expériences

Le point commun de nombreux jeunes et de moins jeunes est la soif d’expériences. On pourrait résumer ça par le mot «fun». Le fun, ça peut être tout et n’importe quoi, tant que cela permet de passer un bon moment pour s’évader: une rave party, la descente du Cervin en snowboard, être amoureux, un concert classique, sauter en bas d’un pont attaché à un élastique, aller à l’église, n’importe quoi.

Cela aide à alléger un peu la pression qui pèse sur les épaules de beaucoup, mais surtout à donner à un homme morcelé l’impression de vivre. De plus, comme il n’y a pas d’espoir, pas de vérité, pas d’absolus, cela aide à ne pas trop penser à l’avenir. Si la génération postmoderne devait choisir un verset biblique pour se définir, ce serait Esaïe 22.13: «Mangeons et buvons, car demain nous mourrons».

Un exemple: même si les illusions sur l’amour ont disparu, on aime encore beaucoup l’état amoureux. Mais lorsqu’on ne ressent plus d’amour, on laisse tomber l’autre. Le baromètre de la viabilité du couple est ce que l’on ressent pour l’autre. Quand on ne ressent plus rien, on passe au suivant ou à la suivante. Des notions comme l’engagement à vie ou la lutte à deux pour faire marcher un couple sont mises au rancart au profit de l’expérience, du ressenti.

Si vous regardez la publicité, vous verrez qu’on vous promet souvent une incroyable sensation avec le produit: Mac- Donalds vous promet une atmosphère que l’on ne peut vivre que chez eux («ça se passe comme ça chez MacDonalds»). Nescafé utilise depuis plusieurs années le slogan «Open Up», s’ouvrir aux autres. «Peugeot. Pour que l’automobile soit toujours un plaisir.» On pourrait continuer la liste encore longtemps, les qualités que ces publicités veulent faire ressortir n’ont rien à voir avec le produit mais avec la sensation que le produit offre. La publicité de Peugeot ne serait reniée par aucun fabricant de voitures et celle de Nescafé pourrait servir à bon nombre d’autres produits.

Le modernisme était une tyrannie de la raison; le postmodernisme est une tyrannie des sentiments. Les deux sont voués à la chute, car ils ne prennent en compte ni l’ensemble de la personne humaine, ni le péché.

2.5. Vive la spiritualité!

Ces dix dernières années, il est devenu tout à fait normal de parler de spirituel. Un sondage effectué à Lausanne dans une résidence d’étudiants pour scientifiques en 1996 montre qu’au moins 2/3 des étudiants interrogés disent croire en Dieu. Une nouvelle génération se lève, la méfiance à l’égard du spirituel laisse place à une ouverture.

Des livres sur les religions (Le Roi, le Sage et le Bouffon), sur Dieu (Conversations avec Dieu) ou tout autre sujet spirituel peuvent être de vrais succès de librairie. Un auteur à succès comme Christian Jacq peut inclure des éléments surnaturels dans ses romans (Ramsès) et ne pas voir cet aspect critiqué.

Chacun a le droit de se bricoler sa petite religion. On prend un peu de ceci et un peu de cela, un dieu du christianisme et la réincarnation du bouddhisme par exemple. On se sert de ce qu’on veut de chaque message, comme dans un buffet. On se bricole une religion: le relativisme a passé par là, mais aussi une certaine ignorance des enjeux. Ainsi une étudiante avec qui je discutais du paradis et de l’enfer m’a dit qu’elle ne voulait pas aller au paradis. La conversation a montré qu’elle n’avait pas d’image de paradis, elle ne savait pas ce que c’était mais ne voulait pas y aller. Pire, la plupart des gens croient connaître le christianisme et savoir que c’est ennuyeux et non pertinent (souvenirs de catéchisme et de rares cultes/messes).

L’image de Dieu et de la religion ressemble à l’image du monde: certes Dieu existe, mais n’est qu’un invertébré gazeux flottant négligemment dans l’espace intersidéral. «S’il y a quelque chose, c’est dispersé, en tout cas pas rassemblé, compact.» Ce n’est donc pas un Dieu personnel. Quelque chose existe, c’est vrai, mais c’est tellement lointain qu’on ne voit pas comment ça pourrait avoir la moindre influence sur notre vie, sauf comme aide morale3. D’autres choses spirituelles ont plus d’intérêt, comme les méthodes de divination et de guérison «magiques », car elles permettent des expériences et des résultats mesurables et concrets. Est vrai ce qui marche pour moi maintenant… Cependant, l’homme actuel voudrait bien connaître et expérimenter Dieu. Dans la ligne de la recherche d’expériences, Dieu est considéré comme un trip qui mérite d’être vécu. Cela explique le regain d’intérêt pour des retraites dans des monastères ou les grands pèlerinages comme celui de St Jacques de Compostelle. La spiritualité dont nous parlons est décalée par rapport à une relation avec Dieu dans un sens biblique: elle a pour but la réalisation personnelle de celui qui la pratique et se définit par rapport à lui. Comme le dit Roland Campiche, elle est «une forme religieuse qui ne s’engage pas.» Elle est donc centrée sur soi et pas sur Dieu!

Le modernisme
était une tyrannie
de la raison; le
postmodernisme
est une tyrannie
des sentiments.

La tentation pour les chrétiens est de critiquer cette ouverture au (monde) spirituel, qui peut aussi ouvrir la porte à des démons selon la pratique. De même, nous pouvons être tentés de rejeter cette approche de la spiritualité qui remplace la foi et rend les mots péché, repentance, commandement, cohérence, seul chemin, incompréhensibles et choquants. Ce serait une grave erreur! Paradoxalement, ce mouvement place l’Eglise dans une situation avantageuse: des gens désirent faire l’expérience d’une certaine spiritualité, nous pouvons leur offrir une vie avec Dieu (pour autant que nous ayons cette vie et pas seulement des églises rationalistes ou un enthousiasme sans fond, mais c’est une autre question). Des gens sont prêts à apprendre qui est Dieu, nous pouvons le leur montrer: de petits groupes où chacun peut s’exprimer librement sont un bon outil, car ils offrent une «expérience» (inter)personnelle. Après tout, bon nombre de personnes font déjà des expériences avec le monde spirituel et en ressortent terrorisées. A ceux-là, la Bonne Nouvelle de la victoire de Jésus sur Satan doit être annoncée personnellement.

3. Les chrétiens dans tout ça

3.1. Dans le bain avec les autres

Chacun des points traités ci-dessus se retrouve dans l’Eglise, à des degrés divers et de manières variées. Nous avons beau ne pas être du monde, nous sommes en plein dedans. Le défi est de savoir comment réagir. Mais avant de nous y mettre, voici une rapide revue de diverses manières dont l’Eglise a intégré cette vision du monde.

La perte des illusions atteint les chrétiens comme les non-chrétiens, mais se révèle un peu différente. Ainsi, de plus en plus, nous nous rendons compte que l’Eglise n’est pas parfaite, que nos responsables ont bien des insuffisances et que le fait d’être chrétien ne supprime pas les problèmes. C’est une bonne chose que ces illusions s’écroulent, car elles n’ont rien à voir avec la Bible.

La superficialité des chrétiens peut être effarante. Non seulement la connaissance de la Bible est de moins en moins profonde (au profit de la louange qui permet de s’éclater), mais on ne s’en afflige guère. Certains livres chrétiens ne nourrissent pas car ils se contentent de donner quelques conseils vaguement psychologiques habillés de 2-3 versets. Quant à certains prédicateurs, le contenu de leurs messages plaît, mais n’édifie guère.

L’humanisme et l’individualisme touchent aussi l’Eglise. Une fraction de plus en plus grande de chrétiens affirme qu’on peut très bien être chrétien tout seul, avec seul le culte dominical comme lien avec les autres. D’autres recherchent de petits groupes sympas où l’individu est au centre. Par contre l’engagement au service de Dieu et des autres est bien souvent oublié. De nos jours, il est assez facile de trouver des gens qui s’engagent dans des projets à court terme, mais il est difficile de trouver des gens qui s’engagent à long terme. Le court terme peut rester centré sur l’individu, pas le long terme… Il nous faudra toujours reposer une question de base, «qui est au centre de votre vie, Dieu, ou vous?». Cela sera d’autant plus nécessaire que progresse l’Evangile de la Prospérité, une hérésie qui mesure notre distance avec Dieu en proportion inverse du grand nombre de bénédictions matérielles que nous recevons. Ce qui est satisfait dans ce discours est bel et bien la chair, même lorsque le vernis est chrétien.

Passons au relativisme. Il touche les chrétiens d’Occident autant que l’individualisme. Nous avons reconnu qu’il y a plusieurs religions et qu’elles ne racontent pas que des stupidités, c’est bien. Mais nous avons fait un pas de plus: nous avons peur, je cite quelque chose que j’entends souvent, «d’imposer aux autres nos convictions». Ce qui se trouve derrière cette affirmation n’est pas du respect mais un manque de confiance que Jésus est le seul chemin vers Dieu. Le même relativisme se retrouve à propos de la manière de vivre; nous refusons de plus en plus d’appeler un chat un chat, un péché un péché. Il paraît qu’il ne faut pas juger les gens. Et pourtant, j’ai été plus respecté comme chrétien lorsque j’ai eu une position biblique claire sur, par exemple, la sexualité, que lorsque j’ai délayé ce que dit la Bible pour être accepté.

L’Eglise a aussi été influencée par la société dans la place de l’expérience. Je vous en donne un seul exemple. Le 90% des chrétiens sont satisfaits d’un moment de louange quand ils se sentent bien après. Qu’ils aient effectivement loué Dieu ou pas n’entre pas dans leurs critères d’évaluation. Ce n’est pas de la louange, c’est se focaliser sur soi et pas sur Dieu. Et souvent les chants auront comme sujet ce que nous sommes (Assaillons les Villes pour donner un titre; celui-ci n’a au moins pas cédé à l’individualisme du «je») ou la sensation que nous pouvons avoir avec Dieu (Je te veux dans mon cœur, Me réjouir, Viens remplir ma vie). Louer Dieu en parlant de nous? Il y a pourtant dans les mêmes recueils nombre de superbes chants de louange (Le Seigneur règne, Louons et adorons, Lent à la colère pour ne donner que trois exemples récents).

L’erreur dans tout cela serait de réagir de manière moderne au postmoderne. Je crois que Dieu utilise le changement de vision du monde pour montrer à son Eglise des aspects qu’elle a négligés: la louange (relisez Eph 1.3-14), la capacité de Dieu de nous faire vivre des expériences fortes, l’importance de groupes où chacun peut être accueilli et bien d’autres. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain: une Eglise qui garde le meilleur de ce qu’elle a appris ou réappris de Dieu dans un monde moderne (importance de la Bible, enseignement solide, sérieux et engagement, évangélisation, importance du fait de notre salut) avec ce que Dieu veut lui apprendre dans un monde postmoderne (importance de l’expérience, célébration joyeuse, dons de l’Esprit) sera bien mieux armée pour affronter tant le postmodernisme que sa chute.

3.2. Ce que nous ne devons pas accepter

Le postmodernisme est une philosophie qui contient plusieurs éléments que les chrétiens doivent rejeter s’ils veulent rester en communion avec Dieu. L’Evangile n’est pas menacé par le postmodernisme: depuis 2’000 ans, bien d’autres philosophies ont passé et trépassé, et l’Evangile est encore debout. Ce qui est menacé, ce sont des hommes et des femmes. Pour rester sur le chemin étroit, il y a des choses que nous devons refuser au niveau personnel et communautaire:

Nous ne devons pas accepter de mettre l’homme au centre de l’univers, donc Dieu en périphérie, un loisir, subordonné à notre bon plaisir. Quoiqu’on en dise et qu’on en pense, Dieu régit l’univers et notre bon plaisir n’a pas d’effet sur lui.

Nous ne devons pas accepter un système qui fait de Dieu un invertébré gazeux flottant négligemment dans l’espace intersidéral. Dieu n’est pas une chose ou un objet: il est définissable car il s’est révélé, mais il est aussi une personne vivante et par là échappe à notre investigation et à notre avis.

Nous ne devons pas accepter un système qui fait de Jésus-Christ un chemin parmi d’autres. Soit il est ce que la Bible affirme, Dieu, seul Sauveur et seul Seigneur, soit il ne l’est pas. S’il ne l’est pas, il n’est pas intéressant car il ment à son propre sujet. S’il l’est, il n’y a pas de place à côté de lui pour aucun autre.

Nous ne devons pas accepter le relativisme éthique; il y a des normes bibliques et ce que nous ressentons n’est pas une bonne raison pour ne pas en tenir compte. La compromission de nombreuses églises face au péché vient en bonne partie d’un manque d’enseignement clair.

Nous ne devons pas accepter un système qui affirme la dignité de l’homme sans pouvoir la fonder, tout en n’en faisant qu’un patchwork sans consistance. La dignité de l’homme provient de deux faits: il est à l’image de Dieu et Jésus est mort pour lui. Mais nous ne devons pas accepter non plus un système qui nie le péché. Car sans péché, Jésus n’aurait pas eu besoin de mourir et sa mort serait donc absurde.

Nous ne devons pas accepter un système qui prétende nous enseigner mieux que l’Ecriture, surtout si ce système prétend que la Bible contient des choses qu’un homme actuel ne peut accepter. Soit la Bible est inspirée et révèle la personne et la volonté de Dieu, soit nous laissons tout tomber.

«Je vous demande de vous offrir vous-mêmes comme un sacrifice vivant, réservé à Dieu et qui lui est agréable. C’est là le véritable culte que vous lui devez. Ne vous conformez pas aux habitudes de ce monde, mais laissez Dieu vous transformer par un changement complet de votre intelligence. Vous pourrez alors comprendre ce que Dieu veut: ce qui est bien, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait» (Rom 12.1b-2).

Toutefois, nous ne devons pas accepter de rejeter en bloc tout ce que dit notre société. Il serait stupide de nous enfermer dans notre tour d’ivoire en attendant que ça passe. Dieu peut utiliser le postmodernisme pour parler à son peuple. Nous ne pouvons pas a priori refuser d’être interpellés par le monde, car nous sommes appelés à examiner toutes choses et à retenir ce qui est bon (1 Thes 5.21).

4. Conclusion

4.1. Toucher cette génération

Une des erreurs que commettent le plus souvent les chrétiens, c’est de croire qu’on devient chrétien quand on accepte intellectuellement un certain nombre d’idées. Devenir chrétien, c’est autre chose, c’est rencontrer Jésus et voir sa vie transformée par lui. L’Evangile n’est pas une philosophie, mais une puissance (Rom 1.16). C’est un des malentendus les plus fréquents; le chrétien dit Jésus mais le non-chrétien comprend religion. Pour cela, notre défi est de vivre avec Dieu, sous son autorité, avec notre personne entière. Vivre avec Dieu implique puissance et persécutions. L’un ne va pas sans l’autre. Pour cela, l’Eglise n’a guère de choix, elle doit vivre ce qu’elle dit.

Une étudiante reproche à son pasteur: «quand il parle, on a l’impression qu’il ne met pas son cœur dedans». C’est un reproche dur mais (s’il est justifié) juste. Soyons cohérents dans ce que nous vivons et ce que nous disons, et vivons la passion que Dieu nous donne. Cela nous donnera un gros atout face à nos contemporains. Ils disent des choses mais n’arrivent pas à les vivre jusqu’au bout, ils ont désespérément besoin de relations vraies, de quelque chose de vrai tout court. Jésus- Christ a été jusqu’au bout de ce qu’il a dit, il leur offre une relation vraie, il est la vérité.

4.2. Il y a de l’espoir

Douglas Coupland, l’auteur de Génération X, a écrit un nouveau livre en 1997: La vie après Dieu. A la fin, il dit (cité dans L’Avènement, n°115, janvier 1998):

«Voici mon secret: je le raconte avec une authenticité que je pourrais difficilement retrouver – c’est pourquoi je prie pour que vous soyez dans une pièce calme à l’instant où vous entendrez ces paroles. Mon secret, c’est que j’ai besoin de Dieu, que je suis malade et que je ne pourrais plus m’en sortir très longtemps par moi-même. J’ai besoin de Dieu afin qu’Il m’aide à donner, parce que je ne me sens plus capable de donner; qu’Il m’aide à être aimable, car je ne me sens plus capable d’offrir de l’amitié; et qu’Il m’aide à aimer, car je me sens bien éloigné de pouvoir aimer.»

Tout n’est pas perdu pour cette génération: à force de scier les branches sur lesquelles elle est assise, elle finira par tomber de haut et par avoir besoin de Dieu pour la relever.

Notes :
1 Jacques Neirynck, interview à la RSR, 23.06.97.
2 Courrier des lecteurs de Femina, 17.8.97.
3 «Je puise dans la Bible des choses qui m’aident à vivre, mais je ne base pas ma vie sur la Bible» me disait une mère de famille


VIE CHRÉTIENNE

Genèse 50.17

«Oh! pardonne le crime de tes frères»

Le message biblique sur le pardon est très cher à mon cœur. Lors de notre tout récent séjour en Martinique, six des dix-huit conférences bibliques inscrites au programme lui étaient consacrées. Je n’ose penser à ce que serait ma vie aujourd’hui, et celle de notre foyer, si la pratique du pardon, demandé, donné, vécu, n’y avait occupé une place prépondérante.

Mon âme bénit et chante «le Dieu des pardons» (cf. Néh 9.17); remarquez avec moi ce pluriel d’excellence, de plénitude, d’absolu, qui aiguillonne mon désir de sonder les Ecritures pour y découvrir toutes les riches couleurs de cet arc-en-ciel parfait du pardon divin.

Nul n’ignore que le pontificat de Jean- Paul II a été jalonné de «demandes de pardon », amplement analysées et commentées par les médias, pour des fautes commises par l’Eglise Catholique Romaine au fil de sa longue et tumultueuse histoire. Je me suis plus d’une fois interrogé sur la valeur de ce type de démarche qui m’a toujours laissé profondément perplexe, réservé, insatisfait.

Mes interrogations se sont faites plus aiguës et ma perplexité s’est sensiblement accrue lorsque j’ai découvert, dans plusieurs périodiques, l’annonce de demande de pardon s’inscrivant dans le paysage évangélique français. Ainsi, dans le cadre d’une rencontre des présidents d’Union d’églises évangéliques, le président d’une organisation évangélique nationale a spontanément demandé pardon «de la part de celle-ci pour toutes les souffrances du passé générées par des attitudes, des écrits ou des paroles blessantes ». Quelque temps après, les responsables de deux Unions d’églises ont effectué une démarche épistolaire allant dans le même sens. Loin de moi la pensée de contester la sincérité de telles démarches et de suspecter leurs auteurs d’un esprit manœuvrier ou d’autres motivations répréhensibles. Pour autant, rien ne m’autorise à escamoter une réflexion de fond quant à la légitimité de telles demandes de pardon de caractère global et concernant le passé. Quelle valeur, quelle validité faut-il leur donner au regard de la Parole de Dieu?

Résumons brièvement donc, sans entrer dans les détails ni préciser certaines nuances, le message fondamental de la Bible sur la demande de pardon émanant d’un authentique enfant de Dieu dans le cadre des relations humaines.

Lorsque j’offense, lèse, blesse mon prochain, je plaide toujours coupable devant Dieu, tout péché étant d’abord un outrage envers Lui, un mépris de Sa Parole (2 Sam 12.9; Ps 51.6). Sans tarder, je demande sincèrement pardon à la personne que j’ai offensée. Je lui confesse le ou les péchés commis envers elle. Si cette offense est publique (envers un groupe de personnes, l’église locale réunie, etc.), il est juste que la confession le soit également.

Avons-nous, dans les Ecritures, des exemples de demandes de pardon semblables à celles qui nous intéressent présentement?

Les textes d’Esdras 9, Néhémie 9 et Daniel 9 n’en sont pas, puisqu’il s’agit de prières de confession et d’intercession adressées à Dieu par Esdras et Daniel. Bien qu’aucune faute particulière de leur part ne soit mentionnée dans la Bible, ils s’humilient personnellement et s’identifient entièrement au peuple d’Israël dans son évidente culpabilité. Leur profonde sensibilité à la nature et à la gravité du péché, leur perception affinée de l’infinie sainteté de Dieu, la connaissance de leur propre nature pécheresse les garde d’une condamnation froide et pharisienne du peuple auquel ils appartiennent. 1 Samuel 25 présente une situation particulière: Abigaïl, femme de bon sens, s’humilie devant David et prend sur elle le péché de son fou de mari, Nabal. Elle le fait en tant qu’épouse et parce qu’il y a grave péril en la demeure! N’étant pas personnellement coupable, elle peut, au même moment, exercer un ministère de répréhension plein de tact envers l’offensé. Une telle attitude aurait été inconcevable de sa part si elle avait ellemême offensé David.

A vrai dire, je n’arrive pas à donner à ces démarches de demande de pardon qui me préoccupent une assise solidement biblique. Qu’un responsable d’organisation prenne spontanément l’initiative de demander pardon de manière très globale, très générale, au nom de la totalité du groupement qu’il représente, pour des attitudes, des écrits ou des paroles blessantes situées dans le passé, voilà qui soulève en moi un certain nombre de questions précises: jusqu’où faut-il remonter dans le passé? De quelles fautes précises s’agit-il exactement? A quelle époque ces fautes ont-elles été commises? Que pensent de cela les membres «du passé et du présent» de cette organisation? Ont-ils été consultés? Font-ils la même analyse? Adhèrent- ils pleinement à une telle démarche? Y a-t-il eu, Bible en main et devant Dieu, une réflexion sérieuse aboutissant à une réflexion commune, à différents niveaux (comité ou conseil)?

Cette liste de questions, qui n’est pas exhaustive, met en évidence le caractère particulièrement délicat, pour le moins aventureux et risqué, quelque peu arbitraire, d’une semblable démarche très globale tournée vers un passé élastique parce que non défini.

D’autant plus que toute véritable confession de faits, toute repentance digne de ce nom doit se traduire par un changement radical de comportement de la part des coupables! Comment cela sera-t-il possible sur une base aussi floue et aussi propice aux interprétations les plus variées? Faut-il se considérer coupable pour des souffrances du passé générées par des prises de position verbales ou écrites d’ordre doctrinal ou moral, fermes et respectueuses, motivées par un souci d’humble soumission à la Parole de Dieu? N’y aura-t-il pas d’autres blessures inévitables dans le futur par suite d’un refus courtois de collaboration ou d’adhésion à telle ou telle tendance ou prise de position?

Dans un de ses livres, le théologien protestant allemand Dietrich Bonhoeffer a dénoncé «la grâce à bon marché», celle qui justifie le péché plutôt que le pécheur. Dans ce domaine si important de la demande de pardon dans les relations humaines, il est impératif de rester profondément enraciné dans le terrain solide et sûr des Ecritures. Plaider coupable, confesser des fautes, se repentir, voilà des démarches qui ne doivent à aucun prix être banalisées ou être perçues comme des banalités. Car derrière chacune d’elles apparaît comme en filigrane la personne de mon Sauveur bien-aimé au visage ensanglanté, aux mains, aux pieds et au côté percés, l’Agneau de Dieu sans défaut et sans tache, immolé par ma faute pour que je puisse recevoir le pardon de tous mes péchés. Un pardon libérateur, réconciliateur, total, absolu, définitif!


LES BÉATITUDES

Préambule

Depuis un bon demi siècle, les béatitudes par lesquelles Jésus commence son Sermon sur la montagne me préoccupent. Le livre de Martyn Lloyd-Jones, «Studies in the Sermon on the Mount», dont les quelque 660 pages parurent en 1959 chez Intervarsity Fellowship à Londres, s’est révélé très suggestif sur plusieurs points, ce qui m’a permis de sensiblement enrichir mes propres réflexions. Une précision: j’utilise le terme «chrétien» pour désigner quelqu’un qui appartient à Christ, qui est son enfant.

Quelques considérations préliminaires

Le Sermon sur la montagne, que relatent les chapitres 5 à 7 de l’Évangile de Matthieu, est à la base de tout l’enseignement de Jésus. Notons bien que Jésus ne dit pas: «Vivez ainsi et vous deviendrez des chrétiens.» Il entend plutôt: «Parce que vous êtes des chrétiens, vivez ainsi.» Ce que Jésus enseigne dans le Sermon sur la montagne, c’est comment les chrétiens devraient vivre.

Ce sermon n’est en fait qu’une grande élaboration de son nouveau commandement: s’aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Le Sermon sur la montagne nous montre comment le faire.

Il est utile de préciser ici que les exemples de la loi de Moïse que Jésus choisit (meurtre, adultère, parjure, la loi du talion) ne sont que des illustrations du principe qui exprime cet axiome fondamental:

Vivre toute notre vie chrétienne en relation directe et vivante avec Dieu.

Ceci n’est possible que par l’Esprit de Dieu qui habite en nous, cet Esprit qui verse en nous, non seulement un grand amour pour Dieu et les hommes, mais aussi une sainte et saine crainte d’offenser Dieu: Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement… Car c’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire selon son dessein bienveillant (Phil 2.12-13).

Il faut être clair sur ce que le «royaume de Dieu» et son équivalent, «royaume des cieux», veut dire. Dans un sens, il n’a pas encore été établi sur la terre, il est encore à venir. Dans un autre sens, il est déjà venu: «Le royaume de Dieu est parmi vous» et il est «en vous». Le royaume est là où Christ règne, donc dans chaque véritable chrétien, dans chaque église qui se réclame de son nom. On peut dire: le royaume de Dieu est venu, il vient, et il est encore à venir.

Pratiquement pour nous: Jésus-Christ est mort à la croix pour nous rendre capables de vivre selon le Sermon sur la montagne, qu’il est impératif pour tout chrétien d’étudier à fond. Tite 2.14 s’exprime ainsi: «Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les oeuvres bonnes».

Voulez-vous être bénis (= heureux)? Voulez-vous être remplis, rassasiés de justice? Ne cherchez pas une expérience mystique; ne courez pas à toutes les conférences en espérant «recevoir» la plénitude. Il n’y a pas de raccourcis. Le chemin consiste à s’imprégner de la parole de Dieu, et en particulier de la parole que Jésus fait entendre dans le Sermon sur la montagne. Voilà du pratique à la portée de tout chrétien soucieux de ressembler à son Maître. Plus nous faisons l’enseignement de Jésus nôtre, plus il pourra nous bénir.

Si souvent, on essaye de faire l’expérience de la sanctification en laissant ce Sermon de côté. Ce n’est pas la méthode biblique. Pour que le Saint-Esprit puisse faire son oeuvre de sanctification en nous, écoutons cette prédication de toutes les prédications, en commençant par une réflexion approfondie des

Béatitudes: Matthieu 5.1-12

Elles introduisent le Sermon. Je suis persuadé qu’il faut d’abord en avoir compris les implications avant de pouvoir saisir la portée des enseignements qui suivent. Tout comme les épîtres des apôtres, Jésus s’adresse à des enfants de Dieu, je le répète.

Posons-nous la question fondamentale: qu’est-ce qui caractérise le chrétien? Voici ma réponse en 3 points:

1. Le chrétien a le souci de vivre selon la loi de Dieu. Jésus est venu pour nous en rendre capables: «Dieu, en envoyant à cause du péché son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, a condamné le péché dans la chair (la chair de son Fils); et cela, pour que la justice prescrite par la loi soit accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit» (Rom. 8.3-4).

2. Le chrétien vit dans la présence de Dieu. Le monde ne vit pas ainsi; c’est la grande différence. Le chrétien accomplit chaque action dans une relation intime avec Dieu. Le chrétien ne peut disposer de lui-même comme il l’entend; il en est redevable à Dieu, son premier désir étant de lui plaire. C’est pourquoi son optique est si différente de celle de l’enfant du monde. Tout le NT insiste sur cela. L’enfant de Dieu ne se tracasse pas pour la nourriture (recherche des restaurants gastronomiques) et l’habillement (assister à des défilés de mode), bien que nourriture et habillement aient leur importance relative, car il ne vit pas pour cela. Il appartient à un autre royaume.

3. Le chrétien marche dans la crainte de Dieu, dans la révérence et la piété. Il est continuellement conscient que le Dieu d’amour est aussi un Dieu de jugement. Par la Parole, il sait que ce qu’il bâtit sera un jour jugé par Dieu. Il ne bâtit donc pas n’importe comment. «Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal du Christ, afin qu’il soit rendu à chacun d’après ce qu’il aura fait dans son corps, soit en bien, soit en mal» (2 Cor 5.10). Cette perspective solennelle nous rendra prudents dans toutes nos actions.

En vue de tout cela, je terminerai cette introduction par l’affirmation que le Sermon sur la montagne n’est pas un code moral mais une description du caractère de l’enfant de Dieu. Il faut se garder d’en faire une sorte de «nouveaux dix commandements ». Pour faire comprendre ce que nous devrions être en tant que chrétiens, Jésus illumine certains aspects particuliers. Les exemples que donne Jésus illustrent l’esprit dans lequel nous devons agir, ce qui pourrait se résumer ainsi: «Ce que je suis, ce que j’ai lui appartient, à lui, et non pas à moi».

Avant d’étudier la première béatitude, il est important de retenir quelques principes qui découlent de l’étude des béatitudes dans l’ensemble:

• Tous les chrétiens doivent être conformes aux caractéristiques des béatitudes. Elles ne valent pas plutôt pour les serviteurs de Dieu, car s’il y a différentes fonctions, il n’y a qu’un type de chrétien: celui que Jésus décrit.

• Tous les chrétiens devraient manifester toutes ces caractéristiques, qui peuvent être plus ou moins prononcées selon les circonstances (p.ex. être affligé, procurer la paix, etc.).

• Aucun des traits évoqués par Jésus ne se rapporte à ce qu’on pourrait nommer des «tendances naturelles». Personne ne se conforme naturellement, de son propre gré, aux exigences évoquées par les béatitudes. Il y a des gens qui apparaissent «pauvres en esprit» de nature, mais ce n’est pas ce qui est en vue ici.

• Les béatitudes affirment qu’il y a une différence essentielle entre chrétiens et non-chrétiens, car ils appartiennent à deux royaumes (ou domaines) essentiellement différents. En tant que chrétiens, nous sommes bien dans ce monde, mais nous ne lui appartenons pas. Quand l’Eglise est toute différente du monde, elle peut être témoin de Christ et de son amour. C’est parce qu’elle est devenue mondaine qu’elle n’a plus d’impact.

Notre ambition est-elle d’être comme Jésus-Christ? Cela constitue un contraste évident avec ceux qui ne lui appartiennent pas.