PROMESSES

ETUDE BIBLIQUE

Question d’appréciation
ou
contagion mal connue

Le sens du mot «pécher»

Le mot traduit en français par pécher comporte l’idée de manquer son but, d’agir sans résultat. Elle porte même la signification, beaucoup plus abrupte, de «s’être trompé ».

Littéralement, «j’ai péché» signifie «je me suis égaré». Par extension, tout ce qui n’est pas droit: se révolter, commettre l’injustice, rater une cible, sont autant de facettes du péché.

Le péché et Dieu

Dès le départ de l’humanité, c’est Dieu qui définit le terme de «péché». Malgré la création de toutes choses, déclarées par Dieu «bonnes pour les hommes», et malgré la volonté de Dieu d’être l’initiateur de leur bonheur, ceux-ci ne cesseront de s’opposer à ce que Dieu dit et au principe de vie qui s’y attache!

Schématiquement, nous pouvons concevoir la Bible comme étant à la fois la pensée de Dieu et l’histoire du rattrapage, par le Dieu Créateur, du dérapage et de l’immense gâchis provoqué par l’homme, la créature.

Le salut de l’homme consiste à croire Dieu dans Ses affirmations et à Lui obéir, selon Sa volonté, non par devoir, ni avec une idée de profit – ce qui relèverait alors de l’hypocrisie! – mais par humble soumission à Sa parole (cf. Rom 14.23; Rom 5.1; Rom 6.17)

Pécheur de toute façon

Les prescriptions originelles de Dieu (cf. Gen 2.16-18; Gen 26.5), l’activité de la conscience et plus tard, la loi du décalogue sont là pour révéler les péchés.

La loi de Dieu révèle que nous sommes tous coupables (cf. Rom 3.19; Rom 7.8,9; Jac 1.14,15; 1 Jean 3.4).

Ainsi, à cause de l’universalité du péché, nous naissons tous pécheurs et pratiquons tous le péché (cf. Rom 3.10-12; 3.23; Gen 8.21).

La gravité du péché

De ce qui précède, nous pouvons déduire que le péché est une offense à Dieu (cf. 2 Sam 12.13). De plus, le péché est constant dans le cœur de l’homme (cf. Marc 7.21,22; 1 Jean 1.8-10).

Pourtant, ce qui est héréditaire, ce n’est pas la culpabilité, mais la corruption de l’être humain!

La solution au péché

Le péché a nécessité une réparation (cf. Rom 8.3,4; Héb 9.22). Dieu y a pourvu en Christ. Ce qui implique que le péché suprême, irrémédiable, consiste à refuser Christ (cf. Jean 3.36; Héb 2.3; Rom 5.18,19; Rom 1.21).

Encore quelques caractéristiques du péché

Il entraîne une séparation d’avec Dieu (cf. Es 59.1,2). De toute façon, il met l’homme en conflit direct avec la sainteté de Dieu (cf. Hab 1.13; Ps 130.3).

Essentiellement, le péché produit un esclavage redoutable pour l’homme (cf. Rom 6.16,17; Tite 3.3-5).

Au regard de la loi, le péché sera considéré comme une transgression. Et pour un homme qui vit en autonomie vis-àvis de la loi, son péché sera pris pour une iniquité (il sera littéralement tenu pour:«hors-la-loi»).

Ainsi, une vie normale aux yeux de Dieu consiste pour le pécheur, et même s’il arrive à ce dernier de pécher encore, à ne plus pratiquer le péché ou s’y complaire.

Conclusion

L’Ecriture nous enseigne combien la question du péché est importante aux yeux de Dieu: il faut qu’elle soit réglée devant Lui pour notre salut éternel.

En effet, Dieu avait créé l’homme à son image et à l’état d’innocence. Mais le péché a terni et tordu cette image. Il a causé une rupture de communion complète entre Dieu et l’homme, rupture qui a eu comme résultat l’inimitié entre eux. Il n’est plus en paix ni avec Dieu, ni avec lui-même, ni avec son prochain. L’environnement – toute la création – souffre et soupire à cause du péché, en attendant sa libération de la servitude de la corruption (Rom 8.25). L’homme, judiciairement sous la condamnation, est mort dans ses fautes et ses péchés. Le péché a entraîné sa double mort: spirituelle et physique. Toute la race humaine gît dans le péché par imputation du péché d’Adam (Rom 5.12-21). Il est donc entièrement corrompu et dépravé, étant dans l’incapacité de changer quoi que ce soit. Son cœur et ses pensées sont corrompus, et il est aveugle (Gen 8.21; Ps 51.5; Ecc 7.20; 9.3; Mat 7.18; Rom 3.9- 23; Eph 2.1-3; 1 Jean 5.19). Mais la grâce de Dieu est prête à nous combler: Dieu a pourvu à notre salut; Il a offert Jésus en victime expiatoire pour nos péchés; Il est ressuscité pour notre justification; Il fait de nous de nouvelles créatures par la foi en Christ.

Là où le péché s’est amplifié, la grâce a surabondé (Rom 5.20). Gloire à Dieu! Suivons donc l’exhortation impérieuse: Ne livrez pas vos membres au péché… Mais donnez-vous vous-mêmes à Dieu (Rom 6.13)!


HISTOIRE DE L’EGLISE

Période 2: de 100 à 312 après J-C

I. Résumé

Les Actes des Apôtres fournissent l’essentiel des informations pour l’étude du fonctionnement, des méthodes, de la doctrine et de l’extension de l’Eglise au 1er siècle. Si tous les aspects de cette communauté universelle composée de convertis n’ont pas été traités, il est évident que tous les détails de notre présente étude ne le seront pas non plus en si peu de place, car la tâche est immense. N’oublions pas que cette série vise à améliorer la connaissance de notre «famille» spirituelle et historique. Ignorer notre héritage spirituel et ecclésiastique ou ne pas le comprendre nous rend vulnérables face à l’avenir et aux tromperies les plus habiles.

L’histoire de l’Église de l’an 100 à l’an 312 (année de la «conversion» de Constantin) pourrait s’intituler «la période du Christianisme catholique». Le mot «catholique» a été employé pour la première fois par Ignace (mort en 107) dans le sens d’«universel»: là où est Christ, là est l’Eglise. Ô malheur! Car ce n’est que plus tard que les mots «Église» et «catholique» ont été accaparés par Rome pour désigner la seule église reconnue par Dieu et par les successeurs de Pierre!

II. La continuité et la croissance

Les caractéristiques fondamentales du Corps (des églises locales indépendantes, soumises au Seigneur et à sa Parole, fonctionnant ensemble par le lien de l’Esprit, le sacerdoce universel des croyants, l’œuvre missionnaire, la discipline, le baptêmeimmersion, l’enseignement des convertis, la cène, etc.), si évidentes au 1er siècle, le resteront-elles au 2ème siècle? Malheureusement, l’esprit de domination et de confédération s’impose petit à petit après la disparition des apôtres (au sens strict du N.T.). Les chrétiens s’en remettent à des évêquesanciens et des diacres pour la direction de leur église locale. Puis à ces deux groupes s’ajoute l’évêque local. Celui-ci, devenant d’abord le seul chef hiérarchique de l’église locale, le sera ensuite de toute une région. Avant de considérer la dégénérescence de la qualité de vie, de l’orthodoxie doctrinale et de la pratique des principes du N.T. dans l’église locale, un regard précis sur les aspects positifs de la croissance numérique et géographique du Corps universel rafraîchira notre esprit.

Le développement rapide du christianisme au 2ème siècle, même sans les apôtres, trouve sa cause:

1. dans la réalité de la résurrection de Jésus- Christ vécue au quotidien par les vrais convertis. En effet, leur vie rayonne Christ par:
a) leur éthique: finis le vol, la tricherie, le mensonge, l’immoralité
b) leur style de vie: refus de participer à la vie impériale débauchée, de s’engager en règle générale dans la guerre, de vivre dans le luxe sous toutes ses formes, car ils sont citoyens du Ciel et non de la terre,

2. dans l’amour pur et bon pour les autres, même pour leurs ennemis,

3. dans une évangélisation sincère, gratuite et dynamique inspirée par le Saint-Esprit, dépourvue de spectacles charnels, par le témoignage au un à un – en privé, sur le lieu de travail, et par la prédication dans la rue – témoignage rendu avec la conviction que la Vérité réside en Christ (Act 4.20),

4. dans l’assurance de la véracité doctrinale christique et apostolique qui, seule, régénère (1 Pi 1.18,22-23), édifie (Act 20.32), console (1 Thes 4.18), sanctifie (Jean 17.17), protège de l’erreur (Jude 17-18), etc.,

5. dans l’exercice de l’égalité de tous devant le Seigneur (Gal 3.28), vécue sans distinctions raciales, culturelles ou sociales pour que la communion fraternelle existe réellement,

6. dans la pratique de l’autonomie de la communauté locale liée directement à Christ au Ciel, fondée sur la Parole de Dieu et guidée par l’Esprit.

En résumé, le christianisme du 2ème siècle, dans ses aspects positifs, porte l’empreinte de la simplicité. Il se caractérise par la vie communautaire, l’amour, l’attachement à la Vérité, l’évangélisation et l’entraide.

Où nous situons-nous, dans notre vie personnelle et dans notre église, par rapport à ce type de christianisme?

III. Des faiblesses apparaissent

Avec l’expansion rapide du christianisme biblique, Satan a réagi pour essayer de ralentir la progression et de corrompre la vie intérieure des églises:

1. par dix persécutions virulentes orchestrées périodiquement par les Empereurs depuis Néron (en 64) jusqu’à Dioclétien (303-305) ; au Proche Orient, la persécution continuera jusqu’en 313: des multitudes y laissent la vie; des églises sont ravagées; les traîtres sont nombreux; des églises sont divisées sur l’attitude à adopter à leur égard. Mais ces persécutions ont aussi des effets bénéfiques: les églises sont purifiées des faux frères; seuls les sincères osent se convertir; l’Évangile est répandu partout par des exilés; de vrais chefs spirituels se lèvent, capables de combattre les hérésies; Christ accompagne ses fidèles jusqu’à la mort.

La lecture des récits de ces fidèles martyrisés m’humilie. Elle me jette un défi, me galvanise, m’enseigne et me pousse à la prière afin de rester attaché à Christ alors qu’une persécution future est envisageable (et probable?) avant l’enlèvement de l’Eglise (1 Thes 4.13-18), donc avant les sept années de la Tribulation (Apoc 6 – 19).

2. par le déclin d’une direction collégiale guidée par l’Esprit:
Ignace (mort en 117) écrit que l’église locale a été dominée par l’évêque assisté des anciens et de quelques diacres. Ce mauvais exemple devient universel avant même le 4ème siècle par l’application de Mt 16.18-19 à Rome, sous l’impulsion de Cyprien (mort en 258)!

3. par l’infiltration du gnosticisme (11 types différents!) qui a été un éclectisme philosophique cherchant à réconcilier toutes les religions par l’ésotérisme, l’emploi d’une tradition secrète humaine acquise par l’initiation.

4. par l’attirance mondaine de la culture, de la philosophie et des mœurs païennes, et par le matérialisme (1 Jean 2.14-15).

5. par des sectes comme:
a) les Ebionites.
Ils affirment: Jésus n’a été qu’un homme parvenu à la justice; il faut rejeter les épîtres de Paul; il faut obéir à la Loi mosaïque; Jésus est un docteur et non un sauveur, etc,
b) les Marcionites.
Ils rejettent l’A.T. et mettent en opposition la justice de Dieu et l’amour de Jésus. Pour eux le N.T. ne devrait se constituer que des épîtres de Paul et de l’Évangile de Luc. Ils affirment que Jésus n’est pas né, mais qu’il est apparu à Capharnaüm en l’an 29!
c) les Manichéens.
Ils professent le dualisme gnostique, un panthéisme réel, une hiérarchie «d’élus parfaits» seuls habilités à être baptisés, à participer à l’Eucharistie et à servir d’intermédiaires entre Dieu et «des auditeurs». Il rejettent l’A.T. Il en découle: un esprit d’ascétismemonasticisme (4ème siècle), un esprit de «cérémonialisme» pompeux, le sacerdotalisme (le chef spirituel «négocie » avec Dieu pour qu’Il bénisse les fidèles), la théorie des indulgences.
d) le Montanisme, un mouvement apocalyptique dont les mauvaises caractéristiques masquent les bonnes. Les bonnes sont le désir d’avoir un rapport sincère avec Dieu, l’appel au retour à la simplicité du N.T., la condamnation de la mondanité. Les mauvaises sont des fausses prophéties. La prophétie à cette époque est plus importante pour les Montanistes que la Parole de Dieu. Le mariage est condamné. Ils font la distinction entre péchés mortels et péchés véniels!

6. par des hérésies dont celle des anti-trinitaires, qui se répartissent entre
a) ceux qui nient la divinité innée de Christ, la personnalité du Saint-Esprit, l’essence divine de la Trinité (en postulant que Dieu prend un masque pour jouer tour à tour le rôle du Père, puis du Fils et de l’Esprit); et qui croient que Christ est devenu divin par ses propres efforts
b) ceux qui identifient tellement le Fils avec le Père que le Fils occupe la 1ère place, et qui enseignent que le Fils a été le Père incarné et que le Père est mort à la Croix!

7. par des chrétiens bien intentionnés ayant une bonne base doctrinale, mais qui érigent des règles basées sur des points de vue personnels. Par exemple:
* tout converti s’identifiant avec leur église devrait repasser par le baptême
* la foi en la régénération baptismale
* l’assurance d’être les seuls «purs» (ceux qui sont en dehors de leur église sont des «pollués»)
* l’impossibilité de se repentir d’un péché «grave» après avoir reçu le baptême
* le refus de restaurer ceux qui ont renié Christ pendant les persécutions
* l’obligation de baptiser les enfants pour les sauver
* l’affirmation que leur église était la seule vraie église pure.

Ces frères avaient un authentique esprit de réforme, mais les méthodes employées n’étaient pas celles du N.T. Ils sont restés influents en Afrique du Nord jusqu’à leur annihilation par l’islam aux 7ème et 8ème siècles.

8. par l’invention de l’ascétisme monastique dès la fin du 3ème siècle, puis par le monachisme communautaire à partir de 320. Ceci pour accéder à une vie spirituelle supérieure à la vie «ordinaire» en ville.

Que le Corps de Christ universel ait survécu à toutes ces vicissitudes – extérieures et intérieures, causées par l’éloignement des principes du N.T. – est un témoignage de la grâce et de la souveraineté de Dieu! Il en est de même aujourd’hui!

IV. Le Canon et la littérature chrétienne

Il est important de mettre en évidence au moins deux événements capitaux qui ont influencé les trois premiers siècles, et même tous les siècles depuis:

1. La Bible

La partie néo-testamentaire n’a pas toujours existé dans sa forme actuelle!

Sa rédaction par les Apôtres, Luc, Jude, Jacques et par l’auteur de l’épître aux Hébreux a été assez rapide (1er siècle). Mais sa compilation et son acceptation par les convertis a duré jusqu’au 4ème siècle!

L’Ancien Testament avait été accepté par les Juifs au plus tard en 200 av. J-C, après que chaque livre a passé des tests quant son authenticité, la reconnaissance de son origine divine, sa doctrine (sans contradictions ni erreurs), son caractère (capable d’édifier, de consoler, de corriger, de révéler la présence et la puissance de Dieu lorsqu’on le lisait), et finalement ait été accepté par le peuple de Dieu.

Ces mêmes critères ont, en général, été appliqués pour déterminer quels étaient les livres à retenir et à considérer comme la parole de Dieu de la Nouvelle Alliance, le Nouveau Testament.

Il y avait des raisons pratiques à cette compilation:
a) le désir tenace de préserver ce qui est apostolique (2 Pi 3.15-16; Col 4.16), de répondre aux demandes doctrinales et éthiques (1 Thes 5.27; 1 Tim 4.13; 2 Tim 3.16-17), de définir la norme, l’autorité en matière de foi et de pratique,
b) la menace hérétique par laquelle tel ou tel mouvement rejetait un livre ou un autre qui ne lui convenait pas,
c) la poussée missionnaire voyait beaucoup de conversions et de création d’églises locales; il fallait que ces convertis soient nourris de la parole de Dieu, donc il était nécessaire de savoir quels livres traduire pour eux,
d) la persécution par la Rome impériale avait, entre 303 et 313, comme but essentiel de détruire «les livres des chrétiens »; les chrétiens étaient prêts à mourir seulement pour les «bons livres»; lesquels?

Ce tri des livres en circulation a pris du temps. Plus de 50 livres ont été éliminés petit à petit, soit parce qu’ils n’étaient pas apostoliques, soit qu’ils contenaient des hérésies ou des légendes ridicules qui contredisaient la vérité acceptée par tous, etc.

À travers ces siècles, le Saint-Esprit a surveillé bien discrètement, mais souverainement, cette compilation des livres divinement inspirés. En 367, le théologien Athanase rédige, à Alexandrie en Égypte, une lettre pascale aux chrétiens. Il y affirme que seuls 27 livres sont inspirés et acceptés par tous les Chrétiens et composent ce que nous appelons «Le Nouveau Testament ». Après cette date des synodes à Hippone (393) et à Carthage (397) en Afrique du Nord confirment l’information d’Athanase. Nos actuels 27 livres du N.T. sont les seuls reconnus comme «canoniques», c.- à-d. qu’eux seuls font autorité et sont inspirés du Saint-Esprit.

2. La littérature chrétienne.

L’importance de cette littérature est inestimable:
a) Son contenu confirme par contraste la valeur, la supériorité et l’inspiration du N.T!
b) Cette littérature est la seule source d’informations sur l’évolution du christianisme. Elle nous révèle que le christianisme apostolique s’est dégradé progressivement (doctrine, vie, pratique, culte et institution) jusqu’au moment où il a été reconnu par l’État au 4ème siècle.
c) Elle trace le cheminement qui a conduit à l’acceptation des 27 livres du N.T. comme seuls inspirés de Dieu.
d) Sa diversité décrit toutes les formes de la chrétienté et leurs développements. Cette littérature rend compte de quatre périodes successives:
• celle de l’édification qui s’est faite d’une manière informelle; elle ne mentionne aucune philosophie païenne, mais révèle le christianisme à l’œuvre et un respect pour l’A.T.,
• celle des apologistes qui ont surtout écrit aux Empereurs pour réfuter les accusations d’athéisme (!), d’immoralité et de cannibalisme,
• celle des polémistes qui écrivent pour combattre des hérésies de toutes natures et pour essayer d’établir l’orthodoxie,
• celle de l’approche «scientifique» par des théologiens en Égypte; ils composent une théologie systématique basée sur la Bible, en employant malheureusement la méthode platonicienne et allégoriste; Alexandrie reste le principal centre de la pensée chrétienne jusqu’au 7ème siècle.

V. Conclusion

À la fin du 3ème siècle, le christianisme pénètre tout l’Empire romain, et s’est propagé même en dehors. Il est accepté jusque dans les échelons les plus élevés de la société et du gouvernement. Toutefois, il a encore des ennemis mortels: philosophes, prêtres païens, magiciens, fausses religions et les empereurs. Les chrétiens ont accumulé leur part de richesses, et bien des églises ont de beaux bâtiments.

Hélas, le christianisme a été progressivement déformé dans la chrétienté, car les différences entre l’an 100 et l’an 312 sont grandes à cause:

1. des œuvres méritoires qui ont enfanté l’ascétisme, la perversion de l’amour, la transformation des ordonnances en mystères magiques
2. du fétichisme (culte des reliques)
3. du sacerdotalisme
4. du ritualisme
5. de l’interprétation allégorique
6. du pardon des péchés effectué par l’évêque
7. d’une hiérarchie écrasante
8. du début des synodes/conciles dont les décisions sont devenues des lois, car approuvées par l’Empereur
9. des églises somptueusement décorées
10. de la mondanité du «clergé»
11. de la débauche qui se généralise parmi des chrétiens de toutes conditions
12. de l’entrée des païens dans l’église, sans passer par la conversion
13. de l’instauration de toutes sortes de fêtes religieuses
14. de la vénération des martyrs («saints» plus tard).

Heureusement tout n’est pas sombre (voir le § IV. ci-dessus), car le Seigneur a toujours connu ceux qui lui sont fidèles.

Ce résumé est important: toute la suite du christianisme et de la chrétienté découle, en bien et en mal, des trois premiers siècles.


ISLAM

Paul GESCHE, Docteur ès Sciences et chercheur scientifique travaillant pour le groupe chimique français RHODIA, est marié et père de six enfants. Après avoir grandi en Alsace dans un contexte d’implantation d’Eglise, il est depuis 1989 un des anciens d’une Eglise évangélique pionnière établie au centre de Lyon. Il a découvert l’islam et le monde musulman au début des années quatre-vingts, alors qu’il était coopérant technique en Algérie. Depuis une dizaine d’années, il est le Président de Ministère Evangélique parmi les Nations Arabophones, la branche française d’une mission internationale autrefois connue sous le nom de North Africa Mission et aujourd’hui sous le nom de Arab World Ministries.

A l’aube du XXIe siècle, l’islam est la seconde religion dans le monde, mais aussi dans un pays européen comme la France où il avait eu au fil des siècles un rôle plutôt marginal. L’islam est une religion dont on parle beaucoup dans les médias, car il fournit une clé pour comprendre certains des événements les plus significatifs de notre histoire récente. L’islam «avance», dit-on, pour exprimer le fait que son influence politique et religieuse se fait sentir en dehors des pays traditionnellement reconnus comme musulmans. C’est le cas particulièrement en Afrique, mais des pays comme les Etats Unis, le Canada ou l’Australie ont aussi découvert avec une certaine surprise l’importance que revêtait désormais pour leur pays une communauté qui s’identifie comme musulmane.

Mais avant d’être un mouvement ou une force en mouvement dans notre monde à la recherche de nouveaux équilibres, l’islam est une religion d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards qui cherchent à obéir à Dieu en manifestant une piété et en accomplissant des rites qui vont conditionner leur culture et leur représentation du monde. L’islam est un phénomène humain, bien plus qu’un ensemble de doctrines! L’islam est au départ un choix de vie, puis il devient une vie de choix déjà préparés, muris, enseignés et surveillés. Un être humain sur cinq est engagé dans cette relation avec un Dieu tout puissant et omniscient, plus grand que tout ce qui pourrait Le représenter (note: c’est la signification du cri de ralliement des musulmans: Allahou akhbar, Dieu est plus grand!). Un être humain sur cinq cherche à s’inspirer de la vie et de l’enseignement, de Muhammad (note: selon les pays et les époques, on trouve les formes voisines de Mahomet, Mehmet, Mohammed), un chef arabe qui a réussi à unifier son peuple au VIIe siècle en triomphant du polythéisme astral de leurs ancêtres. Un être humain sur cinq, cinq piliers pour édifier une vie et nourrir une foi qui trouve sa source dans un recueil de prédications, le Coran. L’islam se présente volontiers comme une religion toute naturelle, simple et logique, éloignée des extrêmes de la spéculation légaliste et de l’athéisme philosophique ou pratique.

Le chrétien observe l’islam qu’il a vu naître et se développer. L’Eglise s’interroge devant ce milliard de croyants qui se sont organisés sans clergé et sans prêtres à côté d’elle, autour d’elle et parfois là où elle a cessé de briller! Venu si tard après la période des apôtres, l’islam pose des questions auxquelles il n’est pas toujours facile de répondre: quelle est sa signification dans le plan de Dieu, comment s’intègre-t-il dans notre compréhension des Derniers Temps, pourquoi tant d’hommes sont-ils musulmans à l’heure où l’Evangile se répand en tous lieux par le livre, par les ondes, par la prédication missionnaire? Il y a eu beaucoup d’incompréhension entre musulmans et chrétiens, il y a beaucoup de préjugés de part et d’autre, et on constate généralement une profonde méconnaissance de l’autre, même lorsque les circonstances de la vie et les migrations économiques mélangent les hommes et les forcent à partager certaines de leurs expériences.

En attendant de pouvoir expliquer convenablement le christianisme au musulman, il semble utile de chercher à expliquer l’islam au chrétien, non pour lui présenter une foi alternative, mais pour lui faire sentir quels sont les besoins qui restent inassouvis dans le cœur des musulmans et qui constitueront autant de point de départ pour l’œuvre de la grâce de Dieu, manifestée en Jésus Christ notre Sauveur. C’est ce que nous ferons, Dieu voulant (note: le musulman dirait: Incha’Allah!), dans une série d’articles que nous vous proposons autour des thèmes suivants :

– la foi musulmane
– la piété musulmane
– la société et le monde musulman
– le musulman et Jésus
– le musulman et la Bible
– le musulman et l’Esprit Saint
– du chemin de Damas à l’Eglise
– inviter et accueillir le musulman

La démarche que nous vous proposons fera une large place à la prière, à la recherche de la volonté de Dieu et à l’examen de conscience, car le serviteur de Dieu doit être préparé en vue de toute lutte spirituelle, revêtu de l’amour et de la justice de Jésus. Alors seulement son témoignage suscitera les bonnes questions, produisant le fruit de la repentance. D’autre part, nous vous recommanderons chaque fois que cela sera possible un livre qui vous permettra de poursuivre la réflexion.

Que le Seigneur nous dirige dans ces réflexions, que nous voulons avant tout pratiques, afin que de nombreux musulmans puissent rencontrer des chrétiens avertis et rayonnants, afin qu’ils se convertissent à Jésus leur Sauveur et que le nom du Dieu Tout Puissant et Tout Miséricordieux soit loué à jamais.

Bibliographie: Paul BALTA L’Islam Le Cavalier Bleu (Idées reçues); ISBN: 2846700214, Paris 2001

Arab World Ministries a été créé en 1883 pour continuer un effort d’évangélisation dans les montagnes de Kabylie, à l’est d’Alger. Au fil du temps, cette mission interdénominationnelle et internationale a étendu ses activités sur toute l’Afrique du Nord et depuis la fin des années 1980, sur les pays de la péninsule arabique, l’Egypte et le Moyen Orient. Avec près de 250 missionnaires, c’est une oeuvre spécialisée qui travaille essentiellement parmi les Arabophones et les immigrés du monde arabe installés en Europe et en Amérique. Ses activités comportent un volet médias très stratégique, avec des émissions radio et des programmes de télévision. Arab World Ministries collabore avec d’autres oeuvres dans les régions et les secteurs où elle travaille. Plusieurs équipes comprennent des missionnaires appartenant à des missions soeurs et une place croissante est faite aux évangélistes d’origine arabe ou nord-africaine, dans leur pays ou là où ils se sont établis. M.E.N.A. travaille en France depuis 1980 avec le souci de collaborer avec les Eglises locales, de servir les Instituts de formation biblique et avec les convertis issus de l’islam.


ISLAM

La difficulté d’annoncer l’Evangile aux musulmans et de les amener à Jésus- Christ a fait naître une production abondante de littérature. Ce sont surtout des conseils, voire des recommandations ou suggestions quant aux stratégies ou «astuces» à utiliser par celui qui est appelé à annoncer l’Evangile dans les zones où l’islam a pignon sur rue.

La réflexion que j’aimerais soumettre au lecteur – je ne suis pas «spécialiste» des questions touchant l’islam – provient de mes diverses expériences en partageant l’Evangile avec les musulmans, en particulier ceux du Sénégal. Cela concerne également la réponse ou la réaction des musulmans à l’Evangile.

L’Ordre suprême du Seigneur

L’ordre suprême du Seigneur est clair et sans ambiguïté: l’évangélisation est une responsabilité qui incombe à tout enfant de Dieu (Mat 28.19-20). Et mieux encore, cet ordre est assorti d’une garantie de sécurité pour celui qui s’y engage («…je suis avec vous…»). Pourtant, c’est le doute qui nous anime souvent et qui fait qu’on se pare de «méthodes», de «stratégies»…, oubliant souvent la puissance de la Parole de Dieu.

Loin de moi l’idée d’occulter dans l’approche des musulmans les spécificités qui leur sont propres et qui nous autorisent à être prudents. Ce que je veux dire surtout, c’est l’utilisation abusive et parfois exclusive de ces «stratégies». La réalité est là: malgré toutes ces «stratégies», l’islam est toujours en net progrès.

Quelles «méthodes» ?

Pourquoi l’islam est-il en net progrès? A mon avis, les musulmans sont conscients des méthodes qu’utilisent les évangéliques pour les gagner à Christ. Les méthodes les plus utilisées se situent au niveau du social (avec des projets de développement)… ce que font aussi, et mieux, les musulmans. Certains parmi eux participent à ces projets sociaux juste le temps de se faire de l’argent, en proclamant haut et fort qu’ils ne deviendront jamais chrétiens.

Autre méthode ou stratégie: la contextualisation. Elle est bonne et saine si elle est un effort d’adaptation et de compréhension des cultures musulmanes. Toutefois, pressée à l’extrême, elle apparaît ridicule et peut même devenir provocatrice pour le musulman. Souvent, cela se voit dans l’habillement et la langue…, deux «choses» qu’affectionnent nos frères et sœurs missionnaires dans leur champ d’action en contexte musulman. Tant ils sont convaincus qu’il faut s’habiller comme les musulmans et parler leur langue. Et la réaction des musulmans est souvent la suivante: «Pourquoi ces étrangers s’habillent-ils comme nous et parlent-ils nos langues? Pourquoi s’intéressent-ils à notre culture?» Ils trouvent suspect l’intérêt que les chrétiens ont pour eux.

L’initiative «inversée»

Face à tout cela, on serait tenté de croire qu’il est impossible, voire très difficile de toucher les musulmans et de les amener à Christ .

Connaître la psychologie du musulman est une chose fondamentale et essentielle. Elle permet de savoir ce qu’il pense de nous, les chrétiens. L’ordre suprême de notre Seigneur Jésus-Christ implique de l’initiative de notre part. Toutefois, elle devrait être «inversée». En clair, le musulman attend en premier lieu du chrétien qu’il vive ce qu’il proclame. Il attend de nous un témoignage vivant et pratique. C’est à ce moment-là qu’ils s’approchera du chrétien en prenant l’initiative (ce que j’appellerais «initiative inversée»). Il sera ouvert et enclin à écouter l’Evangile que nous lui présentons, parce qu’il sera devenu plus crédible pour lui.

Il va de soi que sa conversion à Christ incombe à Dieu. Notre seule responsabilité par rapport à notre présentation de l’Evangile sera de prier pour lui et de croire en sa puissance pour le sauver.