PROMESSES

APOLOGÉTIQUE

Première partie

L’auteur a fait ses études en théologie à Lausanne et exercé un ministère dans le cadres des Groupes Bibliques Universitaires (GBU). Il a eu l’occasion d’observer de très près les tendances de notre société et de ses futurs leaders. Olivier Bangerter est titulaire d’un doctorat en théologie de l’université de Genève et sa spécialisation porte sur l’histoire de la Réforme en Suisse. Cet article est présenté en deux parties. Dans sa première partie, l’auteur décrit l’évolution de notre monde durant les 50 dernières années. Dans sa deuxième partie il continuera à décrire les caractéristiques de cette nouvelle vision du monde et tentera de définir le rôle du chrétien dans ce nouveau contexte.

1. Introduction

Il y a une douzaine d’années, je terminais mon gymnase (lycée). Actuellement, je travaille avec des étudiants qui fréquentent de telles institutions. Le moins que l’on puisse dire est que le climat a beaucoup changé: «Il y a vingt ans, pour intéresser ses élèves, on leur parlait de marxisme. Et pour les faire rigoler, on leur parlait de Dieu. Aujourd’hui, c’est l’inverse1. » Dans les sociétés occidentales, on découvre une ouverture au spirituel, même si ce spirituel n’est pas toujours chrétien, loin de là.

Lorsque j’en discute avec des personnes plus âgées, j’entends souvent dire que «tout fout le camp» et que la jeune génération est pire que la précédente. Ce discours m’étonne et je n’arrive pas à y croire. Il n’est pas sage de croire que le passé a été meilleur que le présent (Ecclésiaste 7,10). Il y a quelques années, certains s’insurgeaient contre leur société où l’athéisme, au moins pratique, régnait en maître; de nos jours les mêmes s’insurgent contre l’ouverture spirituelle très large de leurs contemporains. Est-ce tout à fait honnête?

1.1. Une question de vision du monde

La vision du monde postmoderne est une vision du monde parmi d’autres (moderniste, médiévale, animiste, confucianiste, pour n’en citer que quatre). Comme toutes les autres, elle contient des éléments positifs et des éléments négatifs. A nous de discerner les chances et d’évaluer les dangers plutôt que de rejeter en bloc ce que dit le monde et nous enfermer. Refuser ce travail de discernement aurait pour nous deux conséquences graves: passer à côté de possibilités apologétiques que Dieu nous donne (relisez Actes 17 pour voir comment la culture païenne a fourni à Paul des éléments pour annoncer Jésus-Christ) et nous laisser subrepticement influencer par cette vision du monde, un processus déjà bien entamé.

Depuis environ deux siècles, l’Eglise en Occident a été confrontée à une vision du monde très forte et souvent agressive, le modernisme, qui trouvait ses origines dans les Lumières et la Révolution. L’Eglise a réagi tant mal que bien à cette vision du monde dont les caractéristiques sont assez simples: notion de progrès, confiance dans des concepts définis, matérialisme, rationalisme, l’homme comme sujet pensant, centre du monde, bon. Emile Zola nous en a laissé une belle définition dans Le Docteur Pascal:

«Je crois que l’avenir de l’humanité est dans le progrès de la raison par la science. Je crois que la poursuite de la vérité par la science est l’idéal divin que l’homme doit se proposer. Je crois que tout est illusion et vanité, en dehors du trésor des vérités lentement acquises et qui ne se perdront jamais plus. Je crois que la somme de ces vérités, augmentées toujours, finira par donner à l’homme un pouvoir incalculable, et la sérénité, sinon le bonheur… Oui, je crois au triomphe final de la vie.»

Le modernisme a eu plusieurs incarnations, dont le marxisme et le libéralisme. C’est à travers cette philosophie que la colonisation a été justifiée; on a estimé que les nations les plus avancées avaient le droit et même le devoir d’en annexer d’autres pour leur apporter les bienfaits de la civilisation.

La question de la colonisation est un bon exemple pour montrer le rôle ambigu de l’Eglise face au modernisme. D’une part, elle a participé d’assez bon gré à ce processus paternaliste, en exportant des modèles occidentaux et en ne visant souvent pas à former des églises locales indépendantes; d’un autre côté, les chrétiens (évangéliques) ont été à l’avant-garde de la préservation des langues locales et de la lutte contre l’esclavage (Wilberforce en Angleterre). L’Eglise est toujours tentée de réfléchir et d’agir comme le monde: cela se passait au 19e siècle et se passe encore au 21e siècle. A nous de ne pas être dupes de notre époque, même si nous y sommes immergés.

1.2 Du modernisme au postmodernisme

Le premier coup porté au modernisme a été la Première Guerre Mondiale; il est en effet difficile d’imaginer que l’homme est bon après en avoir vu quelques millions s’étriper dans des tranchées pendant quatre ans, par tous les moyens, de la pelle de tranchée jusqu’aux gaz de combat. Un autre élément a été la théorie de la relativité qui a remis en case un des piliers de la pensée traditionnelle, la physique newtonienne. Plus près dans le temps, on trouve Hiroshima, qui a à nouveau mis en cause la bonté de l’homme, puis Mai 68, qui a secoué le carcan social aux niveaux de la morale et de la pensée, le choc pétrolier de 1973, qui a mis en cause l’idée de progrès sans fin. La notion de progrès a d’ailleurs pris un autre coup en 1975 lorsque le Club de Rome a annoncé que la croissance économique avait des limites.

En 1979, Jean-François Lyotard, en publiant un livre intitulé La condition postmoderne: rapport sur le savoir2, a inauguré le postmodernisme philosophique. On a commencé à parler de déconstruction. La linguistique a mis en doute l’importance du signifié en faveur de celle du signifiant. En simplifiant, on dira que la vérité est éjectée du champ de la recherche, au profit des histoires3. Pour finir notre voyage dans le temps, il y a eu 1989, la chute du Mur de Berlin qui a accéléré celle du communisme, dernière grande idéologie moderniste.

1.3. Le postmodernisme

Le postmodernisme, «galaxie mal définie d’idées – allant de l’art et de l’architecture aux sciences humaines et à la philosophie » (Alan Sokal) – est la vision du monde dans laquelle nous baignons en Occident. C’est le résultat de plusieurs éléments: d’abord et surtout la faillite du modernisme, esquissée ci-dessus; il faut chercher autre chose4! Il est dommage que les chrétiens n’aient pas été les premiers à mettre les clous philosophiques dans son cercueil, car ils en avaient l’appel et les moyens. La confiance illimitée en la science et en ses découvertes, qui se heurte à des limites méthodologiques (principe d’incertitude d’Eisenberg par exemple), se heurtait aussi à des limites théologiques: un cœur sur lequel on ne peut pas compter et une intelligence obscurcie.

Un autre élément a contribué à créer une nouvelle vision du monde: le boom des communications. Les informations vraies ou fausses circulent à une vitesse et dans une quantité inimaginables il y a 50 ans. Liaisons satellites, internet, migrations massives, possibilités de voyages, tout se conjugue pour amener à la portée du monde occidental des informations nombreuses et variées. De plus en plus, nous nous trouvons confrontés à d’autres cultures, que ce soit lors de nos vacances, par les étrangers qui viennent chez nous ou par les médias. Le brassage des personnes est complété par celui des idées: dans les années 60, seules quelques élites intellectuelles avaient accès aux religions orientales; aujourd’hui vous trouvez des centaines de livres sur le sujet dans votre librairie. Plus on a d’informations, plus on doit choisir entre ouverture (mondialisation ou réactions citoyennes) et fermeture (micro-identités, retour au tribalisme). Plus on a d’informations à disposition, moins on creuse. C’est dommage, mais c’est ainsi: la superficialité dans l’appréhension du monde et des autres est devenue la règle. Elle s’accompagne de ce qu’on appelle l’ouverture et de la compréhension de l’autre. Il est plus facile de comprendre ce dont on ne fait qu’effleurer la surface: «Toutes les religions disent la même chose» entend-on de gens qui ont peut-être lu un peu de Bible, mais ni Coran ni écrit bouddhiste. La connaissance des religions dont ils font preuve est insignifiante!

Avec la masse d’informations vient la complexité: qu’est-ce qui est vrai? que choisir? L’abondance de possibilités de choix rend tout choix difficile. Savoir quel programme une famille regardera à la télévision pour une soirée donnée s’apparente à un casse-tête. Autant acheter deux ou trois télévisions de plus, ce que beaucoup font! Tout choix devient une affaire de consommation, aussi pour la religion: il y a deux cent ans en Europe, vous pouviez choisir entre le christianisme et l’athéisme, point final. Aujourd’hui, vous pouvez vous tourner vers le christianisme, l’islam, le bouddhisme, l’hindouisme, le panthéisme façon New Age, des petites sectes en pagaille, sans parler d’un ensemble de philosophies plus ou moins religieuses, comme le taoïsme. Cette avalanche de possibilités cause une crainte de mal choisir, qui peut se transformer en refus de choisir. On préfère voler de fleur en fleur comme un papillon, plutôt que de se poser une fois. Le phénomène des chrétiens qui ne fréquentent que les conventions en est un résultat direct.

A force d’accumuler des connaissances superficielles et de ne jamais se donner les moyens de choisir, la personne perd son unité. Il devient dès lors possible, et même recommandé, d’être deux personnages différents au travail et dans les loisirs. La liberté est immense, mais il n’y a aucun cadre pour la structurer. Cela induit tout autant la tolérance à l’encontre de tout, ou presque, que le stress et la recherche d’endroits où l’on se sente bien. Que ces endroits soient la face nord du Cervin, un petit groupe d’amis, un engagement humanitaire ou une Love Parade, le but est le même: se sentir bien, s’évader dans l’expérience.

2. Cinq caractéristiques du monde postmoderne

Quittons le monde des grandes idées philosophiques pour descendre au ras des pâquerettes, là où les gens vivent. Je n’ai pas la prétention de définir ici tout habitant de l’Occident du début du 21e siècle; mais les tendances sont réelles et dessinent la société de demain; elles sont observées en particulier chez des jeunes…

2.1. Illusions perdues

On appelle souvent la génération actuelle la génération X, d’après le titre d’un ouvrage de Douglas Copland. Pour ma part, je l’appelle la génération des illusions perdues. Autant les jeunes que des gens d’âge mûr y sont sujets. C’est toujours un moment très douloureux, où tout ce en quoi on a cru se révèle n’être qu’un décor de carton-pâte.

Quel est le secret d’une vie réussie? Bien souvent, on le définit ainsi: «un bon diplôme, un bon travail, gagner bien de l’argent, trouver l’Amour, avoir une belle famille et pouvoir se payer des vacances.» «Mensonge éhonté» devraient dire les chrétiens; «mensonge éhonté» pensent bien des gens dans leur cœur, mais comme il n’y a rien d’autre, on essaie quand même. Reprenons ces éléments un à un:
1) Un bon diplôme? Il y a de plus en plus intérêt à ce que votre diplôme soit très bon si vous voulez une place de travail.
2) Un bon travail, bien travailler? Bien des gens de 50 ans ont beaucoup travaillé mais se retrouvent au chômage et bien des étudiants bardés de diplômes sont au chômage malgré tout.
3) Un bon salaire? Quand on voit de grandes entreprises annoncer en même temps des bénéfices records et des suppressions d’emplois, il est préférable d’avoir des actions!
4) L’Amour, avec un grand a? Ce point mérite un traitement à part.
5) La famille? Les relations parents-enfants ne sont pas toujours au beau fixe, c’est le moins qu’on puisse dire: «Cher père, Je t’en veux de m’avoir laissée, abandonnée et bien souvent oubliée. Je ne suis pas un objet à qui on donne des sous chaque mois. Je ne suis pas à vendre » écrivait une jeune fille à son … géniteur dans une lettre ouverte.
6) Les vacances? Cela marche encore, mais ne remplit pas une vie.

Revenons à l’Amour. Les médias idéalisent le Grand Amour, celui où tout va bien. Dans les beaux films romantiques, tout se termine dans le bonheur. Pourquoi «se termine » d’ailleurs, n’est-ce pas un aveu? Prenons quelques exemples: La Boum 1, La Boum 2, L’étudiante, Crocodile Dundee. Dans chaque cas, c’est le bonheur le plus épanouissant, mais remarquons qu’en trois films, Sophie Marceau aura trois grands amours et que Crocodile Dundee commencera le deuxième film au bord de la séparation d’avec celle qu’il aimait tant dans le numéro un. Amour toujours? Si vous êtes friands des titres des journaux populaires où l’on découvre les amours des stars, vous savez que l’amour, le vrai, le grand, dure rarement. L’amour est un sentiment délicieux, mais il ne rime plus avec toujours. Alors comme on n’y croit plus trop, on fait ce qu’on peut pour s’en donner l’illusion ou pour jouir de relations dont on craint qu’elles finissent vite. Et les statistiques parlent de 50% de mariages qui se terminent par un divorce. D’ailleurs la fidélité n’est pas une chose dont on puisse être sûr: si un beau milliardaire propose un million de dollars pour une nuit avec une femme mariée, que se passe-t-il? Le film Proposition indécente donne une réponse pessimiste. Dans un tel contexte, on peut comprendre ceux qui ne regardent pas plus loin que l’instant présent et veulent surtout profiter de ce qu’ils ont.

La société et l’autorité sont aussi remises en cause. «Que peut-on attendre de toi (la société)? Une vie bien rangée? Une femme, deux gosses et huit heures de travail par jour? N’y a-t-il pas d’alternative?»: la question de ce jeune mérite d’être posée et la réponse probable n’incite pas à la joie débordante.

L’autorité des professeurs et des parents est sapée lentement. Certes, la contestation en Mai 68 a passé par là, mais l’essentiel est ailleurs: comment voulez-vous avoir du respect pour l’autorité quand elle n’en est pas digne et qu’elle n’a pas cessé de déconstruire sa propre crédibilité? L’école en est un exemple, mais pas le plus frappant: si les «autorités» tendent à saper l’autorité des professeurs, ces derniers font souvent de leur mieux avec peu de moyens. Le monde politique est plus éclairant: le nombre de promesses électorales non tenues, d’affaires de corruption et de détournements de fonds, de compromissions avec l’injustice n’incite pas au respect («tous pourris»). Tout cela permet de comprendre bien des méfiances!

Les autorités des églises subissent le même mouvement, et il faut bien dire qu’elles y prêtent le flanc: on affirme que la Bible régit tout et que tout va bien dans nos cercles, mais… Il y a aussi des luttes de pouvoir, il y a des abus sexuels non sanctionnés (y compris dans des églises évangéliques), il y a des coutumes que l’on met avant la Parole de Dieu, il y a des faux-semblants et de l’hypocrisie. Il n’y a rien là d’anormal: l’Eglise est composée de pécheurs repentants, elle est imparfaite et l’a été de tout temps (relisez les épîtres en cas de doute). Le problème n’est pas là! Aussi étonnant qu’il y paraisse, les jeunes répondent bien à l’autorité quand elle est exercée pour le bien de celui sur qui elle a des effets, par l’exemple, dans le respect, avec intégrité. Le problème est dans le fait que toute autorité est sapée dans notre culture et que les chrétiens la vivent comme le monde: pour certains d’entre eux, la Bible est même devenue une autorité parmi d’autres (on lit «un texte» à haute voix, on étudie le dernier livre de l’auteur chrétien à succès, au même niveau que la Bible). L’autorité de Dieu dans nos vies est le premier pas pour convaincre ceux à qui nous parlons de lui.

La génération qui a perdu ou détruit ses illusions est encore incapable de les remplacer par quoi que ce soit de solide. «Il y a peu d’espoir dans la société actuelle; on aurait besoin d’un élan nouveau (…) pour changer et aller plus loin; j’ai l’impression qu’on stagne.» Lors d’une grève à l’université de Lausanne, j’ai demandé à un étudiant quel était son espoir pour l’avenir: «c’est là le problème; il y a encore de l’argent, mais plus d’espoir.» Cela peut se comprendre quand toutes les promesses se sont révélées fausses.

2.2. L’homme (je) est la mesure de toute chose

«L’homme est la mesure de toutes choses, pour celles qui sont de leur être, pour celles qui ne sont pas de leur non-être.» Cette phrase a été écrite bien avant le postmodernisme, mais elle pourrait être signée par nombre de nos contemporains. L’être humain est au centre. On en fait la mesure de toutes choses, l’élément ultime, la seule valeur qui semble encore ferme. Il est vrai que personne n’a encore été assez fou pour douter radicalement de l’homme. Le postmodernisme, au contraire, exalte l’homme: à force de tout déconstruire, seul reste le sujet et ses propres valeurs ou sa propre histoire. Par sa raison en partie, mais surtout par ses sens, il se fait ainsi le centre du monde ou, pour être précis, le centre de son propre monde. «Je, en tant que sujet, suis ma justification et ma raison d’être. Je peux donc choisir ce qui est vrai ou pas car je suis la mesure de toutes choses.» On peut le voir dans la définition pratique du vrai (nous verrons plus loin que sa définition théorique n’existe plus): «Est vrai ce qui marche pour moi maintenant». Il n’est pas obligatoire que cela marche encore demain. Toute notion de cohérence est bannie au profit d’un pragmatisme centré sur le sujet; ce qui me plaît est plus important que ce qui va ensemble. On vous dira «bien aimer» Jésus, mais aussi la réincarnation. C’est la conséquence logique de cette vision de l’homme. Les notions de vrai et de faux sont battues en brèche. Ce qui est important est la réalisation de soi, ou la recherche de plaisir!

En corollaire avec la montée de l’individualisme, des valeurs comme le sens du devoir et l’effort à long terme tendent à disparaître. Les entreprises qui le même jour annoncent des résultats records et des licenciements en sont l’exemple parfait: leurs actionnaires ne veulent pas entendre parler d’autre chose que de rentabilité à court terme, et surtout pas de responsabilité sociale. Si l’individualisme est la valeur dominante, cela n’a rien d’étonnant.

Une petite remarque: la notion même de valeur est un produit de la vision du monde postmoderne: il y a un siècle, on aurait parlé d’absolus moraux, on parle aujourd’hui de valeurs. Ces dernières sont par définition relatives les unes aux autres et surtout aux individus qui les tiennent pour bonnes. Cela posera de graves problèmes lorsqu’il faudra établir des normes sociales. Le chrétien ne doit pas s’étonner de cette situation: lorsqu’on éjecte Dieu du centre de la pensée pour y mettre l’être humain (en 6’000’000’000 d’exemplaires), l’unité de morale est impossible. Lorsque la société demande aux églises des valeurs, il y a un piège pour nous: proposer des valeurs qui soient acceptables pour le plus grand nombre plutôt que la volonté de Dieu. Cette dernière ne peut pas, par définition, être acceptable à ceux qui demandent des valeurs. Pour eux, même si l’être humain n’est pas fondamentalement bon, il n’est pas complètement mauvais. «C’est vrai, il n’est pas parfait, il commet quelques erreurs.» La notion de péché est évacuée!

Notes :

1 Jérôme Cottin, Construire, 51-52, 17 décembre 1997, p 16.
2 Paris, éditions de Minuit. D’autres noms d’auteurs qui vont dans le même sens ou sont revendiqués: Friedrich Nietzsche, Martin Heidegger, C.S. Peirce, Jacques Derrida, Hans-Georg Gadamer, Michel Foucault, Richard Rorty.
Le présent article sera centré sur l’aspect populaire du postmodernisme, pas sur ses représentants académiques.
3 Henri-Irénée Marrou, grand historien catholique, attaque dans un article de 1975 le relativisme de M. de Certeau et des lecteurs de Lévi-Strauss, Roland Barthes, Michel Foucault, mettant en doute la notion de vérité. Selon lui, la recherche de la vérité est la finalité de la recherche scientifique. En sciences humaines, cette affirmation est sérieusement remise en doute.
4 Dans son livre Les Enfants du Verseau, Marylin Ferguson l’affirme dans une belle formule: «Il nous faut pénétrer dans l’inconnu; le connu n’a déjà que trop failli aux espoirs que nous y avions fondés.»


VIE CHRÉTIENNE

(2ème partie)

Cet article comprend la deuxième et dernière partie du thème «la résistance à l’esprit du monde». Son auteur, Paul-André Dubois, expose les différentes facettes du culte de l’homme et, dans sa conclusion, nous donne le secret pour résister à l’esprit du monde régi par son prince. Les deux articles ont paru dans la revue trimestrielle «La Bonne Nouvelle», 21, rue de la Patinoire, CH-2504 Bienne (n° 4/2000 et 1/2001). Nous les avons reproduits avec l’aimable autorisation de sa rédaction.

Dans la première partie de cet article – «La résistance à l’esprit du monde» -, nous avons illustré ce combat par l’exemple donné au VIIe siècle avant Jésus-Christ par Daniel et ses trois compagnons, dans leur confrontation avec l’idolâtrie païenne: Daniel ch. 1, 3, 6. Puis nous avons dégagé trois leçons:

– Il incombe au croyant, quelle que soit l’époque, de ne pas reculer d’un pouce dans la lutte contre l’esprit du siècle.
– C’est l’erreur qui doit reculer; les rois païens ont fini par «louer» le Dieu des Hébreux, cf. Dan 6.25-27. L’emprise de l’idolâtrie sur eux s’est relâchée.
– Cette victoire spirituelle n’est possible que par la foi, cf. Héb 11.30-34; 1 Jean 5.3-5, qui est capable de vaincre des royaumes, à savoir la coalition de la puissance politique et religieuse.

III – La résistance au monde aujourd’hui

A chaque époque de l’histoire, les croyants ont été et sont confrontés à l’esprit du siècle, à ce qui émane de la société sans Dieu. La culture du jour, les modes de penser, de sentir, de vivre, voudraient s’imposer à l’enfant de Dieu, le modeler, et pour la simple raison qu’il y a, derrière tout cela, une puissance spirituelle invisible en conflit irréductible avec Dieu et avec le peuple de Dieu. Le diable, appelé par Jésus- Christ le prince de ce monde, Jean 12.31; 14.30, et par Paul le dieu de ce siècle, qui aveugle l’intelligence des incrédules afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de la gloire de l’Evangile de Christ, cf. 2 Cor 4.3,4, patronne la société sans Dieu. Il est le «chef d’orchestre» invisible derrière le rideau.

Nous aussi, nous sommes exposés, soumis à d’énormes pressions dans notre intelligence, notre âme, notre sensibilité, nos sens. Nous aussi, nous devons affronter un rouleau compresseur culturel qui cherche à «niveler» les conceptions, les émotions, les réactions, les aspirations. Ce rouleau compresseur agit avec d’autant plus d’efficacité qu’il dispose d’un appareil médiatique perfectionné et de la puissance grandissante des images. L’homme moderne ne court-il pas le risque d’être un jour enseveli sous les images et les moyens d’information et de communication toujours plus développés et performants?

Le danger est d’être peu à peu conformés à un modèle culturel unique conçu par le diable, d’être embrigadés à notre insu dans de nouvelles formes d’idolâtrie, dans des cultes adaptés à notre époque, cf. Rom 12.2.

Ce modèle culturel unique se reflète dans le langage, de plus en plus impersonnel, uniforme et d’une pauvreté effrayante! Les cultes dominants sont facilement repérables et ils vont dans le sens d’une nouvelle «paganisation » de notre société. Je vais partir de ce qui est le plus tangible et choquant.

A) Le culte du sexe

Avec ce culte, de plus en plus agressif et envahissant, on est tout près de la pourriture morale de la Grèce et de la Rome antiques. Il suffit pour s’en rendre compte de lire les dénonciations de Paul et de Pierre, cf. Rom 1.18-32; 1 Pi 4.1-6.

Après la seconde guerre mondiale, on a beaucoup parlé de révolution sexuelle et de libération des mœurs. Mais le dernier mot, «libération», est terriblement trompeur. L’apôtre Pierre ne dit-il pas: Ils leur promettent la liberté, quand ils sont euxmêmes esclaves de la corruption, car chacun est esclave de ce qui a triomphé de lui, 2 Pi 2.19?

Les idéaux de pureté, chasteté, discipline dans le domaine des sens, ont été mis au rancart. On a prôné et prêché «l’amour libre », hors mariage, avant le mariage (pour ceux qui donnaient encore une valeur à cette institution divine), sans cadres, sans frontières, sans contraintes, sans tabous!

La pression du sexe, de l’érotisme, de la sensualité, de l’hédonisme (recherche du plaisir, cf. 2 Tim 3.4), se fait sentir partout, et les chrétiens n’y échappent pas. Ce «moule » culturel veut s’imposer. L’idolâtrie du sexe pénètre tout: les journaux, les livres, certains festivals, un certain type de musique, le cinéma, la télévision, les bandes dessinées, la publicité et, bien sûr, la mode!

On peut dire de la société moderne «sans dieu», et sur tous les continents: Ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu’aux choses de la terre, Phil 3.19.

B) Le culte du corps

Voilà encore un relent de paganisme, et il y a forcément connexion entre ce culte et le précédent.

Plus l’homme moderne se vend au péché, aux plaisirs de la chair, autrement dit plus «il se vide de son âme», plus aussi son corps prend de la place.

Il est légitime de se préoccuper de la santé corporelle, mais l’attention et les soins apportés au corps – enveloppe de l’âme – ne doivent pas tourner à l’obsession. Pour la santé, le bien-être, la forme physique, les exercices, les disciplines et thérapies de tout genre se multiplient. Il suffit de penser à la prolifération des établissements de «fitness »!

Pour la beauté du corps, les produits et les soins cosmétiques sont légion; l’étalage publicitaire donne la nausée…

Le rite sacré du bronzage – malgré tous les risques qu’il comporte – montre que le corps est devenu le centre de tout et jusqu’où certains sont prêts à sacrifier à sa beauté.

C) Le culte de l’exploit ou de la performance

Peut-être pour se prouver à lui-même qu’il est quelqu’un, l’homme veut se dépasser, se surpasser. Il se lance des défis. A un présentateur de télévision qui lui demandait le pourquoi de sa tentative, une jeune Bretonne qui a traversé l’Atlantique à la rame a fait cette réponse significative: «Le dépassement de moi». Il semble que l’homme moderne soit hanté par l’image du «surhomme ».

Il y a les défis et les exploits d’ordre scientifique et technologique, comme la conquête de l’espace, le génie génétique… Mais Rabelais nous avertit que: «Science, sans conscience, n’est que ruine de l’âme». Cet écrivain du XVIe siècle a pressenti les dangers qui guettaient ceux qui veulent aller toujours plus loin dans la recherche de la connaissance.

Il y a les défis et les exploits sportifs: on tente aujourd’hui les épreuves les plus extrêmes, les plus risquées, les plus osées, les plus coûteuses aussi: il n’est que de penser au fameux «Paris Dakar», qui se répète chaque année, malgré son caractère scandaleux.

On se pâme devant des records qui se comptent en quelques centièmes de seconde!

De plus, les champions deviennent de vrais dieux: un joueur de basket-ball a même été qualifié de «dieu vivant». C’est du blasphème, de l’idolâtrie et de la pure folie collective.

Cette rage de l’exploit révèle le vide profond de l’homme moderne, orphelin de Dieu. Quel contraste avec le profond rassasiement intérieur de l’homme qui adore Dieu, devenu son Père en Jésus-Christ, cf. Phil 4.11 b, 12; Ps 131!

Que veut dire «se dépasser, repousser ses limites», si, en définitive, l’on passe toujours à côté du but suprême: Dieu Lui-même?

Ne s’agit-il pas de vains records et de vaines tentatives? L’homme se dépasse pour le vide et pour le néant, ce qui est tout à fait irrationnel. N’est-ce pas là ce que Jean appelle l’orgueil – ou la fanfaronnade – de la vie? (1 Jean 2.16)

D) Le culte du délire

Le trafic et l’usage de la drogue dans notre culture sont emblématiques. Ils révèlent que, dans ce domaine aussi, l’homme veut «s’éclater», dépasser ses limites. Mais il y a toutes sortes de drogues et toutes sortes de délires, de transes et d’extases.

A côté de la drogue chimique qui altère les états de conscience, qui «dilate» le psychisme et les perceptions sensorielles (le poète Rimbaud parlait déjà d’un «dérèglement de tous les sens»), il y a aujourd’hui le délire de la musique. Dans certains concerts l’on assiste à un phénomène d’hystérie collective, que le dictionnaire définit comme un «délire nerveux». Or, l’hystérie – la perte de contrôle – est contraire à la volonté de Dieu, cf. Eph 5.18, et l’inverse du résultat de l’action du Saint-Esprit. Dans Gal 5.22, «la tempérance», un des fruits de l’Esprit, signifie l’auto-contrôle.

Il y a aussi le délire mystique ou religieux. A Delphes, la pythie vouée au culte d’Apollon et qui rendait des oracles, entrait en transe en mâchant des feuilles de laurier.

Aujourd’hui, une frange importante de la chrétienté s’est laissé envahir, depuis le milieu du XXe siècle, par une série de vagues mystiques accompagnées de phénomènes bizarres extraordinaires: visions, prophéties, parler en langues, souvent dans une atmosphère survoltée. C’est un signe certain de paganisation, bien que tout cela soit attribué à l’action du Saint-Esprit, malgré le fait que la Bible le caractérise comme un Esprit d’ordre et de paix, cf. 1 Cor 14.33,40. Dans un livre paru en 1981 (Labor & Fides), intitulé «Le Mouvement Charismatique », l’auteur, Françoise Van der Mensbrugghe, enseignante et sociologue, a ajouté au-dessous du titre une double question: «Retour de l’Esprit? Retour de Dionysos?» Nous avons reconnu dans ce nom grec l’équivalent de Bacchus, dieu de l’ivresse et du délire.

E) Le culte de l’argent

La cupidité sans frein, taxée d’idolâtrie par l’Ecriture, cf. Col 3.5, est une des marques ignominieuses de notre société matérialiste, où les «affaires» (détournements, abus des biens publics, profits scandaleux, corruption), pullulent.

La poursuite frénétique du gain, du profit, accompagne l’exploitation du sexe, du sport et même du délire mystique. Ne connaissons- nous pas des «gourous» qui se remplissent les poches?

F) Le culte du nombre

Le nombre, la majorité, l’opinion majoritaire, semblent avoir une auréole. Voyez la course aux records d’audience à la télévision!

Un jour, une religion majoritaire, basée sur une unité de façade, factice, humaine et diabolique parce que fondée sur le compromis et la confusion, exigera la soumission des minoritaires, soit des chrétiens attachés à la pureté et à l’unité authentique de l’Eglise.

Serons-nous impressionnés, ébranlés, écrasés par le prestige du nombre, et allonsnous fléchir les genoux devant l’idéologie religieuse dominante et menaçante? Il en est aujourd’hui, hélas, et même dans le monde évangélique, qui ont déjà succombé et qui ont fait des alliances honteuses avec l’immense machine œcuménique (cf. la Célébration œcuménique du 23 janvier 2000 à la cathédrale de Lausanne, où une fédération d’églises évangéliques (1) a pris publiquement et officiellement des engagements qui déshonorent Dieu et constituent une trahison de l’Evangile).

G) Le culte de la nature

Quand l’adoration du vrai Dieu cède place à une perversion du sentiment religieux – par le rejet de la vérité révélée dans la création, cf. Rom 1.18-32, dans la conscience, Rom 2.14-16, et dans l’Ecriture – le sens du sacré doit se loger ailleurs que dans son objet légitime. «La créature» (les chose créées) se substitue au Créateur: … Ils ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. Amen! Rom 1.25.

Aujourd’hui, la déesse «nature» a remplacé le Dieu vivant et vrai. Ne lisons-nous pas souvent, sous la plume de scientifiques, que «la nature a bien fait les choses»? C’est une façon commode d’escamoter Dieu, d’occulter l’action du Dieu personnel infiniment sage et puissant.

Lors des dernières et toutes récentes catastrophes en Europe (tempêtes), les médias se sont référés à la fragilité de l’homme face… à la nature, aux éléments déchaînés. Je n’ai entendu personne faire allusion à Celui à qui la nature obéit, au Maître absolu de toutes choses, au Souverain de l’univers qui tient tout dans Sa main. Qui a élevé son regard au-dessus du monde naturel, vers Dieu qui siège dans les cieux? (Ps 123.1; Dan 4.34)

La majesté de Dieu est anachronique, une notion rétrograde! On en drape la nature, qui est «sacralisée».

Il peut y avoir, chez les écologistes, si épris et jaloux des équilibres naturels, un respect louable et utile des choses créées. Mais, le mal, c’est que la plupart d’entre eux ont complètement oublié le Créateur et qu’ils voient la nature presque comme une entité divine. Leur respect tourne à l’idolâtrie, la divinisation.

H) Le culte de l’homme

Sur un fond d’oubli volontaire de Dieu (dans ses rubriques religieuses, le Figaro a parlé «d’Europe apostate», de «paganisation de la France» et de «panthéisme qui revient au galop»), se développe le culte abominable de la confiance en l’homme, en ses capacités extraordinaires, en son génie «prométhéen », en son pouvoir à changer son destin, à infléchir le cours des événements.

Quelques esprits lucides, ici et là, discernent le côté dramatique de notre situation, voient que l’humanité va tout droit «dans le mur», entrevoient avec terreur la catastrophe finale. Mais ce qui prévaut, en général, c’est une confiance folle, aveugle et obstinée en l’homme, un optimisme buté, suicidaire, et cela malgré les coups de boutoir des deux grandes guerres mondiales, et les preuves accumulées au cours des siècles – «erreurs et horreurs» – de la misère morale de l’homme. Même s’il reste «grand» par certains côtés comme créature faite à l’image de Dieu, l’homme a amplement démontré sa faillite, son impuissance totale à maîtriser les forces du mal et de la destruction, à commencer par le mal qui est en lui et ronge son propre cœur.

En dépit de tout, la confiance, l’assurance, l’arrogance continuent à prévaloir, et l’on s’acharne sans états d’âme à élever «une statue d’or» à la gloire de l’homme. C’est la répétition de l’Histoire.

A l’aube de l’an 2000, j’ai été frappé d’entendre deux discours présidentiels allant exactement dans le même sens, celui de l’optimisme à tous crins nourri aux sources de la foi en l’homme. Cela fait frémir… surtout après des avertissements divins (catastrophes naturelles) comme ceux que nous avons eus récemment!

La forme individualisée de cette foi démente en l’homme, c’est «le culte de soi» que promeut et nourrit la psychologie, si omniprésente dans notre culture: Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes… 2 Tim 3.1,2. Egoïstes signifie littéralement épris d’eux-mêmes.

Un narcissisme effrayant sévit dans notre société, y compris dans une chrétienté décadente.

IV – Le secret pour résister au monde

Vers la fin du livre de Daniel, nous trouvons l’annonce prophétique de la venue d’un roi syrien, Antiochus Epiphane («l’illustre »), dont le règne se situe au début du IIe siècle avant Jésus-Christ (175 – 164). Ce roi impie cherchera à détruire en Palestine le culte du vrai Dieu, défiera la foi juive et les fidèles en Israël en dévalisant le Temple et en érigeant une statue de Jupiter dans le Lieu Très Saint. Il ordonnera aussi d’offrir des porcs en holocaustes et détruira tous les écrits sacrés qu’il trouvera. Ces profanations suscitèrent la révolte des Maccabées, cf. livre apocryphe du même nom.

C’est à propos de cette résistance héroïque à un paganisme provocateur et persécuteur que le livre de Daniel nous révèle le secret spirituel de la victoire: CEUX QUI CONNAITRONT LEUR DIEU agiront avec fermeté, Dan 11.32.

Pas de fermeté sans connaissance personnelle, intime, profonde de Dieu.

Les quatre Hébreux connaissaient intimement et clairement leur Dieu: sa gloire, sa puissance, souveraineté, fidélité, justice, miséricorde, bonté, etc. (cf. Dan 9, la prière du prophète).

C’est pourquoi ils ont pu, par la foi, résister à l’idolâtrie païenne et à ses menaces, et même la vaincre.

Cette connaissance est source de convictions inébranlables, et c’est d’hommes et de femmes convaincus dont l’Eglise a besoin, de chrétiens profondément enracinés dans la connaissance de leur Dieu à travers l’action de la Parole et de l’Esprit.

Notes :
(1) FREOE, «Fédération Romande d’Eglises et Oeuvres Evangéliques»


VIE CHRÉTIENNE

L’auteur de l’article, de nationalité congolaise, est marié et père de deux filles. Il est professeur à temps plein à l’Institut Supérieur Théologique de Bunia, en République Démocratique du Congo. Il est aussi Ancien d’une église évangélique à Bunia. Il est auteur de plusieurs exposés théologiques et animateur d’émissions évangéliques de deux radios locales.

«Mais si quelqu’un possède les biens du monde, voit son frère dans le besoin et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui? Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni de langue, mais en action et avec vérité» (1 Jean 3. 17, 18). Dans ces deux versets, Jean poursuit le thème de l’amour qu’il a introduit peu avant (3. 10) et qu’il développera dans la suite (4. 1-12). Le verset précédent (v. 16) donne l’exemple du Seigneur Jésus. «Donner sa vie pour ses frères» (v. 16) a le sens de voir les intérêts des autres plutôt que le sien propre. Il est clair que, au sens littéral, nous aurons rarement l’occasion de donner notre vie, de mourir, pour un autre… C’est pourquoi Jean parle ensuite de l’expression pratique de l’amour par ceux qui ont des biens et qui viennent en aide à ceux qui n’en ont pas. Donner sa vie dans ce sens signifie «donner de ses biens».

Les deux versets que nous allons étudier nous parlent de l’application pratique de l’amour et de sa conclusion logique: le véritable amour (v. 17) consiste à assister le nécessiteux (v. 18). Telle est la preuve de l’amour selon Dieu. Reprenons plusieurs expressions de ces versets pour les détailler.

«Mais»: Jean montre par un exemple typique ce que ne doit pas être la conduite d’un vrai croyant qui, n’étant pas dans le besoin, prive celui qui est réellement dans le besoin. Le mot traduit par «mais» marque le contraste frappant entre deux attitudes:
– d’une part, le dévouement poussé jusqu’à l’extrême (v. 16);
– d’autre part, une sécheresse de cœur indigne même d’un homme du monde!

«Quelqu’un» : ce pronom indéfini, joint à l’emploi du subjonctif, suggère une situation qui peut éventuellement arriver.

«Les biens du monde» 1 désignent les aspects extérieurs de la vie, comme la nourriture, le vêtement, l’argent, qui aident à maintenir la vie. C’est l’ensemble des moyens de vie, mais cela ne sous-entend pas forcément de grandes possessions (cf. Marc 12. 44).

«Dans le besoin» : le verbe utilisé2 suggère plus qu’un simple coup d’œil! Jean ne semble pas faire allusion à un regard indifférent, qui n’enregistre rien dans l’esprit de celui qui observe. Il parle ici d’un regard clairvoyant, qui permet de bien saisir quelle est la situation de l’autre. C’est également une des caractéristiques de Jésus- Christ, notre Maître: les besoins des hommes exerçaient sur Lui une attraction irrésistible. Il convient de noter qu’il n’est pas question des frères en général, mais «d’un frère en particulier qui se trouve dans le besoin».

Les besoins peuvent être matériels et corporels, tout comme moraux et spirituels: le pauvre est celui qui n’a pas de maison ou d’argent, mais aussi celui qui est seul, qui manque d’affection, etc.

«Il ne manifeste pas de la miséricorde envers lui» (littéralement: «il lui ferme ses entrailles»). Le mot grec rendu par «entrailles»3 désignait pour les Grecs le siège des émotions, et le siège de la miséricorde pour les Juifs (cf. Gen 43. 30). Ici, comme souvent ailleurs dans le N.T., ce mot exprime la compassion; il suggère un profond intérêt émotionnel ou une chaleureuse sympathie, une miséricorde active. Jean fait allusion à celui qui se figure qu’il lui coûterait trop cher d’aider son frère et qui décide de lui «fermer ses entrailles»4.

La question que pose Jean engendre la réponse: une telle personne n’a pas l’amour de Dieu en lui. Il convient ici de relever une ambiguïté, peut-être intentionnelle, de l’auteur. En effet, l’expression «l’amour de Dieu»5 peut se comprendre de plusieurs façons:

‚ D’abord, l’amour qui vient de Dieu. Il s’agit d’une réelle expérience de l’amour qui vient de Dieu, amour qui doit se manifester à son tour par celui exprimé envers les autres.
‚ Ensuite, il y a l’amour pour Dieu. Un véritable amour pour le Seigneur doit également s’exprimer dans un amour concret pour les enfants de Dieu.
‚ Finalement, le troisième sens peut être: l’amour comme celui de Dieu.

Partant de la comparaison faite avec Christ (cf. v. 16), il pourrait être question d’un amour comme celui de Dieu. En 1 Jean 4. 20, passage parallèle à celui- ci, où le principe est encore exprimé plus explicitement, Jean parle clairement de l’amour du croyant pour Dieu, ce qui cadre bien avec la deuxième possibilité, pour laquelle d’ailleurs j’opterais. D’ailleurs, ces divers sens se complètent plus qu’ils ne s’excluent. En tous les cas, celui qui n’aime pas son frère d’une manière pratique ne connaît rien de l’amour de Dieu. Effectivement, le fidèle en qui l’amour de Dieu demeure, aime son prochain, car c’est un feu qui réchauffe l’être tout entier et consume ce qui risquerait de s’y opposer…

On en vient alors au v. 18. Finalement, avec encore une expression de son amour et de sa relation avec ses lecteurs, qu’il appelle «teknia» («petits enfants»), Jean les convie à manifester leur amour d’une manière concrète : «Petits enfants, n’aimons pas en par oles ni de langue» 6. Il faut un acte, et pas seulement des expressions de sympathie, comme le précise Jacques: «Si un frèr e ou une sœur sont n us et manquent de la nour riture de chaque jour , et que l’un d’entr e vous leur dise: Allez en paix, chauf fez-vous et rassasiez-vous! et que v ous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il?» (Jac 2. 15,16) Aussi la vérité (à la fin du verset) veut-elle que l’amour ne reste pas superficiel, ne se contente pas d’une simple apparence, mais qu’il soit un amour réel, un amour qui répond à l’amour de Dieu manifesté en Christ. Le véritable test de l’amour n’est pas la profession verbale qu’on peut en faire: «ni de langue» montre que cette exhortation est nécessaire.

Ainsi, l’idée principale du verset 17 est l’action qui s’impose. Il condamne donc celui qui ferme ses entrailles à son frère nécessiteux, et il approuve par contre l’attitude de celui qui agit, à l’image du bon Samaritain qui, voyant le voyageur blessé, fut ému de compassion (Luc 10. 33).

Plus largement, dans ce chapitre, l’apôtre appuie son argumentation par une série de contrastes:
• Diable – haine – tue – manifeste la mort éternelle – montré dans le cas de Caïn.
• Dieu – amour – se sacrifie – manifeste la vie éternelle – montre l’exemple de Christ.

Il oppose ainsi la vérité au mensonge, c’est-à-dire la réalité à l’apparence.

Nous venons de parler de la preuve du véritable amour. L’apôtre Jean nous affirme la nature de celui qui peut manifester un tel amour: un véritable enfant de Dieu, c’est-à-dire celui en qui l’amour de Dieu demeure. Deux questions s’imposent:
– A qui manifester cet amour? Assurément en priorité au nécessiteux, c’està- dire à celui qui est réellement dans le besoin.
– Comment le manifester? En pratique et non en théorie.

Sommes-nous vraiment enfants de Dieu, dignes de ce nom? Faisons-nous réellement preuve de cet amour dont parle Jean dans le passage ci-dessus? Combien de fois l’avons-nous montré à l’égard des frères en difficulté? Et d’autre part, sommes-nous réellement «nécessiteux » pour mériter un tel amour fraternel et pratique?

Notes :
1 L’expression grecque («ton bion tou kosmou»), signifie littéralement «les moyens d’existence de ce monde» pour dire tout simplement «les biens de ce monde».
2 «thêorê», dont l’infinitif veut dire «voir», est ici au subjonctif.
3 «ta splagchna», seul emploi de ce mot dans les écrits de l’apôtre Jean. Dans le N.T., ce mot se retrouve une fois au sens littéral (Act. 1. 18) et 9 autres fois au sens figuré (Luc 1. 78; 2 Cor. 6. 12; 7. 1; Phil. 1. 8 ; 2. 1; Col. 3. 12; Phm 7, 12, 20).
4 Littéralement de «fermer ses entrailles contre lui».
5 «hê agapê tou theou».
6 La combinaison «pas de paroles… ni de langue», est une figure de rhétorique appelée «hendiadys», laquelle souligne la stérilité d’un amour qui s’exprime par des paroles seulement, sans une réalisation concrète face aux besoins.


Bien connu de nos lecteurs par le dossier spécial sur ce sujet publié dans notre revue, no 122, 1997/4, le Dr Peterson reprend ce thème et répond à des questions telles que: Quelle différence y a-t-il entre une possession et une attaque du diable? Une personne régénérée par le St-Esprit peut-elle être possédée? Comment résister au diable et en sortir victorieux? Veuillez consulter l’information à la fin de l’article concernant le ministère actuel du Dr Peterson.

Un livre, publié par la presse Moody1, raconte 30 histoires d’attaques démoniaques. Quinze de ces histoires expliquent qu’un chrétien né de nouveau peut être possédé. L’autre moitié du livre confirme le contraire. Qui a raison? Les quinze qui ont dit: «Oui, un chrétien peut être possédé», viennent de l’Inde ou sont membres de l’église de Saint Thomas, mais n’offrent aucun témoignage de conversion personnelle. Néanmoins, comme beaucoup d’autres, ils sont arrivés à cette conclusion par le moyen des expériences.

Le Dr. Merill F. Unger, théologien de renom, a écrit deux livres à ce sujet. Dans son premier livre2, il écrit que, dogmatiquement, un chrétien ne peut être possédé. Plus tard, dans son second livre3, il a changé d’avis. Quand on lui a demandé de s’expliquer à propos de son changement d’idée, il a dit: «Parce que les missionnaires me l’ont dit».

Voilà le danger! Une doctr ine basée sur les expériences, au lieu de l’inverse: des expériences basées sur la Parole. Certains disent que le corps d’un chrétien peut être possédé, mais non son esprit. D’autres pensent qu’il peut être possédé «à un certain degré, … provisoirement, mais jamais complètement».

Ne nous basons pas sur nos expériences ou sur celles des autres! Même votre conversion ne peut être fondée sur des expériences relatées dans les Evangiles ou le livre des Actes. Voici un exemple: vous ne vous êtes sûrement pas converti dans le même cadre que l’apôtre Paul. Il a vu une grande lumière, vous, non! En revanche, vous vous êtes approché de Christ par les mêmes faits: la mort expiatoire de Jésus et sa résurrection.

A. DEFINITIONS

1) Possession

Ce mot n’est pas utilisé dans les Ecritures. Mais, dans notre langage courant, nous comprenons par cette expression que le possédé est complètement la propriété de celui qui le possède. Nous savons qu’un non croyant est déjà la propriété du prince de ce monde. Mais le croyant, devenu le temple de l’Esprit lors de sa conversion, peut-il dès lors être possédé? La possession implique que les démons sont propriétaires de tout l’être du possédé: son corps, son âme, ses pensées et ses émotions, comme cet homme cité dans Marc 5.

2) Attaques; oppression; influences.

Paul a été attaqué (2 Cor 12.7), ainsi que Pierre (Luc 22.31) et Job (Job 2.7). Ananias et Saphira (Act 5.9) sont de bons exemples.

Les démons peuvent:
– Citer l’Ecriture (Mat 4.6)
– Se transformer en anges de lumière (2 Cor 11.14)
– Affliger physiquement (2 Cor 12.7)
– Paralyser l’activité chrétienne (1 Cor 5.5)
– Causer des pensées impures (2 Cor 7.3)
– Tenter par l’orgueil (2 Tim 3.6)
– Séduire par les plaisirs (1 Tim 3.14- 15)
– Persécuter (Apoc 2.10)
– Corrompre les pensées (2 Cor 11.3)
– Mentir (1 Thes 2.9)

Nous sommes avertis des pièges du diable (2 Tim 2.6). Un converti peut être attaqué… oppressé… influencé… etc., mais jamais «possédé». Et voici pourquoi l’auteur de cet article le croit aussi!

B. DOCTRINE

«Ni les puissances… ni les dominations… ni aucune autr e créature ne pourra nous sépar er de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ» (Rom 8.38-39).

Un être possédé appartient entièrement à celui qui le tient enchaîné. Rien – pas même les anges déchus – ne peuvent nous arracher des mains de Dieu!

«Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges?» (1 Cor 6.3) … «Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds» (Rom 16.20).

Comment pouvons-nous être la propriété de Satan ou de l’un de ses démons, alors que nous sommes destinés à les juger? Bibliquement et logiquement, cela semble impossible.

Ne savez-vous pas que v otre corps est le temple du Saint-Esprit? (1 Cor 6.9) Si un chrétien est baptisé du Saint-Esprit et intégré au corps de Christ à sa conversion, l’Esprit habite dans son être. Comment un mauvais esprit pourrait-il cohabiter avec Dieu?

Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial? (2 Cor 6.14)

Quelle collusion peut-elle s’installer entre le temple de Dieu et les idoles? Aucune! Dieu l’a dit: «J’habiterai… au milieu d’eux».

Le Saint-Esprit et les démons ne peuvent donc pas investir une même personne. Il n’y a aucune relation entre eux. Un chrétien peut néanmoins étouffer la personne du Saint-Espr it qui vit en lui, puis ensuite être influencé par un démon; mais jamais il ne sera possédé par celui-ci.

Il nous a r essuscités ensemb le, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus Christ (Eph 2.6). Nous sommes déjà à la droite du Père en la personne de Jésus Christ. Comment pourrions-nous être… déjà au ciel… et en même temps investis par un mauvais esprit sur la terre? Impossible!

A travers ces versets de la Parole, nous pouvons voir qu’il est impossible qu’un chrétien né de nouveau soit possédé par un démon. Nous sommes en effet protégés par:

– La souveraineté de Dieu
– La suffisance de Christ
– Le sceau du Saint-Esprit
– La sanctification réservée aux enfants de Dieu
– Notre position dans les lieux célestes.

C. DEFENSE

Un non converti possédé par des mauvais esprits doit être délivré selon les principes bibliques, comme un chrétien doit être délivré des attaques diaboliques en accord avec ce que la Bible enseigne. Mais le processus est différent. Tant de gens imposent les mains, ce qui n’est pas biblique dans le cas d’une délivrance démoniaque. Il y a une méthode biblique pour affronter les attaques du prince de ce monde.

Ce principe peut être résumé en trois mots qui se trouvent en Jacques 4.7 et en 2 Pierre 5.6-10:

résistance… soumission… victoire.

1) Résistance

Le ministère auprès d’un chrétien oppressé est de résister avec lui. Jacques 4.7 dit:

«Résistez au diable…» 1 Pi 5.9 enseigne: «Résistez avec une foi ferme…» Eph 6.12,13: «Car nous n’avons pas à lutter contre le sang et la chair, mais contre les dominations, … contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants… Résistez dans les mauvais jours.»

Résister en est la clé. Cela n’équivaut pas à «lier Satan». Le diable ne sera lié qu’aux 1000 ans du règne de Christ sur la terre. La parabole de Jésus explique que l’homme fort doit être lié avant qu’il soit possible de piller sa maison! Mais on ne construit pas une doctrine sur une parabole4.

Le Nouveau Testament enseigne qu’il faut résister! Mais comment résister? Voici sept armes par lesquelles nous pouvons, par Sa personne, accomplir 2 Cor 10.4.

a) Le nom de Jésus Christ

«En mon nom, ils chasseront les démons » Marc 16.17. Bien que ce texte ne se trouve pas dans les plus anciens manuscrits, la vérité est soulignée en Luc 10.17 où les disciples disent: «Seigneur, les démons même nous sont soumis en ton Nom!» Regardez 1 Cor 12.2 et Jean 4.2-5: en affrontant Satan par le nom de notre Seigneur, nous résistons.

b) Le sang de Christ

«Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau» (Apoc 12.11). Bien que ce verset s’applique à la période de la grande tribulation, le principe est valable aujourd’hui, parce que le lieu de jugement, selon Jean 12.31, est la croix où» le prince de ce monde a été jeté dehors». Christ a «dépouillé les dominations et les autorités… en triomphant d’elles par la croix» (Col 2.15). Les démons tremblent devant l’évocation de Son sang. Nous résistons par ce puissant sacrifice de Jésus!

c) La Parole de Dieu

Comme Jésus a résisté au diable en citant la Parole (Luc 4), nous pouvons utiliser «l’épée de l’Esprit» (Eph 6.17) «pour résister dans les mauvais jours» (Eph 6.13). La Bible n’est pas un livre magique, mais c’est la Parole serrée dans nos cœurs que nous pouvons citer face aux attaques du méchant! Résistez par la Parole de Dieu!

d) La foi

«Résistez-lui avec une foi ferme» (1 Pi 5.9). Une des pièces de la panoplie divine est «le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre les traits enflammés du Malin» (Eph 6.16). S’il n’y a pas la confiance dans le Seigneur, ce n’est pas la peine de résister. Sans la foi, on ne peut connaître Dieu! Sans la foi, nous ne pouvons nous approprier la puissance contre le monde invisible. La résistance est un acte de foi!

e) La prière

Mat 17.21 nous apprend que «cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne». Les anciens manuscrits omettent ce verset mais pas Marc 9.29. La communion avec Dieu par la prière est primordiale si l’on résiste! Selon Mat 18.19-20, la prière collective avec les frères est nécessaire. Un soldat n’entre pas dans la bataille sans les ordres du commandant! Résistez dans la prière!

f) Le jeûne

Le jeûne n’est pas une grève de la faim, qui serait alors une pression mise afin que Dieu soit obligé d’agir. Non! Le jeûne est la manifestation concrète que la communion avec Dieu est plus importante que la nourriture. Mat 17.21 dit qu’une certaine sorte de démon ne sort que par la prière et le jeûne. Même si ce verset est contesté, … le principe du jeûne, dans le Nouveau Testament, est valable et a un lien étroit avec la prière (Mat 4.2; 6.16; Act 13.3; 2 Cor 11.27). Jésus jeûne quarante jours avant de résister au diable! Résistez en jeûnant5!

g) Le Saint-Esprit

Tout ce que nous faisons, et surtout, lutter contre le monde invisible, doit être accompli par la personne du Saint-Esprit. «Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde» (1 Jean 4.4). Même Jésus, pourtant omnipotent, a dit: «Si c’est par l’Esprit que je chasse les démons…». Comment résister? Vous ne le pouvez pas, mais le Saint-Esprit qui habite en vous peut le faire! Il faut être rempli du Saint-Esprit.

Ces sept principes dans la Parole de Dieu constituent notre équipement afin de résister. Il nous commande: «Revêtez- vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme (résister) contre les ruses du diable» (Eph 6.11). Appliquons ces sept principes quand nous sommes envahis par l’ennemi. Pratiquez ces principes dans votre vie quotidienne! Néanmoins, vous ne pourrez obtenir la victoire ni résister sans être soumis à Dieu.

2) Soumission

La première partie de Jacques 4.7 dit: «Soumettez-vous donc à Dieu». 1Pi 5.6 précède, avec la doctrine d’humiliation, le verset 9 qui nous commande de résister au diable. La soumission consiste à appliquer Rom 12.1-2 et Luc 14.26,27-33. Tout obstacle dans nos pensées, notre corps, notre esprit ou notre âme doit être confessé et abandonné.

Imaginez que vous êtes une maison. Dans cette maison, il y a le salon, la cuisine, des chambres et un débarras: cave, grenier, ou encore placard. Vous mettez tant de choses dans ce placard sans jamais le nettoyer! Jésus a frappé à la porte de nos vies. Il y est entré! Il a passé par le salon, où nous nous mettons à l’aise sans rien faire pour Dieu. Par la chambre, où nous lisons la Parole et prions. Mais on peut faire cela toute la journée sans pour autant être soumis… Par la cuisine, où il y a beaucoup d’activité. Vous pouvez être actif pour le Seigneur sans pour autant Lui être soumis! Non! La soumission consiste à laisser Christ nous purifier par son sang de toute iniquité, et à le laisser siéger dans la cour de notre âme. Il peut purifier les pensées impures, les mauvaises attitudes comme la haine, la jalousie, l’amertume, l’angoisse, le manque d’amour, etc. Voilà la vraie soumission! Mais la soumission ne consiste pas en un seul acte valable pour l’éternité: «soyez soumis» est une action continuelle!

Sans la soumission, ce n’est pas la peine d’essayer de résister. Mais si nous demeurons soumis à la volonté de Dieu, nous pouvons résister efficacement, car Il nous donnera la victoire.

3) Victoire

«Le diable fuira loin de vous» (Jac 4.7). En 1 Pi 5: «… Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu… (v.6,7), résistez (à votre adversaire) (v.8, 9), et le Dieu de toute grâce… vous perfectionnera Lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables». Quelle victoire!

Satan contre-attaquera sûrement. Mais avec les armes de Dieu et soumis à Lui, nous avons la promesse de la victoire!

«Voici, je vous ai donné le pouvoir… sur toute la puissance de l’ennemi; et rien ne pourra vous nuire» (Luc 10.19). La victoire est promise! «Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous soient soumis, mais réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont écrits dans les cieux» (Luc 10.20).

Information

Après 46 ans de ministère missionnaire et pastoral, dont 7 ans au Congo et 39 ans en France, le Dr I. Peterson et son épouse ont pris la «retraite». Ouvriers pionniers, ils ont participé à l’implantation de trois églises en France. Mais notre frère a à cœur de se mettre à la disposition des Eglises et Œuvres pour des conférences et des séminaires bibliques, notamment sur le thème de «La lutte contre le monde invisible» ou sur l’évangélisation et l’implantation de nouvelles églises. Il est accompagné de son épouse, musicienne, qui exerce un ministère d’enseignement auprès des femmes et des enfants. Aucun engagement financier n’est demandé de leur part lors d’un appel à leur service.

Si vous désirez contacter le Dr Peterson à ce sujet, voici son adresse: Pasteur I. PETERSON, 37, rue de Charnay, FR-78990 ELANCOURT, France, tél. +33 (0)1 30 69 02 92 ou e-mail PeteDoneldaPeterson@compuserve.com

Notes :
1 «Demon Experiences in Many Lands» («Expériences démoniaques dans beaucoup de pays)», Moody Press
2 «Biblical Demonology» («Démonologie biblique»), Wheaton III, Scripture Press, page 100.
3 «Demons in the World Today» («Des démons dans le monde aujourd’hui»), Wheaton III, Tyndale Press., page 111.
4 Le texte dans Matth 12.29: «Comment quelqu’un peut-il entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens sans avoir auparavant lié cet homme fort» ne nous autorise pas à échafauder une doctrine sur cette parabole. Jésus, dans ce récit de la guérison d’un démoniaque aveugle et muet, ayant rencontré une opposition farouche des Pharisiens qui attribuaient sa puissance à un lien avec le prince des démons, réfute leurs blasphèmes par une triple réponse: 1. «Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne peut subsister» (v 25). Si le Seigneur avait reçu cette puissance de Satan, comment pourrait-il l’utiliser contre ce dernier sans que son royaume divisé ne cesse de subsister? 2. Les pharisiens reconnaissaient que tout exorcisme ne s’exerçait pas par la puissance de Satan. Pourquoi Jésus ne pouvait-il pas exercer ce pouvoir justement par la puissance du Saint-Esprit (v. 27-28)? 3. Dans la parabole suivante, Jésus leur fait comprendre que celui qui veut s’emparer des biens d’une maison, doit d’abord lier l’homme fort qui la garde (v 29). Il faut donc plus fort que lui. Ce texte de Matth 12.22-30 est une réfutation claire de Jésus contre les assertions des Pharisiens que Jésus «ne chassait les démons que par Béelzébul, prince des démons» (v 24). Sa réponse est une affirmation de sa souveraineté sur Satan, car Jésus chassait les démons en vertu de sa puissance divine inhérente. C’était une illustration historique du pouvoir personnel du Christ sur Satan.
5 Il va sans dire que le jeûne n’est pas une forme imposée par la Parole. Il était pratiqué pour marquer la ferveur dans la prière, la repentance et l’humiliation en recherchant la face de Dieu (1 Rois 21.27; Ps 35.13; Néh 1.4; Esd 8.23; 1 Cor 7.5; 2 Cor 6.5). Il serait dès lors faux de penser qu’à travers cette pratique nous obtenions ce que nous demandons à Dieu. Il est souverain et n’a nul besoin d’une telle pratique pour intervenir, mais Il aime voir les siens lui consacrer des moments particuliers dans la prière et le jeûne.


«Le monde n’est plus le même depuis le 11 septembre dernier», dit-on. Oui, les artifices de cet ennemi, le diable, sont désormais moins cachés, plus directs, plus ciblés et plus faciles à démasquer, car nous sommes à la veille de grands événements prophétiques. Pourtant, le monde, lui, n’a pas changé. Il reste la sphère où Satan, son prince, œuvre principalement. Sous sa domination, les hommes sont aveuglés par lui depuis la chute de nos premiers parents. Le chrétien, régénéré par l’Esprit, a été «délivré du pouvoir des ténèbres et transporté dans le royaume du Fils bien-aimé» (Col 1.14-15), mais il doit rester vigilant, même si Dieu contrôle souverainement toutes choses, et que rien ne se passe sans sa permission.

Le combat de la foi ne nous reste pas épargné. La Bible nous exhorte à résister aux subterfuges et combinaisons rusées du diable, à surmonter toutes ses embûches et à tenir ferme jusqu’au bout (2 Cor 10.3-6; Eph 6. 10-18; Jac 4.7; 1 Pi 5.8-9). Pour cela, il faut aussi connaître sa tactique, ses méthodes et ses artifices. Tantôt il court, tantôt il s’arrête pour nous piéger. Tout est bon pour lui afin de déstabiliser, désorienter et faire chuter les croyants.

Mais nous avons la Parole, «l’épée de l’Esprit», qui est aussi une «lampe à nos pieds». Elle a la puissance de nous édifier, de nous éclairer et de nous aider à déjouer les attaques larvées, à riposter, et à tenir ferme dans la foi avec l’aide du Seigneur.

Les articles de ce numéro ont pour but de nous éclairer sur certaines ruses de l’ennemi afin de les démasquer. Leur objectif est de nous rendre attentifs à notre vulnérabilité et de nous équiper par les Ecritures pour sortir victorieux de nos batailles.

Sola Fide nous parle de la foi authentique reçue par grâce, par contraste avec une fausse foi basée sur des œuvres et des expériences subjectives. Un courant actuel, le postmodernisme, nous est exposé ensuite pour démasquer de «nouvelles valeurs» sans consistance. Dans d’autres circonstances, comme celles de la misère et de la pauvreté qui affligent bon nombre de nos contemporains, notre résistance consistera en la manifestation concrète de notre foi, preuve du véritable amour selon Dieu. Les puissances sataniques se démènent, spécialement là où l’Evangile est annoncé avec fidélité. Dans notre lutte contre le monde invisible, nous apprenons combien il est important d’être équipés des armes de Dieu pour résister et rester «plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés». Autre subterfuge de l’ennemi: le mépris de la Hiérarchie créée par Dieu. L’Histoire de l’Eglise, premier article d’une série sur la défense de la foi à travers les 20 derniers siècles, nous fera découvrir les subtilités de l’ennemi par la prolifération des fausses doctrines. Perspective biblique du Cosmos démasque un des artifices les plus destructifs du diable: faire croire au monde que l’évolutionnisme est scientifiquement vérifiable, alors qu’il s’agit d’une théorie qui ridiculise l’alternative de la Révélation claire (en Genèse 1) des origines de l’univers et de l’homme créés par le Dieu personnel et infini. Et le témoignage Il a séché mes larmes est un magnifique exemple d’une foi solide d’un couple marié résistant à l’ennemi, en surmontant l’épreuve à travers une solution bien préparée par le Seigneur.

Bonne lecture! et que Dieu nous apprenne à résister aux assauts de l’ennemi, à les vaincre et à tenir ferme dans les épreuves. Jésus revient bientôt! Notre travail n’aura pas été en vain dans le Seigneur (1 Cor 15.58).


LES CINQ «SOLI» DES RÉFORMATEURS

4e formule

Dans le dernier numéro de PROMESSES, nous avons consacré un article à la troisième formule des cinq soli: «Sola Gratia». Les Réformateurs exprimaient ainsi leur conviction que «par le salut nous sommes délivrés de la colère de Dieu, et cela par sa grâce seule. (…) Nous déclarons que le salut n’est en aucun sens une œuvre humaine.»

Les 120 pasteurs, théologiens et éducateurs mentionnés dans les articles précédents, réunis à Cambridge en avril 1996, constatèrent avec inquiétude les dérapages des milieux évangéliques inspirés par une fausse confiance dans les capacités humaines. L’estime de soi, l’évangile de la santé et de la richesse, la vente du message évangélique à des pécheurs devenus «consommateurs complaisants»… tout cela dénature la doctrine de la justification et la réduit au silence.

La Déclaration de Cambridge continue: «Nous réaffirmons que la justification est par la grâce seule au travers de la foi seule grâce au Christ seul. Par la justification, la justice de Christ nous est imputée comme unique satisfaction possible de la justice parfaite de Dieu.

«Nous déclarons que la justification ne repose sur aucun mérite qui nous soit propre, ni sur la base d’une infusion de la justice de Christ en nous par voie sacramentelle. Nous déclarons même qu’une institution qui prétend être une église mais qui refuse ou condamne la sola fide ne peut être reconnue comme une église légitime.»1

Cerner la foi

Mais sommes-nous sûrs d’avoir compris ce que veut dire la Bible quand elle parle de «foi»?

«Il y a plusieurs années, un responsable d’organisme chrétien international destiné à la jeunesse me demanda de regarder, avant sa distribution, un film de formation produit par ce groupe. Le sujet en était l’évangélisation, et le film enseignait aux jeunes à ne pas dire aux non-croyants qu’ils devaient obéir à Christ, lui donner leur cœur, lui consacrer leur vie, se repentir de leurs péchés, se soumettre à la souveraineté du Seigneur et le suivre. D’après le film, informer les non-croyants de telles choses ne ferait que compliquer le message de l’Evangile. Le film recommandait de ne donner que les faits objectifs relatifs à la mort de Jésus (sans mentionner la résurrection), puis d’indiquer aux noncroyants qu’il serait bon pour eux de croire. Pour conclure, il était indiqué que la foi qui sauve se réduisait simplement à la compréhension et à l’acceptation des faits de l’Evangile. (…)

«Des foules de gens viennent à Christ bardés de telles convictions. Croyant qu’il ne relèvera pas leur péché, ils s’approchent de lui avec empressement, mais sans comprendre la gravité de leur culpabilité devant Dieu, sans désir d’être libérés du joug du péché: ils ont été dupés par la présentation d’un Evangile corrompu. On leur a dit qu’ils pouvaient être sauvés par la foi seule, mais ils ne comprennent ni ne possèdent la foi réelle. La prétendue foi sur laquelle ils s’appuient n’est qu’un assentiment intellectuel à une série de faits. Cette foi ne peut les sauver.»2

Confusion

1. Substituts

La foi est souvent confondue avec une confession de foi «doctrinalement correcte ». Comme l’indique l’exemple cité cidessus, celle-ci peut être réduite à sa plus simple expression: «Je crois que Jésus est mort pour mes péchés». Il suffit de croire que… Et pourtant, ainsi que nous le verrons ci-après, l’assentiment intellectuel est une composante indispensable – mais insuffisante en soi – de la foi au moyen de laquelle nous sommes sauvés.

Nombreux sont ceux qui se contentent d’appartenir à une église et d’assister plus ou moins fidèlement à ses offices. Ce christianisme de nom, d’habitude ou de tradition se passe facilement d’une foi réelle.

D’autres mettent leur confiance dans les sacrements, et comptent sur la prétendue efficacité du baptême et de l’eucharistie – l’erreur romaine dite ex opere operatum que l’on trouve parfois sous une forme atténuée dans certaines églises protestantes.

D’autres encore comptent sur le feeling, sur une expérience subjective, mystique, divorcée de la vérité objective révélée par Dieu.

Un autre substitut à une foi réelle est la crédulité, l’attitude de ceux qui, en l’absence de toute évidence, acceptent pour vrai ce qu’ils désirent ardemment. Les rumeurs de guérison miraculeuse de certaines maladies incurables peuvent encourager ces faux espoirs.

Enfin, un autre substitut encore à la vraie foi est l’optimisme, l’idée qu’il suffit de cultiver une attitude mentale positive, de se persuader qu’une chose désirée est vraie pour que celle-ci se produise.

2. Objections

«La foi est naïve, sans fondement solide, un saut dans le vide. Elle commence là où s’arrête la raison!» Affirmer cela, c’est ignorer que la foi biblique est fondée sur un témoignage solide, digne de… foi – la Parole de Dieu.

«La foi est insuffisante: il faut y ajouter une contribution – de bonnes œuvres, un effort personnel – pour mériter le salut!» C’est ignorer la façon péremptoire dont l’Ecriture écarte les œuvres (Ep 2.8-9). Pourtant ce désir de faire quelque chose reste profondément ancré dans le cœur de l’homme.

«La foi est trop facile: il n’y a qu’à croire, sans rien changer, et tout ira bien!» Critique valable si la foi se réduit à une simple démarche intellectuelle, comme nous l’avons déjà vu.

Qu’est-ce donc que la foi au sens biblique?

Dans les évangiles synoptiques, la foi est avant tout la confiance dans la puissance et la bonté de Dieu, et l’exigence de la foi en Jésus n’y est souvent qu’implicite. Chez Jean, la foi est une notion-clé, fondée sur le triple témoignage solide et inébranlable de la personne, des paroles et des œuvres du Christ. Elle commence par l’acceptation de la véracité des témoins de Jésus, passe par la confiance dans les paroles, les œuvres et la mission messianique de Jésus, et conduit à la réponse de l’homme tout entier à la personne de Christ. Ce sont ces trois dimensions de la foi que nous voulons développer ci-après, en nous fondant sur le quatrième évangile.

Le verbe «croire» (gr. pisteuô ), utilisé une centaine de fois dans Jean, est suivi par différents compléments qui font ressortir diverses nuances de la foi. Voici les trois constructions les plus souvent utilisées:

1) «Croire que…» (pisteuô hoti…) suivi par une phrase à l’indicatif (9 fois dans Jean): il s’agit d’une démarche intellectuelle, d’un assentiment à la véracité d’une déclaration, d’une conviction que cette proposition est digne d’acceptation. L’exemple que nous avons choisi: «Si vous ne croyez pas que Moi je suis, vous mourrez dans vos péchés» (8.24b), met aussi en relief l’importance de ce pas que les théologiens désignent du mot latin notitia, connaissance. On a bien dit que «rien ne peut entrer dans le sanctuaire du cœur sans passer d’abord par le vestibule de la pensée». Les propositions dans Jean concernent la révélation que Dieu a donnée à propos de Son Fils Jésus – son identité, son origine, sa mission, son autorité et sa destinée. Ainsi que nous l’avons déjà dit: cette foi, insuffisante en soi mais indispensable, doit nous conduire plus loin!

2) «Croire en ou à…» (pisteuô) plus parfois la préposition en (= en), suivi par un complément au datif (20 fois): il s’agit d’une démarche essentiellement affective, d’un élan de confiance inspiré par les paroles et la personne de Jésus, appelé assensus par les théologiens. Dans sa conversation avec la femme Samaritaine, Jésus l’encourage («Croismoi », 4.21) à lui faire confiance. Accepter les paroles du Seigneur nous conduit logiquement à nous appuyer sur lui.

3) «Croire en…» (pisteuô eis: litt. «jusque dans» avec mouvement de pénétration), suivi par un complément à l’accusatif (38 fois!): il s’agit d’une démarche essentiellement volontaire, aboutissement des pas de foi intellectuel et affectif qui la préparent, d’un engagement vis-à-vis de Jésus-Christ appelé fiducia par les théologiens. Ayant compris et adhéré à la vérité de l’évangile, m’appuyant sur Celui qui a pris ma place à la Croix, je m’abandonne à Lui, pour me soumettre à Son autorité et Le suivre comme disciple dans une vie d’obéissance. Cet acte – ou plutôt cette marche dans la foi – a le plus grand poids dans l’enseignement de Jésus. Il ne suffit pas d’adhérer aux vérités du christianisme: «Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi et ils tremblent» (Jac 2.19). Ainsi dans le verset le mieux connu de la Bible: «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui [litt. jusque dans… s’engage de tout cœur] ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle» (3.16).

Conclusion

La foi au moyen de laquelle nous sommes sauvés est la réponse de l’homme tout entier – pensée, émotions, volonté – par un engagement pour la vie, à Jésus-Christ, reconnu comme Sauveur et suivi comme Seigneur.

Notes :
1 V. PROMESSES 1997/2, p. 13s.
2 John F. MacArthur in «L’Evangile selon Jésus», Ed. Impact, Cap-de-la-Madeleine, QC, Canada, 1998, p. 223s.


I. Généralités

Il n’est pas question de valeurs ici, mais de fonctions. Comme la suite le démontre, le Père, le Fils et le Saint-Esprit se trouvent dans une relation hiérarchique, sans qu’une des trois personnes de la divinité ait moins d’importance que les deux autres; il en va de même en ce qui concerne les relations hiérarchiques entre l’homme et la femme, les parents et les enfants, les maîtres et les serviteurs (les patrons et les ouvriers).

Jésus n’a pas choisi de disciples féminins, ce qu’il aurait certainement fait s’il avait souhaité qu’il y ait des femmes apôtres. D’autre part, personne n’avait encore jamais donné tant d’importance, voire de valeur à la femme que Jésus, et les apôtres après lui. Dans les pays païens, ce qui inclut les pays islamisés, la femme est opprimée et n’a en général que très peu de droits; elle est souvent traitée comme un objet commercial (selon le Coran, elle n’a pas d’âme). Seul dans les pays où le christianisme a été répandu, la femme a des droits et a pu occuper des positions responsables, et cela bien avant que l’idéologie féministe, qui n’a rien de chrétien, fît son apparition.

Ce ne fut que par le féminisme, qui a des racines humanistes et non bibliques, que la hiérarchie fixée par Dieu fut mise en question. Afin de saper l’ordre créé par Dieu, on a recours à la contextualisation; on s’imagine que les instructions données dans le NT seraient dues à des préjugés juifs. Il est significatif que cette méthode n’est appliquée qu’aux textes bibliques qui se trouvent justement en contradiction avec une idéologie populaire.

Il est intéressant de constater que Pierre, décrivant le comportement de la femme envers son mari, donne comme exemple «Sara qui obéissait à Abraham en l’appelant son seigneur» (1 Pi 3.6). Or il est indéniable que l’environnement culturel du premier siècle ap. J.-C. était incomparablement différent de celui d’Abraham, 2000 ans auparavant. De même, notre environnement culturel est incomparablement différent de celui du temps de Pierre. Mais il fallait attendre 19 siècles pour tout à coup rejeter les instructions de Dieu données aux apôtres sous prétexte que le contexte culturel avait changé, alors que c’était tout aussi bien le cas 10 ou 15 siècles ap. J.-C.

La théologie dite libérale montre bien le danger pour la foi que représente la contextualisation. Elle va jusqu’à nier que la mort de Jésus à la croix est l’expiation des péchés du monde. Elle insinue que les auteurs juifs du NT auraient après coup introduit cette idée, n’ayant pu se défaire du système sacrificiel de l’AT. Comment ces pseudothéologiens expliquent-ils alors les paroles de Jésus, telles que celles qu’il prononce dans Mat 20.28, où il dit lui-même qu’il est venu «pour servir et pour donner sa vie en rançon pour beaucoup»? Tout simplement en supposant que les auteurs juifs auraient mis ces paroles dans la bouche de Jésus (on trouve ce raisonnement plusieurs fois dans la TOB, la traduction oecuménique de la Bible.) Ainsi ces auteurs auraient fait dire à Jésus: «…ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés» (Mat 26.28). Mais évidemment que ce procédé fait de ce que Jésus a dit sujet à caution. Car qui décidera quelles sont les paroles que Jésus a vraiment prononcées et lesquelles ont été inventées par les auteurs des Evangiles? De même: quelles sont les instructions des apôtres qui doivent être prises au sérieux, et lesquelles peut-on ignorer? Une telle attitude témoigne d’une arrogance présomptueuse.

Ici une digression sur l’inspiration de la Bible s’impose.

Une étude approfondie portant sur l’inspiration de la Bible prouve que le même Esprit a guidé l’auteur de chacun de ses livres jusque dans le choix des mots, tout en respectant le style de chacun (cf. Jér 30.1). Jésus cite des textes de l’AT (p.ex. des paroles de Moïse ou de David) et les attribue à Dieu lui-même (cf. Mat 15.4; 22.31-32; Marc 12.26, 35- 37;); dans Jean 5.46-47, Jésus met les paroles de Moïse sur le même pied que les siennes. Dans Luc 24.25-27, 44-46, Jésus affirme que toutes les Ecritures, donc tout l’AT (à part les Apocryphes, non inspirés et ajoutés après coup à l’AT), a témoigné à l’avance de lui. Ses mains percées, ses habits partagés, la trahison de Judas et bien d’autres détails prédits se sont accomplis à la lettre. Jésus atteste aussi l’historicité des événements relatés dans l’AT, tels que la création d’Adam et Eve, l’assassinat d’Abel, Noé, l’arche et le déluge, la manne dans le désert, le séjour de Jonas dans un grand poisson (probablement un cachalot, comme cela s’est produit il y a quelques décennies, l’homme en étant ressorti vivant; le texte ne parle pas de baleine).

Jésus affirme catégoriquement que les disciples, futurs apôtres, écriront sous l’inspiration du même Saint-Esprit qui avait inspiré les auteurs de l’AT et Jésus lui-même. Jésus leur dit: «L’Esprit de vérité vous conduira dans toute la vérité », qu’ils n’auraient pas encore pu comprendre avant sa mort, sa résurrection et son ascension (Jean 16.12-13). Tous les écrits des apôtres ont été écrits sous l’inspiration du même Esprit qui avait inspiré Jésus et lui sont équivalents.

Conclusion: Le chrétien authentique se place sous l’autorité de la Bible et non au-dessus. Le seul critère de sa foi est la parole inspirée de Dieu qui constitue la Bible. Soit la Bible est entièrement digne de confiance, soit elle est laissée à la fantaisie arbitraire de l’homme.

II. Examen de la hiérarchie divine

La divinité elle-même est présentée sous la forme d’une hiérarchie clairement définie. Il ressort de 1 Cor. 11.3 que Dieu est le Chef de Christ. Littéralement: «Mais je veux que vous sachiez que Christ est le chef de chaque homme, mais le chef de la femme est l’homme, mais le chef du Christ est Dieu». On obtient donc la hiérarchie suivante:

Dieu
|
Christ
|
l’homme
|
la femme

Jésus a dit sans ambages qu’il était soumis au Père: «…le Père qui m’a envoyé m’a commandé lui-même ce que je dois dire et ce dont je dois parler» (Jean 12.49). Selon 1 Cor 15.27-28, tout sauf Dieu lui-même sera soumis au Christ; «alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous».

Eph 5.23-24 montre bien que la hiérarchie homme – femme n’est pas liée à une époque ou à une culture. Le verset 24 se traduit littéralement: «Mais comme l’Eglise se soumet à Christ, ainsi aussi les femmes aux hommes en tout».

L’environnement culturel ne peut pas davantage changer quelque chose à la soumission de l’Eglise à Christ que la soumission de la femme à l’homme mise en parallèle.

Selon 1 Cor 14.34-38, les femmes doivent se taire pendant les assemblées (ou cultes); Paul dit que c’est un commandement du Seigneur . Mais comme il y avait des femmes qui priaient ou prophétisaient dans l’Eglise, non sans se couvrir la tête en signe d’accord à la soumission à l’autorité de l’homme demandée par le Seigneur, le silence de la femme se limite à une activité particulière de la parole, comme le précise 1 Tim 2.11-15: «Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme». Comme si le Saint- Esprit avait voulu exclure toute contextualisation, il dirige la pensée de Paul sur l’ordre créationnel. Je répète: il ne s’agit pas ici d’une attribution de valeur, car l’homme ne vaut pas plus que la femme, à laquelle une large palette d’activités est ouverte, comme p. ex. la tâche si importante d’élever des enfants et de leur enseigner les bases de la foi (c’est ainsi qu’on peut comprendre le verset 15); les femmes âgées sont invitées à instruire les plus jeunes femmes, à aimer leurs maris et leurs enfants, à être «chastes, occupées aux soins domestiques, bonnes, soumises chacune à son mari, afin que la parole de Dieu ne soit pas calomniée» (Tite 2.3-6). Parmi les bonnes oeuvres que les femmes peuvent exercer on trouve: élever les enfants, exercer l’hospitalité, secourir les malheureux (1 Tim 5.10). Il en ressort que le champ d’activités de la femme est au moins aussi étendu et important que celui de l’homme.

Le passage d’Eph 5.21-33, dont les versets 23-24 ont déjà été cités, est très instructif dans ce contexte (cité d’après le grec): «Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte de Christ, vous les femmes à vos propres maris comme au Seigneur, parce que l’homme est le chef de la femme, comme aussi Christ est le chef de l’Eglise, lui le sauveur du corps. Mais comme l’Eglise se soumet à Christ, ainsi aussi les femmes aux hommes en tout. – Vous les hommes, aimez les femmes, comme aussi Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle, pour qu’il la sanctifie…» Un peu plus loin: «les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps». L’homme et sa femme sont membres d’un seul corps, aussi en ce qui concerne le Corps de Christ (l’Eglise). Le respect mutuel doit aller de soi. La relation homme – femme est une image de la relation Christ – Eglise; c’est un mystère, dans le sens que cela était inconnu avant et a maintenant été révélé. Le mari doit être prêt à donner sa vie pour sa femme, comme Christ a donné la sienne pour l’Eglise; il est donc demandé davantage à l’homme qu’à la femme. Leurs relations sont entièrement empreintes de l’amour mutuel; elles résident dans le Seigneur.

Le passage parallèle de Col 3.18-22 commence ainsi (selon le grec): «Vous les femmes, soumettez-vous aux maris, comme il convient dans le Seigneur. Vous les maris, aimez vos femmes…». Comme dans Eph 5, les enfants sont invités à obéir à leurs parents. Dans la famille chrétienne, tout se fait par rapport à Jésus-Christ. L’autoritarisme tyrannique, tel qu’il sévit souvent, est condamnable et doit être totalement absent dans la famille chrétienne.

Qu’en est-il alors de la femme célibataire? 1 Cor 11.3 nomme l’homme «le chef de la femme»; le mot grec ne signifie pas «mari» mais une personne de sexe masculin («aner»). L’homme, dans ce sens général, est soumis à Christ, comme le Christ est soumis au Père. Littéralement du grec: «Mais je veux que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, mais le chef de la femme l’homme» («aner»).

Il peut arriver que la femme doive prendre la place de l’homme quand il n’y a pas d’homme qui puisse l’assumer. Dans l’AT, trois femmes sont nommées prophétesses: Miryam, la soeur d’Aaron (Ex 15.20-21), Débora (Juges 4.4) et Houlda (2 Rois 22.14). Ce sont de très rares exceptions (trois pendant 1500 ans d’histoire juive!). Dans le NT, il n’y a pas de femmes parmi les disciples, les apôtres et les anciens. Philippe l’évangéliste «avait quatre filles vierges qui prophétisaient» (Actes 21.9). A part cela, le NT ne connaît aucune prophétesse. Les femmes ont d’autres activités, toutes aussi importantes que celles des hommes, comme nous l’avons vu.

III. Conclusion

La divinité se constitue à partir d’une hiérarchie bien définie.

L’homme et la femme créés à la ressemblance de Dieu sont aussi intégrés dans un ordre hiérarchique. Quand ils s’y soustraient, ils agissent contrairement à l’ordre et au commandement de Dieu et perdent la bénédiction dont bénéficient ceux qui se soumettent à l’ordre établi par Dieu.


HISTOIRE DE L’EGLISE

Période 1

Nous avons le plaisir de publier une série d’études sur l’histoire de l’Église, exposés instructifs pour notre compréhension de l’histoire de la doctrine chrétienne et de la situation actuelle de l’Église pour en tirer des leçons. Son auteur, M. Scott McCarty, a fait ses études en théologie au «Dallas Seminary» aux États-Unis. Il exerce un ministère d’enseignement biblique en France depuis 1971. Il est marié et père de cinq enfants. Il est co-fondateur du C.I.F.E.M. et auteur de nombreux articles.

I. Prologue.

«L’histoire est la connaissance et le récit des événements du passé…relatifs à l’évolution de l’humanité…»,
Le Petit Robert, p. 1093.

Cet article concerne le récit de ce qui est connu de l’origine et du développement de l’organisme appelé «l’Église», composé des nés-denouveau en Christ (Ac 4.12). Ce terme d’Église s’applique aussi dans l’histoire pour désigner l’organisation mondialement répandue composée de dénominations et de groupements divers.

Cette série commence par l’étude de cet organisme – l’Église, Corps de Christ – décrit dans le Nouveau Testament. Puis nous poursuivrons en montrant, qu’à partir du 2e siècle, ce Corps spirituel devient de plus en plus organisationnel. Il en est de moins en moins spirituel, malgré des îlots de grande spiritualité qui subsistent ici et là.

Le chrétien moyen, qui n’a jamais connu cette histoire, en souffre involontairement. Celui qui, l’ayant connue, l’oublie, souffre également de son amnésie «historique »!

L’Éternel reconnut cet état amnésique chez son peuple (Ex 8; 16; 33); et l’apôtre Paul nous met en garde (1 Cor 10.6,11- 12). Voici trois résultats de cette amnésie:

1. Les sectes tordent l’histoire de l’Église afin d’accaparer les ignorants vulnérables.
2. Des chrétiens tombent dans le piège de l’orgueil en affirmant que leur église- dénomination est la seule vraiemeilleure. Cela leur arrive car ils n’ont pas de repères pour comparer correctement leur situation ni avec la norme biblique, ni avec celle de l’histoire.
3. Beaucoup de gens s’engagent dans des ministères, ignorants du cadre étendu et riche de l’histoire du Corps de Christ, donc, ils peuvent avoir un ministère tronqué.
4. Les hérésies doctrinales prolifèrent facilement. Chaque converti doit devenir, à son niveau de compréhension, un étudiant de l’histoire de l’Église.

La connaissance de cette histoire devrait séparer l’éphémère du permanent, l’ombre du concret, le faux du réel, ce qui est une mode passagère de ce qui est vrai et durable. Il faut raconter la vraie histoire, que cela fasse «mal» à son camp ou non. Voici quatre approches de l’étude de l’histoire chrétienne:

L’Église romaine: toute autorité, toute décision et toute version touchant le christianisme émanent uniquement du Pape et de ses représentants. C’est la vue hiérarchique.
L’Anglo-catholique (la partie romanisante de l’Eglise anglicane): la vraie histoire (celle de «son» camp ) s’identifie avec celle des Pères de l’Église et avec les canons des Quatre Conciles Œcuméniques des premiers siècles. C’est la vue de la continuité ecclésiastique.
Le N.T. ne nous donne qu’une idée générale de l’organisation de l’église locale, et chacune des générations successives doit s’adapter aux modes de vie de son siècle; le style de la congrégation simple s’est transformé en gouvernement presbytéral, puis en épiscopal, prélature pour arriver enfin au papisme. C’est la vue du développement circonstanciel ecclésial.
Seuls Christ et les apôtres définissent avec authenticité et avec autorité le standard éternel pour le vrai plan de l’Église universelle, et locale, puis des relations inter-églises.

L’histoire du Corps de Christ ne tombe pas du Ciel, car ce sont des convertis qui l’ont «écrite», pour commencer, dans le N.T. Elle se lit ensuite dans les écrits des «Pères», appelés apostoliques et postapostoliques, dans les écrits des apologistes et des polémistes, dans les décisions des conciles et des synodes, dans la correspondance entre des religieux, dans les liturgies et les hymnes, etc.

Notre histoire de «l’Église», organisme et organisation, sera davantage compréhensible en la divisant en périodes logiques, lesquelles seront ciblées par des études successives:

1. Période Néo-testamentaire, le 1er siècle.
2. Période Post-apostolique, jusqu’à la «conversion» de Constantin, de l’an 100 à l’an 312.
3. Période de l’Age du développement de la chrétienté impériale romaine, de l’an 312 à l’an 590.
4. Période du Moyen Âge ou l’Âge des Ténèbres, de 590 à 1517( avec des subdivisions ).
5. Période de La Réforme, de 1517 à 1648.
6. Période du Siècle des Lumières et des Réveils, de 1648 à 1789.
7. Période des Révolutions politiques, économiques, sociales et religieuses, de 1789 à 1914.
8. Période du Siècle des bouleversements, des tragédies, de la dégénérescence et des victoires, de 1914 à aujourd’hui.

II. L’histoire selon les Actes des Apôtres.

En commençant avec la création de l’Église (Corps) – selon 1 Cor 12.12-13, Eph 1.22-23; 2.21-22 – au Jour de la Pentecôte (Act 2), nous découvrons une communauté locale composée de pécheurs repentis-croyants (Act 2.41; 3.19; 4.12) en Jésus-Christ. Ils viennent de toute race, nation, langue sans aucun esprit tribal au début (Act 2.8-11; Eph 2.11-18; Apoc 7.9). Le Saint-Esprit est l’agent créateur du Corps (1 Cor 12.12-13; Eph 2.22). Il y réside en permanence (Act 2.4a; 9.17; cf. Jean 16.7; 14.16; Rom 8.2,9a; 1 Cor 3.16; 6.19; Eph 1.4; Gal 4.6; 1 Jean 4.13). Il fixait comme buts à accomplir à travers les convertis:

1. De révéler les qualités excellentes du Seigneur Jésus-Christ (1 Pi 2.9), afin de changer le monde païen par des principes bibliques vécus ( 1 Pi. 2.11- 21; 3.1-9; 4.14-19; Eph 4 à 6; Rom 12 à 16; 1 Thes 4.1-8, etc.).
2. D’évangéliser les païens (Mat 28.18- 20; Ac 1.8; 2 Cor 5.14-15, 18-21).
3. D’édifier et de former des chrétiens (Act 9.31; Rom 15.2; 2 Cor 10.8; 13.10; 1 Cor 8.1;14.12,26; Eph 4.11- 16; 2 Tim 2.2). Les Actes des Apôtres étalent amplement devant nos yeux ces trois buts.

Christ mentionne la création future de l’Église-organisme (Mat 16.18), et les Actes démontrent l’application vivante de cette promesse. La doctrine de l’Église est bien développée dans les épîtres, et les Actes servent de fond historique, spirituel et géographique. Ce livre unique nous renseigne sur le caractère, des tensions internes, des persécutions, des problèmes doctrinaux et spirituels, des espérances, des conversions, des victoires, des églises locales fondées, etc. Cette histoire explique comment le message du Royaume de Dieu et de l’Évangile progressait de Jérusalem à Rome pour être reconnu finalement comme une Foi mondiale ( Act 1; 8.12; 10.24 à 11.18; 19.8; 28.23; Col 4.11; etc.).

Le Corps se constitua à la Pentecôte (Ac 2), lorsque le Saint-Esprit baptisa les repentis- convertis dans ce Corps. Selon 1 Cor 12.12-13, ce début fut très spectaculaire, voire extraordinaire. Parfois même, il y avait des «grands coups» exceptionnels (Ac 8;10;19). Mais les passages de Act 2.47; 6.7; 9.31; 12.24; 16.5; 19.20; 28; 30-31 nous informent que le progrès de l’Église était plutôt régulier et «normal ».

Ce progrès se faisait par étapes sur le plan géographique (Act 1 à 7; 8 à 9; 10 à 11; 13 à 14; 15 à 28. Votre église locale a-t-elle la vision apostolique, désirant annoncer l’Évangile plus loin sur le plan géographique? Ou bien êtes-vous simplement satisfaits du statu-quo, c.-à-d. que votre église devienne la plus grande possible sans se préoccuper d’annoncer la Bonne Nouvelle aussi plus loin?

Le progrès se faisait aussi sur le plan spirituel:

1° en commençant dans un contexte «tribal » ( le Judaïsme, ch. 1-7 ), puis,
2° en «se métissant» (ch. 8-10 ), pour finir,
3° en acceptant que n’importe quel individu, prêt à se soumettre à Jésus-Christ comme Sauveur et nouveau Maître, fasse partie du Corps, l’Église organisme (11.19 à 28.31). Quels sont les progrès de votre église dans ce domaine?

La méthode apostolique pour fonder et pour consolider des églises locales se résume très brièvement ainsi:

1. Par l’évangélisation en prêchant la vérité de Christ et en témoignant personnellement, la parole de Dieu (Act 2.17-40; 3.12-26; 4.33; 7.2-53; 8.5-8; 9.20,28; 10.34-43; 13.7, 17-41, 44-49; etc.). Notez bien 1 Cor 1.23; 9.16; 2 Cor 9.5; Gal 1.6; 2 Tim 4.2. Elle se fait sans «gadgets» souvent charnels très en vogue depuis presque 100 ans? Êtes-vous, vous et les prédicateurs de votre église, des témoins «apostoliques »?

2. Par l’acceptation de l’obligation volontaire de passer par immersion dans les eaux du baptême de tout vrai converti, comme signe sincère de sa foi en Christ (Act 2.38,41; 8.12,36; 9.18; 10.47-48; 16.15,33; etc.). Êtes-vous baptisé bibliquement?

3. Par le rassemblement en une assemblée locale et indépendante, pour vivre selon les points 1 et 2, ci-dessus (Act 2.46; 4.23,31-32; 14.21-23,27; 15.5; etc.). Ceci sans oublier la communion fraternelle avec d’autres assemblées locales, voire nationales indépendantes (Act 11.19-26; 12..24-25; 14.27-28; 15; 2 Cor 8.18-19, 22-23; 9.12-14).

4. Par les quatre activités fondamentales, sans lesquelles aucune église ne peut prétendre suivre le chemin apostolique (Act 2.42): «la persévérance dans l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières». Où en est votre église locale?

5. Par trois autres éléments essentiels, celui de l’entraide humanitaire (Act 2.44-45; 4.32,35; 6.1-3), celui de la discipline juste (Ac 5.1-11; 8.18-24; 15.38) et celui de l’envoi de missionnaires (Ac 11.22; 13.1-3; 15.40-41; 16.1-3; 18.22-23,27-28; 19.23).

Où, vous et votre église, vous situez-vous par rapport à ces cinq piliers essentiels?

Il apparaît clairement que le Corps de Christ, l’Église, fut bien meurtri pendant le 1er siècle par de terribles persécutions qui ont été racontées sans fard dans les Actes; mais ce Corps se développe toujours pendant les époques de virulente opposition. Un théologien du 3ème siècle a dit: «Le sang est la semence de l’Église ». La prochaine étude développera bien, entre autres, ce point dans la période de l’an 100 à l’an 312.

Il est impossible en si peu de pages d’écrire totalement l’histoire de l’Église apostolique, mais le but est de stimuler votre réflexion et votre action, afin que vous alliez plus loin avec le Seigneur, vous et votre église locale, en cette époque de médiocrité.

Retournons à l’étude de l’histoire néotestamentaire afin d’apprendre ce qui est bien devant Dieu, ce qu’il faut éviter à notre époque si dégénérée et tiède. Pour apprendre aussi ce que nous devons changer dans notre église, sur la base de la parole de Dieu écrite sous l’inspiration du Saint-Esprit. Il existe des chrétiens bien intentionnés qui parlent beaucoup du Saint-Esprit. Or, si nous ne respectons pas tout ce qu’Il a fait écrire dans le N.T.(«tout le conseil de Dieu», Act 20.26-27), nous tombons assez loin du modèle apostolique. Pour honorer Jésus-Christ par l’Esprit, nous devons suivre les traces de Leur œuvre concertée, si bien présentée dans les Actes des Apôtres.

Chers lecteurs, à l’étude, à la réflexion, et à l’action! Le Corps de Christ a besoin d’un réveil. Cette série pourrait vous encourager dans cette direction, je l’espère!


Auteur: Edgar ANDREWS

Editeur: Europresse, B.P. 105, FR-71322 Chalon-sur-Saône cedex, 160 pages, 2001

Dans la vie professionnelle, l’auteur est un scientifique hautement qualifié, et dans une église évangélique il est un ancien bien formé théologiquement. La valeur de son livre réside dans son refus, en tant que scientifique, d’accorder à la science plus qu’elle ne mérite. Donc, il n’est pas tenté, dans son rôle d’enseignant biblique, de chercher des astuces pour «concilier» la Bible avec la science. Il n’attaque pas la science mais nous avertit (p.93): «La science n’est pas infaillible. Elle n’est pas toujours sage non plus. Comme tous les domaines de la recherche et de l’activité humaines, elle contient le meilleur et le pire, et nous de vons a pprendre à faire la part des choses ». Son livre est un excellent outil pour aider ceux qui veulent bien faire un petit effort afin de voir plus clair dans le débat entre évolutionnistes et créationnistes.

Le premier chapitre explore, d’une manière fort utile, la relation entre la foi et la raison ainsi que le rôle qu’elles jouent dans l’apprentissage de la sagesse et la quête de la compréhension. Au chapitre 2, l’auteur ne cherche pas à démolir la théorie de l’évolution, mais il en expose certaines faiblesses et lacunes qui l’ont conduit à la rejeter comme une authentique théorie scientifique. Ensuite Andrews explique le processus par lequel cette théorie est devenue si populaire et il met en garde contre les abus de la théorie scientifique.

Le troisième chapitre est une comparaison et une évaluation des trois paradigmes scientifique, évolutionniste et créationniste. Après avoir exposé les ambitions et les limites de ces trois modèles de pensée l’auteur arrive à la conclusion (p.71): «Il apparaît ainsi clairement que le paradigme évolutionniste et le paradigme biblique s’excluent mutuellement. Chacun d’eux peut exister côte à côte avec le paradigme scientifique, mais ils ne peuvent exister ensemble. Il en est ainsi parce que chacun se veut «holistique », cherchant à embrasser la totalité du réel. Les deux ne peuvent pas être simultanément vrais, car ils proposent des vues radicalement différentes concernant Dieu, l’homme et la nature, et tous deux revendiquent la vérité exclusive de ce qu’ils enseignent.»

Deux chapitres sont consacrés à examiner les positions de ceux qui acceptent l’autorité de la Bible. D’abord les «néo-évangéliques qui pensent que la Bible peut se tromper en matière d’histoire et de science» (p.73), ensuite ceux qui se nomment «évolutionnistes théistes». Partout dans ce livre on constate les bonnes compétences scientifiques de l’auteur, mais dans ces deux chapitres c’est son respect du texte biblique et les bons principes d’exégèse qui sont évidents. Il tranquillise d’avance certains critiques éventuels en affirmant: «Rien ne nous oblige donc à interpréter l’Écriture d’une façon servilement littérale; suivant son genre littéraire et conformément à l’intention de l’auteur , nous insistons sur le fait qu’il faut interpréter comme de l’histoire authentique les passa ges qui ont une forme et un fond historiques» (p.100). Andrews tient à signaler que notre choix aura de graves conséquences et conditionnera «notre interprétation de l’Écriture, notre compréhension de l’homme et notr e conception de Dieu» (p.98).

Dans les deux derniers chapitres, l’auteur présente une perspective biblique du cosmos qui atteste la gloire du Dieu créateur, puis il conduit le lecteur à Colossiens 1 qui donne au Sauveur la place centrale dans la création.

A la portée de tout lecteur adulte, même sans formation scientifique, ce livre mérite d’être lu par tous les responsables des jeunes et les conducteurs des églises.

Tony HYNES


Jackie AMBROSIO est maman de trois enfants nés en Amérique latine. Elle raconte comment Dieu l’a exaucée et l’a touchée par Sa Grâce. Elle apporte soutien, écoute et conseils aux familles désireuses de se tourner vers l’adoption. «En fait, dit-elle, j’ai réalisé que c’était un excellent moyen de témoigner de la fidélité de Dieu et d’offrir un message d’espoir aux nombreuses personnes qu’Il met sur mon chemin. J’ai pu par ce biais offrir des Bibles à ces personnes qui ont pu être touchées par sa Grâce.»

«Réjouis-toi, stérile, toi qui n’enf antes pas!
Eclate de joie et pousse des cris, toi qui n’as pas éprouvé les douleurs!
Car les enf ants de la délaissée seront plus nombr eux que ceux
de la femme qui a son mari» (Galates 4.27)

J’ai traversé l’épreuve de la stérilité sans jamais avoir pu me réjouir à aucun moment. J’ai longtemps pleuré à la lecture de ce verset de Galates 4.

Bien que profondément croyante, j’ai toujours considéré la privation d’enfants comme une souffrance morale difficile à vivre, et ce, malgré le soutien dans la prière d’un époux aimant et plein d’égards envers moi. La non-acceptation de notre statut de «couple stérile» m’a plongée dans une dépression qui a duré deux bonnes années.

Après cinq ans de mariage, la pression sociale s’est faite plus forte et, immanquablement, les questions de mon entourage sur l’origine exacte de la stérilité me blessaient de plus en plus. Si mon époux n’avait pas été à mes côtés, je me serais sans doute complètement coupée du monde extérieur… Patiemment, il a continué à me témoigner son amour tandis que je m’interrogeais sur la raison d’être de notre mariage. Combien de fois n’ai-je pas regretté qu’il m’ait épousée, moi, plutôt qu’une autre! Je me sentais si coupable de l’empêcher d’assumer sa paternité. Je lui rends ici hommage.

Je m’appuyai alors sur le Seigneur et Sa parole: «Invoque-moi au jour de la détresse. Je te délivrerai, et tu me glorifieras » (Ps 50.15). Je décidai de compter sur la fidélité de Dieu, avec l’assurance qu’un jour, je comprendrais Son plan pour moi.

Fort heureusement, la Bible est émaillée de récits de couples stériles et ceux-ci m’encourageaient à garder la foi en Celui qui peut nous bénir au-delà de nos espérances. Sara et Abraham, Rachel et Jacob, Anne et Elkana, Elisabeth et Zacharie sont les témoins de la souffrance des couples qui n’arrivent pas à trouver un sens sans progéniture. Je m’identifiais à chacune de ces femmes, je me sentais moins seule, j’étais reconnaissante au Seigneur pour ces exemples qui me donnaient la force de croire encore.

Je pleurais cependant beaucoup. Je voulais comprendre par tous les moyens pourquoi Dieu permettait une telle situation, Lui dont il est écrit qu’Il est le Dieu Créateur, le Roi des Rois, … le Dieu de l’impossible? Je suis passée par des phases de révolte pendant lesquelles j’ai contesté avec mon Créateur, refusant de me soumettre à son plan que je ne reconnaissais pas comme étant le «meilleur».

Dans Son immense bonté, Dieu nous a préservés du piège de l’acharnement thérapeutique. C’est alors que doucement, j’ai fait le deuil de l’enfant biologique dont nous avions tant rêvé… Petit à petit, et suite à ma perte d’emploi auquel j’avais renoncé pour suivre mon mari muté à l’autre bout de la France, en Bretagne, le Seigneur a opéré un travail de fond en moi. Il a commencé à me consoler. J’acceptai enfin Sa paix…

C’est ainsi que, chemin faisant, j’ai peu à peu admis l’idée de l’adoption… jusqu’à obtenir une ferme conviction que c’était là le moyen choisi par Dieu pour que nous fondions enfin une famille. Dieu Lui-même ne nous a-t-il pas aussi adoptés dans Sa famille?

Les promesses de Dieu sont vraies.

«Dans ma détresse, j’invoque l’Eternel,
Je crie à mon Dieu;
De son palais, Il entend ma voix,
Et mon cri vers Lui parvient à
Ses oreilles» (Psaume 18.7)

Le 18 août 1999, Il nous a fait la grâce de nous accorder un fils: Joseph, âgé de 13 mois. Quelle ne fut pas notre surprise quand, le 25 mai 2001, nous avons appris que deux petites filles, jumelles, âgées de 10 mois, nous attendaient en Colombie. Nous les avons accueillies dans notre foyer le 1er août dernier comme un véritable cadeau! Jamais de ma vie je n’ai ressenti avec une telle intensité l’amour de Dieu pour moi. En effet, il y a quelques mois de cela, j’avais formulé la demande qu’Il m’accorde des jumelles de moins d’un an! Dieu est vivant…

Oui, je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut, «car Il dit et la chose arrive, Il ordonne, et elle existe» (Ps 33.9).

«A toi, Eternel, la grandeur, la puissance et la splendeur, l’éternité et l’éclat, car tout ce qui est au ciel et sur la terre est à toi, Eternel, ainsi que le règne, Toi qui t’élèves souverainement au-dessus de tout» (1 Chr 29.11), Amen!