PROMESSES
DANS ce numéro, Bernard Cousyn nous invite à une réflexion sérieuse sur les rapports entre l’homme et la machine avec son article sur un thème passionnant: L’idole de l’homme machine. La science appliquée, avec les progrès techniques gigantesques qu’elle a permis ces dernières décennies, nous a menés vers des sommets vertigineux. L’industrialisation avec la machine au service de l’homme a contribué au bien-être physique et à un confort matériel sans égal. Parallèlement à ces progrès, une autre «machine » redoutable s’est mise en marche: celle des mass médias, avec en particulier la TV qui manipule dangereusement des millions d’êtres humains et les presse dans le moule de l’humanisme séculier, matérialiste et hédoniste. Ce concept, héritage des Lumières et développé au cours des trois derniers siècles rationalistes, a rayé le Dieu personnel et infini des esprits modernes. La vision mécaniste d’un Descartes, reprise et développée par d’autres philosophes des Lumières, a grandement facilité la vulgarisation du darwinisme biologique et sociologique qui présente finalement l’homme comme une machine physico-chimique. Sous l’empire d’une théorie évolutionniste déterministe, l’homme est condamné à devenir fataliste parce que déresponsabilisé de tous ses actes. Chacun clame tout haut sa «liberté» individuelle de faire ce qui lui plaît, mais personne ne veut être responsable de rien. Est-il dès lors étonnant de voir notre société aller au devant d’une crise sans précédent ?
Pourtant, comme jadis au temps de l’Eglise primitive au milieu d’un monde païen et multiculturel, le christianisme apporte La Bonne Nouvelle du salut, Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur, Seigneur et Dieu Tout-puissant. Ce message libérateur met l’âme tourmentée en face de ses responsabilités et lui propose la repentance et la foi en Jésus-Christ. Finie alors cette tourmente, cette désorientation de l’homme machine due à des concepts déterministes, tel le béhaviorisme d’un Skinner. Non, l’homme est un être moral, créé par le Dieu vivant et vrai, celui de la Bible. Puisqu’il a été créé à l’image de Dieu, l’homme est responsable de ses actes. Il l’est personnellement, parce qu’il a affaire à un Dieu personnel auquel il est confronté constamment. Il n’est plus laissé à luimême ou au Hasard. La vie prend un sens avec Dieu, le Créateur de l’univers.
L’article de Daniel Arnold sur L’instauration de la royauté en Israël démontre parfaitement combien la responsabilité du peuple de Dieu est engagée dans sa marche terrestre. Dans sa divine Providence, il dirige tous les événements et les cours, tout en laissant aux hommes une liberté d’action dont ils sont responsables. La compassion, la patience et le châtiment de Dieu sont en constante interaction pour amener le peuple à une obéissance à sa Parole.
La loi de Dieu – sa Parole, en particulier les Dix Commandements – a été donnée à l’homme pour que, dans sa situation d’être moral et pécheur, il devienne conscient de sa responsabilité face à son Créateur pour se repentir et accepter le salut offert généreusement par la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Jean-Pierre Schneider nous explique dans sa première étude biblique sur La vie du chrétien né de Dieu (Rom 7), combien le péché a ravagé le cour de l’homme et l’a mis sous sa domination. Ainsi, Satan, prince de ce monde est l’ennemi juré de l’homme: «Le monde entier est au pouvoir du Malin» (1 Jean 5.19). De sorte que la loi de Dieu, au lieu de déresponsabiliser l’homme, comme la philosophie du déterminisme prône de le faire, le met en face de ses responsabilités en lui révélant le péché, la corruption morale de son être tout entier: il a donc besoin d’un Sauveur.
Ainsi, Christ a dû souffrir pour porter nos péchés sur la Croix afin de nous libérer du péché, nous rendant réellement libres en Lui (Jean 8.31-34). Philippe Favre, dans son article Christ a souffert, nous mène dans les profondeurs de ce mystère grandiose des souffrances de Jésus-Christ qui nous ouvre la porte de la pleine liberté en Lui par la rédemption en nous délivrant du pouvoir manipulateur de Satan. Puis, l’article de Jean-Raymond Couleru, parti auprès du Seigneur il y a un peu plus d’une année, nous invite à nous souvenir de Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts. Son étude Une petite ville – Parabole du grand roi Salomon nous mène vers les profondeurs de la sagesse de Dieu en Christ qui nous a libérés du grand adversaire de «la petite ville». La chronique de livre Chrétien dans un monde actuel présente sous la plume de Tony Hynes un ouvrage intéressant qui nous parle de notre foi appliquée à travers une étude de l’épître de Jacques.
Finalement, Un espoir pour les désespérés, témoignage touchant de Nadine Sorokina, chrétienne engagée en Russie, nous montre combien une vie simple mais obéissante et fidèle au Seigneur peut apporter de la compassion pratique là où il y a une misère profonde, en transformant des cours et en soulageant les souffrances causées par l’esclavage du péché. Là où le concept matérialiste de l’homme machine a tout gâché, un simple témoignage peut transformer des vies manipulées par l’Ennemi et ravagées par le péché en « fixant les yeux sur Jésus, l’auteur de la foi qui la mène à la perfection» (Héb 12.1-2).
Gloire à Dieu pour sa victoire en Jésus-Christ.
H.L.
- Edité par Lüscher Henri
1 Samuel 8 et 12
L’HISTOIRE de l’indépendance d’Israël est coupée en deux parties. Du temps des juges, le pays était géré de manière décentralisée, puis dès l’avènement du premier roi, le pays glissa vers une administration centralisée. Ces deux périodes sont sensiblement de même longueur, puisqu’on compte trois siècles et demi de Josué à Samuel (1404- 1050), et quatre siècles et demi de Saül à Sédécias (1050-587). Ce changement politique a bien sûr affecté la vie sociale des Israélites, mais il a aussi modifié les rapports entre Israël et l’Eternel.
A première vue, le changement de régime découlait d’une insatisfaction du peuple avec les fils de Samuel. Les anciens reprochaient à Samuel la corruption de ses enfants : « Tes fils ne marchent pas sur tes traces» (1 Sam 8.5). Bien que l’accusation fût fondée («les fils de Samuel se livraient à la cupidité, recevaient des présents, et violaient la justice », 1 Sam 8.3), le comportement fautif de Joël et d’Abiya n’était qu’un prétexte pour s’éloigner de l’Éternel, Israël voulant avoir un roi «comme les autres nations» (1 Sam 8.5). Tel est du moins le verdict de Dieu à Samuel: « Ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux» (1 Sam 8.7). Fondamentalement, les causes du changement politique sont d’ordre spirituel.
Dieu se retire
Dieu ordonne à Samuel d’aller de l’avant et d’accepter la demande d’Israël : « L’Éternel dit à Samuel: Écoute la voix du peuple dans tout ce qu’il te dira» (1 Sam 8.7). Pour comprendre la promptitude de Dieu à accepter «l’indépendance» de son peuple, il faut réaliser deux choses. D’une part, l’endurcissement envers l’Éternel n’est pas nouveau. Génération après génération, Israël a été rebelle. Ce constat est rappelé à Samuel par Dieu lors de la requête du peuple («Ils agissent à ton égard comme ils ont toujours agi depuis que je les ai fait monter d’Égypte jusqu’à ce jour», 1 Sam 8.8), puis communiqué par Samuel au peuple lors de la confirmation de la royauté (1 Sam 12.8-13). D’autre part, la demande d’un roi n’exprime pas un rejet total de l’Eternel. Israël ne veut pas devenir idolâtre, mais souhaite simplement ne plus être sous la juridiction directe de Dieu.
Dieu accepte cet éloignement, mais fait avertir le peuple des conséquences. Puisqu’Israël désire avoir un roi comme les autres nations et que les rois du monde exploitent leur peuple, Israël tombera sous le joug d’un tel homme. Le roi, véritable tyran, s’appropriera ce qu’il voudra: « Il prendra vos fils… vos filles… vos champs… vos ânes… votre bétail… vos serviteurs… vos produits…» (1 Sam 8.11-17). De plus, puisqu’Israël ne veut pas d’une supervision directe de l’Éternel, celui-ci se tiendra en retrait de son peuple: «Ce jour-là vous crierez contre votre roi que vous vous serez choisi, mais l’Éternel ne vous exaucera pas» (1 Sam 8.18).
La rupture entre Israël et l’Éternel n’est pas totale, mais partielle. D’un côté, Israël ne veut plus être sous la juridiction directe de l’Eternel, mais désire néanmoins continuer à l’adorer, et de l’autre côté, l’Eternel ne répondra plus aux moindres requêtes de son peuple, mais ne l’abandonnera pas entièrement : « L’Eternel n’abandonnera pas son peuple, à cause de son grand nom, car l’Eternel a résolu de faire de vous son peuple» (1 Sam 12.22).
La théologie des délais
Dès l’instauration de la royauté, on constate que Dieu n’intervient plus aussi promptement que dans le passé. Du temps de Moïse, de Josué et des juges, Dieu jugeait son peuple au moindre péché, tout comme il le sauvait au premier signe de repentance. Par exemple, les murmures dans le désert étaient sanctionnés par des malheurs immédiats. Le péché d’Akan lors de la conquête de Jéricho entraîne la défaite de toute l’armée dans la bataille suivante (Jos. 7), mais sitôt le péché confessé et expié, Dieu redonne la victoire à Israël (Jos. 8). Du temps des juges, le lien de causalité reste très marqué. A la moindre repentance, Dieu intervient et envoie un juge pour chasser les envahisseurs.
La période des rois est différente. Dieu se tient en retrait de son peuple. Les jugements et les libérations sont généralement différés. Cette politique des délais ressort particulièrement dans 1-2 Rois. Au sujet des jugements différés, on peut relever les exemples suivants:
1. Le péché de Salomon entraîne le schisme de son royaume, mais seulement durant la vie de son fils («L’Éternel dit à Salomon: Puisque tu as agi de la sorte, et que tu n’as point observé mon alliance et mes lois que je t’avais prescrites, je déchirerai le royaume de dessus toi et je le donnerai à ton serviteur. Seulement, je ne le ferai point pendant ta vie, à cause de David, ton père. C’est de la main de ton fils que je l’arracherai», 1 Rois 11.11-12).
2. De même, le péché de Jéroboam entraîne la disparition de sa maison sous le règne de son fils («Lorsque Nadab fut roi, il frappa toute la maison de Jéroboam, il n’en laissa échapper personne et il détruisit tout ce qui respirait, selon la parole que l’Éternel avait dite par son serviteur Achija de Silo, à cause des péchés que Jéroboam avait commis et qu’il avait fait commettre à Israël, irritant ainsi l’Éternel, le Dieu d’Israël », 1 Rois 15.29-30; cf. 1 Rois 14.9-11).
3. Le roi Achab a péché plus que tous les rois qui l’ont précédé (1 Rois 16.30-33). Pourtant, malgré l’idolâtrie généralisée dès le début de son règne, et le massacre des prophètes de l’Éternel, Dieu ne juge Israël que par une absence de pluie, un jugement très progressif. Après la démonstration de la puissance divine au Carmel et le retour de la pluie, Elie doit de nouveau fuir pour sauver sa vie, car Achab n’a rien fait pour diminuer l’influence et le pouvoir de Jézabel. Malgré l’omniprésence du péché, Dieu délivre Achab de la main des Syriens à deux reprises (1 Rois 20). Ce n’est que le meurtre de Naboth qui entraîne, enfin, une parole de condamnation divine contre le roi («Voici, je vais faire venir le malheur sur toi; je te balaierai, je retrancherai même le moindre de ceux qui appartiennent à Achab», 1 Rois 21.21). Mais dès que le roi s’humilie, Dieu reporte la destruction de sa maison d’une génération («Et la parole de l’Éternel fut adressée à Elie, le Thischbite, en ces mots : As-tu vu comment Achab s’est humilié devant moi? Parce qu’il s’est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur pendant sa vie; ce sera pendant la vie de son fils que je ferai venir le malheur sur sa maison », 1 Rois 21.28-29).
4. Après deux siècles d’infidélité, le royaume du Nord est finalement déporté en Mésopotamie par les Assyriens, mais ce jugement extrême se produit sous Osée, un des meilleurs rois que ce royaume ait eus! En effet, il est le seul avec Jéhu à n’avoir pas eu un comportement entièrement négatif («Osée fit ce qui est mal aux yeux de l’Eternel, non pas toutefois comme les rois d’Israël qui avaient été avant lui», 2 Rois 17.2).
5. Quant à la déportation du royaume de Juda, elle est fixée définitivement par les péchés de Manassé (2 Rois 21.10-15), quatre générations avant la fin. Même le zèle de Josias à réformer profondément le pays ne détourne pas la colère divine («Avant Josias, il n’y eut point de roi qui, comme lui, revienne à l’Eternel de tout son cour, de toute son âme et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse; et après lui, il n’en a point paru de semblable. Toutefois l’Eternel ne se désista point de l’ardeur de sa grande colère dont il était enflammé contre Juda, à cause de tout ce qu’avait fait Manassé pour l’irriter», 2 Rois 23.25-26). L’invasion de Nébucadnetsar remonte ainsi directement aux péchés de Manassé («Cela arriva uniquement sur l’ordre de l’Éternel, qui voulait ôter Juda de devant sa face, à cause de tous les péchés commis par Manassé », 2 Rois 24.3). Notons encore que malgré ses péchés exécrables, Manassé a régné plus longtemps qu’aucun autre roi de Juda ou d’Israël, soit 55 ans (2 Rois 21.1)!
Si le jugement est souvent reporté à une génération ultérieure, le salut semble échapper aux justes. Ceux-ci sont confrontés à de grandes difficultés, souvent plus que les méchants.
1. La reine Jézabel fait tuer les prophètes de l’Éternel, et seul un petit nombre est sauvé. Elie vit constamment en exil et Naboth, le juste, est lapidé pour ne pas avoir cédé l’héritage de ses ancêtres (1 Rois 21). Tous les notables se plient aux plans machiavéliques de la reine. Le mal ne semble rencontrer aucune opposition.
2. Le roi Ezéchias est confronté à de grandes difficultés juste après avoir mené une réforme religieuse: «Il fit ce qui est droit aux yeux de l’Eternel, entièrement comme avait fait David, son père. Il fit disparaître les hauts lieux, brisa les statues, abattit les idoles… Il mit sa confiance en l’Eternel, le Dieu d’Israël ; et parmi tous les rois de Juda qui vinrent après lui ou qui le précédèrent, il n’y en eut point de semblable à lui, mais la quatorzième année du roi Ezéchias, Sanchérib, roi d’Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda, et s’en empara », (2 Rois 18.3, 5, 13). Le Chroniqueur consacre trois chapitres à décrire les réformes religieuses (2 Chr 29-31), avant de poursuivre par ces paroles étonnantes: «Après ces choses et ces actes de fidélité, parut Sanchérib, roi d’Assyrie, qui pénétra en Juda, et assiégea les villes fortes, dans l’intention de s’en emparer», (2 Chr 32.1).
3. Josias, l’autre roi en plus d’Ezéchias à avoir eu un comportement exemplaire (2 Rois 23.25), est lui aussi confronté à l’invasion d’armées étrangères. Quelques versets après avoir loué le roi, le narrateur rapporte sa mort dramatique au premier contact armé avec les Egyptiens («De son temps, le Pharaon Néco, roi d’Égypte, monta contre le roi d’Assyrie, vers le fleuve de l’Euphrate. Le roi Josias marcha à sa rencontre; et Pharaon le tua à Meguiddo, dès qu’il le vit», 2 Rois 23.29).
Dieu reste le maître. discrètement
Même si l’action divine est moins manifeste au temps des rois qu’au temps des juges, elle n’est pas absente. Dieu se réserve le droit de contrôler les grandes lignes de l’histoire du peuple élu. Ainsi, c’est lui qui oint les deux premiers rois. Les deux onctions se font, cependant, très discrètement. Samuel sert de porte-parole divin les deux fois. Pour Saül, aucun témoin n’assiste à l’onction, puisque son seul serviteur est expressément renvoyé (1 Sam 9.27). Après son appel, Saül peut voir toute une série de signes prophétiques qui confirment la parole divine, mais il est le seul à les voir (1 Sam 10), et il se garde d’en parler à quiconque. A son oncle qui l’interroge sur son entretien avec Samuel, il ne rapporte qu’un aspect secondaire: « Il (Samuel) nous a assuré que les ânesses étaient retrouvées. Et il ne lui dit rien de la royauté dont avait parlé Samuel », (1 Sam 10.16). Quand les Israélites comprennent que Saül doit régner, ils n’ont pour seul signe de l’appel divin que le choix du sort (1 Sam 11.20-21). Quant à David, il n’est oint que devant sa famille, Samuel ayant pris toutes les précautions pour ne pas alerter le roi Saül de sa démarche (1 Sam 16.1-13).
Durant la période de la royauté, Dieu se manifeste rarement par des prodiges. Par contre, l’activité prophétique est des plus intenses, Dieu révélant sa volonté aux rois et au peuple par l’intermédiaire de ses prophètes. Ainsi, il n’y a pratiquement pas de génération sans qu’un prophète se manifeste. Leurs propos concernent le présent et l’avenir. En effet, ils jugent et exhortent leur génération, mais en même temps annoncent des interventions divines généralement distantes dans le temps. Dieu annonce son contrôle de l’histoire… dans le temps.
Elisée est l’exception qui confirme la règle. Son ministère tranche avec celui des autres prophètes, car il est fait de miracles. Mais l’opposition entre Elisée et les autres prophètes touche plus à la forme qu’au fond. En effet, chaque prodige d’Elisée a une portée eschatologique. Elisée sauve et guérit pour annoncer le ministère de Jésus-Christ (voir PROMESSES no122 «Elisée, le prophète des signes»).
Dieu n’est jamais pris au dépourvu
La royauté a toujours fait partie du plan divin. La venue du Messie est l’axe dominant du plan divin rédempteur. Si Dieu indique à Samuel d’accepter la demande populaire d’un roi, c’est parce qu’il avait depuis longtemps planifié la royauté. Il utilise simplement le mal pour en faire du bien, le péché de l’homme pour accomplir son dessein. Même la demande du peuple rebelle «d’avoir un roi comme les autres nations» était déjà annoncée, puisque Moïse avait laissé des stipulations précises pour guider le peuple lorsque la situation se présenterait («Lorsque tu seras entré dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne, lorsque tu le posséderas, que tu y auras établi ta demeure, et que tu diras: Je veux mettre un roi sur moi, comme toutes les nations qui m’entourent, – tu mettras sur toi un roi que choisira l’Éternel, ton Dieu… » Deut 17.14-20).
Aujourd’hui, nous vivons dans l’attente du royaume messianique. Le Christ est venu une première fois chez les siens, mais les siens ne l’ont pas reçu (cf. Jean 1.11). Le roi a été rejeté et son royaume ajourné. Bien que les arrhes du royaume aient été données, la plénitude manque encore. Les théologiens parlent du déjà et du pas encore pour exprimer cette réalité.
D’une certaine manière, notre situation est identique à celle d’Israël du temps des rois. Dieu ne règne pas directement sur le monde, en raison du péché des hommes. Le Messie a été retranché. En conséquence, le temps de l’église est plus marqué par la parole divine que par les prodiges (bien que ceux-ci ne soient pas absents). Dieu ouvre fondamentalement au niveau de sa parole. Le Saint-Esprit éclaire les Saintes Écritures et les chrétiens doivent en priorité diffuser son message dans le monde entier.
Les chrétiens sont des étrangers et des voyageurs sur la terre dans l’attente d’être unis à leur Seigneur dans son royaume éternel (cf. 1 Pi 2.11; Apoc 21-22). Christ est «Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Apoc 19.16). «Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit» (Dan 7.14).
D.A.
- Edité par Arnold Daniel
Ce sujet sera traité en deux parties:
. Romains 7: La vie dans le corps de chair (L’article que vous lisez en ce moment)
. Romains 8: La vie dans l’Esprit (Prochain numéro de PROMESSES)
Introduction à l’épître de Paul aux Romains
C’est l’épître maîtresse du Nouveau Testament (NT). De tout temps, elle a exercé une grande influence. Par elle, Luther a compris l’Evangile de la grâce. Elle fut le plus grand soutien des réformateurs contre l’Eglise de Rome. Son titre pourrait être le premier verset du chap.5: «Ayant donc été justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ ».
Les huit premiers chapitres sont la base théologique de tout le NT. Même dans l’AT, Dieu a toujours sauvé les hommes en fonction de leur foi en lui ; aussi Paul cite-t-il la constatation d’un ancien prophète: « Le juste vivra par la foi » (Hab 2.4).
Le cheminement de l’argumentation de l’épître peut se résumer ainsi :
Ch. 1 v. 1 à 17 Introduction personnelle
Ch. 1 v. 18 à 3 v. 20 L’universalité du péché
Ch. 3 v. 21 à 4 v. 25 L’expiation et la justification par la foi (ex. : Abraham)
Ch. 5 L’assurance du salut
Ch. 6 et 7 Réponse à deux objections sous forme de questions:
1) Faut-il alors continuer à pécher pour que la grâce abonde?
2) A quoi sert alors la loi ?
Ch. 8 La certitude et la finalité du salut
Ch. 9 à 11 L’Evangile et le peuple d’Israël
Ch. 12 à 15 La vie dans le salut:
Ch. 12: Le sacrifice (la consécration) du corps
Ch. 13: La soumission aux autorités
Ch. 14 et 15: Les faibles et les forts/plans futurs de Paul
Ch. 16 Salutations personnelles.
La vie dans le corps de chair
Romains 7 nous servira de base pour cette première partie
Voici une citation tirée d’un journal périodique, sous un titre en forme de question: «Comment les Japonais acquièrent-ils un esprit sain dans un corps sain? »
La philosophie japonaise repose sur la dualité du Yin et du Yan. Elle raisonne comme suit: «A l’intérieur de l’univers dans lequel nous vivons, nous sommes sans cesse sollicités par des forces contraires qui ne sauraient exister l’une sans l’autre. La loi unique de l’univers est l’harmonie entre ces deux activités. L’opposition de ces deux forces, Yin négative et Yan positive, se retrouve dans toute la nature. L’extérieur physique et l’intérieur spirituel de l’être humain en sont un aspect, car l’homme fait partie de l’univers. Il est luimême un univers et obéit aux mêmes lois. … Pour accéder à la sagesse, il faut s’efforcer de réaliser cet équilibre en nous-mêmes.» Pour cela, de multiples chemins sont ouverts aux Japonais.
La question posée au début – «Comment acquérir un esprit sain dans un corps sain? » – pourrait être le titre des chapitres 6 et 7 de l’épître aux Romains. Au lieu de dire «Yin» et «Yan», Paul dit «chair » et «Saint-Esprit», deux forces qui sont en combat continuel. Mais là s’arrête le parallélisme. Car il ne peut jamais y avoir d’harmonie entre les deux. Pour les Japonais, «Yin» est négatif, «Yan» est positif, non pas mauvais et bon. Quant à la chair, elle est mauvaise, et l’Esprit est bon. Alors que le Japonais s’efforce à réaliser un équilibre en lui-même (et rien ne dit qu’il le réalise effectivement!), le chrétien ne cherche pas à réaliser un équilibre entre la chair et l’Esprit, mais à «vaincre la chair par l’Esprit », ce qui est tout autre chose!
A la lumière de Romains 7, cela paraît chose impossible. En raccourci, voici le raisonnement qui se dégage de Romains 7:
– je suis charnel, vendu au péché (v.14) ;
– je fais le mal que je ne voudrais pas, et je ne fais pas le bien que je voudrais faire (v.19);
– la loi du péché qui habite dans mes membres me rend captif de cette loi (v.23) ;
– par ma chair, je suis esclave de la loi du péché (v.25) ; et cela malgré le fait que:
– je prends plaisir à la loi de Dieu dans mon être intérieur (mon esprit, mon intelligence) (v.22) ;
– par mon intelligence, je suis esclave de la loi de Dieu (v.25).
Avant d’aller plus avant dans l’étude de ce chapitre, il faut lire Romains 6, car Romains 7 se comprend à la lumière de Romains 6.
Que dit Romains 6 ?
– je suis mort au péché (comment y vivrais-je encore?) (v.2) ;
– ma vieille nature (le vieil homme, le Moi) est crucifié avec Christ: mon corps de péché est réduit à l’impuissance (v.6) ;
– le péché ne doit plus régner dans nos corps mortels (v.12);
– je ne suis plus esclave du péché, après l’avoir été (v.14,17) ;
– mes membres ne sont plus livrés au péché (v.19); au contraire:
– je marche en nouveauté de vie (v.4);
– mes membres sont livrés à la justice pour aboutir à la sanctification, dont le fruit mène à la vie éternelle (19-20).
Le centre du chap. 6 (son résumé) se trouve au v.11: Je suis mort au péché et vivant pour Dieu en Jésus-Christ.
C’est en fait ce que disent aussi Romains 7.1-6 et tout Romains 8.
Les 3 parties de Romains 7
A. Versets 1 à 6: La relation du croyant avec la loi
1. «Ignorez-vous, frères, – car je parle à des gens qui connaissent la loi, – que la loi exerce son pouvoir sur l’homme aussi longtemps qu’il vit ?
2. Ainsi, une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu’il est vivant ; mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari.
3. Si donc, du vivant de son mari, elle devient la femme d’un autre homme, elle sera appelée adultère mais si le mari meurt, elle est affranchie de la loi, de sorte qu’elle n’est point adultère en devenant la femme d’un autre.
4. De même, mes frères, vous aussi vous avez été, par le corps de Christ, mis à mort en ce qui concerne la loi, pour que vous apparteniez à un autre, à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu.
5. Car, lorsque nous étions dans la chair, les passions des péchés provoquées par la loi agissaient dans nos membres, de sorte que nous portions des fruits pour la mort.
6. Mais maintenant, nous avons été dégagés de la loi, étant morts à cette loi sous laquelle nous étions retenus, de sorte que nous servons dans un esprit nouveau, et non selon la lettre qui a vieilli ».
Paul a recours au mariage pour illustrer sa pensée. Il compare l’être humain à une femme mariée à la loi, mari exigeant, dur, qui ne lui permet pas de porter des fruits pour Dieu.
Par contre, le chrétien est mort à la loi par le corps de Christ, en ce sens que Christ a subi, à sa place et en son nom, la mort exigée par la loi contre le pécheur. La loi (le premier mari) est donc pour ainsi dire morte avec Christ à la croix, et la femme n’a plus aucune obligation envers un mari mort. Elle peut en épouser un autre; aussi le chrétien est-il comparé à une femme mariée avec Jésus-Christ (il est l’époux; l’Eglise est l’épouse). Le mariage est l’union de deux êtres en un seul. Quel est le but de ce mariage avec Christ? Réponse: «afin que nous portions des fruits pour Dieu» (v.4). Le chrétien uni («marié») à Christ ne sert plus sous le régime de la loi, mais sous le régime de l’Esprit.
Autrement dit: Comme on ne meurt qu’une fois, Dieu ne pouvait pas faire une autre alliance avant la mort de la loi (le premier mari). En mourant, Christ a fait justice et a cassé le contrat qui nous liait à la loi. Il a établi la nouvelle alliance, celle de la grâce, qui est un contrat d’amour.
Là, une question se pose: « La loi est-elle péché (c’est-à-dire mauvaise) »? La réponse est donnée dans la deuxième partie de Romains 7:
B. Versets 7 à 13: La loi est bonne; elle révèle le péché
7. «Que dirons-nous donc? La loi est-elle péché ? Loin de là! Mais je n’ai connu le péché que par la loi. Car je n’aurais pas connu la convoitise, si la loi n’eût dit: Tu ne convoiteras point.
8. Et le péché, saisissant l’occasion, produisit en moi par le commandement toutes sortes de convoitises ; car sans loi le péché est mort.
9. Pour moi, étant autrefois sans loi, je vivais; mais quand le commandement vint, le péché reprit vie, et moi je mourus.
10. Ainsi, le commandement qui conduit à la vie se trouva pour moi conduire à la mort.
11. Car le péché saisissant l’occasion, me séduisit par le commandement, et par lui me fit mourir.
12. La loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon.
13. Ce qui est bon a-t-il donc été pour moi une cause de mort ? Loin de là ! Mais c’est le péché, afin qu’il se manifestât comme péché en me donnant la mort par ce qui est bon, et que, par le commandement, il devînt condamnable au plus haut point. »
Le vice n’est pas dans la loi mais en moi-même. C’est la réponse de Paul à ceux qui l’accusaient de prêcher que la loi était péché (donc mauvaise). Non! dit Paul ; c’est l’homme qui est mauvais, et c’est la loi qui le lui révèle. Il est significatif que Paul prend comme exemple le péché de la convoitise. Eve, et Adam après elle, ont convoité la connaissance et la puissance de Dieu, qu’ils croyaient acquérir en mangeant du fruit défendu; le premier péché était ainsi celui de la convoitise. Et le dixième commandement résume les précédents: «Tu ne convoiteras pas la maison, la femme, les possessions de ton prochain» (Exode 20.17).
Paul analyse la relation entre la loi de Dieu (qui est sainte, juste et bonne), et le péché, en trois points:
– L’effet de la loi : elle donne naissance au péché comme d’une force active en nous qui nous pousse à l’insoumission à la loi.
– L’action de la loi: la connaissance de la loi est une provocation à la transgresser ; l’homme est alors conscient d’avoir péché.
– L’incapacité de la loi: elle ne peut délivrer de la puissance du péché pour inciter à faire le bien qu’elle prescrit.
Conclusion: sans la loi, l’homme n’est pas vraiment conscient d’être pécheur; en constatant qu’il la transgresse, son péché lui est révélé. – Application moderne: la plupart des gens ne se sentent plus coupables devant Dieu, d’une part parce qu’ils ne croient plus en Dieu, d’autre part parce qu’ils ne connaissent pas ou ne reconnaissent plus la loi donnée par Dieu.
Remarque: Tout ce passage est au passé et à la première personne. Il décrit l’état de Paul avant sa conversion.
C. Versets 14 à 25: Le combat contre la nature pécheresse
14. «Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle; mais moi, je suis charnel, vendu au péché.
15. Car je ne sais pas ce que je fais : je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais.
16. Or, si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la loi est bonne.
17. Et maintenant ce n’est plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi.
18. Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair: j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien.
19. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas.
20. Si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais le péché qui habite en moi.
21. Je trouve donc en moi cette loi: quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi.
22. Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur;
23. mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres.
24. Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ?…
25. Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur!… Ainsi donc, moi-même, je suis par l’entendement esclave de la loi de Dieu, et je suis par la chair esclave de la loi du péché. »
En lisant ce passage, on remarque que Paul parle toujours à la première personne, mais il est passé au temps présent. Un bon nombre des commentateurs pensent que ce passage, même s’il est au présent, décrit encore l’expérience de Paul dans le passé, où, étant toujours sous la loi, il cherchait à appliquer la loi sans y arriver.
Plusieurs réflexions m’ont amené à penser que Paul décrit ici son état de croyant, pour les raisons suivantes:
– Le passage du temps passé au temps présent est certainement voulu. Paul était certes assez bon grammairien pour ne pas se tromper de temps et, ce faisant, rendre le passage obscur.
– Paul dit ceci: « Je prends plaisir à la loi de Dieu dans mon for intérieur ». Au chapitre 5, Paul écrivait que l’homme «en Adam» est ennemi de la loi de Dieu. Or depuis sa conversion, Paul est «en Christ». Un inconverti ne prend pas plaisir à la loi de Dieu.
– L’homme «malheureux» ici demande plus que la délivrance de la puissance du péché: il demande «la délivrance de ce corps de mort». Au chapitre 8, il parlera de «la rédemption de notre corps».
– La dernière phrase du chapitre 7 est un résumé de la situation qui dure tant qu’on est dans le corps mortel, dans lequel habite le péché: «Ainsi donc, par mon intelligence, je suis esclave de la loi de Dieu, tandis que, par ma chair, je suis esclave de la loi du péché» (v.25b). – N.B. : Ceux qui ne pensent pas que Paul décrit ici son état actuel sont obligés de déplacer cette fin du v.25 qui vient d’être cité, pour la placer entre les v.23 et 24. Mais aucun des nombreux manuscrits ne supporte ce changement; tous sont dans l’ordre des traductions fidèles aux textes grecs. Personne n’a le droit de changer arbitrairement l’ordre des phrases telles qu’elles se suivent dans le texte grec.
Je comprends que beaucoup pensent que cela ne peut s’appliquer à Paul, l’apôtre de Christ qui écrit dans 1 Thessaloniciens 2.10: «Vous êtes témoins que nous nous sommes comportés d’une manière juste, sainte et irréprochable!»
Seulement, je ne crois pas qu’il s’agisse, dans Romains 7.14-25, du comportement de l’apôtre, mais de sa vie dans son corps mortel. Le verset 20 me semble être la clé de ce passage: « Si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais le péché qui habite en moi.»
«Ce n’est plus moi qui accomplis le péché. » Comment cela? Parce que je suis mort (le Moi, le vieil homme) à la croix avec Christ. Ce n’est pas une «idée» ou une illusion psychologique; c’est une réalité qui n’est saisie que par la foi.
Il s’agit de distinguer entre:
a) Le Moi mort à la croix avec Christ;
b) Le corps dans lequel je vis: le péché y habite tant qu’il n’est pas mort.
Le vieil homme étant mort, il ne peut plus pécher (un mort ne peut ni pécher ni faire le bien). Le Moi est donc mort.
Mais je suis ressuscité avec Christ, je suis un nouvel homme («une nouvelle créature» : 2 Cor 5.17). Un autre homme est né, et c’est «Christ en moi». Je suis en Christ, un avec lui; cette identification va jusqu’à pouvoir dire: «Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi» (Gal 2.20). Or Christ ne peut pas pécher, et mon vieux Moi non plus, car il est mort à la croix avec Christ. Si je pèche, ce n’est donc plus moi, mais le péché qui habite dans mon corps, ce corps dont je ne serai délivré qu’à la mort physique, au retour de Christ. Là aura lieu «la rédemption de notre corps», en même temps que «l’adoption comme fils de Dieu» ; car « c’est en espérance que nous avons été sauvés ». «Comme tous meurent en Adam (physiquement), de même tous revivront en Christ (tous = les enfants de Dieu) ».
C’est cela, la Bonne nouvelle. Au chapitre 8, Paul posera la question: «Qui condamnera les élus de Dieu? Le Christ-Jésus est celui qui est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu (= au ciel) et il intercède pour nous ! » La résurrection est le centre de l’Evangile. «Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés » (1 Cor 15.17).
Quelles implications pratiques peut-on en tirer?
La première réponse est le début du chapitre 8: La loi ne peut plus nous condamner, puisque le Moi pécheur est mort à la croix avec Christ. Je ne suis plus inculpable!
Si quelqu’un en déduit qu’il peut maintenant pécher puisque la grâce couvre tout, il est vraisemblable qu’il n’a pas compris l’Evangile, et qu’il n’est pas né d’en haut, que le Saint-Esprit ne demeure donc pas en lui. Car Romains 5.5 dit que «l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné ». Cet amour caractérise le nouvel homme. Loin de se sentir libre de pécher, l’amour de Dieu le pousse à honorer son Seigneur par une vie d’obéissance à sa parole.
Dans chacune de ses trois lettres, l’apôtre Jean explique ce qui caractérise l’amour de Dieu:
1. L’amour de Dieu consiste à garder ses commandements (1 Jean 5.3): retenir, s’en souvenir, s’y soumettre.
2. L’amour consiste à marcher selon ses commandements (2 Jean 6): avancer en les mettant en pratique; la vie est une marche, et on fait des faux pas.
3. Dans 3 Jean, amour et vérité sont intimement liés.
Mais le nouvel homme «ne pratique pas le péché» : c’est le vieil homme qui le pratiquait, car il n’aimait pas les commandements de Dieu. Le nouvel homme les aime; mais le péché habitant dans sa chair, il arrive qu’il agisse en dehors de l’amour. Il en est tout de même responsable, et quand il en est conscient, il confesse ce péché, et il est pardonné et purifié (1 Jean 1.9). C’est cela, la marche avec Dieu. C’est une marche dans la vérité, et c’est par souci de la vérité que Paul fait cet aveu : «Si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais le péché qui habite en moi» (v.20).
Tant que je vivrai dans mon corps, il y aura toujours ce tiraillement entre l’Esprit et la chair (qui domine aussi le chapitre 8). De là l’exclamation douloureuse du verset 24: «Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort? La réponse à cette question angoissante:… par Jésus-Christ, notre Seigneur! (v.25a).
En fait, le chapitre 8 donnera une réponse complète concernant la délivrance de ce corps mortel: « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous,… il donnera aussi la vie à vos corps mortels… » (v.11). En attendant cette métamorphose de notre corps mortel en un corps immortel, que Paul nomme espérance (8.24), Paul résume l’état actuel de notre condition: « Ainsi donc, par mon intelligence, je suis esclave de la loi de Dieu, tandis que, par ma chair, je suis esclave de la loi du péché » – tout de suite suivi par le verset 1 du chapitre 8: «Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus».
Résumons: Dans ma marche de tous les jours, il arrive que je tombe, mais «il n’y a aucune condamnation», car je mets ma confiance en Christ et non en moi-même. A cause de son sang versé pour moi, Dieu me voit juste, justifié, même si le péché réside dans ma chair, car spirituellement, je suis ressuscité avec Christ. Jean 5.25 parle de cette résurrection spirituelle (c’est maintenant), alors que Jean 5.28-29 parle de la résurrection physique (l’heure vient).
J.-P. Sch.
- Edité par Schneider Jean-Pierre
J’AI aussi vu sous le soleil ce trait d’une sagesse qui m’a paru grande. Il y avait une petite ville, avec peu d’hommes dans son sein; un roi puissant marcha sur elle, l’investit, et éleva contre elle de grands forts. Il s’y trouvait un homme pauvre et sage, qui sauva la ville par sa sagesse. Et personne ne s’est souvenu de cet homme pauvre. Et j’ai dit : La sagesse vaut mieux que la force. Cependant la sagesse du pauvre est méprisée, et ses paroles ne sont pas écoutées. Les paroles des sages tranquillement écoutées valent mieux que les cris de celui qui domine parmi les insensés. La sagesse vaut mieux que les instruments de guerre; mais un seul pécheur détruit beaucoup de bien. (Ecc 9.13-18)
Ce bref récit renferme une belle vérité cachée en lui. « Sondez les écritures, a dit Jésus: elles rendent témoignage de moi! » Oui, toutes les parties de l’Ecriture sainte convergent vers un seule centre: Jésus-Christ.
Résumons tout d’abord en sept points les versets 13 à 15:
1. Il y avait une petite ville;
2. Un roi puissant l’assiégea;
3. Il s’y trouvait un homme;
4. Un homme pauvre;
5. Un homme sage;
6. Un homme qui sauve;
7. Il sauva la ville! Hélas! Personne ne s’est souvenu de lui !
1. Il y avait une petite ville
Que représente cette petite ville? Elle est une image de notre globe terrestre. Notre planète, sur laquelle nous vivons, est-elle petite? Certes oui, surtout si on la compare à d’autres corps célestes et même avec d’autres planètes de notre propre système solaire, comme Jupiter ou Saturne. On peut dire que la terre dans l’espace n’est qu’un grain de poussière au milieu de l’univers immense.
Cette petite ville avait peu d’hommes dans son sein. Aujourd’hui il y a plus de six milliards d’habitants sur la terre. C’est beaucoup pour nous, mais c’est peu pour Dieu!
D’autres planètes seraient-elles habitées dans le vaste univers? La Bible ne le dit pas, mais que dit-elle? Dieu a donné la terre aux fils de l’homme: « L’Eternel a fait les cieux et la terre. Les cieux sont les cieux de l’Eternel, mais il a donné la terre aux fils de l’homme » (Ps 115.15-16). Et encore: «Ainsi parle l’Eternel: C’est moi qui ai fait la terre, et qui sur elle ai créé l’homme. C’est moi, ce sont mes mains qui ont déployé les cieux, et c’est moi qui ai disposé toute leur armée» (Es 45.11-12). Et encore: « Car ainsi parle l’Eternel, le créateur des cieux, le seul Dieu, qui a formé la terre, qui l’a faite et qui l’a affermie, qui l’a créée pour qu’elle ne fût pas déserte, qui l’a formée pour qu’elle fût habitée; je suis l’Eternel, et il n’y en a point d’autre » (Es 45.18). Ces quelques textes nous disent que Dieu a formé la terre pour qu’elle fût habitée et qu’Il l’a donnée aux hommes. Quant au reste de l’univers, appelé « les cieux de l’Eternel », ceux-ci comprennent tous les corps célestes (en dehors de la terre): toutes les étoiles, toutes les galaxies, le soleil et même la lune, notre plus proche voisin ! Oui, l’univers immense appartient à Dieu, mais Il a donné et préparé la terre pour les fils de l’homme. Depuis que des hommes ont posé les pieds sur la lune, la preuve est fournie: notre satellite n’a pas été préparée pour nous.
Certains pensent peut-être: «Oui, c’est possible que Dieu soit le Créateur de l’univers… mais Il est si loin, si loin qu’Il ne s’occupe pas des hommes.» Détrompez-vous: Dieu pense à l’homme et s’occupe de lui ! Ecoutez: « L’Eternel regarde du haut des cieux, Il voit tous les fils de l’homme; du lieu de sa demeure il observe tous les habitants de la terre, Lui qui forme leur cœur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions» (Ps 33.13-15).
2. Un roi puissant l’assiégea
De qui s’agit-il ? De Satan, du diable. Celui-ci porte beaucoup de noms dans la Bible, Il est comparé ici à un roi puissant. Il est appelé ailleurs : « le prince de la puissance de l’air » (Eph 2.2), « le prince de ce monde» (Jean 12.31), « le prince des démons » (Mat 9.34), «le dieu de ce siècle» (2 Cor 4.4), etc.
Il ne faut pas surestimer la puissance du diable, mais il ne faut pas non plus la sous-estimer. La Parole de Dieu nous dévoile sa puissance (Ex 7.8-12; Job 1; Job 2, etc.). Quelqu’un a dit avec raison: «Nous (êtres humains), nous sommes impuissants. Le diable (Satan) est puissant. Mais Dieu est tout puissant. Gloire à Dieu! »
Et nous disons avec une joie immense: Le fils de Dieu a paru pour détruire les œuvres du diable (1 Jean 3.8b). A la croix, Jésus-Christ a dépouillé les dominations et les autorités (diaboliques), et les a livrées publiquement en spectacle en triomphant d’elles par la croix (Col 2.15). Satan est un ennemi vaincu. Voilà pourquoi il est écrit: «Résistez au diable, et il fuira loin de vous» (Jac 4.7) et « Résistez-lui avec une foi ferme» (1 Pi 5.9).
«Un roi puissant marcha sur elle, l’investit et éleva contre elle de grands forts.» Investir, c’est assiéger, c’est environner de troupes une place de guerre. Notre planète terre est donc comparée ici à une ville assiégée. La Bible nous donne quelques descriptions de villes assiégées. Quelle détresse! Quelle angoisse lorsque la famine devient grande dans la ville! Qui pourra délivrer? Ainsi notre petite planète terre se trouve assiégée par Satan qui est appelé «le prince de la puissance de l’air». Pourquoi ce nom-là? Parce que, non seulement Satan, le prince de ce monde, «séduit toute la terre» (Apoc 12.9), mais encore parce que toute l’atmosphère terrestre est occupée par l’ennemi. Avons-nous remarqué en Genèse 1.6-8 pour ce qui concerne l’atmosphère qui entoure notre planète qu’il n’est pas écrit que cela était bon (alors que cela revient comme un refrain tout au long du chapitre)? Pourquoi cette absence? Ne serait- ce pas à cause de la présence des puissances de méchanceté? Ailleurs il est écrit : Nous savons que… le monde entier est sous la puissance du malin (1 Jean 5.19). Ainsi Satan a mis le siège à la cité de l’âme humaine! Comment lui échapper ?
3. Il s’y trouvait un homme
Cet homme, c’est Jésus! Ainsi, dans cette petite parabole, le grand roi Salomon, sous l’inspiration du Saint- Esprit, a annoncé le Sauveur! Un homme semblable à nous en toutes choses, à part le péché. «Il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché» (Héb 4.15). Aussi : «Ayant été tenté lui-même dans ce qu’il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés» (Héb 2.18).
– Il a connu la faim: Lors de la tentation (Mat 4.3) et plus tard au cours de son ministère (Mat 21.18).
– Il a connu la soif: Il a dit à la femme Samaritaine: «Donne-moi à boire » (Jean 4.7) et sur la croix: « J’ai soif» (Jean 19.28).
– Il a connu la fatigue: On le voit en Samarie fatigué du voyage (Jean 4.6). Une autre fois il s’est endormi de fatigue dans la barque (Luc 8.23).
– Il a connu le mépris: (Luc 23.11). «La sagesse du pauvre est méprisée» (Ecc 9.16).
– Il a connu la haine: Il a pu dire : « Ils m’ont haï sans cause» (Jean 15.25).
Ne pensons donc jamais: «Personne ne peut me comprendre!» Car notre Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur bien-aimé, a souffert avant nous. Il est pleinement capable de nous comprendre. Il peut compatir à nos faiblesses, sympathiser avec nous. Cependant sa seule sympathie ne nous suffit pas. Il peut aussi nous secourir (Héb 2.18). Il peut aussi nous délivrer: « Le Seigneur sait délivrer de l’épreuve les hommes pieux» (2 Pi 2.9).
4. Un homme pauvre
Jésus, ici-bas, a été le pauvre par excellence! «Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre (ou: a vécu dans la pauvreté), de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Cor 8.9). Il est né dans la pauvreté: «Marie l’emmaillota, et le coucha dans une crèche (sur la paille) parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie » (Luc 2.7). Jésus n’a même pas eu de berceau. Sa mère a offert le sacrifice des pauvres: «deux tourterelles ou deux jeunes pigeons » (Luc 2.24). Jésus ici-bas a vécu dans la pauvreté: «Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête» (Mat 8.20; Luc 9.58). Il n’avait même pas un sou sur lui (voir Luc 20.23).
Aussi celui qui a ainsi vécu pour nous dans la faiblesse et la pauvreté est-Il digne de recevoir la puissance et la richesse: «L’agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange» (Apoc 5.12).
5. Un homme sage
Jésus a été ici-bas le sage par excellence. Déjà comme enfant : Or, « l’enfant croissait et se fortifiait. Il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui» (Luc 2.40). «Tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses» (Luc 2.47). Et comme jeune homme: « Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes» (Luc 2.52).
Il a été sur la terre l’homme sage – la Sagesse du livre des Proverbes de Salomon et du chapitre 28 de Job. Le livres de Proverbes a été écrit «pour connaître la sagesse» (Pr 1.2), c’est-àdire, pour connaître Christ ! «Les insensés méprisent la sagesse» (Pr 1.7), c’est-à-dire, ils méprisent Christ! Christ, la Sagesse du livre des Proverbes, nous dit : «Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille chaque jour à mes portes, et qui en garde les poteaux! Car celui qui me trouve a trouvé la vie, et il obtient la faveur de l’Eternel » (Pr 8.34-35).
6. Un homme qui sauve
Jésus-Christ est vraiment le Sauveur du monde. Dans une ville de la Samarie, nommée Sychar (aujourd’hui Naplouse) beaucoup d’habitants de cette ville crurent en Jésus et dirent à la femme qui leur avait parlé tout d’abord: « Ce n’est plus à cause de ce que tu as dit que nous croyons; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde» (Jean 4.41-42). « C’est une parole certaine et entièrement digne d’être reçue que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs» (1 Tim 1.15). «Lui, parce qu’il demeure éternellement… peut sauver parfaitement (c’est-à-dire «jusqu’à l’achèvement » ou: «de façon définitive») ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur» (Héb 7.24-25). «Et nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé le Fils comme Sauveur du monde» (1 Jean 4.14).
7. Un homme qui sauva la ville par sa sagesse
Un jour (qui est proche maintenant) le roi puissant, l’homme fort, sera lié (Marc 3.27). «Puis je vis descendre du ciel un ange, qui avait la clef de l’abîme et une grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans. Il le jeta dans l’abîme, ferma et scella l’entrée au-dessus de lui, afin qu’il ne séduisit plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis » (Apoc 20.1-3).
Alors, sur la terre, on verra la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ, le roi des rois et le seigneur des seigneurs! Jésus-Christ a été ici-bas «le témoin fidèle ». Il est aujourd’hui « le premierné d’entre les morts et bientôt il sera le prince des rois de la terre» (Apoc 1.5). La ville aura été sauvée par la sagesse!
Conclusion
«Et personne ne s’est souvenu de cet homme pauvre » (v.15). Les hommes l’ont oublié. Ils vont leur chemin comme si jamais la croix de Christ n’avait été dressée sur le mont Golgotha. Ils se détournent de celui qui est mort pour eux. Que c’est triste !
Et nous, frères et sœurs en Christ, nous voulons nous souvenir de Jésus-Christ, notre Sauveur et notre Seigneur; nous voulons vivre pour Lui en attendant son très proche retour: «L’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux» (2 Cor 5.14-15). Donnons gloire au Seigneur Jésus chaque jour par nos vies et nos paroles. Ecoutons ses paroles. Mettons-les en pratique. Honorons- Le! Souvenons nous de Lui ! Et prenons aussi pour nous l’exhortation de Paul à Timothée:
«Souviens-toi de Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts » (2 Tim 2.8).
J-R.C. †
- Edité par Couleru Jean Raymond
C’EST une pauvre vieille veuve. Elle n’est pas infirmière, ne gagne pas d’argent pour son engagement malgré le grand besoin dans lequel elle se trouve. Nadeshda Sorokina est un «ange» pour les malades d’une clinique pour séropositifs de Saint-Petersbourg. Voici son récit :
Une femme a prié pour moi durant sept ans, puis ma vie a changé; nous avons alors prié souvent ensemble pour mon mari. C’était un officier haut placé dans l’armée russe, et il ne voulait rien savoir de Dieu. Nous avons prié pour lui durant vingt ans jusqu’à ce qu’il comprenne que Dieu l’aime. Il s’ensuivit les plus belles années de notre vie. Nous priions ensemble, nous lisions la Bible et allions au culte.
Depuis deux ans mon mari est auprès du Seigneur et je suis maintenant toute seule. Ma belle-fille et mon petit-fils sont engagés dans l’église. Mon fils n’est pas encore chrétien, mais il recherche le sens de la vie. Le Seigneur prend soin de moi, et je ne veux pas me plaindre, mais le sort d’une veuve est très dur.
Un jour j’ai rencontré des personnes qui annonçaient la Bonne Nouvelle de l’amour de Jésus dans une clinique pour séropositifs. Je décidai alors de me joindre à eux, et dus auparavant suivre une formation spéciale. La situation russe en ce qui concerne le SIDA est alarmante. Rien qu’en 1997, on a enregistré plus de 3000 cas. Au cours des 18 années précédentes, on en comptait en tout 2500. Il est souvent très difficile d’expliquer aux mourants pourquoi cela leur arrive à eux. Les plus inconsolables sont les mères dont les enfants souffrent de cette terrible maladie.
Avant de voir les malades, je prie. Lorsque l’un d’eux accepte Jésus dans son cour, je suis comblée de joie. Le visage paisible de ceux qui font la paix avec Dieu avant d’en finir avec la vie d’ici-bas est un témoignage puissant pour les médecins et la famille.
Un des patients disait à propos des «plus beaux jours de sa vie»: «Le premier est celui de ma conversion; je ne sais quand sera le second, mais je suis certain que ce sera celui de ma mort, car alors je verrai Jésus. » Il ne craignait pas du tout la mort. Deux semaines plus tard, il était auprès du Seigneur.
Un autre patient n’avait que trente ans ; il était très cultivé. Il avait une fillette de dix ans. Il pensait que l’église orthodoxe s’occupait de sa relation avec Dieu. Après une discussion, il commença néanmoins à prier tout seul. Dans sa prière, il exprimait sa confiance et sa reconnaissance envers Dieu.
Le Seigneur bénit notre travail: la direction de la clinique a mis à notre disposition une chambre dans laquelle les patients et les infirmières peuvent se retrouver. Je dois me consacrer de manière intensive à l’étude de la Bible, afin de répondre convenablement à toutes les questions qui me sont posées. Nous avons un programme spécial pour les enfants; ils apprennent des versets par cour, font de la peinture, chantent. Nous nous retrouvons souvent autour d’une tasse de thé, et nous parlons de l’amour de Dieu. Je pleure de joie en voyant que le Seigneur peut ainsi m’utiliser à son service. Je ne peux citer le nom des patients, mais le Seigneur les connaît.
«Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi. » (Matthieu 25.35-36)
Tiré de «Foi, Souffrances, Bénédictions »,
avril 1999 avec autorisation.
- Edité par Sorokina Nadeshda
REGARDS SUR L’OCCIDENT
Ces machines qui font rêver.
Premier octobre 1900. C’est la date du jour de la rentrée scolaire qu’inscrit sur le tableau noir le père de Marcel Pagnol. Il vient d’être nommé instituteur dans une école de Marseille. Cette date inspire au laïc et à l’humaniste qu’il est un élan prophétique basé sur la vision pleine d’espoir d’un monde qu’il souhaite dorénavant beau, facile à vivre, généreux.
«Nous sommes entrés dans un siècle fabuleux, où les miracles – ceux nés de la science – seront quotidiens et apporteront de la joie aux plus pauvres et aux plus humbles. Les maisons auront le gaz, la lumière électrique, souvent même le téléphone! On pourra appeler, sans se déranger et même sans crier, des personnes qui habitent par exemple Aix-en-Provence!
Notre 20e siècle sera un très grand siècle. Le progrès est en marche. Bientôt, la Machine exécutera les travaux les plus pénibles. Elle permettra de réduire à dix heures la journée de travail, et l’ouvrier aura un jour de congé par semaine. Et, guidé et sauvé par l’instruction, chacun aura sa place dans un monde qui respectera tous les hommes. » (1)
A l’autre bout du siècle, nous sourions à la naïveté du discours. Mais changeons seulement les exemples cités à propos des progrès techniques, et le texte devient tout à fait actuel: l’homme inventif, fiable, organisant sa vie autour de l’efficacité et de son bien-être, est une référence toujours approuvée! Avec le recul du temps, l’enthousiasme de cet instituteur du début du 20e siècle ne nous permet-il pas de mieux appréhender les questions, les inquiétudes et aussi les mirages qui se présentent à nous au début de ce 21e siècle?
Machines et industrialisation
L’homme, en 1900, est très perplexe. Il sort d’un siècle qui a prôné l’industrie et il a découvert toutes les vicissitudes qui s’y attachent : rendement, cadences infernales, pollution, dangers permanents… en bref, les plus mauvais côtés d’un esclavage moderne!
L’homme est l’otage de sa machine… A croire que, dorénavant, le monde ne génère que des robots au service de l’industrialisation galopante. La population lui est asservie dans des villes vouées l’une à sa filature, l’autre à ses hauts fourneaux, l’autre encore à sa mine. Zola décrit et dénonce ce qui, désormais, ne fait plus rêver. Les conséquences de cet état de fait ne se font pas attendre!
La machine: une dépendance qui génère l’ennui
L’organisation de la vie, sous le signe du rendement et de l’efficacité, va concrètement développer d’imprévisibles nuisances pour l’individu. Contrairement à ce que celui-ci espérait, les «bons fruits » que le couple homme-machine promettait ne combleront ni ses plus grands espoirs, ni ses plus grands besoins comme le bien-être, la convivialité, le partage, l’harmonie, etc. Le drame se précise: l’homme se défie de ses outils sans pour autant pouvoir s’en détacher. La machine, qui est pourtant sa création, devient pour lui un mal nécessaire!
S’il ne fallait citer qu’un seul révélateur de ce «divorce», nous choisirions l’ennui. L’ennui d’être ensemble, et donc, l’ennui dans le travail…
«Quoi d’étonnant si, une fois passées ses huit heures, l’ouvrier n’a qu’une pensée: fuir, quitter la machine, l’atelier, se dépouiller du bleu de travail. La bousculade vers les grilles, les moyens de transport, est caractéristique…
Le comportement de l’ouvrier en fin de journée révèle son attitude réelle à l’égard du travail, ainsi que son degré d’intégration à l’entreprise. L’ennui est le compagnon de l’ouvrier plongé dans ce milieu, l’ennui auquel la tristesse et le cafard sont liés par des liens inextricables». (Les termes « tristesse » et «cafard» sont de G. Navel, lequel met en scène un ouvrier qui décrit son expérience de la vie en usine (2)).
«(…) Les journées sont exactement identiques les unes aux autres (…). On est dans la même journée qu’hier et que demain… Ainsi, le pain que mange l’ouvrier dans l’industrie moderne n’est désormais plus payé de sueur (…). La Machine a pris la sueur. Mais la vieille malédiction demeure. Seule la formule a changé: – Tu gagneras ton pain dans la détresse et l’ennui. » (3)
L’ouvrier, l’employé, l’utilisateur d’une machine quelconque devient l’otage de son outil de travail. Il semble même qu’à l’époque actuelle nous puissions affirmer qu’il se crée une véritable dépendance vis-à-vis de la machine, dépendance proportionnelle à son degré de sophistication. Nous sommes subtilement passés de l’ère de l’esclavage à l’ère de la fascination, laquelle a pour vertu de donner des couleurs sympathiques à cette osmose mortelle!
La machine: un centre d’intérêt permanent
Aujourd’hui, on va plus loin encore. La modernité consiste aussi à faire l’amalgame entre la machine, l’entreprise et le travail…
Sans remonter trop loin dans le temps, le fameux «droit au travail » est un concept qui a été créé au XIXe siècle. Il s’adressait essentiellement à la population des usines, afin de s’assurer des services sans faille de l’ouvrier auprès de sa machine. Aujourd’hui, on parlera plutôt de «projet personnel », dont on vérifiera s’il est convenable, c’est-à-dire compatible avec celui de l’entreprise. Mais l’enjeu reste le même: il s’agit de s’assurer non seulement des performances de l’individu «machine en main», mais aussi conjointement de son dévouement à l’entreprise !
Les heures de travail ont régulièrement diminué durant ce siècle. Malgré tout, nous restons toujours à l’ère du temps complet. Cela se traduit par la demande expresse, vis-à-vis de l’employé, d’être «partie prenante» de son entreprise, et ce, au maximum de ses compétences et à tous les niveaux.
Ainsi, machines – souvent nouvelles – et stages se conjuguent. Sans parler de sa participation au capital de l’entreprise et à l’élaboration de son image de marque, on exige de l’employé une souplesse exemplaire, tant horaire que géographique. Toutefois, on fait allègrement abstraction de son être global, de sa famille, de ses attaches, de ses habitudes…
Comment ne pas vouloir sortir de cette spirale?
La machine: un piège à déjouer
Cette question obsédante a été posée dès le milieu du 19e siècle. Même s’il est vain de vouloir recenser les multiples réponses à cette question, relevons-en ici quelques points forts.
Par exemple, une solution serait de sortir des villes, qui sont devenues synonymes de noirceur, d’oppression, de maladies, tout cela étant dû à un excès d’industrialisation.
Une autre solution serait aussi de « simplifier» la machine, en revenant à l’outil élémentaire, avec l’idée nouvelle que l’artisan qui le manipule est plus enviable que l’ouvrier… Ou encore, il faudrait écouter le fort courant compensatoire qui prône le retour à la nature…
La machine: un engin à minimiser
Nombre d’artistes y ont rêvé, et nous ont offert une redécouverte de la campagne. La pollution et le bruit sont étrangers à ce monde; les outils restent à leur place de bons et loyaux serviteurs. L’absence des machines, avec leur cortège de nuisances, permet l’évasion dans des paysages empreints de pureté et de beauté… Enfin, en entrant dans le monde rural, l’homme a le sentiment de quitter son univers concentrationnaire de tous les jours, l’Usine, où il n’est qu’un esclave, l’esclave de sa Machine…
Ce qui vient d’être sommairement décrit se retrouve, entre autres exemples, dans la peinture. Au cours du 19e siècle, Millet, suivi de Van Gogh, pour ne citer qu’eux, exposent des scènes campagnardes avec grand succès («L’Angélus », «Les Glaneuses» de Millet; «Paysannes liant des gerbes» de Van Gogh, etc.).
Dans ces peintures de l’authentique, le travail ne semble aucunement visé, fustigé ou banni. Bien au contraire, la vie rurale, aussi rude soit-elle, y est exaltée. Il n’est pas question de scènes pastorales, plaisantes ou utopistes. Le propos de ces peintures ressemble à un profond rappel des valeurs perdues, qui voudrait contrecarrer la menace représentée par le monde des villes…
Le tableau de Van Gogh: «La Sieste », exprime la félicité du repos après un dur labeur, plus deviné que dessiné: la rudesse du travail existe et n’est pas l’apanage des ouvriers des villes !
La machine: une idole
L’homme, au jardin d’Eden, était convié au travail (4). Point de malédiction dans la manipulation de l’outil: seulement une certaine pénibilité… Sans imagination débordante, on peut se représenter Adam dans ses champs, avec ses outils… Ce n’est qu’après la chute que le travail devient rude (5). Le paradoxe est que l’outil – et plus tard la machine – y participe. Il s’imposera de moins en moins comme un partenaire, mais, avec le temps, bien davantage comme un dominateur exigeant.
La machine que l’homme se donne pour aide, la voilà accaparante, au point de lui demander tout son temps, son énergie, sa réflexion, et même parfois son argent… en bref, sa vie entière. N’est-ce pas là, en toute beauté, la définition même de l’idole?
Les machines de l’an 2000 sont complexes. Elles ont changé de nature, mais force est de constater qu’elles ont réduit l’homme à l’état de robot: celui-ci se soumet à leur mode de fonctionnement, en oubliant les principes qui ont régi sa fabrication…
Ainsi, tel élève ne connaît la division que par sa calculatrice, ayant oublié comment on pose cette opération! Le caractère indispensable de nos machines modernes – qui se mesure à sa juste valeur le jour où celles- ci tombent en panne! – ne réduitil pas l’homme à un état de soumission invraisemblable? Bien des personnes se sentent orphelines quand leur téléviseur ne marche plus…
Même baptisées «conviviales», les machines mettent en danger l’intégrité des personnes, par leur présence à nos côtés au quotidien, et surtout par leur trop grande accessibilité. Du même coup, même les enfants n’échappent pas à leur influence!
La place de la machine
Arrêtons-nous quelques instants et pesons nos mots: la machine inverse les rôles ; elle domine l’homme au point de le remplacer, de lui dicter sa loi. Il doit se former, s’y adapter, puis exécuter, devenu machine à côté de sa machine! Quand ce n’est pas un robot qui le remplace…
L’outil devient le centre de toute spéculation: «Cette machine me rapporte telle somme, alors que cet employé, ce cadre, me coûte telle somme ». Au nom de la rentabilité, le verdict comptable déclare de plus en plus l’individu trop léger !
Ne sommes-nous pas à des kilomètres de la pensée biblique? Lorsque l’Ecriture évoque le diktat de la machine, c’est pour nous avertir que celle- ci peut nous faire passer à côté de l’essentiel ! Penchons-nous sur un exemple.
Une machine qui captive
«… Heureux l’homme qui prendra son repas dans le royaume de Dieu ! Et Jésus répondit : «Un homme donna un grand festin, et il invita beaucoup de gens. A l’heure du souper, il envoya son serviteur dire aux invités : «Venez! Car tout est prêt. » Mais tous se mirent unanimement à s’excuser (…). Un autre dit: « J’ai acheté cinq paires de boufs, et je vais les essayer. Excusemoi, je te prie» (…). Le serviteur, de retour, rapporta ces choses à son maître. Et celui-ci fut irrité (…). Il dit : «Aucun de ceux qui avaient été invités ne goûtera de mon souper» (6). »
A notre époque, le Seigneur aurait peut-être remplacé les cinq paires de boufs par un tracteur… Peu importe: cela n’aurait pas changé les excuses.
Etait-ce important au point qu’il faille essayer les boufs le soir même, à l’heure du souper ? Etait-ce la saison des labours ou celle des récoltes, qui faisait que le rodage des boufs était si urgent?
L’homme de la parabole est un propriétaire comblé: il a les moyens matériels d’acheter dix boufs. Peut-être même était-ce un homme envié. Et voilà que le soir même, il est confronté à un choix. Il est l’objet d’une invitation, occasion d’un repas en commun pour partager sa joie et fêter son acquisition… Par ailleurs, il a l’envie irrésistible de faire un essai, et pas le lendemain: le soir même!
Les regards tournés vers la terre, les pensées captivées par les performances de ses dix boufs – sa belle machine! -, centré sur ce que demain peut lui rapporter, il est pourtant le plus malheureux des hommes. Que sert-il à un homme de gagner tout le monde s’il perd son âme (7) ? Il est passé à côté d’une relation vivante avec le Seigneur, parce qu’il a méprisé une pressante invitation de sa part… Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi (8).
Remettre la machine à sa vraie place
Suite à cet exemple, il ne faudrait pas conclure hâtivement que l’optique biblique est de déconnecter les hommes de leurs contingences terrestres, et de vouloir les transformer en entités spirituelles. Les Ecritures nous montrent clairement que l’intention du Seigneur est de combler tous nos besoins, y compris ceux d’ordre matériel.
Comme Jésus se trouvait près du lac de Génésareth et que la foule se pressait autour de lui pour entendre la Parole de Dieu, il vit au bord du lac deux barques, d’où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Il monta dans l’une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s’éloigner un peu de la terre. Puis il s’assit, et de la barque, il enseigna la foule. Lorsqu’il eut cessé de parler, il dit à Simon: «Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher. » Simon lui répondit: «Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais sur ta parole, je jetterai le filet. » L’ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait. Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre barque de venir les aider. Ils vinrent, et ils emplirent les deux barques, au point qu’elles enfonçaient (…). Et ayant ramené les barques à terre, ils laissèrent tout, et le suivirent (9).
Le texte de l’évangéliste Luc n’a pas pour objet de rapporter le contenu de l’enseignement de Jésus. Il insiste plutôt sur deux priorités: d’abord celle de répondre au besoin exprimé par la foule d’entendre la parole de Dieu; puis, à celle de ne pas léser les pêcheurs qui ont prêté leurs barques!
Ce dernier aspect nous montre à quel point le Seigneur a conscience d’avoir mobilisé l’outil de travail des pêcheurs. La demi-journée qu’il leur fait perdre est largement compensée par l’abondante pêche qui s’en suit. Quelle leçon pour celui qui sait choisir les bonnes priorités! Et ce que vivent Pierre, André, Jacques et Jean – selon l’évangéliste Matthieu (10) – est tellement parlant qu’ils décident aussitôt de suivre Jésus.
L’apôtre Paul, convaincu des mêmes choses, dira: Les choses qui étaient pour moi des gains, je les regarde maintenant comme une perte, à cause de Christ (11).
L’expression générique ces choses recouvre ce qui peut entraver notre marche chrétienne, toutes sortes de pièges et de tentations. Or, il ne s’agit pas de la confession d’un jeune converti qui exprimerait un vou vibrant. Non! C’est la déclaration d’un homme à la fin de ses jours, qui se réjouit d’être allé, grâce à Dieu, audelà des contingences purement matérielles.
La machine détournée de sa fonction
De nos jours, cette déclaration de l’apôtre Paul est totalement inacceptable. Notre société est progressivement passée de la sous-traitance, à la création permanente de machines qui nous asservissent. C’est un échafaudage qui s’est progressivement construit avec le temps, et qui ressemble à une fusée à trois niveaux:
– La base reste la machine service, celle qui nous soulage dans l’effort, nous permet de vivre mieux, améliore nos loisirs.
– Le premier étage est celui de la machine alliée, qui permet de vaincre la solitude, de rapprocher des hommes entre eux, d’avoir un bien-être appréciable.
– Le deuxième étage est celui de la machine dominatrice, qui permet de reculer toutes les limites, de densifier le travail, et finalement de vaincre le temps, mais à quel prix!
Brièvement et sans être exhaustif, nous examinerons ces trois niveaux. La base de notre fusée, celle qui soutient les autres étages, paraît raisonnable: nous n’insisterons pas sur les bienfaits du lave-linge, le côté pratique du stylo ou les vertus de la cafetière! Ce qui inquiète, c’est que plus personne ne se cantonne à cet étage…
Le premier étage est le minimum revendiqué par tous. Qui n’a pas en tête, pour vaincre la solitude, l’exemple de la télévision? Notre propos n’est pas ici de polémiquer sur ce thème. Mais posons-nous une seule question: les inventeurs du poste de télévision ont-ils mesuré les conséquences de leur petit écran sur l’ensemble de la population? En vrac: la primeur de l’image sur l’écrit et l’imagination, avec ses conséquences pour l’enfant. La surinformation qui grille la simple information, et cautérise en nous les réflexes de curiosité, de compassion et d’intérêt… Les heures passées devant l’écran, au nom du culturel, de l’information, et ce, au détriment du sommeil…
Il nous semble que toute invention devrait être passée au crible en ce qui concerne les implications multiformes de sa présence auprès de l’homme. Comment concevoir une machine, sans concevoir dans le même temps les implications qu’elle aura dans notre société! Combien de fois n’a-t-on pas réfléchi à l’impact – pour ne pas dire aux dégâts – de cette invention sur l’homme, sur sa conscience, son mental, sa vie! Mais tout rattrapage, toute explication rétrospective n’arrivent plus à gommer le mal profond commis.
Quand la machine devient pouvoir
Si nous reprenons l’image de la fusée, il est évident qu’il y a de plus en plus de monde au deuxième étage. Nous entrons dans un monde fabuleux, et en même temps, terriblement dangereux!
Si nous songeons, par exemple, aux organes artificiels, si nombreux et performants, nous sommes dans l’admiration. Et en même temps, n’est ce pas l’indice que l’on est déterminé à reculer les frontières de la mort à tout prix ? Si nous pensons à l’ordinateur, c’est un outil fantastique par la rapidité de son fonctionnement. Mais n’espère- t-on pas beaucoup plus que des gains de temps. Par exemple, qu’il nous remplace, qu’il apprenne à nous connaître, à penser et à prévoir pour nous? On veut transposer l’antique phrase Et Dieu créa l’homme (12), en une autre que l’on voudrait valide: Et l’homme créa le robot!
Si nous réfléchissons au récent Internet, comment ne pas être intéressés par ses capacités, et en même temps inquiets de voir tous ces gens, seuls, dans leur bulle, absorbés par leur écran?
L’équilibre retrouvé
La trame cachée de tout cela, c’est l’homme qui veut toucher l’Eternité. Il s’illusionne volontiers, en pensant que la machine va l’aider dans ce sens, et qu’à terme il pourra reculer les frontières du temps, voulant non plus ressembler à Dieu, mais remplacer Dieu!
C’est un lieu commun de dire que nous assistons actuellement à une explosion irréversible de moyens de communication, qui sont tout à la fois outils de loisirs, et outils de travail à dimension planétaire…
Le monde en est-il plus heureux pour autant? La surenchère, qui s’appuie sur deux thèmes : «nécessité apparente » et « fascination», essaie de convaincre les hommes de bonheur.
Je reste persuadé que nos contemporains n’ont plus de réels besoins en ce qui concerne l’apport technologique; par contre, ils ont toujours ce besoin vital de direction, de projet pour leur vie! Il ne s’agit pas de négliger ce qui facilite notre existence humaine, mais de retrouver la saveur des Ecritures qui décrivent notre nature et répondent au mieux à ses vrais besoins.
Retrouver cet équilibre signifie retrouver le sens de la vie: créé à l’image de Dieu, mais corrompu par le péché, l’homme a besoin d’un Sauveur qui le libère du péché et qui le restaure. Justifié par la foi en vertu de l’ouvre rédemptrice parfaite accomplie à la Croix et régénéré par le Saint- Esprit, il retrouve la communion avec son Créateur. Devenu une nouvelle création, il est restauré à l’image de Dieu, ce qui le rend capable de se servir de la machine pour faciliter son existence et pour le bien de son prochain et non pas pour le réduire à l’état d’esclave. Lisons le grandiose Sermon sur la Montagne (Matt 5 – 7) qui situe les chrétiens comme le sel de la terre et la lumière du monde au milieu d’une société matérialiste. Et apportons donc au monde, otage de ses machines, le Seigneur et Sauveur Jésus- Christ dont la souveraineté n’a pas besoin de toutes les merveilles de la technologie pour s’exercer de manière irrésistible.
B.C.
(1) «La gloire de mon père», Marcel Pagnol, version DVD 1990
(2) «Travaux», Georges Navel, 1945
(3) «Où va le travail humain?», Georges Friedmann, 1950
(4) Gen 2.15
(5) Gen 3.17
(6) Luc 14.15-24
(7) Matt 16.26
(8) Apoc 3.20
(9) Luc 5.1-7,11
(10) Matt 4.18-22
(11) Phil 3.7
(12) Gen 1.27
A lire aussi:
«L’éthique du travail», Robert Somerville
«Le huitième jour de la création», Jacques Neirynck, 1990
«Le système technicien», Jacques Ellul, 1977
«Les périls totalitaires en occident », Jean-Pierre Graber, 1983
- Edité par Cousyn Bernard
CHRONIQUE DE LIVRES
Auteur: Gordon Keddie
Editeur : Europresse (256 p.)
L’AUTEUR est déjà bien connu pour ses livres sur Amos, Jonas, Juges ou sur les paraboles de Jésus. Il s’attelle ici à l’épître de Jacques et parvient à présenter un examen fidèle, très simple et concret de ce joyau de l’Ecriture. Keddie n’est pas du tout de l’avis de Luther qui voyait cette épître comme une « lettre de paille». Au contraire, il lui reconnaît une actualité permanente et son analyse éclaire et guide le lecteur sur la bonne voie d’une vie chrétienne éminemment pratique.
Dans sa lettre, Jacques appelle les croyants à faire face à la réalité de la vie. Puis, il présente des études de cas de la foi en action, des exemples tirés de la vie ordinaire du croyant et de l’église locale. Enfin, il illustre comment vivre dans l’attente de l’avènement du Seigneur. Gordon Keddie suit ces diverses parties et les applique à notre propre temps d’une manière pleine de sagesse mais aussi très perspicace.
Il montre, comme Jacques, que la foi du frère riche comme celle du frère pauvre sont mises à l’épreuve par leurs diverses circonstances. «Inutile de préciser que peu de gens voient la richesse comme une épreuve de la foi. On comprend aisément que la pauvreté en soit une, mais la prospérité ? Nous pensions que celle-ci éliminait justement les épreuves et offrait la clé d’une vie sans soucis » (p.36). L’auteur montre dans son explication que «le maintien d’une communion véritable exige une humilité authentique» de la part de tous les enfants de Dieu.
L’auteur sait formuler des phrases percutantes qui sont de bons résumés et restent aisément en mémoire. «Une méchanceté extérieure laisse supposer une révolte intérieure contre Dieu» (p.84). «Une bouche profane trahit un cour non consacré » (p.86). «C’est l’amour reçu qui devient à son tour la corne d’abondance de l’amour partagé» (p.87). «L’opposition se situe entre la foi sans les ouvres et les ouvres sans la foi, non pas entre la foi et les ouvres » (p.123). « Il est si facile de faire «cuire » les gens par contumace! » (p.182), au sujet de l’emploi de la langue.
Dans les études de cas tels que la loi, la foi, la langue, la mondanité, la critique, etc., Keddie met en lumière les exigences pratiques de Jacques. «Dans la pensée populaire, une bonne ouvre entre dans le cadre restreint d’un acte unique ou occasionnel. Au contraire, le Seigneur regarde les «ouvres » dans un contexte plus large et ordinaire. Il s’agit tout simplement des fruits quotidiens d’une foi vivante» (p.113).
Keddie n’est pas un homme à rester dans la théorie. Il résume son livre par sa dernière phrase: «Voilà ce que signifie être chrétien dans un monde actuel. Aimer Dieu, aimer sa vérité, son peuple, ainsi que ceux qui sont perdus et égarés, au point d’aller les atteindre avec la bonne nouvelle du Seigneur Jésus-Christ, qui est mort afin que tous ceux qui croient en Lui ne périssent point mais qu’ils aient la vie éternelle » (p.250). Un livre instructif, encourageant et dynamisant – une aide précieuse pour connaître les Ecritures.
Tony Hynes
- Edité par Hynes Tony
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Christ a souffert
JÉSUS, le Sauveur du monde, le Fils de Dieu, est entré volontairement dans la condition humaine sans s’en épargner l’aspect le plus rebutant, le plus mystérieux, le plus insoluble: celui de la souffrance. Dans ce domaine, chacun reconnaît en l’autre un être de la même espèce et se rapproche de lui pour partager, aider, supporter, alléger, sympathiser. Ceux qui vivent une expérience commune comportant des dangers, des privations, des coups, des moments d’espoir voient tomber des barrières de toutes sortes. Des liens sont tissés à jamais entre eux.
Si un témoin peut parler des souffrances réelles de Jésus-Christ, c’est bien l’apôtre Pierre qui a vécu avec lui depuis son baptême jusqu’à sa mort. Qu’a donc vu ce disciple chez cet homme unique, si profondément homme parce que réellement Dieu? Une capacité infinie à souffrir face à des adversaires déclarés, à une foule apathique, aux jugements de sa famille, à l’incompréhension de ceux qui l’entouraient. Aussi Pierre déclare-t-il trois fois dans son Epître :
Christ a souffert…(1) Pourquoi? Pour les péchés des hommes, afin de les amener à Dieu par la repentance et la foi puisqu’ils sont séparés de lui de- puis la désobéissance d’Adam et Eve. Le mot péché n’est plus à la mode, mais il exprime bien la révolte de l’homme contre son Créateur, la transgression des lois divines, l’absence de frein envers le mal. Celui qui commet ces choses est loin de Dieu, égaré et condamné. C’est pourquoi Christ, le seul juste, a enduré le jugement et la colère de Dieu pour sauver l’homme perdu et en faire un homme nouveau. Lecteur, êtes-vous conscient que le Dieu de la création, de l’histoire, de l’humanité, a souffert en son Fils pour réparer cette brisure, établir une relation solide entre lui et vous?
Christ a souffert…(2) Comment? Volontairement, sans regretter ni récriminer, en pleine possession de ses moyens pour accomplir la volonté de son Père. «Celui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude » (3) a supporté l’opposition avec une grande dignité. En cela, il est un exemple et nous sommes appelés à suivre ses traces. Si quelqu’un souffre à tort, de façon criante et scandaleuse, qu’il tourne ses regards vers Jésus et fasse comme lui.
Christ a souffert… (4) Jusqu’où? Audelà des limites que les hommes se fixent, au-delà de l’acceptable, jusqu’aux pires souffrances physiques et morales. Vous savez que les douleurs de tous genres peuvent casser un rythme, saper une carrière, isoler de la société, arracher des larmes, paralyser tout l’être. Bref, ces grands coups de vent de la vie ne nous amènent-ils pas à réfléchir sur son sens, même si nous souffrons jusqu’à la moelle? Jésus a aussi ressenti l’abandon de son Dieu sur la croix. C’est pourquoi il peut compatir aux détresses, entendre les cris du cour, consoler les affligés et fortifier les découragés. Si votre peine vous bloque et vous enferme, levez les yeux vers Jésus qui a dit : «Celui qui écoute ma Parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie» (5).
Ph. F.
(1) cf. 1 Pi 3.18
(2) cf. 1 Pi 2.21
(3) cf. 1 Pi 2.22
(4) cf. 1 Pi 4.1
(5) cf. Jean 5.24