PROMESSES

Cet article est la transcription d’une conférence donnée à Pâques, en 1981, à l’Ecole Biblique de Genève

L’exposé qui va suivre est un appel à la réflexion. Il s’inspire de Col. 2.6,7 et, plus généralement, de l’ensemble de l’épître, qui est d’une brûlante actualité.

Introduction

Le plus grand danger d’aujourd’hui, c’est de se réclamer d’un Christ et d’une spiritualité qui ne correspondent pas aux données bibliques:

-soit que l’on ait un Christ et une spiritualité bien en-deçà de la dimension complète fournie par l’Ecriture (dans l’épître aux Colossiens les mots remplis, plénitude, pleinement sont très fréquents).
-soit que l’on ait un Christ et une spiritualité qui constituent une déviation, une déformation, par rapport aux points de repère donnés par la Bible.

Il est plus dangereux d’avoir « un faux Christ » – qui ne correspond pas à la définition et à la dimension bibliques – que de n’avoir pas de Christ du tout. Le chemin vers la vérité sera plus long, car il faudra se dégager d’une illusion, abandonner un mirage.

Il est plus dangereux d’avoir « une fausse spiritualité » (ou une fausse religion, si vous préférez) que de n’avoir pas de spiritualité du tout.

De Luther, le réformateur, l’on rapporte cette réflexion: « La véritable croyance n’implique pas seulement le fait de croire en Christ, mais également de croire ce que Christ est » (cité par Jean-Paul II en Allemagne).

Cette pensée semble avoir été formulée pour nos temps. N’y a-t-il pas des milliers de personnes qui disent « croire en Christ »? Combien d’entre elles sont-elles en mesure de définir qui est ce Christ en qui elles croient? Il y a tant de notions vagues, indéfinies, de nos jours, dans ce domaine.

Dans un reportage sur Taizé (FEMINA no8, 15.4.1981, p. 102) j’ai trouvé cette phrase: « la recherche de la foi se fraie parfois un chemin à travers les fumées du haschich », mais il y a d’autres fumées que celles du H!!

Et si ces personnes définissaient le Christ en qui elles croient, leur définition recouvrirait-elle ce que Christ est selon la Bible, la seule norme de foi?

Mon but, dans cet exposé, est de dissiper les fumées dont on a enveloppé Jésus-Christ et l’expérience spirituelle au cours de ces dernières décennies.

Il y a dans cet auditoire une grande diversité humaine et probablement diverses situations par rapport à Jésus-Christ, le Seigneur que nous prêchons. Je désire être utile à chacun.

-Si quelqu’un ne connaît pas encore Jésus-Christ, j’aimerais lui dire: « Attention! N’acceptez pas un produit falsifié! ».
-Si quelqu’un vient de le connaître, fait ses premiers pas dans la vie chrétienne: « Attention! Ne l’échangez pas contre un produit de remplacement! » (Les Colossiens couraient ce danger: le culte des anges.)
-Si quelqu’un le connaît depuis plusieurs années: « Attention! Ne vous arrêtez pas! Dieu vous appelle à une croissance, une maturité dans la connaissance de Jésus-Christ. Il veut aussi vous employer pour aider ceux qui sont en danger ».

I. Un Christ selon la dimension biblique

Celui qui lit l’épître aux Colossiens se rend immédiatement compte que la figure de Jésus-Christ a une dimension telle qu’elle éclipse, et de loin, les plus hauts dignitaires de ce monde et les plus grands personnages de l’Histoire. A lui s’appliquent ces paroles d’Esaïe: « A qui me comparerez- vous, pour le faire mon égal? A qui me ferez-vous ressembler, pour que nous soyons semblables? » (46.5).

En traitant de la dimension biblique de Jésus-Christ, je veux me référer à:
-Son être
-Sa mission
-Son rang
-Son exemple

A. Son être

1. DIEU, UN AVEC LE PÈRE

L’apôtre nous présente Jésus-Christ comme parfaitement un avec Dieu: « Il est l’image du Dieu invisible » (1,15), c’est-à-dire qu’Il exprime exactement dans son être tout ce que Dieu est. Celui qui m’a vu a vu le Père (Jean 14.9).

Je pense que Jean veut dire la même chose quand il écrit: Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu (1.1).

Christ est parfaitement un avec le Père dans la divinité: tout ce que le Père est, Il l’est également. C’est pourquoi, dans la même épître, Paul peut écrire en se référant à Christ dans son incarnation et dans sa condition présente dans la gloire: En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col 2.9). Autrement dit, Il est, avec le Père, Dieu, au plein sens du terme.

Cette dimension biblique de Jésus-Christ doit être fortement rappelée et mise en valeur aujourd’hui, car, sous l’influence de théories occultes, on cherche à le réduire à une simple « émanation du divin », ou encore, dans la théologie récente, à « un homme en qui le divin a affleuré, a fait surface », si je puis dire. Ces conceptions, très répandues, dépouillent tout simplement Jésus-Christ de son égalité avec Dieu. Il n’est plus, dans cette représentation, consubstantiel au Père.

2. DEUXIÈME PERSONNE DE LA TRINITÉ

Bien que Jésus-Christ soit un avec le Père dans son essence, un seul et même Dieu, Il est cependant distinct du Père. Dans la prière sacerdotale, Il pouvait dire: Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi (Jean 17.24). Quand quelqu’un peut dire « je » c’est qu’il est une personne distincte, qu’il est doué d’individualité. C’est pourquoi nous disons que Jésus-Christ est la 2ème personne de la Trinité.

L’apôtre Paul reconnaît cette distinction: Rendez grâce à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ (Col 1.3). Il distingue entre le Père et le Fils, dans la déité. (L’Esprit, la 3e personne de la Trinité, est nommé au verset 8 de ce même chapitre).

Cette dimension – Christ est une personne – est fort importante vu la forte tendance dans certains cercles de dépersonnaliser Jésus-Christ, de nous présenter un Christ sans visage, impersonnel, anonyme, presque incognito, qui s’identifierait avec les pauvres, les déshérités, les opprimés, les marginaux de notre société.

Cette vue de Jésus-Christ est très répandue dans l’ocuménisme. Elle repose en partie sur une fausse interprétation de cette déclaration du Seigneur en Matthieu 25: Toutes les fois que vous avez fait ces choses (donner à manger, à boire, recueillir, vêtir, visiter un malade, un prisonnier) à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites, v. 40. Mais le Seigneur parlait de Ses frères, des siens, – ceux qui écoutent et reçoivent la Parole de Dieu – et non des hommes en général. Et ce qu’Il soulignait, c’était son unité avec ses disciples.

3. CRÉATEUR

La culture moderne, même en Occident, incline de plus en plus vers le panthéisme. Pour cette philosophie, Dieu et le monde ne sont pas distincts. Au lieu que Dieu soit personnel et transcendant, il est immanent. C’est pourquoi l’on parle aujourd’hui d’un «Christ cosmique», qui se confond avec l’univers (affiche d’une conférence: Le Christ cosmique!).

Mais la dimension biblique est aux antipodes, si l’on me passe l’expression, et l’épître au Colossiens nous apporte l’antidote: Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui.

Ce texte pose avec toute la netteté voulue un Créateur et une création. Il établit une transcendance. De plus, il présente Christ sous 4 aspects:

-Créateur et but de la création (tout a été créé par lui et pour lui)
-Conservateur de la création (toutes choses subsistent en lui), celui qui en maintient l’ existence
-Souverain sur la création (le premier-né sur toute la création), le premier né avait des droits spéciaux.
-Pré-existant à la création (Il est avant toutes choses). Ce texte s’oppose absolument à l’idée d’un Christ immanent.

B. Sa mission

Notre époque ne s’est pas fait faute d’utiliser la figure de Jésus-Christ à des fins politiques et on l’a largement transformé, dans l’aile la plus radicale de la théologie oecuménique, en un protagoniste de la révolution.

Bien sûr, la présence du Seigneur au milieu des hommes corrompus, et son enseignement, remettaient en cause bien des choses et bien des gens. Mais de là à en faire un apôtre de l’action révolutionnaire, et même de la violence- alors que pour d’autres il est l’apôtre de la non-violence systématique (Gandhi) -il y a loin!

En tout cas, ce n’est pas ainsi que ses disciples les plus proches;les apôtres, ont compris sa mission et son action, et pourtant ils avaient .la pensée de Christ»!

Même si l’Evangile, de par ses implications, a des répercussions sociales et politiques, on ne voit jamais les apôtres présenter le Christ comme le protagoniste de la Révolution, mais comme celui de la Rédemption.

La mission du Christ a, avant tout, une dimension verticale et éternelle; réconcilier l’homme rebelle avec Dieu et le sauver à tout jamais du jugement (Col 1.19, 20).

L’action révolutionnaire laisse complètement de côté la dimension verticale et éternelle. Elle prétend changer la société sans Dieu et sans le salut.

C. Son rang

L’enseignement de l’épître aux Colossiens nous empêche de prendre la moindre familiarité avec Jésus-Christ, car elle insiste beaucoup sur le rang qu’Il occupe dans le plan de Dieu.

Par démagogie, certains prédicateurs, surtout quand ils ont affaire à des auditoires de jeunes, tombent dans le travers de présenter Jésus-Christ comme un -camarade- ou même comme un .copain-. Et on lit des écrits, ou l’on entend des disques, où Jésus- Christ est traité avec une familiarité déconcertante.

Mais, même si pour nous sauver Christ s’est abaissé, s’il s’est fait pour un peu de temps inférieur aux anges, s’il n’a pas honte de nous appeler .frères-, s’il nous qualifie d’amis-, ce n’est pas une raison pour le traiter familièrement.
Ce que Paul nous enseigne, c’est que Dieu lui a conféré en tout la prééminence, que Christ a en tout le premier rang:

-prééminence sur la Création (v. 17)
-prééminence sur l’Eglise, le peuple des rachetés, la nouvelle création (v.18 a)
-prééminence dans l’ordre de la résurrection (v. 18 b)
-afin d’être en tout le premier (v.18c)

Application: Est-ce que nous le considérons et le traitons selon son rang? Est-ce que nous nous rappelons qu’Il est la tête du corps de l’Eglise? (le chef, l’autorité suprême, celle dont nous relevons, si nous sommes membres de ce corps?) Est-ce que nous le traitons comme notre Seigneur, à qui toute obéissance et toute déférence sont dues, ou comme notre valet? (Pour beaucoup de chrétiens, le Seigneur est censé faire leurs volontés).

Selon la dimension biblique, Il est Seigneur (Col 3.17,23 et 24).

D. Son exemple

A côté du Christ révolutionnaire, il y a eu le Christ hippie, non conformiste, marginal. Cela correspond à une mode. Dans le reportage sur Taizé auquel j’ai déjà fait allusion, une jeune fille de 18 ans, catholique non pratiquante, en séjour à Taizé, confiait ceci: «Surtout, on discute de tout et de rien, mais à en perdre haleine. On est généralement contre la violence, contre le nucléaire, contre la société bourgeoise et les valeurs établies» (p. 102).

Ce n’est que d’une façon abusive et simpliste que l’on peut ramener Jésus-Christ à la figure d’un marginal ou d’un non-conformiste. Il faudrait en tout cas définir ce non-conformisme.

S’il y a eu en lui (je parle de sa vie terrestre) du non-conformisme, c’était du non-conformisme au mal, sous toutes ses formes.

S’il a été marginal, c’était assurément dans sa perfection morale et sa sainteté unique, qui le mettaient à part de tout le reste des hommes. Il a été tellement marginal dans ce domaine que les hommes méchants et pervers s’en sont débarrassés (ôte! ôte! crucifie!).

Mais, en ce qui concerne la fidélité aux Ecritures et l’obéissance à la volonté de Dieu, Il a certainement été l’Homme le plus conformiste qui puisse être.

Paul nous rappelle dans Col 1.13, qu’Il est le Fils de Son amour, l’élu en qui Dieu prend plaisir, le bien-aimé en qui Il a mis toute son affection. Voilà la dimension biblique en ce qui concerne l’exemple que Christ nous a laissé (cf. Col 3.9 à 13).

N.B.: Attitude de Jésus-Christ à l’égard des «marginaux» de son temps: publicains, etc. S’Il ne les a pas repoussés, traités comme des parias, cela ne voulait pas dire qu’Il approuvait leur marginalité, qu’Il se faisait marginal avec eux. Il agissait selon l’amour de Dieu, qui ne repousse personne, surtout pas ceux que la société repousse et stigmatise.

Il voulait montrer aux pharisiens que le salut n’est pas pour les bien-portants, mais pour les malades, les pécheurs (Marc 2.15-17).

Enfin, il réagissait contre l’hypocrisie d’une société qui pratique en quelque sorte une sélection des péchés, qui choisit hypocritement de s’attaquer à certaines formes du mal, et qui tolère les autres. Aux yeux du Seigneur, face à la sainteté de Dieu, le pharisien était aussi marginal que le publicain ou la prostituée, et même davantage, à cause de son maudit orgueil.

II. Une expérience spirituelle selon la dimension biblique

Comme je l’ai dit, la spiritualité qui se manifeste aujourd’hui est fort douteuse, elle comporte un curieux mélange et nous ne devons pas l’accueillir sans examen.

Je me suis référé à cette jeune fille interviewée à Taizé. Ce que le journaliste relève de sa spiritualité est assez typique du courant religieux moderne: « Avec ses amis, elle participe régulièrement à des « célébrations » dans un local appartenant au Centre Catholique Universitaire. A ces réunions on récite des poèmes, on lit des pages de l’Evangile, on médite et prie. Une fois par mois, on se réunit pour une « bouffe », qui se termine par des chants et de la danse. Surtout, on discute… » (p. 102).

Je vais maintenant aborder sous quatre angles l’expérience spirituelle telle que la Bible la définit:

-l’objet de l’expérience
-la porte de l’ expérience
-le vif de l’expérience
-le développement de l’expérience

A. L’objet de l’expérience

On peut chercher à rencontrer (à entrer en contact avec) quelque chose, sans s’occuper de savoir ce que l’on rencontre au juste. Pourvu que l’on rencontre une réalité plus grande que soi-même, quelque chose qui nous serve d’absolu, on ne pousse pas pus loin l’identification.

Sur cette pente, beaucoup de personnes, dans leur quête d’une expérience spirituelle, s’exposent à entrer en contact avec les démons, les puissances des ténèbres, mais déguisées sous de beaux atours.

Il y a des adorateurs volontaires du diable et des démons (le satanisme se développe d’une façon extraordinaire. A Genève même: on célèbre des messes noires). Mais une foule de gens entrent en contact avec les démons sans le savoir.

Selon la Bible, l’objet ou le contenu de l’expérience, ne doit pas être n’importe quoi, n’importe qui. Il doit être Christ Lui-même, Jésus le Seigneur, Celui vers qui tout converge dans la Bible et dans les plans de Dieu. C’est Lui qu’il faut rencontrer, et pas un autre à sa place.

Mais, aujourd’hui, sous le couvert d’une « rencontre avec Dieu », il arrive souvent que ce soit tout autre chose que les gens rencontrent, parce que, au départ, ils ont une idée très vague de Christ et de Dieu.

B. La porte de l’expérience

Si l’on passe à côté de l’objet de l’expérience et que l’on communie avec une tout autre réalité (tout en croyant avoir atteint l’authentique), c’est aussi parce que l’on passe à côté de la porte de l’expérience, de la voie d’accès tracée par la Bible.

Pour un nombre de personnes toujours plus grand, la porte d’entrée de l’expérience spirituelle, de la rencontre avec Dieu, c’est un certain état psychologique, des sensations, des émotions, éventuellement des visions et des voix.

Je reviens à la jeune fille en pèlerinage à Taizé. Elle fait partie d’un groupe de silence, dont l’occupation principale est la méditation. Voici ce que rapporte le journaliste: « Dans l’église de la Réconciliation, étendue la face contre terre, elle « prie avec son corps ». Et puis « les chants sont sublimes ». Sous le coup de l’émotion, il lui est arrivé d’y rester six heures d’affilée » (p, 102).

Mais si quelqu’un n’a que des émotions et des sensations (même très fortes), il reste bien en deçà de la dimension biblique de l’expérience spirituelle. Il n’est pas encore passé par la porte d’entrée.

Et c’est le grand danger aujourd’hui. Beaucoup restent au stade de l’émotion, ou de la commotion. (Cela risque d’autant plus d’arriver si la forme du culte fait largement appel à l’émotivité, aux sentiments, plus qu’à l’intelligence et à la volonté, et si l’on conditionne l’auditoire en vue d’un effet psychologique. Livre: « Des conversions: psychologiques ou spirituelles? »

Même dans les cas où l’émotion est produite par l’action de Dieu et même si elle atteint le centre de l’être (en contraste avec une émotion superficielle au niveau du psychisme et de la sensibilité), il ne faut pas rester au stade de l’émotion. Il faut le dépasser.

Ex.: Quand les auditeurs du message de Pierre, à la Pentecôte eurent le cour vivement touché (par Dieu), ils comprirent eux-mêmes qu’ils ne pouvaient en rester là: Hommes frères, que ferons-nous? (Act 2.3 7) .

Oui, la porte de l’expérience spirituelle est plus qu’une émotion ou même une forte conviction produite par le Saint-Esprit, c’est un ACTE.

Ecoutons Paul: Comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui (Col. 2.6). Il s’agit de rien moins que de recevoir Christ en personne, sur la base de la révélation claire et précise qu’en donne l’Evangile (cf. Col 1.5,6).

N.B.: La vérité qui sauve n’est pas un rébus à déchiffrer, un secret que seuls quelques-uns découvrent au terme de longs efforts, d’une laborieuse initiation, d’exercices spirituels raffinés, d’une savante technique de méditation.

Non! La vérité qui sauve est déjà là, à découvert, dans l’Evangile, qui est « la Parole de la vérité », la révélation de Dieu. Elle est là, offerte, pour tous ceux qui veulent la saisir et se l’approprier.

La porte d’entrée de l’expérience spirituelle est donc un acte. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être des admirateurs ou des sympathisants de Jésus-Christ.

Non! Il faut le recevoir – Jean 1.12 – en sa qualité de Messie-Sauveur (mort sur la croix pour notre péché, notre état de rébellion contre Dieu, et pour rendre possible notre réconciliation avec Dieu), en sa qualité de Seigneur (celui qui a le droit de régner, et qui entend régner sur nos vies).

La porte de l’expérience spirituelle, son point de départ, c’est une reddition inconditionnelle à celui qui a été crucifié pour nous, mais qui est maintenant vivant et glorifié à la droite de Dieu (cf. Col 1.21, 22).

S’il n’y a pas eu ce point de départ, il ne peut pas y avoir de «cheminement». Remarquez-le bien! Paul parle d’abord de « recevoir » (le Seigneur, en toute réalité, comme il l’a lui-même fait sur le chemin de Damas, par une capitulation), et seulement après de «marcher».

Certains se croient déjà en chemin avec Dieu, alors qu’ils n’ont pas encore franchi la porte de toute expérience spirituelle authentique: la reddition au Seigneur.
Il faut savoir si l’on marche, si l’on chemine réellement avec Dieu ou si l’on marche avec une illusion et dans une illusion.

C. Le vif de l’expérience

Cette porte franchie, l’on entre dans le vif de l’expérience spirituelle, c’est-à-dire que la vie, la puissance et la présence de Dieu se manifestent dans la sphère de notre existence personnelle.

1. Le fait de recevoir le Seigneur Jésus-Christ entraîne avec lui ce que la Bible appelle la nouvelle naissance, par laquelle nous devenons enfants de Dieu, entrons dans la famille de Dieu. (Jean 1.12,13; Col 1.1,2. Nous avons des frères en Christ, et Dieu est devenu notre Père.)

L’expérience spirituelle, selon la dimension biblique représente plus qu’une connaissance. Elle englobe une naissance: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu, Jean 3.3.

Recevoir le Seigneur Jésus-Christ est le seul moyen pour devenir un homme nouveau, une nouvelle créature.

Ainsi, l’on est bien au-delà de simples sensations mystiques. Il s’agit d’un point tournant, d’une réorientation complète de notre être et de notre existence.

2. Le fait de recevoir le Seigneur Jésus-Christ entraîne une délivrance dont la portée est immense (Col 1.12-14).

On lit des récits laissant entendre que des gens auraient été délivrés de la drogue, du vice, de la puissance de Satan, par le parler en langues. C’est absolument impossible! Les dons spirituels (les charismes) ne nous délivrent ni de la puissance de Satan, ni de la colère de Dieu. Ils n’ont pas été donnés pour cela. Ils n’ont pas cette fonction. Ils servent à l’édification de l’Eglise, pour autant, toutefois, que ce soient d’authentiques charismes et qu’ils soient bien employés. Des gens qui croient avoir été délivrés de la puissance de Satan par le parler en langues, ou par toute autre manifestation extraordinaire, sont encore sous la puissance de Satan et peut-être plus qu’auparavant.

La délivrance de la mainmise de Satan sur nous, de son pouvoir d’asservissement, ne peut venir qu’à travers celui qui a expié nos péchés par son sang (nous délivrant ainsi de la colère de Dieu), qui nous a rachetés pour son Père au prix de sa propre vie, et qui a permis que nous soyons ainsi transférés du royaume de Satan dans le sien (transfert de l’esclavage à la liberté).

Je suis sûr que Paul avait, en toile de fond, le souvenir de la délivrance du jugement de Dieu par le sang de l’Agneau pascal et la sortie de l’esclavage de l’Egypte pour le passage dans la Terre Promise.

L’expérience spirituelle selon la dimension biblique inclut ce glorieux transfert. C’est un miracle de la grâce de Dieu et non le résultat d’un effort humain (cf. Col 1.12). Nous ne nous sommes pas délivrés nous-mêmes, et nous ne nous sommes pas transportés nous-mêmes. C’est la plus miraculeuse délivrance qui soit. La connaissez-vous?

Il fait beau être dans le Royaume, ou sous le Règne du « Fils de son amour ». Là nous ne sommes plus écrasés, piétinés, exploités, trompés, mais rendus à la liberté, restaurés, comblés.

3. Quand l’on reçoit le Seigneur Jésus-Christ, cela nous mène à une communion la plus haute qui soit.

N.B. L’homme moderne, déshumanisé et dépersonnalisé, mourant de soif dans le désert de la science et de la technologie, ressent très fortement le besoin d’une communion, d’une présence, d’une communication. Mais il les recherche sur un faux niveau et au mauvais endroit. Il les cherche «dans le groupe» humain – « la dynamique de groupe » – où il se dépersonnalise encore davantage.

Remarquez, dans Col. 2.6, le « en lui ». Ce « en lui » indique un lien de communion, une proximité, une intimité.

Celui qui a reçu le Seigneur est uni au Seigneur. Il est « en lui », dès ce moment-là, jamais auparavant! Il n’est plus isolé, seul. Christ est devenu sa demeure. D’autre part, lui-même est devenu la demeure de Christ: Christ en vous, l’espérance de la gloire…, Col. 1.27. (Il ne l’avait été à aucun moment avant sa reddition à Christ. Contre l’idée actuelle de «la lumière intérieure», Dieu au fond de moi, le divin en moi, être par nature un avec le divin. Au marché: jeune homme crasseux, débraillé et évidemment amoral: «Pas besoin de recevoir Christ. Il est avec moi». Pour eux, Dieu est toute la réalité, toute la réalité est Dieu. Ni bien, ni mal.

D. Le développement de l’expérience

Dans cette communion, l’expérience doit se poursuivre. C’est ce qu’indique le «marchez». Il y a suite, continuité.

Alors que le monde d’aujourd’hui foisonne d’expériences religieuses éphémères, sans vrai caractère biblique, qui n’ont pas de lendemain (sinon des lendemains d’amertume, de déception, de durcissement à l’égard du christianisme biblique), l’expérience spirituelle vraie est promue à un lendemain, à un développement.

1. Une chose capitale à souligner: dans ce développement, Christ et sa Parole restent toujours au centre: «marchez…» vers des expériences sensationnelles, extraordinaires, spectaculaires vers des visions, des phénomènes miraculeux?

Non, pas du tout! Marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui ont été données (v. 6 et 7) (cf. Col 1.6, 7). Christ et sa Parole occupent toujours le centre.

Le développement de l’expérience ne consiste pas dans la culture d’une spiritualité «super», à côté de Christ ou hors de Christ (cela peut arriver à de vrais chrétiens qui, trompés par une fausse spiritualité, s’égarent loin du centre, Gal 3.3: Après avoir commencé par l’Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair?)

Le développement de l’expérience spirituelle nous ramène toujours à l’essentiel: la Personne et la Parole de Christ.

«Du Baptême à la plénitude», citation de Stott: « Il ne suffit pas d’honorer des lèvres ces affirmations touchant à la suprématie et à la pleine suffisance de Christ; nous devons tous, en outre, aller jusqu’au bout des conséquences. Certains chrétiens donnent l’impression d’avoir une doctrine comportant Jésus plus autre chose. Ils seraient prêts à dire: « Vous avez trouvé Jésus; c’est bien; mais il vous faut encore autre chose pour compléter votre initiation ». D’autres, il est vrai, soulignent si fortement la pleine suffisance de Jésus qu’ils semblent avoir une conception statique de la vie chrétienne, qui ne laisse aucune place pour la maturation de la foi ou pour des expériences plus pleines et plus profondes de la réalité de Jésus-Christ ». (p. 11).

2. Il s’agit de «marcher» en lui, c’est-à-dire, par notre union constante avec lui (sur laquelle nous avons à veiller, dont nous sommes responsables), de manifester sa vie dans notre existence journalière.

Notre foi en Christ doit s’exprimer pratiquement par l’amour, l’amour des frères d’abord (Col 1.4, 8). Gal 5.6: La foi qui est agissante par l’amour.

N.B. Le fait de vivre « en marge » des églises locales, en cellules individualistes autonomes, n’est pas selon le modèle biblique.

Notre foi en Christ doit s’exprimer pratiquement par une conduite de plus en plus conforme à la volonté de Dieu, en contraste avec la religiosité amorale de notre temps, (cf Jac 2.17), Et par la persévérance et la victoire dans l’épreuve, Col 1.10, 11. (Contraste avec Luc 8.13).

3. Il s’agit d’être enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi…

Alors que les fausses expériences spirituelles se soldent par des naufrages, des catastrophes, de terribles dégâts, l’expérience selon la dimension biblique comporte un enracinement, un approfondissement et un affermissement dans la connaissance de Christ par l’Ecriture.

Non seulement dans la connaissance des vérités relatives à Christ, mais dans la connaissance personnelle de ce Sauveur et Seigneur, qui doit nous devenir un compagnon (pas un copain) toujours plus cher, plus précieux, plus indispensable.

Conclusion

La Bible contraste souvent la paille (le méchant) et l’arbre (le juste) (cf. Ps 1.3, 4).

La paille est improductive, légère, sans consistance, sans racines. Le moindre vent la balaie, l’emporte. Ainsi en est-il de multiples expériences dites « spirituelles ».

L’arbre est productif. Il donne son fruit en sa saison. De plus il est solide, planté dans le terrain, tenu par ses racines qui plongent profondément dans le sol. Ainsi en est-il de l’expérience spirituelle selon la dimension biblique.


Article publié initialement dans «Le Témoin» no 5 – sept-oct. 1980 et reproduit avec autorisation.

L’ Eternel est vivant, le Dieu d’Israël devant qui je me tiens (1 Rois 17.1, version Osterwald). Je cherche… un homme.qui se tient à la brèche devant moi en faveur du pays… (Ez 22.30). Le témoignage vital et vibrant d’Elie fut aussi-il est utile d’insister sur ce fait – un témoignage personnel qui reflétait ce que le prophète était lui-même et qui engageait tout son être. Il se donnait à son message; sa vie appartenait à la mission qui lui était confiée. Il incarnait d’avance la parole de l’apôtre Paul: Nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même (Rom 14.7).

Voici la teneur menaçante de ce témoignage: L’Eternel est vivant, le Dieu d’Israël devant qui je me tiens… et avec toute la force de cette entière certitude, il déclare: Il n y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole. Comme cet homme vaillant de David dont la main demeura attachée à son épée (2 Sam 23.10), Elie s’identifiait à son Dieu; sa parole était devenue partie de lui- même; il était baptisé en sa présence, comme Moïse, à tel point qu’il parlait avec cette autorité divine qui défiait l’enfer, affirmait la volonté de Dieu et déclenchait l’action du ciel. Il en était de lui comme des messagers que Dieu a pu employer au cours de l’histoire de l’Eglise: dans sa bouche, la parole de Dieu était un feu qui allumait des incendies, un marteau qui brisait les plus fortes résistances, une trompette qui réveillait les plus endormis. Rien de moins ne peut suffire aujourd’hui.

I. Ce que signifie se tenir devant Dieu

L’Eternel est vivant, le Dieu d’Israël devant qui je me tiens, ou devant qui j’assiste.

Le centre même du ministère d’Elie se résume en cette parole: Se tenir devant Dieu en intercesseur. Voilà ce que Dieu demande, et c’est le plus urgent besoin des temps d’apostasie.

Il entre dans les voies de Dieu de se servir d’instruments humains pour communiquer sa Parole aux hommes. Il cherche ces vies qui servent de points d’appui à son action ici-bas et qui se tiennent devant lui, intercédant pour ce monde en détresse et prêtes à lui donner le message du ciel, ce pain de Dieu, celui qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde (cp. Jean 6.33).

Ecoutons sa plainte par la bouche du prophète Esaïe: Il voit qu’il n y a pas un homme, il s’étonne de ce que personne n’intercède. (Es 59.16) Je cherche parmi eux un homme qui élève un mur, qui se tienne à la brèche devant moi en faveur du pays, afin que je ne le détruise pas; mais je n’en trouve point. (Ez 22.30). Dans ce domaine, Jésus-Christ est notre modèle. Les Evangiles mettent l’accent sur sa vie de prière et d’intercession. Voyez-le au chapitre 17 de l’Evangile selon Jean, intercéder pour les siens, les remettre à son Père. Il se retire constamment sur la montagne, à l’écart, pour être en communion avec son Père et lui soumettre les problèmes se rapportant à sa mission divine.

Assis à la droite du Père, sur le trône de la grâce, il continue ce même office en faveur des siens; il est leur avocat, il plaide pour eux contre l’accusateur des frères qui les accuse jour et nuit. Que cette révélation nous aide! Découvrir le souverain Sacrificateur qui intercède pour nous, c’est découvrir le secret de la sanctification et la clé de la victoire sur toutes les forces de l’ennemi. C’est expérimenter d’avance cette promesse d’Apoc 12.11: Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort. Une autre illustration de cette sorte d’intercession se trouve dans les Nombres. Le sacrificateur Aaron, avec l’encensoir allumé du feu de l’autel, se plaça entre les morts et les vivants et arrêta la plaie qui consumait le peuple (Nom 16.46-50). Telle fut l’attitude d’Elie en Israël.

Dans ses psaumes, David répète à plusieurs reprises cette exhortation: Attends-toi à l’Eternel… Tenez-vous devant lui… Demeurez en sa présence… De même Esaïe parle de ceux qui ne se taisent ni jour ni nuit, qui rappellent au souvenir de l’Eternel ses promesses, qui ne se donnent et ne lui laissent aucun repos jusqu’à ce que la gloire de Christ paraisse dans le monde (Es 62.6,7). Et les voici exerçant ce sacerdoce glorieux de l’intercession avec toute l’audace et toute l’autorité de Celui qui a fait les promesses. Ils savent que L’Eternel l’a juré par sa droite et par son bras puissant (Es 62.8), et forts de cette conviction, ils plaident devant son trône. Le Seigneur lui-même prie pour eux, mais ils ont la charge de se tenir devant lui pour le salut de leurs semblables (Jean 17.9,20).

Voici ce qui doit être le fondement de notre service, le secret de notre force et de notre courage, la puissance de notre témoignage: nous tenir devant Celui qui a traité alliance avec nous, Celui qui a fait les promesses qui assurent à son peuple la puissance, les richesses et le revêtement spirituels pour aujourd’hui. C’est seulement alors que nous échapperons à l’encerclement flétrissant de l’esprit du siècle présent, car celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit (l Cor 6.17). Chaque Eglise, chaque assemblée chrétienne devrait avoir cette force motrice, cette centrale de puissance où chacun prend sa responsabilité, où le ciel s’ouvre et où l’enfer est remué, à l’exemple de l’Eglise primitive, au chapitre 4 des Actes, versets 23-37.

Sachons donc une fois pour toutes décider qu’au milieu de l’obscurité présente, en face de l’ouragan qui s’élève déjà, nous nous tiendrons devant Dieu comme Elie. Ne nous laissons pas voler ce qui est le plus grand de nos privilèges et la plus solennelle de nos responsabilités! Pasteurs, conducteurs spirituels, donnez cet exemple, puis sonnez de la trompette pour appeler les fidèles à ce sacerdoce.

1 .Avant que quoi que ce soit ne se passe dans le monde, quelque chose doit se passer entre Dieu et son serviteur

Avant même qu’Abraham ne commence son pèlerinage de foi, le Dieu de gloire lui était apparu (Act 7.2). Avant que Moïse ne devienne l’instrument de Dieu pour Israël, il dut avoir la révélation de l’Eternel dans le buisson ardent. Voilà ce qui lui permit, à travers toutes les épreuves, de demeurer ferme comme voyant Celui qui est invisible (Héb 11.27). Avant que Josué n’entreprenne l’assaut de Jéricho, il a rencontré le Chef de l’armée de l’Eternel (Jos 5.13-15). Avant qu’Esaïe ne parle, il a eu la vision du trône de gloire et l’attouchement du charbon ardent sur ses lèvres (Es 6.1-7).

Quant à Elie, nous savons qu’il priait avec zèle, qu’il se tenait devant le Seigneur, qu’il était en communion avec lui avant de paraître devant les hommes. Il avait appris à s’attarder dans la présence de Yahvé, le Dieu d’Israël, qui tenait les clés des situations et des problèmes que l’apostasie d’Israël avait produits dans le monde. Elie savait qu’à chaque effet visible il y a une cause spirituelle invisible, et que Dieu lui-même se réserve le droit d’intervenir quand et comme il veut. Quand Elie apparut devant Achab et parla au nom de Dieu, quelque chose se passa, un coup fut porté au royaume de Satan, parce qu’un serviteur de Dieu avait reçu puissance et autorité divines contre lui pendant les heures de prière et de silence passées en sa présence.

L’apostasie de la chrétienté crée des problèmes de toutes sortes, non seulement le désaxement des âmes, l’effritement des Eglises, la perte de toute vraie puissance divine, mais aussi le déclenchement de nombreux mouvements d’erreur, tous inspirés par des esprits séducteurs. A ce vaste problème, il n’y a qu’une réponse. Elle vient du ciel, et l’exemple d’Elie nous l’indique.

2. Avant qu’une action ne soit entreprise dans le monde, devant les prêtres de Baal et le monarque apostat, Elie pria. ..puis il pria de nouveau (Jac 5.17, 18).

Oh! la prière, ces prières ferventes, efficaces, gouvernementales, qui changent le cours des événements, ces prières absolument urgentes aujourd’hui! Les connaissons-nous? Elles sous-entendent des hommes, des femmes instruits à l’école de l’intercession, qui savent s’attarder devant Dieu, se laisser pénétrer et inspirer de sa présence afin que l’exaucement de leur intercession paraisse ensuite dans le monde. Dieu donne la première place à la prière; pourquoi lui donnons-nous la dernière place? Cette négligence, cette ignorance du ministère de la prière est notre perte, et non seulement la nôtre, mais celle des âmes que Dieu nous confie! Car c’est en réponse à la prière et par le moyen de vies données que Dieu veut intervenir en grâce en faveur des hommes.

Peu de prières, mais beaucoup d’activités, beaucoup d’efforts… Quel renversement de l’ordre voulu de Dieu! Quelle humiliation pour son Eglise! Elle se contente d’un travail superficiel qui n’arrache pas sa proie au royaume des ténèbres. ..Voilà pourquoi les lettres aux Eglises qui typifient la chrétienté des derniers temps commencent par cette phrase révélatrice: Je connais tes ouvres (Apoc 2.2, 19 ; 3.1, 8, 15). Vous comptiez sur beaucoup, et voici, vous avez eu peu; vous l’avez rentré chez vous, mais j’ai soufflé dessus. Pourquoi? dit l’Eternel des armées. A cause de ma maison, qui est détruite, tandis que vous vous empressez chacun pour sa maison. C’est pourquoi les cieux vous ont refusé la rosée, et la terre a refusé ses produits. (Agg 1.9-11). La vraie prière, c’est confesser notre faiblesse et c’est honorer Dieu. Négliger la prière, c’est faire preuve de présomption et démontrer que notre service pour lui est celui de nos efforts propres: du feu étranger sur l’autel!

3. Avant de se lancer dans le combat pour son Dieu, Elie avait été baptisé en Dieu, en celui qui avait fait les promesses et l’avait revêtu de sa puissance.

Quel contraste entre cette présence de la majesté divine et l’atmosphère satanique de la monarchie rebelle et cor- rompue de Samarie! Quelle leçon, quel appel pour nos temps, pour nos vies!

Sans cette présence divine, notre témoignage ne laissera aucun effet durable sur le roc dur de la conscience humaine; il ne produira aucune réaction profonde dans l’esprit des hommes. Combien de ministères, combien de prédications ne représentent aucune menace, aucun danger réel pour l’enfer, parce qu’ils ne sortent pas de la présence de Dieu et ne sont pas imprégnés de l’Esprit du sanctuaire!

Ceux qui ne connaissent pas le ministère de l’intercession ignorent aussi ce qui caractérisait notre Seigneur et qui devrait être vrai de tous ses té- moins: Il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes (Mat 7.29). Souvenez-vous de ce que dirent les huissiers qui devaient s’emparer de lui: Jamais homme n’a parlé comme cet homme (Jean 7.46). Et ses ennemis mêmes étaient contraints de dire: Comment connaît-il les Ecritures, lui qui n’a point étudié? (Jean 7.15).

II. Ce qu’Elie apprit en se tenant devant Dieu

1. Dans la vie d’Elie, la connaissance de la vérité divine était devenue une expérience personnelle, le secret d’un témoignage puissant.

Il connaissait la Parole de Dieu, il savait qui était Yahvé le Dieu d’Israël, mais toute cette connaissance était transformée en une grande puissance. Pour Elie, ce que nous appellerions aujourd’hui l’intellectualisme, toujours stérile même s’il est biblique, était chose inconnue. Tout ce qu’il disait vibrait de la puissance de Dieu. Dans sa bouche, les mots ainsi dit l’Eternel, il est écrit, n’étaient pas des clichés ni des termes sans puissance.

De même, aujourd’hui, devant la pression des événements et de la situation contemporaine, un simple étalage de connaissances, mêmes bibliques, n’est-il pas un affront? Un affront à Dieu et aussi un affront aux personnes auxquelles on s’adresse, et encore en son Nom, en parlant sans feu et sans puissance, de telle façon que ce que l’on prétend être son message n’a aucun mordant, et que l’on n’amène pas Dieu aux hommes, ni les hommes à Dieu! L’enfer ne craint pas de telles prédications!

Le témoignage personnelle plus urgent est celui qui résulte de cette communion personnelle, de cette vie intense avec Dieu. Notre « or » doit être éprouvé par le feu (Apoc 3.18).

2. Les vérités anciennes révélées à travers l’histoire du peuple de Dieu étaient devenus pour Elie des vérités présentes.

L’une des fonctions du Saint-Esprit est de rendre vivant, réel et actuel ce qui a été écrit autrefois (l Cor 10.11). Le Saint- Esprit se plaît à faire vivre devant nous ces merveilleuses scènes de l’Ancien Testament que l’incrédule, dans la folie de son orgueil et son ignorance, traite de légendes et de fables…

Il suffit qu’Elie mentionne à Achab le nom de l’Eternel, et dise qu’il est le Dieu d’Israël, le Dieu vivant, pour que l’enfer tremble et que le roi renégat soit rempli de fureur et de crainte.

Le témoignage personnel nécessaire aujourd’hui doit porter l’empreinte d’une conviction pleine et entière de la puissance de la Parole de Dieu, le texte sacré de nos Bibles, autant en ce qui concerne les récits de l’Ancien Testament que la vie de notre Seigneur Jésus-Christ. Courbés nous-mêmes devant la puissance de Dieu et de sa Parole, baptisés en sa présence, nous recevrons son message: et dans notre bouche, les plus anciennes vérités seront des vérités présentes (2 Pi 1.12).

Telle fut la prédication de Pierre à la Pentecôte, et la foule, saisie de componction, s’écria: Hommes frères, que ferons-nous? (Act 2.37).

Les temps que nous vivons exigent cela et rien de moins. Si nous ne voulons pas qu’un jour le Seigneur nous juge, nous reproche que notre trompette n’a rendu qu’un son confus, que notre message n’a ni réveillé les consciences ni arrêté les foules, nous devons en accepter les conditions. C’est à ce prix que notre or sera éprouvé par le feu, que nos connaissances bibliques seront autant de richesses déversées dans les cours et d’avertissements directs de Dieu faits en son Nom.

3. Elie savait que les événements et la situation qu’il voyait, vivait et affrontait, avaient leur source dans le monde spirituel.

Qui est semblable à moi? Qui me donnera des ordres? Et quel est le chef qui me résistera? (Jér 49.19). Tu es redoutable, ô toi! Qui peut te résister quand ta colère éclate? Du haut des cieux tu as proclamé la sentence; La terre effrayée s’est tenue tranquille, Lorsque Dieu s’est levé pour faire justice, pour sauver tous les malheureux de la terre (Ps 76.8-10).

Notre témoignage personnel, s’il veut être utile aujourd’hui, doit être inspiré par cette connaissance. Le Seigneur eut la vision de Satan tombant du ciel comme un éclair (Luc 10.18). Il savait quels seraient les effets de son triomphe rédempteur sur l’ennemi et les proclama d’avance aux siens. Dans les Epîtres, l’Esprit de Dieu dévoile le sens de la victoire présente du Seigneur. Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix (Col 2.15). Le Fils de Dieu a paru afin de détruire les ouvres du diable (1 Jean 3.8).

Dans la nouvelle page d’histoire qui s’ouvre aujourd’hui, si le chrétien n’est pas instruit et armé de cette vérité, non seulement il frappera en l’air et courra à l’aventure, mais son passage ici-bas aura laissé les choses et les gens tels qu’ils étaient, sinon pires qu’auparavant. L’Ecriture ne tait aucun sujet dont Dieu veut que nous soyons instruits.

4. Elie connaissait la volonté de Dieu pour son temps et les circonstances présentes, et il agissait en conséquence

L’Ancien et le Nouveau Testament avertissent les croyants de l’apostasie des derniers temps. Dieu laisse mûrir pour le jugement les autorités religieuses apostates, les mouvements et les déviations qu’elles provoquent. Puisqu’elles ont eu la clé de la connaissance et se sont montrées indignes de ce privilège, Dieu les livre à leur propre choix (2 Thes 2.8-12; cp. Luc 11.52; Mat 23.27-30).

Mais quand il s’agit des autorités gouvernementales, Dieu leur donne souvent des temps de répit, des offres de salut; il promet des interventions divines. Il patienta à l’égard de Pharaon, à l’égard d’Achab et de Nebuadnetsar, il leur donna un temps de grâce. L’apôtre Paul dit que si les chefs de ce siècle eussent connu la sagesse de Dieu, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire (l Cor 2.8).

Dieu est prêt à prolonger le jour de la grâce en vue du salut des hommes (2 Pi 3.9). Il peut incliner le cour des autorités civiles, les rendre favorables à la Parole de Dieu, les amener à faire la distinction entre la vérité divine et ce qui n’est que forme, chloroforme et profession religieuse. N’oublions pas que le but du prince de ce monde est juste l’opposé… Seule la prière peut agir efficacement. (Lire 1 Tim 2.1-7).

Le serviteur de Dieu qui veut aujourd’hui prêcher Jésus-Christ, Jésus-Christ crucifié et son glorieux message divin, doit être armé de ces vérités-là.

C’est avec une entière connaissance des desseins de Dieu qu’Elie pria: – Jac 5.17: Il pria avec instance pour qu’il ne pleuve point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois = jugement. – Jac 5.18: Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit = grâce.

Ainsi l’Ecriture nous révèle ce fait dynamique que la prière ferme et ouvre la main du Créateur.

Le jour de grâce est encore là. Il s’agit donc encore de grâce pour nous. Si l’Eglise de notre Seigneur Jésus-Christ, Triomphateur, Sauveur des hommes, savait s’attarder en sa présence, être courbée devant lui, si elle savait même en cette heure tardive ouvrir les mains du Créateur, ou plutôt les mains percées du Sauveur, elle découvrirait que ces mains ne se sont jamais fermées, qu’elles sont là, levées en bénédiction sur le monde, prêtes à répandre son Esprit sur toute chair.

Mais ce qui a manqué à l’Eglise jusqu’ici, sauf aux époques glorieuses de réveil qui ont éclairé la nuit grandissante de son pèlerinage mouvementé, CE QUI A MANQUE, c’est ce sacerdoce d’hommes et de femmes dont tout l’être se tient devant l’Eternel, se donne jusqu’à l’extrême limite pour le monde perdu, et qui ne quittent pas la présence du Seigneur jusqu’à ce qu’il ait béni. Quand il en sera ainsi, on entendra le bruit d’une abondante pluie (cp 1 Rois 18.41-46).


adapté de «Coming for His Bride», Dr Lehman Strauss, auteur, pasteur et prédicateur. Tiré de «Confident Living», mensuel de Back to the Bible Broadcast, Lincoln, Nebraska, mars 1988

L’Eglise est constituée de tous ceux qui croient en Christ comme leur Sauveur. Elle poursuivra sa mission terrestre jusqu’à ce que Christ vienne la chercher. Or cet événement, appelé l’enlèvement – le passage des croyants de ce monde-ci vers le ciel – peut survenir à n’importe quel moment. .

Le texte du Nouveau Testament qui nous donne le plus de détails sur l’enlèvement est certes celui de 1 Thes 4.13-18. Bien que l’ensemble de la première Epître aux Thessaloniciens fasse souvent allusion aux événements futurs, la doctrine de l’enlèvement repose sur des certitudes émanant de ces six versets.

Une raison

«Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui sont décédés» – littéralement «ceux qui dorment».

Lors de son passage à Thessalonique, l’apôtre avait sans doute annoncé le retour de Christ dans sa prédication (voir 1 Thes 2.19). Mais depuis son départ, certains des croyants étaient décédés, et leurs survivants s’interrogeaient: « Est-il possible d’espérer que ces chrétiens morts avant l’enlèvement participent à cet événement béni? » L’apôtre avait enseigné aux Thessaloniciens à vivre chaque jour dans la fervente espérance du retour imminent de Christ (voir 1 Thes 1.9-10). Mais apparemment l’apôtre ne leur avait laissé aucune instruction quant au sort des croyants décédés. Aussi se posaient-ils diverses questions à leur sujet: seraient-ils exclus de l’enlèvement? et ceux qui seront enlevés vivants, ne reverront-ils jamais leurs bien-aimés en Christ décédés auparavant?

Les chrétiens de Thessalonique étaient d’autant plus perplexes que l’apôtre avait l’habitude de répéter: Je ne veux pas que vous ignoriez… (Rom 11.25; 1 Cor 10.1; 12.1; cp Rom 1.13; 2 Cor 1.8). Poussé par le Saint-Esprit, Paul abordait donc ce sujet avec des raisons bien précises: il devait rassurer les Thessaloniciens au sujet de ceux qui dorment, une expression qui dans la Bible ne concerne que la mort des croyants et jamais celle des incroyants (voir Jean 11.11; Act 7.60; 1 Cor 11.30; 15.6, 18,51; 2 Pi 3.4).

Un raisonnement

Car si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont décédés (1 Thes 4.14). Cette espérance repose sur le solide fondement d’un raisonnement bien étayé. Le mot si gagnerait à être remplacé par puisque. Ainsi l’espérance du retour de Christ pour les siens, qu’ils soient morts ou vivants lors de sa venue, est un fait aussi certain et essentiel que celui de la mort et de la résurrection de Christ lui-même. L’homme privé de certitudes au sujet de la mort et de la résurrection de Christ n’aura pas non plus de certitude par rapport à sa propre résurrection. Ici le raisonnement est logique. L’espérance chrétienne ne repose pas sur une philosophie spéculative quelconque. La mort physique et la résurrection corporelle de Jésus-Christ sont le fondement même de notre assurance: Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts (1 Pi 1.3). La préposition si de 1 Thes 4.14 écarte tout doute. Christ étant mort et ressuscité, aucun racheté ne sera oublié dans la tombe lorsque Jésus reviendra. Sa propre résurrection est le gage de la nôtre (voir Rom 8.11; 1 Cor 6.14; 15.20-22).

Une révélation

Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d’après la parole du Seigneur (1 Thes 4.15). Cette phrase n’implique pas nécessairement la citation par l’apôtre Paul de paroles prononcées par le Seigneur au cours de son ministère terrestre, et qui n’auraient pas été transcrites jusqu’alors (voir Act 20.35). Du reste, rien dans les quatre Evangiles ne correspond pleinement à ce passage de l’Epître aux Thessaloniciens. Et si quelques versets de son discours sur le mont des Oliviers évoquent bien l’enlèvement, le Seigneur, en Mat 24, met surtout l’accent sur des scènes consécutives à cet événement (voir Mat 24.29-31).

Il est plus vraisemblable que ces vérités au sujet de l’enlèvement et de la résurrection des croyants aient été l’objet d’une révélation spéciale réservée à Paul. D’autant plus que plusieurs des déclarations de l’apôtre se réfèrent à une révélation directe qui lui a été accordée, ce qui lui permet de se réclamer d’une pleine inspiration divine (cp Act 16.6; 18.9; 1 Cor 11.23; 15.3; 2 Cor 12.4; Gal 1.12; Eph 3.3). Il n’a donc rien imaginé ou inventé; mais le Saint-Esprit lui a révélé ces mystères. C’est pourquoi les croyants n’ont aucune crainte à avoir, car Dieu lui-même est la source de cette révélation pleinement authentique, crédible et digne de confiance.

Cette révélation spéciale a aussi dissipé bien des mystères. Ainsi: Nous les vivants, restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont décédés (v.15). On aurait pu penser que les rachetés encore vivants lors de l’enlèvement auraient pu avoir une « longueur d’avance » sur leurs frères et sours décédés précédemment. Mais non, ils ne les devanceront pas. Au contraire, les morts en Christ qui seront arrachés au tombeau auront l’insigne privilège de précéder les croyants demeurés vivants pour l’avènement du Seigneur.

Un autre point apparaît en ce verset 15. Paul espérait personnellement connaître l’enlèvement de son vivant. Il croyait que cet événement étant imminent, il pouvait se produire à tout instant. Bien qu’il se soit refusé à formuler une date quelconque, il souhaitait ardemment être du nombre des vivants en ce jour et à cette heure suprême (cp 1 Cor 15.51-52; Phil 4.5; Tite 2.13). Il faut dire qu’aucun des apôtres ni aucun des premiers chrétiens ne se sont attendus à ce que le temps de l’Eglise s’étende à près de 2000 ans. Cependant rappelons aussi que Paul envisageait simultanément la possibilité de mourir avant l’avènement du Seigneur (cp 2 Cor 5.1-10; Phil1.23-24; 2 Tim 4,6).

Un retour

Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel (1 Thes 4.16). Voilà qui implique littéralement le retour corporel de Christ. Jésus a dit: je reviendrai… (Jean 14.3). Les deux témoins célestes de l’ascension de Jésus l’ont attesté: Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel (Act 1.11). Ce retour ne saurait donc être la venue du Saint-Esprit ni celle d’un ange, mais bien celle du Seigneur Jésus-Christ lui-même. Du reste, l’expression lui-même déjà mise en évidence en 1 Thes 3.11 ressort aussi en 1 Thes 4.16. Oui, c’est le Seigneur lui-même, mort et ressuscité, que nous attendons! Lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois… (l Pi 2.24). C’était son corps; pas son esprit qui fut enseveli dans le tombeau de Joseph d’Arimathée. C’est son corps qui fut enlevé (Marc 16.19; Luc 24.51) et élevé devant les disciples vers le ciel (Act 1.9), et ce sera le même corps qui descendra du ciel (1 Thes 4.16).

Deux résurrections

Jésus l’a dit: Ne vous étonnez pas de cela; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement (Jean 5.28-29). Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, pour la honte éternelle (Dan 12.2). Il y aura donc deux résurrections distinctes. Avec l’enlèvement, les rachetés connaîtront la résurrection pour la vie; après la grande tribulation, les perdus ressusciteront pour la damnation. Sauvé ou perdu, chaque individu qui a vécu ressuscitera physiquement un jour. Mais l’enseignement d’une résurrection globale et simultanée ne cadre pas avec l’interprétation des passages précités. Gardez toujours à l’esprit qu’il y aura deux résurrections, la première qui mène à la vie, la deuxième qui mène à la damnation.

La première résurrection

L’Ecriture nous montre qu’elle ne surviendra pas d’un coup, mais qu’elle se manifeste par étapes ( voir 1 Cor 15.20-23). Christ est déjà ressuscité, et il est les prémices de ceux qui sont morts. Puis ce sera le tour de ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement (l Cor 15.23). Précisément l’étape à laquelle se réfère le passage de 1 Thes 4.16 que nous étudions en ce moment.

Les morts en Christ ressusciteront premièrement (l Thes 4.16). L’expression morts en Christ est synonyme de ceux qui dorment en Christ (v.14). Le mot premièrement utilisé dans ce passage implique de manière absolue le fait que les morts en Christ ressusciteront avant que les vivants ne soient changés. Au lieu d’être désavantagés parce qu’ils seront décédés avant que l’enlèvement n’intervienne, ils ressusciteront avant les croyants demeurés sur la terre jusqu’à ce moment-là. Et si le moindre doute subsistait encore quant aux risques pour les morts en Christ de manquer une part de la bénédiction inhérente à l’enlèvement, il est définitivement dissipé par la phrase: Les morts en Christ ressusciteront premièrement.

Dans le texte de 1 Thes 4, il n’est nullement fait allusion à l’ensemble des trépassés, mais seulement à la résurrection des rachetés, ceux qui sont morts en Christ. Cette première résurrection s’inscrit dans le cadre de la seconde venue de Christ sur la terre; car après la grande Tribulation il reviendra régner ici-bas. C’est pourquoi la première résurrection englobera encore les croyants sauvés pendant la grande Tribulation et devenus martyrs. Eux aussi ressusciteront. L’apôtre Jean l’atteste: Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection! La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans (Apoc 20.6).

Une réunion

Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (l Thes 4.17). Les morts ressuscités et les vivants en Christ formeront dès l’enlèvement un seul groupe pour rencontrer leur Seigneur. Oh! la majesté d’une telle scène devrait remplir nos cours à la fois de respect sacré et d’une attente joyeuse. Ce sera le jour de la merveilleuse réunion des enfants de Dieu, et dès lors tout ce que nous ferons, nous le ferons ensemble!

Je pense à toutes les divisions qui affligent le peuple de Dieu. Il est des chrétiens qui n’adressent pas la parole à certains de leurs frères en Christ. Je connais une jeune fille chrétienne qui a refusé d’adresser la parole à sa mère pendant des années. Oh! quel merveilleux jour ce sera, lorsque tous ceux qui sont en Christ seront réunis; alors toute querelle sera apaisée, et les affligés seront consolés. Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.

Alléluia!

Une nouvelle affirmation

Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles (1 Thes 4.18). Voici le baume pour les cours brisés, la parole de consolation pour ceux qui pleurent, et pour tous un vibrant espoir. Les Thessaloniciens traversaient des jours difficiles; aussi ces paroles de réconfort durent-elles leur apporter un nouveau courage, une espérance renouvelée. Paul leur montrait qu’ils n’auraient pas à affronter la grande Tribulation, mais qu’ils devraient se préparer à l’enlèvement, délivrance qui devrait précéder ces terribles événements. Aussi pourraient-ils se consoler réciproquement. Comme pasteur, j’ai eu l’insigne privilège de partager cette glorieuse perspective avec de nombreux enfants de Dieu frappés par le deuil, suite au départ d’un de leurs bien-aimés, et j’ai vu à quel point chacun des mots de Paul pèse de tout son poids pour communiquer force et secours en toute situation.

Soyez prêts

Toute dissertation sur l’enlèvement serait incomplète si l’on n’en tirait pas une application pratique. Une chose est de savoir que Christ peut revenir à n’importe quel moment, C’en est une tout autre que d’être prêt pour le moment de ce retour. Sans aucun doute, l’enlèvement sera, pour certains chrétiens, comparable à la brusque fermeture d’une trappe, tout simplement parce qu’ils ne se seront pas préparés à rencontrer le Seigneur. Sa venue pour chercher son Eglise sera soudaine et foudroyante. Et Dieu a tenu à garder secrète la date de ce retour.

Dans une telle perspective, quels doivent être les attitudes et les actes qui assurent au chrétien à la fois sécurité et pleine approbation de Dieu? L’apôtre Paul, qui attendait pour lui-même aussi bien l’enlèvement que la mort en Christ, pouvait écrire: Pour moi, je sers déjà de libation, et le moment de mon départ approche (2 Tim 4.6). Il est un fait inéluctable: le jour vient où notre séjour terrestre prendra fin, soit par la mort, soit par l’enlèvement. Dans ce passage, Paul envisage sa mort comme imminente. En même temps il affirme sa conviction inébranlable par rapport à la couronne de justice qui lui est destinée et que le Seigneur a réservée à tous ceux qui auront aimé son avènement (2 Tim 4.8). Parce que Paul aimait cet avènement et vivait dans la perspective de l’apparition de son Seigneur, il pouvait affirmer: Maintenant je suis prêt…

Suis-je personnellement prêt, maintenant?

Peut-être avons-nous l’intention louable de nous préparer au retour de Jésus, mais cela ne veut pas dire que nous soyons réellement prêts aujourd’hui. Vivre dans l’expectative du retour de Christ ne peut que produire en nous le besoin urgent d’une vie sanctifiée et d’un cour entièrement dévoué à son service. Les chrétiens que j’ai rencontrés au cours des années et dont le cour vibrait à la perspective du retour de Christ, étaient tous entièrement dévoués au salut des âmes. Je n’ai par contre jamais rencontré un croyant charnel, égoïste ou mondain, manifestant un intérêt quelconque pour l’avènement du Seigneur Jésus-Christ. Voici du reste neuf passages de l’Ecriture qui nous exhortent à une vie sainte et à un service fructueux en vue de ce retour: 1 Cor 4.5; Col 3.4-5; 1 Thes 5.23; 2 Tim 4.1-2; Tite 2.11-13; 1 Pi 1.7; 4.12-13; 1 Jean 2.28; 3.1-2.

Mystère et soudaineté

Permettez-moi d’examiner encore brièvement l’exhortation de Paul aux Corinthiens au sujet de l’enlèvement: Voici je vous, dis un mystère: nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’oil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés (1 Cor 15.51-52).

Il est d’importantes vérités qui ne doivent pas être considérées avec superficialité. Ce passage nous dit que l’enlèvement est un mystère. Or ce n’était pas un mystère que les saints doivent ressusciter un jour, et la doctrine de la résurrection n’avait pas été introduite par Paul, puisque tout l’Ancien Testament – comme le Nouveau – démontre que les morts doivent ressusciter. Le mystère réside plutôt dans le fait qu’au retour de Christ certains des saints seront enlevés sans connaître la mort. L’expression ceux qui dorment qui ne concerne donc que les morts en Christ, fait allusion au sommeil du corps. Lorsqu’un croyant décède, il se rend auprès de Christ. Ce n’est pas Christ qui vient à lui, c’est son âme qui a directement rendez-vous avec Jésus. Son esprit est dès lors auprès du Seigneur (2 Cor 5.8). Cependant, que nous dormions ou que nous soyons vivants lorsque Jésus reviendra, nous serons changés. Tel était le secret, le mystère que le Saint-Esprit avait confié à Paul.

Une autre vérité est la soudaineté de l’enlèvement: en un instant, en un clin d’oil. La translation des saints sera d’une rapidité extrême. Songez par exemple à ce croyant qui gît sur un lit de maladie, endurant des souffrances presque insupportables et qui, en une fraction de seconde, partira à la rencontre du Seigneur dans les airs, dans un corps qui ne connaîtra plus aucune souffrance. Et tout cela se produira en l’espace d’un clin d’oil.

Une dernière vérité révélée situe l’événement dans le temps: à la dernière trompette. La trompette sonnera…
Le rôle de cette trompette n’est pas d’annoncer la séparation d’avec Dieu ou le jugement, mais bien la résurrection et la vie. Ce n’est pas un ange qui soufflera dans cet instrument, et nous ne pouvons pas l’apparenter aux trompettes de jugement résonnant dans l’Apocalypse. Il s’agira de la trompette de Dieu (I Thes 4.16); elle sera la dernière de la période de la grâce. Le son de cette trompette ne sera pas perçu du monde entier, car Dieu ne convoquera que ses rachetés pour qu’ils viennent à sa rencontre et soient toujours avec lui. Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Une perspective propre à nous jeter à genoux pour nous humilier, nous préparer… et adorer!


La rédaction de Promesses vous ouvre sa boîte aux lettres. Vous serez sans doute intéressés de savoir comment votre revue est perçue ici et là sur notre planète. Grâce soit rendue au Seigneur pour ces quelques extraits de lettres qui montrent combien le ministère de PROMESSES est utile au Corps de Christ:

…Nous avons un groupe de prière et d’étude biblique à la maison. Nous invitons les jeunes du quartier, et la revue PROMESSES nous apporte des enseignements pour l’édification des membres de notre groupe… Dans notre ville, les Témoins de Jéhovah pratiquent régulièrement le porte-à-porte, aussi le no 121 nous aide beaucoup pendant la rencontre avec les membres de cette secte. De même, le no 122 nous enseigne maintenant la vraie spiritualité…

(R., Fianarantsoa, Madagascar)
…Au sein de l’Eglise, le Seigneur a oeuvré d’une façon spectaculaire, en amenant 8 nouveaux membres au mois de décembre 1997. C’est pour vous dire à quel point les enseignements apportés à travers la publication PROMESSES me sont importants, non seulement pour mes connaissances personnelles, mais surtout pour le besoin spirituel de notre Eglise. Le dossier sur les Témoins de Jéhovah nous apporte une appréciation remarquable de leur doctrine que beaucoup de nos membres ignorent encore. Je suis persuadé que le Seigneur continuera à oeuvrer à travers la foi pour que nous bénéficiions des résultats de vos recherches. Je ne dispose pas d’autres documents importants que PROMESSES, et je souhaite trouver votre amitié dans le Seigneur, votre fraternité spirituelle, surtout en m’envoyant toujours vos publications…
(R., Fianaaransoa, Madagascar)
…Je voudrais remercier tout particulièrement l’auteur du dossier « Incursion au royaume de la télévision ». Je vous assure par la même occasion que votre revue PROMESSES m’instruit beaucoup, et j’attends à chaque numéro trouver des articles pouvant m’aider dans ma marche sur la voie de la Croix. Je désire donc continuer de la recevoir…
(J.-M. W., Lokossa,Bénin)
…Votre revue est très importante pour l’équipement des serviteurs de Dieu, surtout en Afrique, où la plupart du temps les missionnaires n’ont pas trop pensé à la formation des croyants pour le service. Et face au vent des déviations qui souffle aujourd’hui dans le monde, il est capital d’avoir un outil de cette envergure, fixant les cours sur la simplicité de la foi et sur la saine doctrine…
(J.E.B. Dakar, Sénégal)
…C’est avec beaucoup de joie que je lis régulièrement votre publication trimestrielle PROMESSES. J’ai été richement béni à travers des thèmes abordés et d’études bibliques… Que le Seigneur continue de vous utiliser, à travers cette revue, pour édifier le peuple de Dieu et lui donner du discernement dans l’usage des choses mêmes légitimes, pour la seule gloire de Dieu…
(O.K., Abidjan, Côte d’Ivoire)
…Je dispose d’une partie de la collection de la revue, pour les années 1984-91. Aujourd’hui de nouveau pasteur d’une église locale et soucieux de définir et d’aborder l’enseignement de base correspondant aux doctrines fondamentales, je serais heureux de compléter ma série, au moins avec les numéros manquants… Nous sommes un certain nombres de pasteurs désireux de ne pas assister passivement à la relativisation presque constante des principes de base de la foi biblique, y compris dans les dénominations qui s’étaient constituées en vue de maintenir ces bases solides. Nous nous interrogeons sur ce que nous devons faire, en milieu francophone, pour résister à ces dérives – et pour répondre à l’attente de ceux qui dans des milieux très divers, réclament des références solides…
(Ch.N., à V., France)
…C’est avec beaucoup de reconnaissance à toute l’équipe de PROMESSES pour la qualité de PROMESSES que je renouvelle une fois de plus mon abonnement pour 1998. Merci pour les explications et l’enseignement diffusés par PROMESSES. C’est toujours une grande joie de pouvoir, numéro après numéro, approfondir les connaissances bibliques. PROMESSES a le grand mérite de présenter et de mettre en garde le message biblique dans son intégrité dans ce monde de confusion religieuse et de syncrétisme qui règne actuellement, même au sein de nos églises dites « évangéliques ». En priant notre Seigneur pour qu’il vous bénisse richement…
(A.G. à B., France)
…J’aimerais vous demander s’il vous était possible de m’adresser plusieurs numéros PROMESSES no 123 pour les donner à des amis… Je trouve ce dossier épineux tellement exhortant pour « faire un pas de plus » dans la vie chrétienne et prendre Dieu plus au sérieux, car je me suis aperçue, depuis si longtemps – et cela me rend triste – que les chrétiens (dont je fais partie) prennent la vie chrétienne avec un peu trop de liberté, et ce sont « tous ces petits renards qui ravagent la vigne » qui empêchent Dieu d’agir. Et c’est grave, très grave aux yeux de Dieu. La tiédeur s’installe, et les chrétiens s’en étonnent – tout en demandant la volonté du Seigneur pour leur vie. Si nous commençons à obéir sur ce point, je suis sûre que bien des choses changeraient et notre témoignage porterait du fruit. Je vous remercie pour ce journal que j’aime beaucoup. J’essaie de le répandre selon les occasions.
(M.L.G, à Ch., France)
…Nous serions également reconnaissants, si c’est dans la mesure de vos possibilités, de recevoir à chaque tirage quelques exemplaires pour notre assemblée à…; peut-être que les personnes s’abonneront. Merci encore pour tout votre travail qui contribue à nous aider pour notre réflexion personnelle et pour rester attachés aux vérités de la Parole de Dieu…
(F.A. à E.Suisse)


Un peu ralentir… faire une pause… décrocher… oublier le stress, les délais, le rythme implacable de la vie moderne… s’arrêter, souffler, prendre du recul. Se ressourcer, se retrouver. Combien d’entre nous, combien de millions d’individus surmenés ne rêvent-ils pas d’une telle halte – et s’inquiètent d’organiser des vacances d’été plus reposantes que les précédentes?

Quelqu’un a dit que le propre de l’intelligence, c’est la capacité de s’arrêter. En effet, réfléchir demande une attention, une concentration, qui ne peuvent se manifester sans une mobilisation volontaire de tout l’être, sans une immobilisation de tout ce qui, en nous, souhaiterait s’éparpiller vers d’autres centres d’intérêt.
Dans cette perspective, s’arrêter devient une noble expérience, prélude à un regroupement de notre moi écartelé, à une meilleure conduite de notre vie. Pourtant, tout arrêt n’est pas forcément salutaire. La Bible nous enseigne à établir ici quelques distinctions.

L’apôtre Paul a été contraint de demander aux croyants de Galatie: « Vous couriez bien: qui vous a arrêtés pour vous empêcher d’obéir à la vérité? Cette influence ne vient pas de celui qui vous appelle » (Gal 5. 7,8 ). Il fait écho à une autre question, posée antérieurement: « O Galates dépourvus de sens! Qui vous a fascinés, vous, aux yeux de qui Jésus-Christ a été peint comme crucifié? » (Gal 3. 1 )

L’histoire de l’Eglise a été infestée par l’activité des faux prophètes, par l’intrusion des fausses doctrines, par la puissance paralysante de l’esprit du monde. Ces poisons mortels ont éloigné bien des croyants de la simplicité de l’Evangile, et les ont arrêtés dans leur marche avec le Seigneur. Ne risquons-nous pas nous aussi, si nous nous laissons prendre, de nous retrouver bloqués dans quelque désert stérile? Mais qu’adviendra-t-il si ceux qu’on devrait voir marcher, courir, combattre aux côtés du divin Maître pour propager l’Evangile sont neutralisés et disqualifiés? Au moins ceci: le Diable s’en frottera les mains.

Existe-t-il un remède à cette immobilité peu enviable?

Sûrement, car le Seigneur n’est jamais à court de moyens. Il peut transformer notre errance en un temps d’arrêt salutaire, en une occasion de réflexion, de retour à la Parole, de rafraîchissement spirituel. Dieu n’a-t-il pas opéré des ouvres décisives dans la vie de ses enfants alors que ces derniers se trouvaient comme provisoirement hors jeu? Songeons à Jacob lors de la nuit de Peniel, à Moïse devant le buisson ardent, à Elie au torrent de Kerith, au peuple d’Israël tout entier, que Dieu a si souvent attiré au désert pour parler à son creur (Osée 2. 16ss), aux disciples d’Emmaüs (Luc 24. 13-35 ), à Paul en Arabie (Gal. 17 ), à Jean à Patmos (Apoc 1. 9-20 ), pour n’en citer que quelques-uns.

Si donc nos arrêts, ceux que nous nous réservons ou ceux qui nous sont imposés, sont visités par le Seigneur, ils deviendront du temps gagné. A nous qui peut-être ressentons la fatigue physique ou la lassitude morale, à nous qui souffrons de sécheresse spirituelle, le Bon Berger réserve une bienfaisante mise à l’écart. Laissons-nous seulement inspirer par l’exemple de Marie qui avait choisi de s’arrêter aux pieds du Seigneur pour l’écouter, au lieu de se noyer dans l’activisme de sa sour Marthe (Luc 10. 38-42 ).

Les rédacteurs de Promesses vous souhaitent, à vous chers lecteurs qui disposerez bientôt d’un temps de vacances librement choisies, ou qui serez peut-être contraints à une forme de repos forcé, de mettre à profit ce temps pour Le rencontrer. Si vous avez subi des influences négatives sans en être conscients, qu’Il puisse vous le révéler. S’il y a des péchés à confesser, confessez et abandonnez-les. S’Il vous a préparé une nourriture spirituelle à assimiler, ne vous en privez pas. S’Il veut vous enseigner à marcher de manière plus étroite avec Lui, croyez que vous allez réellement progresser. Si votre premier amour a disparu, laissez-Le vous reconquérir.

Ainsi vécus, nos arrêts nous seront en bénédiction, et nous retrouverons le souffle nécessaire à notre course terrestre, qui n’est pas achevée: « Je fais une chose: oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ » (Phil 3. 13b,14 ).


(2 Rois 6.8-23)

Maigret, Colombo, Derrick ont l’oil pour découvrir l’indice qui dévoile le coupable. Tenaces, méticuleux, attentifs aux détails et doués de psychologie, ils voient ce qui échappe aux autres. Au niveau des enquêtes policières, ils n’ont pas leur pareil. Dans d’autres domaines, d’autres personnes se distinguent par un sens de l’observation hors du commun. Professionnels ou amateurs, ils repèrent les fautes d’orthographe, l’erreur de raisonnement, la fausse note dans un concert, la copie de l’original dans une galerie de tableaux, la plus légère flexion d’un genou chez les meilleurs gymnastes. Experts dans les domaines les plus divers, ils percent les mystères et les énigmes, discernent le vrai du faux, repèrent l’aiguille dans la meule de foin.

Le champion de la vue

Tous ces hommes sont experts. Ils ont un don de discernement manifeste, mais leur compétence reste limitée à un domaine particulier. Le récit du siège de Dothan nous présente cependant un homme dont le discernement n’est pas seulement remarquable, mais exceptionnel, surhumain même. Elisée est le champion des champions dans le domaine de la vue.

Premièrement, Elisée est capable de voir les choses les mieux cachées sur le plan humain. Ainsi, tous les secrets militaires de l’ennemi, même les plus confidentiels, lui sont connus. Il entend directement toutes les paroles du roi de Syrie, y compris celles prononcées dans la chambre à coucher royale, l’endroit le mieux protégé du camp ennemi. Sa connaissance est totale, instantanée et, semble-t-il, illimitée dans le temps ( «Cela arriva non pas une fois ni deux fois» v.l0).

Deuxièmement, Elisée est capable de faire voir à un proche collaborateur les réalités matérielles fondamentales cachées au commun des mortels. Entouré par l’ennemi syrien qui a porté son siège sur Dothan, Elisée ne manifeste aucune crainte, car il sait que l’armée de l’Eternel veille sur lui. Il encourage son serviteur d’abord par sa foi ( «Ne crains point, car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux» v.16), puis par sa prière («Elisée pria, et dit: Eternel, ouvre ses yeux, pour qu’il voie. Et l’Eternel ouvrit les yeux du serviteur, qui vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu autour d’Elisée» v.17). Le serviteur peut voir de ses yeux, distinctement, en plein jour (v.15), une armée étincelante. Ce n’est pas une erreur d’optique (comme dans le cas des Moabites qui avaient interprété les reflets du soleil levant sur de l’eau pour du sang: 2 Rois 3.22-23). L’armée entoure Elisée, donc la ville de Dothan. Que le soleil soit de face, de dos ou de côté, le résultat est le même. Ce n’est pas non plus un simple rêve, car le serviteur voit ce qui est matériellement là.

Troisièmement, Elisée est capable de troubler la vue d’une armée entière. Ce qui est manifeste pour tous les hommes devient opaque pour les soldats. Ainsi, lorsqu’Elisée se présente aux Syriens, il prie l’Eternel de troubler la vue des soldats («Daigne frapper d’aveuglement cette nation! Et l’Eternel les frappa d’aveuglement, selon la parole d’Elisée» v.18), puis il leur promet de les conduire vers l’homme recherché et les emmène à Samarie. Ainsi, en l’espace de deux prières – une pour son serviteur (v .17) et une pour les Syriens (v.18) -, on passe de la lumière aux ténèbres, d’une révélation exceptionnelle à la confusion la plus totale. Les soldats deviennent le jouet d’Elisée qui les conduit dans la capitale israélite, située à 14 kilomètres au sud de Dothan. Notons que les soldats ne sont pas totalement aveugles puisqu’ils peuvent marcher et suivre Elisée. Ils voient le prophète, mais sont incapables de l’identifier. Avec naïveté, ils croient aux paroles du premier venu: « Elisée leur dit: Ce n’est pas ici le chemin, et ce n’est pas ici la ville; suivez-moi, et je vous conduirai vers l’homme que vous cherchez. Et il les conduisit à Samarie » (v.19). Leur enquête leur avait pourtant révélé que le prophète se trouvait à Dothan (v.13). En entrant à Samarie, les Syriens ne voient pas les troupes de soldats israélites qui les encerclent. Ce n’est que suite à une nouvelle prière d’Elisée qu’une vue normale leur est rendue: « Lorsqu’ils furent entrés dans Samarie, Elisée dit: Eternel, ouvre les yeux de ces gens, pour qu’ils voient! Et l’Eternel ouvrit leurs yeux, et ils virent qu’ils étaient au milieu de Samarie » (v.20). Ainsi, de la sortie de Dothan à l’entrée de Samarie, les Syriens sont dans le trouble et la confusion la plus totale, sans être aveugles pour autant.

Le discernement limité des hommes

Le récit du siège de Dothan ne sou- ligne pas seulement les dons exceptionnels d’Elisée dans le domaine de la vue, mais illustre aussi le discernement limité des autres hommes. La confusion des troupes syriennes n’est que l’aspect le plus manifeste de l’égarement et des limitations humaines.

Avant de nous étendre sur la cécité humaine, notons cependant que dans la première partie du récit, qui culmine avec la vision du serviteur qui voit l’armée de l’Eternel (v.8-17), chacun semble tout voir. Ainsi, le roi d’Israël reçoit les informations nécessaires pour se protéger des guets-apens de l’ennemi. Désirant être sûr des informations reçues, il prend la peine de vérifier les dires du prophète et constate de visu l’exactitude des informations transmises («Le roi d’Israël envoya des gens, pour s’y tenir en observation, vers le lieu que lui avait mentionné et signalé l’homme de Dieu» v.l0). Quand les Syriens découvrent l’inefficacité de leur stratégie, leur roi est rapidement informé de l’origine des fuites: «Elisée, le prophète, qui est en Israël, rapporte au roi d’Israël les paroles que tu prononces dans ta chambre à coucher» v.12). Le texte est succinct. Rien n’est dit sur la manière dont les Syriens sont arrivés à cette conclusion. Le narrateur souligne simplement le fait qu’ils savent. Les Syriens peuvent ensuite trouver Elisée: « Le roi dit: Allez et voyez où il est, et je le ferai prendre. On vint lui dire: Voici, il est à Dothan » (v.13). A nouveau, le récit est concis. Les difficultés d’une telle recherche sont ignorées. Les Syriens savent, c’est tout ce qui importe.

Cette première lecture ignore cependant les limites des protagonistes. Le roi d’Israël n’est pas informé de toutes les paroles prononcées par le roi de Syrie dans sa chambre, mais seulement de celles qui ont trait à sa sécurité. Elisée ne dévoile pas au roi d’Israël où se trouvent stationnées l’ensemble des troupes syriennes, ce qui lui aurait permis de mener l’offensive. Elisée est le prophète de la vie et non de la mort. Il protège les hommes (Juifs et païens), mais n’encourage jamais l’agression. D’autre part, le roi d’Israël manifeste une limitation dans sa connaissance par son incrédulité. Le roi ne semble satisfait des paroles d’Elisée que dans la mesure où il peut les vérifier (v. 10). Une telle personne sera nécessairement limitée dans sa connaissance, car beaucoup d’informations révélées par Dieu ne peuvent être vérifiées dans cette vie.

Dans l’autre camp, le roi de Syrie est limité, lui aussi, dans sa connaissance. Dans un premier temps, il se trompe royalement lorsqu’il attribue les fuites à un traître (« Le roi de Syrie appela ses serviteurs, et leur dit: Ne voulez-vous pas me déclarer lequel de nous est pour le roi d’Israël? » v.ll). Dans un deuxième temps, le roi témoigne d’une grande naïveté quand il croit pouvoir capturer Elisée. Comment le roi de Syrie pouvait-il simplement envisager d’attraper le prophète qui avait déjoué tous ses plans? Certes, il réussit à identifier la source des fuites, puis à localiser le lieu de résidence du prophète. Il réussit même à encercler la ville de Dothan avant le départ du prophète. Mais cela ne signifie pas que le roi réussit dans son entreprise. La suite de l’histoire montre le contraire. Ce ne sont pas les envoyés syriens qui capturent Elisée, mais Elisée qui capture les envoyés. Le prophète domine tout le récit. Il ne manifeste aucune intention de fuir, ni avant l’arrivée des Syriens ni après. La logique permet de penser qu’Elisée n’ignorait rien des projets revanchards du roi à son égard, mais qu’il attendait simplement à Dothan l’arrivée des troupes pour leur jouer un tour à sa manière. Les aurait-il même aidés à le trouver qu’on n’en serait pas surpris.

A la fin du récit, le roi d’Israël témoigne une nouvelle fois de ses limites quand les troupes syriennes pénètrent dans Samarie. « Le roi d’Israël, en les voyant, dit à Elisée: Frapperai-je, frapperai-je, mon père? » (v.21). Le roi d’Israël veut tuer les soldats, ce qui s’oppose à tout bon sens comme le lui fait sentir le prophète: « Tu ne frapperas point, répondit Elisée; est-ce que tu frappes ceux que tu fais prisonniers avec ton épée et avec ton arc? » (v.22). Pour un stratège militaire, les prisonniers de guerre sont souvent plus utiles vivants que morts. Vivants, ils peuvent être astreints à des corvées difficiles ou être négociés dans l’échange de prisonniers (la jeune servante de Naaman n’était certaine-ment pas la seule prisonnière juive des Syriens: 2 Rois 5.2). Elisée oppose un non ferme au roi. Les prisonniers ne seront pas tués. Cela ne s’opposerait pas seulement à une saine logique militaire, mais Elisée n’est tout simplement pas le prophète de la mort. Mieux, il est le prophète de la vie, et va donc relâcher les captifs, après les avoir restaurés (« Donne-leur du pain et de l’eau, afin qu’ils mangent et boivent, et qu’ils s’en aillent ensuite vers leur maître » v,22), Elisée ne demande rien en contrepartie de son geste généreux, L’amour du prophète est manifeste.

Que voyons-nous?

Cette évaluation du discernement des différents personnages du récit nous conduit à nous poser la question de notre propre discernement: d’une manière générale, mais aussi par rapport à ce texte. Que comprenons-nous en lisant ce récit du siège de Dothan? En particulier, quel sens donner aux interventions d’Elisée?

Elisée voit loin, très loin, mais jusqu’où voit-il? Elisée révèle des choses cachées, mais avons-nous saisi tout son message? Comme nous l’avons souligné dans un précédent article («Elisée, le prophète des signes» Promesses 122), Elisée annonce le ministère de Jésus-Christ. Dans le récit consacré au siège de Dothan, Elisée se joue d’une armée hostile qui l’entoure tout comme Jésus passe aux travers de foules hostiles (Lc 4.28-30; Jn 7.30; 8.20). Elisée parle de la protection de l’armée de l’Eternel (équipée de chevaux et de chars de feu) tout comme Jésus fait allusion à douze légions d’anges qui pourraient intervenir au moindre signe de sa part (Mt 26.53). Elisée ouvre les yeux de son serviteur pour qu’il puisse voir l’aspect glorieux, mais caché de Dieu, tout comme Jésus emmène ses disciples sur le mont de la Transfiguration pour qu’ils puissent voir la face cachée de sa gloire (Mt 17.1-13). Elisée témoigne de l’amour pour son prochain tout comme le Christ. Le prophète sauve les hommes de la mort. Il avertit le roi d’Israël des guets-apens syriens et empêche la colère du roi d’Israël de frapper les troupes syriennes vaincues. Juifs et païens sont l’objet de son amour tout comme Jésus a aimé les hommes de toutes nations en mourant sur la croix pour eux.

Elisée est le prophète de la vue. Il ouvre une fenêtre sur l’avenir. Il annonce Jésus-Christ. La vision des chevaux et des chars de feu attirent l’attention des Israélites sur des ressources divines insoupçonnées, mais extraordinaires. Pour les chrétiens, la vision des armées de l’Eternel est là pour nous encourager à persévérer dans les difficultés. Beaucoup de choses nous échappent, mais nous n’avons pas besoin de tout voir pour croire. La parole du Seigneur suffit, car ce qu’il dit est toujours vrai.

A ce sujet, certains esprits sont gênés par le « mensonge » d’Elisée lorsqu’il dit aux Syriens: «Ce n’est pas ici le chemin, et ce n’est pas ici la ville; suivez-moi, et je vous conduirai vers l’homme que vous cherchez. Et il les conduisit à Samarie» (v.19). Mais s’agit-il vraiment d’un mensonge? Elisée a tenu parole et ne s’est pas dérobé devant les Syriens. Il serait plus correct de dire qu’Elisée a égaré ses agresseurs par une parole ambiguë. L’égarement est manifeste, mais il faut souligner qu’Elisée est dans une situation de légitime défense. Il ne trompe pas son prochain pour lui faire du mal, mais pour l’empêcher de faire du mal. La différence est de taille.

Dieu ne trompe jamais ceux qui se confient en lui. L’Ecriture est lumière et vérité. Elle n’induit jamais en erreur ni ne contient la moindre erreur. Ne nous lassons pas de l’étudier, car c’est par elle que Dieu a choisi de se révéler. Un esprit d’humilité doit nécessairement accompagner cette étude, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne son Saint- Esprit à ceux qui le lui demandent.

L’existence est faite d’interrogation. L’Ecriture nous paraît parfois obscure. Elisée nous intrigue par ses actes. Les circonstances semblaient catastrophiques au serviteur d’Elisée. Mais quand Dieu intervient, ouvre les yeux et se révèle, quand il illumine l’Ecriture, alors tout change. Le serviteur d’Elisée avait reçu l’assurance que les armées de l’Eternel campaient autour de Dothan. Le chrétien a reçu la promesse de la présence quotidienne du Seigneur. A ses disciples, Jésus a dit: «Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde» (Mt 28.20). Sa présence est plus réconfortante que toutes les armées célestes. Car lui peut non seulement nous protéger, mais nous consoler.