PROMESSES

1. Introduction

La musique occupe une place de première importance dans la Parole de Dieu. Dans le livre de la Genèse, au chapitre 4, nous lisons que Jubal fut l’ancêtre de tous ceux qui jouent de la harpe et du chalumeau (Gen 4.21). David, le Roi d’Israël, est connu par les nombreux Psaumes qu’il a écrits et chantés pour la gloire de Dieu. Le Psaume 33 (v. 1-3) nous offre un bel assemblage de musique vocale et instrumentale: Chantez-lui un cantique nouveau! Célébrez l’Eternel avec la harpe, jouez bien de vos instruments en l’ acclamant!

1 Chron 25.5-6 raconte l’histoire d’Héman, qui avait reçu de Dieu 14 fils et 3 filles. Je cite le verset 6: Tous ceux-là étaient sous la direction de leur père pour le chant dans la maison de l’Eternel et avaient des cymbales, des luths et des harpes pour le service de la maison de Dieu.

1 Chron 5.12-14 mentionne 3 grandes familles de Lévites qui avaient reçu des dons de musiciens. Il est parlé de 120 sacrificateurs sonnant des trompettes, des cymbales et d’autres instruments. Les musiciens s’unissent d’un même accord pour louer et célébrer l’ Eternel. Le résultat est extraordinaire: La maison de l’Eternel fut remplie d’une nuée, car la gloire de l’Eternel remplissait la maison de Dieu.

Chez les Juifs, la musique a joué un grand rôle. Elle accompagnait tous les grands événements. Elle était présente lors de la sortie d’Egypte, lorsque l’ arche fut amenée 21; 1 Chron 15. 16-28; 2 Chron 5.12, 13). Il y est fait allusion dans la Genèse (4.21) comme dans l’Apocalypse (14.2,3).

Le livre des Psaumes, qui occupe une bonne partie de la Bible, est un livre de chants. Dans l’Evangile de Matthieu, 50 % des passages cités sont tirés du livre des Psaumes.

Paul exhorte les membres de l’Eglise du Seigneur à s’entretenir par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, et à chanter et célébrer de tout cour les louanges du Seigneur (Eph 5.19; Col 3.16).

Tous les réveils spirituels sont accompagnés d’un réveil dans les domaines de la musique et du chant. Cette constatation s’applique aussi bien aux réveils cités dans l’Ecriture qu’aux réveils qui ont vu le jour depuis les temps apostoliques. Quand l’Esprit de Dieu souffle de façon particulière, les hommes chantent un cantique nouveau (Ps 96.1). La musique exerce donc une fonction spécifique: elle est à même de traduire les mouvements de l’âme, elle entraîne le cour ou console l’esprit, elle peut servir de support à l’inspiration prophétique (cf 1 Sam. 16.23; 2 Rois 3.15).

A la fois moyen d’expression et de communication, la musique est un cadeau divin. Utilisée pour rendre gloire à Dieu, elle contribuera à notre équilibre personnel et à l’ épanouissement de notre communion fraternelle. Ne négligeons pas d’en faire le meilleur usage possible.

2. Un style musical chrétien ?

On chercherait en vain, même en se livrant à une étude biblique approfondie, des critères suffisamment précis et contraignants pour définir un style musical rigoureusement chrétien, valable en tout lieu et en tout temps. D’où l’inévitable débat: peut-on « christianiser » n’ importe quelle forme musicale, ou bien faut-il inventer des formes absolument distinctes de tout ce que le monde pratique et apprécie?

Certains semblent penser qu’il suffit d’accoler le terme « chrétien » aux styles en vogue (folk, blues, funk, disco, jazz, rock, rap, techno, etc) pour « sanctifier » leur musique. A l’autre extrême, des croyants se refusent à tout emprunt « mondain » et proscrivent les instruments de musique dans l’Eglise sous prétexte que les premiers chrétiens n’ y avaient probablement pas recours.

Or, la question majeure n’est pas: jusqu’où puis-je m’inspirer des productions profanes sans perdre mon identité chrétienne, ni: jusqu’où dois-je m’ acharner à débarrasser mes compositions musicales de tout élément qui pourrait ressembler à de la musique non-chrétienne, mais bien: quelle est ma motivation, quelle est ma source d’inspiration?

Le passage de Col 3.16ss indique très clairement que seuls des chrétiens en qui la Parole de Dieu habite dans toute sa richesse sont en mesure de produire une musique authentiquement chrétienne, éloignée de la superficialité, à la fois belle et édifiante, centrée sur Dieu et non sur les sentiments de l’homme, et capable de transcender les modes et les styles parce qu’elle-même raccordée à la source de toute vie, de toute joie, et de toute paix.

Quand le peuple de Dieu néglige l’Ecriture au profit du divertissement, quand il s’imprègne sans relâche de toutes les influences d’une société à la dérive, tout en s’évertuant de pratiquer les formes extérieures de la louange religieuse, il est inévitable que son message sonne faux et creux. Il est alors à craindre que Dieu ne doive nous dire, comme à Israël autrefois: Eloigne de moi le bruit de tes cantiques, je n’écoute pas le son de tes luths… (Amos 5.23).

Le meilleur chemin vers une musique chrétienne de qualité, originale et dynamique, profonde et simple à la fois, libre de l’obsession de rivaliser avec le monde, mais bienfaisante pour tous, ce chemin donc passe par un enracinement dans la Parole de Dieu et par une étroite communion avec Lui. Le problème du style se résoudra alors de lui-même, et la diversité des genres musicaux ne sera plus une pierre d’achoppement.

Au fait, considérons quelques formes de ministères musicaux qui ont jalonné l’histoire de la musique chrétienne.

3. Différentes formes de ministères musicaux

Le réformateur Martin Luther n ‘hésitait pas à reprendre des mélodies populaires pour les adapter aux textes sacrés. L’hymnologie y gagna en spontanéité, en liberté d’imagination, en poésie, et laissa libre cours à la joie de l’Evangile: « Ce que je désire, c’est de faire des cantiques pour les gens, afin que la Parole de Dieu demeure dans leur cour par le moyen du chant. »

Le réformateur Jean Calvin était beaucoup plus prudent. Il a encouragé le chant de l’assemblée, mais sans orgue ni accompagnement d’instruments. Il a désapprouvé les mélodies modernes et les chants dont le texte était composé par des hommes. Il voulait que seules les paroles des Psaumes de David soient utilisées comme texte pour l’adoration dans les réunions chrétiennes.

C’est surtout Jean Sébastien Bach qui est à l’origine d’un profond renouveau de la musique d’église. On lui doit, entre autres pièces, 300 cantates d’église, 4 grandes oeuvres chorales, et de très nombreuses oeuvres instrumentales. Sa musique a servi de référence à presque tous les compositeurs classiques qui lui ont succédé. Il traitait les voix comme des instruments, et sa musique frappait par sa profondeur, par sa richesse d’invention, par ses audaces et par son expressivité. En tête de ses partitions, il avait coutume d’inscrire S.D.G. (Soli Deo Gloria, à la seule gloire de Dieu).

Je pense encore à Charles Wesley, qui a écrit plus de 6500 cantiques. Il disait: « Pensez à Dieu en chantant chaque parole pour lui être agréable, en étant constamment en communion avec lui à travers les chants. »

4. La musique au culte (Ps 149.1-5)

Il est clair que la musique dans un camp d’enfants n’est pas forcément la même que celle du dimanche matin, car les circonstances, l’ âge et les besoins ne sont pas les mêmes!

Au culte nous chantons pour exprimer à Dieu notre reconnaissance (Ps 13.6), notre émerveillement devant sa bonté, sa fidélité, sa justice (Ps 71.22; 101.1), pour lui dire notre joie de lui appartenir (Ps 98.4; 79.13). Si un chrétien n’ a jamais envie de chanter, même pas dans son cour, ne serait-ce pas un signe que quelque chose ne va pas dans sa vie spirituelle ? L’apôtre Paul signale le chant des cantiques comme une des expressions de la plénitude du Saint-Esprit dans le chrétien (Eph 5.19). Ce dont le cour est plein, la bouche déborde disait Jésus (Mat 12.34; Luc 6.45). Si la bouche ne déborde jamais de chants, c’est qu’il y a un vide dans le cour. Mais si elle déborde, le chant a cette faculté merveilleuse de remplir le cour encore davantage.

Dans Eph 5.19 et Col 3.16, Paul énumère trois sortes de chants: les psaumes, les hymnes, et les cantiques spirituels. Comment les distinguer, alors qu’il y a presque synonymie entre ces trois termes! Le mot « psaumes » fait immédiatement penser aux poèmes chantés et accompagnés de David. Les Eglises avaient probablement emprunté aux synagogues un certain nombre de psaumes. Les « cantiques », à l’image des cantiques de Marie (Magnificat), de Zacharie (Benedictus) et de Siméon (Nunc dimittis), donnent aussi une idée de ce que pouvait être l’hymnologie dans les Eglises anciennes. Les « hymnes » peuvent désigner les improvisations suscitées par l’Esprit au cours d’un culte (1 Cor 14.26).

Par le chant le croyant et la communauté se consacrent joyeusement au service du Chef de l’Eglise. Et les cantiques, tout en édifiant les frères rassemblés, montent vers le trône de Dieu chargés d’adoration, comme ceux des êtres célestes décrits par l’apôtre Jean (Apoc 4.5-11; 5.9-14; 14.3; 15.3-4; 19.1-8).

a) Exhortation

La musique et les chants ne sont pas seulement destinés à nous amener à nous réjouir. Dieu les utilise également, comme nous pouvons le lire dans les versets de Colossiens cités plus haut, afin que nous soyons instruits et exhortés. D’où l’importance de choisir pour nos camps et groupes de jeunes des chants variés pris de plusieurs recueils d’époques différentes (ex. A toi la Gloire; Célébrons Dieu; Sur les ailes de la foi; etc.).

b) Adoration et louange

J.S. Bach dédiait toutes ses oeuvres à la gloire de Dieu et à la joie de Jésus. Il disait dans son cours que la musique est avant tout le plus puissant moyen de glorifier Dieu: « Il faut qu’elle donne une harmonie agréable en l’honneur de Dieu et pour la réjouissance légitime de l’ âme. Toute musique n’a d’autre fin que la gloire de Dieu et la récréation de l’esprit. »

c) Consolation

C’est aux heures sombres que la musique révèle tout son pouvoir. Ernest Gordon raconte que, dans le camp de concentration près de la Rivière Kwaï, les prisonniers avaient constitué un petit orchestre, malgré tous les efforts de leurs vainqueurs pour les faire taire… Pensons aux esclaves africains qui ont composé tant de « Negro Spirituals » afin de tenir le coup en chantant leur future patrie céleste (ex. We shall overcome some day).

5. La musique et l’évangélisation

La musique est un moyen privilégié de communication. Les chrétiens voudront bien sûr utiliser pour partager avec d’ autres ce qu’ils ont de plus précieux. Elle est restée l’une des expressions qui passe le plus facilement: la lecture fatigue, les discours font bâiller, mais la musique a gardé son pouvoir de fascination. Si elle n’est pas un moyen direct d’évangélisation, elle servira du moins à soutenir la prédication et les témoignages. Dans la plupart des cas, les chants préparent le cour des personnes à l’écoute de la Parole prêchée. Ils aident à amener les âmes au salut.

6. La musique et les enfants

La musique fournit aux enfants un moyen d’exprimer leur foi. Elle aidera à leur donner une assise chrétienne solide en permettant aux paroles de se graver dans la mémoire. (Le choix des chants et des paroles est donc très important!) Ce qui est appris tout jeune reste. Il faut apprendre aux enfants à cultiver le plaisir de chanter pour Dieu. Le chant crée une atmosphère de joie dont l’enfant a besoin pour s’épanouir. Chanter ensemble donne, de plus, un sentiment d’unité qui sécurise.

Tous les grands musiciens ont été formés dès leur plus jeune âge. L’Eglise de demain aura besoin d’hommes et de femmes au goût musical sûr et possédant une compétence technique solide. L’enfant qui aime chanter ou jouer d’un instrument acceptera plus volontiers les servitudes d’une formation.

Nous devrions donc constituer un répertoire adapté aux enfants, des chants aux paroles claires et simples, qui résument les grandes vérités bibliques. Heureusement, de louables efforts ont été faits au cours de ces décennies passées pour constituer un répertoire d’excellents chants adaptés aux enfants de différents âges. (ex. S. et H. Grandjean, P. van Woerden, Claire-Lise de Benoit, etc ).

7. Le Ps 150: Louez-Le!

Ce Psaume forme la conclusion de tout le recueil des 150 Psaumes. Et quelle conclusion ! C’est d’un bout à l’autre, une louange qui monte vers l’Eternel. On entend 13 fois retentir le cri: Louez-Le! Toutes les larmes, comme toutes les joies d’Israël, aboutissent à la pleine louange quand on regarde à Lui! (Ps 24.5,6).

C’est ici, ne l’oublions pas, l’expression de la foi d’un peuple faible, petit, sans cesse exposé à être foulé aux pieds par ses puissants adversaires. Le psalmiste rappelle au verset premier que c’est l’Eternel qui règne et qui dirige l’histoire des hommes. C’ est pourquoi, malgré ses détresses et ses douleurs, son peuple élu peut entrer dans la louange par des actions de grâce et de reconnaissance.

Aujourd’hui, en règle générale, la louange est devenue un phénomène de mode dans beaucoup de mouvements évangéliques. Plusieurs mouvements organisent des soirées de louanges, et des réunions de prières de louange sur une base ocuménique. L’objectif visé est d’unir un maximum de chrétiens par le biais de la louange. Que se passe-t-il lors de ces rencontres? Il s’agit surtout de répéter de nombreux refrains accompagnés par un petit orchestre que l’on appelle souvent le groupe de louange. Mais est-ce bien ce dont il est question dans les Psaumes? La louange dont le psalmiste fait le centre de sa méditation semble avoir une toute autre signification.

Nous sommes très mal enseignés sur le sens que la Bible donne à la louange. Premièrement nous devrions savoir que le verbe louer, d’où vient je mot louange en français, (praise en anglais) a plusieurs significations dans la langue originale. Les Hébreux possédaient une quantité de mots pour exprimer leur joies, la contemplation, les sentiments du cour, la reconnaissance dans le cadre de l’adoration à Dieu. Notre vocabulaire, en ce qui touche ce domaine de la foi, est beaucoup plus limité.

La louange dont il est question consiste à célébrer et à magnifier Dieu au milieu de nous. Certains termes hébreux concernant la louange sont associés à des gestes corporels: (Barakh) plier les genoux, ou rendre hommage à Dieu. D’autres termes parlent de la confession du nom de l’Eternel (Yadah). Ce seul mot connaît 14 variantes et nuances.

Dans le NT, le mot louange est associé aux idées de recommandation (1 Cor 4.5; Phil 4.8), de sacrifice (Héb 13.15), de bénédiction (Apoc 5.12,13). Les termes voisins parlent de rendre grâce, de bénir, de remercier Dieu pour ce qu’il est pour nous.

Ces quelques exemples nous montrent que la louange va dans le sens de confesser son nom dans notre vie de tous les jours par notre manière de vivre. De faire de notre vie un sacrifice de louange, une continuelle action de grâce envers Dieu. C’est ce que veut dire le verset 6: Que tout ce qui respire loue le Seigneur.

Devant cette surabondance de termes aux nuances multiples, nous nous rendons compte de la pauvreté de notre vocabulaire, mais aussi du malheureux confinement de la louange à une seule activité dans l’église. Il est fort important que les chrétiens comprennent que la louange ne se limite pas seulement à un moment de chants et de prières lors d’un culte. La vraie louange selon la Bible est une activité non stop d’un cour qui vit dans la reconnaissance continuelle envers son Créateur. Du lundi matin jusqu’au dimanche soir.

Dans le seul livre des Psaumes, nous sommes exhortés plus de 160 fois à chanter les louanges de Dieu. Prenons maintenant le temps de découvrir quelques raisons pour lesquelles nous pouvons louer Dieu.

a) Pourquoi? Pour ses oeuvres merveilleuses (v.2)

L’idée commune à tous ces termes est celle d’ une profonde admiration pour la personne de Dieu. Pourquoi, parce qu’Il est bon et sa miséricorde dure à toujours. Un refrain qui se répète sans cesse dans le Psaume 136 par exemple. Dans la louange, nous devrions dépasser nos problèmes personnels et concentrer toute notre pensée sur le Donateur de toutes choses.

Je loue, ou mieux traduit encore, je rends grâces pour le pain sur ma table, je loue Celui qui, à partir de terre, d’eau et de graines, fait pousser le blé qui nous nourrit, qui fait pousser l’herbe qui nourrit les vaches, qui nous donnent du lait, du beurre, et de la viande. Je loue Dieu pour le rayon de soleil qui inonde ma chambre, je loue le Créateur pour son infinie sagesse et la manière dont il dirige les astres dans un ordre parfait (Job 38).

Dans la louange je pense davantage à Dieu qu’aux dons qu’il m’a faits. Cela veut dire que je devrais être en mesure de vivre dans la reconnaissance même à travers les souffrances et la pauvreté. Comme le disait l’apôtre Paul, je puis tout par celui qui me fortifie (Phil 4.13).

La louange est une attitude de cour qui ne dépend jamais des instruments, ou de nos voix. Mais le chant et les instruments sont entre autres choses des moyens par lesquels nous pouvons dire notre reconnaissance à Dieu. Le musicien, le chanteur peut très rapidement oublier pourquoi il chante, pourquoi il joue. Est-ce pour sa propre gloire? Est-ce pour son propre plaisir? Est-ce pour sa propre popularité? Est-ce pour l’ argent? C’est là tout le problème de la musique chrétienne contemporaine.

Nous devons toujours nous remettre en question devant ce que dit Jésus: C’est en vain qu’ils me rendent un culte, ce peuple m’honore des lèvres, mais son cour est très éloigné de moi (Mat 15.8,9). Il y a donc ce danger de croire que seuls nos chants et notre musique suffisent à exprimer notre reconnaissance. Non! Il y a notre cour, qui doit être préparé à être élevé vers le Seigneur. Néanmoins, j’encourage tous 1es musiciens et chanteurs à jouer et à chanter aussi souvent que possible pour la gloire de Dieu, tout en s’examinant bien par rapport à ce qui vient d’être dit.

b) Où? Dans son temple et dans sa nature (v.1)

Le Psaume 150 recommande de louer l’Etemel dans son saint lieu, (donc au temple). D’autres Psaumes nous montrent que l’église n’est pas 1e seul lieu où nous pouvons louer le Seigneur. Nous pouvons le louer partout et en tout temps: Ps 57.10: Je te célébrerai parmi les peuples, Seigneur; Ps 71.14: Et moi, j’espérerai sans cesse, je te louerai de plus en plus et le Ps 146.2: Je louerai l’Eternel tant que je vivrai.

Il est donc faux de croire que nous ne pouvons louer le Seigneur que le dimanche matin au culte, ou pire encore, que lors d’une rencontre organisée à cet effet et baptisée « concert de louange ». Cela rend ces rencontres artificielles, forcées et fabriquées.

La louange est comme une fontaine qui a sa propre source. Tant que la source est bonne, il y aura de l’eau de bonne qualité. Tant que notre cour est reconnaissant envers Dieu, nous pouvons, sans nous forcer, exprimer notre joie de lui appartenir par nos chants, nos prières et nos paroles, le dimanche comme les jours de la semaine.

c) Comment? Avec des instruments et avec sa voix! (v.3-5)

Plusieurs formes de louange publique

Dans l’AT, la louange publique au temple de Dieu avait pris une grande place. Par exemple, le Roi David avait établi 4000 Lévites pour louer l’Eternel avec les instruments (1 Chron 23.5) chaque matin et chaque soir (v .30) dans le Tabernacle. Ils étaient formés pendant 10 ans pour leur service, et ils n’entraient en fonction qu’à l’âge de 30 ans (v.3). Ce qui veut dire que ce service n’était pas pour n’importe qui. Les responsables des chantres étaient divisés en 24 classes de 12 hommes, soit 288 Lévites experts concernant le chant de l’Eternel, tous enseignants ou directeurs de chorale (1 Chron 25.7).

Dans le NT, à cause de la persécution, les assemblées étaient souvent cachées et petites. Il n’y avait pas de très grandes foules, ni de très grands orchestres, mais avec beaucoup de simplicité on chantait des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels souvent sans instruments (Eph 5.19).

Quoi qu’il en soit, nous savons que la musique ne peut jamais être neutre. Le message qu’ elle véhicule influence toujours celui qui écoute. Chacun sait qu’un seul et même accord de piano suffit à créer des sensations différentes selon la manière dont il est joué. La musique chrétienne doit être une musique empreinte de paix qui doit non seulement susciter des émotions profondes et réjouir les musiciens et les auditeurs, mais qui doit, selon Eph 5.19; 2 Tim 3.16, également enseigner, convaincre et corriger le peuple de Dieu.

Les instruments de percussion

Je dirai en passant, que si, dans ce Psaume, on parle des instruments de percussion (v. 5-6), des tambourins et des cymbales, ces instruments ne sont pas comparables aux instruments de percussion modernes comme par exemple la batterie telle que nous la connaissons dans la musique rock. Je n’ai rien contre la batterie, mais nous ne pouvons pas justifier sa place au culte par ce Psaume. Dans l’AT, les instruments employés pour les fêtes de mariage, le retour des hommes de la guerre, etc. n’ont pas forcément été utilisés au temple lors de l’ enseignement de la Torah. Et nous devrions aussi faire une différence, en chrétiens, entre le culte chrétien et les autres fêtes.

La danse

Si dans ce Psaume il est parlé de danse, (4) là encore, cela a été pratiqué à l’occasion de fêtes d’une façon que nous ne connaissons pas tellement dans nos cultures occidentales. Il s’agissait de danses très structurées et bien coordonnées. Un peu comme les danses folkloriques d’aujourd’hui. Ces danses n’ont rien en commun avec les danses modernes du rock and roll.

Les femmes accueillaient les hommes vainqueurs de retour de la guerre avec des tambourins et des danses (Ex 15.1ss; 11.34ss; 1 Sam. 18.6; 21.12; Jug 11.34,etc.). La danse était surtout pratiquée pendant les fêtes, tout spécialement aux mariages (Jér 31.4; Es 24.8; Ecc 2.8; Mat 11.17; Luc 15.25; etc.). On ne peut donc pas s’appuyer sur ces textes pour affirmer que nous pouvons introduire sans autre raison la danse et la musique moderne dans nos cultes comme certains voudraient le faire.

Conclusion

La louange dans la Bible est toujours intimement associée au sacrifice qui exprime le don de soi à Dieu. Ps 119.108: Agrée, ô Eternel l’offrande de mes lèvres, et enseigne-moi tes ordonnances. C’est pourquoi le sacrifice de Christ doit rester l’objet suprême de nos louanges et la raison première de notre reconnaissance envers Dieu le Père. Comme le dit Eph 1.4 et 6: Dieu nous a élus (en Lui) avant la fondation du monde, pour célébrer la gloire de sa grâce.

Personnellement j’ai l’impression que les chrétiens doivent réapprendre ce qu’est la véritable louange. Ce n’est en tous cas pas un phénomène de mode, ni un état d’esprit dépendant d’une ambiance forcée et artificielle. Nous ne devons donc pas nous laisser impressionner par la forme que prend la louange mais par son contenu. Est-ce que ma vie, est-ce que mon église loue le Seigneur par habitude, par tradition ou par un cour transformé? Est-ce que mon cour est prêt à vivre une vie dans la reconnaissance continuelle du lundi matin jusqu’au dimanche soir? Si oui, alors nos cultes changeront aussi! Voilà le secret d’une vraie louange (cf Mat 6.21).

J.-B. D.M.


Auteur anonyme connu de la rédaction

Né dans une famille catholique, je me suis converti à 20 ans, en même temps que ma fiancée, et ces lignes ont pour seul but de rendre témoignage à la lecture biblique systématique. Après quelques années de semi isolement spirituel (Une assemblée locale décimée, sans responsable ni local), le Seigneur m’a permis d’organiser une petite réunion dominicale dans notre cuisine, et d’essaimer deux ans après dans un entrepôt désaffecté. Je donne ces précisions pour témoigner que nous étions prêts à servir le Seigneur, mon épouse et moi, ce qui est le contexte nécessaire aux conclusions du témoignage.

Sitôt converti, j’ai lu pour la première fois le Nouveau Testament. Ce modèle était annoté par Fd Faivre, (un outil devenu introuvable), et il m’a permis, en peu de temps, de faire le ménage des croyances erronées, romaines, humaines ou extra bibliques, qui m’avaient été inculquées, et qui ne satisfaisaient pas mon besoin de paix avec Dieu.

Après cette lecture, on m’a donné une « vraie » Bible. Un ouvrage dont la lecture était interdite par mon ancienne religion. J’ai été très intéressé par les deux premiers livres, Josué m’a enthousiasmé, dans les Juges j’ai été indigné par les Israélites, et les Prophètes m’ont arrêté dans mon élan: je n’ai pas su franchir cette montagne dont j’ignorais la logique, et je ne les lisais plus. Seul, le Nouveau Testament m’était accessible, même si je croyais que le Seigneur s’adressait aux païens plutôt qu’aux Juifs.

Lorsque nous avons commencé les réunions de cuisine, 4 à 5 ans après notre conversion, je devais travailler activement afin de découvrir quelque enseignement pour les amis.

Une fois dans le local, les choses allaient mieux grâce à quelques frères de passage, mais ils n’avaient pas conscience de notre ignorance générale. D’autre part, je confesse que je ne lisais la Bible que rarement. L’activisme me poussait à m’occuper des autres beaucoup plus que de moi-même, ce que je trouvais logique, étant sauvé; et puis j’étais le plus ancien des frères.

Un jour un frère visiteur (GR) a dit à mon épouse que j’avais un don de docteur. Un autre (RS) a sondé mes connaissances bibliques, et il m’a conseillé de lire la Bible trois fois par jour: le matin dans la première moitié de l’Ancien Testament, à midi dans la seconde moitié, et le soir dans le Nouveau Testament… Mais en semaine, impossible de lire le matin et midi, sinon en vitesse et pour me donner bonne conscience. De plus, je ne lisais qu’un chapitre à la fois (!).

Au fil des années, je devais délivrer plus de messages (jusqu’à trois certaines semaines), et quand je pense au contenu de ces messages, j’ai honte de leur pauvreté. Je conclus que les chrétiens sont très indulgents.

Longtemps après, en 1988, le frère David Goold travaillait à Marseille dans une assemblée très vivante avec beaucoup de très jeunes convertis. Lors d’une rencontre nationale, il expliquait que le frère Ralph Shallis, de passage à Marseille, avait apporté le témoignage que, dès sa conversion, il s’était mis à lire la Bible deux fois par an, et il avait dit: « J’ai dû lire la Bible 14 fois avant de comprendre le plan de Dieu. » Alors certains Marseillais, dont de très jeunes chrétiens, ont dit: « 14 fois pour connaître le plan de Dieu, je suis d’accord. » Et, pour connaître le plan de Dieu, conclut David, ils ont commencé à lire la Bible en entier au moins deux fois par an.

A cette époque, je lisais la Bible une fois par an, grâce à l’excellent plan de la Ligue pour la lecture de la Bible. J’en avais bonne conscience et j’y trouvais beaucoup de plaisir, mais le témoignage de David m’a interpellé. Alors, j’ai confectionné un plan de lecture en six mois, avec un ordinateur, et le résultat fut surprenant. Après sept ans, non seulement j’ai une compréhension claire et logique du plan de Dieu, mais chaque jour je découvre quelque trésor complémentaire, et la Parole de Dieu me parle comme jamais auparavant. De son côté, mon épouse fait la même expérience, et nous mettons nos acquis en commun. La Parole de Dieu est devenue notre plus agréable sujet de conversation.

Quand je lis un verset, son contexte peut se trouver dans ce que je viens de lire en six mois pas plus. Et le Seigneur me le rappelle comme dans Jean 14. 26: ...L’Esprit saint vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

En vérité, je n’ai pas tellement honte d’avoir été si paresseux: parce que le Seigneur est au courant… Il sait ce que nous valons, et il est très patient.

En revanche, j’ai un grand sentiment de colère contre moi-même pour cette grande négligence par laquelle je me suis lésé tout seul. J’ai l’impression de racheter un peu le temps, mais je ne le rattraperai pas d’ici la fin de mon pèlerinage. Je ne suis pas sous une loi, pas plus qu’autrefois, mais lorsque la lecture est exceptionnellement impossible, je ne suis content que lorsque je suis à jour avec mon calendrier.

A mon expérience, il faut quand même calculer la dépense: celui qui ne lit pas systématiquement une fois par an devrait commencer par là avant de doubler le rythme. Et, sauf si l’on peut lire dans l’original, il est bénéfique de changer de version de temps à autre.

Mais, quelque soit le don qui est en nous, s’il est négligé, il ne sert à rien.

Écrit par


Cet article est extrait du Bulletin d’Information de la Fédération Evangélique de France, no 40 (2ème trim. 1989)

L’homosexualité est à l’ordre du jour. De fortes pressions sont exercées sur l’opinion publique afin de la faire considérer comme une attitude normale, donc légitime, au même titre que l’hétérosexualité.

Plus encore, ce qui est de nature à troubler, c’est de voir des personnes s’affichant comme chrétiennes, prendre position en faveur de l’homosexualité.

Qu’ est-ce que l’homosexualité?

Si l’hétérosexualité est l’attirance vers le sexe opposé, l’homosexualité est l’attirance sexuelle envers les individus du même sexe. Elle donne lieu le plus souvent à des relations sexuelles allant jusqu’à une vie de couple dans certains cas.

On lui donne parfois les noms plus raffinés d’homophilie ou d’inversion. La pédérastie désignait l’homosexualité à l’égard des enfants, mais le terme s’est généralisé et l’expression populaire « pédé » désigne tout homosexuel masculin.

L ‘homosexualité féminine est aussi pratiquée, mais en principe moins que parmi les hommes.

La prostitution homosexuelle, surtout masculine, est très répandue dans tous les pays.

La pratique homosexuelle remonte à la nuit des temps. Elle a été constatée chez tous les peuples. Elle jouissait d’une grande faveur dans la Grèce antique. Bien des « grands » de ce monde étaient ou sont homosexuels. Elle n’épargne pas le monde religieux au point que des prêtres ou des pasteurs célèbrent des cérémonies d’unions homosexuelles. Il existe d’ ailleurs, en divers pays, des églises homosexuelles, dont l’une est située à Paris, avec pasteur en titre.

Les homosexuels ont leur presse, et désormais leurs associations de défense. Ils luttent par tous les moyens, y compris politiques, afin d’obtenir la reconnaissance de leurs pratiques.

D’où vient l’homosexualité?

On a cru un certain temps que l’homosexualité avait une origine biologique: excès d’hormones féminines. Il n’en est rien, et ce fait est reconnu médicalement.

La tendance homosexuelle peut se révéler assez tôt dans l’enfance, mais elle peut se corriger si une éducation saine et intelligence est prodiguée, ce qui n’est pas toujours le cas. Certains parents ont favorisé cette tendance inconsciemment, ne serait-ce qu’en habillant leur enfant comme le sexe opposé.

L’adolescence est la période où l’homosexualité peut se déclarer et devenir une pratique.

Toutefois, il a été constaté que des hommes (ou femmes) d’âge mûr, après un temps de vie conjugale, sont devenus homosexuels.

L’homosexualité est-elle un péché?

Un fait est certain: d’une façon générale, l’opinion publique éprouve une certaine répugnance, allant parfois jusqu’au mépris, envers l’homosexualité considérée comme anormale. Cette attitude, sous la pression permissive des mass-media, tend à se modifier.

Désormais, on considère comme un progrès toute libéralisation à cet égard. Or ce n’est pas l’opinion publique qui peut nous amener à discerner ce qui est bien de ce qui est mal.

L’autorité exclusive en la matière est la Bible, Parole de Dieu.
Que dit-elle sur l’homosexualité?

La position de la Bible

Dès ses premières pages, la Bible révèle sans équivoque l’homosexualité comme un péché.

Les exemples cités en Genèse 19.5 et Juges 19.22 sont significatifs, de même que l’existence de prostitués (masculins) dénoncée par des textes tels que 1 Rois 14.24, 15.12, 22.47 ou 2 Rois 23.7.

Que cela plaise ou non à ceux qui prétendent que la Bible ne condamne pas l’homosexualité, il n’en est pas moins écrit: Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme, c’est une abomination (Lév 18.22).

En Israël, la peine de mort, ordonnée par Dieu, sanctionnait l’ accouplement homosexuel: Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable: ils seront punis de mort, leur sang retombera sur eux (Lév 20.13). Nous lisons également: Il n ‘y aura aucune prostituée parmi les filles d’Israël, et il n ‘y aura aucun prostitué parmi les fils d’Israël (Deut 23.17).

D’aucuns prétendent qu’il s’agissait là de prescriptions de l’ Ancienne Alliance qui seraient caduques dans la Nouvelle. C’est d’une part oublier que c’est par la loi que vient la connaissance du péché (Rom 3.20) et d’autre part vouloir ignorer les déclarations sans ambages de l’apôtre Paul: C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes: car leurs femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre nature; et de même les hommes, abandonnant l’usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement (Rom 1.26- 27).

Ajoutons enfin que, selon 1 Cor 6.9-10, les efféminés sont cités parmi ceux qui n ‘hériteront par le Royaume de Dieu.

Est-ce à dire qu’il n’y a pas de salut possible pour les homosexuels? Certes non! Le salut est offert à quiconque se repent et se confie en Jésus-Christ mort et ressuscité.

Toutefois, la repentance implique la reconnaissance et la confession à Dieu du péché selon les termes mêmes de la Parole de Dieu, et la rupture avec ce péché. Ainsi, tout homosexuel, au même titre que tout être hurnain, est placé devant les mêmes conditions de salut.

La foi au sacrifice pleinement suffisant du Seigneur Jésus, et en son sang qui purifie de tout péché, est aussi à sa portée. Cela impliquera une rupture avec cet égarement qu’est l’homosexualité, mais aussi une vie de victoire sur le péché.

Bien des homosexuels ont connu une pleine délivrance au point que certains ont pu fonder un foyer selon le Seigneur.

Ajoutons enfin que le mépris, voire l’hostilité, envers les homosexuels n’est pas une attitude chrétienne. Là aussi les chrétiens sont appelés à haïr le péché en aimant le pécheur. Le Seigneur Jésus a dit: Si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres.

Affranchi de l’homosexualité, tout homosexuel peut connaître cette vraie liberté.

C. L.


Ne cherchez pas, chers amis lecteurs, de forte unité de contenu dans ce numéro de Promesses. Foisonnant et disparate comme une devanture d’antiquaire, il s’offre à vous avec la même intrigante diversité.

L’exemple d’Elie, rappelé par l’article inédit de D. Arnold, nous fournit cependant un point d’ancrage intéressant: de par sa position de serviteur de l’Eternel, Elie a été contraint de se démarquer des gens de son temps dans bien des domaines: questions religieuses, question morales, questions politiques.

Ne sommes-nous pas, nous aussi, confrontés chaque jour à des réalités de tous ordres qui nous forcent à sans cesse nous « (re) positionner », à nous replonger dans la Parole pour affermir nos bases? Et comme Elie, n’éprouvons-nous pas à notre tour la lassitude de ce combat tous azimuts? N’avons-nous pas besoin d’un contact particulier avec Dieu pour retrouver une claire vision des possibilités du Seigneur, de ses plans pour nous, pour l’Eglise, pour le monde?

Si tel est votre cas, que ce tour d’horizon de divers sujets soit pour vous, chers lecteurs, une incitation à démarrer dans cette « reprise » d’automne d’un bon pied, sachant que toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute oeuvre bonne (2 Tim 3.16,17).

C.-A. P

P.S: notre prochain numéro sera le 2ème volet du no 117 sur le thème de l’Unité chrétienne. Il sera l’occasion de se pencher sur la question de l’Oecuménisme.


Le prophète Elie a exercé son ministère prophétique sous le règne de deux rois d’Israël, Achab et Ahazia, entre 873 et 852 av. J.-C.. Cette période était marquée par une grande infidélité envers l’Eternel. Achab, à la suite de son mariage avec la fille du roi des Sidoniens, avait établi officiellement le culte de Baal dans le royaume du nord et l’auteur de 1-2 Rois nous dit que ce roi fit plus encore que tous les rois d’Israël qui avaient été avant lui, pour irriter l’Eternel, le Dieu d’Israël (I Rois 16:33). Quant à Jézabel, sa femme, elle s’efforçait d’éliminer tous les prophètes de l’Eternel. Dans un tel contexte, le ministère d’un prophète devenait extrêmement difficile. Pourchassé par le pouvoir politique rebelle au message divin, Elie a dû sans cesse fuir et vivre en exil. Ainsi, son ministère est marqué par une grande solitude.

Cependant, il serait faux de croire que l’isolement d’Elie tient seulement aux circonstances. Son ministère particulier, sa place dans le plan rédempteur divin, même certains aspects littéraires des textes, tout souligne le destin solitaire d’Elie.

Seul du début à la fin

Dès les premières paroles de jugement prononcées contre Achab, Dieu conseille à Elie de s’éloigner du monarque et d’aller se réfugier à l’est du pays, de l’autre côté du Jourdain (région administrative plus éloignée de la capitale), pour vivre dans le torrent de Kerith où ses seuls compagnons sont des corbeaux qui viennent lui apporter sa subsistance quotidienne matin et soir (1 Rois 17.1-6). Quand l’eau du torrent tarit, Dieu le dirige à l’étranger, au nord d’Israël. Pour la première et la seule fois de son ministère, Elie peut séjourner avec des êtres humains, mais sa famille d’accueil est limitée à deux personnes: une veuve et son fils. La femme semble elle-même isolée de la société puisque, sans ressources, elle ne peut compter sur l’aide de personne. Par la suite, l’intervention divine, rendant farine et huile inépuisables, permet aux trois personnes de vivre en autarcie (1 Rois 17.13-16).

Après trois ans de sécheresse et de fuite, Abdias, le serviteur d’Achab, reconnaît le caractère insaisissable d’Elie: Lorsque je t’aurai quitté, l’ esprit de l’Eternel te transportera je ne sais où (1 Rois 18:12). Sur le mont Carmel, quand Elie se présente enfin en public, ce n’est que pour souligner son isolement: Elie dit au peuple: Je suis resté seul des prophètes de l’Eternel, et il y a quatre cent cinquante prophètes de Baal (1 Rois 18:22). Tout de suite après la confrontation victorieuse contre les faux prophètes, Elie se retire au sommet du Carmel pour prier l’Eternel d’envoyer la pluie. Un seul homme est autorisé à l’accompagner, son serviteur, non pour être associé à l’intercession, mais pour servir d’observateur. A sept reprises, Elie le renvoie loin de lui et lui demande de regagner son poste. Comme pour mieux souligner le thème de la solitude, le dialogue se limite aux expressions les plus réduites: le serviteur adresse seulement deux mots à Elie pour lui dire que rien n’a changé dans le ciel (littéralement il dit: non rien) et Elie lui répond par un seul mot: retourne (1 Rois 18.41-44).

Quand il faut accompagner Achab à Jizreél (sans doute pour encourager ou contrôle des réformes du roi), Elie refuse de monter sur le char d’Achab et préfère courir devant le roi du Carmel à Jizreél (20 à 40 kilomètres) sous une pluie torrentielle. Puisque le roi n’a pas encore manifesté de repentir, le prophète évite tout signe de rapprochement avec lui (1 Rois 18.44-46).

Le séjour dans la cité d’Achab est des plus courts (moins de vingt-quatre heures). Devant les menaces de la reine Jézabel, Elie doit fuir, une fois de plus, pour sauver sa vie ( 1 Rois 19.1-3). Découragé par la passivité d’Achab à mener des réformes et l’inefficacité de l’ouvre du Carmel, Elie se retire à l’extrémité sud du pays, dans le désert. Son unique compagnon de voyage est renvoyé et Elie, déprimé et plus seul que jamais, demande la mort.

L’ange de l’Eternel fait deux courtes apparitions pour nourrir le prophète et lui indiquer la suite des opérations (1 Rois 19.5-8). La nourriture divine rappelle la farine et l’huile de la veuve, non dans son caractère inépuisable, mais par les forces illimitées données au prophète le rendant à nouveau autonome et indépendant de toute aide humaine.

Seul sur le mont Horeb ( appelé aussi mont Sinaï), Elie rencontre Dieu un peu comme Moïse l’avait fait quelque six cents ans plus tôt. Le grand législateur s’était aussi trouvé tout seul pour un face à face avec l’Eternel (le peuple était resté en bas de la montagne et n’osait même pas s’en approcher sous peine de mort: Ex 19.12). Elie exprime, à deux reprises, son désespoir et sa solitude: Les enfants d’Israël ont tué par l’épée tes prophètes; je suis resté, moi seul, et ils cherchent à m’ôter la vie (I Rois 19:10, 14). Bien que Dieu encourage le prophète en lui annonçant la mission de trois hommes qui poursuivront son ministère de jugement, il faut noter que deux d’entre eux seront des rois et non des compagnons (l’un étant non seulement étranger, mais encore monarque d’un pays en guerre contre Israël). Quant à Elisée, il est présenté comme successeur d’Elie plutôt que compagnon (1 Rois 19.16). De plus dès l’onction reçue, Elisée demande l’autorisation de se retirer pour rejoindre une dernière fois sa famille, laissant Elie seul une fois de plus (1 Rois 19.20).

Elie est absent des deux chapitres qui concernent des conflits militaires avec les Syriens (1 Rois 20; 22) comme pour mieux souligner que le prophète de la solitude ne pouvait s’engager avec le peuple et l’armée. En lieu et place, interviennent des prophètes anonymes (1 Rois 20) et Michée, fils de Yimla (1 Rois 22.8; à ne pas confondre avec Michée de Morécheth contemporain d’Ezéchias et auteur du livre canonique). Lorsue Josaphat, roi de Juda, désire consulter l’Eternel avant de partir en campagne militaire, Achab semble avoir oublié jusqu’à l’existence d’Elie, puisqu’il répond que le seul prophète disponible est Michée (1 Rois 22.8).

Avant son ascension au ciel, Elie fait encore deux courtes apparitions pour annoncer une parole de jugement à Achab (1 Rois 21.17-29), puis, après la mort de ce dernier, à Joram, son fils et successeur (2 Rois 1.3-4). Dans les deux cas, le contact avec le roi et les hommes est limité au minimum. Achab est rencontré à l’improviste, en privé, dans le champ de Naboth. Quant à Joram, il ne voit même pas le prophète, mais reçoit une simple parole de condamnation par l’intermédiaire de ses serviteurs. Elie les rencontre à l’extérieur de la ville (ils sont en chemin pour consulter le dieu d’Ekron) sans même se donner la peine de s’identifier et ce n’est que grâce à ses habits (et peut-être aussi à la nature du message) que le roi peut reconnaître l’auteur de la déclaration (2 Rois 1.7-8).

Quand Joram veut arrêter Elie, celui-ci peut, pour une fois, être trouvé (à trois reprises même: 2 Rois 1.9-15). Cependant, le prophète reste plus inabordable que jamais. Les deux premiers groupes de soldats ne peuvent s’approcher qu’à portée de voix, puis devant leurs intentions meurtrières (c’est la seule manière de comprendre les paroles de malédiction prononcées par le prophète acculé vraisemblablement à la légitime défense ), ils sont tués. Le troisième groupe échappe au jugement, car son chef aborde le prophète avec crainte et respect. Encouragé par l’Eternel, Elie accepte, alors, d’accompagner ce responsable, mais le voyage en commun est conté en quelques mots comme pour mieux souligner la brièveté du contact (Elie se leva et descendit avec lui vers le roi). Arrivé sur place, Elie se contente de répéter simplement son message de condamnation.

Dans le dernier récit, quand Elie va être enlevé au ciel, le prophète exprime immédiatement son désir d’être laissé seul (2 Rois 2.1-6). A trois reprises, il renvoie Elisée loin de lui, mais à trois reprises ce dernier reste attaché à son maître. Les fils des prophètes de Béthel et de Jéricho, bien que connaissant le départ imminent d’Elie, ne lui adressent aucune parole. Par contre, ils dialoguent avec Elisée au sujet d’Elie. Après l’ascension de ce dernier, ces mêmes hommes cherchent en vain son corps. Ainsi Elie, mal connu dans ses origines (l’auteur n’a jamais indiqué le nom de son père), insaisissable pendant son ministère, disparaît sans laisser la moindre trace.

Finalement, à la vie solitaire d’Elie, s’ajoute la vie insolite du prophète. Elie n’est pas seulement un homme isolé de ses contemporains, mais aussi un être hors du commun. La résurrection du fils de la veuve (1 Rois 17.21-22) n’est répétée qu’une fois sous l’ancienne alliance (résurrection du fils de la Sunamite par Elisée: 2 Rois 4.34-35). Le châtiment divin frappant par le feu céleste les ennemis du prophète (2 Rois 1.10,12) est exceptionnel, voire unique; seuls la terre qui avale les ennemis de Moïse (Nomb 16.28-32) ou les ours qui déchirent les adolescents méprisant Elisée (2 Rois 2.24) s’en rapprochent. La démonstration publique du mont Carmel soulignant la puissance de l’Eternel et l’incompétence totale de l’idole Baal est incomparable. Finalement, l’expérience de l’ascension n’est partagée que par un autre homme dont on ne sait pratiquement rien (Hénoc: Gen 5.24). Elie est vraiment un homme à part qui a vécu en marge de la société.

Une influence considérable

Paradoxalement à l’isolement d:Elie, le prophète a marqué profondément l’histoire des hommes. Peu d’individus ont eu un tel impact. L’auteur des Rois consacre une section importante à son ministère (un huitième de 1-2 Rois) et trois livres du Nouveau Testament le mentionnent en rapport avec l’aide accordée à une étrangère (Luc 4.25-26), la persévérance dans la prière (Jac 5.17) et la solitude du prophète (Rom 11.2- 4). Bien qu’étant unique en son genre, Elie laisse un exemple valable pour tous les hommes, car il était un homme de la même nature que nous (Jac 5.17). Sa ténacité dans l’intercession doit servir d’exemple à tous les fidèles. Même son départ unique de ce monde n’est sans doute qu’un avant goût de l’enlèvement de l’Eglise (1 Thes 4.13-17).

Mais c’est surtout l’annonce de son retour (prophétisé par Mal 3.23 ou 4.5) qui a marqué le plus les hommes, alimentant les conversations des foules et nourrissant l’espoir des âmes pieuses. Ainsi, à l’époque néo-testamentaire, malgré les siècles écoulés, l’attente restait vive. Jésus a été pris (à tort Jean 1.21) pour Elie (Marc 6.15; 8.28) et lors de la crucifixion, le retour d’Elie est même évoqué par des moqueurs (Marc 15.35-36).

Même après la rédaction du Nouveau Testament, le retour d’Elie stimule encore des débats théologiques. Jean-Baptiste a-t-il accompli la prophétie de Malachie ? Partiellement (c.-à.-d. de manière non littérale ), cela est indéniable (Luc 1.17; Mat 11.14; 17.10-12). Faut-il s’en contenter ou attendre un retour en chair et en os avant l’avènement du Messie (cf. Apoc 11.3-6)? Les avis sont partagés. Comme il sied au prophète insaisissable, le mystère risque fort de planer jusqu’aux temps de la fin.

Si Elie a laissé une marque que les siècles n’ont pu effacer, ses contemporains ont aussi pu voir directement les fruits de son ministère, non durant sa vie, mais juste après son départ. L’enlèvement d’Elie suit de peu un changement de règne en Israël. Joram succède à son frère Ahazia dont la mort avait été prophétisée par Elie (2 Rois 1.17). Le nouveau monarque se distance rapidement de la politique de son frère et de son père. Il purifie le pays du culte de Baal (2 Rois 3.1) et, sans retourner totalement vers l’Eternel, il réforme néanmoins sensiblement le pays, accueillant notamment les prophètes de l’Eternel. Ainsi, durant son règne et celui de ses successeurs immédiats, les prophètes (et Elisée en particulier) se promènent librement dans le pays. Ils ne doivent plus vivre dans la crainte perpétuelle d’une arrestation (voire d’une exécution) arbitraire. Cette attitude favorable des rois à l’égard des prophètes peut certainement être attribuée au ministère d’exhortation et de jugement exercé par Elie. Bien que tardivement, ce dernier a fini par être écouté.

Finalement, la présence d’Elie aux côtés de Moïse sur le mont de la Transfiguration est sans doute la marque la plus claire de son rôle fondamental (Mat 17.3-4). Les deux parties du canon hébreu sont représentées: la loi et les prophètes. Moïse est, bien sûr, le grand législateur qui a posé le fondement de tout le judaïsme, alors qu’Elie représente tous les prophètes. Ce choix d’Elie comme représentant des prophètes peut surprendre au premier abord, car il n’est ni le premier prophète, ni le dernier, ni celui qui a fait le plus de miracles ou formulé les prophéties les plus remarquables. A-t-il été choisi parce qu’il a été enlevé au ciel? Ne serait-ce pas plutôt dans son caractère de prophète solitaire (si intimement lié à sa personne) que se trouve la raison du choix? Un prophète doit représenter Dieu auprès des hommes. Sa fonction première consiste à reprendre et exhorter des pécheurs. Ce ministère, par sa nature même, est souvent impopulaire et la liste des prophètes rejetés par leurs contemporains est longue et inclut des hommes aussi renommés que Jérémie et Ezéchiel. Elie, par son ministère fidèle vécu dans la solitude et dans le rejet de ses contemporains, est le type même du prophète de l’Eternel. Son choix à côté de Moïse pour honorer le Messie marquerait, alors, la récompense divine pour un ministère des plus ingrats.

Celui qui cherchera à sauver sa vie la perdra, et celui qui la perdra la retrouvera (Luc 17:33). La vie d’Elie et les paroles du Christ nous exhortent à chercher d’abord l’honneur de Dieu plutôt que celui des hommes. Pour plaire à son Seigneur, le fidèle doit être prêt à tout. Le rejet de la société, la solitude, l’isolement total sont difficiles à vivre. Comme des voyageurs et des étrangers sur terre, parfois victorieux, parfois incompris des plus proches, moqués, fouettés, enchaînés, torturés, isolés, oubliés, rejetés, excommuniés, errants dans leur pays ou dans les déserts (cf. Héb 11.35-38), le fidèle ne cherche pas son bonheur dans cette vie, mais attend la résurrection des morts et le royaume de Dieu pour vivre dans la félicité et le bonheur éternel.

D.A

Écrit par


Article extrait du « Témoin » de l’Action Biblique, no 4, juillet-août 1980

De même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste (1 Cor 15.49).

Les versets mentionnés ci-dessus sont les deux seuls passages de toute la Bible qui révèlent explicitement quel corps Dieu donnera aux croyants après leur vie terrestre. La lecture de ces deux textes montre que le Créateur a prévu « d’habiller » le croyant, de le revêtir d’un corps parfait pour le temps et le service nouveaux qu’il a préparés pour tous ceux qu’il aura reconnus comme siens.

Nous allons examiner successivement la condition du croyant dans son corps terrestre, les deux destinées possibles de ce corps, puis la condition du croyant dans son corps céleste.

La tente

Si cette tente où nous habitons sur la terre… (2 Cor 5.1). Inspiré par le Saint-Esprit, l’apôtre emploie l’image de la tente comme illustration du corps qui abrite l’âme humaine. Lui-même. faiseur de tente durant une période de sa vie – à côté de son ministère, pour subvenir à ses besoins – savait de quoi il parlait. La tente évoque deux caractéristiques principales du corps: nomadisme et précarité.

Premièrement, la tente est l’habitation des nomades. A la notion de nomadisme s’attache plus ou moins celle d’étranger ou d’apatride. La Bible ne dit-elle pas que nous, les croyants, avons à vivre comme étrangers et voyageurs sur la terre (Héb 11.13)? Bien que spirituellement nous ne soyons plus des étrangers, mais des gens de la maison de Dieu (Eph 2.19), il n’en demeure pas moins vrai que nous sommes prisonniers d’un corps qui nous retient à distance du Seigneur, selon les paroles de Paul lui-même: En demeurant dans ce corps, nous demeurons loin du Seigneur (2 Cor 5.6). D’après certaines traductions, ce verset exprime l’idée d’exil, ce que confirme bien la démarche des héros de la foi qui ont recherché une patrie meilleure, c’est- à-dire céleste (Héb 11.14-16). D’ailleurs, celui que nous avons reconnu pour Seigneur et Roi, Jésus-Christ, n’a pas son royaume dans ce monde, et par conséquent nous non plus (Jean 18.36). Aussi, vivant comme exilés sur cette terre, nous devons veiller à ne pas nous y attacher, à ne pas investir ou thésauriser comme si notre espérance et notre avenir étaient « dans cette tente ».

Deuxièmement, la tente est une habitation des plus précaires. Pour le vérifier, il suffit de se trouver sous tente durant une bonne tempête. Dans ces moments-là, la seule question est de savoir jusqu’à quel point sardines, cordages, piquets et toile vont tenir. Le matériel moderne, et surtout non usagé, est généralement assez fiable, mais il n’est guère utilisé que quelques semaines par an. Notre corps, par contre, en service jour après jour, est soumis à la dure loi de l’usure, de la fatigue, du vieillissement, aux attaques d’agents extérieurs et intérieurs, accidents et maladies. Face à ces atteintes du temps et de la sénescence, l’apôtre résume la condition du chrétien en une phrase, merveilleuse par son contenu et sa simplicité: Même si notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour (2 Cor 4.16).

En effet – vérité capitale de l’Ecriture – l’esprit du croyant qui vit avec le Seigneur suit une évolution qui est l’inverse de celle du corps. Autrement dit, la vivacité de l’esprit augmente pendant que celle du corps diminue. Il ne s’agit pas moins que du début de la réponse du Dieu créateur et rédempteur au défi de la mort et du diable. Faut-il préciser que si l’esprit est renouvelé (version Darby), il l’est par le ministère du Saint-Esprit, ce qui n’est nullement une autosuggestion ou une culture mentale proposée par des « maîtres » anciens ou modernes, mais bien l’effet de la loi de l’Esprit de vie qui est en Jésus-Christ (Rom 8.1)? Gloire à Dieu et grâces soient rendues à Jésus-Christ!

Il manquerait un aspect important dans ce premier chapitre si le fait de la souffrance n’ était pas évoqué. Liée à la maternité, à la maladie, à l’ infirmité, à la vieillesse, la souf france fait partie du pèlerinage terrestre. Les apôtres, qui étaient de la même nature que nous (Act 14.15), ont éprouvé la souffrance dans leur chair comme dans leur âme; toutefois, ils ont mis l’accent essentiellement sur les souffrances endurées en raison de leur foi en Dieu et en Christ. Les souffrances de cette origine sont normales pour le croyant, en raison de la haine du monde et du diable contre Dieu (Jean 15.20; 2 Tim 3.12; I Pi 4.12-13). Si le monde paie les chrétiens en souffrance, voyons comment le Seigneur paie les siens: C’est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu’il le faut, vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves, afin que l’ épreuve de votre foi, plus précieuse que l’or périssable (qui cependant est éprouvé par le feu), ait pour résultat la louange, la gloire et l’honneur, lorsque Jésus-Christ apparaîtra (1 Pi 1.6-7). Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous (Rom 8.17-18; cp. 2 Cor 4.17-18).

Du premier texte ressort le bilan positif d’une foi éprouvée et victorieuse; le second texte est porteur de la promesse d’une récompense en gloire dans le ciel. Il y a donc un bénéfice spirituel présent puis éternel, résultant de l’acceptation de la souffrance pour Dieu. N’oublions jamais que Dieu n’est pas indifférent à la souffrance car ce n’est pas volontiers qu’il afflige les enfants des hommes (La 3.33). S’il le fait, c’est dans le but de nous tourner vers les choses invisibles et éternelles, donc vers le Seigneur, afin que notre espérance se situe véritablement dans l’au-delà et non dans le futur seulement.

Revêtement ou dépouillement

Car tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés, parce que nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Et celui qui nous a formés pour cela, c’est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l’ Esprit (2 Cor 5.4-5). Dans son brûlant désir d’être de corps avec le Seigneur, l’apôtre Paul laisse éclater son espérance de participer de son vivant à l’enlèvement de l’église, selon le mystère que le Seigneur lui a révélé: Voici, je vous dis un mystère: nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’oil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité (l Cor 15;51-53).

Il s’agit là d’une des plus extraordinaires révélations données par Dieu et concernant l’Eglise. Elle signifie explicitement qu’au jour décidé par le Seigneur – sans doute assez proche – le corps des croyants vivants sera sublimé en moins de temps qu’il ne faut pour l’expliquer! Survêtue d’immortalité sans connaître l’atteinte de la mort: tel sera le privilège de la dernière génération de l’Eglise avant l’exécution des sentences de Dieu sur le monde.

Si telle était l’espérance de Paul, quelle ne devrait pas être la nôtre, nous qui avons les mêmes promesses et vivons assurément dans un temps pré-apocalyptique! C’est l’une des deux destinées réservées à notre « tente », si le Seigneur n’usait plus longtemps de patience à l’égard du monde.

Malgré cette fenêtre dans le ciel, l’apôtre envisage aussi l’autre destinée de son corps, à savoir le dépouillement, la mort physique. Son désir de rejoindre le Seigneur est si ardent et sa confiance si entière qu’il déclare: Nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur (2 Cor 5.8). Autrement dit, il préférerait passer par la mort que d’attendre l’enlèvement (si c’était possible), puisque pour lui, comme il le dit, être avec Christ est de beaucoup le meilleur (Phil 1.23). Il faut relever que les textes cités ci-dessus établissent la doctrine de l’introduction de l’âme du croyant dans la présence du Seigneur dès après la mort du corps.

Mais l’apôtre Paul, merveilleux de spiritualité, de soumission à Dieu et de réalisme, ne s’en tient pas qu’à lui-même. Il considère toutes les Eglises qu’il a été appelé à servir, lui, l’apôtre des païens; c’est pourquoi il écrivait à celle de Philippes: Mais à cause de vous il est plus nécessaire que je demeure dans la chair (Phil 1.24).

A cause de vous… concernait non seulement les Philippiens, mais tous les chrétiens qui bénéficièrent de son ministère dans son temps, après son temps, puis nous, et ceux qui nous suivront si l’avènement du Seigneur tarde.

Par cet exemple pratique, Paul démontre que s’il vit, ce n’est plus lui seul qui vit, c’est Christ qui vit en lui (Gal 2.20), et que ses sentiments, ses souhaits doivent céder le pas devant ceux du Seigneur. Quel exemple de dépendance et de confiance sereine dans la providence divine, toute bonne, toute agréable et toute parfaite (Rom 12.2). Chez l’apôtre Paul, la révélation des intentions de Dieu et leur réalisation dans sa vie de serviteur sont confondues au point que l’on ne peut distinguer si les vérités qu’il transmet procèdent de l’expérience ou de la révélation, et laquelle a précédé l’autre.

Comme nous l’avons vu, il importait à Paul d’être avec le Seigneur dans son corps – en participant à l’enlèvement. ou hors de son corps – par la mort. Il savait que de toute façon les morts dans la foi et les vivants dans la foi participeraient à la même promesse lors de l’enlèvement de l’Eglise, selon la révélation qu’il en avait eue: Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d’après la parole du Seigneur: nous les vivants, restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont décédés. Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les vivants, qui seront restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (1 Thes 4.15-17).

Ainsi, morts ressuscités et vivants métamorphosés recevront un corps de même sorte. Essayons maintenant de comprendre ce que dit l’Ecriture du domicile céleste que nous revêtirons.

L’on réalise bien vite que le vocabulaire humain est insuffisant et inadapté pour décrire les réalités célestes, preuves en sont les expressions demeure éternelle ou corps spirituel. Dans sa bonté, Dieu nous donne des images terrestres pour nous apprendre des vérités éternelles, mais nous ne contemplons malheureusement que l’ombre des choses à venir.

L’édifice

Nous savons, en effet, que si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’ homme (2 Cor 5.1). La comparaison entre l’image de l’édifice et celle de la tente permet de dégager un triple contraste. D’ abord, une construction correspond à un domicile fixe alors qu’une tente est faite pour être déplacée. Ensuite, une maison est bâtie pour assurer l’entière sécurité de ses occupants, elle doit résister à toute menace extérieure comme le montre bien la parabole des deux maisons (cp. Mat 7.24- 27). Enfin, la maison dure au moins aussi longtemps que la vie de l’occupant, ce qui n’est guère le cas de la tente. On peut résumer les caractéristiques de l’édifice par les trois mots: stabilité, sécurité, pérennité.

Stabilité. Le corps céleste sera incorruptible, glorieux, plein de force, et sa condition ne pourra être modifiée en quoi que ce soit. Quel contraste avec le corps terrestre, corruptible, méprisable, infirme, sujet à la dégradation, puis à l’anéantissement. Ce corps ressuscité sera en harmonie parfaite avec l’esprit qui l’habitera. Tous les humains se trouvent sur terre, tout au moins à certaines périodes de leur vie, plus ou moins « mal dans leur peau »; ce genre de sentiment n’existera plus. Pour le croyant, le douloureux antagonisme entre la chair et l’esprit ne sera plus. De même auront disparu larmes, deuils, cris, douleurs et mort (Apoc 21.4). Cet état de béatitude sera l’aboutissement du plan de Dieu qui nous a formés en vue de cela (2 Cor 5.5), et qui rendra parfaite son oeuvre au jour de Jésus-Christ (Phil 1.6). Quelle espérance !

Sécurité. Les textes relatifs au corps céleste précisent qu’il ne sera pas fait de chair et de sang (1 Cor 15.50), que Dieu lui donnera la forme qu’il lui plaira (1 Cor 15.18), et qu’il sera tout entier l’ouvrage de Dieu, sans filiation humaine (2 Cor 5.1). L’on peut évidemment se demander si les traits de corps céleste ressembleront à ceux de notre corps terrestre. La Bible ne permet pas de l’affirmer. Le fait important réside surtout en ce que notre corps d’humiliation sera rendu semblable au corps de gloire du Seigneur Jésus-Christ (Rom 8.29; Phil 3.21; 1 Jean 3.2). Cela doit non seulement nous satisfaire, mais nous transporter de reconnaissance !

Pérennité. Si l’état céleste du croyant n’est pas facile à concevoir, c’est encore la notion d’une éventuelle suppression du temps qui est la plus difficile à saisir. Il semble que l’écoulement de temps soit lié à l’univers matériel, Dieu lui-même ayant réglé la « mécanique » de ce temps par les mouvements des astres. Aussi, les expressions « toujours », aux siècles des siècles sont propres au système physique. Mais hors de cette création – que nous quitterons assurément – nul ne peut dire si le temps sera mesuré ou non et comment. A ce sujet, la déclaration de l’apôtre Pierre est significative: …devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour (2 Pi 3.8). Autrement dit, Dieu se déclare maître du temps, donc il peut fort bien ne pas en tenir compte.

Si Jésus est notre Sauveur et notre Seigneur, réjouissons-nous de ce que nos noms soient écrits dans les cieux (Luc 10.20) et acceptons de ne pas en savoir plus que la Bible ne dévoile.

Et si la foi nous a donné de percevoir quelques-unes des réalités de l’au-delà, exerçons-nous à l’adoration de notre Dieu qui nous a sauvés pour célébrer la gloire de sa grâce (Eph 1.6).

En conclusion, nous pouvons retenir que Dieu créera tout à nouveau: nouveau ciel, nouvelle terre, nouvelle Jérusalem, hommes nouveaux de cour et de corps. Cela signifie aussi que le ciel et la terre d’à présent sont appelés à disparaître. Alors, répondons à l’appel de l’apôtre:Si donc vous êtes ressuscités avec Christ (spirituellement), cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Attachez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre (Col 3.1-2). Et prenons à notre compte la profonde réflexion du pasteur Charles Rochedieu (1857-1928): « Une vision plus claire de la gloire à venir créerait en nous un désir plus intense de partir, un « heimweh » (mal du pays) plus profond, même au milieu d’une vie facile et heureuse. Mais combien souvent nous obligeons le Seigneur à mettre dans notre nid trop douillet une épine de sa couronne, pour nous empêcher de plonger trop avant dans le sol des racines de notre vie! »

Parmi les Israélites de toutes les nations s’échange, par une phrase si lourde de sens, le souhait suprême de beaucoup d’entre eux: « L’an prochain à Jérusalem! »

Que parmi tous les chrétiens du monde entier, nés de nouveau, s’entende le soupir d’Apoc 22.20: Viens, Seigneur Jésus!

F.B

Écrit par


Article initialement publié dans le « Témoin » de l’Action Biblique

Introduction

Un texte de l’Epître de Paul aux Romains a plus d’une fois retenu mon attention et nourri ma réflexion. Le voici: Dieu, que je sers en mon esprit dans l’Evangile de son Fils, m’est témoin que je fais sans cesse mention de vous demandant continuellement dans mes prières d’avoir enfin, par sa volonté, le bonheur d’aller vers vous (Rom 1.9-10).

Avant de s’exprimer extérieurement, le service de l’apôtre Paul se situait dans son esprit, c’est-à-dire dans son « homme intérieur », la partie la plus intime de son être. Etant fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ (cp. Gal 3.26), Paul avait reçu dans son cour l’Esprit de son Fils (cp. Gal 4.6), Aussi servait-il Dieu dans l’Evangile du Fils, en plein accord avec ses enseignements, mais aussi dans l’Esprit du Fils, en conformité avec l’ exemple que le Fils a donné en tant que Serviteur parfait.

Ces quelques mots d’introduction suscitent quelques questions: Servons-nous Dieu? Comment le servons-nous? Ou bien: Nous servons-nous de Dieu?

L’on parle beaucoup de servir Dieu sans se douter qu’on peut se servir du service de Dieu pour atteindre des fins personnelles, et qu’un service pour Dieu n’est agréable que s’il est accompli dans l’Esprit de son Fils. Le Fils a servi dans l’esprit du sacrifice alors que beaucoup d’hommes poursuivent l’exaltation de la personnalité et des dons sous couvert du service de Dieu. Ils voient dans l’Eglise le moyen de mettre leurs personnes en valeur et en avant ils prétendent servir Dieu et s’écartent de l’exemple que Jésus a donné en servant Dieu dans l’Esprit de Dieu. Si Jésus-Christ n’a pas servi sans l’Esprit de Dieu, nous ne pouvons pas servir Dieu sans l’Esprit de son Fils. (Lire et méditer Es 42.1-3; Marc 10.45; Act 10.38; Phil 2.5-8).

La mentalité qui prévaut aujourd’hui est aux antipodes de l’Esprit du Fils, de la notion de sacrifice, de renoncement, de dépouillement, d’effacement, d’obéissance. L’on encourage plutôt tout ce qui plaît à la vie naturelle et tout ce qui peut souligner les dons, les droits et les revendications de cette vie. Reconnaissons honnêtement que le « moi » occupe plus souvent le trône que Jésus-Christ. Ce qui plaît à la chair est devenu le critère suprême alors que les exigences de l’Ecriture sont tout simplement ignorées ou méprisées. Une telle situation fait irrésistiblement penser au temps des Juges où il n’y avait plus de roi en Israël et où chacun faisait ce qui paraissait bon à ses yeux (cp Jug 17.6).

Quand le principe d’autorité est enlevé, plus rien ne fait barrage aux débordements du subjectivisme et de l’égoïsme, aux fantaisies du moi, aux caprices de la chair. L’érosion de la mentalité chrétienne a ouvert la voie à l’ anarchie jusque dans la maison de Dieu. Si les Juifs refusaient le gouvernement de Dieu du temps des Juges, il est bien des chrétiens qui refusent aujourd’hui de reconnaître l’existence des conducteurs spirituels et la légitimité de leur autorité, en dépit de textes aussi clairs que 1 Thes 5.12-13, 1 Tim 5 17 et Héb 13.17. Qu’est-ce à dire sinon qu’ils relativisent la vérité et l’autorité mêmes de l’Ecriture! Car, s’ils respectaient pleinement l’Ecriture comme suprême et infaillible autorité en matière de foi et de conduite, ils se soumettraient à son enseignement et à ses exigences et ils ne discuteraient pas l’ autorité des conducteurs établis par Dieu. Seuls l’orgueil, la recherche de l’ autonomie, le désir de « se prendre en charge » soi-même, le refus de la directivité, le principe d’autogestion sont à la base de ce formidable mouvement d’émancipation qui agit comme un ferment dans le monde et dans l’Eglise. Le moment vient donc où le jugement va commencer par la maison de Dieu (cp 1 Pi 4.17), car la maison de Dieu s’est laissé entamer et corrompre par l’ esprit du monde !

La vie et l’attitude de l’apôtre Paul

Paul servait Dieu en son esprit, dans l’Evangile de son Fils et dans l’Esprit de son Fils. Si nous considérons sa vie et son attitude, en rapport avec l’église de Corinthe, nous sommes dans le contexte historique de notre thème.

En effet, quel contraste entre celui qui voulait être regardé comme serviteur de Christ (cp 1 Cor 4.1) – dans le sens le plus humble du terme – et certains membres de l’Eglise de Corinthe enflés d’orgueil et régnant dans un état d’autosatisfaction frisant l’ inconscience et constituant une sorte de provocation face aux conditions de faiblesse, de souffrance et d’ignominie qu’enduraient les apôtres du Seigneur identifiés à leur maître! Sentons profondément ce contraste choquant en méditant les versets 8 à 15 de 1 Cor.4.

La lecture de ce passage nous permet d’évaluer ce que l’apôtre a enduré au sein de l’Eglise de Corinthe, dont il était le père spiri tuel, mais aussi le serviteur à cause de Jésus (cp 2 Cor 4.5).

Cette Eglise avait mis sa gloire dans des hommes (cp 1 Cor 1.12; 3.21 et 4.6) au lieu de se laisser attirer et subjuguer par la croix. Elle contestait le ministère de Paul, apôtre, et se laissait influencer par des hommes ambitieux, de différents clans, se donnant comme super-apôtres (cp 2 Cor 10.7: 11.2-6, 13).

En plus de cela, et alors qu’elle avait été spirituellement comblée par Dieu au travers du ministère de Paul (cp 1 Cor 1.4-7), l’Eglise de Corinthe lui reprochait d’avoir voulu profiter d’elle sur le plan matériel (cp 2 Cor 7.2; 12.16-18).

Il y aurait eu de quoi décourager quelqu’un dépourvu d’un esprit désintéressé, de l’esprit de service, de l’Esprit même du Fils. Ce n’était heureusement pas le cas de l’apôtre Paul qui, tout en défendant son ministère et son apostolat (cp 1 Cor 9.1-3) et en rejetant les accusations mensongères, ne se soustrayait pas à la croix et continuait à aimer les Corinthiens et à servir Dieu en ne faisant aucun cas des préjudices moraux qu’il subissait entant que personne! Ne glorifiait-il pas son Maître en écrivant les paroles suivantes aux Corinthiens: Voici, pour la troisième fois je suis prêt à aller chez vous, et je ne serai point à votre charge; car ce ne sont pas vos biens que je cherche, c’est vous- mêmes. Ce n ‘ est pas en effet, aux enfants à amasser pour leurs parents, mais aux parents pour leurs enfants. Pour moi, je ferai très volontiers des dépenses et je me dépenserai moi-même pour vos âmes. En vous aimant davantage, serai-je moins aimé de vous? (2 Cor 12.14-15).

Ce merveilleux passage met en relief un aspect, une dimension, sans lesquels le christianisme est réduit à une forme et devient une caricature de ce que son fondateur a manifesté: l’aspect et la dimension de la croix. Pensons à Jésus-Christ qui a marché vers l’heure du sacrifice, le sachant et le voulant. A aucun moment il n’ a voulu échapper à la mort de la croix (cp Luc 12.50; Mat 16.21; Jean 10.18 et 12.27-28). Depuis le baptême dans le Jourdain, où il s’identifia au pécheur. il s’avança résolument vers Golgotha, où Dieu le fit devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu (cp Mat 27 .46; Rom 8.3; 2 Cor 5.21; Gal 3.13-14).

La sagesse et l’orgueil humains s’insurgent contre la croix car l’homme animal ne comprend pas les choses de l’Esprit de Dieu. Pour lui, la croix est une folie un scandale, une faillite (cp 1 Cor 1.18, 22-24; 2.1-2, 6-14). Le diable a toujours proposé un christianisme sans la croix, car un tel christianisme ne dérange pas ses plans puisqu’il laisse l’homme dans son autonomie par rapport à Dieu et dans son esclavage en ce qui concerne le péché.

L’ apôtre Paul ne voulait pas servir Dieu sans être identifié à Christ dans son humiliation, ce qui reviendrait à vouloir être plus grand que le Maître! (cp. Luc 22.24-27; Jean 13.16; 15.18-21). Il acceptait tout ce qu’implique le fait d’être une même plante avec Christ dans sa mort et sa résurrection.

Sans l’acceptation du sacrifice, nous buterons sans cesse sur les obstacles internes et externes que les circonstances de la vie mettent en évidence et nous remettrons constamment en cause notre marche chrétienne. Dès que surviendra une épreuve à cause de la parole (cp Mat 13.20-21), nous y trouverons une occasion de chute. La moindre contrariété, le plus petit renoncement nous surprendront loin de la croix, en flagrant délit de vouloir sauver notre vie égoïste. Acceptons donc la voie tracée par le Seigneur à ses disciples: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’ il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera (Mat 16.24-25).

L’apôtre Paul en était arrivé à l’oubli de lui-même. Vivante offrande, il acceptait un préjudice constant en renonçant à lui-même. Aussi pouvait-il dire: Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ oui vit en moi (Gal 2.20). Je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu (Act 20.24). Bien avant sa mort de martyr il servait déjà de libation pour le sacrifice (cp Phil 2.17 et 2 Tim 4.7).

Acceptons-nous cette répudiation du moi sans nous retrancher derrière le fait que les autres devraient d’abord en donner l’exemple? Le regard sur les autres peut devenir un prétexte, une excuse, un paravent. Attendre le perfectionnement de l’autre, c’est se paralyser soi-même, bloquer les relations fraternelles et empêcher l’engagement que Dieu nous destine. Combien de chrétiens regardent les autres et déterminent leur comportement à partir de ce que sont et de ce que font les autres! Il est certain que le diable a remporté ses plus grandes et ses plus nombreuses victoires à travers l’ orgueil, la susceptibilité, l’égoïsme des chrétiens et l’ activité incontrôlées de leurs langues médisantes et amères! (cp Jac 3.1-12). Tout cela est plus à craindre que les persécutions venant du monde sans Dieu. Ainsi donc, le chrétien qui résiste à la croix ne peut servir Dieu d’une manière conforme à l’Evangile, et à l’Esprit de Jésus-Christ. De plus, il fait le jeu du diable et devient un élément nuisible pour ses frères et sours dans la foi! Combien cela est triste et déshonorant!

Quelques illustrations de l’attitude sacrificielle de l’apôtre Paul

A. Paul s’étonnait de la jalousie et des disputes qui déchiraient les Corinthiens (cp 1 Cor 3.1-3). Attristé par leur esprit de clan fondé sur des préférences humaines: Moi, je suis de Paul moi d’Apollos! (cp 1 Cor 3.4), il s’écriait: Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’ est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun (1 Cor 3.5).

En ne voulant pas être estimé pour plus qu’il n’était, un serviteur, Paul ne cherchait en aucun cas les applaudissements des hommes. Il acceptait d’être regardé seulement et simplement comme un instrument de la grâce de Dieu. La croix l’empêchait de devenir un personnage important, une vedette religieuse. Ce qu’il était il le devait exclusivement à la grâce de Dieu (cp 1 Cor 15.10).

B. L’unique préoccupation de Paul, comme serviteur de Christ et dispensateur des mystères de Dieu, se résumait à ceci: être trouvé fidèle (cp 1 Cor 4.1-2). Par conséquent il lui importait fort peu d’être jugé par un tribunal humain. Il s’ en remettait au jugement souverain et objectif du Seigneur: Celui qui me juge, c’est le Seigneur (cp 1 Cor 4.4). La croix opérait sur sa sensibilité à l’opinion et au jugement d’autrui. Il remettait sa cause à Dieu qui dispose du temps pour mettre en lumière ce qui est caché dans les ténèbres et pour manifester les desseins des cours. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due (1 Cor 4.5).

C. Paul se savait libre en Christ. Il n’ignorait pas ses droits: Ne suis- je pas libre?. N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? N ‘ avons-nous pas le droit de mener avec nous une sour qui soit notre femme, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas? (1 Cor 9.1, 4-5). Pourtant il acceptait la croix sur sa liberté et sur ses droits, par amour pour les autres en rapport avec la faiblesse de leur conscience! (cp 1 Cor 6.12; 8.9; Rom 14.13; 1 Cor 10.23-24, 28-29). S’il n’usait pas nécessairement de tous ses droits de chrétien et de prédicateur, c’était pour ne pas créer d’obstacle à l’Evangile de Christ (cp 1 Cor 9.6-12). Libre à l’égard de tous il se rendait le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre (cp 1 Cor 9. 19). En se faisant tout à tous il s’identifiait – sans compromis avec le mal, ni l’ erreur – à tous ceux qu’ il évangélisait. L’on ne trouvait chez lui ni duplicité, ni hypocrisie, ni rigidité formaliste.

Conclusion

Bien qu’ayant les dons, les droits, la charge et les preuves de l’apostolat, bien qu’ayant eu part à des révélations ineffables, Paul n’ a jamais voulu en tirer une satisfaction personnelle, se prévaloir de rien (cp 2 Cor 12.1-10). Il n’aspirait qu’ à une chose: que Christ, sa vie, apparaisse en lui pour que d’autres soient gagnés à Lui. Nous avons à nous poser cette question: Qui paraît en moi? Est-ce Christ ou le moi ? Il faut que ce soit Christ si je veux servir Dieu agréablement et efficacement.

Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quant Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire (Col 3.3-4).

J.-J. D.