PROMESSES
Un grand abîme
Entre les églises multitudinistes et les églises confessantes existe un grand abîme. Au moins, officiellement.
A première vue, toutes se réclament de la Parole de Dieu. En réalité, leurs fondements sont souvent fort éloignés. Tandis que les églises confessantes s’efforcent, dans l’ensemble, de vivre en conformité avec les enseignements de l’Ecriture, les églises multitudinistes, quant à elles, s’appuient davantage sur leur tradition, sur leur histoire propre, ou sur les présupposés de la société contemporaine, que sur la Révélation biblique.
Concernant la question que nous avons à examiner -le ministère féminin dans l’Eglise, ses libertés et ses limites, -nous avons à constater qu’en principe les grandes églises multitudinistes n’ont pas le désir de respecter l’enseignement de la Bible à ce sujet. Certes, Jean-Paul II, qui dit «non» aux femmes prêtres, fait quelques références à l’Ecriture, mais l’autorité déterminante reste pour lui celle de la Tradition de l’Eglise romaine et du Magistère.
Heureusement, au moins jusqu’à un passé récent, les Eglises des confessants ont accepté comme critère de leur vie et de leur action: Que dit l’Ecriture? Parfois nous nous demandons si chez certaines ce souci prime toujours, en particulier concernant le sujet que nous traitons dans ce numéro de Promesses.
Attention: terrain piégé
Néanmoins, deux pièges existent dans lesquels les églises confessantes risquent de tomber.
Le premier est l’ ambiance féministe dans laquelle nos églises évangéliques vivent et évoluent. Etant les enfants de notre siècle, qu’on le veuille ou non, nous risquons d’en subir les influences.
Non pas que tout soit mauvais dans cette mouvance pour la promotion des femmes ! Toutes les retombées ne sont pas forcément négatives. Ne sommes-nous pas prêts à applaudir la lutte contre la pornographie? La femme ne doit jamais être un jouet sexuel. Et sans discussion, les femmes devraient gagner un salaire égal à celui des hommes si elles accomplissent le même travail qu’eux.
Cependant, quand le mouvement féministe veut créer une sorte d’unisexe qui entraîne certains de ses adhérents, prétendument chrétiens, à ne plus reconnaître Dieu comme Père, nous crions halte. Là, on exagère.
Ainsi, nous rejetons catégoriquement l’accusation féministe qui veut que notre Seigneur, et Paul et les autres apôtres, aient subi l’influence de leur temps dans leur attitude au sujet de la condition féminine. C’est mal connaître la société d’il y a 2000 ans, car le Nouveau Testament est plutôt révolutionnaire par rapport aux femmes. Nous demandons à ces détracteurs un peu d’honnêteté. Ne peuvent-ils pas imaginer que ce sont plutôt eux qui sont influencés par leur époque? Il est facile d’accuser les autres de ce qu’on manifeste soi-même. Attention à cette forme de transfert.
Expérience et doctrine
Le deuxième piège concerne l’ expérience et la doctrine, appelées dans «Semailles et Moisson» (no 8, act. 1994) «deux sours ennemies?», avec un point d’interrogation. Nous ne savons pas si la journée de réflexion à ce sujet a pu abolir l’inimitié supposée entre l’expérience et la doctrine, mais le grand principe est sûrement de ne pas laisser l’expérience l’emporter sur le clair enseignement de la Parole de Dieu. La première est subjective. Si nos émotions dominent, elle peut nous amener très loin de ce que Dieu a déclaré.
En effet, pour le sujet traité, nous avons constaté ceci: le fait que nos sours missionnaires aient dû accomplir ce dont des hommes auraient pu se charger -s’ils n’avaient gardé leurs pieds dans leurs pantoufles tout près du foyer -prime à tel point que cet exemple de dévouement dans le domaine de l’expérience amène certains promoteurs du ministère pastoral féminin à voir la doctrine biblique tout à fait autrement (1). Certes, nous admirons nos sours missionnaires et louons Dieu pour leur engagement, mais si Dieu s’est servi d’une Débora ou d’une Jaël quand les hommes manquaient à l’appel, il a néanmoins pu conférer la charge de «juge» à des hommes plus souvent qu’à des femmes. Il ne faut pas faire une règle à partir des exceptions.
Dieu est souverain
De tels exemples d’expérience nous apprennent justement que Dieu reste souverain. Sa volonté s’accomplira et son oeuvre se fera de toute façon. Si son peuple a besoin d’être délivré d’un Jabin quelconque et que Dieu ne trouve pas d’homme suffisamment courageux pour le faire, Il suscitera très facilement une Débora et ensuite une Jaël. Si les apôtres ont le cour trop lent à croire à la résurrection du Fils de Dieu et que de saintes femmes y croient plus facilement, elles deviennent aussitôt les messagères du Seigneur ressuscité. Si, pour aller sur le champ missionnaire, les hommes sont paresseux, le Dieu souverain se sert bien volontiers de nos sours -à la honte des frères -pour sauver les âmes qu’Il a prédestinées à la vie éternelle.
Dieu est souverain: sa volonté s’accomplira toujours. Alléluia.
1 Dans le récent débat en milieu évangélique au sujet du ministère de la parole et des «droits» des soeurs le concernant, on relève régulièrement l’anomalie que constituent des femmes missionnaires qui, à l’étranger, sont souvent obligées de «tout faire», mais qui, dès leur retour en Europe, sont implicitement tenues au silence. Nous comprenons que d’aucuns en soient troublés, voulant éviter «deux poids et deux mesures», pourtant, c’est mal s’y prendre pour rétablir l’autorité, la souveraineté et la volonté de notre Dieu.
l)Dans l’Ancien Testament: SARA Princesse, prophétesse et prototype
Sara, femme d’ Abraham, nous est présentée dans l’Ecriture comme modèle pour la femme chrétienne. Nous allons donc étudier sa vie sous le triple aspect indiqué en titre.
Princesse: elle l’était d’abord pour Abraham: l’élue de son cour! Nous ignorons quel était son rang de naissance, mais il devait être sensiblement le même que celui de son mari, qui était aussi son demi-frère, Gen 20.12. (On nous dit que de telles unions étaient courantes à l’époque: elle eut lieu avant la vocation d’Abraham, comme nous le montre Gen 12.5, mais lorsque Dieu sauve, il assume notre passé: Que chacun demeure dans l’ état où il était lorsqu’il a été appelé, 1 Cor 7.20).
Ce qui nous autorise à affirmer que Sara était «princesse», c’est le sens même de son nom. Elle s’appelait d’abord Sarai, «ma princesse» et ensuite Sara, «princesse» tout court, Gen 17.15. En général, l’homme est appelé à traiter sa femme comme une «princesse», 1 Pi 3.7: Maris, vivez chacun avec votre femme en reconnaissant que les femmes sont des êtres plus faibles. Honorez-les comme cohéritièrs de la grâce de la vie… Eph 5.28: De même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps… il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l’église. Il est certain qu’ Abraham aimait sa «princesse», mais aussi qu’il ne le faisait pas de façon parfaite. La Bible ne nous cache pas les défauts des hommes et des femmes de Dieu: elle ne fait pas d’hagiographie. Ainsi nous savons que Sara a dû souffrir des inconséquences de son «prince» ! En effet, à deux reprises au moins, Abraham a fait preuve d’incrédulité en voulant sauver sa peau au dépens de l’honneur de celle qu’il était censé traiter en «princesse», Gen 12.11ss et 20.2ss. Sara a dû apprendre à accepter son mari tel qu’il était, avec ses défauts et ses qualités: c’est ainsi que l’on se marie «pour le meilleur et pour le pire»! Sa conscience des imperfections de son mari n’a pas empêché Sara de l’appeler (derrière son dos) mon seigneur, Gen 18.12: (c’est bien abusivement que la Bible dite de la Colombe écrit ici «Seigneur» avec une majuscule).
Mais Sara était aussi «princesse» pour Dieu. En effet, la vraie noblesse est celle du cour et de l’esprit, et cette sainte femme avait une vocation royale: les rois de plusieurs peuples sortiront d’elle, Gen 17.16. Dieu étant Roi de toute la terre, la vocation divine est royale en soi, Ex 19.6; 1 Pi 2.9: Vous êtes un sacerdoce royal. Sara a montré cette noblesse d’ esprit en tenant pour fidèle celui qui avait fait la promesse, Héb 11.11, et, ce qui revient au même, en espérant en Dieu, 1 Pi 3.5. Elle avait donc sa propre foi réelle et personnelle: sa vie spirituelle n’ était pas uniquement à la remorque de son illustre mari, «l’ami de Dieu». Mais comme lui elle n’était pas parfaite, ainsi que le montre son incrédulité à la bonne nouvelle de l’annonce de la naissance future d’Isaac, Gen 18.12, et son mauvais traitement envers Hagar , Gen 16.6.
Sara est aussi une «princesse» pour nous, puisque la Bible nous la présente comme une sainte femme, 1 Pi 3.5, et fait mention honorable de sa foi et de son espérance. Elle a sa place dans la galerie des portraits des saints de l’ancienne alliance, dans Héb 11.11-12. Nous devons honorer de tels personnages en imitant leur foi. Pour David, les saints étaient des princes, Ps 16.3.
Sara prophétesse (à son insu)
Ce qualificatif vous surprend peut-être, mais il est justifié par les faits rapportés en Gen 21.10, où les propos de Sara sont ceux de l’Ecriture, Gal 4.30. Nous voyons ici que le fait de respecter son mari ne faisait pas de Sara une carpette, ni ne lui interdisait d’exprimer avec force son désaccord éventuel avec son prophète de mari, dont la réaction ici n’était pas inspirée! En réalité, l’Esprit de Dieu poussait Sara à prononcer une profonde et permanente vérité spirituelle, à savoir que l’héritage du monde à venir est réservé à ceux qui sont libérés par la foi en Christ, le Fils de la promesse, et refusé aux esclaves spirituels qui comptent encore sur leurs propres vains efforts pour se justifier devant Dieu: c’est ce que Paul nous explique à la fin de Gal. 4.
Ajoutons cependant ceci: Sara fut semble-t-il prophétesse uniquement à cette occasion-là, alors que son mari l’était habituellement, Gen 20.7. Par conséquent, on ne saurait justifier la prédication féminine à partir de ces textes. Elle a prophétisé une seule fois (pour autant que nous le sachions), dans le privé, et à son insu. Elle ne ressemblait pas à cette femme de pasteur que nous avons connue; elle croyait «avoir le don de prophétie», et les mauvaises langues disaient: «le pauvre mari n’avait plus qu’à se taire quand «l’esprit» la saisissait» !
Sara prototype
Ainsi Sara est devenue le prototype des «saintes femmes», I Pi 3.5, données en exemple aux épouses chrétiennes, que leur mari soit chrétien ou non. Quel que soit le comportement du mari, la femme chrétienne est appelée à manifester en toute circonstance un esprit doux et tranquille, I Pi 3.4. Cela n’est possible que par la puissance de l’Esprit de Christ et c’est bien plus précieux aux yeux de Dieu que tous les militantismes qui fleurissent. A l’instar de Sara, la femme chrétienne n’a pas besoin de s’affirmer à tout prix: elle peut compter sur Dieu pour révéler à son mari, d’une façon ou d’une autre, ce en quoi elle a raison contre lui, Gen 21.10-12, lorsqu’elle aura exprimé son avis avec autant de douceur que de fermeté !
Dieu lui-même sera son refuge contre les inconséquences de son mari, comme Sara en a fait la preuve en étant délivrée de la maison de Pharaon et ensuite d’ Abimélek, Gen 12.19 et 20.14. Sara fut fidèle, persévérante, travailleuse et avait bon caractère, Gen 18.6. Elle n’a pas demandé à son mari pour qui il se prenait lorsqu’il lui a dit un peu rapidement: Vite, pétris et fais des gâteaux! Elle entretenait sa propre communion avec Dieu, parallèlement à son mari, ce qui lui a permis, le moment venu, de croire à «l’incroyable» devant le Dieu de l’impossible. L’Ecriture affirme même que c’est sa foi qui lui a permis d’ enfanter: c’est dans la tête, ou dans le coeur, que se joue l’essentiel! (Héb 11.11)
Le ministère de Sara a donc consisté à seconder son mari en toutes choses et ensuite à élever pour Dieu Isaac, le fils de la promesse. Personne, homme ou femme, ne pourrait prétendre prophétiser comme Sara l’a fait dans Gen 21.10b, car l’Esprit de Dieu a bien voulu inclure ses paroles dans l’Ecriture, à laquelle il n’y a plus rien à ajouter, Apoc 22.18. Nous ne devons jamais oublier que dans la Bible nous avons affaire à des gens inspirés, ce qui n’ est plus le cas aujourd’hui. Sara s’est contentée de respecter l’ordre créationnel où il a plu à Dieu de faire de l’homme le chef du foyer, privilège redoutable qui augmente d’ autant sa responsabilité
Priscille, Servante du Seigneur, Epouse d’Aquilas
a) Un couple itinérant
1. Le monde n’a pas attendu le 20e siècle pour connaître des «personnes déplacées»: ce fut le sort des Juifs à maintes reprises et en particulier de ceux qui séjournaient à Rome à l’époque de l’empereur Claude (Act 18.2). D’aucuns se seraient apitoyés sur leur sort: Aquilas et Priscille étaient d’une autre trempe. Ils étaient probablement déjà convertis à Christ et savaient qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre et qu’ils pouvaient donc servir le Seigneur aussi bien à Corinthe qu’à Rome, malgré le fait qu’il n’ y avait pas encore d’église et que la ville était connue pour son immoralité: «faire le Corinthien» était alors une expression populaire qui voulait dire: mener une vie dissolue.
2. Dans le grand port mouvementé de Corinthe, ils ont trouvé l’occasion d’exercer leur métier de fabricants de tentes et ils ont fait la connaissance de Paul (Act 18.2-3), qui avait le même métier et qui élut domicile chez eux, avec leur plein accord, bien entendu: quel privilège que de donner l’hospitalité à l’Apôtre des nations! Sa présence sous leur toit a dû être pour eux une très grande bénédiction qui leur a permis de beaucoup grandir dans la foi, car ils ont reçu un «ange», c’est à dire un envoyé du Seigneur. Soit dit en passant, ce métier était très dur. Avez-vous déjà essayé de percer le cuir avec une aiguille?
3. Un peu plus loin (Act 18.18, 19), nous les retrouvons à Ephèse, où Ils ont accompagne l’Apôtre et où ils sont restés pour préparer son retour en vue d’un séjour prolongé qui allait permettre l’établissement d’une église importante; sans doute la plus grande d’Asie (notre Asie Mineure, la Turquie actuelle ). Plus tard, dans I Cor 16.19, nous les retrouvons à Ephèse avec une église dans leur maison! Il est évident que les premiers chrétiens n’avaient pas de lieu de culte particulier et par conséquent ils se réunissaient les uns chez les autres, là où l’on disposait d’un local assez grand et de gens suffisamment solides pour les recevoir, comme ce fut le cas de notre couple fidèle. Plusieurs d’ entre nous peuvent témoigner des bénédictions reçues dans des circonstances analogues (toute pro- portion gardée).
4. Plus tard, nous les retrouvons de retour à Rome (Rom 16.3) et il est précisé encore une fois qu’une partie de l’église locale se réunissait chez eux. Nous ignorons si Dieu a donné des enfants à ce couple mais en tout cas, il ne fait pas de doute qu’ils avaient de nombreux enfants spirituels! Il n’est pas facile à une femme, qui gagne durement sa vie, d’exercer l’hospitalité et encore moins de recevoir l’église chez elle; nous sommes frappés et édifiés par l’engagement total de ce couple dans l’oeuvre du Seigneur.
5. Finalement, notre couple est mentionné pour la dernière fois (toujours inséparable) dans 2 Tim 4.19, de nouveau à Ephèse. Comme ils sont les seuls à être salués, il est bien possible que l’église, ou une partie de celle-ci, se soit réunie encore une fois dans leur maison.
Nous voyons donc un couple d’artisans, relativement prospère, et habitant successivement plusieurs maisons (à Rome, Corinthe et Ephèse) assez grandes pour recevoir l’église ou du moins une partie de celle-ci. Il est possible qu’ils aient employé eux-mêmes des ouvriers, puisqu’ils ont pu intégrer Paul dans un travail d’équipe à Ephèse.
b) Leur ministère et surtout celui de Priscille
1. Comme nous l’ avons déjà laissé entendre, le ministère particulier de Priscille consistait avant tout dans l’exercice du devoir sacré de l’hospitalité. Paul a été le premier à en bénéficier (pour autant que nous le sachions), suivi par Apollos (Act 18.3, 26). Le foyer est le cadre idéal pour des entretiens spirituels, car l’hospitalité permet de montrer pratiquement l’amour chrétien dont on est appelé à parler: on a bien dit que la vérité est la conformité de l’acte à la parole!
2. Ce ministère de l’hospitalité était exercé non seulement envers des individus, mais vis-à-vis de l’ église collectivement. A Corinthe: on a suggéré que Priscille et Aquilas étaient trop à l’étroit pour recevoir l’église chez eux, puisque nous lisons dans Act 18.7 que Paul annonçait l’évangile dans la maison de Titius Justus. A Ephèse: même scénario (Act 19.9), Paul enseigne l’évangile dans l’école de Tyrannus; mais dans I Cor 16.19, Paul transmet aux Corinthiens les salutations d’Aquilas et de Priscille, ainsi que de l’église qui est dans leur maison: il s’agit d’une partie au moins de l’église d’Ephèse, d’où Paul écrit. A Rome: ils accueillent encore une partie de cette grande église dans leur maison, Rom 16.5. De nouveau à Ephèse: 2Tim4.19, il est bien possible que leur logement ait encore servi à réunir une partie au moins de l’église.
3. L’enseignement. C’est donc dans le cadre familial que Priscille est associée à son mari en enseignant plus exactement Apollos dans la voie de Dieu, Act 18.26. Il est évident que la voie de Dieu est celle de l’Evangile qui comprend non seulement le baptême de Jean (Act 18.25), mais aussi et surtout celui du Saint-Esprit, la réalité spirituelle dont le baptême d’eau est l’emblème. Soit dit en passant: il fallait une certaine envergure spirituelle et intellectuelle pour instruire un Apollos! -voir Act 18.24,25.
4. On voit une continuité dans l’intérêt que portaient Priscille et Aquilas à leurs frères et soeurs en Christ, en ce que, des années après leur départ de Corinthe, ils saluent encore «beaucoup» les chrétiens qui s’y trouvent (1 Cor 16.19). Ainsi ils ont su éviter le piège trop humain qui consiste à oublier ses anciens amis. La vraie amitié, c’est pour la vie et, dans le cas des chrétiens, pour l’ éternité! On a vraiment de la chance…
5. a) Paul a pour eux la plus haute estime, puisqu’ il les met en tête de ses salutations dans Rom 16 et les présente comme ses compagnons d’oeuvre en Christ Jésus: c’est à dire, il les place pratiquement au niveau apostolique! Et on sait à quel point il pouvait être exigeant vis-à-vis de ses collaborateurs ».
b ) Ils avaient risqué leur vie pour Paul, Rom 16.4, sans doute à Corinthe (Act 18. 12ss)ou à Ephèse (Act 19.23ss) -ou les deux! Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses frères, nous dit le Seigneur, Jn 15.13.
c) Par conséquent, ils avaient une excellente réputation dans toutes les églises d’origine païenne (Rom l6.4b).
Conclusion: Nous remarquons que, dans la moitié des 6 mentions de ce couple, Priscille est nommée avant son mari. Etait-elle plus éminente, plus instruite, plus spirituelle? Nous l’ignorons: toujours est-il qu’il arrive à Paul comme à Luc (Actes) de lui accorder cette priorité. Cependant elle oeuvre humblement aux côtés de son mari, et c’est en cela qu’on voit sa vraie grandeur. Elle a compris à l’école de Christ qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir et que, pour être grand, il faut devenir petit.
J’ai fréquenté l’église dès le berceau et, chaque dimanche depuis ma naissance, j’ai assisté à deux cultes. J’ai grandi sans jamais mettre en doute le fait que j’étais chrétienne, fréquentant une église chrétienne dans un pays chrétien et vivant une vie chrétienne.
Je n’avais jamais lu la Bible et personne ne m’avait encouragée à croire en sa véracité ou à m’y référer pour diriger ma vie. J’aimais le monde et vivais selon ses principes, ce qui ne me paraissait nullement incompatible avec mes convictions «chrétiennes». D’ailleurs, à l’Ecole Normale, on me félicita de pouvoir étudier les matières religieuses sans pour autant renoncer à d’autres choses.
Lorsque, poussée par le Saint Esprit, je naquis de nouveau, lorsque je compris que j’ étais pécheresse, que le Seigneur Jésus était celui qui avait été condamné à ma place afin que Dieu me considère «non coupable», je fus remplie de la joie et de l’émerveillement que procure le salut. C’est pourquoi j’étais heureuse de profiter de la moindre occasion pour témoigner de ce changement. Du haut de mes vingt ans, pleine d’ enthousiasme, je proclamais avec ferveur l’Evangile à la chaire d’églises de campagne aussi bien que dans les assemblées de grandes villes.
Cette nouvelle vie et cette joie dans le Seigneur s’accompagnèrent d’un amour profond pour sa Parole et de la conviction inébranlable que la Bible était entièrement vraie. A tel point que je sentais pouvoir parler comme Marie en Luc 1.38: Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. Par la grâce de Dieu, je peux dire que ce désir n’a pas quitté mon coeur durant ces quarante dernières années.
Lorsque j’ai lu des passages tels que I Timothée 2 v.9 à 15, où l’apôtre Paul demande aux soeurs de ne pas enseigner la Parole, j’ai aimé la vérité et voulu obéir. J’ai dit, aux pasteurs qui m’avaient encouragée à prêcher, ce que j’avais appris de la Parole. Ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour me détourner de mes nouvelles convictions. Avec des larmes j’ai maintenu que le Seigneur m’avait convaincue de ne plus prêcher. Quel miracle de la grâce s’est opéré en mon coeur pour que je veuille plaire au Seigneur plus qu’aux hommes !
Quarante ans plus tard, dont trente-six passés auprès d’un excellent mari, homme de Dieu, je peux dire très sincèrement que j’ai expérimenté la félicité qui provient de l’obéissance à la Parole de Dieu, dans tous les domaines pour lesquels les femmes ont une vocation particulière. Je me suis sentie vraiment aidée par Proverbes 31 v .10- 31.
La vérité m’a rendue libre -libre d’être ce que Dieu a voulu pour moi -libre de jouir de la satisfaction et du sentiment de plénitude que je ressens en faisant ce que Dieu m’a donné à faire, selon sa Parole.
Comme W. Edgar l’a indiqué dans son article de la Revue Réformée (1990/1 ), la question du pastorat féminin est complexe, car elle exige la prise en considération de nombreux éléments imbriqués entre eux. Le danger est de commettre des erreurs de classement en affectant un élément à une autre catégorie que la sienne et, ainsi, de lui reconnaître une fonction indue. Tel est souvent le cas pour Galates 3.28: Il n ‘y a plus ni homme ni femme…, texte qui traite du statut des fils de Dieu par la foi (3.25) et non pas de la structure ministérielle dans l’Eglise; cette dernière interprétation suppose, en effet, que ce verset soit extrait de son contexte.
Questions méthodologiques
Comment aborder les textes spécifiques du Nouveau Testa- ment qui semblent -c’est du moins ainsi que la tradition de l’Eglise l’a compris -ne pas admettre la femme aux offices de pasteur et de conducteur d’Eglise? La plupart des avis émis sur le pastorat féminin s’appuient sur des principes généraux. Par exemple, on peut entendre des arguments en faveur du pastorat féminin qui font référence:
-à l’égalité de l’homme et de la femme,
-au changement intervenu dans la conception de l’autorité depuis l’époque apostolique,
-au scandale que commet une Eglise en n’acceptant pas que des femmes accèdent aux postes de responsabilité alors qu’elles le peuvent partout dans la société,
-à la nature de l’Eglise qui doit être conforme au Royaume à venir et non au monde avec ses pratiques humaines…
Ainsi l’on affirme:
a) que les textes spécifiques du Nouveau Testament n’interdisent pas le pastorat féminin, comme on l’a pensé. Mais affir mer n’est pas prouver: la charge de la preuve appartient, comme il est normal, à ceux qui veulent innover et non à ceux qui ne le souhaitent pas. il faut montrer que les textes qui parlent du rôle de la femme dans l’Eglise signifient le contraire de ce que l’on a pensé jusqu’ici;
b) que l’apôtre est bien de son époque ou, autrement dit, que l’esprit de son temps a façonné sa mentalité en ce qui concerne le ministère de la femme. Cette dernière affirmation n’ est pas sans implication sur le statut de l’Ecriture et son autorité; elle infère qu’il y a dans l’Ecriture des principes généraux qui ne s’ appliquent pas dans certains cas, ou même qui sont en conflit avec certains textes particuliers. Le particulier est, en conséquence, mis de côté au profit du principe général qui, lui, exprimerait l’esprit de l’Evangile. En d’autres termes, concrètement, un aspect de l’enseignement biblique est sélectionnée par l’interprète et devient sa grille de lecture;
c) que le relativisme culturel est décisif. De même que l’Ecriture se conforme à son époque, nous devons aussi nous y conformer. Cet argument est à double tranchant! Qu’arriverait-il si s’instaurait une nouvelle «époque victorienne» accordant à la femme un rôle opposé à celui que nous lui connaissons aujourd’hui? J’ai peine à croire, que la plupart des partisans actuels du ministère pastoral de la femme suivraient cette évolution pour cause de relativisme culturel. Ils maintiendraient le pastorat féminin. Alors, pourquoi l’apôtre n’aurait-il pas pu être fidèle à son «principe fondamental» de l’égalité, contre l’esprit de son époque, si d’autres peuvent l’être? Ceci met bien en évidence que les arguments culturels, ou de contextualisation, ne sont pas déterminants dans cette discussion. Le fond du problème est ailleurs et correspond à l’idée qu’il y a une contradiction, une inconséquence ou une non-application pratique des principes généraux dans l’Ecriture ou chez Paul.
Il y a, sans doute, une part de vérité dans la référence qui est ainsi faite à ces principes. Il est certain que, comme point de départ dans un débat, les textes du Nouveau Testament qui traitent du ministère et, en particulier, du rôle ministériel de la femme, peuvent sembler peu plausibles. cependant, il convient de veiller à ne pas utiliser les principes énumérés ci-dessus de telle manière que soient mises de côté, que soient obscurcies ou contredites les affirmations claires des textes sur la nature du ministère dans l’Eglise. Ce sont ces derniers textes, et non pas des principes généraux mal utilisés, puisqu’en contradiction apparente avec eux, qui doivent déterminer notre point de vue.
En effet, quand on commence avec des considérations générales pour les appliquer par la suite à ce qui parle spécifiquement du ministère, on interprète ces textes dans une lumière qui n’est pas naturelle.
1. Comment savons-nous quel aspect de la «contradiction» de l’apôtre (ou de l’Ecriture ) est le plus conforme à l’Evangile? L’apôtre se réfère au principe en Christ aussi bien quand il affirme l’égalité de l’homme et de la femme en Galates 3.26, que lorsqu’il évoque la subordination de la femme à l’ homme en Ephésiens 5. L’apôtre semble penser que les deux réalités sont en accord avec l’Evangile.
2. De quelle nature est l’autorité de l’Ecriture dans cette démarche ? Elle est comme annulée et le principe de l’analogie de la foi est rejeté. Si nous choisissons nous-mêmes quelle partie ou quel principe biblique nous voulons respecter, nous supplantons l’Ecriture et nous nous arrogeons son autorité.
Ainsi, la vraie question, dans le débat sur le ministère de la femme, n’est pas celle de la culture ou du contexte social, mais celle de l’autorité même de l’Ecriture dans notre herméneutique. L’enjeu de cette question déborde largement le sujet de cet exposé et s’étend, par exemple, à la sexualité, à la famille ou au rôle de l’Etat.
Approche herméneutique des textes
En 1 Corinthiens 11.5, Paul évoque les femmes qui prient et qui prophétisent et, en 1 Corinthiens 14.34-35, il leur impose la règle du silence, comme aussi en 1 Timothée 2.11-12. Pourquoi cette interdiction, si une femme peut prophétiser? Le premier texte a été utilisé en faveur du ministère pastoral de la femme et le deuxième à son encontre.
Cette contradiction apparente est placée dans la même épître:
-elle ne peut donc pas s’expliquer en alléguant l’origine non-paulinienne du texte comme on le fait pour la première épître à Timothée;
-elle ne peut pas l’être non plus en disant que l’apôtre traite de situations et de coutumes locales différentes. Dans les deux cas, il est question de la prophétie et l’apôtre indique une pratique uniforme dans les Eglises (11.16 et 14.33). De même, en 14.34, Paul se réfère à la LOI en général, chose inhabituelle pour lui, comme il le fait, de façon plus spécifique, en 11.8-9. L’enseignement est universel et non local, avec des références à «tout homme» et à «toute femme» et à ce qui est «malséant» dans l’Eglise (11.4-5; 14.35).
Quel rapport y a-t:.il entre les deux passages de I Corinthiens? Les parallèles indiquent que les deux passages traitent la même question. il me semble que le texte du ch. 14.34-35 expose brièvement ce que l’apôtre a développé de façon détaillée en I Corinthiens Il. Aussi discerner un conflit entre les deux est-il le signe d’une mauvaise lecture. Quelles règles herméneutiques convient-il d’appliquer?
-I Corinthiens 14 est soutenu par I Timothée 2, ce qui lui donne, sur I Corinthiens Il, préséance de «poids» dans l’interprétation;
-I Corinthiens 14 est plus clair que I Corinthiens 11, dont la lecture est très difficile;
-I Corinthiens 11 doit donc être abordé à la lumière du ch. 14, et non le contraire.
Le rapport entre I Timothée 2.9-15 et I Corinthiens 14 et 11.
Dans le premier texte, l’ apôtre dit à Timothée comment il doit conduire une réunion publique dans l’Eglise. Son instruction concerne non seulement l’Eglise d’Ephèse, mais l’Eglise partout (2.1, 8). 1 Timothée 2.9-15 se réfère ainsi au culte public. Si tel n’était pas le cas, il y aurait une contradiction avec 1 Corinthiens 14, où l’apôtre distingue entre le silence à observer dans les assemblées et la discussion ailleurs, en particulier, à la maison. La prière dans le culte est conduite par un homme (aner). Ces indications sont données avant l’enseignement relatif à la fonction de «1’episkopos» qui doit être le mari d’une seule femme et qui prend soin de l’Eglise de Dieu, l’assemblée (3.5).
Qu’apprend-on au sujet des femmes?
-en premier lieu, leur statut social est indiqué. Il s’agit de femmes riches, qui pouvaient prétendre, en Asie Mineure, obtenir des positions importantes dans la société, y compris celle de grand prêtre du culte impérial, position occupée aussi par des hommes. Dans nos sociétés modernes, les distinctions s’expriment en termes de nation, de race et de sexe, principalement, alors que, dans l’antiquité, elles concernaient la classe sociale et la richesse.
-à ces femmes riches (voir aussi 1 Pi 3.3), de position sociale peut-être plus élevée que l’episkopos, l’apôtre donne des indications précises:
a: que la femme s’instruise en silence en toute soumission
b. je ne permets pas à la femme d’enseigner
b. ni de prendre autorité sur l’homme
a. mais qu’elle demeure dans le silence.
c. Car Adam… (la raison est donnée).
-l’attitude de la femme doit être celle d’un esprit paisible (hesychia), ouvert à l’instruction, ce qui est bien différent de l’observation du «silence» pour lui- même. Vis-à-vis de qui doit-elle faire preuve d’une entière soumission? De son mari ou de l’enseignant? Dans le cadre du culte, dont il est question ici, il s’agit de celui qui est apte à l’enseignement (2.12 et 3.2). La femme, quant à elle, ne doit pas enseigner; cette fonction est, dans les épîtres de Paul, celle de l’ancien (I Tim 4.11; 2 Tim 2; Tite 1.5, 9). «Didaktikos» est quasiment synonyme de «presbyteros» et «d’episkopos». Ceci nous conduit à estimer que la femme ne doit pas enseigner, comme ancien, au sens de conducteur de l’assemblée, celui qui officie dans le culte public. Ce serait exercer une autorité sur l’homme dans l’Eglise. (J’imagine que, dans l’Eglise d’Ephèse, il y avait des femmes de culture élevée qui, occupant une position sociale importante, pensaient pouvoir accéder à cette charge).
Venons-en à I Corinthiens 14 et 11. Le chapitre 11 a deux parties. Dans les vv. 1 et 2, Paul loue les Corinthiens d’avoir suivi ses recommandations. A partir du v.17, en revanche, il s’y refuse, car ils ne l’ont pas fait. Nous voyons ainsi l’apôtre aborder le même sujet de façon négative et positive. Ce ch. 11 marque le commencement d’une nouvelle section dans l’épître. La deuxième partie du ch. 11 concerne le culte public, comme aussi les ch. 12- 14. La première partie du chapitre traite aussi du culte et des attitudes d’ hommes et de femmes dans l’assemblée. Le verset 2 parle de «traditions» et, à la lumière de 11.1 et de 11.23, nous comprenons qu’il s’agit de traditions dont l’origine remonte à la pratique et à l’enseignement de Jésus. C’est pour cette raison que l’apôtre ne reconnaît aucune autre coutume dans l’Eglise (11.16).
Comment comprendre le parler de 14.34 et 35? Trois solutions sont possibles:
a) ou bien l’apôtre interdit aux femmes de prendre la parole sous quelque forme que ce soit: langue, prophétie ou prière. La difficulté réside, ici, dans le fait que le désir de parler en langues ou de prophétiser est général, commun à tous et autorisé pour tous.
b) ou bien l’action de parler est un bavardage des femmes dans l’assemblée. Mais cette acception du mot n’existe que dans le grec classique et jamais dans celui du Nouveau Testament.
c) ou bien le parler en question est spécifique, lié à l’exercice de l’autorité dans l’assemblée et correspond à l’enseignement dispensé au cours du culte public devant toute l’Eglise assemblée. Au ch. 14, Paul fait allusion au ch. 11.
1 Timothée 2 et 1 Corinthiens 11 parlent du culte de l’Eglise. Dans 1 Timothée 2 et 3, la femme ne doit pas occuper la charge «d’episkopos-didaktikos», assumer l’office de celui qui conduit l’ assemblée dans la prière, la prophétie et l’instruction. Le fait que l’apôtre fait référence à la soumission et à la loi dans 1 Corinthiens 14 indique que son argument concerne non pas n’importe quelle façon de parler, mais le fait de parler quand on a une position de responsabilité (ou d’autorité). Ceci ne veut pas dire, bien sûr, que la femme ne peut pas prier ou prophétiser. La restriction concerne ces fonctions exercées officiellement par le responsable de l’assemblée. Si tous peuvent prophétiser selon 1 Corinthiens 14.23- 24, il s’agit ici d’un charisme donné à tous et qui n’implique pas une position d’autorité dans l’assemblée. 14.33b renvoie à 11.16 et aux traditions établies (voir aussi la question rhétorique dans 14.36). Dans ce cas, le silence des femmes indique non les charismes, mais la charge de conduire l’assemblée.
Interprétation de l Corinthiens 11 à la lumière de 1 Corinthiens 14
Comment comprendre la complémentarité des chapitres Il et 14 de I Corinthiens?-L’apôtre expose tout d’abord des principes généraux d’autorité: Christ-homme; homme-femme (3).
-La suite développe ce point. L’homme ne doit pas nier son autorité principale en dissimulant son chef, sa tête, matériellement. Quand il prie et prophétise, il occupe une position d’autorité, de chef. Ainsi prier et prophétiser sont des fonctions d’autorité, liées au rapport Christ-homme I homme-femme qui nécessitent un chef non-couvert (4).
-Si une femme occupait une telle position, elle devrait se présenter le chef non couvert (5). Mais cela serait refuser l’autorité de l’homme (voir Nom 5.18). Cela équivaut à être rasée; cela déshonore la femme (pensons au sort des collaboratrices des nazis à la Libération). Dire que la femme ne doit pas avoir la tête découverte revient à dire qu’elle ne doit ni prier, ni prophétiser en occupant une position de responsabilité à la place de l’homme. Ce serait renverser l’ ordre homme-femme du v.3.
-A partir du v. 7, l’ apôtre aborde la même question d’un autre point de vue. Au commencement, l’homme a été créé pour occuper une position de responsabilité, comme image de Dieu (8,9). La femme, elle aussi image de Dieu, à titre égal, a été créée comme vis- à-vis de l’homme et l’exercice de sa responsabilité est seconde par rapport à celle de l’homme (10). Au plan humain, ceci reflète la structure «Dieu-Christ» qui existe en Dieu. Cependant l’apôtre n’ignore pas que, depuis la Chute, le danger de la tyrannie masculine existe et, pour cette raison, il affirme (11) que l’homme n’est pas sans la femme, comme le Père n’est pas sans Christ. Egalité de nature, diversité de fonctions et de rôles sont à l’ordre du jour…
-au v. 13, l’apôtre revient à son propos principal. Le rapport homme-femme est créationnel. La nature pour Paul indique toujours un ordre de création. Il n’est pas naturel pour la femme de se présenter le chef non-couvert, c’est- à-dire de prier ou prophétiser avec autorité comme le fait l’homme-responsable de l’assemblée. Les cheveux longs, non déliés, lui servent de couverture naturelle (ce voile n’est pas un foulard mais plutôt un chignon. Il est très peu probable que, dans les cités grecques, les femmes aient porté le voile oriental).
-l’ensemble de ce passage s’accorde bien avec le ch. 14 où Paul expose les règles à observer pour parler dans l’assemblée. Tous peuvent parler selon leur charisme; mais la femme doit se taire, c’est- à-dire, ne pas parler comme si elle était un officiant: ce serait une marque d’insoumission (14.34).
Les raisons de l’apôtre Paul
Les textes examinés se réfèrent à la Genèse. Si l’on prétend que l’apôtre argumente ainsi en raison de son époque, selon une conception révolue de l’autorité, que ses enseignements sont de circonstance ou qu’il a mal compris la Genèse, on oublie quelle est sa raison fondamentale.
Si l’ apôtre avait recommandé aux femmes de rester dans le silence sans donner de raison, il aurait été possible, à la limite, de considérer ses paroles comme circonstancielles, mais tel n’est pas le cas: il s’exprime en faisant référence à la création:
-en 1 Corinthiens 11v.8-9, il évoque l’ordre et le but de la création de la femme;
-en 1 Timothée 2.13-14, il rappelle que l’homme a été formé le premier et que la femme a été séduite et non l’homme.
Le parallèle est évident. L’apôtre se réfère non seulement à la chute mais à l’intention de Dieu à l’origine. Ces modèles sont considérés comme valables pour l’ordre de l’Eglise.
Quelle importance ces textes bibliques ont-ils pour la notion de l’autorité dans l’Eglise?
-Dieu est le chef du Christ incarné, comme l’homme est le chef de la femme. Il y a une dépendance mutuelle, mais aussi un ordre. Le principe de «primauté» est le fondement de l’autorité. La restauration après la chute inclut également celle de la primauté de l’homme (Gen 3.16,20). En conséquence, si une femme exerce l’autorité sur l’homme, elle fait abstraction du principe créationnel et celui de la restauration institués par Dieu, c’est-à-dire de sa fonction même.
-Le fait qu’Eve et non Adam ait péché est accessoire. Adam a été formé le premier… et il n’a pas été séduit. ..La séduction à laquelle Eve a succombé n’est pas le signe d’une faiblesse féminine, mais l’ expression d’un renversement de la structure d’autorité établie par Dieu et fondée sur la primauté de l’homme. Voilà pourquoi l’apôtre parle du péché d’Adam; c’est Adam qui assume la responsabilité du couple.
L’apôtre considère que la structure d’autorité instaurée à la création est valable pour l’Eglise; elle doit être adoptée et transformée par la grâce de Christ, aussi bien au sein du peuple de Dieu que dans le couple chrétien. Le modèle de l’incarnation Dieu-Christ complète le modèle de la création (11.3 et 8). Le rapport homme- femme relève des deux.
Rôles, autorité et valeur
Très souvent, on se réfère à la valeur que Jésus reconnaissait aux femmes ou à leurs dons, comme ceux de prophétie et de service mentionnés dans le livre des Actes, pour conclure que l’enseignement de Paul sur l’autorité de l’«episkopos» doit être transcendé. En effet, refuser l’exercice du ministère d’autorité à la femme ne revient- il pas à considérer celle-ci comme dénuée des qualités nécessaires et donc comme inférieure à l’homme? Cette question est mal posée car, dans le Nouveau Testament, une différence d’ordre n’implique pas une différence de valeur. De plus, cet argument porte en lui un cléricalisme larvé non-biblique, puisqu’il suggère également que tout homme ayant une responsabilité de direction dans l’Eglise est supérieur aux autres. La Bible s’en prend souvent à ceux qui ont des positions d’autorité politique, sociale ou religieuse en soulignant l’insuffisance de leurs qualités profondes et elle établit un contraste, à cet égard, entre eux et les sans-puissance. L’exhortation de Christ à rechercher non pas l’autorité mais le service ouvre une autre voie.
L’apôtre Paul tient en grande estime la femme et son service (Rom 16) tout en s’opposant au pastorat féminin. La valeur que l’ on a et l’ estime dont on bénéficie n’ aboutissent pas nécessairement à l’octroi d’une position d’autorité. W. Edgar souligne la distinction nécessaire entre, d’une part, les dons et les charismes et, d’autre part, la vocation et l’ordre dans l’Eglise. Ce que Paul dit sur le rôle des femmes ne concerne pas leurs capacités, mais sa vision de leur vocation. La question n’est pas de savoir si les femmes ont les capacités pour être pasteurs, mais de discerner si, selon la Bible, c’est leur vocation. Paul répond que les femmes n’ont pas cette vocation.
La femme, sans aspirer à devenir responsable de l’Eglise, doit accomplir sa vocation créationnelle de vis-à-vis (qui comprend, mais ne se limite pas, à celle d’épouse et de mère de famille, à laquelle est associée son «salut»: 1 Tim 2.15). La personne de l’«episkopos» doit renforcer le principe fondamental du couple, non le contraire. L’exercice par une femme de l’ autorité sur les hommes-époux dans l’Eglise implique un renversement de la structure de responsabilité au sein du couple et des familles de l’Eglise; il dévalorise, en même temps, la maternité des femmes qui sont mères. «Le souci de Paul n’est pas culturel et superficiel. Ce qui se passe dans l’Eglise ne doit pas renverser ou dévaloriser les rôles et donc les relations, enracinés dans la création de Dieu, qui appartiennent respectivement aux hommes -époux et pères -et aux femmes -épouses et mères.» (Barrett dans Evangelical Quarterly, 1989,237)
Conclusion
Ces textes bibliques n’ont pas pour contexte la culture, mais la création et la christologie. Ils sont donc transculturels et, ainsi, ne se périment pas dans l’Eglise, où l’ordre créationnel n’est pas gommé, mais restauré et purifié. Ils indiquent que le rôle d’autorité et d’enseignement dans le culte public incombe à l’homme et que la femme ne peut pas y accéder sans déshonorer son «chef».
Ils ne traitent pas de coutumes locales, mais de traditions qui remontent à Jésus ou, au moins, aux apôtres; ils sont donc d’application générale: pour toute l’Eglise. Ils ne dévalorisent pas la femme, car ils concernent non sa nature, mais sa fonction. Les respecter ouvre, au contraire, la voie à l’ exercice d’une diversité de ministères, autres que celui de conducteur-pasteur, qui soient utiles et bienfaisants pour toutes et tous dans l’Eglise.
S’écarter de l’enseignement biblique à cet égard me semble grave pour deux raisons:
-ce serait modifier le fondement apostolique de l’Eglise;
-ce serait permettre que s’établissent de nouvelles structures de relations entre les femmes et les hommes dans les autres domaines de la vie, surtout dans la famille, au sein de laquelle la subordination de la femme n’est rien moins qu’un modèle de comportement christique… comme c’est aussi le cas dans l’Eglise;
-ma conviction en ce qui concerne le pastorat féminin est fondée sur trois textes, interprétés selon l’analogie avec d’autres textes bibliques (avant tout ceux de la Genèse, Ephésiens 5 et 1 Pieue 3.1- 7) traitant le rapport créationnel homme-femme et la nature du ministère consacré. Ce fondement, s’il peut sembler mince, est néanmoins largement suffisant. Aucun texte sur le ministère dans l’Eglise permettant aux femmes de devenir anciens-enseignants ne lui est, en effet, opposable. Est-il permis de modifier les structures de l’Eglise sans une raison biblique explicite (voir 1 Corinthiens 14.36-38)?
Arguer du silence de l’Ecriture sur le pastorat féminin ne revient-il pas à supposer que celle-ci est insuffisante sur ce sujet? Pouvons-nous remplacer son message explicite pour des raisons «culturelles et sociologiques» , finalement très faibles, sans contrecarrer l’autorité de l’ Ecriture sur ce point? N’est-ce pas en adoptant une herméneutique relativiste sur une question que nous nous ouvrons au pluralisme sur toutes les autres?
CHRONIQUE DE LIVRE
Editions : Editions Emmaüs, CH -1806 St Légier
I. La partie historique (Chap. 1-6)
A. Kuen brosse un tableau de la femme dans l’ A. T ., en présentant le plan créationnel de Dieu, puis la conception juive et les coutumes qui s’y rattachent. Dans les Evangiles, l’attitude de Jésus révolutionne la conception de la femme dans la société juive. Il leur enseigne les vérités spirituelles (initiative inconcevable pour un juif). Elles l’accompagnent dans tout son ministère, elles le suivent jusqu’à la mort et sont les premières à le voir ressuscité.
La femme dans l’église primitive participe à toutes les activités: baptême, Cène, prière, messages inspirés par l’Esprit, services pratiques, collaboration à l’oeuvre de Dieu.
2. Les points litigieux (chap. 6 à 12)
Trois textes relatifs à la femme sont examinés à la loupe. Il s’agit de
-1 Corinthiens 11.2-16; 14:33-38;
-1 Timothée 2:9-15.
Ce sont des passages difficiles à comprendre. Il faut les approcher à la lumière de textes plus clairs, comme par ex. Galates 3.28 (en Christ, plus ni hommes ni femmes…). Cette section aborde les thèmes suivants:
-La prière et la prophétie
-La tenue de la femme
-«Que les femmes se taisent dans les assemblées» -La femme et l’enseignement
-La femme et son autorité sur l’homme
-La femme et son autorité dans l’église
Certaines réflexions ressortent pour chacun de ces sujets: L’autorité appartient au Seigneur qui l’exerce par sa Parole, par tous ceux qui lui appartiennent, spécialement par les anciens, les diacres et tous ceux qui exercent un ministère dans son Corps. Dans cette structure, la responsabilité principale est confiée aux hommes, mais ils peuvent la partager avec celles qu’Il a placées à leur côté.
Dans la Parole, nous trouvons un certain nombre d’interdictions, des impératifs positifs et, entre les deux, des grandes plages de liberté. L’ouvre rédemptrice de Christ abolit les effets néfastes de la chute, mais elle n’efface pas les différences créées originellement par Dieu: nature, psychisme, dons différents et complémentaires.
Cet ouvrage fait référence pour le sujet traité. Malheureusement, certaines conclusions auxquelles parvient l’auteur, prises isolément, pourraient induire un lecteur trop pressé en erreur. Ainsi, certaines citations, ou déclarations, formulées dans le dernier chapitre, pourraient être utilisées pour défendre des positions «féministes-chrétiennes». Ce n’est donc pas sans prendre quelques précautions que nous recommanderons cet ouvrage. Que l’Esprit et la Parole nous guident dans nos réflexions, et que Dieu nous donne la sagesse pour discerner l’origine des revendications égalitaires qui passent sur notre monde, et pour prendre position. Mais en même temps, que nous sachions accueillir et favoriser toute forme de ministère féminin, même inédite, qui s’exerce selon les directives de l’Ecriture.
Introduction
Ce qui se passe à Jérusalem en Actes chapitre 2 -jourde la naissance officielle de l’Eglise de Jésus-Christ -est révolutionnaire!
Cette révolution spirituelle débute dans une pièce à l’étage (et non dans le Temple) et ensuite dans une rue adjacente (et non dans le parvis du Temple ou sur les degrés par lesquels on y montait). La langue hébraïque -véhicule d’expression de la révélation de l’Eternel à Israël, et son dérivé, l’araméen, dont le Seigneur Jésus se servait pour enseigner -sont abandonnés pour céder le pas à des langues «païennes». Si ceux qui écoutent et comprennent ces langues sont des Juifs, ils sont issus principalement de la Diaspora méprisée. Autre signe de révolution: ceux qui prêchent n’ont pas reçu de formation théologique aux écoles rabbiniques; c’étaient des Galiléens «sans instruction».
Leur message était aussi révolutionnaire. A part le sujet «impossible» d’un Jésus ressuscité, Pierre rappelle aux auditeurs, en citant le prophète Joël, que désormais «fils et filles» allaient prophétiser à ce sujet, de même que les hommes et femmes esclaves. Quelle ahurissante nouvelle!
Le prophétisme sous l’ancienne alliance
Pour en saisir l’ampleur , nous devons nous souvenir du mouvement prophétique sous l’ancienne alliance. Après les prophètes patriarcaux «silencieux» (Gen 20.7, Ps 105.15) et les prophètes «orateurs» ( comme Elie, Elisée et d’autres) viennent les prophètes «écrivains», dont seul Amos, exceptionnellement, semble-t-il, n’ a pas été formé théologiquement.
Et voilà que, désormais, déclare Pierre, filles et garçons vont prophétiser avec des esclaves, hommes et femmes. Pour ce qui concerne les femmes, deux ou trois cas précédents révèlent que notre Dieu n’a jamais été trop lié par les usages habituels, car Myriam (Ex 15.20), Hulda (2 Chron 34.22) et Anne (Luc 2.36) sont toutes trois appelées prophétesses. Cependant, tout de même, quelle explosion!
Et la libération spirituelle de la femme de se trouver déclarée et inaugurée par cette parole de Pierre.
Et dans le Nouveau Testament?
Disons, en passant, que ce nouvel aspect s’est déjà fait sentir dans le ministère de Jésus-Christ – surtout au moment de sa résurrection. Ce sont les saintes femmes qui ont d’abord annoncé la nouvelle aux apôtres qui doutaient. Dès cette mission spéciale, on devine aussitôt qu’un grand avenir est réservé au ministère féminin sous la nouvelle alliance.
Mais qui sont ces filles qui allaient prophétiser? Et quelle était la nature de leur parole prophétique?
Pour bien comprendre, rappelons-nous toujours les types différents de prophètes existant dans l’Ancien Testament (voir ci-dessus), car il existe aussi des classes différentes dans le Nouveau Testament. L’Ancien Testament est si souvent la clé du Nouveau et vice versa.
Le sens du terme «prophète» dans le Nouveau, comme dans l’Ancien Testament, est «porte-parole» du Seigneur. Le sacrificateur représente le peuple devant Dieu et le prophète représente Dieu auprès des hommes, en leur apportant Sa parole. Ainsi, les premiers prophètes du Nouveau Testament- ceux mentionnés dans le livre des Actes des apôtres, tel que Barnabas et ceux d’Actes 15.32, Jude et Silas, -édifiaient, consolaient et exhortaient les chrétiens (voir 1 Cor 14.3), leur délivrant la pensée divine pour leur vie chrétienne. Leurs paroles inspirées de l’Esprit n’étaient pourtant pas Parole de Dieu. Aucune d’entre elles n’a été conservée par l’Eglise primitive. Mais combien ces messages étaient nécessaires, car nul livre ou épître du Nouveau Testament n’était encore écrit (1).
A côté de ces prophètes exhortateurs, il existait dans l’Eglise apostolique des prophètes de prédiction. Le seul prophète de ce type nommé est Agabus, mais il y en avait d’autres (voir Act 11.28). Par deux fois, Agabus prédit des événements futurs (Act 11.28 et Act 21.10-14).
Ensuite, il se trouve un troisième genre de parole prophétique, beaucoup plus fréquent. C’est celui dépeint en Actes chapitre 2: l’annonce de la Parole de Dieu, ou en termes plus modernes, l’évangélisation. Pierre, apôtre et évangéliste, accrédité par le Seigneur Jésus lui-même, proclame l’Evangile. Il était, ce jour-là, l’orateur principal. Mais les 119 autres ne se tournaient pas les pouces. Tous et toutes étaient engagés et parlaient de la part de Dieu. Dans ce sens fils et filles ont prophétisé et la déclaration de Pierre se réalise chaque fois que d’autres fils et filles et esclaves (!) poursuivent la tâche, rendant témoignage et expliquant l’Evangile dans la puissance du Saint-Esprit. Jusqu’à aujourd’hui! Dans ce sens-là, tout le peuple de Dieu, toute l’Eglise de Jésus-Christ, est un peuple de prophètes; nous sommes tous les porte-parole de Dieu. Quel contraste avec l’Israël de l’ancienne alliance!
Le R.I. de l’Eglise primitive
Vient ensuite, dans le Nouveau Testarnent, le Règlement Intérieur apostolique concernant l’annonce de la Parole par les hommes et par les femmes.
Si tous et toutes pouvaient parler, d’abord aux Juifs, ensuite aux païens, on distingue une certaine discipline à l’intérieur des assemblées. Ce n’était pas n’importe quel homme qui prenait la parole. D’abord, il devait en avoir reçu le don. Puis, ce qu’il disait était contrôlé (1 Cor 14.29). Peut- être celui qui prenait la parole avait- il besoin d’être d’abord reconnu par les anciens -comme Timothée (voir Act 16.2 et 1 Tim 4.14) – avant de commencer son ministère. Il y avait de l’ ordre au sein de l’Eglise apostolique. Voir encore Jac. chapitre 3, verset 1.
De même pour les sours. Tant de services ont été accomplis par elles dans l’Eglise, pour l’Eglise et en dehors de l’Eglise. Elles pouvaient prier dans la chambre haute avec les apôtres (Act 1.14); elles pouvaient être les porte-parole du Seigneur par leur témoignage/explication de l’Evangile, faisant équipe avec les douze (Act 2); elles pouvaient faire beaucoup d’oeuvres bonnes et d’aumônes comme Dorcas (Act 9.36-39); elles pouvaient ouvrir leur maison pour des réunions de prières nocturnes comme Marie (Act 12.12); elles pouvaient loger apôtres et évangélistes de passage comme Lydie (Act 16.15); elles pouvaient expliquer, dans leur foyer, avec leur mari, la Parole de Dieu plus exactement, comme Priscille (Act 18.26) -oui, même à un serviteur «plein temps»-; elles pouvaient être diaconesses comme Phoebé (Rom 16.1 ), voyager avec leur mari si celui-ci était «à plein temps» comme l’épouse de Pierre (I Cor 9.5), combattre côte à côte avec un apôtre pour l’Evangile comme Evodie et Syntyche (Phil 4.3), enseigner d’autres dames (Tite 2.4) et des enfants comme grand-maman Loïs et maman Eunice (2 Tim 1.5), laver les pieds des saints, secourir les malheureux (1 Tim 5.10), accompagner les âmes faibles, exhorter celles qui chancellent, pour ne pas parler des tâches «modernes» dans nos églises, donc non mentionnées dans la Bible, telles le secrétariat, l’organisation de la bibliothèque, de la cassettothèque, de la vidéo-cassettothèque, montrer aussi aux hommes comment bien nettoyer le bâtiment de l’église, etc. Tout cela, c’était du «jamais vu» dans la société juive avant le jour de la Pentecôte !
Cependant, deux responsabilités leur sont interdites dans la norme de la vie de l’Eglise: il s’agit de deux fonctions publiques. Tout d’abord, l’enseignement de la doctrine lors des séances plénières de l’ église locale est proscrit à nos sours et, secondement, la direction de l’église. Celle-ci était confiée à des évêques, appelés aussi anciens, après le passage des fondateurs. Le Nouveau Testament ne parle pas «d’ anciennes», tandis que des diaconesses existent, dont Phoebé (Rom 16.1), (2). Dans les deux cas, le principe de base est de ne pas prendre de l’autorité sur l ‘homme, car c’est l’homme qui est appelé à représenter publiquement le Maître et le Directeur suprême: Jésus- Christ.
Contestation
Aujourd’hui on conteste les décisions de celui qui a été donné comme chef de l’Eglise, Jésus-Christ et que Paul nous a transmises. Même dans les églises évangéliques. On en discute et souvent cela ne plaît pas. On n’en comprend peut-être pas encore la raison profonde, aussi essaie-t-on de les contourner, de les gommer, de les expliquer autrement (3). On évoque le temps des apôtres, les coutumes en vogue au moment de la rédaction des textes. On privilégie des versets qui, sortis de leur contexte, semblent dire le contraire. L’ ambiance féministe aidant, on décide enfin de refuser ces prescriptions en cherchant des exemples de sours qui ont eu, malgré tout, un ministère public béni. Mais la fin justifie-t-elle les moyens? (4).
Reconnaissons aussi l’influence du mouvement charismatique. Celui-ci, avec son accent fort utile mais souvent exagéré sur les dons spirituels peut troubler ceux et celles qui ont reçu un don de la parole. «J’ai reçu un don», dit-on facilement, «et les dons spirituels sont pour l’édification de l’Eglise». Ainsi, coûte que coûte, on doit exercer son don, n’ importe quand et n’importe où. On oublie facilement le Règlement Intérieur apostolique en 1 Cor cha. 12, 13, 14 et en 1 Tim ch2. Parfois, certains charismatiques, imbus de leurs paroles prétendument «prophétiques», déclarent la Bible dépassée et «rétro». Ils n’en auraient plus besoin aujourd’hui. Ce qui compte c’est le «rhéma» (la parole parlée) et non pas le «logos» (parole écrite ), mais cette différence de signification concernant ces deux mots grecs est fabriquée par eux et …n existe pas.
Nous pensons qu’il y avait des contestataires à ce sujet aux temps apostoliques (5). C’est pourquoi Paul et Pierre précisent l’affaire en rappelant aux destinataires de leurs épîtres certains textes vétéro-testamentaires .
L’Ancien Testament en parle
Paul remonte la filière jusqu’à la nature et la Genèse. Or la nature n’a pas changé, ni les faits historiques racontés dans le premier livre de la Bible. En 1 Corinthiens chapitre II, Paul rappelle l’interdépendance des hommes et des femmes (I Cor 11.8, 12) et aussi leur complémentarité. A Timothée, il rappelle ce qui s’est passé dans le jardin d’Eden avant et après la chute, mais, précise-t-il encore, les sours ne sont pas désavantagées de ne pouvoir enseigner, car elles seront sauvées (au sens large du terme) en raison de leur fonction maternelle.
Evidemment, la loi de la chute (Gen 3) a fait que les femmes dans toutes les civilisations (sauf peut-être quelques cultures matriarcales) ont vécu, malheureusement, sous la domination masculine. S’il y a eu, en Israël, un léger mieux (Abraham qui obéit à Sara Gen 21.12, Débora, Jaël et ensuite Esther qui délivrent le peuple de Dieu, la prophétesse Hulda consultée par le souverain sacrificateur Hilkija et le roi Josias), tout n’était pas parfait dans ce domaine (voir Gen 19 pour les filles vierges de Lot et Juges 19 pour la concubine du Lévite).
Nous constatons donc que la libération de la femme par le Seigneur et par les apôtres est extra-ordinaire. D’abord égalité devant Dieu concernant la grâce de la vie (1 Pi 3.7) et ensuite le fait d’être un en Jésus-Christ, car devant Dieu il n ‘y a plus ni homme ni femme,… (GaI 3.28). Les dons spirituels, départis aux uns et aux autres, aux hommes et aux femmes, permettent une liberté d’action jamais connue jusqu’alors, bien que le prophète Joël l’ait prédite en partie. Est donc bannie dans les églises locales cette domination masculine! Frères et sours oeuvrent ensemble pour leur Maître commun, même si la direction de l’assemblée et l’enseignement de la Parole au culte, etc. restent confiés aux frères. Même là, les exceptions existent. Les quatre filles de Philippe pourraient en faire partie (6), de même que l’élue de 2 Jean. Mais gare à une Jézabel enseignante qui dépasse toutes les bornes (Apoc 2.18-25)1
Résumé des fonctions et des rôles féminins et masculins dans différents domaines
Les détails qui suivent peuvent nous aider à comprendre pourquoi le Saint-Esprit a inspiré les apôtres -surtout Paul -à préciser les rôles féminins et masculins, en leur demandant de ne pas enseigner la doctrine publiquement dans l’église réunie et de ne pas prendre la direction de l’assemblée:
Au point de vue physique: sans conteste hommes et femmes ont des corps différents: Dieu créa 1’homme qui engendre et la femme qui enfante et qui allaite. Leurs rôles ne sont aucunement inter-changeables physiquement.
Néanmoins, le monde d’ aujourd’hui, comme autrefois le monde gréco-romain du temps de Paul, essaie de changer ce principe de corps spécifique en «inventant» 1 ‘homosexualité, le lesbianisme et le transsexualisme.
Nous croyons que tous les vrais chrétiens, ceux et celles en qui le Saint-Esprit demeure, se lèveront toujours contre ces déviations qui constituent une abomination aux yeux de l’ Eternel.
Autre détail: un danger existerait pour les frères de trop admirer la sour prédicatrice debout devant eux. (Oui, nous savons fort bien que les frères devraient, dans ce cas, écouter le message et ne pas fixer les regards sur la messagère, mais… ?).
Au sein de la famille: les différences de rôles et de fonctions au sein de la famille sont également assez clairement précisées dans la Bible. Le modèle divin pour nous inspirer est celui de Jésus-Christ et de sa fiancée, l’Eglise (2 Cor 11.2). Aucun enfant de Dieu, dans son bon sens, ne contestera la soumission de l’Eglise à son Seigneur (7) ni l’amour infini de notre Epoux pour nous en tant qu’assemblée rachetée par son sang.
L’amour du mari pour son épouse doit donc être plus grand que pour lui-même et, quand l’épouse le perçoit, la question de sa soumission dans le Seigneur ne pose généralement pas de grands problèmes. D’ailleurs, de même que nous, chrétiens, nous ne sommes pas seulement d’heureux serviteurs du Seigneur, mais aussi ses amis, devenant ainsi coéquipiers avec Lui, de même, les époux devraient oeuvrer ensemble.
Au point de vue social: les deux guerres mondiales ont beaucoup influencé l’Occident. L’invention de toutes sortes d’appareils ménagers a aussi considérablement changé la vie de la femme. Du coup, le travail au foyer a été de beaucoup allégé. Personne, d’ailleurs, ne le regrette. Peut-être même que, par ce biais, les travaux ingrats de la ménagère ont été en partie supprimés? S’il en est ainsi, tant mieux. La femme de Prov 31 est probablement le meilleur exemple de ce que la femme «libérée» peut accomplir pour la gloire de Dieu et l’honneur de son mari. C’est ainsi qu’elle sera très honorée en retour. Notons que cette épouse-là vivait sous l’ ancienne alliance.
Pour ce qui concerne le «mental»: nous disons bien «mental» et non pas «intellectuel». Au point de vue intellectuel, ni l’homme ni la femme n’est naturellement supérieur à l’autre. Mais les structures mentales de l’homme et de la femme sont très souvent différentes. Le don naturel de l’ intuition est nettement plus prononcé chez le beau sexe que chez le sexe fort. L’homme calcule plutôt, tend à être davantage cartésien, demeurant souvent objectif. La femme, étant plus subjective que lui, «sentira» le malaise, ou une situation douteuse. Ainsi les deux se complètent.
En principe l’homme souhaite que son épouse soit belle. Mais la jeune fille s’occupe moins de l’apparence physique du futur conjoint que de son caractère. Leurs approches sont différentes.
Ainsi dans le couple, les deux mentalités sont complémentaires. Le Créateur l’a voulu ainsi. Il s’agit de dons précieux. Insensés sont ceux qui veulent ne jamais en tenir compte.
Dans le domaine spirituel: toutes les différences déjà repérées, inventées et instituées par le Créateur jouent leur rôle. Nos assemblées locales seraient misérablement pauvres si les femmes, par leur influence, ne donnaient pas une «âme» à nos églises. Quant aux hommes, il leur incombe plutôt d’en être 1’«esprit». Et Dieu veut qu’au sein des rassemblements particuliers, les esprits et les âmes oeuvrent ensemble sous le même Directeur .
Sous cet aspect, on comprend on comprend pourquoi les anciens sont généralement des hommes mariés. S’il peut exister des éléments dans la vie d’une église qu’un évêque ne doit pas partager avec son épouse, beaucoup de décisions concernant l’organisation de l’église peuvent normalement être discutées, en privé, avec elle selon sa capacité spirituelle. A l’occasion, selon le sujet à discuter, la présence de dames à la réunion d’anciens pourrait être précieuse.
Conclusion
Avant de bâtir son Eglise, le Créateur tout sage avait déjà donné à son image 1’homme et la femme, avec leur rôle et leurs fonctions – physiques, familiaux, sociaux, mentaux et spirituels.
La vocation de l’Eglise est en partie de faire connaître la sagesse de Dieu dans sa grande diversité aux puissances sataniques dans les lieux célestes (Eph 3.10). Si l’Eglise militante sur la terre ne sait traduire fidèlement dans ses pratiques la réalité céleste -c’est-à-dire la relation existant entre le Père et le Fils et celle établie entre le Christ et son Epouse -les démons qui nous observent remarqueront que son image est défectueuse (voir 1 Cor 4.9).
Puisque Dieu sauve des hommes et des femmes et les baptise dans l’Esprit pour former un seul corps (1 Cor 12.13), nous croyons que leur rôle départi par l’Esprit est d’une grande importance. D’où la nécessité d’observer les règles.
Nous nous rendons compte que, pour tout ce qui concerne la question des ministères, masculins ou féminins, dans l’Eglise, nous devons tous continuellement comprendre quelle est la volonté du Seigneur (Eph5. 17) et l’exécuter.
I Le grand besoin de ce premier type de prophétie néo-testamentaire est très évident. Dans l’Ancien Testament, la «première» Bible de l’Eglise primitive, il y a toutes sortes de paroles et de textes qui devaient être appliqués à la vie chrétienne. Aujourd’hui, ceux qui enseignent la Bible et qui connaissent l’A.T., le font continuellement, car le N.T. nous en donne des exemples. Mais au début de la nouvelle alliance, alors que le N. T. n ‘exis tait pas, le besoin d’hommes, inspirés par le Saint-Esprit, pour exhorter de cette façon-là les églises locales, était très nécessaire. Les premiers prophètes du N.T. comblaient cette lacune. Paul fait référence à eux en Ephésiens chapitres 2 et4: le fondement des apôtres et prophètes. Ensuite, les uns comme apôtres, les autres comme prophètes et encore en 1 Cor 12.28: premièrement des apôtres, secondement des prophètes.
Le genre de message prophétique donné pourrait être semblable à ce que Pierre expliquait dans la chambre haute. D’un seul coup le Saint-Esprit lui révèle qu’Achitophel, signalé dans les Psaumes comme traître au roi David, était une préfiguration de Judas 1scariot!
2 Le terme grec «presbuteros» a deux significations: a) «vieillard» et b) «ancien», ou «presbytre». Le contexte décide comment le traduire. Le substantif féminin existe, traduit par «femme âgée». Dans 1 Timothée 5.2, d’aucuns aimeraient traduire le terme par «anciennes». Si le texte est quand même ecclésial, et que les anciens soient mentionnés plus loin dans le chapitre, le contexte dans les versets 1 et 2 est celui de la famille spirituelle et non pas de la direction de l’Eglise. Voir aussi Tite 2.1-9 où cette mention vient après la liste au chapitre 1 des qualités obligatoires d’un ancien.
3 Nous refusons catégoriquement l’interprétation du texte de 1 Cor 14.34-35 qui place cette parole dans la bouche des Corinthiens. Cela nous fait penser à certains libéraux qui blâmeraient Marie d’avoir été assise aux pieds du Maître et exalteraient Marthe, ou encore à ceux qui voudraient que le vrai fils prodigue soit l’aîné des deux frères. Chez les Corinthiens il y avait suffisamment de désordre pour comprendre que l’ensemble de la lettre était correctif Ces paroles font partie d’un ensemble d’avertissements. Trois fois dans le chapitre 14 se trouve l’ordre de se taire (versets 28, 30 et 34) pour des raisons diverses.
4 A cette question rhétorique la réponse est non. A titre d’exemple, nous pensons à la bénédiction de Dieu sur le ministère public de certaines officières de l’Armée du Salut. Elle n’est pas signe de l’accord de Dieu sur la non-observation des ordonnances du baptême et de la Cène) par ces chrétiens.
5 Elizabeth Catherwood, dans The Role of Women, p. 53, (1985. 1VP), nous apprend l’existence de mouvements féministes dans le monde gréco-romain et surtout à Ephèse. Ceci, malgré la condition féminine très pénible de cette époque. Paul donc, précise-t-elle, regimbe contre ce mouvement par ce qu ‘il dit en Ephésiens chapitre 5: Femmes, soyez soumises, …etc.
6 Le fait que Paul demande aux sours de se voiler lors de leur prière ou prophétie en public montre qu’au moins parfois les sours prophétisaient à Corinthe. Leur silence, exigé au chapitre 14, paraît donc plutôt étonnant. Dans ce texte de 1 Cor 14, le silence comprenait certainement et surtout les questions que les sours avaient envie de poser (verset 35) et peut-être aussi le jugement à apporter sur les prophéties (verset 29).
Remarquons que la Parole fait une distinction entre la prophétie et l’enseignement de la part d’un docteur ( 1 Cor 12.28; Eph 4.11 ). C’est surtout l’enseignement qui est interdit aux sours dans 1 Timothée chapitre 2.
7 Dans son livre «Homme-femme, vers une autre relation», ( 1992, Grâce et Vérité), Gilbert Bilézikian tord le sens des Ecritures pour démontrer, vaille que vaille, que le texte d’Ephésiens 5.22-23 n’évoque pas la question de la soumission de l’Eglise à Christ, son chef (p. 122-129). Ceci, afin de montrer qu’une femme n’a pas besoin de se soumettre à son mari plus que le mari à son épouse. Nous n’apprécions pas son exégèse. Une telle interprétation ignore tout du thème de cette lettre, qui est celui de l’exaltation du Christ, au-dessus de tout et de tous. Dieu a donné Christ comme chef à l’Eglise. Alors comment justifier qu’Il a été donné comme «source», comme l’ex- plique ce frère et cela, après son exaltation? Le Christ a été la «souce» de l’Eglise au moment de sa Passion.
G. Bilézikian insiste, qu’au fond, la soumission de l’épouse se fait uniquement dans le cadre d’une soumission réciproque entre le mari et l’épouse (voir verset 21 ). Soit. Mais alors, suivant cette logique, à quel moment et dans quelles circonstances, frère Bélizikian, le Christ devient-il soumis à l’Eglise? Depuis quand le Seigneur a-t-il cessé d’être… Seigneur de son peuple ?
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