PROMESSES
Vous avez été nombreux à nous écrire, ce qui semble indiquer combien le phénomène de Toronto trouble les chrétiens. il nous a paru donc utile d’y consacrer encore un numéro. Nous aimerions le considé- rer sous l’angle du passé, du présent et du futur.
1. Le passé
L’histoire de l’Eglise est instructive. Dès son commencement à Pentecôte, elle a été en butte à diverses attaques de l’ennemi. Les plus insidieuses venaient toujours de l’intérieur de l’Eglise pour introduire de fausses doctrines (1). A travers ces combats spirituels pour la vérité sont nées les grandes confessions de foi chrétienne des Apôtres (avant 250), Nicée (325), Chalcédoine (451), Genève (1545), Heidelberg (1563), La Rochelle (1571), Dordrecht (1618/19), etc. (2). Dieu s’est servi des hérésies pour permettre à l’Eglise de définir clairement les fondements de la foi chrétienne par le moyen des Saintes Ecritures. Ainsi s’est affirmée la foi orthodoxe, biblique, de l’Eglise de Jésus- Christ dès son commencement et à travers les 20 derniers siècles. Elle reste invariable. Or, le mouvement de Toronto s’échafaude sur une somme de «révélations» qui remontent à des mouvements et des hommes porteurs de fausses doctrines: Kenneth Copeland et Kenneth Hagin (Evangile de la Prospérité), William Branham (3), «Latter Rain», Essek W. Kenyon (Confession Positive), etc. il est effrayant d’apprendre ce que certains de ces «docteurs» ont dit ou écrit à propos de la doctrine de base (sur Dieu, la Trinité, Jésus-Christ etl ‘homme) (4). John Arnott, pasteur du Vineyard à Toronto, doit son «onction» à R. Clark, qui doit la sienne à R. Howard- Browne, lequel est en étroite liaison avec K. Copeland. Arnott fut lui-même influencé par les ministères de Kathryn Kuhlmann et Benny Hinn (5). D’autre part, le phénomène de Toronto est issu du mouvement des «Signes et Prodiges, Vineyard», auquel le nom de John Wimber est associé. Quel fruit peut-on donc attendre d’un arbre qui plonge ses racines dans de fausses doctrines? Mais rappelons-nous que le Dieu de toute grâce voit ceux qui sont sincères même s’ils sont aveuglés et vient à leur secours. il peut aussi se servir de ce mouvement pour ouvrir les yeux de ceux qui le recherchent de tout leur cour. Le Seigneur :ne s’est-il pas servi de l’ânesse de Balaam pour accomplir son plan?2. Le présent
Notre analyse devrait aussi tenir compte de la culture environnante. Or, nous avons négligé de discerner la culture humaniste actuelle déjà entièrement pénétrée par la philosophie du Nouvel-Age. Francis Schaeffer avait déjà averti l’Eglise d’une manière remarquable du changement profond qui, à travers ces derniers siècles, a abouti aujourd’hui à une rupture entre la foi et la raison (6). Le Nouvel-Age, en prolongement de cette rupture, s’est emparé de la pensée orientale. John Wimber lui-même parle d’un «changement de paradigme» (Paradigm-shift) (7), terme utilisé par le Nouvel-Age, et nous incite à changer de vision du monde (Weltanschauung), en inféodant notre façon de penser logique et occidentale à celle de l’orient. La raison doit capituler au profit de l’expérience. Ceci rejoint la philosophie du Nouvel-Age pour qui «il n ‘y a pas de réalité objective, la vérité étant ce que vous percevez, car la perception est la réalité». Pour l’occidental, au contraire, la réalité est objective et absolue, et notre perception d’une chose n’affecte pas une idée si celle-ci est vraie (8). Dans l’optique du Nouvel Age, Marilyn Ferguson écrit: «La voie de la réussite passe par la capitulation, la passivité, et non par une activation. Se relaxer et non se concentrer, doit désormais devenir la règle. Renoncez au sentiment de responsabilité, laissez-vous aller (…). il ne s’agit que de donner un peu de repos à votre moi personnel et convulsif pour découvrir la présence d’un Soi plus grand …» (9). Cette nouvelle philosophie charrie aussi le panthéisme. Dieu est en tout et tout est partie de Dieu, soit l’homme, soit la nature. Ainsi Copeland dit même: «Vous n’avez pas un dieu en vous, mais Vous en êtes un» (10). Notre société est profondément pénétrée par le pragmatisme. Une chose «marche», donc c’est bien. N’est-il pas évident que ce phénomène de Toronto a des similitudes avec le Nouvel-Age? Face à une recherche frénétique du sentiment de bien-être au travers d’expériences qui ne satisfont finale- ment que la chair, l’affirmation suivante est bien à propos: «Si le chrétien ne doit pas rechercher des signes et des miracles, que doit-il faire pour se distinguer du monde? Il doit être lui-même un miracle. Dans un monde enténébré et perverti, n’est-ce pas extraordinaire et miraculeux d’avoir passé de la domination de Satan au Royaume de Dieu et d’avoir une vie transformée? N’est-ce pas extraordinaire d’oser vivre différemment des autres et d’être capable de le faire de mieux en mieux avec l’aide du Saint-Esprit? C’est plus facile de passer inaperçu et d’agir comme Monsieur tout le monde. N’est-ce pas un témoignage extraordinaire que le fait de ne pas voler, d’être honnête, de ne pas tricher, d’essayer de faire son travail au mieux, de ne pas jurer, de ne pas mettre son cour dans ce qui fait la gloire des païens, les possessions, les amusements de toutes sortes? N’est-ce pas un témoignage extraordinaire que ne pas être adultère, concubin, de ne pas faire d’avortement, de refuser l’homosexualité, d’être chaste avant le mariage, d’avoir des enfants qui marchent selon le Seigneur? Dans un monde où il nous faut aller à contre-courant, il nous faut lutter, persévérer, tenir ferme. Le combat est dur, acharné, mais la tentation n’est jamais trop forte. La victoire nous est assurée. Si nous acceptons la communion des souffrances du Christ {Phi 13.10), Il nous préparera le moyen d’en sortir (1 Cor 10.13) (11)».3. Le futur
Quelles que soient nos convictions sur l’eschatologie biblique, une chose est claire. Nous vivons dans les derniers temps. C’est une période de séductions de plus en plus amples accompagnées de prodiges et de miracles (2 Tim 4.3-5; Matt 24.4; 2 Thes 2.9-11). Personnellement, je crois que le retour de Christ est très proche. Le monde est mûr pour le jugement de Dieu {Apocalypse). Le phénomène de Toronto n’est qu’une nouvelle étape dans la progression des séductions de l’erreur. Cette dernière va envahir la chrétienté qui a abandonné le terrain de fondements de l’Ecriture, de la grâce, pour se construire sa propre tour de Babel qui sera finalement renversée par le Christ. Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche {Luc 21.28; Rom 13.11-12). Jésus revient, sommes-nous prêts? Nous prouverons que nous le sommes si nous continuons de prier pour que notre affection pour le Seigneur s’approfondisse, et que nos églises connaissent la repentance et un retour à la Parole de Dieu, comme aux temps de la Réforme et des Réveils authentiques à travers tous les temps. Dieu est souverain et Lui seul connaît et accomplit toutes choses selon son bon plaisir.Notes:
1 The History of Christian Doctrines par Louis Berkhof
Heresies, The image of Christ in the Mirror of Heresy and Orthodoxy from the Apostles to the Present par Harold O.J. Brown
2 Le Catéchisme de Genève, Le Catéchisme de Heidelberg, Les Canons de Dordrecht et la Confession de la Rochelle, Editions Kerygma
3 Embrase nos coeurs, par Guy Chevreau, Editions Carrefour (p. 187)
4 The Agony of Deceit, ~8iteur Michael Horton, contributeurs: R.C. Sproul, C. Everett Koop, Joel Nederhood et d’autres
5 Embrase nos coeurs, par Guy Chevreau, éditions Carrefour (p. 42)
6 Démission de la raison, par Francis A. Schaeffer, Ed. Maison de la Bible
7Toronto-Segen, Trachsel- Verlag, p.5
8 Basic Principles of New Age, par Dr. John Eidsmoe, Ed. New Leaf Press (p. 31- 47)
9 La Révolution du Cerveau, par Marilyn Ferguson (p. 210) cité par R.-M. Berthoud dans son remarquable article «Méditation transcendantale, Yoga et autres pratiques religieuses» dans Résister et Construire, sept-nov. 1995, no 34-35, page 38
10 The Agony of Deceit, p. 92 (cassette de K. Copeland «The Force of Love» BCC- 56 (Forth Worth Tex.), texte en anglais: You don ‘t have a god in you, but You are one.
11 Méditation transcendantale, Yoga et autre pratiques religieuses (p. 47)
Cette perspective génératrice d’espérance est le fait d’individus et de communautés qui professent la foi chrétienne. Nous allons voir si elle s’ accorde avec les données prophétiques sur les temps de la fin.
I) Mise au point
Déblayons le terrain avant d’entrer dans le vif du sujet.a) Fausse argumentation
Ceux qui soutiennent la thèse d’un réveil mondial avant l’avènement du Seigneur – la Parousie – parlent volontiers de «pluie de l’arrière-saison» et de «nouvelle Pentecôte».
–La pluie de l’arrière-saison. C’est à la faveur d’une exégèse grossièrement fautive de Joë12.23: Il vous enverra la pluie de la première et de l’arrière-saison, comme autrefois, que l’on annonce avec conviction une effusion spectaculaire de l’Esprit pour le temps de la fin, soit la période qui précède de peu le retour de Christ. Mais Joël, dans ce passage, ne fait pas d’eschatologie, il s’adresse à ses contemporains israélites, et la «pluie» dont le Seigneur parle, comme signe de sa bénédiction, est tout bonnement matérielle. Le contexte immédiat, v. 21 à 27, où il est aussi question des bêtes des champs, du figuier et de la vigne, du blé, du moût et de l’huile – un ensemble de réalités matérielles – le prouve. Et que signifierait le comme autrefois – allusion à un phénomène physique régulier -s’il s’agissait d’une pluie «spirituelle» ? C’est au verset 28 seulement que le prophète passe au plan eschatologique, aux derniers temps inaugurés par la venue du Messie promis, et qu’il prophétise alors l’effusion historique de l’Esprit: Après cela, je répandrai mon Esprit sur toute chair ...(v. 28 à 32). Cette promesse a été accomplie au début de l’ère chrétienne, le jour de la Pentecôte, selon Actes 2.17 à 21 (1).
–Nouvelle Pentecôte
Ce concept n’a aucune base biblique. Davantage, il heurte de front l’enseignement apostolique. En effet, Pierre, en déclarant, par rapport à l’ événement survenu le jour de la Pentecôte: Mais c’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël…, identifie l’effusion de l’Esprit ce jour-là comme la réalisation définitive de la parole prophétique de Joël. A l’instar des autres actes historiques de la rédemption: incarnation, expiation, résurrection, ascension et glorification – celle-ci étant la condition de l’effusion historique de l’Esprit Saint, cf. Jean 7.39; Jean 14.15 à 19; Jean 16.5-15; Actes 2.32 à 36; Eph 4.8 – l’événement de la Pentecôte est unique. Il appartient à l’origine, à la naissance de l’Eglise. Il ne se répétera pas (2).
–La conversion nationale d’Israël
Ceux qui défendent l’idée d’un réveil mondial dans les temps de la fin pourraient éventuellement se référer à l’événement extraordinaire de la conversion d’ Israël, attesté sans ambiguïté par Paul, Rom 11.25- 27, et assimilé à une résurrection spirituelle, une vie d’entre les morts, Rom 11.15, avec des répercussions glorieuses pour le monde.
Ce fait, indéniable, n’appartient pas toutefois à la catégorie des «réveils religieux» tels que nous les entendons d’habitude. L’apôtre Paul le classe dans celle des mystères, c’est-à-dire des vérités révélées, des vérités de foi (Rom 11.25). Il est de l’ordre de la prophétie biblique et a un caractère «sui generis», une spécificité qui lui est tout à fait propre. Il n’entre donc pas dans le cadre des réveils classiques, qui ne relèvent pas d’une annonce prophétique. Ils se produisent en effet sans faire l’objet d’une révélation spéciale.
Remarquons ceci: Paul ne présente pas le mystère de la conversion d’Israël comme «la pluie de l’arrière-saison», comme une «nouvelle Pentecôte», mais comme une vie d’entre les morts en bénéfice aux non-juifs eux- mêmes. Contentons-nous de ce qu’il nous révèle et réjouissons- nous avec lui !
b) Fausses conclusions
Quand nous nous permettons de mettre en doute la possibilité d’un réveil mondial à l’approche du retour de Christ, certains concluent, à tort, que notre position signifie:
–L’exclusion de tout réveil
Mais nous croyons fermement à la possibilité, aussi longtemps que le temps de la grâce dure, de réveils géographiquement limités, comme il s’en produit d’ailleurs aujourd’hui en diverses régions du globe, en particulier en Asie. J’ai entendu l’évêque africain Kivengere mentionner, il y a un certain nombre d’années, un vrai réveil en Ouganda. Il a même précisé que ce mouvement remarquable de l’Esprit de Dieu ne devait rien au courant charismatique.
–La mise en cause de l’immutabilité de Dieu
Non, nous n’égratignons en rien le fait que Dieu reste le même (Mal 3.6) dans son essence et ses attributs. Nous confessons donc que sa puissance n’est pas moindre aujourd’hui qu’hier(Héb 13.8).
– La mise en cause de la souveraineté de Dieu
Nous récusons l’idée irrévérencieuse qu’en certaines circonstances Dieu ne pourrait pas faire ce qu’Il veut, ou que sa souveraineté ne s’étendrait pas à tous les domaines: Notre Dieu est au ciel, Il fait tout ce qu’Il veut (Ps 115.3). Tout ce que l’Eternel veut, Il le fait, dans les cieux et sur la terre, dans les mers et dans les abîmes (Ps 135.6).
Nous croyons par conséquent qu’Il peut toujours susciter des réveils où Il veut, quand Il le veut, comme Il le veut, à l’exemple de ce que nous rapporte Aggée 1.14. Ce réveil intervenait après un temps de relâchement provoqué par le découragement (cf Esd 4.4,5,24).
C’est quand Il parlait à Nicodème de l’ouvre de l’Esprit que le Seigneur a dit: Le vent souffle où il veut… Jean 3.8.
Il en résulte deux choses pour l’homme:
-L’impossibilité d’induire le réveil, de le provoquer. Même la prière instante, ardente, persévérante pour le réveil, «les réunions de réveil», ne sont pas la cause du réveil Cette prière est suscitée et inspirée par Celui-là même qui veut le réveil. Elle n’est pas un facteur autonome, mais un instrument du bras souverain du Seigneur.
-L’impossibilité d’empêcher le réveil. On ne peut pas empêcher le vent de souffler…
–Un manque de foi
A cause d’une incrédulité congénitale, nous sommes, il est vrai, toujours enclins à limiter Dieu : Sara (Gen 18.11-14), l’officier du roi à la porte de Samarie (II Rois 7.1-2), Zacharie (Luc 1.18-20), Thomas (Jean 20.24-29).
Mais il est possible de reconnaître d’un cour vrai et entier que Dieu peut tout, absolument – même là où, quant à nous, nous ne voyons que des motifs de désespoir – et cependant avoir de bonnes raisons de douter de la possibilité d’un réveil à l’échelle mon diale aujourd’hui. Un tel doute ne ressortit pas à l’incrédulité.
II) Le noud de la question
En effet, le problème qui se pose à nous n’est pas de savoir si Dieu est en mesure, oui ou non, de produire un réveil mondial aujourd’hui, comme si sa puissance avait changé, mais s’Il veut le faire. Nous le répétons: même de la manière la plus infime, dans son essence et ses attributs, Dieu ne change pas: en Lui il n ‘y a ni changement ni ombre de variation, Jac 1.17. Mais son mode d’action peut changer.
Certes, l’action de Dieu au sein des Eglises et dans le monde ne cesse à aucun moment d’être souveraine, toute-puissante, mais elle n’a rien d’arbitraire, d’aveugle. Le Seigneur, qui sonde tout, connaît les cours et regarde au cour (I Sam 16.7; Prov 15.11). Il prend en compte les dispositions secrètes de ceux au milieu desquels Il agit, pour manifester sa grâce ou son jugement. L’exemple de Ninive nous le montre de façon évidente, Jonas 3.3-10.
Ainsi, dans un cas, Il produit la repentance et sauve, même parmi les païens. Dans l’autre, Il endurcit, même s’il s’agit de son peuple, Esaïe 6.8-10.
Il peut s’Il le veut travailler en profondeur les consciences chrétiennes et les réveiller par le ministère de Sa parole vivante, secouer la torpeur d’églises endormies, produire un puissant renouveau de vie spirituelle chez les siens, avec un impact bienfaisant sur « ceux du dehors ». Cela se traduit alors par de réelles et nombreuses conversions, de significatives transformations du climat moral, social, culturel. La Réforme du 16ème siècle en est une preuve éloquente.
Ou alors, face au débordement de l’iniquité, et jugeant qu’elle a atteint la pleine mesure (cf Gen 15.16), Il peut, par décision judiciaire, enfermer les cours dans leur propre endurcissement.
N’est-ce pas quelque chose de ce genre qu’indique la sentence d’ Apocalypse 22.11, prononcée dans la perspective du proche avènement de Celui qui vient sur les nuées comme Juge de la terre? Que celui qui est injuste soit encore injuste, que celui qui est souillé se souille encore, et que le juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint se sanctifie encore. -Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi pour rendre à chacun selon ce qu’est son oeuvre, v.11 et 12. Bien entendu, ce n’ est pas à nous de déci der du degré qu’a atteint l’iniquité. Dieu seul, qui fixe les limites, est à même d’apprécier.
III) Arguments en défaveur d’un réveil mondial
a) L’apostasie généralisée: un appel au jugement …
Je crois qu’un examen honnête, lucide, de la société humaine à la fin du 20ème siècle révèle une apostasie généralisée. C’est en masse que les hommes tournent le dos à Dieu, le Dieu vivant et vrai, révélé dans la nature -l’univers créé et la conscience humaine, Rom 1 et 2 – et dans l’Ecriture. Une véritable lame de fond soulève notre monde. C’est la révolte ouverte, délibérée, décrite au Ps 2: Brisons leurs liens, délivrons-nous de leurs chaînes, v .3.
Et comme à chaque fois que l’homme tourne consciemment et volontairement le dos à Dieu – en se détournant de la vérité dont il dispose – il appelle sur lui, non la grâce, non la visitation salvatrice de l’Esprit, mais le jugement divin.
Là où l’apostasie a pris pied, s’est installée, où elle règne, il est vain de s’attendre à un vaste mouvement des manifestations bienfaisantes de l’Esprit. La démarche de l’Esprit est au contraire de se retirer .
Nous le voyons bien dans le cas de la société antédiluvienne, adonnée corps et âme au mal (Gen 6.5), remplie de violence (Gen 6.11 ), débordante de corruption (Gen 6.12). C’est à propos d’elle que Dieu déclare: Mon Esprit ne restera pas à toujours dans l’homme (Gen 6.3), ce qui peut aussi se traduire par: Mon Esprit ne contestera pas à toujours dans l’homme. La Colombe, qui donne en note cette traduction, ajoute en guise de commentaire: «pour le défendre de lui-même».
Là où l’apostasie sévit, le Saint-Esprit quitte la scène, cf Ez 8.6; 10.18; 11.23, en contraste avec Prov 1.23. Il n’agit plus comme un frein par rapport à l’iniquité. Ce retrait est un jugement.
Pour certains commentateurs, II Thes 2.7 pourrait être une allusion à ce retrait de l’Esprit, sans que cela épuise le sens du passage.
Bien sûr, nous ne suggérons pas que les opérations de l’Esprit cessent d’une façon absolue en vue du salut des individus. Nous parlons d’un jugement sur la société. Nous n’excluons donc pas que, même au sein d’une société apostate, le Saint-Esprit puisse agir en réveil ici et là. Mais cette visitation de grâce aura forcément un caractère limité.
A ceux qui rêvent d’un réveil mondial aujourd’hui, un simple rappel, qui doit porter à la réflexion. Le Seigneur, à la fin du sermon prophétique, met justement en parallèle la période qui précédera l’ avènement du Fils de l’homme avec le temps de Noé (Matt 24.36-39). Cela ne nous dit- il rien?
Et dans l’Evangile selon Luc, le parallèle s’étend au temps de Lot, avec le jugement sur Sodome, Luc 17.28-30.
Dans les deux cas, il s’ agit non de grâce mais de jugement sur des sociétés pourries jusqu’à la moelle… exactement comme la nôtre !
b) Le caractère irréversible du mal en temps d’apostasie
Sur ce qui précède, on pourrait m’objecter deux choses. La première, c’est que l’homme a toujours été mauvais et que l’humanité a connu bien d’autres époques de corruption et de ténèbres profondes: par exemple, l’état moral au sein de l’empire romain au moment du démarrage de l’annonce de l’Evangile et de la naissance de l’Eglise de Jésus-Christ.
J’en conviens mais signale d’autre part qu’à vouloir tout niveler l’on va contre le témoignage de l’Ecriture. S’il est vrai, en un sens, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, il serait abusif de prétendre que cette parole de l’Ecclésiaste englobe tout le message de la Bible. Celle-ci nous parle aussi d’un progrès du mal. Les choses ne sont ni statiques, ni simplement cycliques. Le mystère de l’iniquité agit déjà écrit l’apôtre, II Thes 2.7, ce qui implique un développement, une maturation à travers les âges pour aboutir à la manifestation de l’ homme du péché (II Thes 2.3). De son côté, Jean nous dit: Il y a maintenant plusieurs antéchrists, mais cela ne l’empêche pas d’annoncer en même temps qu’un Antéchrist vient (1 Jean 2.18), qui les dépassera tous.
Il y a donc une montée de l’iniquité vers un certain sommet, une crue indéniable du mal vers «la cote d’alerte» .
Jésus-Christ lui-même en Matt 24 parle d’ une intensification de la séduction et d’un accroissement de l’iniquité au fil du temps, Matt 24.11, 12,24,25.
Paul affirme: Les hommes méchants et imposteurs avanceront toujours plus dans le mal, égarant les autres et égarés eux- mêmes (II Tim 3.13).
Les choses ne sont donc pas toujours parfaitement égales à elles-mêmes. S’il y a constance dans le mal, il y a aussi progression.
La seconde objection que l’on peut me présenter, c’est que, faire de la corruption ambiante un argument contre la possibilité d’ un réveil, trahit une conception fort défectueuse des réveils : ne sont-ils pas donnés justement pour contrer la corruption, pour freiner le mal, pour le faire reculer? L’Esprit de Dieu agit au milieu de l’iniquité pour délivrer du mal et le vaincre, et non dans «un champ aseptisé»…
Ici encore, je ne peux qu’approuver, mais tout en ajoutant: «aussi longtemps que le mal a un caractère réversible».
Car l’Ecriture elle-même nous enseigne que le mal atteint parfois le stade où il est sans remède, où rien ne le fera déboucher sur la repentance, même sous les pires jugements. Il suffit de lire Apocalypse 16, avec son terrible refrain: Ils blasphémèrent le nom de Dieu. ..et ils ne se repentirent pas pour lui donner gloire (v.9. cf II,21).
Sous l’ apostasie, le mal n’est plus réversible. On ne peut plus inverser le sens de la marée. Hébreux 6.4 à 8 et 10. 26-31 nous atteste solennellement «un point de non-retour» pour des individus qui rejettent sciemment, malignement et définitivement la vérité de l’Evangile: Car il est impossible… qu ‘ils soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ ignominie ( 6.4-6, cf Héb 10.26-27). Cette vérité peut, dans une grande mesure, s’appliquer aussi à une société comme la nôtre, où l’abandon délibéré de Dieu s’affirme de jour en jour – dans le domaine de la foi et de l’éthique – où un massif mouvement de défi à ses lois et à ce qu’Il a institué pour le couple, la famille, la cité, l’Eglise, prend l’allure d’un «tumulte» universel, cf Ps2.1.
N’oublions pas que notre culture est entrée dans un moule qui la prépare à accueillir l’Antéchrist – l’homme «sans loi» par excellence, l’ANOMOS – et que lorsqu’il sera là tous les habitants de la terre l’ adoreront, ceux dont le nom n’a pas été écrit, dès la fondation du monde, dans le livre de vie de l’Agneau, qui a été immolé, (Apoc 13.8) (3).
A l’exception des élus, gardés par la puissance de Dieu et par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps (1 Pi 1.5) -c’est-à-dire pour le glorieux avènement du Seigneur – l’immense masse humaine succombera au redoutable envoûtement de l’esprit d’Antéchrist et l’accueillera, lui, en personne, comme son dieu. L’apostasie – dans le sillage de laquelle l’Impie apparaît, cf II Thes 2.3 – aura conditionné l’humanité pour cela.
c) La disparition du consensus chrétien
Rappelons ici que c’est dans le cadre d’un vaste consensus chrétien – je veux dire dans une culture fortement marquée, imprégnée par le christianisme biblique, par ses vérités, ses certitudes, ses valeurs – que se sont produits en Occident, au cours des siècles passés, les grands réveils, à commencer par la Réforme.
Mais, vers le milieu de notre siècle, tout a basculé (il y a naturellement eu une longue période d’incubation), au point que l’on a pu forger pour nos temps la formule de «société – ou culture – post-chrétienne». Cela veut dire que notre civilisation a franchi un cap décisif et pris un très dangereux virage.
Que cela nous plaise ou non, le consensus chrétien a disparu, par abandon volontaire de la révélation biblique, et ce qui l’a remplacé, c’est un consensus païen.
Ce néo-paganisme dans lequel nous baignons et dont le Mouvement du Nouvel-Age est le fer de lance et le porte-drapeau, est pire que le paganisme primitif, né de l’ignorance (cf Actes 26.17- 18), car il est le fait d’une société «éclairée», où le flambeau de l’Evangile a brillé, mais qui a résolument rejeté la lumière reçue et foulé aux pieds le Fils de Dieu (Héb 10.29).
Et cela a eu comme point de départ – parmi d’autres facteurs – l’effondrement de la foi dans les grandes Eglises historiques issues de la Réforme, qui ont renié (4) les vérités fondamentales de l’héritage chrétien, de la doctrine apostolique, elles qui auraient dû garder le bon dépôt, cf II Tim. 1.14.
Aujourd’hui, emportées par le syncrétisme oecuménique, on les voit tendre les bras non seulement aux systèmes monothéistes – toujours ennemis de l’Evangile du Fils de Dieu et de la grâce, l’Islam et le Judaïsme – mais aux religions païennes. Leur partenaire oecuménique, l’Eglise Catholique romaine, en fait autant d’ailleurs, mais avec plus de subtilité.
Au milieu d’une telle unanimité dans l’abandon de la foi, d’une telle prostitution à l’esprit souillé du monde, d’un tel délire spirituel, un réveil mondial est-il concevable? Répondre par la négative n’est certes pas le signe de l’incrédulité, mais d’une juste appréciation de la sainteté de notre Dieu. Si les fautes des chrétiens attristent et même éteignent l’Esprit Saint, quel outrage ne constituera pas la réalité horrible de l’apostasie (cf Héb.10.29).
Si Jésus-Christ pouvait menacer Jérusalem, incrédule et rebelle, que le temple dont les Juifs se glorifiaient serait laissé désert, Mat. 23.38, vide de la présence du Dieu saint, il est impossible de concevoir que le Saint-Esprit cohabite avec l’apostasie et que sa puissance s’y manifeste en grâce.
Le retour contre nature, dans une société christianisée, des philosophies, religions et pratiques païennes -dont le centre opérationnel est une légion d’esprits immondes dans la sphère invisible – nous montre que nous sommes probablement entrés dans le crépuscule du temps de la grâce et que le monde est mûr pour la moisson et la vendange dont parle Apoc 14.14-20.
Et il ne s’agit pas d’une moisson d’âmes sauvées – comme celle qui a marqué l’effusion historique de l’Esprit le jour de la Pentecôte et toute l’histoire de l’Eglise et de la Mission chaque fois que s’est produit un réveil – mais de la moisson du jugement sous la colère de Dieu.
d) La seule attente bibliquement fondée: la visitation de l’esprit d’erreur.
A lire en toute objectivité les passages prophétiques du Nouveau Testament, l’on ne peut raisonnablement s’attendre à un réveil d’amplitude mondiale dans les temps qui précèdent et annoncent la fin. En revanche, ce que l’Ecriture prophétise de façon tout à fait explicite, aussi bien en Matt 24 qu’en II Thes 2 et Apoc 13.11- 17, c’est une visitation spectaculaire et massive de la séduction orchestrée et dynamisée par Satan lui-même.
Ainsi que le disait un serviteur de Dieu, la seule «Pentecôte» à laquelle nous devions nous attendre, c’est une «Pentecôte satanique», l’anti-réveil venant d’en bas et non d’en haut.
Mais attention! Si cette visitation se fait «par la puissance de Satan» – pour introduire et accompagner l’Antéchrist avec une formidable démonstration de miracles, de signes et de prodiges mensongers, II Thes 2.9-10, cette démonstration a lieu sous l’autorité de Dieu et est un expression de son jugement. En effet, c’est lui qui «envoie» la puissance d’égarement, et Il le fait pour exécuter un jugement, v .11 et 12.
En conclusion, loin d’être le signe avant-coureur d’un réveil mondial selon l’Esprit, le déploiement actuel du «miraculeux» (mensonger) à travers le monde dans des églises qui ont perdu la seule boussole donnée de Dieu – l’Ecriture – traduit une sentence divine d’aveuglement sur une chrétienté infidèle (5) et une société apostate (cf Es 29.9-10).
Bref, beaucoup se trompent d’ attente!
1 Pour un traitement plus approfondi, consultez «Actualités Evangéliques», No 65, juin 1995- Paul Ranc
2 Ce qui se passe en Actes 8 avec les Samaritains, en Actes 10 avec des non- juifs, en Actes 19 avec les douze disciples de Jean-Baptiste, ne sont que trois moments du même et unique acte fondateur, Pour des raisons circonstancielles, l’effusion historique ne pouvait pas atteindre tous les groupes en même temps,
3 On peut aussi traduire: «sur le livre de vie de l’Agneau immolé dès la fondation du monde» (Colombe, Segond révisée},
4 Le reniement n’est pas forcément à visage découvert, ni explicite, Il suffit de vider les termes théologiques de l’Evangile de leur sens originel, de leur substance,
5 L’effondrement de la foi au sein de la chrétienté et l’égarement actuel d’un grand nombre d’églises, n’ébranlent nullement notre conviction que Christ continue à bâtir
Cet article, qui a été publié par Banner Ministries (Angleterre) dans sa forme initiale, est une adaptation. Le texte original est de Tricia Tillin, et cette version condensée de C.-A. Pfenniger
Beaucoup voient dans les manifestations surnaturelles observées à l’église Vineyard de l’aéroport de Toronto comme un nouveau mouvement spontané de l’Esprit. Qu’y-a-t- il au juste à la source de ces phénomènes?
I) De quels fruits parlons-nous?
Les «supporters» du mouvement de Toronto nous encouragent à «regarder au fruit». C’est ce que nous voulons faire ici. Selon la Bible, la qualité d’un fruit dépend de la nature de l’arbre qui le porte, et des racines qui l’alimentent (cf. Mat 7.15-20; Jér 17.8). Il n’est donc pas inutile de connaître les racines de la «bénédictions de Toronto».
Notre critère d’évaluation ne sera autre que la Parole de Dieu, et c’est en nous appuyant sur elle que nous devrons décider si les expériences «surnaturelles» telles que la paralysie subite et momentanée, les comportements assimilables aux crises d’infantilisme ou de lycanthropie (délire de celui qui se prend pour un animal), les états de transe, les pleurs, les rires hystériques, les chutes, etc. sont des indicateurs de vraie spiritualité.
De plus, nous devrons interroger la même Parole pour décider si les fruits qui semblent découler de ces expériences, à savoir la guérison physique, ou l’amour, ou la joie, ou la paix, ou le courage, sont, en eux-mêmes, des preuves incontestables de la sainte origine de ce «Renouveau».
Notons d’emblée que les adeptes de bien des religions, ou les personnes familières des thérapies alternatives, peuvent témoigner de «fruits» analogues. Il en va de même pour ceux qui ont goûté au yoga ou à la réflexologie. Des disciples de religions non-chrétiennes relatent des «rencontres surnaturelles» qui ont bouleversé leur vie. C’est pourquoi il nous sera indispensable d’examiner la doctrine sous-jacente au mouvement de Toronto – l’expérience seule n’est pas assez révélatrice. En confrontant cette doctrine au message biblique, nous y verrons plus clair.
Et souvenons-nous, en guise d’avertissement, que le fruit défendu auquel Eve a donné sa préférence était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence (Gen. 3.6). Il n’en était pas moins mortel.
II) Les miracles doivent-ils avoir le dernier mot?
Qu’il suffise de citer Mat 7.21- 23: Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seule- ment celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n ‘ avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n’ avons-nous pas chassé des démons par ton nom? et n ‘avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité, pour démontrer qu’un miracle ne peut, en lui-même, prouver que celui qui en est l’instrument, ou le bénéficiaire, agit forcément en accord avec la volonté de Dieu.III) Comment la Parole de Dieu est-elle traitée par les inspirateurs du mouvement de Toronto?
D’une manière générale, disons que ceux-ci sont parvenus à marginaliser l’Ecriture. L’équilibre de son message est rompu, et les seuls textes abondamment cités (mais de manière disparate, et souvent hors contexte) sont les versets qui semblent accréditer les manifestations inhabituelles.
Pour comprendre cet usage particulier de la Bible, il faut remonter à celui qui fut le principal instrument du «Renouveau»: Rodney Howard-Browne. Actif aux Etats-Unis dès 1987, présent à la télévision, engagé à fond dans un ministère de prédicateur itinérant (550 «rencontres du Renouveau» en 1992!), cet homme se fit remarquer lorsque, en mai 1993, il présenta une série de 15 conférences à l’église Carpenter’s Home Church, Lakeland, Floride (Pasteur: Karl Strader). On commença dès lors à parler du «Réveil du rire» (voir revue Charisma magazine, août 1993).
L’impact du ministère de Rodney Howard-Browne sera déterminant dans la vie d’un pasteur nommé Randy Clark(St-Louis). C’est ce dernier qui, en donnant dans l’église Vineyard de Toronto un compte-rendu enthousiaste de ses expériences, va transmettre le feu du «Renouveau», au début du mois de janvier 1994.
Ces événements avaient du reste des précédents puisque, en janvier 1991 déjà, le fondateur des églises Vineyard, John Wimber, avait conduit une conférence intitulée Revival Fire à Anaheim, en Californie. A cette occasion, on avait pu voir des participants pleurer sans pouvoir s’arrêter, rire hystériquement, sauter, trembler et produire des bruits d’animaux.
Ces quelques rappels historiques devraient suffire à établir que le «Renouveau» que nous examinons plonge ses racines ailleurs qu’à Toronto, et qu’on ne peut comprendre ce mouvement en profondeur si l’on ne se penche pas attentivement sur les positions doctrinales des pères spirituels de John Arnott, pasteur du Vineyard de Toronto. En voici quelques points forts:
a) Les «temps de rafraîchissement»
Les partisans du mouvement de Toronto, après avoir constaté que «l’effusion de l’Esprit» à laquelle ils prennent part ne produit que peu de réelles conversions, ont choisi de décrire leur expérience comme les «temps de rafraîchissement» dont il est parlé en Actes 3.19-21: Repentez- vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et qu’il envoie celui qui vous a été destiné, Jésus-Christ, que le ciel doit recevoir jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes d’autrefois. Comment comprendre cette expression?
-Ces versets sont extraits d’un discours que l’apôtre Pierre adresse à des Juifs incroyants. Il les appelle à la repentance, en vue de leur salut individuel, mais aussi en vue de la restauration finale du Royaume d’Israël, au retour de Jésus-Christ. Cette promesse est donc liée au retour visible de Christ, événement conjoint à la conversion nationale d’Israël (cf Rom 11, en particulier v.12-15; Zach 12.10,11; 14.1-11) et à sa réintégration. N’utilisons donc pas cette promesse pour prophétiser un fabuleux renouveau de l’Eglise. Du reste, même pour les chrétiens, le repos et la victoire finale sont intimement liés au même avènement (cf II Thes 1.7; I Pi 1.13; 4.13).
-Lorsque les prophètes de l’ancienne Alliance parlaient des « temps de la restitution » (ou du rétablissement de toutes choses), ils avaient à l’esprit la restauration physique de la nation juive. Le mot grec qui correspond à l’expression hébraïque est «apokatastasis»; il n’est utilisé qu’une fois, en Actes 1.6: Alors les apôtres réunis lui demandèrent: Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël? Le terme indique une restauration. Il est composé du préfixe «apo», qui traduit l’idée de «retour», et du verbe «kathistémi», qui signifie «mettre en ordre». Ce mot est proche de celui que le Seigneur utilise en Mat 19.28 pour décrire l’époque que son retour visible inaugurera: Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, C’est de ce temps que nous parle l’Ancien Testament ( cf Ps 2.6-l2; 110; Es 51, 52, 54, 60, etc.). Or, les présupposés théologiques de bien des inspirateurs du mouvement de Toronto les empêchent de saisir le sens évident de tous ces passages, car ils ont adopté la théorie du «remplacement», selon laquelle toutes les promesses faites à Israël doivent être spiritualisées et appliquées au peuple de l’Eglise. A vouloir suivre un pareil enseignement, il faudrait, en toute bonne logique, refuser à la nation d’Israël le droit de posséder son propre pays !
b) L’«agenda caché»
Même si les commentaires qui suivent peuvent surprendre certains croyants favorables au mouvement de Toronto, parce qu’ils ignorent les faits que nous évoquons, il nous paraît juste de faire état de théories qui amènent leurs auteurs à proclamer la dispensation d’une nouvelle Pentecôte.
Certains leaders charismatiques parlent en effet de «quelque chose qui est en train de naître dans l’Eglise»: «Dieu est en train de lever une armée». Et comment donc cette ère nouvelle va-t-elle s’installer? Ils nous répondent: «N’analysez pas! Laissez venir sans vous demander ce que ce remue-ménage signifie. Laissez les gens se faire plaisir. Vous aurez bien le temps, plus tard, pour vous poser des questions».
L’attitude de ces prophètes d’une nouvelle Pentecôte pointe immanquablement dans la direction de l’enseignement du mouvement du Latter Rain ( «pluie de l’arrière-saison», expression empruntée au passage de Joël 2.23).
A la fin des années 1940 et au début des années 1950, pendant le Renouveau pentecôtiste sur la guérison, un groupe d’hommes, connus plus tard comme les enseignants du Latter Rain, émergea de façon particulière. L’un d’eux se nommait Paul Cain. Après une période d’obscurité, ce dernier refit surface dans les années 1990. Il fut l’un des «prophètes» de Kansas City, travaillant sous la coupe de John Wimber et dans le cadre des églises Vineyard. Son enseignement est resté dans la ligne du Latter Rain.
Cet enseignement fut rejeté, à juste titre, par les Assemblées de Dieu (pentecôtistes), en 1949. Parmi les hérésies de cette nouvelle école, signalons la croyance en l’apparition d’une élite d’hommes-enfants destinée à dominer sur les nations et à régner «dans les cieux», tout en surveillant le jugement terrible exercé sur les représentants de «l’ancienne génération», c’est-à-dire des églises dénominationelles. De plus, c’est à cette élite que serait réservée une Seconde Pentecôte, la rendant capable d’incarner Christ au point de devenir parfaite et invincible, prête à renverser les puissances démoniaques invisibles.
Cette Seconde Pentecôte est censée éclater au Canada, pour se répandre ensuite jusqu’aux extrémités de la terre. Nous citerons ici la préface du livre de Richard Riss: The Latter Rain. Elle fut rédigée en 1987 par James Watt qui, en 1974, était l’assistant pasteur d’Ern Baxter à Surrey, Colombie Britannique, Canada: «Dans un sens, l’accomplissement de la Fête des Tabernacles vint avec le souffle des trompettes depuis North Battleford… Le temps du renouvellement de toutes choses est en train de s’accomplir… Selon Paul Yonggi Cho de Corée et selon 20 autres prophètes, le dernier agissement de l’Esprit jaillira du Canada, et de 70 villes du Canada il se propagera aux 210 autres nations de la terre avant le retour de Jésus-Christ».
Marc Dupont, du Toronto Vineyard, écrit qu’il voit Toronto comme une des sources majeures du renouveau mondial. Il proclame avoir reçu à deux reprises une prophétie significative (mai 1992, juin 1993): une forte vague de Toronto coule puissamment depuis l’est et traverse le Canada. Il compare le renouveau actuel avec le ministère de Jean Baptiste, précurseur du Christ. Il croit qu’il aboutira à un renouveau majeur parmi les nations de l’Occident dans les années 2000 à 2005 (voir l’article Mantle of Praise et le Magazine Alpha de septembre 1994).
Du même Marc Dupont, cette phrase intrigante: «Ce mouvement de l’Esprit en 1994 n’est pas seulement une expérience pentecôtiste et charismatique au sujet de la puissance et des dons. Il est une chose de se couvrir de puissance, et une autre chose de s’imbiber de la Personne de Dieu».
Pour saisir le sens de tels propos, il faut rappeler que selon les enseignants du Latter Rain, la première Pentecôte incita les croyants à être «revêtus de la puissance d’en haut» (cf Actes 1.8). Quant à la seconde Pentecôte, elle permettra l’incarnation du Christ dans son Corps, l’Eglise. Cette conviction leur est venue de leur interprétation symboliste de la Fête des Tabernacles, fête anciennement destinée à célébrer la présence de Dieu au milieu de son peuple. Ils infèrent de cette célébration que le jour vient où nous ne ferons plus la distinction entre Jésus-Christ (Chef et Tête de l’Eglise, qui siège à la droite de Dieu) et l’Eglise {le Corps des croyants qui vivent sur la terre), car seul existera l’Homme Parfait, remplissant à la fois le ciel et la terre. Voilà donc à quoi aboutirait l’épanchement final de l’âge de l’Eglise!
A l’appui de leurs thèses, les tenants de cette position citent des passages tels que Eph. 1.15-23; 4.11- 16, mais une étude, même rapide, de ces versets nous démontrera qu’il n’est jamais possible d’abolir la distinction entre Christ et son Epouse (lisons à ce sujet I Cor 15.20-28; Eph 5.22-32; Il Cor 5.1-10).
c) Les enseignements de la Restauration
Aux hérésies du Latter Rain, on peut associer celles du Mouvement de la Restauration. Bien que peu de gens en soient conscients, ces enseignements ont fortement influencé l’évolution des églises charismatiques. Quelques rapprochements s’imposent:
-Le mouvement de la Restauration (Shepherding/Restoration movement) a été fondé, entre autres, par Erik Baxter (l’un des «Cinq» de Fort Lauderdale, Floride). Il a travaillé avec William Branham (fondateur d’une secte hérétique) au temps du Renouveau du Latter Rain, et avec- Georges Warnock, qui fut son secrétaire personnel.
-Un des collaborateurs habituels du «Vin nouveau», le magazine le plus important du renouveau charismatique, fut, au début des années 70, un dénommé John Poole. Ce leader réputé du renouveau charismatique des années 1960 et 1970 était fils de Fred Poole, un des principaux enseignants du Latter Rain Movement.
Mais on n’en finirait pas de détailler tout ce réseau d’étranges parentés. Citons plutôt Richard Riss, auteur d’un livre favorable au Latter Rain: «Il est impossible de mesurer l’étendue de son influence (=du Latter Rain), bien qu’il semble acquis qu’au sein même du Renouveau charismatique, un certain nombre d’individus dévoués aux différentes «vérités des derniers temps» propagées pendant le réveil du Latter Rain, ait contribué au développement d’un mouvement sousterrain».
Nous nous référons maintenant au livre de Georges Wamock, «La Fête des Tabernacles», pour faire un bref recensement des enseignements du Latter Rain qui ont pénétré le Renouveau charismatique et le Mouvement de la Restauration:
–L’Eglise a définitivement remplacé Israël; toutes les promesses réservées à Israël sont transférées sur l’Eglise
les doctrines pré-millénaristes sont écartées: on ne croit plus à la succession classique des événements de la fin: enlèvement de l’Eglise, règne de l’Antichrist et Grande Tribulation, retour de Christ, Millénium
-les méchants seront enlevés de la terre pour être jugés, mais l’Eglise restera
-l’Eglise doit «posséder le pays», c’est-à-dire gouverner le monde, avant le retour de Christ ( «mandat de la domination» )
-les croyants doivent ébranler les puissances célestes et prendre leur place pour gouverner la terre
-certaines nouvelles révélations et doctrines secrètes ne seront comprises que par les «vainqueurs»
–l’Eglise va passer par une phase de purification qui permettra à Christ d’habiter pleinement dans son Corps et de le rendre parfait, invulnérable au péché
–la restauration des ministères d’apôtres et de prophètes, nécessaire pour amener la perfection des saints (ministère du «shepherding»)
–l’imminente unité de tous les croyants, nécessaire pour que Christ puisse s’incarner dans son Corps
–la manifestation des Fils de Dieu; ceux qui se seront laissés amener à la perfection par le ministère des Apôtres, des Prophètes et des Enseignants auront «la mesure de la stature de la plénitude du Christ». Le monde assistera ainsi à la Naissance de l’Homme-Enfant, à l’avènement d’une élite nommée l’Armée puissante du Seigneur (l’ «Armée» de Joël), ou la Prêtrise de Melchizédek (par opposition au vieil ordre de la Prêtrise Aaronique, c’est-à-dire aux diverses dénominations chrétiennes actuelles, destinées à la destruction), ou encore la Compagnie de Moïse et d’Elisée, les Vainqueurs etc. Cette classe supérieure de « Fils de Dieu » aura la puissance de juger les ennemis de Dieu, et de détruire tous ceux qui refusent de «se repentir»
-la venue invisible et spirituelle de Christ dans son Corps, préfigurée par la Fête des Tabernacles, et manifestée par la joie. C’est la Seconde Pentecôte: Christ va habiter tout son Corps. Lors de la 1ère Pentecôte, il s’est limité à habiter des individus isolés
-miracles et prodiges vont accompagner la manifestation des Fils de Dieu. Leur oeuvre débouchera sur une grandiose «Moisson de la Fin des Temps» de portée mondiale
–la mort sera détruite par l’Eglise régnante (référence à I Cor 15.24-26, interprété, hors contexte, à la mode Latter Rain), car Jésus ne peut revenir physiquement avant que tous ses ennemis, y compris la mort, n’aient été anéantis.
Tous ces enseignements sont évidemment de pures extrapolations, déformations et parodies de la Vérité biblique. Beaucoup l’ont déjà démontré, textes à l’appui. Mentionnons, pour nos lecteurs anglophones, le livre d’Al Dager: «Vengeance is ours» (Sword Publishers, Redmond WA, USA, ISBN 0-9626632-0-4).
d) Les avatars du Latter Rain
Les premiers réveils du Latter Rain datent de 1949. 40 ans après, Paul Cain et d’autres revenaient sur le devant de la scène. L’association de Kansas City mit sur pied les Ministères de la Grâce comme «ministère consacré à la pleine restauration de l’Eglise à la gloire décrite dans la Parole de Dieu».
Mais indépendamment de cette initiative, le Mouvement de la Restauration proprement dit a peu à peu introduit dans les églises, surtout celles d’obédience charismatique, les enseignements du Latter Rain.
Alors que les églises pentecôtisantes avaient, dans les années 50 et 60, combattu ces hérésies, elles ont maintenant, pour la plupart, baissé leur garde. Même des évangéliques non charismatiques, et des églises chrétiennes «officielles» sont maintenant prêts à célébrer la Fête des Tabernacles falsifiée.
Bref, l’idée que nous sommes à la veillé de «la grande pluie de l’Esprit Saint» est devenue familière à toutes sortes de croyants.
IV) Où allons-nous?
Les prophètes de la Seconde Pentecôte n’ont pas complètement tort. Il n’est pas improbable que nous assistions à un réveil mondial de louanges et d’adoration, et que l’humanité suive son «Christ», admirant les prodiges qu’il opérera avec l’aide de son «Eglise». Certes, de grandes forces spirituelles sont à l’oeuvre. Lisons Warnock: «Le jour des comptes est à portée de main! Ce système ecclésiastique est damné!… Le Seigneur que vous cherchez viendra subitement dans son Temple, et il s’assiéra comme un purificateur, un raffineur d’argent; il purifiera les fils de Lévi, et les purgera comme l’or et l’argent… Il vient dans son Temple, même dans l’Eglise du Dieu Vivant! Un plus grand que Salomon est là! Une gloire plus grande que le Temple de Salomon sera révélée à l’heure même de cette apparition du Christ au milieu de ses saints!»
Quant à nous, nous savons par l’Ecriture qui sera celui qui, prochainement, s’assiéra dans le Temple de Dieu: Que personne ne vous séduise d’aucune manière; car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme impie, le fils de la perdition, l’ adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore,’ il va jusqu’à s ‘ asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui- même Dieu. II Thes 2.3-4.
V. Conclusion
Il nous a paru sage, pour nous prononcer sur la nature des «fruits» produits par le mouvement de Toronto, d’examiner ses racines, ses origines.
Nous ne voudrions toutefois pas laisser nos lecteurs conclure de ce qui précède que tous les participants de ce mouvement sont ouvertement et délibérément des agents de Satan occupés à promouvoir l’avènement de l’Antichrist. La grande majorité d’ entre eux sont réellement zélés pour Dieu, et malgré les excès, il n’est pas à exclure que de vrais miracles et d’authentiques conversions se soient produits.
Toutefois le ver est dans le fruit; même si le fruit est d’assez belle apparence pour que d’aucuns consentent à laisser leur raison de côté.
L’ignorance de beaucoup de supporters de la mouvance de Toronto n’est pas une excuse. Même s’ils ne comprennent pas l’origine de termes comme la «Seconde Pentecôte», la «Pluie de l’ arrière-saison», ou d’autres concepts, ces croyants se doivent de tester les prétendues nouvelles révélations. Ils seront ainsi à même d’ouvrir les yeux, en constatant qu’elles sont incompatibles avec la Parole de Dieu.
Si les chrétiens sont solidement enseignés sur la pleine suffisance de la Grâce de Dieu, sur l’apostasie à venir, sur les bienfaits de la 1 ère Pentecôte -s’ils connaissent tout le conseil de Dieu sur les points essentiels de la foi, alors ils seront gardés des mirages d’une Seconde Pente- côte, et préservés de boire aux citernes crevassées des expériences douteuses.
(Texte original anglais: Tricia Tillin, Banner Ministries, PO Box 23, Belper, Derbyshire, DE 56 IQR, UK)
La revue Idea Magazin publie, dans son édition du 7 juillet 1995, un article intitulé: «Une saine instruction plutôt que des phénomènes». Nous proposons à nos lecteurs la traduction de ce témoignage.
«Le dirigeant du mouvement Vineyard s’exprime de manière critique à l’égard des phénomènes qui se produisent au sein de son mouvement, lors des services religieux de l’église de Toronto. Il a préconisé le retour à une théologie centrée sur Christ, et a stigmatisé l’activité des prophètes.
Le leader du mouvement Vineyard, John Wimber, s’est élevé contre une surestimation de la «bénédiction de Toronto», caractérisée par des rires, des pleurs, des tremblements ou des chutes à terre. Lors d’une conférence dans le cadre du mouvement qu’il a lui-même fondé, Wimber a affirmé qu’une saine instruction biblique était plus importante que ces phénomènes concomitants. (…)»
«Nos rencontres devraient être marquées par une prédication centrée sur Christ et par un appel à vivre en disciples de Christ, et non pas par des phénomènes spectaculaires», a souligné Wimber .
Selon lui, il est faux d’inciter les hommes à expérimenter les phénomènes de la «bénédiction de Toronto». Il vaudrait mieux leur transmettre la notion de la grandeur et de la présence de Dieu. Wimber s’est déclaré prêt à se pencher plus avant sur ces questions et à corriger les erreurs.
Wimber a dénoncé la place exagérée accordée au ministère prophétique dans la vie de la communauté. Au terme d’une expérience de quatre ans, il a pris ses distances par rapport à cette pratique. Il serait même en grand souci au sujet de la théologie de certains prétendus prophètes. Globalement, il estime que leur influence sur la communauté a été négative. Toutefois, il considère toujours les prophéties, les signes et les miracles comme des choses possibles.»
Pour une étude élargie de la «Bénédiction de Toronto» et des tendances mystiques de la religiosité contemporaine nous recommandons la lecture du dernier numéro de la revue «Résister et Construire» (no 34-35, sept-nov 1995), case postale 468, 1001 Lausanne, Suisse.
Nos lecteurs qui savent l’allemand liront également avec profit le livre «Die Propheten kommen!», de Wolfgang Bühne (CLV, Postfach 110135, 33661 Bielefeld, Deutschland).
CHRONIQUE DE LIVRES
Editions : Editions Barnabas, 40 rue des Réservoirs F 91300 Yerres
Maurice Decker a exercé un ministère pastoral en Bretagne pendant une dizaine d’années. Secrétaire général de la Fédération Evangélique de France depuis 1979, il exerce désormais un ministère itinérant d’enseignement.
Dans cet ouvrage, Maurice Decker médite sur le cheminement spirituel du chrétien rétrograde. Ce n’est donc pas un commentaire biblique systématique sur le livre de Ruth.
C’est d’abord l’histoire douloureuse d’une petite famille de Bethléhem qui s’exile en Moab dans un temps de crise. C’est ensuite le cheminement d’une veuve, Noémi, qui abandonne le manteau de la grâce pour les haillons de l’amertume, mais qui heureusement finit par revenir de l’amertume à la grâce. C’est enfin le parcours de la solitude vers la plénitude, de Ruth la païenne qui entre dans le champ de la grâce pour ne plus en sortir.
Ce petit récit anecdotique s’inscrit dans la longue et tumultueuse histoire du peuple d’Israël. L’auteur nous fait faire un va-et-vient continuel entre le livre de Ruth et les prophètes Osée, Jérémie, Esaïe, Joël, Amos et d’autres pour établir un saisissant parallèle entre le cheminement d’une veuve et celui de tout un peuple, interpellé au fil des siècles par les prophètes de l’Eternel.
On découvre tout au long du livre l’unité extraordinaire des Ecritures. On réalise mieux l’importance de ne pas négliger l’Ancien Testament, et ses livres prophétiques en particulier, pour ne pas se priver d’un enseignement essentiel sur la nature et les caractéristiques d’un vrai réveil.
Le livre se divise en 4 parties:
1. Un choix stratégique
2. Une position stratégique
3. Une manoeuvre stratégique
4. Une victoire stratégique
Excellent ouvrage. Il nous fait parcourir l’Ancien Testament en restituant le récit du livre de Ruth dans son contexte historique et prophétique. Chaque chrétien devrait le lire et se pénétrer de son message.
Aujourd’hui plus que jamais, il est impératif de savoir ce que l’Ecriture, seule autorité sur laquelle notre foi repose, nous enseigne sur la personne et l’ouvre du Saint-Esprit. En notre 20e siècle, le Saint-Esprit est mis en évidence de façon démesurée par rapport au Père et au Fils. Pourtant, dans tout le NT, il n’est nommé que 5 fois sur 100 par rapport au Père et au Fils. Le Saint-Esprit est la lumière qui est braquée sur le Fils afin de le glorifier, alors qu’il se tient toujours lui-même à l’arrière-plan, Nos réflexions prendront pour point d’appui le texte d’Eph. 5.18-6.9: 18 Ne vous enivrez pas de vin: c’est de la débauche. Mais soyez remplis de l’Esprit; 19 entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels,’ chan tez et célébrez le Seigneur de tout votre cour; 20 rendez toujours grâces pour tout à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus- Christ; 21 soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte de Christ.
Paul inspiré par le Saint-Esprit, spécifie aussitôt les modalités de cette soumission mutuelle. Voici un extrait des instructions divines concernant la soumission: 22 Femmes, soumettez-vous chacune à votre mari, comme au Seigneur; 23 car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Eglise, qui est son corps et dont il est le Sauveur; 24 comme l’Eglise se soumet au Christ, que les femmes se soumettent en tout chacune à son mari. -25 Maris, aimez chacun votre femme comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle… 28 …Celui qui aime sa femme s’aime lui- même. 29 Jamais personne n’a haï sa propre chair; mais il la nourrit et en prend soin comme le Christ le fait pour l’Eglise. 33 Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari. -6.1 Enfants, obéissez à vos parents ( selon le Seigneur), car cela est juste… 3 Et vous, pères, n irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les avertissant selon le Seigneur. -5 Serviteurs, obéissez à vos maîtres…, comme au Christ; et cela non seulement comme pour plaire aux hommes, mais comme des serviteurs de Christ… 7 Servez- les de bon gré, comme si vous serviez le Seigneur... -9 Quant à vous, maîtres, agissez de même à l’égard de vos serviteurs, sachant que leur Maître et le vôtre est dans les cieux…
1) Comment est-il possible de se conformer à de tels principes?
Constatons d’abord que ces instructions sont données à des chrétiens nés d’en haut, donc à des personnes décidées à suivre Jésus-Christ, qui est huit fois donné en exemple. Cette soumission mutuelle selon la hiérarchie établie par Dieu n’est possible que pour des gens qui sont remplis de l’Esprit. Eph. 5.18 est la condition sans laquelle il est impossible de vivre selon les commandements donnés dans ce passage. Ils ne sont pas liés à la culture du temps de Paul et ne peuvent pas être relativisés par la méthode dite de contextualisation, qui ne sert qu’à adapter à notre culture, voire annuler, les ordres donnés par Dieu.2) Une confusion à écarter: être baptisé et être rempli
Etre baptisé ou scellé du Saint-Esprit n’est pas la même chose que d’en être rempli. Eph. 1.13 se réfère à la conversion, où le baptême du Saint-Esprit a lieu. Trad. litt: Ayant entendu la parole… et étant devenus croyants, vous avez été scellés du Saint- Esprit de la promesse. Ce baptême rend capable de témoigner avec puissance, ce qui arriva à la Pentecôte. La confusion entre « être baptisé » et « être rempli » de l’Esprit est due à l’expression dans Actes 2.4: ils furent tous remplis d’Esprit Saint. C’est l’effet du baptême du Saint-Esprit, expérience unique, conjointe à la conversion depuis la Pentecôte. Par contre, «être rempli» est un état continuellement renouvelé.3) La question se pose: com- ment être rempli de l’Esprit?
Une constatation: c’est un commandement. Trad. litt.: Continuez à être remplis de l’Esprit (ou: dominés par l’Esprit). Ce n’ est pas une expérience, une bénédiction à demander; c’est un état dans lequel il nous est demandé de rester et de vivre. Ce n’est pas quelque chose qui nous « arrive », mais quelque chose qui est sous notre contrôle et que nous déterminons. Tout comme on peut décider d’être rempli de vin, on peut décider d’être rempli de l’Esprit. Par contraste, le baptême ou sceau du Saint-Esprit est entièrement dû à l’action de Christ à la conversion.
Soyez en train d’être rem- plis du Saint- Esprit: débarrassons- nous de toute notion de passivité. Loin d’attendre que cela nous arrive, nous avons à décider si, oui ou non, nous voulons être remplis du Saint-Esprit. Ne pas être passif veut dire être actif.
4) Comment être actif?
En lisant et en sondant la Parole. Elle est du Saint-Esprit. Il me parle clairement par elle: il cherche à me persuader, à me reprendre, à m’encourager, à m’instruire (2 Tim. 3.16). Il faut une lecture journalière, suivie, de la Bible. Co1 3.16 nous y invite; ce verset dit aussi ce que nous avons déjà lu dans Eph 5.19, mais y ajoute l’instruction mutuelle et l’exhortation à la sagesse. La Bible seule me fait connaître Dieu, sa pensée, son intention, sa loi, et surtout sa personne. Plus je m’ en nourris, plus le Saint-Esprit peut me remplir, mieux je peux m’y soumettre, dans tous les domaines de ma vie: esprit, volonté, émotions, vie intellectuelle et vie sentimentale. Si chacun fait cela, tous ensemble peuvent s’unir pour partager instruction et sagesse et se réjouir de tout cour par la louange (psaumes, hymnes, cantiques).
Seuls les chrétiens nés du Saint-Esprit ont la possibilité de vivre une vie vraiment harmonieuse dans le couple, la famille et au travail. Ces relations de paix et de soumission mutuelle ne sau raient s’ appliquer à des non- croyants. Il est donc illusoire de penser que le christianisme va réformer le monde, transformer la société (illusion soutenue par l’Eglise Romaine et le post-millénarisme). Personne ne peut vivre comme l’apôtre l’indique sans avoir reçu le Saint-Esprit. Il donne le vouloir et le faire à ceux qui veulent s’y soumettre.
C’ est pourquoi, quand Christ régnera sur la terre, il enlèvera les méchants, il liera (neutralisera) Satan (Es 60.12; Nah 2.1; Apoc 20.2-3; 21.27; 22.11). La Bible est claire sur ce point: le cour de l’homme naturel est dépravé et incapable de suivre les règles de conduite exigées par le Seigneur . Non seulement cela, mais l’homme naturel ne veut pas vivre ainsi; il veut donner libre cours à sa convoitise, à ses désirs, à la lubricité –il veut pécher!
5) Le Saint-Esprit est une personne
Rom 5.5 peut donner l’impression que le Saint-Esprit est un fluide qui est versé dans le cour. Si la Bible emploie des verbes comme «verser», il s’agit d’une métaphore (d’une image). On ne peut pas «faire le vide» et puis être rempli comme un vase vide. Il s’ agit de la troisième personne de la Trinité qui prend possession. Il n’est pas simplement une influence, mais il exerce une influence. On parle de l’influence d’une forte personnalité: dans le chrétien, c’est la personne du Saint-Esprit qui produit l’influence bénéfique.6) Attrister et éteindre le Saint- Esprit
Eph 4.30: N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu. 1 Thes 5.19: N’éteignez pas l’Esprit. Comment comprendre? Se laisser dominer par la chair (la vieille nature pécheresse), par les passions, c’est attrister le Saint-Esprit. On cède alors à la colère, à la médisance, à la jalousie, etc. Le parallèle avec l’alcool est instructif. Il peut arriver que l’on boive trop une fois ou l’autre; il peut arriver qu’on se laisse aller à une passion de la chair. C’est attrister l’Esprit. Mais si l’on s’abandonne à ce penchant, on peut devenir alcoolique; et celui qui ne se laisse pas reprendre par le Saint-Esprit et continue à vivre selon la chair, fait plus qu’ attrister le Saint-Esprit: il éteint le Saint-Esprit. On ne peut avoir une vie dans l’Esprit tout en ayant une vie dans l’alcool.7) Notre conscience reste toujours active
Dans 1 Cor 3.16 et 6.19, Paul avertit les Corinthiens, qu’il taxait de charnels, vivant dans le désordre moral, rongés par la jalousie et la discorde. Nous avons à être conscients que l’Esprit habite en nous. Ne savez-vous pas ? Nous agissons parfois comme si nous ne le savions pas! Je dois me rappeler délibérément: « Le Saint-Esprit habite en moi; il est dans mon corps; je ne m’appartiens pas en propre, j’appartiens au Seigneur, qui m’a scellé de son sceau. » Le Saint-Esprit ne me rend jamais passif; ma conscience reste éveillée; mon esprit reste actif, attentif à l’action du Saint -Esprit.8) Notre volonté reste toujours active
J’ai à désirer intensivement la communion du Saint-Esprit. La bénédiction de 2 Cor 13.13 implique toute la Trinité. La grâce de Christ et l’amour de Dieu se manifestent en moi par le Saint-Esprit. Je dois le laisser se manifester en moi, me conduire comme le Seigneur le voudrait. Le plus grand désir du Saint-Esprit, c’est de me montrer le Seigneur Jésus-Christ toujours mieux. Comment le fait-il? Evidemment par la lecture régulière de la Bible, la parole de Dieu qu’il a lui-même inspirée, et par la communion avec Dieu dans la prière (1 Tim 4.5). Et c’est une question de volonté. Il faut prendre le temps; on trouve toujours le temps pour faire ce qu’on a vraiment envie de faire. Mais il faut le vouloir, cela ne nous tombe pas dessus.
Ceux qui citent volontiers 1 Thes 5.20 (Ne méprisez pas les prophéties) devraient se rappeler que le temps des prophéties apostoliques est révolu. Il n’y a plus de nouvelles révélations car tout a été révélé une fois pour toutes (Jude 3) et forme le contenu de la Bible entière. Aujourd’hui, toute la prophétie se trouve dans la Bible; celui qui méprise la parole de la Bible (en lui enlevant son autorité absolue) éteint par son incrédulité le Saint-Esprit, qui ne peut plus lui parler. S’il continue à «s’enivrer» en vivant par la chair il fait peu à peu cesser, ou n’entend plus, les réprimandes du Saint-Esprit.
Mais il y a un autre aspect. L’Esprit en nous nous stimule, produit des pensées, nous suggère comment agir: écrire une certaine lettre, aller voir une personne, envoyer de l’argent à une autre… Ne disons pas: «Attends, je veux d’abord faire ceci ou cela» ; l’Esprit se taira peut-être; il n’aura pu nous dominer; on a éteint sa voix.
9) La soumission au Saint-Esprit
Jean 8.31-32: que sous-entend «demeurer dans la parole» ? Comme Christ est la Parole devenue chair (Dieu devenu chair en la personne du Fils), il est ici question de rester attaché à la vérité dont Christ est la personnification. Jésus adresse à ses disciples cette parole instructive: Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire(Jean 15.5). Nous ne pouvons rien produire de valable à part notre communion avec Jésus-Christ. Une branche coupée du cep ne porte aucun fruit (Jean 15.7). Il est impossible de prier efficacement sans connaître et croire l’enseignement de Christ.10) Résultats de la soumission au Saint-Esprit
1. Sur le plan personnel
GaI 5.22 parle du fruit de l’Esprit. Ce fruit aux 9 facettes n’est pas dû à mon effort d’observer une loi ou une discipline morale, mais à ma volonté de demeurer en Christ, et il est produit par le Saint-Esprit habitant en moi. Tout chrétien doit porter ce fruit en entier, car si une des vertus énumérées manque, tout son témoignage en souffre; p. ex. s’il est infidèle et déloyal (relations humaines), ou s’il manque de générosité ou de patience, son témoignage en est sérieusement terni, même si les autres vertus sont présentes. Et le plus grave: le Seigneur n’est pas honoré à cause de lui.
2. Sur le plan social
Eph 5.21 ne peut pas signifier que chacun doit se soumettre à tous les autres; ce serait absurde. C’est l’énoncé général de ce qui suit: se soumettre les uns aux autres selon la hiérarchie divine. Ce qui précède le v. 21 indique que cette soumission mutuelle selon l’ordre établi par Dieu est associée au v. 18: être rempli du Saint-Esprit. Tout comme le mari se soumet au Christ, la femme se soumet à son mari comme au Seigneur. Curieusement, il n’est demandé qu’à l’homme d’aimer son conjoint, de nouveau avec référence au Christ. Pourquoi pas à la femme ? Est -ce à cause de ce que Dieu dit à Eve après la chute: Tes désirs se porteront vers ton mari? La femme chrétienne aime-t-elle tout naturellement son mari? Cela peut être la raison, pour autant qu’il l’aime vraiment et non comme un tyran, mais comme Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle. La femme qui sait qu’ il le ferait, peut-elle faire autrement que l’ aimer? Se donner pour sa femme est une expression de plus grand dévouement que ce qui est demandé à la femme.
J’en déduis: vu que le mariage est le symbole le plus parfait illustrant la relation de Christ avec son Eglise (Paul parle d’un mystère), il est extrêmement grave quand un des conjoints du couple chrétien devient infidèle à l’autre. Il détruit l’exemple le plus parlant de l’unité entre Christ et l’Eglise, tout comme Moïse détruisit le symbolisme divin en frappant le rocher au lieu de lui parler. Car la première fois, il dut frapper le rocher, symbolisant ainsi le Christ frappé pour nous à la croix, alors que la deuxième fois, il aurait dû lui parler, symbolisant le rapport du racheté avec son Seigneur qui a été frappé une fois pour toutes. 1 Cor 10.4 dit des Israélites dans le désert: ...ils ont tous bu …à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était le Christ. Pour avoir détruit ce symbolisme, Moïse ne peut entrer au pays promis.
Les parents doivent exiger l’obéissance de leurs enfants; s’ils n’apprennent pas à obéir à leur père terrestre, comment obéiront-ils au Père céleste? Mais les parents doivent exiger ce qui est raisonnable, comme Dieu le fait.
Quant aux relations entre ouvriers et patrons, elles doivent être empreintes de respect les uns pour les autres. De nouveau, les serviteurs doivent prendre exemple sur Christ en servant leurs maîtres. Car chacun, esclave ou libre, recueillera du Seigneur selon le bien qu’il aura fait. Cela donne à la soumission mutuelle ses juste proportions. -Encore une fois: la soumission exigée par le Seigneur n’est possible que pour des chrétiens remplis du Saint- Esprit.
11) Récapitulation
Pour que le chrétien puisse être rempli de l’Esprit, comme Dieu le lui demande, il faut qu’il fasse trois choses principales:1. Lire et étudier la Bible
2. Demeurer en Christ, donc chercher la communion avec lui et se nourrir de sa parole
3. Céder aux pulsions du Saint- Esprit, qui sont toujours en accord avec la Bible.
12) NOTE SUR LES DONS DE L’ESPRIT
NB: Ce résumé très concis ne peut évidemment pas tenir compte de tous les détails.Historique
Le mot grec «charisma» est dérivé de «charis» (= grâce) et signifie «don de grâce». Le mouvement dit charismatique est un prolongement du pentecôtisme (début 20ème s., Californie), qui veut que le baptême du Saint- Esprit intervienne quelque temps après la conversion et se manifeste par le don du parler «en langues». Le charismatisme (datant des années 60) prétend renou veler tous les dons donnés à l’Eglise après la Pentecôte, aussi bien ceux qui cessèrent après l’époque apostolique que les dons apostoliques eux-mêmes (2 Cor 12.12 dit que signes, prodiges et miracles étaient les signes distinctifs de l’apôtre; cf. aussi Actes 5.12). Seuls Pierre et Paul ressuscitèrent chacun une personne morte, respectivement Tabitha (Actes 9) et Eutychus (Actes 20). La liste des dons dans Rom 12.6-8 et Eph. 4.11-13 (épîtres relativement tardives, écrites environ 30 ans après la Pentecôte) ne mentionnent plus tous les dons miraculeux, qui semblent avoir cessé (selon 1 Cor 13.8). Dans les Actes, les apôtres n’opèrent plus de miracles après 20.12. Toutefois, Paul ne mourut pas de la morsure d’une vipère (Actes 28. 3-6). Paul ne guérit miraculeusement ni Epaphrodite (Phi12.25-27) ni Trophime laissé malade à Milet, qu’il aurait certainement guéri s’il avait encore eu ce don (2 Tim 4.20).Réflexions sur les dons de l’Esprit
L’Esprit donne ses dons à chacun en particulier comme il veut (1 Cor 12.11), donc individuellement selon son bon plaisir . Un don de l’Esprit est une capacité surnaturelle dépassant les capacités normales, donné pour le bien de l’Eglise et jamais à des fins personnelles. Il n’y a aucun encouragement dans tout le NT à rechercher les dons miraculeux (langues, guérisons, exorcisme), mais bien ceux d’édification (prophéties dans le sens de 1 Cor 14.3, enseignement, évangélisation, pastorat, présidence, diaconat, libéralité, etc.).
Marc 16.17-18 se réfère aux apôtres si l’on veut bien tenir compte du contexte. Ils n’avaient pas cru que Christ était ressuscité (v.11), et Jésus leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cour (v.14). Ceux qui auront cru au v. 17 vise donc les apôtres, quand ils auront cru à la résurrection de Christ. Les charismatiques pensent que le v. 17 se réfère à tous les chrétiens, mais ils ne tiennent compte que de l’exorcisme et des langues, laissant de côté les serpents et les breuvages mortels (v. 18) -et pour cause! On ne peut prouver qu’un «parler en langues» est authentique, ce qui explique que c’est le don qui est le plus «exercé»; il a maintes fois été prouvé faux, voire d’origine démoniaque. En outre, le mot grec pour «langues» employé dans 1 Cor 14 signifie sans exception des langues humaines «glossa», souvent accompagné de «géné» ) et non du charabia, que Paul nomme «parler en l’air» (v. 9). Le vrai don consiste à pouvoir parler en langues jamais apprises, mais données pour atteindre des païens qui ne comprenaient pas la langue du pays (comme à la Pentecôte). Paul le dit on ne peut plus clairement: I>les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants (v.22). Elles n’ont donc rien à faire dans un culte réunissant des croyants.
Aujourd’hui, Dieu répond aux prières de ses enfants, quelquefois en donnant un don miraculeux de l’Esprit, car il est souverain; mais ce sont des exceptions notables. Pourquoi la prédication ne doit-elle plus être accompagnée de miracles? D’abord parce qu’il n’y a plus d’apôtres. Ensuite parce que les miracles relatés dans les Evangiles et les Actes doivent suffire au croyant; s’ il ne croit pas que ces miracles se sont produits tels qu’ils sont relatés, sa foi n’est pas authentique et de nouveaux miracles ne le convaincront pas non plus (Jésus nous en avertit: Luc 16.31). D’ailleurs, les dérapages souvent grotesques des promoteurs du «power evangelism» sont révélateurs. Pour les Wimber , Yonggi Cho, Rodney Howard- Browne, Kenneth Copeland, Benny Hinn, Randy Clark, John Arnott et autres instigateurs des dernières vagues charismatiques, la Bible n’est pas la parole de Dieu donnée une fois pour toutes; elle n’ est plus la seule référence qui fait autorité, puisque de nouvelles «révélations» (sous forme de «pro- phéties» ) y ajoutent de nouveaux éléments, qui souvent annulent la parole de Dieu.
Si des «signes et des miracles» s’opèrent aujourd’hui par ces faux prophètes, ils tombent sous la condamnation de Jésus, dont ils invoquent continuellement le nom; on n’a qu’à relire Mat 7.21-23 et 24.23-26. On y relève que, quand les disciples demandèrent à Jésus quel serait le signe de son avènement et de la fin du monde, il répondit: Il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes ; ils opéreront de grands signes et des prodiges au point de séduire si possible même les élus. Je vous l’ai prédit.
Etant donc amplement avertis, nous ne nous laisserons pas séduire par des prétendues «bénédictions», qu’elles soient de Toronto ou d’ailleurs.
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