PROMESSES
Article paru dans Compassion no 66, jan-mars 1995 (avec autorisation)
Version originale publiée par Mainstream Magazine, Angleterre
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre: je ne suis pas venu apporter la paix mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle- fille et la belle-mère et l’homme aura pour ennemi les gens de sa maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi: celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi (Mat 10.34-38).
Dorénavant le mot division est un mot que nous entendrons de plus en plus. Certains voudraient nous faire croire que toutes les divisions qui surviennent au sein de l’Eglise sont l’œuvre du diable. Mais est-ce bien vrai? D’autres attendent qu’une division surgisse mais pour de mauvaises raisons. La confusion règne!
Le «réveil» de Toronto a déjà provoqué bien des divisions. Les gens prennent position pour ou contre avec une ferveur sans précédent. Dans 1’histoire récente de l’Eglise, aucune controverse n’a eu un tel effet. Qu’arrive-t-il donc?
Une ligne de démarcation est tracée
Dieu est en
train d’entreprendre une oeuvre de séparation! Des lignes de démarcation sont en cours de traçage. Chaque chrétien charismatique ou non, réveillé ou endormi, expérimenté ou nouveau converti, est sommé par le Saint-Esprit de prendre position d’un côté ou de l’autre.
De part et d’autre les chrétiens ont de fortes convictions. Chaque groupe prétend avoir la bénédiction de Dieu et être dans Sa volonté. Chaque partie accuse l’autre de tromper et de persécuter la véritable Eglise. L’examen des prétentions des uns et des autres ne peut conduire qu’à la confusion; mais comme nous allons le voir, certaines lignes directrices incontestables nous permettront de prendre la bonne décision.
La situation présente n’est toutefois pas facile à comprendre. Spécialement quand on veut nous empêcher de réfléchir et d’analyser.
Le prédicateur d’ Afrique du Sud Rodney Howard Browne qui est à l’origine de cette «vague de rire» exhorte couramment ceux qui le suivent par ces paroles: «Laissez votre raison de côté et entrez dans le domaine du surnaturel.» Comme si les deux étaient exclusifs.
Dans l’assemblée de Toronto Airport au Canada (le principal centre de cette vague de rire actuelle) on entend ce genre de prophétie: «Je crierai de Sion, dit Dieu. Je rugirai du rugissement de la victoire! Vous dépouillerez le camp de l’ennemi! Je viens! Je suis un homme de guerre!… Ne faites pas attention à ceux qui vous disent: Soyez raisonnables! Soyez rationnels! Tout cela n’est pas logique! Je vous le dis, l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui. Permettez-moi de vous parler et d’agir au travers de vous».
Dans ces milieux, la logique est présentée comme étant en conflit avec la volonté de Dieu et la Parole écrite comme un obstacle plutôt qu’une aide. Que reste-t-il donc? Uniquement le facteur émotionnel! Mais lorsqu’un chrétien se confie dans ses sentiments et ses expériences plutôt que dans la Parole de Dieu, il commet une erreur dont l’origine remonte au Jardin d’Eden.
Une obsession démesurée de l’expérience
Certains leaders de ce mouvement prétendent avec insistances être semblables aux chrétiens de Bérée qui sondaient les Ecritures. Ce qu’ils avancent n’a toutefois rien d’une démarche biblique cohérente ou d’une théologie confirmée. Il ne s’agit que de textes isolés qui citent des bruits d’animaux ainsi que d’autres sortes de manifestations physiques, comme si le phénomène de Toronto ne se résumait qu’à cela.
L’argument majeur des promoteurs du phénomène de Toronto est le suivant: «Prouvons à nos opposants que les manifestations sont authentiques, et alors tout ira bien». Il s’agit là d’une vue bien limitée et pour le moins superficielle.
Comme un magicien qui fait des tours de passe-passe, Satan cherche lui aussi à concentrer notre attention sur le bruit et sur le tapage. Pendant ce temps-là, il agit par derrière en trafiquant les doctrines de l’Eglise.
Si nous n’y prenons pas garde, l’expérience elle-même captera toute notre attention, et nous en perdrons de vue son but ultime. N’oublions pas que l’histoire ne s’écrit pas par hasard. Dieu a Son plan mais Satan a son complot et il oeuvre fiévreusement en vue d’atteindre un but précis.
Le complot de Satan
Voici brièvement le complot de Satan:
-son but: dominer
-son problème: les différences d’opinions des chrétiens
-sa solution: l’épuration
Succinctement, on peut dire que depuis des années, l’objectif de toutes ces nouvelles églises charismatiques a été la conversion de la plus grande partie possible de la population mondiale, afin d’établir le royaume de Dieu sur la terre avant le retour de Christ. Cette effusion spirituelle actuelle de Toronto n’a rien changé. Bien au contraire ! Pour qu’un tel dessein puisse être réalisé, il faut que ces églises reçoivent toujours plus de «puissance».
Voici deux déclarations relevées au cours d’une réunion qui s’est tenue le 14 octobre 1994 dans l’assemblée d’Airport Vineyard à Toronto:
«Je vais déclarer la chose suivante et e vais la dire publiquement. Le Seigneur a montré à plusieurs prédicateurs qu’il allait engranger un milliard d’âmes en un court laps de temps. Un milliard d’âmes vont entrer dans le royaume de Dieu» (Wes Campbell).
«Oh! Seigneur, nous Te remercions pour cette merveilleuse
vague du Saint-Esprit. Nous Te remercions pour cela, car Tu déverses
Ton Esprit pour que nous ayons la puissance d’être des témoins,
pour pouvoir atteindre les 5,6 milliards de gens qui peuplent la terre. La majorité d’entre eux n’ont jamais entendu parler de Ton nom Seigneur Dieu. Ce ne sont pas les manifestations qui importent, mais c’est la puissance du Saint-Esprit pour gagner le monde entier afin que toute la terre soit remplie de la gloire de Dieu. Il faut que tous les royaumes de ce monde deviennent les royaumes de notre Dieu, et que la terre entière puisse être remplie de Ta gloire puissante» (Bob Weiner).
On parle déjà d’une «nouvelle vague» à venir. Ce serait un temps de repentance, de sainteté et de plus grande unit&eacueacute; dans toutes les églises et qui conduirait au réveil mondial tant attendu.
Séduisant n’est-ce pas? L’idée de manger le fruit de l’arbre de la connaissance de Dieu dans le Jardin d’Eden l’était certainement aussi ! (Gen 3.1-6).
Menaces destinées aux chrétiens soi-disant rebelles
Un problème se pose à ceux qui croient que seule une Eglise Mondiale indivisible, harmonieuse et parfaitement réglée est en mesure d’accomplir l’évangélisation du monde. Ce problème est tout simplement celui-ci: tous les chrétiens ne sont pas d’accord avec le programme!
Cette maudite petite bande de chrétiens rebelles, disent-ils, est une épine dans leur pied. Ils ne cessent d’insister sur le fait qu’il faut examiner les nouvelles révélations et les prophéties données à la lumière de la Parole de Dieu. Ils continuent à dire que le salut des nations ne pourra pas se faire avant le retour du Seigneur Jésus.
Ils croient toujours en l’enlèvement et dans le millénium et dis cernent la réalité de la grande tribulation dans les derniers temps annoncés dans les Ecritures. Ils considèrent l’harmonie, l’unité et la restauration mondiale comme une utopie. En dépit de toutes les attaques lancées contre leurs enseignements et malgré l’insistance de leaders charismatiques pour que ces chrétiens rebelles adoptent un changement radical dans leur façon de voir les choses, certains d’entre eux persistent dans leurs «hérésies» .
C’est ainsi qu’un nouveau mouvement se met en place dans beaucoup d’églises charismatiques. Profitant du sentiment de culpabilité déjà répandu dans certains cœurs, une campagne de cure d’âmes et de confession, dont le but est d’éliminer les indécis, va être mise en oeuvre. Ce n’est plus le moment de tergiverser! Celui qui est trop faible pour se déterminer sera mis à l’index! Tous ceux qui demeurent dans des églises contaminées vont bientôt être cernés, sommés de confesser leurs doutes et menac&eacueacute;s du jugement de Dieu.
Faites bien attention au très subtil changement de doctrine de ce mouvement comme le montre la «prophétie» douteuse suivante, donnée à Toronto: «Quand des jours de puissance et de révélation arriveront, quand de nombreux miracles se produiront autour de toi, que des signes et des prodiges se réaliseront, qu’il y aura de grandes effusions de joie et que beaucoup de bonnes choses te seront accordées, le Seigneur te dira: Choisis, choisis, choisis! Seras-tu comme Job, qui disait: Accepterais- je le bien de la part de Dieu et non le mal? Es-tu prêt à accepter le bien et le mal? Je suis en train de te dire que tu dois te saisir de tout ce que tu peux tant que tu le peux, et prendre tout ce que tu peux tant que tu peux l’avoir, car des jours viennent, dit le Seigneur, où une grande division surviendra dans l’Eglise. Un homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Tes parents te critiqueront, ils parleront mal de toi et diront que tu t’es engagé dans une secte. Vos fils et vos filles diront que leurs parents sont devenus fous. Ce sera alors la désolation au sein de la maison de Dieu».
«Je vous dis que, au milieu de vous maintenant, certains sont là uniquement pour répandre la discorde parmi les frères. Il y a des choses que le Seigneur hait, qui sont en abomination devant lui. L’une de ces choses, c’est qu’un homme vienne délibérément avec l’intention de semer la division dans son église, cherchant à détruire et à diviser. Ce qu’il a en horreur, c’est un homme qui, au nom de la vérité, abandonne l’amour et fomente la haine et qui ne comprend pas que l’amour couvre une multitude de péchés».
«Le Seigneur déclare que la parole de correction doit être prononcée dans l’amour. Le Seigneur certes est celui qui corrige, et le Seigneur aime la correction et appelle à la correction. Mais le Seigneur hait, Il HAIT la division. Et pour celui qui vient apporter la division, qui vient pour diviser l’Eglise de Christ, pour séparer Ses bras de Ses jambes, et les orteils de Ses pieds, le Seigneur dit que Sodome et Gomorrhe seront mieux traités que cet homme-là au jour du jugement».
«Mais je vous dis que la division surviendra malgré tout, et comme un levain dans l’église, elle est même déjà en train de se lever. En ce moment le Seigneur vous appelle à ne pas voir autre chose que ce que vous voyez, à accepter les miracles dont vous entendez parler et les fruits de Dieu que vous voyez, à considérer toutes ces choses comme étant de Dieu, à persévérer jusqu’à la fin pour être sauvés ou bien à vous confier dans la sagesse humaine et les raisonnements qui tuent la foi et amènent la division».
«Le Seigneur veut que vous preniez position dans votre
cœur ce soir. Il veut que vous sachiez si ces choses sont de Dieu ou non,
et Il veut que vous soyez fermes dans votre engagement, tout comme vous êtes appelés à tenir ferme dans votre confession de foi» (Stacy Campbell, épouse de Wes Campbell, octobre 1994).
Remarquez ici combien les gens de ce mouvement découragent le fait de remettre leurs doctrines et leurs expériences en question et combien ils vous font sentir que cela n’est pas chrétien. Il s’agit dans ce «réveil» d’accepter à la fois le bien et le MAL sans se poser la moindre question.
Dans ce mouvement, on considère que la vérité (le fait de considérer la doctrine biblique avec l’objectivité) est opposée à «l’amour». Chez eux, l’amour dont il est question est d’un type nouveau qui ignore l’erreur au nom de l’unité.
La soumission ou la mort
La conséquence la plus troublante
est que les opposants à ce mouvement sont réellement considérés comme étant en dehors de la foi et condamnés à mourir! Dieu est supposé menacer ceux qui ne se soumettent pas à cette puissance et le sort qui leur est réservé est identique à celui de Sodome et Gomorrhe: une destruction totale! Jésus a prononcé ces paroles à l’encontre de ceux qui le rejetaient comme Sauveur et Messie (Mat 10.14-15). Devons-nous dorénavant supposer que le fait de rejeter le phénomène observé à Toronto s’apparente à un rejet de Dieu Lui-même qui conduit
à la mort?
La lecture du dernier paragraphe de cette «prophétie» donne certes cette impression. On contraint les gens à tenir ferme dans leur approbation de ce qui se passe à Toronto, comme ils sont censés tenir ferme dans leur "confession de foi" en Jésus-Christ. Dans leurs esprits les deux choses sont liées.
Ce raisonnement est extrêmement dangereux!
Le phénomène de Toronto est en train de rapidement devenir un test de loyauté et de conformité doctrinale. Le prédicateur charismatique américain bien connu aux USA Kenneth Copeland par exemple, a suggéré que ceux qui résistent à
cette action de Dieu pourraient bien tomber sur place et mourir!
«Un de ces jours, disait-il à quelqu’un, vous pourriez
très bien être en train de discuter avec des gens leur demandant comment cela s’est passé a l’église dimanche dernier. Ils répondraient alors: Oh! C’était formidable! La gloire de Dieu était si forte que dix infirmes, trente sourds et sept cas de cancer ont été guéris et le frère «grande bouche» et la soeur «querelle» sont morts» (Magazine «VoiceofVictory» d’octobre 1994).
Selon Copeland, les chrétiens ont un choix vital à faire. Il déclare: «Lorsque le feu de Dieu commence à brûler et que les flots de l’Esprit se mettent à couler, le chrétien n’a qu’une alternative: soit il se soumet à l’Esprit et se repent de sa «résistance» à cette «action de l’Esprit», soit il refuse d’y entrer et est violemment emporté».
Quel est donc ce péché qui mettrait les chrétiens en danger de mort? Selon lui ce serait le simple fait de résister à «1’action de Dieu» ! D’après Copeland ceux qui s’unissent dans cette «puissance de réveil» ont l’occasion de «vivre des instants merveilleux» .Lorsqu’il raconte l’histoire d’Ananias et Saphira, Copeland déclare que les chrétiens qui étaient là «vécurent un tel moment de gloire que, même quand Ananias tomba raide mort en face du prédicateur, les chrétiens continuèrent
tout simplement d’adorer».
En réalité le péché d’Ananias ne fut ni de manquer de soumission à l’égard de ses aînés, ni d’éteindre l’Esprit. Mais, il avait menti au Saint-Esprit (Act 5.2-6). Et il retint une partie du prix, sa femme le sachant; puis il apporta le reste et le déposa aux pieds des apôtres. Pierre lui dit: Ananias pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur au point que tu mentes au Saint-Esprit et que tu aies retenu une partie du prix du champ?.. Ce n’est pas à des hommes que tu as menti mais à Dieu. Ananias, entendant ces paroles, tomba et expira. Une grande crainte saisit tous les auditeurs. Les jeunes gens s’étant levés l’enveloppèrent, l’emportèrent, et l’ ensevelirent. Il n’y a pas dans ce récit grand chose de comparable avec ce qui se passe dans les réunions du style de celles qui se déroulent à Toronto
Copeland enseigne néanmoins à partir de ce passage que ceux qui résistent à l’effusion des derniers jours sont en danger de mort. Le message est des plus clairs: la soumission ou
la mort!
Il y a déjà quelques temps que ce message à l’encontre des opposants existe. Il est apparu notamment dans les prophéties et les enseignements des Prophètes de Kansas City. Ceux-ci sont en effet en relation avec des gens qui prêchent la fausse doctrine des «manifested sons» (sorte d’élite chrétienne extrémiste qui se prend pour le sauveur du monde et qui enseigne que la Chrétienté en tant que dénomination est comparable à Babylone, que seuls les saints parfaits de leur nouvel ordre émergeront à la fin des temps comme des élus de Dieu, tandis que Babylone sera vaincue et mourra dans Tribulation
qui doit survenir).
Il y a cependant un fait inévitable. C’est que toute doctrine qui met en avant une certaine élite et qui présente ses membres comme des Sauveurs du Monde aura forcément des opposants.
Le fanatisme
Toute solution humaine aux problèmes du monde
engendre le fanatisme puis la violence. Bien que nous ayons tendance à approuver
les croyances de ceux que l’on a appelés les Puritains (en Angleterre),
on ne peut néanmoins oublier que la guerre religieuse de Cromwell
causa des milliers de victimes. Bien qu’il soit évident que la lutte qui s’est déroulée en Irlande dépasse le cadre religieux, peut-on toutefois approuver le meurtre au nom de la défense de la foi? Peut-on de nos jours justifier de quelque façon que ce soit une guerre sainte? Une cause, si noble soit-elle, peut-elle en elle-même légitimer le fait
de prendre les armes pour la défendre?
Voilà des questions auxquelles il se pourrait bien que nous ayons à répondre bientôt, en particulier si nous sommes confrontés à certains événements qui, ébranlant le monde, requerront une réponse ferme de la part de l’Eglise.
Le péché d’opposition
Les leaders de ce «mouvement
de la vague de rire» préparent activement l’Eglise afin que celle-ci soit apte à remplir sa mission durant les temps de la fin. Ils font appel à l’unité, à la sainteté et à la soumission à Dieu. Tout cela semble avoir une bonne apparence. Mais quelle est la réelle signification de ces mots pour eux? Et quelles seront les victimes de cette sorte de prédication?
Il y aura certainement, parmi eux, des repentances sincères; je n’en ai pas le moindre doute. Mais ce que nous voyons ressemble fortement à une nouvelle définition des notions de repentance et de sainteté et ceux qui refusent ce «réveil» seront montrés du doigt comme s’ils étaient des pécheurs.
Nous voyons déjà une certaine dureté s’installer au milieu d’eux. A Toronto, malgré les directives officielles qui exhortent à l’amour et à l’humilité, la façon dont sont traités les opposants n’a rien à voir avec la douceur de Christ. Cette anomalie est pour le moins déconcertante car s’il s’agissait véritablement d’un authentique réveil comme ils le prétendent, alors l’œuvre du Saint-Esprit produirait des changements dans la nature de ceux qui sont touchés par Sa puissance. Dans un réveil, les fruits de l’Esprit sont manifestes: ce sont l’amour, la bienveillance, la patience, la bonté et le contrôle de soi. Au lieu de cela, un grand nombre de ceux qui sont atteints par la "bénédiction" deviennent agressifs, arrogants et tellement imbus d’eux-mêmes qu’ils ne peuvent tolérer la moindre opposition. C’est bien la preuve que quelque chose ne va pas!
«L’ amour» dont on dit qu’il est le principal fruit
du réveil de Toronto n’est pas là lorsqu’il s’agit de le manifester à l’égard des membres d’autres églises, et encore moins à l’égard des opposants! Leur amour semble se résumer uniquement à un sentiment passionnel à l’égard de Dieu. C’est presque un état d’extase dénué de tout contenu mora1. Cette heureuse condition est sans nul doute très agréable pour ceux qui y participent, mais si elle ne conduit pas à la manifestation d’un amour semblable à celui du Christ, quel résultat durable peut-elle bien avoir?
Ceux qui entretiennent des doutes au sujet de ce réveil sont accusés d’être des entêtés et des pharisiens légalistes; ceux qui éprouvent les esprits (pour voir s’ils sont de Dieu) sont accusés comme résistant au Saint-Esprit; et ceux qui questionnent les responsable du mouvement sont accusés de «rébellion».
La soumission
Deux catégories d’exigences sont généralement
imposées dans ce mouvement: l’acceptation sans réflexion de la puissance spirituelle et l’acceptation aveugle d’autres chrétiens sans considération de doctrine.
La première attitude rejette d’emblée toute éventualité de séduction spirituelle, ce qui est totalement contraire aux Ecritures. La Bible nous exhorte ainsi: Examinez toutes choses; retenez ce qui est bon (I Thes 5.21).
La seconde attitude accepte le compromis avec l’erreur, ce qui est contraire à l’enseignement des Ecriture: Eloignez-vous de tout frère qui vit dans le désordre et non selon les instructions que vous avez reçues de nous (2 Thes 3.6).
Avant toute autre chose, notre soumission à la Parole de Dieu doit être prioritaire. Néanmoins cette réalité est en train d’être complètement mise de côté. On suggère au contraire que les chrétiens vraiment obéissants doivent expérimenter des choses «pour Dieu» sans se demander si elles sont insensées, sans fondement ou génératrices de désordre. On exige même de toute personne qui n’a pas donné satisfaction à ce test ultime de soumission qu’elle se repente!
Il est malheureusement si facile d’inciter les chrétiens sincères à s’engager dans ce genre de sottise. Généralement ce sont les chrétiens qui ont une certaine maturité et qui ont un authentique désir d’obéir à Dieu et de Le servir, que le diable poussera le plus à faire des extravagances. Des siècles de pratique ont convaincu le diable qu’il est bien plus facile de faire dévier les chrétiens par un excès d’obéissance que par une manque d’obéissance.
Une fausse unité
Dans ces milieux, on assiste en outre à une
pression dont l’objectif est l’unité. Il s’agit cependant d’une union
qui ne concerne que ceux qui acceptent les doctrines et pratiques du nouveau
mouvement.
Copeland insinue que la désunion est cause de jugement
et de mort au sein du Corps de Christ, et qu’elle est une entrave à l’effusion de la puissance de réveil. Il dit que «la repentance est obligatoire pour quiconque souhaite faire partie de ce mouvement de Dieu». Il appuie son raisonnement par le récit de la Pentecôte. Selon lui, l’Esprit de Dieu était dans l’impossibilité de descendre sur les disciples tant qu’ils ne se repentaient pas de leur manque d’unité. Il déclare qu’il y avait parmi eux des désaccords mais «qu’à un moment donné ils renoncèrent à leurs différents… et se mirent d’accord entre eux. Et quel en fut le résultat? Le Dieu Tout-Puissant fit Son entrée, et répandit Sa gloire parmi eux».
Copeland déclare aussi que Dieu veut déverser une puissance de Pentecôte plus grande encore: «Nous sommes sur le point de parvenir à la source jaillissante, que toutes les générations précédentes ont langui d’avoir. Que signifie cela pour vous et moi?» demande-t-il. «Si nous bannissons le péché de nos vies, et si nous nous accordons avec nos frères et sœurs, alors en ce jour de gloire, Dieu réalisera des prodiges au milieu de nous. Nous n’aurons pas à nous faire de souci quand la gloire de Dieu nous tuera en frappant notre chair».
Quant aux serviteurs de Dieu qui s’opposent à ce que ce phénomène éclate dans leur église, ils disent d’eux qu’ils font partie du «Old Order» (de l’ancien système), qu’ils seront balayés, qu’ils perdront leur ministère et seront mis de côté. Voilà quelle était la pensée d’une prophétie donnée par le prédicateur américain Rick Joyner, et citée dans le magazine «The Harvest» dans lequel ce-lui-ci a prédit une nouvelle effusion de l’Esprit.
Dans le chapitre intitulé «Otons les barrières et les façades qui nous séparent de Dieu et des autres» Rick Joyner écrit sur ceux qui persévèrent dans «des oeuvres ou vérités individuelles», en marge du Corps unifié des derniers temps: «Ils seront «déchus» du ministère, et la démonstration sera telle qu’une sainte et pure crainte de Dieu s’emparera du Corps de Christ. Cela contribuera à ce que l’Eglise s’achemine vers une authentique adoration spirituelle et une unité fondée sur l’adoration&raraquo;.
Aujourd’hui même, six ans après la publication de
ces paroles, nous constatons effectivement, dans les réunions qui se déroulent à Toronto, l’existence d’une nouvelle unité fondée sur l’adoration. Ces paroles s’accompliront-elles aussi en ce qui concerne le sort des serviteurs de Dieu qui insisteront toujours sur une unité basée sur la Vérité?
Dans une prophétie largement répandue, Marc Dupont, pasteur assistant dans l’assemblée d’Airport Vineyard à Toronto, a déclaré qu’il avait le pressentiment «d’un danger extrême à l’encontre des serviteurs de Dieu qui continuent à résister au Saint-Esprit». Dieu est supposé avoir fait la promesse d’une intensification dans les domaines de l’évangélisation, de l’intercession et de la puissance et en même temps, «ce feu purificateur va s’accroître, pour atteindre en particulier les leaders actuels». Il y aura une division très nette entre ceux qui «obéissent» et ceux qui «p&egegrave;chent», et ces derniers devront «abandonner le ministère, faute de quoi ils attireront le jugement de Dieu sur eux-mêmes et sur leurs églises»
Parlant des flots d’eaux vives qui se répandent de Toronto, Dupont déclare que tous ceux qui s’opposeront au Saint-Esprit «seront réduits en poussière» et il ajoute: «Il n’y aura plus aucune véritable unité au sein des églises tant que celles-ci ne répondront pas à l’appel prophétique du Père».
La division est nécessaire
Si la repentance signifie ne
plus s’appuyer sur la Parole de Dieu; si la sainteté doit s’exprimer
par des bruits d’animaux pour Jésus; si l’unité implique ne pas corriger les fausses doctrines: alors le repentance, la sainteté et l’unité ne sont certes PAS AUSSI BONNES que ce qu’ils disent.
Nous avons besoin de comprendre que la division n’est pas toujours l’œuvre du diable. Jésus savait bien que les gens seraient toujours divisés à cause de la vérité: Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division (Luc 12.51).
L’apôtre Paul disait que la division met en lumière les différences qu’il y a entre la véritable Eglise et les faux docteurs: Et d’abord, j’apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions, et je le crois en partie. Car il faut qu’il y ait aussi des sectes parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés soient reconnus comme tels au milieu de vous (1 Cor 11.18- 19). Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres," car s’ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous, mais cela est arrivé afin qu’il fût manifeste que tous ne sont pas des nôtres (Jean 2.19).
L’apôtre Paul ne prêchait assurément pas la tolérance à l’égard des hérésies, et il ne demeurait certainement pas dans la communion avec les faux docteurs. Il avait encore moins l’intention de se repentir de son opposition à leurs enseignements.
Tenir ferme
Si ceux qui ont été formés pour être
des défenseurs de la vérité biblique ne prennent pas
clairement position, le mal se propagera inéluctablement. C’est une situation qui n’avantagera personne d’autre que le diable et
qui reflète davantage la caractéristique d’une secte plutôt
que du christianisme.
En vérité, on peut faire des comparaisons
tout à fait stupéfiantes entre ce qui passe actuellement dans ce mouvement et les activités d’une secte. En premier lieu, il faut citer l’attraction pour les défoulements émotionnels, les liens d’amitié, une cause commune, des expériences spi- rituelles puissantes, et le désir avide de trouver quelque chose «qui marche».
Comme dans ce mouvement on demande aux chrétiens d’assister à toutes les réunions, il devient vite insupportable de résister à cette pression qui a pour objet de vous intégrer au groupe. L’individualisme est sévèrement censuré. On enseigne aux participants qu’ils doivent se méfier de quiconque tenterait de les dissuader; il est suggéré que tous ceux qui sont extérieurs au mouvement sont «ignorants» et «dans l’erreur» .
Le raisonnement, la réflexion et l’étude des opinions contraires sont exclues, tandis que sont encouragées l’activité frénétique, la surexcitation et les soirées tardives. Les enseignements apportés sont présentés comme indiscutables, et toute personne qui y résiste est accusée d’être une «source de rébellion». Le groupe est encouragé à persécuter ces individus jusqu’à ce que ceux-ci capitulent.
D’un autre côté, ceux qui adoptent ces enseignements sont incités à se considérer comme spirituellement supérieurs aux autres. Ils ont alors tendance à se sentir comme des gens spéciaux et tout à fait importants dans le cadre du programme du mouvement.
Vient ensuite la cure d’âme, pendant laquelle on encourage à confesser ouvertement le moindre doute. Le bénéfice de cette pratique est double. D’une part, elle permet aux leaders d’identifier ceux qui sont encore indécis; d’autre part, elle a pour effet de remplir les initiés de la crainte d’être exclus ou rejetés (ou même punis).
Il est en outre insinué, quand ce n’est pas explicitement annoncé, que toute rébellion aura des «conséquences fâcheuses», que ce soit pour les opposants ou pour l’assemblée tout entière. Naturellement, celui qui s’est révolté se sentira pleinement responsable.
Les enseignements fondamentaux les plus étranges ne seront présentés que lorsque ce processus d’endoctrinement aura fait son effet sur l’esprit et les croyances des nouveaux membres. Ceux-ci sont alors devenus trop assoupis, trop ébranlés, trop craintifs et trop soumis pour les rejeter.
Alors que beaucoup penseront que leurs églises n’ont rien en commun avec une secte, d’autres (spécialement les victimes du phénomène de Toronto) pourront facilement se reconnaître dans ce qui est décrit précédemment.
Comment savoir si ce mouvement vient de Dieu?
Le but de toute
secte est de propager de nouveaux enseignements. Ce ne sont pas les EXPERIENCES
qui sont prioritaires, mais la DOCTRINE.
Il nous faut donc véritablement
nous inquiéter de la vague spirituelle qui vient de l’église Vineyard de Toronto, et des églises du mouvement Vineyard (le vignoble) en général dans le monde, d’autant plus qu’elles acceptent sans réaction les doctrines erronées des prophètes de Kansas City, et des deux hommes qui sont à l’origine de ce mouvement de la vague du rire: Benny Hinn et Rodney Howard Browne. Nous devrions tout particulièrement être alarmés du fait que la majorité des églises qui acceptent le phénomène de Toronto tolèrent de graves erreurs doctrinales.
Bien que ce ne soit pas là le seul critère, car Dieu peut utiliser des hommes et des églises en dépit d’un certain degré d’erreur dans la doctrine, la question suivante doit être posée: pour quelle raison la présence de Dieu (si c’est bien d’elle dont il s’agit) ne s’est-elle pas manifestée en réprouvant les erreurs et en appelant à la repentance à l’égard des fausses doctrines? Au lieu de cela, c’est très exactement l’inverse qui est en train de se produire!
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui demandent: comment pourrai-je savoir si ce mouvement vient de Dieu? C’est très simple! Dieu peut-il être en contradiction avec Sa propre Parole? Après avoir passé de si nombreuses années à dénoncer les fausses doctrines, Dieu déverserait-il maintenant Son Saint-Esprit sur ces mêmes fausses doctrines, les revêtant ainsi de puissance pour être prêchées? Va-t-il maintenant oindre la bouche de ceux qui prêchent l’erreur? Absolument pas; cela est tout à fait impensable.
D’un autre côté, puisqu’un système de contrefaçon religieux doit apparaître dans ces derniers temps et que la Bible prédit l’apparition de fausses doctrines et de faux christs dotés d’une puissance miraculeuse similaire, au point, s’il était possible, de séduire même les élus, ne serait-il pas objectif de supposer que cela puisse se produire par l’intermédiaire d’un réveil contrefait tel que celui dont nous parlons ici?
Les tests du revivaliste Jonathan Edwards
Allons plus loin et
appliquons un autre test. Beaucoup ont certainement pu constater que ce nouveau mouvement se réfère à tort aux méthodes du revivaliste Jonathan Edwards, et qu’il revendique des liens avec le Grand Réveil de 1740.
Le revivaliste Edwards était lui, très prudent à l’égard des manifestations inhabituelles. Dans son livre «Les sentiments religieux», il énumère douze expressions qui peuvent être considérées comme des signes de spiritualité ou non.
Parmi ces douze signes se trouvent les manifestations physiques, l’amour, la joie, le zèle, la louange, la confiance, la liberté d’expression et la ferveur .
Sa liste de preuves atteste que des manifestions viennent réellement de Dieu si elles glorifient Dieu seul. Elles doivent aussi tendre à la perfection morale, à l’humilité, à une transformation de l’être, à la bonté et à l’amour envers les autres, au renoncement à soi-même et à une vie qui se conforme entièrement aux enseignements de l’Ecriture.
Dans un autre ouvrage, il énumère cinq fruits essentiels produits par un authentique réveil:
-Jésus est élevé et honoré
-Les chrétiens sont moins centrés sur eux-mêmes
-Une plus grande faim de la Parole de Dieu
-L’amour de la vérité devient capital
-L’amour des autres est évident.
Nous avons déjà vu à quel point la vérité et l’amour selon Christ ont été déformés par ce nouveau mouvement. Prenons par exemple les trois premiers point ci-dessus:
1. Jésus est-il vraiment honoré?
On entend beaucoup
parler de Jésus dans ce mouvement, mais en réalité quand ce peuple s’approche de moi, il m’honore de la bouche et des lèvres; mais son cœur est éloigné de moi (Es 29.13).
Dans ce mouvement, c’est au Saint-Esprit seul que l’on prête attention; pourtant la Parole de Dieu nous dit bien que celui-ci ne vient pas en son propre nom. On appelle aussi le Saint-Esprit. on l’invoque et lui commande même de «venir» .Certains vont jusqu’à Lui attribuer une volonté propre, en dehors de la Parole écrite de Dieu, parce que, disent-ils, «l’Esprit est souverain, et il peut faire ce qu’il veut».
Parallèlement, Jésus est considéré comme un serviteur, comme un copain qui d&eacueacute;sire s’amuser avec nous, pouffer de rire avec ses camarades. Un homme a raconté qu’il avait eu une vision dans laquelle Jésus s’avançait vers lui avec un grand sourire; cela l’avait tellement fait rire qu’il en était tombé à la renverse. (A quoi cela sert-il?)
2. Les chrétiens renoncent-ils à eux-mêmes?
Tous les témoignages recueillis prouvent que ce qui importe, c’est ce que l’on ressent, ce sont les besoins personnels, et le bénéfice que l’on pourra INDIVIDUELLEMENT retirer de ;cette expérience. Essayer de dire à quelqu’un de ce mouvement qu’il devrait cesser de retourner vers cette quête permanente de drogue spirituelle équivaut à arracher son jouer préféré à un enfant. Pour les gens de ce mouvement, ce n’est pas la logique qui compte, mais les sentiments, les besoins personnels, les désirs sensuels, et le frisson des expériences spirituelles; c’est ce qui inspire leur nouveau zèle et leur nouvelle ferveur.
3. Où est l’amour pour la Parole de Dieu?
Le phénomène
de Toronto n’est pas transmis par une saine prédication biblique, mais
par l’intermédiaire de rencontres et de témoignages. Il y a très peu d’enseignement, et lorsqu’il yen a, il ne s’agit que de métaphores et de symboles tirés de l’Ancien Testament. Certaines réunions sont presque entièrement fondées sur des anecdotes. Wes Campbell, qui se réjouit d’avoir trouvé la puissance à Toronto, a déclaré: «Nous venions juste de regagner notre église et j’ ai commencé à prêcher cela. Je leur ai raconté toutes les histoires que j’avais entendues. Je leur ai raconté toutes les histoires que j’ai pu obtenir. J’ai demandé que l’on m’envoie d’autres histoires par fax. Vous ne le croiriez pas!… J’ai commencé à raconter des histoires, et des histoires, et encore des histoires, comment la gloire de Dieu a touché des gens, et vous ne le croiriez pas. Ces gens ont commencé à s’ouvrir. En trois ou quatre semaines ils avaient la foi, et nous avons alors connu la plus grande effusion de toute l’histoire de notre église».
«A Phnom Penh (Cambodge), ils ont à peine commencé à raconter
ce qui se passait à Toronto que la puissance de l’Esprit a commencé à balayer l’église… En Inde, dès qu’ils ont raconté les récits de ce qui se passait, la puissance de l’Esprit s’est répandue. Ils n’avaient pourtant jamais rien lu à ce sujet; ils ont simplement entendu un récit».
En considérant tous ces récits, il semble bien que pas un seul des cinq tests d’Edwards ne puisse s’applique à ce qui se passe aujourd’hui. Cela devrait interpeller ceux qui se réfèrent à lui pour authentifier ces choses. Se peut-il donc qu’un réveil qui a un fondement si branlant soit véritablement de Dieu?
T.T
Or, tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance.
Romains 15.4.
- Edité par Tillin Tricia
Qui n’a pas déjà entendu parler du nouveau phénomène religieux de «la bénédiction de Toronto» qui s’est répandu avec une rapidité inégalée dans le monde? La presse, en général, nous a donné beaucoup d’informations à ce sujet. Ce feu renversant est entré dans des milliers d’églises pour bousculer traditions, esprits et modes de pensée.
Mais qu’est donc au juste cette bénédiction de Toronto?
John Amott, pasteur d’une église Vineyard (Airport à Toronto) languissait après une nouvelle onction dans son ministère. Lors d’une assemblée régionale des églises Vineyard du centre ouest du Canada en automne 1993, Randy Clark, pasteur d’une autre église Vineyard à St-Louis, Missouri, partagea l’onction reçue de Rodney Howard-Browne. «Quand la réunion passa à un temps de mise en pratique, beaucoup de ceux qui étaient présents ressentirent une effusion merveilleuse de joie et de puissance. John demanda aussitôt à Randy de venir prêcher quatre jours en janvier ( 1994) à Toronto» (1). Et John Amott reçut cette «onction» à Toronto par le ministère de Randy Clark durant cette campagne (2). En même temps, des phénomènes particuliers s’y manifestèrent: écroulements, tremblements, rires, pleurs, soubresauts, sensations d’ivresse, etc. Depuis lors, des dizaines de milliers de chrétiens, des milliers de pasteurs et responsables d’églises se sont rendus à Toronto pour recevoir cette «effusion» et la rapporter dans leurs églises.
Il est intéressant de constater qu’à la racine de ce mouvement qui se réclame du Saint-Esprit, il existe des connexions historiques entre ses leaders et des mouvements pentecôtistes charriant des erreurs doctrinales graves. Ainsi, l’arrière-plan de Rodney Howard-Browne est lié au mouvement «Parole et Foi» (évangile de la prospérité de Hagin, Copeland); John Amott et Randy Clark dépendent du ministère de R. Howard-Browne (3). Il s’agit là «d’un phénomène remarquable de transmission» (4). D’autre part, John Amott est un ami de Benny Hinn (5) connu également pour des manifestations similaires, et des vues doctrinales pour le moins douteuses (6). Il a également été impressionné par le ministère de Kathryn Kuhlman et son cortège de prétendues guérisons (7). John Wimber, leader du mouvement Vineyard est historiquement connecté aux «Grace Ministries» de Kansas City Fellowship (KCF) (connu par ses fameux prophètes de Kansas City). Et la KCF tire ses racines du Latter Rain movement, pentecôtisme extrémiste connu par ses fausses doctrines du Restaurationnisme et de la Manifestation des Fils de Dieu. Pour autant que nos renseignements s’avèrent corrects, le Pentecôtisme classique n’est pas impliqué dans ce mouvement de Toronto.
Actuellement, il y a une grande confusion parmi les chrétiens à ce sujet, et ce qui nous inquiète, c’est que les églises sont mal équipées pour résister à un pareil courant, qui emporte de plus en plus de communautés. Cette faiblesse est en grande partie due aux raisons suivantes:
-la Parole de Dieu n’est plus lue, méditée et étudiée avec sérieux et systématiquement. Nos églises souffrent d’un manque cruel de prédications systématiques de toute la Bible et des doctrines fondamentales (Dieu, la Trinité, la création, la chute, la rédemption, la repentance, la foi, la justification, la sanctification, etc. ) L’esprit du siècle y est entré avec le pragmatisme: «ça marche, donc ça compte». L’expérience remplace la théologie biblique, alors qu’une théologique saine donne l’impulsion à une expérience saine comme cela fut souvent le cas lors des grands réveils dans l’histoire de l’Eglise.
-ceci a comme conséquence que des besoins spirituels profonds ne sont pas comblés par une véritable nourriture biblique bien préparée, et les gens sont enclins à se tourner vers ce qui, au premier abord, est plus attrayant et chaleureux.
-beaucoup d’églises ressemblent à celle de Sardes: elles ont le renom d’être vivantes, mais elles sont mortes ( Apoc 3.l ). La tradition et le matérialisme étouffent la vie de Dieu.
-le Nouvel Age a su tirer profit du grand changement de notre société en introduisant subtilement un autre mode de pensée, un changement de paradigme. On fait grand cas des sciences de l’esprit, de la parapsychologie, du surnaturel, du bien être à travers des méthodes orientales de communication avec l’invisible. Notre mode de pensée logique évolue vers une mentalité plutôt orientale où l’intuition, l’expérience sont dominantes. N’assistons-nous pas à l’entrée de ces séductions dans les églises? Imprégnés par l’esprit des consommateurs de fast food, les gens sont attirés par des manifestations où le bien-être personnel passe avant la gloire de Dieu. La théologie de la souveraineté de Dieu, de la souffrance, de la sanctification constante font cruellement défaut. Il n’est donc plus étonnant de rencontrer des phénomènes religieux comme celui de Toronto.
Ensuite, il convient d’analyser «ce feu qui renverse» à la lumière de la Parole de Dieu. Nous aimerions vous soumettre cinq tests scripturaires dont quatre ont été évoqués par le pasteur Richat:d D. Holliday de l’Eglise Baptiste de Toronto West pour discerner spirituellement d’où vient un mouvement:
1. Que tout se fasse pour l’édification (1 Cor 14.26). Or le mouvement de Toronto provoque des divisions parmi le corps de Christ. Même au sein des Eglises pentecôtistes et charismatiques, des voix résolues s’élèvent contre ce courant. Le pasteur Y von Charles écrit à ce sujet: «Il me semble que l’on est là en pleine et redoutable dérive» (9).
2. Que tout se fasse avec bienséance et avec ordre… Dieu n’est pas l’auteur de confusion, mais de paix, comme dans toutes les églises des saints (1 Cor 14.33,40). Est-il honnête d’affirmer que les rencontres du mouvement de Toronto se déroulent dans l’ordre et la bienséance?
3. Le fruit de l’Esprit est… la maîtrise de soi (Gal5.22). Les nombreux témoignages confirment que cette nouvelle onction est souvent incontrôlable et que la plupart de ceux qui la reçoivent s’écroulent sur le tapis, secoués par des fous-rires ou d’autres phénomènes irrésistibles.
4. La prédication et le ministère doivent être centrés sur Christ et son oeuvre rédemptrice à la Croix, ce qui implique la repentance (1 Cor 1.18-21). La prédication de la Croix est-elle l’élément principal dans la Bénédiction de Toronto?
5. La Parole de Dieu est-elle la seule norme de foi dans ce mouvement? Guy Chevreau avoue que «tenter …de prouver la validité scripturaire des manifestations physiques observées à Airport s’apparente à vouloir marcher sur des oeufs… Une adhésion littérale et rigide à la Bible n’est pas faite pour conduire à l’Esprit de réveil» (10). Nous craignons que ces expériences ne soient pas subordonnées à l’Ecriture.
Ce numéro spécial sur Toronto a comme but de faire réfléchir nos lecteurs. Dans quels temps vivons-nous? Est-ce que nous arrivons à une époque préparatoire à l’instauration de l’Antichrist? Les phénomènes rencontrés de plus en plus dans les églises ne seraient-ils pas un prélude à ce que Paul prédisait dans 2 Thes 2.9-12 au sujet de la séduction par des prodiges et des miracles? Faut-il rapprocher ces derniers des expériences analogues prônées par le Nouvel Age? D’autre part, tout cela doit nous interpeller quant à notre vie intime avec le Seigneur, notre foi, notre ferveur, notre désir profond d’être visités par Dieu en confessant nos péchés et ceux du peuple de Dieu. Le Seigneur est parfaitement capable de nous renouveler puissamment ainsi que toute église locale qui se soumet à la Parole. Oui, nous sommes pour le REVEIL BIBLIQUE.
D’ ores et déjà nous pouvons vous annoncer que nous poursuivrons notre réflexion sur ces thèmes dans le numéro suivant de PROMESSES. N’hésitez pas à nous communiquer vos remarques et vos questions. Cela nous permettra de publier des articles selon les besoins de nos lecteurs.
(1) Embrase nos cours, par Guy Chevrau, éditions Carrefour, CH-1023 Crissier (p. 45).
(2) Toronto-Segen, Erweckung oderfrommgetamte Ve1:fiihrungpar ErichMauerhofer (p.l).
(3) Embrase nos cours, (p. 46).
(4) Ibid (p. 46).
(5) Ibid (p. 43). –
(6) Der Heilungsevangelist Benny Hinn kam nach Basel. Was lehrt Benny Hinn par le pasteur Reinhardt Moller dans Signal 90/1993.
(7) Embrase nos cours (p. 42).
(8) Toronto Blessing, Spiritual mediocrity par le pasteur Richard D. Holliday de l’Eglise Baptiste de West Toronto.
(9) Le Réveil de Toronto par le pasteur Y von Charles dans Femme chrétienne 1/95, Carhaix.
- Edité par Lüscher Henri
L’histoire de l’Eglise est sans doute la discipline la plus négligée dans nos Eglises. Certes, tous connaissent plus ou moins la Réforme, Martin Luther ou Jean Calvin, mais combien sont-ils ceux qui ont entendu parler de Jonathan Edwards ou de David Brainerd ? Là, il faut le reconnaître, seule une minorité de chrétiens cultivés savent qui ont été ces personnages. Et pourtant, depuis l’avènement de la fameuse «Bénédiction de Toronto», les noms de Jonathan Edwards et de David Brainerd apparaissent comme jamais dans notre littérature francophone.
Jonathan Edwards (1703-1758) a été avec George Whitefield l’instrument de Dieu dans le Great Awakening (Grand Réveil) qui éclata vers 1735 à Northampton. Aussitôt après, le Réveil prit une extension remarquable et toute la Nouvelle- Angleterre fut touchée par ce mouvement. En 1740, le Réveil atteint son point culminant: des conversions à Christ par milliers, mais aussi une opposition violente de la par des adversaires d’Edwards et surtout le début des manifestations psychiques débridées.
Grand Réveil et «Bénédiction de Toronto»
Un livre récernrnent paru (Embrase nos coeurs) défendant la cause des partisans de la «Bénédiction» affirme que les expériences religieuses de Jonathan Edwards, comme celles du «Grand Réveib>, seraient identiques à celles de la «Bénédictions de Toronto». L’auteur de cet ouvrage, Guy Chevreau, membre de la «Vineyard Airport», cite abondamment Jonathan Edwards, et sa femme Sarah, pour appuyer sa thèse. C’est ainsi que 250 ans après le Great Awaneking, Chevreau déclare sans ambages qu’Edwards aurait approuvé les extravagances de la «Bénédiction de Toronto».
Jonathan Edwards aurait-il été en accord avec la «Bénédiction de Toronto» ? Sur ce point, le revivaliste américain est catégorique: le Grand Réveil s’est éteint à la suite des débordements psychiques. Ce cinglant démenti ne vient pas d’un historien, mais du principal intéressé lui-même ! Lisons une lettre qu’il écrivit en 1743, soit un peu plus de deux ans après le Réveil de Northampton, en 1741:
«Les mois d’août et septembre ont été les plus remarquables de cette année là. Il y avait des convictions et des conversions de pécheurs et de grands réveils parmi les professants et des manifestations extérieures extraordinaires. Il était très fréquent de voir une maison pleine de cris, d’évanouissements, de convulsions, tant la détresse d’une part, et l’admiration et la joie, d’ autre part, étaient grandes».
C’est un fait, et Jonathan Edwards lui-même le reconnaît: les réunions de Réveil étaient parfois entachées d’excès psychiques. Au moment des faits, les phénomènes psychiques et physiques n’étaient ni encouragés ni combattus par le revivaliste. Faut-il en déduire pour autant que les expériences religieuses du «Grand Réveil» étaient comparables à celles de la «Bénédiction de Toronto»? Et surtout, ces manifestations extérieures ont-elles contribué au développement du Réveil?
Sur ces questions, lisons avec attention la suite de la lettre d’Edwards: «Mais par la suite, en 1742, nos amis entendirent parler ou furent témoins de ce qui se passait ailleurs, où les manifestations visibles étaient plus sensationnelles, et ils en conclurent que ce qui se passait ailleurs était bien supérieur à ce qui se passait ici. Ces gens nous dépassaient par leurs extases, par leurs émotions et par un zèle véhément, qu’ils appelaient la hardiesse pour Christ, et nos amis en conclurent qu’ils avaient pénétré plus avant dans la grâce, et qu’ils avaient une plus grande intimité avec le ciel. Ceci donna à beaucoup de nos amis des idées malheureuses et profondément enracinées, dont il est long et laborieux de se débarrasser…»
Edwards est bien conscient de la situation. Mieux, il prend position: «II ne faut pas regarder à l’intensité des émotions religieuses, mais à leur nature. Quelques-uns de ceux qui ont eu de grands ravissements de joie et ont été «remplis» d’une manière extraordinaire, et dont le corps même a succombé, ont manifesté leur caractère chrétien, dans leur conduite, beaucoup moins que d’autres, restés tranquilles, sans faire tant de démonstrations extérieures.»
Les propos de Jonathan Edwards sont confirmés par ceux de David Brainerd (1718-1747), évangéliste parmi les Indiens d’Amérique du Nord et dont l’abnégation et le dévouement furent admirables. Ces lignes, extraites de son Journal, doivent nous inciter à la réflexion: «Il n’y a pas eu de «fausse religion», pas d’agonies corporelles, de convulsions, de hurlements hystériques, d’évanouissements ou de phénomènes analogues, pas de transes ou de visions…, mais l’ouvre de la grâce s’est faite avec une grande sobriété et pureté… Malgré de grandes souffrances et une grande angoisse pour le salut de leur âme, ils ne manifestaient aucun désespoir maladif».
Peu avant sa mort, il écrivit ces lignes: «Insiste toujours en disant que les expériences ne valent rien, que les joies sont illusoires, si le ton général de la vie du nouveau converti n’est pas la spiritualité, la vigilance et la sainteté».
Faut-il parler de révisionnisme historique?
Deux thèses se heurtent. La première, celle de Guy Chevreau, affirme que les excès psychiques constituent une «base historique» pour la «Bénédiction de Toronto»; la deuxième, celle de John Mc Arthur (1) et la nôtre, pense plutôt qu’il n’y a aucun lien entre Northampton et Toronto.
L’histoire n’est pas une science exacte. L’histoire n’est pas simplement connaissance des faits ou de dates, mais elle est aussi interprétation. Aussi, il y a danger de considérer un événement historique avec ses propres lunettes! c’est-à-dire avec ses propres intuitions ou présupposés.
-Jonathan Edwards était un calviniste convaincu. Pour lui, la doctrine de l’élection, de la souveraineté de Dieu et de la déchéance totale de l’homme était fondamentale. Rien de tel dans la pensée de Chevreau: l’homme est au centre et Dieu n’a qu’à agir. Cette façon de penser et de faire est, à notre avis, consternante. Où est le Dieu souverain? Où est le Dieu d’ordre?
-Un calviniste croit en l’inspiration totale de l’Ecriture (Sola Scriprura) et, de ce fait, à sa pleine efficacité. C’est pourquoi tous les hommes de Réveil de tendance calviniste (1. Edwards, G. Whitefield, A. Monod, F. Neff, I. Cailler, etc.) n’ont jamais privilégié l’expérience par rapport à la Parole. C’est plutôt le contraire qui s’est produit: l’expérience spirituelle a toujours été soumise au critère de la Parole. Cela a été le cas pour Edwards et Brainerd. Est-ce le cas pour Toronto? A la lumière de ce que nous avons vu et entendu, nous nous permettons de douter…
-L’histoire le démontre aisément: tous les Réveils ont capoté à partir du moment où les excès psychiques sont apparus. A partir du moment où le «Grand Réveil» dégénéra en des manifestations psychiques incontrôlées, le fanatisme religieux vit le jour et, suite logique des événements, une division se produisit et le Réveil s’éteignit. Pourquoi Chevreau ne mentionne-t-il pas ce fait historique pourtant incontestable?..
-Un fait est évident, et cela nous trouble profondément: le révisionnisme historique fait son entrée dans les milieux chrétiens. Jonathan Edwards, le calviniste convaincu, le prédicateur de la grâce souveraine de Dieu, deviendrait sous la plume de pseudo-historiens un charismatique arminien! (2) Cette simple constatation nous fait frémir. Après l’histoire, ce sera quoi?..
Réveil et repentance
Finalement, nous devons nous rendre à l’évidence que la «Bénédiction de Toronto» a été dès son origine une excroissance du charismatisme américain, et non un courant de Ré veil digne de ce nom. Pour nous, un Réveil commence toujours par un retour à la Parole qui a pour conséquence un mouvement de conversions et des vies transformées et dont la base est la repentance, c’est-à-dire une profonde conviction de péché. Cette repentance amène l’homme à la vie nouvelle en Christ et cela se traduit par un comportement nouveau, empreint de sagesse et de discernement. Dans tous les cas, la maîtrise de soi -qui est un fruit de l’Esprit -doit être au centre de toute vie chrétienne.
Comme disait quelqu’un: «Mieux vaut être rempli du Saint- Esprit dans le quotidien de notre existence plutôt que de tomber à la renverse sur la moquette!»
(1) Nous recommandons vive- ment à nos lecteurs la brochure de John Mc Arthur, La Bénédiction de Toronto, Maison de la Bible, 1995.
(2) Arminianisme: doctrine qui enseigne que l’homme peut se déterminer au salut, ou à la perdition, par sa propre volonté.
- Edité par Ranc Paul
Quel quart de siècle extraordinaire que ce dernier dans l’histoire de l’Eglise ! Les «vents de doctrine» tous azimuts ont traversé nos milieux évangéliques proposant tour à tour la redécouverte de charismes oubliés, une louange style nouveau avec ses innovations musicales, l’évangile de la prospérité, les signes et prodiges vus comme support indispensable à l’annonce de la Bonne Nouvelle, diverses techniques pour accélérer la croissance de l’Eglise puis, plus récemment, une conception inédite de la «bénédiction» ! Ajoutons à cela l’attraction exercée par l’ocuménisme, l’influence du féminisme dans la conception du rôle de la femme dans l’Eglise, et une relation d’aide de plus en plus axée sur divers courants chrétiens de psychothérapie. Qu’on nous comprenne: la liste ci- dessus se veut une constatation plutôt qu’un jugement, car ce que l’Eglise oublie ou escamote sera tôt ou tard redécouvert et remis en lumière, mais avec le risque de le voir déformé ou exagérément exalté. Car il y a du bien dans certaines de ces tendances, pour autant qu’elles trouvent leur source dans l’Ecriture et lui restent conformes.
Toujours est-il que ces courants, qui provoquent une évolution rapide, nous poussent à poser la question: pourquoi sommes-nous si in fluençables, vulnérables, voire avides d’adopter toutes les nouveautés qu’on nous propose sans les soumettre au préalable à un examen critique, en nous demandant «Que dit l’Ecriture?» -et dans certains cas: «Que conclure à partir de ses silences?» On pourrait évoquer le désir sincère du réveil, ou peut-être un -esprit d’insatisfaction -..véritable «maladie évangélique» – qui pousse de nombreux croyants à rechercher de nouvelles expériences (et pourtant l’expérience bien comprise fait partie d’une vie chrétienne authentique), ou encore une atmosphère d’anti-intellectualisme encouragée par des invitations à «laisser notre intelligence au vestiaire» pour que l’Esprit ait toute sa liberté d’action. Mais je crois que la raison fondamentale de notre instabilité est tout simplement l’ignorance grandissante des Ecritures inspirée par l’indifférence à son égard, une perte de goût pour l’étude et pour la prédication systématique de la Parole de Dieu. Nous avons été frappés plusieurs fois ces dernières années par la mévente de livres «sérieux» sur nos comptoirs d’église – dictionnaires, concordances et commentaires bibliques. Et qui n’a pas encore assisté à un culte où la prédication avait été tout simplement supprimée afin qu’on ait «plus de temps pour la louange» ? Secoue-toi, peuple de Dieu, pendant qu’il en est encore temps!
Mais tout n’est pas perdu. Loin de nous le désir d’être les apôtres de la morosité! Il est encourageant, lors de notre cheminement avec différentes communautés évangéliques en Europe francophone, de rencontrer des croyants, parfois minoritaires, certes, qui réclament une solide nourriture biblique et qui disent: «Voilà ce dont nous avons besoin, et qui nous édifie». Pour chaque livre récemment paru qui déplore le glissement de l’Eglise vers l’ignorance et l’infantilisme, et qui parle du «scandale de la pensée évangélique», on peut en découvrir un autre qui voit l’avenir sous un angle plus optimiste. Notre Seigneur n’a pas abandonné son peuple, et il continuera à s’en occuper jusqu’au bout.
Après nous être demandés pourquoi nous en sommes là, notre préoccupation suivante devrait être de revenir à l’essentiel, c’est-à-dire nous demander tout à nouveau: «Que dit l’Ecriture?» et nous remettre à chercher, avec persévérance et sérieux, dans une étude attentive, les lignes de force qui se dégagent de l’Evangile livré une fois pour toutes par Jésus-Christ et ses Apôtres. En d’autres termes, sur quoi le Seigneur et les siens ont-ils insisté comme étant de première importance? Et inversement, quels thèmes sont-ils passés sous silence ou mentionnés incidemment? Où trouver les textes bibliques représentatifs qui mettent en relief ces thèmes, et qui par leur insistance nous préserveront d’un choix arbitraire, déséquilibré? Je pense, pour ma part, qu’il n’est pas difficile de repérer ces textes, et celui dont nous vous proposons l’examen ci-après en fait partie, nous en sommes persuadés. Il apporte, en effet, la réponse du Seigneur à trois questions fondamentales:
1) qu’est-ce que la repentance?
2) 2) qu’est-ce que la vie éternelle?
3) qu’est-ce que la foi?
Nous encourageons ici nos lecteurs à méditer le chapitre six de l’Evangile de Jean, en particulier les versets 14 et 15, puis du v. 22 jusqu’à la fin du chapitre. Avant de dégager les trois questions fondamentales auxquelles le Seigneur répond dans son discours, reculons pour mieux sauter. Après avoir nourri une foule immense, puis calmé la tempête sur le lac de Galilée, Jésus retrouve ses interlocuteurs à la synagogue de Capernaüm. Fidèle à l’un de ses principes de rédaction, l’évangéliste ne se contente pas de raconter des faits, mais veut explorer aussi leurs prolongements, en l’occurrence les réactions des participants et le dialogue ou discours qui fait suite. Par ce biais, il développe les deux thèmes parallèles de la foi et de l’incrédulité, et retrace leur croissance sur la toile de fond de la confrontation avec le Christ.
L’échange avec les Galiléens tourne au vinaigre et devient un dialogue de sourds, s’envenimant pour passer du stade des questions (v. 25 à 40) à celui des murmures (41 à 51), puis à la querelle (52 à 59) pour aboutir enfin au scandale (60ss). Qu’est-ce qui les retient de croire? Jean l’a déjà dit d’une façon générale dans son diagnostic du ch. 3.18 à 21 : la haine de la lumière. Mais voilà: de chapitre en chapitre il nous présente les diverses racines de cette haine; la résistance des Galiléens semble motivée par deux préoccupations: leur nationalisme charnel, égoïste (v. 14 et 15), et leur matérialisme tout aussi charnel, sur lequel le Seigneur met le doigt (v .26). Nous y reviendrons, car dans son discours Jésus soulèvera ce problème d’incrédulité galiléenne. Au terme de cette confrontation étrange, mais combien actuelle, la majorité aura abandonné le Seigneur, tandis que la minorité, testée et fortifiée dans sa foi, lui sera plus attachée que jamais. Cette crise sert à souligner l’importance cruciale des paroles prononcées par le Seigneur.
Trois questions fondamentales
1) Qu’est-ce que la repentance?
La réponse à cette question est implicite, dès lors que Jésus prend ses distances d’avec ceux qui veulent le faire roi (v. 15), puis met en lumière la motivation qui les a poussés à le rechercher à Capernaüm (v. 26). L’intérêt qu’ils éprouvent à son égard est déformé, égoïste, déjà au niveau de leur pensée, de leur conception de la mission du Messie. Et si la repentance, au sens biblique (gr. metanoia = changement d’avis, réorientation du discernement moral), engage l’homme tout entier -intelligence, émotions et volonté-elle doit nécessairement opérer, d’abord, dans le domaine de la pensée, de la croyance, des convictions, pour produire un changement radical à ce niveau-là. C’est pour cela que Dieu nous fait l’honneur de s’adresser à nous comme à des êtres rationnels, capables de l’écouter et de le comprendre en faisant usage de notre intelligence, don du Créateur… sous l’éclairage de son Esprit! Plutôt que de «laisser notre intelligence au vestiaire», l’Ecriture nous invite à la soumettre au pouvoir du Saint-Esprit qui entend la libérer de l’erreur, la transformer et l’instruire.
Ainsi, conduit par l’Esprit et l’Ecriture (toujours les deux ensemble, jamais l’un sans l’autre), l’homme apprend la vérité, reconnaît et admet qu’il a fait fausse route dans ce qu’il pense et croit, confesse déjà cela comme un péché et accepte de revenir à « la case de départ » pour laisser corriger ses pensées, son système de valeurs, sa philosophie par celui qui est la Lumière. Cette démarche, humiliante, touche l’homme affectivement, peut produire des larmes de tristesse, et doit, pour être une repentance véritable, l’amener à décider de faire demi-tour et en finir avec le péché. Cette repentance, qui ouvre la porte à l’engagement de la foi, est l’ouvre du Saint-Esprit dans un cour soumis, réceptif. Ajoutons qu’il ne s’agit pas d’un pas unique au début de la vie chrétienne; au contraire, nous avons besoin de revenir toujours à nouveau au Seigneur et à sa Parole, non pas certes pour passer par une succession de conversions, mais pour laisser corriger, réorienter notre système de pensée, facilement détourné du chemin étroit de la vérité, et l’aligner sur celui du Christ. Sommes-nous prêts à le faire, ou connaissons-nous les mêmes blocages que les Galiléens?
Aveuglés, déformés par leur esprit nationaliste et matérialiste, devenus insensibles au trésor spirituel -le pain d’en haut -que le Christ leur offre, ils résistent, contestent, et finissent par lui tourner le dos. Ils ont refusé la Lumière, et se condamnent à rester dans les ténèbres et à perdre l’essentiel. L’avertissement est particulièrement approprié pour ceux d’entre nous qui, pendant de nombreuses années, se sont construit un système moral, philosophique, scientifique, voire religieux, qui constitue une barrière humainement insurmontable à un retour en arrière et un nouveau départ. On nous dit que le milieu des intellectuels est de tous les milieux le plus intolérant. Qu’il est difficile, en effet, de se dire au bout d’une carrière de 30 ou 40 ans: «Je me suis trompé, j’ai fait fausse route, je suis prêt à recommencer en acceptant de tout mettre en question et de devenir un disciple aux pieds du Christ, mon nouveau Maître!» Mais rien n’est impossible à Dieu.
2) Qu’est-ce que la vie éternelle?
On pense souvent, à tort, que la vie éternelle est «quelque chose», un billet gratuit pour le ciel que l’on peut mettre dans sa poche pour considérer ensuite le salut comme une affaire classée, une police d’assurance pour l’avenir et pour l’éternité. Non! La vie éternelle, c’est Quelqu’un: ce n’est rien moins que la personne de Jésus-Christ, mort, ressuscité et vivant éternellement, et qui déclare: «Le pain de vie, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde» (v. 33); «Moi, je suis le pain de vie»(v. 35); et encore: «C’est ici le pain descendu du ciel» (v. 58). Il le dira aussi à Marthe et à Marie: «Moi, je suis la résurrection et la vie» (11.25), ainsi qu’aux disciples dans la chambre haute: «Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie» (14.6).
La vie que nous donne le Seigneur est à la fois une réalité passée et présente. Il s’est donné pour nous, à notre place (v. 51) en tant que Souverain Sacrificateur qui a versé son propre sang en sacrifice expiatoire… cela, tout le monde le sait dans nos communautés! Mais sait-on tout aussi clairement que ce- lui qui s’est donné pour nous à Golgotha se donne à nous aujourd’hui? Que la vie éternelle, en définitive, c’est la vie du Christ en nous? Oui, notre Créateur non seulement nous a donné la vie du corps (gr. bios), mais ensuite, maintenant, par une nouvelle oeuvre de création, nous rend participants de la vie d’en-haut, de sa propre vie (gr. zôê). Qu’on ne nous accuse plus, comme on l’a fait autrefois, de nombrilisme… Car l’enseignement donné par le Maître à ses disciples dans la chambre haute est on ne peut plus clair à ce sujet ( v. ch. 14 à 16). Grâce à la présence en lui de l’Esprit de la promesse, le chrétien est celui en qui habitent tout aussi totalement le Père et le Fils (14.23). Dans la prière sacerdotale qu’il adresse au Père, Jésus dit au sujet de tous ceux qui croiraient en lui: «Moi en eux et toi en moi» (17.23). Paul en fera quasiment le centre de son annonce de l’Evangile, et reviendra là-dessus dans plusieurs de ses épîtres (v. par exemple, Ga2.20; Ep 3.17; Co 1.27).
Ajoutons, en anticipant, que quand le Christ entre dans notre vie et nous unit à lui-même, il vient tel qu’il est dans tout son ministère et avec toutes ses prérogatives. Nous ne pouvons pas l’accepter «en bouts et en morceaux»: Sauveur aujourd’hui, puis longtemps après, peut-être, Seigneur. Le principe est clair, même s’il nous faut une vie d’apprentissage pour en réaliser tout le potentiel: c’est tout ou rien! Nous l’accueillons sans réserve, en reconnaissant en lui notre Sauveur, Maître, Seigneur, Ami, Modèle, Guide… bref, tout ce qu’il veut être et accomplir.
Finie la solitude! Cette «dimension actuelle» de l’Evangile a été le message d’espérance qui a révolutionné la vie de tant de chrétiens, et les a libérés d’un service fatigant, souvent stérile, «pour» le Seigneur, à partir du moment où ils ont commencé à lui permettre de vivre sa vie en eux et au travers d’eux. C’est le message qui a bouleversé tant de hippies à San Francisco dans les années 70, car ils y ont découvert la réalité d’une Bonne Nouvelle actuelle, capable de transformer notre vie quotidienne: «Un Sauveur personnel, un Ami proche, actuel, en ce moment même… vous vous rendez compte?» A tel point que plusieurs d’entre eux ont fondé leur propre église, à laque!le ils ont donné le nom «The Jesus Christ light and power company» !
3) Qu’est-ce que la foi?
A partir du v. 29 et jusqu’au v. 58, Jésus utilise huit verbes -croire en, venir à, contempler, être enseigné de, entendre, recevoir, manger, boire – pour décrire la relation qui doit être établie et développée entre le disciple et son Maître. Il répète en particulier, au début, «croire» , et dans la seconde partie du discours, «manger et boire» .Quel sens donner à ces verbes, surtout aux deux derniers: une interprétation littérale, sacramentale ou spirituelle? Dans un musée moscovite consacré à l’athéisme on a vu un tableau qui se voulait une caricature: un énorme corps de Christ auquel étaient accrochés de nombreux chrétiens minuscules qui mordaient dans sa chair vive.
Quant à l’ interprétation «sacramentale», certains commentaires ont rapproché ces verbes de l’eucharistie pour affirmer qu’à la Table du Seigneur, en prenant le pain et la coupe, nous mangeons la chair de Jésus et nous buvons son sang. Sans vouloir entrer dans l’histoire de la longue controverse à ce sujet, nous dirons pourquoi nous croyons qu’il n’est pas question de la Sainte-Cène ici. D’abord, le repas du Seigneur devait être institué après les faits relatés. Ensuite, à Capernaüm Jésus parle à des non-croyants, pour qui manger le pain de vie devait conduire au salut; tandis que la Table du Seigneur concerne les chrétiens seulement, et représente notre communion avec le Christ et notre croissance en lui.
La clé nous est donnée dans deux versets: 57 et 63. Dans le premier, Jésus établit un parallèle, qui ne peut être compris que d’une manière spirituelle, entre le fait qu’il vit par le Père, et l’acte de le manger afin de vivre par lui. Dans l’autre, il dit: «La chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie.» Une compréhension littérale, charnelle des paroles de Jésus ne donnera pas la bonne interprétation. Celle-ci, spirituelle, n’est accordée qu’à l’homme spirituel, par le Saint-Esprit.
Dans son évangile, Jean utilise plusieurs constructions après le verbe croire pour en faire ressortir les diverses nuances. Nous comprenons, ainsi, que la foi, tout comme la repentance, est la réponse, l’engagement de l’homme tout entier vis-à- vis de Jésus-Christ, aux niveaux intellectuel, affectif et volontaire. Il est question de:
1) «croire que…» (croyance intellectuelle),
2) «croire en…» (confiance affective );
3) «croire jusque dans…» (gr. eis: préposition indiquant mouvement, pénétration -engagement volontaire -v. 29, 35 et 40).
Si, par conséquent, la foi commence, voire continue par une démarche intellectuelle d’adhésion aux vérités de l’évangile, elle ne s’arrête pas là, mais entraîne le croyant dans un élan de tout son être. Croire en Jésus c’est, en définitive, se l’approprier, non seulement dans sa mort comme Sauveur, mais aussi jour après jour dans sa vie de Ressuscité, comme Seigneur, Modèle, Guide, etc. (voir plus haut)! Par un exercice constant de la foi, non seulement j’entre dans une relation personnelle, intime, vitale avec le Christ; mais par elle je maintiens et cultive cette relation. Manger la chair et boire le sang de Jésus, c’est m’approcher de lui, vivre dans sa présence, me tenir à ses pieds pour contempler sa personne, écouter son enseignement de manière à l’assimiler et m’y soumettre. Croire en Christ, c’est me lever pour le suivre, lui obéir, le servir avec fidélité et persévérance, exprimant ainsi ma confiance en lui et ma dépendance de lui… de celui qui ne cessera de pourvoir à mes besoins et d’assurer ma défense. Bref, croire en Christ, comme disait le Frère Laurent, c’est «pratiquer sa présence…»
CONCLUSION: RETOUR A L’ESSENTIEL
Il s’agit du cour de l’Evangile, de ce pour quoi, en notre faveur, le Christ est mort et ressuscité: une relation personnelle, dynamique, continue avec lui, dont le but est – et le résultat devrait être – de nous transformer à son image. L’alternative à laquelle nous sommes confrontés, (et les derniers versets du ch. 6 nous la présentent comme un défi, dans l’exemple des deux réactions contrastées), se situe entre le refus des Galiléens, figés dans leur incrédulité (v. 66), et la foi «malgré tout» de la poignée de disciples, exprimée dans la magnifique confession de Simon Pierre: «Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle, et nous avons cru [ et continuons à croire], et nous avons connu [ et continuons à connaître] que c’est toi [seul] le Saint de Dieu» (v. 68-69).- Edité par Horton Frank
Titre: La bénédiction de Toronto Auteur: John Mc Arthur Editions: La Maison de la Bible, Trési, l028 Préverenges |
Après avoir fait remarquer qu’au cours des vingt dernières années, le message évangélique n’a cessé de s’appauvrir au profit de l’expérience – la sensation remplaçant désormais la saine réflexion théologique – John Mc Arthur nous montre comment cette tendance se manifeste dans le cadre du mouvement de Toronto.
En étudiant l’origine de ce dernier, fauteur nous rappelle qu’un des principaux canaux de cette «bénédiction», Randy Clark, a été amené à recevoir «une nouvelle onction du St-Esprit» au prix de concessions doctrinales considérables. Est-ce normal?
Mc Arthur répond ensuite à la question: est-il vrai que ceux qui mettent en doute le mouvement de Toronto contribuent à attrister, ou même à éteindre le St-Esprit?
A l’instar d’un certain William De Arteaga qui, dans son livre «Quenching the Spirit» (Eteindre l’Esprit), accuse ceux qui refusent de voir dans la nouvelle vague du «Rire dans l’Esprit» une oeuvre de Dieu, beaucoup de partisans de ce mouvement taxent les chrétiens réticents de pharisaïsme ou de légalisme. Ils font valoir fréquemment que le Grand Réveil du XVIII ème siècle aux Etats-Unis comporte nombre d’analogies avec «leur» réveil. Mc Arthur s’attache ici à dévoiler ce qu’un tel rapprochement peut avoir de fallacieux. Il montre à l’évidence que ce sont probablement les excès émotionnels et les manifestations d’enthousiasme charnel qui finirent par éteindre le Grand Réveil.
Toutefois, Mc Arthur admet, comme le fit autrefois l’instrument no 1 du Grand Réveil, Jonathan Edwards, que la prédication authentique de la Parole de Dieu doit toucher l’être humain dans sa totalité: intelligence, sentiments et volonté. Il y a certains «débordements émotionnels» légitimes.
Par le biais de plusieurs exemples concrets et par un vibrant plaidoyer en faveur d’une foi intelligente, l’auteur termine son commentaire en rappelant ce que signifiait, aux yeux d’Edwards, une émotion spirituelle authentique. Il ne faut pas la confondre avec une passion irrationnelle et désordonnée.
- Edité par MacArthur John
Paru dans La Bonne Nouvelle 3/95
Quelles réactions provoqua cette «bénédiction» ?
La direction de l’«Alliance des églises évangéliques libres» d’Allemagne, dont font partie les églises baptistes allemandes, a publié une déclaration se rapportant à cette «bénédiction de Toronto». Tout en reconnaissant que les églises auraient besoin d’un renouveau spirituel, les auteurs de ce document déclarent que les phénomènes précités ne peuvent pas être considérés comme des manifestations du Saint-Esprit, car ils ne se situent pas dans l’ordre de ce qui est décrit et promis dans les Ecritures comme actions du Saint-Esprit. Aussi, ajoutent-ils, sommes-nous tenus d’examiner toutes choses ( 1 Thes 5.21) et à éprouver les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu (I Jean 4.1) (5). Des réactions et des mises en garde semblables ont été enregistrées ici et là.
Comment cherche-t-on à crédibiliser ces phénomènes?
D’autres personnes et milieux, surtout charismatiques, apostoliques évangéliques, certains pentecôtistes (IBETO) (6) et même des réformés, sont favorables à ces singularités, parce qu’ils pensent y trouver un renouveau spirituel. Aussi cherchent-ils à les justifier bibliquement par des interprétations souvent fort douteuses. C’est ainsi qu’au sujet du fou rire et des crises de larmes collectifs on fait référence à un verset de l’Ecclésiaste qui dit: Il y a un temps pour rire et un temps pour pleurer (3.4), comme si un tel texte extrapolé pouvait honnêtement s’appliquer aux phénomènes en question (7).
Tel pasteur (8) tente aussi de «blanchir» ces étranges manifestations en les rapprochant, par exemple du cas déplorable de Saül se mettant subitement à prophétiser, puis à se jeter un jour et toute une nuit nu aux pieds de Samuel (I Sam 19.24). L’exemple nous semble mal choisi, car même si momentanément l’Esprit de Dieu fut sur Saül, l’Eternel a manifestement voulu ainsi l’empêcher de poursuivre et de tuer David. On sait par ailleurs que Saül s’était déjà détourné de l’Eternel (1 Sam 15.10), que I ‘Esprit du Seigneur s’était retiré de lui et qu’un mauvais esprit l’avait saisi. Il eut des accès de délire (I Sam 18.10) et de colère meurtrière, vouant à David une haine implacable. Il se livra au spiritisme en faisant invoquer par la magicienne d’En-Dor l’esprit d’un défunt (1 Sam 28.7-20), ce que l’Ecriture condamne formellement (Lév 19.31), et sa triste vie s’acheva par son suicide (1 Sam 31.4). Son cas prouve plutôt le contraire de ce à quoi on voudrait le faire servir. Saül fut l’objet d’une malédiction et non d’une bénédiction divine. Le même frère fait aussi allusion à la Pentecôte, où des gens du peuple, entendant les premiers chrétiens parler en diverses langues connues, supposèrent qu’ils étaient ivres (Act 2.13). Il n’est pourtant pas dit que ces chrétiens tombèrent par terre en poussant des gémissements et des hurlements et qu’ils furent saisis de crises de larmes ou de fou rire! Il cite encore Saul de Tarse, interpellé par le Seigneur et inondé de lumière, tombant par terre et frappé de cécité pendant plusieurs jours (Act 9.4-9). Il s’agit là de toute évidence d’une intervention divine, non recherchée et exceptionnelle, que vécut ce persécuteur des chrétiens en vue de son futur apostolat. Nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament semblable expérience ne s’est reproduite. Elle ne saurait par conséquent servir de précédent ou de modèle à imiter pour notre temps. Mais c’est pourtant ainsi que l’on cherche à authentifier ces ahurissants phénomènes collectifs actuels en essayant de les comparer à des cas ou à des événements bibliques extraordinaires qui ont été conditionnés pas des situations historiques uniques.
Jean-Claude Chabloz, pasteur d’une église évangélique apostolique et président de la «Fédération romande des églises et oeuvres évangéliques» (Suisse) a écrit:«La petite église Vineyard de Toronto a certainement été choisie par Dieu pour servir de base à un renouveau de l’Eglise dans le monde entier» (9).
Conclusion
Heureusement que des chrétiens sérieux ont réagi et d’autres réactions sont en préparation au moment où nous écrivons ces lignes. On constate:
-que ces exaltations sont plus psychiques que spirituelles et non soumises au seul critère de la Parole de Dieu,
-que toute critique justifiée est généralement rejetée et toute opposition exclue par ceux qui sont pris dans ce courant,
-que les manifestations spectaculaires de ce genre s’estompent généralement au bout d’un certain temps et que ceux qui prennent alors conscience des aberrations dont ils ont été les victimes en reviennent désabusés,
-une mise en garde nous semble donc absolument nécessaire pour freiner ce dérapage qui ne saurait qu’augmenter la confusion parmi les évangéliques et profiter à l’adversaire de nos âmes.
Nous n’avons pas besoin de la «bénédiction de Toronto» pas plus que d’une bénédiction qui viendrait de Jérusalem, de Rome ou de Genève. Il nous faut la bénédiction du Seigneur et sa protection contre toutes les séductions de la fin des temps (Mat 24.11). Il est profondément regrettable que des responsables évangéliques bien connus se prononcent en faveur de cette «bénédiction de Toronto» et qu’ils s’en fassent les propagateurs. Recevons plutôt la bénédiction du Seigneur: Que l’Eternel te bénisse, et te garde! Que l’ Eternel fasse briller sa face sur toi et t’accorde sa grâce! Que l’Eternel lève sa face vers toi et te donne la paix! (Nom 6.24)
(1) Voir la B,N. 2/95 p. 24.
(2) Cette Eglise tut fondée autour de 1980 par John Wimber. Des milliers d’églises auraient déjà été touchées par la «bénédiction de Toronto» dont la communauté Basileia à Berne, qui est ainsi devenue son centre en Suisse et en Europe. Basileia est un mouvement laïque charismatique sous le toit de l’Eglise réformée officielle bernoise. Basileia a aussi organisé à Berne les conférences de John Wimber et deux congrès qui se sont tenus début juin à Berne avec les ténors de ladite » bénédiction » (feu et braise, teenage-on-fire).
(3) Voir «24 Heures» du 26.01.95.
(4) Voir «ldea-Spektrum» 47/1994;
(5) Voir «Die Gemeinde» 9/95p. II.
(6) IBETO (Institut Biblique de Théologie d’Orvin, pentecôtiste, Suisse).
(7) Voir le bulletin de liaison de l’IBETO de décembre 1994 sous «Un temps pour pleurer, un temps pour rire» Derek Green.
(8) Jean-Marc Houriet, pasteur d’une assemblée évangélique de Suisse romande, qui dit (enregistré sur une cassette): «En 1962, ma première expérience d’une intervention du SainEs- prit dans ma vie a été un fou rire qui a duré de 4 heures du soir à 3 heures du matin».
(9) Dans l’«Avènement» de mars 1995 p.6 sous «Feu de Dieu» (Références).
Une déclaration de la FEF concernant ce qui est appelé la «Bénédiction de Toronto» a été publiée. Elle présente ce phénomène avec objectivité à la lumière de la Parole. Nous recommandons cette brochure de 10 pages.
Pour l’obtenir, adressez-vous à: Fédération Evangélique de France, 40 Rue des Réservoirs, F-91330 Yerres
- Edité par Hoffmann Jean
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