PROMESSES

Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup. Mat 20.28

Rien de plus humain que de chercher à se servir des autres, et même à les assujettir. Mais Jésus-Christ nous a enseigné autre chose. Il en sera question dans ce numéro de Promesses. Donnons pour l’instant la parole à un témoin peu ordinaire du Roi des rois.

A Sainte-Hélène, Napoléon reçut, par l’intermédiaire de son chapelain, une Bible à reliure très soignée et à son initiale. Il la lut beaucoup et fut frappé par la personne et par l’ouvre de Jésus-Christ; il communiquait souvent à ses compagnons de captivité ses impressions à cet égard: «J’ai, disait-il au Comte de Montholon, dans les jours de ma gloire, passionné des multitudes au point qu’elles mouraient joyeusement pour moi… Mais pour enthousiasmer le soldat, il fallait ma présence, ma parole, mon prestige… Et maintenant qui est-ce qui m’est resté fidèle? Telle est la destinée des grands hommes. On nous oublie. Louis XIV était à peine mort qu’il fut laissé seul dans sa chambre mortuaire; ce n’était plus le maître, c’était un cadavre. Encore quelques jours et ce sera mon sort.

Quelle différence entre la destinée prochaine de Napoléon et celle de Jésus-Christ! Quel abîme entre ma profonde misère et le règne éternel du fils de Dieu. Avant même que je sois mort, mon oeuvre est détruite; tandis que le Christ, mort depuis dix-huit siècles, est aussi vivant qu’au moment de son ministère. Loin d’avoir rien à redouter de la mort, il a compté sur la sienne. C’est le seul qui ait été plus vivant après sa mort que de son vivant. Le temps n’a pas seulement respecté l’ouvre du Christ, il l’agrandie: en quelque endroit du monde que vous alliez, vous trouvez Jésus prêché, aimé, adoré.

Sur quoi avons-nous fait reposer notre pouvoir? Sur la force. Tandis que Jésus-Christ a fondé son empire sur l’AMOUR, et des milliers d’hommes donneraient joyeusement à cette heure leur vie pour lui !

Voici un conquérant qui incorpore à lui-même, non pas une nation, mais l’humanité. Quel miracle! L’âme humaine avec toutes ses facultés devient une annexe de l’existence de Jésus-Christ. Et comment? par un prodige qui surpasse tous les prodiges: Christ veut l’amour des hommes, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus difficile à obtenir; il demande le cour; c’est là ce qu’il veut; Il ne demande rien d’autre et Il l’obtient. J’en conclus sa DIVINITE. Alexandre, César, Annibal, Louis XIV avec tout leur génie ont conquis le monde; ils ne sont pas parvenus à avoir un ami!… L’union qui unit Jésus-Christ à ses rachetés est plus impérieuse que quelque union que ce soit, et tous ceux qui croient sérieusement en Lui ressentent cet amour surnaturel. Ils aiment quelqu’un qu’ils n’ont pas vu. C’est un fait inexplicable à la raison, impossible aux forces de l’homme, et pourtant Il l’accomplit.

Voilà ce que j’admire au-dessus de toute chose, moi, Napoléon. Plus j’y pense, plus je suis absolument persuadé de la divinité de Jésus-Christ.»

On comprend l’impression extraordinaire qu’à dû lui faire le récit de la vie de Jésus-Christ qui, venu sur la terre pour fonder une sorte d’empire, le règne de Dieu, n’a pas voulu d’autre gloire que de donner sa propre vie pour le salut de l’humanité. Pour l’un, ses sanglantes victoires ont été le prélude d’un désastre sans nom; pour l’autre, cette seule mort a fondé un royaume qui, malgré toutes les oppositions, s’étend encore tous les jours.

Napoléon, dont le front ne s’était jamais courbé devant personne, s’est incliné en présence du Christ, reconnaissant en Lui le Fils unique de Dieu. (I)

Pour nous qui nous déclarons disciples de Christ, comment avons-nous l’habitude de considérer notre passage sur terre?

Comme une occasion de concentrer en notre personne un maximum de gloire, de prospérité et de jouissances? Ou bien comme l’apprentissage du don de soi-même, à l’exemple de Celui qui s’est livré pour nos péchés, qui est mort pour nous donner la vie, et qui a répandu le St-Esprit dans nos cours pour nous rendre capables de l’aimer et de le servir?

Note: cet épisode de la vie de Napoléon a été emprunté au journal La Bonne Nouvelle, No 7/8, 1954.

C.-A.P.


Lectures préalables: Ps 19.8-10, Luc 6.46-49

Je mets en exergue ce verset de Co13.16: Que la parole du christ habite en vous (parmi vous) dans toute sa richesse.

Première question: Qu’entend Paul par «la parole du Christ» ? Tout d’abord son enseignement, qui au temps où Paul écrivait aux Colossiens était transmis oralement. Ensuite l’enseignement contenu dans les lettres des apôtres, écrites sous l’inspiration de l’Esprit de Christ (synonyme d’Esprit de Dieu, donc du Saint-Esprit, selon Rom 8.9); et par extension les écrits de l’ AT (la suite de Co13.16 mentionne les Psaumes).

Il est donc normal que notre définition de la «parole du Christ» s’appuie sur un nombre suffisant de passages bibliques, notamment du NT, qui contient, à part les livres historiques relatant des événements uniques (Evangiles et Actes), les choses dont Jésus disait: ...vous ne pouvez pas les supporter maintenant. Quant l’Esprit de vérité sera venu, il vous conduira dans toute la vérité (Jean 16.12-13).

Deuxième question: Pourquoi la parole doit-elle habiter (demeurer) richement en nous? La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole du Christ (Rom 10.17): parce que la parole entendue et lue dans la Bible communique la foi. Notez: la foi vient de ce qu’on entend et non de ce qu’on voit. Paul le dira carrément dans 2 Cor 5.7: nous marchons par la foi (qui vient de ce qu’on entend) et non par la vue. Déjà Jésus avait déclaré heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru (Jean 20.29).

Dans Rom 1.16: …l’Evangile est une puissance de Dieu pour quiconque croit; l’Evangile = la bonne nouvelle = ce qu’ on entend.

Qu’est-ce qui se passe quand l’Evangile est entendu et accepté? Dans Jean 7.39, Jésus parle de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. Dans Eph 1.13, Paul dit plus explicitement: En lui, ayant entendu la parole de la vérité, l’Evangile de votre salut, en lui, ayant cru, vous avez été scellés du Saint-Esprit de la promesse. Comme en grec les deux participes sont à une forme verbale correspondant au passé simple en français, le sens en est: «Ils entendirent, ils crurent, ils furent scellés du Saint-Esprit.» Qu’est-ce à dire? Chaque croyant authentique reçoit le Saint -Esprit comme signe qu’il appartient à Dieu et qu’il sera gardé par Dieu jusqu’à ce qu’il reçoive son nouveau corps immortel, glorifié, comme l’indique la suite: …le Saint-Esprit de la promesse, qui constitue le gage de notre héritage, en vue de la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire (v. 14). Cela explique pourquoi il n’est jamais demandé aux croyants de rechercher un baptême du Saint-Esprit. C’est Dieu le Père et le Fils qui baptisent d’Esprit à la conversion. Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit, pour être un seul corps… et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit (I Cor 12.13). Pour citer Lloyd-Jones parlant de tout homme qui a reçu Christ par la foi: «La vie de Christ est en lui, et c’est la même vie dans tous les membres (du corps).» C’est là le sens d ‘Eph 4.4: Il y a un seul corps et un seul Esprit.

Par contre, Paul écrit à Timothée de s’efforcer de …dispenser avec droiture la parole de la vérité (2 Tim 2.15) et de s’attacher à ce qu’il a appris dès son enfance. Et de quoi s’agit-il? Ce sont les Ecrits sacrés, qui peuvent donner la sagesse en vue du salut, par la foi en Christ-Jésus. Cette exhortation est suivie de la définition la plus frappante et la plus complète de ce qu’est la Bible (3.16): Toute l’Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner ( doctrine1 ) convaincre ( de péché, de justice, de jugement), redresser ( corriger ), éduquer dans la justice ( comment vivre ), afin que l’ homme de Dieu soit adapté et préparé ( sanctifié j à toute bonne oeuvre.

C’est ce que fait la Bible (= parole de Dieu): elle rend propre à toute bonne oeuvre; elle est toute- suffisante.

Dans Jean 14, nous voyons Philippe, disciple et futur apôtre, demandant à Jésus de lui montrer le Père. C’est comme s’il avait dit à Jésus: «Ce que tu dis et fais ne me suffit pas. Ta promesse ne me suffit pas. Prouve ce que tu dis par une vision de Dieu. Donne-moi une expérience! » La réponse de Jésus pourrait se paraphraser: «Alors je ne te suffis pas? mes paroles, mes oeuvres? Il te faut quelque chose de plus?»

Cela n’a pas changé. Si les paroles de Jésus et des apôtres, si les rniracles faits par Jésus et les apôtres, ne me suffisent pas, ni Dieu ni Jésus ne va se montrer à moi dans une vision. Mon incrédulité suffit pour me condamner: Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie (Jean 3.36). C’ est le seul critère. Et Jésus de terminer le récit de 1’homme riche et du pauvre Lazare par ces mots: S’ils n’écoutent pas Moise et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader même si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts (Luc 16.31). Qu’est-ce à dire, sinon que la parole (ce qu’on entend) convainc, et non les miracles (ce qu’on voit)? A Philippe, Jésus dit: Je suis le chemin (le seul qui mène à Dieu), la vérité (la seule qui puisse sauver) et la vie (la seule source de vie spirituelle et éternelle).

Puisque Jésus est la Parole devenue chair, Jacques peut écrire: Il nous a engendré… par la parole de vérité; il reprend deux versets plus loin: recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver vos âmes (1.18- 21).

La Parole a-t-elle remplacé les miracles ?

Est-ce un miracle quand la maman arrive juste au moment où le tout petit allait introduire son doigt dans la prise électrique? quand une place se libère au parking juste au moment où j’en ai besoin, étant pris de court? Non. Ce sont là des actes de la providence divine.

Avant de continuer, une précision: il est bien clair que Dieu intervient aujourd’hui pour délivrer, pour guérir, pour conduire, souvent en réponse à nos prières, selon sa volonté (qui ne coïncide pas forcément avec la nôtre). Dieu n’est jamais obligé d’exaucer nos prières. Quant il le fait, c’est une grâce de sa part.

Quand y a-t-il miracle? La Bible répond clairement à cette question. On peut distinguer trois périodes de miracles.

1 ère période: Libération d’Israël de l’esclavage

Moïse vient en Egypte avec un message de Dieu invraisemblable; mais par les miracles que Moïse fait, Dieu authentifie Moïse comme son envoyé, son porte-parole. Dieu intervient dans la nature d’une manière si extraordinaire que les témoins doivent y reconnaître le doigt de Dieu (même les magiciens!) et voir en Moïse l’envoyé de Dieu. Les miracles en Egypte confirment que Moïse parle pour Dieu.

La deuxième raison de ces miracles: ils introduisent une ère de nouvelles révélations. Moïse donnera la loi et les modalités de l’alliance avec Israël.

Or quel bilan? un manque de foi total! Ils ont assisté aux miracles les plus étonnants; ils ont vu toute l’armée égyptienne avec le pharaon engloutie, anéantie; puis ils ont chanté un beau cantique… et à peine 70 km plus loin, à l’oasis de Mara, ils accusent Moïse parce que l’eau est amère. Leur incrédulité et leur idolâtrie sont telles que tous ceux qui ont vécu ces miracles inouïs devront mourir dans le désert.

Ce ne fut pas mieux après la conquête de Canaan (pensez à Jéricho): le peuple tomba dans l’idolâtrie et l’immoralité.

Suivit une longue période pratiquement sans miracles. David, le chantre de Dieu, n’en fit aucun, ni le roi Salomon, célèbre pour sa grande sagesse; Après lui, le peuple tomba dans une telle apostasie que Dieu envoya ses prophètes.

2 ème période: l’ère des prophètes

Les prophètes devaient annoncer au peuple les conséquences douloureuses de leur adultère spirituel, de leur idolâtrie accompagnée de la perversion morale la plus flagrante. L’ère des prophètes fut introduite par le prophète Elie, suivi du prophète Elisée, les deux accomplissant de nombreux miracles jusqu’à ressusciter chacun un enfant mort. Ces miracles, comme ceux de Moïse et de Josué, attestaient qu’ils étaient les émissaires de Dieu et que leurs prophéties étaient d’authentiques révélations divines. Ils exhortaient le peuple infidèle à la repentance, tout comme les autres prophètes à leur suite, qui pendant des siècles prédisaient la dépossession de leur pays et l’exil. L’exil eut lieu, car malgré les miracles, leurs avertissements ne furent pas entendus…

Par contre, la perte de la liberté, la souffrance, la douleur ont eu raison de l’idolâtrie. Sous Esdras et Néhémie, c’est le retour en Israël. Et puis, après l’ère des prophètes, un silence de quatre siècles. Pendant 400 ans, Dieu se tait. Il n’y a pas de miracles. Ô, Dieu continuait d’entendre les prières et d’y répondre selon son bon plaisir; mais pas de nouvelles révélations. Les prophètes avaient annoncé la venue du Messie. On attend.

3 ème période: l’ère de la grâce

Il vient, le Messie, annoncé par le dernier prophète de l’AT: Jean-Baptiste. Avec Jésus, c’est la révélation de la nouvelle alliance, révélation complétée après son ascension par les apôtres choisis par Christ lui-même.

Les miracles de Jésus sont tout d’abord des signes attestant sa messianité. Quand Jean-Baptiste en prison fit demander à Jésus: Es- tu celui qui doit venir ? (Luc 7.20), Jésus répond en citant le prophète Esaïe: Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute.

La Bible appelle «miracle» les signes qui attestent que celui qui les fait est l’émissaire annoncé parlant pour Dieu. C’est par une foule de guérisons de maladies physiques, très souvent d’ordre organique, que Jésus accomplit Es 53.4: Il s’est chargé de nos maladies. Mat 8.16-17 le spécifie clairement: Le soir venu, on amena à Jésus plusieurs démoniaques. Il chassa les esprits par sa parole et guérit tous les malades. Ainsi s’accomplit la parole du prophète Esaîe: Il a pris nos infirmités et il s’est chargé de nos maladies.

Es 53.5, par contre, parle de son oeuvre expiatoire à la croix: Il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris – non pas physiquement, mais (comme le contexte le précise) spirituellement, nous qui étions morts dans nos péchés. Jésus non seulement guérissait les malades et les possédés, mais trois fois il ressuscita des êtres physiquement morts, accomplissant Es 53.4. Une seule fois, il expia nos crimes à la croix, accomplissant Es 53.5.

Les miracles de Jésus ont-ils converti beaucoup de monde? Quand les Juifs sommèrent Jésus: Si tu es le Christ, dis-le nous ouvertement. Jésus répondit: Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père (à savoir, les miracles) rendent témoignage de moi (Jean 10.24-25). Un peu plus loin, Jésus dit: …quand même vous ne me croiriez pas, croyez à ces oeuvres; par celles-ci, ils devaient reconnaître que le Père l’avait envoyé, qu’il était donc le Messie promis (Jean 10.38).

Au début du même évangile, nous lisons que plusieurs crurent à la vue des miracles qu’il faisait,. mais Jésus ne se .fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous (Jean 2.23-24). Jésus ne les considérait pas comme de vrais croyants, parce qu’ils n’avaient cru qu’à cause des miracles. Et Jean de constater avec tristesse: Malgré tant de miracles qu’il avait faits devant eux, ils ne croyaient pas en lui (12.37). Au contraire, la foule, dont beaucoup avaient vu les miracles par lesquels Jésus prouvait qu’il était le Messie, hurla: Crucifie-le! à mort avec lui! Pourquoi ? Ils ne croyaient pas, malgré ses miracles.

A la fin, après la résurrection et l’ascension de Jésus, ils étaient un petit groupe de 120, dont 12 apôtres, qui attendaient la venue du Consolateur, du Saint-Esprit, à la Pentecôte.

Puis il y eut le ministère des apôtres, Paul y compris, eux aussi confirmés dans leur apostolat par des miracles, signe de leur authenticité. Quant des faux docteurs cherchèrent à dénigrer Paul en tant que vrai apôtre auprès des Corinthiens, Paul se défendit ainsi dans 2 Cor 12.12: Les signes distinctifs de l’apôtre ont été vus à l’Oeuvre au milieu de vous, par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles. Posons-nous la question: si les chrétiens en général avaient fait des miracles, comment aurait-on pu distinguer les apôtres des autres?

Dans Eph 2.20, nous lisons: Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. Qu’est-ce à dire? Sur la pierre angulaire qui est Christ, les apôtres et les prophètes contemporains ont posé le fondement de l’Eglise par les révélations et exhortations que contiennent leurs lettres, de sorte que, ces apôtres et ces prophètes une fois disparus, la Bible entière avait été constituée. On ne pose un fondement qu’une fois. La révélation donnée par Jésus et les apôtres est définitive. C’est ce qu’indique Jude dans sa lettre (v.3) en nous exhortant à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes.

Aussi la Bible se termine-t-elle par un des avertissements les plus solennels: ceux qui y ajoutent ou en retranchent quoi que ce soit seront punis très sévèrement (Apoc 22.18-19). Il faut savoir que l’interdiction d’ajouter ou de retrancher se trouve aussi au début et au milieu de la Bible: Deut 4.2; 13.1 et Prov 3.5-6. L’avertissement vaut donc pour la Bible entière.

Conclusion

Jésus n’est plus avec nous physiquement, ni les apôtres; mais leurs enseignements et leurs miracles doivent faire l’objet de notre foi. Depuis eux, Dieu ne révèle rien de nouveau jusqu’au retour de Christ sur la terre. La Bible contient toute la révélation dont nous avons besoin.

Certes, Jésus est le même hier, aujourd’hui et éternellement. Il restera toujours amour, justice et grâce. Mais il ne fait pas toujours la même chose! Une des preuves est le cas d’ Ananias et Saphira dans Actes 5. Dieu ne punit plus systématiquement de cette manière aujourd’hui.

Laissons-nous avertir par les propres paroles de Jésus. En parlant des derniers temps de l’ère de la grâce, voici ce qu’il dit: Si quelqu’un vous dit alors: Le Christ est ici, ou: Il est là, ne le croyez pas. Car il s’élèvera de faux Christ et de faux prophètes; ils opéreront de grand signes et des prodiges au point de séduire si possible même les élus (Mat 24.24).

Prenons-nous à coeur cet avertissement solennel ? Serait-il aujourd’hui d’actualité?

Notes:
(1) Le mot «doctrine» est devenu insupportable à beaucoup, mais celle-ci est la base de toute vie spirituelle individuelle et ecclésiale. La refuser, c’est agir comme un utilisateur d’ordinateur qui refuserait les règles de l’informatique parce qu’il trouve cela ennuyeux. Mais tout comme l’ordinateur sans base informatique ne fonctionne pas, le chrétien, voire l’Eglise, ne peut fonctionner sans base doctrinale solide. Evidemment, c’est parce que la doctrine a souvent été dissociée de son application pratique qu’on s’en méfie. En l’appelant «enseignement» rien n’est fondamentalement changé. Négliger l’enseignement de la Bible, c’est s’exposer aux pires déviations de comportement.


Article extrait de la revue Ichthus, no 82, Mars 1979


I. Les bénédictions de la libéralité

L’Ecriture déclare sans détour que la générosité du chrétien sera récompensée. Elle lui promet la bénédiction en abondance (Mal 3.10), le bonheur (Act 20.35), du fruit (Phil 4.17), et elle dit à ceux qui donnent: Il vous sera donné (Luc 6.38). Il reste cependant à déterminer si ces textes peuvent justifier le lien étroit et direct que certains prédicateurs établissent entre leurs appels d’argent et des offres de succès matériel et de guérison divine. Est-il légitime de présenter la prospérité corporelle et financière comme «la moisson d’un don-semence» et comme faisant partie intégrante de «la vie abondante promise par l’Evangile ?» Il nous semble qu’en interprétant de telle façon ces promesses, on va au-delà de ce qui est écrit et à l’ encontre de certains enseignements bibliques connexes.

Nous trouvons décrite dans l’Ecriture une certaine façon de mélanger l’argent et la religion qui conduit à un «trafic», c’est-à-dire à un culte commercialisé. Jésus purifia le Temple en s’écriant: Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic (Jean 2.16). Pierre nous avertit: Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses (2 Pi 2.3). Mais en quoi, au juste, consiste un trafic? A quel moment des mouvements de fonds dans l’Eglise revêtent-ils un caractère illicite?

1. Il y a abus, et par conséquent «trafic» lorsque la somme versée perd son caractère de «don» (Phil 4.17), de «libéralité»et de «sacrifice» (Héb 13.16) et devient un paiement en vue d’une acquisition. Simon le magicien offrit de l’argent aux apôtres en échange d’une bénédiction et d’un pouvoir spirituels. On se souvient de la réponse de Pierre: Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait à prix d’argent (Act 8.20). Dieu donne gratuitement et il accepte aussi nos offrandes volontaires, mais Il n’entre en transaction avec personne. C’est à la vue des «vendeurs» et des «changeurs»dans le Temple que s’est enflammée la colère de Jésus (Jean 2.15-16). En revanche, qu’il y ait commerce et négoce en dehors du Temple, rien de plus normal à ses yeux (Mat 25.16-17).

En d’autres termes, que l’argent entre dans le Temple, sous forme d’offrandes, Il ne pouvait que l’approuver (Luc 21.1-4). Mais un marché dans le Temple voilà ce qui lui était en abomination. Les bienfaits de Dieu ne s’obtiennent pas «donnant-donnant». Une oeuvre chrétienne n’a le droit en aucun cas d’offrir ces bénédictions en échange d’une contribution pécuniaire.

2. Il y a également trafic lorsque la rétribution du versement est présentée comme devant nécessairement être accordée en biens matériels. Cela risque de faire appel, on le conçoit sans peine, à des mobiles qui ne sont pas purs. La promesse de Mal. 3.10 est-elle vraiment «un pacte d’abondance garantissant la prospérité financière?» Et la somme versée par un chrétien au nom de ce verset devient-elle de la sorte un «placement infaillible ?» Il n’est pas exclu que Dieu récompense nos largesses en pourvoyant à tous nos besoins (Phi14.17 -19), mais il est précisé: Vous serez de la sorte enrichis à tous égards pour toute espèce de libéralité (2 Cor 9.11). Son but n’est pas que nous accroissions notre fortune mais que nous soyons à même de venir en aide aux autres. Celui qui contribuerait à une oeuvre chrétienne par intérêt et pour un avantage matériel irait à l’encontre de la parole de Héb. 13.5: Ne vous livrez pas à l’amour de l’argent: contentez-vous de ce que vous avez. C’ est le mobile du versement qui serait mauvais. Ce n’est pas l’argent qui est une racine de tous les maux mais bien l’amour de l’argent (1 Tim 6.10).

D’autre part, s’il en était ainsi, les généreux seraient toujours des riches et la disette serait une preuve de parcimonie. Or, que nous est-il dit de nombreux héros de la foi ? Ils allèrent ça et là vêtus de peaux… dénués de tout (Héb 11.37). Et Paul couvrait de sarcasmes les Corinthiens prospères en ces termes: Déjà vous êtes rassasiés, déjà vous êtes riches. Dieu, ce me semble, a fait de nous, apôtres, les derniers des hommes… Jusqu’à cette heure, nous souffrons la faim, la soif; la nudité (1 Cor 4.8-11). Asaph constatait avec perplexité la prospérité des méchants (Ps 73) et Jésus déclare: Heureux vous qui êtes pauvres (Luc 6.20). L’Ecriture ne justifie tout simplement pas l’établissement d’un lien direct et nécessaire entre la piété ou l’esprit de sacrifice et l’abondance financière. Le «culte de la prospérité» et «l’évangile du succès» ne sont pas d’inspiration biblique.

3. On trafique aussi des gens en leur promettant de la part de Dieu la récompense de leurs dons ici-bas et maintenant. L’ enseignement de l’Ecriture sur le moment où sont accordées les récompenses est clair. C’est au tribunal du Christ (2Cor5.10), au jour de son retour (1 Cor 3.12-15; 4.5) et après la mort qu’elles le seront (Apoc 2.10). C’est pour cela que Jésus nous exhorte: Ne vous amassez pas des trésors sur la terre… mais amassez-vous des trésors dans le ciel… car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur (Mat 6.19- 21). Le prédicateur qui offre un trésor sur la terre le fait contrairement à l’ordre du Seigneur et favorise, chez ses auditeurs un attachement aux choses de ce monde. En écartant résolument de leurs campagnes financières ces trois abus, les églises et les oeuvres chrétiennes pourront éviter les principaux éléments propices à un trafic.

2. Déontologie en matière de gestion ecclésiastique

1. Il faut éviter des appels financiers à des personnes non-converties: Le sacrifice des méchants est quelque chose d’abominable (Prov 21.27). Dieu ne veut rien recevoir de personne tant qu’on rejette son Fils. Nous ne devons pas aider les impénitents à apaiser Dieu et leur conscience au moyen d’une obole. On rabaisse l’Evangile aux yeux des non-croyants en l’annonçant à leurs frais. En parlant de la libéralité des Macédoniens, Paul apporte cette précision importante: Mais ils se sont d’abord donnés eux-mêmes au Seigneur (2 Cor 1.5).

2. Il faut que l’ organisation chrétienne soit «une maison de verre» par rapport à ses finances. Paul écrivait: Nous agissons ainsi, afin que personne ne nous blâme au sujet de cette abondante collecte… car nous recherchons ce qui est bien, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes (2 Cor 8.20-21). L’apôtre insiste qu’il n’est pas suffisant pour celui qui gère des fonds d’avoir la conscience tranquille. Il doit les gérer de manière à rendre impossible le moindre blâme, c’est-à-dire de manière à éviter tout soupçon. Pour ce faire, de nos jours, il faut assurer une vérification annuelle de la comptabilité par un expert comptable ou des firme spécialisées extérieurs. Un résumé de ce bilan doit être communiqué d’office à tous les amis et donateurs. Ce bilan doit permettre de distinguer facilement, outre les dépenses pour frais généraux, celles pour relations publiques et celles faites spécifiquement pour le ministère. Une déclaration décrivant en détail les buts et objectifs de l’organisation ainsi que sa profession de foi doit aussi être tenue à la disposition du public chrétien intéressé.

3. Les structures de l’organisation doivent assurer une certaine séparation des pouvoirs pour que soient dissociés le ministère de la Parole et la gestion financière. Quand il y a cumul des fonctions, c’est toujours au détriment soit des considérations spirituelles, soit des intérêts pécuniaires de l’Oeuvre. L’Eglise de Jérusalem avait connu une dispute au sujet de questions matérielles (Act 6.1 ). Les apôtres, dont la gestion avait été mise en cause, décidèrent que la meilleure façon de dissiper de tels malentendus était de faire élire par l’assemblée des diacres qui jouiraient de la confiance de chacun (6.2-6). Ceux-ci déchargeraient les apôtres des tâches administratives pour que ces derniers puissent davantage se donner à la prière et au ministère de la Parole (v. 4). Cette façon de faire favorisait une saine gestion de la part des diacres – qui se sentaient responsables vis-à-vis des membres – mais favorisait aussi une plus grande confiance et une libéralité accrue de la part de ces derniers.

Pour les organisations qui ne sont pas des Eglises locales et dont tous les amis et donateurs ne pourraient ni ne voudraient devenir membres de l’association, la marche suivante devrait être adoptée: constituer un conseil d’administration vraiment actif, qui assume pleinement ses responsabilités, et qui soit composé principalement de personnes n’étant pas des employés de l’organisation. Il faut nommer un comité des finances et de contrôle composé de personnes également non-employées.

4. L’oeuvre authentique chrétienne doit marcher par la foi et non par la vue (2 Cor 5.7). Tout en agissant avec sobriété et vigilance, elle doit être animée de cet esprit d’ entreprise qui seul est conforme à l’immensité des tâches que Dieu confie à ses enfants. Une gestion statique et dépouillée de risques n’est à la gloire de Dieu ni propre à assurer la croissance de son oeuvre. La conquête de Canaan ne fut possible qu’après le passage du Jourdain. Les eaux du fleuve ne s’écartèrent devant le peuple qu’après que les sacrificateurs eurent fermement planté les pieds dans l’eau et se furent ainsi mouillés(Jos3.l3, l5).Pours’emparer du pays promis, il ne faut pas attendre que tous les moyens d’y parvenir soient préalablement en vue, assurés et acquis. Dieu veut souvent que ses enfants fassent un pas par la foi avant d’ouvrir devant eux le chemin. Pour une oeuvre, un tel pas pourrait comporter un financement. Il ne semble pas qu’un prêt hypothécaire doive tomber sous l’interdiction de Rom. 13.8: Ne devez rien à personne. Celui qui prête ne reçoit pas seulement des intérêts mais il est assuré, en cas de non- paiement, de récupérer le bien immobilier. Si le prêt est conforme aux normes généralement en cours, il s’ agit d’une simple location d’argent.

5. Aucune communauté ou organisation chrétienne ne devrait mettre de côté de l’argent dans le but de vivre de ses rentes. Ce trésor, pas plus qu’un autre, ne sera épargné par la teigne et la rouille (Mat. 6.19). Lorsque le peuple de Dieu au désert accumulait des provisions de manne pour le lendemain, il les retrouvait pourries (Ex 16.20). Il est évident que la recommandation d’amasser pendant l’été (Prov 10.5) doit uniquement permettre de parer à des fluctuations saisonnières, donc, prévisibles. Jésus traita d’«insensé» l’homme qui avait amassé des biens en réserve pour plusieurs années au lieu d’être riche pour Dieu (Luc 12.16-21).

Vouloir parer à toute éventualité est donc une négation de la foi et s’accompagne nécessairement d’un appauvrissement spirituel. Consacrer l’argent qui rentre à l’évangélisation et à l’extension du ministère que Dieu a confié à l’organisation est l’investissement le plus rentable, spirituellement et pour l’éternité. La nécessité de s’attendre au Seigneur pour l’étape suivante permettra à chacun de rester dans la dépendance et l’humilité. C’est par la prière que l’ Oeuvre avance le plus sûrement. Mais comment demander à Dieu ce qu’on possède déjà et comment faire de bonne foi, un appel à la libéralité de ses enfants si un nouveau projet pouvait très bien être financé en puisant dans les réserves?

6. Tout donateur a droit à une pièce justificative. Si ce n’est pas toujours une lettre de remerciement (Phil 4.l8), cela peut être un reçu ou un bon d’encaissement. Lorsque le donateur précise à quoi il destine la somme versée, il faut que ses désirs soient respectés et qu’on n’emploie pas l’argent, même temporairement, à autre chose.

Ces quelques principes à observer dans la gestion des choses matérielles devraient aller de soi, mais il sont d’une importance toute particulière pour les oeuvres chrétiennes. Jésus dit: Si vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables?(Luc 16.1 1 ).Lorsqu’une Eglise ou une organisation manque de conscience, de vigilance ou même de compétence dans les questions financières (qui ne sont que des moyens) il faut reconnaître, qu’en général, elle ne se voit pas confier par le Seigneur le ministère et le rayonnement spirituels auxquels elle aspire et pourrait prétendre.

G.W.

Si vous n’avez pas été fidèles dans les choses injustes, qui vous confiera les véritables ?
Luc 16.11

d’après l’apôtre Paul

A l’égard de la collecte…, suivez vous aussi, les directions que j’ai données aux églises de la Galatie: Que chacun de vous, le premier jour de la semaine, mette en réserve chez lui ce qu’il aura pu épargner, afin qu’on n’attende pas mon arrivée pour faire les collectes(I Cor 16: 1-2).

PERSONNELLE

Que chacun de vous…

Chaque racheté de Christ,
chaque chrétien prospère,
chaque chrétien pauvre,
chaque membre d’église.

PERIODIQUE

…le premier jour de la semaine…

Avec régularité,
dans la joie,
dans l’amour,
dans l’adoration.

PREVOYANTE

…mette en réserve chez lui…

Par avance,
après délibération,
avec intelligence,
avec prière.

PROPORTIONNEE

…ce qu’il aura pu épargner…

Proportionnellement,
scrupuleusement,
fidèlement, généreusement.

PREVENTIVE

…afin qu’on n’attende pas mon arrivée pour faire les collectes…

Pas de restrictions,
pas de suppressions,
pas de déficit,
pas de panique.

Edité par «Le Lien Fraternel» , on peut se procurer ce texte en s’adressant à: C.R.I.E., B.P. 1422, F-68071 Mulhouse-Cédex


De tout temps, l’Eglise s’est préoccupée de la situation matérielle de ses membres et a tâché d’exercer la charité au dehors. L’importance attachée aux questions sociales dans notre civilisation actuelle a posé à l’Eglise des XIXe et X Xe siècles des problèmes particuliers, qu’elle a résolus de diverses manières.

Certains chrétiens ont cherché à soulager la misère autour d’ eux sans créer de grandes organisations. Ils ont ainsi travaillé au bien-être matériel de leur entourage, comme par exemple Félix Neff dans les Hautes-Alpes, ou, avant lui, le pasteur Oberlin ( 1740-1826) du Ban-de- la-Roche en Alsace. Ce dernier, au cours d’un ministère de 60 ans, a appris à ses paroissiens, bûcherons grossiers, à cultiver un jardin, à construire des routes, il a introduit des métiers, tout cela avant tout pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

D’autres ont eu pitié de l’enfance abandonnée. Ainsi Georges Müller (1805-1898) a fondé un orphelinat à Bristol. Un de ses buts essentiels était de montrer au peuple de Dieu que le Seigneur prend soin de ceux qui s’attendent à Lui pour leurs besoins matériels. Sans jamais rien demander à personne, il a toujours reçu, en réponse à la prière, tout ce qui était nécessaire à l’ entretien des 2000 orphelins qu’il avait recueillis.

(J.-M. Nicole, in Précis de l’Histoire de l’Eglise, p. 250)

L’article qui suit contient essentiellement les réflexions-mêmes de G. Müller, telles que Mme G. Brunelles a traduites dans son livre: «Georges Müller, sa vie et son oeuvre» (Cahors, 1926, p. 358 à 366).

Economes du Seigneur : Quelques détails sur la gérance de G. Müller -29 mai 1874.

«Durant les trente ans écoulés, j’ ai souvent souligné que l’enfant de Dieu était l’économe du Seigneur, et qu’il y avait lieu de donner de façon systématique à mesure que Dieu bénissait, sans s’amasser de trésors sur la terre; j’ ai dit les bénédictions temporelles et spirituelles qu’il y avait à obéir au Seigneur, les fruits abondants que récoltaient ceux qui agissaient selon les principes qu’il pose lui-même… mais je n’ai pas donné en chiffres l’état de ma gérance. C’est ce que je veux faire passer maintenant sous les yeux du lecteur en remontant à l’époque où j’ai commencé d’ appliquer ces principes. Je ne recherche pas la louange des hommes mais la gloire de Dieu et le bénéfice que mes frères pourront tirer de mon exemple. Je laisserai les derniers mois de 1830 et commencerai avec 1831. Cette année-là, il plut au Seigneur de me donner trois mille sept cent quatre-vingt-quinze francs sur lesquels nous avons donné mille deux cent cinquante francs. Je dis nous, car ma bien chère femme partageait absolument ma façon de voir et elle désirait autant que moi vivre de façon simple et économique à cause du Seigneur.

En 1833, je reçus quatre mille huit cent quatre-vingts francs. Remarquez que le Seigneur nous rendit et bien au-delà, ce que nous avions donné pour lui, non seulement les douze cent cinquante francs, mais presque quatre fois cette somme. C’est ainsi qu’il fait; j’ai souvent eu l’occasion de l’observer durant ces quarante-quatre ans passés. Cette année-là, nous avons donné au Seigneur dix-sept cent cinquante francs. Une petite fille était née à notre foyer, mais cela ne modifia pas notre manière de faire; nous ne fûmes que plus désireux de nous amasser des trésors dans le ciel afin qu’elle aussi en eût le bénéfice.» (…)

Avec les années, G. Müller reçoit davantage: en 1839, quelque neuf mille francs et il donne aussi toujours davantage. Mais en 1840, il ne reçoit que six mille soixante-deux francs:

«Le Seigneur change souvent de méthode, écrit-il à ce propos. Non seulement cette année-là il n’y eut pas d’augmentation, mais encore une sérieuse diminution. C’est ainsi que Dieu éprouve souvent la foi de ses enfants ayant en vue leur plus grand bien: il leur enseigne de très précieuses leçons et permet certaines difficultés pour éprouver leur coeur. Et que fîmes-nous, ma chère femme et moi? Nous n’avons pas dit: «Le Seigneur nous a oubliés!» Nous n’avons pas dit non plus que, dorénavant, il y aurait lieu d’économiser l’argent dont nous n’avions pas besoin; mais nous continuâmes de donner dans la mesure du possible.

En 1841, l’épreuve de notre foi continua. Mais l’année suivante, il plut au Seigneur de nous confier davantage, soit huit mille deux cent quarante-quatre francs. Sur cette somme, nous avons donné trois mille deux cent cinquante francs. Nous ne nous sommes pas dit alors que la maison que nous habitions et qui était louée nous convenait, et qu’il serait sage de mettre de l’ argent de côté pour l’ acheter. Mais nous souvenant que nous sommes ici-bas étrangers et voyageurs, que nos possessions sont célestes et à venir, et que nous ne sommes que les économes de ce que le Seigneur nous confie, nous lui avons consacré tout ce que nous possédions. Je ne crains pas de me placer à côté du chrétien qui, en 1842, a essayé d’amasser des richesses pour lui-même et a persévéré dans cette voie, et de lui demander s’il est plus heureux que moi, et s’il a de plus brillantes espérances que les miennes pour l’éternité. Oh! si les chrétiens voulaient s’attacher à la Parole de Dieu et conformer leur vie à ce qu’elle enseigne!…

En 1845, je reçus dix mille huit cent trente-trois francs. Remarque, cher lecteur, qu’il plut au Seigneur de me rendre les deux mille cinq cents francs que j’ avais donnés en son nom, en 1844. Cette année nous eûmes la grande joie de pouvoir donner cinq mille cinq cents francs. Non pas dans le but d’obtenir davantage, mais pour que Dieu fût glorifié, avec les moyens qu’il lui plaisait de mettre à notre disposition. Tel répand son bien qui l’augmente encore davantage, et tel épargne outre mesure pour n’aboutir qu’ à la disette (Prov. 11.24).

En 1852, je reçus onze mille cent trente-sept francs. Que le lecteur veuille bien se souvenir que je n’avais pas de traitement, que je ne recevais rien pour les actes pastoraux…, que ni ma femme ni moi nous ne touchions rien comme directeurs des Orphelinats où cependant nous travaillions beaucoup tous les jours, et année après année. J’auraispu, en toute justice, attribuer à chacun de nous un salaire, car pour parler à la manière des hommes, nous le gagnions bien! Mais pour plusieurs raisons nous avons préféré ne pas le faire, et dépendre uniquement du Père céleste qui est toujours si bon et si tendre envers ses enfants.

En 1858,je reçus vingt-cinq mille sept cent vingt-sept francs trente-sept centimes et demi. Le total est exact, même pour les centimes. Il y a des centimes dans les sommes qui me sont envoyées anonymement. Tu es peut-être surpris du chiffre de cette somme, cher lecteur? C’est effectivement un chiffre élevé… mais tu as c’ertainement découvert mon secret… Ce n’est pas à cause de mes mérites, ni parce que je demandais quoi que ce soit aux hommes directement ou indirectement en leur laissant entendre mes besoins… Je n’en parle qu’à Dieu. Et quand il lui plaît de me donner plus que le nécessaire pour ma famille et pour moi, je le consacre avec joie à son oeuvre ou au service des pauvres ou aux membres de la famille qui peuvent en avoir besoin; je me considère comme l’économe du Seigneur; du moins j’essaye de l’être. Et il lui plaît de me confier toujours davantage, ce qui me procure la joie et l’honneur de pourvoir aux nécessités des autres et de donner pour son oeuvre. Sur la somme ci-dessus, nous avons donné dix-neuf mille neuf cent francs. (…)

En 1862… Dieu nous a fait la grâce de pouvoir donner vingt et un mille neuf cent vingt et un francs vingt-cinq. Je dis que Dieu nous a fait cette grâce. Car n’imagine pas, cher lecteur, que l’argent m’est indifférent, et que c’est pour cela que je le donne… Non, tu te tromperais fort. En cela comme en toutes choses j’ai besoin de faire monter vers Dieu la prière du psalmiste : Aide-moi, et je serai sauvé (Ps 119.117). Si j’étais laissé à moi-même et malgré toutes les expériences faites, je me laisserais aller à aimer l’argent, à l’entasser, à essayer d’augmenter ce qu’on me donne; car je suis calculateur par nature, et mon tempérament naturel est celui de l’homme d’affaires. Mais Dieu me fait la grâce de calculer pour l’éternité…, de calculer que le Seigneur Jésus s’est fait pauvre pour que je fusse enrichi, de considérer qu’il a versé son sang pour me sauver; il convient donc que je lui donne en retour ce qu’il lui a plu de me confier à titre d’économe.»

En 1870, l’année de la mort de Mme Müller, G. Müller reçut cinquante et un mille six cent quatre-vingt-sept francs quinze… sur lesquels il donna quarante-deux mille huit cent trente-neuf francs quarante-cinq.

Durant les années suivantes, Müller garda davantage par-devers lui; et il explique que cela ne provenait pas d’ une augmentation de dépenses personnelles, ou de ce qu’il s’était décidé à placer de l’argent… Non! mais il n’ avait pas eu l’occasion de tout dépenser utilement. Par contre, en 1874, il fut amené à donner durant les cinq premiers mois douze mille cinq cent francs de PLUS QUE CE QU’IL AVAIT RECU

A cette époque, les dons pour l’Oeuvre restant constamment en-dessous des dépenses, G. Müller considéra la situation en face. C’étaient deux mille cent bouches qu’il fallait nourrir chaque jour, sans compter tous les frais de vêtements, d’entretien, les soins médicaux, etc… De plus, il aidait cent quatre-vingt-neuf missionnaires, soutenait cent écoles ayant ensemble quelque neuf mille élèves, il fournissait des millions de traités et des milliers d’exemplaires de l’Ecriture. Enfin, à côté des dépenses courantes, il y avait les dépenses imprévues avec lesquelles il fallait aussi compter. Allait-il se trouver devant une caisse vide? Voici ce qu’il écrivit à ce propos:

«Dieu notre trésorier, notre trésorier infiniment riche nous reste. C’est cette pensée qui me donne la paix… Lorsque j’ai vu se dresser devant moi la possibilité d’une caisse vide, je me suis dit presque invariablement: Puisque Dieu s’est servi de moi pour fonder cette Oeuvre et qu’ il m’a conduit à l’agrandir, puisqu’ il a subvenu jusqu’ici, c’est-à-dire durant quarante ans, à tous ses besoins, il donnera encore le nécessaire. J’ai mis ma confiance en lui; il ne permettra pas que je sois confus.»

C’est à propos des sommes gardées pendant les années d’ abondance, surplus qui lui permit de traverser les mois de disette, que G. Müller écrivit les lignes suivantes:

«Ce serait une erreur de croire que je me hâte de dépenser ce que je reçois, comme si c’était un crime que de posséder quelques billets de banque. Non! Mais ce que je veux, c’est de ne jamais me considérer comme le propriétaire de ce que j’ai, peu ou beaucoup, et d’avoir présent à l’esprit que cela appartient à Dieu et non à moi… J’ai donc pu donner du 1er janvier au 26 mai 1874, beaucoup plus que je ne recevais et subvenir aux dépenses de l’Oeuvre que les dons ne couvraient plus.

Bien des lecteurs diront j’en suis sûr: Qu’il fait bon pouvoir donner ainsi! Qu’il est agréable de pouvoir répandre si largement. – Que j’aimerais pouvoir faire de même! Effectivement! C’est là une expérience bénie. Ne voulez-vous pas la faire aussi? Donnez, à mesure que Dieu vous bénit et qu’il vous accorde l’aisance. Ne donnez que peu si vous n’avez pas assez de foi pour donner beaucoup: mais ce que vous faites, faites-le de tout votre coeur, avec fidélité, avec persévérance. Ne faites pas un essai de quelques semaines seulement…, continuez quelles que soient vos circonstances…, et vous aurez toujours plus de joie à donner.

Encore un mot. Comme économes du Seigneur, il ne convient pas que nous dépensions largement pour nous-mêmes. Je me suis toujours accordé le nécessaire, et même ce qui rend la vie confortable, facile, surtout depuis que j’avance en âge; mais je me suis toujours gardé du luxe…

Et maintenant, au soir de la vie, pensez-vous que je regrette les six cent soixante-quinze mille francs que j’ai donnés jusqu’ici? Certainement pas! Et je bénis Dieu de l’honneur qu’il m’a conféré en me permettant de les donner».

La biographie de G. Müller peut être obtenue aux éditions Emmaüs (1982), sous le titre: «G. Müller, l’audace de la Foi.»

G.M.

Mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Eternel des armées.
Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux,
Si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance.

Mal 3.10

 


Introduction

 Les dernières paroles d’un homme ou d’une femme au chevet de la mort ont toujours une profondeur particulière.

– Napoléon Bonaparte, le célèbre général et empereur français a dit alors qu’il était au seuil de la mort: «Je meurs avant mon temps et mon corps va retourner à la terre. Tel est le sort de celui qu’on a appelé le grand Napoléon.»

– Voltaire, l’écrivain français profane, lorsqu’il était sur son lit de mort, s’est adressé à son médecin comme suit: «Je suis abandonné par Dieu et par les hommes ! Je vous donne la moitié de ma fortune si vous prolongez ma vie de six mois.»

– Thomas Hobbes, l’homme reconnu pour avoir détourné de la foi de grands hommes en Angleterre, s’est écrié, sur le point de mourir: «Si le monde entier m’appartenait, je le donnerais pour vivre une journée de plus. Je sens que je suis sur le point de faire un grand saut dans les ténèbres.»

Les dernières paroles de Jésus ont aussi une profondeur particulière.

Jésus était le Dieu de l’univers fait, homme.

C’est dans le contexte d’une terrible agonie sur la croix que Jésus a prononcé ses dernières paroles.

– Jésus est resté six heures sur la croix, pendu entre ciel et terre et ces six heures lui ont certainement paru une éternité.

– Durant ces six heures, alors même qu’ il était en proie aux souffrances, il a ouvert la bouche sept fois, et pas pour dire des banalités.

– C’est péniblement qu’il a ouvert la bouche pour prononcer ses dernières paroles.

– La crucifixion était une forme de torture qui coupait littéralement le souffle. Le fait d’ être pendu par les bras de tout son poids faisait que la douleur avait tôt fait d’atteindre la poitrine du crucifié, de paralyser ses muscles pectoraux, ce qui rendait sa respiration extrêmement pénible. Le crucifié pouvait inspirer l’air, mais ne parvenait pas à l’expirer. Pour être en mesure d’expirer son air, il devait pousser sur ses pieds, redresser les jambes pour enlever la pression sur ses bras et sur sa poitrine. Mais la douleur que cela occasionnait aux pieds était si vive, à cause des clous, que le crucifié s’affaissait bien vite et devait fournir le même effort à l’inspiration suivante. Un crucifié mourait généralement au bout de deux ou trois jours. Mais lorsque les Romains voulaient écourter l’agonie du crucifié, ils lui brisaient les jambes. Incapable alors de se redresser en poussant sur ses pieds, celui-ci ne pouvait plus respirer et suffoquait rapidement. Les soldats brisèrent les jambes des deux larrons crucifiés avec Jésus pour hâter leur mort, mais on ne brisa pas les jambes de Jésus car il était déjà mort (Jean 19.31-33).

Ainsi s’accomplissait une autre prophétie de l’Ecriture selon laquelle aucun de ses os ne serait brisé (Jean 19.36).

– C’ est dans ce contexte de souffrances, où Jésus luttait pour chaque inspiration, qu’il a prononcé ses dernières paroles. Ces paroles étaient brèves, pénibles à prononcer et provenaient du plus profond de son être.

I. Alors qu’on enfonçait des clous dans ses pieds et dans ses mains ou peu après, alors qu’on érigeait la croix, Jésus s’est écrié, Père, pardonne-leur, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font (Luc 23.34).

Alors que la majorité des bandits et criminels, révoltés et furieux, proféraient des injures et des menaces au moment où on le clouait au bois, Jésus, rempli d’un calme étonnant et d’un amour inexplicable, intercède auprès du père pour le pardon de ses bourreaux. Comme l’a si bien dit J .C. Ryle, le célèbre évêque anglican de Liverpool, «Alors que le sang du grand sacrifice commençait à couler, le plus grand des grands-prêtres commençait à intercéder .»

Jésus aurait pu réagir différemment. Comment nous-mêmes aurions-nous réagi dans une telle situation?

Jésus aurait pu s’en prendre à ses bourreaux et les accuser comme s’ils étaient les principaux responsables de sa crucifixion. Mais il savait très bien que la croix faisait partie du plan de salut de Dieu et il avait, dans le jardin de Gethsémané, accepté de se soumettre à ce plan, aussi terrible soit-il (Mat 26.39; Act 2.23; Jean 19.28).

Jésus aurait pu, en sa qualité de juge, condamner ses bourreaux, mais à quoi auraient servi alors ses souffrances? Jésus était venu pour sauver et non pas pour juger. Le temps du jugement viendrait plus tard (Jean 3.16-18).

Jésus aurait pu, en tant que Dieu tout-puissant et créateur de l’univers, détruire ses bourreaux par le souffle de sa bouche, mais il a plutôt accepté de porter sur lui à la croix tous les péchés de tous les hommes de tous les temps, ce qui demandait encore plus de courage et de puissance (Mat 26.47-54).

Non, Jésus ne s’en est pas pris à ses bourreaux, ne les a pas condamnés et ne les a pas détruits non plus par le souffle de sa bouche. Il a plutôt prié pour eux comme il avait aussi ordonné à ceux qui voulaient le suivre de le faire (Mat 5.44).

Prier pour ses bourreaux n’est pas humain, c’est quelque chose de surnaturel. Jésus a pu le faire à cause de sa communion intime avec Dieu. Etienne a pu le faire aussi parce qu’il était rempli du Saint-Esprit et avait reçu une révélationmerveilleuse de Dieu (Act 7.51-60). Personne d’entre nous ne peut le faire sans la force de Dieu.

En priant pour ses bourreaux, Jésus a accompli les Paroles du prophète Esaïe, Il s’est livré lui- même à la mort, il a été mis au nombre des malfaiteurs, il a porté les péchés de beaucoup d’hommes et il a intercédé pour les coupables.

Pour qui Jésus a-t-Il intercédé au juste ?

Pour les chefs religieux du peuple qui ont cherché depuis le début, par jalousie, à le faire mourir (Mat 14.5; 36.4; 26.59; 27.1; 6.19).

Pour les soldats romains qui l’ont livré à la mort après avoir reconnu son innocence (Jean 18.38; 19.4; 19.6).

Pour les gens du peuple qui, par crainte des autorités religieuses, ont demandé à Pilate de leur libérer Barabbas plutôt que Jésus (Mat 27.15-20).

Pour nous qui par nos péchés l’avons directement envoyé à la croïx.

Jésus a-t-il été exaucé? Comme toujours.

Les chefs religieux sont venus à la foi en grand nombre (Act 6.7).

Les soldats romains, les premiers, ont reconnu qui était vraiment Jésus (Mat 27.54).

Les gens du peuple, désemparés après avoir entendu le discours de Pierre, ont reconnu leur crime à la Pentecôte (Act 2.37).

Nous qui sommes ici et les autres croyants à travers le monde sommes aussi la preuve que Dieu a exaucé la prière de Jésus.

Jésus ajoute: Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Est-ce à dire que les gens responsables de la crucifixion de Jésus ignoraient totalement ce qu’ils faisaient? Certainement pas.

Les chefs religieux savaient que leurs accusations contre Jésus étaient fausses (Marc 14.55-56).

Pilate savait que Jésus n’avait rien fait de mal et ne méritait pas la mort (Luc 23.4).

Mais ni les chefs religieux, ni Pilate n’ont compris toute la gravité de leur geste (Act 3.17; 1 Cor 2.8).

Qu’en est-il de nous? Marchons-nous sur les traces de Jésus?

Que faisons-nous lorsqu’on nous offense, nous traite injustement?

Que fait-on lorsqu’on salit notre réputation, lorsqu’on manque de respect à notre égard?

L’apôtre Pierre, dans sa deuxième lettre, nous invite à suivre l’exemplede Jésus (1 Pi 2.23).

Puisque prier pour ceux qui nous maltraitent est quelque chose de surnaturel, comment espérer y arriver sans une communion intime avec Dieu?

II. Touché par l’ attitude repentante et la foi d’un des deux brigands crucifiés avec lui, Jésus se tourne vers lui et lui dit, Je te le dis en vérité, aujourd ‘hui tu seras avec moi dans le paradis (Luc 23.43).

L’histoire du larron repentant démontre clairement l’importance que Dieu attache à la repentance. Le peuple, les magistrats, les soldats et l’autre malfaiteur crucifié avec Jésus se moquaient tous de lui (Luc 23.35-39). Ils étaient empêchés de voir qui Jésus était réellement parce qu’ils refusaient d’admettre que leur style de vie déplaisait profondément à Dieu.

Mais l’autre malfaiteur affichait une tout autre attitude (Luc 23.40- 43).
Il reconnaît manifestement avoir commis des crimes et être justement puni pour ces crimes (40- 41).

Il souligne l’ innocence de Jésus et le reconnaît comme étant le Messie (42).

Jésus, touché par son attitude repentante et sa foi lui promet bien au-delà de ce qu’il avait demandé. Le larron avait demandé à Jésus de se souvenir de lui lorsqu’un jour, dans dix ans, cent ans ou mille ans, il viendrait établir son royaume. Mais Jésus l’assure qu’il se retrouverait ce jour même dans la présence de Dieu et jouirait d’une communion privilégiée avec lui. Cette communion ineffable avec Jésus, l’apôtre Paul allait aussi l’ expérimenter quelque temps plus tard lorsqu’il fut ravi au troisième ciel et s’est retrouvé dans le paradis de Dieu. Le mot paradis est un mot perse désignant un jardin de délices. Ce terme est utilisé dans les Septante, traduction grecque de l’Ancien Testament, pour désigner le jardin d’Eden et fait référence au ciel même dans 2 Cor. 12.4 et Apoc 2.7.

On voit par l’histoire du larron repentant à quel point Dieu prend plaisir à pardonner. Faisons donc preuve d’humilité et venons à Jésus pour obtenir pardon, guérison et une place dans le paradis de Dieu.

III. Même à l’article de la mort, Jésus se préoccupe des autres. Il pense, entre autres, à sa mère et fait des arrangements afin qu’ elle ne manque de rien. Jésus lui dit, Femme voilà ton fils (en parlant de Jean) et il dit à Jean, Voilà ta mère (Jean 19.26-27).

Lorsqu’on souffre beaucoup comme Jésus a souffert, on devient tout absorbé par la souffrance. On s’étonne que Jésus, suspendu sur la croix entre ciel et terre ait eu le réflexe et la force de penser à faire des arrangements pour sa mère.

Lorsque la plupart d’entre nous souffrons, ce n’est pas le temps de nous parler de rien et surtout pas des bobos et des chagrins des autres. Lorsque tu as un mal de tête carabiné, une rage de dents, ou lorsque tu te cognes le gros orteil au pied de la table du salon, la peine et la souffrance des autres te deviennent absolument étrangères.

Marie, la soeur de Marie, Marie de Magdala et Jean se tenaient près de la croix de Jésus. Malgré ses souffrances, sa difficulté de plus en plus grande à respirer, l’angoisse et la tristesse de son âme, Jésus ne pouvait rester insensible à ceux qui se tenaient là près de lui et qui n’avaient pas craint de s’identifier à lui.

D’ailleurs, Jésus a toujours manifesté une grande sensibilité et une grande compassion envers ceux qu’il croisait sur sa route (Mat 9.36; 14.14; 15.32;20.34).
Marie, sa mère, se tenait là au pied de la croix, déchirée de voir son fils rejeté, méprisé, supplicié comme un misérable malfaiteur. Elle aurait, si elle avait pu, pris volontiers sa place sur la croix. Marie avait beaucoup souffert à cause de lui et il en était très conscient.

– Siméon, lorsqu’il tenait le bébé Jésus dans ses bras avait dit à Marie, Cet enfant sera un jour comme une épée qui te transpercera l’âme (Luc 3.35).

– Marie avait d’abord souffert lorsque devenue enceinte par le Saint-Esprit, elle fut soupçonnée d’infidélité par Joseph et probablement par quelques autres aussi (Mat 1.19).

– Elle avait sans doute aussi beaucoup souffert lorsqu’Hérode avait, dans son désir d’éliminer Jésus, envoyé ses soldats massacrer tous les bébés à Bethléhem et aux alentours devant les yeux horrifiés des parents (Mat 2.16).

– Et maintenant encore, elle avait l’ âme transpercée de voir son fils mourir à petit feu sur la croix.

– Marie était veuve, ses autres enfants ne croyaient pas en Jésus et l’avaient probablement abandonnée à cause de cela. Jésus était le fils premier-né et en tant que tel, il avait la responsabilité de veiller sur le bien-être de sa mère. Mais pour Jésus, c’était beaucoup plus qu’une responsabilité. Jésus était sensible à la douleur de Marie et se préoccupait grandement de son bien-être.

– Jésus fait pour Marie le meilleur arrangement possible. Il la confie aux bons soins de son meilleur ami. Jésus savait que Jean allait prendre soin de Marie comme de sa propre mère (Jean 19.27).

Nos coeurs sont-ils remplis de compassion comme celui du maître ou d’insensibilité? Sommes-nous attentifs à ce que vivent les autres autour de nous ? Partageons- nous leurs souffrances ou sommes-nous cassants et indifférents?

Considérons sérieusement l’exemple de Jésus et suivons ses traces. Considérons aussi l’exemple des Hébreux qui ont suivi les traces de Jésus dans ce domaine, au tout début, lorsqu’ils ont reçu l’Evangile (Héb 10.32-34).

IV. Au bout de cinq heures et demie d’agonie, au plus fort de sa douleur, le Seigneur s’est écrié Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? (Mat 27.46).

En entendant crier Jésus, mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné, on croirait entendre la voix du mauvais riche s’écriant, du milieu de la flamme, Père Abraham aie pitié de moi, Le sentiment ressenti par Jésus d’être abandonné par le Père ne correspondait que trop bien à la réalité. Le Père l’avait littéralement abandonné et avait détourné les yeux de lui à cause de nos péchés, comme l’avait prédit le prophète Esaïe, quelques centaines d’années auparavant (Esaïe 53.3-6).

Méprisé et abandonné des hommes,
Homme de douleur
Et habitué à la souffrance,
Semblable à celui devant qui on détourne le visage,
Il était méprisé
Nous ne l’avons pas considéré.
Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées,
C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé;
Et nous l’avons considéré comme puni,
Frappé de Dieu et humilié.
Mais il était blessé pour nos péchés,
Brisé pour nos iniquités;
Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui,
Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.
Nous étions tous errants comme des brebis,
Chacun suivait sa propre voie;
Et l’Eternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous.

Jamais une seule seconde, la communion intime et immensément profonde qui unissait Dieu le Père, le Fils et l’Esprit n’avait été brisée. Mais voilà que Dieu avait placé tous nos péchés sur les épaules de Jésus et avait déversé sa grande colère sur lui. Jésus subissait le jugement du Dieu très saint que nous méritions tous de subir à cause de nos nombreuses violations de la loi.

Lorsque Jésus parle de sa communion avec le Père, il en parle comme de quelque chose qui sort de l’ordinaire. Il dit dans Jean 10.30, Moi et le Père, nous sommes un et dans Jean 8.29, Celui qui m’a envoyé est avec moi,. il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. Et lorsque le Père parle de sa communion avec le Fils, il en parle aussi comme quelque chose d’extraordinaire. Il dit dans Mat 3.17, Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ ai mis toute mon affection et dans Mat 12.18, Voici mon serviteur que j’ai choisi, Mon bien- aimé en qui mon âme a pris plaisir. Mais voilà que portant nos péchés sur son dos, Jésus avait accepté de vivre l’expérience terrible d’être séparé de Dieu et rejeté par lui.

Jésus avait dit, lorsqu’il était encore avec ses disciples, il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jean 15.13). L’apôtre Jean reprend la même idée dans sa première lettre et écrit, nous avons connu l’amour en ce qu’il a donné sa vie pour nous, nous aussi nous devons donner notre vie pour les frères.

Jusqu’à quel point sommes-nous prêts à suivre les traces de Jésus et à donner notre vie pour les frères ? A donner notre temps pour les frères ? A donner de notre énergie pour les frères? A donner de notre argent pour les frères? A donner de nous-mêmes pour les frères en commençant par ceux qui sont le plus près de nous, au sein de nos familles?

V. Lorsqu’il était sur le point de mourir, Jésus, le palais complètement desséché s’écria, J’ai soif (Jean 19.28).

Jésus était Dieu. Dieu le Fils mourait sur la croix pour nos péchés. Mais Jésus était aussi parfaitement homme. En tant qu’homme, Jésus éprouvait la faim, la soif et la fatigue tout comme nous pouvons l’éprouver. En tant qu’homme, Jésus souffrait dans son corps comme nous souffrons nous aussi dans nos corps.

Et non seulement Jésus éprouvait-il la faim, la soif et la fatigue, mais il ne sentait aucune gêne à le dire. D’ailleurs, en s’écriant qu’il avait soif, Jésus accomplissait une parole de l’Ecriture dans les Psaumes d’après laquelle il devait en être ainsi (Psaume 69.21). Qui aurait dit que celui qui se présentait aux hommes comme étant une source d’eau vive souffrirait un jour de la soif?

Parce que Jésus en tant qu’homme a souffert de la faim, de la soif, de la solitude et de bien d’autres choses, il nous comprend et peut nous assister, nous consoler et nous réconforter dans nos moments de souffrance (Héb 2; 18 et 4.14-16).

VI. Juste avant de rendre l’âme, Jésus s’est écrié, Tout est accompli (Jean 19.30).

Trois des Evangiles mentionnent que Jésus a poussé un grand cri avant d’expirer, mais seul Jean nous rapporte ce que Jésus a dit alors.

Généralement, un crucifié sur le point de mourir n’avait pas la force de pousser de cris, mais rendait l’âme en gémissant. Jésus, lui, a poussé un grand cri. Et le cri de Jésus n’était pas un cri d’agonie, mais un cri de victoire. Jésus venait de remporter la plus grande victoire qui soit.

Par sa vie de parfaite obéissance et par sa mort sur la croix, Jésus venait d’ouvrir les portes du ciel aux hommes.

En le faisant, Jésus avait renversé la puissance de son adversaire le diable. Désormais des hommes et des femmes pourraient être transférés du royaume ténébreux de Satan dans le royaume de Dieu. Paul exprime cette pensée dans sa lettre aux Colossiens (Col 2.15).

Par sa mort sur la croix, Jésus avait aussi renversé le mur qui nous séparait de Dieu et nous privait de sa puissance libératrice. Ce mur étant renversé, nous vivons en communion avec Jésus et celui-ci nous libère de jour en jour de la puissance destructrice du péché (Rom 6.6).

Jésus avait persévéré et accompli tout ce que le Père lui avait demandé de faire. Qu’en est-il de nous? Pourrons-nous dire à la fin de notre courte vie, Seigneur, tout ce que tu désirais que je fasse est accompli? Pourrons-nous dire comme l’apôtre Paul a pu le dire, j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi (2 Tim 4.7).

VII. Au moment de rendre l’âme, Jésus a de nouveau ouvert la bouche et s’est écrié d’une voix forte: Père, je remets mon esprit entre tes mains (Luc 23.46).

Ces dernières paroles de Jésus correspondaient à la prière que les mères juives enseignaient à leurs enfants de dire avant de s’endormir.

Cette prière de Jésus est une expression de sa confiance totale en Dieu. Elle provient d’un psaume dans lequel David remet son sort au Seigneur Dieu avec une pleine confiance qu’il agira en sa faveur (Ps 31.1-6).

Jésus en mourant, se jette dans les bras de son Père car il sait que son père a préparé des choses merveilleuses pour lui. Jésus savait qu’après avoir souffert, le Père le ressusciterait des morts et l’élèverait au-delà de toute mesure.

Lorsque Jésus mentionnait ses souffrances aux disciples, il leur mentionnait toujours aussi de quelle gloire elles seraient suivies.

Jésus savait que le Père le ressusciterait des morts. Mat 16.21; 17.9; 17.23; 20.19; 26.32.

Jésus savait aussi que Dieu lui rendrait sa gloire. Mat 16.27; 19.28; 24.30; 25.31.

C’est d’ailleurs cette espérance de la gloire à venir qui avait donné à Jésus la force de souffrir et d’aller jusqu’au bout (Héb 12.1-2). Jésus savait que Dieu le comblerait au-delà de toute mesure et c’est avec une parfaite confiance qu’ il s’en remettait complètement à lui. Qu’en est-il de nous? Nous en remettons-nous à Dieu avec confiance?

Quant tout semble noir? Quand nous souffrons pour Dieu? Quand nous sommes éprouvés d’une façon ou d’une autre? Quand nous luttons contre le péché et devenons fatigués de lutter?

Il faut se rappeler par-dessus tout que le meilleur est à venir (I Cor 15.19). Un de nos plus grands problèmes en tant que croyants est d’avoir trop d’attentes et de désirs par rapport à la vie présente. Il faut garder à l’esprit que le meilleur est encore à venir Comme il a ressuscité Jésus, Dieu nous ressuscitera aussi un jour et nous fera vivre des expériences merveilleuses avec lui (Rom 8.11; 1 Cor 6.14; 2 Cor 4.14).

B.G


Titre : Dieu et mes sous (151 pages)
Auteur : André Adoul
Editeur : Ligue pour la lecture de la Bible

En abordant le thème du chrétien et de l’argent, André Adoul nous rend un grand service: les ouvrages traitant de cette question «taboue» sont fort rares !

Ainsi que l’écrit l’auteur dans son avant-propos, ce livre se veut pratique, pour amener le lecteur à réfléchir et à méditer devant l’importance, l’esprit et les implications d’une libéralité selon le Seigneur.

André Adoul cite de nombreux faits, afin de rendre l’exposé plus attrayant et sa lecture plus facile. Que d’expériences n’a-t-il pas faites pendant plus de 30 années de ministère itinérant! Il a pu vérifier ainsi que la plupart des chrétiens ne semblent pas avoir une notion très précise de la libéralité.

Son mérite est encore de nous ramener aux Ecritures. Tout le développement de l’auteur trouve en effet son inspiration dans la Bible et le lecteur appréciera de découvrir au travers de nombreuses références, l’enseignement de Dieu à l’égard de l’argent.

Enfin, chacun des 27 courts chapitres se termine par quelques questions essentielles permettant de prolonger la lecture par une interrogation personnelle.