PROMESSES
Il nous a paru utile d’ouvrir un dossier sur ce thème, afin de stimuler notre réflexion, car nous vivons une époque de bouleversements gigantesques dans notre société, et l’Eglise en est profondément influencée. La constatation pertinente que J. Peterson a formulée devrait nous faire reconsidérer nos concepts et méthodes à ce sujet: «Les adaptations auxquelles nous devons faire face, aujourd’hui, dans les pays européens, ne sont pas des modifications de détail. Nous avons besoin d’une remise en cause de notre style et de notre structure, dans leur ensemble. Nos schémas de la communion fraternelle, nos terminologies et nos marottes, nos organisations, notre conception de ce qu’est un disciple et nos normes de conduite – tout cela a besoin d’être retravaillé pour que notre ministère puisse réellement répondre aux besoins de ceux que nous cherchons à gagner» (1).
L’annonce d’un évangile tronqué gagne du terrain, allant de pair avec la mentalité séculière, qui prône le succès, la prospérité, le nombre, la puissance, le mysticisme, l’irrationnel, le narcissisme. Les termes évangéliser, puissance, guérison, délivrance, n’ont plus les mêmes connotations que celles de la Bible, ce qui, progressivement, va fausser notre concept. Un retour inconditionnel aux Ecritures s’avère indispensable, afin de retrouver les trois réalités inséparables de la souveraineté de Dieu, de la responsabilité de l’homme et du devoir, impérieux pour le chrétien, du témoignage. Il n’y a qu’un antagonisme apparent entre ces trois éléments de l’évangélisation. Spurgeon disait un jour au sujet de la souveraineté de Dieu et de la responsabilité des hommes que ces deux vérités sont en parfait accord, donc des amis, et qu’il n’essaie jamais de réconcilier des amis (2).
Nous avons une lourde responsabilité d’apporter le Christ à nos contemporains. Mais nous devons évaluer le témoignage en fonction du message et de son contenu, et non pas selon les résultats obtenus. Ce message doit exposer la personne du Dieu de la Bible, l’homme irrémédiablement perdu, la personne de Jésus-Christ et son oeuvre rédemptrice parfaite accomplie à la Croix, la repentance, comprenant la confession des péchés et la foi en Jésus-Christ. C’est cet Evangile que nous devons proclamer, et le motif de notre témoignage est toujours la gloire de Dieu.
Tout cela demande réflexion. Les premiers chrétiens ont révolutionné un monde païen comme le nôtre par leur témoignage permanent. Le secret de la puissance de Dieu gît dans une église unie par l’amour fraternel, dans un enseignement biblique de tout le conseil de Dieu, et dans une qualité de vie qui rendra crédible nos paroles au moment où nous devrons donner raison de l’espérance qui est en nous (cf. l Pi 3.15). En laissant l’Evangile le transformer lui-même, et pénétrer dans tous les domaines de sa vie, le croyant sera idéalement préparé à le propager, et à ouvrir les yeux sur la détresse spirituelle et humaine de ses contemporains.
Mais nos églises ont-elles gardé conscience de leur mission, et de la valeur de leur message? Ont-elles encore les yeux ouverts sur la misère du monde?
Ne devons-nous pas crier au Seigneur pour qu’Il accorde à nos assemblées un renouveau spirituel?
Cela demande humilité, patience, persévérance, assiduité, amour, et renoncement à nous-mêmes. A l’heure où le syncrétisme religieux est de mise, il est de la plus haute importance que la proclamation claire de l’Evangile reste notre grande préoccupation. Nous désirons témoigner de la suprématie de Christ sur toute chose.
C’est avec intérêt que nous attendons vos réflexions après lecture de ce cahier sur l’évangélisation, car la mission allez et faites de toutes les nations des disciples (Mat 28.18-20) est immense et impérieuse.
Notes:
(1) «2000 ans après» de J. Peterson, Navpress, page 22
(2) «L’Evangélisation et la souveraineté de Dieu» de J. Packer, éd. Grâce et Vérité, p.34
L’article qui va suivre présente, sous forme de témoignage, les principes qui régissent le développement d’une église locale. C’est le pasteur de l’Assemblée Missionnaire de Bulle (Suisse) qui parle.
Permettez-moi de commencer par une illustration. Quand je pense aux structures d’une église locale, je ne peux m’empêcher d’évoquer une plante qui pousse. Au début il s’agit d’une faible bouture mise dans un petit pot de terre pour lui assurer son développement. Mais au fur et à mesure que cette bouture devient une plante robuste, il lui faut plus de terre, plus d’engrais et un plus grand pot dès le moment où ses racines sortent de la terre.
Il en est de même pour une église! L’église représente la bouture (c’est l’ensemble des croyants qui forment un organisme vivant), et le pot dans lequel la plante se développe pourrait porter le nom de structures! Tout ce qui est vivant demande beaucoup de soin et d’adaptation: la lumière et la terre pourraient représenter la parole de Dieu, et l’engrais les moments d’édification par le culte et les études bibliques.
Quand on parle des structures et de l’organisation, on parle seulement du pot, de l’extérieur, de ce qui soutient une bonne croissance et qui permet à la plante un développement progressif.
Au début de sa vie, il est absolument inutile et même néfaste pour la santé d’une plante qu’elle se trouve dans un trop grand pot. Il en est de même pour une église qui a des structures surdimensionnées par rapport à sa taille et à ses capacités réelles.
Tout au début de l’existence de notre assemblée, nous n’étions que quelques personnes réunies autour d’une table pour étudier la parole de Dieu. Il n’était pas question d’une structure bien établie. Mais à peine une année plus tard, il fallait penser à louer une salle pour organiser des rencontres plus officielles et régulières. C’était un premier pas vers l’élaboration et la mise en place d’une structure qui devait permettre la croissance des membres, et leur épanouissement: il fallait un plus grand pot pour assurer la croissance de la plante.
Celui qui projette de louer une salle pense aussi à créer un conseil qui approuve un tel projet. Pour pouvoir parler d’un conseil, il faut trois personnes au minimum. Dans ce conseil, nous avions convenu de favoriser une croissance rapide et réfléchie: c’est tout le domaine de l’évangélisation, de l’accueil, et des rencontres diverses.
Sans structure, et sans directives précises, les mêmes questions et les mêmes problèmes d’organisation reviennent toujours, ce qui signifie une grande perte de temps et une unité compromise (cf. Act 6.1- 7). Avec de bonnes structures, l’accent peut être mis sur l’enseignement de la Parole et la communion fraternelle au sein des structures établies.
Aujourd’hui, après neuf ans de travail, nous avons toute une structure en place, qui a été développée très progressivement au fur et à mesure des besoins.
Il a fallu des responsables pour toutes les entreprises spirituelles comme pour les activités sportives et récréatives ; nous avons ainsi créé plusieurs branches ou secteurs divers. Chaque branche a son responsable qui donne ses rapports au conseil de l’église et à l’assemblée des membres. Je vais peut-être vous donner quelques exemples des branches existantes: le groupe de jeunes, l’école du dimanche, la garderie, le groupe de dames, la librairie, le cours d’étude biblique de base, la musique, l’accueil et l’approvisionnement en café, la décoration florale, l’enregistrement audio, les nettoyages des locaux, etc.
Notre but est de mobiliser un maximum de personnes capables de participer à la bonne marche de l’assemblée en mettant au service des autres les dons qu’ils ont reçus du Seigneur (même le moindre don a son importance, cf. I Cor 12.4-7; 22-24). Par exemple: nous trouvons qu’un culte qui ne se termine pas par un moment de partage (autour d’une tasse de café) manque de chaleur et de communion fraternelle.
Une église qui n’a pas de projet d’évangélisation fait du nombrilisme et s’étouffe elle-même: une plante a besoin d’air frais, n’est-ce pas? L’église du Seigneur reçoit de l’air frais dès l’instant où elle ouvre ses fenêtres vers le monde, vers les besoins d’autrui… Par les groupes d’évangélisation (le stand au marché de Bulle, la distribution des calendriers de porte en porte, le téléphone répondeur, le groupe de dames), nous avons créé de nombreux contacts, qui se poursuivent et qui porteront leurs fruits au temps voulu du Seigneur.
Quand on parle de structures, il faut bien se rendre compte que le propriétaire d’une plante veut que sa plante grandisse et s’épanouisse. Qu’elle devienne grande et belle, qu’elle porte des fleurs, etc. Il en est de même pour ceux qui gouvernent une église. Les anciens devraient être des hommes de vision, des hommes qui visent l’épanouissement des membres de leur assemblée pour la seule gloire du Seigneur. Ils n’ont pas le temps de dormir (de laisser la plante sans engrais ou sans eau). Ils n’ont pas le droit de faire des compromis ou d’oeuvrer pour leurs propres intérêts.
Le Seigneur nous communique une vision pour l’église locale à partir du moment où nous sommes vraiment unis dans une même pensée, et animés d’un même désir, de la volonté de gagner des âmes et de les arracher au jugement éternel.
Actuellement nous avons établi une liste de divers règlements internes dans le but de garantir le bon ordre et le bon fonctionnement de divers secteurs. Par exemple: concernant les groupes de jeunes, d’ados, et de l’école du dimanche, nous avons dû préciser l’âge d’admission dans ces différents groupes afin d’éviter certains problèmes rencontrés dans le passé; nous avons également défini les buts précis de ces rencontres. Et en ce qui concerne les monitrices et moniteurs, nous avons établi par écrit les conditions spirituelles et pratiques demandées pour remplir un tel poste. Il n’est donc pas question pour n’importe qui de s’engager dans une telle responsabilité. Il n’est pas toujours suffisant d’être zélé pour accomplir une tâche, mais il faut aussi être préparé (ou formé) et apte à travailler correctement. Le conseil des anciens doit veiller avec vigilance à tout cet aspect pratique et spirituel de la marche de l’église.
Une bonne partie de ceux qui ont une tâche d’enseignement dans le cadre de notre église locale suivent ou ont suivi des cours de perfectionnement concernant le secteur dans lequel ils ont accepté de travailler. Tous les frères qui me secondent dans l’enseignement des études bibliques ont suivi quelques trimestres ou années dans une école biblique. Ceci est extrêmement précieux pour partager une même vision et travailler tous dans la même direction. C’est grâce aux structures déjà bien établies que je peux aussi me consacrer a d’autres tâches dans le cadre de notre fédération, et me faire momentanément remplacer par d’autres au sein de l’église locale.
Je suis conscient en vous parlant de nos structures que j’ai simplement donné quelques indications, quelques directives sous la forme d’un témoignage ! Quant aux détails, il nous faudrait travailler avec l’appui de passages bibliques et avec l’aide d’un rétroprojecteur, pour expliquer la vie et le développement concret de notre assemblée. Toutefois je souhaite que celui qui lit ces lignes puisse tendre vers des structures qui soutiennent la croissance de l’église, et non le contraire comme c’est encore trop souvent le cas. Les structures ne devraient en aucun cas nuire à la croissance spirituelle des membres d’une église locale. Les structures doivent toujours viser à favoriser la croissance de la vie spirituelle d’une église locale et l’épanouissement de chacun. Que chaque membre puisse y trouver sa place pour mettre ses dons au service du Seigneur et de la communauté.
Qu’en tant que membre du corps de Christ, vous puissiez, cher lecteur, grandir (à l’image d’une bouture en bonne santé) et vous épanouir au sein de votre assemblée, et aussi vous mettre vous-même au service de l’église locale dans laquelle Dieu vous a placé. Que Dieu seul en reçoive toute la gloire! (Col 1.3-6).
J.-B. D.M.
Il est au milieu de vous, et dans le monde entier; il porte des fruits, et il s’accroît, comme c’est aussi le cas parmi vous, depuis le jour où vous avez entendu et connu la grâce de Dieu conformément à la vérité.
Colossiens 1.6
Ce titre, qui peut paraître bizarre, a pour but d’insister sur le fait que l’évangélisation n’ est pas une activité que l’église inscrit dans son programme, quelque chose qu’ elle fait parmi d’ autres. L’ évangélisation est ce qu’ elle est, dans tous les aspects de sa vie, de son programme et de ses activités… pour le meilleur ou pour le pire! Car l’Eglise, dans la pensée biblique, est une humanité nouvelle, «parachutée du ciel», créée par le Saint-Esprit, composée de ceux qui sont nés de nouveau, devenus enfants de Dieu; elle est appelée, donc, à être qualitativement différente de tout club, société ou rassemblement créé par les hommes.
Dieu veut qu’ elle soit une communauté révolutionnaire, comme l’a dit René Padilla d’ Amérique latine: «Nous ne sommes pas appelés à faire la révolution, mais à vivre une existence révolutionnaire au sein des institutions de ce monde». Cette vocation doit tenir compte des raisons d’être de l’Eglise et des moyens que Dieu met à sa disposition. Résumons les premières avant de développer en plus de détails les seconds. L’ Eglise existe, elle est là, dans le monde, afin de glorifier Dieu d’abord, ensuite pour édifier les croyants, et enfin pour évangéliser ceux qui ne connaissent pas encore Jésus-Christ… dans cet ordre! Sa première tâche est doxologique; les deux autres raisons de son existence doivent, d’ailleurs, contribuer à la première. Inversément, une église locale désireuse de glorifier Dieu sera zélée dans l’accomplissement de son ministère d’édification et d’ évangélisation.
Avant d’aborder le thème des moyens mis par Dieu à la disposition de l’Eglise, n’oublions pas un élément indispensable à l’évangélisation: il s’agit de la sainteté du peuple de Dieu. Peu de thèmes reçoivent autant d’attention dans le Nouveau Testament que celui-ci. Paul nous appelle, par exemple, à être irréprochables et purs, des enfants de Dieu sans reproche au milieu d’une génération corrompue et perverse, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde(Philippiens 2.15). Sans cette qualité de vie qui doit établir une distinction saisissante entre le peuple de Dieu et le reste de la société, notre témoignage ne sera pas crédible, nos efforts resteront stériles. Il est question d’être avant de dire ou de faire; en prendre conscience nous libérera d’un activisme stérile.
Ayant posé ces fondements indispensables, consacrons la suite de notre réflexion aux moyens dont l’Eglise dispose. Nous croyons avoir discerné trois catégories, que nous pourrions ranger sous les vocables grecs:
I) koïnônia
-communion avec Dieu -communion entre frères
2) diakonia
-service
-ministère de la Parole
3) kêrygma
-proclamation de la Bonne Nouvelle.
Nous proposons de consacrer un examen plus approfondi à ces moyens – les deux premiers surtout – et aux articulations qui les lient à l’annonce de l’Evangile.
Koïnônia
Communion avec Dieu
Or, affirme l’apôtre Jean, notre communion est avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ(l Jean 1.3b).
Texte connu… mais de quoi s’agit-il? Tout, d’abord, d’une participation à la vie même du Père et du Fils, grâce à la présence en nous du Saint-Esprit. Nous touchons au coeur de l’Evangile, tel que le Christ l’a exposé dans ses discours sur le Pain de vie (Jean 6) et le Cep et les sarments (Jean 15). Au moment où Jésus promet l’Esprit Saint aux disciples et esquisse son oeuvre en eux il ajoute: Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera: nous viendrons vers lui et nous ferons notre demeure chez lui (Jean 14.23).
On pourrait donc définir le chrétien comme celui en qui habite Dieu le Saint-Esprit et, par là-même, Dieu le Père et Dieu le Fils. «Du nombrilisme! » diront certains lecteurs? Jugez-en plutôt. Cette conception de nos relations avec le Seigneur est aussi au coeur de l’Evangile prêché par Paul: Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi – que le Christ habite dans vos coeurs par la foi – Christ en vous, l’espérance de la gloire (Galates 2.20; Ephésiens 3.17; Colossiens 1.27).
Union mystique et vitale avec le Christ, qui non seulement nous rend participants à sa vie de ressuscité – c’est, d’ailleurs, cela la vie éternelle, – mais qui encore:
– place les ressources d’En-Haut à notre disposition,
-nous introduit dans une participation, toujours plus grande, aux pensées, aux intérêts, aux désirs et aux desseins de Dieu,
-produit en nous le fruit de l’Esprit, bref une ressemblance à Jésus-Christ.
Pourquoi insister sur des vérités aussi évidentes, élémentaires? Parce que, ressembler au Christ par la koïnônia à sa vie, refléter quelque chose de sa beauté, c’est déjà évangéliser. On raconte qu’au cours de ses visites pastorales le Sadhou Sundar Singh frappa un jour à la porte d’un foyer hindou modeste. Une fillette vint ouvrir, puis laissa le visiteur sur le seuil pour aller rejoindre sa mère à la cuisine. En réponse à la question «Qui est-ce?» elle répondit: «Je ne sais pas. Mais à voir son visage, je pense qu’il pourrait être le Seigneur Jésus!»
La notion de koïnônia (qui vient du mot koïnos = commun) ne s’ arrête pas là.. Elle englobe également l’idée de communication, dans un dialogue individuel et collectif. Nous nous mettons à l’écoute de Dieu qui nous parle par sa Parole médiatisée par le Saint-Esprit. Nous lui répondons par notre réceptivité, par la foi, la soumission, la dépendance, l’obéissance, et aussi par des actions de grâce, la louange, et suprêmement par l’adoration. La louange, notre réponse à ce que Dieu nous dit, ne doit pas réduire sa Parole à la partie congrue du culte!
Dans la mesure où l’Eglise vit cette communion-là, faite de participation à la vie du Christ et de communication avec Dieu, dans cette mesure-même, elle évangélise, souvent sans le savoir, en ce qu’elle manifeste dans son attitude, son comportement et ses paroles, l’existence d’un monde que le monde ne connaît pas. Une communauté ou paroisse qui vit sa joie dans la communion avec le Seigneur évangélise à son insu. «J’ ai été témoin, affirme un auteur contemporain, de la manière dont Dieu peut révéler sa gloire et parler avec puissance en réponse directe à l’adoration. J’ai vu de grands intellectuels et des hommes du monde endurcis fondre en larmes et amenés au Christ par la puissance de la louange, parfois même en l’absence de toute prédication». Ce qui, exceptionnel, ne devrait pas constituer un précédent en contradiction avec ce que nous venons de dire plus haut!
Encore devons-nous souhaiter que cette adoration soit sobre, vraie, profonde, virile, adulte, christocentrique parce qu’elle est instruite par l’Ecriture sainte et inspirée par l’Esprit Saint. Et que la musique et les paroles chantées soient d’une qualité qui glorifient le Seigneur…
On peut distinguer quatre articulations entre l’adoration et l’évangélisation:
1) Adorer en esprit et en vérité c’est, comme nous venons de le voir, déjà évangéliser, c’est reconnaître, déclarer devant le monde que Dieu est saint, glorieux et digne d’être adoré.
2) Adorer en esprit et en vérité conduit à l’évangélisation. Reconnaître la sainteté de Dieu nourrit le désir de faire connaître cette sainteté à d’autres pour qu’ à leur tour ils reconnaissent et glorifient le Seigneur. Cette sollicitude à l’égard des autres est une marque de l’adoration véritable.
3) L’ évangélisation conduit à l’adoration, car les fidèles louent ce Dieu qui attire à lui de nouveaux croyants et fait d’eux des adorateurs à leur tour.
4) Evangéliser, c’est adorer! Dans Romains 15.16, Paul présente l’évangéliste dans le rôle de sacrificateur, et voit dans l’évangélisation un service sacerdotal; ceux qui se convertissent deviennent le sacrifice sanctifié par le Saint-Esprit et offert à Dieu. De sorte que l’évangélisation ne peut jamais être considérée comme une fin en soi…
En un mot, l’adoration et l’évangélisation sont indissociables et inséparables l’une de l’autre; elles se recouvrent même dans une certaine mesure, illustration du fait que dans ses diverses manifestations la vie de l’Eglise reste une et indivisible. L’ adoration s’exprime dans l’ évangélisation, l’évangélisation s’épanouit dans l’adoration, et le thème qui les unit est la gloire de Dieu et de son Fils Jésus-Christ.
Communion entre frères
Ce que nous avons vu et entendu, écrit Jean, nous vous l’ annonçons, afin que vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et plus loin il ajoute: Si nous marchons dans la lumière, comme il (Christ) est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, etc… (1 Jean 1.3a, 7a).
Par la régénération, nous sommes passés de la mort à la vie – à une participation à la vie de Christ. Par l’adoption, nous avons reçu le même titre et les mêmes privilèges: ceux des fils de Dieu. Par la réconciliation, nous avons été rapprochés de Dieu, et par conséquent, les uns des autres. Toutes les barrières ont disparu pour que, d’étrangers, d’inconnus et d’ennemis que nous étions, nous soyons devenus frères au sens le plus profond, le plus intense, parce que membres de la même famille de Dieu. Dans une société fragmentée, déchirée par tant de sujets de colère et de haine, l’Eglise est appelée à être autre chose qu’un club, un groupe, une association de plus parmi d’autres: elle est appelée à conserver et à approfondir l’unité, don de Dieu, qui est celle de la participation à la même vie d’En-Haut et de la communication entre croyants (nous reprenons les éléments de la koinônia mentionnés plus haut).
Les barrières de race, de sexe, de classe, de privilège et d’éducation étaient nombreuses dans le monde du premier siècle. Peut-on imaginer l’impact de la démonstration faite par l’Eglise primitive d’un fait nouveau, unique: une communauté sans barrières où juifs et païens, hommes et femmes, maitres et esclaves mangeaient à la même table, partageaient à l’occasion leurs biens?
Sans tomber dans des excès irréfléchis de «koinônite», nous avons le privilège de redécouvrir la vie communautaire dans ses vraies dimensions bibliques. Nos églises sont appelées par l’ Ecriture, non seulement à manifester la joie, la louange et l’adoration, mais aussi à vivre dans la soumission réciproque, l’obéissance et la discipline exercée par l’ autorité légitime. Dans la mesure où nous vivons cette communauté-là, dans la mesure où nous apprenons à nous aimer réellement les uns les autres (Jean 13.34,35), à porter les fardeaux les uns des autres ( Galates 6.2), à nous réjouir avec ceux qui se réjouissent et à pleurer avec ceux qui pleurent (Romains 12.15), eh bien… nous évangélisons! Oui, par une unité qui transcende toutes les différences humaines, nous révélons la réponse de Dieu aux cris d’un monde froid, dur, agressif, fragmenté, solitaire, déchiré par l’individualisme, l’égoïsme, la méfiance et la peur. Mais, le faisons-nous?
Diakonia
Évangéliser au travers de la koïnônia, c’ est évangéliser aussi au travers de la diakonia. Retenons deux sens courants dans le Nouveau Testament de ce dernier mot: la notion de service et celle de ministère.
Service
Par son enseignement aussi bien que par son exemple, le Seigneur montre que la grandeur véritable selon Dieu se mesure, non pas par la distance que l’on monte pour rechercher honneurs, titres et prestige ou pour exercer le pouvoir, mais par la distance que l’on descend dans un esprit de service. C’est dans la mesure où j’accepte de m’abaisser pour devenir le serviteur de mes frères que je découvre mon rôle de diakonos, serviteur, et que j’évangélise dans une action parallèle et complémentaire à celle de la parole, par mon attitude, mes yeux, mes mains, mes pieds, mon travail.
Une église qui sert de refuge pour offrir accueil, écoute, compassion et encouragement, qui se livre à un service multiforme dans l’exercice des divers charismes accordés en vue d’un ministère de délivrance ou de guérison – dans la conformité, bien entendu, à la volonté souveraine de Dieu – eh bien, cette Eglise-là rend un témoignage puissant et fécond, elle révèle l’actualité et la puissance de la Bonne Nouvelle.
Dans toutes les horreurs inqualifiables qui frappent certains pays du monde – la Somalie, le Rwanda, le sud du Soudan, l’ex-Yougoslavie, l’Angola – des chrétiens ont écrit et écrivent encore une page bouleversante de service dans un esprit d’amour désintéressé, sans arrière-pensées, dans des conditions parfois dangereuses, souvent primitives et précaires. Combien ont été gagnés à la foi en Christ par cette forme d’évangélisation?
Ministère
Le ministère d’enseignement de la Parole en vue de l’édification de l’Eglise contribue à l’évangélisation en ce qu’il rend les chrétiens aptes à utiliser le – ou les – dons spirituels que chacun a reçus en vue d’une action correspondant à son ministère. Commentant Ephésiens 4.11,12, Adolphe Monod écrivait déjà il y a plus d’un siècle: «Le ministère des serviteurs de l’Eglise, tant des serviteurs extraordinaires (les apôtres et les prophètes) que des serviteurs ordinaires (les évangélistes et les pasteurs et docteurs) n’a pour objet que de préparer les fidèles pour ce ministère général où chacun d’eux doit mettre la main» (Explication de l’Epître de St-Paul aux Ephésiens, p. 225).
Dans cette optique, l’ évangélisation devient l’affaire des membres de l’Eglise, elle est l’oeuvre de toute l’Eglise, de tous ses ministres et de tous ses membres. Mais pour que ceux-ci soient formés au témoignage efficace de vies changées par la puissance du Saint-Esprit, il faut bien, la collaboration de tous les ministères que Dieu a accordés à la communauté. Michael Green insiste beaucoup sur ce point dans sa magistrale étude sur l’évangélisation dans l’Eglise primitive (pp. 172ss ).
Cependant, enseigner, c’est déjà évangéliser: une fois de plus la vie de l’Eglise est une et indivisible, et ses fonctions ne sauraient être dissociées les unes des autres. Paul avait loué l’école privée de Tyrannus à Ephèse pour enseigner l’Evangile chaque jour pendant deux ans (Actes 19.9,10). Plus tard, il dira aux anciens de l’Eglise d’Ephèse: Sans rien dissimuler je vous annonçais et vous enseignais …/… sans rien dissimuler je vous ai annoncé tout le dessein de Dieu (20.20,27).
J’ose affirmer que le ministère systématique d’ enseignement biblique pour l’ édification des chrétiens est déjà en soi un moyen puissant d’ évangélisation, qui peut aboutir à des conversions réfléchies, profondes. La communauté qui bénéficie d’un tel enseignement, rendu fécond par la puissance de l’Esprit, et complété par un ministère pastoral, verra des auditeurs se tourner vers le Christ, verra éclore des vocations, sans qu’elle ait besoin d’organiser des campagnes spéciales d’évangélisation. Des exemples sont là dans nos pays francophones pour l’attester.
Pendant douze ans en France, de 1952 à 1964, nous avons organisé et dirigé diverses sortes de camps sous l’ égide des Groupes Bibliques Universitaires: camps d’évangélisation, retraites d’approfondissement pour les chrétiens, camps de formation de cadres pour équiper les responsables des groupes locaux. Dieu ne s’est pas cantonné dans nos catégories! Les engagements sérieux dans la vie chrétienne furent, sauf exceptions, le fruit des camps pour croyants, alors que les camps «d’évangélisation» nous laissèrent parfois avec un sentiment de frustration.
Kêrygma
Oui, bien sùr! Annonçons la Bonne Nouvelle – l’Evangile éternel du Dieu Créateur et Juge à nos contemporains païens qui ne savent pas qu’ils tiennent leur existence et leur bien-être de Lui, et qu’ ils doivent comparaître devant Lui un jour – l’Evangile du royaume qui annonce l’avènement du royaume messianique déjà présent dans le monde – l’Evangile de la grâce du Dieu Rédempteur qui a donné son Fils unique, Jésus de Nazareth, le Christ, incarné, mort, enseveli, ressuscité, remonté au ciel, assis à la droite du Père, d’où il revient pour exécuter le jugement et établir son règne universel. Evangélisons – c’est notre tâche à tous, et pas seulement aux spécialistes, par tous les moyens que Dieu nous a donnés: une vie consacrée et sainte, la compassion, le service, la parole, les cellules de maison, l’ essaimage. Mais évangélisons comme une émanation nécessaire et inévitable d’une Eglise dont nous nous sommes efforcés d’esquisser les traits essentiels.
(Adaptation d’un article paru dans ICHTHUS, no 120, de janvier-février 1984).
Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour les perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ.
Ephésiens 4.11-12
1. Un caractère façonné par la foi
La foi authentique façonne le caractère et marque la personnalité du chrétien. Dans l’évangélisation, cela se remarque. Ceux à qui vous témoignez de votre foi vont voir si votre conviction est réelle ou non. Quels aspects de notre caractère va-t-elle développer?
1.1 L’enthousiasme
Dans une telle oeuvre, il nous faut beaucoup d’enthousiasme. Et la foi rend enthousiaste. Si l’enthousiasme est très important dans le monde des affaires, il ne l’est pas moins dans le travail pour Dieu. Nous avons le droit d’être enthousiastes, car l’Evangile est le plus beau message que nous puissions prêcher! Il apporte la délivrance, la réconciliation, le salut… Le livre des Actes nous montre que les disciples étaient remplis de joie. Les gens ont rarement vu quelqu’un de passionné pour Dieu. Cela les interpelle. Soyons enthousiastes dans notre témoignage!
L’enthousiasme est nécessaire pour l’oeuvre à laquelle le Seigneur nous appelle. Certains chrétiens vont m’avouer qu’ils n’ont pas le caractère d’une personne enthousiaste. Que faire ? Comment l’être?
a) Confesser que nous ne le sommes pas, et nous éloigner de toute forme de péché (le péché attriste le Saint-Esprit qui est en nous).
b) Marcher selon l’Esprit. Paul écrit: Puisque l’Esprit est la source de notre vie, laissons-nous aussi conduire par lui, suivons ses indications et agissons comme il le désire, c’est-à-dire que notre vie, elle aussi, soit spirituelle (Ga15 .25, trad. Kuen). Si le chrétien peut être enthousiaste, c’est grâce à l’Esprit Saint qui l’habite. Le mot «enthousiasme» est dérivé de deux mots grecs: «en» et «theos» ( «dans, avec» et «Dieu» ); il exprime l’idée d’un transport divin. Celui qui est en Dieu, est naturellement de tempérament enthousiaste.
c) C’est tout notre être qui doit être gagné par l’enthousiasme. Nos émotions certes, mais notre esprit aussi. Nos capacités intellectuelles devraient être stimulées par cet enthousiasme. Si elles ne le sont pas, alors il nous faut revoir toute notre foi et nous pénétrer de sa réalité, de sa vérité. Par exemple, une liste de choses ou de faits qui prouveraient l’existence de Dieu; et parallèlement, une autre liste de choses qui sembleraient la nier. Et tirons-en la conclusion. Certaines personnes prétendent ne pas être douées d’enthousiasme; mais observez-les lorsqu’elles assistent à un match de foot à la TV: on les croirait sur le terrain, au milieu des supporters. Ainsi donc, la foi rend enthousiaste.
1.2 L’audace
Nous avons besoin d’audace. Il en faut pour aller chez les gens, sans craindre de les déranger. Il en faut aussi pour évangéliser des gens d’une autre classe sociale que la nôtre, d’une autre culture. Il faut de l’audace pour témoigner à des gens qui ont des idées radicalement opposées aux nôtres… Mais nous n’avons pas de raison pour craindre. Il fallait à David de l’audace pour aller combattre Goliath le géant. Et pourtant, malgré sa petitesse et son peu de moyens, il est parti au combat au nom de l’Eternel. La foi rend audacieux.
1.3 La persévérance
La persévérance nous est indispensable. Déjà dans notre vie d’Eglise, le Seigneur nous exhorte à persévérer dans de multiples domaines comme celui de la prière, de la communion, de l’amour fraternel, de la foi. L’auteur de l’épître aux Hébreux écrira: vous avez besoin de persévérance (Héb 10.36). Nous en avons besoin, non seulement pour notre vie communautaire, mais encore pour porter l’Evangile à l’extérieur. On a signalé que les mormons passent 40 heures par semaine à frapper aux portes de France. Ils reviennent voir un contact jusqu’à. 45 fois. Les témoins de Jéhovah sont prêts à poursuivre une étude biblique à domicile pendant 2 ans. Nous avons besoin de persévérance pour aller vers les incroyants, et y retourner jusqu’à ce que la porte se ferme. Mais ai-je le droit d’importuner les gens? Oui, le Seigneur me donne ce droit, car il s’agit de leur salut éternel (2 Tim 4.2). Persévérer dans le témoignage, le dur labeur, c’est l’un des secrets du succès. Pour gagner, il faut s’engager…
N’oublions pas que nous sommes dans le travail de Dieu. Combien de temps avons-nous passé dans l’évangélisation ce mois-ci? Lors de la dernière guerre mondiale, Winston Churchill déclarait, en pensant à la victoire: «Je n’ai rien d’autre à vous offrir que le sang, la sueur et les larmes.» On ne peut persévérer qu’en acceptant de payer le prix pour la victoire. L’apôtre Paul écrira: Bien plus, nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve (Rom 5.3-4, Segond, 1975).
Persévérance dans la lutte et volonté de vaincre. Le rôle du chrétien, c’est de prendre du terrain à l’adversaire et d’y implanter la foi. Pour cela, il faut un esprit de conquête et une volonté de fer, une patience à toute épreuve. Celui qui fait preuve de persévérance dans ces qualités ne manquera pas de voir du fruit naître de son labeur. Nous avons besoin de persévérance pour assurer la victoire du royaume de Dieu sur les possessions du prince des ténèbres. La foi dans les promesses de Dieu rend persévérant.
1.4 L’amour
L’homme a été créé pour aimer et pour être aimé. un homme qui n’aime pas, ou qui refuse d’être aimé, est un homme malade. Il a besoin de guérison. C’est l’amour pour les gens qui doit nous pousser à les voir, à retourner chez eux, et à revenir encore à nouveau. Ils doivent ressentir que nous les aimons, même s’il nous arrive de les attaquer avec des propos durs à entendre. Nous pouvons nous permettre d’être très directs avec eux, à condition de le faire par amour. Notre attitude doit être comme celle du prophète Esaïe, qu’il décrit lui-même par ces belles paroles: Pour l’amour de Sion je ne me tairai point, pour l’amour de Jérusalem je ne prendrai point de repos, jusqu’à ce que son salut paraisse, comme l’aurore, et sa délivrance, comme un flambeau qui s’allume (Es 62.1, Segond 1975). Nous voulons le salut des gens, avant tout parce que nous les aimons. Le Nouveau Testament nous montre que la foi authentique engendre l’amour pour notre prochain. Dans la communion avec Jésus-Christ, seule compte la foi, une foi qui débouche sur l’amour et se traduit par des actes.
2. Une formation permanente
Quand Jésus a demandé à Pierre et André de le suivre, il leur a dit qu’il ferait d’eux des pêcheurs d’hommes (Mat 4.18-19). Cela signifie qu’il ferait d’eux des spécialistes de l’évangélisation, et qu’il leur faudrait connaître certains principes d’approche et de contact (tout comme le pêcheur qui connaît la température de l’eau, la nature du poisson, le temps, etc ). Tout d’abord, le pêcheur doit bien connaître le matériel qu’il utilise. Ce n’est pas au moment où le poisson approche qu’il va lire le manuel d’utilisation de son équipement. De même, le chrétien doit suffisamment connaître sa Bible pour être prêt quand telle personne s’approche de lui par curiosité. Et pour connaître sa Bible, il faut prendre le temps de la lire et de l’étudier.
Ensuite, le pêcheur doit bien connaître le type de poisson qu’il va attraper et la technique à utiliser. On n’attrape pas un gros poisson avec une ligne à sardine. De même, le chrétien doit pouvoir définir le type de personne qui est en face de lui pour sélectionner et adapter sa technique de travail. «C’est en forgeant qu’on devient forgeron», dit le proverbe populaire. L’une des manières d’apprendre; c’est de se mettre à l’oeuvre et de tirer les bonnes conclusions de chaque situation. En cas de succès, faisons l’effort de rechercher les raisons de ce succès, pour savoir en tirer profit dans d’autres occasions. En cas d’échec, soyons honnêtes avec nous-mêmes, et ayons l’humilité, devant le Seigneur, d’examiner les causes de cet échec. Demandons-lui de nous enseigner ce qu’il conviendrait de dire ou de faire si telle situation devait se renouveler. Faisons confiance à la Révélation de Dieu et ne négligeons pas de réfléchir sur les réussites ou les faillites du passé. Il y a beaucoup à apprendre d’elles.
3. Conclusion
Le Seigneur nous a choisis pour être ses témoins et participer à la construction de son Eglise. Pour la réussite de ce plan, il assure la qualification nécessaire à tous ceux qui sont fidèles à cet appel. Cette qualification pour le témoignage passe avant tout par la qualité de notre relation avec le Seigneur . Cette relation débouche sur une juste vision de son plan, sur un caractère forgé par la foi, et sur une volonté de se perfectionner dans le domaine de l’évangélisation. C’est alors que nous verrons du fruit après le labeur. Et nous sommes en droit d’en attendre. Paul écrit à ce sujet: C’est à cause de nous qu’il a été écrit que celui qui laboure doit labourer avec espérance, et celui qui foule le grain fouler avec l’espérance d’y avoir part (I Cor 9.10).
Ces quelques lignes expriment toute notre reconnaissance envers notre Dieu pour sa fidélité envers PROMESSES et envers tous nos chers lecteurs pour leur soutien spirituel et matériel. Grâce à votre générosité cette petite oeuvre peut continuer à édifier le peuple de Dieu. Le nombre des abonnés a légèrement augmenté, et plusieurs ont parlé autour d’eux de notre revue en la distribuant et en abonnant leurs amis.
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Titre : 2000 ans après… Comment parler de Lui?
Auteur : J. Petersen
Edition : Navpress, Strasbourg, 1989
Après deux mille ans d’histoire et malgré les préjugés ou les malentendus, comment communiquer l’Evangile à notre génération?
Nos contemporains sont-ils vraiment indifférents à la Parole de la vie ou rejettent-ils simplement des stéréotypes religieux?
Nous aider à faire passer le message d’une manière adaptée, naturelle, et authentique, voilà la tâche à laquelle Jim Petersen s’emploie dans son nouveau livre.
L’auteur d’«Une vie qui parle» nous propose ici des principes simples et concrets qui nous permettront d’intéresser notre entourage à l’Evangile et de présenter à nos amis Celui qui reste vivant de génération en génération.
Titre : La foi charismatique
Edition : Edition Clé et La Maison de la Bible, 1994
C’est l’objectif de cet ouvrage. L’auteur y relève les caractéristiques bibliques du parler en langues, de là prophétie et de la guérison, et les compare aux miracles contemporains.
Le but de ce présent livre est tout simplement une nouvelle invitation à lire, à méditer, à relire et à reméditer la Bible, la Parole de Dieu, dans son ensemble (…). La lecture de ce livre m’a, une fois de plus rapproché du Seigneur et de sa devise Il est écrit.
Extrait de la préface de Gérard Dagon
Président de la Fédération Evangélique de France
Je vis un autre ange qui volait au milieu du ciel; il avait un Evangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, tribu, langue et peuple. Il disait d’une voix forte: Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue; et prosternez-vous devant celui qui a fait le ciel, la terre, la mer et les sources d’eaux (Apocalypse 14.6,7).
Quel évangile pour aujourd’hui? La question peut paraître inappropriée aux yeux du lecteur averti, car Paul n’avait-il pas dit qu’il n’y a pas d’autre évangile que celui qu’il avait prêché (Galates 1.6), mais qu’il existait des perversions de la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu? Si, par conséquent, nous posons la question, ce n’est pas pour mettre en doute le message qui nous a été confié une fois pour toutes par Jésus-Christ et ses apôtres: c’est plutôt parce que le terme Evangile désigne divers aspects de la révélation divine, et qu’il nous est facile de privilégier un de ces aspects au dépens des autres. En voici trois:
1) l’Evangile de la grâce (Jésus-Christ mort à la croix pour les péchés du monde, ressuscité des morts et justifiant quiconque se repent et croit en lui – Romains 4.25- 5.1);
2) l’Evangile du royaume à venir, annoncé par le Seigneur au début de son ministère public (1’établissement sur la terre du royaume du Christ – Matthieu 5.3; 9.35);
3) l’Evangile éternel, selon le texte cité ci-dessus, qui appelle tous les hommes partout, en tout temps, à craindre et à glorifier celui qui est à la fois Créateur et Juge.
Avons-nous annoncé fidèlement ces trois dimensions d’une seule et même Bonne Nouvelle? L’Evangile de la grâce, qui annonce le pardon de Dieu pour quiconque se repent et croit.. en même temps que sa colère contre le péché et le jugement réservé aux impénitents, tend actuellement à céder la place à un «évangile» anthropocentrique conçu pour satisfaire aux besoins et aux aspirations des auditeurs tels que ceux-ci les ressentent et s’en préoccupent. Le désir, louable, de rencontrer l’interlocuteur «sur son terrain», peut avoir pour résultat d’escamoter l’essentiel du message qui nous a été confié.
L’Evangile du royaume nous gêne, car nous ne savons pas trop comment l’articuler avec l’Evangile de la grâce, surtout dans le temps présent. Une solution de facilité proposée par tel commentaire ou telle note en bas de la page est de lui réserver un accomplissement futur, selon l’exemple suivant: «Quelle est cette bonne nouvelle? Dieu se propose d’établir sur la terre le royaume de Christ, Fils de David, accomplissant ainsi l’alliance faite avec David (2 Samuel 7 .16).» Cela est vrai, mais est-ce suffisant? Dans son enseignement Jésus a souvent évoqué le royaume, lui donnant une réalisation actuelle…
Et que dire au sujet de l’Evangile éternel? Faut-il le projeter lui aussi dans l’avenir en disant, par exemple, qu’il «se réfère à la proclamation des jugements divins sur les méchants pendant la grande tribulation à venir. Il sera une bonne nouvelle pour les croyants dans leurs souffrances, puisqu’il leur annoncera délivrance et récompense. Devant les jugements, les habitants de la terre sont exhortés à craindre Dieu et à Lui donner gloire» ?
Le contexte de cet Evangile éternel, dans un chapitre «eschatologique» de l’Apocalypse, justifie cette interprétation. Mais devons-nous limiter son accomplissement à la fin des temps? Nous pensons que non, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, son label «Evangile éternel» indique, non seulement que son message est toujours vrai – que Dieu a toujours été et sera toujours Créateur et Juge – mais qu’il peut et doit être annoncé à toute époque. En deuxième lieu, ce message doit être annoncé «aux habitants de la terre, à toute nation, tribu, langue et peuple» et tous les peuples sont appelés à craindre Dieu, à le glorifier et à se prosterner devant lui (v.6). Quoi de plus clair pour nous faire comprendre qu’il concerne l’humanité tout entière? Troisièmement, cet Evangile saisit le temps par les deux bouts: par le début, où Dieu est le Créateur, et par la fin, où il sera Juge. Il fournit donc le contexte dans lequel s’inscrit l’Evangile de la grâce, à la manière d’une monture dans laquelle est enchâssé un diamant. Nous y reviendrons. Enfin, Paul nous donne un exemple magnifique de l’annonce de l’Evangile éternel dans son discours à l’Aréopage, devant un auditoire de choix: les «europaïens» d’Athènes. Si ce message était approprié à ce moment-là devant cette société-là, à combien plus forte raison s’applique-t-il à notre monde d’aujourd’hui! Nous proposons donc d’examiner ce texte de plus près.
Evangile pour les païens athéniens
22 Athéniens, je vois que vous êtes à tous égards extrêmement religieux. 23 Car, en passant, j’ ai observé tout ce qui est l’objet de votre culte, et j’ai même trouvé un autel avec cette inscription: A un dieu inconnu! Ce que vous vénérez sans le connaître, c’est ce que je vous annonce. 24 Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits par la main des hommes; 25 il n’est pas servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, le souffle et toutes choses. 26 Il a fait que toutes les nations humaines, issues d’un seul ( homme) habitent sur toute la face de la terre; il a déterminé les temps fixés pour eux et les bornes de leur demeure, 27 afin qu’ils cherchent Dieu pour le trouver si possible, en tâtonnant. Or il n’est pas loin de chacun de nous, 28 car en lui nous avons la vie, le mouvement et l’être. C’est ce qu’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes: Nous sommes aussi de sa race… 29 Ainsi donc, étant de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’imagination des hommes. 30 Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, 31 parce qu’il a fixé un jour où il va juger le monde selon la justice, par un homme qu’il a désigné, et il en a donné à tous (une preuve digne de) foi en le ressuscitant d’entre les morts… (Actes 17.22-31).
Paul adapte la présentation de l’Evangile -sa forme et le choix des aspects appropriés – à son auditoire. Dans la synagogue d’Antioche en Pisidie il avait dit aux Juifs que les prophéties messianiques de l’Ancien Testament, qu’ils connaissaient, avaient leur accomplissement en Jésus crucifié et ressuscité (Actes 13.16- 41 ). Il a pu construire son message sur un fondement de connaissance préalable. A Athènes, par contre, il a dû tenir compte de l’ ignorance totale en matière biblique de ses auditeurs, et leur donner le b-a-ba de la révélation divine. Et ce b-a-ba, ce n’est rien moins q’une initiation magistrale en théologie: la doctrine de Dieu!
Qui étaient ces stoïciens et ces épicuriens? Les premiers, nous dit le Nouveau Dictionnaire Biblique, avaient hérité du fondateur du stoïcisme (Zénon de Citium) une philosophie essentiellement panthéiste: la matière et la force seraient des principes fondamentaux de l’univers. «Les stoïciens donnent les noms de raison, providence, Dieu, à une force agissant partout, consciemment et avec intelligence; cette force, en même temps dépendante et impersonnelle, est un souffle ou un feu subtil, formant, pénétrant et vivifiant tout. Cet élément crée constamment et inexorablement des êtres et des mondes, puis les détruit. A la fin d’une période cosmique, l’univers est ramené à l’état de feu, puis reprend forme de monde. Le cycle se reproduit éternellement» (N.D.B. révisé et augmenté, p. 1239).
Le philosophe Epicure, quant à lui, «attribue la nature à des transformations parmi les atomes, et enseigne que ces atomes sont éternels. Epicure ne reconnaît pas l’existence d’un Créateur; mais par un étrange illogisme, il admet dans son système une multitude de divinités qui, jouissant d’un bonheur suprême, ne s’occupent pas des hommes» (N.D.B., p. 418). Dans une ville qui avait subi un long déclin depuis l’âge d’or de Périclès, la réflexion philosophique avait dégénéré en dilettantisme intellectuel: l’austérité stoïcienne, qui avait prôné la maîtrise de soi, produisait en fin de compte le désespoir; l’absence de souffrance recherchée par les épicuriens aboutissait à la luxure et à l’ impudicité. Ayant observé (et peut-être écouté) ces hommes, lu leurs auteurs, compris leur pensée et sondé leur superficialité et ignorance spirituelle, Paul accepte dans un esprit courtois et conciliant leur invitation de les rejoindre pour un dialogue à l’Aréopage (la colline du dieu de la guerre), à un jet de pierre de la célèbre Acropole avec ses monuments magnifiques. Inutile de sauter à pied joint dans l’Evangile de la grâce pour lequel ils sont loin d’être préparés: il va d’abord fournir le contexte, faire de la «pré-évangélisation» en leur présentant ce qu’ils ignorent totalement: un résumé de la doctrine de Dieu! Car il faut savoir qui il est, quels sont ses attributs et ses exigences avant de pouvoir apprécier le pourquoi de la repentance…
Il ne nous est pas possible, dans les confins de cet article, de faire une étude détaillée de l’ ensemble du discours. Mais le lecteur attentif aura remarqué que Paul commence par la doctrine du Dieu Créateur et finit par celle du Dieu Juge: bref, il annonce l’Evangile éternel! Avant d’examiner ces «deux bouts» de plus près, puis leur portée pratique, faisons un simple plan analytique du discours. Paul présente l’autorité et l’activité du seul vrai Dieu dans trois domaines:
1) le domaine matériel de l’univers créé (24, 25),
2) le domaine moral des nations (26-29),
3) le domaine spirituel de la rédemption (30,31).
Dieu Créateur
Pour commencer, donc, Dieu est le Créateur de toutes choses: le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve.. (24a). Sachons apprécier la clarté, la profonde simplicité de cette affirmation en contraste avec les spéculations nébuleuses des philosophes athéniens! Mais revenons à notre époque, soumise comme elle l’est au panthéisme des religions orientales ou à l’évolutionnisme érigé en «science établie» qui ne tolère pas de mise en question. Quelles sont les conséquences de ce néo-paganisme qui évacue Dieu et le remplace par une force évolutionniste impersonnelle? L’origine et le développement de l’ homme sont expliqués par le «hasard et la nécessité»; l’histoire est vue comme un passage lent mais inévitable de l’inférieur au supérieur; l’homme est libéré de toute responsabilité vis-à-vis d’un Dieu personnel… en même temps qu’il perd sa dignité et sa valeur d’ avoir été créé à l’image de Dieu.
Où cela nous conduit-il? Si Dieu n’existe pas, ou si la question de son existence est réduite à une considération non-scientifique et sans importance, alors l’homme est un accident du hasard, et ses lois et sa compréhension morale sont relativisées pour devenir, elles aussi, des accidents de l’époque et du lieu où l’homme se trouve. Sans un Dieu absolu, Créateur tout-puissant à qui l’homme, la créature, doit rendre compte, la loi et la morale perdent leur substance et leur autorité contraignante, et l’homme lui-même, sans parler de la culture et des nations, est en danger de disparaître à son tour. Comment expliquer autrement le désordre, la violence, le terrorisme, les meurtres et les massacres qui envahissent notre monde de plus en plus?
Prenons le problème du SIDA comme exemple. Lors d’un programme télévisé récent, consacré à la prévention de cette maladie redoutable, un croyant a proposé la fidélité conjugale comme protection plus efficace que l’utilisation du préservatif. La réaction ne s’est pas fait attendre: moqueries de la part des animateurs du programme, un tollé de sifflements des nombreux assistants devant des dizaines de millions de téléspectateurs! Parce que, voyez-vous, si Dieu est le grand Absent, l’homme ne veut admettre un frein quelconque à son comportement. Mais si Dieu existe, et s’il est le Créateur, entre autre de notre sexualité, alors il a certainement des conseils à nous donner quant à la meilleure utilisation de ce don, et c’est dans notre intérêt de nous «conformer aux instructions du fabricant» ! Le monde d’aujourd’hui a désespérément besoin de ré-entendre l’Evangile éternel de Dieu Créateur.
Résumons les points essentiels de la suite du cours de théologie que donne Paul aux Athéniens:
-Dieu est suprême (24b )
-Il est transcendant (24c )
-Il suffit à lui-même (25a)
-Il pourvoit aux besoins des hommes (25b )
-Il est souverain (26)
-Il est accessible (27a)
-Il est immanent (27b )
-Il soutient toute vie (28)
-Il est esprit (29)
-Il est patient (30a)
-Il exerce une autorité légitime (30b)
-Il a fixé le jour du jugement (31a)
-Il est le Juge (31a)
-Il est le Dieu de Jésus-Christ (31b)
-A qui il a délégué le jugement
-qu’il a ressuscité d’entre les morts.
Dieu Juge
Après avoir évoqué la «grâce commune» de Dieu dans ses oeuvres de Créateur et ses rapports avec les nations, et avant de pouvoir aborder le thème de la grâce «spéciale» de Dieu dans la Rédemption (a-t-il été interrompu?), Paul annonce le jugement futur comme une certitude. C’est Dieu lui-même qui a fixé le jour du jugement et délégué son exercice à l’ homme qu’ il a ressuscité d’entre les morts. Au sujet de «Dieu: le Juge suprême», le Nouveau Dictionnaire Biblique donne ce résumé dense: «La première mention d’un juge dans la Bible s’applique à Dieu, le juge de toute la terre (Gn 18.25). Il est le Juge des individus comme des peuples (Gn 3.14s; 15.14; 16.5; 20.3; 31.53). Toute autorité judiciaire découle de lui (cf. Mt.22.15-22; Rom. 13.1-7; 1 Tim. 2.2.; 1 Pi. 2.13s). Dieu reprendra ses fonctions de Juge suprême lors du Jugement dernier (Dt. 32.35s; Mt. 5.21-26; Rom. 3.6; Hbr. 10.30; 12.23; Jq. 4.12; 5.9), mais dévoluera le jugement à son Fils Jésus-Christ (Mt. 25.31-46; Jn. 5.22s; 8.16; Ac. 10.42; 17.31; 1 Cor. 15.24-28; 2 Tim. 4.1; 1 Pi. 4.5»> (N.D.B. p. 714).
Elément indispensable dans l’annonce de l’Evangile éternel, pour préparer, à l’annonce de l’Evangile de la grâce, des auditeurs qui ne savent rien au sujet du Dieu de la Bible: le Dieu Créateur au début des temps et pendant tous les temps, à qui nous devons notre existence même, nous donne à tous, sans exception, rendez-vous à la fin des temps pour le jugement. Nous aurons à comparaître devant son Fils, établi Juge, pour lui répondre de notre écoute ou refus d’écoute, de notre foi ou incrédulité, de notre obéissance ou rébellion. Voilà le contexte indispensable de l’Evangile de la grâce, la monture, comme nous l’avons déjà dit, dans laquelle doit être enchâssée comme un diamant précieux la Bonne Nouvelle d’un Dieu d’amour, de miséricorde et de grâce qui nous a visités en son Fils pour notre rachat. Passer sous silence ces vérités fondamentales -que Dieu est Créateur et Juge – c’est négliger une étape indispensable de «pré-évangélisation» sans laquelle nos contemporains ne s’intéresseraient pas à l’annonce que «Jésus les aime ou qu’il est la réponse à leurs problèmes»; c’est, en somme, prêcher un message à l’eau de rose… D’où, sans doute, la stérilité de tant d’activités qui passent pour de l’évangélisation!
La repentance
Quand Paul dit aux Athéniens que Dieu annonce (litt. ordonne ) maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir (30), qu’entend-il par la repentance? Le verbe metanoeô, changer d’avis, a d’abord une résonance intellectuelle avant de trouver des expressions affectives et volontaires. Pour les hommes du premier siècle (comme pour nous), il s’agissait d’abord de corriger leur façon de penser, de les amener à admettre humblement qu’ils s’étaient trompés dans leurs spéculations philosophiques et religieuses, qu’ils avaient besoin de revenir au point de départ et se laisser instruire au sujet du seul vrai Dieu. Cela ne devait pas être facile pour des hommes orgueilleux, enclins à mépriser ce «picoreur de graines philosophiques» qu’était Paul à leurs yeux. «L’appel à la repentance devait déplaire tant au stoïcien qu’ à l’épicurien; à celui-ci parce qu’il contredirait son refus de l’immortalité et sa conception des dieux; à celui-là parce que le stoïcien croyait que l’homme sage suffisait à lui-même, n’avait pas besoin de rédemption et aucune raison de craindre un jugement à venir» (commentaire d’E. M. Blaicklock, Eerdmans, p. 142).
Il en est de même aujourd’hui. Nous annonçons l’Evangile éternel pour corriger les fausses notions de nos contemporains, et nous les appelons à changer d’avis, à reconnaître la réalité de ce Dieu unique et redoutable, Créateur et Juge, à qui ils doivent leur existence et devant qui ils doivent comparaître un jour. Cela devrait les préparer ensuite à regretter leurs fautes, à les confesser et les abandonner au pied de la Croix, Il n’y a pas de chemin de raccourci qui permette de contourner cette étape, indispensable préambule à l’Evangile de la grâce. Toutefois, ne nous laissons pas surprendre pas les réactions défavorables, voire violentes, que ce message ne manquera pas de susciter.
Paul a-t-il regretté, comme certains le pensent, son sermon à l’Aréopage? A quelques rares exceptions près, ses auditeurs l’ont rejeté. Adversaires farouches de l’ idée de la résurrection, les épicuriens se sont moqués de lui. D’autres, sans doute stoïciens, ont dit plus poliment: Nous t’entendrons là-dessus une autre fois (32). Désillusionné par son «échec» à Athènes, dit un commentateur, il aurait eu le sentiment que sa tentative d’adapter la forme de présentation au climat philosophique avait produit peu ou pas de résultat. C’est pourquoi, dit-on, arrivé à Corinthe, il décide d’abandonner le style philosophique et de prêcher simplement «Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié» (1 Corinthiens 2.2).
Nous ne sommes pas de cet avis, pour plusieurs raisons. D’abord, la rencontre avec les philosophes athéniens a porté du fruit (quoique modeste ), car quelques-uns néanmoins s’attachèrent à lui et crurent (34), dont un homme influent. Les historiens de l’Eglise primitive ajoutent que l’église d’Athènes, dont nous voyons les modestes débuts ici, a été l’une des plus belles communautés chrétiennes du premier siècle. Ensuite, rien n’aurait empêché Paul, avant son départ d’Athènes – celui-ci n’ayant apparemment rien de précipité – de conduire ses nouveaux disciples plus loin en les instruisant dans l’Evangile de la grâce. De même enfin, nous semble-t-il, arrivé à Corinthe et adaptant son approche à une nouvelle catégorie d’auditeurs, composés essentiellement de commerçants et autres classes moyennes, Paul n’aurait pas négligé de préparer l’annonce de la grâce de Dieu par des éléments appropriés de «pré-évangélisation» inspirés par l’Evangile éternel. A notre tour nous devons nous attendre à ce que nos affirmations concernant Dieu Créateur et Juge ne plaisent pas à la majorité de nos interlocuteurs. Qu’importe, pourvu que nous annoncions fidèlement tout le dessein de Dieu (Actes 20.27), et qu’ainsi le Seigneur atteigne par son Esprit ceux qui sont destinés au salut. Soli Deo gloria!
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