PROMESSES

Parmi les légions de voyageurs qui sillonnent les routes de l’été, on remarque généralement que deux catégories de transhumants se distinguent nettement l’une de l’autre:
   …les hyper-lestés
   …les hyper-légers

Les premiers ne peuvent passer inaperçus, car ils sont à l’origine de fréquents et pénibles «bouchons». Traînant avec eux un domicile complet (mobilhome extra-long, caravane extra-large), voire un yacht ou un planeur, ces faux-nomades sont équipés pour recréer, où qu’ils s’établissent, des conditions de vie aussi proches que possible de leur milieu originel. Ainsi, enveloppés dans leurs objets familiers, ils préviennent à coup sûr l’inconfort, l’improvisation et le déracinement.

Les hyper-légers sont plus discrets. Sac au dos et baskets aux pieds, ou juchés sur une bécane, ces aventuriers des temps modernes s’efforcent de retrouver la simplicité, laissant aux circonstances le soin de leur suggérer un itinéraire, et n’hésitant pas à dormir sous tente ou à la belle étoile. Survivre avec le minimum vital, telle est leur devise.

Deux catégories de voyageurs, deux conceptions bien différentes de l’autonomie, de la liberté; deux approches opposées des périples en terres étrangères.
 Quant au chrétien, comment comprend-t-il les passages de l’Ecriture qui lui rappellent qu’il est étranger et voyageur sur la terre (1 Pi 2.11 ; Héb. 11.13)? A-t-il conclu de ces versets que pour réussir le voyage de la vie, il est impératif de s’entourer d’un maximum de diplômes, de titres de renommée, de signes extérieurs de réussite sociale? Se comporte-t-il comme les pharaons qui, pour affronter l’au-delà dans les meilleures conditions, passaient une partie importante de leur existence terrestre à bâtir leurs tombeaux et à les remplir de magnifiques mais inutiles trésors? Appartient-il aux «hyper-lestés» de ce monde?
 Interrogeons-nous: quel temps, quelles forces, quelle ingéniosité, quelle affection n’investissons-nous pas, nous chrétiens d’Occident, dans le développement de notre potentiel physique, intellectuel et économique? Quelles caravanes lourdement meublées ne traînons-nous pas avec nous? Combien d’efforts ne sont-ils pas entièrement voués à notre «installation» terrestre, comme si notre salut en dépendait?

Or l’apôtre Pierre dit: «étrangers», littéralement «ceux qui vivent en dehors de leur maison» (paroikous); il dit: «voyageurs», littéralement «immigrants» (parepidèmous). Ni les uns ni les autres ne sauraient se confondre avec des déménageurs…

De son côté, l’apôtre Paul fait remarquer au jeune Timothée qu’il n’est pas soldat qui s’embarasse des affaires de la vie, s’il veut plaire à celui qui l’a enrôlé (II Tim 2.4).

Alors, chers amis lecteurs, efforçons-nous, avec l’aide du Seigneur, de ressembler aux «hyper-légers». Comme Moïse, regardons l’opprobre de Christ (et certains renoncements) comme une richesse plus grande que les trésors de l’Egypte (Héb 11.26). Comme Abraham, consentons à demeurer «sous des tentes», sachant qu’au delà des vicissitudes de notre voyage terrestre, la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur nous est réservée (Héb 11.10).

Animés d’un tel esprit, nous pourrons affirmer avec le grand voyageur que fut l’apôtre Paul: nous sommes regardés comme pauvres, mais nous en enrichissons plusieurs; comme n’ayant rien, mais nous possédons toutes choses (cf. Il Cor 6.10).

C.-A.P.


La prière est propre à 1’homme. Elle le distingue de l’animal, même le plus proche de lui. Cette relation privilégiée avec Dieu constitue un lien vivant et agissant dans la personne du croyant. La Bible mentionne bien des sortes de prières. Les Psaumes en fournissent un recueil pour toutes sortes de situations et d’états d’âme. La prière peut être individuelle ou collective. De ce dernier type l’église du début nous a laissé un modèle remarquablement instructif, dans le livre des Actes. Née le jour mémorable de la Pentecôte, l’église de Jésus-Christ connut d’emblée l’hostilité des autorités religieuses juives, qui étaient déjà , dressées contre le Fils de Dieu et avaient obtenu sa mise à mort. Le puissant témoignage rendu à sa résurrection par les apôtres valut à Pierre et Jean l’arrestation et les menaces, avant leur mise en liberté, par crainte du peuple uniquement. C’est dans ce climat tendu qu’intervint la prière de l’église rapportée en Actes 4.23- 31.

Chacun de ces éléments peut inspirer, aujourd’hui encore, d’utiles directives à l’intercession en faveur de l’avancement de l’oeuvre de Dieu.

1. La communion fraternelle

Après avoir été relâchés, ils allèrent vers les leurs (Act. 4.23).

Sitôt libérés, Pierre et Jean s’empressent d’abord de rejoindre le groupe des disciples, eux aussi appelés à résister à l’emprise du sanhédrin, autorité religieuse suprême de la nation juive.

Unis, les premiers disciples l’étaient :
 -au même Seigneur,
 -par une même foi,
 -d’un même zèle,
 -pour une même mission: rendre témoignage à la Résurrection de Jésus Christ. Nulle faille entre eux ni compromis mondain n’affaiblissaient encore cette communion fraternelle. Exempte de toute réticence ou réserve, elle fut et reste une condition de base de la prière collective efficace.

2. L’information

…et racontèrent tout ce que les principaux sacrificateurs et les anciens leur avaient dit (Act. 4.23).

Véridique, objectif et complet, le compte-rendu fidèle des interdictions et menaces des autorités présente un double avantage en l’occurrence:
1) il ne cache rien des risques encourus et à courir;
2) il omet les aspects pénibles de la prison et de l’interrogatoire. Moins il met en avant les apôtres eux-mêmes, plus leur rapport concentre l’attention sur l’enjeu et prépare à prendre un engagement en pleine connaissance de cause. L’information fidèle, claire et sobre est indispensable à une prière efficace, à la manière d’ une rampe de lancement, sûre et bien orientée pour que la fusée atteigne la cible.

3. L’unité

Lorsqu’ils l’eurent entendu, ils élevèrent à Dieu la voix tous ensemble (Act. 4.24). Unanime et apparemment spontanée, la réponse à l’information des apôtres ne semble avoir été inspirée que par leur seul exposé des faits. Une même vie spirituelle, intense et profonde, dans le premier amour pour le Seigneur, a conduit vers la seule bonne attitude en pareilles circonstances: tout placer devant Dieu en priorité. Ce faisant, l’unité de foi, de pensée, d’action et de témoignage devenait évidente à tout Jérusalem. L’église du début était une, face au monde. Elle ne s’était pas encore défigurée par les divisions, rivalités et alliances douteuses, qui n’ont cessé de freiner l’expansion et la crédibilité de l’évangile. Faudra-t-il de nouvelles persécutions pour que l’église de Christ retourne à l’essentiel commun à toutes ses fractions et dénominations?

4. L’invocation

Seigneur.. .(Act4.24-26).

L’invocation est certainement le pivot de la prière. D’elle dépend tout le reste, exaucement compris. Aussi est-il capital de bien savoir d’emblée à qui l’on s’adresse. Dans la chrétienté, il arrive qu’on prie les saints, pour obtenir leur faveur ou pour bénéficier de leur appui pour relayer la prière jusqu’à Dieu. Mais interroger les morts était déjà strictement interdit en Israël, comme une abomination (Deut. 18.10-12). Le roi Saül connut une fin tragique après avoir consulté une magicienne qui évoquait les morts (1 Sam. 28). Pire encore est la prière adressée directement à Satan, le chef des démons, auquel se livrent ainsi sans défense plus de gens qu’on ne pense, particulièrement dans les pays christianisés, ou dits tels !

Il y a un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus Christ homme (1 Tim 2.5). Telle est la seule voie légitime de la prière à Dieu par Jésus Christ. Les premiers disciples l’avaient bien compris. Voilà une poignée de marginaux pourchassés qui ne craignent pas d’ en appeler en direct au «Souverain» de l’univers! Quand elle s’appuie sur le bon fondement, la foi peut vraiment s’autoriser toutes les hardiesses.

Moins apparente peut-être, mais tout aussi remarquable que la hardiesse de l’invocation, est son opportunité. Quelques personnes sans défense et sans moyens en appellent au «souverain», celui qui possède précisément tous les moyens à sa disposition pour leur sauvegarde. C’est aussi sous le signe de l’opportunité que Daniel sut placer son admirable plaidoyer en faveur de son peuple (Dan.9.4-19). Israël avait rompu l’ alliance. Comment donc prier Dieu pour son peuple infidèle? Tout simplement en faisant appel au Dieu qui, lui, garde son alliance et fait miséricorde à ceux qui l’aiment et observent ses commandements (Dan.9.4). Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle(2Tim.2.13). C’est bien là ce qui fait, encore aujourd’hui, la vraie sécurité de l’église, comme aussi la porte ouverte à la prière. Ainsi les premiers disciples nous montrent comment «plaider» gagnant devant Dieu par une prière qui prend appui sur ses propres promesses, mais toujours en vue de son plan et non pour satisfaire nos fantaisies! Après le rappel de ce que Dieu est, vient ce que Dieu a fait, puis ce que Dieu a dit (Act.4.25- 26). Les premiers disciples croyaient aussi bien à la création de Dieu qu’à l’inspiration divine des Ecritures de l’Ancien Testament. Ils citent le Ps.2.1-2.

5. L’accomplissement

Admirables les premiers disciples! Non seulement ils connaissaient les Ecritures et les citaient à bon escient, mais ils constataient qu’ elles s’accomplissaient sous leurs yeux. En effet, et contre toute attente, Pilate et Hérode devinrent amis, d’ennemis qu ‘ils étaient auparavant (Luc 23.12). Avec eux les nations, représentées par le gouverneur romain Pilate, et les peuples représentés par Hérode, se liguèrent contre Dieu et son saint serviteur Jésus qui avait été choisi comme le Messie annoncé par les prophètes, selon Act. 4.27.

Par leur association contre le Christ, Hérode et Ponce Pilate confirment que l’union contre est souvent plus forte que celle pour. Un adversaire commun regroupe les anciens ennemis, comme on le voit aujourd’hui en Europe.

Le verbe «liguer», traduit aussi par «amasser», «moissonner», est également employé pour les rassemblements des groupes puissants déterminés à mettre Jésus à mort: les pharisiens (Jean 11.47), les chefs religieux (Mat.26.3,57) et la cohorte des soldats (Mat. 27.27). Enfin il est aussi employé pour le rassemblement des rois de la terre, sous l’influence malfaisante des démons à la fin du «mauvais siècle présent» annoncé par l’ Apocalypse (ch. 16).

Face au monde à la dérive, certains textes bibliques relatifs aux moeurs prennent l’allure du billet d’actualité. De même des passages concernant les temps de la fin imposent, de plus en plus clairement, que la prophétie devient histoire sous nos yeux. Il faut donc moins de foi qu’auparavant pour y croire. Et pourtant, l’aveuglement et l’endurcissement des masses ne font que s’accroître. Jésus a dit : Quand le fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? (Luc18.8).

Le désarroi aurait pu s’emparer des disciples. Mais tout avait été annoncé d’avance, permis et même arrêté selon le plan de Dieu, lit-on au verset 27. S’il faut que tant de malheurs arrivent encore sur terre, ce sera pour amener l’homme à prouver sa totale incapacité de réaliser le plan de Dieu par sa propre sagesse. Il a fallu, et il faudra encore l’intervention du Fils de Dieu pour parvenir à ce rétablissement de toutes choses annoncé par les prophètes, après le gâchis universel propagé dans le monde par le péché. Informés par l’Ecriture, nous pouvons bien être attristés, surpris jamais.

6. La requête

Les versets 29 et 30 exposent enfin l’objet de la requête. Et maintenant, Seigneur… marque le passage de la réflexion préalable à la présentation de la demande, Dans certains cas d’urgence ou de détresse, l’appel au secours de Dieu jaillit sans préambule. Mais ici il s’agit d’une stratégie conquérante et raisonnée, qui ne s’accommoderait pas d’une spontanéité irréfléchie.

Bien conscients des menaces qui demeurent, les disciples se veulent uniquement serviteurs du plan de Dieu. Aussi, sans égard aux dangers encourus, ne demandent-ils rien pour eux, même pas une protection ou une garantie quelconque. Pour eux ne comptent que:
1) l’annonce de la Parole de Dieu, avec assurance
2) la preuve que c’est Dieu qui agit, par le surnaturel
3) la mise en avant exclusive du nom de Jésus, le saint serviteur de Dieu.

Un irrésistible élan d’amour et de totale consécration transforme cette poignée de gens modestes en un vrai commando de choc pour le Seigneur.

7. L’exaucement

A une telle prière, la réponse de Dieu ne tarde pas, exactement conforme à la demande
1) Dieu se manifeste par un signe surnaturel, la terre tremble au lieu même
2) l’Esprit Saint, qui est l’Esprit de Jésus, remplit tous les disciples
3) ils annoncent la Parole de Dieu avec assurance.

Cet exaucement, comme d’autres aspects attachants de l’église du début, ont suscité et suscitent encore souvent nostalgie et envie chez bien des enfants de Dieu. Assurément Dieu reste tout-puissant et souverain pour se manifester par des réveils, ici et là, comme en témoignent l’histoire des missions et celle de l’église. Mais il est aussi souverain pour donner la réponse de son choix aux prières, parfois contradictoires, qui en appellent à son intervention. Toutefois, gardons-nous d’idéaliser l’«église primitive». L’état d’esprit des premiers chrétiens, et leurs expériences avec Dieu, n’ont pas toujours présenté un tableau édifiant. Les épîtres renseignent sur les nombreuses causes de l’affaiblissement du témoignage. Très vite les problèmes internes de l’église ont accaparé temps et forces, au détriment de l’expansion de l’Evangile. Rivalités et divisions à Corinthe, où pourtant ne manquait aucun don de grâce (charisma)… Contrefaçons de l’Evangile en Galatie… Tendance gnostiques à Colosses, etc.

Après ce bref regard sur la prière édifiante des débuts de l’église, on peut se demander quelle devrait être celle de l’église des temps de la fin où nous sommes parvenus. L’Ecriture, elle encore, elle toujours, nous l’indique sans hésitation: AMEN! VIENS, SEIGNEUR JESUS (Apoc. 22.20).

Dans cette attente active et vigilante de serviteurs fidèles, que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous (Apoc. 22.21).

J.C.


Titre : Sondez les Ecritures
Edition : Bibles et Publications Chrétiennes,
30 r. Châteauvert, F-2600 Valence

« Sondez les Ecritures » est une nouvelle collection d’une quinzaine d’ouvrages qui contient un commentaire journalier et détaillé de toute la Bible, accompagné de notes, compléments, tableaux et cartes. Cette collection est destinée à accompagner l’étude individuelle et quotidienne de la Bible en privilégiant l’explication du texte inspiré. cependant le commentaire ne s’arrête pas là. Les auteurs s’attachent aussi à mettre en évidence l’autorité de la Parole de Dieu qui ne peut être lue sans conséquences pratiques et désirent également communiquer une certaine «chaleur» , la joie éprouvée en étudiant la Parole de Dieu.

«Sondez les Ecritures» est divisé en cinq années d’étude contenant chacune trois cent soixante cinq sections journalières de 2 à 3 pages. Le commentaire propose chaque année un livre prophétique, un livre poétique, un livre de Moïse, un livre historique de l’Ancien Testament et un du Nouveau (Evangiles et Actes) et une épître, répartis sur deux ou trois tomes.

Le premier tome de la collection comprend un commentaire de l’évangile selon Luc et du livre du prophète Esaïe; le second couvre la Genèse et les Actes des Apôtres; le troisième (disponible dès septembre 1994), le livre de Josué et l’épître aux Romains.

La présentation de l’ouvrage est soignée. Pour faciliter la lecture, les références bibliques sont mises en marge et le texte est abondamment sous-titré. Une introduction donne un aperçu des thèmes essentiels et annonce le plan du livre. Des appels alphabétiques renvoient à des notes qui précisent certains points particuliers: détails de traduction, éléments culturels ou chronologiques.
Comme l’éditeur l’indique, les auteurs des commentaires «adhèrent pleinement à l’ensemble de la doctrine biblique: la nature sainte de Jésus Christ, Fils de Dieu, sa naissance miraculeuse, sa mort expiatoire et sa résurrection, la perfection de son oeuvre rédemptrice, sont quelques éléments fondamentaux de cette doctrine».
La collection est diffusée en Suisse par les Editions de Bibles et traités chrétiens, case postale 260, 1800 Vevey.

Marc Horisberger


Titre : Prends courage, mon ami!
Auteur : Tom Wells
Edition : Europresse, B.P. 505, F-71322 Chalon-sur-Saône

L’auteur introduit son exposé par de bons principes. Il dit, par exemple, qu’il veut montrer que l’expérience à elle seule n’est pas une bonne mesure de notre état spirituel et que nous devons toujours évaluer notre expérience par la Parole de Dieu, sans jamais forcer l’Ecriture à se conformer à notre expérience. Il faut aussi éviter d’appliquer aux chrétiens des textes qui se rapportent aux incroyants, et inversément.

Plus d’un lecteur sera étonné de lire que le chrétien charnel ou mondain n’existe pas et que tous les chrétiens sont des hommes et des femmes spirituels. Tom Wells ne veut pas dire par là que le vrai chrétien ne pèche plus, mais que sa nature n’est plus charnelle. Paul écrivait pourtant aux Corinthiens qu’il étaient encore charnels (1 Cor 3.3), puisqu’il y avait parmi eux de la jalousie, des disputes et qu’ils marchaient selon l’homme. T. Wells dit que celui qui ne manifeste pas un caractère spirituel, ou qui aime le monde, n’est pas chrétien du tout. En reprenant l’image paulinienne du corps, il dit aussi que lorsqu’un organe normal de mon corps ne fonctionne pas,je suis mort. Mais le fait est qu’il arrive quand même qu’un bras ou qu’une jambe ne fonctionne pas, ou qu’un organe encore plus vital fonctionne mal, sans qu’on soit mort pour autant. Certaines affirmations nous paraissent donc un peu trop absolues.

Tom Wells voudrait d’une part mettre en garde contre une profession de foi purement verbale, sans changement de comportement, et d’autre part encourager les vrais chrétiens qui se sentent accablés par un sentiment de défaite, en leur rappelant que Dieu est à l’oeuvre, même au travers d’hommes impies, voire de Satan. En toutes circonstances Dieu garde le contrôle et assure au vrai croyant une sécurité éternelle.

L’auteur rappelle aussi que nous avons tout pleinement en Christ en étant remplis par le Saint-Esprit pour le service de Dieu. Il rejette l’idée qu’il existe quelque chose de disponible qui ne nous aurait pas été donné lors de notre conversion à Christ (p. 137). Par ailleurs, il dénonce à juste titre la division des chrétiens en deux catégories par la doctrine pentecôtiste ou charismatique d’un « baptême du Saint-Esprit » accompagné de signes surnaturels, notamment du «parler en langues». Ce «parler en langues» peut s’apprendre en suivant les instructions données par des responsables du mouvement charismatique qui enseignent à produire des syllabes de la propre imagination de l’homme (p. 141).

Pour T. Wells il importe de savoir si ma conviction d’appartenir à Christ se fonde sur une réalité ou sur une illusion. Il ne s’agit pas de savoir si j’ai «pris une décision», si j’ai fait une expérience particulière, ou si je ressens une sorte de feu intérieur. L’auteur indique trois tests auxquels nous devrions nous soumettre: (pp. 25-26).
1) Un test doctrinal: convictions précises sur la personne du Christ et sur notre attitude envers Lui.
2) Le test de l’amour du prochain et en premier lieu de nos frères en la foi, aimer signifiant aider les autres, chercher à leur faire du bien.
3) Le test de l’obéissance: garder les commandements de Dieu.

Si nous progressons dans cette voie, dit Wells, nous avons l’évidence que Dieu est à l’oeuvre en nous et que nous sommes effectivement croyants en Christ.

Jean Hoffmann, La Bonne Nouvelle
No 3, Mai-Juin 1994


Ceux qu’il a connus d’avance il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils (Rom 8: 29).

La Bible mentionne souvent la prédestination, soit nommément, soit implicitement comme dans ce verset au sujet des anges: Ce sont tous des esprits qui servent Dieu et sont envoyés par lui pour apporter de l’aide à ceux qui doivent recevoir le salut (Héb. 1.14 PC). Le mot «prédestination» désigne la décision de Dieu, par laquelle il a déterminé, ou jugé, à l’avance qui hériterait du salut. Un article fut consacré à ce sujet dans le no 76 et nous en reprendrons quelques idées pour ne pas contraindre le lecteur à en faire la recherche.

Règles de la prédestination paraissant évidentes mais demandant à être examinées dans le cadre du sujet
…Dieu est souverain, n’ayant de comptes à rendre qu’à lui-même. C’est lui qui décide qui sera sauvé, en fonction des critères qui lui conviennent, sans être contraint par quiconque. …Dieu est juste et il ne fait pas acception de personnes.
…L’homme est libre d’obéir ou non à Dieu, ce qui le rend responsable.

Qui est prédestiné ? Ceux que Dieu a choisis. Tous seront des hommes pécheurs, mais rachetés et sanctifiés par le sacrifice de Christ(1). Tous les hommes ne sont pas concernés, puisqu’il est question d’un choix (2 Thes. 2. 13).

La Bible dit: Dieu veut que tous les hommes soient sauvés (I Tim 2.4); mais beaucoup, usant de leur statut de créature libre, refuseront de passer par le chemin qui conduit au salut. On sait aussi que Dieu n’empêche pas le méchant de naître: L’Eternel a tout fait pour un but, même le méchant pour le jour du malheur (Prov. 16.4); cependant il est évident qu’il ne crée aucun homme pour être méchant, mais il le crée malgré sa méchanceté éventuelle. Il n’y a pas élection en vue de la naissance, mais en vue du ciel.

Comment Dieu choisit-il? Il choisit en fonction de vertus constitutives de sa nature: souveraineté, sainteté et justice. Tu as de grands projets, tu es souverain pour les réaliser. Tu regardes attentivement ce que font les humains, pour traiter chacun d’eux selon sa conduite et ses actes (Jér 32.19 PC); Je ferai grâce à qui je devrai faire grâce et je serai miséricordieux pour qui je devrai l’être (Ex 33.19 Rabbinat). Dieu est juste (Ps 7.10), saint (Jos 24.19), il ne peut se renier lui-même (2 Tim 2.13). Il reste fidèle à lui-même(Ps33.11; 102.28;Es 14.24, 27).

Les hommes qu’il lui a plu de choisir, il les considère comme justes parce que, selon les lois de l’Evangile, ils sont rachetés par le sacrifice du Messie et pratiquent la justice (Act 10.34s). Dans la Bible, les hommes «considérés comme justes» et ceux «pratiquant la justice» sont les mêmes personnes.

Quand Dieu a-t-il élu ceux qui lui appartiennent? Avant la fondation du monde (Eph 1.4). Pensons que Dieu n’est pas assujetti au temps, qu’il vit dans un éternel présent, que depuis toujours il sait tout et voit tout dans tous les temps, que rien de nouveau ne peut le prendre au dépourvu et modifier son conseil. En d’autres termes, il n’a pas d’histoire et il n’ordonne aucune chose nouvelle qui changerait son plan éternel, car il a décidé depuis toujours(2).

Cela veut dire que, de toute éternité, Dieu nous voit agir aujourd’hui, demain, et les jours suivants. C’est ainsi qu’il a choisi ses élus, en fonction de ce qu’ils seront à la suite de leur épreuve terrestre.

Dieu serait-il contraint par la prédestination? – C’est une hypothèse quelquefois avancée. Par définition la réponse est «non», puisque Dieu ne peut être contraint par rien ni personne. Sinon il ne serait plus lui-même.

Sa souveraineté est immuable, et par elle il impose sa justice, constamment mise en avant dans la Bible.Quelque soit le problème éventuel, Dieu l’a déjà résolu depuis toujours. Ainsi, pour le salut des pécheurs repentants, il a su concilier son amour et sa justice. Cette vérité nous est familière parce que nous l’enseignons souvent, mais il est aussi important de réfléchir à la solution de Dieu dans le sujet qui nous occupe.

Le Dieu souverain ne peut être contraint malgré lui, c’est net. Mais il est parfaitement légitime qu’il décide de l’être par son propre choix et ses vertus (sainteté, justice).

Nul ne peut vouloir une chose et son contraire. Sur un plan humain, on admet ne subir aucune contrainte quand on fait ce qu’on a choisi, ou ce qu’on estime être juste et bon. Or, Dieu a choisi d’élire les hommes justes à ses yeux.

L’homme perd-il sa liberté du fait de la prédestination? Tout d’abord, évitons l’amalgame entre la liberté de chercher Dieu ou de le fuir (choisis la vie afin de vivre) et la nouvelle liberté d’obéir des disciples du Seigneur: Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres (Jean 8:32).

Cela dit, l’homme n’a jamais perdu sa liberté de choisir son camp, mis à part le fait que lorsqu’il se convertit, il met cette liberté aux pieds du Seigneur. C’est même Dieu qui lui demande de choisir. Dieu n’a pas retiré à l’homme cette liberté, car il ne veut pas que nous devenions des robots dont le service ne le glorifierait pas.

Il veut, comme «compagnons d’éternité», des êtres libres de choisir, qui l’ont choisi avec enthousiasme comme sauveur et maître.

En réalité, nul n’est vraiment en souci pour la souveraineté de Dieu ou la liberté de l’homme. Mais certains sont peut-être inquiets à l’idée que Dieu a déjà arrêté ce qu’ils choisiront demain. Qu’ils se rassurent, puisque Dieu ne mettra pas dehors celui qui vient à lui (Jean 6.37). Mais il sait qui viendra a lui. Il nous a vus agir, et il connaît notre choix, bon ou mauvais. Nous serons traités selon l’attitude que nous aurons librement adoptée.(2)

Adopter l’objection très cartésienne affirmant que ce qui est futur n’existe pas et que Dieu ne peut le voir, serait avoir une conception philosophique toute humaine de Dieu et de ses prérogatives. Ne lui attribuons pas les limitations de ses créatures.

Nous avons un exemple remarquable en Mat 26. Le Seigneur déclare à Pierre qu’ il reniera son Maître, et c’est ce qui arrivera. Pierre n’aura pas le courage de confesser son Maître dans une circonstance difficile. Le Seigneur savait comment il se comporterait, c’est pourquoi il ne dit pas «Prends garde de me renier», mais «Tu me renieras». Il est évident que le Seigneur n’avait pas décidé le reniement de son apôtre, mais il l’avait prévu ( vu d’avance dans le futur).

C’est ce qui arrive à chaque enfant de Dieu qui connaît le Seigneur et sa Parole, et qui constate souvent les mauvais fruits de sa propre nature. Dieu sait ce que nous valons aujourd’hui et il connaît nos chutes de demain. Il ne se fait pas plus d’illusions sur quiconque que sur Pierre, mais il continue d’aimer, de convaincre, de pardonner et de restaurer, comme il l’a fait pour Pierre. Il faut voir la prédestination avec cet éclairage des sentiments du Seigneur .

Pas de fatalisme dans la prédestination. Au début de la réforme, d’aucuns ont pensé à une prédestination arbitraire, contraignant l’homme à croire ou lui ôtant la liberté de le faire. I1s pensaient que, puisque Dieu est souverain, l’homme devait logiquement perdre sa liberté de choisir la vie ou la mort.

Cette optique, qui ignore nombre de textes bibliques, conduirait au fatalisme. Elle inciterait à penser: «A quoi bon chercher à me convertir, puisque Dieu a déjà décidé pour moi? Je ne puis rien changer à ce qui est décrété par lui. » «A quoi bon évangéliser puisque la destinée des hommes est déjà programmée. Ce qui doit arriver est écrit ».

Ce raisonnement fataliste néglige la justice par laquelle Dieu préserve, en même temps, notre liberté, son amour(3) et sa souveraineté, car il n’est contraint que par son propre choix(4) et par nul autre que lui-même. Dieu a choisi ce qui lui plaît en fonction de ses vertus.

Quelques effets de la prédestination: Dieu connaît les élus depuis toujours, et c’est une bénédiction car il les aime depuis les temps anciens et non seulement depuis leur conversion ou leur naissance. Il les aide, utilisant éventuellement les anges ou toute autre créature ou circonstance, un homme, une armée, une ânesse, une tempête, un grand poisson… . Les choses qui concourent au bien des élus (Rom.8.28) seront mises en oeuvre non à la conversion de ces derniers, mais dès leur arrivée dans ce monde, voire plus tôt encore. La Bible fourmille d’exemples d’interventions divines qui nous font prendre conscience de la sollicitude divine accompagnant notre salut.

La prédestination est une bénédiction pour ceux qui cherchent ou pratiquent la justice. Elle les fait grandir dans la connaissance et l’amour de Dieu. Une divergence d’opinion à son sujet n’est pas un motif de division, mais on ne peut ignorer cette doctrine, parce que la Bible en parle expressément. Comme toute bénédiction génératrice de gratitude et d’amour, il serait dommage de la dédaigner .

Notes:
1) Dieu a élu Israël. Evidemment, des différences existent entre la prédestination de ce peuple et celle d’un homme. Il n’empêche que cette élection nationale présente beaucoup de similitudes avec la prédestination individuelle. Aussi son étude est-elle utile pour asseoir l’ensemble de la doctrine du salut. Nous sommes concernés par les privilèges d’Israël, son élection propre, ses responsabilités, ainsi que la protection, la discipline et la victoire finale du Seigneur.
2) Voir l’article «Dieu et le temps» dans le no 102.
3) Dieu aime les justes (Ps 146.8), la justice (Ps 33.5). La voie du méchant est en horreur à l’Eternel, mais il aime celui qui poursuit la justice (Ps 15.9).
4) Dans l’article du no 104 «Moi, aimé de Dieu», nous avons proposé une démarche comparable dans le fait que Dieu, qui pourtant se suffit à lui-même et n’a besoin de personne, ait choisi d’avoir besoin des hommes.

H.L.