PROMESSES
A en croire une étude réalisée avec la collaboration de 1000 adolescents de 27 pays européens, l’état d’esprit qui règne parmi la jeunesse de ce continent n’a rien de réjouissant1. Apathie, inertie, pessimisme sont les traits dominants de ce groupe d’âge. L’auteur de cette investigation explique ce climat par la gravité des problèmes internationaux, par les dures réalités de la récession. Dans cette conjoncture chaotique, beaucoup de jeunes (surtout dans le nord de l’Europe) s’enferment dans une résignation plus ou moins morose, convaincus de leur impuissance à changer le monde.
Or, parmi les facteurs de démoralisation les plus évidents, toujours selon cette étude, figurent le risque d’attraper le sida et l’insécurité provoquée par le chamboulement de la famille traditionnelle. Pour échapper à la déprime, la majorité des jeunes se réfugient dans les plaisirs faciles et dans le matérialisme; quelques-uns s’efforcent, tant bien que mal, de recréer un cercle familial et social de type traditionnel.
Mais comment les jeunes pourraient-ils reconstruire le monde, et des familles solides, unies, heureuses, s’ils doivent s’inspirer des modèles désagrégés qu’ils ont sous les yeux? Dans le domaine du mariage, qui sera le thème central de ce numéro de Promesses, un adolescent des années 90 ne peut guère se sentir enclin à l’optimisme. En effet, voici ce qu’il aura compris en observant le monde adulte:
-un mariage sur trois tourne au divorce;
-l’amour est un sentiment qui va en décroissant; après quelques années de mariage, la plupart des conjoints mènent des existences séparées;
-les enfants sont des gêneurs; les gens mariés n’en admettent qu’un minimum (en Allemagne, 46% des couples n’en ont pas!)
-la sexualité et le mariage sont deux réalités disjointes. Au travers de certaines campagnes (dites de «prévention» ),les autorités, les écoles et même certaines églises encouragent les «expériences sexuelles» précoces;
-le cinéma, la télévision, les magazines à grand tirage affirment que toutes les pratiques et perversions sexuelles ont également droit de cité. Le corps humain n’est qu’un outil de plaisir, un vulgaire objet de profit commercial – mais, chose étrange, lorsqu’un sadique sexuel commet ses forfaits, les mêmes médias s’en offusquent vertueusement.
Avant de percevoir clairement le modèle d’un mariage réussi, d’une famille heureuse, d’une relation exclusive et durable, le jeune d’aujourd’hui aura eu vent de ratages en tous genres, Et comme s’il fallait le vacciner contre tout vestige de romantisme, on continuera de lui répéter que ce qui compte, c’est le «safe sex» (qui finit quand même par tuer); que les mariages d’homosexuels sont très honorables; que l’avortement, malgré ses millions de sacrifiés, est une mesure d’hygiène personnelle bien légitime; que la fécondation artificielle permettra d’avoir l’enfant de son choix, sans conjoint, mais à condition de trouver une grand-mère porteuse bien disposée, etc.
Dès lors, ne nous appartient-il pas à nous les chrétiens, de clamer haut et fort – en vivant ce que nous prêchons – qu’il est grand temps de revenir à la conception biblique du mariage, parce qu’elle est bonne, sûre et entièrement profitable à ceux qui font confiance à Dieu?
Que cette édition de notre revue, consacrée à la préparation au mariage, contribue donc à remettre à l’honneur le mariage tel que le Créateur l’a institué. Et que la Parole de Dieu puisse faire pièce aux menées de l’Ennemi du genre humain, le Diable, qui s’acharne à souiller, à corrompre et à détruire les relations normales entre homme et femme, tout comme il cherche à nous tenir éloignés de notre seul Sauveur et Seigneur.
Dans le domaine du mariage comme dans tous les autres, que notre lecteur prenne très à coeur cette recommandation du Père de toute vie: Celui qui craint l’Eternel possède un appuiferme, et ses enfants ont un refuge auprès de lui. La crainte de l’Eternel est une source de vie, pour détourner des pièges de la mort. Pr 14.26,27
selon Proverbes 31.10-31
Qui peut trouver une femme de valeur? Quelles sont les qualités qu’un jeune homme doit rechercher chez une jeune fille pour être heureux?
En Occident, l’aspect physique est fondamental. Le tour de taille, la forme des yeux, la couleur des cheveux prennent le pas sur d’autres caractéristiques. Le visage et le corps des actrices de cinéma servent régulièrement de couverture aux magazines, nourrissant ainsi le mythe d’un bonheur lié à un physique très particulier.
D’ autres préfèrent rechercher et admirer l’esprit d’indépendance et pour eux, la femme idéale s’épelle autonomie. Dans d’autres sociétés, le nombre d’ enfants engendrés est l’élément le plus important. Pour le roi Assuérus, une soumission totale de la reine passait avant toute autre chose (Est I). Face à une telle diversité, quel modèle faut-il adopter? Où trouver la femme idéale?
L’idéal biblique
Proverbes 31.10-31 décrit l’idéal biblique. D’emblée, notons que ce portrait de la femme idéale est brossé par une femme, comme l’indique le prologue de la dernière section du livre des Proverbes: Paroles du roi Lemuel. Sentences par lesquelles sa mère l’instruisit. (Prov 31.1). La mère de Lemuel aide son fils à trouver la femme de son bonheur.
Ses paroles sont à prendre au sérieux car une mère connaît les femmes et une personne instruite du Seigneur est équipée pour discerner l’ivraie du bon grain. Une écoute respectueuse de la Parole du Seigneur (Prov 1.7) et une longue expérience de la vie sont les piliers de la sagesse (Prov 1.8).
La structure du texte
Le portrait de la femme idéale est présenté sous forme d’un poème très structuré. En premier lieu, il convient de relever un acrostiche formé sur l’alphabet hébreu: en prenant la première lettre de chaque strophe, les 22 lettres de l’alphabet hébreu sont parcourues dans l’ordre, la première strophe commençant par la première lettre de l’alphabet, la seconde strophe par la seconde lettre et ainsi de suite jusqu’à la vingt-deuxième strophe (v .31) qui commence par la vingt-deuxième et dernière lettre.
En deuxième lieu, il faut noter la fonction particulière des deux derniers versets (31.30-31). Le message contenu dans ces quelques lignes résume toute la leçon: la valeur d’une femme ne réside pas dans son physique, mais dans son être intérieur. Cet aspect fondamental sera développé dans la section suivante.
Pour terminer avec la structure, on peut relever le chiasme des vingt premières strophes (v. 10-29). Dix thèmes sont présentés sous forme croisée: le premier thème (v .10)réapparaît en dernière position (v .29); le second thème (v .11), en avant-dernière position (v .28) et ainsi de suite. Au centre, le dixième thème (v .19) est immédiatement répété (v.20). Ce parallélisme thématique est renforcé par la répétition de certains mots dans les thèmes des extrémités ( vertueuse, mari) et du centre (main, doigt).
PROVERBES 31.10-31
aleph | A.1 Une femme de caractère | 10 Qui peut trouver une femme vertueuse ? Elle a bien plus de valeur que les perles. |
beth | B.1 L’opinion du mari | 11 Le coeur de son mari a confiance en elle, Et les produits ne lui feront pas défaut. |
gimel | C.1 Travail pour la maison | 12 Elle lui fait du bien, et non du mal, Tous les jours de sa vie. |
daleth | D.1 Contribution du corps | 13 Elle se procure de la laine et du lin, Et travaille d’une main joyeuse. |
hé | E.1 Prévoyance | 14 Elle est comme un navire marchand, Elle amène son pain de loin. |
vav | F.1 Soins intérieurs | 15 Elle se lève lorsqu’il est encore nuit, Et elle donne la nourriture à sa maison Et la tâche à ses servantes. |
zayin | G.1 Vie publique | 16 Elle pense à un champ, et elle l’acquiert ; Du fruit de son travail elle plante une vigne. |
heth | H.1 Force physique | 17 Elle ceint de force ses reins, Et elle affermit ses bras. |
teth | I.1 Adversité maîtrisée | 18 Elle sent que ce qu’elle gagne est bon ; Sa lampe ne s’éteint point pendant la nuit. |
yod | J.1 Travail des mains | 19 Elle met la main à la quenouille, Et ses doigts tiennent le fuseau. |
kaph | J.2 Travail des mains | 20 Elle tend la main au malheureux, Elle tend la main à l’indigent. |
amed | I.2 Adversité maîtrisée | 21 Elle ne craint pas la neige pour sa maison, Car toute sa maison est vêtue de cramoisi. |
mème | H.2 Force matérielle | 22 Elle se fait des couvertures, Elle a des vêtements de fin lin et de pourpre. |
noune | G.2 Vie publique | 23 Son mari est considéré aux portes, Lorsqu’il siège avec les anciens du pays. |
samek | F.2 Travail extérieur | 24 Elle fait des chemises, et les vend, Et elle livre des ceintures au marchand. |
‘ayin | E.2 Prévoyance | 25 Elle est revêtue de force et de gloire, Et elle se rit de l’avenir. |
pé | D.2 Contribution du corps | 26 Elle ouvre la bouche avec sagesse, Et des instructions aimables sont sur sa langue. |
tsadé | C.2 Travail pour la maison | 27 Elle veille sur ce qui se passe dans sa maison, Et elle ne mange pas le pain de paresse. |
qoph | B.2 L’opinion du mari | 28 Ses fils se lèvent, et la disent heureuse ; Son mari se lève, et lui donne des louanges. |
rèche | A.2 Une femme de caractère | 29 Plusieurs filles ont une conduite vertueuse ; Mais toi, tu les surpasses toutes. |
chine | 30 La grâce est trompeuse, et la beauté est vaine ; La femme qui craint l’Eternel est celle qui sera louée. | |
CONCLUSION | ||
tav | 31 Récompensez-la du fruit de son travail, Et qu’aux portes ses oeuvres la louent. |
La leçon principale
L’analyse de la structure d’un texte n’est pas une fin en soi. Si les observations précédentes soulignent l’unité du texte, elles mettent surtout en évidence les points fondamentaux du message. Les deux versets de la fin couronnent tout le développement et relèvent la leçon principale. La valeur d’une femme ne tient pas dans son apparence, mais dans son être intérieur : La grâce est trompeuse, et la beauté est vaine,. La femme qui craint l’Éternel est celle qui sera louée (v .30)
S’arrêter là serait cependant in suffisant, car qui peut connaître ce qui est caché ? C’ est pourquoi la dernière strophe relève l’importance des oeuvres : Récompensez-la du fruit de son travail, et qu’aux portes ses oeuvres la louent (v.31). Voilà une conclusion des plus pratiques : la vie intérieure se laisse dévoiler par les oeuvres. Comment un homme peut-il connaître le caractère intérieur d’une femme ? En considérant ses oeuvres. Jésus n’a-t-il pas dit : Vous reconnaîtrez un arbre à ses fruits (Mat 7.16- 20) ? De même que sur le plan spirituel, les oeuvres témoignent d’une vraie foi, sur le plan humain, les oeuvres révèlent la vie intérieure.
Quelques caractéristiques de la femme idéale
De manière plus détaillée, il convient de se pencher sur quelques caractéristiques des oeuvres de cette personne. Tous les efforts de cette femme sont orientés vers les autres.
Aucune recherche d’un épanouissement personnel, bien que cette femme soit épanouie: elle est infatigable, sans crainte (v.21), confiante dans l’avenir (v.25), aimable (v.26) et heureuse (v.28). La relation avec son mari est des meilleures. Celui-ci a confiance en elle et 1’honore publiquement.
Le dynamisme de l’épouse s’ex prime dans divers domaines et témoigne d’une grande indépendance puisqu’ elle peut acquérir un champ (v .16) ou se livrer au commerce (v.24)sans passer par son mari. Dans cette indépendance,aucune insoumission. Tout ce qu’elle entreprend n’est que mise en valeur de son mari et de ses enfants. Elle vit d’abord pour sa famille sans pour autant négliger le prochain dans le besoin (v .20). Le rapport avec son mari rappelle le lien qui unit Jésus à son Père céleste. La soumission est marquée par un dynamisme et une créativité au service de l’amour du Père et du prochain.
Si un jeune homme veut trouver une femme de valeur, il devra regarder aux oeuvres. Si une femme n’est aimable qu’avec les hommes riches, beaux ou forts, il faudra s’en méfier comme de la peste (surtout si elle est belle). Par contre si une jeune fille s’engage pour les démunis et les pauvres de ce monde, le jeune homme qui aura su écouter les paroles de ce proverbe saura qu’il a sous les yeux une de ces femmes vertueuses plus précieuses que beaucoup de perles.
Et l ‘homme idéal ?
Ce proverbe limite son enseignement à la femme idéale, mais les principes relevés s’appliquent aussi à la recherche de l’homme idéal. L’essentiel n’est ni dans l’apparence physique ni dans la force ni dans la richesse, mais dans l’être intérieur, et l’être intérieur se reflète dans les actions d’une personne. Mesdemoiselles, si vous cherchez un homme de valeur, regardez aux oeuvres d’un homme et vous connaîtrez réellement celui qui est en face de vous.(Juges 16)
Le parcours sans faute de Samson touche à sa fin. Ce héros dont nous avons pu admirer la consécration dans nos études précédentes (Promesses 1993/4, 1994/1,1994/2) finit par tomber dans la défaite. Son péché avec Dalila est indéniable puisqu’il perd sa force et que l’Eternel se retire de lui (16.20). Les critiques pleuvent sur notre héros, mais sont-elles bien ciblées? Quelle est la nature réelle de sa faute?
Le récit de son engagement avec Dalila est précédé d’un autre engagement avec une femme. Dans les deux cas, Samson a (ou semble avoir eu) une relation sexuelle. Les traits communs des deux textes ont conduit de nombreux commentateurs à discerner des leçons identiques dans les deux textes. Une seule et même faute de Samson serait soulignée par l’auteur .Cet te lecture ignore les nombreux contrastes qui, loin d’aligner ces récits sur un même plan, situent le comportement de Samson aux antipodes d’une évaluation divine. La similitude entre les deux visites n’est qu’une apparence, et une lecture attentive peut relever de nombreux et profonds contrastes.
Contraste entre deux visites
En premier, on peut noter la longueur inégale des deux récits. Le premier est résumé en trois versets (16.1- 3), alors que le second s’étend sur 18 versets (16.4-21), soit un rapport de 1 à 6.
Plus important est le contraste entre l’issue des engagements. Samson sort victorieux de sa première aventure. En fait, sa force ne paraît jamais aussi imposante que lorsqu’il arrache les portes de Gaza (avec les poteaux !) pour les transporter du bord de la mer au sommet d’une montagne. Distance à vol d’oiseau entre Gaza et Hébron: 60 kilomètres; dénivellation: 1000 mètres. Prodigieux. Samson est victorieux et alerte. En pleine nuit, il se lève pour sortir de la ville. Le sommeil ne l’a pas retenu.
Lors de sa seconde aventure, Samson est vaincu, totalement et misérablement, par une femme qui a su lui tirer les vers du nez. L’Eternel, si présent jusque-là, s’est retiré (16.19). Samson perd force, vue et liberté. Abaissé au rang d’un animal (16.21), astreint aux travaux forcés, aveugle, Samson est pitoyable. Tout au long du contact avec Dalila, notre juge paraît lourd, lent à comprendre, endormi. A plusieurs reprises, le texte relève le sommeil du juge (16.14,19,20), contrairement à la section précédente.
Ainsi, si la première expédition culmine dans la gloire de la victoire, la seconde sombre dans les misères de la défaite. Le premier récit conclut avec les portes de Gaza largement ouvertes (elles sont même arrachées et ne peuvent plus se fermer) et invitent les armées juives à envahir le territoire ennemi. La victoire de Samson est manifeste pour tous puisque les portes de la ville sont placées au point culminant du pays, tel un trophée qui se dresse vers le ciel de Juda. Le second récit se termine avec des portes de prison verrouillées et gardées pour empêcher et décourager toute fuite du juge juif. Le prisonnier est enterré dans la prison, à l’abri de tout regard. A l’image d’un Samson aveugle qui tourne en rond, l’avenir est noir et bouché.
Concernant les femmes, on notera que toutes deux travaillent pour de l’argent, de l’argent qui leur est payé par des hommes. Mais la manière de l’obtenir est différente: l’une donne en cachette son corps (la prostituée), l’autre extirpe par tromperie un secret (Dalila). La première est payée par son client, l’autre par les ennemis de son client. Les deux femmes monnaient leur service, mais leur travail touche deux domaines différents : la première s’exprime dans le domaine sexuel, la seconde dans le domaine affectif.
La nationalité des deux femmes est différente aussi. La prostituée de Gaza est une Philistine; Dalila est probablement une Juive. En effet, la somme démesurée offerte par chaque prince philistin (16.5) ne peut s’expliquer que dans le cas d’une trahison. Si Dalila était philistine, les princes du pays auraient fait pression sur elle à l’image des menaces de mort proférées par les habitants de Timna à l’épouse de Samson (14.15). Si Dalila est juive, les mille cent sicles d’argent de chaque chef s’expliquent par le prix exorbitant d’une trahison.
La relation de Samson avec les deux femmes est contrastée, elle aussi. Avec la première, aucun échange. Le juge se contente d’entrer chez la prostituée. Avec Dalila, les paroles sont abondantes, les dialogues riches, intenses et étendus dans le temps. Les sentiments de Samson sont relatés: il aime Dalila (16.4) et devant l’insistance de la femme, il finit par lui ouvrir son coeur (16.17).
Sur le plan géographique, un mouvement ascendant ouest-est et contrasté par un mouvement descendant nord-sud. Le premier récit commence au bord de la mer en territoire philistin et se termine à 1000 mètres d’altitude en territoire juif: plus précisément, il commence dans la ville côtière de Gaza au sud-ouest du territoire philistin et se termine dans les hauteurs d’Hébron situé à l’est de la frontière philistine. Le second récit suit le mouvement inverse: il commence dans les collines juives situées au nord-ouest du pays des Philistins pour se terminer à l’autre extrémité du territoire philistin à Gaza, dans les profondeurs d’une prison. Le premier récit commence dans une ville (Gaza) et se termine à la campagne (les montagnes d’Hébron), alors que le second commence à la campagne (dans la vallée du Soreq) et se termine dans la ville où le premier récit a commencé (Gaza).
Les contrastes abondent et soulignent des leçons distinctes. Dans le premier texte, le courage, la sagesse et le zèle de Samson sont relevés; dans le second, le lecteur découvre les fautes du juge.
Les leçons d’une visite à Gaza
Samson part à Gaza pour enseigner Israël. Comme lors de ses engagements décrits aux chapitres 14 et 15 (Promesses 1994/1, 1994/2), Samson illustre ses leçons par des actes symboliques.
L’objectif prioritaire de sa visite à Gaza est d’en arracher les portes, car il veut encourager Israël à attaquer cette ville. Sans portes, toute localité devient une proie facile pour une armée ennemie. Rappelons que Samson n’est pas appelé à chasser l’ennemi, mais seulement à commencer à le faire (13.5). Il prépare, ainsi, le terrain pour Israël. Dans le combat contre Gaza, il fait le gros du travail : il enfonce les défenses ennemies. Israël devrait suivre sans difficulté.
Samson choisit comme ville Gaza. Cette localité se trouve à l’extrémité sud du territoire philistin, ce qui oblige notre juge à traverser dans le sens de sa longueur tout le pays ennemi. Pourquoi arracher les portes de la ville la plus éloignée de Juda ? Tout simplement pour ouvrir à Israël une voie royale pour conquérir tout le pays. En prenant la ville la mieux protégée d’une agression israélienne, Samson encourage ses compatriotes et décourage l’ennemi. d’une part, les Juifs voient que tout est possible à celui qui fait confiance à Dieu, et d’ autre part, les Philistins réalisent qu’ils seront impuissants devant une armée dotée d’une telle force et d’un tel courage.
Samson pénètre chez une prostituée. Aucune immoralité chez notre juge sur lequel repose toute l’onction divine. Cherchait-il à se cacher chez une femme de mauvaise vie comme les deux espions envoyés par Josué pour explorer Jéricho ? Il ne semble pas, puisque l’auteur rapporte dans un même souffle l’arrivée du juge à Gaza et la diffusion de la nouvelle. Samson, fidèle à lui même, enseigne Israël symboliquement: la prostituée représente les Philistins, car ces hommes sont comme des prostituées. Ainsi, une association avec ces gens ne peut être que malheureuse. Avec une prostituée aucun avenir n’ est possible.
La facilité avec laquelle Samson entre dans Gaza et en ressort est à l’image de l’aisance avec laquelle un étranger peut pénétrer chez une prostituée. Elle annonce la facilité avec laquelle Israël pourrait pénétrer dans cette ville. La voie royale préparée par les portes arrachées invite les envahisseurs juifs à prendre possession du territoire, tout comme l’attitude provocante d’une prostituée invite tout étranger à venir prendre possession de son corps. Comme une prostituée dénudée, Gaza, privée de portes, s’offre au premier venu. Tout au long de ce premier récit, Samson est maître de chaque élément.
Coupable oui, mais de quoi?
Avec Dalila les choses changent. Samson, si parfait jusque-là, tombe dans le péché. Pour comprendre sa faute, il faut commencer par rectifier certaines accusations infondées. Pour certains, Samson aurait rompu son voeu de naziréen ! Certes, ses cheveux ont été coupés, mais ils l’ont été à son insu. Samson ne les a ni coupés ni fait couper par un autre.
D’autres critiquent le juge pour son rapport sexuel avec Dalila. On l’accuse d’avoir couché avec une prostituée philistine. Mais le texte ne précise pour cette femme ni son statut matrimonial (célibataire, fiancée, mariée, veuve), ni son engagement moral en général (prostitution ou non), ni sa nationalité (bien qu’ on puisse supposer qu’elle soit juive comme nous l’avons déjà indiqué). Le texte ne mentionne pas non plus de rapport sexuel. Si Samson est entré dans la maison de Dalila, il ne semble pas qu’il soit entré dans sa chambre, puisque c’est là qu’elle cachait les soldats philistins {16.9,12). Rusée comme un serpent et sûre de la droiture de Samson, Dalila cache les Philistins dans l’endroit de l’intimité, à l’endroit où elle sait qu’un homme intègre comme Samson ne voudra jamais aller.
Certes, Samson a aimé cette femme (16.4), mais cela n’implique pas qu’il l’a connue. La référence qui pourrait le mieux indiquer un acte sexuel est l’expression : elle l’ endormit sur ses genoux (16.19). Cette expression est généralement utilisée pour parler d’une mère qui veille sur son enfant. Elle souligne la proximité sur le plan affectif, rien de plus.
L’hypothèse d’une faute sexuelle écartée, l’attention peut se concentrer sur ce que le texte souligne. La confiance accordée à Dalila est le noeud du problème. Pourquoi Samson a-t-il dévoilé son secret à cette femme ? A la décharge du juge, on peut avancer que si Dalila était juive, Samson n’avait pas de raison particulière de s’en méfier. Mais la nationalité n’est pas tout. Dalila avait montré qu’elle était indigne de confiance. A trois reprises, elle avait cherché à tromper Samson (16.6,10,13). L’erreur du juge est de n’en n’ avoir pas tenu compte et d’ avoir accordé sa confiance à quelqu’un qui visiblement ne la méritait pas.
C’est tout le thème du ministère de Samson qui est rappelé, mais avec un renversement total. Samson le fils de la lumière est aveugle. Celui qui devait éclairer Israël sur la nature des Philistins est incapable de discerner la vraie nature de Dalila. Celui qui devait dénoncer toute alliance imprudente, se confie à celle qui veut le perdre.
Samson n’a pas péché ouvertement contre l’Eternel, et pourtant il a commis une erreur: une faute dont il porte l’entière responsabilité, une faute aux conséquences terribles. Samson appelé à éclairer Israël poursuit son ministère d’enseignement, mais cette fois à son insu. Comme il l’avait déjà annoncé, une confiance placée en des gens indignes de confiance ne peut aboutir qu’au désastre.
La plus grande victoire
Les Philistins pensent avoir maté leur ennemi. Par mesure de précaution, ils lui crèvent les yeux: même si sa force lui revient, il restera inoffensif. C’est méconnaître le caractère, et de Samson, et de Dieu. Samson est humble; il sait reconnaître son erreur; il sait s’humilier et implorer son Dieu en qui il a toujours placé sa confiance. Comme Dieu est compatissant, il répond sans tarder à sa prière et redonne à son oint toute sa force.
Une dernière fois, Samson exerce son ministère de juge. La punition correspond à l’offense, et cela sur trois plans: la nature du péché, l’identité des coupables, le lieu du délit. Commençons par la nature du péché. Puisque l’offense était des plus graves, la punition est des plus sévères. Un non-respect de la vie aussi total que celui manifesté par la mutilation grave d’un innocent ne peut être punie que par la peine capitale. Deuxièmement, l’identité des coupables est manifeste. Comme les responsables de l’injustice sont les représentants du peuple, les princes et leurs associés meurent (3000 hommes en tout). Pour terminer un mot sur le lieu du délit. Puisque les Philistins ont piégé Samson chez la personne en qui il s’était confié, Samson surprendra les Philistins dans le temple de leur idole, à l’endroit où ils se sentent le plus en sécurité.
Samson, un exemple pour aujourd’hui
Samson meurt dans son dernier acte de justice. Excepté son erreur de jugement, Samson laisse un des témoignages les plus lumineux de la Bible. Sa place dans le panthéoades hommes de foi (Héb 11.32) est entièrement justifiée. Aujourd’hui à une époque où l’attrait de mauvaises alliances semble fasciner toujours plus de gens, le peuple de Dieu a un besoin urgent de serviteurs qui emboîtent le pas à notre héros. Cependant, il leur faudra beaucoup de courage, de persévérance et de prudence, car comme l’ histoire de Samson l’a montré, la crainte, l’abandon et la trahison des frères sont au rendez-vous.I. Un amour libre de toute culpabilité?
Depuis plusieurs années, nous observons dans les journaux, les livres, les films, les conversations, un courant de libéralisation sexuelle qui incite à parler de la sexualité de façon aussi ouverte et objective que de toute autre question. Les tabous sexuels ont perdu beaucoup de terrain; la franchise et la spontanéité ont remplacé la tendance au mensonge et au secret. C’est de beaucoup préférable pour la préparation au mariage qui sera l’objet de notre réflexion.
Il y a pourtant, à cette libéralisation, de nombreux aspects négatifs. Pensons à toutes ces affiches dont l’image et le texte ont pour but d’éveiller la pulsion sexuelle, crûment, sans aucun rapport avec le respect de l’individu, ni avec la tendresse et l’amour. Mais peut-on parler d’amour véritable qui ne soit pas fondé sur le respect mutuel?
De petites annonces paraissant dans les journaux et les magazines (sans parler des films érotiques ou pornos) suggèrent de charmants compagnons de loisirs. Ensuite on aboutit à des pratiques anormales comme les proposent la plupart des sex-shops avec toutes sortes d’accessoires disponibles pour vivre sa sexualité tout seul.
Est-il étonnant de constater (selon une statistique récemment publiée dans un quotidien fribourgeois ) que 46,5 % des jeunes interrogés disent avoir eu une relation sexuelle à partir de 17 ans déjà? Ces résultats correspondent à ceux d’une enquête similaire effectuée dans le canton de Vaud en 1990. C’est vrai que la pulsion sexuelle est un besoin humain fondamental et que le souhait de chacun de pouvoir satisfaire cette pulsion, de la rendre de plus en plus épanouissante, est très naturel. Mais, alors, comment agir quand quelque chose en nous réclame une satisfaction rapide des besoins sexuels ? Comment se protéger contre les relations préconjugales ? Comment répondre à notre grand désir d’être aimé ou au désir d’aimer ?
Il me semble important de se situer par rapport à tout cela. Le monde chrétien doit prendre ses responsabilités, avoir un comportement qui refuse la destruction systématique de toute pudeur et de la maîtrise de soi. Tandis que le sexe est devenu un produit de consommation dans notre société, nous devons retrouver les vraies valeurs de la sexualité telles que Dieu les a voulues.
Selon un psychiatre américain, le Dr. Joël Moskowitz, un nombre croissant de jeunes sont déçus de leurs expériences sexuelles préconjugales. Et il constate qu’actuellement un bon nombre de jeunes choisissent de rester chastes en attendant leur mariage. Il explique encore dans sa revue scientifique spécialisée sur les questions conjugales et sexuelles que l’on assiste actuellement sur le campus des universités de l’est des Etats-Unis à un retour à des valeurs spirituelles. De nombreux jeunes se rendent compte que les relations sexuelles passagères n’apportent pas la satisfaction et la sécurité désirées. On reconnait plus facilement que l’absence d’engagement est l’une des principales faiblesses de la soi-disant libération des moeurs sexuelles. Je ne sais pas quelle est l’ampleur réelle de ce mouvement décelé par ces médecins américains. Mais je souhaite qu’il s’amplifie, qu’il franchisse l’Atlantique et les autres océans pour le bien des jeunes générations.
La parole de Dieu nous enseigne clairement que la sexualité est à vivre sans culpabilité au sein du couple marié. C’est dans ce cadre seulement que nous pouvons nous engager avec toute notre personne et pas seulement avec nos organes sexuels. Notre union nous engage à prendre soin l’un de l’autre dans la vie quotidienne avec tout ce qu’elle englobe. C’est pourquoi il est important d’appliquer les principes bibliques durant la période des fréquentations et de la préparation au mariage.
Il. Dix conseils pour les fréquentations
Ce temps de préparation au mariage est de moins en moins populaire. Il est écrit: «Ne réveillez pas l’amour avant qu’elle le souhaite» (Cant 2:7) Il faut donc s’accorder du temps pour mieux se connaître. Je vous propose, chers lecteurs, quelques questions que nous pouvons nous poser en rapport avec cette période de fréquentations, qui est un temps très important dans la perspective d’une union durable.
2.1 Suis-je vraiment amoureux?
Quel est l’élément qui peut m’indiquer si je me trompe ou non ? Vous allez être déçus, car il n’existe pas de formule toute faite pour déterminer s’il s’agit d’amour vrai. Pourtant, il y a plusieurs questions qu’un jeune peut se poser avant de se marier.
Il faut comprendre qu’il y a une différence entre ce qu’on appelle «tomber amoureux» et l’amour véritable. Le sentiment amoureux est lié à nos émotions sexuelles. C’est l’attirance temporaire que tout être humain normal ressent face à un certain type de personnes de l’autre sexe. Cette attirance est naturelle et nous donne le courage d’entrer en relation avec le sexe opposé. Cependant, cette pulsion doit être étayée par des dispositions plus profondes, par un amour permanent, indépendant de l’aspect physique ou de la séduction. L’amour véritable est une consécration totale de l’intelligence, des émotions, de la volonté; il accepte la mise en commun des projets d’avenir et de toutes les activités de la vie.
Rien, absolument rien, ne peut garantir qu’une fréquentation basée sur des rapports sexuels aboutira à la vie commune et au mariage. Il faut au contraire d’abord et avant tout se découvrir sur un plan humain, social et psychologique. On n’est jeune qu’une fois, les occasions perdues pour se connaître dans le cadre de la simple amitiés ne se rattrapent pas si nous avons brûlé les étapes. Garder les relations intimes pour le mariage vaut la peine, cela permet d’apprendre à se connaître sans hypothéquer l’avenir et d’examiner s’il y a vraiment complémentarité dans notre relation, s’il y a vraiment de l’amour l’un pour l’autre. Qu’est-ce que le véritable amour ? Nos contemporains pensent couramment que le mot « amour» est synonyme de «sexualité», mais la Bible nous enseigne que l’amour est surtout et avant tout «service de l’autre» .Il est écrit que: «Dieu est amour» (I Jean 4:16). L’amour véritable me fait chercher le bien de l’autre. (I Jean 3: 16). La meilleure définition de l’amour se trouve en 1 Cor 13, un vrai cantique à l’amour. L’amour qui est patient, serviable, l’amour qui n’est pas envieux, qui ne se vante pas…etc, cet amour-là est la clef d’une relation durable. C’est sur lui que nous pouvons bâtir et construire notre avenir.
2.2 Cette personne croit-elle au Christ ou non ? Est-ce que nous nous aidons mutuellement à nous rapprocher du Seigneur ?
Pour le véritable enfant de Dieu, c’est la question essentielle, n’est-ce pas? Nous devrions savoir que la Bible dit formellement que le vrai chrétien ne doit pas se marier avec un incroyant. « Ne vous mettez pas avec les incrédules sous un joug étranger. Car, quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité, ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ?» (2 Cor 6:14-17) On pourrait dire que se marier avec un inconverti est un péché contre Dieu mais aussi le début de nombreux problèmes pour soi-même. Que vont devenir les enfants qui un jour naîtront de ce mariage? Se marier avec un incrédule peut être le plus grand échec de sa vie ! Regardez autour de vous et vous serez très vite convaincus de cette réalité écrasante.
C’est pourquoi il est très important que nous appartenions tous les deux à Dieu, que nous écoutions sa Parole, et que le Seigneur ait la première place dans notre vie. De bons partenaires s’aident mutuellement à croître dans cette relation. Il faut que nous nous encouragions mutuellement à fréquenter d’autres chrétiens. Sur un plan purement pratique, nous devrions nous mettre d’accord sur l’église à laquelle nous nous rattacherons. Aimer Jésus signifie aimer ceux qui le suivent et les rencontrer régulièrement dans un lieu choisi à cet effet pour l’adorer.
2.3 Suis-je fier(fière) de celle (ou de celui) que je fréquente? Pouvons-nous bien communiquer, bien travailler ensemble? Sommes-nous sur la même longueur d’ondes intellectuellement?
Le mariage chrétien n’est pas simplement une association contractée pour le plaisir. Elle l’est aussi dans les difficultés et dans le travail. Ceci vient tout naturellement lorsque l’on vit ensemble. Considérez-vous que votre futur conjoint a des capacités inférieures aux vôtres ? Considérez-vous qu’il (ou elle) serait un motif de honte, un poids dans votre vie ? Si oui, alors rompez vos fréquentations, car votre amour n’est pas authentique. Il ne faut pas regarder uniquement à l’aspect physique (extérieur) ou aux dons intellectuels (intérieur). Les deux choses constituent la personnalité de chaque être humain et peuvent difficilement s’apprécier séparément.
2.4 Est-ce que j’ai du respect pour lui (ou pour elle) ou est-ce que je me permets certaines libertés en le (la) traitant mal ou en abusant de lui (d’elle ) ? Sommes- nous à l’aise dans notre manière de prendre des décisions ensemble?
Mon futur conjoint n’est pas un objet ou un jouet avec lequel je passe le temps. L’amour véritable est toujours accompagné du don de soi; l’amour partage, s’intéresse à ce que fait l’autre. C’est pourquoi il n’est pas permis d’acquérir l’amour par force. Est-ce que je veux toujours avoir raison dans mes opinions et mes désirs, ou est-ce que je cherche le bien de l’autre et la satisfaction de ses désirs? Le texte de 1 Corinthiens chapitre 13 nous exhorte à chercher le bien de l’autre et non le nôtre. Le véritable amour pousse à faire du bien à la personne aimée en s’oubliant soi- même. Si l’un des deux partenaires fait pression sur son futur conjoint, qu’il prétend aimer, cela ne tient pas du don de soi, ni du véritable amour.
2.5 Quand je suis en prière avec lui (ou avec elle), est-ce que je ressens la paix de Dieu en pensant au mariage? Et dans quelle mesure la présence de Dieu au sein du couple contribue-t-elle à créer et à maintenir une parfaite confiance mutuelle ?
L’amour devrait toujours être basé sur la confiance, elle est aussi une assurance, une sérénité. S’il y a des doutes, alors il y a danger. Dieu désire que sa paix règne dans nos coeurs. (Co13:15)
C’est pourquoi il est extrêmement important de nourrir sa relation avec Dieu. En réalité le futur couple n’est jamais seul: il doit savoir qu’une troisième personne l’accompagne et que la paix de Dieu est absolument indispensable au bonheur du futur couple.
2.6 Est-ce que nous pouvons parler ensemble pendant de longues heures sans nous ennuyer, ou n’avons- nous rien à nous dire au bout d’un moment ? Pouvons-nous nous détendre ensemble ?
L’amour sans communication meurt très vite. Je vous parle ici d’une communion spirituelle et culturelle, d’une découverte des centres d’intérêts du partenaire. Mais la vie n’est pas faite uniquement de discussions. Les partenaires d’un couple doivent aussi pouvoir s’aider mutuellement à se relaxer, à rire et à s’amuser. Combien vite, dans cette période de fréquentations, l’être humain recherche le contact physique plus que la communion spirituelle? Pourquoi laisser troubler sa conscience ? Quand Dieu impose une restriction, Il l’impose toujours pour notre bien, car Il agit par amour .Est- il nécessaire de rappeler qu’il ne faut peut-être pas se retrouver dans des endroits trop isolés? Il est bon de se fixer des limites et de mettre certaines conditions aux promenades à deux. Dieu nous appelle à la sainteté en toutes choses {1 Thess 4:4-8). Bien que Dieu ait créé la sexualité, il l a faite pour être pratiquée au sein même du mariage.
2.7 Est-ce que je trouve la personne avec laquelle je pense me marier physiquement attrayante ?
Cette évaluation peut vous paraître ridicule ou déplacée. Détrompez-vous ! Elle a son importance. Certains jeunes choisissent de se marier sans apprécier physiquement leur conjoint. Dieu nous a créés esprit, âme et corps. Eh bien, l’amour s’inscrit dans toutes ces perspectives. Alors gardons-nous de mépriser ou d’écarter la dimension physique comme si elle était impure ou culpabilisante. Il est merveilleux que Dieu me donne la possibilité de me sentir plutôt attiré par cette personne que par une personne quelconque.
2.8 Est-ce que je me sens apte à assumer et à respecter la complémentarité entre homme et femme telle que Dieu l’a créée ?
L’homme et la femme sont de sexe différent L’enjeu de la vie commune consistera donc à tirer avantage de cette différence. C’ est le début d’un long apprentissage. Il est clair qu’il n’existe pas de maîtres en la matière, et que même s’il existe une préparation au mariage, la très grande majorité des gens qui fréquentent partent tout simplement à la découverte. L’important me semble de savoir et d’accepter qu’un apprentissage soit nécessaire et qu’il faille du temps pour développer nos relations dans tous les domaines. Devenir compagnons, cela veut aussi dire accepter une limite double: nul ne doit être le dominateur de l’autre, et nul ne doit tenter de suivre seul son chemin, sans la pleine collaboration de son conjoint.
2.9 Comment réagit mon cercle d’amis en rapport avec ma fréquentation? Pouvons-nous accepter et apprécier nos parents et amis respectifs?
L’avis des parents et des amis peut être important. Si vraiment nos parents et nos amis ne donnent pas leur approbation, il n’est pas sage, il est même dangereux de persister dans nos plans. L’obéissance d’un jeune à ses parents est agréable au Seigneur (cf: Eph 6: 1 ). L’avis des amis est aussi important (cf: Pr II: 14; 15 :22). S’il y a opposition, cherchez honnêtement à savoir pourquoi. Peut-être qu’un simple éclaircissement de votre part résoudra tout. L’homme fut créé pour être en communion avec ses semblables, pour vivre en relation avec son prochain. C’est dans ce cadre que l’être humain peut croître, se développer et mûrir. C’est ainsi qu’il s’entourera d’amis!
2.10 Suis-je prêt à attendre le temps nécessaire avant de me marier? Maîtrisons-nous notre sexualité ? A vons-nous discuté de chacun des domaines de notre vie future à deux?
Quand une personne est exagérément pressée de se marier, c’est souvent le signe que quelque chose ne va pas bien. Le véritable amour sait attendre avec patience le moment adéquat. Il faut que les deux partenaires aient la même conviction sur ce point si important. Dans un couple nous sommes toujours à deux pour prendre les décisions importantes.
III. Victoire sur la tentation: est-ce possible?
Notre coeur aspire à être aimé, à connaître une intimité profonde avec le sexe opposé. C’est ainsi que Dieu nous a créés. Dans l’enfance, nous recherchons la compagnie des camarades du même sexe et plus ou moins du même âge. Quand nous arrivons à la puberté, l’intérêt pour le sexe opposé s’éveille, car nous avons été créés ainsi. Mais au milieu de cet intérêt tout nouveau pour le sexe opposé, notre coeur continue à chercher une relation plus spéciale et plus exclusive avec une seule personne. Tout notre être réclame une véritable fidélité de notre compagnon. On cherche quelqu’un avec qui partager sa vie, quelqu’un à qui l’on puisse révéler les profondeurs de son âme, de ses pensées, de ses émotions, de ses désirs les plus secrets.
Il est écrit: «Celui qui trouve une femme trouve le bonheur; c’est une grâce qu’il obtient de l’Eternel» (Pr 18:22).
Puisque nous sommes des hommes et des femmes faillibles, comment pouvons-nous être fidèles à un seul conjoint jusqu’à ce que la mort nous sépare? C’est là qu’intervient l’action de Dieu dans nos vies. La puissance de Christ, en agissant par son Esprit -Saint, nous garde en Jésus-Christ (Phil 1:6). Le chrétien sait que Dieu désire accomplir son oeuvre à travers nous (Ga12:20). La Bible est claire: Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption, mais celui qui sème pour l’esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle (Ga16:7 ,8). D’où l’importance de commencer la vie à deux dans la pureté et la fidélité. La fidélité décidée, résolue, envers l’ autre est un pilier sûr pour un bonheur conjugal durable.
Il y a toujours eu des fiancés pour brûler les étapes et se donner l’un à l’autre avant le jour du mariage. Jadis, cela n’allait pas sans difficultés: ceux à qui c’était arrivé se sentaient en faute et ne le criaient pas sur les toits! Ils avaient été imprudents, n’avaient pas su attendre et avaient fini par céder à la violence de leur passion. Ils n’en étaient pas particulièrement fiers; les meilleurs en étaient même extrêmement honteux. Ils faisaient l’expérience de leur faiblesse et du peu d’effets de leurs bonnes résolutions.
Ce qu’il y a de nouveau, de nos jours, c’est qu’avec l’inflation du «sexuel» qui caractérise notre civilisation à bout de souffle, on cherche à justifier les relations préconjugales, à les «déculpabiliser», à les recommander même comme favorables à l’entente conjugale. De même qu’on se fréquente, avant de se marier, pour apprendre à se connaître sur le plan du caractère, des idées et des goûts, et prévenir ainsi les risques d’incompatibilité psychologique, de même on estime bon d’aller plus avant dans la découverte l’un de l’autre pour voir si l’on se convient sur le plan physique.
Je dois préciser que mon propos ne concerne que les jeunes gens qui envisagent sérieusement de s’épouser et de fonder ensemble un foyer. Je ne parle pas de ceux qui vivent ensemble hors de la perspective du mariage. J’exclus davantage encore ceux qui vont d’aventure en aventure, et qui vivent dans un célibat nominal et une polygamie de fait. Non, je m’en tiens à ces jeunes qui veulent être l’homme ou la femme d’un seul amour, et qui, respectant encore quelque peu l’enseignement biblique, ne pensent pas l’enfreindre en ayant des relations intimes avec celle dont ils ont la ferme intention de faire leur femme, avec celui dont elles espèrent fermement qu’il sera leur mari. Le 7e commandement réprouve l’adultère et, semble-t-il, il n’y a pas d’adultère dans leur cas. Voyons donc, Bible en mains, s’ils ont raison.
L’institution du mariage
Laissant de côté quelques touches éparses concernant la virginité avant le mariage, allons d’emblée au texte fondamental: Gen 2.24. Bien qu’appartenant à l’Ancien Testament, ce texte n’est pas de ceux que la Nouvelle Alliance aurait rendus caducs, puisqu’il est repris par saint Paul dans Eph. 5.31 et surtout par Jésus lui-même dans Mat. 19.5 et Marc 10.7-8. Il exprime la raison d’être de la différenciation sexuelle (Dieu créa l’être humain homme et femme) c’est-à-dire la formation du couple et la fondation de la famille: L’homme quittera son père et sa mère, et il s’attachera à sa femme pour devenir une seule chair.
On peut voir entre ces deux membres de phrases une succession chronologique: l’homme franchit une étape décisive de son existence, il cesse d’être dépendant de ses parents (et fils célibataire) pour entrer dans une condition nouvelle où il fondera son propre foyer et vivra avec sa propre femme. Il y a d’abord rupture, puis attachement. On ne peut pas prendre les choses dans l’ordre inverse: d’abord attachement, relation intime avec une femme, puis ultérieurement, séparation d’avec la famille parentale. Autrement dit, c’est à partir du mariage seulement que l’homme et la femme peuvent devenir une seule chair. Tant que le jeune homme est «à la maison», il vit dans la chasteté; lorsqu’il se lie physiquement à une femme, il a quitté la maison sans retour. Celle qu’il «connaît», au sens où Adam connut Eve, n’est pas sa future femme, mais sa femme.
Mais ce qui est décisif, c’est que l’institution du mariage unit indissolublement un homme et une femme. Elle est monogamique et exclusive de toute autre union. L’homme qui laisse son père et sa mère s’attache à sa femme, qui est unique et irremplaçable, et avec laquelle il s’est lié pour la vie. C’est avec celle-là, et avec aucune autre, qu’il devient une seule chair. Les relations intimes ne sont possibles qu’avec celle qu’il a choisie à l’exclusion de toute autre, et à laquelle il s’est donné sans réserve. L’amour physique est le signe et l’expression la plus forte possible de ce don de soi total et définitif. Admettre le signe avant la réalité – et donc sans la réalité – c’est violer l’ordre divin.
Les fiancés, si sûrs qu’ils soient de leur amour, ne se sont pas encore engagés l’un envers l’autre pour les «bons et les mauvais jours, jusqu’à ce que la mort les sépare». Ils peuvent encore se séparer, et c’est notamment à réserver cette possibilité que les fiançailles sont destinées. Cette rupture devient particulièrement possible quand on avoue que l’intimité sexuelle n’est qu’un essai: on envisage donc d’avance que cet essai puisse ne pas être concluant. On fait une réserve, on met des conditions, ce qui est la négation même du don de soi. Dès lors, les relations intimes sont mensongères, elles n’expriment pas ce pour quoi elles sont faites: cet engagement sans réserve ni conditions. Elles sont la simple satisfaction d’un besoin physique; à tout le moins, elle privilégient l’aspect physique de l’amour aux dépens de toutes les autres composantes: l’affection, la tendresse, l’échange des sentiments et des pensées, le partage des joies et des peines, bref, tout ce qui résulte précisément d’un engagement mutuel complet. Et si les fiançailles viennent à être rompues, un mariage ultérieur sera adultère par rapport à ce faux mariage. Car il n ‘y aura pas eu rien qu’une femme dans la vie de cet homme, rien qu’un homme dans la vie de cette femme.
Saint Paul et la question sexuelle
Venons-en à un autre texte majeur: le chapitre 7 de la première épître aux Corinthiens, tout entier consacré à ce qu’on appelle aujourd’hui la «question sexuelle». Dans ce chapitre, l’apôtre Paul présente à ses lecteurs, à quiconque veut vivre chrétiennement dans ce domaine, une rigoureuse alternative: ou bien le célibat, vécu dans la continence, dans le non-emploi de la fonction génitale, sublimé en consécration à Dieu et en dévouement pour le prochain; ou bien le mariage, c’est-à-dire la vie commune avec une personne de l’autre sexe, au vu et au su de tous, avec les caractères de choix exclusif et d’engagement irrévocable que nous avons dit plus haut d’après la Genèse et l’Evangile.
Ou le célibast, ou le mariage: il n’y a pas de troisième possibilité, de condition intermédiaire qui ne serait ni mariage, ni célibat, et qu’on pourrait nommer concubinage, union libre ou mariage à l’essai. Cet état intermédiaire, qu’à vrai dire les païens connaissent et vivent, n’a pas d’autre nom, du point de vue de la foi chrétienne, que celui d’impureté (ou d’impudicité).
Le célibat, on le sait, a les préférences de Paul, non pas pour des raisons morales, parce qu’il serait supérieur au mariage, mais simplement pour des raisons pratiques, parce qu’il permet une plus grande disponibilité pour le service de Dieu, surtout dans les temps de persécution comme ceux que l’apôtre voyait s’approcher. Le mariage, vécu dans la fidélité, dans l’amour, dans l’oubli de soi et l’attention au conjoint, dans une communion profonde, tant charnelle que spirituelle, est la seconde forme de pureté, d’obéissance à Dieu dans le domaine sexuel. (Cela prouve, entre parenthèses, que Paul, comme l’Ecriture tout entière, n’a pas de prévention contre la sexualité en elle-même, et qu’elle n’est pas pour lui un affreux «tabou» qu’il faudrait réprimer: c’est uniquement le mauvais usage de la sexualité qui est la cible de sa réprobation; la sexualité est bonne et sainte, comme le dit aussi la Genèse, comme le confirme Jésus, mais son exercice n’est légitime que dans le mariage). En dehors donc de ces deux formes de pureté: le célibat et le mariage, il n’y a que péché, transgression de l’ordre établi par le Créateur.
Un verset résume lapidairement tout cet enseignement de 1 Cor 7 et le dérobe à tout ergotage, c’est le v. 9: «Si (les non-mariés) ne peuvent garder la continence, qu’ils se marient! car il vaut mieux se marier que de brûler».
Brûler, cela se comprend sans peine, c’est éprouver des désirs si ardents qu’on en est tourmenté ou qu’on ne peut les réprimer, et qu’alors on cherche à les satisfaire avec une prostituée, avec la femme de son prochain ou avec sa fiancée. Si donc on n’a pas le don du célibat, il ne reste aux yeux de l’apôtre, qu’une solution: épouser celle qu’on aime. Il est exclu de rester en quelque sorte entre deux chaises et de participer à la fois à l’état de célibataire, qui n’a pas encore constitué son propre foyer, et à celui i d’homme marié (ou de femme mariée) qui vit en pleine intimité avec son conjoint. Un jeune homme et une fille ne peuvent se donner mutuellement la marque suprême d’amour que se donnent ceux qui s’appartiennent totalement l’un à l’autre, quand précisément ils ne s’appartiennent pas encore. Il faut choisir: ou renoncer au mariage et vivre dans la chasteté, ou renoncer au célibat et entrer dans une totale communauté de vie avec une épouse ou un époux.
Dans ce domaine aussi, ou bien on ne met pas la main à la charrue, ou bien si on l’y a mise, on ne regarde pas en arrière.
Telle est donc la Loi. Ceci posé, on se rappellera deux choses: la première, c’est que la Loi est donnée pour le bien des hommes, et que si elle les empêche de faire ce qu’ils auraient envie de faire, c’est dans leur propre intérêt. Elle est en elle-même une grâce. La seconde chose, c’est qu’il y a la grâce, au sens fort du terme, autrement dit le pardon, pour ceux qui enfreignent la Loi; et nul n’est plus compréhensif que le Dieu de Jésus-Christ à l’égard des faiblesses des hommes. Reprenons successivement ces deux points.
Le bonheur dans l’obéissance
La loi est un bienfait, une protection, un secours. Elle est destinée à épargner aux hommes des expériences malheureuses, et à leur tracer le chemin dans lequel ils seront bénis. La loi concernant la chasteté préconjugale ne fait pas exception: si le jeune homme l’écoute, il vivra; s’il passe outre, il s’attirera toutes sortes de désagréments, de déboires et de souffrances.
L’intimité sexuelle n’est jamais inoffensive. Elle n’est pas le verre d’eau qu’on boit quand on a soif. Voyez ce qu’en dit l’apôtre dans 1 Cor 6, toujours à partir de Gen 2: Ils seront une seule chair. Elle fait de deux êtres un seul. Dès lors que cette intimité est consommée en dehors du mariage, de l’état où ces deux êtres pourraient n’être véritablement qu’un seul, elle se trouve en porte-à-faux. Elle fusionne en une seule personne deux êtres qui sont encore séparés. D’où un trouble, un malaise qui, pour être inavoué ou même contesté, n’en est pas moins réel.
La première femme que l’on possède sera toujours un peu sa femme, le premier homme auquel on se donne sera toujours un peu son mari. Qu’arrive-t-il s’il y a rupture de fiançailles et si cette femme ne devient pas votre femme, ce mari votre mari? Il restera toujours quelque chose de cette première union, qui étendra comme une ombre sur un mariage subséquent avec une autre personne. Cette personne-là ne pourra pas être l’unique, la première et la dernière, et l’union avec elle ne pourra pas avoir le caractère de découverte merveilleuse qu’elle aurait eu autrement. «Le mariage, écrit Roger Mehl, cesse d’être un commencement absolu, l’entréedans une existence nouvelle; il est défloré».
Au surplus, quand les relations intimes sont considérées comme un essai, une façon de voir si l’on est fait l’un pour l’autre, il n’y a pas de raison, si cet essai ne donne pas satisfaction, pour qu’il ne soit pas suivi d’un second, d’un troisième, d’un ennième. Moins on aura voulu se fixer dès la première fois, moins on sera capable de se fixer dans la suite. On risque ainsi de voleter de fleur en fleur, d’aller de liaison en liaison, comme Don Juan, sans jamais connaître les bienfaits du mariage indissoluble, à moins qu’on ne se marie «pour faire une fin», ce qui n’est sûrement pas la meilleure manière de se marier.
Essayer le définitif ?
D’ailleurs, le principe d’un essai est parfaitement incompatible avec celui du mariage, où l’on se lance pour ainsi dire à corps perdu, en brûlant ses arrières, sans mettre de «si» et de «mais».
Et pratiquement, la valeur de cet essai, et les conclusions qu’on en peut tirer, sont assez illusoires. lI se peut qu!il échoue simplement parce qu’on est novice, ou que les conditions plus ou moins clandestines dans lesquelles il est effectué, puisqu’on n’est pas marié, le font échouer: on a beau se dire au-dessus des préjugés «bourgeois» ou «judéo-chrétiens» et se croire intérieurement libre d’agir ainsi, un sentiment inconscient de culpabilité, surtout chez les jeunes filles, peut provoquer un blocage fatal. Les mêmes relations intimes, entre les mêmes personnes, mais pratiquées dans la légitimité, la sécurité et la stabilité du mariage, pourraient très bien réussir, et si ce n’est pas d’emblée, du moins avec le temps et à force de patience et de véritable amour.
D’autre part, à l’inverse, des relations parfaitement réussies entre fiancés n’empêcheront pas la rupture de se produire, avant ou après le mariage, si c’est essentiellement sur ces relations physiques que l’on a fondé l’harmonie du couple, sans tenir compte suffisamment des facteurs psychologique, caractériel, de mentalité et d’éducation. L’entente des corps ne va pas forcément de pair avec celle des coeurs, des esprits et des âmes, surtout si l’on néglige l’amour au sens de l Cor. 13.
N’oublions pas non plus le drame que peut présenter la rupture d’une fréquentation, quand l’un seulement des partenaires s’est détaché, mais que l’autre s’est au contraire attaché fortement. Ce drame est plus grand, la souffrance plus vive et plus profonde, quand les relations ne sont pas restées au niveau platonique, mais ont été poussées jusqu’à leur point extrême. La déchirure est d’autant plus grave que la communion a été plus étroite. Combien de jeunes restent désabusés, après une expérience semblable, et hors d’état de croire encore à un amour vrai!
Tricherie et baisse de l’étiage spirituel
Il faut signaler également, pour les jeunes qui anticipent sur le mariage, l’obligation où ils sont de tricher avec les conséquences de leurs relations. Si autrefois la venue d’un enfant sanctionnait souvent leur faute, les précautions contraceptives d’aujourd’hui les exposent à un autre danger: celui de dissocier profondément les deux fins du mariage: l’unité du couple et la procréation, et de refuser celle-ci au profit exclusif de celle- là. Je sais bien que c’est ce que fait allégrement la société contemporaine, dans le mariage et hors du mariage; mais cela ne veut pas dire que ce soit un bien. Le refus de l’enfant ne peut qu’aggraver l’égoïsme, l’esprit de jouissance et la fuite devant les responsabilités qui caractérisent en elles-mêmes les relations préconjugales.
Enfin – et nous ne sommes pas si loin du point précédent – les relations préconjugales risquent de s’accompagner, chez les jeunes chrétiens, d’un refroidissement de la foi, celui-ci pouvant être la cause de celles-là ou bien leur effet. Ces jeunes peuvent glisser dans la faute parce qu’ils se sont éloignés de Dieu, et que la force du Christ a cessé d’être agissante en eux; ou bien c’est parce qu’ils ont commis la faute qu’ils se sont révoltés contre Dieu, dont ils trouvent le commandement de chasteté trop dur à observer . C’est Wilfred Monod, sauf erreur, qui disait que bien des jeunes gens deviennent douteurs quand leur conduite devient douteuse. De toutes façons, les voilà sur la pente de l’incroyance: seront- ils perdus pour le service de Dieu et du prochain?
Sauver ce qui était perdu
Mais non. Avec Dieu, personne n’est jamais perdu sans recours et sans espoir. C’est ce que je voudrais (appeler pour terminer.
Je le rappelle aux jeunes que la Loi divine écrase et désespère, qui luttent péniblement pour l’observer, ou qui peut-être l’ont transgressée malgré eux.
Je le rappelle aussi aux parents qui voient leur grand fils ou leur grande fille, contaminé ou contaminée par le laxisme contemporain, vomir les principes sacrés qui avaient modelé leur propre jeunesse.
Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas venu sauver des justes, mais des pécheurs.
La loi de Dieu n’est pas là pour condamner ceux qui l’enfreignent, ni pour porter sur les sommets de la suffisance et de l’orgueil ceux qui pensent l’avoir observée. Elle a été donnée pour révéler le péché, pour nous faire mesurer l’écart effrayant qu’il y a entre la sainteté de Dieu et le désordre de notre vie, et pour nous amener à crier miséricorde. Elle a été donnée en outre pour montrer le chemin à ceux qui, ayant obtenu miséricorde, ne comptent plus sur eux-mêmes, mais sur la puissance du Saint- Esprit en eux.
Autrement dit, devant le désarroi actuel des esprits, devant les théories à la mode qui se veulent accommodantes et compréhensives à l’égard des «péchés de la chair», il importe au premier chef d’être au clair sur ce que Dieu veut véritablement en ce domaine, et de ne pas donner raison à ces théories qui permettraient trop facilement de justifier toute une partie de la jeunesse. Car qui veut justifier ce qui n’est pas juste, se prive de la seule justification possible: celle que Dieu accorde à la repentance. Celui qui s’élève sera abaissé; seul celui qui s’abaisse sera élevé.
Appeler «bien» ce qui est «mal», c’est laisser croupir le mal et le priver de toute possibilité de régénération. Faire passer pour bien-portants ceux qui sont malades, c’est les priver de médecin, sans rien changer au fait qu’ils sont malades et que leur maladie risque de les conduire à la mort.
Se dérober à la Loi, c’est se priver de la Grâce. Celui qui prétend que les relations préconjugales n’ont rien de répréhensible, qu’elles sont même bonnes et normales, persévérera dans son erreur et encouragera les autres à faire comme lui. Mais celui qui reconnaît que ces relations sont une faute, une transgression de la volonté divine, celui-là, même s’il a commis cette faute, peut s’en repentir, s’efforcer d’y renoncer à l’avenir et entraîner les autres à ne pas la commettre. Pour lui il y a de l’espoir, Dieu peut faire quelque chose de cet homme (ou de cette femme), les erreurs passées pourront être effacées, tout peut recommencer à neuf.
Le jeune homme (ou la jeune fille ) qui s’incline devant la loi divine de la chasteté préconjugale, même s’il a de la peine à l’observer, même si la lutte est parfois surhumaine, même s’il lui arrive de succomber, a une tout autre stature spirituelle que le jeune «dans le vent» qui ne se pose pas de problème, qui suit sa nature et les faux prophètes de la liberté sexuelle. Chez celui-ci, la conscience se tait peu à peu, et finit par mourir, il n’a plus d’exigence morale, sa vie n’a aucune profondeur. Chez celui-là au contraire; il y a un «idéal», une volonté de s’élever, une recherche de Dieu, de la grandeur; il vit, tandis que l’autre est mort. Car le plus important n’est pas d’être sans reproche, mais de combattre.
Là où il n’est pas censé y avoir de péché, il n’y a pas de progrès possible, ni personnel, ni collectif. Il n’y a de progrès que dans le mal, dans l’avilissement, dans la bestialité. C’est donc en étant parfaitement rigoureuse sur le plan moral que l’Ecriture ouvre les coeurs à la repentance, au besoin du pardon divin, au perfectionnement et au changement. Ce n’est qu’à des coupables qu’elle peut annoncer l’amour de Dieu qui pardonne, qui relève et qui aide à faire mieux. Ce sont les coupables conscients qui représentent une chance pour la jeunesse, pour nos Eglises et pour la société.
Là où la morale des temps nouveaux cherche à supprimer la culpabilité, il n’y a plus d’espoir de sainteté – et la culpabilité demeure…
Dans l’Ancien Testament le mot alliance (héb. berîth) renferme l’idée d’un engagement solennel qui lie ensemble deux partis. Il a un usage ordinaire, rare, lorsque les deux partis sont des hommes qui signent un contrat, et un usage fréquent, plus particulièrement religieux dès lors qu’il s’agit d’un contrat entre Dieu et les hommes(toujours proposé par Dieu: cf. les alliances successives avec Adam, Noé, Abraham, Moïse, David, etc.). Or, il est aussi question, occasionnellement, d’une alliance contractée à l’occasion d’un mariage: faut-il classer celle-ci dans la première ou la seconde catégorie? Les deux semble-t-il, car un livre apocryphe (Tobie 7.13), évoque la coutume selon laquelle le père de la mariée formulait les tenues du contrat du mariage. D’autre part la notion d’alliance dans le mariage donne à celui-ci une dimension religieuse, comme nous allons voir.
Trois textes de l’Ancien Testament rattachent l’alliance au mariage, pour souligner et promouvoir, d’abord, la notion de la fidélité conjugale. Dans Proverbes 2, la sagesse, la connaissance, la réflexion et la raison (v. 10,11) collaborent, interviennent pour te délivrer (le «fils» du v. 1) de la courtisane, de l’étrangère aux paroles doucereuses, qui abandonne l’ami de sa jeunesse, et qui oublie l’alliance de son Dieu (v. 16, 17). La femme «étrangère», ou «lascive, libertine», bien qu’ici mariée à un autre a, en provoquant une liaison adultère; oublié l’alliance de son Dieu, donc, bafoué son engagement conjugal et transgressé le commandement de Dieu. Abandonner son époux légitime équivaut à un oubli, plus, à un refus délibéré d’un engagement solennel pris devant Dieu. Le mariage apparaît ici comme un contrat arrêté en présence de Dieu et aussi, dans un certain sens, avec lui. Bien que le Pentateuque ne mentionne pas de rites sacrés, publics, associés à la cérémonie du mariage, il paraît clair que de tels rites accompagnaient le mariage chez les Israélites (nous y re- viendrons à la fin de notre article). Ironie de la leçon: Salomon avertit son fils au sujet du péché dont, par la suite, il deviendra lui-même coupable. Ainsi, par la bonté de Dieu, ses paroles deviennent l’antidote au poison de son propre exemple funeste et corrupteur.
Le texte d’Ezéchiel 16.8 va dans le même sens, quoiqu’avec encore plus de force. L’Eternel s’adresse à Jérusalem comme à une fiancée: Je passai près de toi, je te regardai, et voici que ton temps était là, le temps des amours. J’étendis sur toi le pan de mon manteau, je couvris ta nudité, je te fis un serment, je contractai une alliance avec toi, – oracle du Seigneur, l’Eternel, et tu fus â moi. Conformément aux coutumes de l’époque, l’Eternel, dans ce langage imagé, couvre son élue du coin de son manteau, signifiant par ce geste qu’il s’intéresse à elle, et la prend sous sa protection dans le but de lui conférer l’honneur des fiançailles puis du mariage (cf. Ruth 3.9). Nous pouvons rapprocher cette image (de l’alliance en vue du mariage) de cette autre alliance solennelle, contractée par Dieu grâce à laquelle Israël, devenu une nation, a été formellement reconnu comme peuple appartenant à Dieu (Ex. 19; 20. 2,5; 25; etc.). Ce rapprochement met en relief le sérieux, la solennité, dans la pensée des auteurs bibliques, de l’alliance du mariage, et cela d’autant plus que l’apostasie de Jérusalem est qualifiée de prostitution (v. l5ss), d’un abandon scandaleux aux yeux du divin Epoux et punissable par Celui-ci du plus sévère des châtiments (v. 35ss).
Un troisième texte dans Malachie (2.14) évoque le problème de mariages avec des femmes étrangères contractés par certains Israélites rescapés de l’exil, et cela au prix de mariages antérieurs avec des femmes Israélites: L’Eternel a été témoin entre toi et lafemme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu’elle soit ta compagne et la femme de ton alliance. Reproche assorti d’exhortation, d’avertissement et de condamnation de l’abrogation du mariage antérieur: Prenez donc garde en votre esprit: que personne ne trahisse la femme de sa jeunesse! Car haïssable est la répudiation, dit l’Eternel, le Dieu d’Israël! (8v.15b,16a). C’est dire que Dieu, présent au premier mariage et témoin de l’alliance contractée entre les partis, approuve et bénit cette union, appelle tendrement l’épouse la femme de ta jeunesse – celle que tu as choisie pour être le partenaire de tes joies et de tes peines-, souhaite une descendance heureuse, exhorte à la vigilance, et qualifie de trahison détestable, motivée par l’opportunisme égoïste, toute idée de divorce.
Quelle conclusion pouvons-nous tirer de cettre brochette de textes qio introduisent la «dimension religieuse» dans l’engagement du mariage, sinon que Dieu est directement concerné? Il use de son autorité légitime pour s’intéresser au mariage du couple, y exercer un droit de regard… plus: pour rappeler aux époux le sérieux de leur engagement, l’exclusivité et la permanence de leur union, et l’extrême gravité de toute abrogation de l’alliance. Cela cadre parfaitement avec le récit de Genèse 1.27, 28, où le Créateur institue lui-même le mariage avant même l’origine de la société humaine. Ayant créé l’homme mâle et femelle, il ordonne le mariage comme condition indispensable à la continuation de la race humaine; il implante les affections et désirs dans la nature humaine; il fait du mariage une influence qui ennoblit, enrichit, réjouit, et contribue puissamment à l’épanouissement de la vie chez 1’homme et la femme; il déclare que la solitude n’est pas bonne pour l’homme, et il lui amène une aide destinée à être son vis-à-vis (Ge 2.18).
Et le chapître 2 de la Genèse de conclure: C’est pourquoi – à cause de toutes ces considérations provenant de l’initiative divine – l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair (v.24), Le mariage, en tant qu’institution créationnelle, est invoqué par Jésus (Mat 19.5; Marc 10.7), puis par Paul (1 Cor 6.16; Eph 5.31) et déclaré toujours valable. Paul va jusqu’à dire qu’il reflète la relation d’intimité et d’exclusive fidélité que le Christ a établie avec Son Epouse, l’Eglise (nous mettons exprès les majuscules appropriées). Ayant quitté Son Père Il est venu sur la terre pour se coller (litt.), dans une union indéfectible, à Son Eglise, et S’identifier à elle au point de prendre sur Lui ses fautes à elle, et lui conférer en échange Sa pureté et Sa sainteté! Le Christ s’est uni une fois pour toutes et pour toujours à une seule Epouse à laquelle Il reste fidèle, et qu’Il ne répudiera jamais malgré ses incartades à elle… Et Paul de conclure en tirant l’exhortation pratique qui s’impose: puisque le couple est un reflet de Christ et de Son Eglise, que le mari chrétien aime -continuellement – sa femme, et que l’épouse respecte – continuellement! -!son mari (Eph 5.33).
Revenons un instant à 1’Ancien Testament pour constater que le sérieux de l’engagement conjugal est souligné par toutes les cérémonies qui précédaient, accompagnaient et suivaient le mariage (nous devons nous contenter d’énumérer ici une liste incomplète): rôle prépondérant des parents dans le choix d’une épouse -fiançailles officielles et solennelles -échange de cadeaux – vêtements de fête -cortège -bénédiction- préparation d’une chambre nuptiale – et festivités qui pouvaient durer une semaine, voire deux.
Le mariage selon Dieu? Une alliance, à la fois humaine et divine, qui engage solennellement un homme et une femme à s’unir l’un à l’autre totalement, intimement, exclusivement et pour la vie, avec l’approbation, la bénédiction, la présence et l’aide du Seigneur.
Titre: L’attente récompensée
Auteur: Tim Stafford
Editeur: Ed. Vida, Deerfield, Floride, 1990
Titre: Me Marier?
Auteur: Blaine Smith
Editeur: Ed. Farel, B.P. 20,77421 Marne-la-Vallée (France)
Titre: Votre mariage peut bien marcher
Auteurs: Peg et Lee Rankin
Editeur: Edo Vida, Miami, Floride, 1989
Titre: Tendresse, Tendresse
Auteur: Gerhard Hauer
Editeur: Ed. Trobisch, 7640 Kehl/Rhein (Allemagne), 1984
Les 4 1ivres suggérés sur cette page, peuvent être obtenus à La Maison de la Bible, Trési 6, 1028 Préverenges (Suisse) Tél. 021 / 803 40 40
Adaptation d’un article de M. H. Blocher; publié dans la revue Ichthus, no 125, août-sept. 1984.
Pourquoi cette question? Tout simplement parce que, même au sein du christianisme, des conceptions de plus en plus calquées sur les a priori du monde sécularisé laissent à penser que le «passage devant le Maire» n’est qu’une formalité désuète et facultative, sans lien solide avec la réalité de l’union conjugale.
Dans ce climat, le chrétien qui se réclame de l’Ecriture devrait d’abord être amené à refuser deux fausses conceptions:
1ère erreur: la relation sexuelle fait le mariage
La Bible enseigne clairement que la relation sexuelle (l’union charnelle) n’est pas le mariage, même si elle constitue un événement important aux yeux de Dieu, .et «marque» les personnes en cause.
Preuve en soit cette disposition donnée par Dieu à Israël: Lorsqu’un homme séduira une vierge qui n’est pas fiancée, et qu’il couchera avec elle, il paiera sa dot, puis il la prendra pour femme. Si le père refuse de la lui accorder, il paiera en argent la valeur de la dot des vierges (Ex 22. 16-17).
Il découle de ces versets que:
-les fiançailles et le mariage dûment contractés sont les préliminaires nor-maux à l’union sexuelle;
-la relation sexuelle à elle seule n’est pas le mariage;
-le mariage n’est pas la régularisation automatique d’un partenariat sexuel de fait, puisque le père de la jeune fille peut s’y opposer.
L’apôtre Paul, en 1 Cor 6.16-17 ne dit pas autre chose: Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ? Car, est-il dit, les deux deviendront une seule chair. Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit.
Celui qui entretient des relations sexuelles avec une prostituée est une seule chair avec elle, mais il n’y a pas mariage pour autant. Cette relation pervertie constitue au contraire, pour celui qui s’y livre, un péché contre son propre corps (v .18) et contre Dieu (v.15) (1).
2ème erreur: le mariage est un engagement privé
Plus attrayante et plus subtile que la précédente, cette conception admet que la relation sexuelle n’est pas le mariage, mais définit le mariage comme l’échange de promesses entre deux personnes qui s’aiment et qui veulent, devant Dieu, unir leur vie. Un engagement à huis clos, en somme, et sans témoins.
Les tenants de cette idée, se fondant sur des passages comme Mal 2.14, Ez 16.8 ou Prov 2.17, voient le mariage comme une alliance, un contrat entre l’homme et la femme. Pourquoi donc faire intervenir «Monsieur le Maire» ? Comme nous allons le démontrer, la Bible enseigne que le mariage authentique ne saurait se restreindre à un engagement «clandestin», même s’il est sincère.
Fondement biblique du «passage devant le Maire»
L’engagement d’alliance qui constitue le mariage peut-il être simplement privé entre deux personnes, ou bien doit-il avoir un caractère social objectif, tel que le passage devant le Maire?
Disons d’emblée que nous ne trouvons pas, dans l’Ecriture, de onzième ou de 6l4ème commandement qui prescrive: «Tu passeras devant le Maire pour te marier».
Deux raisons à cette absence: -il n ‘y avait pas de «passage devant le Maire» dans les bourgades d’Israël, ou même dans les cités gréco-romaines;
-la Bible n’offre pas d’exposé systématique sur l’institution et les procédures matrimoniales. Il s’agira donc de dégager l’enseignement implicite des mentions éparses qui se rapportent à notre thème.
Voici trois leçons qui s’imposent avec clarté.
1) La Bible appelle mariage ce que l’on appelait de ce nom dans la société israélite et dans la société gréco-romaine.
Lorsque la Bible parle de l’origine du mariage, de son institution par Dieu (Gen 2; Mat 19.4-6), de certaines de ses «règles de fonctionnement», elle évoque une réalité sociale connue de tous. Dieu parle à des gens qui savent ce qu’est le mariage. Et de fait, dans toutes les cultures, le mariage ne se résume pas à un engagement privé. Dans la société israélite, l’engagement des époux avaitun caractère public qui regardait la collectivité tout entière.
En voici quelques preuves:
-Le rôle déterminant des parents dans le choix d’un conjoint (cf. Gen 21.21; 24; 38.6; Jug 14.1-10). Il s’agissait, en général, d’un contrat entre familles plus qu’entre deux individus. L’élément social est donc clairement impliqué;
-L’intervention des anciens en cas de débat sur la virginité de l’épouse. Deut 22.13-21 expose ce que peut faire un mari qui prétend que sa femme n’était pas vierge lorsqu’il l’a acquise: qu’il aille trouver les anciens, dont la fonction est analogue à celle des Maires de nos communes. L’affaire n’est donc pas du seul domaine privé.
-Les rites, pratiques éminemment sociales. Une célébration de mariage donne lieu à une fête au scénario bien réglé. Jésus évoque ces réjouissances publiques dans plusieurs paraboles.
-La dot que le mari versait à la famille de la fiancée. Cette coutume, même si elle a donné lieu à des abus, n’était pas comprise comme une transaction financière réduisant la femme au rang d’objet. Il s’agissait plutôt d’une garantie de sérieux donnée à l’épouse et à sa famille, et d’une consolidation de l’engagement du mari.
En dépit des coutumes particulières propres à chaque culture, la société israélite comme les autres prennent donc soin de conférer au mariage une légitimité sociale objective, par l’intervention de tierces personnes (parents, amis, anciens, etc ). Des textes comme celui de Gen 24 montrent que, dès les temps reculés, la société faisait très nettement la différence entre une relation sexuelle illégitime et l’état dûment enregistré de personnes unies par le mariage.
Il faut même noter qu’en Israël le pacte social, la partie juridique de l’union conjugale avait lieu au moment des fiançailles. C’est à ce moment que la dot était versée. Toutefois, l’union charnelle n’était consommée qu’après la célébration publique des noces, à la fin de la période de fiançailles (cf. Mat 1.18-25; Gen 29.33; Tobie 7.14 à 8.1; Deut 22.23- 24).
2) Le lien conjugal, une fois établi, fait partie des réalités sociales dont le magistrat a la surveillance. C’est une affaire qui intéresse le droit.
Le texte le plus frappant est celui de Rom 7.2. Il y est dit que la femme est liée à son mari «par loi», «légalement».
Cette dimension juridique explique qu’en Israël, l’adultère était puni comme un crime. Les magistrats avaient pour mandat de mettre à mort les adultères, même en l’absence de plainte de la part du conjoint trahi (Deut 22.22; Jean 8.3-5).
Si l’état de mariage est, par nature, sous le regard du magistrat, s’il se trouve dans le champ de sa compétence, l’entrée dans l’union conjugale ne peut échapper à son contrôle. Il faut que l’engagement des époux soit pris devant lui. Ces derniers concluent alliance non seulement devant Dieu (qu’ils le sachent ou non), mais aussi, selon la volonté de Dieu, devant le magistrat, qui a reçu autorité, de la part de Dieu, pour veiller au bon ordre de la vie sociale dans ses aspects externes, dont le mariage fait partie.
Le mode «de passage devant le magistrat» peut varier. Dans certaines sociétés, on se contentera de la simple notoriété; le magistrat est averti par la rumeur publique qu’il juge suffisamment nette pour considérer le mariage comme contracté devant lui. Le magistrat peut aussi avoir un représentant; dans nombre de cultures, le prêtre sert de représentant au magistrat. C’est encore le cas en Israël, où les Juifs se marient devant le rabbin. Aux Etats-Unis, le ministre du culte a une licence particulière pour célébrer les mariages. Dans le système français, c’est en se présentant en personnes devant le Maire que les époux officialisent leur union. Cette procédure ne révèle pas d’abus de pouvoir de la part du magistrat, puisque par essence le mariage est une relation à caractère social et objectif.
3) Le sens biblique du mariage et du corps
Selon la définition biblique, le mariage est l’union volontaire de deux corps en une seule chair dans la perspective de la durée. Le mariage n’est pas l’union de deux coeurs en une seule âme. On fait souvent là une confusion. C’est sûrement l’intention divine que l’union des coeurs s’exprime dans le cadre du mariage, mais ce n’est pas cette union qui définit le mariage.
Dans la pensée biblique, le corps représente bien plus que les 40 à 80 kgs que nous pouvons peser. Le corps, c’est tout notre être au monde: notre maison, notre statut économique, nos moyens d’existence, notre situation sociale, notre nom. Ainsi le mariage doit être conçu comme l’union de deux corps dans ce sens élargi; il inclut l’union charnelle, mais aussi l’union économique, sociale, et aboutit à la formation d’une seule cellule de la société.
Le péché de débauche que Paul censure représente une division à l’intérieur de l’entité corporelle: Fuyez la débauche. Quelque autre péché qu’un homme commette, ce péché est hors du corps; mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps (1 Cor 6.18).
Conclusion
Si certains chrétiens bien intentionnés ne perçoivent pas le caractère social, objectif de l’union conjugale, c’est qu’ils sont victimes:
-d’une part, d’une conception erronée du mariage, qui confond l’amour qui s’exprimera dans le mariage avec le mariage lui-même,
-d’autre part, de l’individualisme moderne qui, au fond, refuse l’appartenance à la société. Or, on ne peut faire fi de cette appartenance en prétextant que l’essentiel, c’est notre relation directe avec Dieu. Car s’il est vrai que l’homme ne peut se réduire à un élément du «tout» social, il est néanmoins membre de ce «tout», de ce «corps», avec les droits et les devoirs de l’appartenance. La soumission au magistrat est comprise dans ces devoirs.
«Qui veut faire l’ange, fait la bête», disait Pascal. Que ceux qui ont sérieusement l’intention de construire leur vie à deux ne se laissent pas prendre au piège de la coexistence marginale, s’imaginant que la sincérité et l’intensité de leurs sentiments offrent une garantie suffisante à leur union future. Non, nous ne sommes pas des anges, mais bien des humains, auxquels Dieu offre les règles et les garde-fous dujeu social comme un soutien providentiel de notre inconstance naturelle (cf. Rom 13.1- 7; 1 Pi 2.13-17). Prendre à témoin nos familles, nos amis, notre église… et Monsieur le Maire de notre engagement mutuel, c’est non seulement agir selon volonté de Dieu, mais c’est aussi sceller un lien plus fort qui se révélera comme une aide bienfaisante dans les jours où nos bonnes résolutions initiales, nos sentiments et nos serments de fidélité seront testés dans le creuset de la vie ordinaire.
H.B.
Adaptation libre de C.-A. Pfenniger.
Note: (1) Notons que dans le cadre du mariage, l’union sexuelle est toujours légitime aux yeux de Dieu, même si l’un des conjoints n’est pas chrétien (1 Cor 7,12-14).
Articles par sujet
abonnez vous ...
Recevez chaque trimestre l’édition imprimée de Promesses, revue de réflexion biblique trimestrielle qui paraît depuis 1967.