PROMESSES

La Réforme du 16e siècle nous a légué un héritage inestimable, car nos pays ont été imprégnés par une culture chrétienne biblique laissant des traces visibles de bénédiction. Or, l’humanisme a profondément modifié la culture chrétienne et nos trois dieux modernes, le scientisme, le technicisme et l’économisme ont fini par précipiter notre société dans un marasme sans précédent. Cette crise touche tous les domaines y compris l’Eglise. Ces trois idoles ont usurpé la place du Dieu trinitaire. En fait, c’est l’aboutissement d’un processus d’abandon progressif de la théologie de la création1. En mettant sa confiance en ces idoles modernes, l’homme a déplacé sa dépendance du Dieu de la Bible vers ses nouveaux maîtres cruels qui le mènent vers la catastrophe – peut-être le prélude au règne de l’Antichrist.

Et l’Eglise dans tout cela? Influencée par l’esprit et les courants philosophiques de notre nouvelle culture humaniste, elle est en profonde crise d’identité. Secouée par différents courants théologiques, divisée, désorientée, elle fait figure de proie exposée à tout vent de doctrine. Comme au temps des Juges, chacun fait ce qui lui semble bon (21.25). Bien que prêchant la puissance de Dieu, elle démontre de fait qu’elle en est démunie comme Samson après avoir quitté le terrain de la fidélité et de sa dépendance de Dieu.

L’Eglise a besoin de confesser son infidélité, son éloignement de la Bible, ses formes traditionalistes, son défaitisme, et son manque de confiance et de dépendance à l’égard du Dieu tout-puissant. Nous sommes durement touchés par la superficialité, le confort et le manque d’esprit de sacrifice. Le livre d’Aggée nous enseigne qu’il nous faut sortir de nos maisons lambrissées – nos conforts, nos traditions, nos ghettos – qui nous empêchent de voir éclater la puissance de Dieu dans nos vies, pour revenir à Lui et à sa Parole.

Pour aboutir à la résurrection le chemin passe obligatoirement par la croix du Calvaire. C’est le brisement du «moi», la fin de mon humanisme. C’est le chemin des femmes venues pour embaumer le corps de Jésus dans la tombe et qui s’en retournèrent totalement transformées après avoir compris qu’il ne fallait plus chercher Jésus parmi les morts, mais qu’ll EST VIV ANT ET RESSUSCITE (Luc 24.1-12). C’est aussi le chemin de l’Eglise faible face à l’ennemi, aux événements, mais puissante parce que constamment vivifiée par le Christ déclaré Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts (Rom 1.4).

Oh, si en ces jours de Pâques, nous pouvions enfin nous laisser désarçonner de nos chevaux en nous humiliant et en confessant toutes nos lacunes pour fixer nos regards sur le Ressuscité seul. Voilà le chemin de la guérison, de la vie, de la puissance pour persévérer jusqu’au bout dans ces jours difficiles de la fin des temps. Nous ne voulons pas nier que parfois le défaitisme, la dépression, le manque d’amour nous surprennent et nous collent à la peau. Mais à cause de PAQUES, la RESURRECTION DE CHRIST, nous sommes appelés à être plus que vainqueurs par Ce!ui qui nous a aimés… Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous (Rom 8.28-39)? Pas même les grandes épreuves qui pourront survenir. Revêtons-nous de la panoplie divine décrite dans Eph. 6.11-18 en prenant par dessus tout cela le bouclier de la foi avec lequel nous pourrons éteindre les dards enflammés du malin.

Christ est vivant! Conscients de notre peu de force, nous partons en vainqueurs, car Il a mis devant nous une porte ouverte que personne ne peut fermer (Apoc 3.8). Remettons-nous à l’ouvrage et rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte (Héb 12.1-2). Saisissons le Ressuscité, marchons en nouveauté de vie par la conformité à sa résurrection et vivons pour Dieu (Rom 6.4-11).1l est vivant, puissant et fidèle pour changer les temps et les circonstances selon sa souveraine grâce. Ne crains rien, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume (Luc 12.32). Que les messages du présent numéro nous fassent prendre conscience que nous appartenons au Ressuscité, le grand Vainqueur final, Jésus-Christ, Dieu béni éternellement.

1 Le lecteur lira avec profit l’ouvrage de Francis A. Schaeffer «Démission de la raison» (La Maison de la Bible, Genève, Sème éd. 1993).

H.L.


selon 1 Corinthiens 15

Nous connaissons tous cette affirmation de Jésus faite à Marthe: Je suis la résurrection et la vie (Jean 11.25). En connaissons-nous la suite?

Celui qui croit en moi vivra, même s’il était mort; et celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais.

Que Jésus ait dit cela à une amie qui croyait en lui, on le conçoit. Mais qu’il le dise à des incrédules, à des Juifs qu’il venait de traiter de fils du diable, cela nous étonne: En vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde mes paroles, il ne verra jamais la mort (Jean 8.51). Quoi d’étonnant si les Juifs s’exclament: Maintenant nous savons que tu as un démon!

En effet, que dire de cette déclaration de Jésus? Tous les croyants ne sont-ils pas morts?

C’est que la mort se présente, dans la Bible, sous deux aspects, les deux étant la conséquence (le salaire ) du péché:
1. La mort spirituelle: étant nés dans le péché, nous sommes tous incapables d’accéder à la réalité de Dieu.
2. La mort physique: personne n’y échappe. Or, c’est ce que Jésus est venu changer en apportant la vie éternelle.

Dans Jean 5, Jésus parle de la résurrection spirituelle et physique qu’il est venu apporter:
1. En vérité, je vous le dis, l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts entendront la voix du fils de Dieu; et ceux qui l’auront entendue vivront (v.25). – Jésus parle ici de la nouvelle naissance, dont il parlait déjà à Nicodème dans Jean 3.
2. Ne vous étonnez pas: car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix. Ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection et la vie, ceux qui auront pratiqué le mal pour la résurrection et le jugement (v.28- 29).

Dans 1 Cor 15, l’apôtre Paul traite de la résurrection physique. Examinons le cheminement de sa pensée
 – v.l-ll: La résurrection physique de Jésus est un fait historique attesté par quelque 520 témoins. C’est le fait le mieux attesté de l’histoire ancienne, et ceci par cinq documents principaux, non seulement un seul historien. La foi de ceux qui n’y croient pas est vaine: Je vous rappelle, frères, l’Evangile …par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé; autrement, vous auriez cru en vain (v .1-2). Aux Sadducéens, qui niaient la résurrection tout court, Jésus dit: Vous ne comprenez ni les Ecritures, ni la-puissance de Dieu (Mat 22.29).
  –v.12-19: Ceux qui nient qu’il y ait une résurrection physique nient du même coup celle de Jésus. Evidemment, la résurrection est scientifiquement inexplicable, vu nos connaissances actuelles. Nier la résurrection, c’est faire preuve, non pas de connaissance scientifique, mais d’ignorance de Dieu. Plus grave, c’ est se perdre: Car si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés, et ceux qui sont morts en Christ sont perdus (v.16-18).
  –v.20-29: Les conséquences de la résurrection:
a) Jésus est ressuscité pour notre justification (Rom 4.25). Cela a trait au passé, car la question de la condamnation à cause du péché a été liquidée.
b) Dieu nous a régénérés par la résurrection de Jésus-Christ pour une espérance vivante (1 Pi 1.3). Cela se rapporte au présent: nous sommes de nouvelles créatures (2 Cor 5.17), nous vivons dans le but d’hériter le royaume éternel.
c) Enfin il y a l’aspect futur: Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. – … nous soupirons en nous-mêmes en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous avons été sauvés (Rom 8.11,23).
  –v .30-34: La négation de la résurrection entraîne la négation de toute morale. Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons. – En effet, si l’on ne va nulle part, à quoi bon renoncer à quoi que ce soit?
  –v .35-49: Le comment (la nature) de la résurrection. Paul montre que toute semence doit mourir pour qu’en naisse le fruit. Plus le fruit est compliqué, moins il ressemble à la semence: le grain de blé produit l’épi de blé, le pépin produit la pomme, la chrysalide produit le papillon, le spermatozoïde produit l’homme. Dans les v .42-49, Paul aimerait montrer deux choses: la première est la différence du corps céleste, qui présuppose un corps terrestre (naturel, psychique). Ce qui est animal vient d’abord, ensuite ce qui est spirituel. La transformation de l’un dans l’autre est appelée «métamorphose». Si l’on ne connaissait que la chenille et le papillon tels quels, l’idée que la chenille deviendra papillon paraîtrait insensée (autant s’imaginer que des cochons commencent à voler!). Pourtant, la chenille devient bel et bien papillon. Dans un sens, la chenille meurt pour donner naissance au papillon. Or, dans la nature, rien ne se perd tout simplement. La mort n’est donc pas non plus une perte (du «néant» ), mais une métamorphose. Exemple: le spermatozoïde et l’ovule. Quand ces deux cellules se rencontrent, elles en forment une nouvelle. Ni le spermatozoïde ni l’ovule ne continuent à exister; ils sont les deux morts pour produire quelque chose de tout nouveau. Leur mort est la base qui permet la métamorphose en un nouvel individu. L’ovule cesse d’être ovule, et le spermatozoïde cesse d’être spermatozoïde. Cependant, après cette mort, chacun commence à vivre d’une vie beaucoup plus complète qu’avant. Car le but du spermatozoïde est de rencontrer l’ovule, et le but de l’ovule est de rencontrer le spermatozoïde. Appliquons cela à la résurrection spirituelle ( = nouvelle naissance ). Christ est mort et nous mourons à nous-mêmes en tant qu’individus pécheurs, quand nous fusionnons avec Christ; alors nous sommes «en Christ» (Romains 6.5-9 serait à lire ici). Mais le Christ et l’homme nouveau en Christ retiennent leur individualité. Tout comme les chromosomes et les gênes du spermatozoïde et de l’ovule continuent à exister dans le zygote, de sorte que le nouvel individu hérite du père autant que de la mère. Mais c’est une association permanente. De même, la nouvelle créature en Christ est en même temps le vieil individu renouvelé. La rencontre du Christ avec un être humain produit un être transformé. La personne qui évite la rencontre avec Christ pour éviter de mourir à elle-même manque le but de son existence. Du point de vue chimique et morphologique, l’ovule est un organisme fantastique. Mais s’il ne meurt pas en fusionnant avec le spermatozoïde, il a vécu pour rien, et il meurt tout seul. Tout homme est une merveille biologique; mais s’il refuse la fusion avec Christ, il est perdu comme l’ovule non fertilisé.
N.B.: Cet exemple et son application s’inspirent du chapitre 5, p.233-269, du livre de A.E. Wilder Smith, «Man’s Origin, Man’s Destiny».
  –v .50-54: A présent, Paul traite de la mort et de la métamorphose de nos corps à la venue du Christ. Pour mieux comprendre ce qui se passe à la mort et à la résurrection, je rappelle comment Dieu créa l’homme:
1. Dieu, par sa pensée exprimée en paroles, imposa un ordre spécifique à la matière (poussière), il en résulta un corps, le corps d’Adam.
2. Puis Dieu insuffla dans ce corps le souffle de vie (l’esprit).
3. Le résultat fut un être vivant (une âme). Il en ressort que l’homme est une trinité, créé «à l’image de Dieu». Que se passe-t-il alors à la mort? La Bible nous l’explique à l’occasion de la mort de Jésus. A sa mort, Jésus remit son esprit entre les mains de Dieu (Luc 23.46). Cela montre que son esprit n’était pas identique avec sa personnalité, son Moi. Jésus lui- même alla ensuite au paradis et prit le larron croyant avec lui. Il se pourrait que d’après 1 Pi 3.19-20, Jésus soit allé prêcher à des personnes mortes «en prison» (au hadès?). En tout cas, une chose est certaine: une personne sans corps peut avoir une activité en tant qu’âme vivante. A la mort il y a donc désintégration de l’homme en corps (poussière), esprit et âme. Tous les morts sont dans cet état «nu» ( sans corps ), soit au paradis, soit au hadès, et ils attendent le jour où Christ jugera les morts et les vivants (Act 10.42) et où les justes seront revêtus de corps glorieux. En attendant, Christ le ressuscité possède les clés de la mort et du séjour des morts, où il a donc accès en tout temps.

A sa résurrection, l’esprit de Christ retourna dans son corps, et l’âme (la personnalité) de Jésus en reprit possession. Or que nous dit l’Ecriture sur le nouveau corps que Jésus eut à sa résurrection? Son âme, l’essence de sa personne, est restée inchangée; seul le corps a subi une métamorphose. Ce nouveau corps gardait certaines caractéristiques qu’il avait eues avant ce changement: Marie reconnaît le timbre de sa voix; Thomas constate ses blessures; Jésus marche, il mange, il boit, il fait du feu, il a chair et os (Luc 24.39, à citer 16 aux «Témoins de Jéhovah», qui ne croient pas à la résurrection physique de Jésus). D’autre part, le corps de Jésus a changé: il passe à travers les murailles et disparaît à volonté.

La métamorphose de l ‘homme

La Bible fait deux grandes promesses:
1. La métamorphose du caractère. Elle est exprimée p.ex. dans 2 Cor 3.18: Nous… reflétons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur. Cette transformation se fait maintenant, et le corps en reflète quelque chose (rayonnement du visage, des yeux…).
2. La métamorphose du corps. Phil 3.20-21 dit: Pour nous, notre cité est dans les cieux; de là nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps humilié, en le rendant semblable à son corps glorieux… Les enfants de Dieu en vie au retour de Christ recevront ce corps glorieux sans passer par le processus douloureux de la mort, en un clin d’oeil, toujours dans le but d’hériter le royaume de Dieu. Comme illustration de nouveau la chenille: elle ne peut hériter le royaume de l’air sans passer par la métamorphose qui en fait un papillon.

D’une manière mystérieuse, le corps spirituel dérive du corps charnel. De là l’importance de garder le corps pur: Le corps n’est pas pour l’inconduite. Il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps ( 1 Cor 6.13 ). Il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin qu’il soit rendu à chacun selon ce qu’il aura fait dans son corps, soit en bien, soit en mal (2 Cor 5. 10). Celui qui pèche contre son corps (adultère, prostitution) peut perdre l’héritage dans le royaume de Dieu (Eph 5.5), même s’il ne perd pas le salut reçu comme une grâce pure suite à sa foi en Christ. (Reportez-vous aux deux articles sur le salut dans «Promesses» numéros 106,107). Ce que nous faisons dans notre corps et de notre corps est donc terriblement important. Que Dieu veuille le transformer totalement indique qu’il aime l’homme dans sa totalité.

Dès ma nouvelle naissance, Jésus-Christ et moi appartenons l’un à l’autre. Par cette union, Christ peu à peu croît en moi, me rend plus semblable à lui, jusqu’à la mesure de la stature parfaite du Christ; …en disant la vérité avec amour, nous croîtrons à tous égards en celui qui est le chef, Christ (Eph 4.13,15). Notre vie peut paraître bien ordinaire, mais si nous nous nourrissons de lui, notre transformation en lui se fait insensiblement, pour éclater lors de son retour, quand nous serons révélés comme fils de Dieu. La chenille mange des feuilles et de l’herbe: occupation très ordinaire. Mais quand elle est révélée comme papillon, quelle merveille!

Ainsi l’homme est destiné à être revêtu d’incorruptibilité au retour de Christ pour régner avec lui sur le royaume éternel. N’oublions donc pas que notre vieille nature doit mourir, que nous devons dire non aux désirs et aux passions charnelles impurs, et oui à la vie pure de Jésus-Christ en nous. Christ a dû passer par la mort pour être glorifié à la droite de Dieu. Le chemin est le même pour nous, sans pourtant qu’il ait valeur d’expiation. Grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ! Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, progressez (litt. «débordez» ) toujours dans l’ oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur ( 1 Cor 15.57-58).

J.-P.S.

Grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ.
1 Cor 15.57

Une communauté remplie du Saint-Esprit (2 Rois 6.5-6)

Cet article est le dernier d’une série de 5 études sur le thème de l’Eglise. Les lecteurs qui désirent posséder la série complète voudront bien écrire à la rédaction.

Celui qui remue des pierres en sera blessé, celui qui fend du bois court un risque. Si le fer est émoussé et qu’on n’en ait pas aiguisé le tranchant; on devra redoubler de vigueur; mais la sagesse a l’avantage du succès (Ecc 10.9-10).

Devenir «actionnaire de l’amour» dans l’église locale, c’est s’exposer aux assauts de l’ennemi. C’est quitter les gradins des spectateurs pour descendre dans l’arène et devenir acteur dans une vraie guerre spirituelle. Le diable, qui nous inscrits dans son carnet d’adresses dès notre nouvelle naissance, passe lui à l’action. Il importe donc d’être bien équipé pour parer ses coups directs ou sournois et travailler efficacement à l’édification du Corps en glorifiant Dieu.

A. Non à une puissance empruntée

(verset 5): Dans l’épisode de la vie d’Elisée qui nous sert d’illustration, un des fils des prophètes se voit subitement stoppé dans son action. Il n’a plus qu’un manche entre les mains, le fer de sa hache venant de disparaître dans les flots du Jourdain. L’incident le met en émoi nous révélant ainsi son problème: la hache n’était pas sa propriété! L’homme travaillait en quelque sorte avec une «puissance» empruntée à autrui. Sans doute connaissait-il mal l’outil et ses défauts. Un bon ouvrier aime travailler avec ses propres outils car il les connaît bien et ils sont adaptés à sa main. Il entretient sa hache, en aiguise le tranchant, s’assure que le fer tient bien… Car la sagesse a l’avantage du succès !

Dans l’église locale aussi, vouloir être un bon ouvrier c’est se refuser à travailler avec une puissance empruntée. On ne triche pas avec Dieu. La première fausse note qui nous soit rapportée par le livre des Actes concernant l’église primitive touche précisément au domaine que nous évoquons (4.36 à 5.11). Barnabas, le fils de consolation, concrétise la plénitude spirituelle qui l’habite par un don généreux déposé aux pieds des apôtres, sans réserve ni arrière pensée. Ananias et Saphira lui emboîtent le pas dans un acte d’offrande apparemment similaire.

Hélas, leur plénitude n’a ni la même origine ni la même nature… Satan a rempli leur coeur (5.3). Ils ont emprunté à Barnabas son geste extérieur tout en étant habités par un autre esprit, de mensonge et d’hypocrisie. L’extrême sévérité de Dieu n’a d’égal que le péril encouru par l’église locale dans laquelle de telles attitudes se font jour. Plus tard, pendant le ministère de Paul à Ephèse, quelques exorcistes juifs connaîtront douloureusement ce qu’il en coûte d’essayer de chasser les esprits mauvais par «le Jésus de Paul». L’imitation pure et simple sans relation personnelle avec le Christ vivant et sans revêtement de la puissance d’En-Haut ne paye pas autrement qu’en accidents et blessures graves dans le combat contre le monde des ténèbres (19.13-20). Le verset 20 précise d’ailleurs que c’est par la force du Seigneur que la parole se répandait efficacement et la même pensée est reprise dans 1 Pi 4.10-11 qui indique que notre service doit s’effectuer par la force que Dieu nous accorde. Déjà dans l’ancienne alliance le jeune David a tenté d’affronter l’ennemi Goliath en revêtant une puissance empruntée au roi Saül. Mais heureusement, la sagesse et l’humilité l’avaient emporté et c’est dans son habit de berger et équipé de sa fronde qu’il avait vaincu l’envoyé du malin (1 Sam 17.38-48). Le bâton emprunté à Elisée par son serviteur Guéhazi n’avait pas suffit pour ramener à la vie le fils de la Sunamite. Le prophète lui-même avait dû livrer un grand combat dans la prière et jeter dans la bataille toutes les ressources dont Dieu l’avait équipé pour voir enfin le miracle s’accomplir (2 Rois 4.25-37).

Le service du croyant, dans l’église locale, doit jaillir d’un canal purifié, parcouru librement par le Saint-Esprit. Vivre continuellement dans la plénitude du Saint-Esprit n’est pas un luxe réservé à une élite mais une nécessité absolue pour tout disciple de Christ (Eph 5.18-21). Servir le Seigneur sans la plénitude et la puissance d’En-Haut revient à essayer d’abattre un arbre avec une hache privée de son fer!

B. Oui à la grâce qui restaure

(versets 6 et 7): Si la hache avait été la propriété du fils des prophètes, l’incident aurait pu avoir lieu quand même ! Un second enseignement s’impose après lecture attentive de ces quelques versets: la plénitude du Saint-Esprit se perd vite! Le service du Seigneur et de nos frères dans la communauté locale est révélateur des tristes réalités de notre coeur tortueux. Il suffit de se mettre à l’ouvrage pour découvrir parfois même avec effarement les limites de notre patience, l’effritement rapide de notre persévérance, les démangeaisons de notre langue acide et acerbe… Le fer glisse vite comme happé et englouti dans les flots tumultueux des péchés de toutes sortes qui attristent le Saint-Esprit. Qu’il nous suffise de relire le contexte d’Eph 4.30 pour aussitôt découvrir les multiples raisons de la perte de la plénitude intérieure: mensonge et manque de droiture, colère injuste et aveugle, vol, paresse, paroles malsaines, amertume… Que d’églises locales déchirées par des querelles sans fin, minées par des conflits de personnalités, dévorées par la jalousie et la rancune insatiables. Avec une émouvante clarté, l’histoire de cette cognée empruntée nous montre la voie de la restauration et du renouvellement de la plénitude et de la puissance pour le service.
 a) Reconnaître et confesser ouvertement et précisément la faute commise: Il était emprunté… Il lui montra l’endroit (5b, 6a).
 b) Regarder à nouveau la Croix du Calvaire (6b).
Le geste sauveur d’Elisée annonce la Croix, le lieu des miracles les plus incompréhensibles. Confondue avec le jugement terrible qui frappe à mort le Fils de Dieu, la grâce inouïe du Libérateur se déploie dans toute son énergie, changeant les situations les plus impossibles. Elle est plus puissante que toutes les pesanteurs désespérantes qui nous enfoncent, infiniment plus forte que la loi du péché qui voudrait nous faire disparaître à jamais dans les flots d’un enfer insatiable. Regarder à la Croix, c’est réaliser que le sang de Jésus-Christ n’a rien perdu de sa puissance pour purifier parfaitement notre conscience des oeuvres mortes afin que nous servions le Dieu vivant (Héb 9.14).
 c) Saisir le pardon de Dieu et la plénitude retrouvée.
(7 il tendit la main et le prit.)
Tendre la main de la foi pour saisir les promesses de pardon et de restauration et les appliquer à notre vie: Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice (1 Jean 1.9).

Conclusion

Au coeur d’une vie d’église en marche se dresse la Croix de Golgotha. Elle est le pivot, l’axe de la grâce autour duquel tournent la santé et l’efficacité de l’église locale dans son témoignage. Elle signifie esprit de sainteté à cause du prix infiniment élevé payé par le Christ lorsqu’il versait son sang pour effacer notre dette. Elle signifie également esprit d’humiliation et de pardon réciproque, marche dans la transparence et la lumière de Dieu, renoncement constant à satisfaire les convoitises de la vieille nature crucifiée avec Christ. Tout cela est rendu possible par le ministère du Saint-Esprit qui demeure dans le coeur de chaque croyant et qui est plus grand que celui qui est dans le monde (1 Jean 4.4). Une église en marche ne perd de vue ni la Croix, ni le tombeau vide. Le Crucifié est aussi le grand vainqueur de la mort, le restaurateur parfait, le réparateur des brèches, celui qui relève, fortifie et donne le vrai repos. Tout ceci me remet en mémoire une anecdote entendue dans un lointain passé. Au fronton d’une chapelle nouvellement inaugurée avait été reproduit le début de 1 Cor 1.23: Nous, nous prêchons Christ crucifié. Au pied du mur, du lierre avait été planté qui peu à peu s’était mis à grimper. Dans ses débuts, l’église était bien vivante et la chapelle se remplissait de plus en plus car Christ crucifié était proclamé avec fidélité et puissance. Avec le temps, le lierre grimpant toujours plus haut couvrit le mot «crucifié», Dans la chapelle hélas Christ n’était plus présenté que comme exemple, grand sage parmi les sages. Les problèmes se multipliaient et l’église stagnait. Bientôt, le lierre couvrit le mot «Christ». Dans l’église, l’Evangile avait fait place nette à l’humanisme, au social, voire même à la politique: les rangs étaient de plus en plus clairsemés. Finalement, le lierre couvrit l’inscription toute entière: l’église était vide!

Au moment de mettre le point final au dernier chapitre de cette longue réflexion sur l’église locale, une question s’impose à mon esprit. Je vous la livre: Qu’en est-il de ma hache aujourd’hui? Puissance empruntée ? Manche sans fer? Tranchant émoussé?

Seigneur, je te montre l’endroit où j’ai perdu la puissance dans le service, le feu du premier amour, la paix d’une conscience purifiée, la plénitude du Saint-Esprit… Je reviens à la Croix! Tu es mon Elisée, mon sauveur parfait, le réparateur dont j’ai infiniment besoin. Tu veux purifier ma coupe par ton sang afin que le Saint-Esprit la remplisse à nouveau et qu’elle déborde, selon tes promesses.

M.D.
   

Nous, nous prêchons Christ crucifié
    1 Cor 1.23

Après avoir présenté «La Bible et ses versions» (No 101/1992) nous résumons dans les lignes qui suivent la question du libéralisme théologique, souvent appelé la haute critique. Celle-ci essaie de remonter aux sources et aux origines de la Bible et de ses livres.

Manifestation à Lausanne

En 1992, la Ligue pour la lecture de la Bible a fêté son 125e anniversaire. Voulant marquer cet événement, la Ligue suisse a conçu le projet de présenter en Suisse le modèle grandeur nature du Tabernacle de Moïse, créé il y a quelque temps en Allemagne par le Bibel-Center de Breckerfeld. Ce modèle, dressé dans le quartier général de la Ligue à Vennes-Lausanne, a été enrichi d’une excellente exposition sur la Bible, ainsi que de montages audio-visuels du CEP A. Pour compléter l’ensemble, des ateliers de fabrication (poterie, cuivre, tissage, etc.) ont été créés, ainsi qu’un «chemin dans le désert» où l’on voit de l’eau couler d’une roche, le tout parsemé de versets bibliques appropriés, peints sur pierre. Il y a même, en cage, quelques cailles, et, dans un enclos, un chameau – un vrai, à deux bosses !
 La manifestation se préparait bien et le grand public commençait à recevoir la «pub» à ce sujet. C’est à ce moment-là que des protestations protestantes s’élevèrent alors que les rabbins se montraient plutôt favorables! Des articles apparurent, dénigrant l’action de la Ligue. Le journal «le Protestant» publia un article: «La vérité du Tabernacle» (1); le magazine de la Société Biblique ne parla que de la «Spiritualité du Tabernacle» en refusant son historicité (2)!

Libéralisme théologique

L’argument avancé par les auteurs de ces articles est tout simplement celui du libéralisme théologique: les textes concernant le Tabernacle dans les livres de l’Exode, du Lévitique et des Nombres, ne seraient ni de la plume de Moïse, ni de son époque. Tous les textes seraient plutôt une fiction pieuse, écrite au temps de l’exil babylonien, voire après, et attribué et (faussement) à Moïse.

Les écrivains de ces textes bibliques (intéressants mais frauduleux) seraient, selon cette thèse, de la classe sacerdotale – ce qu’on appelle techniquement la source P. Nécessairement, bien d’autres textes de la Bible auraient d’autres «sources», que les auteurs traditionnellement reconnus (on parle des sources J, E, D, H) (3). Les auteurs véritables, tel Moïse, ont été tout simplement… «licenciés». Ainsi, Moïse ne serait nullement l’auteur du Pentateuque; les Psaumes seraient plutôt le livre des cantiques du 2e temple, (très peu proviendraient de David); la prophétie d’Esaïe aurait au moins trois auteurs. Michée et Zacharie seraient «cousus» pareillement et des fragments de leur oeuvre sont attribués à d’autres écrivains. Les livres de Ruth et de Jonas ne seraient que des histoires pour apprendre à Israël à ne pas se montrer sectaire. Le livre de Daniel ne serait pas de l’époque de son héros, il viendrait du temps des Macchabées, environ 165 avant J.-C. Voilà quelques thèses de la haute critique, dite libérale.

Si nos lecteurs désirent de plus amples informations à ce sujet, qu’ils se renseignent en étudiant les introductions aux livres bibliques présentées dans certaines versions: TOR, Jérusalem, et autres. Même les annotations dans la version en «Français courant» ne sont pas complètement libres de ce modernisme. Que le public évangélique en soit averti!

Origine de ces thèses

La théologie libérale est un enfant du rationalisme des encyclopédistes français du 18e siècle, le siècle dit des Lumières. Ces philosophes, déistes pour la plupart, avaient rejeté la notion d’un Dieu personnel qui se révèle aux hommes. Tout phénomène naturel s’explique, croyaient-ils, et «l’hypothèse» d’un Dieu qui intervient dans l’histoire humaine n’est pas nécessaire. Le fruit de leurs labeurs se trouve dans les 35 volumes de leur Encyclopédie, travail d’érudition remarquable, mais devenu aussi une tribune pour attaquer la religion en général.

Cet esprit de recherche et d’explication du 18e siècle est allé trouver «gîte et couvert» de l’autre côté du Rhin chez les théologiens allemands protestants du 19e siècle, eux-mêmes déjà influencés par l’Aufklärung (4). Selon eux, le judaïsme et le christianisme ne seraient pas des religions divinement révélées; les miracles, interventions de Dieu, n’auraient jamais eu lieu; les prophéties bibliques ne pouvaient pas avoir été prononcées des siècles avant l’accomplissement des événements prédits! Tout cela, au nom du rationalisme.

Deux livres, «Principes de géologie» (5), et «De l’origine des espèces par voie de sélection naturelle» (6), parus vers le milieu de ce même siècle, ont apporté beaucoup d’eau à ce moulin libéral. La thèse évolutionniste de la planète Terre et de la vie animale, lancée par les auteurs de ces livres, a été appliquée à la religion, qui aurait tout simplement évolué de l’animisme, en passant par le démonisme, le polythéisme, la monolâtrie, jusqu’au monothéisme de l’Ancien Testament, puis à celui du Nouveau Testament.

A partir d’une telle hypothèse, F.C. Baur (1762-1860), J. Wellhausen, (1844-1918) et bien d’autres ont commencé à redater les textes bibliques. Les textes trop «évolués», selon l’échelle évolutionniste établie, ont été remis «à leur place chronologique». Force était alors d’inventer de nouveaux auteurs, d’où les «sources»: J,E,D,P, etc. Toute cette théorie semblait être confirmée, pour le Tabernacle, par le fait que nous ne trouvons que peu de références à celui-ci et au culte mosaïque dans les livres historiques qui suivent le Pentateuque: Josué, Juges et 1 Samuel.

Comment réfuter?

Ce que les libéraux ont oublié en cherchant confirmation dans les récits historiques rédigés après les cinq livres de la Loi de Moïse, est tout simplement l’infidélité des Israélites. Le syncrétisme qu’ils ont pratiqué pendant la période des Juges les avait éloignés du culte mosaïque. On ne retrouve le Tabernacle qu’au début du livre de 1 Samuel et bien vite il disparaît de nouveau de la page biblique. Les péchés d’Hophni et de Phinées, fils du souverain sacrificateur et juge Eli, avec la prise de l’arche par les Philistins, ont pour ainsi dire forcé l’Eternel à abandonner Silo (7).
 Nous devons aussi comprendre que toutes les lois et les règles sur les sacrifices données à Moïse par Dieu, n’ont pas pu être mises en pratique et appliquées à la lettre, même pendant la marche dans le désert (8). D’ailleurs, c’est bien évident que beaucoup d’entre elles avaient été écrites dans la perspective de l’entrée dans le pays promis, (voir Nom 15.2). Cependant, qu’elles aient été données à Israël par Moïse et que le Tabernacle ait été dressé au pied du Sinaï, voilà ce que nous acceptons comme historique.

L’apport de l’archéologie

Nous pouvons encore évoquer certaines découvertes archéologiques qui viennent contrecarrer la pensée libérale qu’un tel culte fut impossible à l’époque de Moïse.

Si d’autres peuples, tels les Egyptiens, transportaient des tentes démontables et des coffrets religieux par des barres passées dans les anneaux fixés au coffret, pourquoi les Israélites vivant plus ou moins à la même époque, en auraient-ils été incapables? Si les Cananéens de Ras Shamra (Ougarit) au 14e siècle pratiquaient un culte avec un sacrificateur en chef, offrant des holocaustes et des sacrifices pour le péché, pourquoi refuser cette possibilité au peuple d’Israël qui vivait à la même période? (9) Non pas que Moïse ait «copié» sur les autres peuples: il a été, comme la Bible le précise, «divinement averti», Dieu lui ayant montré le modèle sur la montagne (voir Héb 8.5; Act 7.44; Ex 25.9, 40; etc.).

L’archéologie aidant, un examen plus approfondi des thèses libérales révèle les incompatibi1ités qui jaillissent partout dans leurs propos.

Libéralisme: une échelle de valeurs changeante

L’un des grands problèmes que présente le libéralisme est que ses théories évoluent continuellement. Par exemple, les introductions des premières éditions de la TOB (voir ci-dessus) ont déjà dû être modifiées dans une édition plus récente.
 Pour ce qui concerne le Tabernacle, même un commentaire moderniste, tel que Peake (édition de 1967), est contraint d’avouer que le récit de la construction du Tabernacle dans le désert «ne peut plus être regardé comme une fiction de la source P. D’ailleurs, est-il ajouté, il est de plus en plus reconnu que beaucoup d’éléments de P ont pour base d’anciennes traditions historiques sérieuses». Tout en maintenant l’hypothèse des sources pour le Pentateuque, les éditeurs du commentaire Peake ont dû, au moins en partie, reconnaître le bien-fondé des indications historiques évoquées dans ces livres.

Malheureusement, force est de constater que les sources du libéralisme théologique jaillissent de coeurs incrédules. La question du serpent dans le jardin d’Eden résonne encore dans les oreilles: «Dieu a-t-il réellement dit?»

Conclusion

Cependant le fait de «croire en Jésus comme Sauveur personnel» (vérité fondamentale, essentielle, et ô combien précieuse), ne nous protège pas nécessairement des doutes concernant l’authenticité de la parole de Dieu. Bien plus, nous qui aimons la Parole avons besoin d’examiner toutes choses afin de retenir ce qui est bon (1 Thess 5.21). Les promoteurs des thèses modernistes sont, et ont été, très souvent des exégètes d’une rare intelligence et d’une grande érudition. Nous ne mettons pas en doute leur culture biblique et générale. D’ailleurs tous leurs travaux n’ont pas été vains (10). Mais leurs conclusions qui relèvent d’abord d’idées «a priori» (11), puis de la philosophie et d’un certain type d’exégèse (12), les ont amenés à emprunter des déviations tortueuses plutôt que de rester sur, les routes nationales spirituelles et bien tracées de la Bible. Sur ces bases, le diable ne pouvait que rapidement entamer leur confiance personnelle dans la Parole écrite (la Bible), et dans la Parole vivante (le Christ).

L’influence de tout ce mouvement libéral et moderniste a été néfaste. Il a engendré, et engendre encore, un protestantisme souvent sans foi et sans convictions bibliques (13). Ce qui est encore plus malheureux, c’est que les théologiens catholiques, qui avaient cependant combattu ce modernisme, même par des encycliques papales (14), ont été eux aussi entraînés dans ce sillage d’ incrédulité.

Le libéralisme théologique ne fait que museler la Bible, tandis que la proclamation de tout le conseil de Dieu, l’Evangile de la vérité biblique, est le sine qua non de l’accession au salut. Seule la voix de Dieu peut donner la vie à nos contemporains, car… Toi seul, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle.

«Toutes les chances des Eglises résident dans la Bible, si elles réussissent à la laisser parler dans lemonde actuel» Karl Jaspers, philosophe (1883-1969).

NOTES:

1 Le Protestant, No 4, avril 1992. P 5. «La vérité sur le Tabernacle». Samuel Amsler.
2 Société Biblique Suisse. Bible Actualité 1/1992 (plusieurs articles).
3 L ‘hypothèse de plusieurs auteurs pour le Pentateuque a une longue histoire. Jean Astruc, 1684-1766, en est le premier promoteur officiel. Elle a été élaborée sur le postulat qui affirme que les auteurs proposés dans les livres bibliques ne sont pas nécessairement les vrais auteurs. Les textes bibliques sont donc attribués à des «sources», selon leur contenu, leur vocabulaire, leurs figures de rhétorique, sujets préférés, etc. L’hypothèse ne reconnaît pas l’unité de la structure des livres et des parties des livres. C’est cette structure qui milite contre de tels découpages.
4 Die Aufklärung: mouvement de recherche rationaliste allemand, dû principalement aux travaux de Christian Wolff ( 1679-1754), et de H.S. Remarius (1694-1768).
5 Les «Principes de géologie» de Charles Lyell préconisent «l’étude des phénomènes en action», (Larousse). Lyell prône «L’évolution lente de la formation des couches géologiques» et s’élève contre le catastrophisme. Bien des chrétiens reconnaissent la valeur de ces propositions tout en n’excluant pas le catastrophisme, telle déluge de la Genèse.
6 Charles Darwin (1809-1882), publia son livre en 1859, suite à un voyage autour de l’Amérique du Sud, pendant lequel il a pu étudier certaines formes de la vie animale sur des îles au large du continent. Ces formes de vie, isolées géographiquement de leurs espèces semblables, auraient, pour Darwin, évolué autrement que celles d’ailleurs.
7 Voir Ps 78.60; Jér 7.12, 14; 26.6,9.
8 Les sacrifices de la fleur de farine seraient difficilement réalisables au cours du voyage dans le désert puisqu’Israël, nourri de la manne, ne pratiquait que très rarement le labourage (voir Nom 20.5).
9 Les articles du Nouveau Dictionnaire Biblique ( 1992, Emmaüs) éclairent ces points. Voir: Arche, Ras-Shamra.
10 Un bon exemple du travail accompli par la haute critique serait l’antériorité de l’Evangile selon Marc, au lieu de celle de Matthieu, qui avait généralement été acceptée à travers les siècles. Un autre exemple serait la datation de l’épître aux Galates. Actuellement, grâce à la haute critique, elle est en principe reconnue comme la toute première lettre de Paul, écrite peu de temps après son premier voyage missionnaire.
11 Voir ci-dessus, dans le paragraphe: «Origine de ces thèses». 1l y a surtout trois à priori: 1. Le christianisme n’est pas une révélation divine. 2. Le miracle n’existe pas. 3. Les prophéties n’ont jamais été prononcées des siècles avant l’événement.
12 Dans l’exégèse faite par les théologiens libéraux, il y a souvent d’abord un essai d’amélioration du texte original. On soupçonne des erreurs de copistes dans le texte biblique dès qu’il présente des problèmes de compréhension. Aussi essaient-ils de le changer en proposant d’autres termes et/ou lettres. Par exemple, E. Heaton dans son commentaire sur Daniel (1967. SCM Press Ltd), déclare d’emblée que les versets 24-27 de Daniel 9 sont «extrêmement corrompus au point de vue du texte», alors que E.J. Young, dans le Nouveau Commentaire Biblique parle de «ce paragraphe remarquable», malgré des difficultés de traduction.
13 Bien évidemment ce fait n’exclut pas qu’un reste fidèle de pasteurs et d’ouailles évangéliques existe toujours au sein du protestantisme multitudiniste, agissant toujours pour la gloire de Dieu.
14 Le Syllabus de Pie IX et les encycliques de Pie X, Lamentabili et Pascendi étaient particulièrement anti-modernistes.


P.W.


Titre: Clés pour la musique (198 P)
Auteur: William Edgar
Editeur: Sator, coll. Alliance, 11 rte de Pontoise, F-95540 Méry/Oise

Ce livre, très fouillé, devrait intéresser tous les musiciens, plus particulièrement ceux qui ont un certain bagage, les propos de l’auteur, w. Edgar faisant souvent référence à des domaines connus surtout des spécialistes: musique des sphères (p.48), formalisme (p.110), égalitarisme (p. 143), musique sérielle (p. 146, 183).

L’auteur se situe dans le même courant de réflexion qu’un Francis Schaeffer.

Chap. 1: Après avoir fait «l’état des lieux» et analysé les diverses manières dont le phénomène musical pénètre notre culture, w. Edgar invite les chrétiens à réfléchir et à réagir pour ne pas se laisser distancer par la rapide évolution des choses dans ce domaine (p.36). Le même constat se retrouve dans le livre de Rookmaaker: «L’art et la mort d’une culture». W. Edgar invite de la sorte à un éveil de toutes les facultés intellectuelles et de sensibilité pour cerner les enjeux. Il offre ensuite une réponse biblique aux préoccupations de nos contemporains (p.37).

Chap. 2: L’auteur s’attache à désamorcer l’argument souvent entendu que la musique fondée par Jubal (Gen 4.21 ), est d’origine douteuse et son emploi sujet à caution. Pour affiner ses affirmations, W. Edgar définit les liens et les incompatibilités entre culte et culture (p. 56, 57, 67, 68).

Chap. 3: Approche technique de divers courants musicaux d’avant-garde, particulièrement porteurs de messages extra-musicaux. Mais la musique doit-elle servir à la propagande, philosophique, politique ou religieuse? (p. 87,88).
 W. Edgar distingue les divers langages en les replaçant dans leurs niveaux respectifs de communication et en dénonçant la tentation de fondre tout en UN (p. 91,97).

Chap. 4: L’auteur tente de répondre à la crainte d’un Calvin et d’autres avec lui, qui soupçonnaient la musique d’être un véhicule possible du mal (concernant le rock: p. 132, 136, 137).

Chap. 5: L’auteur reprend, en l’amplifiant, un thème du 1er chapitre, en plaidant pour une Eglise partie prenante et sérieuse dans sa vocation culturelle et musicale (p. 155, 156, 159, 161).Dénonciation également de ce que beaucoup considèrent comme une logique dont il faut s’accommoder (p. 172). Le livre se termine par une exposition de ce qui devrait caractériser la musique d’un compositeur dans l’Eglise: un style au service d’une meilleure communication; une expression musicale naturelle; une unité entre la forme et le contenu; une authenticité réelle.

Livre intéressant et très fourni, définissant avec précision les contours des différents aspects de la musique ainsi que son utilité.

La Maison de la Bible


CHRONIQUES DE LIVRES

Titre:
 
Entourer les faibles (192 P)
(Die Schwachen tragen)
Auteur: Samuel Pfeifer
Editeur: Brunnen Verlag, Bâle

Le Docteur Samuel Pfeifer, médecin psychiatre et psychothérapeute, est actuellement médecin-chef d’une clinique près de Bâle. Ce livre est né d’une série de conférences sur le thème «Psychiatrie et relation d’aide». On constate aujourd’hui un accroissement très sensible des maladies dépressives. «Les maladies psychiques n’épargnent pas les chrétiens.» «Que de fois n’ai-je pas entendu cette question: Comment un chrétien qui croit de tout son coeur à la Bible peut-il être atteint de troubles psychiques?» (p.13).

Dans son livre, le Dr Pfeifer a su combiner de solides connaissances médicales, une riche expérience avec les malades et une optique résolument biblique. Le livre se divise en trois parties:

1ère partie (p.13-64 ): Il nous rappelle que le cerveau humain est la plus grande merveille de toute la création. « Il n’existe au monde aucun ordinateur ni aucun central téléphonique qui soit en mesure de stocker et d’échanger autant d’informations dans un si petit volume» (p.37).

2ème partie (p.67-156): Il se penche sur les différents types de maladies psychiques: angoisse, obsession, hystérie, dépression et enfin schizophrénie.

3ème partie (p.159-186): Entourer les faibles, soins globaux aux malades psychiques. La relation d’aide concrète.

Dans le dernier chapitre, «Vivre avec ses limites», il fait remarquer que «certains milieux chrétiens sont contaminés par la folie qui aspire à une guérison immédiate et complète. Car pour beaucoup, seule la guérison est le vrai signe de la foi, seul le miracle atteste l’intervention de Dieu» (p.175).

Il termine son livre par «une nouvelle conception de l’espoir» et il conclut: «Puisse la lecture de ce livre vous donner le courage de persévérer à porter les fardeaux que Dieu permet dans votre vie» (p.185).

Il est regrettable que ce livre manque totalement de références lorsqu’il cite d’autres auteurs. Le livre est assez technique, bien que le Dr Pfeifer ait essayé de rendre simple un sujet compliqué.

La Maison de la Bible


Dans les 2 derniers numéros de Promesses, le pasteur Peter Masters a défini les différentes formes que peut prendre la dépression, décrit quelques facteurs qui la déclenchent, et indiqué des stratégies de redressement.

En introduction de cet article, on formulera quelques conseils importants dans la pratique de la relation d’aide avec un dépressif. Premièrement, il ne paraît pas souhaitable, ni utile, que les croyants touchés par ce mal soient aidés et suivis par la moitié de l’assemblée, car la dépression tombée «dans le domaine public» conduit à coup sûr à une recherche ou une soif exagérée de marques de sympathie, jusqu’à en rendre le malade dépendant. Ensuite il faut insister sur le rôle vital du sommeil, même si la plupart des dépressifs n’en sentent pas la valeur. Nous devons affirmer que le sommeil est une compensation normale lors d’un tel épuisement physique, psychique et moral. En dernier lieu, on évitera tant que possible d’aborder des thèmes conflictuels à une heure avancée de la nuit, de peur que l’angoisse s’installe jusqu’au petit matin.

Voici les prises de conscience et les attitudes correctives qui devraient ponctuer le retour d’un dépressif à la vie normale:

1) Admettre le côté irrationnel de la maladie

Les personnes qui traversent la vallée de la dépression devraient être conduites, peu à peu, à admettre qu’elles ont une forme de pensée moins rationnelle que d’habitude, puisque par définition cet état est caractérisé par les jugements négatifs et les conclusions pessimistes. David en donne la description en l Sam 27.1 : Je périrai un jour par la main de Saül; il n’y a rien de mieux pour moi que de me réfugier au pays des Philistins. Dans son découragement et son anxiété, David développe une vision déformée de la situation. Toute l’évidence de la puissance protectrice de Dieu sur lui s’évanouit de par la surestimation des dangers environnants. Pour la seconde fois il paraît incapable de se souvenir de l’onction et des affirmations de Dieu en relation avec la royauté à laquelle il est destiné. Sa souffrance intérieure affaiblit sa foi au point de le faire succomber à une folle attitude de fuite et d’abandon. La dépression doit être reconnue comme une atteinte de l’être intérieur tendant à déformer les choses et à ébranler les certitudes, oscillant du simple doute à l’incrédulité ouverte. Par conséquent, il est vital de rééquilibrer le fonctionnement et la faculté de penser de celui que nous voulons aider!

2) Refuser les coups de tête

Aussi longtemps qu’une personne n’est pas complètement hors d’affaire, il faudrait l’empêcher de prendre des grandes décisions. Je connais une quantité de gens qui ont commis des actes plus qu’absurdes en pleine phase d’irréalité, tels que quitter leur emploi, déménager ou briser une amitié; ils en arrivent à développer des situations préjudiciables pour tout le monde; j’ai vu des pasteurs s’écarter de l’église et des anciens, des missionnaires se désintéresser de leur service. A chaque fois, ils sont convaincus que leur situation est insoutenable, leur travail une faillite, leurs collègues antipathiques et que toute espérance de bénédiction est vaine. S’il faut dissuader un dépressif de défaire et briser son oeuvre par un coup de tête, il faut en revanche lui souligner l’obéissance à la volonté de Dieu et chercher à la découvrir avec un esprit sain (cf 2 Tim 1.7 v.a.), en le persuadant que les décisions prises sous le coup du découragement sont émotionnelles et déséquilibrées. Pour arriver à ce résultat, je pense qu’il faut protéger la personne des autres croyants, bien intentionnés, mais formant un cercle de pseudo-psychiatres peu qualifiés !

3) Discerner l’activité du diable

Au cours de l’approche pastorale de celui qui souffre d’abattement, on peut lui expliquer la signification du combat spirituel décrit en Ephésiens 6, même s’il connaît ce thème. Il n’est pas inutile de rappeler que le diable est cruel au point d’attaquer durement celui qui est par terre. Il faut dire aussi que les pensées les plus cyniques, incrédules, accusatrices et pessimistes sont suscitées par Satan. S’il ne peut pas ôter le salut d’un enfant de Dieu, il peut, pour un temps, lui enlever toute joie et toute paix dans la foi et le pousser dans les extrêmes limites de l’angoisse.

4) S’appuyer sur la Parole

Une des caractéristiques de la dépression réside dans le fait que la rébellion et la tromperie propres au coeur humain accablent le malade au point qu’il se croit continuellement sous la condamnation de Dieu. Il incombe au pasteur d’être très clair et de revenir fermement sur l’enseignement biblique des deux natures du croyant sans esquiver le conflit entre la nouvelle nature donnée par Dieu et la vieille nature charnelle déchue. Malgré la turpitude de la vieille nature, il faut reconnaître les marques de la nouvelle, car c’est une réalité infiniment précieuse. Lorsqu’on perd de vue cette doctrine, on se met immédiatement au service de la vieille nature. La nouvelle nature doit être considérée comme le «vrai moi», et la vieille comme un «squatter» blessant qui sera finalement expulsé au seuil de l’éternité. Romains 7, après un dur constat, enseigne une totale délivrance grâce à la force de Jésus-Christ.

5) Exercer sa foi

L’exercice de la foi paraît souvent hors de question pour un dépressif. Il n’éprouve aucune assurance et ne tente rien pour s’approcher de Dieu. Il fait penser à un naufragé qui s’agrippe désespérément à une pièce de bois, sans rien voir d’autre à l’horizon qu’une tempête et des requins! Dans le texte du Psaume 42.6 et 50.15 on lit que l’abattement et la détresse ne suppriment pas la foi; au contraire, l’espérance, la louange et la délivrance prennent la place de la tristesse. Le texte d’Esaïe 50.10, bien connu pour les temps d’obscurité, nous donne l’assurance que l’expression de la foi ne dépend pas de ce que l’on sent: Quiconque marche dans l’obscurité et manque de lumière, qu’il se confie dans le nom de l’Eternel, et qu’il s’appuie sur son Dieu. Il faut oser déclarer qu’il y a des périodes dans la vie, et la dépression en est une, où la faculté de sentir et la force de l’assurance ne sont pas nécessaires à l’exercice de la foi. Assommé par une espèce de torpeur, l’enfant de Dieu connaît l’impasse, mais il lui est demandé de s’appuyer sur son Dieu, de considérer la prière comme un devoir plus qu’un besoin en l’absence de sentiments. C’est la forme la plus élevée de l’adoration, elle est précieuse pour Dieu. Cela s’appelle la foi nue, c’est un noble cri, une loyale adoration que nous trouvons dans le Psaume 130. 1, 5, 6: Du fond de l’abîme je t’invoque, ô Eternel!… J’espère en l’Eternel, mon âme espère, et j’attends sa promesse. Mon âme compte sur le Seigneur, plus que les gardes sur le matin, que les gardes sur le matin.

C’est au plus bas de sa forme que Job prouve son attachement à Dieu; dépourvu de joie et de réconfort, terrassé par les épreuves, il donne toute la gloire à Dieu. Il faut rappeler à celui qui est touché par la grande lassitude que provoque la dépression, que son bien-être spirituel repose entièrement sur l’oeuvre de Christ et non sur ses performances, et lui dire que la période qu’il traverse en ce moment lui permet de fixer son esprit sur les mérites et la justice de Christ, sur son oeuvre parfaite et achevée. Si nos élans de foi ont de la valeur devant Dieu lorsque nous nous sentons heureux et bénis, quel prix ont-ils lorsque nous sommes perdus dans les brumes de la dépression! C’est pourquoi l’impératif de se confier dans le nom de l’Eternel et de s’appuyer sur Dieu (cf Esaïe 50.10) sauvera les dépressifs du pire symptôme de cet état, à savoir l’amour de soi.

6) Persévérer dans la prière

La prière est un exercice pénible quand il y a désintérêt spirituel et difficulté à se sortir de ses propres misères. Lorsque le dépressif prie, c’est un appel au secours continuel; l’engorgement de ses pensées fait penser à un automobiliste qui tente de se maintenir à une distance de 4 ou 5 voitures en pleine circulation alors que l’espace se comble au fur et à mesure. La source intarissable des perceptions négatives se combat Bible en main pour amener à considérer les promesses de Dieu. La lecture de la Parole de Dieu permet de redécouvrir les justes proportions des choses.

De plus, elle pousse à la consécration, à la louange et à la repentance. Il faut limiter la lecture à 10 ou 15 versets dans certains cas, jusqu’à ce que l’influence de l’Ecriture sainte pénètre, noyaute l’obsession personnelle et subordonne l’âme abattue. La persévérance dans la prière est une tâche que le dépressif doit accomplir, non seulement pour sortir de son tunnel, mais pour honorer Dieu. Nous avons le devoir, comme pasteurs, de rappeler le texte d’Ephésiens 6.18… toutes sortes de prières. Le découragement et la blessure intérieure ne dispensent pas des devoirs fondamentaux du chrétien. En dépit du mal-être qui enlise dans l’égoïsme et l’indifférence aux autres, il faut batailler sans faiblir pour amener un croyant démoralisé à sonder l’Ecriture Sainte, à louer Dieu, à le remercier pour son salut, pour la vie nouvelle en Jésus-Christ, l’inviter à persévérer dans la prière et croire, malgré la tristesse de ses sentiments, que Dieu est fidèle, qu’il donne la glorieuse promesse de bonheur éternel, qui surpasse de loin les afflictions présentes.

Dans cet article, je me suis efforcé de fournir une panoplie biblique concrète pour lutter contre la dépression, mais je ne cache pas que souvent tout est par terre le lendemain d’un entretien pastoral et qu’il faut alors recommencer à zéro, rappeler sans cesse que la prière est un ministère que Dieu attend des croyants en dépit de la sensibilité spirituelle engourdie. L’esprit peut être fatigué, diminué, tourmenté et accablé, mais un véritable enfant de Dieu demeure un sacrificateur pour son Père (cf Apocalypse 1.6).

P.M.


Message de la secrétaire du journal:

Jérémie 29.11-13

Dieu a un plan merveilleux pour chacun de ses enfants. Mais Il permet soit:
-que tout se passe sans problème,
-qu’il y ait parfois des épreuves à surmonter.

On dit facilement, quand ça ne va pas, que c’est Satan qui nous empêche d’avancer dans la vie chrétienne. Mais même si Satan n’apprécie pas que nous nous approchions de Dieu, et qu’il mette tout en oeuvre pour nous décourager et nous éloigner de notre Sauveur, il ne faut pas oublier que Dieu est le créateur de toutes choses. Es 45.7 indique que Dieu est le créateur de la lumière, mais aussi des ténèbres. il a créé la prospérité, mais aussi l’adversité.

1) Pourquoi Dieu permet-Il les épreuves?

 Pour éprouver la foi du croyant, pour rapprocher le croyant de Lui, pour que le croyant réalise qu’il est dépendant de Dieu, pour que le croyant apprenne à mieux connaître Dieu, pour que le croyant glorifie Dieu au sortir de l’épreuve, pour prouver sa fidélité au croyant, parce qu’il aime ses enfants et veut leur apprendre à se battre avec les armes de la foi.

2) Quelles sont les réponses de Dieu aux supplications des croyants dans l’épreuve?

OUI  Dieu répond positivement parce que c’est sa volonté.
NON  Dieu répond par la négative tout en procurant l’encouragement nécessaire pour supporter l’épreuve, parce qu’Il a d’autres choses meilleures en réserve pour nous.
PLUS TARD   Dieu nous laisse attendre parce qu’Il veut que nous comprenions que sans Lui nous ne pouvons rien, que nous devons mettre toute notre confiance en Lui, que ce n’est pas Sa volonté maintenant, qu’il est avantageux de nous soumettre à Lui ( confession, humilité, etc), qu’Il a d’autres choses plus importantes à nous faire découvrir avant de résoudre l’épreuve que nous traversons, qu’Il va utiliser cette épreuve pour Sa gloire (témoignage auprès des autres p.ex.).

Rom 8.28 nous assure que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu; dans «toutes choses» sont comprises: les joies et les peines, la vie et le deuil, la santé et la maladie, etc. D’autre part, nous savons que l’épreuve est passagère (1 Pi 5.10) et que Dieu promet la consolation (2 Cor 1.7).

3) Comment la délivrance peut-elle intervenir?

Par la guérison en cas de maladie, par la mort également, par une libération en cas de blocage spirituel, par le pardon des péchés sincèrement confessés, par un changement de situation, par une transformation de notre mentalité (nos raisonnements et notre appréciation).

4) Comment réagir face à l’épreuve?

Ne pas s’inquiéter mais s’en remettre entièrement à Dieu ( Matt 6.25-34; Phil 4.6). Dieu nous aime au point d’avoir donné Son propre Fils pour nos péchés, et II sait de quoi nous avons besoin avant même que nous le Lui demandions. Mais c’est aussi une preuve d’amour que de nous adresser à Lui comme à un père quand nous sommes dans l’épreuve. Un père fait tout ce qu’ll peut pour que ses enfants soient heureux et protégés du mal; à combien plus forte raison Dieu fait-ll tout ce qui est en Son pouvoir pour nous conduire à l’abri du mal. Alors remettons-Lui nos soucis, nos craintes, nos épreuves simplement, en nous souvenant des promesses de Sa Parole.

Myriam Blumenstein


(Juges 15)

Israël devait passer tous les habitants de la terre promise par le fil de l’épée (Deut 20.16). La conquête par extermination commencée sous Josué devait être achevée par les générations suivantes. Devant le refus d’accomplir la justice divine, devant la multiplication de compromis et d’alliances avec les populations locales, Dieu s’est retourné contre son peuple. Comme annoncé par Moïse (Deut 28.15-68), le malheur était au rendez-vous.

La tâche de Samson consistait à sortir le peuple de sa léthargie, à le sensibiliser aux dangers des compromis et, en fin de compte, à le mener au combat contre les Philistins. Comme nous l’avons indiqué dans deux études antérieures (Promesses 1993/4, 1994/1 ), Samson est fidèle à l’Eternel. Au travers d’actes symboliques, il cherche à enseigner son peuple. Son mariage avec une Philistine montrait les dangers de mauvaises alliances.

Les récits du chapitre 15 reprennent et complètent le chapitre 14. Samson poursuit son enseignement sur la nature des Philistins et sur le danger d’alliances avec ce peuple. Comme lors de son mariage avec la Philistine (chapitre 14), notre héros enseigne son peuple au travers d’actes symboliques.

Samson visite sa femme

A l’époque de la moisson, Samson retourne vers la Philistine qui lui avait été promise (15.1). Pourquoi retourne-t-il vers elle, puisque lors des noces, il avait dévoilé la nature corrompue de cette femme et de tous les Philistins (Promesses 1994/ 1)? Quel sens donner aux paroles du juge lorsqu’il dit: je vais entrer dans la chambre de ma femme?

La chambre et le lit d’une femme représentent l’endroit de l’ intimité. Samson va vers la Philistine pour s’unir à elle. Il veut consommer son mariage, car lors des noces ( corrompues par l’iniquité des Philistins ), Samson avait quitté sa femme avant de s’unir à elle. Maintenant, il veut la connaître. Cette attitude surprend, puisque notre juge venait de démontrer la folie d’une alliance avec une telle femme. Samson aurait-il modifié son opinion ou serait-il naïf au point de croire que la femme a changé ? Rien de tout cela. Notre héros est convaincu du contraire: rien n’a changé et rien ne changera (malgré la leçon de justice donnée aux Philistins). Samson se montre pourtant prêt à pardonner la trahison passée. Il est même prêt à offrir une deuxième chance aux Philistins, mais comme lors des noces, il sait d’avance que cela ne jouera pas. Il est même convaincu qu’avec les Philistins cela ne pourra jamais jouer.

Lui n’a pas besoin de voir pour le croire. Puisque le Dieu de la vie a interdit des alliances avec ce peuple, cela lui suffit. Son insistance à s’engager avec cette femme vient de son désir de laisser aux Juifs une autre preuve de la nature corrompue des Philistins: un deuxième témoignage qui confirmera le premier. Ainsi, tout doute sera balayé.

Dès son arrivée, Samson apprend que sa femme a été offerte à quelqu’un d’autre (15.1-2). La promesse de lui donner cette Philistine n’a pas été tenue. Pire, le père rejette la faute sur Samson: j’étais persuadé que tu n’avais pour elle que de la haine (15.2). Accuser Samson de ne pas tenir ses engagements, alors que ce sont les Philistins qui ont triché! C’est un comble! Les coupables rejettent la faute sur l’innocent. Ces paroles du père témoignent que rien n’a changé chez les Philistins. Aucun repentir, mais une arrogance toujours plus marquée.

Devant le contrat rompu, devant les accusations infondées, Samson, le juge, doit intervenir et punir les coupables; Lorsqu’ il dit cette fois je ne serai pas coupable envers les Philistins, si je leur fais du mal (15.3), Samson utilise une litote: puisqu’un deuxième témoignage de la culpabilité de ce peuple a été fourni, leur condamnation est sans appel.

Des récoltes incendiées

La justice de Samson sera équitable. Pour comprendre la nature du jugement, il faut saisir d’abord l’ étendue du tort. La période de la visite donne une indication des attentes de Samson. En choisisant l’époque de la moisson (15.1) pour visiter sa femme, notre homme ne manifeste pas seulement un désir de coucher avec elle, mais encore et surtout une intention de recevoir une descendance. En le privant de femme, les Philistins l’ont privé aussi de descendance.

En juste juge, Samson applique la loi du talion: oeil pour oeil, dent pour dent, moisson pour moisson. Puisque les Philistins l’ont privé de sa moisson ( c’est à dire de sa descendance), il les privera de leur moisson. Leurs champs seront incendiés. Le lecteur juif notera, en passant, qu’une alliance avec les Philistins n’offre aucun avenir, puisque toute descendance est supprimée.

300 renards attachés par la queue

Pour accomplir son jugement, Samson attrape 300 renards qu’il attache par la queue avec une torche au milieu. Une fois les torches allumées, notre juge lâche ces 150 paires pour incendier tout le pays des Philistins. L’ action du juge est riche de sens.

En attachant des renards deux à deux par la queue, Samson veut symboliser des alliances mauvaises, des alliances qui ne peuvent produire que la destruction. Imaginez deux renards attachés par la queue. Chacun va tirer de son côté: aucune harmonie n’est possible. De plus si une difficulté se présente, si un problème surgit entre eux comme une torche enflammée, chaque partie redoublera d’efforts pour partir de son côté. Une collaboration des renards pour trouver un étang, y tremper leur queue et éteindre la mèche, est inimaginable. Chacun va tirer de toutes ses forces de son côté. L’anarchie est totale. Tout le pays est parcouru au hasard des efforts de chaque animal. Aucune solution ne peut être trouvée. Pire, tout le pays est contaminé par leur problème; toute la contrée est dévastée. Le message de Samson est clair: une mauvaise alliance ne produit rien de bon. Si Israël s’allie avec les Philistins, l’avenir ne peut être que sombre. A la moindre difficulté, chaque peuple ne pensera qu’à ses intérêts et le pays sera ravagé par les nombreux antagonismes.

Certains trouveront l’action du juge cruelle envers les renards, car ces animaux ont souffert injustement. Mais, dans cette souffrance, n’y a-t-il pas encore un symbole à saisir? Lorsqu’un pays est dominé par des hommes pécheurs, toutes les créatures sont plongées dans la souffrance. Comme les animaux sont des créatures inférieures, elles partagent (en partie) le sort des humains. Ainsi lors de la conquête de certaines villes, les animaux devaient être tués avec les hommes. Si notre esprit peut s’étonner de l’ordre divin, il innocente certainement Samson.

Pour saisir tout le symbolisme de cet acte, il est bon de s’arrêter encore un instant sur la quantité d’ animaux impliqués dans la destruction du pays. Le nombre 300 est peu fréquent dans l’Ecriture, mais il apparaît une autre fois dans le livre des Juges. Jephthé affirme que 300 ans séparent la conquête de la Transjordanie de son époque (11.26). Comme l’oppression des Ammonites du temps de Jephthé est contemporaine à une oppression de Philistins (10.6-7), et comme d’autre part la durée de la période des juges (calculée sur la base de l’information contenue dans 1 Rois 6.1) est inférieure à la somme des années d’oppression et de repos indiquées dans le livre des Juges, plusieurs commentateurs concluent que Jephthé et Samson sont contemporains, l’un ayant exercé son ministère en Tranjordanie (à l’est), et l’autre sur le littoral méditerranéen (à l’ouest). Les 300 renards symboliseraient, alors, les 300 ans pendant lesquels le littoral était sous domination philistine plutôt que juive.

Des meurtriers punis

Les Philistins répliquent à l’ action de Samson en attaquant sa belle-famille: les Philistins montèrent et brûlèrent (la Philistine), elle et son père (15.6). L’injustice de ce peuple éclate une nouvelle fois. Pourquoi tuer ces gens? Même s’ils étaient coupables de l’incendie (ce qui n’est pas le cas ), la destruction de biens matériels ne justifie jamais la mort. La peine capitale ne doit être administrée qu’en cas de blasphème ou d’une atteinte grave à la personne humaine. Un délit matériel ne peut être puni que par une amende, car la vie d’un homme est plus précieuse que tout l’argent du monde.

Samson réplique en battant les Philistins rudement, à plate couture (15.8). Comme suzerain légitime de ces voisins d’Israël (voir Promesses 1994/l), Samson applique une justice équitable. Puisque les Philistins se sont comportés en meurtriers, ils doivent mourir (Ex 21.12). Pour eux, la peine capitale est méritée.
 Lorsque les Philistins avaient péché en cachette la première fois, Samson les avait punis presque à leur insu. Comme cette fois l’iniquité n’est pas dissimulée (les Philistins ont commis leurs meurtres en plein jour), Samson rétablira la justice publiquement.

L’observateur attentif relèvera une extension des hostilités. (1) Des simples menaces de mort proférées pendant les noces (14.15), les Philistins passent aux actes en tuant sans raison des membres de leur propre peuple. (2) Après le péché opéré en cachette lors des noces, les Philistins bafouent la justice ouvertement. (3) De son côté, si Samson commence par tuer 30 hommes, le nombre des victimes semble augmenter: d’un nombre apparemment important (il les battit rudement, à plate couture: 15.8), on passera à 1000 victimes (15.16), puis même à 3000 à la fin de sa vie ( 16.27) soit plus que tous ceux qu’il avait tués pendant sa vie (16.30). Cette extension des hostilités est souhaitée par Samson, car une paix avec les Philistins s’oppose à la volonté divine. Samson agite le bâton dans la fourmilière pour obliger ses compatriotes à réagir: Ne vous laissez pas séduire par de belles paroles, mais soyez réalistes et battez-vous.

La lâcheté des frères

Les actions de Samson amènent les Philistins en territoire juif, ce qui n’est pas du goût des hommes de Juda qui craignent leurs voisins et veulent vivre en bons termes avec eux. Plutôt que de réagir et de saisir l’occasion de secouer le joug philistin, les hommes de Juda s’abaissent jusqu’à livrer leur héros.

La situation de Samson est délicate. Il accepte de se livrer à ses compatriotes à une condition: jurez-moi que vous ne me tuerez pas (15.12). Samson ne veut pas se battre contre ses frères. Dans la mesure où sa vie n’est pas menacée par les Juifs, il accepte le sort qu’ils lui réservent. Son ministère se poursuivra malgré tout. Il profitera même des nouvelles circonstances pour montrer aux hommes de Juda que les Philistins ne présentent aucun danger pour celui qui est consacré à l’Eternel.

Avec une mâchoire d’âne fraîche

En communion étroite avec Dieu, Samson est invincible. Sitôt livré aux Philistins, Samson est saisi par I’Esprit de l’Eternel, (15.14), les liens sont brisés; le joug de la captivité vole en éclat.

Samson exerce une nouvelle fois son ministère de juge. L’instrument du châtiment est une mâchoire d’ âne fraîche. L’objet convient à merveille pour punir des menteurs. Puisque ces hommes ne tiennent pas parole, une demi-bouche sera utilisée.

Dans la fraîcheur de la mâchoire, certains voient un indice de1a solidité de l’objet (un vieil os serait cassant). Sans exclure la dimension utilitaire, le choix de Samson est d’abord guidé par le symbolisme. La fraîcheur de l’os introduit une dimension temporelle. Puisque les mensonges des Philistins sont récents, la mâchoire est fraîche. En effet, la dernière tromperie ne remonte qu’à quelques heures, lorsque les Philistins ont dit aux hommes de Juda: nous sommes montés pour lier Samson, afin de le traiter comme il nous a traités (15.10). Les Philistins prétendent à l’équité: puisque cet homme a tué des Philistins, les Philistins le tueront. Ce rapprochement est trompeur et déforme la réalité. En tuant les Philistins, Samson avait agi selon la justice: les meurtriers devaient mourir. Quand les Philistins veulent tuer Samson, la situation est tout autre. Samson est un homme droit. Le mettre à mort est un meurtre. La prétendue justice philistine n’est qu’un tissu de mensonges. Par une demi-bouche, ils seront jugés.

Un dernier symbolisme peut être trouvé dans la nature de l’animal choisi. Un âne est un animal impur pour les Juifs. L’os d’un tel animal convient donc bien pour punir une nation impure. De plus, dans la maxime qui célèbre sa victoire (15.16), Samson s’amuse à identifier les Philistins avec des ânes. Le parallélisme entre les deux lignes du verset 16 place sur un même plan les mille hommes tués ( 15 .16b ) avec l’expression un âne parmi les ânes (traduction de la Colombe: 15.16a). Comme le mot hébreu hâmor(traduit par âne) véhicule aussi le sens d’empiler, l’expression un âne parmi les ânes peut aussi être rendue par: un tas d’ânes (la TOB traduit par je les ai entassés). Les mille Philistins tués ne sont finalement qu’un tas d’ânes. La comparaison n’a rien de flatteur, mais pour un peuple dont les meurtres témoignent un profond mépris de la vie humaine, l’abaissement au rang d’animal se comprend.

La bénédiction divine sur Samson

Le récit se termine avec une prière exaucée. Dans le besoin, Samson prie l’Eternel. Celui-ci répond par un prodige qui rappelle Moïse (Ex 17.3-6; Nom 20.7-11). Ce rapprochement est des plus flatteurs pour Samson, et devrait convaincre tout lecteur resté sceptique quant à la justesse des actions de notre juge: secouru par Dieu d’une façon analogue, Samson et Moïse sont placés sur un même plan. Manifestement aux yeux de Dieu, les deux hommes sont d’un même calibre.

D.A.