PROMESSES

Le culte de la puissance et de la force domine notre société. En politique, en économie, par exemple, seul le plus fort peut se maintenir. La science, aujourd’hui au service de l’économie, suit le même chemin. La crise actuelle valorise encore plus la notion humaniste de «force», car une entreprise est impitoyablement soumise à la pression de la concurrence et se voit dans l’obligation de licencier «le faible», le «non-productif», le «non-rentable» .La force est dans la rentabilité pour notre société et non plus dans la valeur morale d’une personne. Ainsi, l’euthanasie est pratiquée de plus en plus couramment.

L’église est en danger de se laisser imprégner par le même esprit. Nous sommes guettés par le triomphalisme, autre forme de culte de la force. Nous avons tellement l’habitude que tout se déroule comme nous l’avons prévu et programmé. Dans cette société de consommation, tout doit marcher selon nos concepts, nos pensées, notre volonté. Devenus des enfants gâtés, nous avons tendance à imposer à Dieu ce qu’il doit faire pour nous et avec nous. N’en est-il pas ainsi dans nos vies, dans nos églises? Ca doit marcher, tourner, sinon on change de méthode. Puis brusquement, les choses ne vont plus comme prévu: problèmes d’église, problèmes de famille, maladie, chômage, ou autres souffrances. Alors nous sommes désorientés, découragés et aigris contre le Seigneur et les autres. En réalité nous avons négligé, oublié un terme de l’équation force-faiblesse: la souffrance qui fait partie de la création soupirante jusqu’au retour de Christ. Nous ferions bien de nous inspirer des 2 épîtres de Paul aux Corinthiens. Ces chrétiens furent dominés par le concept de la super-spiritualité. ils pensaient avoir reçu tout pleinement pour en jouir égoïstement à leur guise. Leur évangile était triomphaliste. Mais ils devaient apprendre à accepter la réalité de la vie chrétienne soumise aux mêmes tensions que celle de leurs contemporains.

L’Ecriture nous enseigne l’équilibre force- faiblesse sous un autre angle que le monde, et le chrétien est appelé à ne pas se laisser mouler dans le concept humaniste de la puissance où toute morale est absente, mais à être transformé par le renouvellement de l’intelligence pour discerner la volonté de Dieu (Rom 12.1- 2). Il ne peut pas vivre comme s’il fréquentait un «Mc Donald’s» spirituel où l’on avale son «fast food» en laissant la raison, la réflexion au vestiaire. Voici trois points de repère pour nous aider à garder cet équilibre spirituel si nécessaire de nos jours:

1. Dieu, Créateur de l’univers est seul omnipotent Il agit comme il lui plaît avec l’année des cieux et avec les habitants de la terre, et il ny a personne qui résiste à sa main et qui lui dise: Que fais-tu? (Dan 4.35). Mais il agit souverainement avec sagesse, justice, amour et vérité. Car ce sont ses attributs. Le roi Nébucadnetsar , qui déraisonnait, dut apprendre cela par une dure leçon (Dan 4). Notre première préoccupation est donc d’apprendre à connaître Dieu, ses pensées et sa volonté par le moyen de l’Ecriture. Méditons-la et cherchons à le mieux connaître. Nous serons ainsi gardés de bien des faux pas.

2. Depuis la chute, la création tout entière a été entraînée dans la vanité et souffre les douleurs de l’enfantement (Rom 8.18- 39). Nous avons été sauvés en espérance. Mais, présentement, nous sommes soumis aux mêmes pressions diverses que nos contemporains. Nous vivons dans un contexte de souffrances, de frustrations, de mortalité, de douleurs de l’enfantement, de guerre, de chômage, etc. Bien que Satan ait été vaincu à la croix par Jésus-Christ, le Fils de Dieu, la bataille continue. La victoire sur le péché a été acquise à la croix, mais nous sommes encore exposés aux tentations et aux chutes. La mort a été vaincue à la croix, mais elle est toujours une réalité pour chacun. L’Evangile avance, mais il est toujours farouchement combattu par l’ennemi. Nous faisons déjà partie de la nouvelle création, mais nous soupirons encore dans l’attente de la délivrance finale. Nous vivons dans une tension continue entre le «déjà maintenant» et le «pas encore» jusqu’au retour glorieux de Christ. Les souffrances sont donc inévitables et sont partie intégrante de la création (Rom 8:2; 2 Cor 4.16 -5.5; 12.1-10; 1 Tim 2.15;Job).

3. Crucifiés avec Christ, ce n’est plus nous qui vivons, c’est Christ qui vit en nous; notre vie présente dans la chair, nous la vivons dans la foi au Fils de Dieu qui nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous (Gal 2.20). Notre seule force est de vivre en Christ (Phil 4.12-13).Et cette vie-là est remplie de joies et de peines, de victoires et de défaites, de souffrances et de triomphes. Nous n’avons pas à nous préoccuper de nos succès ou de nos échecs. Si nous marchons humblement avec Dieu, alors la faiblesse de Christ est plus forte que les hommes et la folie de Dieu plus sage qu’eux (1 Cor 1.25-31). Notre but suprême est de glorifier Dieu dans les conditions humaines où il a placé chacun de nous, selon sa sagesse. Cela nous oblige à marcher constamment dans l’humilité en portant les fardeaux les uns des autres pour accomplir la loi de Christ ( Gal 6.1-4 ). Remettons nos affaires à l’Eternel et confions-nous en lui, et c’est lui qui agira (Ps 37.2). Le Tout-Puissant nous demande la fidélité et la persévérance dans la foi, pour suivre l’Agneau partout où il va (Apoc 14.4). Gloire à Dieu! Jésus-Christ revient pour échanger les souffrances du présent contre la gloire à venir qui sera révélée pour nous (Rom 8.18).

Alors marchons en vainqueurs dans toutes nos situations terrestres (Rom 8.31-39).

H.L.

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Une communauté d’actionnaires

L’Eglise locale: Une communauté d’actionnaires

(2 Rois 6.2)

«Nous y prendrons chacun une poutre et nous nous y ferons un lieu d’habitation»… Dans le chapitre précédent, nous avions déjà laissé entendre que chaque membre de l’église locale est appelé à participer activement à la construction de l’Eglise de Jésus-Christ là où Dieu l’a placé. Nous sommes sauvés pour servir le Dieu vivant et vrai (1 Thes 1.9).

A l’instant de notre régénération, nous sommes intégrés au Corps de Christ pour y exercer une fonction, un service précis, en harmonie avec les autres membres du Corps. Chacun a sa poutre à porter. Associés actifs dans l’édification de l’église locale, nous recevons en donnant; nous voici devenus les «actionnaires de l’amour».

Chaque membre est semblable à une touche de machine à écrire dont le bon fonctionnement permet à l’église d’être bien lue et comprise par le monde qu’elle veut atteindre.

Chaque membre est un des musiciens de l’orchestre symphonique de Dieu dont Christ est le chef et la Bible l’unique partition toute entière inspirée par l’Esprit-Saint.

Chaque membre est un des tuyaux des grandes orgues d’En-Haut donnant au parfait compositeur de merveilleuses possibilités musicales avec le concours du vent de l’Esprit.

Chaque membre est une petite lumière éclairant les autres parties de l’édifice spirituel.

A) Les charismes

(Rom 12.1-8; 1 Cor 12.14; Eph4.1-16; 1 Pi 4.7-11).

Ce sujet n’est pas sans importance, puisqu’il introduit la partie pratique des épîtres aux Romains et aux Ephésiens et que Paul lui réserve trois chapitres bien fournis dans sa première lettre aux Corinthiens.

Si Pierre est plus bref, ses indications n’en sont pas moins précieuses et complémentaires aux autres textes. Nous nous bornerons à souligner quelques remarques fondamentales pour une saine approche de la question:

1. «Chacun» est un des mots-clés bien en place dans trois des quatre textes: Rom 12.3; 1 Cor 12.7,11,18,27; 1 Pi 4.10: Puisque chacun a reçu un don (litt. charisme)… Comme nous l’avons déjà souligné, nous sommes tous concernés!

2. La liste des charismes figurant dans les quatre textes est indicative et non limitative (une vingtaine de dons différents). Le Créateur du cosmos et de l’homme comme couronnement de la création, serait bien pauvre s’il n’avait qu’une vingtaine de dons à partager entre tous ses enfants pour édifier Son Eglise ! il suffit de constater la richesse et la diversité des fonctions au niveau de l’organisation du corps humain pour entrevoir la richesse des dons infiniment variés de Dieu, destinés à la croissance, au bon fonctionnement et à l’épanouissement du Corps de Christ. Nous croyons voir d’autres charismes s’exercer déjà sous l’Ancienne Alliance, lors de la construction du tabernacle (Ex 31.1-6; 35.31- 35), sans oublier entre autres, les dons musicaux et poétiques qui ont eux aussi marqué la vie du peuple de Dieu tout au long de l’histoire…

On remarquera aussi que chaque passage mentionne des dons ne figurant pas dans les autres listes. Paul tient donc compte des situations locales au moment où il rédige ses lettres et aborde ce sujet, non sans souligner le fait d’une hiérarchie des dons dans la pensée de Dieu. Tous les dons les plus importants et les plus nécessaires pour l’édification du Corps sont clairement indiqués dans les textes que nous considérons.

3. L’amour est source, moteur, mobile et but de l’exercice des charismes, sinon il n’y a que vide et vent destructeur. L’amour est d’ailleurs présent dans le contexte le plus immédiat de chacun des quatre passages… et pour cause, puisque le «charisme» est le résultat, l’expression ou l’effusion de la «charis» de Dieu (Rom 12.6a: mais nous avons des charismes différents selon la charis qui nous a été accordée…). Or, la charis, c’est la beauté extraordinaire de Dieu dans son caractère et dans ses actes, sa générosité inouïe, son amour absolu qui donne le meilleur , gratuitement ( Jac 1.17) Dieu nous a précédés et frayé un chemin dans l’exercice des dons, lorsque par amour, il nous a donné le pardon et la vie éternelle en son Fils Jésus-Christ. Rom 6.15-16: Mais il n’en est pas du charisme comme de la faute…, Rom 6.23: Car le salaire du péché, c’est la mort (opsônia: salaire, en grec); mais le charisme de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur (le «cadeau-surprise» fait par le chef à ses soldats, selon son bon plaisir). Nous ne pouvons donc correctement exercer nos dons sans contempler le Donateur pour nous inspirer de lui quant à l’esprit et à la manière!

Exercer son ou ses dons, c’est marcher sur les traces du Dieu de Jésus-Christ en exprimant concrètement sa beauté et son amour auprès de mes frères. Le charisme est véhicule et canal de l’amour divin. Les charismes ainsi mis en oeuvre sont porteurs de joie (=chara) et suscitent la reconnaissance (autre sens du terme «chara» , voir «eucharisteô» = remercier, être reconnaissant).

J’entends ici le célèbre vulcanologue H. Tazieff répondre lors d’une interview: «Le secret du bonheur, c’est de penser à l’autre avant de penser à soi.» Si tourner constamment autour de soi est source de nombreux problèmes, exercer avec amour les dons reçus du Saint-Esprit est source de bénédictions pour les autres et d’épanouissement pour celui qui sert de cette manière. Enfin n’y a-t-il pas flagrante contradiction à vouloir donner sans pardonner ( charizomai: faire grâce, être généreux, remettre une dette; traduit une douzaine de fois «pardonner» dans le N .T .) ?

B) Discernement et pratique des charismes

Quelles sont donc les démarches à entreprendre pour découvrir et pratiquer les dons qui me sont confiés par le Saint-Esprit?

1. Réaliser le caractère impératif de l’enseignement des Ecritures sur ce sujet: «Aspirez aux dons les meilleurs !» ( 1 Cor 12.31; 14.1). Paul prend soin de préciser aux croyants de l’Eglise de Corinthe que les instructions concernant l’exercice des dons doivent être considérées par eux comme commandements du Seigneur (1 Cor 14.36-37; «entolè» s’applique presque exclusivement dans la Bible, aux commandements de Dieu dans la Loi de Moïse et à ceux du Seigneur Jésus dans le N.T.).

Dans Rom 12.1-2, l’apôtre aborde la question des charismes dans la perpective de la consécration du croyant qui offre son corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu.

Une vraie consécration se traduira donc notamment par mon souci permanent d’être utile et d’édifier les autres membres du Corps en mettant à leur service le don que j’ai reçu. Suis-je convaincu dans mon esprit de la nécessité vitale de l’obéissance dans cette sphère de la vie chrétienne? Il me faut choisir entre être une cellule en bonne santé qui contribue à la formation et au soutien de l’organisme, ou être une cellule vivant dans le corps, bénéficiant de ses bienfaits tout en gardant une totale indépendance: cette deuxième sorte de cellule devient parasite ou cancéreuse! (Voir le remarquable chapitre premier pages 13 à 1? du livre de Dr Paul Brand et Philippe Yancey: «Tes oeuvres sont admirables», éditions de la Ligue pour la Lecture de la Bible. )

M.D.
Aspirez aux dons les meilleurs. Et je vais encore vous montrer une voie par excellence.
1 Cor 12.31

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Profil idéal !

Si vous êtes égoïstes, centrés sur vous-mêmes, épris de confort et plus préoccupés par l’achat d’une nouvelle paire de souliers que par le salut des gens autour de vous, alors réjouissez-vous! Vous êtes de parfaits candidats pour servir Dieu !!! En fait, vous êtes susceptibles plus que n’importe qui d’être utilisés par Dieu pour proclamer au monde son amour et sa compassion.

Sur les traces de Jonas, l’égocentrique

Jonas est le type égoïste par excellence. Extrêmement préoccupé par ses propres besoins et son confort personnel, il aime jouir de la communion de ses frères juifs, mais n’a aucun fardeau pour les païens (c’est-à-dire les non-juifs) vers qui Dieu l’envoie. Pourtant, Jonas est le prophète de l’Ancien Testament le plus largement utilisé par Dieu pour proclamer sa grâce aux non-juifs et les appeler au salut.

Alors que les prophètes Osée et Amos, contemporains de Jonas, ont été mandatés par Dieu pour proclamer son jugement, Jonas, malgré son égoïsme et son indifférence envers les autres, est choisi par Dieu à deux reprises pour proclamer sa grâce. La première fois, Dieu l’envoie dire au roi Jéroboam II, du royaume du Nord, un très méchant roi, que par grâce, il fera reculer ses ennemis et que les frontières de son royaume seront élargies (2 Rois 14.25). La seconde référence au ministère de Jonas mentionne sa mission auprès des Ninivites. Lui, Jonas, le type qui se fiche éperdument des autres, est choisi par Dieu pour appeler à la repentance les méchants Ninivites.

Tout comme Jonas, vous et moi pouvons être utilisés par Dieu pour annoncer sa grâce aux gens qui nous entourent ou vers qui il nous envoie. Mais cela n’arrivera pas à moins que nous comprenions que Dieu se préoccupe beaucoup du sort de tous les hommes et qu’il nous appelle à faire de même.

Dieu se préoccupe grandement du sort de tous les hommes

En général, nous sommes tous très préoccupés de notre bien-être personnel, quelque peu préoccupés du bien-être de nos proches et très peu préoccupés du bien-être des autres. Mais il n’en est pas ainsi de Dieu. il ne cesse de se soucier du sort de tous les hommes sans exception. il aime chacune de ses créatures et ne veut pas qu’aucune d’elles passe l’éternité sans lui (2 Pi 3.9-10). Jésus est décrit au verset 32 de l’évangile de Luc, chapitre 2, comme la lumière des nations (celui qui montre la voie aux nations). Dieu aime toutes les nations de la terre. Il désire que chaque homme, quels que soient sa couleur, son éducation, sa condition matérielle ou même son état moral, abandonne son destin à Jésus, le seul à pouvoir détruire le mur du péché qui sépare l’homme de Dieu.

C’est parce qu’il voulait à tout prix épargner aux Ninivites le jugement que Dieu a envoyé Jonas vers eux, et c’est parce qu’il veut à tout prix épargner les gens de la terre entière qu’il confie à chacun de ses enfants à travers le monde la mission d’agir comme témoins pour parler de Jésus à tous (Mat 28.19-20). Mais comment Jonas a-t-il répondu à cet appel et comment y répondons-nous aujourd’hui?

Notre tendance naturelle: oublier le sort des autres

Lorsque Dieu ordonne à Jonas d’aller proclamer sa parole aux gens de Ninive avec l’espérance qu’ils se repentent et soient épargnés du jugement, Jonas s’embarque à la hâte sur un navire allant dans la direction opposée, à Tarsis, considéré à cette époque comme l’extrémité du monde (Jon 1.1-3). Jonas ne se préoccupe nullement du sort des 300’000 Assyriens vivant à Ninive. Au contraire, il s’irrite profondément lorsque Dieu, les voyant se détourner de leur mauvaise voie, renonce à les détruire. il implore alors l’Eternel, et dit: Ah! Eternel, n’est- ce pas ce que je disais quand j’étais encore dans mon pays ? C’est ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et qui te repens du mal (4.1).

Les Ninivites, réputés pour leur grande méchanceté (1.2), ne méritaient, à son avis, que l’ardente colère de Dieu. Jonas craignait peut-être aussi que Dieu utilise ces Assyriens pour juger Israël selon les avertissements des prophètes Amos et Osée (Amos 3.7; Osée 9.3; 10.6-7).

Il est vrai que la méchanceté et la cruauté des Ninivites dépassaient toutes les bornes. Le traitement qu’ils infligeaient à leurs prisonniers de guerre (mains, pieds, oreilles et nez tranchés, langues arrachées, yeux crevés, etc. ) était des plus abominables. Malgré cela, les Ninivites avaient du prix aux yeux de Dieu qui leur tendait la main.

Sommes- nous fermés à l’idée que Dieu tende la main à ceux qui, autour de nous, ont une conduite ou un style de vie qui nous déplaît quelque peu ou parfois même beaucoup? Sommes-nous prêts à collaborer patiemment avec Dieu pour amener ces gens à la repentance et à la conversion? Les aimons-nous suffisamment pour les avertir du jugement à venir et leur faire connaître le moyen de l’éviter?

Condition pour devenir un témoin efficace: se préoccuper du sort des autres

Pour devenir un témoin efficace de Dieu, Jonas devait apprendre à laisser de côté son égoïsme naturel et faire de la place aux autres dans son coeur et ses pensées.

En fuyant à Tarsis (1.3), Jonas se retrouve sur un navire dont tous les membres de l’équipage sont des païens (non- juifs ne connaissant pas Dieu). La tempête fait rage (1.4) et son indifférence surprend. Il ne s’inquiète aucunement du fait que le navire soit sur le point de sombrer et que tout l’équipage, lui y compris, soient près de périr (1.5).

Il faudra que Dieu envoie le capitaine l’interpeller au fond de la cale (1.7) et fasse tomber le sort sur lui (1.7-8) pour qu’enfin Jonas comprenne qu’il doit assumer son rôle de témoin auprès de l’équipage. Jonas ouvre enfin la bouche et parle ouvertement aux marins de Dieu ainsi que de sa fugue (1.9-10).

Résultat incroyable: les hommes de l’équipage, qui peu de temps auparavant invoquaient chacun leur dieu ( 1.5), prient maintenant l’Eternel. Le témoignage de Jonas produit son effet: prisonniers de la tempête, les marins invoquent l’Eternel (1.14) qui, miséricordieux, les secourt (1.15), et ils deviennent des adorateurs de l’Eternel (1.16).

De plus, Dieu démontre concrètement à Jonas qu’il se préoccupe aussi de lui. Prisonnier du grand poisson, le prophète invoque l’Eternel (2.2-3) qui, dans sa miséricorde, le secourt (2.3,7); Jonas adore l’Eternel à son tour (2.9-10). En lui infligeant ces épreuves, Dieu espère que Jonas comprendra enfin l’importance du sort des autres. Autant Dieu a manifesté sa compassion envers les marins païens pris dans la tempête, autant il le fait envers Jonas, le prophète désobéissant, lorsqu’il est dans le poisson. A son tour, Jonas doit se préoccuper du sort des 300’000 Assyriens de Ninive sur qui risque de fondre la colère de Dieu.

Combien de temps nous faudra-t-il pour comprendre?

Lorsque Dieu, pour la deuxième fois, demande à Jonas d’aller à Ninive (3. 1-2), celui-ci se lève et s’y rend (3.3). Non qu’il ait vraiment compris la leçon et qu’il ait maintenant à coeur le sort des Ninivites, comme nous le voyons aux versets 1 à 3 du chapitre 4, mais il a au moins compris qu’il vaut mieux coopérer avec Dieu que de s’opposer à sa volonté.

Jonas va donc à Ninive (3.3), y proclame le message que Dieu lui a ordonné d’annoncer (3.4 ) et voilà que les méchants Ninivites se repentent de leurs actes de violence et se mettent à invoquer l’Eternel (3.5-10). N’est-ce pas merveilleux de voir une ville entière (300’000 personnes avec les femmes et les enfants) se convertir au Seigneur? Cet événement sort tellement de l’ordinaire que certains ont douté de la conversion des Ninivites. Mais le témoignage du Seigneur Jésus lui-même, dans Mat 12.41, dissipe tout doute.

Alors que Dieu et les anges dans le ciel se réjouissent de l’événement (Luc 15.7), Jonas, de nouveau aux prises avec son égocentrisme, s’irrite de ce que Dieu n’ait pas détruit Ninive et fait périr ses 300’000 habitants. Dieu plein de patience et d’amour pour son prophète récalcitrant, reprend la leçon depuis le début (4.4-11). Combien de temps a-t-il fallu à Jonas pour comprendre? Combien de fois Dieu a-t-il dû répéter la même leçon? Qu’en est-il pour nous? Dieu désire utiliser chacun de nous pour communiquer son amour aux gens qui nous entourent. Qu’attendons-nous pour collaborer avec lui à cette magnifique oeuvre d’amour?

B.G.

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Le salut qui fait participer au royaume (devenir héritier, régner)

Le deuxième volet du salut que nous voulons considérer trouve son expression dans un grand nombre de passages bibliques, qui en évoquent plusieurs aspects. J’ai veillé à éviter toute conjecture extrapolée et à déduire des seuls textes les conclusions qui se dégagent naturellement du sens qu’ils ont dans leur contexte. Je fais appel à votre indulgence si je n’y ai pas toujours réussi.

Avant d’entreprendre une étude plus systématique, voici quelques citations éparses qui doivent nous faire réfléchir, même hors de leur contexte (les numéros nous permettront de nous y référer plus tard). Je les placerai sous un verset-clé:

…afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers dans l’espérance de ta vie éternelle. Tite 3.7

1. …celui qui persévérera jusqu’à ta fin sera sauvé (Mat 10.22; 24.13; Marc 13.13).

2. Par votre persévérance, vous sauverez (ou: sauvegarderez) vos âmes (Luc 21.19).

3. Si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui (2 Tim 2.12).

4. Car nous avons été rendus participants de Christ, si du moins nous retenons fermement, jusqu’à la fin, notre assurance première… (Héb 3.14).

5. …sachant que vous recevrez l’héritage en récompense (Co13.24)

6. …imitez ceux qui, par la foi et l’attente patiente ( ou: la persévérance), reçoivent l’héritage promis (Héb 6.12).

7. …je cours vers le but afin d’obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Christ-Jésus (Phi13.14)

8. …Christ… apparaîtra une seconde fois… pour ceux qui l’attendent en vue de leur salut (Héb 9.28).

9. Dans 1 Corinthiens, Paul écrit à ceux qu’il nomme le temple de Dieu (3.16), membres de Christ (6.15), et auxquels il dit: vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu (6.11). Et voici ce qu’il dit à ces membres du corps de Christ: Vous pratiquez l’injustice et dépouillez ceux sont vos frères! Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas du royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas, ni les débauchés (tel l’incestueux nommé au chap.5), ni les idolâtres, ni les adultères, etc., n ‘ hériteront le royaume de Dieu (6.8-10).

10. Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin qu’il soit rendu à chacun d’après ce qu’il aura fait dans son corps, soit en bien, soit en mal (2 Cor 5.10).

11. …demeurez en lui, afin… qu’à son avènement (parousia), nous n’ayons pas honte devant (litt. loin de ) lui (1 Jean 2.28).

12. Voici: je viens bientôt, et j’ apporte avec moi ma rétribution pour rendre à chacun selon son oeuvre ( Apoc 22.12).

Ces passages contiennent tous un trait distinctif: le croyant doit remplir certaines conditions afin d’obtenir les bienfaits qui découlent du salut reçu par pure grâce. Autrement dit: les privilèges touchant au royaume de Dieu sont discernés en fonction des oeuvres de la foi. Avant d’examiner plusieurs aspects saillants sous 3 titres spécifiques, quelques remarques à partir des textes cités s’imposent.

L’emploi du verbe «sauver» et du nom «salut» ne s’applique pas ici au salut par grâce au moyen de la foi, mais à l’accomplissement final du salut que nous espérons encore, comme Paul l’écrit aux Romains: …nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous avons été sauvés. …nous attendons ce que nous ne voyons pas avec persévérance (8.23-25).

De même, l’héritage dont il est question ici n’est pas la vie étemelle elle-même, qui est une grâce reçue par la foi (celui qui croit a la vie éternelle, Jean 6.47), mais une récompense en relation avec les oeuvres bonnes du croyant ( texte No 5). La parole de Jésus: Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé (textes Nos 1 &2), se réfère à cet aspect du salut. Nous y reviendrons.

I. Récompenses

(a) Sens général

Jésus parle souvent de récompenses dans le sermon sur la montagne et ailleurs. Sera récompensé par le Père celui qui est persécuté à cause de Jésus, qui donne discrètement, qui prie sincèrement, qui jeûne discrètement, qui donne un verre d’eau à un disciple, qui accueille un prophète ou un juste, qui prête sans garantie de le recouvrer, qui aime ses ennemis (souhaite leur bien, est prêt à les aider, même à les bénir…). Tout cela pourtant avec cette distinction: par amour pour le Seigneur!

Chacun recevra sa propre récompense selon son propre labeur (1 Cor 3.8).

(b ) Héritage et règne

Les textes numérotés indiquent déjà clairement que le fait d’hériter avec Christ et de régner avec lui est lié à la persévérance en matière de foi et de vie chrétienne ( cf. textes Nos 3,5,6,9). De là l’encouragement dans Héb 10.36: Vous avez en effet besoin de persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis (à savoir: l’héritage et le règne).

Col 3.23-25 (contexte de la réf. No 5) indique que 1’héritage est reçu en récompense pour avoir tout fait comme pour le Seigneur. Paul ajoute: Celui qui agit injustement récoltera selon son injustice; il subira donc une perte.

Héb 6.11-l2 (contexte de la réf. No 6) exhorte à l’empressement à servir dans l’amour en vue d’une pleine espérance, imitant ceux, qui par la foi et l’attente patiente, reçoivent l’héritage promis (qui est donc loin d’être automatique!).

Il n’en reste pas moins que ceux qui, selon Col 1.10-12, seront jugés dignes d’hériter et de régner avec Christ, ayant marché d’une manière digne du Seigneur et à cause de leurs oeuvres bonnes, leur connaissance de Dieu, leur persévérance et leur patience, le devront finalement à Dieu qui les a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière. Toutefois, c’est leur responsabilité de faire l’effort nécessaire.

Le texte de 2 Tim 2.10-13 jette une lumière frappante sur notre sujet. Paul dit qu’il supporte tout à cause des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est en Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Puis il continue: Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui (c’est le salut ini tial). Ensuite: Si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui; si nous le renions, lui aussi nous reniera. Le sens du verbe «renier» est ici en relation avec «régner» : lui aussi nous reniera en tant que co-régnants. Il ne peut s’agir de la perte du salut tout court, car le texte continue: Si nous sommes infidèles, lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même.

Le fait que le privilège de régner avec Christ est conditionnel ressort aussi de la parole de Christ à l’église de Laodicée: Le vainqueur, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône... (Apoc 3.21).

(c) Couronnes

Qui dit couronne, dit règne, mais aussi récompense. C’est ce dernier sens qui est en vue dans 2 Tim 4.6-8, où Paul dit que parce qu’il a combattu le combat de la foi, la couronne de justice lui est réservée, tout comme à tous ceux qui auront aimé son apparition (l’avènement de Christ). Dans la même épître, Paul s’ inspire de l’athlète qui court dans l’arène pour indiquer qu’ il faut combattre suivant les règles (2.4- 7). Le chrétien qui aspire à recevoir une couronne doit travailler et persévérer; les paresseux et les négligeants en seront privés.

Il y a d’ailleurs plusieurs sortes de couronnes:

1. La couronne de justice (dans les textes précités) pour avoir combattu et couru, et pour avoir aimé le retour de Christ (l’avoir attendu avec ardeur).

2. La couronne de vie pour avoir aimé le Seigneur jusqu’à la mort (Jac l.12; Apoc 2.10).

3. La couronne de gloire; elle représente ceux que Paul a amenés à la foi en Christ (1 Thes 2.19; Phil 4.1). Combien y avons-nous amenés? …

4. Aux bergers fidèles du troupeau (c.-à.-d. aux anciens des églises), la couronne incorruptible de la gloire est promise (1 Pi 5.4).

II La perte de récompenses

Paul se discipline durement, de peur… d’être disqualifié à la fin (1 Cor 9 .27).C’est là une éventualité redoutable dont nous ne tenons souvent pas assez compte. De quel ordre cette disqualification peut-elle être ?

Dans sa deuxième épître, Jean nous invite à prendre garde, afin de ne pas perdre le fruit de notre travail mais de recevoir une pleine récompense (v .8-10). Cette perte est ici liée à l’infidélité à la doctrine enseignée par Christ et les apôtres; s’en éloigner, soit en y ajoutant, soit en la dénaturant, entraîne la perte de la récompense réservée à ceux qui y restent fidèles. il faut donc veiller à demeurer dans la doctrine du Christ et ne même pas recevoir chez soi ceux qui n’y demeurent pas. (Mesurons-nous la portée de cette injonction ?) Notre position est-elle celle de l’église de Philadelphie, qui est louée pour avoir gardé la parole de la persévérance en Christ (Apoc 3.10)?

Pierre nous invite à affermir notre vocation et notre élection et envisage qu’on puisse entrer dans le royaume plus ou moins largement (ou: pleinement, richement): 2 Pi 1.10-11. Il s’agit de la vocation de régner avec Christ, ce qui éclaire aussi la parole de Jésus: Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus (Mat 22.14); beaucoup seront sauvés comme au travers du feu, mais n’auront apparemment pas accès à l’héritage du royaume ni au banquet inaugural (les noces de l’agneau); ils en subiront la perte…Le passage de 1 Cor 3.10-15 en parIe clairement: celui dont l’oeuvre n’est pas bâtie sur le fondement posé par Jésus-Christ en subira la perte, car elle sera consumée; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu. Paul appelle dans 2 Thes 1.4-5 à la persévérance, afin que vous soyez, dit-il, rendus dignes du royaume de Dieu (on peut donc en être indigne ). Plus loin, au v.11, nous voyons Paul prier pour eux afin que Dieu les rende dignes de son appel (qui ne peut être l’appel initial à se convertir, puisqu’ils le sont déjà). Les Ephésiens aussi sont appelés à marcher d’une manière digne de la vocation qui leur a été adressée (4.1; cf. aussi 1 Thes 2.12». Aux hommes de Sardes qui se sont gardés purs, le Seigneur dit: ils marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu’ils en sont dignes (Apoc 3.4); cela implique que les autres n’en seront pas dignes, mais ne seront pas perdus pour autant. Si nous ne marchons pas avec lui maintenant, nous ne marcherons pas non plus avec lui en vêtements blancs.

Jésus avertit: Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne (Apoc 3.11 ). Or qui peut être déshérité et perdre le droit de régner sinon un fils? Paul spécifie qu’en tant qu’enfants de Dieu, nous sommes cohéritiers de Christ, si toutefois (condition) nous souffrons avec lui, afin d’être aussi glorifiés avec lui (Rom 8.17). En fait, c’est à quoi nous sommes appelés: être glorifiés avec lui! C’est notre vocation suprême: être assis avec lui sur son trône!

Quand Jésus-Christ nous aura préparé une place, il reviendra pour nous prendre avec lui, afin que nous soyons aussi là où il est. (Cela implique qu’avant son retour, nous ne serons pas encore avec lui.) La lettre aux Hébreux fait allusion à son retour en rappelant qu’il est venu une seule fois pour abolir le péché, mais qu’il apparaîtra une seconde fois pour ceux qui l’attendent en vue de leur salut (9.27-28). En quoi ce «salut» consiste-t -il ? Rom 8.23 répond: …nous qui avons les prémices de l’Es- prit, nous aussi nous soupirons (comme la création entière) en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. 1 Cor 15 évoque ce «corps spirituel» que nous recevrons à la venue du Seigneur , et 1 Jean 3.2- 3 constate que ce que nous serons n a pas encore ete manifesté, mais que nous savons que… nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. Et il ajoute: Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même (le Seigneur) est pur. Dans quel but? …afin qu’au moment où il sera manifesté, nous ayons de l’assurance, et qu’à son avènement nous n’ayons pas honte devant lui (litt. loin de lui; 1 Jean 2.28). Etre loin de Christ signifie la perte de ces privilèges: marcher avec lui, être assis sur son trône, régner avec lui. Cela rejoint Héb 3.14, qui avertit que nous serons participants du Christ, si du moins nous retenons fermement, jusqu’à la fin, notre assurance première. Des termes semblables se retrouvent dans Apoc 2.26-27: Au vainqueur, à celui qui garde mes oeuvres jusqu’à la fin, je donnerai autorité sur les nations. Avec un sceptre de fer il les fera paître, …ainsi que j’en ai reçu moi-même le pouvoir de mon Père. Autrement dit: il régnera avec moi s’il remplit la condition requise. L’expression tout perdre… afin de gagner Christ se trouve ainsi éclairée, de même que travailler à son salut (phil 3.8 et 2.12) Nous comprenons aussi mieux ce que Paul écrivait à Timothée au sujet d’Onésiphore, qui avait aidé Paul à Ephèse et à Rome: Que le Seigneur lui donne d’obtenir miséricorde en ce Jour-là (à savoir: au jour où les oeuvres des enfants de Dieu seront jugées par Christ, de sorte que «miséricorde» a ici le sens de «récompense» ; 2 Tim 1.16-18).

Dans l’AT, le peuple d’Israël illustre cette vérité: sauvé (pardonné), mais sans hériter (le royaume). Dans Nom 14, suite à la prière de Moïse pour le peuple, Dieu lui dit: J’ai pardonné, mais …tous ceux qui n ont pas écoute ma voix,… tous ceux qui m’ont outragé ne verront pas le pays. Et parce que mon serviteur Caleb a été animé d’un autre esprit et qu’il a pleinement suivi ma voie, je le ferai entrer dans le pays,… et sa descendance en prendra possession (v.20-24).

III. Les jugements

Il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin qu’il soit rendu à chacun d’après ce qu’il aura fait dans son corps, soit en bien, soit en mal (2 Cor 5.10).

Ce sera un moment solennel de révélations souvent étonnantes. Il ne nous est nulle part dit quand ce jugement aura lieu, sinon que ce sera après la mort: ...il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement (Héb 9.27).

Mais certains jugements s’exercent du vivant des croyants. Ainsi, ceux qui prennent la sainte cène indignement, c.-à-d. sans discerner entre le corps de Christ et le monde, sans s’être examinés et avoir mis en ordre ce qui ne l’était pas, peuvent tomber malade ou mourir en conséquence (l Cor 11.27-29). Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. Mais par ses jugements, le Seigneur nous corrige, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde (1 Cor 11.31-32). Dieu étant impartial, l’enfant de Dieu n’échappe pas au jugement de Dieu dans cette vie, à moins qu’il ne se repente (1 Jean 1.9). Le but du châtiment du chrétien pendant sa vie terrestre est de l’amener à la repentance, afin de lui éviter des conséquences fâcheuses lors du jugement au tribunal de Christ.

L’auteur de l’épître aux Hébreux, après avoir comparé l’ancienne avec la nouvelle alliance, exhorte à un culte qui soit agréable à Dieu, avec piété et avec crainte. Car, ajoute-t-il, notre Dieu (à nous qui sommes sous l’alliance de la grâce!) est aussi un feu dévorant (Héb 12.28-29). C’est à des chrétiens que Paul écrit: Ne vous y trompez pas (sous prétexte qu’on est sous la grâce) : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi (Gal 6.7). Et il ajoute cette promesse: Nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas (v.9); de nouveau la persévérance!

Revenons au jugement après la mort. En accord avec le passage traitant du tribunal de Christ où les sauvés seront jugés, Pierre écrit: Si vous invoquez comme Père celui qui, sans considération de personnes, juge chacun selon ses oeuvres, conduisez-vous avec crainte (d’offenser Dieu) pendant le temps de votre séjour (sur terre)… Rejetez donc toute méchanceté et toute fraude, l’hypocrisie, l’envie et toute médisance…(1 Pi 1.17; 2.1). IL en ressort: Dieu est impartial (ce qui vaut pour tout homme vaut aussi pour le chrétien); nos oeuvres (bonnes et mauvaises) ont une grande importance ; notre coeur n’est pas immunisé contre la méchanceté, la fraude, etc., qui ont des conséquences néfastes, dans cette vie et au tribunal de Christ, tant que ces péchés n’ont pas été confessés dans la repentance.

Si nous nous jugeons (mettons notre vie en ordre) au fur et à mesure de notre marche, nous pouvons avoir une parfaite espérance en la grâce qui vous sera apportée, lors de la révélation de Jésus-Christ (1 Pi 1.13). Cette grâce n’est pas la grâce initiale qui nous sauve par le moyen de la foi en la croix et qui est gratuite, mais la grâce particulière des récompenses que le Seigneur nous réserve.

Jacques à son tour nous avertit: Parlez et agissez en hommes qui doivent être jugés selon une loi de liberté (parce que n’ayant pas à mériter le salut en accomplissant la loi), car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement (2.12-13). Le pardon est la forme la plus parlante de la miséricorde. Jésus enseignait: Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi,. mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes (Mat 6.14- 15). De nouveau, il n’est pas question que Dieu nous retirerait le pardon accordé par pure grâce; Jésus a en vue les conséquences éternelles de nos actes en tant qu’enfants de Dieu sauvés par grâce, susceptibles de recevoir récompenses ou réprimandes lors du jugement au tribunal de Christ.

Application pratique (selon Phil 3.12-4.1)

L’apôtre Paul illustre ainsi la vie chrétienne: c’est une course vers un but (je cours vers le but).Le point de départ: la conversion (j’ai été saisi par le Christ-Jésus). L’arrivée: l’héritage du royaume et le règne avec Christ (le prix de la vocation céleste).

Paul se propose comme modèle: il court et ne regarde pas sans cesse au passé (oubliant ce qui est en arrière). Il regarde en avant (je cours vers le but pour obtenir le prix). Il se discipline sur le plan physique (je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur, après avoir prêché aux autres, d’être moi-même disqualifié -1 Cor 9.27).Se sachant imparfait, il se réjouit qu’au retour de Christ il sera transformé pour alors être parfait, sans défaut (semblable à son corps glorieux).

La recette de Paul
1. Etre conscient d’être encore loin du but.
2. Ne pas fixer ses regards sur les succès ou les échecs du passé.
3. Aller de l’avant, conscient que la vocation est d’ordre céleste. Une telle perspective est le meilleur remède contre le laisser aller.

Conclusion

Gardons-nous de penser que, puisque nous sommes sauvés par la grâce, par le moyen de la foi et non point par les oeuvres, nos oeuvres faites dans la foi aient peu d’importance. Car Dieu n’est pas injuste pour oublier votre action, ni l’amour que vous avez montré pour son nom par les services que vous avez rendus… aux saints (Héb 6.10).

Ce que je demande dans mes prières, c’est que votre amour abonde de plus en plus en connaissance et en vraie sensibilité, qu’ainsi vous sachiez apprécier ce qui est important, afin d’être limpides et irréprochables pour le jour de Christ, remplis de justice par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu (Phil1.9-11 ). Le but suprême de l’Eglise est de glorifier Dieu!

Pour terminer, laissons parler l’Apocalypse, le dernier livre de la Bible:

Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur, dès à présent! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent (14.13).

Il lui a été donné (à l’épouse de l’ Agneau) de se vêtir de fin lin… ce sont les oeuvres justes des saints ( 19.8).

J.-P.S.
Notes:
1 Les citations de cet article sont empruntées à la traduction dite «à la Colombe».


Voici: je viens bientôt, et j’apporte avec moi ma rétribution pour rendre à chacun selon son oeuvre.
Apoc 22.12


L’étude qui suit est adaptée d’un article de la nouvelle édition du Nouveau Dictionnaire Biblique: Manuscrits

Introduction

De tous les livres de l’Antiquité, religieux et profanes, qui ont été écrits sur papyrus ou sur parchemin, aucun autographe ne nous est parvenu. La toute première rédaction, écrite de la main même de l’auteur ou de son scribe, semble irrémédiablement perdue, à moins d’une stupéfiante découverte à venir…

Pour connaître cette rédaction première, les érudits doivent donc chaque fois la rétablir à partir d’un examen minutieux des copies manuscrites qu ‘ils possèdent. Ce travail est toujours nécessaire pour tous les écrits – des auteurs grecs et latins comme des auteurs bibliques. Evidemment, le rétablissement de la rédaction première est d’autant plus aisé que 1’on possède des copies en grand nombre et que leur origine est plus ancienne.

Ce grand travail de «résurrection» du texte original s’appelle critique textuelle ou basse critique, en contraste avec la haute critique qui, pour sa part, essaie de remonter aux sources et de découvrir les auteurs de l’ouvrage.

Manuscrits bibliques

Les manuscrits bibliques nous sont parvenus sur papyrus et sur parchemin. Moïse aurait pu éventuellement écrire ses premiers textes sur des tablettes faites d’argile, surtout le texte du Deutéronome écrit dans la vallée du Jourdain où il y avait de l’argile, (voir 1 Rois 7.46), mais les textes eux-mêmes ne nous disent pas quel type de support a pu être utilisé après Moïse. Quoi qu’il en soit, nous ne possédons aujourd’hui que des textes calligraphiés sur papyrus et parchemin. ils sont précieusement conservés dans les grands musées et bibliothèques, publics, privés et universitaires, et sont rarement exposés au grand public en raison de leur valeur inestimable et de leur fragilité. Assurément, ils sont plus précieux que des joyaux…

Depuis bientôt deux siècles, une tendance fâcheuse de la plupart des exposants de la haute critique a été de postuler que la première rédaction d’un livre biblique a été généralement faite longtemps après la période contemporaine de l’auteur supposé. il y aurait donc, disent-ils, entre un auteur donné et le texte qui lui est attribué, une longue période de tradition orale.

Les exégètes évangéliques refusent- en principe – cette hypothèse dans la mesure où un examen détaillé du texte biblique ne semble pas soutenir l’existence d’un laps de temps nécessaire à la tradition orale. Certains livres de l’Ancien Testament portent des indices d’un témoin oculaire et nomment parfois très pertinemment l’auteur du livre ou d’une partie du livre. Ces données, éléments aussi de la haute critique, doivent être prises en considération: ne pas les reconnaître serait un manque évident de sérieux et d’objectivité dans l’approche du sujet. C’est pourquoi, dans un élan plein de foi, nous acceptons les divers manuscrits comme copies de la Parole de Dieu; tout en reconnaissant que les copistes, étant humains, ont pu commettre des erreurs dans leur travail.

Critique textuelle

Les manuscrits de la Bible sont beaucoup plus nombreux que ceux d’autres livres antiques. De plus, un grand nombre d’entre eux sont bien plus près du temps de la rédaction première que peuvent l’être les manuscrits des ouvrages profanes. Il s’agit là d’un incroyable avantage… aussi la critique textuelle arrive-t-elle assez facilement à rétablir le texte biblique original.

Evidemment, le travail de base est plus long pour la Bible puisque le nombre de manuscrits à consulter est bien plus élevé. La basse critique doit d’abord dater toutes ces multiples copies – quelque 6000 à 7000! Ensuite il lui faut les classer par «famille» ou «type de texte». Pour effectuer ce classement, la date de la copie n’entre pas nécessairement en ligne de compte.

Variantes

La finalité du difficile travail de la critique textuelle est de reconnaître et ensuite d’éliminer les erreurs des copistes, ll est impossible qu’un copiste ne fasse pas de temps en temps quelques fautes, et celles-ci ne peuvent malheureusement que se perpétuer dans les copies des copies.

Heureusement que les copistes ont souvent tendance à faire les mêmes types d’erreurs! On les désigne par une terminologie précise: haplographie, dittographie, métathèse, fusion, fission, homophonie, homoeo-téleuton, etc1. Une telle classification aide à reconnaître l’origine des variantes et à rectifier aussitôt le texte.

Cependant, le nombre astronomique de toutes les variantes – n’a-t-on pas annoncé le chiffre de 200’000 pour le seul Nouveau Testament? – pourrait faire frémir. Même quand on apprend que ces variantes ne se trouvent qu’en 10’000 endroits différents du texte du Nouveau Testament, on n’est guère rassuré! Pourtant, lorsqu’on découvre que 98,33% du texte est pur, l’inquiétude disparaît. A. T. Robinson suggère que seule une millième partie de la totalité du texte néo-testamentaire pose de vrais problèmes à la basse critique, nous donnant donc des écrits justes à 99,9%! C’est fantastique! Si les experts de la critique textuelle des classiques grecs pouvaient se fier avec la même certitude aux copies de la République de Platon ou de la Physique et de la Métaphysique d’Aristote…

Basse critique de l’ Ancien Testament

Le travail des experts de la basse critique de l’ Ancien Testament n’est peut-être pas aussi difficile que le travail correspondant propre au Nouveau Testament, par le fait que de prestigieux copistes juifs, les Massorètes, ont déjà fixé le texte hébreu entre le Ve et le Xe siècle après Jésus-Christ.

L’activité de ces docteurs juifs consistait à ajouter au texte biblique copié toute une série de notes et de «corrections» dans les marges, appelées «massore parva» , ainsi que sur le haut et le bas de chaque page, appelées «massore magna». La «massore finalis» se trouvait à la fin de chaque livre. Les massorètes y inscrivaient scrupuleusement le nombre de mots de chaque livre, ainsi que le mot du milieu du livre. Ils comptaient aussi le nombre d’occurences d’une lettre dans un livre. «Tout ce qui pouvait être compté, l’était» disait le Docteur W .Robinson. Et comme de surcroît ils avaient inventé le système des signes vocaliques, indiquant la prononciation exacte de chaque mot, les massorètes ont accompli une tâche prodigieuse de fixation de texte qui ne peut guère être surpassée.

Travaux actuels

Pourtant, l’étude de la basse critique de l’Ancien Testament se poursuit encore de nos jours car l’examen de nouveaux manuscrits bibliques – ceux de Qumran, par exemple, les fameux Rouleaux de la mer Morte – peuvent encore éclairer les spécialistes. Il s’est constitué tout dernièrement un nouveau comité de travail, international et interconfessionnel, qui s’y attelle, les Sociétés Bibliques ayant pris l’initiative de ce projet. Le professeur Schenker , récemment interviewé à ce sujet, a déclaré que tous les membres de cette équipe reconnaissent que «la Bible est inspirée et, dans ce sens, est Parole de Dieu». «… nous ne nous plaçons pas au- dessus du texte, dit- il encore, nous sommes à son service», Ces paroles rassurent ainsi les évangéliques. Ils espèrent seulement que ce travail sera fait dans le respect ABSOLU du texte sacré. Nous pouvons encore prier pour ces hommes.

Force nous est de constater que de toutes façons la totalité de la chrétienté a toujours été dépendante de ce genre de travail spécialisé; qu’il ait été fait par des juifs ou par des chrétiens de différentes confessions. Mais nous croyons aussi à la puissance inhérente de la Parole de Dieu. Elle s’imposera toujours.

Basse critique du Nouveau Testament

Tout au long des siècles les spécialistes de la basse critique du Nouveau Testament ont toujours été nombreux. Parmi les Pères de l’Eglise citons Origène et Jérôme, et aussi Eusèbe de Césarée. Celui-ci était chargé par Constantin le Grand de faire copier 50 exemplaires du Nouveau Testament tous frais payés par la trésorerie impériale. Origène et Jérôme ont, quant à eux, travaillé le texte de toute la Bible: Origène, le texte de l’Ancien Testament dans l’ «Hexapla» – cinq différents types de textes grecs, en colonnes, avec le texte hébreu, mais cette oeuvre resta inachevée; et Jérôme, avec la Vulgate, la première version latine officielle, traduite directement de l’hébreu pour l’Ancien Testament et du grec pour le Nouveau Testament.

Ensuite, au Moyen Age, Alcuin de York et Théodulph d’Orléans, pendant le règne de Charlemagne, ont travaillé le texte de la Vulgate, à partir de nombreuses copies existantes.

Au moment de la Renaissance et de la Réforme, un nouveau travail d’érudition était entrepris, d’abord parce que le texte original de la Vulgate s’était perdu au cours des siècles, ensuite parce que le texte hébreu et grec avait été reconnu comme bien plus sûr. Aussi, Erasme des Pays-Bas et le Cardinal Ximénès en Espagne ont publié chacun un Nouveau Testament latin-grec. Ces éditions étaient véritablement révolutionnaires car, pour Rome, le texte latin de la Vulgate, et nul autre, constituait la Bible catholique. Par la suite, Robert Estienne, Théodore de Bèze et surtout les Elzevir (oncle et neveu) ont établi le «textus receptus» -«texte reçu» grec, du Nouveau Testament, tant respecté. Ensuite et surtout au XIXe siècle, les hellénistes se sont éloignés du «texte reçu», principalement parce que d’autres manuscrits du Nouveau Testament ont été découverts: Sinaïticus, Vaticanus, etc. Une «bataille» s’est engagée par la suite, surtout parmi les chrétiens anglo-saxons, gravitant autour des versions anglaises dépendantes, soit du texte reçu soit de nouveaux textes grecs, établis par Tregelles, Westcott, Hort et d’autres, – gentille «bataille» qui se poursuit encore aujourd’hui dans certains milieux.

Conclusion

Pour les spécialistes, les différences entre les éditions du texte grec sont importantes et les chrétiens ne doivent pas fermer les yeux sur les vrais problèmes qui en découlent. Il serait facile de terminer avec une Bible tronquée et par conséquent hérétique – comme la version des Témoins de Jéhovah. Mais reconnaissons que la plupart des différences sont plutôt d’ordre technique et non pas d’ordre doctrinal. Les diverses leçons proposées ne viennent pas gêner la rédaction d’une Confession de Foi, même très détaillée. Mais pour ne pas rester dans l’ignorance concernant certaines difficultés – comme celle, par exemple, qui caractérise la fm de l’évangile de Marc2 – les chrétiens feront bien de se servir d’une version de la Bible, telle que celle dite de la Colombe, où bon nombre de ces problèmes textuels sont mentionnés dans des notes en bas de page.

Combien nous devrions être reconnaissants aujourd’hui envers notre Dieu d’avoir veillé sur Sa Parole, (Jér 1.12), d’avoir suscité tout au long des siècles, et encore de nos jours, des érudits spécialisés qui, comprenant les langues anciennes que Dieu a employées pour nous donner la Bible, sont encore prêts à se pencher sur les textes bibliques pour en faire de meilleures traductions.

C’est grâce à leurs travaux, combien précieux, que des millions de chrétiens nés de nouveau peuvent encore recevoir sans obstacle majeur, jour après jour et tout au long de leur pélerinage terrestre, toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

Notes:
1 Voir pour plus de détails: Gleason Archer. Introduction à L’Ancien Testament. 1978. Emmaüs. Pages 52 -56.
2 Voir pour plus de détails: Nouveau Commentaire Biblique. 1978. Emrnaüs. Page 924.

P.W

Écrit par


Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, et la vie à ceux qui ont l’amertume dans l’âme, qui espèrent en vain la mort, et qui la convoitent plus qu’un trésor, qui seraient transportés de joie et saisis d’allégresse, s’ils trouvaient le tombeau? A l’homme qui ne sait où aller, et que Dieu cerne de toutes parts ? Mes soupirs sont ma nourriture, et mes cris se répandent comme l’eau. Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive; ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint. Je n’ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, et le trouble s’est emparé de moi (Job 30.20-26).

 Il est étrange et paradoxal de constater que la dépression – qui est le plus commun des malaises inorganiques – reçoive une attention si mince dans la plupart des livres de relation d’aide écrits d’un point de vue chrétien. Même les meilleurs ouvrages n’échappent pas à cette observation. Ceci est sûrement dû à l’incertitude largement répandue quant à la cause de la dépression, et aussi aux multiples formes de mélancolies qui défient les théories les plus courantes du traitement de cet état d’abattement psychologique. Cet article n’est pas un essai d’identification des causes ou une liste de remèdes à appliquer au traitement de la dépression -pour des raisons évidentes – mais une offre de suggestions pour aider les personnes atteintes à sortir de leur état.

1. Aux sources de la dépression

Quelques écrivains spécialisés dans la question de la relation d’aide se donnent un mal fou pour trouver exactement les causes de chaque maladie de l’humeur. Ils espèrent ainsi qu’une fois l’origine du mal mise en évidence, ils pourront le traiter de façon appropriée. Parmi les raisons de l’accablement soudain, on trouve des problèmes liés à la culpabilité, à la colère, au chagrin, à la pensée négative, aux difficultés de relation à autrui, aux traumatismes de l’enfance, à une estime de soi réduite à zéro et à l’épuisement physique. Des époques de stress prolongé comme la maladie et le deuil sont aussi regardées comme des états menant à la dépression. Il n’y a pas de doute qu’une accumulation de tels facteurs peut déclencher et aggraver le découragement et la mélancolie, mais les regarder simplement comme la cause est sûrement trop simple. «Une colère refoulée est le point de départ de presque toutes les dépressions cliniques» a déclaré un psychiatre chrétien. «Le but inaccessible» est une école de pensée défendue par les docteurs Paul Meier, Frank Minirth et quelques autres. Une personne déprimée peut tenir compte de tels points de vue, mais il faut reconnaître qu’une frustration ou une colère rentrée ne conduisent pas fatalement à la dépression. Pourquoi une minorité de gens brusquement soumis à une tension intérieure plongent-ils dans des états d’âme frisant le désespoir profond alors que la plupart des autres ressortent indemnes d’un bref passage à vide? En outre, il y a des moments où les chrétiens sont pressés de toutes manières… dans la détresse… persécutés… abattus comme l’apôtre Paul (2 Cor 4.8-9) sans que la «colère censurée» n’entre en ligne de compte. Quelques auteurs citent le texte du Psaume 32.4 où David décrit une grande lassitude, semblable à une dépression, reconnaissant qu’elle est le résultat d’un péché non confessé. On prétend alors très vite que la plupart des crises d’abattement sont motivées par un sentiment de culpabilité. Il est clair, selon l’Ecriture, que la désobéissance et le péché conduisent au châtiment et au chagrin, mais voir ces comportements comme la seule source de découragement est tout à fait injustifié, car il y a beaucoup d’autres exemples dans la Bible de gens abattus et accablés sans raisons spécifiques. Rappelons-nous de quelques grands héros de la réformation ou des réveils qui ont souffert de sévère mélancolie, parfois même dans leurs plus belles heures de service.

IL est évident que plusieurs ont une tendance innée à la lassitude et la tristesse, mais les phases dépressives peuvent provenir des causes les plus diverses. En vérité, et le plus souvent, il n’y a pas de cause clairement apparente. Le voile pénible de la mélancolie tombe bien des fois de façon inattendue et inexplicable. Dès que l’humeur morose s’installe, elle entraîne une succession de lamentations et ceux qui les entendent en déduisent forcément qu’elles sont vraiment la source de la tristesse. Mais le problème de base est sans doute une prédisposition constitutive à la dépression, dans la plupart des cas.

Les circonstances aggravantes viennent parfois de la propre expérience du conseiller spirituel qui, s’il a lui-même souffert d’un méchant assaut de mélancolie dans le passé, peut suggérer que la dépression doit toujours être complètement guérie. Il fera peut-être valoir qu’il a été libéré de toute rechute pendant des années.

2. Conseiller spirituel ou psychiatre: que choisir ?

Pour un grand nombre de personnes, la dépression ne s’abat qu’une seule fois sur elles, entre 18 et 25 ans et ne réapparaît plus, sinon après une grossesse ou dans l’âge avancé. Bien des gens ne se montrent vulnérables qu’à ces époques de la vie, alors que beaucoup d’autres restent fragiles et proches de cet état pathologique jusqu’à la mort. Bien qu’une minorité seulement souffre durement et à plusieurs reprises d’un tel délabrement psychique, c’est néanmoins un mal très commun, si commun même que dans toute Eglise d’une centaine de membres, cinq à dix de ceux-ci en sont touchés à divers degrés. il a été maintes fois affirmé par les médecins que les femmes en sont affectées deux fois plus que les hommes, mais les pasteurs en exercice n’appuient pas ce point de vue. Une assez grande proportion de serviteurs de Dieu certifient avoir connu l’angoisse et la dépression; c’est un fait que l’on retrouve dans beaucoup de biographies de chrétiens. il n’y a pas très longtemps, un magazine évangélique publiait un article sur la dépression dans le service de Dieu et dévoilait que les pasteurs ne sont pas étrangers à ses atteintes. Peut-être que le Grand Médecin a voulu qu’il en soit ainsi afin que ses aides s’équipent d’une bonne dose de compréhension et de compassion pour les autres (voir 2 Cor 1.4). il va sans dire que le secours pastoral seul ne peut pas toujours remédier à toutes les manifestations de souffrance intérieure. La force du désespoir du coeur est parfois si intense, que celui qui en souffre ne peut tout simplement plus faire face à la vie et doit recourir aux médicaments. Dans ce cas, la règle de 1 Cor 10.13 ne peut pas être appliquée parce que la personne se trouve dans l’incapacité de supporter l’épreuve et ne peut plus prier ni faire appel aux promesses de Dieu.
 Dans le même ordre d’idées, je souligne que si le vide intérieur provoque des troubles de comportement au point de fausser le sens de la réalité des choses, le problème déborde le cadre de la relation d’aide, du moins pour un temps. Les hallucinations sont un signe d’irrationalité, mais elles ne sont pas aussi sérieuses qu’elles le paraissent. Quelques-uns voient, entendent et profèrent des choses incohérentes à la suite de tensions, de chocs ou d’insomnies, mais recouvrent tout aussi vite leur équilibre et la stabilité s’ils retrouvent le sommeil et l’amitié de quelqu’un. Nous ne devons pas nécessairement pousser à consulter un psychiatre lorsque nous observons une détérioration de l’humeur, car le rétablissement s’opérera peut-être avant l’obtention d’un rendez-vous chez le médecin!

Si des idées noires se sont fermement installées, il faut reconnaître que nous ne sommes plus dans notre élément et le secours médical devient pressant. Si une personne dépressive présente d’autres problèmes sérieux et tente de s’enlever la vie, le meilleur spécialiste en relation d’aide est incompétent, il ne doit même pas essayer d’agir seul. Le dépressif a besoin du soutien préventif de la médecine. Mais la plupart des manifestations de la dépression ne vont pas si loin, malgré le profond désespoir et le dégoût. il faudrait être en mesure de porter secours à notre prochain sans intervention psychiatrique tant que possible – les avantages de la mise à l’écart de la médecine seront mentionnés plus tard.

3. Les formes de la dépression

Avant de considérer les mesures d’aide que nous pouvons prendre, nous voulons décrire rapidement les symptômes de cette expérience. La dépression survient sous la forme d’une tristesse marquée et continue qui, bien des fois, imprègne toute la personnalité. Lorsque nous sommes en dépression, nous envisageons les choses d’une manière extrêmement pessimiste, allant jusqu’à la perte totale de l’assurance du salut.

Il peut arriver que la dépression entraîne une hypersensibilité à l’état de révolte et de péché du coeur humain et à une perception inhabituelle de notre déchéance, vision dévastatrice qui se transforme en auto-accusation.
1. Estimation de soi perturbée: la dépression peut se greffer sur un sentiment d’indignité, nous précipitant dans une orgie de dénigration de soi, ou elle peut laisser notre orgueil intact et prendre la forme d’une extrême pitié de soi à la suite d’une vague monumentale de blessures, d’injustices, de coups durs et de déboires.
2. Perte de maîtrise émotionnelle: quelquefois la dépression agit davantage sur les sentiments que dans les pensées par une terrible combinaison d’abattement, de misère, d’anxiété, de terreur et une perte de confiance et de motivation. Nous sommes touchés par le fond, frustrés ou entièrement épuisés et exténués. La souffrance intérieure nous rend indécis et apathiques, imprévisibles et impulsifs en peu de temps.
3. Personnalité altérée: pour beaucoup de gens, la dépression est génératrice de frayeurs nocturnes avec des coups de boutoir d’angoisse si terrifiants que l’on désespère de voir arriver le jour. D’autres deviennent irritables et franchement désagréables alors que certains deviennent anormalement placides et prennent quotidiennement le rôle du paillasson.
4. Obsessions: pour plusieurs, la dépression se manifeste par des idées défaitistes; ils les rabâchent continuellement, les passent à la moulinette jusqu’à ce que l’esprit soit trop alourdi pour réagir et penser objectivement.
5. Perception du monde extérieur faussée: les tourments de la dépression font pleurer sans raison, en cachette, et amènent à regarder les autres avec effroi. Le diable bien sûr prend avantage de ce vide intérieur, insinuant les pensées les plus folles, le doute et les soupçons, jusqu’au désespoir total.
6. Plaisir morbide: la dépression favorise aussi la tendance perverse à l’autodestruction; il ne s’agit pas exclusivement de suicide, mais d’un violent désir de tout abandonner, de tout quitter, de prendre congé et d’oublier ce que Dieu avait commencé par sa grâce. Le déprimé a envie de s’écarter de tout et de se réduire ainsi à la non-existence.La raison peut admettre une chose et en même temps se laisser aller à une excitation morbide de la tragédie, s’en délectant secrètement.
7. Obstination à souffrir: beaucoup de dépressifs déterminés à regarder les choses sous leur aspect le plus négatif sont étrangement résolus à rester dans leur état, ce qui est une forme de masochisme: leur peine, leur humiliation et leur langueur sont finalement voulues et recherchées.
8. Souffrance morale: par dessus tout, cette mystérieuse et réelle souffrance morale est le facteur le plus significatif. On peut en subir les assauts à un degré très élevé pendant quelques heures, plusieurs jours à la file, des semaines, des années.
9. Atteintes corporelles: les formes extrêmement variées de la dépression, avec sa cruauté unique, ont pour effet de nous mettre en garde contre des explications simplistes des causes et des moyens de guérison. Les gens touchés par ce trouble inorganique souffrent souvent d’anomalies physiques parallèlement à leurs angoisses. Nous ne saurions passer sous silence leurs craintes devant les manifestations de cet ordre. Il faut les rassurer, car de tels symptômes n’ont rien d’extraordinaire. On relève des sueurs froides ou des bouffées de chaleur, des palpitations, des démangeaisons du cuir chevelu, la bouche sèche, des difficultés de déglutition, de violents maux de tête, une foule de désagréments digestifs ou autres. On ressent souvent une impression de substance acide nocive dans le corps, dans le sang et même sur la langue. Souvent ces ennuis baissent d’intensité ou disparaissent carrément au moment où le dépressif apprend que ces symptômes sont courants.

Notre but, dans la relation d’aide, c’est d’épauler un croyant qui traverse le désert brûlant de la dépression. Si nous tendons la main à quelqu’un qui souffre de ce vide intérieur et de cette extrême lassitude, c’est pour le convaincre que la dépression peut être vaincue grâce à l’application des règles de l’Ecriture. Cette découverte achevée, le dépressif est préparé pour repousser les vagues de tristesse. L’objectif pastoral, par conséquent, est d’enseigner à composer de la meilleure façon avec cet état de manière à tenir le coup aux pires moments.

Dans le prochain numéro de Promesses, l’auteur fournira quelques outils pour dépister, comprendre, définir et affronter la dépression.

1 Pasteur au Metropolitan Tabernacle à Londres. C’est dans cet édifice que C.H. Spurgeon prêcha avec fruit de 1861 à 1892. L’article que nous publions ici paraîtra en trois fois. Il est emprunté à la revue «Sword and Trowel» (No 111989) et adapté.

P.M.

Écrit par


(Juges 13)

Si Samson vivait aujourd’hui, les équipes sportives s’arracheraient ses services à coups de millions de dollars. Arrière en rugby, personne ne passerait; attaquant, les meilleures défenses seraient enfoncées. En lutte, boxe, judo, les titres olympiques ne seraient que pure formalité. De leur côté, gouvernements et armées feraient tout pour l’embaucher comme garde de corps présidentiel ou comme membre d’une troupe de choc chargée de pénétrer les premières lignes ennemies.

Samson est unique. Jamais un homme n’a été aussi fort que lui. Déchirer un lion rugissant à mains nues; tuer mille hommes avec la mâchoire d’un âne; arracher, puis transporter sur ses épaules les portes massives d’une ville côtière au sommet d’une montagne située à plus de 60 kilomètres; briser les liens les plus solides comme du fil brûlé au feu; voilà de quoi nous laisser songeurs. A tort, beaucoup voudraient le ranger parmi les personnages mythologiques: qu’un monsieur Superman ait existé leur paraît impossible. Pour la Bible aucun doute n’est permis : Samson fut un homme en chair et en os doté par Dieu d’une force exceptionnelle.

Mais Samson est plus qu’un paquet de muscles. il est aussi une intelligence des plus lucides. Comme un champion d’échecs qui livre simultanément plusieurs parties les yeux fermés, Samson est prêt à relever tous les défis. Sa supériorité l’assure d’avance de la victoire. Ses énigmes sont fermées à toutes les perspicacités réunies.

La particularité de Samson se manifeste aussi par sa naissance. Comme pour les plus grands hommes de Dieu, un ange annonce sa conception miraculeuse et sa consécration au ministère dès le sein maternel. Gabriel a été envoyé pour Jean-Baptiste le plus grand prophète de l’ancienne alliance (Mat 11.11 ) et pour Jésus le Fils de Dieu (Luc 1.19, 26); l’ange de l’Eternel est présent pour Samson.

Quant au ministère de Samson, il est lui aussi exceptionnel. Contrairement à l’opinion répandue, notre juge n’est pas un homme charnel. Comme nous le montrerons dans trois prochaines études: aucune immoralité sexuelle, aucun égoïsme ou appât du gain, pas de mesquinerie, mais un sens profond du ministère, et un esprit sensible à la justice divine. Sa spiritualité est relevée à quatre reprises dans le livre des Juges (13.24; 14.6,19; 15.14), plus que celle de tous les autres juges réunis. Le Nouveau Testament le place, lui aussi, parmi les héros de la foi (Héb 11.32).

Si Samson est exceptionnel, il est aussi énigmatique. Ses paroles et gestes portent toujours plusieurs niveaux de compréhension. Ses actes symbolisent, jusque dans les moindres détails, une leçon spirituelle. Ni ses parents (14.4), ni ses contemporains de la tribu leader de Juda (15.11-13), ni les commentateurs modernes n’ont compris le sens de son ministère. Reproches et moqueries n’ont fait que pleuvoir sur cet homme. Autrefois comme aujourd’hui, Samson est un des personnages bibliques les plus mal compris.

Si le lecteur veut être éclairé sur cet enfant du soleil (c’est le sens de son nom), il devra laisser de côté certains clichés et préjugés. Le texte inspiré devra être le seul guide. Une étude du contexte servira de point de départ à notre réhabilitation de Samson.

Un peuple élu à l’agonie

Depuis quarante ans, le peuple élu vit sous la domination des Philistins (13.1), soit une durée deux fois plus étendue que toute autre oppression du temps des juges (20 ans du temps de Débora: 4.3). Contrairement aux situations antérieures, le châtiment infligé par l’Eternel ne produit aucun repentir. Même après quarante ans, le peuple continue, sans sourciller, à marcher dans la rébellion.

Le jugement de Dieu ne semble plus produire ses effets. L’humiliation par les ennemis est acceptée. Vingt ans, quarante ans. Israël ne réagit plus. Le peuple élu semble résigné à son sort. Il faut dire à la décharge de cette génération que la domination des Philistins est différente des autres. Ce peuple ne dévaste pas systématiquement le pays à la madianite, mais il se contente d’une cohabitation plus ou moins paisible avec Israël. Il ne s’oppose pas à des mariages interethniques si les autres peuples s’intègrent à ses coutumes et obéissent à ses autorités. Israël accepte cette soumission (15.9-13). Les compromis de la cohabitation paraissent préférables à la guerre. Pour Israël, la vie n’a pas de prix.

Les Juifs tiennent à la vie, mais sont-ils encore en vie? Physiquement peut-être, mais pour combien de temps ? Spirituellement, il ne reste rien. Comme l’électrocardiogramme qui a cessé d’osciller, l’apathie du peuple est révélatrice de la situation. La flamme de la spiritualité est éteinte. Dieu doit intervenir de façon radicale pour redonner vie à ce qui est moribond.

Vers une nouvelle création

L’Eternel va susciter une vie nouvelle. Pour cela, il va prendre une femme stérile, et à cette femme symbolisant la mort (puisque privée de descendance ), Dieu donnera la possibilité d’engendrer. Son enfant ne sera pas comme les autres. Porteur de toutes les promesses tant sur les plans physique, intellectuel que spirituel, Samson est le signe d’une nouvelle humanité.

Il faut noter ici que l’engendrement par une femme stérile apparaît dans l’Ecriture chaque fois que Dieu veut marquer du fer rouge une étape importante de son oeuvre rédemptrice. Isaac est le fils de la promesse; Samuel est un prêtre divinement mandaté pour oindre les deux premiers rois en Israël; Jean-Baptiste annonce le Messie. Le Christ lui-même est né d’une vierge. Dans son cas, le miracle symbolisant la nouvelle création est encore plus manifeste. Jésus est vraiment le nouvel Adam (Rom 5.12- 21). Ainsi, le miracle marque la rupture avec l’ordre (corrompu) du passé.

Samson annonce une nouvelle étape. Les hommes traditionnels ayant échoué, Dieu fait du neuf. Avec Samson, il préfigure la pleine rédemption liée au Messie.

La caractéristique première de ce nouvel être n’est pas sa force, mais sa consécration. Le récit de la naissance de Samson (le chapitre 13) s’étend à trois reprises sur le thème de la consécration (13.4-5,7, 14), alors qu’il se contente de signaler une fois seulement la force du juge: il commencera à sauver Israël de la main des Philistins (13.5). La consécration est fondamentale, la force secondaire. En fait, la première engendre la seconde. La consécration conduit à la force. Celui qui est attaché à Dieu est invincible, car Dieu est avec lui. Si Samson est fort, c’est parce qu’ il est consacré. Comme autrefois Israël était invincible dans ses jours de fidélité, Samson est invincible. La force du juge rappelle celle du peuple élu dans le passé.

Les signes de la consécration

La consécration de Samson sera marquée par deux éléments: l’un se rapporte à ce qui entre dans le corps (boisson et nourriture), l’autre à ce qui sort du corps (les cheveux qui poussent). Aucun vin ou liqueur ne seront bus, ni rien d’impur mangé; les cheveux ne seront jamais coupés. Ces prescriptions sont conformes aux lois sur le naziréat (Nomb 6). Comme Samson est consacré dès sa conception, l’ interdiction relative aux aliments est aussi imposée à sa mère pour le temps de la grossesse.

Comment comprendre ces deux symboles de la consécration ? Penchons nous pour commencer sur les aliments. Les nourritures impures ne posent pas de problème particulier puisqu’elles étaient interdites à tous les Juifs. Le cas du vin et des liqueurs est différent. Les Israélites en consommaient librement. En particulier lors de certaines fêtes, une partie de la dîme était dépensée devant la maison de l’Eternel. Vin, liqueurs et diverses nourritures de choix étaient servis à la famille élargie (Deut 14.26- 27). Pour le peuple, la seule interdiction attachée au vin et à tous les fruits de la vigne (comme à toute autre culture) était liée à l’année sabbatique. Le Juif devait faire relâche de tout travail; la vigne était laissée en friche et la récolte abandonnée à Dieu. Seuls les pauvres et les animaux pouvaient en disposer (Ex 23.11).

Pour les naziréens, la situation était différente. La loi du naziréat interdisait non seulement le breuvage alcoolisé (comme l’indique le livre des Juges), mais tout le fruit de la vigne (y compris pépins et peau: Nom 6.4). Ainsi, l’impossibilité de cueillir, et donc de consommer les fruits de la vigne, n’était plus limitée à la septième année. Certaines exigences de l’année sabbatique étaient étendues à toute la période consacrée au Seigneur. La remise d’ un septième à l’Eternel était insuffisante. La consécration totale exigeait un don total. L’engagement du naziréen le privait des fêtes où vin et liqueurs coulaient avec largesse. Sa vie ne lui appartenait plus. Détente, repos et festivités étaient repoussés à l’expiration de son engagement.

L’interdiction liée aux cheveux rejoint le symbolisme de l’année sabbatique. Ne pas couper les cheveux rappelle le repos de la terre. Vigne non taillée et cheveux non coupés se ressemblent, surtout lorsque ces derniers sont laissés libres au vent. De plus, comme la croissance des plantes, la croissance des cheveux est signe de fertilité. Si le produit de la terre (les récoltes) doit être abandonné au Seigneur, ainsi en sera-t- il du produit de la tête (les cheveux).

En offrant au Seigneur ses cheveux, le naziréen exprime symboliquement son désir de lui consacrer ses pensées (car l’activité principale de la tête est de type cérébral). Apporter ses cheveux au Seigneur, c’est s’engager à lui consacrer tout le produit de sa réflexion. Le Nouveau Testament exhorte, lui aussi, le fidèle à rejeter toute pensée impure et à être renouvelé dans son intelligence (Rom 12. 1-2; Eph 4.20-24).

Ainsi, si la consécration est liée à la force (comme nous l’avons vu plus haut), elle est aussi attachée à l’intelligence. Si elle produit la première, elle engendre aussi la seconde. Celui qui est consacré se remplira 1’esprit des pensées du Seigneur. Ce faisant, il ne pourra que dépasser en sagesse l’intelligence voilée des pécheurs.

A la lumière de ce qui précède, on peut ajouter une remarque sur l’interdiction liée au vin et aux liqueurs. Si le serviteur consacré doit s’abstenir de tout alcool, c’est aussi pour garder un esprit clair. Comme un gendarme en exercice doit s’abstenir de tout alcool, ainsi en est-il du naziréen pendant son temps de service. Certes, l’interdiction s’étend à tout le fruit de la vigne (y compris pépins, peau et raisins secs: Nom 6.3-4), mais n’est-ce pas pour mieux marquer l’absolu de cette loi? Aujourd’hui, des personnes sont parfois exhortées à s’abstenir de toute goutte d’alcool.

Un ministère d’éclaireur

Samson est totalement consacré au service du Seigneur. Mais pour quel ministère ? L’ange avait annoncé que le fils de Manoah commencerait à sauver Israël (13.5). Le peuple ne s’étant pas repenti comme les générations précédentes, le ministère de Samson ne consiste pas à délivrer Israël, mais seulement à commencer à le faire. La tâche prioritaire de Samson n’est pas de soulager ses frères de la main des Philistins, mais de les affranchir d’eux-mêmes, c’est à dire de leur péché.

Appelé fils du soleil, Samson doit chercher à éclairer ses contemporains sur leur situation, sur leur péché, sur leur incrédulité, sur les dangers du compromis et du syncrétisme religieux, mais aussi sur la force des fidèles et la certitude de leur victoire. Comment enseigner ce peuple endurci ? Par un discours? Mieux, par des exemples et des leçons de choses. Les chapitres 14 à 16 en sont remplis; ils seront l’objet de nos prochaines études.

Le symbolisme de l’ange et des parents

Samson est le personnage clé de notre texte, mais il n’est pas le seul acteur. Le chapitre 13 mentionne trois autres créatures: l’ange de l’Eternel, la mère de: Samson et Manoah son père. Leurs rôles ne sont pas négligeables.

La présence du messager céleste marque l’intérêt divin: l’Eternel s’engage directement en faveur de ce juge. Seul Gédéon avait été honoré par une telle présence, et suite à son appel miraculeux, la puissance divine s’était particulièrement manifestée durant son ministère: double prodige de la toison, puis surtout déroute de cent vingt mille hommes par une poignée de fidèles non armés (8. 10). Les autres juges n’avaient bénéficié ni d’une présence angélique ni de miracles aussi tangibles.

Si Dieu envoie un ange pour Gédéon et pour Samson, la présence divine pour Samson est encore plus manifeste. (1 )L’ange se révèle avant la conception (13.3), et pas seulement lors de l’appel (6.11). (2)ll apparaît à deux reprises et à deux personnes (la mère et le père) ; alors que Gédéon était le seul témoin d’une apparition unique. (3) Le miracle de l’offrande consumée est plus étonnant dans le cycle de Samson, car l’ange ne disparaît pas simplement (6.21), mais il monte dans la flamme (13.20). (4) Lors du deuxième prodige, des révélations supplémentaires sont apportées: l’offrande est appelée holocauste (13.16, 19) et l’ange sans dévoiler son nom précise quand même qu’il est un mystère (littéralement: merveilleux) (13.18).

Les actes de Samson seront à la hauteur de l’intervention de l’ange. Si Gédéon a dû limiter son armée à trois cents soldats, Samson est seul. Ses victoires sont encore plus éclatantes que celle du fils de Joas, car la présence de l’ange de l’Eternel dès la conception préfigure un ministère extraordinaire.

Si l’on passe aux parents, on peut noter que leur vie annonce le même message que la vie de leur fils: dans un monde sclérosé, l’espoir est possible si les incrédules laissent une petite place aux fidèles. Comme Samson, sa mère est sensible à l’Eternel, alors que Manoah est endurci à l’image d’Israël.

Dans la rencontre avec l’ange, la mère tient la première place. Le messager céleste vient vers elle, plutôt que vers le chef de famille. Même lorsque ce dernier implore Dieu, l’ange retourne vers la femme, et choisit de la rencontrer lorsque elle est seule. Par ailleurs, des deux conjoints, c’est l’épouse qui discerne rapidement la particularité de ce messager (il avait l’ aspect d’un ange de Dieu: 13.6); c’est encore elle qui avec bon sens rassure son mari sur l’ issue positive de l’entrevue avec l’ange(13.23).

L’homme, de son côté, cumule les imperfections. il doute des propos de sa femme puisqu’il veut lui-même entendre l’ange sur les directives à suivre (13.8). La simple répétition des instructions angéliques (13.14) témoigne de l’inutilité de la requête. Le mari doute de sa femme une deuxième fois, lors du retour de l’ange (Est-ce toi qui a parlé à cette femme?: 13.11).Manoah tarde à discerner la nature particulière de l’ ange (13.16), et quand enfin il la reconnaît, il en tire une mauvaise conclusion (13.22). Terrifié, l’homme semble avoir la mauvaise conscience de l’ incrédule et de l’endurci à qui la bonté du Seigneur est cachée.

Toute une génération est illustrée parce couple. Quand les chefs endurcis font obstacle à l’oeuvre divine, Dieu doit utiliser pour son oeuvre des gens placés, par nature, au second rang: une épouse plutôt qu’un mari; un inconnu de Dan plutôt qu’un magistrat de Juda. Le dépassement des structures hiérarchiques témoigne de la cécité des leaders qui ne peuvent manifestement plus servir de guide.

Le ministère du fils du soleil aura pour but de redonner du discernement au peuple. Dans nos prochaines études, nous nous efforcerons de comprendre le message de Samson, cet homme de tous les espoirs.

D.A.

     Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.

Rom 12.2

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