PROMESSES
Affirmer que l’Esprit est Dieu, c’est entre autres affirmer qu’il est un être personnel. Pour étayer cette doctrine, nous allons dans un premier temps donner des appuis bibliques à la personnalité de l’Esprit, avant d’en mentionner d’autres qui soutiennent sa divinité. Enfin, nous indiquerons comment l’Esprit s’inscrit dans l’unité des personnes divines. Affirmer que l’Esprit est Dieu, c’est entre autres affirmer qu’il est un être personnel. Pour étayer cette doctrine, nous allons dans un premier temps donner des appuis bibliques à la personnalité de l’Esprit, avant d’en mentionner d’autres qui soutiennent sa divinité. Enfin, nous indiquerons comment l’Esprit s’inscrit dans l’unité des personnes divines.
L’Esprit est une personne
Il possède les caractéristiques d’une personne
Une personne peut être définie comme un « Je » capable de faire face à un « Tu ». De façon plus précise, la personnalité est caractérisée par la possession de la pensée, du sentiment, de la volonté ainsi que de l’existence comme centre individuel de conscience capable de relations avec d’autres personnes[note]Cf. citation de Wainwright dans : Henri Blocher, Fac étude, La doctrine du péché et de la rédemption, vol. II, Vaux-sur-Seine, FLTE, 2001, p. 211.[/note] À la lumière de cette définition, la Bible montre que l’Esprit est bien une personne ; en effet :
– Il peut dire « je[note]Act 13.2[/note] » et peut recevoir le titre personnel de Paraclet[note]Jean 14.16-17[/note] ;
– Il possède une pensée : il lui « paraît bon »[note]Act 15.28[/note], il connaît[note]1 Cor 2.10-11[/note], etc. ;
– Il a des sentiments : il peut être attristé[note]És 63.10 ; Éph 4.30[/note] ;
– Il a une volonté : il empêche des hommes d’agir[note]Act 16.6[/note], il ordonne[note]Act 13.2[/note], il distribue des dons selon sa volonté[note]1 Cor 12.11[/note], etc. ;
– Il est capable de relations avec d’autres personnes : il enseigne[note]Jean 14.26[/note], il prie[note]Rom 8.26-27[/note], on peut lui mentir, le provoquer[note]Act 5.3,9[/note], l’insulter[note]Héb 10.29[/note], etc.
Un point de grammaire grecque
En grec, le neutre est généralement utilisé pour des choses, alors que le masculin l’est pour des personnes. Or, en Jean 14.26 ; 15.26 ; 16.13, l’évangéliste utilise un pronom masculin (ekeinos) pour l’Esprit alors que la grammaire exigerait un neutre (ekeino). Pourquoi cela, sinon pour souligner la personnalité du Saint-Esprit ?
Réponse à quelques objections
Il est bon de répondre succinctement à plusieurs objections qui peuvent être soulevées quant à la personnalité du Saint-Esprit.
1. Le Saint-Esprit ne serait pas une personne puisqu’il est parfois présenté sous forme de réalités impersonnelles telles l’eau[note]Jean 7.37-39.[/note], le vent[note]Jean 3.8.[/note], le feu[note]Act 2.3-4.[/note], etc.
Lorsque l’Esprit est présenté ainsi, il s’agit de métaphores qui ne permettent en rien d’en déduire qu’il n’est pas une personne. En effet, un raisonnement semblable amènerait à conclure que Jésus n’est pas une personne puisqu’il se compare à du pain, à la lumière, à une porte, à un pied de vigne[note]Jean 6.35 ; 8.12 ; 10.7 ; 15.1.[/note], etc. !
2. L’Esprit ne serait pas une personne puisqu’il peut être répandu[note]Act 2.17 ; És 44.3.[/note], puisqu’on peut en être oint[note]Act 10.38.[/note] ou encore en être rempli[note]Act 2.4.[/note], etc.
Là encore, ces verbes sont employés dans le cadre de métaphores. Par exemple, c’est parce que l’Esprit est comparé à de l’eau qu’il peut être répandu[note]És 44.3.[/note]. Dès lors il devient clair que l’emploi de telles métaphores ne peut servir de preuve au fait que l’Esprit n’est pas une personne. Qui, en effet, oserait dire que l’auteur du Psaume 22 n’est pas une personne puisque ce dernier se compare à de « l’eau qui s’écoule » (Ps 22.15) ?
3. L’Esprit ne saurait être une personne, puisque Dieu peut en « ôter une partie[note]Nom 11.17,25.[/note] », ou en répandre, ou encore en donner[note]Jean 4.13..[/note].
S’il n’y avait que ces textes, on pourrait en effet conclure que l’Esprit est une « chose » et non une personne. Mais il existe des textes en bien plus grand nombre qui le présentent comme une personne[note]Certains s’appuient sur Proverbes 8 et 9 où la sagesse et la folie sont personnifiées pour dire que ce n’est pas parce que l’Esprit est présenté comme une personne qu’il en est nécessairement une. À cela nous répondons que le style de Proverbes 8 et 9 est poétique et qu’il est évident qu’il s’agit d’une personnification. Par contre, les nombreux passages qui présentent l’Esprit comme étant personnel ne s’inscrivent pas dans ce style littéraire et dans leur contexte, rien n’indique qu’il s’agisse d’une personnification ![/note]. Il faut donc comprendre cette notion quantitative au niveau des effets produits : dire que Dieu « ôte de son Esprit » à une personne signifie qu’elle bénéficiera « à un niveau moins élevé » des capacités que donne l’Esprit, mais ne signifie pas que Dieu « morcelle » son Esprit pour lui en enlever une partie !
Cette lecture est d’ailleurs confirmée par certains des textes en question. En effet, dans le livre des Nombres un même texte affirme que Dieu ôte de son Esprit à Moïse pour donner l’Esprit (et non « de l’Esprit ») aux anciens[note]Nom 11.17,25, cité plus haut.[/note] ; ou encore, dans le livre des Actes, où il est question de la Pentecôte, il est dit que Dieu a répandu de son Esprit sur les hommes, alors qu’un peu plus loin, ce même livre affirme que c’est l’Esprit (et non « de l’Esprit ») qui est tombé sur eux à ce moment là[note]Act 2.17 ; 11.15.[/note].
L’approche proposée ci-dessus se trouve également confortée par la notion de plénitude de l’Esprit[note]Act 2.4 ; 6.3 ; 7.55, etc.[/note] telle qu’elle apparaît dans le Nouveau Testament. Par exemple, le croyant est appelé à ne pas attrister le Saint-Esprit[note]Éph 4.30.[/note], mais au contraire à en être rempli[note]Éph 5.18.[/note]. Dire que le croyant est rempli de l’Esprit signifie que l’Esprit peut « pleinement se manifester » dans sa vie, contrairement au moment où il est attristé et où sa liberté d’action est « entravée ». Le N.T. n’envisage donc pas « une présence morcelée » de l’Esprit, mais plutôt une présence qui va pouvoir se manifester à des degrés plus ou moins élevés.
L’Esprit est Dieu
La divinité de l’Esprit est clairement affirmée sous la plume de l’apôtre Paul qui écrit que le Seigneur est l’Esprit[note]2 Cor 3.17.[/note].
D’autres textes bibliques la font ressortir de façon indirecte en montrant que le Saint-Esprit possède des attributs divins. L’Esprit est en effet omniscient puisqu’il connaît tout, même les profondeurs de Dieu[note]1 Cor 2.10.[/note]. Son omniprésence est affirmée par le psalmiste lorsqu’il souligne qu’il n’existe pas de lieu où il puisse échapper à la présence de l’Esprit de Dieu[note]Ps 139.7.[/note]. Le fait que l’Esprit de Dieu soit présent en chaque croyant va également dans le sens de son omniprésence. La toute puissance de l’Esprit ressort du fait que la venue de l’Esprit sur Marie est assimilée à la venue de la puissance de Dieu sur elle[note]Luc 1.35.[/note]. Enfin, l’auteur de l’épître aux Hébreux affirme l’éternité de l’Esprit lorsqu’il écrit que c’est par l’Esprit éternel que Christ s’est offert à Dieu[note]Héb 9.14.[note].
Un texte du livre de Job fait ressortir la divinité de l’Esprit en lui attribuant le pouvoir divin de création de l’être humain[note]Job 33.4.[/note].
Ailleurs, elle ressort du fait que le Seigneur est assimilé à l’Esprit du Seigneur. Par exemple, le livre de Samuel affirme que l’Esprit du Seigneur s’est retiré d’avec Saül pour aller avec David, avant de dire plus loin que c’est le Seigneur qui s’est retiré d’avec Saül pour aller avec David[note]1 Sam 16.13-14 ; 18.12.[/note].
D’autres textes vont assimiler la présence du Seigneur à la présence de l’Esprit : l’auteur du Psaume 139 considère comme équivalente la présence du Seigneur avec celle de son Esprit[note]Ps 139.7.[/note] et Jésus fait de même lorsqu’il dit à ses disciples que lui et son Père demeureront chez les croyants par l’Esprit saint qui sera en eux[note]Jean 14.17,23.[/note].
Le livre des Actes, quant à lui, assimile le fait de mentir à Dieu au fait de mentir à l’Esprit : en effet, lorsqu’Ananias a menti à l’apôtre Pierre, ce dernier lui a dit qu’en mentant à l’Esprit saint, ce n’est pas à des hommes qu’il a menti, mais à Dieu[note]Act 5.3-4.[/note].
Pour certains auteurs du N.T., il est équivalent de dire que des paroles proviennent de Dieu et qu’elles proviennent de son Esprit. Par exemple, l’auteur du livre des Actes attribue au Saint-Esprit des paroles de Dieu rapportées par le prophète Ésaïe[note]Act 28.25.[/note]. Ou encore, dans la lettre aux Hébreux, une affirmation du Psaume 95 est attribuée indistinctement à Dieu[note]Héb 4.3.[/note] ou au Saint-Esprit[note]Héb 3.7-8.[/note].
Dans la lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul relève que les croyants sont le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en eux[note]1 Cor 3.16.[/note]. Si l’Esprit n’était pas Dieu, il semble que l’apôtre aurait plutôt parlé du temple de l’Esprit.
Une utilisation particulière de la grammaire grecque dans un texte de l’Évangile de Matthieu appuie aussi la divinité de l’Esprit. En effet, avant son ascension, le Seigneur a demandé à ses disciples de faire des disciples en les baptisant « au nom » du Père et du Fils et du Saint-Esprit[note]Mat 28.19.[/note]. Selon la grammaire grecque, il faudrait employer un pluriel (« aux noms ») si les trois avaient un nom différent, propre à chacun. Pour le théologien Henri Blocher, le singulier signifie que les trois ont le même nom, celui du Dieu unique[note]Cf. Henri Blocher, Fac étude, Christologie, fascicule 1, Vaux-sur-Seine, FLTE, 1986, p. 169 ; La doctrine du péché et de la rédemption, vol. 2, p. 212.[/note].
Enfin, comme le relève Henri Blocher, « il est naturel de supposer que l’Esprit de Dieu est un seul être avec Dieu, comme l’esprit de l’homme ne se sépare pas de cet homme. Au cas où quelqu’un trouverait la logique de l’analogie trop “naturelle”, nous observons que l’apôtre lui-même la met en œuvre (1 Cor 2.10s). »{note]Henri Blocher, Fac étude, La doctrine du péché et de la rédemption, vol II, Vaux-sur-Seine, FLTE, 1997, p. 213.[/note]
En terminant ce survol des appuis bibliques à la divinité de l’Esprit, il apparaît une différence notable par rapport à la façon dont est affirmée celle de Jésus. En effet, si Jésus est présenté comme recevant adoration et prières, tel n’est pas le cas pour l’Esprit. Ce silence qui peut surprendre est probablement dû à la différence de rôle qui existe entre le Fils et l’Esprit : « Si l’Esprit n’est pas l’objet de l’adoration explicite (elle est implicite dans les textes trinitaires de caractère liturgique), si on ne le prie pas (malgré l’invocation d’Ézéchiel 37.9, qui montre qu’on peut s’adresser à lui), c’est qu’on distingue son rôle dans l’économie du salut : le Saint-Esprit est Dieu nous faisant le prier ! »[note]Ibid., p. 213.[/note]
L’Esprit est une des trois personnes de la Trinité
Les trois personnes de la Trinité ont des fonctions différentes dans leurs relations avec le monde, que ce soit dans l’œuvre de la création ou dans celle de la rédemption. On parle de « l’économie » de la Trinité, où « économie » a son sens ancien, d’organisation des activités.
Dans l’œuvre de la création, Dieu (le Père) est celui qui prononce les paroles créatrices, le Fils est celui par qui tout a été créé et en qui tout subsiste[note]Col 1.16-17.[/note], le Saint-Esprit planait sur la surface des eaux[note}Gen 1.2.[/not], peut-être comme manifestation de la présence de Dieu au sein de la création.
Dans l’œuvre de la rédemption, le Père envoie le Fils et le Fils obéit au Père et meurt pour les péchés. Le Saint-Esprit qui est envoyé par le Père et le Fils, est celui qui applique la rédemption : il fait naître de nouveau[note]Jean 3.5-6.[/note], il œuvre pour la sanctification du chrétien[note]Rom 8.13.[/note], il équipe le croyant pour le service[note]1 Cor 12.7.[/note]. Ces différents textes font ressortir un certain ordre au sein de la Trinité, une certaine subordination. En fait, le Fils et le Saint-Esprit sont égaux au Père dans leur être, mais ils lui sont subordonnés dans leur rôle. On parle d’égalité ontologique mais de subordination économique. Cette subordination doit être éternelle[note]Si le Fils n’est pas éternellement soumis au Père dans son rôle de Fils, alors le Fils n’est pas éternellement Fils, et le Père n’est pas non plus éternellement Père, ce qui remettrait en cause l’immuabilité ontologique de Dieu. Cela semble confirmé par l’Écriture qui enseigne que lorsque tout aura été soumis à Christ, lui-même sera soumis au Père (1 Cor 15.28).[/note].
En résumé, la distinction des personnes au sein de la Trinité touche au rôle de chacune et non à leur être. Chaque personne est réellement une personne, qui possède pleinement l’être de Dieu ainsi que tous ses attributs, sans en avoir de supplémentaires. Les personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit se distinguent donc par leurs relations interpersonnelles et par leurs relations avec le monde créé.
Nous n’arrivons pas à comprendre comment tous ces différents aspects peuvent s’articuler, mais cela ne doit pas nous surprendre : l’existence de trois personnes en un seul Dieu est quelque chose qui dépasse notre compréhension.
L’unité de l’Esprit avec le Père et le Fils
De même qu’il y a unité entre le Père et le Fils[note]Jean 10.30 ; 14.10-11.[/note], il y a unité :
– entre le Père et l’Esprit : le Père demeure dans ses enfants par l’Esprit qui est en eux[note]1 Jean 3.24.[/note] ;
– entre le Fils et l’Esprit : Jésus demeure dans ses disciples par son Esprit qui est en eux[note]Jean 14.16,23. Voir aussi les sept lettres d’Apocalypse 2-3 : au début de chacune, c’est Jésus qui parle, et pourtant toutes se terminent en demandant d’écouter ce que l’Esprit dit aux églises.[/note].
Père, Fils et Saint-Esprit sont donc un quant à leur être : il y a un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
Quelques textes qui associent le Saint-Esprit au Père et au Fils
Différents textes associent les trois personnes de la Trinité. Par exemple, avant son ascension, Jésus demande aux siens de faire des disciples en les baptisant « au nom » du Père et du Fils et du Saint-Esprit[note]Mat 28.19.[/note]. Comme nous l’avons déjà vu, ce texte implique bien sûr la distinction des personnes et milite aussi fortement en faveur de la divinité des trois[note]Cf. Henri Blocher, Fac étude, Christologie, fascicule 1, Vaux-sur-Seine, FLTE, 1986, p. 169 ; La doctrine du péché et de la rédemption, vol. 2, p. 212.[/note].
À la fin de la seconde lettre aux Corinthiens, Paul appelle « la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint-Esprit »[note]2 Cor 13.13[/note] à être sur ses lecteurs. Ce texte qui implique la distinction des personnes milite aussi fortement en faveur de la divinité des trois en les associant intimement à travers une seule et même salutation.
D’autres textes associent également les trois personnes de la Trinité sans pour autant que des implications quant à la divinité des trois puissent en être tirées : lors du baptême de Jésus, les trois personnes de la Trinité sont présentes[note]Mat 3.16-17.[/note] ; Jean le baptiseur souligne que Jésus dit les paroles que Dieu lui donne et que Dieu lui donne également son Esprit[note]Jean 3.34.[/note] ; Jésus annonce à ses disciple qu’il va prier le Père pour que ce dernier leur envoie le Paraclet[note]Jean 14.16.[/note] ; l’apôtre Paul souligne qu’il y a un seul Esprit, un seul Seigneur, un seul Dieu[note]1 Cor 12.4-6.[/note], ou encore que c’est grâce au Fils que les croyants ont accès au Père par l’Esprit[note]Éph 2.18.[/note] ; l’auteur de la lettre au Hébreux souligne que Christ s’est offert à Dieu par l’Esprit éternel[note]Héb 9.14.[/note] ; l’apôtre Pierre, lui, souligne que les croyants sont élus selon le dessein de Dieu par la sanctification de l’Esprit pour obéir à Jésus-Christ[note]1 Pi 1.2.[/note], ou encore que Jésus, qui s’est offert pour présenter les croyants à Dieu, a été vivifié par l’Esprit[note]1 Pi 3.18.[/note].
L’Écriture est donc irréfutable : l’Esprit est une personne, l’Esprit est Dieu, l’Esprit est une des trois personnes de la Trinité divine.
- Edité par Juston Philippe
Un thème de Promesses a récemment couvert les nombreuses crises qui assaillent notre monde. Ce présent numéro soulève sans doute la plus merveilleuse réponse à nos pires circonstances : l’amour et la grâce de Dieu. Si la plus terrible crise concerne celle de notre nature rebelle contre Dieu, la plus étonnante réponse est bien son amour envers le pécheur (Rom 5.6).
C’est bien d’amour et de grâce dont nous avons le plus besoin, nous qui sommes capables de nous emporter à la fois contre les autres… et contre nous-mêmes ! Seule l’initiative divine, opérée en Jésus-Christ, peut nous sauver et sans cesse à nouveau sanctifier nos relations. Celui qui, humblement, accueille Dieu-est-Amour voit sa vie quotidienne transformée pour toujours : « L’amour a ceci de commun avec la grâce que tout — et jusqu’à la manière de pousser une porte ou de nouer un lacet — est modifié. » (Ch. Singer)
Probablement à cause de notre péché, ces deux attributs divins, subtilement imbriqués, ne sont pas aussi simples à appréhender qu’il n’y paraît (D. Carson), quoiqu’ils imprègnent le caractère de Dieu (J. Van Gemeren) et notre vie entière de rachetés (J. Prohin), en modifiant particulièrement notre caractère (Ch. Swindoll, M. Rochat).
Que Dieu vous fasse la grâce particulière de découvrir, à travers ces articles, votre plus grand besoin (G. Georgel), afin de lui rendre plus encore la gloire qui lui est due (F. Mondin). Bonne lecture !
- Edité par Mondin Frédéric
Qu’est-ce que la grâce ?
La « grâce » est un mot à la fois très courant dans la bouche des chrétiens et mal défini ou mal compris. Pour mieux saisir ce concept dont nous sommes naturellement tellement éloignés, prenons deux textes bibliques et trois situations profanes.
Pour comprendre la grâce… deux textes bibliques
• Le premier est tiré de l’A.T. Ruth est une étrangère, descendante d’une lignée qui était exclue du peuple de Dieu : « L’Ammonite et le Moabite n’entreront point dans l’assemblée de l’Eternel, même à la dixième génération et à perpétuité. » (Deut 23.3) Le mariage de Kiljon avec Ruth était donc une mésalliance coupable. Quelle indulgence pouvait attendre la jeune veuve en osant suivre sa belle-mère en terre d’Israël ? Elle ne peut compter que sur la grâce : « Laisse-moi, je te prie, aller glaner des épis dans le champ de celui aux yeux duquel je trouverai grâce. » (Ruth 2.2) Et « par bonheur », elle tombe sur Boaz, à qui elle dit avec reconnaissance : « Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux, pour que tu t’intéresses à moi, à moi qui suis une étrangère ? » (Ruth 2.10)
Une femme d’une lignée honnie, qui reçoit par grâce le droit d’être intégrée dans le peuple de Dieu, mieux encore qui s’inscrit dans la généalogie du Messie… Cela ne commence-t-il pas à nous faire entrevoir ce qu’est la grâce ?
• Le second récit est tiré du N.T. Dans une de ses paraboles, Jésus parle d’un maître de maison qui emploie des ouvriers journaliers dans sa vigne. Au début de la journée, il en embauche certains pour un denier par jour (le tarif normal à l’époque). Puis, au fil de la journée, il en prend d’autres, sans leur donner d’indication précise sur leur paye. Le soir venu, le maître donne la même somme à tous, au grand dam des premiers qui, après avoir trimé toute la journée, pensaient recevoir davantage que ceux qui n’avaient travaillé qu’une heure (Mat 20.1-16).
Voilà une parabole qui n’est syndicalement pas correcte ! Elle permet à Jésus de faire toucher du doigt la différence entre le « donnant-donnant » et la grâce : les premiers ouvriers ont reçu le denier « convenu » ; les ouvriers de la onzième heure ont reçu le denier que le maître a voulu leur donner, parce que c’est son bien et parce qu’il est « bon ».
Un bon maître qui donne à tous également, cela ne nous fait-il pas entrer aussi un peu dans la pensée de la grâce ?
Pour comprendre la grâce… trois exemples profanes
Venons-en à quelques exemples actuels à travers trois tranches de vie :
– La feuille de paye : C’est le dernier jour du mois. Christian reçoit sa feuille de paye. Conformément au contrat de travail dûment signé entre son employeur et lui, il a travaillé les 152 heures requises dans le mois et il touche le salaire convenu exact. Tant d’argent pour tant de travail : c’est juste — « donnant-donnant ». La Bible confirme : « À celui qui fait une œuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due. » (Rom 4.4)
– La contravention : Christian fait une course entre son travail et son domicile et s’arrête sur une place de stationnement interdite. En reprenant sa voiture, il trouve une contravention sur son pare-brise. Il a commis une faute ; il doit payer : c’est juste — « donnant-donnant ». La Bible confirme : « Le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rom 6.23)
– Le bouquet : Christian et sa femme sont invités ce soir chez des amis. Ils ne veulent pas arriver les mains vides, d’autant que la dernière fois que ces amis sont venus chez eux, ils ont apporté un beau bouquet de fleurs. Christian et sa femme se sentent redevables et s’arrêtent chez le fleuriste pour acheter un bouquet équivalent à celui reçu quelques semaines auparavant. Ils ont reçu ; ils doivent rendre la pareille : c’est juste — « donnant-donnant ». La Bible confirme : « Si c’est par grâce, ce n’est plus par les œuvres ; autrement la grâce n’est plus une grâce. Et si c’est par les œuvres, ce n’est plus une grâce ; autrement l’œuvre n’est plus une œuvre. » (Rom 11.6)
Définir la grâce ?
Dans ces trois exemples, rien de choquant pour notre sens de la justice. Et ce sens de la justice est inné chez l’être humain. Il n’est que d’observer le comportement des enfants : à l’école ou à la maison, qu’ils sont prompts à s’écrier : « C’est pas juste ! »
Mais la grâce… Ce n’est pas une juste contrepartie ; c’est un pur don sans compensation, gratuit, généreux, libre… Un concept bien éloigné de notre façon de penser, un sentiment si difficile à saisir…
Peut-être la meilleure façon de la définir est d’en prendre l’antonyme : la grâce est l’opposé du « donnant-donnant ». La grâce donne contre rien du tout — au moins pour ce qui nous concerne. La grâce ne demande rien de plus. La grâce est illimitée : Dieu en rajoutera encore et toujours : « De sa plénitude, nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce. » (Jean 1.16, Darby)
La grâce en justification
Tout homme a un besoin fondamental de la grâce de Dieu parce que tout homme est pécheur. Mais la grâce est peut-être ce qui lui est le plus difficile à accepter. Les religions humaines fonctionnent sur le principe du « donnant-donnant » : tant de sacrifice pour tant de bénédiction, tant de prières pour tant de réponses, etc. Or Dieu ne peut rien recevoir de l’homme pécheur et attend juste de lui que ce dernier accepte le cadeau de l’amour divin.
La grâce personnifiée en Jésus
Ce cadeau divin est avant tout une personne, Jésus Christ fait homme :
– Même si Dieu avait déjà montré à de multiples occasions sa grâce sous l’ancienne alliance, fondamentalement, « la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. » (Jean 1.17)
– La venue de Jésus Christ a été l’incarnation, la personnification de la grâce de Dieu : « La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. » (Tite 2.11) « La grâce nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels, et a été manifestée maintenant par la venue de notre Sauveur Jésus-Christ. » (2 Tim 1.9-10).
– Pendant sa vie sur la terre, ses actes et ses paroles « transpiraient » la grâce. La parole prophétique du psalmiste : « La grâce est répandue sur tes lèvres » (Ps 45.2) s’est réalisée quand tous « étaient étonnés des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Luc 4.22).
– À la fin de sa vie, c’est par un acte de pure grâce, sans autre contrainte que son amour, qu’il s’est offert sur la croix pour nous enrichir (2 Cor 8.9).
La grâce du salut
Tous les auteurs du N.T. sans exception parlent de la grâce et insistent sur le fait que recevoir la grâce de Dieu en Jésus est le seul moyen d’échapper à la religion du « donnant-donnant » et d’être sauvé pour l’éternité : nous sommes « gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ » (Rom 3.24).
Deux précisions sont utiles :
– La grâce est valable pour tous : personne n’est trop loin pour être privé de la grâce de Dieu1. Ne nous disons jamais que quelqu’un a tellement mal agi qu’il est désormais impossible qu’il puisse bénéficier de la grâce de Dieu. Souvenons-nous des exemples de Manassé, de Paul et de tant d’autres ! Et n’hésitons jamais à la présenter de nouveau.
– La grâce est de Dieu : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éph 2.8) Le don concerne ici tant la grâce que la foi qui l’a saisie. Aussi n’ayons pas de regret si nous n’avons pas eu une conversion marquante « à la Paul » : ce n’est pas la « qualité » de notre conversion qui nous sauve, mais la grandeur de la grâce dont nous bénéficions.
La grâce en sanctification2
Comme chrétiens évangéliques, nous sommes facilement prêts à recevoir et à prêcher la justification par la grâce. Plus difficile est d’admettre que le processus de sanctification qui se développe à partir de notre conversion est également dû à la même grâce. Nous sommes à juste titre sensibles aux nombreux impératifs qui parsèment les Épîtres, aux exhortations à « faire tous nos efforts », à « mettre en œuvre notre salut » — et nous oublions que « sa divine puissance nous a [déjà !] donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété » et que « c’est Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Phil 2.12-13 ; 2 Pi 1.3-5).
Notre sanctification progressive implique notre obéissance positive et volontaire pour devenir opérante et produire des œuvres. Toutefois l’effort doit toujours procéder de la grâce, pour éviter de retomber dans une sanctification légaliste. L’indicatif précède l’impératif ; le don devance le devoir et la position assoit l’exhortation.
Le texte de Tite 2.11-12 donne un résumé concis mais percutant de l’action de la grâce de Dieu en sanctification :
– Le point de départ est le salut que Dieu propose à tous : « La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. » Il est un pur cadeau divin, offert à tous — même si, hélas, beaucoup ne l’ouvrent même pas !
– Négativement, la grâce nous « enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines ». Paul ne définit pas plus précisément ces dernières, car « chacun est amorcé par sa propre convoitise » (Jac 1.14). Nous avons parfois tendance à établir une liste exhaustive de ce que nous estimons être mondain, alors que saisir à quel point le cadeau que Dieu nous a déjà donné est magnifique est le vrai moyen d’être moins attiré par les offres du monde et d’y renoncer joyeusement.
– Positivement, la grâce nous enseigne à « vivre dans le siècle présent ». Elle ne conduit pas à nous couper de notre environnement pour trouver une sainteté illusoire loin de tout. Au contraire, nous sommes invités à manifester la grâce de Dieu par une manière de vivre qui plaît à Dieu dans les trois dimensions de nos relations :
• « sobrement » quant à nous-mêmes : En face des cadeaux si infinis de la grâce de Dieu, le reste perd comparativement de sa valeur et nous pourrons vivre en dessous de nos moyens (ce qui est, me semble-t-il, une des meilleures définitions de la sobriété). De ce fait, il nous sera plus facile de donner généreusement, joyeusement, non par contrainte, mais en étant heureux de pouvoir nous associer ainsi à celui qui nous a fait « un don merveilleux » (2 Cor 9.8-15)3 !
• « justement » quant aux autres : La grâce est un cadeau qui se multiplie par le partage. C’est pourquoi nous sommes appelés à être « de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu » (1 Pi 4.10), à veiller pour qu’aucun de nos frères et sœurs ne se prive de la grâce de Dieu (Héb 12.15). Cette attitude « juste » se montrera en particulier en laissant les autres être eux-mêmes, sans les critiquer indûment, sans nous comparer à eux, sans vouloir les régenter.
• « pieusement » quant à nos relations avec Dieu : Pour quel motif accomplissons-nous des actes « religieux » ? Pensons-nous à notre lecture biblique, à nos temps de prières, à nos réunions d’église, comme des devoirs, des obligations, des rites imposés par un Dieu exigeant ? Si tel est le cas, nous n’avons pas encore compris la grâce ! C’est elle qui nous enseigne à moins nous concentrer sur ce que nous faisons pour Dieu et davantage sur ce qu’il a fait pour nous… et nous nous apercevrons qu’à notre insu, cela nous rendra plus pieux !
La grâce en glorification
Le point d’orgue final au travail de la grâce de Dieu en notre faveur se produira au retour de Jésus-Christ : « Ayez une entière espérance dans la grâce qui vous sera apportée, lorsque Jésus-Christ apparaîtra. » (1 Pi 1.13) La grâce expérimentée dans le passé nous pousse à continuer, mais la grâce espérée nous tire vers l’avant.
Notre séjour sur terre prendra fin. Quelle grâce d’être alors définitivement débarrassé des maladies, des faiblesses, des entraves liées à notre vie actuelle dans un monde déchu et pécheur ! Quelle grâce aussi d’être enfin en présence de Jésus-Christ, de voir toute l’étendue de sa miséricorde qui nous a soutenus jour après jour ici-bas !
Conclusion : les bénédictions de la grâce
Comprendre la grâce de Dieu, recevoir ses multiples cadeaux, renoncer au « donnant-donnant » — tout cela produira de magnifiques résultats dans nos vies :
– nous nous fortifierons « dans la grâce qui est en Jésus-Christ » (2 Tim 2.1) ;
– notre louange sera plus nourrie pour « célébrer la gloire de sa grâce dont il nous a favorisés dans le bien-aimé » (Éph 1.6) ;
– notre croissance spirituelle sera plus ferme (1 Pi 5.10-12) jusqu’au jour où nous serons établis éternellement sur le fondement inébranlable de la grâce.
1Certains textes peuvent parfois troubler, comme celui sur le péché contre le Saint-Esprit, mais ce dernier est précisément le refus persistant et conscient de la grâce (cf. Promesses 180).
2 La sanctification dont il est question dans ce paragraphe n’est pas la position du croyant comme « saint » devant Dieu, concomitante de sa justification, mais la sanctification progressive à laquelle il est appelé.
3 Même si les traductions le rendent parfois par divers mots français, le mot « grâce » (charis) revient 10 fois dans les ch. 8 et 9 de 2 Corinthiens !
- Edité par Prohin Joël
Un bel exemple de la grâce dans l’AT
Nous avons l’habitude de lier la grâce au Nouveau Testament, mais voici ce que nous trouvons dans l’Ancien Testament : « Ainsi parle l’Éternel des armées : jugez vraiment selon le droit, ayez l’un pour l’autre de la bienveillance et de la compassion. N’opprimez pas la veuve et l’orphelin, l’immigrant et le malheureux, et ne méditez pas l’un contre l’autre le mal dans vos cœurs. » (Zacharie 7.8-10)
Voici une autre application dans l’Ancien Testament, la partie de la Bible qui enseigne pourtant la loi du talion.
En 2 Rois 6, l’armée des Syriens — ennemis de toujours d’Israël — a encerclé Dothan (à 16 km de Samarie), où se trouve le prophète Élisée. C’est précisément le prophète que les Syriens veulent capturer.
Élisée est un personnage à part. Souvenons-nous que dans l’Ancien Testament, des personnages annoncent le Christ, et c’est le cas d’Élisée : il est le prophète qui annonce la grâce à venir, et qui sera révélée dans le Nouveau Testament.
Élisée demande à Dieu de frapper d’aveuglement la troupe ennemie, ce que l’Éternel fait. Et Élisée de leur dire alors : « Ce n’est pas ici le chemin et ce n’est pas ici la ville ; suivez-moi et je vous conduirai vers l’homme que vous cherchez ! » Chose extraordinaire, l’homme dont la tête est mise à prix va lui-même conduire les troupes ennemies dans la ville de Samarie, qui est la capitale d’Israël à ce moment-là. Une fois dans la ville, Élisée demande au Seigneur d’ouvrir les yeux de ces gens-là, pour qu’ils prennent conscience dans quel lieu ils ont été conduits durant leur cécité.
De son côté, Joram, roi d’Israël voit là une occasion inespérée, comme « servie sur un plateau », de détruire l’ennemi. Mais l’homme de Dieu, qui est un type de Christ, lui montre plutôt le chemin de la grâce.
Très frustrante pour le roi est la réponse du prophète, mais il accepte cet ordre divin : « Mets devant eux du pain et de l’eau, afin qu’ils mangent et qu’ils boivent. Qu’ils s’en aillent ensuite vers leur seigneur. » Le roi d’Israël a été rendu des plus généreux, puisqu’il leur fit servir un festin, dit le texte, ce qui est plus que l’eau et le pain ordonnés par le prophète !
Élisée a appliqué ce principe que le N.T. explicitera sous l’ère de la grâce : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger. S’il a soif, donne-lui à boire ; car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasseras sur sa tête. » (Rom 12. 20)
Belle démonstration ! C’est cela exercer la grâce. Faire grâce ! Le texte ajoute que les troupes ne continuèrent plus à venir dans le pays : voilà un fruit paisible de la grâce !
L’exercice de la grâce dans le N.T. (Éph 4.2, 32 ; Rom 15.1)
« Ayez bon caractère, faites preuve de patience. Si vous trouvez à critiquer en votre frère, portez-vous et supportez-vous les uns les autres, soyez toujours prêts à vous pardonner vos torts réciproques aussi généreusement que le Christ vous a pardonnés. Mais par-dessus tout cela, mettez la ceinture de l’amour, car l’amour liera ces vertus parfaitement ensemble et rendra votre communion indissoluble. » (Col 3.13-14 – transcription Parole vivante)
Ce « aussi généreusement que le Christ vous a pardonnés » constitue l’aune, la mesure — et non une mesurette ! — dont nous avons à nous servir dans nos relations fraternelles.
Et si nous étions tentés de nous juger les uns les autres, il nous serait peut-être profitable de nous rappeler dans quel état spirituel nous nous trouvions lorsque Christ nous a accueillis. Étions-nous remplis de nous-mêmes, fiers ? Non ! Mais bien plutôt dans le dénuement intérieur et avec un grand besoin d’être pardonnés ! Et selon quelle mesure Christ nous a-t-il pardonnés ? Généreusement, totalement, sans réserve ni restriction !
C’est ce même amour divin dont le Saint-Esprit a empli nos cœurs qui va se déverser auprès de nos frères et sœurs.
C’est aussi ce même amour divin que nous allons manifester à celles et ceux qui sont encore sans espérance et sans Dieu dans ce monde.
C’est encore ce même amour divin que déclame 1 Corinthiens 13.
L’exemple parfait est celui de notre Seigneur Jésus-Christ qui, en croix, a adressé cette prière à son Père : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (Luc 23.34). Un peu plus tard, que dira Étienne, lapidé à Jérusalem ? « Seigneur, ne les charge pas de ce péché ! » (Act 7.59) C’est le même et dernier message que celui de son Sauveur et Maître !
L’exercice de la grâce dans l’Église
Soyons réalistes : tous, ou presque tous, nous avons, dans une communauté ou une autre, « le frère qui agace », « la sœur qui fatigue », « l’enfant qui fait du bruit », etc.
Rappelons-nous que notre propre personne peut être celui-ci ou celle-là pour l’autre ! Chacun a ses tics, voire un toc (trouble obsessionnel du comportement, ou trouble compulsif) !
Paul Claudel, le poète et écrivain français a dit ceci : « Dieu écrit droit avec des lignes brisées. » Ce n’est pas par hasard que tel frère ou telle sœur constitue un exercice pour le soutien fraternel. Notre amour fraternel personnel pourrait-il faire quelque progrès si chacun était « au point », selon nous ? Non, bien sûr, car c’est ici et maintenant, sur la terre, que nous progressons, que nous sommes sujets à des ajustements, à des perfectionnements grâce à telle ou telle aspérité du comportement, du caractère d’autrui.
C’est sur la terre que nous recevons une formation pour régner dans l’éternité. Au ciel, il sera trop tard pour progresser, car alors tout sera parfait — au super top !
L’amour, exercice de la grâce
« L’amour qui prend sa source dans les choses est comme un torrent qui coule quand il pleut, mais qui cesse de couler dès qu’il n’est plus alimenté. Mais l’amour qui prend sa source en Dieu est comme une source jaillissante : cet amour ne manque jamais d’eau, sa matière est inépuisable. » (Saint Isaac le Syrien)
« Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. La marque par laquelle tous les hommes pourront reconnaître. Si vous êtes mes vrais disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jean 13.34b-35, transcription Parole vivante).
Que Dieu nous soit en aide !
- Edité par Rochat Michel
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Cet article est un extrait du chapitre un : « Cinq moins un égale zéro » du livre Diriger avec amour, d’Alexander Strauch. Il est reproduit avec la permission des éditions CLÉ (2007).
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Dwight L. Moody […] raconte comment sa découverte de la doctrine de l’amour a changé sa vie. Tout commença lorsque Henry Moorhouse, un évangéliste britannique de vingt-sept ans, prêcha dans l’église de Moody pendant une semaine. À la surprise générale, Moorhouse prêcha sept sermons d’affilée sur Jean 3.16 […] :
« Pendant six soirs, il prêcha sur ce seul texte. Le septième soir arriva, et il monta en chaire. Tous les regards étaient braqués sur lui. Il dit : “Mes chers amis, j’ai passé toute la journée à chercher un texte nouveau, mais je n’en ai trouvé aucun qui soit meilleur que cet ancien ; nous allons donc ouvrir l’Évangile selon Jean au chapitre trois et au verset seize.” […] Je me souviens de la fin du sermon : “Mes amis, dit-il, pendant toute une semaine, je me suis efforcé de vous faire comprendre combien Dieu vous aime, mais je ne peux le faire avec cette pauvre langue qui balbutie. Si seulement je pouvais emprunter l’échelle de Jacob, grimper jusqu’au ciel et demander à Gabriel, qui se tient devant la face du Tout-Puissant, de me dire combien d’amour le Père a pour le monde, tout ce qu’il pourrait répondre serait : ‘Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.’” »
Incapable de retenir ses larmes en écoutant Moorhouse parler de l’amour de Dieu qui envoya son Fils mourir pour des pécheurs, Moody confessa :
« Jusqu’à ce moment-là, j’ignorais que Dieu nous aimait tellement. Mon cœur commença à se dégeler ; je ne pus retenir mes larmes. C’était comme si je venais de recevoir des nouvelles d’un pays lointain. Je bus le message à grandes gorgées. […] Je vous le dis sincèrement : il n’y a qu’une chose qui attire plus que toute autre chose au monde, c’est l’amour. […]
Je pris le mot “amour” et ne sais combien de semaines je passai à l’étude des passages qui le contiennent, jusqu’à ce que je ne puisse faire autrement qu’aimer les gens ! Je m’étais si longtemps nourri d’amour que j’étais pressé de faire du bien à tous ceux que je côtoyais. J’étais rempli d’amour. […]. Il est inutile de vouloir travailler dans l’Église sans amour. Le médecin et le juriste peuvent accomplir un bon travail sans amour, mais il est impossible d’accomplir l’œuvre de Dieu sans amour. »
- Edité par Strauch Alexander
Dans le N.T., la grâce vient du grec charis et indique ce qui produit le bien-être d’autrui. Le N.T. semble avoir développé cette notion sous deux angles principaux : la grâce commune et la grâce spéciale.
1. La grâce commune de Dieu pour ses créatures
La « grâce commune » est accordée par Dieu d’une manière générale pour le bien-être de toute l’humanité, sans discrimination raciale, sociale, religieuse, culturelle. Elle régit :
• l’univers qui est ordonné et contrôlé par le Fils de Dieu : aucun chaos ne perturbe donc le fonctionnement de la création, en particulier celui de la Terre (Jean 1.1-4 ; Héb 1.2-3) ;
• la régularité des saisons et du temps (Gen 2.4-9 ; Job 34.19 ; Ecc 11.5 ; És 45.12 ; Jér 27.5 ; Mat 5.45 ; Act 2.24 ; 17.24-26 ; Apoc 4.11) ;
• le principe du gouvernement humain et de ses lois, dont l’objectif est notamment de protéger contre les méchants et de favoriser le bien-être de tous (Rom 13.1-7 ; 1 Tim 2.1-3 ; Tite 3.1 ; 1 Pi 2.13-17 ; cf. Dan 4.17, 25, 34-35) ;
• la conscience de ce qui est juste et injuste, du bien et du mal (Rom 2.14-15) : pour preuve, l’éthique de ces civilisations passées qui n’ont pourtant jamais connu les civilisations judéo-chrétiennes.
Le Dieu créateur traite depuis l’origine chaque être humain impartialement comme mentionné ci-dessus. C’est l’homme pécheur qui embrouille la vérité en s’y opposant par sa désobéissance, sa méchanceté et son ignorance (Rom 1.18-21). Que le monde aille mal (Rom 1.22-32), ce n’est pas la faute de Dieu, mais des hommes insoumis au Créateur et au Seigneur Jésus-Christ.
2. La grâce spéciale de Dieu pour ses enfants
La « grâce spéciale » amène des pécheurs repentants et croyants à la régénération et au salut (2 Cor 5.18a ; 1 Cor 15.10a). Elle est « spéciale », car elle fait bénéficier les sauvés de la vie éternelle et de l’assurance du pardon des péchés en Jésus-Christ (2 Cor 5.18). Elle est dynamique et progressive par sa capacité à transformer et à régénérer le caractère du croyant (Rom 5.3 ; 1 Cor 10.24 ; 15.10 ; 1 Tim 6.18 ; Tite 2.13-14 ; 2 Pi 1.5-7). C’est par l’Esprit qu’elle peut œuvrer victorieusement durant le reste de notre vie (Actes 4.31 ; 1 Cor 2.4 ; Rom 15.16 ; Gal 5.22-23 ; Éph 5.8-11,18c).
Théologiquement parlant, cette « grâce spéciale » se présente sous quatre formes :
• La grâce « prévenante » : elle prévient, précède et contribue à la décision humaine. En effet, Dieu prend l’initiative en vue du bienfait de l’individu. C’est Dieu qui initie la relation, parce que l’homme adamique est incapable d’entreprendre quoi que ce soit de bon devant Dieu. Et cette initiative n’est pas méritée par l’individu, mais accordée gracieusement (Ex 34.6 ; Ps 103.8 ; Jonas 4.2 ; Rom 5.6,8,10 ; 2 Cor 8.9 ; Éph 2.4-5a ; 1 Jean 4.10, 19).
• La grâce « efficace » : elle produit l’effet attendu de la part de Dieu. Elle réalise et accomplit le but recherché. Ainsi, ce que Dieu décide se fera (Jean 6.37,39 ; 17.2,6,9,12,24 ; 2 Cor 5.21 ; Rom 8.29-30). Quel réconfort pour l’enfant de Dieu, tandis que son univers personnel est chamboulé ! Le Saint-Esprit est le moyen par lequel le Père et le Fils mettent en œuvre cette « grâce efficace » (2 Tim 2.19 ; Phil 4.6 ; 1 Cor 15.10).
• La grâce « irrésistible » : elle triomphe envers et contre tout (Act 26.13-18 ; Gal 1.15 ; Éph 1.4), car Dieu est le Créateur (Gen 1.3-5), le Rédempteur (2 Cor 4.6), et finalement le Garant (Ps 37.23-24 ; 138.8 ; Jean 5.24 ; 10.27-28 ; 2 Tim 1.12 ; 2 Tim 4.18 ; 1 Pi 5.10 ; Jude 1, 24). Comment Dieu peut-il garantir notre sécurité sans faire de nous un robot ? Pur mystère. Laissons-lui ce paradoxe (Deut 29.29). Aucun homme ne parviendra jamais à satisfaire sa curiosité dans ce domaine. Soyons reconnaissants que lui sache le pourquoi du comment de tout ce qu’il fait (Héb 11.6).
• La grâce « suffisante » : elle est capable de sauver le pécheur repentant et croyant (Act 20.21) et de le garder éternellement (Héb 7.25 ; 13.5-6 ; Jean 10.27-29 ; 1 Jean 1.7, 9 ; 2.2 ; 2 Cor 12.9 ; Ps 118.6). Aussi paradoxal que cela soit, cette grâce inclut aussi le libre choix de l’individu (Jos 24.15 ; Luc 10.42 ; És 7.15-16 ; Act 2.21 ; 15.11 ; 16.31 ; Rom 3.22 ; 10.11,13 ; 2 Tim 1.12 ; Apoc 22.17). Seul l’individu qui refuse délibérément de se soumettre à Dieu en Jésus-Christ se condamne (Jean 3.18, 36 ; 5.40). Le fait qu’un pécheur refuse de se soumettre à Christ pour recevoir le salut ne signifie nullement que l’œuvre rédemptrice offerte au monde (Jean 3.16 ; 2 Pi 3.9) soit inefficace.
L’activité de la grâce de Dieu est un mystère divin bien caché dans les profondeurs de sa souveraineté infinie (Deut 29.29 ; Jér 23.18 ; Rom 11.33-34). Pourquoi untel est-il « touché par la grâce » et pas un autre ? Pourquoi l’un accepte-t-il Christ et pas l’autre ? Le disciple obéissant n’argumente pas avec Dieu sur ce mystère, mais il le considère avec émerveillement, humilité et adoration. Romains 11.28-36 puis 8.31-39 résument cette réflexion au sujet de la grâce multifacette.
- Edité par McCarty Scott
Un terme très fréquent dans l’A.T., hesed en hébreu, est traduit par : bonté, bienveillance, grâce, miséricorde, etc. En voici une définition tirée du New international dictionary of Old Testament theology and exegesis [Nouveau dictionnaire international de théologie et d’exégèse de l’AT] dirigé par Willem VanGemeren (6e éd., USA : Zondervan, 1997), dans une traduction partielle et adaptée (cf. http://zondervan.com).
Le concept de fidélité, d’amour loyal, ou plus généralement de bonté, transcrite par l’hébreu hesed porte en soi un aspect relationnel très marqué, qui doit se retrouver dans toute traduction digne de ce nom. Le terme apparaît 246 fois dans l’A.T. dont plus de la moitié se trouvent dans les Psaumes.
Il est couramment utilisé pour définir les attitudes et les comportements des êtres humains entre eux, mais la plupart du temps (trois fois plus), il décrit la bonne disposition et les actions bienfaisantes de Dieu envers les croyants, Israël son peuple et l’humanité en général.
1. La hesed de Dieu contre-balance la colère de Dieu
Le texte biblique suggère parfois que la réaction de Dieu au péché de l’homme suit des directions opposées. Par moment, la hesed de Dieu tempère ou limite sa colère. Dieu dit : « Dans un instant de colère, je t’avais un moment dérobé ma face, mais avec un amour éternel (hesed) j’aurai compassion de toi. » (És 54.8) Michée interroge Dieu : « Quel Dieu est semblable à toi, qui pardonnes l’iniquité, qui oublies les péchés du reste de ton héritage ? Il ne garde pas sa colère à toujours, car il prend plaisir à la miséricorde (hesed). » (Mi 7.18) Quand l’auteur des Lamentations recherche la main bienveillante de Dieu dans le malheur, il la trouve dans l’assurance que l’amour de Dieu se prolongera au-delà de sa colère : « Car le Seigneur ne rejette pas à toujours. Mais, lorsqu’il afflige, il a compassion selon sa grande miséricorde (hesed). » (Lam 3.31-32) L’idée forte qui en ressort est la suivante : bien que la colère et l’amour soient deux réactions de Dieu tout aussi légitimes, l’amour survit à la colère. C’est là un point important de la théologie biblique. La colère de Dieu est la bonne attitude, l’attitude légitime, parfois même nécessaire, selon certains passages. Mais en dernier lieu, Dieu ne reste pas sur ce sentiment1. Cet honneur est réservé à son amour infaillible (hesed).
Pour une meilleure appréciation de la notion biblique de hesed, notez la réitération de versets qui mettent en contraste la durabilité de la colère de Dieu et la durabilité de sa hesed (cf. Ex 20.5-6 ; 34.6-7 ; Deut 5.9-10 ; 7.9-10). Une fois de plus, la colère divine et la hesed coulent de la même source et sont pareillement légitimées au travers de la description faite par les différents auteurs. Mais la hesed acquiert la prééminence parmi les deux en vertu de la supériorité de son abondance et sa permanence.
2. La hesed de Dieu triomphe de la décadence d’Israël
En Jérémie 31.3, Dieu fait comprendre que la décadence du moment ne peut pas empêcher une restauration future d’Israël, car « Je t’aime d’un amour éternel ; c’est pourquoi je te conserve ma bonté (hesed). »
Dans les Psaumes, à la fois Dieu et les adorateurs humains décrivent la hesed de Dieu comme éternelle. Cette affirmation est développée sous différentes formes (par ex. Ps 89.2 [3], 28 [29], 33 [34] ; 103.17 ; 117.2 ; 138.8).
3. La hesed de Dieu motive la prière de l’homme
La hesed divine est ce qui permet ou motive l’homme à prier ou à s’approcher de Dieu. Les pécheurs recherchent le pardon sur la base de la hesed de Dieu. Après que les douze espions eurent présenté leur rapport, Moïse intercéda en faveur du peuple car leur message n’avait pas été reçu avec enthousiasme. Il cite le Seigneur lui-même : « Maintenant, que la puissance du Seigneur se montre dans sa grandeur, comme tu l’as déclaré en disant : l’Éternel est lent à la colère et riche en bonté (hesed), il pardonne l’iniquité et la rébellion, mais il ne tient point le coupable pour innocent, […] selon la grandeur de ta miséricorde (hesed). » (Nom 14.17-19)
Certaines demandes de pardon renforcent l’idée que Dieu peut choisir de se souvenir soit du péché, soit de sa hesed, mais nullement des deux en même temps (Ps 25.7 ; 51.1 [3]).
4. La hesed de Dieu guide son peuple
La hesed divine occupe un rôle de premier plan dans la vie intérieure et communautaire du peuple de Dieu. D’une part, elle les guide vers Dieu (Ex 15.13) et caractérise la pédagogie divine (Ps 118.124 ; 143.8), et, d’autre part, elle est l’objet de leur espérance dans les moments de difficulté (Ps 13.5 [6] ; 17.7 ; 26.1-3 ; 33.18, 22 ; 36.7 [8] ; 147.11).
5. La hesed de Dieu fonde son royaume éternel
La hesed divine caractérise le règne de Dieu et établit son roi. L’auteur du psaume 89.14 [15] déclare au sujet du Seigneur : « La justice et l’équité sont la base de ton trône. La bonté (hesed) et la fidélité sont devant ta face. » L’A.T. a beaucoup à dire au sujet du lien entre la hesed et la royauté.
Un accent particulier est mis sur la hesed que Dieu attribue à David. Contrairement à la tentative ratée de la dynastie précédente, le nouveau roi se voit promettre une maison et un royaume éternels, car fondés sur la promesse que Dieu ne dépouillera jamais David de sa hesed (2 Sam 7.15-16). Plus tard, David chante l’accomplissement de cette promesse, non seulement envers lui mais aussi envers ses successeurs (2 Sam 22.51). Salomon va plus loin (1 Rois 3.6; 2 Chr 1.8). Puis leurs descendants insistent sur la nécessité du renouvellement de la promesse, et lui font quand même confiance alors même qu’aucun descendant de David n’en bénéficie concrètement (2 Chr 6.42; Ps 89.49 [50]; És 16.5; 55.3).
Même en l’absence de ce thème davidique, la hesed fait office de règle établie (cf. Pr 20.28). La référence à David est cependant quasi présente (cf. Ps 18.50 [51]; 21.7 [8]; 89.24 [25], etc.). On a beaucoup commenté les deux textes qui parlent des « grâces accordées à David » ou des « faveurs envers David » (2 Chr 6.42; És 55.3). Même si le texte original permet de penser à la ferveur de David envers Dieu, il est plus probable qu’il s’agisse de l’amour de Dieu envers David (Williamson). L’assurance qui se dégage d’Ésaïe 55. 3 signifierait donc ceci : non seulement l’engagement de Dieu envers David ne s’est pas effondré malgré la chute de la dynastie, mais il s’applique désormais à un cercle de bénéficiaires potentiels bien plus large, à ceux qui répondent à l’invitation lancée dans les versets précédents.
1 NDLR:Cela n’empêche pas Dieu de juger le coupable lorseque celui-ci ne s’en remet pas à sa clémence (voit point 3).
- Edité par Van Gemeren Wilem
Cet article est extrait d’un livre de Spurgeon, Tout par grâce, chapitre 11 (BLF, 2006). Il commente ici Jean 3. |
C’est Dieu qui opère la nouvelle naissance en tous ceux qui croient en Jésus, et leur foi est une preuve évidente qu’ils sont nés de nouveau. Tout changement du cœur est l’œuvre du Saint-Esprit ; mystérieuse et cachée, elle ne se manifeste que par ses effets (Jean 3 : 8). Ce mystère ne doit cependant pas être pour nous un motif de refuser de croire. Si on commandait à un homme d’ensemencer un champ, pourrait-il excuser sa paresse en disant qu’il est inutile de semer aussi longtemps que Dieu ne fait pas croître ? Il ne serait pas juste qu’il néglige de travailler la terre sous prétexte que seul le pouvoir mystérieux de Dieu peut faire lever une moisson. « Si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. » Il est absolument certain que quiconque croit en Jésus ne verra jamais le Saint-Esprit refuser de travailler en lui : en fait, sa foi est déjà une preuve que l’Esprit est à l’œuvre dans son cœur.
Dieu agit providentiellement, mais les hommes ne restent pas inactifs pour autant. Il leur est impossible de se mouvoir sans la puissance divine qui leur donne vie et force, et cependant ils agissent sans même y penser. Nous nous repentons et nous croyons, bien que, sans le secours de Dieu, nous soyons incapables de repentance et de foi. Nous abandonnons le péché et nous nous confions en Jésus, puis nous reconnaissons par la suite que Dieu a opéré en nous la volonté de l’exécution selon son bon plaisir.
Il est des vérités qui, difficiles en théorie, s’expliquent sans difficulté dans la pratique. Il n’y a aucune contradiction entre le fait que le pécheur croit et que sa foi est suscitée par le Saint-Esprit.
C’est folie pour les hommes que de s’arrêter à des choses pourtant très claires alors qu’ils sont en danger de mort, spirituellement parlant. Il n’est personne qui refuserait de monter dans un bateau de sauvetage sous prétexte qu’il ne connaît pas la densité des corps.
Aucun homme affamé ne refuserait de manger tant qu’il n’a pas parfaitement compris le processus de la digestion.
Si donc vous refusez de croire tant que vous n’avez pas compris tous les mystères, vous ne serez jamais sauvé. Et si vous vous permettez d’inventer des difficultés pour échapper à l’obligation d’accepter le pardon de votre Seigneur et Sauveur, vous périrez par une condamnation justement méritée. Ne vous suicidez pas moralement pour le plaisir de discuter de subtilités métaphysiques.
- Edité par Spurgeon Charles
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Cet article est un extrait tiré du chapitre « La persévérance malgré les divergences d’opinion », Éveil à la grâce, de Charles Swindoll.
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En dépit de tous les efforts déployés pour rechercher la paix, et aussi délicats que nous puissions être, il existera toujours des occasions où les désaccords surviendront. Comme un plaisantin l’affirme : « La vie n’est pas une science exacte. » Cette réflexion m’amène à exposer quatre faits avec lesquels tout le monde (ou presque) sera plus ou moins d’accord :
– les désaccords sont inévitables,
– même les hommes pieux seront parfois en désaccord,
– dans tout désaccord se trouvent les deux mêmes composantes,
– dans un grand nombre de désaccords, chaque point de vue est valable.
Comment être un modèle de grâce dans des circonstances désagréables ? Ces quelques réflexions vous aideront à affronter d’éventuelles circonstances désagréables avec grâce.
Tout d’abord, soyons toujours prêts à entendre un point de vue opposé. Si nous refusons d’agir ainsi, nous aurons de sérieuses difficultés quand nos enfants atteindront l’adolescence. En effet, les adolescents comptent parmi nos meilleurs enseignants. Je sais que les nôtres l’ont été. Comme moi, ils n’avaient pas toujours raison. Toutefois, ils excellaient dans l’art d’attirer l’attention sur un autre point de vue, comme pour nous faire réfléchir, nous provoquer ou nous rappeler qu’il existait une autre façon de raisonner. Cette expérience m’aida beaucoup dans mon ministère, et en particulier dans mes relations avec ceux à qui je rends personnellement des comptes. L’opposition s’avère bénéfique pour développer en nous l’humilité.
En second lieu, si une dispute doit survenir, n’assassinons personne. Une dispute — même un conflit important — ne comporte rien d’agréable, mais aller jusqu’à tuer ne réglera aucun problème. J’ai entendu certains tenir des propos déloyaux lors d’une dispute et attaquer la personnalité de leur adversaire.
J’ai assisté à beaucoup d’attaques calomnieuses en rapport avec les activités de l’église. J’ai vu plusieurs se livrer à la diffamation au nom de la religion — oralement et par écrit — et, dans tous les cas, il ne reste que de mauvais souvenirs. Alors, à quoi bon ?
Si nous devons combattre, conduisons-nous de façon honorable.
En troisième lieu, si nous n’obtenons pas ce que nous voulons, pansons nos blessures et continuons notre vie. Si nous n’obtenons pas ce que nous voulons lors d’une décision dans l’église locale, hâtons-nous de panser nos blessures. La décision a été prise (dans les règles si l’église est intègre), maintenant remettons-nous au travail. Poursuivons notre tâche.
Et ne ressassons pas, année après année, le conflit ou la décision qui a été prise. L’œuvre de Dieu souffre souvent de notre manque de maturité face aux attaques et de notre incapacité à reconnaître : « Nous avons perdu ! » Élevé dans le Sud des Etats-Unis, j’ignorais que le Sud avait perdu la Guerre civile jusqu’à mon entrée au collège… et même là, il s’agissait d’un sujet de controverse parmi mes professeurs. Montrons-nous assez mûrs pour admettre : « Nous avons perdu. » La grâce nous aidera.
En quatrième lieu, parfois la meilleure solution est la séparation. La Bible nous donne le cas de Paul et Barnabas. Ils ne pouvaient tout simplement plus continuer ensemble, alors ils se sont séparés. De même, si je ne peux accepter l’orientation doctrinale d’un ministère particulier, je dois me retirer ! Mais ce faisant, je ne devrais pas en entraîner d’autres avec moi dans mes conflits non résolus et parce que je n’ai pas obtenu ce que je voulais. Si la séparation paraît la meilleure solution, il est essentiel qu’elle se fasse avec grâce. Si nos désaccords l’emportent sur nos accords, nous devrions sérieusement penser à nous retirer. Qui sait ? Ce peut être la voie de Dieu pour nous orienter vers un autre ministère. […] Alors… malgré nos opinions divergentes, comportons-nous avec grâce et poursuivons notre tâche. Cette attitude revient à pratiquer ce que nous prêchons.
« Fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ. » (2 Tim 2.1)
- Edité par Swindoll Charles
Vous ne pouvez pas lire les livres du Nouveau Testament sans constater la place importante que le mot « grâce » occupe dans ces écrits. En effet, les différents auteurs l’ont employé 158 fois comme nom et 23 fois dans sa forme verbale. Par contre, le lecteur d’aujourd’hui pourra facilement passer à côté de la richesse de sa signification, en attribuant à ce terme son sens actuel au lieu de le comprendre selon son usage au premier siècle et dans le contexte de la révélation de Dieu.
La grâce, l’amour et la miséricorde de Dieu
Que veut dire « la grâce » de Dieu et quelle relation entretient-elle avec son « amour » et sa « miséricorde » ? Un texte vient à l’esprit qui utilise ces trois mots et peut nous aider à en déceler le sens :
« Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés). » (Éph 2.4-5)
Ce passage suggère que l’amour de Dieu est la source de sa miséricorde et de sa grâce. Souvent on définit la miséricorde de Dieu comme son comportement d’amour envers ceux qui souffrent et qui sont dans le besoin. Si le mot « grâce » peut avoir une gamme large de sens, il est très souvent l’expression de l’amour de Dieu dans sa faveur, sa bienfaisance envers ceux qui méritent plutôt sa colère et son jugement.
La grâce précieuse à nos yeux
Un survol de quelques passages bibliques permettra de voir pourquoi la grâce de Dieu est si précieuse pour tous ceux qui ont accepté le salut en Christ.
– La grâce de Dieu est la source de salut pour tous les hommes (Tite 2.11). Ne sous-estimons pas la gravité de nos injustices devant la « sévérité de la justice de Dieu ». Voyant toute une génération de son peuple périr dans le désert, Moïse s’écrie à Dieu : « Qui prend garde à la force de ta colère et à ton courroux ? » (Ps 90.11) Quelle faveur, quelle grâce révèle le Juge de l’univers en offrant le salut à nous qui méritions plutôt un bannissement éternel loin de sa face !
– Elle ne dépend ni de mes mérites ni de mes œuvres (Rom 4.4 ; 11.5-6). Un condamné à mort ne peut pas demander à être relaxé de sa peine en promettant de faire de bonnes œuvres. D’ailleurs, le prophète Ésaïe déclare que, devant Dieu, « toute notre justice est comme un vêtement souillé » (És 64.5). ; le mot hébraïque désigne un linge très repoussant. C’est par pure grâce que notre Dieu nous pardonne et nous accepte comme ses bien-aimés.
– Tous mes dons et mes capacités sont autant de manifestations de la grâce de Dieu (Rom 12.6). Il serait alors très arrogant de me croire supérieur à un autre : « Car qui est-ce qui te distingue ? Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Cor 4.7).
– « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis. » (1 Cor 15.10) C’est le constat de Paul lorsqu’il se rappelle comment le Christ l’a appelé pour être son porte-parole alors qu’il s’acharnait auparavant contre Jésus et ses envoyés. Hors la grâce de Dieu, « je suis » une personne égoïste, sans la capacité de faire le bien ou de connaître Dieu, esclave de mauvaises motivations et convoitises. En Christ, et par sa grâce, sa faveur, « je suis » une nouvelle création, déclaré juste, mis à part pour lui, et même glorifié.
– Dieu me l’affirme : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » (2 Cor 12.9) Quelle promesse merveilleuse… et insolite ! Penser que c’est surtout dans nos difficultés, nos infirmités et nos tracas que Dieu non seulement nous soutient, mais encore montre sa puissance. C’est pour cela que même la souffrance est une grâce : « Il vous a été fait la grâce, par rapport à Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui. » (Phil 1.29)
La grâce précieuse aux yeux de Dieu
Cependant, si Dieu nous prodigue sa grâce « gratuitement », cela ne signifie pas pour autant qu’elle soit gratuite. Paul nous rappelle combien elle a coûté à notre Seigneur : « Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté vous soyez enrichis. » (2 Cor 8.9) Alors, cette grande bienveillance de Dieu et de Jésus doit avoir un impact profond dans notre vie et dans nos attitudes. Considérez le témoignage et les conseils de l’apôtre Paul :
– « Je ne rejette pas la grâce de Dieu ; car si la justice s’obtient par la loi, Christ est donc mort en vain. » (Gal 2.11)
– « Puisque nous travaillons avec Dieu, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. » (2 Cor 6.1)
– « Sa grâce envers moi n’a pas été vaine ; loin de là, j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. » (1 Cor 15.10)
Ces trois textes nous avertissent du danger de recevoir sa grâce « en vain ». Que voulait dire l’apôtre ? Comment éviter de tomber dans le « panneau » ?
– Les Galates vidaient le sens de la grâce de Dieu en croyant qu’ils arriveraient à être juste devant Dieu par leurs œuvres. Comme les Juifs à Rome, ils avaient du zèle pour Dieu, mais « ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu » (Rom 10.3). Nous évitons cette erreur quand nous nous approprions pleinement cette déclaration : « Christ est la fin de la loi pour la justification de tous ceux qui croient. » (Rom 10.4) Lorsque nous comprenons l’immensité de sa grâce, de sa faveur envers nous.
– Pour les Corinthiens, le danger provient d’une autre attitude, qui pourrait se résumer ainsi : puisque nous sommes sauvés par sa grâce, peu importe notre manière de vivre, nous sommes en sécurité. C’est montrer un comportement indigne de la faveur de Dieu, un cœur ingrat. Le conseil de Paul par la suite indique l’attitude juste (6.4-10) : étant l’objet d’un tel amour et d’une telle grâce de la part de Jésus, puisqu’il est mort pour nous, nous ne pouvons plus vivre pour nous-mêmes, mais pour lui.
– Le témoignage de Paul dans le troisième passage (1 Cor 15) le confirme. Sa gratitude envers son Dieu de grâce le pousse à consacrer toute sa vie et son énergie à l’honorer. De plus, il reconnaît que même ses efforts et sa bonne disposition sont une faveur, une grâce venant de son Maître.
* * *
Oui, la grâce de Dieu est l’expression de son grand amour pour nous. Nous comprenons alors pourquoi la plupart des lettres du N.T. commencent avec un souhait, une prière semblable à celle-ci : « Que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur ! » (2 Pi 1.2)
- Edité par Bryant Henry
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