PROMESSES
Questions pour faire le point
Comment l’injonction « Repentez-vous », qui retentissait si souvent dans la prédication de Jésus, se traduit-elle concrètement dans ma vie ? Cette conversion décisive dans le domaine de la mentalité, de la pensée, avec ses répercussions profondes sur la personne tout entière, s’inscrit-elle dans mon expérience personnelle ? (Voir Col 1.20-21 ; lire aussi le magnifique texte d’Ez. 36.25-27.)
Suis-je encore chargé de péchés non mis en lumière, non reconnus, non confessés au Seigneur et délaissés à la Croix ? Je me souviens ici de la douloureuse expérience de David et de sa délivrance, dont il témoigne dans le Ps 32. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice » (1 Jean 1.9).
Suis-je animé d’un esprit de pardon, ou les ressentiments, la haine, l’amertume distillés par mon moi orgueilleux, empoisonnent-ils mon cœur actuellement ? Ai-je lâché la corde de la rancune ? Ai-je pris la ferme décision de ne plus autoriser mon esprit à coopérer avec les mauvaises pensées que je cultivais avant de pardonner ? (Voir Mat 6.12).
Ai-je consacré mon être entier à mon Sauveur et Seigneur en réponse à son grand amour pour moi ? Mon corps, mes forces et toutes mes facultés sont-ils à son entière disposition ? Ai-je mis « ma tête sur l’autel » ? (Voir Rom 12.1-2 ; Lév 1).
Suis-je aux prises avec la pieuvre de l’apitoiement sur soi, ce fléau destructeur qui fait de moi une personne amère, aigrie, cynique, se posant constamment en victime, gémissant, murmurant, accusant… ? Ai-je pris la ferme décision de cesser dès aujourd’hui de m’y complaire en changeant la direction de mon regard ? « Regarde en haut ! » Je me souviens de la « pitié de soi » de Jonas déprimé (ch. 4) et de sa prière salutaire dans le ventre du grand poisson (ch. 2).
Suis-je enivré par les charmes trompeurs de la délectation morose, aimant qu’on me plaigne, me complaisant dans l’exposé détaillé et répétitif de mes malheurs et refusant délibérément de quitter mon état de découragement ? Ai-je peur de perdre ma cour de pleureuses professionnelles assidues… ? Est-ce que j’entends le Seigneur Jésus me dire d’une voix forte : « Lève-toi et sors de ton tombeau ! » (Luc 8.52-55). Quelle est ma réponse ?
Suis-je décidé à faire aujourd’hui « un pacte avec mes lèvres », me refusant à parler continuellement de mes misères et de tout ce qui ne va pas pas en ce bas monde ? Vais-je désormais m’appliquer à développer et cultiver un esprit de reconnaissance qui trouve son plaisir dans l’énumération joyeuse des innombrables bienfaits de Dieu ? De quelles fleurs nouvelles vais-je embaumer le jardin de mon cœur ? De quelles « pensées » de qualité les parterres de mon esprit seront-ils ensemencés ? (Voir Phil 4.5-9)…
Ai-je pris la ferme décision de refuser dès maintenant le découragement puisqu’il vient du « démoralisateur », de « l’accusateur » ? Pour entrer concrètement en résistance, suis-je résolu à cesser d’écouter mon âme et à lui donner des ordres autant de fois que nécessaire afin qu’elle s’ancre solidement dans le Dieu de mon salut ? (Voir Ps 42 – 43).
Jésus-Christ est-il concrètement Seigneur de ma vie dans l’usage de ce que je fais de la télévision ? des vidéos ? des cassettes et CD ? d’internet ? etc. De quel genre de littérature mes pensées se nourrissent-elles ? Que ferait Jésus à ma place ? « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Cor 10.31 ; lire aussi 6.12 ; 10.23).
Ai-je supprimé, dans mon lieu de vie, tout ce qui me rappelle de mauvais souvenirs et me tire en bas ? Ai-je fait le ménage dans mes armoires, mes tiroirs, mes archives, mes classeurs ? Me suis-je débarrassé de certaines lettres au contenu malsain ? Des photos qui empoisonnent mes pensées ? D’objets qui m’emprisonnent dans mes drames et dans mes péchés d’hier et d’avant-hier ? (Lire Act 19.18-19).
Quelle place la contemplation du Seigneur, d’un bout à l’autre de sa Parole, merveilleux antidote au découragement, occupe-t-elle dans mon programme quotidien ? (Voir Lam 3.19-25). Mais où ai-je donc bien pu ranger la harpe qu’Orphée m’a laissée pour m’aider à exalter sans cesse la beauté parfaite de mon Roi ?
Et pour terminer, une pensée précieuse : « Ne doutez jamais dans l’obscurité de ce que Dieu vous a révélé dans la lumière » (V.R. Edman). Ces jours-ci, je veux prendre le temps de repasser dans ma mémoires les nombreuses interventions de mon Dieu fidèle et miséricordieux en ma faveur tout au long des années écoulées.
« Pour moi, je regarderai vers l’Eternel. Je mettrai mon espérance dans le Dieu de mon salut ; mon Dieu m’exaucera. Ne te réjouis pas à mon sujet, mon ennemie ! Car si je tombe, je me relève ; si je suis assise dans les ténèbres, l’Eternel est ma lumière » (Mich 7.7-8).
Edition 2003 : La Maison de la Bible, Chemin de Praz-Roussy 4bis, CH-1032 Romanel-sur-Lausanne (Suisse) et B.P. 19, FR-69813 Tassin (France) ; 382 pages
L’auteur nous gratifie d’une méditation sur le découragement et le chemin biblique pour en sortir. A partir de l’analyse du cheminement d’Elie dans le récit d’1 Rois 19, il tire des leçons pratiques à l’aide de nombreuses illustrations, récits et citations.
Nous y avons trouvé une grande richesse de réflexions, de conseils et d’exhortations pour sortir du découragement. Les chapitres abordent le mécanisme de nos pensées, la description et les conseils bibliques pour nous libérer de cette spirale de l’apitoiement sur soi, ou de l’indiscipline des pensées, des vieux griefs qui mènent au découragement et à la résignation.
Nous nous réjouissons de ce que l’auteur ait proposé une voie différente de celle de la psychologie humaniste. Celle du retour à la Parole de Dieu, capable d’opérer une cure d’âme profonde et de faire naître aussi bien la repentance que la foi en Christ.
Voici un court résumé de l’ouvrage que nous recommandons vivement :
Préface:
Elle est biographique, et retrace les expériences de la jeunesse de l’auteur.
Partie I: De la victoire au désespoir
Après avoir campé le personnage d’Élie, l’auteur examine comment des hommes découragés ont surmontés leur passage à vide. Suit un survol de l’histoire du temps d’Omri et d’Achab. Élie est menacé de mort par Jézabel. Sa fuite et son découragement sont mis en parallèle avec une dépression spirituelle d’Hudson Taylor. Élie s’apitoie sur lui-même au lieu de regarder en haut. Il est pourchassé à l’exemple de David. Plusieurs autres exemples suivent.
Tout vient du cœur, qui doit être changé. Ne nous laissons pas envahir par le doute. Les pensées doivent être disciplinées. Il faut vaincre les vieux griefs et saisir l’importance du pardon. L’exemple de Jésus à la croix nous est rappelé. Passons donc des murmures à la foi.
Partie II: Du désespoir à l’espérance
Après la victoire, il y a l’échec. Comment le maîtriser ? Nous devons rester attentifs à la valeur corrective des défaites. Élie fuit, à bout de souffle; Satan l’attaque. Mais Dieu pourvoit dans sa grâce par la nourriture et le repos pour le corps. Il faut écouter Dieu au lieu de s’écouter soi-même. Élie se vante: "Après tout ce que j’ai fait pour toi!" (répété…). Puis il fait 40 jours de marche, fort de la nourriture reçue. Il reçoit une révélation inattendue de Dieu: après le feu du Carmel, le "doux murmure" dans la caverne. Élie se croit toujours le seul encore fidèle à Dieu, mais il y en a 4000! Dieu lui annonce son successeur et l’envoie en mission. Il doit oindre comme rois Hazaël et Jéhu. Étonnant, quand on sait le mal qu’ils ont fait! C’est que Dieu est le Maître absolu de l’Histoire.
Le Dieu de grâce ne fait pas de reproches à Élie. Il est avec lui et fait couler des fleuves dans la solitude. Dans sa grâce, il rectifie la manière de voir d’Élie. Ce dernier sort de son isolement avec verve et se découvre aimé de Dieu. Élie ignorait qu’Élisée allait inaugurer un temps de grâce.
Conclusion: ce livre illustre, comment Dieu nous accompagne dans le découragement et nous en sort dans sa grâce surabondante. Une lecture tonifiante et reconstituante.
Jean-Pierre SCHNEIDER
VIE CHRÉTIENNE
Mais le peuple de ceux qui connaissent leur Dieu agiront avec fermeté
Daniel 11.32
Tel un diamant étincelant de mille feux, ce «MAIS…» brille avec d’autant plus d’éclat qu’il est posé sur le velours profondément ténébreux du règne cruel d’Antiochus IV Epiphane (= l’illustre), roi de Syrie de 175 à 164 av. J.-C. Non content de conquérir la Palestine, ce monarque dur et expert en intrigues s’était mis dans l’idée de réduire à néant la foi juive en terre d’Israël. Visant l’hellénisation complète de son modeste empire afin de l’unifier contre Rome, il rêvait de faire de Jérusalem une cité grecque qu’il baptiserait Antioche de Palestine. Pour atteindre cet objectif, celui qui fut surnommé Epimanès (= le fou) ne lésina pas sur les moyens: destruction systématique des écrits sacrés, interdiction de pratiquer la circoncision, d’observer le Sabbat et les autres fêtes religieuses, suppression du sacrifice perpétuel, obligation d’immoler des animaux impurs, de consommer de la viande de porc et de se livrer à des cultes idolâtres, massacres et supplices horribles pour les rebelles à ses lois impies, etc. Le comble de l’horreur fut atteint lorsque dans sa rage insatiable il profana le temple, déjà pillé par ses sbires, en le consacrant à Zeus Olympien dont il fit ériger une statue dans le lieu très saint. L’autel de ce dieu fut installé au-dessus de l’autel des holocaustes.
Dans sa funeste entreprise, le tyran réussit à séduire par des flatteries un certain nombre de juifs qu’attirait puissamment la civilisation hellénistique. Certains d’entre eux, dont un grand prêtre de Jérusalem, n’hésitèrent pas à transformer leur nom hébraïque, Joshua (ou Jésus) en Jason, nom grec qui sonnait mieux… En s’associant au régime impie alors en place, en se coulant dans le moule grec, ils devenaient les «traîtres de l’alliance» (v.32a). Quel contraste saisissant entre ce parti d’apostats qui abandonnèrent l’alliance sainte avec l’Eternel et le parti des «Pieux» ou «Fidèles», les Hassidim qui, dès le début du règne d’Antiochus, s’opposèrent avec courage à l’imposition du mode de vie grec en Israël. La connaissance personnelle qu’ils avaient de leur Dieu leur fit choisir le camp des résistants, agissant avec fermeté, refusant donc au péril de leur vie de bafouer la Loi de l’Eternel et de perdre ainsi leur identité religieuse. Elle faisait aussi d’eux des clairvoyants, hommes doués de discernement dans un temps d’extrême confusion spirituelle et morale, et ayant un message consistant, cohérent et convaincant à communiquer à leurs contemporains totalement déboussolés (v.32c). Leur résistance courageuse et l’influence bénéfique qu’ils exercèrent sur le peuple favorisa l’émergence d’un mouvement puissant de libération et d’indépendance nationale, dirigé par la famille des Maccabées.
Derrière ce terrible persécuteur d’Israël se profile un personnage bien plus sinistre encore, l’Antéchrist de la fin, ce dernier grand ennemi de Dieu, du Seigneur Jésus- Christ et de la vraie foi. L’esprit de cet Antéchrist est puissamment à l’œuvre aujourd’hui, à l’échelle mondiale et comme jamais dans l’histoire. L’Eglise de Jésus- Christ subit de toutes parts de très fortes pressions, insidieuses et insistantes, pour que la différence entre elle et le monde soit progressivement gommée et finisse par disparaître complètement. Un rationalisme subtil bat en brèche l’inspiration divine et l’autorité suprême des Saintes Ecritures. Un illuminisme séduisant rejette leur pleine et entière suffisance. Un œcuménisme sentimental et tacticien sacrifie allègrement la Vérité divine sur l’autel d’une unité factice. Un humanisme délirant installe l’homme, ses besoins et ses expériences sur le trône où le Seigneur Dieu seul devrait régner et être adoré. Un matérialisme boulimique tarit la soif de Dieu et ôte l’appétit pour les richesses célestes.
Seuls ceux qui connaissent vraiment leur Dieu sont rendus capables de résister à ces pressions et d’agir avec fermeté. Seuls ceux qui connaissent vraiment leur Dieu sont rendus clairvoyants pour agir avec réflexion et discernement. Seuls ceux qui connaissent vraiment leur Dieu sont rendus capables d’exercer une sainte influence autour d’eux. «Les gens qui influencent les autres incarnent la détermination. La détermination, ce n’est rien d’autre que le fait de décider de rester ferme, même lorsque c’est ardu. La détermination, c’est le fait de s’accrocher, de ne pas renoncer, de ne pas atténuer ses convictions quand la route semble longue et rude» (C.R.Swindoll).
La connaissance de Dieu n’est pas une affaire purement intellectuelle. Sans exclure cette dimension, elle signifie bien plus que cela: rencontre personnelle avec Lui, don de soi, échanges constants, intimité cultivée, amour partagé, désir intense de lui plaire, engagement de l’être tout entier à son service. Elle se nourrit en permanence de la Bible, Sa Parole vivante. Elle contemple le Dieu invisible en fixant continuellement son regard sur la personne et l’œuvre de son Fils Jésus-Christ. Le fruit d’une telle connaissance se manifeste dans la vie, dans le caractère, dans une mentalité changée, dans une intelligence renouvelée. Cette connaissance ne s’acquiert pas sur les sentiers battus serpentant mollement dans la plaine et parcourus par les foules. Son itinéraire varié nous fait parfois emprunter des voies mystérieuses et solitaires qui nous plongent dans la perplexité et suscitent de nombreux «pourquoi? ». «Pour qu’un homme soit fidèle, il doit avoir une connaissance personnelle de Dieu. Or, le chemin de la connaissance de Dieu passe tout droit par la vallée de la solitude profonde. C’est dans les périodes où il n’y a personne d’autre que Dieu que nous apprenons à mieux Le connaître dans sa plénitude. (…) Aux moments où la solitude est la plus grande, nous devons nous tourner vers Dieu, dans une dépendance éperdue, et nous confier à Lui si totalement que notre ruine psychologique serait certaine s’Il manquait de nous répondre. C’est alors que nous arriverons à Le connaître mieux. Alors, notre caractère s’affermira dans la piété. Sa gloire surgit avec le plus d’éclat quand la nuit est la plus noire. C’est quand nous sommes le plus faible que nous constatons pleinement que sa force nous suffit» (L.Crabb).
Ceux qui auront été des clairvoyants resplendiront comme la splendeur de l’étendue céleste, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude comme des étoiles, à toujours et à perpétuité (Dan 12.3).
VIE CHRÉTIENNE
Genèse 50.17
«Oh! pardonne le crime de tes frères»
Le message biblique sur le pardon est très cher à mon cœur. Lors de notre tout récent séjour en Martinique, six des dix-huit conférences bibliques inscrites au programme lui étaient consacrées. Je n’ose penser à ce que serait ma vie aujourd’hui, et celle de notre foyer, si la pratique du pardon, demandé, donné, vécu, n’y avait occupé une place prépondérante.
Mon âme bénit et chante «le Dieu des pardons» (cf. Néh 9.17); remarquez avec moi ce pluriel d’excellence, de plénitude, d’absolu, qui aiguillonne mon désir de sonder les Ecritures pour y découvrir toutes les riches couleurs de cet arc-en-ciel parfait du pardon divin.
Nul n’ignore que le pontificat de Jean- Paul II a été jalonné de «demandes de pardon », amplement analysées et commentées par les médias, pour des fautes commises par l’Eglise Catholique Romaine au fil de sa longue et tumultueuse histoire. Je me suis plus d’une fois interrogé sur la valeur de ce type de démarche qui m’a toujours laissé profondément perplexe, réservé, insatisfait.
Mes interrogations se sont faites plus aiguës et ma perplexité s’est sensiblement accrue lorsque j’ai découvert, dans plusieurs périodiques, l’annonce de demande de pardon s’inscrivant dans le paysage évangélique français. Ainsi, dans le cadre d’une rencontre des présidents d’Union d’églises évangéliques, le président d’une organisation évangélique nationale a spontanément demandé pardon «de la part de celle-ci pour toutes les souffrances du passé générées par des attitudes, des écrits ou des paroles blessantes ». Quelque temps après, les responsables de deux Unions d’églises ont effectué une démarche épistolaire allant dans le même sens. Loin de moi la pensée de contester la sincérité de telles démarches et de suspecter leurs auteurs d’un esprit manœuvrier ou d’autres motivations répréhensibles. Pour autant, rien ne m’autorise à escamoter une réflexion de fond quant à la légitimité de telles demandes de pardon de caractère global et concernant le passé. Quelle valeur, quelle validité faut-il leur donner au regard de la Parole de Dieu?
Résumons brièvement donc, sans entrer dans les détails ni préciser certaines nuances, le message fondamental de la Bible sur la demande de pardon émanant d’un authentique enfant de Dieu dans le cadre des relations humaines.
Lorsque j’offense, lèse, blesse mon prochain, je plaide toujours coupable devant Dieu, tout péché étant d’abord un outrage envers Lui, un mépris de Sa Parole (2 Sam 12.9; Ps 51.6). Sans tarder, je demande sincèrement pardon à la personne que j’ai offensée. Je lui confesse le ou les péchés commis envers elle. Si cette offense est publique (envers un groupe de personnes, l’église locale réunie, etc.), il est juste que la confession le soit également.
Avons-nous, dans les Ecritures, des exemples de demandes de pardon semblables à celles qui nous intéressent présentement?
Les textes d’Esdras 9, Néhémie 9 et Daniel 9 n’en sont pas, puisqu’il s’agit de prières de confession et d’intercession adressées à Dieu par Esdras et Daniel. Bien qu’aucune faute particulière de leur part ne soit mentionnée dans la Bible, ils s’humilient personnellement et s’identifient entièrement au peuple d’Israël dans son évidente culpabilité. Leur profonde sensibilité à la nature et à la gravité du péché, leur perception affinée de l’infinie sainteté de Dieu, la connaissance de leur propre nature pécheresse les garde d’une condamnation froide et pharisienne du peuple auquel ils appartiennent. 1 Samuel 25 présente une situation particulière: Abigaïl, femme de bon sens, s’humilie devant David et prend sur elle le péché de son fou de mari, Nabal. Elle le fait en tant qu’épouse et parce qu’il y a grave péril en la demeure! N’étant pas personnellement coupable, elle peut, au même moment, exercer un ministère de répréhension plein de tact envers l’offensé. Une telle attitude aurait été inconcevable de sa part si elle avait ellemême offensé David.
A vrai dire, je n’arrive pas à donner à ces démarches de demande de pardon qui me préoccupent une assise solidement biblique. Qu’un responsable d’organisation prenne spontanément l’initiative de demander pardon de manière très globale, très générale, au nom de la totalité du groupement qu’il représente, pour des attitudes, des écrits ou des paroles blessantes situées dans le passé, voilà qui soulève en moi un certain nombre de questions précises: jusqu’où faut-il remonter dans le passé? De quelles fautes précises s’agit-il exactement? A quelle époque ces fautes ont-elles été commises? Que pensent de cela les membres «du passé et du présent» de cette organisation? Ont-ils été consultés? Font-ils la même analyse? Adhèrent- ils pleinement à une telle démarche? Y a-t-il eu, Bible en main et devant Dieu, une réflexion sérieuse aboutissant à une réflexion commune, à différents niveaux (comité ou conseil)?
Cette liste de questions, qui n’est pas exhaustive, met en évidence le caractère particulièrement délicat, pour le moins aventureux et risqué, quelque peu arbitraire, d’une semblable démarche très globale tournée vers un passé élastique parce que non défini.
D’autant plus que toute véritable confession de faits, toute repentance digne de ce nom doit se traduire par un changement radical de comportement de la part des coupables! Comment cela sera-t-il possible sur une base aussi floue et aussi propice aux interprétations les plus variées? Faut-il se considérer coupable pour des souffrances du passé générées par des prises de position verbales ou écrites d’ordre doctrinal ou moral, fermes et respectueuses, motivées par un souci d’humble soumission à la Parole de Dieu? N’y aura-t-il pas d’autres blessures inévitables dans le futur par suite d’un refus courtois de collaboration ou d’adhésion à telle ou telle tendance ou prise de position?
Dans un de ses livres, le théologien protestant allemand Dietrich Bonhoeffer a dénoncé «la grâce à bon marché», celle qui justifie le péché plutôt que le pécheur. Dans ce domaine si important de la demande de pardon dans les relations humaines, il est impératif de rester profondément enraciné dans le terrain solide et sûr des Ecritures. Plaider coupable, confesser des fautes, se repentir, voilà des démarches qui ne doivent à aucun prix être banalisées ou être perçues comme des banalités. Car derrière chacune d’elles apparaît comme en filigrane la personne de mon Sauveur bien-aimé au visage ensanglanté, aux mains, aux pieds et au côté percés, l’Agneau de Dieu sans défaut et sans tache, immolé par ma faute pour que je puisse recevoir le pardon de tous mes péchés. Un pardon libérateur, réconciliateur, total, absolu, définitif!
VIE CHRÉTIENNE
1 Chroniques 18.4
«Il coupa les jarrets à tous le chevaux de trait
et ne conserva que cent attelages…»
Parmi les prescriptions bibliques relatives à la royauté en terre d’Israël, nous en trouvons une concernant l’usage des chevaux: que le roi «n’ait pas un grand nombre de chevaux ; car l’Eternel vous a dit : vous ne retournerez plus par ce chemin-là» (Deut 17.16). Cette défense, tout comme celles qui l’accompagnaient, traçait une ligne de démarcation profonde entre la royauté israélite et celle des nations étrangères. Soumis à l’autorité de l’Eternel, soucieux d’accomplir Sa volonté, le roi ne devait pas avoir pour ambition la grandeur militaire. Il lui fallait résister au désir orgueilleux de briller par la puissance de ses armées. Or, chevaux et chars constituaient alors la force redoutable de l’armée égyptienne et de son roi. La tentation était grande de se tourner vers l’Egypte pour se procurer en grand nombre ces puissants moyens de conquête et faire ainsi l’économie de la juste dépendance du Dieu Tout-Puissant. Il est intéressant de constater que dans l’Ancien Testament, les chevaux sont souvent désignés comme symboles de la puissance humaine en opposition au secours qui vient directement de Dieu: «ceux-ci s’appuient sur leurs chars, ceux-là sur leurs chevaux: nous, nous invoquons le nom de l’Eternel, notre Dieu. Eux, ils plient, ils tombent; nous, nous tenons ferme, et restons debout. Eternel, sauve le roi! Qu’il nous exauce quand nous l’invoquons»! (Ps 20.8-10).
Ces trois versets sont extraits d’une des nombreuses prières de David. Ce roi selon le cœur de Dieu avait manifestement compris la raison essentielle de la prescription divine concernant les chevaux. C’est pourquoi, à l’issue d’une bataille contre l’armée syrienne d’Hadarézer au cours de laquelle il prit mille chars et sept mille cavaliers à l’ennemi vaincu, il veilla à ne conserver qu’une centaine de chevaux d’attelage et fit couper les jarrets à tous les autres. Cette attitude d’obéissance à la Parole de Dieu contraste singulièrement avec celle de son fils et successeur, le grand roi Salomon. Parvenu au faîte de sa puissance, «Salomon avait quatre mille stalles pour les chevaux destinés à ses chars, et douze mille cavaliers… C’était de l’Egypte que Salomon tirait ses chevaux; une caravane de marchands allait les chercher par troupes à un prix fixe…» (2 Chr 9.25-28 et 1 Rois 10.26-29).
Plus tard, au fil de son histoire mouvementée, Israël infidèle ira souvent chercher secours et protection en Egypte, quand ce ne sera pas en Assyrie: «Malheur à ceux qui descendent en Egypte pour avoir du secours, qui s’appuient sur des chevaux et se fient à la multitude des chars et à la force des cavaliers, mais qui ne regardent pas vers le Saint d’Israël et ne recherchent pas l’Eternel ! L’Egyptien est homme et non Dieu; ses chevaux sont chair et non esprit» (Es 31.1,3). Ce quatrième des six «Malheur » d’Esaïe 28 à 33 sanctionne la réaction orgueilleuse du peuple lorsque Dieu
l’a encouragé à mettre sa confiance en Lui: «Car ainsi a parlé le Seigneur, l’Eternel, le Saint d’Israël: c’est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, c’est dans le calme et la confiance que sera votre force. Mais vous ne l’avez pas voulu! Vous avez dit: non! Nous prendrons la course à cheval! – C’est pourquoi vous fuirez à la course. – Nous monterons des coursiers légers! – C’est pourquoi ceux qui vous poursuivront seront légers…» (Es 30.15-17). A l’aube de son ministère, le prophète Esaïe dénonçait déjà l’orgueil de Juda par ce douloureux constat: «Le pays est rempli de chevaux, et il y a des chars sans nombre» (2.7). Dans la seconde moitié du huitième siècle av. J.-C., le prophète Osée supplie Israël de revenir à l’Eternel en s’engageant à refuser désormais d’enfourcher des montures égyptiennes, expression tangible de son alliance coupable avec l’Egypte: «Dites- lui : (…) nous ne monterons pas sur des chevaux» (Osée 14.3). Sédécias, le dernier roi de Juda, se révoltera contre le roi de Babylone «en envoyant ses messagers en Egypte, pour qu’elle lui donne des chevaux et un grand nombre d’hommes» (Ez 17.15). Alors que la voix prophétique de l’Ancienne Alliance est près de s’éteindre, retentit un merveilleux message concernant la venue du Messie: «Sois transportée d’allégresse, fille de Sion! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton roi vient à toi; il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un ânon, le petit d’une ânesse». Et le prophète Zacharie de poursuivre en ces termes: «Je détruirai les chars d’Ephraïm, et les chevaux de Jérusalem» (9.9-10). Contraste ô combien saisissant entre les nombreux chevaux des hommes, emblèmes d’une puissance autonome, orgueilleuse et belliqueuse, et l’ânon du Seigneur Jésus, symbole d’humilité, de paix et de dépendance du Père.
La juste attitude de David m’interpelle. Elle m’invite, me presse même de faire un tour dans mes écuries personnelles pour couper les jarrets à un bon nombre de mes chevaux. Où cherchons-nous notre secours? Où puisons-nous notre puissance? Nous sommes si souvent trop forts de notre force pour que le secours de Dieu puisse se déployer pleinement dans notre vie. Nous comptons trop sur nos moyens, notre habileté, nos diplômes, notre nombre, nos alliances, nos relations, nos programmes, nos méthodes, notre système Débrouille… Notre Dieu doit trop souvent détruire lui-même nos chars et abattre nos chevaux pour pouvoir enfin manifester Sa puissance et Sa grâce dans nos vies.
Et si nous échangions nos chevaux égyptiens contre l’ânon du Seigneur! Cessons aujourd’hui même, maintenant, de «monter sur nos grands chevaux» pour régler ce problème relationnel ou autre qui empoisonne notre existence; comme s’il suffisait de s’emporter, de taper du poing sur la table, de prendre l’autre de haut pour être victorieux! Quittons notre «cheval de bataille », ce «dada» que nous enfourchons systématiquement pour combattre farouchement, sabots en avant, tous ceux qui ne pensent pas exactement comme nous. Abandonnons ce « jeu de petits chevaux» qui consiste à bousculer, renverser, éjecter quiconque nous empêche d’avancer rapidement sur l’itinéraire de nos ambitions égoïstes et orgueilleuses. Abattons nos chevaux de la chair et revêtons l’armure de l’Esprit.
«Le cheval est impuissant pour assurer le salut, et toute sa vigueur ne donne pas la délivrance. Voici, l’œil de l’Eternel est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent en sa bonté». (Ps 33.17-18).
CHRONIQUE DE LIVRES
Editions : Editions Barnabas, 40 rue des Réservoirs F 91300 Yerres
Maurice Decker a exercé un ministère pastoral en Bretagne pendant une dizaine d’années. Secrétaire général de la Fédération Evangélique de France depuis 1979, il exerce désormais un ministère itinérant d’enseignement.
Dans cet ouvrage, Maurice Decker médite sur le cheminement spirituel du chrétien rétrograde. Ce n’est donc pas un commentaire biblique systématique sur le livre de Ruth.
C’est d’abord l’histoire douloureuse d’une petite famille de Bethléhem qui s’exile en Moab dans un temps de crise. C’est ensuite le cheminement d’une veuve, Noémi, qui abandonne le manteau de la grâce pour les haillons de l’amertume, mais qui heureusement finit par revenir de l’amertume à la grâce. C’est enfin le parcours de la solitude vers la plénitude, de Ruth la païenne qui entre dans le champ de la grâce pour ne plus en sortir.
Ce petit récit anecdotique s’inscrit dans la longue et tumultueuse histoire du peuple d’Israël. L’auteur nous fait faire un va-et-vient continuel entre le livre de Ruth et les prophètes Osée, Jérémie, Esaïe, Joël, Amos et d’autres pour établir un saisissant parallèle entre le cheminement d’une veuve et celui de tout un peuple, interpellé au fil des siècles par les prophètes de l’Eternel.
On découvre tout au long du livre l’unité extraordinaire des Ecritures. On réalise mieux l’importance de ne pas négliger l’Ancien Testament, et ses livres prophétiques en particulier, pour ne pas se priver d’un enseignement essentiel sur la nature et les caractéristiques d’un vrai réveil.
Le livre se divise en 4 parties:
1. Un choix stratégique
2. Une position stratégique
3. Une manoeuvre stratégique
4. Une victoire stratégique
Excellent ouvrage. Il nous fait parcourir l’Ancien Testament en restituant le récit du livre de Ruth dans son contexte historique et prophétique. Chaque chrétien devrait le lire et se pénétrer de son message.
Article extrait des « Nouvelles de l’Union » (Eglises de Chrischona), no 8, mars 1993
« Un trait particulier de l’époque que nous traversons, c’est le désir de voir s’ établir une union à la fois plus profonde et plus complète entre les croyants… On parle même d’abolir les divergences entre les nombreuses dénominations protestantes, qui formeraient entre elles une seule Eglise.. » Ainsi s’exprimait le regretté R. Saillens, en septembre 1939. Il ajoutait aussitôt: « J’avoue qu’il me paraît difficile que cette aspiration soit réalisée pleinement. On ne peut unir que des choses qui sont de la même nature ». Nous voici d’emblée au cour de notre sujet!
La Bible enseigne clairement qu’une véritable union, stable et durable, ne peut se construire que sur l’unique et solide fondement d’une authentique unité selon Dieu. Lorsque, dans l’Evangile selon Jean, Jésus prie pour que tous soient un (17.21), le contexte immédiat (v. 2-19) de cette parole, dont on a si souvent tordu le sens et la portée, indique sans le moindre doute possible que ce « tous » concerne exclusivement les personnes qui, ayant mis leur confiance en Jésus-Christ mort pour leurs péchés sur la croix, sont passées par la nouvelle naissance et ont reçu la vie éternelle (v. 2-3). Ces croyants ont à cour d’ obéir à la Parole de Dieu qu’ils reconnaissent comme étant la vérité (v. 6-8, 17). Ils appartiennent au Seigneur et non au monde dans lequel ils vivent et où ils témoignent en son nom (v. 14-19). L’unité entre eux est analogue à celle qui existe entre le Père et le Fils (v. 11,21-22). Elle n’est pas de fabrication humaine. C’ est un miracle extraordinaire opéré par l’Esprit de Dieu. Ils sont un seul corps parce qu’unis à une seule et même tête, Jésus-Christ leur Sauveur et Seigneur personnel (un en nous, v. 21; 1 Jean 1.3).
Dans le cadre de notre préoccupation présente, l’union est une mise en oeuvre de l’unité de l’Eglise de Jésus-Christ, telle que nous venons de la décrire brièvement. Elle est un effort porté par la grâce de Dieu pour vivre cette unité sur le terrain. Pour l’évoquer, le N. T. utilise en particuliers terme « koinônia » (19 fois, de l’adjectif koinos. Les 7 mots de cette famille y sont présents 59 fois dont 49 dans le sens qui nous intéresse) traduit généralement par « communion », mais aussi, en fonction du contexte, par libéralité, générosité, participation, solidarité, collecte, association, communication, mise en commun, suivant les versions consultées.
Nous touchons ici du doigt le caractère dynamique, actif de toute véritable union. Elle signifie bien plus que simplement faire partie d’un même groupement sur le papier. Elle implique nécessairement échange de relations, compassion, sympathie, mise en commun dans les domaines spirituel, moral, matériel… Quelqu’un l’a très justement illustré en montrant deux mains, non seulement collées l’une contre l’autre, mais s’interpénétrant et donc bien plus difficiles à séparer l’une de l’ autre. Voilà qui donne un relief particulier à l’adage bien connu: « l’union fait la force ». Dans l’Eglise primitive les croyants remplis du Saint-Esprit traduisaient leur unité nouvelle en Christ par une véritable union spirituelle, affective et matérielle. La communion fraternelle dans laquelle ils persévéraient s’exprimait notamment par un amour solidaire bien concret dont Barnabas fit une belle démonstration (Act 2.42-47; 4.32-37). Plus tard, les Eglises de la Macédoine prouvèrent qu’elles étaient réellement unies en Christ à celles de la Judée en plaidant avec insistance pour avoir le privilège de participer (koinônia, dans le texte) à la collecte organisée en leur faveur (2 Cor 8.1-5).
L’union vue dans une perspective biblique débusque et met à mal notre tendance naturelle et coupable à l’égoïsme et à l’individualisme qui prônent la politique du « chacun pour soi »: Celui qui se tient à l’ écart cherche ce qui lui plaît souligne le livre des Proverbes (18.1). L’union véritable est donc un miracle permanent parce que contre nature. Elle ne peut être que le fruit savoureux de la grâce de Dieu à l’ouvre dans nos vies et y triomphant des pesanteurs de l' »hippopotame moi ». L’allégorie du bon berger, dans Zacharie 11.4-14, bien qu’ayant d’autres applications historiques et prophétiques, peut nous aider à le comprendre. Ce berger se servait de deux houlettes qu’il appelait respectivement « grâce » (tendresse, affection, charme) et « union » (liens). Lorsqu’il dut briser la houlette de sa « grâce », il brisa aussitôt la houlette « union » et rompit ainsi la fraternité au sein de son peuple.
La capacité de mettre en ouvre l’unité de l’Eglise de Jésus-Christ (au sein de la communauté locale, dans mon union d’églises et au-delà) m’est donnée au pied de la croix, là où la grâce de Dieu s’est manifestée à son plus haut degré. Lorsque je confesse humblement et délaisse tous mes péchés de « désunion » liés au moi non crucifié (esprit de critique, de clocher, de parti, de jalousie, etc), j’obtiens miséricorde et, par la puissance du Saint-Esprit je suis rendu capable jour après jour de m’unir de plus en plus concrètement à mes frères.
En me penchant sur l’histoire du mot « union », j’ ai découvert que l’oignon avait quelque chose à voir avec ce terme d’origine latine (« union » désignant une plante à bulbe unique). Que notre union, à quelque degré qu’elle se situe, ne soit pas comme un oignon qu’on « épluche » en pleurant!
J’ai heureusement fait une seconde découverte: ce mot sert aussi à désigner une perle unique, très grosse. Que notre union vécue selon les Ecritures brille de plus en plus à tous les regards comme une perle unique et merveilleuse, infiniment précieuse, extraite par le Seigneur Jésus lui-même des trésors inépuisables de sa grâce parfaite et offerte à notre foi instant après instant.
N’avez-vous pas trouvé dans le Christ un réconfort, dans l’amour un encouragement, par l’Esprit une communion entre vous? N’avez-vous pas de l’affection et de la bonté les uns pour les autres? Rendez donc ma joie complète: tendez à vivre dans l’unité. Et pour cela, ayez le même amour, une même pensée, et tendez au même but… (Phil 2.1-2).
Une communauté remplie du Saint-Esprit (2 Rois 6.5-6)
Cet article est le dernier d’une série de 5 études sur le thème de l’Eglise. Les lecteurs qui désirent posséder la série complète voudront bien écrire à la rédaction.
Celui qui remue des pierres en sera blessé, celui qui fend du bois court un risque. Si le fer est émoussé et qu’on n’en ait pas aiguisé le tranchant; on devra redoubler de vigueur; mais la sagesse a l’avantage du succès (Ecc 10.9-10).
Devenir «actionnaire de l’amour» dans l’église locale, c’est s’exposer aux assauts de l’ennemi. C’est quitter les gradins des spectateurs pour descendre dans l’arène et devenir acteur dans une vraie guerre spirituelle. Le diable, qui nous inscrits dans son carnet d’adresses dès notre nouvelle naissance, passe lui à l’action. Il importe donc d’être bien équipé pour parer ses coups directs ou sournois et travailler efficacement à l’édification du Corps en glorifiant Dieu.
A. Non à une puissance empruntée
(verset 5): Dans l’épisode de la vie d’Elisée qui nous sert d’illustration, un des fils des prophètes se voit subitement stoppé dans son action. Il n’a plus qu’un manche entre les mains, le fer de sa hache venant de disparaître dans les flots du Jourdain. L’incident le met en émoi nous révélant ainsi son problème: la hache n’était pas sa propriété! L’homme travaillait en quelque sorte avec une «puissance» empruntée à autrui. Sans doute connaissait-il mal l’outil et ses défauts. Un bon ouvrier aime travailler avec ses propres outils car il les connaît bien et ils sont adaptés à sa main. Il entretient sa hache, en aiguise le tranchant, s’assure que le fer tient bien… Car la sagesse a l’avantage du succès !
Dans l’église locale aussi, vouloir être un bon ouvrier c’est se refuser à travailler avec une puissance empruntée. On ne triche pas avec Dieu. La première fausse note qui nous soit rapportée par le livre des Actes concernant l’église primitive touche précisément au domaine que nous évoquons (4.36 à 5.11). Barnabas, le fils de consolation, concrétise la plénitude spirituelle qui l’habite par un don généreux déposé aux pieds des apôtres, sans réserve ni arrière pensée. Ananias et Saphira lui emboîtent le pas dans un acte d’offrande apparemment similaire.
Hélas, leur plénitude n’a ni la même origine ni la même nature… Satan a rempli leur coeur (5.3). Ils ont emprunté à Barnabas son geste extérieur tout en étant habités par un autre esprit, de mensonge et d’hypocrisie. L’extrême sévérité de Dieu n’a d’égal que le péril encouru par l’église locale dans laquelle de telles attitudes se font jour. Plus tard, pendant le ministère de Paul à Ephèse, quelques exorcistes juifs connaîtront douloureusement ce qu’il en coûte d’essayer de chasser les esprits mauvais par «le Jésus de Paul». L’imitation pure et simple sans relation personnelle avec le Christ vivant et sans revêtement de la puissance d’En-Haut ne paye pas autrement qu’en accidents et blessures graves dans le combat contre le monde des ténèbres (19.13-20). Le verset 20 précise d’ailleurs que c’est par la force du Seigneur que la parole se répandait efficacement et la même pensée est reprise dans 1 Pi 4.10-11 qui indique que notre service doit s’effectuer par la force que Dieu nous accorde. Déjà dans l’ancienne alliance le jeune David a tenté d’affronter l’ennemi Goliath en revêtant une puissance empruntée au roi Saül. Mais heureusement, la sagesse et l’humilité l’avaient emporté et c’est dans son habit de berger et équipé de sa fronde qu’il avait vaincu l’envoyé du malin (1 Sam 17.38-48). Le bâton emprunté à Elisée par son serviteur Guéhazi n’avait pas suffit pour ramener à la vie le fils de la Sunamite. Le prophète lui-même avait dû livrer un grand combat dans la prière et jeter dans la bataille toutes les ressources dont Dieu l’avait équipé pour voir enfin le miracle s’accomplir (2 Rois 4.25-37).
Le service du croyant, dans l’église locale, doit jaillir d’un canal purifié, parcouru librement par le Saint-Esprit. Vivre continuellement dans la plénitude du Saint-Esprit n’est pas un luxe réservé à une élite mais une nécessité absolue pour tout disciple de Christ (Eph 5.18-21). Servir le Seigneur sans la plénitude et la puissance d’En-Haut revient à essayer d’abattre un arbre avec une hache privée de son fer!
B. Oui à la grâce qui restaure
(versets 6 et 7): Si la hache avait été la propriété du fils des prophètes, l’incident aurait pu avoir lieu quand même ! Un second enseignement s’impose après lecture attentive de ces quelques versets: la plénitude du Saint-Esprit se perd vite! Le service du Seigneur et de nos frères dans la communauté locale est révélateur des tristes réalités de notre coeur tortueux. Il suffit de se mettre à l’ouvrage pour découvrir parfois même avec effarement les limites de notre patience, l’effritement rapide de notre persévérance, les démangeaisons de notre langue acide et acerbe… Le fer glisse vite comme happé et englouti dans les flots tumultueux des péchés de toutes sortes qui attristent le Saint-Esprit. Qu’il nous suffise de relire le contexte d’Eph 4.30 pour aussitôt découvrir les multiples raisons de la perte de la plénitude intérieure: mensonge et manque de droiture, colère injuste et aveugle, vol, paresse, paroles malsaines, amertume… Que d’églises locales déchirées par des querelles sans fin, minées par des conflits de personnalités, dévorées par la jalousie et la rancune insatiables. Avec une émouvante clarté, l’histoire de cette cognée empruntée nous montre la voie de la restauration et du renouvellement de la plénitude et de la puissance pour le service.
a) Reconnaître et confesser ouvertement et précisément la faute commise: Il était emprunté… Il lui montra l’endroit (5b, 6a).
b) Regarder à nouveau la Croix du Calvaire (6b).
Le geste sauveur d’Elisée annonce la Croix, le lieu des miracles les plus incompréhensibles. Confondue avec le jugement terrible qui frappe à mort le Fils de Dieu, la grâce inouïe du Libérateur se déploie dans toute son énergie, changeant les situations les plus impossibles. Elle est plus puissante que toutes les pesanteurs désespérantes qui nous enfoncent, infiniment plus forte que la loi du péché qui voudrait nous faire disparaître à jamais dans les flots d’un enfer insatiable. Regarder à la Croix, c’est réaliser que le sang de Jésus-Christ n’a rien perdu de sa puissance pour purifier parfaitement notre conscience des oeuvres mortes afin que nous servions le Dieu vivant (Héb 9.14).
c) Saisir le pardon de Dieu et la plénitude retrouvée.
(7 il tendit la main et le prit.)
Tendre la main de la foi pour saisir les promesses de pardon et de restauration et les appliquer à notre vie: Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice (1 Jean 1.9).
Conclusion
Au coeur d’une vie d’église en marche se dresse la Croix de Golgotha. Elle est le pivot, l’axe de la grâce autour duquel tournent la santé et l’efficacité de l’église locale dans son témoignage. Elle signifie esprit de sainteté à cause du prix infiniment élevé payé par le Christ lorsqu’il versait son sang pour effacer notre dette. Elle signifie également esprit d’humiliation et de pardon réciproque, marche dans la transparence et la lumière de Dieu, renoncement constant à satisfaire les convoitises de la vieille nature crucifiée avec Christ. Tout cela est rendu possible par le ministère du Saint-Esprit qui demeure dans le coeur de chaque croyant et qui est plus grand que celui qui est dans le monde (1 Jean 4.4). Une église en marche ne perd de vue ni la Croix, ni le tombeau vide. Le Crucifié est aussi le grand vainqueur de la mort, le restaurateur parfait, le réparateur des brèches, celui qui relève, fortifie et donne le vrai repos. Tout ceci me remet en mémoire une anecdote entendue dans un lointain passé. Au fronton d’une chapelle nouvellement inaugurée avait été reproduit le début de 1 Cor 1.23: Nous, nous prêchons Christ crucifié. Au pied du mur, du lierre avait été planté qui peu à peu s’était mis à grimper. Dans ses débuts, l’église était bien vivante et la chapelle se remplissait de plus en plus car Christ crucifié était proclamé avec fidélité et puissance. Avec le temps, le lierre grimpant toujours plus haut couvrit le mot «crucifié», Dans la chapelle hélas Christ n’était plus présenté que comme exemple, grand sage parmi les sages. Les problèmes se multipliaient et l’église stagnait. Bientôt, le lierre couvrit le mot «Christ». Dans l’église, l’Evangile avait fait place nette à l’humanisme, au social, voire même à la politique: les rangs étaient de plus en plus clairsemés. Finalement, le lierre couvrit l’inscription toute entière: l’église était vide!
Au moment de mettre le point final au dernier chapitre de cette longue réflexion sur l’église locale, une question s’impose à mon esprit. Je vous la livre: Qu’en est-il de ma hache aujourd’hui? Puissance empruntée ? Manche sans fer? Tranchant émoussé?
Seigneur, je te montre l’endroit où j’ai perdu la puissance dans le service, le feu du premier amour, la paix d’une conscience purifiée, la plénitude du Saint-Esprit… Je reviens à la Croix! Tu es mon Elisée, mon sauveur parfait, le réparateur dont j’ai infiniment besoin. Tu veux purifier ma coupe par ton sang afin que le Saint-Esprit la remplisse à nouveau et qu’elle déborde, selon tes promesses.
1 Cor 1.23
Une communauté d’actionnaires (2)
2.Aspirer aux dons les meilleurs
(1 Cor 12.31: «meilleurs» ; «kreittona» ou «plus grands»; «meizona» suivant la variante retenue). Il s’agit donc de chercher avec ardeur, d’avoir du zèle pour (aspirer à = zèloô), de désirer de tout son coeur.
Cette recherche s’exprimera d’abord au niveau de ma vie de prière personnelle. Dieu attend de moi une prière pure et intelligente caractérisée par une saine ambition: «Accorde-moi Seigneur les dons que tu considères comme les meilleurs pour ton Corps». Comment se caractérisent-ils?
– Ceux qui permettent le mieux d’exprimer son amour envers les autres.
– Ceux donc qui sont les plus utiles aux autres (I Cor 12.7; 14.6).
– Ceux qui édifient les autres membres (I Cor 13.3-5, 12, 17, 26; Eph 4.12).
– Ceux qui mettent en évidence la seigneurie de Christ (1 Cor 12.3) et qui tournent donc les regards vers Lui!
– Ceux qui produisent un climat saint, fait d’unité, d’ordre, de respect réciproque (1 Cor 12.14-26,14.33- 40).
– Ceux qui sont les plus stratégiques dans la hiérarchie établie par Dieu (1 Cor 12.28; Eph 4.11-12), les fonctions fondamentales pour le perfectionnement des saints. Cette aspiration concerne certainement plus particulièrement ceux qui passent par la nouvelle naissance dans leur enfance et leur adolescence ou dans les premiers temps de l’âge adulte et que Dieu pourra former d’une manière toute particulière pour les donner à l’Eglise comme apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs.
Ne devons-nous pas reconnaître la pauvreté actuelle de l’Eglise et son besoin urgent de missionnaires-pionniers, de sentinelles au coeur brûlant, d’accrocheurs d’hommes, de bergers dévoués capables d’enseigner les Ecritures et de docteurs de la Parole aux coeurs de berger? Ne doit-on pas voir dans ces «dons-hommes» les jointures et les articulations dont Paul parle dans Eph 4.16 et Co12.19 et qui permettent au Corps tout entier d’être bien ordonné, cohérent, croissant harmonieusement à la gloire de Dieu?
3. Se soumettre à la souveraineté de l’Esprit
(1 Cor 12.11, 18, 24, 28). J’aspire avec un coeur droit et des motifs purs… mais c’est Dieu qui décide en dernier ressort… Heureusement !! Nous nous évitons ainsi la tension de recherche effrénée et malsaine qui engendre tant de dangereuses contre-façons. Dieu s’attend à ce que nous lui fassions confiance dans une recherche paisible, centrée sur la grâce. Dans la parabole des talents (Mat 25.14-30), celui qui n’avait reçu qu’un talent était déjà très riche puisqu’il disposait de six mille deniers, soit le salaire d’un ouvrier pour… six mille jours de travail (près de seize ans et demi de travail sans un jour de congé!).
Dans sa souveraineté, notre Dieu est très généreux. Sa grâce est débordante! Il ne veut voir ses enfants ni frustrés («j’ai si peu» ) ni gonflés d’orgueil ( «regardez-moi» ).
4. Se mettre au travail en commençant par les tâches les plus ordinaires
Lorsque la cathédrale de Milan fut achevée, lors de sa dédicace, on entendit une petite fille s’écrier dans la foule: «J’ai aidé à construire ça!»
«Quoi !» s’écria alors un des gardes revêtu d’un uniforme magnifique, «montre-moi ce que tu as fait!» L’enfant répondit: «J’ai apporté chaque jour le repas de papa quand il travaillait là-bas».
Dès ma nouvelle naissance, une multitude de possibilités de services s’offrent à moi dans le cadre de la communauté locale: nettoyage et entretien des locaux, décoration, préparation du journal de l’église, pliage des traités, gestion de la bibliothèque, cassettothèque, chasse aux échantillons médicaux et confection de colis missionnaires, affichage, aide musicale, diverses formes d’évangélisation en équipe avec un aîné (de même que les visites aux malades, personnes âgées, etc. stand biblique, club d’enfants… où je vais pouvoir apprendre aux côtés d’un aîné doué par Dieu et expérimenté).
Dans les champs de Bethléhem, Ruth a commencé sa nouvelle vie en glanant, s’attachant à suivre docilement les conseils de son aînée Naomi, laquelle était soucieuse de son bonheur.
Il ne faut pas opposer systématiquement talents naturels et dons spirituels. A.Kuen le souligne très justement: «Les listes ne contiennent aucune indication d’une discrimination entre dons naturels et surnaturels, ordinaires et extraordinaires ou miraculeux: dans l’exercice de chaque don, la nature et la grâce collaborent ou, si l’on préfère, le don d’ordre créationnel se fond avec le don d’ordre spirituel, le critère n’étant pas son origine naturelle ou surnaturelle, mais on emploie «pour l’utilité». (Dons pour le service, Série Ekklésia, Cahiers Emmaüs, page 38). Les charismes portent la marque divine par la manière dont ils sont exercés. Un travail de brisement et de purification, de sanctification par l’Esprit est nécessaire pour qu’ils servent à la gloire de Dieu, lequel peut dans Sa souveraineté, ajouter des cadeaux miraculeux sans liens évidents avec notre passé. Une chose est certaine: la découverte et le développement de nos dons nécessitent avant tout une humble disponibilité; je n’attendrai pas les sollicitations suppliantes des anciens de ma communauté pour m’offrir à servir mes frères dans un bon esprit.
5. Exercer ses dons avec application et selon le Seigneur
(Rom 12.3-8; 1 Pi 4.10-11).
On ne travaille pas dans l’église locale comme dans bon nombre d’entreprises de ce monde: rivalités, ambitions malsaines, recherche de la meilleure place au détriment des autres qu’on écrase sans pitié pour mieux avancer, surestimation de soi, jalousie, revendications permanentes jalonnées de grèves, etc. y sont monnaie courante !
Humilité (Rom 12.3, 6a; 1 Cor 12.21; Eph 4.2).
Quelques mots-clés suffiront à montrer dans quel esprit et de quelle manière nous sommes appelés à exercer nos dons.
– Je me souviens constamment que ce sont des cadeaux de Dieu ( 1 Cor 4.7).
– J’accepte les limites qui me tracent les dons reçus de Dieu (voir Rom 12.3 dans Parole Vivante, A. Kuen).
– Personne n’est complet en soi: j’ai donc besoin de mes frères tout comme ils ont besoin de moi. Nos dons sont complémentaires. Chacun doit être à sa place… et comme le disait un prédicateur africain: «Il faut des pelles à côté des Paul» ! (1 Cor 12.14-26).
– Je travaille par la force que Dieu m’accorde et non dans l’énergie de la chair, dans la dépendance du Saint-Esprit et non en comptant sur mes capacités propres (1 Pi 4.11).
– Je suis au service des autres et non de ma propre gloire: je ne pratique pas les dons pour fixer sur ma personne les feux de la rampe (1 Pi 4.10).
Fidélité-application (Rom 12.6-8; 1 Tim 4.13-16; 1 Pi 4.10-11).
– Je me refuse au travail bâclé voulant être un bon intendant des charismes reçus. Bientôt, il me faudra rendre compte de ma gestion: suis-je appelé bon et fidèle serviteur? (Mat 25.21,23; Luc 12.42-48).
– Je veille à me maintenir en forme dans la pratique des dons: on peut laisser ses dons s’éteindre progressivement en négligeant l’exercice régulier(1 Tim 4.14 et 2Tim 1.6) qui nous enseignent par ailleurs que Timothée avait reçu un don par prophétie au moment où il était mis à part pour le service avec imposition des mains des anciens.
6. Aider les autres à découvrir et à exercer leurs dons
– En priant les uns pour les autres.
– En encourageant nos frères et en les conseillant lorsque nous commençons à discerner leurs dons.
– Les anciens accepteront de courir des risques (comme Dieu en prend avec nous!) avec sagesse, utilisant ici le frein, là l’accélérateur, confiant avec mesure, des responsabilités, passant beaucoup de temps avec chaque jeune disciple pour le piloter, le conseiller et prier avec lui.
Une communauté d’actionnaires
L’Eglise locale: Une communauté d’actionnaires
(2 Rois 6.2)
«Nous y prendrons chacun une poutre et nous nous y ferons un lieu d’habitation»… Dans le chapitre précédent, nous avions déjà laissé entendre que chaque membre de l’église locale est appelé à participer activement à la construction de l’Eglise de Jésus-Christ là où Dieu l’a placé. Nous sommes sauvés pour servir le Dieu vivant et vrai (1 Thes 1.9).
A l’instant de notre régénération, nous sommes intégrés au Corps de Christ pour y exercer une fonction, un service précis, en harmonie avec les autres membres du Corps. Chacun a sa poutre à porter. Associés actifs dans l’édification de l’église locale, nous recevons en donnant; nous voici devenus les «actionnaires de l’amour».
Chaque membre est semblable à une touche de machine à écrire dont le bon fonctionnement permet à l’église d’être bien lue et comprise par le monde qu’elle veut atteindre.
Chaque membre est un des musiciens de l’orchestre symphonique de Dieu dont Christ est le chef et la Bible l’unique partition toute entière inspirée par l’Esprit-Saint.
Chaque membre est un des tuyaux des grandes orgues d’En-Haut donnant au parfait compositeur de merveilleuses possibilités musicales avec le concours du vent de l’Esprit.
Chaque membre est une petite lumière éclairant les autres parties de l’édifice spirituel.
A) Les charismes
(Rom 12.1-8; 1 Cor 12.14; Eph4.1-16; 1 Pi 4.7-11).
Ce sujet n’est pas sans importance, puisqu’il introduit la partie pratique des épîtres aux Romains et aux Ephésiens et que Paul lui réserve trois chapitres bien fournis dans sa première lettre aux Corinthiens.
Si Pierre est plus bref, ses indications n’en sont pas moins précieuses et complémentaires aux autres textes. Nous nous bornerons à souligner quelques remarques fondamentales pour une saine approche de la question:
1. «Chacun» est un des mots-clés bien en place dans trois des quatre textes: Rom 12.3; 1 Cor 12.7,11,18,27; 1 Pi 4.10: Puisque chacun a reçu un don (litt. charisme)… Comme nous l’avons déjà souligné, nous sommes tous concernés!
2. La liste des charismes figurant dans les quatre textes est indicative et non limitative (une vingtaine de dons différents). Le Créateur du cosmos et de l’homme comme couronnement de la création, serait bien pauvre s’il n’avait qu’une vingtaine de dons à partager entre tous ses enfants pour édifier Son Eglise ! il suffit de constater la richesse et la diversité des fonctions au niveau de l’organisation du corps humain pour entrevoir la richesse des dons infiniment variés de Dieu, destinés à la croissance, au bon fonctionnement et à l’épanouissement du Corps de Christ. Nous croyons voir d’autres charismes s’exercer déjà sous l’Ancienne Alliance, lors de la construction du tabernacle (Ex 31.1-6; 35.31- 35), sans oublier entre autres, les dons musicaux et poétiques qui ont eux aussi marqué la vie du peuple de Dieu tout au long de l’histoire…
On remarquera aussi que chaque passage mentionne des dons ne figurant pas dans les autres listes. Paul tient donc compte des situations locales au moment où il rédige ses lettres et aborde ce sujet, non sans souligner le fait d’une hiérarchie des dons dans la pensée de Dieu. Tous les dons les plus importants et les plus nécessaires pour l’édification du Corps sont clairement indiqués dans les textes que nous considérons.
3. L’amour est source, moteur, mobile et but de l’exercice des charismes, sinon il n’y a que vide et vent destructeur. L’amour est d’ailleurs présent dans le contexte le plus immédiat de chacun des quatre passages… et pour cause, puisque le «charisme» est le résultat, l’expression ou l’effusion de la «charis» de Dieu (Rom 12.6a: mais nous avons des charismes différents selon la charis qui nous a été accordée…). Or, la charis, c’est la beauté extraordinaire de Dieu dans son caractère et dans ses actes, sa générosité inouïe, son amour absolu qui donne le meilleur , gratuitement ( Jac 1.17) Dieu nous a précédés et frayé un chemin dans l’exercice des dons, lorsque par amour, il nous a donné le pardon et la vie éternelle en son Fils Jésus-Christ. Rom 6.15-16: Mais il n’en est pas du charisme comme de la faute…, Rom 6.23: Car le salaire du péché, c’est la mort (opsônia: salaire, en grec); mais le charisme de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur (le «cadeau-surprise» fait par le chef à ses soldats, selon son bon plaisir). Nous ne pouvons donc correctement exercer nos dons sans contempler le Donateur pour nous inspirer de lui quant à l’esprit et à la manière!
Exercer son ou ses dons, c’est marcher sur les traces du Dieu de Jésus-Christ en exprimant concrètement sa beauté et son amour auprès de mes frères. Le charisme est véhicule et canal de l’amour divin. Les charismes ainsi mis en oeuvre sont porteurs de joie (=chara) et suscitent la reconnaissance (autre sens du terme «chara» , voir «eucharisteô» = remercier, être reconnaissant).
J’entends ici le célèbre vulcanologue H. Tazieff répondre lors d’une interview: «Le secret du bonheur, c’est de penser à l’autre avant de penser à soi.» Si tourner constamment autour de soi est source de nombreux problèmes, exercer avec amour les dons reçus du Saint-Esprit est source de bénédictions pour les autres et d’épanouissement pour celui qui sert de cette manière. Enfin n’y a-t-il pas flagrante contradiction à vouloir donner sans pardonner ( charizomai: faire grâce, être généreux, remettre une dette; traduit une douzaine de fois «pardonner» dans le N .T .) ?
B) Discernement et pratique des charismes
Quelles sont donc les démarches à entreprendre pour découvrir et pratiquer les dons qui me sont confiés par le Saint-Esprit?
1. Réaliser le caractère impératif de l’enseignement des Ecritures sur ce sujet: «Aspirez aux dons les meilleurs !» ( 1 Cor 12.31; 14.1). Paul prend soin de préciser aux croyants de l’Eglise de Corinthe que les instructions concernant l’exercice des dons doivent être considérées par eux comme commandements du Seigneur (1 Cor 14.36-37; «entolè» s’applique presque exclusivement dans la Bible, aux commandements de Dieu dans la Loi de Moïse et à ceux du Seigneur Jésus dans le N.T.).
Dans Rom 12.1-2, l’apôtre aborde la question des charismes dans la perpective de la consécration du croyant qui offre son corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu.
Une vraie consécration se traduira donc notamment par mon souci permanent d’être utile et d’édifier les autres membres du Corps en mettant à leur service le don que j’ai reçu. Suis-je convaincu dans mon esprit de la nécessité vitale de l’obéissance dans cette sphère de la vie chrétienne? Il me faut choisir entre être une cellule en bonne santé qui contribue à la formation et au soutien de l’organisme, ou être une cellule vivant dans le corps, bénéficiant de ses bienfaits tout en gardant une totale indépendance: cette deuxième sorte de cellule devient parasite ou cancéreuse! (Voir le remarquable chapitre premier pages 13 à 1? du livre de Dr Paul Brand et Philippe Yancey: «Tes oeuvres sont admirables», éditions de la Ligue pour la Lecture de la Bible. )
Aspirez aux dons les meilleurs. Et je vais encore vous montrer une voie par excellence. 1 Cor 12.31 |
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