PROMESSES

I. Introduction: Le tourment d’un homme juste!

Les deux anges arrivèrent à Sodome sur le soir. Lot était assis à la porte de Sodome… Les hommes dirent à Lot qui as-tu encore ici? Gendres, fils et filles, et tout ce qui t’appartient dans la ville, fais-Ies sortir de cet endroit… Lot sortit pour parler à ses gendres qui avaient épousé ses filles et leur dit: Levez-vous, sortez de ce lieu, car l’Eternel va détruire la ville. Mais, aux yeux de ses gendres, il parut plaisanter. (Version la Colombe, Genèse 19:1,12,14).

L’épisode de Sodome et Gomorrhe reste dans la Bible, comme dans la tradition juive, l’exemple par excellence du châtiment divin sur le déchaînement du mal (Deut 29.22; Es 1;9-10 et 13.19; Jér 49.18 et 50.40; Ez 16.48-56; Am 4.11; Rom 9.29; 2 Pi 2.7,8). Un exemple pour les impies à venir, comme l’écrit l’Apôtre Pierre dans son épître (2 Pi 3.7-11). Mais au travers de l’histoire de Lot, Dieu se révèle aussi comme celui qui sauve le juste. A la suite de l’intercession de son oncle Abraham, et par l’effet de la pure grâce de Dieu, Lot est épargné de la destruction (cf Gen 19.29).

L’histoire de la famille de Lot paraît très actuelle. Permettez-nous d’établir un parallèle entre la position malaisée de Lot à Sodome et les relations ambiguës du chrétien avec son poste de télévision. La Parole de Dieu nous dit que Lot était profondément affligé par la conduite déréglée des habitants de Sodome et de Gomorrhe. En fait son âme souffrait jour après jour en voyant et en entendant le comportement criminel de ses contemporains (2 Pi 2:7,8). Sa vie quotidienne était orchestrée par des hommes et par des femmes qui recherchaient avidement les plaisirs charnels (2 Pi 2.10), n’est-ce pas là ce qui marque notre époque?

Regardez comment Lot, sans s’en apercevoir, se laisse toujours plus envelopper par l’atmosphère de la ville maudite. Il est vrai qu’Abraham, dans sa prière pour son neveu Lot, peut faire valoir que Lot a systématiquement refusé de participer aux orgies d’une société qui n’a pas la notion de la sainteté de Dieu (Gen 18.24- 33). Toutefois, malgré sa conduite irréprochable, Lot s’est montré trop tolérant pour exercer une influence sur ses compatriotes; ce sont au contraire les habitants de cette ville qui réussissent à perturber sa famille, à tel point que Loth sera tout juste sauvé.

Loth, bien que juste au yeux de Dieu, a inconsciemment mis toute sa famille en danger. Le même sort guette également un père qui achète et tolère une télévision dans sa famille sans tenir compte des dangers qu’elle représente. Car, que va-t-il se passer s’il ne maîtrise pas les boutons de cet instrument? Ne mettra-t-il pas toute sa famille en danger?

Abraham a-t-il minimisé la gravité de la situation? Toujours est-il que les événements démontrèrent qu’il n’y avait pas dix justes dans la famille de Lot, puisque même sa femme ne put échapper au cataclysme! (Gen 19). La Parole, quant à elle, nous avertit avec une grande clarté: Adultères que vous êtes! Ne savez-vous pas que l’amour du monde est inimitié contre Dieu? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu (Jac 4.4). C’est ainsi qu’en s’incrustant à Sodome, Lot a tout perdu: sa vocation, ses biens, ses enfants, même sa femme. La triste fin du chapitre 19 de la Genèse montre comment ses deux filles se sont mises à leur tour à imiter les usages impies de Sodome. Par l’inceste, c’est Lot lui-même qui, inconsciemment, met sa future postérité sous une malédiction, et ce n’est que pour l’amour d’Abraham que Lot est épargné. Le Seigneur ne sympathise jamais avec un cour qui aime le compromis. La fin de l ‘histoire de Lot fait retentir à nos oreilles un avertissement: prenons garde à l’influence de l’esprit du monde.

Si nous avons choisi cet exemple si parlant, c’est parce que la TV, en particulier, nous montre et nous fait entendre les mêmes horreurs que celles qui divertissaient les gens de Sodome. Et le chrétien désireux de servir Dieu, mais qui se laisse « irradier » par la TV, ne peut, comme Lot, que récolter des tourments dans son âme. Comment est-il possible que cet homme juste ait pourtant été incapable de rompre avec ses amis et avec ses concitoyens pervers? Pourquoi est-il resté inconscient ou indécis ?..

Il fallut des anges pour l’arracher de force à cette ville dont toute sa personne était imprégnée. Tant de chrétiens restent passivement devant leur écran à regarder et à écouter des choses qui nuisent à leur vie spirituelle! Triste situation, hélas trop fréquente, que ces chrétiens esclaves de la TV! Faudra-t-il des anges dans nos maisons pour nous arracher au petit écran?

Examinons maintenant un passage du NT qui nous enseigne qu’à la fin surviendront des temps difficiles pour les croyants. Ils seront entourés d’hommes égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, insensibles, implacables, calomniateurs, sans frein, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, impulsifs, enflés d’orgueil, aimant leur plaisir plus que Dieu (2 Tim 3.2-5). Est-il étonnant que nous soyons exhortés à nous éloigner de telles influences? Toute cette longue liste nous donne un tableau général des ouvres de la chair. Paul annonce l’apostasie qui vient et il trace un tableau frappant de la dépravation morale qui approche à grands pas. Il souligne que des temps difficiles, des périodes dures et déroutantes, attendent les croyants, qui auront à faire face à des problèmes ardus et à des devoirs difficiles, en raison de l’iniquité débordante qui prétendra agir en accord avec la foi chrétienne (2 Tim 3.5).

Ce passage nous indique que le mal, déjà bien actif à l’époque de Paul, ira en se renforçant jusqu’à la fin de l’ère chrétienne, pour atteindre son redoutable point culminant dans les périodes dernières du temps que nous vivons. Le monde a connu, à plusieurs reprises, de violentes poussées du mal qui ont fait penser au prochain retour de Jésus-Christ. Tout croyant bien informé est douloureusement conscient de l’affreuse apostasie qui déferle de nos jours sur la chrétienté. Nul ne peut nier que l’invention de la TV a sensiblement transformé notre culture, notre morale, notre façon de penser. Elle propage impunément les ouvres de la chair qui autrefois ont été la cause même du jugement de Dieu sur Sodome et Gomorrhe. Il n’est donc pas superflu d’analyser notre comportement de chrétiens au sein d’un monde qui s’éloigne toujours plus de la présence de Dieu.

II. Les médias

En parlant de l’impact de la télévision dans notre société, n’oublions pas qu’elle s’inscrit dans un ensemble gigantesque de moyens de communication qui comprend la presse (quotidiens, magazines, publicité), la littérature en général, la radio, les jeux électroniques pour les enfants et pour les moins jeunes (Nintendo, Sega, les logiciels pour PC, etc.) et le dernier né: le réseau omniprésent d’Internet. Notre intention n’est pas de procéder à une analyse approfondie de ces dernières nouveautés, Toutefois, le chrétien désireux de conformer sa vie à la Parole de Dieu porte une immense responsabilité: celle de faire le tri de toutes ces choses qui nous envahissent parfois sans crier gare.

1 La littérature

Il incombe aux parents de veiller à ce que leurs enfants lisent. Il n ‘y a pas très longtemps, nous avons feuilleté des bandes dessinées dans quelques supermarchés; plus de la moitié contenaient des histoires où la violence, l’occultisme et même la licence sexuelle tenaient le haut du pavé. La plupart des auteurs ne se privent pas d’infuser leur philosophie particulière aux enfants.

Par contre, il existe de très bons livres pour enfants, pour jeunes et pour adultes. Mais la difficulté, c’est de prendre le temps de choisir avec les enfants une littérature enrichissante. Comme nous y exhorte la Bible: Oriente le jeune garçon sur la voie qu’il doit suivre; même quand il sera vieux, il ne s’en écartera pas (Prov 22.6). Les librairies bibliques proposent nombre de romans chrétiens, mais souvent les parents ne prennent pas le temps d’examiner et d’acheter. Pourquoi ne pas créer des bibliothèques dans chaque église locale à l’intention des jeunes et des enfants?

Francis Schaeffer écrit: « Les non-chrétiens, tout particulièrement ceux du 20e siècle, n’ont plus de base légale et morale. Tout est flottant. Pour fixer une norme, c’est la majorité de 51% qui décide ou bien l’autorité d’un pouvoir totalitaire (de droite ou de gauche) qui tranche ». 1 Nous savons tous que notre société s’est sensiblement éloignée des buts que Dieu avait fixé à l’homme. Toute notre culture en est affectée. Le domaine de la littérature est très influencé par l’humanisme contemporain.

2 – Les jeux électroniques

Il existe de nombreux programmes et des cassettes de jeux électroniques. Certains sont intéressants pour stimuler l’enfant à la rapidité, à la réflexion et à l’exercice de sa mémoire. Ces programmes sont malheureusement très rares. Les parents doivent donc veiller à ce que leurs enfants ne se laissent pas conditionner par des jeux qui seraient du poison pour leur âme.

Par le biais des logiciels des ordinateurs et surtout par l’Internet, on assiste à un déluge croissant d’informations de toutes natures. Les journalistes affirment que maintenant déjà les responsables d’Internet sont dépassés par la quantité d’informations négatives qui s’y trouvent, surtout sur les sites à caractère pornographique ou idéologiquement subversifs. Lorsqu’on examine l’impact des technologies de l’information par l’Internet, il ne faut pas s’étonner que les plus pervers de notre planète s’empressent de remplir leurs poches d’argent en vendant des spectacles abominables. En réaction contre cette débauche anarchique, on assiste à quelques tentatives d’organiser le Net, mais la tâche est difficile. Bruno Giussani a écrit: «Cet univers ressemble parfois à une jungle: bâti sans plan d’ensemble, il évolue sans cesse dans un espace apparemment sans forme et sans limite… »2 L’Internet en soi est un moyen de communication très intéressant, s’il est maîtrisé, mais qui pourra endiguer le mal qu’il propage à une vitesse vertigineuse?

Dans les années à venir les chrétiens auront la rude tâche de ne pas se laisser « interner » par les médias. Nous devons prendre position pour défendre notre liberté. N’oublions pas ce commandement: Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Seul le Dieu véritable peut nous délivrer de la maison de servitude et nous insuffler l’esprit qui animait Moïse lorsqu’il se mit au service du Seigneur et de son peuple opprimé : …il refusa d’être appelé fils de la fille de Pharaon, aimant mieux être maltraité avec le peuple de Dieu que d’avoir la jouissance éphémère du péché (Héb 11.24,25).

III. La télévision: un véritable medium

Marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous surprennent pas: celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va (Jn 12.35).

« Reine du foyer, la télévision talonne le réfrigérateur, qui constitue le premier achat d’un ménage. Elle bénéficie généralement d’un emplacement de choix, au salon, voire dans la salle à manger. 30% des familles possèdent plusieurs télévisions, et dans 15% des foyers romands elle côocirc;toie peluches, jeux et livres, directement dans la chambre des enfants. Malgré, ou à cause d’une présence massive dans la vie des familles, on l’a chargée d’à peu près tous les maux: elle rendrait les enfants paresseux, agressifs, elle saperait l’imagination et la créativité, et enfin offrirait une vision appauvrie et standardisée du monde… Liliane Lurçat, docteur en psychologie et directeur honoraire au CNRS à Paris, dit: « la télévision est une voleuse d’enfance… » En vrac, elle lui reproche d’éloigner l’enfant du réel, d’induire une dépendance et de provoquer des phénomènes d’imitation. Exagéré? On a tout de même vu des enfants sauter par la fenêtre parce qu’ils se prenaient pour Batman, rappelle-t-elle! »3

Sans parler des vidéos et du cinéma, la télévision permet aux spectateurs d’entrer en contact avec le monde d’une façon qui est très souvent manipulée. La télévision est une invention qui n’est pas mauvaise en soi, mais nous pouvons bien souvent regretter l’usage qui en est fait! S’il est vrai que la télévision reste un instrument, et rien d’autre, encore faut-il examiner à quelle fin cet instrument est utilisé. N’importe quel outil ne convient pas à n’importe quelle tâche. En outre l’expérience est là d’après les enquêtes, pour nous montrer les ravages qu’elle a opérés.

Henri Madelin écrit dans le monde diplomatique: « La TV a pris l’habitude de s’occuper de tout. Sa règle d’or est la rapidité, c’est-à-dire la simplification. Pour mieux capter et retenir l’attention de ceux qui s’installent devant le petit écran, elle propose un spectacle paradoxal, mêlant sublime et anecdotique, réalisme et rêverie, banalisation d’un univers sans relief et entrée dans le royaume du nouveau sacré des temps modernes… On sait que la radio annonce la nouvelle, la télévision en montre les images, la presse écrite en fait le commentaire. Rien à redire, sauf que, désormais, c’est la TV qui domine l’information de masse. Et que, le plus souvent, la pédagogie télévisuelle nous épargne l’effort intellectuel, la pesée minutieuse des motifs et des raisons, la souffrance d’une volonté qui hésite avant de se déterminer… Depuis 1985, les enquêtes répètent que chaque Français de plus de quinze ans consacre, au moins, par semaine, 15 heures à la TV, 10 h 30 à la radio et à peine 2 h 30 à un quotidien. Si l’on compte que chacun doit trouver en moyenne 8 heures de sommeil, il reste à peine 112 heures disponibles, par semaine, pour une vie éveillée. Plus de 25% de ce temps est occupé par les médias. Chiffres à l’appui, un Français passe donc huit ans de sa vie à regarder la télévision »4

Christian Bobin écrit: « Tu es là, dans ton fauteuil ou devant ton assiette, et on te balance un cadavre suivi du but d’un footballeur, et on vous abandonne tous les trois, la nudité du mort, le rire du joueur et ta vie à toi, déjà si obscure, on vous laisse chacun à un bout du monde, séparés d’avoir été aussi brutalement mis en rapport avec un mort qui n’en finit plus de mourir, un joueur qui n’en finit plus de lever les bras, et toi qui n’en finis pas de chercher le sens de tout ça, on est déjà à autre chose, dépression sur la Bretagne, accalmie sur la Corse… Un monde sans images est désormais impensable… »5

Breyten Breytenbach, un sociologue, dit à ce propos: « La télévision détruit des pans entiers de la capacité humaine de compréhension. Il n’y a aucun moyen aussi puissant de destruction du sens de la hiérarchie des valeurs. Boire un Coca-Cola devient aussi important que tuer quelqu’un! La TV, c’est la destruction de la mémoire, de la capacité de celui qui regarde de s’engager, d’avoir le sentiment d’avoir un rôle à jouer: tout est déjà mâché pour lui et il n’a aucune possibilité d’intervenir, de réagir. Il est arrosé d’informations qui finissent par le combler entièrement.« 6

« La TV a vraiment changé notre société, il est difficile de voir ce qui va en sortir. On peut être complètement cynique et dire que de toute façon les changements sont inévitables mais cela reviendrait à renoncer à nos responsabilités. Il faut quand même essayer d’intervenir. Je crois que les seuls, pour l’instant, qui puissent réagir sont les journalistes eux- mêmes. Il ne sert à rien de se réfugier derrière des barrières telles que la « liberté d’expression », car c’est juste une façon de se faire plaisir. Il n’y a rien de plus détestable que de voir ces gens qui se prennent pour de petites stars et qui manipulent par l’information les gens, pour les mettre dans leur petite boîte, avec leurs petits calculs. »7

Une enquête menée par le « Point » a établi le bilan chiffré d’une semaine ordinaire sur les cinq chaînes françaises de télévision et Canal+, hors journaux télévisés. Il s’agissait de relever le nombre de meurtres, de viols, d’agressions, etc. présentés en une semaine sur le petit écran. En voici le résultat: Total 670 meurtres; 15 viols; 848 bagarres; 419 fusillades ou explosions; 14 enlèvements; 11 hold-up; 8 suicides; 32 prises d’otage; 27 scènes de torture; 18 drogués; 9 défenestrations (des gens jetés par les fenêtres); 13 tentatives de strangulation; 11 scènes de guerre; 11 strip-tease; 20 scènes d’amour poussées. (A noter que durant la tranche horaire se situant entre 20h30-22h30, il y avait 20% de meurtres; 33% de viols; 43% d’enlèvements et 10% de scènes d’amour poussées).

Beaucoup de professeurs de l’école du niveau secondaire se plaignent que les enfants, abîmés par la télé, sont incapables de penser d’une manière suivie et cohérente. A ce propos, une expérience intéressante a été pratiquée en Allemagne de l’Ouest. La moitié d’une classe a été privée de télévision pendant plusieurs semaines; l’autre moitié, comme d’habitude, y avait accès. On a remarqué très vite que les premiers se montraient plus attentifs en classe, obtenaient de meilleurs résultats scolaires, que les seconds. Selon des statistiques aux Etats-Unis, on compte qu’à 18 ans, un adolescent qui regarde régulièrement la télé, a été au moins témoin de 20’000 meurtres dans sa vie. Sans compter toutes les autres actions commises contre la morale. Et pour que nul ne l’ignore: « la délinquance juvénile a plus que doublé entre 1970 et 1980 parallèlement à l’essor de la télévision. »8 Je peux m’imaginer que beaucoup de jeunes vont augmenter leurs heures de consommation télévisée à cause du problème du chômage. Imaginez-vous toute une jeunesse devant des images irréelles, un monde de violence mêlée de convoitise; et de pratiques immorales. Beaucoup de spécialistes reconnaissent que la violence se transmet à la jeunesse par la télé. Ecoutons par exemple les propos de l’inspecteur scolaire Michel Pittet en Gruyère: « Oui, la télévision corrompt notre belle jeunesse et si 5 enfants sur 6 rangent la violence dans le catalogue des qualités humaines, c’est la faute à l’écran. Il est juste d’accuser la télévision. C’est un outil merveilleux qui ne remplit pas son devoir ».9

3.1 Démission de la raison

Nous ne voulons pas que ce soit dit, mais la télévision est devenue un danger énorme pour les familles chrétiennes qui veulent encore marcher selon la sainteté de Dieu. Ceux qui veulent maintenir le petit écran dans leur foyer doivent exercer une discipline très astreignante pour trier les programmes. Quel parent n’a pas encore cédé à ses enfants qui le supplient de les laisser regarder tel ou tel film? Sans aucune retenue, la TV nous a habitués à voir des choses qui sont en directe contradiction avec la Parole de Dieu.

Pour donner un exemple, la série « Dallas » a eu un énorme succès parmi les téléspectateurs. Mais on oublie très souvent de considérer la morale qu’elle a véhiculée: l’échange de partenaires, les divorces, l’adultère, le crime, etc.

« La société, après avoir brisé tous les interdits, notamment au détriment des jeunes, ne commence-t-elle pas à s’interroger sur ce qu’il importe désormais de protéger? » se demande pour sa part la Française Liliane Lurçat, spécialiste en psychologie de l’enfant.10

« La télévision dénature les faits pour les introduire dans un monde fictif qui lui est propre. Elle est véritablement un médium, dans le sens d’un milieu à part, isolé du monde réel, s’imposant comme l’intermédiaire obligé entre le fait et sa perception. Qui s’informe à la télévision croit puiser directement à la source, mais se trompe lourdement. Une quantité impressionnante de sélections, de filtrages et de trucages se sont déjà opérés sous toutes sortes de conditions et d’intentions. Parmi les dizaines de milliers de faits à retenir, on retient tels ou tels pour les présenter à l’ écran. On les a préférés à des centaines d’autres du même ordre et de la même importance et les critères de cette sélection ne sont jamais révélés. »11

« On sait que les petits enfants encore incapables de raison n’agissent guère que par imitation de ce qu’ils voient faire. La nature les a créés imitateurs. C’est ainsi qu’ils apprennent à parler; et, quand quelqu’un le fait devant eux, ils regardent fixement le mouvement de ses lèvres et de ses yeux, l’attitude de son corps et l’expression de son visage. Ces images s’impriment dans leur mémoire, et nouveaux habitants du monde, tout les étonne, chaque chose nouvelle les attire. Ils ressemblent, dit un philosophe, à une toile nue, sur laquelle rien n’a encore été peint, et où les premières couleurs que l’on applique s’impriment profondément. »12 C’est à eux que la télévision s’adresse de plus en plus, pour pervertir la jeunesse le plus tôt possible.

Nul ne voit, dans la vie réelle, cinq meurtres à l’heure. Un téléspectateur moyen assiste en une semaine à plus de crimes violents, de suicides, de scènes d’amour poussées, de viols et de meurtres qu’il ne s’en commet en un an dans n’importe quelle grande ville du monde. Quant aux enfants, écrit Liliane Lurçat: « si on leur présente un monde cruel pour naturel, on ne s’étonnera pas qu’ils nous le rendent au centuple. La cruauté, ajoute-t-elle, fait certes partie de l’enfance, mais la compassion est un sentiment qui s’éduque; et, avec la télévision, on est loin du compte ».13 Combien cette spécialiste en psychologie de l’enfance dit, à juste titre, que la génération suivante donnera les fruits amers de la nourriture dont on l’a nourrie.

Rien n’égale la violence des productions d’Hollywood. Non seulement le nombre de morts devient astronomique, mais souvent les victimes ne meurent pas, elles explosent, les corps se tordent au ralenti, le sang gicle et la mort est montrée avec d’atroces détails. Et on y ajoute de plus en plus de violence sexuelle.

« Plus un pays s’équipe en téléviseurs, plus on y tue… Les meurtres perpétrés au Canada et aux Etats-Unis ont augmenté de 93% entre l’introduction de la télévision, en 1950, et 1970. En Afrique du Sud, où la télé ne fut autorisée qu’en 1975, le même phénomène de décalage s’observe aussi: douze ans plus tard, les homicides ont augmenté de 130%. »14

Ce ne sont pas seulement les films qui passent tard dans la soirée qui sont en cause. Le journaliste Drago Arsenijevic écrit: « Le Téléjournal véhicule de plus en plus de sang inutile. Certes, la violence quotidienne, les guerres, les massacres, les catastrophes, les accidents meurtriers, les feux gigantesques, les tragédies de la route ne peuvent pas toujours être présentés avec des gants. Il y a un minimum d’images brutales qu’une information télévisée ne peut éviter. Mais on assiste indéniablement à une escalade dans la diffusion d’atrocités. Il y a quelques années, on se contentait de nous montrer un camion plein de cadavres de paysans assassinés au Nicaragua. Maintenant, la caméra pénètre dans le bus et détaille les cadavres un à un pour que le téléspectateur puisse bien voir un visage défiguré, un bras arraché, un corps éventré, un bébé coupé en deux. »15

3.2 Le chrétien et l’usage de sa télévision

Prenons le temps de lire Gal 5:19-25.

3.2.1 Un choix s’impose!

La télévision a absorbé une grande partie du temps que les chrétiens pourraient normalement consacrer à leur l’église locale. Andries Knevel, directeur de la Télévision Evangélique Hollandaise, écrit: « La vague de la sécularisation au sein de l’Eglise trouve certes son origine dans l’influence de la TV. »16 Ce fut en 1950 que le premier studio de la Télévision hollandaise prit forme dans une ancienne église réformée à Bussum. N’est- ce pas une illustration symbolique de ce qui s’est pass&eaeacute; avec le monde chrétien devenu esclave du petit écran?

La grande question est: comment pouvons-nous gérer la TV dans nos maisons, sans devoir se culpabiliser d’avoir vu des choses qui sont une abomination devant l’Eternel? Est-ce possible de la regarder d’une manière sélective? Quels sont les programmes que je regarde en tant que chrétien professant?

D’après le théologien A. Knevel, des centaines de milliers de chrétiens regardent la télévision d’une façon irresponsable et incorrigible.17 Il y a bien des croyants qui luttent avec la TV, qui luttent avec leurs consciences. Qui doit trancher? Le père, la mère, l’enfant? Pourquoi y a-t-il tant de problèmes pour l’éteindre? Une enquête faite parmi les chrétiens en Hollande a révélé les choses suivantes quant aux divers comportements devant le petit écran:

-J’ai trop peu de volonté propre…

-Mon mari n’est pas un chrétien engagé, alors je subis les images contre ma
volonté…

-Quand je l’éteins, mes enfants la remettent en route…

-Je préfère garder la paix avec mes enfants et mon mari…

-Je préfère garder mes enfants à la maison, au lieu de les voir traîner dans
la rue…

-Je suis prêt à faire des compromis…

Le problème de la TV n’est pas un problème isolé ou d’un groupe précis de notre société. Il frappe toutes les couches de notre société, y compris les chrétiens. Bien des chrétiens se sentent insatisfaits quant à leur comportement devant la TV. La plupart d’entre eux sont conscients que la TV est un véritable médium qui montre dans tous ses états l’horreur du péché et s’en moque. Autrement dit, en regardant le crime, l’adultère, le vol, la convoitise, etc., nous nous rendons complices de ces actes devant Dieu. C’est notre choix et c’était aussi celui de Lot que de s’installer à Sodome!

3.2.2 Le besoin de repentance.

Nous n’abordons pas un sujet facile, mais posons-nous la question: où sont les chrétiens qui ont résisté à ce mal et qui osent se forger une opinion selon la Parole de Dieu? Nous aimons faire de la théologie, mais personne n’ose parler du veau d’or, qui est bientôt placé dans presque tous les foyers. Les ravages de la télévision sur l’intelligence, la mémoire, la conscience ne peuvent pas être minimes.

Est-ce possible de venir au culte le dimanche matin pour adorer Dieu, pour aimer son prochain créé à l’image de Dieu, et de se divertir pendant la semaine de spectacles où l’on se moque de Dieu et de ses créatures. N’est-il pas grand temps de se repentir, et d’admettre l’erreur que nous commettons en regardant la télévision? Dans une certaine mesure nous sommes complices, car en payant nos concessions nous contribuons également à subventionner des programmes qui sont très souvent une abomination devant l’Eternel. Aurions-nous oublié que nous sommes libres, libres de gérer notre temps, libres pour servir l’unique et véritable Dieu. Abandonnons donc tout esclavage pour l’honneur de notre Dieu.

Janry Varnel, responsable des émissions jeunesse à la Télévision Suisse Romande, avoue: « Notre télévision ne remplit pas son devoir, éducatif ou informatif, parce qu’elle obéit à une seule loi, celle du commerce sans foi ni loi: une télévision qui n’est pas regardée est une télévision morte ».18

Je plaide pour que les chrétiens prient afin que Dieu leur donne du discernement. Celui qui s’adonne à la télévision s’abandonne à la merci d’un pédagogue inconnu. Il ne faut pas rêver, ce pédagogue n’a pas le désir de vous enseigner la vérité: où irait-il la chercher? La télévision s’attaque à notre volonté et il faut le savoir. Elle agit à la manière sournoise d’une drogue. Elle crée une dépendance qui est visible, sensible, manifeste pour les autres qui n’en ont pas. Il suffit d’avoir seulement une fois rencontré un homme ou un enfant qui soit en manque…

3.2.3 Marchez par le saint-Esprit (Galates 5)

L’apôtre Paul exhorte les chrétiens de Galatie à ne plus se remettre sous un nouveau joug d’esclavage (v.1) dont Jésus-Christ nous a libérés par la régénération de son Esprit-Saint. Nous sommes exhortés à marcher par l’Esprit, et à ne point accomplir les désirs de la chair (v.16). J’apprécie la traduction Parole Vivante de ces versets (16,17) qui dit: « Voici donc mon conseil: marchez sous la direction de l’Esprit et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de votre être naturel. Vos désirs égoïstes et coupables ne parviendront pas à leurs fins. Laissez donc l’Esprit vous conduire, obéissez à ses instructions et ne cédez pas aux appétits de vos instincts naturels… Votre ancienne nature avec ses désirs égoïstes se rebiffe contre l’Esprit, les aspirations de votre être irrégénéré se dressent sans cesse contre l’être spirituel: mais l’Esprit, de son côté, s’oppose à la volonté naturelle de l’homme. Ces deux forces antagonistes sont constamment en conflit, chacune d’elles luttant pour subjuguer votre volonté. Elles influencent sans cesse vos désirs. C’est pour cela que vous n’arrivez pas à mettre vos résolutions à exécution et que vous n’êtes pas libres de faire ce que vous aimeriez. »

L’apôtre nous donne tout un inventaire des oeuvres de la chair dont voici la liste: (versets 19-26)

Version «Colombe&raquoraquo;Version «Darby»
L’inconduiteLa fornication
L’impuretéL’impureté
La débaucheL’impudicité
L’idolâtrieL’idolâtrie
La magieLa magie
Les hostilitésLes inimitiés
La discordeLes querelles
La jalousieLes jalousies
Les fureursLes colères
Les rivalitésLes intrigues
Les divisionsLes divisions
Les partis prisLes sectes
L’envieLes envies
L’ivrognerieLes meurtres
Les orgiesLes ivrogneries
Les orgies

Celui qui passe pendant une soirée ordinaire, d’une chaîne à une autre (ce qu’on appelle le « zapping »), peut voir toutes ces oeuvres de la chair défiler devant ses yeux. Il est d’ailleurs intéressant que l’apôtre Paul commence sa grande liste avec trois péchés qui concernent la sexualité. Le problème de la sensualité et des pensées impures en relation avec la sexualité est le problème numéro un de la télévision. C’est comme un fil rouge qui traverse bientôt la plupart des films. Ceci dit, il est important de se rappeler combien de fois il est question de blasphème, de criminalité, de meurtres, d’occultisme. Les statistiques en Hollande ont malheureusement fourni la preuve que la plupart des chrétiens orthodoxes et évangéliques ne regardent pas seulement les programmes de tendance évangélique, mais tout autant les programmes qui font la guerre à notre âme.

La Parole de Galates devrait nous faire r&eacuteeacute;fléchir très sérieusement, car il est écrit que ceux qui se livrent à de telles pratiques n’hériteront pas du royaume de Dieu (v 21). D’autant plus que l’exemple de Lot nous est relaté dans le NT comme un avertissement du jugement de Dieu à venir sur ceux qui dans un appétit de souillure, recherchent les plaisirs charnels (2 Pi 2.10). Pouvons-nous regarder impunément des choses abominables à la TV, avec le motif de nous relaxer? Pouvons-nous voir tant de péchés défiler devant nos yeux sans en être dégoûtés? Pourquoi tant de compromis?

Le message de Galates 5 ne peut pas, par conséquent, nous laisser indifférents. Ayant parlé des effets de la chair, l’apôtre nous exhorte à plaire à Dieu par les oeuvres de l’Esprit. Or nous serions malhonnêtes de ne pas reconnaître devant Dieu que la plupart des programmes n’ont pas l’intention de nous édifier et vont encore moins nous inspirer à rechercher les fruits de l’Esprit. L’enquête menée en Hollande parmi les chrétiens a révélé qu’en général, ceux-ci sont conscients de la perversion de la télévision.

Voici ce que les participants à l’enquête ont répondu à la question: Quelle est votre opinion de la TV?19

-La TV est une source de disputes et de rivalités

-C’est un interdit dans ma maison, elle manipule notre manière de vivre

-La TV empêche mes enfants de faire leurs devoirs

-Elle nous rend esclaves..

-La TV fait de nous des paresseux…

-Elle prend beaucoup trop de temps…

-Elle nous empêche d’avoir une bonne discussion ensemble

-Elle nous empêche d’éduquer les enfants selon la Parole de Dieu

-C’est une très bonne invention, mais je trouve dommage qu’elle existe…

-Elle nous force à faire des compromis avec nos enfants…

-D’après nous, il est impossible de vivre sans TV

-C’est trop difficile de la regarder d’une manière sélective…

-Sans la TV, mes enfants vont voir ailleurs. ..

-Nous avons sorti la TV de notre maison, c’est une délivrance et une bénédiction…

-J’ai plus de temps pour lire un bon livre…

-La TV n’aurait jamais dû voir le jour…

Il est difficile de donner un résumé de toutes les réactions qui ressortent de cette enquête, mais en gros, nous pouvons constater qu’un bon nombre de parents chrétiens ont accepté d’acheter la TV pour prévenir leurs enfants de voir des choses inacceptables chez le voisin. Malheureusement cette crainte ne peut justifier l’achat de la TV! Pourquoi? L’enquête a clairement démontré que les choses inacceptables chez le voisin ont également, par la suite (et petit à petit) été introduites dans leurs propres foyers.

Il ressort clairement que l’enfant n’a pas le discernement nécessaire pour reconnaître les dangers de la manipulation et les mauvaises influences de certains programmes. De ce fait, certains enfants regarderont la TV pendant l’absence de leurs parents, d’autres insisteront pour voir divers programmes que voient leurs camarades jusqu’à ce que leurs parents cèdent ou deviennent plus permissifs.

Et l’Eglise dans tout cela? L’enquête a aussi révélé que les chrétiens perdent beaucoup de temps devant leur TV, et sont de moins en moins disponibles pour leur église et pour l’ouvre de Dieu en général. N’oublions pas qu’un chrétien engagé entend en moyenne deux fois par semaine un exposé de la Parole de Dieu. Celui du dimanche matin et celui de la semaine. Or que peuvent faire ces quelques heures de prédication contre 10 à 20 heures de télévision en moyenne par semaine? N’est-ce pas le devoir des pasteurs de mettre en garde leurs troupeaux contre un emploi abusif de la TV? Autre question: ces pasteurs sont-ils eux-mêmes libérés de l’influence de la TV?

IV. Vivre sans télé: est-ce possible?

Pensez à ce qui est en haut, et non à ce qui est sur la terre, car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Faites donc mourir votre nature terrestre: l’inconduite, l’impureté, les passions, les mauvais désirs et la cupidité qui est une idolâtrie. C’est pour cela que vient la colère de Dieu. (Col 3.2,3,5).

Les téléspectateurs sont souvent trop lâches pour éteindre le poste, trop fatigués pour réagir et prêts à perdre leur soirée à ne regarder que des bêtises. Dans une enquête parue dans l’Hebdo le 23-02-95, il apparaît que 5% de la population suisse vit sans télévision.20 La décision de ne pas (ou plus) avoir la télévision résulte toujours d’une réflexion assez poussée mais on y retrouve plusieurs conclusions positives:

-Une meilleure relation entre parents et enfants, entre époux et épouse

-L’occasion de ne plus vivre sous la dépendance de la TV et d’échapper au conditionnement
qu’elle nous impose

-L’expérience d’une meilleure qualité de vie; (du temps pour la lecture, la
musique, le sport, les promenades, etc.)

-Et pour le chrétien, plus de temps à disposition pour son église, pour son
Dieu et pour son prochain.

Dans bien des situations il est préférable de ne pas avoir de télévision pour les raisons déjà nommées plus haut. Ceux qui ont supprimé leur TV ne le regrettent pas, telle est la conclusion que l’on peut tirer de l’enquête parue dans l’Hebdo en Suisse, comme de l’enquête du théologien Andries Knevel en Hollande.21

Personnellement, nous n’avons pas de TV à la maison. Cela nous donne de nombreux avantages. Le temps pour jouer d’un instrument, le temps pour partager nos joies et nos fardeaux ensemble, le temps pour faire des jeux et des bricolages. Si vraiment nous voulons à tout prix garder cet instrument dans nos maisons, il faut chercher d’autres alternatives pour éduquer le peuple de Dieu et lui apprendre à filtrer toute information venant d’un monde post-chrétien. Les chrétiens devraient alors avoir leur propre télévision avec leurs propres programmes.

4.1 La télévision chrétienne: est-ce possible?

Il est important de se rappeler que la télé en soi est une invention merveilleuse. Il existe certainement des chrétiens qui ont la fermeté morale de ne regarder que les programmes édifiants (comme des films sur la nature et sur des animaux par exemple), et qui éteignent la TV au bon moment, mais ils sont rares! La plupart des gens se laissent entraîner et se chargent la conscience de fantasmes, qui ne les quittent plus à longueur de journée! Pourquoi ne pas s’engager dans la prière pour que davantage de chaînes de télévision chrétiennes puissent voir le jour et transmettre l’enseignement de la Parole de Dieu. Plusieurs pays ont déjà une chaîne de télévision chrétienne. Depuis plus de 25 ans, la Hollande a sa télévision dirigée par des évangéliques et des réformés engagés. Ils font un travail extraordinaire, surtout en donnant la parole aux journalistes chrétiens. Ils apprennent au peuple de Dieu à porter un regard critique vis-à-vis de tout ce que nous pouvons entendre et voir ailleurs. N’est-ce pas urgent que les chrétiens aient la possibilité, durant toute une soirée, de dire et de chanter l’évangile de diverses manières ?

Mais malgré ces avantages, hâtons-nous de signaler que la plupart des chrétiens qui ont acheté une TV pour voir des programmes chrétiens (entre autre en Hollande et aux USA), regardent malheureusement aussi toutes les autres chaînes. Prions pour que Dieu donne un maximum d’occasions pour faire de la télévision un instrument constructif. Une autre solution serait la production de vidéos chrétiennes. Au lieu de voir un programme imposé, il est possible de choisir des films qui sont disponibles sur cassettes vidéo. Que tous ceux et celles qui aiment le Seigneur puissent rechercher sa volonté et agir en conséquence!

4.2 Conseils pour ceux qui regardent la TV (Mt 5.29)

-Les parents doivent décider ensemble ce que la famille va regarder

-Les parents doivent expliquer aux enfants pourquoi ils ne veulent pas qu’ils
regardent tel programme

-Examinez toujours le programme que vous regardez d’après Galates chapitre
cinq

-Les parents doivent être conséquents avec eux-mêmes: il ne peuvent interdire
aux enfants de regarder des programmes qu’ils regardent eux-mêmes

-Acceptez le moins de chaînes possible sur votre TV

-Refusez le zapping, soyez sélectifs

-Achetez une armoire pour votre TV, afin que vous ne voyez pas sans cesse l’écran

-Ne mettez jamais une TV dans la chambre de vos enfants

-N’acceptez pas que la TV soit allumée pendant les repas ou à l’heure du réveil

-Choisissez un horaire pour votre TV, limitez le temps

-Laissez la TV éteinte au minimum un jour par semaine.

J’espère que ces quelques considérations vous encourageront à prendre des dispositions en faveur d’une vie qui honore le Seigneur. L’Eglise de Jésus-Christ a besoin de vivre en accord avec le message qu’elle propage. Que le Seigneur nous vienne en aide. Vous savez en quel temps nous sommes: c’est l’heure de vous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. La nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc des oeuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière (Rom 13.11-12).

Réflexion personnelle

1. Quelles sont vos émissions préférées et pourquoi?

2. Combien de temps consacrez-vous à la télévision par jour? Pourriez-vous
vous imaginer vivre sans elle et comment occuperiez-vous ce temps libre?

3. Reconnaissez-vous que la télévision a un grand impact sur vous ? De quelle
manière vous êtes-vous laissés séduire?

4. Allez-vous prendre des mesures pour mieux faire usage de la télévision?

5. Si Jésus était là, avec vous devant le poste TV, y a-t-il des émissions
que vous ne regarderiez plus?

Notes pour « Incursion au royaume de la télévision »
1F. Schaeffer, La Mort dans la Cité, MB, p. 78.
2Bruno Giussani, L’Hebdo, 6 juillet 1995, p. 49.
3Coopération No 35, 27 août 1997, p. 8,9.
4Henri Madelin, Le Monde Diplomatique, mai 1997, p. 32.
5Christian Bobin, L’inespérée, Gallimard, Paris, 1994, p. 24-25.
6Breyten Breytenbach, La Liberté, novembre 1993.
7Breyten Breytenbach, ibid.
8Pierre Michel Bourguignon, On vous en mettra plein la vue! Lecture et tradition, octobre 1991, p. 15.

9Michel Pittet, cité dans La Liberté du 24.5.94.

10Liliane Lurçat, Violence à la télé, Editions Syros, cité dans
L’Illustré, no 23-89.

11Pierre Michel Bourguignon, ibid., p. 4.

12Silvio Antoniano, Traité de l’éducation chrétienne des enfants,
Guignard, Troyes, p. 81.

13Liliane Lurçat, ibid.

14C’est ce qu’a révélé l’étude de Brandon CenterWall, de l’université de
Washington.

15Drago Arsenijeviç, Trente Jours, octobre 89, p. 6.

16Andries Knevel, Doe dat ding dan uit!, Kok, 1993, p. 10,

17Andries Knevel, ibid., p. 23.

18Janry Varnel, cité dans La Liberté du 24.5.94.

19Andries Knevel, ibid., p. 41-50.

20Hebdo du 23 février 1995, p. 46-50.

21Andries Knevel, ibid, p. 69


Jean-Bert de Mooy est marié et père de deux enfants. Il est pasteur d’une église évangélique à Bulle, en Suisse romande et conférencier bien connu. Il a fait ses études à l’Institut Biblique « Emmaüs », à Saint-Légier, en Suisse romande, et a suivi des cours dans les facultés de Vaux-sur-Seine et d’Aix-en-Provence, en France. Il travaille aussi avec les jeunes et a élaboré un cours de formation biblique dans le cadre du CyFoJe (Cycle Formation Jeunesse). Il est l’auteur d’un cours sur Les Dix Commandements, disponible comme module du logiciel Bible Workshop Pro vendu par la Maison de la Bible (2004).

1. Mort et ressuscité, selon les Écritures

« Il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les Psaumes. Alors il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Ecritures. Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour et que la repentance en vue du pardon des péchés serait prêchée en son nom à toutes les nations à commencer par Jérusalem. Vous en êtes témoins. » (Luc 24.44-48)

Jésus est mort selon les Ecritures. Il ne fut pas la victime accidentelle de qui que ce soit, ni de quoi que ce soit. Ni de Pilate, ni des Juifs, ni de ses disciples, ni de personne… Jésus-Christ est venu dans le monde dans le but de mourir sur la Croix pour expier nos péchés, selon les Ecritures (Luc 19.10 ; 1 Pi 3.18). Sa crucifixion fut la manifestation frappante de son obéissance aux Ecritures. La mort de Jésus fut le point culminant de toute l’histoire de la rédemption.

Qui donc a tué Jésus ? Il est certain que Judas, les chefs religieux juifs et Pilate sont coupables. Il est vrai aussi qu’il y eut trahison, lâcheté, et de fausses accusations contre Jésus. Nous savons que des hommes ont bafoué les principes de la justice humaine pour satisfaire et apaiser une foule manipulée et furieuse contre celui qui n’avait pourtant fait que du bien. Finalement, toute la foule se rendit responsable du meurtre d’un homme innocent. Cependant, l’Evangile de Luc souligne avec force : « Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et qu’il ressuscite le troisième jour. » (Luc 24.7,44)

N’oublions jamais que Jésus ne fut pas la victime de Judas, ni de Rome, ou du sanhédrin. L’apôtre Pierre dit dans son discours du jour de la Pentecôte : « Ce Jésus fut livré selon le dessein arrêté, selon la prescience de Dieu » (Act 2.23). De toute éternité la mort de Jésus sur la Croix avait été prévue par Dieu le Père. Même s’il est incontestable que les chefs religieux juifs et romains qui le crucifièrent portent la responsabilité de leur crime, Dieu lui-même, dans sa prescience, avait arrêté le dessein de la mort de Jésus.

Poussons ce raisonnement encore un pas plus loin en disant haut et fort : Jésus lui-même a gardé le contrôle absolu des évènements jusqu’au bout de son procès et de son ministère terrestre, car il cria juste avant d’expirer : « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » (Luc 24.46) Peu de temps avant sa mort, Jésus avait prévenu ses disciples en leur disant : « Personne ne me l’ôte [la vie], mais je la donne moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre : tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père. » (Jean 10.17-18 ; cf. 19.11)

Un à un, tous les détails des prophéties de l’A.T. furent accomplis, et particulièrement les détails précis concernant sa mort décrits dans le Ps 22 et Ésaïe 53. Chacun de ces détails a été écrit des centaines d’années avant sa naissance. Tout fut accompli exactement comme prédit.

2. Une resurrection historique

« Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour… » (Luc 24.46) La résurrection a rendu possible notre salut. Comme dit l’apôtre Paul aux Corinthiens (1 Cor 15.16-18) : « Si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés et ceux qui sont morts en Christ sont perdus. »

Le juge et journaliste Lee Strobel a écrit un livre sur Jésus-Christ en utilisant sa formation de juriste et de journaliste pour argumenter sur les faits historiques de la résurrection de Jésus-Christ et la proclamation de la bonne nouvelle au premier siècle. Ce livre est passionnant. En effet, l’auteur conclut que les biographies de Jésus résistent à un examen poussé et il souligne leur crédibilité historique.

Alister McGrath écrit : « Tout au long de l’histoire, le christianisme a considéré la résurrection et l’incarnation comme des éléments essentiels à sa propre compréhension historique ; toute tentative d’éliminer ou de modifier radicalement ces doctrines aboutirait à une forme de christianisme en rupture de continuité avec les formes historiques qui ont accompagné son développement. »1

L’ancien professeur de littérature, C.S. Lewis, qui avait enseigné le Moyen Âge et la Renaissance à l’Université de Cambridge, expliquait, alors qu’il racontait sa conversion, qu’avant ses recherches, il pensait que les chrétiens « se trompaient ». Après avoir évalué les bases et les preuves du christianisme, Lewis conclut « qu’aucune autre religion ne présentait un tel caractère d’historicité. »2 Sa connaissance de la littérature l’obligeait à traiter les Evangiles comme étant dignes de foi.

L’Eglise naissante n’aurait jamais pu prendre racine et n’aurait jamais pu s’épanouir en plein Jérusalem si elle avait répandu des histoires fausses sur Jésus. Le juge Bruce Metzger écrit qu’en comparaison d’autres documents de l’Antiquité, les manuscrits du N.T. sont de loin les plus nombreux de tous les récits historiques de l’époque. Rien que cela est déjà un très grand miracle en soi.

La documentation historique que nous possédons sur Jésus est bien meilleure qu’à propos de n’importe quel autre fondateur de religion antique. Des sources extra-bibliques confirment que beaucoup de gens ont rapporté les guérisons opérées par Jésus, qu’il était le Messie et qu’il a été crucifié. Pourquoi Christ reste-t-il, malgré la déchristianisation de nos sociétés, au cœur de notre culture, près de deux mille ans après sa mort ? La réponse traditionnelle et biblique veut que la raison profonde de son rayonnement réside dans le fait qu’il a été Dieu incarné, autrement dit que dans son existence historique spécifique, Dieu a assumé la nature humaine. « Un christianisme qui rejette l’incarnation de Dieu en Jésus-Christ n’est pas en mesure de placer de façon convaincante la personne de Jésus-Christ au centre de la foi chrétienne. »3

Souvenons-nous des disciples. Ils avaient vécu avec Jésus et avaient nourri de grands espoirs en l’avenir. Mais à l’heure de la crucifixion, tous leurs espoirs de voir Jésus devenir Roi s’écroulaient. Ils regardaient déjà la croix comme la fin de leurs rêves utopiques…. C’est seulement après la résurrection qu’un monde nouveau s’ouvrit devant eux ! Il était réellement ressuscité.

C’est en s’appuyant sur cette réalité que le message de l’Evangile, la bonne nouvelle, sera prêché dans le monde entier : « La foi en la résurrection et en l’incarnation a favorisé le développement et l’expansion du christianisme, et continue de le faire. La vitalité, la profondeur et l’enthousiasme de la foi chrétienne dépendent finalement de ces doctrines. »4 Car quelle serait la crédibilité d’une « nouvelle naissance » qui exclurait l’incarnation du Fils de Dieu mort pour nos péchés ?

Aujourd’hui, les théologiens libéraux sont bien embarrassés par le mouvement du « Nouvel Age », car ils ont plongé l’Eglise dans le chaos en la dépouillant de ses doctrines essentielles. Mais vis-à-vis de nos contemporains assoiffés d’expériences spirituelles, la résurrection du Christ doit rester la clé d’un témoignage puissant. Seul le christianisme confessant, qui a gardé la foi des ses origines, possède les ressources apologétiques et spirituelles nécessaires pour regagner le terrain perdu en Occident.

3. Des temoins dignes de confiance

« Vous en êtes témoins. » (Luc 24.48) Oui, les disciples furent les témoins de ces évènements extraordinaires. Transformés par la foi en Jésus-Christ, ils ne se laissaient pas arrêter dans leur tâche, ayant été les témoins oculaires de la résurrection.

N’oublions pas que les disciples risquaient la condamnation à mort en proclamant la résurrection de Jésus-Christ ! Or, personne d’entre nous n’accepterait de mourir pour un mensonge (cf. Act 4.5-20). Le N.T, on le sait, contient un certain nombre de récits extraordinaires racontant les apparitions de Jésus après sa résurrection. Jésus se montre au moins neuf fois à ceux que Pierre appelle des « témoins choisis d’avance par Dieu » (Act 10.41). Il apparut :
• à Marie de Magdala (Jean 20.11-18),
• à Pierre (Luc 24.34),
• à deux de ses disciples sur le chemin d’Emmaüs (Luc 24.13-35),
• aux dix disciples réunis dans la chambre haute (Thomas n’y était pas, Luc 24.36-42),
• aux onze, Thomas étant présent (Jean 20 :24-29),
• à plus de 500 frères à la fois (1 Cor 15.6),
• à Jacques (1 Cor 15.7),
• à quelques disciples parmi lesquels se trouvaient Pierre, Thomas, Nathanaël, Jacques et Jean au bord du lac de Galilée (Jean 21.1-23),
• à plusieurs sur le mont des Oliviers près de Béthanie, au moment de son ascension (Luc 24.50-53 ; Act 1.6-12),
• enfin, à Saul de Tarse, futur apôtre Paul, sur le chemin de Damas (1 Cor 15.8).

Après sa résurrection Jésus s’est montré à eux pendant quarante jours (Act 1.3). Il y a certainement eu d’autres apparitions qui ne sont pas rapportées dans la Bible. Mais de toute évidence, on ne peut pas écarter un tel nombre de témoins sans chercher une explication. Un tel événement ne peut être une invention humaine, ni le produit d’hallucinations.

Une étude minutieuse des apparitions de Jésus révèle une très grande variété de circonstances, de personnes, de lieux et d’états d’esprit. Ces témoins se trouvent dans le jardin du tombeau vide, sur le chemin d’Emmaüs, sur une montage en Galilée, sur les bords d’un lac, dans les environs de Béthanie. Et les réactions de ces témoins furent également très différentes : Marie de Magdala pleurait, les femmes étonnées avaient peur ; Pierre était plein de remords et Thomas fut incrédule ; les disciples d’Emmaüs étaient troublés par les événements de la semaine écoulée, et les disciples en Galilée étaient absorbés par leur pêche.

Cependant, le Seigneur lui-même eut raison de leurs doutes et de leurs frayeurs, de leur incrédulité et de leurs préoccupations. Il surmonta le scepticisme des futurs témoins. La mort de Christ avait laissé les disciples tremblants, abattus. Et quelques semaines plus tard, selon le récit des Actes des Apôtres, ces mêmes hommes risqueront leur vie pour le nom du Seigneur, et bouleverseront le monde entier par leur témoignage (Act 15.26 ; 17.6). D’où viennent cette foi et cette puissance, cette joie débordante et cet amour extraordinaire pour leur Sauveur et leur Seigneur ? C’est de la puissance de la résurrection, qui fait dire à Paul aux Corinthiens : « Or si l’on prêche que Christ est ressuscité d’entre les morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a pas de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine, et votre foi aussi est vaine. Il se trouve même que nous sommes de faux témoins à l’égard de Dieu, puisque nous avons témoigné contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ, tandis qu’il ne l’aurait pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés et ceux qui sont morts en Christ sont perdus. Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. » (1 Cor 15.12-19)

4. Un salut fermement établi

De nos jours l’Eglise doit anticiper sur les difficultés que les chrétiens vont inévitablement rencontrer en parlant avec leurs semblables autour d’eux. La meilleure défense de la foi chrétienne, dont la résurrection est la pierre de touche, réside dans une bonne explication de ses doctrines essentielles. Le prédicateur doit enseigner la fiabilité historique des Evangiles, la réalité historique de la mort et de la résurrection de Christ. Il peut le faire, car il possède une source solide et fiable : la Parole immuable de Dieu. Le sermon doit expliquer les doctrines fondamentales, à l’exemple du témoignage des apôtres, pour qu’un grand nombre de personnes parviennent à une connaissance plus profonde et plus juste du plan de la rédemption (Col 1.9-23).

1 A. McGrath, Jeter des ponts, Collection Sentier, La Clairière, Canada, 1999, p 164.
2 Cité par J. McDowell, La résurrection, Éditeurs de Littérature biblique, Belgique, 1987, p 22.
3 A. McGrath, ibid., p 169.
4 A. McGrath, ibid., p 170.


« Je ne mettrai rien de mauvais devant mes yeux. » (Ps 101.3)
« Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de ta loi ! » (Ps 119.18)

1. Les écrans sont-ils devenus nos maîtres ?

Nous sommes passés très rapidement de l’époque de la radio et du téléphone à celle de l’audio-visuel. Si, il y a quelques années à peine, la société connaissait surtout deux écrans (la télévision et le cinéma), aujourd’hui les écrans se multiplient et envahissent notre vie quotidienne. Comment les chrétiens vont-ils faire face à un tel déferlement d’images, d’idées et d’influences ?

Vers une nouvelle identité ?

Les médias1, dans tous les domaines, ont entrepris de jouer un rôle clé dans la réussite de nos vies. à tous ceux qui recherchent fiévreusement le bonheur, ils proposent des recettes et des normes nouvelles. Le processus se fait en deux temps : d’abord, on commence par discréditer les vieilles valeurs, taxées de ringardes (le couple, la famille, la foi chrétienne, etc.) ; puis on propose à l’individu désenchanté de se construire une nouvelle identité à travers le sport, la musique, la réalisation de soi, etc.

Pour embrigader l’individu dans ce processus, les médias et leur grande prêtresse, la pub, tablent sur quatre mots d’ordre principaux qui sont des piliers du culte individualiste du plaisir :
– l’instinct de groupe : faites comme tout le monde !
– le culte du héros : identifiez-vous à une personnalité du show-biz ou du sport !
– la prééminence de la nouveauté : ne restez pas en arrière, ne soyez pas ringard !
– l’attrait du plaisir immédiat : éclatez-vous maintenant !

Ces quatre mots d’ordre, qui correspondent aux « valeurs actuelles », se retrouvent dans de nombreux slogans publicitaires : « Faites comme chacun. Imitez la star X. Soyez in. Roulez fun. Achetez la marque A : c’est un must ! » Mais on peut facilement le discerner : un tel discours est profondément irréel. Il tente désespérément de concilier l’individualisme le plus extrême avec le conformisme le plus universel. L’identité nouvelle envisagée par nos médias serait-elle donc désirable ? S’agit-il de valeurs mûrement réfléchies, susceptibles de donner sens à la vie ? Faut-il vraiment adopter la « pensée unique » diffusée sur les écrans ?

La pression de l’« économiquement correct »

Les médias exercent une pression sur les consciences en s’infiltrant dans l’intimité de chacun ; ils génèrent en nous des pulsions exacerbées. Ils nous plongent dans un monde artificiel par la pub et par les nouvelles technologies de communication. La stimulation des désirs ne connaît plus de limites. L’imaginaire débridé outrepasse l’expression naturelle des sentiments humains. Tout semble permis.

Ainsi, notre civilisation, qui s’était patiemment efforcée de définir l’exercice de la liberté individuelle en valorisant le respect de l’égalité, de la solidarité et de la raison, bascule maintenant dans l’individualisme, la libéralisation, la réussite, la mondialisation, au prix de l’exclusion des autres et même de celle de son prochain immédiat.

Il est évident que notre société hédoniste (et ses médias) caresse l’égoïsme individuel dans le sens du poil. Dominés par leurs pulsions, nos contemporains n’ont plus le loisir de réfléchir en profondeur et d’aiguiser leur esprit critique. Ainsi deviennent-ils des proies faciles pour tous les marchands de plaisir.

La pression du « politiquement correct »

Celui qui croit pouvoir s’informer grâce à la télévision (par exemple à travers le journal télévisé) et pense être informé objectivement en puisant directement à la source, se trompe lourdement. Une quantité impressionnante de sélections, de filtrages et de trucages ont été préalablement opérés au gré de toutes sortes de partis pris politiques, idéologiques ou religieux.

Parmi des dizaines de milliers de faits, une sélection très restreinte est ensuite présentée à l’écran. On a procédé à ce tri   selon des directives précises, et en éliminant des centaines d’événements du même ordre et de la même importance, mais les critères de cette sélection ne sont jamais ouvertement révélés.

La pression du « socialement correct »

Sous prétexte d’améliorer la sécurité, la communication, et la cohésion sociale, le monde médiatique nous appelle à modifier nos comportements et à consentir au règne universel des écrans (que nous retrouvons au travail, à la maison, à la gare, chez le médecin, à l’hôpital, à l’école… et bientôt dans les rues de toutes les grandes villes d’Europe, où des caméras surveilleront la population en permanence). On peut douter des bienfaits de cette évolution.

D’une part, depuis que les écrans ont fait leur apparition, on a plutôt constaté une baisse de l’aptitude à communiquer ; les statistiques des drames familiaux nous le prouvent.
– Les écrans renforcent l’isolement de l’être humain ;
– Beaucoup d’enseignants d’écoles secondaires se plaignent de ce que les enfants aient subi des dégâts à cause de la télévision ou d’Internet2, et soient devenus incapables de penser d’une manière suivie, cohérente et critique.3
– L’écran a valorisé l’autonomie de l’individu aux dépens de ses relations avec les autres, qui peuvent être perçues comme contraignantes.

D’autre part, les défenseurs du « tout médiatique », qui font d’une attitude d’ouverture la pierre de touche du « socialement correct », ne se préoccupent guère du contenu moral de cette « ouverture ». À qui ou à quoi faut-il être ouvert ? Aux sports extrêmes, à la Gay Pride, à la vie sexuelle style Loft story ? Au dernier amour de sa vedette préférée, au look de Madonna ? En vérité, on nous presse d’être ouverts à n’importe quoi, sauf à l’essentiel, et ceci au nom de la liberté !

Une course sans fin ?

Si nous prolongeons notre réflexion sur les médias, nous réalisons que nous assistons, ces dernières années, à un maximum de changements en un minimum de temps. D’où cette question : où courons-nous ? Jusqu’à quand l’homme pourra-t-il supporter cette fuite en avant ?

La multiplication des cas d’épuisement (le fameux burn-out ), l’augmentation de la consommation d’alcool, de drogues et d’anxiolytiques traduisent bien ce mal-être dont les médias sont aussi coupables.

Même les acteurs économiques commencent à partager cette révolte et à se rendre compte que cette accélération du temps ne peut que nuire à la production : « Le secteur du business s’est imposé un rythme que lui-même n’arrive plus à suivre », constate Markus Simon, chef du Web service au Crédit suisse. « Plus vite, plus haut, plus loin : l’homme a sombré dans la folie de la vitesse », renchérit Ruth Hafner.4

Quand l’homme stressé d’aujourd’hui se déclare à bout de souffle, n’est-il pas en fait « à bout d’esprit » ? L’élévation du tempo comprime l’esprit et cette compression transforme notre psychisme en fusil à air comprimé. On ne s’étonnera donc pas de vivre une explosion de la violence, une croissance constante des dépressions, ces signes qui jalonnent la course de notre époque, elle-même largement influencée par les films hollywoodiens.

2. Pour un emploi intelligent des médias

Le message de la Bible

Tout d’abord, revenons au message biblique. La Bible condamne plusieurs péchés qui sont complètement banalisés sur les écrans, entre autres le péché de convoitise et le péché de violence.

 Le péché de convoitise

Puisque nous parlons des médias et de l’image, nous devons forcément rappeler l’importance de l’œil humain. C’est par le regard que le mécanisme de la tentation se met en route. Or, savez-vous que « l’œil » ou « les yeux » reviennent 735 fois dans la Bible ?
– ève « vit que l’arbre était bon à manger, agréable à la vue et propre à donner du discernement. Elle prit de son fruit et en mangea » (Gen 3.6).
– Akân a « vu dans le butin un manteau de Chinéar, d’une rare beauté, ainsi que deux cents sicles d’argent et un lingot d’or » (Jos 7.21).
– Le roi David, « comme il se promenait sur le toit de la maison royale, aperçut une femme qui se baignait et qui était très belle » (2 Sam 11.2)

Notre regard n’est jamais neutre5. Chaque chrétien désireux de conformer sa vie à la Parole de Dieu a une immense responsabilité : celle de veiller sur la maîtrise de son regard et de ses pensées, pour ne pas tomber dans la convoitise.

Le péché de violence

Le psalmiste avertit : « L’ éternel sonde ceux qui sont justes, mais il déteste le méchant et l’homme épris de violence » (Ps 11.5). Tuer son prochain n’est pas un geste naturel. La télévision brutalise et désensibilise les enfants comme un sergent-major brutalise et désensibilise ses recrues pendant la guerre !

Nous sommes en train d’élever des générations de barbares qui associent violence et plaisir, comme les Romains applaudissaient et continuaient de manger lorsque des chrétiens se faisaient massacrer.   Or la Bible dénonce cette violence omniprésente : celui qui regarde des images violentes est déjà en porte-à-faux avec le sixième commandement (Ex 20.13).

Quatre facettes des médias du point de vue chrétien

Notre génération est celle des écrans. Il est donc impératif que les chrétiens apprennent à vivre dans ce nouveau monde sans perdre le sens de leur mission ! Nous sommes le sel de la terre, nous sommes là pour redonner goût à la vie. De ce fait, la question qui nous préoccupe est : comment utiliser notre temps sans mettre devant nos yeux des images ou des écrits qui tuent la vie spirituelle?

1. De toute évidence il y a des émissions profanes qui sont en pleine contradiction avec l’éthique chrétienne.

Je fais allusion, par exemple, aux films qui encouragent les citoyens à s’habituer à la violence et à l’immoralité sexuelle.   La violence met en évidence nos mauvais désirs qui sont le résultat direct de notre nature pécheresse (Rom 3.10-12). Voilà pourquoi Dieu déteste celui qui se livre à la violence.

Le chrétien, en tant que « sel de la terre », doit lutter contre la prolifération de la violence dans notre société. Mais nous devons aussi proposer des alternatives à la génération montante. Par exemple, créer des médias chrétiens qui stimulent notre foi en Jésus-Christ et qui soient édifiants pour les églises.  

2.   Il y a des médias profanes qui sont en accord avec l’éthique chrétienne.

Nous pouvons citer ici des reportages intéressants sur l’histoire des pays, des émissions sur la nature, ou certains documentaires scientifiques.

Aujourd’hui, on parle beaucoup de divertissement, mais le chrétien a pour vocation de vivre à la gloire de Dieu. Il ne vit plus pour lui-même mais pour le Seigneur (Gal 2.20). Faisons de nos loisirs un sujet de prière en cherchant premièrement à nous investir pour l’avancement du royaume de Dieu, quitte à renoncer à des plaisirs éphémères (Rom 12.1,2).

Il n’est donc pas interdit de suivre une émission intéressante à la TV pour s’instruire, mais il faut la regarder en se disant : « Si Jésus-Christ était là, avec moi, devant mon écran de PC ou de TV, est-ce que je continuerais à regarder ? » Si vous pouvez répondre « Oui », alors continuez ! Si vous dites « Non », alors cessez de regarder car vous risquez d’être manipulés, voire contaminés par ce que vous voyez.

3.   Il y a des médias chrétiens qui produisent des émissions d’évangélisation.

Le monde des images est devenu incontournable, y compris pour l’ église de Jésus-Christ. Notre responsabilité est d’annoncer l’évangile à notre « génération-écrans ». Il est très réjouissant de savoir qu’il y a de plus en plus de films chrétiens de bonne qualité, pour annoncer l’évangile à nos contemporains.6 Et si l’image est bien faite, elle peut toucher son auditoire d’une façon extraordinaire. Dieu cherche des jeunes hommes et des jeunes femmes prêts à se former en vue de communiquer l’évangile par ces nouveaux moyens. Cependant, bien que la « forme » de l’annonce du message puisse changer, nous devons toujours respecter le « fond » du message. Ne changeons pas son contenu !

4.   Il y a des médias chrétiens qui produisent des émissions d’édification.

De plus en plus de sites chrétiens voient le jour sur le Net : des écoles bibliques, des facultés de théologie, des églises, des œuvres missionnaires, etc., offrent des cours ou des études bibliques solides par correspondance, ou simplement la possibilité de consulter des documents intéressants pour l’édification du corps de Christ.7  

Mais bien qu’Internet ait supprimé les distances, ces nouveaux médias ne peuvent pas remplacer l’intimité émotionnelle et affective d’une rencontre entre plusieurs personnes. Gardons-nous d’une église purement « virtuelle ».

3. Conclusion : Soyons lucides et responsables !

Face à des médias qui ont réussi à nous mettre sous la pression du culte de la nouveauté, nous, chrétiens, avons besoin, plus que jamais, de réfléchir à nos points de repères, en nous enrichissant par l’enseignement de la Bible et son message rédempteur. Soyons donc responsables : responsables de notre comportement face à notre environnement actuel et responsables face à notre mission de proclamation de la bonne nouvelle (Mat 28.19-20).
– Soyons conscients de ce que nous regardons. Retenons ce verset du Ps 101 placé en exergue : « Je ne mettrai rien de mauvais devant mes yeux. » Cela veut dire : si je navigue sur le Net, ou si je me trouve devant l’écran de la télévision : « Seigneur Dieu, aide moi s’il te plaît à éteindre l’image au bon moment ; Seigneur, empêche-moi de souiller mon âme avec des images qui m’éloignent de toi. »
– Faisons attention à ce qui nourrit nos pensées : « Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées. » (Phil 4.8)
– N’hésitons pas à fuir, si besoin est : « Fuis les passions de la jeunesse et recherche la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. » (2 Tim 2.22)
– Recherchons la sanctification pratique : « Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification ; c’est que vous vous absteniez de l’inconduite ; c’est que chacun de vous sache tenir son corps dans la sainteté et l’honnêteté,             sans se livrer à une convoitise passionnée comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu. » (1 Thes 4.3-5)

Face à de telles paroles, nous avons de quoi réfléchir, n’est-ce pas ? La liberté en Christ implique une certaine autonomie de chaque être humain pour qu’il ait la capacité de penser par lui-même en se libérant des identités de surface créées de toutes pièces par les modes éphémères telles que les médias nous les proposent. Comme le dit Rom 12.2, « ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréable et parfait ». Cette responsabilisation d’esprit ne peut s’éveiller qu’en écoutant la Parole infaillible de Dieu pour nous éduquer dans la justice de Dieu (2 Tim 3.16). Ainsi nous pourrons gérer nos écrans et nos loisirs de façon responsable et à la gloire de Dieu.

1 Les « médias » désignent ici un vaste réseau de communication   qui comprend la littérature, la radio, la télévision, les vidéos et DVD, les jeux virtuels, Internet et le dernier né, la photophonie. Cet article ne procède pas à une analyse approfondie de ces gigantesques moyens de communication audio et audio-visuels. Mon objectif est de vous   sensibiliser à l’impact qu’exercent les médias dans nos vies.
2 Des penseurs et des docteurs en conviennent :
– « L’exposition des enfants et des jeunes à la télévision est un facteur causal dans la moitié environ des homicides qui sont commis aux États-Unis, soit dans quelque 10 000 cas chaque année. » (David Grossman, « Comment la télévision et les jeux vidéos apprennent aux enfants à tuer », Jouvence, 2000, p. 14.)
– L’écrivain Christian Bobin écrit : « Quand on regarde la télévision. par exemple : tu es là, dans ton fauteuil ou devant ton assiette, et on te balance un cadavre suivi du but d’un footballeur, et on vous abandonne tous les trois, la nudité du mort, le rire du joueur et ta vie à toi, déjà si obscure, on vous laisse chacun à un bout du monde, séparés d’avoir été aussi brutalement mis en rapport avec un mort qui n’en finit plus de mourir, un joueur qui n’en finit plus de lever les bras, et toi qui n’en finis pas de chercher le sens de tout ça. » (Christian Bobin, L’Inespérée, Gallimard, Paris, 1994, p. 24-25.)
– Liliane Lurçat, docteur en psychologie à Paris, dit : « La télévision est une voleuse d’enfance. » En vrac, elle lui reproche d’éloigner l’enfant du réel, d’induire une dépendance et de provoquer des phénomènes d’imitation. Exagéré ? « On a tout de même vu des enfants sauter par la fenêtre parce qu’ils se prenaient pour leur héros préféré », rappelle-t-elle ! (Liliane Lurçat, Coopération, n° 35, 27 août 1997, p. 8-9.)
3 Récemment, une jeune fille me disait qu’elle regardait régulièrement des émissions comme Loft Story. à ma question sur sa motivation, elle a répondu : « Je sais, les propos sont banals, voire parfois à la limite de la débilité. Mais c’est rassurant. Et tout le monde en parle. Il faut être de son temps ». Sois de ton temps ! Bien des jeunes ont intériorisé ce nouveau slogan. Ce genre de comportement cautionne une certaine paresse intellectuelle et dispense de réfléchir. L’actualité proposée par les médias devient alors un lieu de vérité absolue : « ça vient de sortir, une foule de gens s’y conforment, on en parle, donc c’est important de voir. » Mais cet état d’esprit est couronné par une absence de marque : celle de l’esprit critique.

4 J. de Coulon, Les enfants du veau d’or, résister à l’ordre marchand par l’éducation, Desclée de Brouwer, Paris, 2002, p. 114.
5 Cf. l’article de Jan-Bert de Mooy, « La télévision », Promesses, 1995.
6 Par exemple, le DVD « L’Espoir », qui fait le tour de la Bible en 80 minutes (www.lespoir.fr).
7 Par exemple, les sites comme celui de Promesses, www.promesses.org, celui des Éditions Clé qui éditent la Bible On-line, www.unpoissondansle.net, ainsi que des moteurs de recherche comme www.topchretien.com ou www.laquarium.org.


I. Introduction

Certains évangéliques sont aujourd’hui taxés de fondamentalistes. Sommes-nous donc réellement des fondamentalistes ?

Observons tout d’abord que le classement des êtres humains en fonction de leurs croyances se présente comme une tâche délicate qui réclame souplesse et discernement. Nul d’entre nous n’aime être catalogué, pour la simple raison que les étiquettes que les autres nous réservent sont généralement peu flatteuses.

Le terme « fondamentaliste » a une connotation très négative aux yeux de la population. On a peur des fondamentalistes tels qu’ils sont présentés dans les médias. Pourquoi ? Parce qu’on se défie du fanatisme, de l’intolérance et de la violence religieuse.

Dans le dictionnaire, le fondamentaliste est défini comme « un croyant extrémiste, traditionaliste, orthodoxe, conformiste et conservateur. C’est une personne qui adhère aux fondements de sa foi, du point de vue le plus orthodoxe possible. Ce mot vient du latin fundamentalis, de fundamentum ».

Certains chrétiens évangéliques sont perçus comme des fondamentalistes caractérisés par une lecture intransigeante, littérale, rigide des textes de la Bible, et par leur refus de toute relativisation de son message. Ils le manifestent, par exemple, dans leur rejet de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux.

Les termes « évangélique » (utilisé sans nuances pour désigner toutes les tendances du mouvement évangélique) et « fondamentaliste » sont parfois synonymes. Ainsi, dans un article paru dans L’Hebdo du 15 mai 1997 en Suisse romande, le journaliste écrit : « Les évangéliques sont déjà plus de 200 000 en Suisse ! Armés d’une foi pure et dure, ils prennent la Bible à la lettre, arborent des poissons sur leurs voitures et pratiquent le culte à l’américaine, avec un ‘D.J’ pour animer les cantiques. »

Les termes employés par nos contemporains pour nous désigner, tout comme les confusions qui en découlent, nous poussent donc à clarifier la question de notre identité. En effet, il n’est pas inutile de comprendre ce que le monde pense de nous, mais il est surtout vital de savoir comment nous (nous) représentons la révélation de Dieu au travers des saintes Ecritures.

II. Le fondamentalisme dans tous ses états

Le monde qui nous entoure ne commente pas le « phénomène » fondamentaliste d’une seule voix. Pour nous comprendre et nous expliquer, les approches et les discours sont multiples, et pas toujours concordants ! Rappelons quelques pistes.

a) L’approche sociologique

Le fondamentalisme est perçu comme une réaction contre la modernité. Dans cette approche, l’homme (et ce qu’on décrit comme ses droits et ses besoins élémentaires) est l’objet et la référence ultime (ainsi que l’exige l’humanisme moderne). L’anthropologie et la sociologie relèguent la Bible et la foi chrétienne classique au rang de reliques d’un autre âge. Le fondamentalisme est donc facilement classé parmi les mouvements anti-progressistes, et non scientifiques.

b) L’approche théologique

Le fondamentalisme est perçu par les théologiens libéraux comme une menace anti-intellectuelle. Le fondamentalisme existe, selon cette définition, pour empêcher le christianisme de perdre son influence sur la société (à la limite, on l’accuse de se montrer complice de régimes politiques « de droite » très mal-aimés en Europe). Les évangéliques sont dénoncés comme des croyants simplistes qui refusent de lire la Bible d’une façon critique. A l’encontre de ce que préconise la théologie libérale, les évangéliques semblent être en conflit avec toute position qui s’attaquerait à l’historicité et à l’inspiration des textes sacrés1.

c) L’approche psychologique

Dans cette approche, le fondamentalisme exprime un besoin de sécurité face à la déstabilisation de la société, face à la perte des normes et des valeurs éthiques qui furent autrefois la base même de notre civilisation2. Le fondamentalisme serait donc une façon un peu désespérée de répondre au vide moral et sémantique de notre monde postmoderne.

d) L’approche médiatique

Finalement, dans l’approche médiatique, le fondamentalisme est perçu par les journalistes comme un mouvement de re-christianisation du monde séculier, sur le modèle des projets musulmans qui visent à ré-islamiser le monde. Ainsi les évangéliques sont assimilés à un mouvement de reconquête. Or les journalistes, dont les positions sont souvent teintées de libéralisme humaniste, se montrent volontiers horrifiés à la pensée de l’avènement d’une forme quelconque de théocratie.

III. Les fondamentalistes sur la sellette

La théologie libérale fait la différence entre le Jésus de la foi, le Jésus de la Bible et le Jésus de l’histoire. Pratiquement, ces théologiens, tout en se proclamant chrétiens, n’hésiteront pas à remettre en question l’existence historique de Jésus-Christ au 1er siècle. Ou encore s’attaqueront à des faits qui semblaient pourtant largement confirmés : « De nouvelles découvertes archéologiques remettent en cause l’existence d’un royaume unifié aux XIe et Xe siècles avant J.-C. » Conclusion de l’archéologue : le grand Israël des rois David et Salomon n’a jamais existé3. Il est donc très important que nous examinions brièvement quelles sont les critiques que les théologiens libéraux adressent aux fondamentalistes évangéliques. Ils nous reprochent…

1. De croire à l’inerrance et à l’inspiration plénière des saintes Ecritures.
2. De vouloir convaincre les autres par des méthodes d’évangélisation qui visent la conversion individuelle (accusation de prosélytisme).
3. De mettre l’accent sur le rôle primordial de la conversion, c’est-à-dire sur l’expérience personnelle de la conversion et d’une vie de piété en harmonie avec la foi.
4. D’insister sur la réalité du péché (dont les libéraux ont depuis longtemps relativisé la gravité) ; James Barr, dans son ouvrage sur les fondamentalistes, écrit que les évangéliques sont obsédés par le péché et par la culpabilité. Le fondamentalisme existe, dit-il, parce qu’il a besoin du péché pour exister4. Quoi qu’en pense cet auteur, les conséquences tragiques d’un christianisme sans contenu (et « sans péché » !) sont malheureusement démontrées par les dernières recensions qui font apparaître un recul constant du christianisme en Europe. En Suisse par exemple, les protestants ont diminué de 4 % en 10 ans, et les catholiques de 2 %5, et ce malgré l’augmentation de la population. En revanche, le nombre de musulmans a doublé en dix ans6. Du côté catholique romain, le cardinal Schwery écrit : « La société devient de plus en plus païenne »7.
5. De mettre l’accent sur l’importance de la prière personnelle. Les détracteurs du fondamentalisme proposent à la place une foi communautaire, d’orientation essentiellement liturgique. Ils désapprouvent totalement le désir de promouvoir le rétablissement de la prière dans les écoles publiques, selon les propos du sociologue Ben Barka dans son livre Les nouveaux rédempteurs8.
6. De voler la liberté de conscience de chaque être humain en matière de religion. Mais à l’examen, qui sont ceux qui, en Suisse, en France, ou en Allemagne, sont jaloux de conserver leurs privilèges de « religions d’Etat » ? Sûrement pas les évangéliques.
7. D’avoir une vision biblique de la société. On déteste nos thèses créationnistes, même modérées. Un ouvrage comme celui d’Edward J. Young, qui insiste sur une lecture littérale du récit de la création9, est jeté aux orties.
8. D’accréditer une christologie basée exclusivement sur la révélation biblique. Pour nous, il est clair que si nous mettons en doute l’historicité du Fils de Dieu, et l’inspiration plénière de la Bible, nous ne pouvons plus soutenir la thèse de la divinité de Christ. Et toute la christologie tombe d’un coup (comme l’écrit par exemple Donald MacLeod dans son ouvrage La personne du Christ10). Ce ne sont pas seulement les fondamentalistes qui sont ici pris à parti par la théologie officielle : c’est le cœur du christianisme qui est attaqué !
9. De croire en un jugement des incrédules à la fin du monde, et de parler de peines éternelles.

IV. Sommes-nous des fondamentalistes ?

Pour éviter des controverses inutiles, il serait peut-être opportun de ne pas revendiquer à tout prix le qualificatif de « fondamentalistes », tant ses connotations actuelles sont parfois éloignées de ce que nous croyons ! Mais admettons que, comme beaucoup d’évangéliques, nous sommes bien des conservateurs quant aux doctrines essentielles de la Réforme. Au reste, soyons-en persuadés : Jean Calvin ou Martin Luther seraient aujourd’hui taxés par leurs ennemis de fondamentalistes.

Le théologien J. Stott regrette, pour sa part, l’amalgame que font James Barr et ses semblables entre fondamentalisme et évangélisme. Barr met en effet dans le même sac :

– le fondamentalisme en général ;
– certains mouvements purs et durs comme les intégristes catholiques par exemple ;
– les évangéliques modérés prêts à se remettre en question.

John Stott estime que James Barr juge très mal ces derniers, et que son attitude dénote de la méchanceté, de l’incompréhension ou de l’ignorance. Il écrit : « Qu’il soit dit clairement d’emblée que l’immense majorité des chrétiens évangéliques (du moins en Europe) rejette l’étiquette ‘fondamentaliste’, car ils sont en désaccord avec les prétendus fondamentalistes sur de nombreux points importants »11. Sans nous attarder sur les différences abyssales qui nous distinguent des fondamentalistes islamistes, nous résumerons ici les thèses de J. Stott sur ce qui nous sépare des intégristes catholiques.

V. Similitudes et différences entre évangéliques conservateurs et catholiques intégristes

a. Similitudes

1. Les deux tendances ont la conviction que l’évolution de la modernité actuelle met en péril les fondements de la foi chrétienne. D’où le reproche qu’on adresse aux deux mouvements : pour éviter que la Vérité absolue ne soit altérée, vous faites preuve d’un comportement militant excessif et d’un esprit exclusif.

2. James Barr prétend que les fondamentalistes sont persuadés d’être les seuls détenteurs de la doctrine chrétienne authentique et les seuls dépositaires de la vérité, et qu’ils rejettent en conséquence tous ceux qui ne pensent pas comme eux12. Bien plus, la monopolisation du christianisme a pour résultat, selon les libéraux, la diabolisation de toute autre position. Cette critique doit être prise au sérieux et vaut la peine qu’on y réfléchisse, puisque certains évangéliques sont en effet très exclusifs dans leur façon d’exprimer leur opinion. Mais si, jusqu’à un certain point, évangéliques conservateurs et intégristes sont persuadés que la Bible est la Parole de Dieu, il n’en découle pas pour autant qu’une quelconque organisation ou association d’églises soit détentrice unique et permanente de la vérité. C’est la Parole de Dieu qui est la vérité. Et la mission de l’Eglise est de soutenir cette vérité (1 Tim 3.15).

3. Les deux courants n’acceptent pas l’œcuménisme, car s’ils le faisaient, ils devraient tolérer l’incertitude et la relativité de leurs positions doctrinales13. Donc, ni les évangéliques conservateurs, ni les catholiques intégristes n’aiment l’œcuménisme. C’est un point que nous ne pouvons pas contester, pour la plupart d’entre nous.

4. On reproche aux évangéliques conservateurs et aux intégristes d’avoir une lecture pessimiste de l’évolution sociale, éthique et politique de notre époque. Ils se voient comme les dépositaires privilégiés de l’héritage chrétien, seul espoir d’échapper à l’effondrement de l’Occident. Par leurs racines, évangéliques et intégristes s’ancrent dans les idéaux soit de la réforme, soit de la contre-réforme. Cette remarque me semble aussi juste de la part de nos adversaires libéraux.

b. Différences

1. Si les évangéliques conservateurs rejettent les structures ecclésiales autoritaires propre au système romain, les intégristes catholiques (tels les adeptes de feu l’évêque Marcel Lefebvre) prônent le retour aux institutions sacrées de l’Église, avec le Pape à leur tête. Les intégristes restent de farouches partisans de la plupart des hérésies anti-bibliques combattues autrefois au prix d’immenses sacrifices par les Réformateurs. Evangéliques et intégristes sont donc foncièrement divergents sur bien des points essentiels, et non négociables.

2.. Les évangéliques conservateurs, s’appuyant sur des fondements scripturaires clairs et intangibles, insistent sur la nécessité de la conversion personnelle et de la nouvelle naissance, conjointes à la repentance et à la foi personnelle en Jésus-Christ (cf 2 Cor 5.17). AA l’inverse, les intégristes catholiques (comme les catholiques en général) reçoivent le salut au travers du magistère de l’EEglise et de l’administration des sacrements, sans engagement complet de la conscience, de l’intelligence, de la volonté, et du cœur.

VI. Sept marques de notre identité

Les évangéliques, reconnaissons-le, sont loin de toujours parler d’une seule voix, de défendre les mêmes priorités, de faire preuve de la même rigueur, doctrinale ou pratique, de présenter le même degré de fidélité par rapport au message de l’Evangile dont ils se réclament. A défaut de pouvoir ici nous étendre sur ce qui « sépare » les évangéliques, nous terminerons notre article par une brève revue de quelques certitudes qui constituent le noyau de notre identité.

1) Nous croyons à l’inerrance et à l’autorité de l’Ecriture

Nous croyons que la Bible est la seule règle, certaine et infaillible, qui suffit pour toute connaissance en matière de salut, de foi et de conduite pratique (2 Tim 3.15-17). Nous ajoutons encore cette précision : « Puisque Dieu n’a promis nulle part que l’Ecriture serait transmise sans erreur, il faut bien affirmer que seul le texte des autographes, des documents originaux, a été inspiré, et il faut bien maintenir que la critique textuelle est nécessaire pour détecter toute altération introduite dans le texte au cours de sa transmission. La conclusion de ce travail scientifique, cependant, c’est que le texte hébreu et grec se révèle étonnamment bien conservé, si bien que nous avons tout à fait le droit d’affirmer, avec la Confession de Westminster, que Dieu y a veillé spécialement dans sa providence, et que l’autorité de l’Ecriture n’est en rien menacée si les manuscrits que nous détenons ne sont pas totalement sans erreur »14.

2) Nous croyons que l’homme a perdu sa justice originelle et sa communion avec Dieu le Créateur

Par le péché, Adam et Eve ont perdu leur justice originelle et leur communion avec Dieu (Gen 3.6-8). Ils sont devenus spirituellement morts, et promis à la mort physique, à cause de leur désobéissance à Dieu (Gen 2.17 ; Eph 2.1). Par le péché, leur nature a été corrompue, et avec eux, tous leurs descendants (Ps 51.5 ; Gen 5.3 ; Job 14.4 ; 15.14).

3) Nous croyons que Jésus-Christ est le seul médiateur entre Dieu et les hommes

Il a plu à Dieu, dans son dessein éternel, de choisir et d’établir le Seigneur Jésus, son unique Fils engendré, comme Médiateur entre lui et l’homme, comme Prophète (Act 3.22), comme Prêtre (Héb 5.5,6) et comme Roi (Ps 2.6 ; Luc 1.33). Jésus-Christ est la tête et le sauveur de son Eglise (Eph 5.23). Le Fils de Dieu est la seconde personne de la Trinité. Etant Dieu vrai et éternel de même substance que le Père, et son égal, il a assumé, quand les temps furent accomplis, la nature humaine (Jean 1.1,14 ; 1 Jean 5.20 ; Phil 2.6 ; Gal 4.4). Dans son corps, Jésus-Christ a accompli, au terme d’une vie parfaite, l’œuvre de notre rédemption par sa mort à la croix. Son sacrifice, agréé par le Père, sa résurrection et son ascension à la droite de Dieu, nous assurent un salut éternel, et tous les privilèges qui découlent d’une relation nouvelle avec Dieu (Rom 3.21-26). Il n’y a de salut en aucun autre (Act 4.12).

4) Nous croyons à la nécessité de la collaboration entre les chrétiens dans les églises que nous représentons

Les évangéliques sont ouverts à collaborer avec toutes les églises qui affirment clairement l’inspiration plénière et l’autorité des Écritures. « Nous affirmons que la Bible reçoit son autorité canonique de son inspiration par le Saint-Esprit et que le rôle de l’Eglise a été et reste de reconnaître et d’affirmer cette autorité. Nous affirmons que Christ le Seigneur a établi son Eglise sur la terre et la gouverne par sa Parole et par son Esprit. Nous affirmons que l’Eglise est apostolique si elle reçoit la doctrine des apôtres rapportée par l’Ecriture, se fonde sur elle et continue de proclamer l’Evangile apostolique. […] Nous affirmons que les marques ou ‘notes’ d’authenticité de l’église locale sont la confession et la proclamation fidèles de la Parole de Dieu, l’administration du baptême et de la cène selon la discipline biblique. Nous affirmons que, dans leur organisation comme dans leur doctrine, les églises sont soumises à la Parole du Christ. Nous affirmons qu’en plus de leur engagement dans une église locale, les chrétiens peuvent légitimement s’engager dans des organisations para-ecclésiales pour des ministères spécialisés. »15

5) Nous croyons à l’égalité devant Dieu de l’homme et de la femme, et des êtres humains en général

« Nous rejetons l’idée selon laquelle la différence des situations culturelles invalide le principe biblique de l’égalité entre l’homme et la femme, ou les exigences bibliques quant à leurs rôles respectifs dans l’église. »16 Dieu a créé l’homme et la femme à son image et il a accordé à tout être humain des droits fondamentaux, aussi bien matériels que spirituels, qui doivent être sauvegardés, maintenus et cultivés. Un principe d’équité est donc prescrit à l’humanité, et il s’applique aux personnes de conditions sociales, économiques, nationales, raciales, différentes. Nous croyons que l’individu est, en dernière instance, responsable devant Dieu de la façon dont il a fait usage de ses droits.

6) Nous croyons au caractère sacré de la vie humaine

« Nous affirmons que Dieu le Créateur est souverain sur toute vie humaine et que l’humanité est responsable, devant lui, de sa préservation et de sa protection. Nous affirmons que la vie de l’homme commence à la conception et dure jusqu’à la mort biologique. En conséquence, l’avortement (sauf lorsque la vie physique de la mère est menacée), l’infanticide, le suicide et l’euthanasie sont des formes de meurtre. »17

7) Nous croyons au retour visible et personnel de Jésus-Christ

Les évangéliques veulent vivre pleinement leur foi ici-bas, tout en attendant ardemment le retour personnel, visible, glorieux et triomphal du Seigneur Jésus-Christ. Dieu a fixé un jour où il jugera le monde, en toute justice, par Jésus-Christ (Act 17.31). Dieu a donné tout pouvoir et tout jugement à Christ (Jean 5.22,27). Tous les êtres humains qui ont vécu sur la terre comparaîtront devant Dieu pour rendre compte de leurs pensées, de leurs paroles et de leurs actes, et pour être rétribués selon ce qu’ils auront fait dans leur corps, soit en bien, soit en mal (2 Cor 5.10 ; Rom 2.16 ; 14.10,12 ; Mat 12.36,37). En fixant ce jour, Dieu va manifester la gloire de sa miséricorde par le salut éternel des élus, et celle de sa justice par le jugement des réprouvés : alors les justes iront à la vie éternelle et les incrédules seront jetés dans le feu éternel (Mat 25.21, 31-46 ; Rom 2.5,6 ; 9.22,23 ; Act 3.19 ; 2 Thes 1.7-10).

VII. Conclusion

La Bible ne parle pas des fondamentalistes, mais du fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire18. C’est sur ce fondement que nous devons rester établis. « L’appel à la fermeté est un cri qui s’impose aujourd’hui pour les évangéliques. »19 En tant qu’évangéliques conservateurs, nous tenons aux trois « R » :

Révélation : Dieu le Père qui se révèle par l’Ecriture,
Rédemption : Dieu le Fils qui se révèle par son incarnation et son œuvre rédemptrice à la croix,
Régénération : Dieu le Saint-Esprit qui se révèle par son opération dans le cœur.

Pourquoi faut-il insister sur le fondement ? Afin de ne pas s’égarer (Eph 4.14-16) loin du message de la croix, qui est « le fondement et le cœur » de l’Evangile (1 Cor 1.18-30). Voilà ce qui nous constitue en tant qu’entité spirituelle unique, et qui fait notre raison d’être.

Si le monde nous qualifie, avec dédain, de « fondamentalistes », n’en soyons pas surpris. C’est le témoignage qu’il nous rend, à sa manière, parce que nous croyons que seul Jésus-Christ est « le chemin, la vérité, et la vie ». Nul ne vient au Père que par lui (Jean 14.6).

SOLI DEO GLORIA !

1Le livre Vérité historique et critique biblique, nous aide à faire le point dans ce débat (PBU, Collection théologique Hokhma, 1982).
2Exemples de dérives actuelles : le concubinage remplace le mariage ; l’homosexualité se veut l’égale de la relation hétéro-sexuelle ; la famille traditionnelle est remplacée par les familles recomposées, ou monoparentales ; l’avortement est légalisé ; l’euthanasie est un acte médical parmi d’autres, une option laissée à la libre appréciation des patients.
3Le Temps, mercredi 12 juin 2002, p 37.
4J. Barr, Fundamentalism, reprint 1995, SCM Press, London, chapitre II.
5La Liberté, mercredi 23 janvier 2002, p. 3
6Nuance, octobre 2002, p. 23-24.
7La Liberté, samedi 21 décembre 2002, p 10.
8M.B. Barka, Les nouveaux rédempteurs, Labor et Fides, 1998, p 9.
9E.J. Young, Au commencement, Dieu, Kerygma, 2000 ; E.Andrews, Dieu dit… et il y eut, Europresse, 1991.
10Cf. Donald MacLeod, Collection théologie, Excelsis 1999.
11J. Stott, La foi évangélique, LLB, 2000, p 19.
12James Barr, ibid., p. 11ss.
13Barka, ibid., p 32.
14« Les trois Déclarations de Chicago », La Revue reformée, n° 197, 1998/1, Tome XLIX, p. 32.
15« Les trois Déclarations de Chicago », ibid., p 48.
16« Les trois Déclarations de Chicago », ibid., p 49.
17« Les trois Déclarations de Chicago », ibid., p 49.
18Cf Éph 2.20 ; Rom 15 :20-21 ; 1 Cor 3 :11 ; Act 4.11.
19J. Stott, ibid., p 135.


L’auteur de cet article est marié et père de deux enfants. Il est pasteur d’une église évangélique à Bulle, en Suisse romande, qu’il a fondée il y a 19 ans. Il a fait ses études à l’Institut Biblique « Emmaüs », à Saint-Légier, en Suisse romande, et a suivi des cours dans les facultés de Vaux-sur-Seine et d’Aix-en-Provence, France. Il a également suivi des stages comme aumônier auprès des malades au CHUV (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois) à Lausanne, en Suisse romande. En tant que conférencier il travaille spécialement avec les jeunes et a élaboré un cours de formation biblique dans le cadre du CyFoJe (Cycle Formation Jeunesse) pour former des moniteurs et monitrices de camps. Il est auteur d’un cours sur les Dix Commandements, disponible comme module pour Bible ProWorkshop et vendu par la Maison de la Bible.

Une expérience

Dans notre ministère d’implantation d’église, j’ai constaté que nous avons passé par 4 phases (ou périodes), avant de nous constituer en une église véritable avec des anciens établis.

1. Nous étions, au départ, quelques couples qui nous réunissions dans notre appartement. Nous nous retrouvions entre 10 et 12 personnes pour des études bibliques en semaine ; ce nombre était idéal pour une cellule de maison. Ce groupe, embryon de notre église locale, a duré environ un an, avant que naisse le désir de se constituer en église.

2. Au bout de trois ans de vie d’église, nous avons commencé à ressentir que nous perdions le contact les uns avec les autres. Certains ne s’exprimaient plus aussi librement qu’auparavant. Par ailleurs, il y avait aussi un problème pratique chez les jeunes couples à cause de leur enfants : ils n’avaient pas la possibilité d’assister ensemble aux études bibliques de l’église locale et devaient s’alterner. Que faire ?
Après avoir pris du temps dans la prière, j’ai proposé aux anciens de faire deux groupes d’étude biblique : chaque sujet était donné deux fois au lieu d’une, pour permettre aux épouses ou aux époux de suivre ensemble la même étude biblique, à une semaine d’intervalle. Cette solution présentait deux avantages :

– les couples pouvaient désormais grandir ensemble au même rythme dans la connaissance de la Parole de Dieu,
– le groupe est passé d’une bonne vingtaine de personnes à une douzaine, la taille d’une cellule de maison.

3. La troisième phase a été celle de la multiplication des cellules : le besoin fut ressenti de former, à côté des deux cellules existantes, une nouvelle cellule pour les nouveaux convertis venus dans l’église. Cette cellule avait été appelée "études des fondements de la foi chrétienne".

4. Le quatrième stade correspond à la situation actuelle : depuis trois ans, nous avons 5 cellules de maisons, de 10 à 12 personnes chacune. Nos cellules sont dirigées soit par des anciens, soit par des frères qui ont été formés par le conseil des anciens pour diriger une cellule de maison.

Une nouveauté a consisté à inviter les jeunes à participer à nos cellules de maisons à un rythme de deux fois par mois. Cette intégration des jeunes au sein de nos cellules a été un grand encouragement pour l’église. Ils grandissent dans leur foi, conjointement aux adultes. C’est cela, la véritable église : hommes et femmes, jeunes et vieux, rassemblés autour de la Parole de Dieu. Nous avons maintenu une rencontre par mois destinée uniquement aux jeunes, où nous étudions des thèmes avec eux (par exemple, le mariage, l’homosexualité, évolution ou création, etc.).

Le modèle de l’église primitive

Nous trouvons pour la première fois la notion des cellules de maison dans Actes 2.46 : "Chaque jour avec persévérance, ils étaient au temple d’un commun accord, et ils rompaient le pain dans les maisons." De même, en Actes 5.42, quand l’Eglise comptait environ 5 000 personnes, nous lisons : "Chaque jour, au temple et dans les maisons, ils ne cessaient d’enseigner et d’annoncer la bonne nouvelle du Christ-Jésus."

J’ai l’impression qu’une église sans cellules aura bien plus de peine à répondre aux besoins concrets que tous, jeunes et moins jeunes, rencontrent, au travail et dans les familles. Les chrétiens ont besoin de partager librement leurs soucis, sans jugement de valeur. On doit cesser de faire de la théologie théorique ; il vaut mieux faire de la théologie appliquée, en vivant l’évangile.

Nous devons veiller à ce que Dieu et Sa Parole aient la première place dans nos rencontres (Jean 17.17 ; 1 Tim 3.16), en n’oubliant pas le partage et la prière les uns pour les autres, comme les premiers chrétiens : "Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières" (Act 2.42 ; cf. Act 12.5).

Les cellules sont en quelque sorte le cœur de l’église qui motive les gens à s’engager dans les autres secteurs d’activités de l’église (l’école du dimanche, la garderie, le groupe des adolescents, les activités d’évangélisation, etc.).

Dans une cellule de maison, nous pouvons partager notre foi à domicile en invitant des voisins qui ne connaissent pas encore les richesses de la Parole de Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ (Rom 10.10-14). Nous encourageons tout le monde à participer, mais sans forcer personne. Pour participer à un groupe biblique de maison, il suffit de croire que la Bible vaut la peine d’être étudiée. A la fin de chaque rencontre, les participants reçoivent un questionnaire pour préparer l’étude suivante, afin d’éviter la passivité et de stimuler une participation active de chaque membre de la cellule.

Quelques questions délicates

1. D’après la Parole de Dieu, qui peut enseigner dans les cellules de maisons ?
2. Le responsable est marié ou célibataire : cela joue-t-il un rôle ? Et lorsqu’un responsable est marié, doit-il partager son ministère avec son conjoint ?
3. Quelle formation faut-il au responsable ?
4. Est-il nécessaire que la personne qui désire participer à une cellule se rattache à une église locale ?
5. Faut-il être chrétien pour faire partie d’une cellule ?
6. Comment l’église locale garde-t-elle le lien avec une cellule ?
7. Dans les groupes mixtes, à qui appartient l’autorité de l’enseignement : aux hommes, ou aux femmes ?
8. Si, pour une raison ou une autre, il y a un conflit d’ordre spirituel dans une cellule, qui doit résoudre ce problème : l’animateur, ou le conseil des anciens ?
9. Faut-il la même structure pour toutes les cellules de l’église ?
10. Comment démarrer une cellule ?

Toutes ces questions sont importantes et doivent être discutées dans chaque église locale. Chaque église n’a pas forcément les mêmes sensibilités, ni les mêmes exigences.

Les avantages

Pour bien démarrer il faut absolument être au clair au niveau des avantages et des pièges à éviter.

– Favoriser une répartition des responsabilités : le groupe conduit chacun à s’impliquer activement dans une fonction précise (1 Cor 12.3-13). Par exemple, dans la plupart de nos groupes, nous insistons pour que chacun prenne une question à tour de rôle.
– Il y a plus d’intimité dans les maisons, chaque membre se sent le bienvenu et à l’aise. Depuis que nous avons des plus petits groupes (12 personnes au maximum), chaque participant est valorisé. De ce fait, il y a beaucoup plus d’assiduité.
– On a plus de liberté à partager les fardeaux et les souffrances les uns avec les autres (Gal 6.2). Les cellules permettent à beaucoup de résoudre certains problèmes par le dialogue, sans attendre que leur situation soit devenue désespérée. La relation d’aide se fait spontanément durant chaque rencontre, à travers les moments de partage et de prières. En règle générale, les contacts sont plus intimes, plus profonds. Une cellule de maison est comme une grande famille (1 Cor 12.25).
– La structure souple et mobile des cellules stimule le désir de croissance et de multiplication, puisque chacun peut se responsabiliser. A travers des témoignages personnels, nous pouvons évangéliser et en amener d’autres à la foi chrétienne.

Les pièges à éviter

– Les cellules de maisons risquent de faire éclater l’unité de l’église. C’est pourquoi les anciens doivent veiller avec soin et discernement à la nomination des responsables (cf. Ex 18).
– Les cellules peuvent conduire à la formation de clans, de tendances, qui nuisent à l’unité du corps dans l’église locale (par exemple, une cellule fondamentaliste, une autre libérale, une autre plutôt charismatique, etc.). En conséquence, les responsables des cellules ne devraient pas oublier de se voir régulièrement, pour prier pour tous les participants et se concerter sur l’enseignement à donner.
– Les groupes peuvent devenir trop centrés sur eux-mêmes en cultivant leurs problèmes. Pour éviter ce risque, nous remanions toutes les cellules au début de chaque année scolaire. Cela favorise le partage avec d’autres frères et sœurs de l’église locale. En règle générale les participants s’engagent à rester au minimum une année dans la même cellule.
– Nous veillons aussi à ce qu’il y ait un lien entre la prédication du dimanche, et la matière étudiée dans la semaine dans les cellules de maisons qui, à leur tour, peuvent apporter des éléments qui viendront nourrir la prédication.
– Dans notre église, nous étudions dans chaque cellule le même livre biblique ou le même thème, en sorte que nous puissions croître ensemble et qu’il y ait moins de risque d’isolement ou de division.

Qui peut être responsable de cellule ?

Cette question est un de celles mentionnées ci-dessus. Nous sommes convaincus que, dans les groupes mixtes, l’autorité dans l’enseignement appartient aux hommes. 1 Timothée 3 donne une liste de qualifications spirituelles du berger d’une cellule. En voici les principales :

– être né de nouveau, baptisé, actif dans son église locale, et avoir manifesté des dons qui lui permettent d’assumer sa charge ;
– avoir un témoignage crédible pour ceux du dehors (1 Tim 3.7) ;
– avoir un esprit constructif pour édifier l’église locale et s’abstenir des critiques et des polémiques (Jac 3.2,14,18 ; Héb 12.15) ;
– désirer agir en bonne coordination avec le reste de l’église et en particulier les conducteurs (Héb 13.17) ;
– vivre en paix avec sa famille et avoir une vie conjugale ou un célibat en accord avec l’éthique biblique (1 Tim 3.4 ; 5.8).

Un temps de formation devrait être proposé au frère responsable, lui permettant d’assumer progressivement la charge spirituelle et la direction d’une cellule de maison. Il peut bénéficier de la présence, du soutien et des conseils d’un responsable expérimenté, par exemple en recevant la direction de la cellule en cours d’année, étant déjà intégré dans cette cellule en tant que membre participant.

L’engagement de chaque participant

– Le responsable de la cellule de maison doit être reconnu et accepté par les participants.
– Il faut que chaque cellule se réunisse le plus régulièrement possible selon la planification. Ceci est très important pour garder la dynamique du groupe.
– Il est nécessaire de préciser régulièrement les buts poursuivis afin d’éviter des malentendus ou des déceptions.
– Chacun doit s’engager à garder secrètes les confidences des uns et des autres, à veiller au respect mutuel et à ne pas blesser autrui dans ses sentiments (1 Cor 13.4-8).
– On doit viser la transparence et la franchise les uns envers les autres, en ayant le courage de se parler ouvertement, notamment lorsque les malentendus menacent de perturber nos relations (Jac 3.13-18).

C’est ainsi qu’à travers une cellule de maison, on apprend :

– à se connaître, dans la diversité de nos dons et de nos langages, sans préjugés et avec un désir de se comprendre (1 Cor 12.4-6) ;
– à vivre le soutien de nos frères et sœurs, malgré nos points faibles et avec nos besoins, tant manifestés que cachés (1 Cor 12.24-25).

Conclusion

Les cellules vivantes sont en quelque sorte le cœur de l’église locale. Elles motivent les participants à la lecture de la Bible, à la prière, à la communion fraternelle et à l’engagement concret dans les divers secteurs d’activité dans l’église. Finalement, c’est un moteur stimulant pour le rassemblement de l’église locale au culte (Héb 10.24-25). J’encourage donc vivement les conducteurs à favoriser la création de cellules de maison.


1. Introduction

La musique occupe une place de première importance dans la Parole de Dieu. Dans le livre de la Genèse, au chapitre 4, nous lisons que Jubal fut l’ancêtre de tous ceux qui jouent de la harpe et du chalumeau (Gen 4.21). David, le Roi d’Israël, est connu par les nombreux Psaumes qu’il a écrits et chantés pour la gloire de Dieu. Le Psaume 33 (v. 1-3) nous offre un bel assemblage de musique vocale et instrumentale: Chantez-lui un cantique nouveau! Célébrez l’Eternel avec la harpe, jouez bien de vos instruments en l’ acclamant!

1 Chron 25.5-6 raconte l’histoire d’Héman, qui avait reçu de Dieu 14 fils et 3 filles. Je cite le verset 6: Tous ceux-là étaient sous la direction de leur père pour le chant dans la maison de l’Eternel et avaient des cymbales, des luths et des harpes pour le service de la maison de Dieu.

1 Chron 5.12-14 mentionne 3 grandes familles de Lévites qui avaient reçu des dons de musiciens. Il est parlé de 120 sacrificateurs sonnant des trompettes, des cymbales et d’autres instruments. Les musiciens s’unissent d’un même accord pour louer et célébrer l’ Eternel. Le résultat est extraordinaire: La maison de l’Eternel fut remplie d’une nuée, car la gloire de l’Eternel remplissait la maison de Dieu.

Chez les Juifs, la musique a joué un grand rôle. Elle accompagnait tous les grands événements. Elle était présente lors de la sortie d’Egypte, lorsque l’ arche fut amenée 21; 1 Chron 15. 16-28; 2 Chron 5.12, 13). Il y est fait allusion dans la Genèse (4.21) comme dans l’Apocalypse (14.2,3).

Le livre des Psaumes, qui occupe une bonne partie de la Bible, est un livre de chants. Dans l’Evangile de Matthieu, 50 % des passages cités sont tirés du livre des Psaumes.

Paul exhorte les membres de l’Eglise du Seigneur à s’entretenir par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, et à chanter et célébrer de tout cour les louanges du Seigneur (Eph 5.19; Col 3.16).

Tous les réveils spirituels sont accompagnés d’un réveil dans les domaines de la musique et du chant. Cette constatation s’applique aussi bien aux réveils cités dans l’Ecriture qu’aux réveils qui ont vu le jour depuis les temps apostoliques. Quand l’Esprit de Dieu souffle de façon particulière, les hommes chantent un cantique nouveau (Ps 96.1). La musique exerce donc une fonction spécifique: elle est à même de traduire les mouvements de l’âme, elle entraîne le cour ou console l’esprit, elle peut servir de support à l’inspiration prophétique (cf 1 Sam. 16.23; 2 Rois 3.15).

A la fois moyen d’expression et de communication, la musique est un cadeau divin. Utilisée pour rendre gloire à Dieu, elle contribuera à notre équilibre personnel et à l’ épanouissement de notre communion fraternelle. Ne négligeons pas d’en faire le meilleur usage possible.

2. Un style musical chrétien ?

On chercherait en vain, même en se livrant à une étude biblique approfondie, des critères suffisamment précis et contraignants pour définir un style musical rigoureusement chrétien, valable en tout lieu et en tout temps. D’où l’inévitable débat: peut-on « christianiser » n’ importe quelle forme musicale, ou bien faut-il inventer des formes absolument distinctes de tout ce que le monde pratique et apprécie?

Certains semblent penser qu’il suffit d’accoler le terme « chrétien » aux styles en vogue (folk, blues, funk, disco, jazz, rock, rap, techno, etc) pour « sanctifier » leur musique. A l’autre extrême, des croyants se refusent à tout emprunt « mondain » et proscrivent les instruments de musique dans l’Eglise sous prétexte que les premiers chrétiens n’ y avaient probablement pas recours.

Or, la question majeure n’est pas: jusqu’où puis-je m’inspirer des productions profanes sans perdre mon identité chrétienne, ni: jusqu’où dois-je m’ acharner à débarrasser mes compositions musicales de tout élément qui pourrait ressembler à de la musique non-chrétienne, mais bien: quelle est ma motivation, quelle est ma source d’inspiration?

Le passage de Col 3.16ss indique très clairement que seuls des chrétiens en qui la Parole de Dieu habite dans toute sa richesse sont en mesure de produire une musique authentiquement chrétienne, éloignée de la superficialité, à la fois belle et édifiante, centrée sur Dieu et non sur les sentiments de l’homme, et capable de transcender les modes et les styles parce qu’elle-même raccordée à la source de toute vie, de toute joie, et de toute paix.

Quand le peuple de Dieu néglige l’Ecriture au profit du divertissement, quand il s’imprègne sans relâche de toutes les influences d’une société à la dérive, tout en s’évertuant de pratiquer les formes extérieures de la louange religieuse, il est inévitable que son message sonne faux et creux. Il est alors à craindre que Dieu ne doive nous dire, comme à Israël autrefois: Eloigne de moi le bruit de tes cantiques, je n’écoute pas le son de tes luths… (Amos 5.23).

Le meilleur chemin vers une musique chrétienne de qualité, originale et dynamique, profonde et simple à la fois, libre de l’obsession de rivaliser avec le monde, mais bienfaisante pour tous, ce chemin donc passe par un enracinement dans la Parole de Dieu et par une étroite communion avec Lui. Le problème du style se résoudra alors de lui-même, et la diversité des genres musicaux ne sera plus une pierre d’achoppement.

Au fait, considérons quelques formes de ministères musicaux qui ont jalonné l’histoire de la musique chrétienne.

3. Différentes formes de ministères musicaux

Le réformateur Martin Luther n ‘hésitait pas à reprendre des mélodies populaires pour les adapter aux textes sacrés. L’hymnologie y gagna en spontanéité, en liberté d’imagination, en poésie, et laissa libre cours à la joie de l’Evangile: « Ce que je désire, c’est de faire des cantiques pour les gens, afin que la Parole de Dieu demeure dans leur cour par le moyen du chant. »

Le réformateur Jean Calvin était beaucoup plus prudent. Il a encouragé le chant de l’assemblée, mais sans orgue ni accompagnement d’instruments. Il a désapprouvé les mélodies modernes et les chants dont le texte était composé par des hommes. Il voulait que seules les paroles des Psaumes de David soient utilisées comme texte pour l’adoration dans les réunions chrétiennes.

C’est surtout Jean Sébastien Bach qui est à l’origine d’un profond renouveau de la musique d’église. On lui doit, entre autres pièces, 300 cantates d’église, 4 grandes oeuvres chorales, et de très nombreuses oeuvres instrumentales. Sa musique a servi de référence à presque tous les compositeurs classiques qui lui ont succédé. Il traitait les voix comme des instruments, et sa musique frappait par sa profondeur, par sa richesse d’invention, par ses audaces et par son expressivité. En tête de ses partitions, il avait coutume d’inscrire S.D.G. (Soli Deo Gloria, à la seule gloire de Dieu).

Je pense encore à Charles Wesley, qui a écrit plus de 6500 cantiques. Il disait: « Pensez à Dieu en chantant chaque parole pour lui être agréable, en étant constamment en communion avec lui à travers les chants. »

4. La musique au culte (Ps 149.1-5)

Il est clair que la musique dans un camp d’enfants n’est pas forcément la même que celle du dimanche matin, car les circonstances, l’ âge et les besoins ne sont pas les mêmes!

Au culte nous chantons pour exprimer à Dieu notre reconnaissance (Ps 13.6), notre émerveillement devant sa bonté, sa fidélité, sa justice (Ps 71.22; 101.1), pour lui dire notre joie de lui appartenir (Ps 98.4; 79.13). Si un chrétien n’ a jamais envie de chanter, même pas dans son cour, ne serait-ce pas un signe que quelque chose ne va pas dans sa vie spirituelle ? L’apôtre Paul signale le chant des cantiques comme une des expressions de la plénitude du Saint-Esprit dans le chrétien (Eph 5.19). Ce dont le cour est plein, la bouche déborde disait Jésus (Mat 12.34; Luc 6.45). Si la bouche ne déborde jamais de chants, c’est qu’il y a un vide dans le cour. Mais si elle déborde, le chant a cette faculté merveilleuse de remplir le cour encore davantage.

Dans Eph 5.19 et Col 3.16, Paul énumère trois sortes de chants: les psaumes, les hymnes, et les cantiques spirituels. Comment les distinguer, alors qu’il y a presque synonymie entre ces trois termes! Le mot « psaumes » fait immédiatement penser aux poèmes chantés et accompagnés de David. Les Eglises avaient probablement emprunté aux synagogues un certain nombre de psaumes. Les « cantiques », à l’image des cantiques de Marie (Magnificat), de Zacharie (Benedictus) et de Siméon (Nunc dimittis), donnent aussi une idée de ce que pouvait être l’hymnologie dans les Eglises anciennes. Les « hymnes » peuvent désigner les improvisations suscitées par l’Esprit au cours d’un culte (1 Cor 14.26).

Par le chant le croyant et la communauté se consacrent joyeusement au service du Chef de l’Eglise. Et les cantiques, tout en édifiant les frères rassemblés, montent vers le trône de Dieu chargés d’adoration, comme ceux des êtres célestes décrits par l’apôtre Jean (Apoc 4.5-11; 5.9-14; 14.3; 15.3-4; 19.1-8).

a) Exhortation

La musique et les chants ne sont pas seulement destinés à nous amener à nous réjouir. Dieu les utilise également, comme nous pouvons le lire dans les versets de Colossiens cités plus haut, afin que nous soyons instruits et exhortés. D’où l’importance de choisir pour nos camps et groupes de jeunes des chants variés pris de plusieurs recueils d’époques différentes (ex. A toi la Gloire; Célébrons Dieu; Sur les ailes de la foi; etc.).

b) Adoration et louange

J.S. Bach dédiait toutes ses oeuvres à la gloire de Dieu et à la joie de Jésus. Il disait dans son cours que la musique est avant tout le plus puissant moyen de glorifier Dieu: « Il faut qu’elle donne une harmonie agréable en l’honneur de Dieu et pour la réjouissance légitime de l’ âme. Toute musique n’a d’autre fin que la gloire de Dieu et la récréation de l’esprit. »

c) Consolation

C’est aux heures sombres que la musique révèle tout son pouvoir. Ernest Gordon raconte que, dans le camp de concentration près de la Rivière Kwaï, les prisonniers avaient constitué un petit orchestre, malgré tous les efforts de leurs vainqueurs pour les faire taire… Pensons aux esclaves africains qui ont composé tant de « Negro Spirituals » afin de tenir le coup en chantant leur future patrie céleste (ex. We shall overcome some day).

5. La musique et l’évangélisation

La musique est un moyen privilégié de communication. Les chrétiens voudront bien sûr utiliser pour partager avec d’ autres ce qu’ils ont de plus précieux. Elle est restée l’une des expressions qui passe le plus facilement: la lecture fatigue, les discours font bâiller, mais la musique a gardé son pouvoir de fascination. Si elle n’est pas un moyen direct d’évangélisation, elle servira du moins à soutenir la prédication et les témoignages. Dans la plupart des cas, les chants préparent le cour des personnes à l’écoute de la Parole prêchée. Ils aident à amener les âmes au salut.

6. La musique et les enfants

La musique fournit aux enfants un moyen d’exprimer leur foi. Elle aidera à leur donner une assise chrétienne solide en permettant aux paroles de se graver dans la mémoire. (Le choix des chants et des paroles est donc très important!) Ce qui est appris tout jeune reste. Il faut apprendre aux enfants à cultiver le plaisir de chanter pour Dieu. Le chant crée une atmosphère de joie dont l’enfant a besoin pour s’épanouir. Chanter ensemble donne, de plus, un sentiment d’unité qui sécurise.

Tous les grands musiciens ont été formés dès leur plus jeune âge. L’Eglise de demain aura besoin d’hommes et de femmes au goût musical sûr et possédant une compétence technique solide. L’enfant qui aime chanter ou jouer d’un instrument acceptera plus volontiers les servitudes d’une formation.

Nous devrions donc constituer un répertoire adapté aux enfants, des chants aux paroles claires et simples, qui résument les grandes vérités bibliques. Heureusement, de louables efforts ont été faits au cours de ces décennies passées pour constituer un répertoire d’excellents chants adaptés aux enfants de différents âges. (ex. S. et H. Grandjean, P. van Woerden, Claire-Lise de Benoit, etc ).

7. Le Ps 150: Louez-Le!

Ce Psaume forme la conclusion de tout le recueil des 150 Psaumes. Et quelle conclusion ! C’est d’un bout à l’autre, une louange qui monte vers l’Eternel. On entend 13 fois retentir le cri: Louez-Le! Toutes les larmes, comme toutes les joies d’Israël, aboutissent à la pleine louange quand on regarde à Lui! (Ps 24.5,6).

C’est ici, ne l’oublions pas, l’expression de la foi d’un peuple faible, petit, sans cesse exposé à être foulé aux pieds par ses puissants adversaires. Le psalmiste rappelle au verset premier que c’est l’Eternel qui règne et qui dirige l’histoire des hommes. C’ est pourquoi, malgré ses détresses et ses douleurs, son peuple élu peut entrer dans la louange par des actions de grâce et de reconnaissance.

Aujourd’hui, en règle générale, la louange est devenue un phénomène de mode dans beaucoup de mouvements évangéliques. Plusieurs mouvements organisent des soirées de louanges, et des réunions de prières de louange sur une base ocuménique. L’objectif visé est d’unir un maximum de chrétiens par le biais de la louange. Que se passe-t-il lors de ces rencontres? Il s’agit surtout de répéter de nombreux refrains accompagnés par un petit orchestre que l’on appelle souvent le groupe de louange. Mais est-ce bien ce dont il est question dans les Psaumes? La louange dont le psalmiste fait le centre de sa méditation semble avoir une toute autre signification.

Nous sommes très mal enseignés sur le sens que la Bible donne à la louange. Premièrement nous devrions savoir que le verbe louer, d’où vient je mot louange en français, (praise en anglais) a plusieurs significations dans la langue originale. Les Hébreux possédaient une quantité de mots pour exprimer leur joies, la contemplation, les sentiments du cour, la reconnaissance dans le cadre de l’adoration à Dieu. Notre vocabulaire, en ce qui touche ce domaine de la foi, est beaucoup plus limité.

La louange dont il est question consiste à célébrer et à magnifier Dieu au milieu de nous. Certains termes hébreux concernant la louange sont associés à des gestes corporels: (Barakh) plier les genoux, ou rendre hommage à Dieu. D’autres termes parlent de la confession du nom de l’Eternel (Yadah). Ce seul mot connaît 14 variantes et nuances.

Dans le NT, le mot louange est associé aux idées de recommandation (1 Cor 4.5; Phil 4.8), de sacrifice (Héb 13.15), de bénédiction (Apoc 5.12,13). Les termes voisins parlent de rendre grâce, de bénir, de remercier Dieu pour ce qu’il est pour nous.

Ces quelques exemples nous montrent que la louange va dans le sens de confesser son nom dans notre vie de tous les jours par notre manière de vivre. De faire de notre vie un sacrifice de louange, une continuelle action de grâce envers Dieu. C’est ce que veut dire le verset 6: Que tout ce qui respire loue le Seigneur.

Devant cette surabondance de termes aux nuances multiples, nous nous rendons compte de la pauvreté de notre vocabulaire, mais aussi du malheureux confinement de la louange à une seule activité dans l’église. Il est fort important que les chrétiens comprennent que la louange ne se limite pas seulement à un moment de chants et de prières lors d’un culte. La vraie louange selon la Bible est une activité non stop d’un cour qui vit dans la reconnaissance continuelle envers son Créateur. Du lundi matin jusqu’au dimanche soir.

Dans le seul livre des Psaumes, nous sommes exhortés plus de 160 fois à chanter les louanges de Dieu. Prenons maintenant le temps de découvrir quelques raisons pour lesquelles nous pouvons louer Dieu.

a) Pourquoi? Pour ses oeuvres merveilleuses (v.2)

L’idée commune à tous ces termes est celle d’ une profonde admiration pour la personne de Dieu. Pourquoi, parce qu’Il est bon et sa miséricorde dure à toujours. Un refrain qui se répète sans cesse dans le Psaume 136 par exemple. Dans la louange, nous devrions dépasser nos problèmes personnels et concentrer toute notre pensée sur le Donateur de toutes choses.

Je loue, ou mieux traduit encore, je rends grâces pour le pain sur ma table, je loue Celui qui, à partir de terre, d’eau et de graines, fait pousser le blé qui nous nourrit, qui fait pousser l’herbe qui nourrit les vaches, qui nous donnent du lait, du beurre, et de la viande. Je loue Dieu pour le rayon de soleil qui inonde ma chambre, je loue le Créateur pour son infinie sagesse et la manière dont il dirige les astres dans un ordre parfait (Job 38).

Dans la louange je pense davantage à Dieu qu’aux dons qu’il m’a faits. Cela veut dire que je devrais être en mesure de vivre dans la reconnaissance même à travers les souffrances et la pauvreté. Comme le disait l’apôtre Paul, je puis tout par celui qui me fortifie (Phil 4.13).

La louange est une attitude de cour qui ne dépend jamais des instruments, ou de nos voix. Mais le chant et les instruments sont entre autres choses des moyens par lesquels nous pouvons dire notre reconnaissance à Dieu. Le musicien, le chanteur peut très rapidement oublier pourquoi il chante, pourquoi il joue. Est-ce pour sa propre gloire? Est-ce pour son propre plaisir? Est-ce pour sa propre popularité? Est-ce pour l’ argent? C’est là tout le problème de la musique chrétienne contemporaine.

Nous devons toujours nous remettre en question devant ce que dit Jésus: C’est en vain qu’ils me rendent un culte, ce peuple m’honore des lèvres, mais son cour est très éloigné de moi (Mat 15.8,9). Il y a donc ce danger de croire que seuls nos chants et notre musique suffisent à exprimer notre reconnaissance. Non! Il y a notre cour, qui doit être préparé à être élevé vers le Seigneur. Néanmoins, j’encourage tous 1es musiciens et chanteurs à jouer et à chanter aussi souvent que possible pour la gloire de Dieu, tout en s’examinant bien par rapport à ce qui vient d’être dit.

b) Où? Dans son temple et dans sa nature (v.1)

Le Psaume 150 recommande de louer l’Etemel dans son saint lieu, (donc au temple). D’autres Psaumes nous montrent que l’église n’est pas 1e seul lieu où nous pouvons louer le Seigneur. Nous pouvons le louer partout et en tout temps: Ps 57.10: Je te célébrerai parmi les peuples, Seigneur; Ps 71.14: Et moi, j’espérerai sans cesse, je te louerai de plus en plus et le Ps 146.2: Je louerai l’Eternel tant que je vivrai.

Il est donc faux de croire que nous ne pouvons louer le Seigneur que le dimanche matin au culte, ou pire encore, que lors d’une rencontre organisée à cet effet et baptisée « concert de louange ». Cela rend ces rencontres artificielles, forcées et fabriquées.

La louange est comme une fontaine qui a sa propre source. Tant que la source est bonne, il y aura de l’eau de bonne qualité. Tant que notre cour est reconnaissant envers Dieu, nous pouvons, sans nous forcer, exprimer notre joie de lui appartenir par nos chants, nos prières et nos paroles, le dimanche comme les jours de la semaine.

c) Comment? Avec des instruments et avec sa voix! (v.3-5)

Plusieurs formes de louange publique

Dans l’AT, la louange publique au temple de Dieu avait pris une grande place. Par exemple, le Roi David avait établi 4000 Lévites pour louer l’Eternel avec les instruments (1 Chron 23.5) chaque matin et chaque soir (v .30) dans le Tabernacle. Ils étaient formés pendant 10 ans pour leur service, et ils n’entraient en fonction qu’à l’âge de 30 ans (v.3). Ce qui veut dire que ce service n’était pas pour n’importe qui. Les responsables des chantres étaient divisés en 24 classes de 12 hommes, soit 288 Lévites experts concernant le chant de l’Eternel, tous enseignants ou directeurs de chorale (1 Chron 25.7).

Dans le NT, à cause de la persécution, les assemblées étaient souvent cachées et petites. Il n’y avait pas de très grandes foules, ni de très grands orchestres, mais avec beaucoup de simplicité on chantait des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels souvent sans instruments (Eph 5.19).

Quoi qu’il en soit, nous savons que la musique ne peut jamais être neutre. Le message qu’ elle véhicule influence toujours celui qui écoute. Chacun sait qu’un seul et même accord de piano suffit à créer des sensations différentes selon la manière dont il est joué. La musique chrétienne doit être une musique empreinte de paix qui doit non seulement susciter des émotions profondes et réjouir les musiciens et les auditeurs, mais qui doit, selon Eph 5.19; 2 Tim 3.16, également enseigner, convaincre et corriger le peuple de Dieu.

Les instruments de percussion

Je dirai en passant, que si, dans ce Psaume, on parle des instruments de percussion (v. 5-6), des tambourins et des cymbales, ces instruments ne sont pas comparables aux instruments de percussion modernes comme par exemple la batterie telle que nous la connaissons dans la musique rock. Je n’ai rien contre la batterie, mais nous ne pouvons pas justifier sa place au culte par ce Psaume. Dans l’AT, les instruments employés pour les fêtes de mariage, le retour des hommes de la guerre, etc. n’ont pas forcément été utilisés au temple lors de l’ enseignement de la Torah. Et nous devrions aussi faire une différence, en chrétiens, entre le culte chrétien et les autres fêtes.

La danse

Si dans ce Psaume il est parlé de danse, (4) là encore, cela a été pratiqué à l’occasion de fêtes d’une façon que nous ne connaissons pas tellement dans nos cultures occidentales. Il s’agissait de danses très structurées et bien coordonnées. Un peu comme les danses folkloriques d’aujourd’hui. Ces danses n’ont rien en commun avec les danses modernes du rock and roll.

Les femmes accueillaient les hommes vainqueurs de retour de la guerre avec des tambourins et des danses (Ex 15.1ss; 11.34ss; 1 Sam. 18.6; 21.12; Jug 11.34,etc.). La danse était surtout pratiquée pendant les fêtes, tout spécialement aux mariages (Jér 31.4; Es 24.8; Ecc 2.8; Mat 11.17; Luc 15.25; etc.). On ne peut donc pas s’appuyer sur ces textes pour affirmer que nous pouvons introduire sans autre raison la danse et la musique moderne dans nos cultes comme certains voudraient le faire.

Conclusion

La louange dans la Bible est toujours intimement associée au sacrifice qui exprime le don de soi à Dieu. Ps 119.108: Agrée, ô Eternel l’offrande de mes lèvres, et enseigne-moi tes ordonnances. C’est pourquoi le sacrifice de Christ doit rester l’objet suprême de nos louanges et la raison première de notre reconnaissance envers Dieu le Père. Comme le dit Eph 1.4 et 6: Dieu nous a élus (en Lui) avant la fondation du monde, pour célébrer la gloire de sa grâce.

Personnellement j’ai l’impression que les chrétiens doivent réapprendre ce qu’est la véritable louange. Ce n’est en tous cas pas un phénomène de mode, ni un état d’esprit dépendant d’une ambiance forcée et artificielle. Nous ne devons donc pas nous laisser impressionner par la forme que prend la louange mais par son contenu. Est-ce que ma vie, est-ce que mon église loue le Seigneur par habitude, par tradition ou par un cour transformé? Est-ce que mon cour est prêt à vivre une vie dans la reconnaissance continuelle du lundi matin jusqu’au dimanche soir? Si oui, alors nos cultes changeront aussi! Voilà le secret d’une vraie louange (cf Mat 6.21).

J.-B. D.M.


L’article qui va suivre présente, sous forme de témoignage, les principes qui régissent le développement d’une église locale. C’est le pasteur de l’Assemblée Missionnaire de Bulle (Suisse) qui parle.

Permettez-moi de commencer par une illustration. Quand je pense aux structures d’une église locale, je ne peux m’empêcher d’évoquer une plante qui pousse. Au début il s’agit d’une faible bouture mise dans un petit pot de terre pour lui assurer son développement. Mais au fur et à mesure que cette bouture devient une plante robuste, il lui faut plus de terre, plus d’engrais et un plus grand pot dès le moment où ses racines sortent de la terre.

Il en est de même pour une église! L’église représente la bouture (c’est l’ensemble des croyants qui forment un organisme vivant), et le pot dans lequel la plante se développe pourrait porter le nom de structures! Tout ce qui est vivant demande beaucoup de soin et d’adaptation: la lumière et la terre pourraient représenter la parole de Dieu, et l’engrais les moments d’édification par le culte et les études bibliques.

Quand on parle des structures et de l’organisation, on parle seulement du pot, de l’extérieur, de ce qui soutient une bonne croissance et qui permet à la plante un développement progressif.

Au début de sa vie, il est absolument inutile et même néfaste pour la santé d’une plante qu’elle se trouve dans un trop grand pot. Il en est de même pour une église qui a des structures surdimensionnées par rapport à sa taille et à ses capacités réelles.

Tout au début de l’existence de notre assemblée, nous n’étions que quelques personnes réunies autour d’une table pour étudier la parole de Dieu. Il n’était pas question d’une structure bien établie. Mais à peine une année plus tard, il fallait penser à louer une salle pour organiser des rencontres plus officielles et régulières. C’était un premier pas vers l’élaboration et la mise en place d’une structure qui devait permettre la croissance des membres, et leur épanouissement: il fallait un plus grand pot pour assurer la croissance de la plante.

Celui qui projette de louer une salle pense aussi à créer un conseil qui approuve un tel projet. Pour pouvoir parler d’un conseil, il faut trois personnes au minimum. Dans ce conseil, nous avions convenu de favoriser une croissance rapide et réfléchie: c’est tout le domaine de l’évangélisation, de l’accueil, et des rencontres diverses.

Sans structure, et sans directives précises, les mêmes questions et les mêmes problèmes d’organisation reviennent toujours, ce qui signifie une grande perte de temps et une unité compromise (cf. Act 6.1- 7). Avec de bonnes structures, l’accent peut être mis sur l’enseignement de la Parole et la communion fraternelle au sein des structures établies.

Aujourd’hui, après neuf ans de travail, nous avons toute une structure en place, qui a été développée très progressivement au fur et à mesure des besoins.

Il a fallu des responsables pour toutes les entreprises spirituelles comme pour les activités sportives et récréatives ; nous avons ainsi créé plusieurs branches ou secteurs divers. Chaque branche a son responsable qui donne ses rapports au conseil de l’église et à l’assemblée des membres. Je vais peut-être vous donner quelques exemples des branches existantes: le groupe de jeunes, l’école du dimanche, la garderie, le groupe de dames, la librairie, le cours d’étude biblique de base, la musique, l’accueil et l’approvisionnement en café, la décoration florale, l’enregistrement audio, les nettoyages des locaux, etc.

Notre but est de mobiliser un maximum de personnes capables de participer à la bonne marche de l’assemblée en mettant au service des autres les dons qu’ils ont reçus du Seigneur (même le moindre don a son importance, cf. I Cor 12.4-7; 22-24). Par exemple: nous trouvons qu’un culte qui ne se termine pas par un moment de partage (autour d’une tasse de café) manque de chaleur et de communion fraternelle.

Une église qui n’a pas de projet d’évangélisation fait du nombrilisme et s’étouffe elle-même: une plante a besoin d’air frais, n’est-ce pas? L’église du Seigneur reçoit de l’air frais dès l’instant où elle ouvre ses fenêtres vers le monde, vers les besoins d’autrui… Par les groupes d’évangélisation (le stand au marché de Bulle, la distribution des calendriers de porte en porte, le téléphone répondeur, le groupe de dames), nous avons créé de nombreux contacts, qui se poursuivent et qui porteront leurs fruits au temps voulu du Seigneur.

Quand on parle de structures, il faut bien se rendre compte que le propriétaire d’une plante veut que sa plante grandisse et s’épanouisse. Qu’elle devienne grande et belle, qu’elle porte des fleurs, etc. Il en est de même pour ceux qui gouvernent une église. Les anciens devraient être des hommes de vision, des hommes qui visent l’épanouissement des membres de leur assemblée pour la seule gloire du Seigneur. Ils n’ont pas le temps de dormir (de laisser la plante sans engrais ou sans eau). Ils n’ont pas le droit de faire des compromis ou d’oeuvrer pour leurs propres intérêts.

Le Seigneur nous communique une vision pour l’église locale à partir du moment où nous sommes vraiment unis dans une même pensée, et animés d’un même désir, de la volonté de gagner des âmes et de les arracher au jugement éternel.

Actuellement nous avons établi une liste de divers règlements internes dans le but de garantir le bon ordre et le bon fonctionnement de divers secteurs. Par exemple: concernant les groupes de jeunes, d’ados, et de l’école du dimanche, nous avons dû préciser l’âge d’admission dans ces différents groupes afin d’éviter certains problèmes rencontrés dans le passé; nous avons également défini les buts précis de ces rencontres. Et en ce qui concerne les monitrices et moniteurs, nous avons établi par écrit les conditions spirituelles et pratiques demandées pour remplir un tel poste. Il n’est donc pas question pour n’importe qui de s’engager dans une telle responsabilité. Il n’est pas toujours suffisant d’être zélé pour accomplir une tâche, mais il faut aussi être préparé (ou formé) et apte à travailler correctement. Le conseil des anciens doit veiller avec vigilance à tout cet aspect pratique et spirituel de la marche de l’église.

Une bonne partie de ceux qui ont une tâche d’enseignement dans le cadre de notre église locale suivent ou ont suivi des cours de perfectionnement concernant le secteur dans lequel ils ont accepté de travailler. Tous les frères qui me secondent dans l’enseignement des études bibliques ont suivi quelques trimestres ou années dans une école biblique. Ceci est extrêmement précieux pour partager une même vision et travailler tous dans la même direction. C’est grâce aux structures déjà bien établies que je peux aussi me consacrer a d’autres tâches dans le cadre de notre fédération, et me faire momentanément remplacer par d’autres au sein de l’église locale.

Je suis conscient en vous parlant de nos structures que j’ai simplement donné quelques indications, quelques directives sous la forme d’un témoignage ! Quant aux détails, il nous faudrait travailler avec l’appui de passages bibliques et avec l’aide d’un rétroprojecteur, pour expliquer la vie et le développement concret de notre assemblée. Toutefois je souhaite que celui qui lit ces lignes puisse tendre vers des structures qui soutiennent la croissance de l’église, et non le contraire comme c’est encore trop souvent le cas. Les structures ne devraient en aucun cas nuire à la croissance spirituelle des membres d’une église locale. Les structures doivent toujours viser à favoriser la croissance de la vie spirituelle d’une église locale et l’épanouissement de chacun. Que chaque membre puisse y trouver sa place pour mettre ses dons au service du Seigneur et de la communauté.

Qu’en tant que membre du corps de Christ, vous puissiez, cher lecteur, grandir (à l’image d’une bouture en bonne santé) et vous épanouir au sein de votre assemblée, et aussi vous mettre vous-même au service de l’église locale dans laquelle Dieu vous a placé. Que Dieu seul en reçoive toute la gloire! (Col 1.3-6).

J.-B. D.M.

Il est au milieu de vous, et dans le monde entier; il porte des fruits, et il s’accroît, comme c’est aussi le cas parmi vous, depuis le jour où vous avez entendu et connu la grâce de Dieu conformément à la vérité.

Colossiens 1.6


I. Un amour libre de toute culpabilité?

Depuis plusieurs années, nous observons dans les journaux, les livres, les films, les conversations, un courant de libéralisation sexuelle qui incite à parler de la sexualité de façon aussi ouverte et objective que de toute autre question. Les tabous sexuels ont perdu beaucoup de terrain; la franchise et la spontanéité ont remplacé la tendance au mensonge et au secret. C’est de beaucoup préférable pour la préparation au mariage qui sera l’objet de notre réflexion.

Il y a pourtant, à cette libéralisation, de nombreux aspects négatifs. Pensons à toutes ces affiches dont l’image et le texte ont pour but d’éveiller la pulsion sexuelle, crûment, sans aucun rapport avec le respect de l’individu, ni avec la tendresse et l’amour. Mais peut-on parler d’amour véritable qui ne soit pas fondé sur le respect mutuel?

De petites annonces paraissant dans les journaux et les magazines (sans parler des films érotiques ou pornos) suggèrent de charmants compagnons de loisirs. Ensuite on aboutit à des pratiques anormales comme les proposent la plupart des sex-shops avec toutes sortes d’accessoires disponibles pour vivre sa sexualité tout seul.

Est-il étonnant de constater (selon une statistique récemment publiée dans un quotidien fribourgeois ) que 46,5 % des jeunes interrogés disent avoir eu une relation sexuelle à partir de 17 ans déjà? Ces résultats correspondent à ceux d’une enquête similaire effectuée dans le canton de Vaud en 1990. C’est vrai que la pulsion sexuelle est un besoin humain fondamental et que le souhait de chacun de pouvoir satisfaire cette pulsion, de la rendre de plus en plus épanouissante, est très naturel. Mais, alors, comment agir quand quelque chose en nous réclame une satisfaction rapide des besoins sexuels ? Comment se protéger contre les relations préconjugales ? Comment répondre à notre grand désir d’être aimé ou au désir d’aimer ?

Il me semble important de se situer par rapport à tout cela. Le monde chrétien doit prendre ses responsabilités, avoir un comportement qui refuse la destruction systématique de toute pudeur et de la maîtrise de soi. Tandis que le sexe est devenu un produit de consommation dans notre société, nous devons retrouver les vraies valeurs de la sexualité telles que Dieu les a voulues.

Selon un psychiatre américain, le Dr. Joël Moskowitz, un nombre croissant de jeunes sont déçus de leurs expériences sexuelles préconjugales. Et il constate qu’actuellement un bon nombre de jeunes choisissent de rester chastes en attendant leur mariage. Il explique encore dans sa revue scientifique spécialisée sur les questions conjugales et sexuelles que l’on assiste actuellement sur le campus des universités de l’est des Etats-Unis à un retour à des valeurs spirituelles. De nombreux jeunes se rendent compte que les relations sexuelles passagères n’apportent pas la satisfaction et la sécurité désirées. On reconnait plus facilement que l’absence d’engagement est l’une des principales faiblesses de la soi-disant libération des moeurs sexuelles. Je ne sais pas quelle est l’ampleur réelle de ce mouvement décelé par ces médecins américains. Mais je souhaite qu’il s’amplifie, qu’il franchisse l’Atlantique et les autres océans pour le bien des jeunes générations.

La parole de Dieu nous enseigne clairement que la sexualité est à vivre sans culpabilité au sein du couple marié. C’est dans ce cadre seulement que nous pouvons nous engager avec toute notre personne et pas seulement avec nos organes sexuels. Notre union nous engage à prendre soin l’un de l’autre dans la vie quotidienne avec tout ce qu’elle englobe. C’est pourquoi il est important d’appliquer les principes bibliques durant la période des fréquentations et de la préparation au mariage.

Il. Dix conseils pour les fréquentations

Ce temps de préparation au mariage est de moins en moins populaire. Il est écrit: «Ne réveillez pas l’amour avant qu’elle le souhaite» (Cant 2:7) Il faut donc s’accorder du temps pour mieux se connaître. Je vous propose, chers lecteurs, quelques questions que nous pouvons nous poser en rapport avec cette période de fréquentations, qui est un temps très important dans la perspective d’une union durable.

2.1 Suis-je vraiment amoureux?

Quel est l’élément qui peut m’indiquer si je me trompe ou non ? Vous allez être déçus, car il n’existe pas de formule toute faite pour déterminer s’il s’agit d’amour vrai. Pourtant, il y a plusieurs questions qu’un jeune peut se poser avant de se marier.

Il faut comprendre qu’il y a une différence entre ce qu’on appelle «tomber amoureux» et l’amour véritable. Le sentiment amoureux est lié à nos émotions sexuelles. C’est l’attirance temporaire que tout être humain normal ressent face à un certain type de personnes de l’autre sexe. Cette attirance est naturelle et nous donne le courage d’entrer en relation avec le sexe opposé. Cependant, cette pulsion doit être étayée par des dispositions plus profondes, par un amour permanent, indépendant de l’aspect physique ou de la séduction. L’amour véritable est une consécration totale de l’intelligence, des émotions, de la volonté; il accepte la mise en commun des projets d’avenir et de toutes les activités de la vie.

Rien, absolument rien, ne peut garantir qu’une fréquentation basée sur des rapports sexuels aboutira à la vie commune et au mariage. Il faut au contraire d’abord et avant tout se découvrir sur un plan humain, social et psychologique. On n’est jeune qu’une fois, les occasions perdues pour se connaître dans le cadre de la simple amitiés ne se rattrapent pas si nous avons brûlé les étapes. Garder les relations intimes pour le mariage vaut la peine, cela permet d’apprendre à se connaître sans hypothéquer l’avenir et d’examiner s’il y a vraiment complémentarité dans notre relation, s’il y a vraiment de l’amour l’un pour l’autre. Qu’est-ce que le véritable amour ? Nos contemporains pensent couramment que le mot « amour» est synonyme de «sexualité», mais la Bible nous enseigne que l’amour est surtout et avant tout «service de l’autre» .Il est écrit que: «Dieu est amour» (I Jean 4:16). L’amour véritable me fait chercher le bien de l’autre. (I Jean 3: 16). La meilleure définition de l’amour se trouve en 1 Cor 13, un vrai cantique à l’amour. L’amour qui est patient, serviable, l’amour qui n’est pas envieux, qui ne se vante pas…etc, cet amour-là est la clef d’une relation durable. C’est sur lui que nous pouvons bâtir et construire notre avenir.

2.2 Cette personne croit-elle au Christ ou non ? Est-ce que nous nous aidons mutuellement à nous rapprocher du Seigneur ?

Pour le véritable enfant de Dieu, c’est la question essentielle, n’est-ce pas? Nous devrions savoir que la Bible dit formellement que le vrai chrétien ne doit pas se marier avec un incroyant. « Ne vous mettez pas avec les incrédules sous un joug étranger. Car, quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité, ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ?» (2 Cor 6:14-17) On pourrait dire que se marier avec un inconverti est un péché contre Dieu mais aussi le début de nombreux problèmes pour soi-même. Que vont devenir les enfants qui un jour naîtront de ce mariage? Se marier avec un incrédule peut être le plus grand échec de sa vie ! Regardez autour de vous et vous serez très vite convaincus de cette réalité écrasante.

C’est pourquoi il est très important que nous appartenions tous les deux à Dieu, que nous écoutions sa Parole, et que le Seigneur ait la première place dans notre vie. De bons partenaires s’aident mutuellement à croître dans cette relation. Il faut que nous nous encouragions mutuellement à fréquenter d’autres chrétiens. Sur un plan purement pratique, nous devrions nous mettre d’accord sur l’église à laquelle nous nous rattacherons. Aimer Jésus signifie aimer ceux qui le suivent et les rencontrer régulièrement dans un lieu choisi à cet effet pour l’adorer.

2.3 Suis-je fier(fière) de celle (ou de celui) que je fréquente? Pouvons-nous bien communiquer, bien travailler ensemble? Sommes-nous sur la même longueur d’ondes intellectuellement?

Le mariage chrétien n’est pas simplement une association contractée pour le plaisir. Elle l’est aussi dans les difficultés et dans le travail. Ceci vient tout naturellement lorsque l’on vit ensemble. Considérez-vous que votre futur conjoint a des capacités inférieures aux vôtres ? Considérez-vous qu’il (ou elle) serait un motif de honte, un poids dans votre vie ? Si oui, alors rompez vos fréquentations, car votre amour n’est pas authentique. Il ne faut pas regarder uniquement à l’aspect physique (extérieur) ou aux dons intellectuels (intérieur). Les deux choses constituent la personnalité de chaque être humain et peuvent difficilement s’apprécier séparément.

2.4 Est-ce que j’ai du respect pour lui (ou pour elle) ou est-ce que je me permets certaines libertés en le (la) traitant mal ou en abusant de lui (d’elle ) ? Sommes- nous à l’aise dans notre manière de prendre des décisions ensemble?

Mon futur conjoint n’est pas un objet ou un jouet avec lequel je passe le temps. L’amour véritable est toujours accompagné du don de soi; l’amour partage, s’intéresse à ce que fait l’autre. C’est pourquoi il n’est pas permis d’acquérir l’amour par force. Est-ce que je veux toujours avoir raison dans mes opinions et mes désirs, ou est-ce que je cherche le bien de l’autre et la satisfaction de ses désirs? Le texte de 1 Corinthiens chapitre 13 nous exhorte à chercher le bien de l’autre et non le nôtre. Le véritable amour pousse à faire du bien à la personne aimée en s’oubliant soi- même. Si l’un des deux partenaires fait pression sur son futur conjoint, qu’il prétend aimer, cela ne tient pas du don de soi, ni du véritable amour.

2.5 Quand je suis en prière avec lui (ou avec elle), est-ce que je ressens la paix de Dieu en pensant au mariage? Et dans quelle mesure la présence de Dieu au sein du couple contribue-t-elle à créer et à maintenir une parfaite confiance mutuelle ?

L’amour devrait toujours être basé sur la confiance, elle est aussi une assurance, une sérénité. S’il y a des doutes, alors il y a danger. Dieu désire que sa paix règne dans nos coeurs. (Co13:15)

C’est pourquoi il est extrêmement important de nourrir sa relation avec Dieu. En réalité le futur couple n’est jamais seul: il doit savoir qu’une troisième personne l’accompagne et que la paix de Dieu est absolument indispensable au bonheur du futur couple.

2.6 Est-ce que nous pouvons parler ensemble pendant de longues heures sans nous ennuyer, ou n’avons- nous rien à nous dire au bout d’un moment ? Pouvons-nous nous détendre ensemble ?

L’amour sans communication meurt très vite. Je vous parle ici d’une communion spirituelle et culturelle, d’une découverte des centres d’intérêts du partenaire. Mais la vie n’est pas faite uniquement de discussions. Les partenaires d’un couple doivent aussi pouvoir s’aider mutuellement à se relaxer, à rire et à s’amuser. Combien vite, dans cette période de fréquentations, l’être humain recherche le contact physique plus que la communion spirituelle? Pourquoi laisser troubler sa conscience ? Quand Dieu impose une restriction, Il l’impose toujours pour notre bien, car Il agit par amour .Est- il nécessaire de rappeler qu’il ne faut peut-être pas se retrouver dans des endroits trop isolés? Il est bon de se fixer des limites et de mettre certaines conditions aux promenades à deux. Dieu nous appelle à la sainteté en toutes choses {1 Thess 4:4-8). Bien que Dieu ait créé la sexualité, il l a faite pour être pratiquée au sein même du mariage.

2.7 Est-ce que je trouve la personne avec laquelle je pense me marier physiquement attrayante ?

Cette évaluation peut vous paraître ridicule ou déplacée. Détrompez-vous ! Elle a son importance. Certains jeunes choisissent de se marier sans apprécier physiquement leur conjoint. Dieu nous a créés esprit, âme et corps. Eh bien, l’amour s’inscrit dans toutes ces perspectives. Alors gardons-nous de mépriser ou d’écarter la dimension physique comme si elle était impure ou culpabilisante. Il est merveilleux que Dieu me donne la possibilité de me sentir plutôt attiré par cette personne que par une personne quelconque.

2.8 Est-ce que je me sens apte à assumer et à respecter la complémentarité entre homme et femme telle que Dieu l’a créée ?

L’homme et la femme sont de sexe différent L’enjeu de la vie commune consistera donc à tirer avantage de cette différence. C’ est le début d’un long apprentissage. Il est clair qu’il n’existe pas de maîtres en la matière, et que même s’il existe une préparation au mariage, la très grande majorité des gens qui fréquentent partent tout simplement à la découverte. L’important me semble de savoir et d’accepter qu’un apprentissage soit nécessaire et qu’il faille du temps pour développer nos relations dans tous les domaines. Devenir compagnons, cela veut aussi dire accepter une limite double: nul ne doit être le dominateur de l’autre, et nul ne doit tenter de suivre seul son chemin, sans la pleine collaboration de son conjoint.

2.9 Comment réagit mon cercle d’amis en rapport avec ma fréquentation? Pouvons-nous accepter et apprécier nos parents et amis respectifs?

L’avis des parents et des amis peut être important. Si vraiment nos parents et nos amis ne donnent pas leur approbation, il n’est pas sage, il est même dangereux de persister dans nos plans. L’obéissance d’un jeune à ses parents est agréable au Seigneur (cf: Eph 6: 1 ). L’avis des amis est aussi important (cf: Pr II: 14; 15 :22). S’il y a opposition, cherchez honnêtement à savoir pourquoi. Peut-être qu’un simple éclaircissement de votre part résoudra tout. L’homme fut créé pour être en communion avec ses semblables, pour vivre en relation avec son prochain. C’est dans ce cadre que l’être humain peut croître, se développer et mûrir. C’est ainsi qu’il s’entourera d’amis!

2.10 Suis-je prêt à attendre le temps nécessaire avant de me marier? Maîtrisons-nous notre sexualité ? A vons-nous discuté de chacun des domaines de notre vie future à deux?

Quand une personne est exagérément pressée de se marier, c’est souvent le signe que quelque chose ne va pas bien. Le véritable amour sait attendre avec patience le moment adéquat. Il faut que les deux partenaires aient la même conviction sur ce point si important. Dans un couple nous sommes toujours à deux pour prendre les décisions importantes.

III. Victoire sur la tentation: est-ce possible?

Notre coeur aspire à être aimé, à connaître une intimité profonde avec le sexe opposé. C’est ainsi que Dieu nous a créés. Dans l’enfance, nous recherchons la compagnie des camarades du même sexe et plus ou moins du même âge. Quand nous arrivons à la puberté, l’intérêt pour le sexe opposé s’éveille, car nous avons été créés ainsi. Mais au milieu de cet intérêt tout nouveau pour le sexe opposé, notre coeur continue à chercher une relation plus spéciale et plus exclusive avec une seule personne. Tout notre être réclame une véritable fidélité de notre compagnon. On cherche quelqu’un avec qui partager sa vie, quelqu’un à qui l’on puisse révéler les profondeurs de son âme, de ses pensées, de ses émotions, de ses désirs les plus secrets.

Il est écrit: «Celui qui trouve une femme trouve le bonheur; c’est une grâce qu’il obtient de l’Eternel» (Pr 18:22).

Puisque nous sommes des hommes et des femmes faillibles, comment pouvons-nous être fidèles à un seul conjoint jusqu’à ce que la mort nous sépare? C’est là qu’intervient l’action de Dieu dans nos vies. La puissance de Christ, en agissant par son Esprit -Saint, nous garde en Jésus-Christ (Phil 1:6). Le chrétien sait que Dieu désire accomplir son oeuvre à travers nous (Ga12:20). La Bible est claire: Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption, mais celui qui sème pour l’esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle (Ga16:7 ,8). D’où l’importance de commencer la vie à deux dans la pureté et la fidélité. La fidélité décidée, résolue, envers l’ autre est un pilier sûr pour un bonheur conjugal durable.

J.B.D.M.


Jean 1.9; 3.19

1. La réalité de la lumière au sein des ténèbres

Supposons que vous retrouviez dans votre grenier une vieille toile sur laquelle se sont accumulés des siècles de poussière. Après l’avoir soigneusement nettoyée, vous découvrez à votre grande surprise un nom connu comme celui de Rembrandt! Après de longs et coûteux travaux de restauration, l’oeuvre du maître sombrée si longtemps dans l’oubli retrouve son ancien éclat et révèle à nouveau les talents de l’artiste qui l’a créée. Eh bien, c’est à Noël que nous nous souvenons que Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ (Jean 1.14), qui a également procédé à une oeuvre de restauration; le monde est son oeuvre, il nous a créés à son image, mais celle-ci a été altérée par des siècles de révolte. Nous ne sommes plus comme Dieu nous a voulus.

Jésus est venu amorcer le processus de nettoyage. Il est venu pour nous éclairer, pour nous montrer comment est Dieu, et comment nous devrions et pourrions être.
– Il a chassé les ténèbres, les esprits mauvais…
– Il a guéri les maladies en redonnant au gens les couleurs initiales pour qu’ils reflètent les intentions premières de son auteur.

Nous lisons dans 1 Jean l.5: Dieu est lumière, il n’y a pas en lui de ténèbres. Seul Dieu, qui dans son essence est trois fois saint, pur et sans tache, possède l’immortalité qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu, ni ne peut voir ( 1 Tim 6.16). La lumière est un symbole de la vie. Elle joue un rôle prédominant; sans elle la vie serait tout simplement impossible sur la terre. Personne ne peut vivre sans la lumière…

Jésus a dit de lui-même (dans le sens spirituel): Je suis la lumière du monde et celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres. Trente siècles avant nous, le roi David discernait déjà la lumière de Dieu qui était devenue indispensable pour lui. Auprès de toi est la source de la vie, et par ta lumière nous voyons la Lumière, étends ta bienveillance sur ceux qui te connaissent (Ps 36.10).

2. La confrontation entre la lumière et les ténèbres

Pourquoi tant de guerres, de meurtres de souffrances et d’injustice? Notre texte nous donne la réponse: les hommes ont aimé les ténèbres plus que la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises (Jean 3.19).

Au sein même des guerres de religion il n’y a qu’une seule réponse possible: venir à la lumière, Jésus-Christ. Je suis le chemin, la vérité et la vie (Jean 14.6).

Lorsque le puissant projecteur de sa Parole nous éclaire, elle nous place devant un choix:
– soit nous nous humilions, nous nous repentons et nous acceptons le pardon de nos péchés que Dieu nous offre en Jésus-Christ (Jean 3.18)
– soit nous fuyons cette lumière qui nous deviendrait alors insupportable (Jean 3.20)!

La lumière de Dieu peut être redoutable quand elle met en évidence nos mauvais penchants. Cette lumière peut littéralement nous irradier et pénétrer dans les moindres coins et recoins de notre vie.

Nous avons une magnifique illustration dans l’AT. Après avoir séjourné quelque temps dans la présence de la gloire de Dieu au mont Sinaï, la peau du visage de Moïse rayonnait. Lorsque le peuple juif le vit redescendre de la montagne, ce rayonnement était tellement intense que les gens ne supportaient même pas de regarder son visage. C’est pourquoi il a dû porter un voile pour couvrir son visage. Voilà l’effet de la lumière de Dieu sur l’homme dont la vie n’est pas en règle avec Dieu. Dieu est saint et seul celui dont les péchés sont pardonnés peut s’approcher de lui (Jean 3.21).

L’auteur des ténèbres, le père du mensonge, le diable est à l’origine de tant de mal répandu sur cette terre. Combien de fois n’a-t-il pas essayé, par l’intermédiaire des autorités religieuses de l’époque, de tuer Jésus durant son ministère terrestre! En vain; car son heure n’était pas encore venue. Jusqu’au jour où, selon la volonté de Dieu, son Père, Jésus a donné sa vie librement en rançon pour beaucoup. Personne ne me l’ôte, disait-il, mais je la donne de moi-même (Jean 10.18). Au moment de son arrestation dans le jardin de Gethsemanée, Jésus, sachant que tout cela devait lui arriver, s’avança lui-même vers ses persécuteurs et dit: Qui cherchez- vous? -Jésus de Nazareth, fut la réponse. Alors il leur dit: C’est moi… Mais c’est ici votre heure et le pouvoir des ténèbres (Jean 18.4; Luc 22.53). C’est à la croix que Jésus-Christ est mort; il y a livré le plus grand combat de tous les temps entre les ténèbres et la lumière. Là il cria: Eli Eli lama sabachthani ? Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? (Mat 27.46).

3. La victoire de la lumière sur les ténèbres

Les puissances des ténèbres ont été ébranlées au jour de la résurrection de Jésus-Christ. De même, la promesse de la paix sur la terre selon l’annonce des anges aux bergers de Bethléhem deviendra une réalité visible lorsque le Christ reviendra dans toute sa gloire. En ce jour là, la lumière de Dieu éclatera: En effet, comme l’éclair part de l’orient et brille jusqu’en occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme, et tout oeil le verra (Mat 24.27; Apoc 1.7).

En attendant, ses disciples doivent répandre sa lumière: Vous êtes la lumière du monde… Que votre lumière brille devant les hommes (Mat 5.14,16). Et voici la vocation précise que reçut l’apôtre Paul concernant la prédication de l’Evangile aux nations: Je t’ai pris du milieu de ce peuple et des paiens, vers qui je t’envoie pour leur ouvrir les yeux, afin qu’ils se tournent des ténèbres vers la lumière, et du pouvoir de Satan vers Dieu, et qu’ils reçoivent le pardon des péchés et un héritage avec ceux qui sont sanctifiés par la foi en moi (Act 26.17-18).

Chers lecteurs, êtes-vous sûrs de vivre dans la lumière de Dieu? Ou vous contentez-vous des lumières artificielles? Avez-vous l’assurance de votre salut en Jésus-Christ? Etes-vous libérés du pouvoir des ténèbres pour vivre dans la lumière de Dieu?

Choisissons aujourd’hui la lumière en laissant Jésus-Christ nous transformer par sa Parole. Car ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier(Ps 119.105).

J.-B.D.M


Dans les statuts des églises évangéliques, nous lisons, sous le titre «Confession de foi»: «Nous croyons à l’incarnation du Fils de Dieu, à son sacrifice expiatoire pour l’humanité pécheresse, à sa résurrection corporelle d’entre les morts, à son rôle de médiateur en tant que sacrificateur et intercesseur , à son prochain avènement et son retour en vue de l’établissement visible de son royaume.»

L’ascension nous place devant cette réalité de l’achèvement du salut en Jésus-Christ, son oeuvre expiatoire, sa mort et sa résurrection. Le Seigneur a clairement dit que son royaume n’est pas de ce monde (Jean 18.36); mais en annonçant son départ à ses disciples, il leur a parlé de la réalité de son royaume préparé pour tous ceux qui placeront leur foi en lui (Jean 14.1-4; 5.24; etc).


L’ascension, c’est le départ en vue de son glorieux retour! Car n’oublions pas que même si le Christ règne maintenant dans nos coeurs, son royaume n’a pas encore atteint son plein épanouissement, puisque nous ne régnons pas encore avec lui (2 Tim 2.12). Pour l’instant, nous sommes encore exposés à mille tentations, épreuves, persécutions, batailles et tourments. Nous avons été sauvés en espérance (Rom 8.24), mais nous n’en touchons pas encore tout le bénéfice.

Néanmoins, nous fondons notre espérance sur la grâce qui nous sera apportée pleinement lors de l’avènement de notre Sauveur, qui trouve sa force dans sa résurrection et la preuve dans son ascension ( 1 Cor 15.16-19 ; Act 1.11).

C’est à notre avantage que Jésus-Christ quitta cette terre, car en attendant, nous ne sommes pas seuls; le consolateur est près de nous et en nous (Jean 14.17) .Son départ était nécessaire pour deux raisons: a) pour nous préparer une place (Jean 14.2-3); b) pour nous donner une puissance, celle du Saint-Esprit (Act 1.8).

Par cette présence du Saint-Esprit, nous pouvons nous détacher du monde présent et nous concentrer sur le royaume à venir (Rom 8.5,9; 15.13; Jean 17.15-16); ceci d’autant plus que nous vivons dans des temps difficiles et dangereux (2 Tim 3.1-5).

En résumé, Jean Calvin a dit: «Si nous cherchons le salut, le seul nom de Jésus-Christ nous enseigne qu’il est en lui. Si nous désirons les dons du Saint- Esprit, nous les trouvons dans son onction. Si nous cherchons la force, elle est dans sa seigneurie. Si nous demandons la rédemption, sa passion nous la donne. Si nous voulons échapper à la malédiction, la croix nous procure ce bien. La mortification de notre chair se trouve dans son sépulcre, la nouveauté de vie dans sa résurrection, et l’héritage céleste nous est assuré par son ascension. En somme, puisque tous les biens sont réunis en lui, c’est à ce trésor qu’il faut puiser pour être rassasiés, à l’exclusion de toute autre source.

J.-B. D. M.