PROMESSES

Il est très peu question de Thomas dans les Évangiles. Simplement cité dans la liste des apôtres dans les Synoptiques et les Actes, il est mentionné quatre fois dans l’Évangile selon Jean.
Par contre, il est presque universellement connu à cause de son attitude après la résurrection de Jésus. Qui n’a pas entendu quelqu’un s’écrier : « Moi, je suis comme Thomas, j’ai besoin de voir pour croire » ? C’est souvent la seule chose qu’on connaisse de lui et c’est un alibi facile pour refuser de croire !
Comme les autres apôtres, Thomas a été choisi et appelé par Jésus. Avec eux, il a suivi son maître pendant plus de trois ans. Comme les autres, il a reconnu en lui le Messie et il pensait qu’il allait bientôt établir son royaume. Comme les autres, il a entendu le Seigneur leur enseigner de multiples fois qu’il allait être rejeté, souffrir beaucoup, mourir et ressusciter après trois jours (Marc 8.31 ; 9.12,31 ; 10.32-34). Comme les autres, il n’a ni compris, ni reçu cet enseignement. Comme les autres, il est complètement désarçonné après la mort du Seigneur et son ensevelissement. Comme les autres, il ne s’attend pas à ce que le Seigneur ressuscite. Le soir du premier jour de la semaine, il ne se joint pas aux autres disciples réunis. Il n’est pas là quand « Jésus vint, se présenta au milieu d’eux » (Jean 20.19).
Pourquoi est-il absent ? Est-il trop accablé, désappointé pour se joindre aux autres ? Pourtant, la solitude risque plutôt d’aggraver son découragement.
Peut-être a-t-il trop peur pour prendre ce risque ? Pourtant, il a montré du courage en exhortant ses condisciples à monter à Béthanie lors de la maladie de Lazare : « Allons aussi, afin de mourir avec lui. » (11.16)
Dans la semaine, il retrouve les autres disciples qui lui annoncent la grande nouvelle : « Nous avons vu le Seigneur » ! Il refuse de les croire : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. » (20.25)
Pourquoi tant de résistance ? Il entend le témoignage d’au moins dix personnes et il n’est pas convaincu ! Chaque fois que Jean nomme Thomas, dans son Évangile, il ajoute son surnom « Didyme » (en grec Jumeau). Aurait-il eu un jumeau ? Probablement. Alors combien de fois l’a-t-on pris pour son frère et réciproquement ? Peut-être que ses amis n’ont vu le dimanche précédent qu’un sosie de Jésus ? Il lui faut des preuves ! On peut confondre quelqu’un avec un autre au point de s’y méprendre, mais imiter les marques des clous dans les mains et les pieds d’un crucifié, impossible ! Il faut qu’il voie et qu’il touche !
« Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d’eux, et dit : La paix soit avec vous ! Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois. Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu ! » (20.26-28)
Jésus est là au milieu des siens. On a l’impression qu’il n’est venu que pour Thomas ! Il a tout vu, tout entendu. Dans sa grâce, il rencontre Thomas au point où il en est : « Regarde, touche, crois. » Thomas est en face de ses propres paroles, il doit prendre une décision. Il pourrait s’excuser, expliquer son attitude, confesser son incrédulité… Non ! Il répond par une des plus belles confessions de la Bible sur la seigneurie et la divinité de Jésus, point culminant de cet Évangile !
Thomas est passé du doute à l’incrédulité. Celui qui doute dit : « Je ne peux pas croire ! Il y a trop de difficultés ! » L’incrédule dit : « Je ne croirais pas à moins que vous m’apportiez la preuve que je vous demande. » Jésus, lui montrant ses mains, lui apporte la preuve. Alors, dans l’esprit de Thomas, tout se remet en ordre : il voit tout clair ! Celui qui est devant lui est bien le Saint de Dieu, la résurrection et la vie, le Christ, le Fils de Dieu… Il est son Seigneur et son Dieu !
Jésus reconnaît la foi de son serviteur et bénit tous ceux qui, à la suite du témoignage des apôtres, croiront sans avoir vu : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » (20.29)
N’a-t-on pas parfois regardé Thomas d’un peu de haut ? Pourtant, ne lui ressemblons-nous pas souvent ? Dieu a permis que l’histoire de Thomas nous parvienne pour nous avertir et nous encourager. Nous pouvons être terriblement ébranlés au plus profond de nous-mêmes. Ce que nous vivons ne correspond pas du tout à l’idée que nous avions de la vie chrétienne. Nous pouvons alors être tentés de tout lâcher…
Et là, quelqu’un arrive et vous dit : « C’est moi, l’Éternel, ton Dieu, qui empoigne ta main droite et qui te dis : N’aie pas peur ! Je viens moi-même à ton secours. » (És 41.13, S21)


L’Évangile selon Luc nous présente tout particulièrement le Seigneur Jésus comme un homme, l’homme parfait. Il est le « fils de l’homme ». Il est né et a grandi au milieu des hommes, a travaillé et a souffert comme un homme. Dans son humanité, il a vécu une vie de dépendance et de prière, en contact permanent avec son Père. Tout le long de cet Évangile, il prie. Nous allons passer en revue ses prières et tenter d’en retirer des applications pour nous.

• Luc 3.21-22 : « Jésus aussi étant baptisé et priant, le ciel s’ouvrit. »

C’est le début de son service, de sa mission. Il vient au baptême de Jean avec ceux qui se repentent, se courbent devant Dieu, reconnaissent leurs péchés — ce que les pharisiens et les docteurs de la loi refusaient de faire (Luc 7.29-30). Seul Luc précise qu’il prie à ce moment-là. Le Saint Esprit vient sur lui. Il entend la voix du Père : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir. » C’est une manifestation spéciale de l’amour du Père pour son Fils.

Le Seigneur a une relation unique avec son Père. Pour nous, la prière exprime notre relation d’enfant de Dieu. C’est le premier cri d’un « nouveau-né » dans la foi, le premier signe de la vie divine. Au moment où je crois, je reçois le Saint Esprit (Éph 1.13) et j’ai une relation vivante avec mon Père (Rom 8.16). C’est l’émerveillement : « Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu ! » (1 Jean 3.1)

• Luc 5.12-16 : « Jésus se tenait à l’écart dans les déserts et priait. »

Il enseigne et guérit des foules autour de lui. « Sa renommée se répandait de plus en plus. » Il accomplit son service et il a du succès. Que fait-il ? Il pourrait s’organiser pour être plus efficace, pour faire face à la demande. Non, il se retire « à l’écart » pour prier, cultiver sa relation avec son Père. Il n’est pas venu comme fondateur d’une nouvelle religion, ou pour être célèbre. Il montre ainsi que l’essentiel n’est pas ce que l’on fait, mais ce que l’on est : un enfant attaché à son Père.

Sur quoi vais-je asseoir ma vie, mon service ? Quand tout semble urgent, je dois m’arrêter, passer du temps avec mon Père, approfondir ma relation avec lui, pour avoir le discernement de ce qui est important et urgent.

• Luc 6.12-13 : « Il alla sur la montagne pour prier. Et il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand il fit jour, il appela à lui ses disciples. Il en choisit douze. »

Avant un choix, une grande décision, il passe la nuit à prier, sans dormir ! Pourtant il connaît toutes choses, il sait même que Juda le trahira (Luc 6.16). C’est une leçon de dépendance, de vie dans la proximité de Dieu.

Souvent, je fais mes choix seul, puis je demande au Seigneur de les bénir. Il vaudrait mieux, avant de prendre mes décisions, passer du temps avec lui dans la prière pour connaître sa volonté.

• Luc 9. 10-17 : « Il prit les cinq pains et les deux poissons et, regardant vers le ciel, il bénit et les rompit. »

Il accueille une foule immense, en guérit les malades et la nourrit. Il reçoit comme de la part de Dieu les cinq pains et les deux poissons et remercie. Il introduit dans le dénuement des gens les ressources du ciel : « Ils mangèrent et furent tous rassasiés. ».

Rendre grâce à Dieu pour chaque circonstance, recevoir avec gratitude « notre pain quotidien » n’est pas une simple forme. C’est reconnaître la bonté de notre Père et lui ouvrir la porte de notre quotidien. Paul savait le faire, même dans des moments très difficiles et ce fut une source de bénédiction pour ses compagnons de souffrance (Act 27.33-36).

• Luc 9.18-22 : « Comme il était en prière à l’écart, avec ses disciples, il leur posa cette question : Qui suis-je aux dires des hommes ? Ils répondirent : Jean-Baptiste ; les autres, Elie ; les autres, qu’un des anciens prophètes est ressuscité. Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis ? Pierre répondit : Le Christ de Dieu. »

Jésus veut enseigner à ses disciples une vérité importante. Quel est le cœur du dialogue qu’il initie ? Sont-ce les opinions des hommes à son sujet ? Ou la réponse de Pierre : « Tu es le Christ de Dieu » ? Non, en réalité, c’est l’enseignement qu’il leur communique, et qu’ils ne comprennent pas : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup […] qu’il soit mis à mort et qu’il soit ressuscité le troisième jour. » Ils ne sont pas prêts à entendre le vrai motif de sa venue : le Christ (le Messie) va mourir et ressusciter le troisième jour ! D’ailleurs il continuera de les enseigner, encore et chaque jour. Mais avant de communiquer une grande vérité, Jésus prie.

Je désire parler à mon voisin du salut en Jésus Christ. C’est une mission difficile ; que faire d’abord ? Prier ! Je ne suis pas seul, je demande la direction de l’Esprit de Dieu. Seul Dieu produira la vie, par sa Parole et son Esprit. Je ne suis qu’un canal qui doit rester branché à la source. Comment l’être si je ne prie pas ? Paul, ne se contente pas d’exposer la vérité, à l’exemple de son maître il prie (Éph 1.15-23 ; 3.14-21 ; Col 1.9).

• Luc 9.28-31 : « Il prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur la montagne pour prier. Comme il priait, l’apparence de son visage devint tout autre. »

Pendant qu’il prie, il est transfiguré. Seul Luc le précise. Pierre, Jacques et Jean sont les témoins de sa gloire divine. Ils en ont été marqués définitivement. « En effet, ce n’est pas en suivant des fables ingénieusement imaginées que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais parce que nous avons été témoins oculaires de sa majesté. » (2 Pi 1.16-18)

Autrefois, le visage de Moïse rayonnait après avoir parlé avec Dieu (Ex 34.35). Que se passe-t-il quand nous vivons dans la proximité de Dieu ? « Nous tous contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire. » (2 Cor 3.18) Une transformation ! « Nous tous » : ce n’est pas réservé à une élite (comme Moïse et Élie) La communion avec Dieu transforme l’être intérieur, lui apportant paix, joie, douceur : quelque chose de Christ devient visible. C’est un reflet de sa présence. Le but de Dieu, c’est « Christ formé en vous » (Gal 4.19), « Christ en vous, l’espérance de la gloire » (Col 1.27).

• Luc 10.21 : « Jésus se réjouit en esprit et dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants. Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi. »

C’est le retour joyeux des soixante-dix, retour d’une mission bien réussie. Jésus leur montre que l’important n’est pas dans le succès, mais ailleurs : « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. » Lui se réjouit, exprime sa reconnaissance, car Dieu se révèle aux petits, et non à ceux qui ont la prétention du savoir.

Mais le texte parallèle en Mat 11.25 donne un autre éclairage : les villes de Galilée l’ont rejeté par incrédulité. C’est un échec apparent. Et Jésus exprime la même reconnaissance avec les mêmes paroles. Sa joie ne dépend pas des circonstances. Elle est liée à sa relation avec son Père.

Ai-je l’œil exercé pour voir ce que Dieu fait, en toutes circonstances (succès ou échecs) et dans la vie de mes frères et sœurs ? Quelle est la place de la louange et de la reconnaissance dans ma vie ? Être reconnaissant, c’est accepter ses plans, voir son œuvre, l’admirer. « En toutes choses rendez grâces, car telle est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à votre égard. » (1 Thes 5.16)

• Luc 11.1-13 : « Comme Jésus était en prière […] un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier […] — Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié… » Puis Jésus leur raconte l’histoire de l’ami qui vient chercher trois pains à minuit…

Son enseignement sur la prière commence par l’exemple. Puis il leur enseigne le « Notre Père ». Ce n’est pas une prière à réciter sans y penser.

D’abord, quand je prie, je m’adresse à un Dieu vivant, à mon Père, qui m’écoute, m’aime et veut répondre. Est-ce que je mets en place les bonnes priorités : en premier, Dieu et sa gloire, en second mes besoins matériels et spirituels ?

L’exemple de l’ami insiste sur la confiance et la liberté. N’ayons pas peur de déranger, de demander, d’insister : Dieu est le Dieu de toute grâce.

L’enseignement est clair : « Et moi, je vous dis : Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et il vous sera ouvert. » (Luc 11.9)

« Vous n’avez pas parce que vous ne demandez pas. » (Jac 4.2) Demande et fais confiance à la sagesse de ton Père qui te donnera ce qu’il te faut et au bon moment !

• Luc 22.31-32 : « Moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ; et toi, quand tu seras revenu, fortifie tes frères. »

L’intercession du Seigneur a été comme une bouée pour que Pierre ne sombre pas. Il renie le Seigneur, qui meurt. Il n’a pas pu se réconcilier avec lui. Mais il sait que Jésus a prié pour lui. Il lui a dit aussi : « Quand tu seras revenu… » Il y a un espoir, un retour possible.

Chacun a ses difficultés, ses tentations. Aujourd’hui encore, le Seigneur est l’intercesseur de chacun de nous « pour avoir du secours au moment opportun » (Héb 4.16 ; Jean 17.20 ; Rom 8.34 ; 1 Jean 2.1). Paul écrivait : « Frères, priez pour moi… » Prions-nous l’un pour l’autre ? La prière d’intercession rapproche l’un de l’autre. Nous avons besoin des soins réciproques qui rendent concret l’amour de Dieu pour nous.

Un frère de Colombie a raconté : « Un matin, de bonne heure, j’étais en route vers un orphelinat chrétien. Une moto m’a dépassé et son passager a jeté un œuf contre le pare-brise de ma voiture pour m’aveugler. J’ai freiné, et j’ai vu très distinctement le canon d’un révolver braqué sur moi. Mais le coup n’est pas parti. En arrivant à destination, j’ai été accueilli par le frère directeur de l’orphelinat, sur le pas de sa porte. ‘Est-ce que tout va bien ? Ce matin, à sept heures, j’ai été réveillé brusquement, avec le sentiment très fort que vous étiez en danger et que je devais prier pour vous.’ Quand je lui ai raconté l’agression, nous avons pu louer et remercier notre Père ensemble. » Ce frère a conclu : « Si vous pensez très fort à quelqu’un, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, priez pour lui aussitôt. » Peut-être pourrions-nous parfois mettre en pratique ce conseil.

• Luc 22.39-46 : « Et lui s’éloigna d’eux environ d’un jet de pierre, et s’étant mis à genoux, il priait, disant : Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite. »

Gethsémané ! Lui est à genoux, la face contre terre, dans une supplication intense, un combat terrible devant l’horreur des moments à venir, comme celui de l’abandon de Dieu à cause de notre péché ! « Si tu voulais… » : pas d’exigence. « Pas ma volonté, mais la tienne » : dépendance et soumission.

Est-ce que je désire toujours faire la volonté de Dieu ? Je sais que je ne serai jamais abandonné, mais les dangers existent. La prière est la ressource. « Il leur dit : Priez afin que vous n’entriez pas en tentation. » (Luc 22.46)

• Luc 23.33-34 : « Père, pardonne-leur… »

De qui Jésus est-il occupé à cette heure terrible, de lui ou des autres ? Son souci, c’est le pardon de ses tortionnaires, le salut de ses ennemis : « Il a intercédé pour les coupables. » (És 53.12)

Toute sa vie il a donné l’exemple de l’abnégation, du dévouement parfait.

La nuit avant la croix, il dit à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas troublé. » (Jean 14.1) Pourtant à ce moment là, il est lui-même troublé dans son âme et son esprit (Jean 12.27 ; 13.21). Il s’oublie lui même pour s’occuper des siens.

« Christ […] a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces. » (1 Pi 2.21) Je ne pourrai lui ressembler qu’en recherchant le bien des autres.

• Luc 23.46 : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. »

Son dernier souffle est une prière.

À la fin de la vie de quelqu’un, ce qui a fait la trame de sa vie ressort souvent (plainte, colère, gourmandise, etc., — ou bonté, joie, confiance…). Le cœur de la vie du Seigneur Jésus, c’est la prière, expression de sa confiance en son Père. Quel exemple merveilleux !

Un frère africain, aveugle, très âgé, qui avait évangélisé dans les rues de son village en chantant chaque matin, avait l’habitude de dire, avant toute salutation, à tous ceux qu’il rencontrait : « D’abord, cale tes mains. » Et les deux mains jointes, il priait.

***

Rien n’a jamais troublé la relation du Seigneur Jésus avec son Père. Comme lui, approchons-nous de notre Père, avec nos joies et nos peines, nos questions et nos émerveillements, pour le rencontrer, l’écouter aussi, tout partager… Il y a des obstacles : le téléphone, les soucis, les occupations, le manque de temps… Qu’il nous aide à suivre ses traces.


NOTRE CORPS DE RESURRECTION

Le Seigneur Jésus est mort et a été ressuscité.

Comme lui, nous le serons aussi. C’est la volonté de Dieu : « La volonté de mon Père, c’est que quiconque discerne le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

C’est un engagement du Seigneur, qui le répète quatre fois en quelques versets (Jean 6.39, 40, 44, 54).

Certains nient pourtant la résurrection.

Déjà, au temps du Seigneur, les Sadducéens1 n’y croyaient absolument pas ! À Corinthe, cette vérité était contestée. Alors, Paul répond longuement à ces contradicteurs. Parmi les questions posées à ce sujet, on demandait : « Comment ressuscitent les morts, et avec quel corps reviennent-ils ? » (1 Cor 15.35)
C’est légitime de poser des questions, si ce n’est pas par incrédulité mais par désir d’apprendre. Dieu répond à nos interrogations, même si parfois ce sont les questions d’un cœur incrédule. 1 Corinthiens 15.35-58 nous donne quelques réponses.

Comment ressuscitent les morts (v. 35-41) ?

Le Seigneur avait déjà pris dans la nature l’image du grain de blé semé pour parler de sa mort et de sa résurrection (Jean 12.24). Paul utilise la même analogie, mais en fait une application différente. Une graine semée, tout en gardant son identité, sort de terre avec un corps complètement différent : d’un gland pousse un chêne, un grain de blé donne un épi. Ces exemples de transformation, simples à comprendre, démontrent la souveraineté de Dieu : « Dieu lui donne un corps comme il l’a voulu » (v. 38). La création, dans sa diversité, est la marque du doigt de Dieu. Serait-ce différent pour la résurrection du croyant ? Non ! Le corps d’un croyant déposé en terre sortira changé à la résurrection, mais avec son identité. Il existe une grande différence entre le terrestre et le céleste. De plus, les « corps célestes » diffèrent entre eux, de sorte qu’on peut les distinguer. D’après ce texte, nous comprenons qu’entre notre corps terrestre et notre corps céleste existe une immense différence, et que notre corps de résurrection aura une beauté très supérieure à celle de notre corps actuel. Et au ciel, nous ne serons pas tous identiques. Sur la montagne de la transfiguration, Moïse et Élie étaient aussi distincts l’un de l’autre, en tant qu’individus, qu’ils l’avaient été lorsqu’ils vivaient sur la terre (Luc 9.30, 33). Bien sûr, ils n’avaient pas encore leur corps ressuscité définitif, mais ils étaient des êtres célestes distincts.

Avec quel corps (v. 42-50) ?

Certains croient bien à la résurrection, mais pas à celle du corps. Ils pensent à une forme d’existence immatérielle, mais non corporelle. Comment Dieu pourrait-il redonner forme et existence à des corps réduits en poussière depuis des siècles, disparus sans une trace au fond des mers ? Aux Sadducéens, le Seigneur répond : « Vous êtes dans l’erreur, vous ne connaissez pas les Écritures, ni la puissance de Dieu » (Mat 22.29). Un tel miracle est vraiment au pouvoir du Créateur de l’univers !

De plus, aujourd’hui, le corps du croyant est le temple du Saint-Esprit (1 Cor 6.19), ce qui en fait la valeur. C’est une des raisons pour laquelle Dieu lui redonnera vie pour l’éternité. « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels, à cause de son Esprit qui habite en vous » (Rom 8.11).

Paul montre, en effet, l’immense contraste qui existe entre un corps, au moment de sa mise en terre (« il est semé ») et le même corps au moment de la résurrection :

Ensuite, Paul explique les différences entre corps naturel et corps spirituel (v. 45-49) à partir d’Adam, le premier homme, et de Christ, le second homme, le dernier Adam. Ils ont une vie différente : l’un est une âme vivante (il a reçu la vie), l’autre un esprit vivifiant (il donne la vie) (v. 45). Ils se succèdent l’un à l’autre : d’abord celui qui est naturel, ensuite celui qui est spirituel. Ils ont une origine différente : l’un est tiré de la terre, l’autre est venu du ciel. Les deux sont des chefs de race. La conclusion est : « Comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste. » Ainsi, ressuscités, nous aurons un corps de même nature que celui du Seigneur Jésus après sa résurrection.

Il est semé…Il ressuscite…
Corruptible : rapidement il va se décomposer, « retourner à la poussière », quels que soient les traitements de conservation utilisés (cf. Jean 11.39).Incorruptible : pas de décomposition, pas de maladie, pas de mort.
Méprisable ou « en déshonneur » : il n’est plus qu’une enveloppe sans valeur, même si on l’entoure de beaucoup d’apparat.Glorieux ou « en gloire » : pas de trace de la terre, sans péché, sans handicap.
Plein de faiblesse ou « en faiblesse » : si pendant notre vie nous réalisons nos limites et notre faiblesse, que reste-t-il de force humaine, même chez l’homme le plus puissant du monde, à la mort ?Plein de force ou « en puissance » : hors des limites de l’humanité terrestre, sans fatigue ni vieillissement.
Corps naturel : adapté à la vie terrestre, généralement sous le contrôle de l’âme (sentiments, désirs, etc.)Corps spirituel : parfaitement adapté à la vie céleste, sous le contrôle de l’esprit en relation avec Dieu.

Quelles sont les caractéristiques du corps de résurrection du Seigneur Jésus ?

Ce n’est pas un autre corps, sans lien avec le précédent. Le matin de la résurrection, l’ange a roulé la pierre qui fermait l’entrée de la tombe pour que l’on constate qu’elle était vide (Mat 28.2-5). Il n’y reste que les linges bien pliés, mais pas de corps (Jean 20.5-6). Le Seigneur est ressuscité. Il est revenu à la vie dans son corps d’homme, mais un corps changé.

Bien qu’appelé « corps spirituel », il n’est pas immatériel : on peut le toucher et il peut se nourrir (Luc 24.37-42). Mais il répond à des lois physiques différentes. En effet,

– Jésus est sorti du tombeau, encore scellé, avant qu’il ne soit ouvert ;

– il disparaît et apparaît soudainement (Luc 24.31) ;

– il monte aux cieux (Actes 1.9).

Il peut parler et être vu par ceux auxquels il veut se manifester. On le reconnaît. Les disciples ont bien quelques difficultés pour le faire, mais c’est peut-être à cause de leur incrédulité (Luc 24.41). Les disciples d’Emmaüs ne le reconnaissent pas, car « leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître », et non pas parce qu’il était méconnaissable (Luc 24.16). Sans doute n’avait-il plus trace sur son visage de fatigue ni de souffrances. Mais il restait les marques des clous dans ses mains et ses pieds, et la cicatrice du coup de lance dans son côté (Jean 19.34 ; 20.20,27).

Et pour nous, croyants ?

1. Comme nous avons ressemblé à Adam par notre naissance, nous porterons l’image de Christ dans un corps ressuscité (v. 49).

2. Notre corps actuel n’est pas fait pour le royaume de Dieu dans son aspect éternel, céleste (v. 50).

3. Notre corps corruptible, sujet à la maladie, au vieillissement, n’est pas compatible avec un mode de vie sans corruption (v. 50).

4. Nous serons tous changés, soudainement, au moment choisi par Dieu, à la venue du Seigneur pour chercher les siens. Les morts seront ressuscités et ceux qui vivront à ce moment-là seront transformés, et enlevés à la rencontre du Seigneur (v. 51 ; 1 Thes 4.16-18).

5. C’est une nécessité absolue, car « il faut que ce corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce mortel revête l’immortalité » (v. 53).

6. C’est un acte de délivrance et de puissance du Seigneur : « Nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera notre corps d’abaissement en la conformité du corps de sa gloire, en déployant le pouvoir qu’il a de soumettre absolument tout à son autorité » (Phil 3.21).

7. C’est un fait extraordinaire : ce qui est mortel sera absorbé par la vie (2 Cor. 5.4) !

Ce nouveau corps « spirituel » incorruptible, glorieux, plein de force, sera semblable à celui de Jésus ressuscité. Car quand Christ paraîtra, « nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est » (1 Jean 3.2). Nous ne pouvons pas mesurer l’infini de ce changement.

Nos relations dans le ciel

Parfois on pose cette question : « Est-ce que nous nous reconnaîtrons au ciel ? » Nous serons certainement reconnaissables comme le Seigneur l’était, sans trace des infirmités terrestres. L’aveugle verra, puisque nous verrons le Seigneur. Il n’y aura plus de paralysé, de handicap. Ce sera la perfection. Mais notre centre d’intérêt sera le Seigneur. Sera-t-il utile de se reconnaître ? Nos relations seront différentes : « Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts, on ne se marie pas et on n’est pas donné en mariage, mais on est comme des anges dans les cieux. » (Marc 12.25) Notre vision et notre conception des choses seront différentes : « Nous voyons à présent à travers un verre, obscurément, mais alors face à face. À présent je connais en partie, mais alors, je connaîtrai à fond comme aussi j’ai été connu. » (1 Cor. 13.12) Quelle différence, en effet, entre le champ de vision d’une chenille rampant sur le sol et celui du papillon, qu’elle devient, volant de fleur en fleur dans le même jardin. La même rose lui paraît très différente et bien plus belle !

Conclusion

Nous pouvons nous réjouir dans la perspective certaine de la résurrection, moment de notre rencontre avec le Seigneur. Aujourd’hui, c’est le temps de l’attente, mais aussi de l’espérance : « Nous-mêmes aussi qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons intérieurement, attendant l’adoption, la délivrance de notre corps. » (Rom. 8.23) Plusieurs d’entre nous, atteints de maladies ou de handicaps, ressentent certainement plus intensément le besoin de délivrance, mais, pour tous, la promesse du Seigneur va se réaliser. « Que votre cœur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi […] je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14.1-3).

1Les Sadducéens étaient un parti juif, oppose aux Pharisiens. Riches et influents, ils comprenaient une large partie des sacrificateurs. Jésus (Mat 22.22-23) et Paul (Act 23.6-10) eurent maille à partir avec eux.