PROMESSES

Cet article est à l’origine une note de bas de page extraite de la traduction française du livre de L.S. Chafer : Grace . Lewis Sperry Chafer (1871–1952) était un théologien américain, fondateur du Dallas Theological Seminary.

Dans la Bible, 115 passages nous déclarent que le salut sous la grâce ne dépend que du fait de croire, et environ 35 passages nous disent qu’il dépend de la foi, ce qui est la même chose. Partout, les Écritures s’harmonisent sur cet ensemble surabondant de vérités. De zélés serviteurs de Dieu, n’ayant pas suffisamment considéré la portée précise de cette doctrine de la grâce, ont proposé d’ajouter certaines conditions au plan du salut, autres que celles de la foi.

La foi qui sauve…

1. ce n’est pas : « Crois et prie. » Étant donné la grâce, il n’est nullement nécessaire ni même convenable de supplier Dieu de sauver.

2. ce n’est pas : « Crois et confesse ton péché. » La confession du péché, qui est la condition formelle à laquelle un saint peut être restauré dans la communion de Dieu, n’est jamais imposée aux inconvertis. La confession est étrangère au terrain sur lequel ils se tiennent.

3. ce n’est pas : « Crois et confesse Christ devant les hommes. » Cette condition, quoique imposée par Christ dans les enseignements du royaume (Mat 10.32) n’est pas et ne peut pas être une condition de salut sous la grâce. Le passage de Rom 10.91 reçoit son complément final et trouve toute sa force dans les versets 10 et 112 . Là, nous voyons la confession comme expression du salut qui a été reçu par la foi. C’est, avant tout, la voix du nouveau-né en Christ parlant à son Père : « Abba, Père ». Des multitudes ont été sauvées, qui étaient privées de toute occasion de se déclarer publiquement.

4. ce n’est pas : « Crois et sois baptisé. » Marc 16.16 est le seul exemple dans les Écritures où ces deux conditions sont liées. Non seulement le contexte — Marc 16.9-20 — est omis dans les plus anciens manuscrits, mais l’omission du mot « baptisé » dans l’assertion négative, « celui qui ne croira pas sera condamné », prouve que le baptême n’est pas la condition essentielle dans l’assertion positive.

5. ce n’est pas : « Crois et repens-toi. » Environ six fois, ces deux conditions sont conjointes dans les Écritures3 . Ces paroles sont alors adressées à des inconvertis, dans la dispensation actuelle4 , et pour des raisons évidentes. Il faut [en effet] considérer que croire ou avoir la foi sont employés, en dehors du mot repentance, non moins de 150 fois ; l’Évangile de Jean, écrit pour amener les hommes au salut, n’emploie le mot repentance sous aucune forme ; et l’Épître aux Romains, écrite pour exposer toute la doctrine du salut, comme l’Évangile de Jean, ne donnent pas une seule fois la repentance comme condition au salut. Ils ne parlent que de croire. La repentance, qui veut dire « changement d’idée », n’est jamais exclue des conditions du salut ; elle forme, au contraire, une partie essentielle de la foi. Il n’y a pas de raison biblique de dissocier la foi et la repentance et d’y voir, comme certains s’acharnent à le faire, deux obligations distinctes à imposer aux inconvertis. Il est impossible de croire sans se repentir. En croyant, on expérimente ce changement d’attitude qui détourne de tout objet de confiance autre que Christ. Un mal infini a été fait aux âmes auxquelles on a enseigné qu’une repentance qu’on s’impose à soi-même doit précéder la foi en Christ. Une telle insistance met de côté chaque aspect vital de la grâce rédemptrice.

La foi qui sauve est plus qu’une croyance en des faits historiques concernant Christ. C’est s’appuyer sur Christ, c’est dépendre de sa grâce, c’est le recevoir, c’est croire ce que Dieu nous a dit concernant son Fils. En prêchant l’Évangile, l’accent ne devrait pas être mis sur le simple acte humain de croire, mais sur le message précis qui doit être cru.

 

  1. « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. » 
  2. « Car en croyant du cœur, on parvient à la justice, et en confessant de la bouche, on parvient au salut, selon ce que dit l’Écriture : Quiconque croit en lui ne sera point confus.
  3. Cf. Mat 21.31,32 et Marc 1.15 : prédication de Jean-Baptiste ; Luc 24.47 ; Act 2.36-38 ; 20.21 ; 2 Tim 2.25-25.
  4. C’est-à-dire pendant le temps de la grâce

Cet article présente deux extraits (le début et la fin) d’un chapitre du livre L’homme spirituel (1918), du Dr Lewis Sperry Chafer, ancien recteur de la Faculté de Théologie de Dallas (Texas). Le texte que vous lirez est une traduction de l’original, publiée par la Mission Évangélique Belge (7 rue du Moniteur, Bruxelles) à une date non précisée. Le texte a été légèrement modernisé dans son expression. Dans les chapitres précédents, l’auteur a rappelé deux conditions essentielles d’une spiritualité authentique et vraiment biblique : « N’attristez point le Saint-Esprit », et « N’éteignez point l’Esprit ». Le titre de cet article correspond à la troisième condition de réussite spirituelle. Le temps écoulé depuis la rédaction de l’ouvrage de L.S. Chafer n’a en rien entamé son actualité.

« Je dis donc : Marchez par (ou : selon) l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à la chair ; ils sont opposés l’un à l’autre, afin que vous ne fassiez pas ce que vous voudriez. » (Gal 5.16,17)

Que signifie : Marchez selon l’Esprit ?

Plusieurs textes de l’Écriture insistent sur ce principe vital ; mais c’est en Galates 5.16 qu’il est peut-être le plus directement formulé : « Je dis donc : Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. » Ce passage est mieux rendu ainsi : « Mais je dis : Marchez par l’Esprit et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair. » (Version Darby) L’enfant de Dieu n’a en lui-même aucun pouvoir par lequel il puisse entrer dans la « marche selon l’Esprit », la favoriser ou la maintenir.

Ce passage de l’Écriture, s’il est bien interprété, n’impose pas à un chrétien l’impossible exigence d’avoir à accomplir dans sa propre force une « marche selon l’Esprit ». Il révèle plutôt que c’est l’Esprit qui veut animer le chrétien dans cette marche. La responsabilité humaine est celle d’une entière dépendance de l’Esprit. Marcher par l’Esprit, c’est simplement marcher en se confiant dans la capacité et la puissance de l’Esprit qui habite en nous. La même vérité, quoique présentée différemment, est déclarée au verset 18 : « Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi. » En aucune manière, le croyant n’a à conduire ou à diriger le Saint-Esprit. Mais il peut dépendre de l’Esprit, et en ceci réside exactement sa responsabilité, telle qu’elle est révélée dans ce passage.

La troisième condition de la vraie spiritualité est donc une confiance ininterrompue en l’Esprit pour qu’il fasse ce qu’il est venu faire et que lui seul peut faire. Le Père a pourvu à ce que le péché puisse être tenu en échec (empêché) dans la vie de son enfant. Les résultats de l’entrée en scène de cette ressource divine sont au-delà de notre capacité d’estimation : « Vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. »

C’est souvent le commencement d’un jour nouveau dans la vie d’un chrétien quand il croit réellement et écoute assez la Parole de Dieu pour devenir conscient de ses propres limites, et qu’il considère sérieusement la révélation exacte de ce qu’il peut ou ne peut pas faire lui-même, et de ce que l’Esprit qui habite en lui est venu faire. Il est rare que nous essayions d’accomplir le travail que nous avons engagé un autre à faire. Nous nous reposons naturellement sur la personne que nous avons engagée pour faire ce travail. Avons-nous jamais appris à dépendre de l’Esprit pour quelque chose ? Comptons-nous d’une manière intelligente sur l’Esprit pour entreprendre les ouvres particulières que, selon les Écritures, il est mandaté à accomplir ? Croyons-nous vraiment que nous sommes absolument aussi impuissants que sa Parole le déclare ? Croyons-nous réellement qu’il est capable d’achever chaque tâche que nous ne pouvons pas accomplir, et qu’il attend pour le faire ? Ayant commencé par l’Esprit, en ce qui touche à l’ouvre de Dieu dans l’accomplissement de notre salut, allons-nous maintenant être rendus parfaits par la chair ? (Gal 3.3) En face des difficultés insurmontables d’une vie chrétienne normale, vivons-nous d’une manière consciente sur le principe des ouvres ou sur le principe de la foi ? La Bible déclare expressément que le croyant est établi sur le principe de la foi, s’il est réellement dans le plan de Dieu pour sa vie journalière. Ces enseignements simples se trouvent sur les pages du livre de Dieu, et un chrétien attentif ne peut guère éviter de les découvrir.

Une qualité de vie qui honore Dieu, voilà le constant objectif divin dans la vie journalière du croyant. Une telle qualité ne pourra jamais être atteinte par les résolutions ou par les efforts humains, non plus que par les ressources de la chair : c’est en combattant « le bon combat de la foi » (1 Tim 6.12). Il y a une grande différence entre « combattre » pour accomplir ce que Dieu seul peut faire, et « combattre » pour maintenir une attitude de dépendance vis-à-vis de lui pour faire ce que lui seul peut faire. L’enfant de Dieu a une responsabilité qui l’engage pleinement à continuer à vivre dans une attitude de confiance en l’Esprit. C’est ici le point qui réclame son attention constante. C’est ici la tâche divine qui lui est assignée et son domaine de coopération aux puissantes entreprises de Dieu. Le mécanicien d’une locomotive n’arrivera pas à grand-chose en poussant son lourd convoi. Il n’est pas destiné à un tel service. Son utilité réelle commence quand il prend sa place aux commandes. Le conflit capital dans la vie du croyant consiste à maintenir une constante attitude de confiance en l’Esprit. Ainsi, et seulement ainsi, l’Esprit peut posséder et vivifier chacune des facultés de l’homme, ses émotions et ses décisions.

C’est, sous tous les angles, sa propre vie chrétienne que le chrétien est appelé à vivre, et il n’a pas conscience de faire usage d’autre chose que de ses propres facultés ; mais celles-ci seront revêtues de puissance par l’Esprit comme elles ne pourraient pas l’être autrement. L’action de l’Esprit ne met nullement de côté les fonctions normales de l’âme et de l’esprit humain. Il agit jusqu’à accorderla plénitude de puissance qui correspond à l’accomplissement de la volonté bénie de Dieu. « Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. » « La victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi » (1 Jean 5.4).

Le rationalisme est directement opposé à la foi. Certains raisonneurs s’insurgent contre l’enseignement du salut par la foi seule. Ils se révoltent, soit parce qu’ils ne connaissent pas, ou ne croient pas la Parole de Dieu. D’autres, pareillement, s’insurgent contre l’enseignement de la possibilité, par la foi seule, d’une victoire constante dans la vie journalière du croyant. Ceci également vient de ce qu’ils ne connaissent pas ou ne croient pas les Écritures. La doctrine traitant de la sainteté produite par Dieu dans notre vie ne s’appuie pas sur un ou deux textes seulement. C’est l’un des grands thèmes, si ce n’est le thème capital des épîtres ; car non seulement cette doctrine est enseignée à longueur de textes, mais chaque exhortation adressée au chrétien est basée sur les principes exacts révélés dans cette doctrine. Elle constitue un des éléments les plus vitaux dans les provisions de grâce qui caractérisent le temps de l’Église.

[L’auteur s’attache ensuite à démontrer qu’il y a au moins trois bonnes raisons de se confier sans réserve au Saint-Esprit :
– les idéaux terrestres sont incompatibles avec l’inaccessible idéal céleste ;
– l’ennemi des croyants gouverne le monde ;
– notre nature adamique, active jusqu’au jour de notre mort physique, est incorrigible.
Pour une bonne compréhension de l’ouvre du Saint-Esprit, L. S. Chafer s’attache à définir les termes de la « chair » (en grec : sarx), du « vieil homme » (en grec : palaios anthropos) et du « péché » (en grec : hamartia). Il commente ensuite longuement les divers aspects de la participation du croyant à la mort de Christ (cf Rom 6.1-11) et de sa vie victorieuse en lui. Ce qui suit clôt ce chapitre.]

Qu’est-ce que la spiritualité ?

La troisième condition à remplir par un chrétien pour être spirituel, c’est donc de mettre une confiance déterminée en l’Esprit, ce qui est une « marche par (le moyen de) l’Esprit ». Une telle confiance en l’Esprit est absolument nécessaire, car sans elle marcher d’une manière digne de la vocation céleste devient une impossibilité. C’est la seule arme efficace contre la puissance adverse de Satan et la présence continue, dans le croyant, de la « chair » avec sa nature adamique. Nous ne pouvons nous acquitter aujourd’hui des responsabilités de demain. C’est pas à pas que notre marche doit se faire et cela demande une appropriation constante de la puissance de Dieu. La vie chrétienne n’est jamais comparable à une ascension en ballon dans laquelle nous pourrions nous élever une fois pour toutes et n’avoir plus aucun trouble ni aucune tentation. C’est une « marche », une « course », un « combat ». Toutes ces expressions parlent de continuation. Le combat de la foi est celui de la confiance continue au Saint-Esprit. Pour ceux qui marchent ainsi avec Dieu, il y a une porte ouverte vers la « communion… avec le Père et avec son Fils » (1 Jean 1.3), vers une vie féconde et un service qui soit une manifestation spirituelle à la gloire de Dieu.

Qu’est-ce donc que la vraie spiritualité ? C’est la manifestation non entravée de l’Esprit habitant le croyant. Il y en a plusieurs signes (cf Gal 5.22-25). Ces réalités bénies sont toutes possibles par le fait de la présence et de la puissance de l’Esprit, et seront produites normalement par l’Esprit dans le chrétien qui n’attriste point l’Esprit, mais a confessé tout péché connu, qui n’éteint pas l’Esprit, mais est livré à Dieu, et qui marche par l’Esprit dans une attitude de dépendance de sa puissance seule. Un tel homme est spirituel parce qu’il est rempli de l’Esprit. L’Esprit est libre d’accomplir en lui tout le dessein et le désir de Dieu pour lui. On ne peut rien désirer de plus grand, de plus beau que cela dans la vie et le service de chaque jour. « Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Cor 15.57)