PROMESSES

Comment réussir à défendre notre foi chrétienne de manière pertinente et adaptée à notre auditoire ? On se voit proposer des « masterclass » partout sur internet ; le principe est simple : un expert dans une discipline nous partage son art et son expérience, dans le but de nous inspirer à sa suite. L’apôtre Paul est assurément un maître en matière d’apologétique. Son discours devant les Athéniens en Actes 17 reste la masterclass la plus inspirante qu’il nous ait laissée. Il réussit à établir un lien avec son public sans diluer la vérité, et à présenter l’Évangile sans abandonner la raison. Parcourons ce discours en essayant de tirer de chaque argument quelques clés applicables à l’évangélisation dans notre contexte.

Pont culturel, religieux ou philosophique (v. 22-23, 28b)

Paul commence par s’intéresser à la culture et à la religion des Athéniens avant de leur témoigner sa foi. Il est d’abord choqué par leur idolâtrie (v. 16) et ne minimise pas sa gravité. Pour autant, il commence son discours à l’Aréopage en soulignant un point positif : ils sont très religieux ! Il mentionne avoir vu un de leurs autels
dédié « Au Dieu inconnu ». Par un coup de maître, il leur déclare que c’est précisément ce Dieu qu’il vient leur faire connaître ! Il cite ensuite un de leurs philosophes (v. 28), reconnaissant ainsi certaines valeurs dans leur vision du monde. Paul réussit ainsi à créer le lien avec ses auditeurs.
Il est primordial de rechercher le bien de celui à qui l’on s’apprête à témoigner de notre foi. Cet amour pour notre prochain devrait nous pousser à essayer de nous mettre à sa place. Il faut donc s’intéresser à son arrière-plan philosophique ou culturel. Quels sont les raisonnements qui peuvent l’empêcher de croire et comment peut-on l’aider à « renverser [ses] forteresses » intellectuelles ou spirituelles ? (2 Cor 10.4) Si je m’adresse à un athée, à un musulman ou à un bouddhiste, le moyen utilisé pour l’aider à « abaisser le pont levis » de son château cognitif ne sera pas le même.

Dieu créateur et cause première (v. 24-26)

L’apôtre des Gentils (non-Juifs) va ensuite décrire ce dieu inconnu aux Athéniens. Il le présente comme le Créateur du monde. Contrairement à leurs dieux, il est complètement autonome et transcendant sur sa création.
On peut avoir vite fait de sauter au message du salut sans avoir expliqué le rapport de Dieu avec notre terre et l’humanité, mais le message risque d’être bancal. Notre explication de l’origine du monde est pourtant bien plus raisonnable que les visions alternatives athées par exemple. Richard Dawkins et Stephen Hawking, deux célèbres scientifiques connus pour leur athéisme militant, ont déclaré qu’ils croyaient que l’univers pouvait s’être créé spontanément à partir du néant. La génération spontanée n’a jamais été constatée pour la moindre molécule ; affirmer alors que l’ensemble de l’univers soit le fruit de « rien » ressemble à un suicide intellectuel. A contrario, la nécessité d’une cause première semble s’imposer par le fait que l’univers n’est pas éternel. L’existence d’un être « nécessaire », éternel et immatériel ayant créé l’univers semble l’hypothèse la plus simple et intuitive. N’importe quel touriste qui regarde la Sagrada Familia 1 sait qu’un architecte de génie l’a d’abord pensée. À plus forte raison, la complexité et la beauté du monde révèlent le divin architecte (Rom 1.20).

Dieu accessible et relationnel (v. 27-28a)

Après avoir présenté un Dieu transcendant, Paul n’en reste pas à une vision déiste du monde qui plaît parfois aux philosophes. Il montre combien Dieu s’intéresse à sa créature et cherche à avoir une relation avec l’homme. Ce Dieu délicat n’impose pas la relation mais a laissé assez de preuves pour se laisser trouver.
Nous n’avons pas qu’une théorie à présenter aux personnes à qui nous annonçons la bonne nouvelle. Si nous sommes « de la race » de Dieu, faits à son image, nous pouvons mettre au défi nos contemporains de lui demander de se révéler à eux !
Jésus a promis que « celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe » (Mat 7.8). Il ne manquera donc pas de se révéler à toute personne qui le lui demande sincèrement.

Réfutation logique de la position adverse (v. 29)

Une fois que le lien est établi avec l’auditeur, et que les fondements de la vision chrétienne du monde sont posés, Paul juge bon de réfuter logiquement le polythéisme des Athéniens.
Le pont culturel permet à notre interlocuteur d’abaisser de manière pacifique le pont levis de sa forteresse mentale. Après l’avoir franchi, sans utiliser de bélier qui serait contre-productif, il peut s’avérer nécessaire d’inspecter la tour du château. On peut montrer que ses fondations sont instables, comme celles de la tour de Pise. Il faut alors se concentrer sur les points susceptibles de freiner notre auditeur dans sa recherche de la vérité. Le but de l’échange n’est pas de casser la tour nous-même, mais de l’amener logiquement à reconsidérer l’aspect bancal de l’échafaudage de sa vision du monde. Ici encore, notre compréhension et notre réel intérêt pour la position adverse permettront de ne pas la caricaturer. Nous serons alors plus pertinents pour aider la personne à prendre du recul.

Une morale et une justice objectives (v. 30-31a)

Enfin, Paul se dirige vers le cœur de l’Évangile. Il montre que tous les hommes ont un problème avec le péché, qui nécessitera un jour le jugement de Dieu. Les hommes doivent se repentir et mettre leur confiance dans « l’homme qu’Il a désigné ».
Les Athéniens ne semblent pas trop perturbés par cette notion de repentance. Leur conscience, mise dans le cœur de tous les hommes par Dieu, les accuse certainement (Rom 2.15). Faire prendre conscience à l’autre qu’il est sous l’emprise de son péché, comme nous-mêmes, est un défi majeur de l’évangélisation. Réussir à le faire sans se positionner soi-même en juge, mais comme étant sous le même jugement, est une des clés pour ce faire.
L’argument de l’objectivité de la morale est aussi une preuve de l’existence de Dieu particulièrement intéressante pour nos contemporains. Dostoïevski a dit justement : « Sans Dieu, tout est permis. » 2 Des athées célèbres comme Nietzsche et Sartre ont repris à leur compte cette idée. En effet, il est logique de reconnaître que sans grand Arbitre, et sans « mètre étalon », la morale est affaire de subjectivité. Chaque individu devient sa propre référence. Comment mon voisin ou même l’État pourrait alors me dire ce qui est bien ? On voit bien que l’athéisme cohérent devrait pousser à une société sans norme morale, où règne la loi du plus fort. Heureusement, la plupart des athées ne sont pas cohérents sur ce point. Il n’en demeure pas moins que l’on peut questionner les gens sur la légitimité de l’éthique à géométrie variable de la société, qui évolue au gré des envies du peuple ou des dirigeants.

Une foi testable et historique (v. 31b)

Le discours se termine abruptement lorsque Paul affirme que Dieu a donné la « preuve certaine » de l’identité et de la mission de Jésus en le ressuscitant. La résurrection peut sembler irrationnelle d’un premier abord, c’est pourquoi la plupart des Athéniens arrêtent d’écouter et se moquent.
Si l’apôtre le plus habile en parole a été confronté à ce genre de réaction, attendons-nous à y faire face aussi. Pourtant, il n’y a rien d’irrationnel à croire dans la résurrection. S’il existe un Dieu créateur, il n’y a rien d’illogique au fait qu’il puisse suspendre les lois qu’il a lui-même décrétées. C.S Lewis a très bien défendu rationnellement ce point dans son livre Miracles. De plus, les théories imaginées par les historiens athées pour essayer de contourner la résurrection de Jésus ont un degré de probabilité quasi nul. L’hypothèse de l’hallucination collective des disciples n’est pas tenable  : les médecins décrivent le phénomène d’hallucination comme étant individuel. Des centaines de personnes ne peuvent décrire la même hallucination avec des détails si précis. Même des opposants à Christ comme Paul ont vu Jésus ressuscité, alors que ça ne les arrangeait pas ! L’hypothèse d’un mensonge des disciples n’a pas de sens non plus : les chrétiens ne se seraient pas laissé persécuter et tuer dès le commencement de l’Église pour un mensonge inventé consciemment ! 3

Les fruits du discours (v. 34)

Comme Paul, nous devons être prêts à défendre notre espérance (1 Pi 3.15). Si ce discours magistral semble avoir eu moins d’impact que celui de Pierre en Actes 2, il a quand même convaincu plusieurs personnes, dont Denys un responsable de l’aréopage qui avait dû entendre toutes les écoles de pensées de l’époque.
Comme l’apôtre, faisons tous nos efforts pour que notre message soit délivré de manière fidèle et adaptée à l’auditeur. Les résultats ne nous appartiennent pas, Dieu poursuivra le travail dans les cœurs.

  1. Une célèbre basilique de Barcelone dont l’architecte est Antoni Gaudi.
  2. Paroles condensées de Mitia (Dimitri) dans Les frères Karamazov de Dostoïevski, 4 e  partie, Livre XI, chapitre 4.
  3. Voir Lee Strobel, Jésus l’enquête, Vida, 2015, pour plus d’arguments sur l’historicité de la mort et de la résurrection de Jésus.

Écrit par


L’amour et la justice peuvent paraître incompatibles.
L’huile et l’eau ne se mélangent pas ; en va-t-il de même pour ces deux attributs divins ? Les fautes innombrables de chaque être humain le condamnent devant le  juste Juge. Mais nous tenterons de montrer que dans son amour infini, Dieu n’exclut aucun homme de son plan de salut. Car « là où le péché a abondé, la grâce a  surabondé » (Rom 5.20).

On entend parfois certains chrétiens dire : « Dieu serait parfaitement juste s’il laissait tous les hommes aller en enfer. »
On ne peut qu’acquiescer à cette affirmation d’après la Bible. En effet, « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom 3.23). Après la chute d’Adam et Ève, le péché a tellement souillé l’humanité que le Dieu très saint aurait pu l’éradiquer totalement.
Cependant, cette première affirmation est souvent citée dans le but d’en faire accepter une seconde : « Dieu est donc plein de grâce (ou d’amour) en sélectionnant certains humains pour les sauver tout en laissant les autres à leur funeste destinée 4 . » Dieu choisirait certains (les élus) et communiquerait son salut à eux seuls, et déciderait de laisser les autres dans leur état.
La seconde affirmation est un non sequitur, c’est-à-dire qu’elle n’est pas la conclusion logique de la première proposition. La première affirmation parle de la justice de Dieu et la seconde de la grâce de Dieu. Ce sont deux points différents, et les deux propositions doivent être démontrées par la Bible.
Que nous dit donc la Bible sur la grâce et l’amour de Dieu ? L’amour divin est-il limité à un certain nombre d’humains ?
La réponse à ces questions peut avoir un grand impact sur notre vie de foi et sur la manière dont nous allons annoncer à tous la bonne nouvelle du salut.

Le choix divin

Le chapitre 9 de l’Épître aux Romains pourrait laisser penser que Dieu a sélectionné un certain nombre d’individus pour le salut. Nous ne pouvons en faire une étude détaillée ici 5. , mais nous estimons que l’objectif de Paul dans ce chapitre va précisément à l’inverse de cette position. Ce chapitre est centré sur le rôle d’Israël, du premier au dernier verset.
D’ailleurs, les chapitres 9, 10 et 11 de Romains pourraient être titrés : le passé, le présent et l’avenir d’Israël.
Certaines expressions du chapitre 9 peuvent sembler choquantes à première vue, mais si l’on comprend l’objectif de Paul, tout s’éclaire. Il montre d’abord que les promesses et l’élection d’Israël ne pouvaient échouer. En choisissant ce peuple, Dieu avait le salut du monde entier en vue puisque le Christ devait sortir d’Israël (Rom 9.5) ! Il ne faudra donc pas mélanger ici l’élection d’Israël (comme peuple) et celle du chrétien (comme individu).

Israël s’est endurci et a rejeté son propre Messie. Mais Paul déclare que cela n’a pas fait échouer la promesse ! Dieu s’est servi de ce peuple rebelle, il l’a même enfermé momentanément dans son endurcissement pour se servir de lui. Dieu a tourné leur mal en bien, pour le salut du monde. Dieu avait de la même manière utilisé l’endurcissement de Pharaon pour libérer son peuple (Rom 9.17).
Paul déclare fermement : « Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. Tu me diras : Pourquoi blâme-t-il encore ? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté ? » (Rom 9.18-19) On pourrait alors être tenté d’approuver cette affirmation : « Vous voyez, Dieu choisit qui il veut sauver ! Alors qui êtes-vous pour le blâmer d’agir ainsi ? »

Mais il n’est pas question de salut dans ce passage. Paul continue son raisonnement en expliquant la chute d’Israël. Le contradicteur de Paul qui pose des questions au verset 19, c’est un Juif. Ce Juif reproche à Dieu de l’écarter au profit de gens des nations ! Lui, le fils d’Abraham, mérite le salut car il appartient au peuple élu ! Dieu n’a pas le droit de faire miséricorde à ces chiens des nations ! C’est aussi dans ce sens que Paul conclut son texte (Rom 9.29-33).

Sorti de son contexte, le verset 18 pourrait faire croire que Dieu restreint son salut à quelques élus choisis de manière mystérieuse. Paul dit ici tout le contraire : Dieu choisit d’endurcir un peuple élu mais rebelle, afin d’étendre son salut à toutes les nations ! Romains 9 ne décrit pas une restriction du salut à quelques hommes, mais une ouverture du salut à tous ceux qui l’acceptent par la foi (Rom 9.31). Et en effet, personne ne peut le blâmer pour ce choix souverain !

L’amour de Dieu pour tous

Imaginons un père très riche qui aurait trois enfants. Ces derniers complotent pour lui voler son argent et s’enfuir dans un pays étranger. Si le père retrouve leur adresse et offre le pardon à son préféré, mais pas aux deux autres qu’il dénonce à la police, il ne commettrait pas d’injustice vis-à-vis de la loi.
Néanmoins, serait-il pleinement « amour » de n’en choisir qu’un pour être réconcilié avec lui ? Ne serait-ce pas là une attitude partiale ?

Dans cet exemple, Dieu, représenté par le père, ne voudrait sauver que certains hommes. Or, Jésus nous exhorte à aimer et à bénir nos ennemis sans exception (Mat 5.44). Il serait très étonnant que Jésus nous demande de faire une chose que le Père ne ferait pas lui-même.

Il y a bien une forme de l’amour divin qui s’étend à tous les hommes. Cette « grâce commune » dispense à tous des bienfaits terrestres donnés par Dieu (comme le soleil et la pluie, Mat 5.45). En ce qui concerne le salut en revanche, la foi ne serait donnée par Dieu qu’à certains (par un « appel irrésistible »).

Mais l’amour de Dieu pour tous les hommes va bien au-delà ; il est décrit en des termes bien plus forts que le seul amour providentiel de Dieu. Paul nous exhorte à « comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance » (Éph 3.18-19). Avec ses quatre dimensions, comme l’espace-temps, cet amour ne peut qu’englober l’humanité entière, en tout lieu et en tout temps. Beaucoup de versets l’affirment 6 comme 1 Tim 4.10, où Paul dit même clairement que Dieu est le « Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants ». L’amour de Dieu, qui le pousse à vouloir sauver les hommes, ne s’étend donc pas qu’aux élus (ceux qui ont foi en Christ) : il est bien disponible pour tous.

L’amour véritable nécessite une absence de contrainte entre les deux parties, ce qui implique un risque de rejet. Dieu « prend le risque » de nous aimer tous, quitte à se faire rejeter par certains. Cela peut paraître peu glorieux à quelques-uns. Dieu n’est-il pas un roi souverain ? Se laisserait-il marcher sur les pieds ainsi ? La Bible semble plutôt montrer que la plus grande gloire de Dieu est associée à son abaissement jusqu’à nous en la personne de son Fils.
C’est tout le message biblique qui nous présente un Dieu qui ne s’impose pas mais qui souhaite que tous les hommes « s’efforcent de le trouver en tâtonnant, bien qu’il ne soit pas loin de chacun de nous » (Act 17.27).

C’est son libre choix d’offrir son salut à quiconque lorsqu’il dit : « Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne de l’eau de la vie, gratuitement. » (Apoc 22.17)

Un amour universel, un salut conditionnel

Mais alors, pourquoi certains ne sont finalement pas sauvés ? Tout simplement parce qu’ils ne veulent pas emprunter le chemin du salut dans les termes souverainement décrétés par Dieu. Ce chemin passe par la repentance. Malheureusement, ceci ne plaît pas à l’homme qui se croit juste par lui-même.
Même les pharisiens endurcis étaient appelés à se convertir : « Et tout le peuple qui l’a entendu et même les publicains ont justifié Dieu, en se faisant baptiser du baptême de Jean ; mais les pharisiens et les docteurs de la loi, en ne se faisant pas baptiser par lui, ont rendu nul à leur égard le dessein de Dieu. » (Luc 7.29-30) Ces derniers n’étaient pas mis à l’écart par Dieu. Ils se sont écartés du plan de Dieu pour leur salut à cause de leur orgueil, en rejetant le baptême de la repentance proposé par Jean.
Concernant le motif du jugement éternel de certains hommes, Jésus est très clair : ce qui condamne les hommes, c’est leur rejet de la foi en lui :
• « Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Celui qui croit en lui n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » (Jean 3.17-18)
• « Si je n’étais pas venu et que je ne leur aie point parlé, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant ils n’ont aucune excuse de leur péché. » (Jean 15.22)

Si certains iront en enfer, d’après Jésus lui-même, ce n’est pas en raison d’un décret divin, ni de leur nature pécheresse héritée d’Adam. Pour cela, même s’ils sont responsables de leurs actes, ils sont aussi des victimes de leur mauvaise nature (Rom 7). Leur incapacité à se conformer à la Loi de Dieu a été démontrée, ils sont esclaves du péché. C’est pourquoi Dieu dans sa grâce, a donné le salut sur la base de la foi (opposée aux œuvres par définition). La faute vraiment impardonnable pour Jésus est donc de ne pas croire en lui, de refuser son témoignage et son œuvre, de rejeter le pardon qu’il a si chèrement acquis ! Reconnaître simplement que l’on n’arrive pas à être juste par soi-même, lorsque le Saint-Esprit et notre expérience nous le montrent, voilà qui est à notre portée !

La foi n’est donc pas communiquée aux élus seuls par un décret divin car cela reviendrait à dire que Dieu jugerait les hommes coupables de ne pas accepter la foi… sans leur en communiquer la capacité. Cela semble incohérent.

On pourrait objecter que la foi est présentée dans certains versets comme un don de Dieu, comme une grâce (Phil 1.29 par exemple). C’est vrai, mais comme un cadeau, on peut l’accepter ou le refuser.
Nous prions Dieu pour qu’il nous « donne » le pain de chaque jour, et pourtant nous travaillons pour le gagner. De même, en matière de foi, Dieu a choisi de répartir les responsabilités. Dieu a préparé le salut en Jésus au moyen de la foi, c’est lui qui équipe des chrétiens pour annoncer sa Parole au monde, et c’est aussi lui qui travaille dans les cœurs. Ne rejetons pas son plan d’amour, mais plaçons notre confiance en lui.

* * *

Dieu est juste, il pourrait nous envoyer tous en enfer sans remède ; mais Dieu est amour et ne laisse personne sur le bord du chemin, « ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance » (2 Pi 3.9).
Nous pouvons donc partager le message du salut avec assurance, sachant que cette offre divine est réellement disponible pour chaque être humain qui se repent.
« Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils ont à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné. » (Act 17.30-31)

 

  1. Cette affirmation est parfois appelée « la double prédestination ». Cette expression provient de l’Institution de la religion chrétienne, Jean Calvin ; livre 3, chapitre 21 : « De l’élection éternelle : par laquelle Dieu en a prédestiné les uns à salut, et les autres à condamnation. »
  2. Pour une étude détaillée sous cet angle, voir Leighton Flowers, La Promesse du potier.
  3. ean 3.16 ; 4.42 ; 1 Tim 2.4, etc.

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« Car le Fils de Dieu, Jésus-Christ, qui a été prêché par nous au milieu de vous, par moi, par Silvain, et par Timothée, n’a pas été oui et non, mais en lui, il n’y a que oui. » (2 Cor 1.19)

En lisant la Bible attentivement, il peut arriver d’être frappé par un texte qui nous semble contredire un autre passage. Selon nos présupposés sur la nature des Écritures, deux options se présentent alors à nous :
• Si l’on pense que la Bible peut contenir des erreurs, on s’empressera de pointer du doigt l’incohérence du texte. Cette attitude face à la révélation nous vient principalement de la « haute critique », c’est-à-dire des théologiens libéraux et rationalistes qui se sont multipliés au XIX e siècle.
• Si l’on croit que la Bible est une révélation complète d’un Dieu qui ne se contredit pas, on va alors essayer de trouver des explications possibles à cette contradiction apparente. De nombreux théologiens érudits ont heureusement gardé cette démarche de foi, et pu trouver des raisons permettant d’expliquer la grande majorité de ces difficultés. C’est notamment le cas de l’équipe de théologiens réunie par Frédéric Godet pour rédiger sa Bible Annotée (terminée en 1900). Ce commentaire répond à bien des problématiques soulevées par les libéraux. Plus récemment, l’Encyclopédie des difficultés bibliques d’Alfred Kuen a répondu aussi à beaucoup de ces incohérences supposées.

Nous croyons que la Bible est fiable dans chacune de ses parties et que ses auteurs inspirés ne se sont pas contredits (cf. verset d’en-tête).
Lorsque nous rencontrons une contradiction apparente, quelles questions se poser pour réussir à résoudre cette tension ?

1. Le contexte immédiat du chapitre éclaire-t-il cette difficulté ?

Par respect pour le travail d’un auteur, il ne faudrait pas penser qu’il dit tout et son contraire à la moindre incompréhension. Par exemple, en Jean 1.11, il est écrit que personne n’a accueilli la lumière, mais c’est une généralité tout de suite nuancée par Jean 1.12 qui reconnaît qu’une minorité l’a acceptée.
De la même manière, Jean dit que Jésus baptisait en Jean 3.22, mais précise en Jean 4.2 que c’était en fait ses disciples qui baptisaient. Ils le faisaient pour le compte de Jésus, d’où le raccourci de langage utilisé au chapitre précédent.

2. L’objectif de l’auteur et son auditoire nous aident-ils ?

Romains 4.1-8 et Jacques 2.14-26 semblent à première vue irréconciliables sur la place de la foi et des œuvres pour le chrétien. La difficulté est résolue par l’analyse de l’objectif des auteurs en fonction de leur auditoire respectif. Les mêmes mots, utilisés par les deux auteurs dans des contextes différents, n’ont donc pas le même  sens. Paul méprise les œuvres (mortes) sans la foi. Il cherche à décourager ceux qui se croient justifiés par leurs bonnes œuvres. Jacques méprise la foi (morte) sans les œuvres. Il tente de réveiller les pseudo-croyants laxistes. Paul et Jacques sont d’accord pour dire que nos propres œuvres de justice (ou œuvres de la loi) ne nous sauvent pas. C’est la foi vivante et agissante seule qui sauve. Les œuvres doivent découler de notre foi et sont un signe de notre réelle transformation, mais ne nous font pas mériter le ciel.

3. Un autre passage biblique donne-t-il une précision utile ?

Cette question doit nous pousser à utiliser un principe d’interprétation très important qui est parfois appelé « l’analogie de la foi ». Cela consiste simplement à confronter le texte difficile à d’autres passages bibliques, potentiellement plus clairs.
Ainsi, pour finir de clarifier l’exemple précédent, la tension entre la place de la foi et les œuvres est clairement résolue en Éphésiens 2.8-10 : « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu.
Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions. »

4. Le style de l’auteur apporte- t-il un éclairage particulier ?

Le style de Jean est connu pour être très contrasté, avec un vocabulaire limité et très imagé ; les nuances se font donc en conservant la vue d’ensemble. Attention donc au « cherry picking » (« picorage ») qui consiste à présenter des faits (ou certains versets sélectionnés) qui donnent du crédit à une opinion en passant sous silence les cas qui la contredisent.

5. Le genre littéraire nous donne-t-il une information utile ?

Par exemple, on ne peut pas donner à une parabole autant de poids qu’à un enseignement didactique.
Une parabole vise souvent une idée principale ; l’extrapolation de l’image sur d’autres thèmes peut induire en erreur. C’est le cas pour la parabole de l’économe infidèle en Luc 16.1-9 où l’on pourrait croire que Jésus donne en exemple la tromperie du serviteur. Or ce n’est pas sur ce point que Jésus dirige nos regards dans la « morale » finale qu’il donne à la parabole. Il nous incite à dépenser l’argent que Dieu nous a confié de manière sage pour l’investir dans le royaume éternel.
De même, les proverbes sont des vérités générales qui doivent faire réfléchir le lecteur. Mais cette vérité doit être appliquée avec sagesse au contexte de la situation pratique. Cela permet d’expliquer des contradictions apparentes comme celle de la réponse à donner à « l’insensé » (versets 4 et 5 de Proverbes 26).

6. Une traduction plus précise peut-elle éclaircir le sens ?

Selon 1 Jean 1.8, celui qui dit qu’il « n’a pas de péché » (traduction littérale) est un menteur. 1 Jean 3.9 déclare : celui qui est de Dieu ne « pratique pas le péché » (traduction littérale). Ce vocabulaire traduit une différence entre la pratique assumée du péché et la chute occasionnelle possible du chrétien.
Certaines versions donneront donc l’impression d’une contradiction, alors qu’elle est résolue par une traduction plus littérale.

7. La place au sein de la révélation progressive peut-elle aider ?

Les auteurs bibliques assument le fait que la révélation divine soit progressive. En particulier, les auteurs du N.T. prennent donc le temps de justifier les différences entre l’ère de la Loi, donnée par Moïse et l’ère de la grâce, venue par Jésus Christ (Jean 1.17).
Ainsi, manger du porc est interdit dans l’A.T. (Lév 11) mais clairement autorisé et justifié par les apôtres dans le N.T. (1 Cor 10.23). Pour autant, les commandements de l’A.T. concernant l’éthique sexuelle sont répétés dans le N.T. (1 Cor 6.9-11, etc.) : on ne peut donc pas les minimiser.

8. Y a-t-il plus de passages qui semblent dire l’inverse ?

Avec un verset isolé, on peut imaginer beaucoup d’interprétations possibles, mais avec 10 versets sur le même sujet, l’interprétation devient plus solide. Ainsi, certains affirment que Dieu voudrait avant tout notre prospérité matérielle et physique, principalement par une lecture orientée de certains passages de l’A.T. (És 3.10 ; Prov 13.25). Cependant, énormément de passages nous montrent que la prospérité physique et matérielle n’est pas la règle pour le fidèle (Ecc 9.2 ; És 57.1 ; Act 3.6 ; Phil 4.12 ; 2 Cor 8.2, etc.). Dieu promet plutôt de le soutenir au travers des souffrances (Ps 34.19 ; Rom 8.18 ; 2 Cor 1.5-7 ; 1 Pi 5.9).

9. Cette contradiction apparente est-elle due aux limites de la logique humaine ?

Jésus se décrit souvent comme le Fils de l’homme. Il assume sa pleine humanité mais aussi sa pleine divinité car il ne reprend pas ses disciples qui disent avec Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20.28) Cette contradiction apparente de l’incarnation d’un Dieu infini dans les limites de l’humanité doit être acceptée avec humilité.
C’est une réalité divine qui nous dépasse et la Bible affirme avec force les deux natures de Jésus.
Pour autant, la doctrine de la trinité nous aide à percevoir que cela n’est pas purement impossible : en effet, le Père et le Saint-Esprit n’étant pas incarnés, on ne peut pas dire par exemple que Dieu soit mort à la croix, le Fils seulement est entré dans la mort.

10. Si je ne vois pas de solution évidente, d’autres commentateurs chrétiens en ont-ils trouvé une ?

Martin Luther avait parlé de la lettre de Jacques comme d’une « épître de paille » car il n’avait pas réussi à résoudre la contradiction apparente avec l’Épître aux Romains. Heureusement que d’autres théologiens n’ont pas baissé les bras ! Il faut donc garder la tête froide et se rappeler que la Bible interprète la Bible.

Conclusion

La plupart des difficultés disparaîtront en prenant le temps de se poser les bonnes questions.
S’il reste des points obscurs, ne concluons pas à l’incohérence, car notre compréhension reste limitée. Continuons de creuser ces sujets avec l’aide de Dieu. Pour le reste, appliquons ce qui est clair, il y a déjà de quoi faire !

Écrit par


En lisant d’une seule traite la deuxième Épître de Paul aux Corinthiens, on a l’impression de lire une lettre d’amour (faites le test !). L’apôtre réaffirme plusieurs fois et avec éloquence sa grande affection pour les Corinthiens, ainsi que ses déceptions : ses émotions fluctuent comme sur des montagnes russes ! Le flot rapide et les propos de la lettre lèvent le voile sur ses sentiments profonds.
L’apôtre s’est mis au diapason du cœur de Dieu, en serviteur exemplaire de son Seigneur. Dans l’Ancien Testament, on trouve souvent le thème de la désobéissance d’Israël, comparé à une prostituée lorsqu’il abandonne Dieu, son premier amour, pour se tourner vers les idoles. C’est un peu le même schéma qui se reproduit ici. L’apôtre Paul rappelle son travail inlassable pour édifier l’église de Corinthe et donne des preuves de son amour envers elle. Il montre aussi la peine qu’il a de les voir se détourner vers de faux apôtres aux doctrines alternatives. Se considérant comme un instrument dans la main de Dieu, il n’hésite pas à hausser le ton pour les ramener à l’unique Évangile.
Qu’à l’occasion de ce numéro sur 2 Corinthiens, nous réalisions de manière concrète, comme Paul, que « l’amour de Christ nous étreint » (5.14, Darby) ! C’est dans ses faiblesses et ses épreuves extrêmes que l’apôtre reflétait le mieux la gloire divine. Que cela nous encourage ! Pleinement conscients de notre nouvelle identité, nous vivrons alors comme des « ambassadeurs pour Christ » (5.15-20).

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En sortant quelques versets de leur contexte, certains font passer Jésus pour un homme violent.
• La preuve, il a utilisé un fouet pour chasser les marchands du temple, diront-ils (Jean 2.15). Pourtant, c’est bien le dos de Jésus qui a reçu de violents coups de fouet et non celui des marchands.
• Et n’a-t-il pas demandé d’acheter deux épées à ses disciples (Luc  22.36)  ? C’est vrai, mais ils n’ont pas compris qu’il s’agissait d’une préparation à un combat spirituel. C’est pourquoi il a dû leur donner cette leçon claire : « Alors Jésus lui dit : Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges  ?  » (Mat 26.53).
• Jésus a dit lui-même qu’il n’était pas venu amener la paix mais l’épée (Mat 10.34) ! Certes, mais le contexte immédiat montre que l’épée symbolise ici les divisions au sein des familles, engendrées par la conversion de certains membres et le rejet des autres.
En fait, Jésus est bien le Prince de paix (És 9.5), le seul maître qui puisse faire cette promesse  : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. » (Jean 14.27)
Un jour cependant, quand la patience de Dieu aura pris fin, Jésus jugera les nations avec « l’épée aiguë  » qui sortira de sa bouche (Apoc 19.15).
Mais cela sera «  son œuvre étrange, son travail inhabituel. » (És 28.21, S21)
Et enfin, « sous son règne, le juste fleurira, et la paix sera grande tant que la lune éclairera  » (Ps 72.7, S21).

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« Car il s’agit, non de vous exposer à la détresse pour soulager les autres, mais de suivre une règle d’égalité : dans la circonstance présente votre superflu pourvoira à leurs besoins, afin que leur superflu pourvoie pareillement aux vôtres, en sorte qu’il y ait égalité, selon qu’il est écrit : Celui qui avait ramassé beaucoup n’avait rien de trop, et celui qui avait ramassé peu n’en manquait pas » (2 Cor 8.13-15).

De l’inégalité parmi les hommes

Dans le livre de Jean-Jacques Rousseau portant ce titre, le philosophe tente de démontrer sa vision optimiste de l’homme dans son « état de nature » et que la société (en particulier la propriété privée) est à l’origine des inégalités.
La Bible nous donne certes une vision idéale de l’état de l’homme créé par Dieu au jardin d’Eden, mais nous montre que c’est la chute, la désobéissance à Dieu qui est la source de tous nos maux et donc des inégalités.
Les inégalités de richesses sont partout aujourd’hui : entre États, entre citoyens d’un même pays, entre membres d’une même entreprise, entre membres d’une église locale. Alors que le PIB par habitant, indiquant la richesse produite par habitant dans un pays peut différer grandement (environ 45 000 $ pour la France et 1000 $ pour le Togo en 2021 par exemple), le salaire du PDG d’une entreprise multinationale représente parfois plus de 300 fois celui de son propre salarié.

Qui est responsable ?

Si Dieu peut parfois être directement à l’initiative d’un jugement particulier comme une famine par exemple (Jér 11.22), la plupart du temps la responsabilité humaine est engagée de manière plus directe.
Que ce soient les conséquences d’une guerre ou de la mauvaise gestion d’un État, beaucoup de famines pourraient être évitées.
Près d’un milliard de personnes souffrent de sous-alimentation. Deux milliards de plus sont mal nourries. En parallèle, on dénombre 1,3 milliard d’individus en surpoids ou obèses. Nous pourrions nourrir plus de deux fois la population mondiale, et pourtant… 7

Dans la Bible, Joseph montre l’exemple d’une sage prévision et gestion de crise du pays d’Égypte (Gen 41). Ce dernier fait preuve d’anticipation en profitant des années d’abondance pour faire des réserves pour les années de famine. Cela permet d’affirmer que les États ont une responsabilité importante dans la prévision et l’adaptation aux évènements climatiques. Malheureusement, certains pays combinent à la fois des conditions climatiques difficiles, un manque d’eau, un développement économique faible et des états ou des environnements géopolitiques instables.

Peut-on améliorer les choses ?

Les États plus riches ainsi que différentes associations ou ONG apportent un soutien financier, matériel ou humain pour faire face aux situations de famines les plus dramatiques.
A un niveau individuel, le verset d’en tête semble mettre la barre très haut. Faut-il vraiment le prendre au pied de la lettre ?
Le commentaire suivant du Nouveau Testament Annoté nous paraît bien retranscrire la pensée de Paul :
« De là, l’apôtre tire (v. 13,14) cet important enseignement qu’il ne doit pas y avoir entre les chrétiens gêne d’une part et surabondance de l’autre, mais égalité. Si les Corinthiens donnent maintenant (v. 13), les frères de la Palestine peuvent le leur rendre dans un autre temps (v. 14), soit en biens spirituels, soit en dons temporels. Ainsi l’amour, l’ardente charité qui avait produit, aux premiers jours de l’Église, cette précieuse égalité, pouvait et devait la produire encore. Partout où elle ne porte pas les mêmes fruits, c’est qu’elle s’est refroidie (Act 2.44,45 ; 4.34-37 ; 11.28-30).
Qu’on ne s’y méprenne pas toutefois, et qu’on ne demande pas à des institutions humaines et au nom de la loi, c’est-à-dire de la contrainte, ce que Paul demande au nom d’un sentiment que l’Esprit de Dieu seul peut inspirer, et qui serait dénaturé dès qu’on lui ôterait sa liberté, sa parfaite spontanéité. L’apôtre n’emploie pas même son autorité apostolique pour prescrire un devoir ; il ne commande pas, il le déclare positivement (v. 8) ; il en appelle à la charité de Christ (v. 9), et pour lui, il ne fait que donner « un conseil » (v. 10), ajoutant (v. 13) une réserve plus délicate encore.
C’est que l’égalité de l’amour chrétien vient de Dieu, tandis que l’égalité impossible dont rêvent les hommes n’est que de la convoitise et de l’injustice.
Mais, en repoussant les exigences des hommes, que les chrétiens se demandent s’ils obéissent aux inspirations de l’Évangile de Dieu ! »
Ainsi, ne diminuons pas la force de l’appel de Paul à la générosité pour les chrétiens, afin de manifester l’amour de manière concrète envers nos frères qui appartiennent au même corps.

Trouver plaisir à donner

Avec le livre Le principe du trésor, Randy Alcorn a aidé beaucoup de chrétiens à trouver une relation saine avec l’argent et à expérimenter la joie qui existe à donner. Bien sûr, tout le monde ne dispose pas des mêmes ressources et la mesure du don est donc relative (Marc 12.41-44). Quinze pour cent des paroles de Jésus sont en rapport avec le sujet de l’argent. C’est plus que les enseignements sur le ciel et l’enfer réunis ! Ce livre, qui évite à la fois les excès du légalisme et de l’évangile de « prospérité », fait ressortir 6 clés qui nous permettront de progresser dans la libéralité.
• Clé n°  1  : Dieu possède tout, je suis le gestionnaire de ses biens. Nous sommes les gestionnaires des biens que Dieu nous a confiés (et non donnés).
• Clé n° 2 : Mon cœur se trouve toujours là où je place l’argent de Dieu. Voyez ce qui se passe si vous réaffectez votre argent du temporel vers l’éternité.
• Clé n° 3 : Ma résidence permanente, c’est le ciel, pas la terre. Nous sommes citoyens « d’une meilleure patrie, […] la patrie céleste » (Héb 11.16).
• Clé n° 4 : Je dois vivre pour la ligne et non pour le point. Du point (notre vie présente sur la terre) part une ligne qui n’a pas de fin, à savoir l’éternité au ciel.
• Clé n° 5 : Donner est le seul antidote au matérialisme. Donner revient à s’abandonner joyeusement à un Être plus grand et à un projet plus large. En donnant, je descends du trône et je l’exalte.
• Clé n° 6 : Dieu accorde la prospérité non pas pour améliorer mon niveau de vie, mais pour améliorer le niveau de mes dons. Dieu nous donne plus d’argent que nécessaire pour que nous puissions donner… avec générosité.

Concluons avec ce beau passage où l’apôtre Paul fait ressortir le cercle vertueux associé à la mise en pratique de la générosité (gras ajouté) :
« Vous serez de la sorte enrichis à tous égards pour toute espèce de libéralités qui, par notre moyen, feront offrir à Dieu des actions de grâces.
Car le secours de cette assistance non seulement pourvoit aux besoins des saints, mais il est encore une source abondante de nombreuses actions de grâces envers Dieu. En considération de ce secours dont ils font l’expérience, ils glorifient Dieu de votre obéissance dans la profession de l’Évangile de Christ, et de la libéralité de vos dons envers eux et envers tous ; ils prient pour vous, parce qu’ils vous aiment à cause de la grâce éminente que Dieu vous a faite. Grâces soient rendues à Dieu pour son don merveilleux ! » (2 Cor 9.11-15)  

  1. https://www.lepoint.fr/environnement/nous-pourrions-nourrir-deux-fois-la-population-mondiale-et-pourtant-09-09-2014-1861529_1927.php

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« Dieu parle cependant, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point garde. Il parle par des songes, par des visions nocturnes, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, quand ils sont endormis sur leur couche. Alors il leur donne des avertissements et met le sceau à ses instructions, afin de détourner l’homme du mal et de le préserver de l’orgueil, afin de garantir son âme de la fosse et sa vie des coups du glaive. Par la douleur aussi l’homme est repris sur sa couche, quand une lutte continue vient agiter ses os »  (Job 33.14-19).

Les rêves communs

L’interprétation du rêve, édité en 1900, est un texte de Sigmund Freud considéré comme un livre fondateur de la psychanalyse. Pour Freud, le rêve n’est ni dénué de sens, ni surnaturel, mais il consiste à répondre aux désirs « refoulés » dans l’inconscient du rêveur.
La Bible, quant à elle, ne s’attarde pas trop sur la nature des rêves et sur leur signification. On n’y trouvera pas d’encouragement à analyser ses rêves pour être heureux. L’Ecclésiaste dira simplement que « si les songes naissent de la multitude des occupations, la voix de l’insensé se fait entendre dans la multitude des paroles. » Ou encore que « s’il y a des vanités dans la multitude des songes, il y en a aussi dans beaucoup de paroles » (Ecc 5.2 et 6). Les rêves y sont décrits comme la conséquence d’une « décharge » anarchique du cerveau à la suite de nos multiples activités journalières. Le parallèle négatif de ces sentences insiste sur le caractère confus et vain de ces rêves.
Au lieu d’aller chercher en nous-même quels seraient les désirs cachés de notre cœur par l’analyse des rêves, la Bible nous invite plutôt à chercher la sagesse divine pour trouver une vie abondante : « Mon fils, que ces enseignements ne s’éloignent pas de tes yeux, garde la sagesse et la réflexion : elles seront la vie de ton âme » (Pr 3.21-22).

Mais la Bible nous relate des rêves qui viennent directement de Dieu. Qu’en est-il de ces rêves-là ? Les récits de rêves dans l’Ancien Testament

Dans l’Ancien Testament, quatorze songes distincts nous sont rapportés.
On peut classer ces rêves en fonction du moyen de communication utilisé par Dieu.
Dieu parle parfois directement, ou via un ange, à la personne qui rêve (dans cinq cas 8 ). Ces rêves contiennent des avertissements, des recommandations de Dieu sur une conduite à suivre ou encore une promesse prophétique (comme l’échelle de Jacob en Gen 28.12).
Le rêve de Salomon est un peu particulier car Dieu ne se contente pas de communiquer un message, il pose une question (1 Rois 3.5). Salomon y répond, ce qui étonne, puisqu’il dort. Son âme est-elle capable d’interagir avec Dieu dans ce moment, ou bien sa réponse fait-elle partie du rêve envoyé par Dieu ?
Cette deuxième option est aussi possible, car l’Éternel sonde les cœurs et connaît notre réponse avant que nous la prononcions (Ps 139). Dans les neuf autres songes racontés dans l’A.T., le message divin est moins direct, il prend une forme imagée, mêlant des éléments du quotidien avec des situations plus ou moins réalistes ou étonnantes. Il laisse une vive impression sur ceux qui le reçoivent.
Dans chacun de ces récits, l’interprétation du message divin est donnée par un moyen ou un autre. On peut donc se demander l’intérêt pour Dieu de communiquer un message « encodé ». Mais Dieu est souverain et se révèle de la manière la plus appropriée.
Dans plusieurs situations, Dieu parle à des personnes haut placées et ne leur fait pas « l’honneur » de s’adresser à elles sans détour. Cela les humilie et les pousse à demander le secret de l’interprétation à une personne plus humble que Dieu va éclairer. C’est le cas du panetier, de l’échanson et du Pharaon à qui Joseph explique les songes respectifs (Gen 40 et 41).
C’est aussi le cas pour Nebucadnetsar dont les songes prophétiques annonciateurs de jugement sont interprétés par Daniel (la grande statue et le grand arbre en Daniel 2 et 4).
L’usage de ces images a souvent un caractère prophétique, c’est le cas pour Gédéon (gâteau qui roule en Juges 7.13) et pour les deux songes que Joseph fait dans sa jeunesse (les gerbes de blé et les astres en Genèse 37.5-11). L’interprétation de ces derniers est assez facile, puisque les frères et les parents de Joseph se mettent en colère, en comprenant qu’ils devront s’incliner devant Joseph. C’est d’ailleurs en tentant de mettre en échec cette prophétie que les frères de Joseph participent ironiquement à son accomplissement (en le livrant comme esclave à des marchands ismaélites allant en Égypte). La réalisation prophétique prendra cependant son sens définitif bien des années après.

Les dangers des rêves trompeurs

En plus de ces récits, plusieurs passages de la Bible font référence aux songes, avec une connotation principalement négative.
Si en Nombres 12.6, Dieu affirme qu’il parlera aux prophètes par des songes, il met en contraste ce procédé avec sa manière directe de se révéler à Moise, « sans énigme » (v. 8).
En Deutéronome 13.1-5, l’Éternel met en garde contre le piège de faux prophètes qui se serviraient de songes pour égarer le peuple et l’entraîner vers l’idolâtrie. La réalisation du rêve n’est pas une preuve qu’il vient de Dieu. Si le contenu du rêve amène à détourner nos yeux de Dieu en les attirant sur une idole (au sens large), il ne peut pas venir de lui, même s’il vient d’un soi-disant homme de Dieu.
Un deuxième passage sévère à l’égard de ces faux prophètes se trouve en Jérémie 23. Dieu dit à leur propos : « J’ai entendu ce que disent les prophètes qui prophétisent en mon nom le mensonge, disant : J’ai eu un songe ! J’ai eu un songe ! » (v. 25).
Et encore « j’en veux aux prophètes qui prennent leur propre parole et la donnent pour ma parole » (v. 31).
Ces faux pasteurs « tordent les paroles du Dieu vivant » (v. 36), entraînent leurs auditeurs vers des choses futiles (v. 16), promettent la paix à ceux qui méprisent l’Eternel et rassurent ceux qui suivent leurs mauvais penchants (v. 17).
Dans le Nouveau Testament, Jude 8 donne une description complémentaire des faux enseignants : ils sont qualifiés d’hommes « entraînés par leurs rêveries », qui « souillent pareillement leur chair, méprisent l’autorité et injurient les gloires ». Ces faux leaders existent encore aujourd’hui, et l’attrait des foules pour le surnaturel et les discours agréables aux oreilles leur permet de prospérer.
Enfin, nous trouvons en 1 Samuel 28.6,7 le récit de Saül, effrayé par une attaque imminente des Philistins. « Saül consulta l’Éternel ; et l’Éternel ne lui répondit point, ni par des songes, ni par l’urim, ni par les prophètes. » Après avoir été abandonné par Dieu à cause de sa désobéissance (1 Sam 15), Saül tente de se tourner vers l’Éternel par tous les moyens parce qu’il est terrorisé. Paradoxalement, désespéré de ne pas recevoir un songe ou une révélation divine, il en arrive à enfreindre un des interdits les plus graves : « Et Saül dit à ses serviteurs : Cherchez-moi une femme qui évoque les morts, et j’irai la consulter. » Les voyants et astrologues attirent beaucoup encore aujourd’hui (un quart des Français y ont eu recours au moins une fois 9). Si nous ne nous satisfaisons pas des claires révélations bibliques mais que nous cherchons à lever le voile sur notre futur, la Bible nous met clairement en garde contre la tentation de faire appel à ces pratiques occultes (en Deut 18.11-14).

Les rêves dans le Nouveau Testament

On trouve six songes distincts dans le Nouveau Testament. Cinq d’entre eux sont en rapport avec la naissance (ou la jeunesse) de Jésus. Dans ces songes
très clairs, Dieu avertit Joseph successivement : de prendre Marie pour femme, de fuir en Égypte, de revenir en Israël lorsque Hérode est mort mais d’éviter la Judée pour aller en Galilée (Mat 1 et 2). Un des songes est destiné aux mages afin qu’ils changent de chemin et n’avertissent pas Hérode de l’endroit où Jésus est né. Tous ces rêves permettent à Dieu d’influencer le cours de l’histoire pour accomplir son plan du salut en réalisant les prophéties bibliques.
Enfin, le dernier songe mentionné est en rapport avec la mort de Jésus. Lors du « procès », l’épouse de Pilate le prévient qu’elle a beaucoup souffert en songe à cause de Jésus (Mat 27.19). Cela ne suffira pas à arrêter Pilate dans sa volonté de satisfaire la foule en colère.
Notons qu’il existe aussi quelques autres récits de visions nocturnes (Actes 16.9 ; 18.9 p. ex.), où il n’est pas facile de savoir si la personne dormait. La frontière entre ces deux types de communications est donc ténue.
Enfin, un passage important se trouve en Actes 2.14-21, à l’occasion de la Pentecôte. Pierre y annonce un accomplissement, au moins partiel, de la prophétie de Joël 2.28 : « Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards auront des songes. » Certains pensent qu’à partir de ce moment (début de l’Église), ce verset implique que les chrétiens doivent recevoir beaucoup de songes ou de visions. Cependant, nous pensons que l’accomplissement de cette prophétie est partiel, et qu’il témoigne de l’entrée dans les « derniers jours » après le rejet du Messie. En effet, les versets suivants ont une portée eschatologique clairement à venir (v. 19, 20). Une effusion particulière de l’Esprit se manifestera probablement « sur toute chair », c’est-à-dire sur l’humanité entière, juste avant l’avènement du Seigneur et pendant le millénium.

Dieu peut-il nous parler par des rêves aujourd’hui ?

La bonne question n’est pas de savoir si Dieu peut nous parler par des rêves, mais plutôt s’il le veut.
Bien sûr que Dieu peut parler aujourd’hui par des rêves puisqu’il l’a fait par le passé. On entend d’ailleurs des récits actuels difficilement contestables de musulmans qui se convertissent après un rêve ou une vision de Jésus, les conduisant à aller vers des chrétiens. Ces témoignages viennent confirmer l’universalisme de l’offre du salut annoncé par Joël et cité en Actes 2 (« Je répandrai de mon Esprit sur toute chair »). Dans le magazine Portes Ouvertes 10
de mai 2022, on peut aussi lire le témoignage d’un Colombien, issu d’une tribu animiste. Les gens se moquaient de lui car il était tombé malade alors qu’il venait de se convertir. « Dans un rêve, Dieu lui a parlé et lui a montré qu’il devait ramasser des feuilles et des écorces d’arbres, les faire infuser et les boire. Il a suivi les conseils divins et sa santé s’est améliorée. »
Dieu peut donc utiliser des songes, en particulier dans le but d’amener des gens à le rencontrer.
En revanche, certains pasteurs encouragent leurs auditeurs à rechercher ou à prier Dieu pour qu’il leur envoie des rêves, ou encore qu’ils reçoivent un don d’interprétation. Dans la Bible, nous ne trouvons pas d’exemples de prières à Dieu qui lui imposeraient le moyen désiré pour la réponse. Les personnes qui reçoivent des rêves n’ont rien demandé, parfois elles s’en seraient bien passé ! En général, dans ces récits, l’interprétation n’a d’ailleurs pas tardé à venir, d’une manière ou d’une autre.
D’autres disent que pour savoir si un rêve vient de Dieu, il faut savoir si nous sommes en paix au réveil.
Pourtant, Daniel 7.28 met en échec ce test puisque le prophète se retrouve « extrêmement troublé » jusqu’à « changer de couleur » après sa vision. L’essentiel est plutôt de se demander si ce rêve s’oppose d’une manière ou d’une autre au message biblique, auquel cas il faut le rejeter sans hésiter.
Un verset souvent invoqué à l’appui de la recherche du surnaturel et de la communication divine par les rêves se trouve en Job 33.14-19 (paragraphe
d’en-tête). Le jeune Élihu y explique que Dieu peut transmettre à l’homme de la façon dont il le souhaite.
Deux manières de communiquer à l’homme au repos « sur son lit » sont citées : les songes et la souffrance physique (qui concerne plus directement Job dans le
contexte).
On notera dans ce passage que ces deux types de communication sont utilisés par Dieu comme «  avertissement  », pour «  détourner du mal  », « préserver de l’orgueil » ou « reprendre l’homme ».
Si quelqu’un se vante d’avoir une vie très riche en songes et autres communications « surnaturelles » avec Dieu, cela semble donc opposé à l’objectif des songes (à celui qui est énoncé dans ces versets du moins).
Il faut aussi remarquer que la plupart des songes, comme la plupart des maladies, ne sont pas le signe d’une communication divine. Enfin, bien que Dieu puisse tout à fait utiliser un songe pour adresser un avertissement particulier à un chrétien, nous ne sommes plus aujourd’hui dans la situation d’Élihu.
Nous avons le privilège d’avoir la Bible qui est « vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles ; elle juge les sentiments et les pensées du cœur » (Héb 4.12).
Si Dieu voit la nécessité de nous parler par un songe, il le fera et nous donnera le moyen de comprendre son message. Ce qui est certain, c’est que sa volonté pour nous est claire dans la Bible ; cherchons-y notre nourriture :« Désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut, si vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1 Pi 2.2,3).

  1. Les cinq rêves de l’A.T. où Dieu s’exprime directement sont ceux d’Abimélec (Gen 20), de Jacob (Gen 28 et 31), de Laban (Gen 31) et de Salomon (1 Rois 3).
  2. Selon une enquête IFOP 2020 disponible sur le lien : https://www.ifop.com/publication/les-francais-et-les-parasciences/
  3. L’association Portes Ouvertes a pour mission de venir en aide aux chrétiens persécutés à cause de leur foi partout dans le monde et de fortifier l’Église dans les pays où elle est opprimée, pour qu’elle puisse vivre pleinement selon la Bible. Plus d’informations sur : https://www.portesouvertes.fr/

Écrit par


Jean-Louis, un chrétien qui a abandonné la transsexualité

Propos recueillis et retranscrits par Jean-Paul et Silvain Combe

Qu’est-ce qui t’a conduit à entamer une transition de genre ?

Je me suis décidé quand j’ai su que cela existait, que certains avaient franchi le pas de la transformation. Mais depuis bien longtemps, je sentais que j’avais un côté très féminin. En revanche, quand j’étais enfant, j’étais amoureux des petites filles, je ne crois pas que j’avais de problème particulier. Mais assez vite, vers l’âge de 15 ans, je suis devenu jaloux de la femme, c’est devenu une obsession. Je me suis senti les deux, homme et femme, je ne savais pas quoi faire de ma peau… Plus tard je me suis marié, j’ai eu des enfants, puis j’ai divorcé. J’en suis arrivé progressivement à l’idée de faire une transition chirurgicale. J’ai dû me battre avec les médecins pour qu’ils acceptent de m’opérer, je suis allé jusqu’à me mutiler pour les convaincre. J’avais la quarantaine lorsque j’ai enfin pu commencer les transformations. A l’époque ce n’était pas encore à la mode.
La transition t’a-t-elle aidé, même temporairement, à te sentir mieux ?
Pendant trois ans je l’ai très bien vécu. J’étais très heureux, j’étais une femme, je plaisais, les gens disaient que c’était très réussi.
Un jour, un chirurgien m’a demandé : « Je vous appelle Monsieur ou Madame ? » Je lui ai répondu : « On va la jouer net, c’est Monsieur, on sait très bien que je ne suis pas une femme. » A la fin du rendez-vous, je lui ai dit au revoir et il m’a répondu : « Au revoir Madame. » Là, je me suis retourné, je l’ai regardé, surpris, et il m’a dit : « Oui, je vous dis ça, car pour moi vous êtes plus une femme qu’un homme. » Cela m’a paru à l’époque comme une seconde d’éternité, comme si c’était ça la vie, la vraie. Le Seigneur a dû travailler pendant longtemps après cela pour me faire voir les choses différemment.

Comment as-tu réussi à entreprendre la démarche d’un retour en arrière pour te réapproprier ton genre originel ?

Après les premières années de transition, j’ai fini par ne plus contrôler la situation. Il y a eu des maladies dues à certaines opérations qui se sont mal passées. Je me suis aussi laissé entraîner à une sexualité débridée. Au bout d’un moment, j’ai vieilli, et je ne pouvais plus jouer mon numéro. Je me suis aussi mis à avoir des terreurs nocturnes. Je ne dormais quasiment plus, j’étais épuisé, et là j’ai vraiment prié.
J’ai dit : « Seigneur, trouve-moi un chirurgien. » J’en ai contacté plusieurs qui ne voulaient pas, car ils considéraient que je me sentais encore femme. Et par hasard, quelqu’un m’a dit qu’un certain chirurgien suisse, ouvert à ce sujet, était rentré en France. Il a été tout de suite d’accord et quinze jours après c’était fait. J’ai vraiment pris cela comme un exaucement de ma prière.
J’étais soulagé, vraiment. Ensuite, cela a encore pris quelques années après l’opération pour que ce problème de féminité disparaisse complètement. Aujourd’hui, j’ai encore quelques difficultés car j’ai pris des hormones, je ne peux donc plus avoir de barbe. De plus, je suis menu, j’ai des petits pieds, des mains fines. Il peut donc arriver encore que des gens se trompent sur mon genre et ce n’est pas facile à vivre. Malgré tout, si quelqu’un me dit aujourd’hui : « Je te donne 40000 € et tu refais tout à neuf », non, je ne le referai pas. Ce n’est pas la vie, ça. Aujourd’hui, on prône plutôt ce genre de choses. On encourage à fond à aller dans ce sens. Moi, je suis désolé, je ne peux pas être pour. Si la Bible dit que ces choses ne sont pas bonnes, c’est qu’il doit y avoir une bonne raison. Ce n’est pas pour le plaisir d’embêter les gens.

As-tu reçu de l’aide et du soutien, et en particulier par ton église ?

Certains chrétiens jouent à culpabiliser les gens, à les rabaisser pour se sentir plus forts. C’est honteux, un chrétien qui va accuser un autre chrétien car c’est un ancien transsexuel, ou un ancien alcoolique, ou bien un divorcé. Heureusement, j’ai rencontré aussi des chrétiens très bien qui ne m’ont pas jugé à mon retour dans l’église. Bien sûr, il faut être capable de recevoir les transsexuels dans une église. En revanche, leur dire que ce qu’ils ont fait est bien pour eux, là c’est autre chose. Toute la difficulté, c’est de les accompagner avec amour, pour leur montrer qu’il y a un chemin meilleur pour eux. Mais c’est très délicat. Il faut des trésors d’amour. Je crois que quelqu’un peut te toucher s’il est capable de pleurer avec toi.
Cela montrerait qu’il souffre vraiment de ta situation et qu’il sait qu’il y a tellement mieux pour toi.

Pour aller plus loin, retrouvez un autre témoignage, celui de Janick Christen, auteur du livre « Je croyais être un homme », sur le site : https://trans4freedom,org/

Écrit par


Paul, témoignage d’une lutte contre la pornographie

Interview réalisée par Silvain Combe pour Promesses

Qu’est-ce qui t’a conduit à consommer de la pornographie ?

C’est dans la cour du collège que j’ai vu pour la première fois des vidéos pornographiques, je devais avoir 12 ou 13 ans. Quelques garçons agglutinés autour d’un téléphone à clapet, ma curiosité m’a poussé à me joindre à eux. Ces premières images m’ont choqué, elles restent gravées dans ma mémoire. Puis il y en a eu d’autres, un ami de l’époque notamment, qui avait trouvé des vidéos dans la boîte mail de son père. Ensuite j’ai commencé à en chercher moi-même sur l’ordinateur familial, quand les parents s’absentaient. D’abord des images, mais très vite j’ai regardé des vidéos. À 13 ans, j’ai eu mon premier smartphone pour Noël. Étant passionné par la technologie, c’était génial! Mais ça voulait aussi dire que je pouvais maintenant regarder des vidéos dans ma chambre, à la salle de bain, aux toilettes, sans utiliser l’ordinateur familial du salon. Cette accessibilité m’a malheureusement permis d’en regarder plus souvent, menant à une addiction d’une dizaine d’années.

Pourquoi as-tu continué à en regarder ?

Au départ, j’étais un garçon en pleine puberté et j’entendais beaucoup parler de la sexualité au collège. Ma curiosité était bien plus forte que ma volonté pour résister à ces désirs. J’étais curieux de découvrir le corps des femmes et la sexualité avant l’heure. Par la suite, c’est une véritable addiction qui s’est mise en place. J’ai toujours eu envie d’arrêter, me disant : « Je regarde une dernière fois et j’arrête ». Mais impossible.
Comme pour une addiction à une drogue, je me rendais compte que le contenu que je regardais changeait : d’abord des images, puis des vidéos, puis des vidéos plus explicites, plus crues, plus violentes. J’avais l’impression de ne pas être moi-même, j’ai vu des choses terribles que j’essaie d’oublier maintenant.
Malheureusement ce qui choque reste encore plus ancré dans la mémoire. Après chaque visionnage, la plupart du temps suivi de masturbation, j’étais dévasté. Je me sentais sale et fautif devant Dieu, j’avais l’impression de mener une double vie par rapport à mon entourage, à qui je ne parlais pas de ce problème. Je me disais que les gens avaient une certaine image de moi, mais qu’au fond, je n’étais qu’un pervers sexuel dominé par ses pulsions.

Comprenais-tu le message biblique au sujet de la pornographie ?

Dès mes premières recherches je savais que je péchais. Je ressentais une adrénaline très forte en bravant l’interdit. Les paroles de Jésus en Matthieu 5 verset 28 étaient pour moi très claires : « Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. » J’étais coupable d’adultère en pensées, avec ces femmes que je convoitais.
Le sujet de la masturbation n’est pour moi pas aussi clairement traité dans la Bible. Elle n’est pas obligatoirement liée à la pornographie ou à des pensées mauvaises de convoitise à mon avis. Mais elle peut être (et l’a été dans mon expérience) une pente glissante, qui peut amener à la pornographie ou à des pensées mauvaises.

Quel a été ton cheminement avec Dieu pendant cette addiction ?

Après chaque rechute, il me fallait du temps (quelques heures ou quelques jours) pour revenir à Dieu, mais à chaque fois Il me ramenait à lui. J’ai énormément appris de sa fidélité. J’ai réalisé le grand prix que Jésus a dû payer pour moi sur la croix. J’ai compris à quel point mon cœur est mauvais et à quel point j’ai besoin de Jésus pour retrouver l’accès à Dieu. J’en ai aussi voulu à Dieu, j’ai été en colère parfois, notamment par rapport au verset qui dit : « Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter » (1 Cor 10.13). J’avais l’impression d’être extrêmement faible devant la tentation. Je n’expérimentais pas du tout la force décrite en 1 Jean 2 verset 14 : « Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin ». La Bible promet une libération de l’esclavage du péché mais cette addiction m’en faisait douter.
Les possibilités de m’engager pour Dieu ont toujours été une source de croissance personnelle et un moyen de revenir à Dieu. Je suis aussi toujours allé à l’église le dimanche, ce qui me forçait à me mettre en règle avec Dieu au moins une fois par semaine. Le culte du dimanche matin a parfois été un instant d’éclaircies au milieu de l’orage de mes chutes.

Dieu t’a-t-il complètement restauré à ce sujet ?

La guérison a été progressive, même si j’aurais voulu être guéri du jour au lendemain. Les deux dernières années de mon addiction, les rechutes étaient plus espacées (3, 4, voire 5 mois). Pour autant elles étaient très violentes, je retombais dans une consommation frénétique qui pouvait durer des heures. Cela fait maintenant presque 2 ans que je n’ai pas consulté de site pornographique. Je pense que le Seigneur a opéré en moi un miracle de délivrance par rapport à cette addiction. Je ne sais pas si je chuterai à nouveau un jour, mais j’ai confiance dans le Seigneur, qui m’a délivré et qui a rompu mes chaînes.
Pour répondre à la question, je pense que le Seigneur m’a pardonné et restauré les centaines de fois où je suis venu repentant à Lui.

Que conseillerais-tu à une personne addicte ?

Premièrement il n’y a pas de péché assez grand pour te séparer de Dieu à toujours. Satan essaie de nous le faire croire, mais c’est un mensonge. Jésus a porté tous nos péchés à la croix, et il désire une relation avec nous, même si nous sommes tombés tant de fois.
Je t’encourage à te renseigner sur l’addiction, les mécanismes qui se mettent en place dans le cerveau, notamment le circuit de la récompense qui devient drogué à la dopamine. Mieux comprendre notre addiction peut nous aider à la dompter. Se renseigner aussi sur l’industrie de la pornographie, la souffrance générée, la violence, les viols, le trafic d’êtres humains. La phrase « ça ne fait de mal à personne » est fausse : chaque fois que nous regardons une image, une vidéo, nous encourageons cette industrie criminelle.
Enfin, je t’encourage à trouver un confident du même sexe pour discuter de ce problème. Dans mon cas, ce péché était caché sous énormément de honte, et l’idée d’en parler me terrifiait. En en parlant à une, puis deux personnes, puis d’autres autour de moi, je me suis rendu compte que ce problème était très répandu. Même en connaissant les chiffres, on a parfois du mal à les croire pour notre entourage. Au lieu de se battre seul, nous avons intérêt à nous battre ensemble, à parler des tentations qui nous font chuter et comment les éviter, à demander des prières lorsque nous sommes tentés, à confesser nos péchés pour qu’ils ne soient plus secrets.

L’église t’a-t-elle apporté de l’aide dans ta lutte ?

J’ai entendu parler quelques fois de la pornographie en groupe de jeunes, en colonie de vacances, à l’église, mais de manière évasive. Je pense qu’avec le nombre de personnes touchées, il y a un besoin urgent pour les églises de traiter le sujet, de mettre en place une entraide, et une sensibilisation des jeunes sur les risques d’addiction.

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Les évènements de mai 1968 marquent un tournant symbolique de la « libération sexuelle ». La France, tout comme le reste de l’Occident, qui s’est déchristianisée progressivement, ne voit plus l’intérêt de conserver une vision classique de la famille. Certes, ces valeurs traditionnelles n’étaient pas toutes d’origine biblique. Cependant, l’individualisme, favorisé par la société de consommation, donne de nouvelles aspirations aux jeunes. Les slogans de l’époque mettent en évidence ce changement de paradigme : « interdit d’interdire », « prenez vos désirs pour des réalités », « jouir sans entrave » ou encore « même si Dieu existait, il faudrait le supprimer ».
Cinquante ans plus tard, les plaisirs promis ne semblent pas combler toutes les attentes. La solitude progresse (3,1 habitants par ménage en 1968 contre 2,1 aujourd’hui), le nombre de divorces a explosé, les relations d’un soir ou la pornographie sont banalisées. La promotion de toutes les sexualités (homosexualité, transgenre, polyamour, etc.) fait couler beaucoup d’encre. Tout cela ne laisse pas les chrétiens indemnes, et leur sexualité peut s’avérer source de souffrance. Ce n’est pas une fatalité. Redécouvrons la sexualité, ce cadeau d’un Dieu joyeux, dans son « emballage » d’origine, pour en réaliser la vraie valeur. Si le Créateur de la famille donne un cadre pour la sexualité, ce n’est certainement pas par mesquinerie, puisqu’il peut dire : « Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie » (Ecc 9.9).

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