PROMESSES
Comme en témoignent les quatre Évangiles, les signes miraculeux étaient un des trois axes essentiels du ministère terrestre de Jésus.
Matthieu 4.23 résume en effet : « Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. »
Jésus proclamait la Bonne Nouvelle aux foules, l’enseignait et enfin, il accomplissait des miracles. La question que l’on se pose est celle-ci : pourquoi Jésus a-t-il accompli autant de miracles ? Essayons de comprendre la signification, la portée de ces miracles.
Cette question est d’autant plus importante qu’aujourd’hui la poursuite du merveilleux fait partie de ce que recherche la société. J’en veux pour preuve le regain d’intérêt pour la science-fiction et le fantastique, notamment dans le cinéma, avec l’univers DC comics1, Marvel et autres super-héros. Jésus était-il un super-héros qui voulait épater la galerie, un justicier, un défenseur de la veuve et de l’orphelin ? Oui et non ! Faisons ensemble un tour d’horizon.
Jésus faisait des miracles pour révéler qu’il était le Messie attendu
Une étude globale de l’Évangile selon Jean révèle que les douze premiers chapitres sont articulés autour de sept miracles de Jésus, connus parfois comme « les sept signes de Jean ». L’accent est mis sur le fait que les miracles avaient avant tout pour but de montrer qu’il était le Messie attendu. Le 1 er signe (l’eau changée en vin) par exemple, se conclut par le fait que ses disciples croient en lui (Jean 2.11). Le 4e signe (la multiplication des pains) se conclut avec la foule reconnaissant que « Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde » (Jean 6.14). Il y a ceux qui croient, mais il y a aussi ceux qui ne croient pas.
Il existe en effet une dualité entre ceux qui disent de Jésus qu’il a un démon (Jean 8.48,52), qu’il ne respecte pas la loi (Jean 7.23-24), ou qu’il est fou (Jean 10.19-21, cf. aussi Marc 3.20-23), et ceux qui témoignent, « ce ne sont pas les paroles d’un démoniaque ; un démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ? »2. En bref, le débat quant aux miracles de Jésus tourne autour de cette question : est-il le Messie qui devait venir ou ne l’est-il pas ? (cf. Jean 7.25-26). Il est clos par la confession de Marthe « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde » 3 , qui est confirmée par le 7 e signe de Jean, la résurrection de son frère (cf. Jean 11.38-46).
Dans l’Évangile selon Marc nous avons également la confession d’un proche de Jésus en lien avec les miracles que Jésus fait. Marc 8 rapporte une série de miracles, puis Jésus pose cette question « Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis ? » (Marc 8.29). La réponse de Pierre ne se fait pas attendre : « Tu es le Messie ».
Mais pourquoi Jésus devait-il démontrer qu’il était le Messie qui devait venir en faisant des miracles ?
La raison est simple : nombre de prophéties, annonçant la venue de celui qui devait venir (appelé prophète 4 , Messie 5 , serviteur 6 ) mentionnent qu’il sauvera, guérira et fera des miracles. Jésus accomplit donc les prophéties de l’Ancien Testament.
Matthieu fait lui-même ce lien en citant le 4 e chant du serviteur d’Ésaïe 53. « Le soir, on amena auprès de Jésus plusieurs démoniaques. Il chassa les esprits par sa parole, et il guérit tous les malades, afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par Esaïe, le prophète : Il a pris nos infirmités, et il s’est chargé de nos maladies. » 7 Tous ceux qui attendaient le Messie connaissaient ce texte comme en témoigne Jean 7.31 : « Plusieurs parmi la foule crurent en lui, et ils disaient : Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en a fait celui-ci ? ». En Luc 4.14-21, Jésus lit la prophétie d’Ésaïe 61.1-2, parlant de l’ère messianique avec le salut et les miracles qui l’accompagneront et termine en disant :
« Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie. » Enfin, quand Jean-Baptiste demande à Jésus une preuve pour savoir s’il était celui qui devait venir, Jésus répond, en citant Ésaïe 53.5-6 et 61.1 : « Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie » (Luc 7.22), mettant en avant les miracles qu’il accomplit comme l’une des preuves qu’il est bien le Messie.
Le fait que Jésus fasse des miracles est donc un point central de son identité de Messie et se trouvait au cœur des débats de l’époque : pour les uns, une preuve que Jésus était celui qui devait venir, pour les autres, une preuve que Jésus était un usurpateur au service du mal.
Mais est-ce la seule dimension de l’utilisation des miracles par Jésus ? Est-ce qu’il « utilisait » la maladie des gens qui souffraient pour son propre intérêt ?
Peut-on prêter de telles pensées égocentriques à notre Sauveur et Seigneur ?
Jésus guérissait pour témoigner du salut autant physique que spirituel qu’il offrait aux personnes ayant la foi
Dans les prophéties de l’Ancien Testament, le Messie allait faire des signes miraculeux, mais il allait aussi sauver, libérer, apaiser, restaurer 8 .
Les miracles ne sont donc pas le seul signe, le salut par la foi fait également partie de la mission de Jésus. C’est donc un but global, à plusieurs facettes qu’il faut voir là. Jésus avait assurément le souci des personnes dans leur entièreté — corps, âme et esprit — apportant le salut physique mais surtout spirituel dans son amour pour l’être humain.
Un exemple significatif se trouve dans la guérison du paralytique en Marc 2.1-12. Ne pouvant pas entrer dans la maison où Jésus enseignait, ses amis l’introduisent par le toit. Lors du déroulement de la guérison, Jésus pardonne premièrement les péchés du malade puis le guérit physiquement. Jésus connaissait la foi de cet homme et de ses amis, il désirait le guérir complètement, car il l’aimait profondément et était venu pour sauver le monde.
Dans l’épisode précédent, lorsque Jésus guérit un lépreux, il est dit qu’il était rempli de compassion pour lui (Marc 1.41) manifestant un amour authentique qui « n’utilisait » pas les malades uniquement pour asseoir son identité de Messie.
Un autre exemple où le salut physique (guérison) et spirituel (paix avec Dieu) sont conjugués, se trouve en Marc 5 qui rapporte le récit de la guérison d’une femme souffrant de saignements depuis 12 ans.
Après l’avoir guérie, Jésus lui déclare : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix, et sois guérie de ton mal » (Marc 5.34). Comme elle a eu foi en la personne de Jésus, elle reçoit la paix, le salut de l’âme, en plus de la guérison physique.
À ce stade, non seulement nous pouvons dire que les miracles de Jésus attestaient qu’il était le Messie, mais encore que la foi en ces miracles, en tant que bénéficiaire ou témoin, incluait les autres aspects de la mission de Jésus, à savoir le salut qu’il apporte et pour lequel il allait mourir à la croix 9 . Jésus est le Messie annoncé par les prophètes, il est aussi le sauveur du monde, qui réconcilie ceux qui croient en lui avec le Père Céleste et donne la vie éternelle.
Jésus est particulièrement du côté des laissés pour compte, de ceux qui souffrent
Il est intéressant de constater que la plupart des miracles accomplis par Jésus ont pour bénéficiaires des gens humbles, mal-aimés, pécheurs ou de mauvaise réputation, et non des personnages de l’élite d’Israël. Il y avait sans doute des malades chez les pharisiens, les scribes ou les maîtres de la loi, pourtant Jésus n’est pas allé en priorité vers eux. Luc nous signale que le roi Hérode voulait rencontrer Jésus dans l’espoir de voir des miracles (Luc 23.8). Cela aurait été une chance à ne pas laisser passer que de pouvoir révéler son identité de Messie directement devant la cour du roi. Mais Jésus avait d’autres plans.
Des plans cohérents avec le fait que, tout au long de la Bible, Dieu prend soin du faible, du laissé pour compte et se révèle à ce genre de personnes en premier lieu.
« Il fait droit aux opprimés ; il donne du pain aux affamés ; l’Éternel délivre les captifs ; l’Éternel ouvre les yeux des aveugles ; l’Éternel redresse ceux qui sont courbés ; l’Éternel aime les justes. L’Éternel protège les étrangers, il soutient l’orphelin et la veuve, mais il renverse la voie des méchants » (Psaume 146.7-9).
Que ce soit Dieu en tant que créateur 10 , les prophéties concernant le Messie ou les actions de Jésus, tout nous parle d’un profond souci de relever, guérir, sauver le faible. Jésus est clair dans sa réponse au sujet de ses intentions : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. 11 ».
Luc nous fournit nombre d’exemples que l’on trouve seulement dans son Évangile, où nous voyons qu’il va à contre-courant de son époque, accueillant ceux qui étaient alors en marge de la société 12 . En voici quelques-uns : les Samaritains étaient vus comme des gens impurs et pourtant Jésus les cite en exemple dans la parabole du Bon Samaritain (Luc 10.30-37) ou dans l’épisode des dix lépreux guéris (Luc 7.11-19).
Les collecteurs d’impôts étaient détestés, pourtant seul Luc parle de Zachée qui devient disciple et rayonne autour de lui (Luc 19.1-10). Les femmes étaient négligées, pourtant Jésus les a traitées d’une manière révolutionnaire pour l’époque. Il a été rempli de compassion pour la veuve qui enterrait son fils unique et l’a ressuscité (Luc 7.11-18). Seul Luc parle de la prophétesse Anne qui loue Dieu pour la naissance de Jésus (Luc 2.36-38). Enfin, Jésus redonne espoir aux pauvres avec la parabole de Lazare et de l’homme riche, dans laquelle le pauvre mendiant va avec Abraham, alors que le riche est séparé (Luc 16.19 -31).
Dans le contexte de ce thème, présent dans l’ensemble de l’Écriture, les miracles de Jésus illustrent concrètement un aspect du cœur de Dieu, à savoir qu’il bat, dans son amour infini, d’une manière toute spéciale pour celui qui est mis de côté, celle qui souffre. Cela ne veut pas dire que Dieu ne prend pas soin de ses enfants qui jouissent d’une situation aisée ou qui sont en position de force. Cela ne veut pas non plus dire que Jésus ne guérissait pas ce type de personnes. Nous avons, par exemple, la guérison du serviteur de l’officier romain en Luc 7.1-10. Cependant « L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement. » (Psaume 34.19).
Conclusion
Pourquoi rechercher les miracles aujourd’hui ? Pour le spectacle ou un bénéfice personnel ? Ou alors, comme une preuve nouvelle de la puissance de Jésus ? Pour attester le fait qu’il est le Messie qui devait venir ? Jésus est le plus grand de tous les super-héros, il prend soin de la veuve et de l’orphelin, mais avant tout, il nous offre bien plus qu’une potentielle guérison physique, il nous donne la vie éternelle et la paix avec Dieu.
Les miracles de Jésus sont là pour nous rappeler ces différents aspects. Comme pour les gens de l’époque de Jésus, ils nous poussent à nous positionner vis-à-vis du Messie et à comprendre les implications de ses actes pour notre vie. Ai-je besoin d’un Messie qui me donne une bonne santé, qui me fait voir des choses surnaturelles ou qui m’éblouit à la manière des hommes ? Ou ai-je besoin d’un Sauveur aimant qui s’approche de moi quand ça va mal, qui me relève, qui m’accompagne et me dit simplement : « Je suis là, je prends soin de celui qui a le cœur brisé, fais-moi confiance, je ne te laisserai jamais » ?
- DC comics est l’une des principales maisons d’édition BD américaines. « DC » signifie « Detective Comics ». Les super-héros Batman, Superman, et Wonder Woman font notamment partie de cet univers.
- Voir Jean 9.16 ; 10.19-21,42
- Jean 7.40-44 ; 11.27
- Deutéronome 18.15 ; Jean 1. 21,25,45-46 ; 6.14 ; Actes 3.22 ; 7.37
- Jean 7.40-41
- Esaïe 42.1-9 ; 49.1-7 ; 50.4-11 et 52.13 – 53.12
- Matthieu 8.16-17 où est cité Esaïe 53.4
- Esaïe 42.7 ; 62.2-3 ; Jérémie 23.5-6
- G. H. Twelftree, ‘Miracles and Miracle Stories,’ in Dictionary of Jesus and the Gospels, Second Edition, ed. Joel B. Green, Jeannine K. Brown, and Nicholas Perrin (Downers Grove, IL; Nottingham, England: IVP Academic; IVP, 2013) : p. 602.
- Proverbes 14.31 dit également : « Exploiter le faible, c’est insulter son créateur, mais faire grâce au pauvre, c’est l’honorer. »
- Marc 2.17 ; Luc 5.30-32.
- Blomberg Craig L., Jesus and the Gospels: An Introduction and Survey , 2nd ed. (Nashville, TN: B&H Publishing. Group, 2009) : p. 163-165.
Quand on pense à Dieu, il est plus aisé de concevoir un Seigneur glorieux qu’un Dieu humble.
Avons-nous même le droit de parler du Dieu tout-puissant, créateur, celui qui donne la vie
et qui la reprend, comme ayant une part d’humilité ?
Certains en doutent.
Pourtant, en contemplant les trois personnes de la Trinité, il en ressort que, même si le Dieu
trinitaire est glorieux, il se place souvent en retrait par amour, mettant l’humanité en premier, respectant notre liberté.
Le Saint-Esprit
Dans la vie du disciple, le Saint-Esprit ne s’impose pas, mais se propose. Il inspire, enseigne, aide, encourage, se tient prêt à agir au besoin. Mais chacun est libre d’écouter cette voix, d’être sensible à la conduite du Saint-Esprit pour grandir — ou alors de la faire taire pour aller vers d’autres voix, de l’ignorer et d’agir à sa guise.
Jésus
Après que sa gloire a été révélée lors de son baptême et de la transfiguration, la lecture suivie des Évangiles montre que Jésus ne profite pas de cette gloire. Il se laisse rejeter, arrêter, juger, torturer et crucifier, laissant s’accomplir la plus grande injustice de l’humanité. Le prophète Ésaïe avait annoncé que le serviteur souffrant donnerait sa vie plutôt que d’affirmer ses droits (És 52.15-53.12). Ainsi Jésus n’a jamais imposé sa compagnie ou ses enseignements aux gens qu’il a côtoyés. Au contraire, il proposait : « Toi, suis-moi ! » et laissait chacun libre de la réponse.
Dieu
En lisant l’Ancien Testament, il est frappant de constater que lors de la traversée du désert et
de la conquête de Canaan, Dieu s’est contenté d’une tente, le tabernacle, comme lieu de culte. Cela a duré non seulement jusqu’à ce que le peuple soit bien établi dans le pays promis, mais encore après, jusqu’à ce que le peuple prospère et vive dans l’abondance sous le règne de Salomon (1 Rois 5.1-14).
Dieu n’a pas demandé un culte comme celui de beaucoup de faux dieux, avec un temple, glorieux, bien en vue, alors que le peuple survivrait tant bien que mal autour.
Le disciple n’est pas plus grand que son Maître
L’être humain aime se mettre en avant, sur le devant de la scène.
Il a tendance à jouer des coudes pour arriver à ses fins. Pourtant, en tant que disciples de Jésus, se plaçant sous l’autorité de Dieu et avançant sur le chemin de la sanctification avec l’aide du Saint-Esprit, nous devons sans cesse nous remettre en question et ne pas nous croire plus grands que notre Maître. Si le Dieu trinitaire a agi humblement et s’est mis en retrait, combien plus devrions-nous le faire !
La pandémie de coronavirus : un élément nouveau ?
Pour la plupart des chrétiens d’aujourd’hui, la pandémie qui nous a touchés depuis début 2020 est un événement inédit. Certains y voient un signe de la fin du monde, une ultime invitation de Dieu à mettre sa vie en règle avant qu’il ne soit trop tard. Mais est-ce bien comme cela qu’il faut comprendre les événements actuels ? Une étude succincte de l’histoire de l’Église met en évidence le fait que les épidémies et autres fléaux ont bien souvent rythmé le quotidien des frères et sœurs qui nous ont précédés.
En effet, aussi loin que l’histoire a été documentée, nous trouvons la trace de maladies, pestes, épidémies de malaria qui ont affecté la société et profondément redéfini la vie des gens. Pour se limiter à l’ère chrétienne, déjà sous l’empire romain, pendant le règne de Marc Aurèle en 166, on fait état d’un fléau qui a touché le monde entier 13. Du XIVe au XVIIIe siècle, l’Europe, l’Empire ottoman, l’Afrique du nord ont été régulièrement touchés par des fléaux successifs et souvent importants : par exemple, la peste noire qui a touché le nord de l’Italie, Paris, Londres, ou Istanbul 14. Plus récemment, on se souvient de la grippe espagnole de 1918 avec ses 100 millions de victimes dans le monde et des différentes épidémies de polio, Ébola15, grippes de la deuxième moitié du XXe siècle. Ces fléaux continuent jusqu’à aujourd’hui !
Ces exemples parmi tant d’autres, montrent une continuité de maux touchant le monde, et nous permettent de prendre du recul par rapport à la pandémie actuelle. Si l’on en croit l’histoire, et ce malgré les avancées de la médecine — médicaments, vaccinations, connaissances des virus et bactéries — nous nous devons de relativiser et de voir dans la pandémie de coronavirus un événement prévisible, bien que difficile. Ce qui est surprenant n’est pas le fait de souffrir de la situation actuelle, mais qu’elle ne soit pas survenue plus tôt.
Dans la pratique également, les consignes actuelles de lutte contre la pandémie — gestes barrières, distanciation sociale, quarantaine, restriction dans les déplacements et les rassemblements religieux, annulation d’événements, désinfection en profondeur, confinement excepté pour les travailleurs essentiels (métiers de la santé) — étaient déjà mis en place pendant les fléaux de l’histoire16 . L’Ecclésiaste le déclamait : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Si l’on dit à propos de quelque chose : ‘’regarde ceci, c’est nouveau’’, en réalité cela existait déjà dans les siècles précédents » (Ecc 1.9b-10, version Segond 21).
Enfin, des écrits sur les fléaux de l’histoire, nous pouvons également retenir ce désir de laisser une trace, un témoignage qui servira aux générations futures. Les croyants de l’Église écrivaient pour faire part de leur expérience à ceux qui subiraient une nouvelle épidémie, transmettant la sagesse et les outils développés pour adopter la bonne approche, la bonne façon de réagir en temps dramatiques. Voici quelques enseignements tirés de l’histoire qui sont certainement utiles pour la pandémie actuelle.
La réponse de l’Église face aux fléaux
Au tout début de l’Église, alors qu’elle n’était pas encore reconnue dans l’Empire romain, des pandémies sont venues s’ajouter à une situation de persécution sévère durant laquelle les martyres étaient courants, et parfois à un contexte de guerre, comme ce fut le cas lors du fléau qui a touché Carthage en 250-26017 . En ces temps troublés, l’évêque Cyprien encourageait les chrétiens à offrir une aide désintéressée à leurs voisins, chrétiens ou non, à prendre soin des malades, et à enterrer les morts. Le malheur atteignait toute la famille humaine, chrétiens et non-chrétiens, de la même manière, à la seule différence que les chrétiens pouvaient voir leur foi se renforcer alors que les non-croyants se lamentaient sur ce qui avait été perdu. L’Église était alors appelée à une attitude de sacrifice tout en sachant que Dieu était souverain, donc qu’on ne pouvait pas le blâmer pour ce qui arrivait. Les fléaux n’étaient pas une punition ou une rétribution. À la suite de cette réponse des premiers chrétiens, les églises ont commencé à créer des structures d’accueil pour les pauvres et les malades, lieux où l’on donnait de la nourriture, des habits, des soins médicaux et du réconfort à ceux qui allaient mourir. Cette éthique chrétienne tournée vers l’autre était nouvelle et beaucoup de gens sont venus à la foi grâce à cet exemple.
Lors des épidémies de peste noire du XIVe siècle, la réponse de l’Église fut différente. Les chrétiens n’étaient plus persécutés et n’avaient plus l’alternative de mourir soit martyrs soit victimes d’épidémies. Au contraire, l’Église était bien établie, confortablement installée 18; beaucoup de chrétiens, clergé y compris, ont réagi sur la base de leur propre intérêt plutôt que par amour du prochain, choisissant de fuir pour sauver leur vie au lieu de porter assistance aux nécessiteux. L’Église a alors cherché un sens à donner aux fléaux et a déclaré que le péché en était la cause et que Dieu envoyait la peste comme jugement. Les croyants en venaient alors à blâmer Dieu pour leurs souffrances. Cette réponse des chrétiens a contribué à affaiblir l’autorité de l’Église plutôt que de la renforcer. Elle est une des raisons qui a permis à la Réforme de se déclencher peu de temps après.
Aujourd’hui, l’Église d’Occident n’est ni dans une situation de persécution sévère, ni dans une situation de pouvoir et de force. Quel sera donc le sens donné à la pandémie que l’on vit actuellement ? Un message motivé par l’amour du prochain et le don de soi, ou au contraire un message qui donnera l’impression d’un recentrement sur soi, d’une indifférence aux autres et même d’une hostilité générée par la peur et la fatigue d’une situation qui dure19 ? Les fléaux forcent en effet la société et l’Église à s’examiner et à faire face à certaines vérités qui sont difficiles à entendre : des réformes à entreprendre, des mauvaises habitudes à modifier, une profonde repentance. C’est une occasion de pouvoir le faire durant la pandémie que l’on vit.
Temps de crise, temps d’entreprise
Chercher la face de Dieu, se remettre en question fut la réponse de l’Église, sous forme de journées de prière et de jeûne, pour plaider devant le Seigneur. Cela fut également la réponse individuelle de nombre de serviteurs de Dieu dans des temps incertains. Lors de l’épidémie de grippe espagnole de 1918, alors confiné, Hugh Edward Alexander, le fondateur de l’École Biblique de Genève (IBG aujourd’hui), a consolidé sa vision de démarrer un institut biblique de langue française qui forme toujours des missionnaires et des pasteurs pour l’évangélisation du monde. C’est lors de cette même épidémie, au début du XXe siècle, que l’Afrique a vu émerger nombre de mouvements d’église locaux qui ont modifié le panorama religieux africain, indépendamment de l’Europe et qui ont permis l’expansion de la foi chrétienne sur ce continent jusqu’à aujourd’hui20 .
Quelles réformes nos églises sont-elles appelées à adopter, que les générations futures identifieront comme ayant émergé de la pandémie de coronavirus des années 2020 ? Certains parlent d’un retour aux églises dans la simplicité, type églises de maison, axées sur le relationnel et le discipulat. Dans tous les cas, le grand mandat que Jésus a donné à ses disciples avant de remonter au ciel (Act 1.8) demeure et nous pouvons avoir confiance qu’il dirigera son Église en toutes situations, coronavirus inclus, vers l’accomplissement de cette mission et vers la sanctification de l’Église en vue de son retour. À nous de continuer la marche par la foi.
- Kyle Harper, Pandemics Now and Then, History Today, 70, no. 7 (Juillet 2020): p. 90–93.
- Dean Phillip Bell, Learning from Disasters Past: The Case of an Early Seventeenth-Century Plague in Northern Italy and Beyond, Jewish Social Studies, 26, n° 1 (Automne 2020), p. 55–66.
- Notamment la grippe aviaire, la grippe H1N1
- Ibid, p. 59, 62.
- Catherine Gunsalus González, Christians Responses to Plagues: A Glimpse at the History, Journal for Preachers, 44, no. 1 (Hiver 2020) : pp. 15–21.
- Ibid., p. 17-18
- Yuval Levin, “A Mirror of the Plague: Pandemics Ancient and Modern and the Lessons They Teach”, Commentary, 149, n° 5 (mai 2020), p. 18–22.
- Philip Jenkins, Plagues Remake Religious Landscapes, Christian Century, 137, no. 12 (Juin 2020) : pp. 44–45.
1. Introduction
La relation entre la doctrine de l’élection et son application missionnaire est importante à aborder car une corrélation entre les deux existe. En effet, le témoignage apporté à quelqu’un qui ne connait pas le Seigneur en sera inévitablement impacté. Nous n’entrerons pas ici dans les détails de savoir si la doctrine de la prédestination ferait perdre un certain entrain au témoignage, Dieu n’ayant pas besoin de nous pour sauver ceux qu’il a choisis. Cette vision discutable du grand mandat de Matthieu 28.18-20 a déjà été abordée ailleurs21 . Aujourd’hui seule une minorité de chrétiens suivent cette ligne de conduite quant à l’application missionnaire de la doctrine de l’élection.
En revanche, le plus grand nombre s’accorde à dire que, dans le contexte missionnaire, l’important n’est pas de savoir comment la personne trouve Dieu ou pourquoi une personne s’ouvre au Seigneur, mais bien que la relation entre la personne et Dieu soit rétablie, par Jésus-Christ et sous l’action du Saint Esprit. L’accent est mis sur la personne que Dieu veut ramener à lui et le message qui lui est délivré pour qu’elle comprenne le salut.
Cet article abordera donc la relation entre la doctrine de l’élection et son application missionnaire dans son aspect général, en partant du postulat suivant : Quelle que soit notre position (prédestination, prescience de Dieu ou libre arbitre), le mandat missionnaire est approuvé par tous. En d’autres termes, le disciple de Christ se doit d’aller faire des disciples dans toutes les nations du monde.
2. Annoncer un message simple et sans détours
Cette base commune est justement l’application principale de la doctrine de l’élection à la mission. Paul était avant tout un missionnaire pionnier et ses écrits sont des comptes rendus du travail sur le terrain plus que des documents théologiques rédigés à des fins académiques. À cet effet, il écrit à Timothée de guider les chrétiens loin des controverses sans fin pour se recentrer sur le message de l’Évangile (2 Tim 2.10-14). Le terme « supplier », au verset 14, parfois traduit par « recommande solennellement » (Semeur) aide à saisir toute l’intensité de ce conseil de Paul à Timothée et combien le fait de garder le message de l’Évangile simple et sans détour dans un but d’évangélisation est capital. Ces versets, sont en effet écrits, « afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est en Jésus-Christ, avec la gloire éternelle » (2 Tim 2.10b).
C’est de cela dont la personne en recherche de Dieu a besoin : Entendre le message de l’Évangile, de la part d’un ami, d’une connaissance, d’un membre de la famille, d’une étrangère, d’un disciple fidèle au commandement de Jésus d’aimer et de faire à son tour un disciple. Toutefois, l’évangélisation n’a pas pour but de convertir par tous les moyens, mais d’être fidèle dans le partage de l’Évangile et de laisser le Saint Esprit faire son œuvre selon le plan de Dieu.
Une première application missionnaire de la doctrine de l’élection est donc de se rappeler que notre rôle est de transmettre le message auquel tous chrétiens croient, et moins de regarder à qui est sauvé ou en passe de l’être. Cela appartient à Dieu. Dans ce contexte missionnaire, nous devrions donc communiquer l’assurance du salut plutôt que de savoir comment on l’obtient ; l’assurance d’une relation rétablie avec Dieu par Jésus, plutôt que de se demander comment nous sommes choisis ; l’assurance d’une vie changée en Jésus, plutôt que de savoir quand et comment le changement s’opère.
3. Annoncer le message de l’Évangile : Conséquence de l’élection
Si la première application s’oriente vers l’extérieur, la deuxième application va vers une introspection, sur le pourquoi de notre élection. Christopher Wright, dans son livre The Mission of God 22 mentionne que c’est mal comprendre le sens biblique de la doctrine de l’élection si elle devient une base d’explication mystérieuse pour définir qui est sauvé et qui ne l’est pas. Wright donne l’exemple de l’appel et l’élection d’Abraham qui n’a pas tant à voir avec son salut, mais plutôt avec son rôle de père spirituel, de qui descend toute personne rachetée et sauvée après lui. La mission d’Abraham était d’être l’instrument par lequel Dieu allait rassembler un peuple nombreux, celui par lequel « les familles de la terre seront bénies » (Gen 12.3b). Communément comprise en théologie systématique, la doctrine de l’élection se rapporte à notre salut, mais Wright conclut qu’avant tout nous sommes élus pour la mission23. En effet, à la lumière de 1 Pierre 2.9 nous comprenons que l’Église a été élue pour être une nation sainte (mise à part) afin d’adorer Dieu et de témoigner de lui en proclamant ses louanges.
Cette idée est bien loin de celle qui affirme que Dieu n’a pas besoin de nous pour sauver ceux qu’il a élus. Nous voyons maintenant que personne ne peut accomplir la mission de propager l’Évangile si ce n’est les élus et que c’est justement pour cette raison que l’on a été élu. L’élection devient ici un gage de qualité, un sceau d’authenticité, une sorte d’accréditation qui nous permettrait d’avoir l’honneur de prendre part, en tant que disciple, à la mission que Jésus a donnée aux premiers disciples avant nous. Quel privilège, dans cette perspective, d’avoir été élu pour l’action plutôt que pour le contentement !
En résumé, comme deuxième application missionnaire de la doctrine de l’élection, nous devons nous rappeler que notre élection marque le début de notre mission de faire des disciples dans tous les peuples et non une finalité de salut sur lequel on pourrait se reposer.
4. Conclusion
La doctrine de l’élection fait sens pour les chrétiens nés de nouveau lorsqu’ils regardent en arrière et peuvent rendre gloire à Dieu pour la façon dont ils sont venus à choisir Christ. Dans le contexte missionnaire, l’accent est à mettre sur le fait que Dieu nous aime, veut que nous nous réconciliions avec lui en Jésus pour avoir une relation personnelle et quotidienne avec nous. En cela, nous sommes responsables, nous qui lui appartenons de propager ce message humblement et sans peur (Act 18.9-10) en croyant que Dieu veut nous utiliser pour ramener à lui beaucoup de gens qui le cherchent encore aujourd’hui.
- Par exemple sur ce blog : https://www.reveniralevangile.com/lelection-nous-encourage-a-levangelisation/
- Wright Christopher J.H., The Mission of God: Unlocking the Bible’s Grand Narrative (Nottingham England: IVP, 2006), pp581
- Ibid., p. 263-264
Seigneur, pourquoi ?
Quand les choses ne vont pas dans le sens où nous le voudrions, lorsqu’une porte se ferme ou qu’une maladie nous frappe, notre réaction est souvent la suivante : « Seigneur pourquoi ? » De même, quand nous sommes face à une décision importante et que les choses sont floues nous demandons : « Seigneur quand montreras-tu le chemin, quand répondras-tu ? »
Dieu agit parfois d’une façon qui est difficile à comprendre. Pourtant la sagesse de Dieu est infinie et il bénéficie d’une vision d’ensemble qui nous échappe à nous, êtres humains.
Dans le cimetière militaire anglais du Caire se trouve la tombe d’Oswald Chambers, évangéliste écossais du début du XXe siècle, dont les écrits édifient les chrétiens encore aujourd’hui. Durant la première guerre mondiale, il quitta le confort de son ministère en Grande-Bretagne pour s’engager comme aumônier de troupes. Il eut un impact grandissant envers les militaires britanniques basés en Égypte jusqu’au jour où une crise d’appendicite le toucha. Il refusa d’aller à l’hôpital, ne voulant pas occuper le lit d’un futur soldat blessé au combat. Il finit par être traité en urgence douze jours après la crise et mourut des complications de l’opération à l’âge de 42 ans. Pourquoi Dieu a-t-il permis qu’un de ses serviteurs prometteurs, qui avait tant sacrifié et dont l’humilité et l’amour pour le prochain l’avaient poussé à refuser les soins dont il avait besoin, mourût de la sorte ? N’aurait-il pas pu prendre soin de son enfant dévoué ? Pourquoi Dieu est-il resté silencieux ?
Job, le juste qui souffre
Dans la Bible, cette question est également posée et débattue en détail dans le livre de Job. Job était un homme qui suivait Dieu et lui portait un culte sans faille (1.8 ; 2.3). Il se voit privé de tout : ses biens (1.13-17), ses enfants (1.18-19), sa santé (2.7-8). Face au silence de Dieu, dans sa souffrance, il demande : « Pourquoi ? » (13.20-2524 ) Alors que le silence de Dieu perdure, Job le questionne sur sa justice (7.17-21 ; 10.2-6), se trouvant sans faiblesses ou péchés qui justifieraient ce qui lui arrive (9.2-4, 14-22 ; 16.1725 ). Il désire alors défendre sa cause devant Dieu (23.1-7[notCf. Job 13.3 ; 16.20-21[/note]) tout en ayant confiance que Dieu le défendra et lui sera favorable (19.25-27). Job croit, en effet, que Dieu est juste et il lui reste fidèle (27.1-6). Mais face à cette plainte de Job dans sa souffrance Dieu reste silencieux, absent.
Cela est d’autant plus surprenant que ses amis Éliphaz, Bildad et Tsophar, qui arrivent à la fin du chapitre 2 (Job 2.11-13) pour encourager Job, ne font qu’empirer les choses allant même jusqu’à faire son procès. Leur logique est simple : si Dieu est satisfait d’une personne, de ses actions religieuses, alors il la bénira. Au contraire, si Dieu n’est pas satisfait de la consécration d’une personne à son égard, ou à cause d’un péché commis, Dieu enverra son jugement, sa malédiction. Cette relation de cause à effet26 est connue comme la théologie de la rétribution. Pour les amis de Job, s’il souffre c’est qu’il a péché. L’explication pour eux est donc que Dieu est silencieux car il attend que Job se repente, et une fois cette étape franchie, Dieu bénira Job à nouveau. Cette logique est aussi celle du diable qui nous inspire bien souvent ce sentiment de culpabilité quand Dieu semble loin ou silencieux : « Qu’ai-je fait de faux ? Dieu ne doit plus m’aimer. Je n’en vaux pas la peine. »
Comment donc comprendre ce silence de Dieu dans les souffrances de Job ?
Dieu, au-dessus de la souffrance
Une piste de réflexion se trouve dans la structure globale du livre. En effet, le début et la fin de Job posent le contexte sous une forme narrative. Puis nous avons une série de dialogues (chapitres 4 à 27) où Job répond successivement à ses amis et enfin une série de monologues (chapitres 29 à 41). Au centre, le chapitre 28 forme un poème ayant pour thème la sagesse se terminant par le verset 28 : « Puis il [Dieu] dit à l’homme : « La crainte du Seigneur, voilà en quoi consiste la sagesse. S’éloigner du mal, voilà en quoi consiste l’intelligence » » (28.28, S21).
Dans le poème du chapitre 28, nous pouvons identifier une transition dans la manière dont le thème de la souffrance est traité. Dans les dialogues du début, l’accent est mis sur le « pourquoi ? » de la souffrance : sa cause, sa raison dont Job et ses amis débattent. Mais alors que Job 28.28 nous apprend que la sagesse27 c’est la crainte du Seigneur et s’éloigner du mal, nous sommes progressivement amenés vers une autre question, non plus de la raison de la souffrance mais de sa signification. La question « Qu’est-ce que la souffrance peut nous apprendre sur Dieu, sur nous, sur le plan de Dieu pour nous », est alors débattue avec pour réponse le monologue de Dieu dans les chapitres 38 à 41. Dans ce monologue, la présentation de deux animaux redoutables que l’homme ne peut dompter indique à Job que la souffrance n’est pas voulue de Dieu mais qu’elle fait partie de la condition humaine.
Dieu ne répondra jamais à Job sur le pourquoi de sa souffrance, mais il donnera une longue explication sur sa signification. Dieu est en effet au-dessus de cette relation de cause à effet, bien au-dessus de la souffrance et du péché. En tant que créature, nous ne pouvons pas comprendre le pourquoi de la souffrance et ce n’est pas notre rôle de le faire. La souveraineté de Dieu, son œuvre (38-39) ne peuvent être comprises par l’être humain car il n’a pas la vue d’ensemble qui est celle de Dieu. Au final, Job peut seulement reconnaître la supériorité de Dieu, lui faire confiance et reconnaître sa sagesse même dans sa souffrance (42.1-6). Job répond par l’humilité, la repentance et l’acceptation.
Notre réponse à la souffrance
Comment appliquer cette compréhension de la souffrance dans nos propres vies ? Comment comprendre les silences de Dieu quand nous souffrons ? Tout d’abord, il faut pouvoir se positionner devant Dieu, comme Job l’a fait (19.25), et se rappeler que Dieu est notre rédempteur. Dieu est au-dessus de la souffrance mais la souffrance ne lui échappe pas, tout comme celle de Job qui ne lui a pas échappé. Il ne se plaît pas à nous voir souffrir en silence voulant qu’on lui donne une confiance aveugle comme un roi qui se soucierait peu de ce que vivent ses sujets. Non ! même si nous ne comprenons pas notre souffrance, nous pouvons avoir confiance dans les promesses de la Bible disant que Dieu est bon et bienveillant (Ps 31.20-21 ; 34.8-9), qu’il veut le meilleur pour nous (Rom 8.28), qu’il est avec nous en tout temps (Mat 28.20b). Dieu l’a prouvé à Job en le rétablissant à la fin de sa vie et en lui donnant plus que tout ce qu’il avait perdu (42.7-16) Dieu est du même côté que nous quand nous traversons la souffrance (42.7).
Il est naturel de douter quand les choses ne vont pas comme on le voudrait, mais si la Bible nous promet que Dieu est avec nous, alors essayons de chercher ce que Dieu veut nous apprendre, de comprendre comment continuer à le suivre dans cette nouvelle situation. Essayons de nous rapprocher de lui et de continuer à rayonner de l’Évangile, même si nous ne comprenons pas tout, même si Dieu est silencieux. Ayons la même attitude que Job envers Dieu, sachant qu’il ne va pas non plus travailler contre nous. Si nous nous positionnons de la sorte devant Dieu comme ses enfants confiants en leur Père céleste, nous souffrons avec lui et quand il est silencieux nous restons près de lui jusqu’à ce qu’il agisse, nous enseigne, ou nous donne une conviction.
Écclésiaste (7.14) dit : « Au jour du bonheur, sois heureux, et au jour du malheur, réfléchis : Dieu a fait l’un comme l’autre, afin que l’homme ne découvre en rien ce qui sera après lui. » En mettant ce verset à la lumière du message de Job, on en déduit que lorsque la souffrance est là, nous devons chercher la signification, le « à quoi » et non pas chercher la raison, le pourquoi. Dieu, en effet, est parfois silencieux pour nous permettre ce temps de réflexion, de maturation, pour que l’on puisse passer du « pourquoi » au « à quoi » suivant ce qu’il nous enseigne. Dieu nous laisse le temps de grandir en lui, en cherchant cette sagesse qui est la crainte de Dieu, en nous donnant l’opportunité de le connaître de mieux en mieux.
Pourquoi Dieu permet-il la souffrance, parfois de manière plus forte et plus dure pour certains que pour d’autres, est une question dont nous n’avons pas la réponse. Mais nous pouvons nuancer notre attitude et chercher quels progrès Dieu veut nous voir faire à travers l’épreuve. Cela reste un combat qui n’est gagné pour personne, mais la marche chrétienne est une école de vie où nous devons apprendre à marcher humblement avec le Seigneur, qui est là pour nous aider.
- Cf. Job 3.20-26 ; 10.18-22
- Cf. Job 12.4-5 ;13.13-19
- Gordon D. Fee, Douglas Stuart, How to read the Bible book by book : a guided tour, Zondervan, 2002, p. 123.
- Dans la Bible, la sagesse signifie les compétences ou aptitudes pour vivre notre vie de tous les jours en accord avec le plan de Dieu révélé au monde. Ici la sagesse dont il est question est l’aptitude à vivre la souffrance dans la vie de tous les jours selon ce que Dieu considère juste. En somme, en s’abandonnant à lui et en le suivant humblement.
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