PROMESSES

Il y a quelque temps, j’ai assisté à l’enterrement d’un missionnaire de 42 ans, décédé subitement. Le moment le plus touchant de cette émouvante cérémonie fut le témoignage des hommes et des femmes que Dieu avait touchés par le biais de son ministère et qui seront au ciel avec lui un jour. Matériellement, il ne laisse pas grand chose mais spirituellement il a accumulé l’une des fortunes les plus précieuses qui attendent les hommes et les femmes ayant eu le sens de leur responsabilité.
L’intensité de notre consécration se démontre par ce que nous aimons, désirons ou servons. Quel est notre trésor ? Jésus nous pose la question dans ces versets du Sermon sur la montagne.

Quel est ton trésor ?

19 Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent.
« Amasser » a donné en français « thésauriser ». C’est comme si Jésus disait : « Ce que vous êtes en train de faire révèle un sens erroné des priorités. »
Le problème que Christ relève est de retenir des richesses à des fins égoïstes, ou de voir dans l’accumulation de richesses un but en soi, un moyen d’afficher sa valeur personnelle.
A cette époque, les trésors étaient difficiles à préserver. Beaucoup de riches investissaient leur argent dans des vêtements de qualité. Malheureusement, les mites les dévoraient et pouvaient facilement ruiner une toilette coûteuse. Les maisons étaient construites avec une sorte de pisé qu’il était facile de percer. Un voleur pouvait facilement creuser le mur et retirer un coffret contenant de l’argent ou des bijoux.
Ce passage ne condamne pas la constitution d’une épargne légitime. Les fourmis ont raison d’amasser l’été ce dont elles auront besoin l’hiver (Prov 6.6-8). Il est sage de se préparer, quand c’est possible, un coussin financier pour les « saisons de la vie ».
Mais, comme le dit le proverbe populaire, « l’argent est un bon serviteur et un mauvais maître ». Les richesses sont, comme notre temps et nos compétences, une ressource formidable. Le problème des trésors c’est que parfois, on y prend goût et qu’on se laisse dominer par eux. Le problème c’est d’aimer les richesses de ce siècle et de vivre pour elles, par elles (cf. 1 Tim. 6.9-10).
L’amour des richesses conduit certains à ne pas prendre soin des leurs, ce qui est pire que le comportement des infidèles (1 Tim. 5.8). Il conduit même des soi-disant leaders d’église à exploiter financièrement les personnes crédules qui suivront leurs enseignements corrompus (2 Pi 2.3). Méfiez-vous de ceux qui appellent vos dons sans votre réflexion et votre consentement. L’amour de l’argent touche aussi les pasteurs et autres responsables religieux…
Le jeune homme riche était remarquable dans ses relations à autrui. Il respectait à merveille la seconde partie des 10 commandements. Mais Jésus le conduit avec tact à réaliser combien il avait piétiné les premiers : son amour de l’argent était une idolâtrie qui le condamnait tout autant à l’enfer (Mat 19.16- 26). Quelle folie !
L’interpellation de Jésus doit nous conduire à examiner nos « trésors » : sensualité, richesse, désir d’influence – les options sont hélas fort nombreuses.
 » 20 Mais amassez des trésors dans le ciel, où ni les vers ni la rouille ne détruisent et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. « 
Les richesses terrestres sont très volatiles (cf. Prov 23.4-5). Christ nous propose de ne pas miser sur cette terre comme si nous allions y rester, mais d’investir différemment, sur le long terme. Le rendement est généreux il n’apparaît qu’au seuil de l’éternité. Au tribunal du Christ, nous ne ferons que récupérer ce que nous avons placé. 2 Cor 5.10 affirme qu’il nous sera « rendu », une notion bancaire, selon ce que nous avons déposé par notre consécration.
Tous les réveils authentiques que l’Écriture nous relate, ont eu un effet spectaculaire sur les offrandes (Ex 35.21 ; 1 Chr 29.2-9 ; Néh 8.5-8). Comme si une vision spirituelle claire montrait la futilité de nos poursuites terrestres. Lorsque je donne à un frère en difficulté, lorsque je participe à l’offrande de l’Église et pour la mission, j’épargne en fait dans les caisses célestes.
Dieu veut que nous nous servions des richesses, pas que nous les aimions pour elles-mêmes. Que nous les utilisions pour jouir de la vie (1 Tim. 6.17), pour contribuer à l’œuvre de Dieu (Éph 4.18), pour être généreux (Luc 6.38).
Il y a eu des moments dans l’histoire où certains sont allés jusqu’à tout sacrifier pour Dieu (cf. Marc 14.5 ou le début des Actes). Il ne me semble pas toutefois que cela soit forcément à imiter. À situation exceptionnelle, solution exceptionnelle. Il se peut qu’en cas de réveil spirituel, en cas de guerre et d’énormes besoins de solidarité, certains se sentent conduits à voler au secours d’autrui par de tels sacrifices. Mais cela n’est pas sans conséquences terrestres. Quelques années plus tard, la famine a frappé la région de Jérusalem. Paul demande aux autres régions, qui avaient tant bénéficié de l’aide des chrétiens de Jérusalem, d’aider ceux qui vraisemblablement, n’avaient alors plus de champs…
21 Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.
Finalement, la véritable question est le contrôle qu’exerce un trésor. Qu’est-ce qui vous passionne, vous fait vibrer, vous fait choisir comment vous passez votre temps, votre énergie ? Nos passions révèlent ce que nous sommes — la couleur de notre cœur. Elles orientent nos vies.
Quand on fait du deltaplane, le seul moyen de contrôler la direction, c’est de faire basculer son corps dans un sens ou dans un autre. Le centre de gravité se déplace et l’aile volante s’oriente dans la direction voulue. Il en va de même de nos trésors. Par une décision consciente, nous devons déplacer nos centres d’intérêts, pour que nos trésors ne mobilisent pas toute notre énergie.
Un objet (aussi petit qu’un ordinateur ou aussi grand qu’une maison), ou un plaisir (aussi légitime qu’un plat de lasagnes ou aussi indigeste qu’un excès de table) peuvent ôter à Dieu la place du maître.
Ces mêmes idées sont ensuite rappelées par deux fois d’une manière différente.

Quel est ton désir ?

22 L’œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé ; 23 mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres !
Le corps ne perçoit les obstacles devant lui que grâce à l’œil. Si l’œil ne fonctionne pas bien, il est difficile de retrouver un chemin ou de bouger son corps comme il le faudrait. L’œil c’est aussi l’appréhension des désirs et des éléments qui nous entourent. Beaucoup des informations qui orientent ma vie passent par les yeux.
Dans le jardin d’Éden, Ève « vit » que « l’arbre était bon à manger et agréable à la vue » (Gen 3.6) et elle en prit. Acan « vit » un manteau d’une rare beauté et un gros lingot d’or parmi les objets interdits du butin (Jos 7.1,21). David « vit » Bath-Schéba avant de réaliser son plan (2 Sam 11.2).
L’apôtre Jean avertit : « Tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. » (1 Jean 2.16) C’est comme si la chair était dans un état de manque continuel et cherchait l’appui des yeux pour la nourrir, et pour susciter « l’orgueil de la vie ».
Jésus parle d’un œil en « bon état ». Le terme grec évoque la simplicité, la franchise, le caractère sans détour, la sincérité, l’honnêteté. Il peut se traduire par « non artificiel », « non mélangé », mais « direct ».
Notre œil va entraîner notre corps, et si notre œil n’est pas honnête, il va générer des désirs, orienter le corps, conduire notre vie, contrôler notre être.
Un œil intègre, franc, centré sur Dieu fera des merveilles dans une vie. Et pour ceci nous avons besoin que Dieu éclaire nos yeux (Ps 13.4 ; Éph 1.18).
L’œil peut aussi être en « mauvais état ». Ce qui désigne ici un état moralement mauvais, des yeux avides de trouver de quoi nourrir sa passion, son cœur.
Chacun d’entre nous, je suppose, avons parfois des aspirations moralement mauvaises. Nos yeux se portent fort naturellement sur ce qui alimente ces aspirations. Celui qui laisse ses yeux désirer et chercher la satisfaction, la satiété, ne trouvera qu’un puits sans fond. Il se retrouvera de plus en plus lié.

Qui est ton maître ?

24 Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
En personnifiant la richesse par Mammon, Jésus pense à ce qui nous contrôle, qui nous motive, qui nous satisfait, qui nous rassure, qui nous donne le sens des valeurs. Bref, le dieu que nous servons !
Les directives de deux maîtres feront en sorte qu’un jour où l’autre, ils s’opposeront. L’écartèlement n’est jamais très agréable. Le choix devient alors obligatoire. Qui est votre maître ?
Lorsqu’on cherche à placer ses yeux sur deux objets à la fois, on louche bizarrement et on ne voit plus rien clairement. Tout devient confus et on n’arrive plus à prendre de bonnes décisions.
Jésus appelle à une consécration absolue — volontaire, aimante, confiante — à sa personne. Dès lors, vous ne pourrez plus placer vos trésors uniquement sur cette terre, car vous n’emporterez rien. Dès lors, vous ne pourrez plus désirer n’importe quoi, car en chemin vers Dieu vous visez la sanctification, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie, au moment de son retour. Dès lors, vous resterez détaché de tout ce qui pourrait vous dominer, pour mieux être disponible pour le Dieu qui vous a racheté !

Conclusion

Le respect de la seigneurie du Christ est un mouvement perpétuel de mort à soi-même — et de résurrection en lui. En fait, comme le dit l’apôtre Pierre, « chacun est esclave de ce qui a triomphé de lui » (2 Pi 2.19).
Qui est notre maître ? Qui nous domine ? Comme le souligne Timothy Keller, « Nous savons tous qu’il est possible de faire de l’argent un dieu. Nous savons aussi qu’il est possible de faire des relations sexuelles un dieu. En fait, tout peut devenir une idole, une alternative au vrai Dieu, une contrefaçon […] Un faux dieu est tout ce qui devient tellement central et essentiel à votre cœur que sa perte vous ferait perdre le goût de la vie. Une idole contrôle votre cœur d’une façon telle que vous pouvez lui consacrer la plus grande part de votre passion et votre énergie, de vos ressources financières et émotionnelles, sans y réfléchir à deux fois. »1
Comment ôter ces idoles de nos cœurs ? En faisant de Jésus-Christ l’objet de notre admiration, de notre satisfaction, de notre dévouement. On ne peut brûler ses idoles sans les substituer à un amour plus grand. L’apôtre Jean termine sa première lettre sur ces mots :
« Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin. Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître le Véritable; et nous sommes dans le Véritable en son Fils Jésus-Christ. C’est lui qui est le Dieu véritable, et la vie éternelle. Petits enfants, gardez-vous des idoles. » (1 Jean 5.19-21)
Amassons un capital dans le ciel. Faisons-le par toutes les œuvres bonnes, par tous les investissements financiers pour le royaume de Dieu, par tous les actes discrets de piété, par le pardon que nous offrons, par l’amour que nous vivons — en un mot, par le règne de Christ en nous.

  1. Timothy Keller, Les idoles du cœur, Éditions CLE, 2008.

Écrit par


Pierre aborde ici l’une des questions centrales de sa Seconde lettre : les faux prophètes. Leur ministère est un peu comme un jeu de miroirs déformants. Ils renvoient une image partiellement vraie, partiellement fausse. Et les chrétiens, tout comme les églises, doivent les identifier.

1 Il y a eu des faux prophètes parmi le peuple ; de même il y a parmi vous de faux docteurs qui introduiront insidieusement des hérésies de perdition et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une perdition soudaine. 2 Beaucoup les suivront dans leurs dérèglements et, à cause d’eux, la voie de la vérité sera calomniée. 3 Par cupidité, ils vous exploiteront au moyen de paroles trompeuses mais depuis longtemps leur condamnation est en marche et leur perdition n’est pas en sommeil.

Leur venue (1.1a)

Un prophète porte la parole devant les hommes et devant Dieu. Les prophètes de la Bible donnent une parole inspirée par l’Esprit (cf. 1.20-21), et donc totalement vraie et sûre. Mais il y a aussi eu de faux prophètes.

Moïse a donné dans la loi des instructions pour les démasquer (Deutéronome 13) :

– Un signe, un miracle ou une prophétie réalisée, n’est pas suffisant pour authentifier un vrai prophète.

– Il faut que ses propos soutiennent une juste conception de Dieu, et s’alignent sur la parole que Dieu a déjà posée.

Au temps du N.T., il y a eu des faux prophètes, et notamment à l’intérieur même de l’Église. Voici quelques exemples :

  • Jean avertit : « Plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus, n’est pas de Dieu, c’est celui de l’antichrist, dont vous avez appris qu’il vient, et qui maintenant est déjà dans le monde » (1 Jean 4.1-3).
  • Paul avertit également : « Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et ce n’est pas étonnant, car Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses serviteurs aussi se déguisent en serviteurs de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres » (2 Cor 11.13-15).
  • Jésus reproche à l’église de Thyatire de laisser une femme « qui se dit prophétesse » parler et corrompre l’église (Apoc. 2.20).
  • Lorsque Paul a quitté les responsables de l’Église d’Éphèse, il leur a dit : « Je sais que parmi vous, après mon départ, s’introduiront des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau, et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui prononceront des paroles perverses, pour entraîner les disciples après eux » (Act 20.29-30). Parce qu’Éphèse a été prévenue, elle a su rester ferme pendant 40 ans (voir Apoc 2.1-7).
  • Jésus prévient qu’il y en aura avant l’invasion de Jérusalem (Mat 24.11).
  • Paul également avertit que « dans les derniers temps quelques-uns abandonneront la foi pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons » (1 Tim 4.1).

Pierre s’inquiète. Les faux prophètes d’autrefois venaient de l’intérieur même d’Israël — des Juifs qui, pour différentes raisons, parlaient faussement au nom de Dieu (voir par ex. Jér 5.13-14 ; 6.13 ; 23.13-14). Pierre met en garde l’Église : c’est de l’intérieur, « parmi vous », que viendront des faux docteurs, c’est-à-dire de faux enseignants.

Leur doctrine (1.1b)

Leur doctrine sera sournoisement amenée — c’est-à-dire qu’elle sera présentée avec finesse et ce ne sera pas évident de les identifier. Mais l’apôtre avertit : ce sont des hérésies !

Le mot « hérésie » provient du verbe « choisir ». Les hérétiques élèvent des points secondaires ou dévoyés pour fonder une doctrine particulière. Ils ne respectent pas l’autorité de toute la Bible. Certains de leurs propos sont très justes. Mais il y a certains passages, ou certains enseignements qu’ils refusent de respecter ou de reconnaître — ils choisissent ce qu’ils croient. Les hérétiques ont des « dadas » qu’ils ressassent, qu’ils mettent en avant à l’exclusion d’autres passages de l’Écriture.

Dans le cas présent, l’apôtre Pierre dit que ces hommes renient le maître, c’est-à-dire le Christ. Comment renier Christ ?

  • Lorsque son identité d’homme pleinement Dieu ou de Dieu pleinement homme est contestée. Au temps des apôtres, une secte judaïque, les Ébionites, enseignait que Jésus était un homme normal, qu’il était devenu Messie à cause de sa piété, et qu’il avait reçu un esprit supérieur lors de son baptême. Il y en a eu bien d’autres : les Témoins de Jéhovah aujourd’hui renient le Christ, tout comme certains soi-disant prophètes contemporains.
  • Lorsque ses exigences sont minimisées. Un mouvement commençait à poindre le jour à cette époque également. Ses adeptes se faisaient connaître sous le nom de gnostiques. Ils enseignaient un dualisme erroné se manifestant de deux manières différentes : soit par un ascétisme très strict, soit au contraire, par un laxisme moral complet.
  • Lorsqu’une personne est divinisée à la place du Christ. C’est le cas, par exemple, de l’Église Kimbaguiste qui considère que le second fils du fondateur, Charles Kisolekele Lukelo, est la seconde personne de la trinité. C’est le cas également, au Bénin, de la secte de Banamè, d’inspiration catholique, où une jeune femme se fait passer pour Dieu.

Ces faux docteurs sont un danger. Ils renient Jésus « qui les a rachetés ». Ces faux docteurs sont-ils de vrais chrétiens qui auraient perdu le salut ? Le terme « racheté » équivaut-il à « sauvé » ? Cette expression est un des nœuds de l’Épître, et plusieurs compréhensions ont été avancées :

  • Ces faux enseignants auraient perdu leur salut — mais c’est une impossibilité au regard de nombreux textes de l’Écriture (Jean 10.28-29 ; Rom 8.28-39).
  • Certains limitent le mot « racheté » à la profession de leur foi. Ils disent être rachetés. Cette interprétation est possible, mais difficile à soutenir à partir du texte — elle ressemble un peu à une pirouette.
  • Le mieux est de voir dans le rachat l’œuvre de Dieu pour tous les hommes. 1 Jean 2.2 dit que « Jésus Christ est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier ». Christ a payé pour les fautes de tous, mais tous n’en profitent pas ! Il faut qu’une personne admette son besoin de Jésus et se tourne vers lui. Ainsi, le salut est disponible pour tous les hommes (et tous les hommes sont appelés). Mais il n’est efficace que pour un certain nombre (tous les élus qui se repentent avec confiance).

Leur succès (1.2)

L’impact des faux prophètes sera important. De nombreuses personnes suivront les faux docteurs. Jean l’affirme : « Eux, ils sont du monde ; c’est pourquoi ils parlent d’après le monde, et le monde les écoute » (1 Jean 4.5). De tout temps, l’Évangile et l’autorité de la Parole ont été contre-culturels. En sorte que la majorité des gens est toujours attirée vers quelque chose de plus simple ou de plus confortable ou de plus spectaculaire que l’Évangile et la Bible.

Les exemples abondent :

  • Les prophètes étaient des centaines à la table de Baal, et Élie, seul pour oser se confronter à eux. Malgré quelques milliers d’hommes demeurés fidèles, les serviteurs étaient plus nombreux du côté de Baal que du côté de Dieu.
  • Jérémie a prophétisé pendant 23 ans sans que personne ne l’écoute (Jér 25.3). Et tout autour de lui, de nombreux faux prophètes disaient le contraire de son message, entraînant la foule.

Ces faux docteurs se caractériseront par leurs dérèglements, c’est-à-dire par leurs vices et leur débauche morale. Fausse doctrine et immoralité vont souvent de pair. Comme ces gens se présenteront en bons chrétiens, leur comportement jettera le discrédit sur l’ensemble de la chrétienté. C’est « la voie de la vérité » qui sera ternie, cette voie qui passe par une personne, Jésus-Christ, qui est le chemin (c’est-à-dire le seul passage vers le Père), la vérité et la vie.

Leur cupidité (1.3a)

Une autre marque des faux docteurs est qu’ils sont souvent motivés par l’argent. Leurs services sont facturés.

  • Exactement comme dans le cas de Balaam que les Moabites payèrent pour maudire Israël.
  • Exactement comme Guéhazi, l’assistant d’Élisée, qui voulut capitaliser sur le service spirituel de son maître auprès de Naaman le Syrien.

Aujourd’hui encore, l’erreur et l’argent vont parfois de pair. Ainsi une famille dont un enfant était gravement malade, s’entendit dire par le pasteur qu’il était malade parce que la famille ne donnait pas la double dîme !

La conquête de l’argent est le propre des sectes. Un prédicateur connu était de passage il y a quelques années à Genève. Des milliers de personnes s’étaient rassemblées. Il prêchait la prospérité et la guérison. Et puis il demanda les sujets de prière. Des milliers de personnes gribouillèrent sur un bout de papier prévu à cet effet leur sujet de prière. Il proposa ensuite qu’on soutienne son ministère par un petit chèque. Le tout dans une enveloppe. Après la collecte, derrière l’estrade, le staff américain ouvrait les enveloppes, jetait les sujets de prière, et encaissait les chèques. Et le pire c’est que le lendemain, ce soi-disant prophète s’est mis en colère parce qu’il n’y avait pas eu suffisamment d’offrandes.

Leur destinée (1.3b)

Avant de donner des exemples passés de jugement, l’apôtre annonce clairement leur jugement :

  • Condamnation : Leur jugement est déjà en marche ! C’est une certitude. Jude rappelle que Hénoc l’avait déjà prophétisé il y a des millénaires (Jude 14-15).
  • Ruine: Ce terme est synonyme de destruction et dépérissement.

Tout ceci décrit l’enfer, « le feu qui ne s’éteindra point » (És 66.24), « la honte éternelle » (Dan 12.2) ; « le châtiment éternel » (Mat 25.46), « une ruine éternelle » (2 Thes 1.9).

Conclusion

Paul exhorte Timothée : « Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme qui a fait ses preuves, un ouvrier qui n’a pas à rougir et qui dispense avec droiture la parole de la vérité » (2 Tim 2.15).

Que vous discutiez avec vos enfants d’un passage de l’Écriture ou que vous animiez un groupe de maison, vous avez cette responsabilité : dispenser avec droiture la parole de la vérité. Ce sera la meilleure arme pour éviter de tomber dans les pièges des faux docteurs.

Ayons le même réflexe que les Juifs de Bérée qui examinaient chaque jour la Bible pour vérifier ce que disait l’apôtre Paul.

Écrit par


Florent Varak et Philippe Viguier Éditions CLÉ, 2015

Ayant tous deux exercé des fonctions pastorales, Florent Varak et Philippe Viguier proposent un court essai, simple et pratique, inspiré par leurs prédications sur le thème des rapports entre l’Église et l’État. À l’origine de leur réflexion se trouve l’interrogation suscitée par les prises de position publiques de responsables d’églises au moment des élections françaises de 2012 et des débats sur la question de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. Néanmoins, loin de se limiter à une étude de cas, l’ambition de cet ouvrage est de conduire le lecteur, à la fois citoyen et chrétien, à s’interroger sur le rôle des croyants (pris individuellement) ou de l’Église (en tant qu’entité collective) vis-à-vis du pouvoir politique.

Pour cela, le premier chapitre présente une typologie des interactions entre l’Église et l’État. Outre les illustrations historiques qui étayent utilement le propos, les auteurs évaluent les forces et les faiblesses de chacun des modèles présentés à l’aune de la Parole de Dieu. Des croyants ont pu souhaiter imposer un « royaume chrétien » (modèle théocratique) ou exercer des pressions en vue d’établir des lois conformes à une perspective chrétienne. Par ailleurs, des actions politiques ont pu avoir une influence positive sur la société, grâce à l’influence de personnalités qui ont agi poussées par leur foi. Mais il convient, selon les auteurs, de distinguer les vocations individuelles de celle de l’Église, qui est d’abord et surtout de « refléter le corps de Christ » et d’ « incarner le message de l’Évangile », qui seul peut transformer les cœurs. Sans l’Évangile, il est vain de vouloir imposer au monde une éthique ou un mode de vie « chrétiens ». Pour autant, une séparation trop stricte entre les sphères spirituelles et politiques n’est pas non plus souhaitable. En restreignant exclusivement leur service à l’évangélisation et aux nécessités des chrétiens, les croyants courent le risque d’ignorer les souffrances et les besoins de leurs contemporains et se ferment à la possibilité d’avoir une quelconque influence sur les évolutions sociales. Ainsi, sans essayer de dominer l’État, mais sans y être passivement assujettis non plus, les croyants rassemblés en Église chercheront-ils à témoigner de Jésus-Christ afin que le monde perçoive ses caractères.

Ce témoignage se fera non seulement en parole, par l’annonce de l’Évangile, mais aussi par l’exemple donné, au sein de l’Église, d’une vie communautaire radicalement différente de celle du monde. Enfin, c’est par leur capacité à contribuer au bien de la société par un engagement séculier conforme à la vocation qu’ils ont reçue, que les chrétiens pourront incarner le message de l’Évangile.

Ces différents axes du témoignage sont ensuite développés à partir d’une étude détaillée des recommandations formulées par l’apôtre Pierre dans sa première Epître (1 Pi 2.11-17). « Étrangers et voyageurs », les croyants sont néanmoins appelés à accomplir les œuvres que leur foi produit et, désirant toujours connaître davantage le Seigneur, ils seront également conduits à le faire connaître. Pour cela, l’amour du prochain passera toujours au-dessus d’objectifs politiques particuliers.

Ainsi, plutôt que d’être remarqués pour ce à quoi ils s’opposent, les croyants sont-ils encouragés à se signaler par une présence positive et active dans le monde. En manifestant la bonté de Dieu par leurs propres bonnes œuvres et en recherchant « la paix de la ville » (Jér 29.5-7), voilà comment les chrétiens « réduiront au silence » leurs détracteurs (1 Pi 2.15). Cette mission, chacun la reçoit personnellement et pourra, en étudiant l’exemple laissé par le Seigneur Jésus, trouver le service qui lui permettra de faire resplendir la lumière de l’Évangile dans les ténèbres de ce monde.

Ces œuvres, fruits manifestes de leur foi, les chrétiens ne peuvent les pratiquer que parce qu’ils ont été libérés des liens du péché par le sacrifice de Christ. « Libres » (1 Pi 2.16) dans un monde asservi, les chrétiens montrent la voie. Mais leur liberté est aussi celle de désobéir aux autorités lorsque la liberté de conscience ou l’éthique biblique sont menacées, sans toutefois jamais se soustraire au respect dû aux gouvernements institués par Dieu. En toute chose, c’est la Parole qui guidera l’action du croyant et lui donnera le courage de ne pas couvrir le mal pour choisir au contraire d’annoncer les vertus de Dieu. Enfin, quel que soit leur degré d’engagement dans la société, les chrétiens doivent veiller à l’impact que celui-ci pourrait avoir pour l’Église et marcher sur terre avec prudence, dans la crainte de Dieu, qui évaluera chacun de leurs pas.

Invitant les chrétiens à prendre du recul sur les questions sociales, souhaitant qu’ils soient connus avant tout pour leur attachement à Christ et à la manière dont ils vivent l’Évangile, les auteurs évitent l’écueil d’une approche trop directive sur un sujet souvent polémique. Le propos est didactique et, notamment à l’aide des questionnaires proposés, le lecteur pourra prendre conscience de la nécessité d’approfondir l’étude de ce thème afin d’en comprendre pleinement les enjeux.

Recension par Thibaud Harrois

Écrit par


Introduction

Rue piétonne, au centre de Lyon. Une femme écoute attentivement la présentation de l’Évangile. Elle vient vers moi, rouge de colère, et me lance « Pourquoi parler d’un Dieu extérieur aux gens ? Vous êtes Dieu ! Je suis Dieu ! » avant de disparaître dans la foule. Cette scène aurait fait sourire il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, des hommes très en vue de notre société vantent les mérites d’une « nouvelle spiritualité » (NS) fortement imprégnée de pensées orientales.
Françoise Champion, chargée de recherche au CNRS, les qualifie au vitriol de « nébuleuse mystique-ésotérique » :
Nébuleuse : ces mouvements n’ont pas un contour précis. Des milliers d’associations différentes, dont nul référentiel n’homogénéise les pensées (pas de Bible, de clergé ayant autorité, etc.), forment un réseau informel. Réseau dispersé, mais bien réel.
Mystique-ésotérique : l’approche du spirituel est initiatique. L’individu entre par un rituel ou une expérience initiatique dans une dimension spirituelle intangible en d’autres circonstances. Cette mystique est influencée par les conceptions orientales, modifiées au goût des Occidentaux2. Elle s’appuie parfois sur des religions païennes anciennes telles que le culte des déesses mères, le chamanisme, etc.

Mesurer l’avancée des NS en Occident est difficilement possible. Certains adeptes sont aussi membres de religions classiques. La France compte 80 % de catholiques. Pourtant, 24 % des Français déclarent croire en la réincarnation (doctrine à l’influence orientale manifeste)3. Est-ce à dire que de nombreux catholiques (ou se disant tels) croient en la réincarnation ? Et que le ¼ des Français adhère aux NS ?

Les facteurs du succès

Deux raisons expliquent la percée des NS.

La fin (l’échec) des grands systèmes

Les débats politiques du passé n’ont plus d’intérêt. La génération de l’après-guerre ne s’est pas rassasiée des « Trente Glorieuses »4, et constate la ruine des pays marxistes.
On observe une diminution de l’influence des systèmes chrétiens (catholiques), ce qui favorise la percée des NS. Cette déchristianisation est une seconde brèche. Françoise Champion constate : « La nébuleuse mystique-ésotérique est un (petit) sous-ensemble d’une vaste subculture où l’on trouve aussi bien toutes les médecines «douces», «parallèles» et les thérapies psychologiques «humanistes», «transpersonnelles», que la voyance, l’astrologie, etc. Le développement de cette subculture est lié [à la perte d’emprise accélérée des grandes institutions religieuses, et au statut actuel de la science et de la technologie]. Les deux autorités majeures en matière de contrôle des croyances, la science et les grandes institutions religieuses […] n’arrivent plus à imposer leur ligne de partage entre les croyances légitimes (orthodoxes) et les croyances illégitimes (ou hétérodoxes).5 »

La « nouvelle » science

Un nouveau type de science se profile pour justifier une nouvelle spiritualité. La science s’éprend de repères qu’elle avait un temps jugés infantiles. Elle constate ses limites. Elle ne donnera pas le sens de la vie, parce qu’elle est trop « matérielle ».
« Seulement voilà, après Einstein sont venus d’autres génies, qui minèrent la vision «classique». En inventant la mécanique quantique, Niels Bohr et l’école de Copenhague scièrent à la base toute la science, de Descartes à Einstein. Depuis 1927, le statut du réel a fondu dans un brouillard vertigineux.6 » Selon Basarab Nicolescu, physicien théoricien quantique, « il n’y a plus, selon les données actuelles sur lesquelles on peut s’appuyer, une objectivité totale ; et cela est lié à la faillite du scientisme »7.
La science importe ou exporte du spirituel ! Elle croit constater dans les NS un sage compagnon qui l’aurait même précédée.

L’expérience prime

Les croyances essentielles sont difficiles à cerner. Puisqu’il n’y a pas de référentiel, presque tout est permis. C’est ce qui est d’ailleurs reproché aux croyants des NS : « L’adepte «mystique-ésotérique» croit à diverses croyances incroyables comme les «régressions dans les vies antérieures», les «sorties hors du corps physique», les communications avec des «guides spirituels». Il faut croire aussi au pouvoir de guérison des cristaux, aux «voyages astraux» (notamment dans le passé), aux tarots, en diverses pratiques de type magique, même si chez lui, les conditions psychologiques (de concentration, d’ouverture…) nécessaires à la réussite des pratiques l’emportent sur le respect des règles purement comportementales. »8
C’est l’une des nombreuses contradictions des NS qui cherchent à légitimer leurs croyances dans la science, tout en croyant… à l’incroyable ! C’est que le vrai n’est pas conçu d’une manière objective. Il est subjectif et passe par le vécu, par l’expérience.
Pire ! L’expérience est révélatrice du vrai : « Le bouddhisme, et en particulier le bouddhisme tibétain, nous propose une vision toujours révolutionnaire à ce jour, à savoir que la vie et la mort existent dans l’esprit et nulle part ailleurs. Mais ceci est tout simplement proposé. C’est la force et l’originalité de ces enseignements qui reposent essentiellement sur l’expérimentation individuelle. Ainsi, la vérité n’est pas imposée, mais bien au contraire, elle peut être découverte par soi-même au fond de cette existence. Voilà la voie. Maintenant la question est simplement de s’y engager. »9

Que dit la Bible ?
Le Christ, Parole vivante, nous laisse une Parole écrite parfaite (2 Tim 3.16), dont la véracité ne dépend pas de la manière dont on vit son enseignement.
Une expérience ou une émotion spirituelle, même bouleversante, ne recevra pas toujours une approbation divine (Apoc 3.1). Pierre, présent lors de la transfiguration, minimise l’impact de cette expérience lorsqu’il la compare à l’enseignement prophétique qu’il prend pour « d’autant plus certain » (2 Pi 1.18-20).
Une expérience que Dieu approuve fait suite à l’appropriation d’une vérité révélée dans l’Écriture. La « naissance d’en haut » (Jean 3.3) fait suite à la confiance que l’on place en Christ pour le pardon de nos fautes. La joie du pardon suit la compréhension de la miséricorde de Dieu (Ps 51), etc.

Les croyances essentielles

Monisme / Panthéisme / Universalisme

Tout ce qui existe provient d’une seule source d’énergie divine. Tout ce qui existe est Dieu ; Dieu est tout ce qui existe. De là l’idée que l’homme est divin. La divinité n’est pas à rechercher dans des textes, ou dans les cieux. Elle est à trouver en nous-mêmes.
Puisque tout est Dieu, il n’existe qu’une réalité, difficile à cerner, mais abordable de tout côté. Aucun chemin n’est exclusif.

Que dit la Bible ?
Paul présente aux Athéniens un Dieu autonome, distinct de sa création (Act 17.24-25).
Le monde naturel révèle suffisamment l’existence d’un Dieu invisible et parfait (Rom 1.20), qui appelle les hommes à la repentance. Ceux qui refusent d’admettre son existence pour en tirer les conséquences, sont livrés à une spiritualité « folle » puisqu’en adorant la création, ils offensent le créateur (Rom 1.21-23).

Le karma / la réincarnation

Les actes bons ou mauvais forment un passif ou un actif que l’on appelle le karma(n). À la fin d’une vie, le karma détermine les punitions ou les récompenses attribuées à chaque individu, pour ses prochaines vies. Il se réincarnera immédiatement (pour les Tibétains), après 49 jours (Druzes), selon un cycle de 144 ans (Rosicruciens) ou de 1000 à 1400 ans (Théosophes). Mais l’homme meurt et renaît plusieurs fois afin de se purifier et mûrir.
Cette pensée est de plus en plus à la mode, car elle fait écho au sens de la justice de l’homme : celui qui a commis beaucoup de mal se réincarnera dans une condition difficile. Cela donne une explication rationnelle pour expliquer les inégalités fondamentales entre les hommes dès la naissance.

Que dit la Bible ?
La loi du karma s’oppose à la grâce : la première propose le paiement de nos fautes par des œuvres compensatoires, alors que le Père offre un pardon complet, puisque la dette de tout péché a été « payée » par son Fils mourant sur la croix (Héb 9.12 ; 10.10). L’homme ne peut parvenir à Dieu par ses propres efforts, mais uniquement par Christ (Tite 3.5 ; 1 Tim 2.5).
La Bible enseigne que nous ne passons qu’une seule fois sur terre — il n’y a pas de réincarnation (Héb 9.27). L’homme demeure dans son état à son décès : pécheur pardonné, il rejoint Dieu ; s’il ne s’est pas repenti, il demeure séparé de Dieu, pour toujours (Dan 12.2 ; Mat 25.46).

Les objectifs

L’éveil intérieur

La réalité est diffuse, difficilement saisissable. La vie a pour objectif de réaliser un éveil intérieur qui conduira à l’illumination. De nombreuses techniques sont proposées, de la drogue à la méditation transcendantale, en passant par le yoga ou les cercles de discussions ésotériques.
À mon sens, ce n’est pas un éveil, mais un endormissement de la volonté consciente pour un échange de valeurs, une influence des pensées et de l’esprit. Ces transformations ne sont pas neutres. Elles peuvent être dangereuses et conduire à de grands désordres psychiques. C’est une porte ouverte sur un monde ténébreux, dont le chef se présente en vêtements de lumière (voir 2 Cor 11.14)
Que dit la Bible ?
L’homme n’a aucune ressource personnelle pour découvrir la divinité. Profondément enraciné dans le péché (Rom 3.23), sa nature même est corrompue (Éph 2.1-3) et incapable même d’aspirer réellement à connaître Dieu (Rom 3.10-18). Il ne faut pas un éveil intérieur, mais un appel extérieur puissant — celui de Dieu ! — pour que l’homme découvre sa faute et la grâce que Dieu lui propose.
Le chrétien reçoit de Dieu un « équipement » suffisant pour vivre pleinement jusqu’à son arrivée dans la cité céleste. Béni de « toute bénédiction spirituelle » (Éph 1.3), ayant reçu « tout ce qui contribue à la vie et à la piété » (2 Pi 1.3), étant « scellé du Saint-Esprit » (Éph 4.30), il est qualifié pour « toute œuvre bonne » par l’application de la Parole (2 Tim 3.17). Il ne lui manque aucune expérience spirituelle en dehors de ce que l’Écriture lui propose.

Le soin du corps

Le corps reçoit une attention dévouée, notamment par le biais des médecines douces. Celles-ci sont une vitrine alléchante pour la pensée des NS. Je ne veux pas dire que ces médecines sont nécessairement mauvaises. J’observe seulement que bon nombre d’entre elles font l’apologie des NS, et y conduisent parfois.

L’œcuménisme total

Les partisans des NS œuvrent avec intensité pour rapprocher les religions humaines. Ils organisent des congrès œcuméniques pour tenter de définir les points communs et de construire une plate-forme commune à toute religion. Ils croient à l’évolution de toutes les spiritualités vers cette plate-forme commune. Un prêtre jésuite, assez proche des NS, écrit : « L’Église a à apprendre des bouddhistes et des hindouistes, du confucianisme et du taoïsme, et de l’islam et du judaïsme. »10 Cette convergence vise ainsi la création d’une seule foi…

L’entraide planétaire

Les intellectuels poussent les dirigeants politiques à créer un gouvernement mondial. Cette période, cet Âge Nouveau, est parfois appelé Nouvel Ordre Mondial, ou encore l’Ère du Verseau.
Cette mondialisation est dans l’ère du temps. Plusieurs essais d’unification planétaire (économique ou politique) ont eu lieu depuis la Deuxième Guerre mondiale. Le désir d’en finir avec la guerre et l’injustice, de répondre aux problèmes écologiques, à la faim dans le monde, engendre une passion pour la construction d’une unité planétaire. Cette envie (louable, mais si dangereuse, car éloignée des peuples) est partagée par les responsables des NS, qui apportent ici et là une contribution significative à l’ensemble.

Comment aborder les adeptes des NS ?

On peut schématiser en répartissant les adeptes en trois catégories, et adapter l’approche en conséquence.

L’initié

C’est un homme dont la foi aux NS se fonde non sur un dogme ou une doctrine lue dans les livres, mais sur un vécu profond qui a bouleversé sa vie. Cette initiation pourra être une « expérience de mort imminente » (l’individu est laissé pour mort, se voit visiter l’au-delà, et reçoit divers enseignements11), une sortie du corps lors d’une méditation transcendantale, ou sous l’effet de la drogue, une rencontre avec des esprits ou des anges. La liste n’est pas exhaustive.
Il est stérile d’argumenter sur le terrain de la réalité de l’expérience. Plus intéressant est celui de la source de l’expérience. Toutes les expériences ont-elles la même valeur ? Certaines peuvent-elles être manipulées par des éléments spirituels négatifs ? Comment distinguer entre des influences spirituelles positives et des influences spirituelles négatives ?

L’intéressé

Il a tout lu sur la question — ou presque ! Il campe au pied des rayons ésotériques des librairies, et il est prêt à traverser la France pour entendre une célébrité du milieu s’exprimer sur la spiritualité orientale. Il n’a rien vécu de fort, mais pressent qu’il y a là la réponse au sentiment de désordre qu’il connaît dans son cœur.
C’est le terrain le plus propice à l’annonce de l’Évangile, car cet homme est en recherche. Pour peu qu’il trouve un chrétien respectueux (la perception du moindre orgueil disqualifiera le messager), il sera prêt à dialoguer. L’un des points les plus importants est la question du péché. Or, la compensation du mal selon le karma est injuste et dérésponsabilisante : le mal actuel sera toujours justifié par celui d’hier — et donc inévitable. D’autre part, on ne saurait aider ceux qui souffrent — ils doivent payer. Enfin, comment oser croire que le bien paierait le mal ? Faire le bien, c’est normal, pas méritoire !

L’innocent

C’est un homme qui croit ce que la mode enseigne. Il n’a ni vécu un événement fort ni réfléchi à la question. La réincarnation ? Ça l’arrange ! Mais il ne faut pas aller plus loin.
Pour l’aborder, on retombe sur des pistes classiques de l’annonce de l’Évangile.

Pour tous

L’amour. Ce que les chrétiens vivent (parfois), peu de gens le connaissent. S’aimer entre chrétiens, aimer ceux qui affirment des choses si aberrantes, est un devoir. Une nécessité. Lorsque j’étais attaché aux NS, je trouvais les conceptions de mon ami protestant tellement obsolètes. Mais son écoute, l’amour de ses amis, ont eu raison de mes préjugés.
Le péché. Il faut oser à nouveau dire clairement que le bien et le mal sont réels et distincts. La lecture des 10 commandements ou de Matthieu 5 sont des tuteurs utiles pour prendre conscience du sérieux et de l’étendue du mal.
L’Évangile. La grâce du Christ est un « scandale », une occasion de chute, pour les adeptes des NS. Leur système favorise l’orgueil (puisqu’on parvient par soi-même aux hautes sphères spirituelles). L’Évangile exige l’humilité. Des versets tels que Hébreux 9.27-28 ou Jean 14.6 peuvent « dynamiter » les cœurs endurcis pour les conduire à l’amour de Dieu. Proclamer l’Évangile, même si on ne peut le démontrer, c’est largement suffisant pour que la semence croisse sous l’influence du Saint Esprit.
« Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun. » (Col 4.6)

  1. Malédiction pour les Hindous, la réincarnation est au contraire une bénédiction chez les Occidentaux !
  2. L’Express, n° 2378 (du 30 janvier au 5 février 1997), p. 30s.
  3. Expression qui désigne en Occident la période 1945-1975 marquée par une forte croissance économique, le plein emploi et un large accès aux outils modernes (automobile, objets ménagers, etc.). (NDLR)
  4. Françoise Champion, « Croire en l’incroyable : les nouvelles religiosités mystiques-ésotériques », Les nouvelles manières de croire, Éditions de l’atelier, 1996, p. 81-82.
  5. Patrice Van Eersel, « Nouvelle science, nouvelle spiritualité », Nouvelles Clés, fév.-mars 1994, p. 24.
  6. Basarab Nicolescu, « Un scientifique nous parle de spiritualité », Terre du Ciel, oct.-nov. 1995, p. 40.
  7. Champion, op. cit., p. 73-74.
  8. Gérard Riba, « Jouer avec l’esprit », Terre du Ciel, avr.-mai 1996, p. 37.
  9. Boulad, S.J., « Espoir et soucis de l’Église de demain », Terre du Ciel, n° 27, déc. 1994-janv. 1995, p. 46.
  10. Voir F. Varak, La réincarnation, Éditions Clé, 1994, pour une évaluation de ces phénomènes.

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La Bible nous présente le paradis comme une nouvelle terre avec un nouveau ciel. Nous passerons une éternité active dans ce nouvel univers. Nous nous demandons parfois, si nous nous reconnaîtrons dans l’éternité. Pourrons-nous identifier notre conjoint, nos enfants, nos parents, nos amis ?

En un mot, la réponse est : absolument ! La Bible présente sept indices qui militent en faveur de notre reconnaissance réciproque sur la nouvelle terre.

  1. Contrairement aux spiritualités bouddhistes, pour lesquelles la notion de « moi », d’identité, est une illusion dont il faudrait se débarrasser, l’Écriture enseigne la continuité de l’existence. L’être humain créé à l’image de Dieu a de la valeur et continue d’exister pour l’éternité — soit dans la présence de Dieu, soit séparé de Dieu.
    Quand Job, dans son contexte de souffrances, réfléchissait à son avenir, il a confessé sa confiance en sa résurrection future. Il s’exclama : « Je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera ; après que ma peau aura été détruite, moi-même je contemplerai Dieu. Je le verrai, et il me sera favorable ; mes yeux le verront, et non ceux d’un autre ; mon âme languit d’attente au-dedans de moi. » (Job 19.25-27) On perçoit l’absolue certitude de Job dans la continuation de son existence en tant que Job, avec ce qu’il a vécu, ce qu’il a connu, lui, en personne.
  1. Quand Dieu se présente comme le « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », ces hommes sont morts. Mais ils existent devant Dieu en tant qu’êtres humains identifiables. Jésus ajoute d’ailleurs immédiatement : « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » (Marc 12.27) Ces patriarches vivent dans la présence de Dieu avec leur nom, leur identité.
  2. Quand Lazare est porté dans le sein d’Abraham, il avait la forme… de Lazare ! Le riche l’a reconnu sans difficulté.
  3. Quand Jésus a été transfiguré, Moïse et Élie sont apparus et les disciples ont perçu que ces deux grands hommes du passé étaient en face d’eux, alors que, bien sûr, ils ne les avaient jamais vus auparavant. Ont-ils été présentés ? En tout cas Moïse et Élie existent encore dans leur identité, et cela nous fait penser que l’on pourra se reconnaître. Par quel mécanisme ? Par une intuition qui aujourd’hui nous échappe ? Nous ne le savons pas. Mais nous pourrons fréquenter des croyants d’autrefois en tant que personnes qui ont eu un certain vécu et certaines relations.
  4. Quand Jésus est ressuscité, les disciples l’ont reconnu, ils ont mangé avec lui, discuté avec lui.12
  5. Lorsque le voile se lève en Apocalypse 6.9-11 sur les morts qui attendent la résurrection, on perçoit qu’ils sont conscients de ce qui leur est arrivé : « Jusqu’à quand, Maître saint et véritable, tarderas-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? » Ils prient pour que justice soit faite face à ce qu’ils ont subi ici-bas.
  6. Le passage par la mort indique une continuité de notre existence intime et personnelle : « Nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur » (2 Cor 5.8).

Nous nous reconnaîtrons, c’est certain. Nous pourrons demander à Daniel ce qu’il avait compris des visions qu’il rapporte, discuter avec Abraham sur ce qu’a été pour lui le départ vers l’inconnu, se réjouir avec Jérémie que ses lamentations aient pris fin, échanger avec Calvin pour clarifier des points obscurs de ses écrits !

Il me semble que, tout en gardant le souvenir de nos liens, nous ne resterons pas dans ces liens. Avec ma femme et nos enfants nous serons, j’imagine, dans une proximité affective particulière (l’amour ne cesse pas avec le paradis), mais la nature de ces relations aura changé. La Bible ne précise pas davantage, mais nous serons, fondamentalement, des frères et sœurs, des cohéritiers de Jésus-Christ.

Bien entendu, il n’y aura plus de péché. À ce titre, j’ai de la peine à m’imaginer ce que je serai, et ce que seront mes proches. Les rapports seront radicalement transformés. Nous serons passés par le tribunal de Christ ; tous les conflits que nous aurons pu vivre auront été résolus. Nos cœurs auront été transformés par la résurrection. Nous aurons été consolés des douleurs de la vie et nous pourrons nous regarder d’une manière différente, nouvelle, totalement apaisée.

Quel bonheur de former tous ensemble, une famille parfaite, un peuple de toutes nations, qui aime Christ, dans un monde qui ne connaîtra ni guerre, ni racisme, ni égoïsme, ni domination… dans un amour parfait et complet à l’image de celui de Christ. C’est ce qui rend le paradis indescriptible !

Sophonie 3.9 annonce : « Alors je donnerai aux peuples des lèvres pures, afin qu’ils invoquent tous le nom de l’Éternel, pour le servir d’un commun accord. » Quelle belle perspective nous attend ! La place que Jésus nous prépare sera heureuse, joyeuse et pleine de satisfactions dans les relations que nous aurons les uns avec les autres. Cela doit nous donner le désir de nouer plus fortement dès maintenant des liens entre nous, anticipant cette dimension de l’éternité… et aussi de continuer à prier pour nos proches, ceux que nous aimons, et qui n’ont pas accepté Christ dans leur vie.

  1. Le fait que les disciples d’Emmaüs ne reconnaissent pas Jésus n’infirme pas le point. Miraculeusement, « leurs yeux étaient empêchés » dans une démarche pédagogique voulue par Jésus pour les faire progresser.

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« Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l’un, deux à l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit.
Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans la terre, et cacha l’argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte.
Celui qui avait reçu les cinq talents s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit : Seigneur, tu m’as remis cinq talents ; voici, j’en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.
Celui qui avait reçu les deux talents s’approcha aussi, et il dit : Seigneur, tu m’as remis deux talents; voici, j’en ai gagné deux autres. Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.
Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha ensuite, et il dit : Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné ; j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi. Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné ; il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu 25.14-30)

Ce que Dieu nous confie

Nous en sommes gestionnaires (25.14-15)

Les personnages de la parabole sont assez faciles à identifier :

  • L’homme qui part en voyage, c’est Jésus. Le verset 19 précise qu’il ne revient que « longtemps après », ce qui est effectivement le cas, comme nous le constatons 2’000 ans plus tard !
  • Les serviteurs sont les disciples.
  • Jésus confie des « talents », un mot qui désigne au sens propre un poids, une valeur, et au sens figuré une responsabilité, une capacité. Ici, Jésus parle en termes généraux, sans différencier, comme on le fait souvent, talent naturel et talent spirituel. Nous avons tous reçu de façon différente : certains ont des capacités intellectuelles inhabituelles ; d’autres ont une capacité à l’hospitalité ou à la compassion bien supérieure aux autres ; d’autres encore une communication efficace, etc.
  • Chacun reçoit des poids différents, « selon sa capacité » : il n’y a donc pas de place pour la jalousie. Dieu, dans sa sagesse, confie des « poids » à chacun. Que ce soit un talent naturel, ou qu’il soit complété à la conversion par un talent surnaturel, Dieu ne donnera jamais plus que ce que nous sommes capables d’avoir ! Et nous en sommes gestionnaires : il nous appartient de prendre ce que Dieu nous donne, et de bien l’utiliser.

Nous en sommes responsables (25.16-18)

Face à ce que Dieu nous confie, il n’y a en fait que deux réactions possibles :
– soit je multiplie les talents que j’ai reçus,
– soit je ne veux même pas toucher ce qu’il me donne.

Dieu est favorable à la multiplication des ressources !

  • Avec un cerveau d’enseignant, je peux former 100 personnes, dont 10 deviendront des enseignants eux-mêmes — j’ai multiplié ce que Dieu m’a donné !
  • Avec un cœur gros comme le monde, je peux aider une dizaine de personnes dont deux prendront le virus de la compassion et aideront d’autres à leur tour — j’ai multiplié ce que Dieu m’a donné !

Dieu nous a donné des ressources : du temps, une personnalité, un intellect, des aptitudes. À nous de les faire fructifier. La vie avec Jésus ne doit pas nous laisser sans fruit.

Nous en serons récompensés (25.19-23)

Ceux qui ont mis à profit leur talent pour le Seigneur reçoivent une récompense :

  • D’abord l’approbation de Dieu en personne ! « Bien, bon et fidèle serviteur ». Combien un mot d’encouragement par quelqu’un qui compte pour nous est fort… Imaginez dès lors ce que peuvent représenter les paroles du Créateur de l’univers : « Bien, bon et fidèle serviteur » !
  • Ensuite l’honneur d’un service particulier dans l’éternité : « Tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup. » Remarquez que les deux premiers serviteurs reçoivent la même promesse. Ce qui compte, ce n’est pas le résultat dans l’absolu, mais la fidélité par rapport à ce qui a été confié.
  • Enfin une participation particulière à la joie de Dieu. « Entre dans la joie de ton maître. » Dieu éprouvera éternellement une joie qui sera la source de la nôtre (Hab 3.18-19 ; Soph 3.17 ; Zach 10.7).

Mais pour ceux qui n’en font rien ? (25.24-30)

Jésus complète cette perspective avec la description du sort de l’homme ou de la femme qui ne met pas le service de Jésus en avant…

Le troisième serviteur n’est pas un croyant dans le sens biblique du terme. Sa connaissance de Dieu est totalement faussée. Il le décrit comme un homme dur et un patron injuste et distant. Il se dit motivé par la peur, non par la bonté et l’amour de Dieu. Il enfouit ce qu’il a reçu de Dieu : il considère qu’il n’y a aucun lien entre sa vie et ce que Dieu lui a donné.

Le jugement de Christ est clair :

  • D’abord, il dévoile l’incohérence de sa perspective : si tu avais vraiment une telle vision de moi, tu aurais dû confier ton argent à un banquier. C’est de ton problème que tu m’accuses !
  • Ensuite, il dévoile ce qui se cache derrière son excuse : Tu es « méchant et paresseux ». Il ne s’intéresse pas à Dieu, et son cœur est centré sur lui-même.

Quand on n’a qu’un talent, qu’on est timide et réservé, qu’on ne sait pas trop quoi faire, il suffit de le placer ! McDowell écrit : « Les personnes timides, inaptes à un service intrépide pour le royaume, peuvent faire en sorte que leur incapacité et leurs faiblesses servent malgré tout la cause du Maître et de son Église ; il leur suffit de confier leurs dons et leurs biens à ceux qui ont les aptitudes et la sagacité nécessaires. Tel administrateur peut avoir beaucoup d’argent, ou d’autres dons, qui pourraient servir la cause du royaume, mais il manque de foi, de discernement, d’énergie physique ou de sagesse. Les « changeurs » du Seigneur pourront lui montrer comment en faire profiter le Maître. […] L’Église existe en partie aussi pour qu’un membre fort puisse aider un membre faible, de telle sorte que par la collaboration de tous, les derniers et les plus faibles puissent voir leurs forces croître. »

La sentence de Jésus est sans appel. Le serviteur inutile est jeté dehors, exclu du royaume. Il partagera le sort tragique des méchants. Il n’est pas condamné pour avoir négligé de faire fructifier son talent, mais pour n’avoir pas eu la foi qui sauve, comme le prouve l’absence de bonnes œuvres.

Il ne faut pas seulement avoir Jésus sur les lèvres pour être sauvé. Une foi authentique se manifeste entre autres par une vie de service, c’est la caractéristique de celui qui aime Dieu : êtes-vous caractérisé par cela ? Si tel est le cas, Dieu vous a préparé un avenir dans la joie de sa maison.

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John Wesley avait environ 21 ans quand il partit étudier à l’université d’Oxford. Il venait d’une famille chrétienne, était intelligent et bien de sa personne. À cette époque, il était un peu snob et sarcastique. Une nuit cependant, un événement commença à changer le cœur de Wesley. Alors qu’il parlait à un porteur de bagages, il découvrit que le pauvre homme n’avait qu’un seul manteau et qu’il vivait dans de si pauvres conditions qu’il n’avait même pas de lit. Pourtant, cette personne était inhabituellement joyeuse, pleine de gratitude envers Dieu. Wesley, quelque peu immature, se moqua sans tact de l’infortune de cet homme :« Pour quelles autres raisons remerciez-vous Dieu ? » demanda-t-il avec un brin de sarcasme. Le porteur sourit et, dans un esprit d’humilité, répondit avec joie :« Je le remercie de ce qu’il m’a donné la vie et un corps, un cœur pour l’aimer, et, par-dessus tout, un constant désir de le servir ! » Profondément touché, Wesley reconnut que cet homme connaissait la signification de la vraie reconnaissance.

De nombreuses années plus tard, en 1791, John Wesley était allongé sur son lit de mort à l’âge de 88 ans. Ceux qui l’entouraient réalisaient à quel point il avait retenu cette leçon de remercier Dieu en toutes circonstances. Malgré son extrême faiblesse, il commença à chanter un cantique :« Je prierai mon Créateur tant que je respirerai. »

Comment louer Dieu ? (103.1-2)

« De David.  Mon âme, bénis l’Éternel ! Que tout en moi (bénisse) son saint nom !  Mon âme, bénis l’Éternel, Et n’oublie aucun de ses bienfaits ! »

On pourrait intituler cette section : de l’intérêt de se parler à soi-même ! David s’encourage à célébrer les bienfaits de Dieu. Comme si un matin, l’un d’entre nous se levait et, se regardant dans un miroir, se disait :« Bon, mon petit, loue Dieu ce matin ! »

David parle de son « âme, » c’est-à-dire la partie la plus interne, la plus intime de son être, « tout ce qui est en [lui] ». C’est de notre être intérieur que nous sommes appelés à louer son saint nom (Deut 6.5 ; Ps 138.1 ; Col 3.16).

Notre cœur, par nature, est prompt à se plaindre. Compter les bienfaits, c’est maintenir une perspective positive qui plaît à Dieu. Qui veut vivre auprès de ceux qui se plaignent constamment ? David invite donc à n’oublier « aucun de ses bienfaits ».

D’une certaine manière, la vie est difficile et suscite bien des complaintes, ce que souligne 2 Corinthiens 5.2 :« Aussi nous gémissons dans cette tente, désireux de revêtir notre domicile céleste par–dessus l’autre ». Mais, d’un autre côté, Dieu nous rappelle par Jérémie :« Pourquoi l’homme vivant se plaindrait-il ? Que chacun se plaigne de ses propres péchés. » (Lam 3.39) Notamment, dans nos rapports mutuels, Jacques à ne pas nous plaindre les uns des autres (Jac 5.9). Énumérer les bienfaits de Dieu est un encouragement puissant contre notre tendance naturelle et charnelle à nous appesantir sur nos problèmes.

David énumère alors ce que Dieu fait afin destimuler nos louanges…

Pourquoi louer Dieu ? (103.3-7)

C’est lui qui pardonne toutes tes fautes,
Qui guérit toutes tes maladies,
Qui rachète ta vie du gouffre,
Qui te couronne de bienveillance et de compassion,
Qui rassasie de biens ta vieillesse,
Qui te fait rajeunir comme l’aigle.

L’Éternel fait justice, Il fait droit à tous les opprimés.
Il a fait connaître ses voies à Moïse, ses hauts faits aux fils d’Israël.

Regardez la liste poétique des actions de Dieu :

  • Il « pardonne toutes tes fautes » : Un verbe qui ne s’applique ici qu’à Dieu. Dieu seul pardonne les transgressions des hommes. Supposons que le péché puisse être mesuré en terme d’infractions. Supposons que nous ne péchions que 10 fois par jour. Cela fait tout de même plus de 255 000 fois en 70 ans ! Et le calcul est faux car le péché est plus vaste qu’une transgression. L’Épître aux Hébreux nous assure que Christ nous a obtenu une rédemption éternelle.
  • Il guérit toutes tes maladies : Il ne s’agit pas de croire que le Seigneur guérira toute maladie physique… De grands hommes de Dieu sont morts de maladie (notamment Élisée, 2 Rois 13.14). Certains chrétiens affirment qu’avec le salut, Dieu donne toujours la guérison. Ils s’appuient notamment sur Ésaïe 53.5 (« C’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris »). Cependant, Pierre cite ce passage en le reliant à la guérison des péchés (« lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice ; lui dont la meurtrissure vous a guéris », 1 Pi 2.24).Il s’agit donc bien là d’une guérison spirituelle, intérieure, même si Dieu peut aussi guérir le corps quand il le souhaite.
  • Il « rachète ta vie du gouffre » : Dieu ne te laissera pas, dans le passage vers la mort, au plus profond d’un gouffre.
  • Il « rassasie de biens ta vieillesse » :la peur la plus cruelle est celle d’être isolé quand vient le moment où l’on devient dépendant. Dieu est celui qui prendra soin. Dieu est celui qui pourvoit.
  • Il « te fait rajeunir comme l’aigle » :Ésaïe 40.31 confirme :« Ceux qui espèrent en l’Éternel renouvellent (leur) force. Ils prennent leur vol comme les aigles ; ils courent et ne se lassent pas. Ils marchent et ne se fatiguent pas. »
  • Il fait justice et droit : Dieu intervient dans nos affaires pour établir ce qui est juste et droit. Si ce n’est pas dans cette vie, du moins ce sera le cas dans celle qui est éternelle.
  • Il enseigne Israël :autrefois Dieu a donné sa Loi et a envoyé des prophètes. Aujourd’hui il donne à son peuple des enseignants, et il permet que sa Parole (« ses voies ») donne un sens à la vie.

Quel Dieu louons-nous ? (103.8-14)

L’Éternel est compatissant et il fait grâce,
Il est lent à la colère et riche en bienveillance ;
Il ne conteste pas sans cesse, Il ne garde pas (sa colère) à toujours ;
Il ne nous traite pas selon nos péchés
Et ne nous rétribue pas selon nos fautes.
Mais autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre,
Autant sa bienveillance est efficace pour ceux qui le craignent ;
Autant l’orient est éloigné de l’occident,
Autant il éloigne de nous nos offenses.
Comme un père a compassion de ses fils,
L’Éternel a compassion de ceux qui le craignent.
Car il sait de quoi nous sommes formés,
Il se souvient que nous sommes poussière.

Le verset 8 est rempli d’affirmations sur la bonté et la bienveillance de l’Éternel :

  • Sa compassion est son amour profond, chaleureux, qu’Esaïe compare à la tendresse d’une mère (És 49.15)
  • Sa « grâce »ici n’est pas le mot habituel, mais plutôt l’affirmation que Dieu se plaît à répondre aux besoins de ses enfants.
  • Sa lenteur à la colère signifie que sa rétribution est rarement immédiate : si Dieu a jugé Ananias et Saphira avec rapidité, c’est plutôt rare. La norme, c’est la lenteur de sa colère.
  • Il est « riche en bienveillance » : sa grâce, sa bonté, est abondante.

Pour illustrer le pardon de Dieu, le psalmiste utilise des images physiques (cieux-terre, est-ouest). Pour illustrer sa compassion, il le compare à un Père. Jésus reprendra cette image :Dieu est comme un père qui répond aux attentes de son enfant qui lui demande du pain (Luc 11.11-13).

Qui peut louer Dieu ? (103.15-19)

L’homme ! ses jours sont comme l’herbe,
Il fleurit comme la fleur des champs.
Lorsqu’un vent passe sur elle, elle n’est plus,
Et le lieu qu’elle occupait ne la reconnaît plus.
Mais la bienveillance de l’Éternel (dure) d’éternité en éternité pour ceux qui le craignent,
Et sa justice pour les fils de leurs fils,
Pour ceux qui gardent son alliance
Et se souviennent de ses préceptes, afin de les accomplir.
L’Éternel a établi son trône dans les cieux,
Et son règne domine sur toutes choses.

Le contraste est grand avec la fragilité de l’homme qui est comparé à de la poussière, facilement disséminée et qui rappelle la fragilité et la mortalité de l’être humain et à une fleur si vite fanée.

Ayant exhorté à la louange, David rappelle à qui il est donné le privilège de louer : Dieu aime entendre cette louange qui vient de l’homme, si faible soit-il.

Mais il l’apprécie surtout de la part de « ceux qui gardent son alliance ». Dans le langage de l’Ancien Testament, ce sont ceux qui aiment Dieu et comprennent qu’ils sont liés à lui par alliance (Deut 4.23), c’est-à-dire ceux qui sont sauvés. Dieu s’est offert pour racheter un peuple, duquel il attend l’obéissance. L’Épître aux Hébreux se conclut par la même idée :« Que le Dieu de paix–– qui a ramené d’entre les morts le grand berger des brebis, par le sang d’une alliance éternelle, notre Seigneur Jésus, vous rende aptes à tout ce qui est bien pour faire sa volonté ; qu’il fasse en nous ce qui lui est agréable par Jésus–Christ, à qui soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen ! » (Héb 13.20-21)

Les croyants, malgré leur fragilité, peuvent vivre selon Dieu, qui n’écartera pas sa bienveillance envers eux. Ils sont associés à Dieu.

Acclamez Dieu ! (103.20-22)

Bénissez l’Éternel, vous ses anges,
Qui êtes puissants en force et qui exécutez sa parole,
En obéissant à la voix de sa parole !
Bénissez l’Éternel, vous toutes ses armées,
Qui êtes à son service et qui faites sa volonté !
Bénissez l’Éternel, vous toutes ses œuvres,
Dans tous les lieux où il domine !
Mon âme, bénis l’Éternel !

Le livre des Psaumes compile cinq livres, et chaque section se termine avec cette invitation à bénir l’Éternel. Le 4e livre (qui se termine avec le Psaume 106) contient quatre psaumes qui ont chacun cette invitation pressante à louer l’Éternel.

Dieu, le Créateur, reçoit l’adoration de tout l’univers : ses anges, ses serviteurs, son armée — même sa création !

Et le Psaume se termine comme il a commencé, en exhortant à se parler à soi-même en bien de l’Éternel :« Mon âme, bénis l’Éternel… »

Cet encouragement résonne encore aujourd’hui. Voilà sans doute pourquoi ce Psaume est le plus adapté pour des cantiques de tout le Psautier !

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Dans un de ses livres, Phyllis J. Le Peau raconte cette histoire : Quelques étudiants du séminaire devaient prêcher sur l’histoire du bon Samaritain. Quand l’heure de leur sermon arriva, chacun d’entre eux fut retardé délibérément en se rendant au cours. Tandis que les étudiants couraient sur le campus, ils rencontrèrent une personne qui prétendait avoir besoin d’aide. Aucun des étudiants ne s’arrêta pour l’aider. Le Peau conclut non sans ironie : « après tout, ils avaient un sermon important à délivrer ».

J’ai un jour entendu un homme de tradition chrétienne regretter : « La dernière fois que je suis allé à l’église, j’ai vu des gens qui s’y rendaient se battre pour une place de parking. Depuis je n’y vais plus. »

La nécessité de la mise en pratique (1.22-24)

22 Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements.

Après voir encouragé ses lecteurs à recevoir « avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver vos âmes » (1.21), Jacques donne deux commandements :

– 1. Mettre la Parole en pratique. L’expression originale est très forte : litt. « soyez des faiseurs de la parole. » Il ne s’agit pas seulement de connaître, de lire ou d’entendre, mais de vivre la Bible, de suivre ses instructions.

– 2. Ne pas se contenter d’écouter. Jacques s’élève contre ceux qui seraient en quelque sorte des « auditeurs libres » de la Bible. Ils lisent l’Écriture, se soumettent volontiers à la prédication et à l’enseignement de la Parole, mais sans en tirer des principes de vie. Un rapport si distant avec l’Écriture fait courir le risque de s’illusionner soi-même, de « marcher à côté de la plaque », comme on dit familièrement.

À quoi peut ressembler un « faux raisonnement » ? Voici quelques exemples :

– Comprendre que l’on est pécheur, savoir que Christ est mort pour les pécheurs, comprendre que l’on a besoin de Dieu — mais choisir de ne pas se repentir, de ne pas se donner à Christ.

– Comprendre que la Bible parle de la maîtrise de la colère — mais chaque fois que la moutarde monte au nez, plutôt que de demander l’aide de Dieu et de se repentir pour sa réaction, rejeter sur les autres la responsabilité de cette colère.

Jacques nous rappelle que Dieu ne cherche pas de purs experts en exégèse. Il attend des hommes qui aiment l’Écriture, qui l’étudient pour mieux vivre. Cette Épître n’est pas la seule à nous rappeler cela : le sermon sur la montagne (très proche de l’Épître de Jacques) se termine par la parabole célèbre des deux maisons : « C’est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison : elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc. Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison: elle est tombée, et sa ruine a été grande. » (Mat 7.24–27)

Dans une compétition équestre, un cheval avait fait un « refus d’obstacle » et son cavalier était tombé. C’est cela dont Jacques parle : voir dans l’Écriture où est placée la barre, et refuser de l’atteindre. Jésus a dit : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. » (Jean 15.46)

23-24 Car, si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt comment il était.

À cette époque, les miroirs étaient des morceaux de cuivre ou de bronze polis. Les plus riches s’en procuraient en argent. Mais ils restaient très inférieurs aux miroirs actuels. Pour se faire une idée de son visage, il fallait regarder avec beaucoup d’attention (le verbe décrit une action intensive) et faire bouger le miroir pour changer l’éclairage et l’angle de réflexion.

Ce n’est pas très utile de se regarder dans un miroir, sauf pour se raser, se maquiller — des gestes qui accompagnent l’acte de se regarder. C’est le sens de l’analogie. Lire ou écouter la Parole sans la mettre en pratique ne sert à rien.

Le fruit de la mise en pratique (1.25)

Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’œuvre, celui-là sera heureux dans son activité.

Par opposition à celui qui ne fait que regarder, celui qui « s’immerge » dans l’Écriture pour découvrir comment mieux vivre sera heureux.

Il ne s’agit pas du bonheur tel que le monde le définit… Le bonheur dont il est question est un bonheur intérieur. Il est vrai que la vie chrétienne n’offre pas que des hauteurs et comprend aussi des vallées difficiles. Mais vivre bien, selon notre Créateur, conduit à un bien-être inégalable :

– le bonheur du pardon ;

– le bonheur d’investir sa vie pour le bien d’autrui ;

– le bonheur futur d’être dans la présence de Dieu.

Mais ce bonheur est associé à trois actions :

– « plonger » dans la Parole — c’est-à-dire s’immerger en elle, l’étudier ;

– « persévérer » dans la Parole — c’est-à-dire s’engager sur le long terme, comme pour une course de fond ;

– « pratiquer activement » la Parole — c’est-à-dire développer un zèle pour la mettre en pratique.

Ces exercices ressemblent à l’apprentissage du piano. Les débuts ne sont pas faciles, mais plus on travaille, plus on éprouve de la joie. Moins on travaille, plus on le regrette parce qu’on se fait moins plaisir !

Regardez les qualificatifs associés à la Parole de Dieu :

– « la loi parfaite », c’est-à-dire sans impureté, sans erreur ;

– « la loi de la liberté » : cela peut paraître étrange, mais la loi de Dieu libère l’homme ; elle donne à l’homme qui a sa confiance en Dieu un cadre qui lui correspond, parce qu’il a été créé dans cet objectif (cf. Ps 19.8-10).

La Parole c’est plus qu’un simple livre. Parce que Dieu en est l’auteur (2 Tim 3.16 ; 2 Pi 1.20-21), et parce qu’elle est utile : elle nous qualifie à réaliser « toute bonne œuvre » (2 Tim 3.17), elle juge nos sentiments et nos pensées (Héb 4.12), elle nous fait réussir dans nos projets (Jos 1.8), et accompagne notre bonheur (Ps 1.1).

Trois exemples de mise en pratique (1.26-27)

Si quelqu’un croit être religieux, sans tenir sa langue en bride, mais en trompant son cœur, la religion de cet homme est vaine. La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde.

Jacques associe trois exemples à cette mise en pratique. On ne mesure pas la profondeur spirituelle d’un homme à ses actes religieux — mais à son comportement, à ses paroles et à ses actes.

Pour preuve, le terme « religieux » n’est utilisé qu’ici dans le N.T. Il décrit des hommes et des femmes faisant des gestes religieux (prière, jeûne, etc.). Le mot apparenté, « religion » ne se retrouve que 4 fois dans le N.T. (deux fois en Jacques, une 3e fois en Colossiens pour parler d’une pratique hérétique, et en Actes pour parler de la religion juive).

– 1. Un homme religieux, une femme religieuse, se repère dans sa manière de parler. Il ou elle sait maîtriser les élans de sa langue (Jacques développera ce point au ch. 3).

– 2. Un homme religieux, une femme religieuse, se repère dans le fait qu’il prend soin des faibles. Les veuves et les orphelins à cette époque étaient les plus démunis. Pas d’assurance vie, pas de programme social, très peu d’emplois disponibles pour eux… Dieu en avait un soin particulier : « Le père des orphelins, le défenseur des veuves, c’est Dieu dans sa demeure sainte. » (Ps 68.6) La loi avertissait : « Maudit soit celui qui porte atteinte au droit de l’étranger, de l’orphelin et de la veuve. » (Deut 27.19) Aujourd’hui ce devoir demeure pour toutes les personnes en situation de faiblesse. Ce n’est pas un travail institutionnel (réservé aux anciens, au pasteur, aux diacres, à des organisations spécialisées, etc.), c’est le travail des hommes et des femmes qui sont pieux, qui aiment Dieu. Les chrétiens forment un peuple qui se soucie des autres. « Visiter » va plus loin qu’une courte visite. C’est prendre un réel souci, apporter une aide concrète.

– 3. Un homme religieux, une femme religieuse, se préserve « des souillures du monde ». Parce que le chrétien a été lavé une fois pour toutes (Héb 10.10,14 ; 1 Cor 6.9-11, etc.), il est blanc. Et parce qu’il est blanc, il veille à ne pas se salir.

***

Tous les grands réveils spirituels enregistrés dans l’Écriture et dans l’histoire se sont accompagnés d’une prise de conscience de l’importance de l’Écriture associée à une attitude de repentance chaque fois que nécessaire. Hier comme aujourd’hui, la grâce de Dieu couvre nos défaillances et nous pousse au changement (cf. Tite 2.11-13). En cela nous pouvons compter sur l’intercession et l’assistance du Christ : il a parfaitement obéi à notre place et peut nous secourir dans nos faiblesses (cf. Héb 2.10 ; 5.9 ; 7.28 ; 12.1-3)

Écrit par


« A leur départ, Jésus se mit à dire aux foules, à propos de Jean : Qu’êtes-vous allés contempler au désert ? Un roseau agité par le vent ? Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu somptueusement ? Mais ceux qui portent des vêtements somptueux sont dans les maisons des rois. Qu’êtes-vous donc allés (faire) ? Voir un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. Car c’est celui dont il est écrit : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, pour préparer ton chemin devant toi. En vérité je vous le dis, parmi ceux qui sont nés de femmes, il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est soumis à la violence, et ce sont les violents qui le ravissent. Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean ; et, si vous voulez l’admettre, c’est lui qui est l’Élie qui devait venir. »

Matthieu 11.6-13

Héraut du royaume

Jean est en prison depuis près d’un an. Il entend parler du Christ, de ses discours, de ses miracles, mais il est inquiet. Il doute. Il ne voit pas l’accomplissement des prophéties messianiques. Jésus n’a toujours pas imposé la justice au monde. Et lui est toujours en prison. Jean envoie des émissaires à Jésus pour lui demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mat 11.3)

Pour rassurer son ami, Jésus réalise sur le champ plusieurs miracles (Luc 7.21) qui authentifient son rôle de messie. Puis il prononce les paroles les plus élogieuses jamais sorties de sa bouche. Le témoignage du Christ en faveur de Jean-Baptiste est impressionnant.

Le ministère de Jean-Baptiste a été extrêmement influent. Marc 1.4-7 indique que « tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ; et ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain en confessant leurs péchés. » Parmi la foule, certains n’étaient que curieux de voir le premier prophète depuis Malachie, après 400 ans de silence ; d’autres se repentaient sincèrement.

La prédication de Jean-Baptiste était orientée résolument vers les gestes concrets qui accompagnent la foi (Luc 3.10-14). Mais avant tout elle annonçait un être supérieur à lui, qui baptiserait d’Esprit saint ceux qui se tourneraienont vers Dieu, et de feu ceux qui refuseront refuseraient de le faire (cf. Mat 3.121). Jésus marque de son sceau d’approbation le ministère de Jean- Baptiste, exposant par là même la motivation de certains des spectateurs qui n’appréciaient pas son ministère.

Jean-Baptiste n’était pas une girouette s’agitant en vain — à l’instar des roseaux qui poussent facilement sur les berges d’un fleuve, et qui se couchent dans le sens du vent. Jean-Baptiste n’était pas un dignitaire de la société suscitant l’admiration des foules — ses vêtements étaient primitifs, son mode de vie frugal. Lorsque Jésus pose la question « qu’êtes-vous donc allés voir ? », il invite le peuple indécis à se positionner. Car Jean- Baptiste est prophète, et même,  « plus qu’un prophète ».

Une supériorité qui tient au fait qu’il fait lui-même l’objet d’une prophétie : « Voici que j’enverrai mon messager ;; il ouvrira un chemin devant moi. Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez ; et le messager de l’alliance que vous désirez, voici qu’il vient, dit l’Éternel des armées. » (Mal 3.1). Mais également parce que Jean-Baptiste est l’annonciateur, le héraut, du Roi des rois. Les autres prophètes de l’Ancien Testament n’ont pas eu ce privilège et ne faisaient qu’investiguer sur une époque future (1 Pi 1.10-12).

Témoin par anticipation du royaume

Selon Jésus il n’y a pas eu d’homme plus grand que Jean-Baptiste depuis Adam. Ni Job, ni Abraham, ni David, ni Daniel ne peuvent rivaliser avec lui. L’honneur que Christ attribue à Jean-Baptiste est spectaculaire.

Mais il ajoute : « Cependant le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. » Une parole énigmatique ! Don Carson recense deux interprétations à écarter, car trop isolées du contexte2 :

– Comprenant le « royaume des cieux » dans un sens futur, certains voient le contraste entre Jean-Baptiste maintenant, et le croyant plus tard dans le royaume des cieux. La phrase dirait donc : « Le plus petit dans le royaume des cieux de demain est plus grand que lui aujourd’hui. »

– Comprenant les rapports dans un sens temporaire immédiat, certains entendent : le plus petit dans le sens de « plus jeune » : « Le plus jeune [c’est-à-dire Jésus] est plus grand que lui, bien qu’il que celui-ci soit plus âgé. »

D’autres y voient un contraste entre les croyants de l’Ancien Testament, et les croyants du Nouveau Testament, ces derniers bénéficiant d’un statut spirituel supérieur. Mais c’est une manière étrange de séparer les sauvés, qui le sont par la même œuvre substitutive du Christ.

Deux perspectives sont à considérer :

– 1. Jean-Baptiste est le plus grand homme, mais avec le sacrifice du Christ, les chrétiens reçoivent par grâce une justice par la grâce qui est supérieure à celle des plus grands hommes.

– 2. L’illumination du Christ modifie la hiérarchie entre les prophètes. Jean-Baptiste était une « lampe » qui éclairait Jésus- Christ. Mais après la mort et la résurrection de Jésus, la venue du Saint-Esprit sur les hommes a donné aux chrétiens une lumière bien plus vive ! C’est comme comparer une lampe de poche à une lampe halogène. Parce qu’ils ont l’Esprit saint, et qu’ils reflètent le Christ, les chrétiens ont une fonction de « poteau indicateur » supérieure à celui celle de Jean-Baptiste (cf. 2 Cor 5.14-21).

Mais les implications sont importantes ! Il n’existe pas de plus grand appel que de faire connaître le saint Évangile du Christ. Il n’y a pas d’existence plus « « prophétique » que celle qui se consacre à être témoin de Jésus Christ.

Précurseur du royaume

Selon le Seigneur, le royaume est « soumis à la violence ». Le temps grammatical du verbe peut se traduire de deux façons :

– Au sens passif : le royaume des cieux est « violenté ». Jean-Baptiste, puis Jésus plus encore, sont sujets à une critique violente, contestés par les chefs religieux. Une opposition nette, une rivalité précise s’est établie entre le royaume des cieux et le royaume du monde.

– Au sens actif : le royaume des cieux exige des gens violents, c’est-à-dire des gens passionnément désireux d’y entrer. Jésus ferait remarquer ici la difficulté de faire partie de ce royaume ; les tièdes ne peuvent y entrer parce que leur cœur est rempli de compromis.

Ces deux sens se complètent. En venant sur terre, Jésus vient pour arracher avec force des hommes au monde des ténèbres (Col 1.13). Les démons empêchent les gens de comprendre l’Évangile (Mat 13.19). Satan aveugle les pensées des hommes de notre temps (2 Cor 4.4). Dieu propose un royaume qui est rudement contesté, car ses valeurs sont opposées aux valeurs du monde (1 Jean 2.16).

Seuls les gens qui « poussent », y mettant toute leur énergie, pénètrent dans le royaume des cieux. Bien évidemment, il ne s’agit pas d’une flambée d’œuvres mais d’un cœur confessant clairement son attachement à Jésus- Christ. Jésus use d’une image qui n’invalide en rien les doctrines de la grâce !

Jean-Baptiste est le brise-glace qui ouvre le chemin au Christ, il est le service d’ordre qui force un passage, il est l’éclaireur qui révèle le cœur des hommes et leur besoin de Jésus.

Il est aussi « Élie qui doit venir » (Mal 4.5). Est-ce à dire que Jean-Baptiste est la réincarnation d’Élie ? C’est une lecture bizarre que l’on trouve aujourd’hui dans divers cercles ésotériques. Mais c’est impossible :

– Tout d’abord Jean-Baptiste dit lui-même qu’il n’est pas Élie (Jean 1.21).

– Ensuite, parce qu’Élie n’est jamais mort — il est monté au ciel. Jean-Baptiste est né d’une femme ; ses jours ont commencé d’une manière naturelle qui ne fait pas suite à la vie d’Élie.

– Enfin et surtout parce que la Bible enseigne clairement qu’on ne meure qu’une fois, et que notre sort éternel est déterminé par notre justification qui ne dépend que de notre union à Christ (Dan 12.2-3 ; Héb 9.27 ; 1 Jean 5.11-13).

En fait, Jean-Baptiste est venu « avec l’esprit et la puissance d’Élie » (Luc 1.17). Il y a dans sa personne et son œuvre les caractéristiques de la fonction d’Élie. En sorte que si Israël l’avait reconnu, les conditions étaient réunies pour l’accomplissement des prophéties.

La promesse du retour d’Élie se rattache probablement à un passage surprenant d’Apocalypse 11 où deux témoins sont suscités, dont l’un accomplit les miracles faits par Élie autrefois (Apoc 11.5-6), même si l’identité de ces deux témoins n’est pas explicitement révélée.

Jésus conclut par une mise en garde solennelle : « Que celui qui a des oreilles entende ! » En acceptant Jean-Baptiste comme précurseur du Seigneur, on accepte dès lors que Jésus est soit le Seigneur ; l’horloge prophétique se met en marche et le royaume peut s’établir dans sa plénitude. Mais en refusant d’admettre Jean-Baptiste dans son rôle, alors on refuse la messianité de Jésus. Le Roi des rois est rejeté, et l’avènement public du royaume est reporté. C’est ce qui s’est passé. Un jour, comme le disait Jean-Baptiste, Jésus triera entre les hommes et répartira départagera entre ceux qui sont sauvés et ceux qui ne le sont pas.

Dieu s’est déplacé en la personne de Jésus. Il a envoyé son précurseur pour attester sa venue. Son appel à la repentance nous invite à changer radicalement notre manière de penser au sujet de la vie, du péché, de Dieu, et à nous engager à sa suite…

Un grand homme

La grandeur d’un homme ne se mesure pas à son apparence ! La grandeur d’un homme n’est pas anéantie par un moment de déprime ou de doute. La grandeur d’un homme ne se mesure pas à sa popularité auprès des personnalités reconnues.

Voici ce qui fait la grandeur de Jean-Baptiste :

– il était consacré à Dieu — pas de superflu dans son style de vie ;

– il ne faisait pas de distinction de personnes, comme l’atteste ses propos courageux à Hérode et aux prêtres ;

– il savait conseiller ceux qui venaient à lui, même des soldats œuvrant pour un gouvernement corrompu ;

– il avait l’humilité de reconnaître les limites de son appel : « Il faut qu’il croisse, et que je diminue. » (Jean 3.30)

1 La notion de tri entre le blé et la paille milite en faveur de cette interprétation.
2 « Matthew », Expositor’s Bible Commentary, vol. 8, Zondervan, 1984, p. 264.

 

Écrit par


Le pouvoir des mots est incroyable. Ils sont puissants et affectent tellement ceux qui les entendent. Pour leur bien ou pour leur mal. Une femme affligée d’un bec-de-lièvre a écrit cette histoire saisissante du bien-être que peuvent fournir nos propos : « J’ai grandi sachant que j’étais différente. Je suis née avec un bec-de-lièvre, et lorsque j’ai commencé l’école, mes amis m’ont clairement montré comment ils me voyaient : une petite fille aux lèvres tordues, au nez crochu, aux dents de travers et au langage brouillon. Lorsqu’on me demandait : ‘Que s’est-il passé pour que tu aies une bouche comme ça ?’, je leur disais que j’étais tombée et que je m’étais coupée sur du verre. Il me semblait plus facile de me présenter en victime d’un accident que d’être née différente. J’étais convaincue que personne d’autre que ma famille ne pouvait m’aimer. Il y avait cependant une enseignante d’école primaire que tout le monde aimait — Mme Léonard. Elle était petite, ronde, et joyeuse — une femme pétillante. Chaque année on testait notre audition… Mme Léonard fit passer le test à toute la classe, et ce fut mon tour. Je savais, par l’expérience des années précédentes, qu’il fallait répéter ce que la maîtresse chuchotait de son bureau — des phrases comme ‘le ciel est bleu’ ou bien ‘as-tu de nouvelles chaussures ?’ J’attendais donc les mots que je devais répéter. Dieu a dû les placer dans sa bouche, ces sept mots qui ont changé ma vie. Mme Léonard chuchota : ‘J’aurais tant aimé que tu sois ma fille.’1 »

Attention à l’influence de nos propos (Jac 3.1-2) !

Mes frères, qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement. Nous bronchons tous de plusieurs manières. Si quelqu’un ne bronche point en paroles, c’est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride.

Comme à son habitude, Jacques appelle ses lecteurs en des termes affectueux pour mieux faire passer des paroles assez dures. Les frères en question vont en prendre pour leur grade sur leur manière de communiquer — et nous aussi ! Le texte commence par une mise en garde qui touche les enseignants, car c’est ce que veut dire le mot « docteur ». Lorsque Jacques écrit cette lettre, une petite vingtaine d’années se sont écoulées depuis la mort et la résurrection du Christ. L’Église se compose essentiellement de Juifs ayant compris que Jésus est véritablement le Messie d’Israël. Et l’Église naissante s’est inspirée des cultes de la synagogue. Ceux-ci se déroulaient sous une forme plus ou moins rigide et comportaient un message dont on attendait qu’il soit surtout attractif, qu’il éveille l’attention — et évite l’endormissement. Comme aujourd’hui, il y avait des prédicateurs à la mode, et d’autres moins. Et c’est là où se fait le lien avec les propos de Jacques. Puisqu’il fallait impressionner, les enseignants populaires avaient recours à des jeux de mots à partir des textes bibliques. On supprimait une partie de la phrase pour associer des mots entre eux, et donner un sens inhabituel ou nouveau à la Parole de Dieu, qui ne visait pas le respect du sens plein de la Bible.

Jacques nous dit ici : enseigner n’est pas à rechercher par tout le monde. Parce que cette responsabilité s’associe d’un jugement plus grand, plus dur, plus sévère. Ne faites pas passer vos opinions, sous couvert d’un enseignement agréable ou facile. Prêchez la Bible.

Vous vous dites peut-être que ce message ne vous concerne pas : vous n’enseignez pas dans l’église et vous n’avez aucune intention de le revendiquer. Erreur ! C’est tout le sens du reste du message. Point n’est besoin d’être pasteur, ancien, responsable d’une cellule de vie, enseignant d’une école du dimanche, pour enseigner :

– Lorsqu’un homme parle à ses enfants, il enseigne. Oui, lorsque son enfant renverse un verre d’eau et que le père se met à crier, ou qu’il se met à rire s’il le voit faire une grimace à quelqu’un, cet homme enseigne des « valeurs » fausses : la maladresse est très grave, la méchanceté pas trop.

– Lorsqu’un homme parle le visage fermé à son conjoint, il communique quelque chose. Il enseigne une valeur à l’autre.

Les mots ont un pouvoir, une puissance, une influence. Et le pouvoir de nos lèvres est si sérieux que Jésus nous met solennellement en garde : « Par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné. » (Mat 12.37) Parce que ce qui sort de notre bouche reflète ce qui est dans notre cœur.

Ce texte implique la notion de gradation dans la manière dont notre vie sera couronnée, récompensée. Il s’agit ici de l’évaluation de la vie du chrétien, qui aura lieu lors du tribunal du Christ (2 Cor 5.10).

Au v. 2, Jacques rappelle que personne n’est exempt de péchés. Chacun d’entre nous a des « talons d’Achille », qui le poussent à demeurer près du Seigneur, et à grandir. Mais il semble que tous les péchés, toutes les fautes de l’homme, passent un jour ou l’autre par la langue. L’utilisation de la langue devient donc un indicateur de sa maturité. C’est l’un des deux sens du mot « parfait » utilisé par Jacques. Parfois il décrit l’absence de toute corruption, parfois il décrit la notion de maturité.

Jacques donne trois raisons à cette mise en garde, qui dépasse de loin le rôle de l’enseignement.

1. La langue dirige (Jac 3.3-5a)

Si nous mettons le mors dans la bouche des chevaux pour qu’ils nous obéissent, nous dirigeons ainsi leur corps tout entier. Voici, même les navires, qui sont si grands et que poussent des vents impétueux, sont dirigés par un très petit gouvernail, au gré du pilote. De même, la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses.

Jacques relève la disproportion entre la taille du mors et celle du cheval, entre la taille d’un gouvernail et celle du navire.

Le mors que l’on passe dans la bouche d’un cheval repose sur sa langue. En tirant à droite ou à gauche, la tête de l’animal bouge, puis son corps bouge… Sans lui, le cheval le plus docile qui soit ne sera jamais suffisamment attentif aux instructions de son cavalier. Le contrôle de sa langue engendre le contrôle de tout le corps du cheval.

Des pétroliers faisant plus de 10 fois le poids de la Tour Eiffel sillonnent les mers. Il leur faut parcourir 8 km en 25 minutes pour s’arrêter. Ces bateaux gigantesques virent grâce à un gouvernail ridiculement petit.

La langue aussi est bien petite. Elle ne pèse que quelques dizaines de grammes, mais quel pouvoir ! La langue dirige le comportement des autres : comme un miroir, elle sculpte la compréhension que l’on a de soi.

Michener est l’auteur de plusieurs romans où les personnages sont riches d’un héritage familial fouillé, détaillé. Michener est un enfant abandonné, élevé par une veuve qui l’a accueilli et lui a donné ce nom de famille. Dès la publication de ses premiers romans, un membre de la famille Michener lui a envoyé des lettres anonymes pleines de haine et d’insultes, le traitant d’usurpateur, et disant qu’il n’avait même pas le droit de porter ce nom. Elles étaient toutes signées « un vrai Michener ». Lorsqu’il obtint le prix Pulitzer, une note lui rappela qu’il était un hypocrite, qu’il n’avait pas le droit de porter ce nom, que toute sa vie ne serait que mensonge et usurpation. Lorsqu’il fut reçu par le président Ford en 1976, cet homme reçut son dernier courrier : « Tu es toujours un menteur, toujours un fraudeur, toujours à essayer de paraître mieux que tu ne l’es. » À la fin de sa vie, Michener dit, abattu : « Il avait raison dans toutes ses accusations, j’ai essayé toute ma vie d’être une personne meilleure que je ne le suis et le frère de tous ceux qui partagent cette aspiration. » Le bonheur de cet homme a été gâché… par quelques lettres récurrentes… créant une mélancolie dans son âme.

La langue dirige les autres. Elle encourage ou décourage, elle excite ou pacifie.

2. La langue détruit (Jac 3.5b-8)

Voyez, comme un petit feu peut embraser une grande forêt ! La langue aussi est un feu ; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps, et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. Toutes les espèces de bêtes, d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins, sont domptés et ont été domptés par l’homme ; mais la langue, aucun homme ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel.

La France connaît chaque année près de 5 000 feux de forêts, qui ravagent environ 34 000 hectares. 3 % seulement de ces feux proviennent de causes naturelles. Le reste provient d’actes de malveillance ou d’accidents. Dans la grande majorité de cas, des milliers d’hectares partent en fumée à partir du mégot d’un fumeur, d’un barbecue mal préparé… de tout petits feux.

Un petit feu embrase une grande forêt. C’est vrai ! Les records sont tristement célèbres. En 1825, au Canada, 1 600 000 ha ont brûlé. En 1947, dans les Landes, 400 000 ha ont brûlé.

C’est cela la langue. Le feu et les animaux sauvages ont ceci en commun qu’ils peuvent détruire et sont peu contrôlables.

Quand la Bible parle de communication, elle voit un grand danger. Le premier péché a eu lieu par une suggestion verbale. Lorsque Dieu a demandé des comptes à l’homme de sa désobéissance, l’homme a usé de sa langue pour manquer de respect à Dieu : « C’est la femme que tu as mise à mes côtés… »

L’un des moyens que la Bible utilise pour montrer l’universalité du péché, c’est d’évoquer la manière de parler des hommes :

– « Leur gosier est un sépulcre ouvert ; ils se servent de leur langue pour tromper ; Ils ont sous leurs lèvres un venin d’aspic ; leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume. » (Rom 3.13-14)

– Ésaïe est effrayé lorsque Dieu l’appelle à son service. Il réplique : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. » (És 6.5)

Jacques parle des problèmes de communication dans chaque chapitre de son Épître. Mais ce n’est pas le seul livre biblique à traiter ce sujet. Les Proverbes abondent en conseils et mises en garde2 :

– « Celui qui surveille sa bouche et garde sa langue en bride, préserve sa vie de bien des tourments. » (21.23)

– « Qui veille sur sa bouche préserve sa vie, mais celui qui ouvre trop souvent les lèvres court à sa ruine. » (13.3)

– « Le sot lui-même passe pour sage s’il sait se taire ; qui tient sa bouche en bride est prudent. » (17.28)

– « Le juste réfléchit bien avant de répondre, mais les répliques rapides des méchants répandent le mal. » (15.28)

– « Le sot ne se soucie guère de réfléchir, il ne demande qu’à faire étalage de son opinion. » (18.2)

– « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue : vous aurez à vous rassasier des fruits que votre langue aura portés. » (18.21)

– « Les paroles du pervers sont comme un feu dévorant. » (16.27b)

– « L’homme au cœur tortueux ne trouvera pas le bonheur et celui qui manie une langue perfide tombera dans le malheur. » (17.20)

3. La langue révèle (Jac 3.9-12)

Par elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi. La source fait-elle jaillir par la même ouverture l’eau douce et l’eau amère ? Un figuier, mes frères, peut-il produire des olives, ou une vigne des figues ? De l’eau salée ne peut pas non plus produire de l’eau douce.

J’ai entendu parler d’un chirurgien spécialisé dans les troubles de l’oreille. Lors d’une consultation, une amie envisageait de lui confier l’opération délicate de la reconstitution d’un tympan. Au milieu de l’entretien, le chirurgien mit ses mains sur la table, et mon amie constata avec effroi que les mains de cet homme tremblaient comme une feuille. Elle ne s’est pas fait opérer. Devinez pourquoi !

Quand Jésus-Christ voit les enfants qu’il s’est acquis par son propre sang, il voit une extension physique de sa présence spirituelle. Nous formons, collectivement, le corps de Christ (1 Cor 12). Que ce soit dans une dimension locale ou universelle, les chrétiens authentiques sont les « doigts » de notre Dieu. Nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons de notre corps :

– Romains 12.1-2 commande ainsi d’offrir nos corps en sacrifice vivant.

– 1 Thessaloniciens 4.4 commande de tenir nos corps dans la sainteté et l’honnêteté.

– 1 Corinthiens 6.13 nous rappelle que le corps n’est pas pour l’inconduite mais pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps.

Beaucoup d’entre nous ne pécheront pas dans certains domaines parce que l’occasion de le faire ne se présentera pas : si on ne fréquente pas assidûment un groupe de buveurs, on a moins de risques de devenir alcoolique. Si on ne passe pas ses soirées à hanter les night-clubs, on ne deviendra peut-être pas un débauché.

Mais la langue est l’un des organes les plus sollicités. Il est impossible de passer une journée sans l’utiliser. Elle est l’expression la plus directe de ce que nous sommes. Elle est la fenêtre la plus immédiate sur ce qui anime nos cœurs. La distance entre la langue et notre être intérieur, est très, très courte.

Un proverbe est particulièrement pertinent pour relever ce lien entre pensées et paroles : « Les pensées mauvaises sont en horreur à l’Éternel, mais les paroles agréables sont pures à ses yeux. » (Pr 15.26) Le contraste est semblable à celui que montre Jacques : des propos agréables sont purs et reflètent ainsi des pensées pures.

Ce que Jacques relève dans cette section, c’est qu’il n’est pas envisageable qu’un homme se réclamant de Dieu puisse faire couler de ses lèvres des malédictions. Mes amis, cela se produit parfois. Dans les églises, il y a des calomnies, des accusations et des divisions. Dans les familles, il y a des propos qui « tuent » un conjoint ou une progéniture. Commençons par louer le positif chez les autres et prier pour le négatif. Ensuite, lorsqu’il faut parler du négatif, prions pour discerner le meilleur moment, les meilleures paroles, et surtout, que ce soit pour le bien et la croissance de l’autre.

Quand on regarde le ciel, on distingue les étoiles des planètes par leur scintillement. La lumière des étoiles scintille, celle des planètes est stable. On peut confirmer ce diagnostic à l’aide d’un petit télescope ou une bonne paire de jumelles, en observant qu’une étoile n’est qu’un point lumineux, alors qu’une planète apparaît comme un disque. Si quelqu’un examinait nos propos, pourrait-il discerner la source qui nous anime ?

Conclusion

On a demandé à un couple qui célébrait ses noces d’or, le secret de leur mariage. L’homme raconta son histoire. Il avait grandi dans un orphelinat. Il avait travaillé dur pour obtenir tout ce qu’il avait, son diplôme et sa position dans une entreprise. Il n’avait jamais fréquenté de femme jusqu’à son coup de foudre pour Sarah. Émotion partagée qui les avait conduit à s’épouser. Le jour du mariage, le père de la jeune femme a pris le nouveau marié à l’écart pour lui donner un cadeau. Il lui dit : « Dans ce cadeau, il y a tout ce dont tu as vraiment besoin pour savoir comment avoir un mariage heureux. » C’était une magnifique montre en or. Il la sortit avec précaution, et remarqua une petite phrase, gravée sur le dessus, qu’il ne pouvait manquer de voir chaque fois qu’il regarderait l’heure : « Dis quelque chose d’aimable à Sarah. »

Demandons à Dieu de nous donner cette sagesse de paroles qui change la vie des autres, pour le bien.

1Gray Alice, Histoires qui touchent le cœur, Éditeurs du Trésor Caché, 2002.
2 Citations tirées de la transcription « Parole vivante » par A. Kuen

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