PROMESSES

Une approche statistique

1. Faire le plan d’un livre biblique: une nécessité et une difficulté

L’abord d’un livre biblique n’est pas toujours facile pour un individu du XXIe siècle. Le texte, parfois long de plusieurs dizaines de pages, généralement imprimé en petits caractères sur deux colonnes, peut en rebuter plus d’un, y compris parmi les chrétiens. La solution de facilité consiste alors à aller directement vers les portions connues, vers certains chapitres, au détriment d’une vue d’ensemble qui seule donne une compréhension correcte et générale (sinon complète, ce qui serait illusoire face à l’insondable Parole de notre Dieu).

Afin d’aider le lecteur à aborder un des 66 volumes qui constituent la Parole inspirée de Dieu pour l’homme, les éditeurs de nos bibles offrent généralement, en introduction de chaque livre, une notice permettant de saisir son idée d’ensemble et son plan. Souvent, des intertitres ajoutés par les traducteurs aident à structurer le texte1. Pour simplifier, le découpage d’un livre est :
– soit basé sur le sens du texte, selon la perception qu’en a le commentateur,
– soit fondé sur des indices textuels2.

Pour les livres où les indices textuels sont clairs, mieux vaut sans doute privilégier cette approche: l’Écriture ne s’explique jamais mieux que par elle-même; c’est un principe herméneutique de base. Pour les autres livres, le choix est parfois plus arbitraire et l’intention de l’Esprit de Dieu n’est pas aisée à saisir3.

L’évangile selon Jean ressort plutôt de la seconde catégorie. Cet article a pour objet de proposer une approche qui permette d’établir un plan le plus objectif possible, à l’aide de statistiques sur les mots.

2. Statistiques sur l’évangile selon Jean

2.1. Méthodologie

La première démarche consiste à répertorier l’ensemble des mots du texte original. L’évangile selon Jean comprend 13 578 mots4, soit 1 090 mots différents. 249 mots reviennent au moins 10 fois et 397 mots sont des hapax pour cet évangile (ils n’y sont présents qu’une fois).

Lors de la deuxième étape, il faut éliminer, parmi les mots les plus fréquents, ceux sans signification particulière (comme les «kai», souvent traduits par «et», qui équivalent la plupart du temps à notre point de fin de phrase), les articles, les pronoms, certains verbes comme «être» ou «avoir», qui n’ont pas d’intérêt direct pour cette étude. On réduit ainsi le champ à 61 mots, revenant chacun au moins 20 fois.

Le troisième stade vise à repérer parmi les mots non retenus ceux qui sont de la même famille qu’un des 61 mots retenus. Par exemple, le mot «vérité» (aletheia) se rencontre 25 fois mais l’adjectif correspondant (alethinos) 8 fois seulement. On constitue ainsi des «familles» de mots fréquents.

Lors de la quatrième étape, on calcule un indice de fréquence relative5 de chaque mot (ou de chaque famille de mots) dans chacun des 21 chapitres de l’évangile6. Il est alors possible de mettre en évidence les termes qui sont statistiquement plus fréquents dans telle partie que dans telle autre. Ainsi, le découpage de l’évangile apparaît.

2.2. Résultats

Parmi les mots ou les familles de mots sélectionnés, certains se retrouvent de façon homogène tout au long de l’évangile. C’est par exemple le cas des noms «Jésus», «Dieu» ou des verbes comme «parler», «savoir», «répondre»…

D’autres, en revanche, sont concentrés sur certaines portions. Pour un nom comme «Pilate», exclusivement présent dans les ch. 18 et 19, la constatation n’offre guère d’intérêt. Pour d’autres, cela permet de mettre en évidence trois groupes de 5 chapitres, au centre de l’évangile, comme l’indique le tableau suivant:

Mots / groupes de mots
Total
ch. 3 à 7
ch. 8 à 12
ch. 13 à 17
vie, vivre
56
40
8
5
lumière/ténèbres/aveugle
51
9
32
0
aimer, amour
57
5
7
34
vérité, vrai
56
20
14
12

Le groupe de mots de la famille de «vérité» est présent uniformément sur ces trois sections. Par contre, pour les trois autres groupes de mots, dont le nombre d’occurrences est comparable, la répartition est loin d’être homogène:
– La première section, qui couvre les chapitres 3 à 7, met l’accent sur la vie.
– La deuxième section, du chapitre 8 au chapitre 12, insiste sur la lumière.
– La troisième section, chapitres 13 à 17, est centrée sur l’amour.
A ces groupes de mots, se rattachent un certain nombre de verbes, eux aussi significativement plus présents dans une section que dans les autres.

Verbes fréquents
ch. 3 à 7
ch. 8 à 12
ch. 13 à 17
venir
marcher
prier
chercher
suivre
demeurer
montrer
voir
glorifier
naître
garder

 

2.3. Interprétation

Une approche purement statistique ne suffit pas ; elle doit être confrontée au sens du texte. Or la progression même de la pensée de l’évangéliste correspond aux résultats de l’étude statistique.

a) Les chapitres 3 à 7 insistent à l’évidence sur la notion primordiale de la «vie»:
– A Nicodème, Jésus annonce la nécessité d’une vie nouvelle et éternelle, don de Dieu par son Fils (3.3, 7, 16).
– A la femme samaritaine, le Messie présente l’eau de la vie, qui désaltère à jamais (4.10, 14).
– Aux Juifs qui le persécutent après la guérison de l’infirme de Bethesda, Jésus se présente comme celui qui a reçu du Père le pouvoir de vivifier (5.21, 26).
– Après la multiplication des pains, le Seigneur proclame : «Je suis le pain de vie» (6.35, 48).
– Enfin, lors de la fête des tabernacles, il promet à celui qui croit en lui que des fleuves d’eau vive couleront de son sein (7.38).

b) Les chapitres 8 à 12 font appel à l’opposition ténèbres/lumière:
– Jésus annonce : «Moi, je suis la lumière du monde» (8.12).
– Après la guérison de l’aveugle-né (incapable par nature de voir le jour), celui qui est la lumière du monde (9.5) dénonce la cécité morale de ceux qui croient avoir la lumière, mais qui, en fait, sont aveugles (9.39-41).
– Le Seigneur, avant d’aller ressusciter Lazare, parle à ses disciples de la marche de celui qui voit la lumière du monde (11.9-10).
– Le chapitre 12 conclut en reprenant plusieurs expressions du chapitre 8 et Jésus presse ses auditeurs aveuglés de croire en la lumière tant qu’elle est parmi eux (12.35-46).

c) Les chapitres 13 à 17 ont été appelés les chapitres de l’amour:
– Dès les premiers mots du ch.13, l’évangéliste annonce que Jésus allait mettre le comble à son amour pour les siens (13.1), par un geste pratique, avant de le faire par une œuvre éternelle, à la croix.
– Au début de ses entretiens avec ses disciples, le Seigneur leur donne son nouveau commandement : «Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés» (13.34).
– Tout au long de ses «dernières paroles», il évoque cette sphère d’amour qui unit le Père, le Fils et ceux que le Fils appelle ses amis (14.23 ; 15.9-13 ; 16.27).
– Enfin, la prière qu’il adresse à son Père se termine par ce désir du Seigneur que l’amour dont il se sait aimé de lui, soit dans ses disciples (17.26).

L’ordre des trois parties est également riche d’instruction : il faut tout d’abord avoir la vie de Dieu (ch. 3-7), avant de connaître, par Jésus Christ, le Dieu qui est lumière (ch. 8-12) et amour (ch. 13-17).

Les verbes rattachés confirment cet ordre:
– Pour recevoir la vie, il faut «chercher», «venir» à Jésus qui «montrera» le chemin du salut et fera «naître» alors surnaturellement par l’opération de son Esprit.
– Pour «voir» la lumière, il faut «suivre» Jésus et «marcher» à sa suite. La lumière n’a donc rien d’une contemplation statique; elle se vit dans l’action. La 1ère épître de Jean développera cet aspect.
– Pour connaître l’amour, il faut «demeurer» près du Seigneur, «garder» ses commandements, entretenir une relation vivante en «priant», tout cela contribuant à «glorifier» Dieu, à l’exemple de son Fils.

3. Proposition de plan pour l’évangile selon Jean

3.1 Structure en chiasme de l’évangile

Une fois ces trois parties clairement mises en évidence, il est possible d’ébaucher une structure de plan pour l’évangile, en remarquant qu’à la symétrie : lumière (8- 12) // amour (13-17), peut s’ajouter une deuxième symétrie : vie (3-7) // mort (18- 19). Il va de soi qu’il n’est pas besoin que le mot «mort» apparaisse statistiquement dans cette partie pour qu’on comprenne qu’elle est centrée sur la mort. Jean est le seul évangéliste à décrire en détail la mort du Seigneur, à témoigner du sang et de l’eau qui ont coulé de son corps (source de vie pour nous) et à donner des précisions sur son ensevelissement (19.30-42).

On aboutit ainsi à une structure en «chiasme», caractéristique de la pensée hébraïque, que l’on retrouve souvent dans certains livres de l’A.T.7

Restent ensuite les parties introductives (ch. 1 et 2) et conclusives (ch. 20 et 21). Là aussi, plusieurs symétries sont frappantes:
– A l’annonce de la résurrection (2.19-22), répond la réalité de la résurrection (20.1-18).
– Aux trois jours retraçant les premières rencontres du Seigneur avec plusieurs de ceux qui deviendront ses disciples (1.29, 43; 2.1)8, correspondent les trois rencontres de Jésus ressuscité avec ses disciples (20.19, 26; 21.14). De plus, Pierre est particulièrement mis en avant lors de la première rencontre du début de l’évangile et lors de la dernière de la fin de l’évangile. Nathanaël doute (2ème rencontre au début), tout comme Thomas (2ème rencontre de la fin). La joie marque la 3ème rencontre du début, à Cana et les disciples se réjouirent de voir le Seigneur lors de la 1ère rencontre du ch. 20.
– Remontant vers le début de l’évangile, on trouve le témoignage de Jean Baptiste (1. 19-28), auquel répond l’affirmation de la véracité du témoignage de Jean l’évangéliste (21.24).
– Enfin, au prologue majestueux qui ouvre le quatrième évangile, dévoilant la gloire du Fils éternel, venu habiter parmi les hommes pour leur révéler le Père, correspond le court verset qui termine ce livre unique: «Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pourrait contenir les livres qu’on écrirait.» Sa gloire est résumée dans cette affirmation paradoxale: ce qu’il a fait en un peu plus de trente ans de vie terrestre remplirait l’univers entier9.

D’autres détails pourraient venir conforter cette vision symétrique de l’évangile:
– Nicodème vient à Jésus au ch. 3, au début de la partie sur la vie. C’est lui aussi qui vient, à la fin de la partie sur la mort (19.39), apporter les aromates pour l’ensevelissement du Seigneur.
– Jésus se retire au jardin des Oliviers à la fin de la section centrée sur la vie (8.1), comme il s’y rendra, accompagné des onze, au début de la section sur la mort (18.1).
– Jésus refuse de condamner la femme adultère au début de la partie sur la lumière (8.1-11), tout comme il prendra le parti de ses disciples dans sa prière d’intercession du ch. 17.
– etc.

3.2 Plan de l’évangile selon Jean

1.
Prologue
1.1-18
2.
Introduction
1.19-2. 25
2.1.
Le témoignage de Jean Baptiste: l’Agneau de Dieu
1.19-28
2.2.
Trois jours symboliques
1.29-2.11
2.2.1.
Le baptême: l’Agneau de Dieu
1.29-42
2.2.2.
L’appel de Nathanaël: l’incrédulité
1.43-51
2.2.3.
Les noces de Cana: la joie
2.1-11
2.3.
L’annonce de la résurrection
2.12-25
3.
La vie
3-8.1
4.
La lumière
8.2-12
4′.
L’amour
13-17
3′.
La mort
18-19
2′.
Conclusion
20.1-21.23
2.3′.
La résurrection
20.1-18
2.2′.
Trois jours symboliques
20.19-21.23
2.2.3′.
Le 1er dimanche: la joie
20.19-23
2.2.2′.
Le 2ème dimanche: l’incrédulité
20.24-31
2.2.1′.
La pêche miraculeuse: «pais mes agneaux»
21.1-23
2.1′.
Le témoignage de Jean l’évangéliste
21.24
1′.
Épilogue
21.25

 

4. Conclusion

D’autres correspondances pourront être trouvées avec profit, en particulier dans les parties centrales, et nous laissons le soin à chaque lecteur de les découvrir. Le risque existe, cependant, lorsqu’on découvre une structure qui semble être voulue par l’Esprit de Dieu, d’aller trop loin et de forcer l’intention de l’Esprit. La recherche en devient alors intellectuelle et peut occulter le but premier de la lecture de la Bible, et en particulier de cet évangile : communiquer la vie à celui qui ne l’a pas et la faire abonder en celui qui l’a déjà reçue (20.31; 10.10) par la connaissance du seul vrai Dieu et de son envoyé, son Fils unique (17.3).

L’approche de l’évangile selon Jean développée ci-dessus est une parmi bien d’autres: elle les complète bien plus qu’elle ne les infirme. L’insondable Parole de Dieu ne peut ni ne doit être vue à travers un seul prisme. N’est-elle pas pour chaque lecteur qui se laisse sonder par elle, «vivante et efficace.

Notes :
1 Il est très important de noter que les plans et les titres ajoutés ne sont pas inspirés et ne font pas partie stricto sensu du texte biblique. Ils reflètent plus ou moins les options théologiques du rédacteur. Il semble que, à l’époque du Seigneur Jésus, l’A.T. ait été divisé à l’aide de «titres» (cf.Marc 2.26 et 12.26, où le texte original a litt. au titre «Abiathar, souverain sacrificateur» et au titre «Du buisson», version Darby). Ces titres ont été perdus et, de toute façon, la question de leur inspiration reste ouverte.
2 Par exemple, l’évangile selon Matthieu se scinde assez naturellement en sept parties, chacune des parties centrales commençant par «Il arriva que, quand Jésus eut achevé son discours…» (7.28; 11.1; 13.5 ; 19.1; 26.1). D’autres commentateurs préfèrent la première approche et divisent le livre en deux parties, la césure se plaçant soit en 13.1, soit en 16.21.
3 Le meilleur exemple de perplexité est le livre des Proverbes. Il est clairement dit que son auteur les a mis en ordre (Ecc 12.9), mais l’ordre ne nous apparaît que rarement comme évident!
4 Tous les décomptes indiqués ici peuvent varier de quelques unités, selon les leçons retenues. Nous nous sommes basés sur le texte grec de la Bible On-line, par facilité. Les conclusions restent cependant inchangées.
5 Défini comme le rapport entre la fréquence d’un mot dans une partie de l’évangile par rapport à sa fréquence dans l’ensemble du livre. Un indice égal à 3 indique que le mot est trois fois plus fréquent dans la section que dans l’ensemble du livre. Un mot a été jugé surreprésenté lorsque son indice était supérieur à 2.
6 Le découpage en chapitres n’est pas inspiré; il ne sert ici que par facilité. Une approche plus rigoureuse, purement statistique, consisterait à calculer des «distances» entre termes et à appliquer des méthodes d’analyse des données.
7 Un des exemples les plus clairs est celui du livre d’Ézéchiel, où abondent ces structures chiasmatiques. Voir l’étude de Brian Tidiman, Ézéchiel, CEB; voir aussi l’étude de Daniel Arnold in Ces mystérieux héros de la foi (Approche globale du livre des Juges), pp. 36-37, et Esther, pp. 39-43, éd. Emmaüs.
8 Il semble que le «lendemain» du v. 35 soit le même jour que celui du baptême (v. 29-34), comme l’indiquent le «encore» qui suit et la mention explicite d’un «troisième jour» au début du ch. 2.
9 Le mot pour «monde» est kosmos, l’univers dont on ne connaît pas les limites.

 

 

Écrit par


(2ème partie)

La Paix pour le croyant

Cet article constitue la 2ème partie de l’exposé sur le thème de la PAIX. Joël Prohin aborde la dimension pratique de la paix de Dieu dans le cœur du croyant et nous exhorte à travers sept textes du Nouveau Testament à rendre la paix de Dieu visible au travers de nos vies.

1. La paix pour le croyant

La perspective du règne de paix de Christ est certainement un puissant encouragement pour tous les croyants. Cependant, comme chrétiens, nous n’avons pas à nous réfugier dans des pensées heureuses d’une paix future assurée ; même si cette vision est un aliment pour notre foi, notre paix est à vivre ici et maintenant. Dans cette seconde partie, nous examinerons les deux aspects de la paix du croyant, puis sa relation avec le Dieu de paix, avant quelques conclusions à visée pratique.

1.1 Les deux aspects de notre paix

Deux paroles du Seigneur Jésus, encadrant le récit poignant de son œuvre de paix à la croix, évoquent chacune ce double aspect de la paix du chrétien :

«Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s’alarme point» (Jean 14.27). La paix qu’il laisse aux siens est celle qu’il nous a acquise par sa mort; ma paix est sa propre paix, celle dont il jouissait pendant sa vie sur la terre et qu’il nous donne maintenant.

«Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, à cause de la crainte qu’ils avaient des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous! Et quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent dans la joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie» (Jean 20.19- 21). Le contexte immédiat des deux salutations «La paix soit avec vous!» indique le parallélisme avec le passage précédent. Les mains et le côté percés de notre Sauveur sont le témoignage de la paix que son châtiment nous a apportée. La seconde mention précède la mission que Jésus donne aux disciples rassemblés et le souhait de paix leur montre – et à nous après eux – que pour accomplir cette mission, nous pouvons jouir de sa paix. Quel repos d’esprit, alors que si facilement nous sommes inquiets quant à l’accomplissement ou au succès de notre travail pour lui !

Les épîtres reprennent la même distinction :
– «…Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ» (Rom 5.1). C’est la paix objective, liée au salut par la foi développée par Paul à la fin du chapitre 3 et dans le chapitre 4.

« Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ» (Phil 4.6-7). C’est la paix subjective, conséquence de notre confiance pour apporter nos fardeaux à un Dieu plein d’amour, de sagesse et de puissance.

Pour résumer, nous pouvons donc distinguer :
– la paix avec Dieu,
la paix de la conscience,fondamentale, acquise définitivement et une fois pour toutes à la conversion, quant à notre péché; elle est objective, car basée sur l’œuvre de Jésus à la croix ;
– la paix de Dieu,
la paix du cœur, à vivre quotidiennement, quant à nos circonstances ;elle est subjective, car fonction de notre confiance en Dieu.

Toutefois, comme souvent lorsqu’on étudie la Bible, il est des notions qu’il est bon de distinguer sans les dissocier. Les deux aspects de la paix sont importants : le second, la paix de Dieu, devrait montrer le premier, la paix avec Dieu. En effet, ceux qui nous entourent ne peuvent pas toujours comprendre ni voir la paix acquise par le sang de Jésus ; en revanche, ils peuvent aisément observer notre sérénité sans stoïcisme dans les circonstances de notre vie. Bien souvent, c’est cette paix qui les fera s’interroger sur notre singularité et qui pourra ouvrir la porte à une présentation de la paix du salut sans laquelle la paix au quotidien ne peut pas véritablement être vécue.

Par ailleurs, comment être serein dans nos circonstances si nous ne revenons pas fréquemment à cette paix fondamentale qui nous est définitivement acquise ? Un auteur chrétien encourage ses lecteurs «à se prêcher l’évangile chaque jour» (1). Notre salut est l’aliment de notre foi et la paix de notre conscience rend notre cœur paisible.

2. Le Dieu de paix

Une question pratique surgit immédiatement : «Mais comment montrer cette paix au quotidien ? Je suis si souvent troublé, en conflit ou dans la confusion». C’est pourquoi, à sept reprises (2), le Nouveau Testament vient nous présenter Dieu comme «le Dieu de paix». Voir Dieu comme le «Dieu de paix» va audelà de la jouissance de la paix de Dieu : c’est être en relation avec celui qui peut donner la paix, car il l’a en lui-même, à la fois quant à lui et quant à toute sa création.

Ces sept mentions indiquent aussi trois côtés de la paix au quotidien :
– trois sont des souhaits : nous aspirons à vivre dans la paix ;
– deux sont des promesses : indépendamment de ce que nous montrons, Dieu reste pour les siens le Dieu de paix ;
– deux sont des exhortations : nous avons aussi notre part de responsabilité : pour ressentir cette paix, il y a des obstacles à lever.

Dans l’examen succinct de chacune de ces mentions, le contexte nous guidera pour en tirer des leçons pratiques. Nous les prendrons dans l’ordre des livres bibliques pour en aider la mémorisation.

2.1. La paix quant à nos projets

«Que le Dieu de paix soit avec vous tous ! Amen !» (Rom 15.33)

Quelques lignes auparavant, Paul expose ses projets de voyage (Rom 15.23- 29). Puis il demande aux chrétiens de Rome de s’y associer par la prière (v. 30- 32). Bien que ses résolutions soient fermes, il reste disponible pour changer ses plans : «si Dieu le veut», ajoute-t-il avec soumission. Enfin, il termine par ce souhait de la présence du Dieu de paix. Des incertitudes demeurent quant à la réalisation effective de ses projets – et en effet, ce sera comme prisonnier que Paul rencontrera ces croyants – mais l’apôtre désire qu’ils soient paisibles à ce sujet.

Il en est de même pour nous : combien de fois nous inquiétons-nous par avance pour tel projet, qu’il nous concerne personnellement ou bien qu’il concerne un de nos proches, un frère ou une sœur. La Parole de Dieu ne nous interdit pas de faire des projets, loin de là, comme en témoigne l’exemple de Paul ; mais elle nous indique qu’ils sont soumis à la souveraineté de notre Dieu (Jac 4.13-15). Alors, nous pouvons paisiblement laisser à notre Dieu le soin du lendemain, le nôtre comme celui des autres.

2.2. La paix quant aux agissements de Satan

«Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds» (Rom 16.20)

Peu avant cette deuxième mention, l’apôtre avertit les chrétiens à Rome à propos de mauvais ouvriers qui sont un danger pour la communauté. La règle à suivre est simple : sages en ce qui concerne le bien et purs en ce qui concerne le mal (v. 19). Pour autant, cette persistance du mal autour du croyant et en lui peut être une source de trouble. C’est pourquoi nos regards sont dirigés vers le moment où le plus grand fauteur de troubles, de conflits et de désordres, le diable, sera écrasé sous nos pieds. Quelle extraordinaire promesse d’une victoire définitive ! Satan, défait à la croix (Col 2.15 ; Héb 2.14), bientôt chassé du ciel (Apoc 12.7-12), avant d’être enchaîné pendant mille ans (Apoc 20.2), sera définitivement mis hors d’état de nuire.

C’est un encouragement pour les chrétiens qui connaissent Satan comme le lion rugissant (1 Pi 5.8) : nos frères et sœurs persécutés peuvent envisager avec bonheur le moment proche où celui qui tire les ficelles derrière leurs bourreaux humains sera mis sous leurs pieds.

C’est aussi un encouragement pour d’autres qui se sentent particulièrement la cible des attaques du diable. Satan, par ses agissements, se plaît à pousser les croyants dans la défaite. Des personnes ayant été éclaboussées par l’occultisme peuvent faire l’expérience d’une libération totale dès à présent en vertu de l’œuvre rédemptrice parfaite accomplie par Jésus-Christ à la croix. Cette parole vient donc pour rassurer : indépendamment de ce que nous vivons ou ressentons aujourd’hui, la victoire sur cet ennemi si puissant est déjà certaine.

2.3. La paix quant à la vie dans l’église

«Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix, comme dans toutes les assemblées des saints» (1 Cor 14.33).

La troisième mention se situe dans le contexte des réunions de l’église locale. Les exagérations des chrétiens de Corinthe — hélas tristement relayées par certaines pratiques actuelles — conduisent Paul à un long développement sur le don de parler en langues et sur l’exercice des dons au cours d’une assemblée. C’est la seule occasion où le Nouveau Testament donne quelques indications précises sur le déroulement des réunions, ce qui est la preuve de la latitude dont nous disposons en la matière. Les pratiques sont diverses, dans le temps comme dans l’espace ; mais nul n’a le droit de s’arroger l’exclusivité d’un modèle biblique qui ne reste qu’ébauché ; ces questions de formes, qui font l’objet de tant de débats et de passions, devraient être laissées à leur juste place. Veillons plutôt à respecter les principes de base qui émaillent cette portion : «tout pour l’édification» (v. 26), «tout avec bienséance et avec ordre» (v. 40),«tout avec amour» (16.14 ; cf. tout le ch. 13) ; le reste est secondaire.

Dieu n’est donc pas un Dieu de désordre et il ne saurait aucunement approuver que dans sa maison, son saint temple, son habitation par l’Esprit, on voie le désordre. Pour autant, il n’est pas dit que Dieu est un Dieu d’ordre et la nuance mérite d’être relevée : Dieu n’approuve pas plus les débordements qu’un ordre figé, sans la vie ni la liberté de l’Esprit. Souvenons-nous que lorsque nous nous rassemblons, Dieu est là ; c’est lui qui «maîtrise», non pas nous. Aussi gardons-nous des deux dangers :
– tomber dans un carcan liturgique : laissons à l’Esprit de Dieu sa pleine liberté d’action, sans craindre le désordre,
– tomber dans un laxisme désordonné : laissons-nous conduire par le même Esprit et restons à notre place en gardant le contrôle conscient de notre action (v. 32).

De plus, cela est vrai tant pour notre église locale que pour les autres églises (3). Il peut parfois arriver que nous entendions des nouvelles inquiétantes d’un possible désordre dans une autre église. Avant toute action éventuelle, prenons conscience que Dieu est là, souverain sur chaque église. Quelle que soit l’inconduite de ses enfants, ils restent à ses yeux des «saints» (voir 1 Cor. 1. 2). Assurés de la promesse de ce verset, nous pouvons prier pour que partout où des croyants sont réunis, ils soient conscients de la présence du Dieu de paix.

2.4. La paix quant aux relations fraternelles

«Au reste, frères, soyez dans la joie, perfectionnez-vous, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix ; et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous» (2 Cor 13.11).

À la fin de sa seconde lettre aux Corinthiens, l’apôtre mentionne de nouveau le «Dieu de paix». Si la situation s’est un peu améliorée entre les deux missives, des tensions persistent dans cette église. En particulier, certains se prennent pour des «super-apôtres» et contestent le ministère de Paul. Ces conflits d’autorité amènent de tristes conséquences, parmi lesquelles des relations fraternelles difficiles (12.20). Mais pour terminer sa lettre, l’apôtre abandonne le ton sévère qu’il a été contraint de prendre pendant trois chapitres. Il adresse cinq exhortations ; si elles sont traduites dans la pratique, elles permettront de connaître Dieu sous son aspect de Dieu d’amour et de paix.

Qui n’aspire à des relations pleines d’amour et de paix entre les chrétiens ? Les conflits qui divisent la chrétienté depuis vingt siècles montrent à l’envi que les relations fraternelles sont difficiles à maintenir. Mais, comme le montrent ces cinq exhortations, nous avons une grande part de responsabilité :
Vivons dans la joie : un esprit chagrin est prompt à relever ce qui ne va pas et à envenimer les situations un peu tendues. Prenons plutôt plaisir à relever les aspects positifs chez nos frères.
Perfectionnons-nous : cherchons à faire des progrès dans la vie chrétienne, en visant toujours plus haut. Plus nous avancerons, plus nous nous rapprocherons du Seigneur Jésus et, donc, les uns des autres ; les liens parfois distendus entre nous seront alors resserrés (4). Il est certain que si nous avions plus de maturité spirituelle, beaucoup de conflits doctrinaux cesseraient.
Consolons-nous : si la répréhension fraternelle a parfois sa place, elle n’est pas le mode naturel d’échange entre croyants. C’est davantage la parole d’encouragement – guidée par l’Esprit, le Consolateur qui habite en nous et parmi nous – qui devrait présider.
Ayons un même sentiment : il ne s’agit pas du culte sectaire de la «pensée unique» sur tous les détails, mais plutôt de la convergence des motivations : vouloir chacun ressembler toujours plus à Jésus Christ. Avoir le même but produira une harmonie sans gommer la richesse apportée par la diversité du corps de Christ.
Vivons en paix : c’est avant tout une disposition d’esprit : ne pas chercher la «petite bête», éviter, autant que faire se peut, les sujets conflictuels, se garder d’un esprit pamphlétaire…

Nous le voyons : notre programme est aussi clair que riche. Une petite suggestion : et si nous commencions à le mettre en pratique dans notre couple et dans notre famille ?

La récompense dépasse l’absence de conflit entre nous, ce qui est déjà si appréciable : c’est une manifestation toute particulière de notre Dieu comme le «Dieu d’amour et de paix».

2.5. La paix quant à nos pensées

«Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées. Ce que vous avez appris, reçu et entendu de moi, et ce que vous avez vu en moi, pratiquez-le. Et le Dieu de paix sera avec vous» (Phil 4.8-9).

Une seconde fois, la présence personnelle du Dieu de paix est conditionnée par une attitude volontaire de notre part, et cela dans le domaine le plus intime et le plus secret de notre être : nos pensées. Qui peut dire qu’il n’a jamais eu des pensées troublées, agitées, confuses, voire pleines d’animosité ? Et qui oserait prétendre avoir la parfaite maîtrise de ses pensées ? Or c’est dans ce domaine que se livre d’abord le combat du chrétien (2 Cor 10.5).

Pour avoir les pensées en paix, la première ressource est d’apporter nos soucis à notre Dieu (4.6-7) ; la seconde est d’avoir des pensées bien occupées et Paul donne sept champs positifs de pensées. Le premier – peut-être le plus important – est le «vrai» ; ne laissons pas notre esprit batifoler sur des légendes, des affabulations, des exagérations ; occuponsle par la source par excellence du «vrai», la Parole de vérité. Le «tout» répété six fois montre que le champ ouvert est vaste, même si, hélas, les pensées que suscite le monde sont plutôt mensongères, injustes, impures, etc.

Mettre en pratique ces versets va plus loin que nous le croyons : chaque fois que, par une lecture, un film, une conversation, je m’occupe de pensées dont le caractère est opposé à ceux qui sont mentionnés ici, je porte atteinte à la paix de mes pensées. Le trouble ou l’agitation qui en résultent ne sont alors qu’une juste conséquence.

Ce programme n’est pas inatteignable et Paul se donne lui-même en exemple : il peut enseigner le contrôle des pensées parce qu’il le vit de façon visible. Comptons donc sur l’aide du Dieu de paix pour domestiquer nos pensées.

2.6. La paix quant à notre sanctification

«Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé irréprochable, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ !» (1 Thes 5.23).

La sanctification du chrétien a deux facettes :
— l’une concerne sa position : il est saint, mis à part, dès le jour de sa conversion ; Christ est sa sainteté, de façon objective (1 Cor 1.30) ;
— l’autre concerne sa pratique : normalement, il avance dans la vie chrétienne en étant toujours davantage conforme à son Seigneur ; il recherche la sanctification (Héb 12.14).

Pour autant, le processus de sanctification est d’abord l’œuvre de Dieu luimême (Phil 2.13) : tout comme il a entièrement pourvu à notre sainteté éternelle, c’est lui qui travaille pour produire en nous l’image de son Fils (Phil 1.6). Il s’occupe de nous dans tous les aspects de notre personne, esprit (en premier), âme et corps. Pour certains, les tentations concernent surtout l’esprit, leur pensée ; d’autres risquent de se laisser entraîner par leurs sentiments ; d’autres encore luttent contre des exigences exagérées du corps. Mais notre Dieu s’intéresse à nous dans tous les détails. C’est pourquoi ne soyons pas inquiets sur nos progrès dans ces domaines et ne cherchons pas constamment à quel degré de sanctification nous sommes parvenus. Cette funeste occupation est un sûr moyen pour produire en nous beaucoup de trouble. Le jour vient – l’avènement de notre Seigneur – où Dieu se plaira à montrer devant tous quels progrès il nous a fait faire – parfois à notre insu – pendant notre vie sur la terre (2 Thes 1.10).

2.7. La paix quant à notre service

«Que le Dieu de paix, qui a ramené d’entre les morts le grand berger des brebis, par le sang d’une alliance éternelle, notre Seigneur Jésus, vous rende capables de toute bonne œuvre pour l’accomplissement de sa volonté ; qu’il fasse en vous ce qui lui est agréable, par Jésus- Christ, auquel soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen» (Héb 13.20-21) !

La septième mention du Dieu de paix concerne notre service. L’œuvre de paix pour nous a été accomplie par le «grand berger des brebis» dont la mort et la résurrection sont les garants de notre paix éternelle.

Désormais, nous sommes rendus capables de faire des bonnes œuvres. La vie chrétienne est reçue par grâce, sans aucune œuvre de notre part ; mais elle n’est pas purement contemplative (Eph 2.8-10) ! Elle est aussi action et engagement. C’est l’œuvre de paix par nous. L’infinie variété des bonnes œuvres est soulignée par l’adjectif «toute» ; elle n’est limitée que par la volonté de Dieu. En effet, pour qu’une œuvre soit bonne aux yeux de Dieu (et pas forcément aux nôtres), il faut et il suffit qu’elle soit «selon sa volonté». Alors comment savoir si une œuvre est bonne selon Dieu ? Là encore, regardons au Dieu de paix ; il est inutile de nous laisser troubler à ce sujet. En bon maître, il saura nous montrer ce que nous pouvons faire pour lui, si le désir sincère existe dans notre cœur. Ce sera d’abord dans le détail du tissu de notre vie quotidienne ; ce sera ensuite dans les multiples champs ouverts au travail chrétien, dans le monde et dans l’église. Une autre source de trouble peut être l’immensité du travail, en comparaison avec la faiblesse de nos ressources. Regardons toujours paisiblement à notre Dieu qui ne nous demande pas de contrôler l’ensemble de son œuvre, mais d’y entrer pour la part qu’il nous confie.

Mais le verset ne s’arrête pas là. Il y a une troisième œuvre de paix : l’œuvre de paix en nous. Le verset de 1 Thes a déjà touché ce point, qui est de toute importance. Dieu travaille par nous, mais il travaille aussi en nous et c’est dans la mesure où il sera libre de le faire que notre travail pour lui sera vraiment fructueux. Laissons paisiblement notre Dieu nous remplir de son Esprit ; son œuvre en nous sera d’abord de nous occuper du Seigneur Jésus. Ainsi, nous ne serons pas exclusivement centrés sur ce que nous pouvons faire pour Dieu, mais notre occupation première sera de le voir, lui, notre Dieu de paix.

Conclusion

La paix en tout

«Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix en tout temps, de toute manière ! Que le Seigneur soit avec vous tous» (2 Thes 3.16) !

Nous faisons partie du plan de paix de Dieu, nous avons la paix quant à nos péchés, nous sommes mis en relation avec Dieu comme le Dieu de paix, et cela dans sept domaines importants de notre vie ; nous connaissons ces versets… et pourtant nous sommes encore trop souvent troublés.

C’est pourquoi nous pouvons faire nôtre la prière de ce verset, afin que le Seigneur de la paix nous la donne continuellement et dans tous les domaines. Il est fréquent que nous éprouvions un vrai sentiment de paix sur tel domaine de notre vie, alors que nous sommes très troublés sur tel autre. Et pourtant Christ veut être le Seigneur de paix de tous les domaines de notre vie. Si nous lui faisons confiance sur certains, pourquoi ne pas le faire aussi sur les autres ?

La paix pour les autres

«Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu!» (Matt. 5. 9)

Ce sujet de la paix est primordial pour la vie personnelle du chrétien, et c’est d’abord sous cet angle que nous avons examiné ce sujet. Mais le croyant est aussi appelé à être un messager de paix pour les autres, à montrer concrètement qu’il participe de la nature de celui qu’il connaît personnellement comme le Dieu de paix :
— il procure la paix en annonçant la bonne nouvelle de la paix à des hommes et des femmes encore inconvertis (Rom 10.15),
— il procure la paix en vivant en paix avec les hommes (Rom 12.18),
— il procure la paix dans sa famille, dans son église locale par son attitude ; ce ne sera pas une paix à n’importe quel prix (car à quel prix a été payée la sienne !), mais il ne cherche pas le conflit, ni ne l’attise ; au contraire, il cherche dans sa mesure à œuvrer pour la réconciliation.

Oui, Père, je veux chaque jour montrer toujours plus que je suis un de tes fils en répandant ta paix autour de moi !

Notes :
1 Jerry Bridges, Vivre sous la grâce.
2 Il est parfois délicat, voire hasardeux, de bâtir des théories sur des dénombrements de fréquences dans l’Ecriture. Il nous semble cependant que celle-ci correspond à une intention de l’Esprit.
3 La fin du v. 33 peut être rattachée à la première partie du verset tout autant qu’au v. 34 ; le texte original ne permet pas de trancher et les deux traductions se retrouvent en français.
4 Le verbe «perfectionner» est traduit en Matt 4. 21 et Marc 1.19 par «raccommoder» ou «réparer».

Écrit par


(1re partie)

Le plan de paix de Dieu

Nous avons le plaisir de présenter deux articles sur le thème général de LA PAIX. Son auteur, Joël Prohin, est marié, père de deux enfants, et suit une carrière professionnelle financière, tout en s’impliquant dans la vie de l’église. Il a collaboré à la collection de commentaires bibliques «Sondez les Ecritures ». Dans son premier article, Joël Prohin expose, en huit points, le plan de paix de Dieu à travers les âges dont le fondement est Jésus-Christ, le Prince de paix, son œuvre de paix à la Croix et son retour pour établir son Règne de paix sur la terre. Dans son second article qui paraîtra dans un prochain numéro, il abordera sept éléments qui contribuent à la paix du croyant.

A. Introduction

1. À la recherche de la paix

Les hommes sont en recherche constante de la paix. Sur le plan collectif, il y a quelques mois, un sommet extraordinaire a réuni plus de 150 chefs d’état et de gouvernement au siège de l’ONU pour s’occuper de la paix dans le monde au XXIe siècle. Cet organisme fut créé à la fin de la Seconde guerre mondiale dans le but de maintenir la paix dans le monde. Toutefois les trop nombreux conflits qui émaillèrent l’histoire mondiale de ces cinquante dernières années et dont certains sont encore en cours, montrent bien que ces efforts – pourtant souvent sincères et généreux – ont été vains. La volonté est là, mais le pouvoir manque, pour paraphraser l’apôtre (Rom 7.18).

Sur le plan personnel, chacun recherche également la paix. Les médiateurs et conciliateurs croulent sous les dossiers; les techniques «apaisantes » ont de plus en plus d’adeptes. L’homme moderne se doit d’être «zen», traversant l’existence sans se laisser émouvoir. Mais en même temps, les désordres psychologiques semblent être toujours plus nombreux, les conflits sur tous les plans (conjugal, professionnel, de voisinage…) abondent.

Il y a donc un réel problème. L’homme veut la paix, mais n’arrive jamais à l’obtenir (au moins durablement). C’est donc qu’il s’y prend mal, sans la chercher à la source, celle du seul vrai Dieu, celui qui s’intitule lui-même «le Dieu de paix».

Dans cette courte étude, nous essayerons, après avoir cherché à définir la paix au sens biblique, de montrer que Dieu a un plan de paix pour l’homme, qui traverse toute la révélation. Puis, avec une visée pratique, nous examinerons quelle paix peut ressentir un chrétien né de nouveau.

2. Qu’est-ce que la paix?

Pour définir un mot, il est parfois utile de trouver des antonymes. D’après la Bible, la paix peut être vue comme l’absence de conflit, de trouble ou de désordre.

– L’absence de conflit: c’est en général le premier sens qui vient à l’esprit: un temps pour la guerre et un temps pour la paix (Ecc 3.8). Par exemple, sous le règne de Salomon (dont le nom même signifie «pacifique »), Israël était en paix avec ses voisins: Il dominait sur tout le pays de l’autre côté du fleuve, depuis Thiphsach jusqu’à Gaza, sur tous les rois de l’autre côté du fleuve. Et il avait la paix de tous les côtés (1 Rois 4.24). La paix signifie l’accord, l’entente, la trêve, la conciliation.

– L’absence de trouble: la paix ne concerne pas seulement les relations des hommes entre eux; elle est aussi «l’état d’une personne que rien ne vient troubler»1. Le prophète Esaïe évoque une telle personne: A celui qui est ferme dans ses sentiments, tu assures la paix, la paix, parce qu’il se confie en toi (Es 26.3). Cette paix est synonyme de calme, de quiétude, de tranquillité, de repos.

– L’absence de désordre: c’est peutêtre le sens le moins immédiat. Pourtant, Paul dit explicitement que Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix (1 Cor 14.33). Ce verset, sur lequel nous reviendrons plus loin, oppose clairement la paix et la confusion, l’anarchie, la désorganisation.

L’étude détaillée des termes hébreux et grecs traduits par «paix» dépasse le cadre de cet article. Relevons seulement quelques points saillants. Le mot hébreu pour «paix» est universellement connu: «shalom». Aujourd’hui encore, dans l’état moderne d’Israël, on se salue traditionnellement par ce mot. Il est donc un des termes les plus employés dans une zone où l’on ne peut pas dire, hélas, que la paix soit particulièrement bien établie… «Shalom», étymologiquement, signifie d’abord «état complet, état fini, solidité»; puis il a aussi pour sens «bien-être, santé, prospérité»2.

Cela montre que:
– l’homme ne peut pas être «complet», être totalement lui-même sans connaître la paix,
– sa santé est liée à sa paix (et en premier lieu à sa paix intérieure). Qui oserait dire qu’il n’a pas souvent vérifié ces interactions dans sa propre vie ?

Le mot grec pour «paix» est «eirenè»; il apparaît dans presque tous les livres du NT. Le souhait de «la grâce et la paix» introduit souvent les épîtres et parfois les termine. C’est un concept central de l’enseignement du Seigneur et des apôtres. Ce mot viendrait d’une racine signifiant «joindre». La paix, selon le NT, établit donc les liens: entre l’homme et Dieu, entre l’homme et son semblable, entre l’homme et lui-même.

B. Le plan de paix de Dieu

1. La rupture de la paix

Dieu est le «Dieu de paix» et sa paix est éternelle. Avant que le temps fût, dans l’éternité des relations entre les personnes divines, il n’y avait que paix: nul conflit entre elles, pas de trouble ni de désordre pour le «Dieu bienheureux».

Avec la création du ciel et de la terre, Dieu crée ex nihilo des êtres auxquels il accorde une liberté cadrée – prenant pour ainsi dire le «risque» du conflit et du désordre. La révolte de Satan est la concrétisation de ce risque. L’Ecriture fournit peu d’informations précises quant à l’origine de cette chute dans l’orgueil de l’ange de lumière.

Le second point de rupture a pour scène le jardin d’Eden. Quel contraste entre la paisible description du chapitre 2 de la Genèse et le trouble qui a résulté du péché d’Adam et Eve! Les voilà chassés du jardin, en butte à une nature hostile et, plus grave encore, privés des paisibles relations avec leur Créateur. C’est à partir de ce moment que les relations de l’homme sont altérées: désormais, il ne sera en paix ni avec Dieu (qui doit le chasser), ni avec ses semblables (comme le prouve le meurtre d’Abel par Caïn), ni avec lui-même3.

Quelques générations après, Dieu doit faire le constat que la terre est pleine de violence (Gen 6.11). Le déluge vient en jugement sur les hommes, mais par la suite la descendance de Noé ne se montre pas meilleure.

2. L’absence générale de paix

Le prophète Esaïe est amené à faire un double constat:
Il n’y a point de paix pour les méchants, dit l’Eternel (Es 48.22);
Il n’y a point de paix pour les méchants, dit Dieu (Es 57.21).

Qui sont ces «méchants»? Ces «égarés », ces «pervertis» dont parle Paul, qui ne connaissent pas le chemin de la paix (Rom 3.11,17). Sans doute y classons-nous volontiers les tyrans de l’histoire ou notre voisin irritable qui se chamaille avec chacun… oubliant que Paul commence par dire: Il n’y a point de juste, pas même un seul (Rom 3.10). Ces méchants – nous en sommes tous, que nous ayons une certaine connaissance de Dieu (comme dans la première citation d’Esaïe, attribuée à «l’Eternel», le Dieu de l’alliance) ou que nous ne le connaissions pas (comme dans la seconde citation d’Esaïe, attribuée à «Dieu»). Point de paix: constat terrible, mais réaliste; tous les hommes sont méchants et ils ne peuvent pas connaître la paix.

3. La venue de l’enfant de paix

Dieu va-t-il en rester à cette terrible situation ? Heureusement, son plan de paix n’est pas interrompu par la révolte du diable et de l’homme. Après des siècles de conflits, de troubles, de désordres, voici qu’apparaît sur la terre «l’enfant de paix». Dès avant sa naissance, Zacharie salue le soleil levant qui nous a visités d’en haut, pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour diriger nos pas dans le chemin de la paix (Luc 1.78-79).

Lorsque le Seigneur naît à Bethléhem, les bergers aux champs entendent la multitude de l’armée céleste louer Dieu: Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts; et sur la terre, paix; et bon plaisir dans les hommes ! (Luc 2.14, version Darby). La paix est venue sur la terre, sous la forme la plus humble et la plus fragile qui soit: un petit bébé couché dans une crèche.

4. Le ministère de l’homme de paix

La vie de Jésus reste empreinte de cette paix:
– la paix dans sa vie personnelle: par exemple, pendant son enfance, nulle trace de conflit avec ses parents auxquels il était soumis (Luc 2.51);
– la paix par ses paroles: il annonce aux fils d’Israël la paix de la part de Dieu (Act 10.36); ses paroles apportent le repos à l’âme troublée;
– la paix par ses actes: il peut renvoyer une pécheresse repentante (Luc 7.50) ou une malade inguérissable qui a osé toucher son vêtement (Luc 8.48) par un affectueux: Va en paix.

Et pourtant, le voilà rejeté par ceux auxquels il vient apporter la paix. Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée est-il obligé de dire (Mat 10.34; voir Luc 12.51). Non pas, certainement, que son but ait été de fomenter des divisions dans les familles, mais son rejet par les uns et son acceptation par les autres doit immanquablement créer des conflits.

Le refus des Juifs de recevoir le Seigneur trouve son écho dans les exclamations des disciples lors de l’arrivée triomphale de Jésus à Jérusalem. Ils louent Dieu en disant: Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur! Paix dans le ciel, et gloire dans les lieux très hauts! (Luc 19.38). La multitude des anges a annoncé la paix sur la terre à Bethléhem; ici, dirigée à son insu par l’Esprit de Dieu, la foule reconnaît implicitement que la paix n’est plus possible sur la terre, puisque le prince de paix est rejeté. Désormais, la paix est dans le ciel, là où Jésus va bientôt s’asseoir, après avoir accompli l’œuvre de la paix. Et cette scène paradoxale s’achève par les pleurs du Seigneur sur Jérusalem infidèle, la ville bien-aimée: Si toi aussi, au moins en ce jour qui t’est donné, tu connaissais les choses qui appartiennent à ta paix! (Luc 19.42). Il est alors obligé d’annoncer le jugement qui va tomber sur Jérusalem: la terrible guerre qui culminera par la destruction de la cité en l’an 70.

5. L’œuvre de paix à la croix

Quelques jours après, la foule, sous l’influence de Satan, s’amasse pour demander la crucifixion de Jésus. Le conflit sans cesse ranimé depuis le jardin d’Eden entre Dieu et ses fidèles d’un côté, et le diable et ses suppôts de l’autre, atteint son paroxysme. Christ meurt sur la croix, ayant porté les péchés de nombreux croyants. Mais ce que l’aspect extérieur de la scène ne peut révéler, c’est que sa mort est la seule base par laquelle la paix est rétablie entre l’homme et Dieu:

Maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ. Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation, l’inimitié, ayant anéanti par sa chair la loi des ordonnances dans ses prescriptions; il a voulu créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau, en établissant la paix, et les réconcilier avec Dieu l’un et l’autre en un seul corps, par la croix, en détruisant par elle l’inimitié. Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient près (Eph 2.14-17).

Les diverses mentions de la paix dans ces versets montrent trois aspects de son œuvre:
1° la paix est liée à sa personne même car elle s’identifie à la personne qui la garantit;
2° la paix faite à la croix supprime l’obstacle qui sépare l’homme de Dieu: elle produit la réconciliation; l’homme une fois sauvé (qu’il ait été autrefois extérieurement près ou loin de Dieu) n’est désormais plus l’ennemi de Dieu, car Dieu est apaisé;
3° la croix permet de mettre fin à l’inimitié entre des ennemis ancestraux: les Juifs (peuple élu de Dieu) et les païens (autrefois en dehors de l’alliance).

Il a voulu par lui tout réconcilier avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix (Col 1.20). Ce verset complète le développement de l’épître aux Ephésiens, en mettant l’accent sur l’universalité de la paix introduite par la croix. Elle permet non seulement la réconciliation des personnes, mais aussi celle de la création entière: assujettie au diable, troublée par le péché, la création est désormais mise en ordre. Cette paix dans la création ne sera cependant visible que plus tard: sur la terre, lors du règne de Christ, et dans le ciel, lorsque Satan et ses anges en auront été chassés.
– La paix a été faite par le sang de sa croix. Un sacrifice était nécessaire; il est préfiguré par les divers types d’offrandes du Lévitique, et, en particulier, par le sacrifice de paix (Lév 3): l’Israélite et le sacrificateur y avaient une part, car nous sommes partie prenante de cette paix établie4.
– Enfin, une des plus touchantes mentions de la paix que Jésus nous a acquise à la croix se trouve en Esaïe 53.5: Il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. La partie repentante du peuple d’Israël prononcera bientôt ces paroles, en regardant vers leur Messie méconnu, mais les chrétiens se les approprient déjà avec bonheur.

6. La paix aujourd’hui

Depuis la croix, le monde est dans une situation paradoxale: la paix a été acquise en principe, elle est assurée, mais elle n’est pas encore effective. Elle est reçue et peut être vécue par ceux qui acceptent le salut offert par les messagers de la bonne nouvelle de la paix. La seconde partie de cette étude développera ce point.

7. La paix ôtée demain

L’enlèvement de tous les vrais croyants qui constituent l’Eglise de Jésus Christ amènera des jugements terribles sur la terre (Apoc 6-19). Le deuxième de ces jugements consiste précisément à enlever la paix de la terre (Apoc 6.4). Les descriptions terrifiantes de cette période montrent que la paix sous toutes ses formes sera impossible:
– alors même que les hommes croiront la paix établie sur la terre (1 Thes 5.3), des conflits d’une violence jamais vue éclateront et culmineront à la bataille d’Harmaguédon;
– le trouble saisira les hommes au point qu’ils rendront l’âme de peur (Luc 21.26);
– le désordre sera indescriptible, comme l’indiquent symboliquement diverses images de l’Apocalypse. Plus terrible encore, ceux qui auront refusé la paix annoncée pendant la période de la grâce ne pourront plus jamais la trouver (2 Thes 2.10-12).

8. Le règne de paix

Quel bonheur alors de voir venir le prince de paix (Es. 9.6) pour établir un règne dont la paix sera une des bases (Ps 85.10)! Les passages qui évoquent la paix de cette période sont trop nombreux pour être tous cités. L’un des plus caractéristiques est celui de Michée 4.3-4, car il présente la paix sous ses trois aspects:

– Plus de conflit: Il sera le juge d’un grand nombre de peuples, l’arbitre de nations puissantes, lointaines. De leurs glaives ils forgeront des socs, et de leurs lances des serpes; une nation ne tirera plus l’épée contre une autre, et l’on n’apprendra plus la guerre.
– Plus de désordre: Ils habiteront chacun sous sa vigne et sous son figuier.
– Plus de trouble: Il n’y aura personne pour les troubler; car la bouche de l’Eternel des armées a parlé.

Pendant des années, on a enseigné la guerre. Il existe en France une école militaire supérieure qui s’appelle l’Ecole de guerre. Il y a quelques décennies, les ministères aujourd’hui pudiquement appelés «ministères de la Défense», s’appelaient plus crûment «ministères de la Guerre». Quelle joie de penser que ces funestes établissements n’existeront plus!

Quand nous voyons tous les conflits que la folie de l’homme sème aux quatre coins de la planète, quand nous pensons à ces milliers d’innocents – en particulier aux enfants et aux femmes – massacrés, torturés, mutilés, blessés, déplacés, et cela depuis des dizaines de siècles, quand nous sommes accablés par la folie de l’homme – notre propre folie – regardons à l’avenir! Demain, Jésus régnera sur l’univers et toutes les armes seront enterrées (Ez 39.9). Demain, la paix sera sans fin, la paix sera comme un fleuve puissant (Es 9.7; 66.12). Seigneur, fais que ce temps vienne vite !

J.P.

Notes
1 Petit Robert.
2 Vine’s Expository Dictionary of Biblical Words
3 cf. l’étude très intéressante de Francis Schaeffer «La Genèse» sur ces chapitres.
4 Pour un exposé détaillé de cette offrande, cf. l’étude de «Sondez les Ecritures», vol. 7.

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